These Poisson Lion
These Poisson Lion
These Poisson Lion
HYACINTHE BASTARAUD
THESE
Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine
Hyacinthe BASTARAUD des Antilles et de la Guyane
et examinée par les Enseignants de la dite Faculté
Le 27 Juin 2014
DOCTEUR EN MEDECINE
Par
CERLAND Laura
Née le 23 Septembre 1987 à Fort de France
REMERCIEMENTS ……………………………………………………………………….8
I. INTRODUCTION ……………………………………………………………………....20
PARTIE A :
2.5.1 Taxonomie……………………………………………………….......33
2.5.2 Reproduction et croissance……………………………………....…..35
2.5.3 Habitat et comportement ……………………………………....……36
2.5.4 Régime alimentaire et prédateurs…………………………….....…...37
PARTIE B :
III. OBJECTIFS…………………………………………………………………………54
.
IV. MATERIEL ET METHODE …………………………………………………....…54
V. RESULTATS ………………………………………………………………….….…60
RESUME…………………………………………………………………………….......96
ANNEXES ………………………………………………………………………….…...97
4
2013-2014
5
REMERCIEMENTS
Je vous suis reconnaissante du grand honneur que vous me faites de présider mon jury
de thèse. Veuillez trouver dans ce travail le témoignage de ma sincère reconnaissance,
de mon admiration et de mon profond respect.
Praticien Hospitalier
Service de réanimation polyvalente
Centre Hospitalier Université de Fort de France
D’avoir accepté de diriger ce travail fort intéressant. Merci pour ton aide, ta patience,
ta disponibilité, ta gentillesse et ton accompagnement.
Merci de l’indéfectible confiance que tu m’as témoignée depuis le début et pour ce que
tu m’as appris au cours de ce travail mais aussi durant mon stage en réanimation.
10
A nos juges
Malgré l’éloignement de nos spécialités, vous me faites l’honneur de juger cette thèse.
Veuillez trouver ici l’expression de ma reconnaissance et de mon profond respect.
Vous me faites l’honneur de juger cette thèse. Veuillez trouver ici l’expression de ma
reconnaissance et de mon profond respect.
Praticien Hospitalier
Chef de service du service de réanimation médicale
Chef de pôle Urgences Réanimation Samu
Centre Hospitalier Universitaire de Fort de France
D’avoir accepté de juger ce travail ainsi que pour votre aide, vos précieux conseils et
encouragements, soyez assuré de toute ma reconnaissance.
Merci pour la gentillesse et le soutien que vous m’avez témoignés tout au long de la
réalisation de mes projets.
11
Praticien Hospitalier
Chef de pôle préfigurateur du CHUM santé publique pharmacie
Chef de service de l’information du parcours du patient
Médecin responsable de l’unité d’information médicale
Centre hospitalier Universitaire de Fort de France
D’avoir accepté de participer à ce jury de thèse. Merci pour votre disponibilité, votre
patience, votre gentillesse et votre investissement dans tous mes travaux. Soyez assuré de
toute ma gratitude.
Praticien hospitalier
Service des urgences
Centre Hospitalier Universitaire de Fort de France
C’est un honneur que vous siégiez à ce jury de thèse. Merci pour votre soutien sans faille
et vos encouragements. Veuillez trouver ici l’expression de mes plus vifs remerciements.
Je vous suis très reconnaissante d’avoir accepté de participer à ce jury. Merci pour le
soutien dont vous avez fait preuve envers moi tout au long de mon internat.
Merci pour votre aide précieuse et votre investissement dans ma formation.
12
A ma famille
Merci de m’avoir accompagnée durant toute la vie, en me donnant tout ce qu’il faut
pour réussir à devenir ce que je suis aujourd’hui. Merci pour votre éducation, vos valeurs,
votre soutien et votre amour inestimables. Cette thèse est l’aboutissement de longues
années d’études que vous avez rendues possible malgré de nombreuses épreuves
douloureuses qui nous a d’avantage rapproché. Je tenais par cette thèse vous remercier
pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous aime.
A ma fille Naëlys,
Tu es entrées dans ma vie il y a déjà 2ans. Tu es mon trésor et tu fais mon bonheur.
Même si cela n’a pas toujours été facile de concilier cette vie de maman et mon internat,
entre tes cries et tes larmes, tes biberons, ta joie de vivre. Tu es mon choix de vie et
j’assumerais entièrement ce rôle. Je t’aime
Pour notre complicité et tous ces moments partagés, du rire aux larmes, malgré la
distance qui nous sépare. Je t’aime.
Tous les médecins urgentistes, généralistes ayant répondu de façon active à cette étude
en remplissant et renvoyant les questionnaires.
Toutes les Auxiliaires de régulation médicale du SAMU pour le codage, le recueil des
fiches et leur réactivité.
Toutes les équipes médicales et para médicales des urgences
A mes amis,
A toi Willy CARDON, qui m’a laissée trop tôt et trop brutalement. Par-delà les cieux
tu auras su me donner la force et le courage de me battre et surmonter les étapes les plus
difficiles. Je te dédie cette thèse car ce combat aura aussi été ton combat. Repose en
paix
14
Figure 12 : Coupe histologique transversale dans une épine dorsale de Pterois volitans
Tableau VIII : Comparaison entre l’utilisation précoce et tardive d’eau chaude sur la
durée des symptômes
Tableau XII : Comparaison chez les patients ayant été piqués par une ou plusieurs épines
17
Annexe 6 : photos des lésions et des complications présentées par nos patients
18
NO : Oxyde Nitrique
FC : Fréquence cardiaque
TP : Taux de prothrombine
PARTIE A
I. INTRODUCTION
L’invasion du poisson-lion représente l’une des invasions marines les plus importantes de
l’histoire [1]. Depuis son arrivée à la Martinique en Février 2011, la présence du poisson-lion a
Cette rascasse volante, appelée encore Pterois volitans appartient à la famille des Scorpaenidés
efficace.
Fort du nombre de cas observés depuis plusieurs mois dans les services des urgences, dans les
méconnaissance de cette envenimation par les médecins, l’objectif de cette étude était d’évaluer
caractéristiques cliniques.
Une stratégie de lutte contre cette espèce envahissante à travers des campagnes d’information
et de sensibilisation a été mise en place par les gestionnaires du littorale en raison de leur menace
Le poisson-lion est considéré comme une espèce envahissante ayant été introduite en dehors de
son aire de répartition naturelle par les activités humaines et capable de se reproduire sans l’aide
de l’homme pouvant avoir un impact sur l’écosystème [2] et sur la santé humaine [3].
originaires de l'Indopacifique ont été introduites le long des côtes de la Floride dans les années
80. Il semble toutefois que l'invasion spectaculaire de la mer des Caraïbes soit due à Pterois
volitans , et que Pterois miles se soit limité au continent Américain au niveau des côtes de la
Floride, de la mer Rouge, du golfe Persique et de l'océan Indien (sauf l'Australie Occidentale)[4].
S’il est certain que l’aquariologie ait été la source de l’invasion des Pterois en Floride, son origine
Le premier poisson-lion a été signalé par un pêcheur en Octobre 1985 au large de Dania
en Floride [5].
En Août 1992 : six spécimens de Pterois se sont échappés d’un aquarium endommagé
par l’ouragan Andrew et se sont introduits dans la baie de Biscayne au sud de la Floride
[6]. Depuis cet évènement, plusieurs signalisations de ce spécimen ont été rapportées de
En 2000 : Ils ont gagné la Caroline du Sud, la Caroline du Nord et la Géorgie. Les
populations y sont maintenant bien établies [7] et les densités de poisson-lion n'ont cessé
Caroline du Nord était estimé à 21 poissons-lions par hectare en 2004 contre 150 voire
350 par hectare sur certains sites en 2007 [8]. Cependant, ils ne sont pas considérés
En 2001, des spécimens juvéniles ont été aperçus sur les côtes du New Jersey, de New
Entre 2004 et 2006: Le poisson-lion est apparu dans les Bahamas en 2004 à Nassau et
s’est rapidement installé dans l’ensemble des îles des Bahamas jusqu’en 2006 où les
populations ont atteint des densités records entre 390 et 400 poissons-lions par hectare
23
sur certains récifs coralliens soit des densités plus de huit fois supérieur à celles de son
aire de répartition naturelle [9]. Ces densités sont beaucoup plus élevées que celles
rapportées dans leur aire d’origine avec une moyenne de 80 poissons-lions par hectare
[10]. Jusqu'ici, seul Pterois volitans a été retrouvé dans des eaux des Bahamas [11].
Mai 2006 : le poisson-lion est signalé aux îles Turk et Caicos et sa présence est confirmé
en 2007 avec une population bien établie dès 2008 (Figure 2).
2007 : Plusieurs Pterois ont été documentés sur la côte sud Est de l’île de Cuba .Fin 2009,
Février 2008 : le premier spécimen juvénile a été vu et capturé aux Îles Caïmans mais en
Entre Mars et Mai 2008 les premiers rapports d’observation ont été confirmés sur la côte
Novembre 2008 : le premier spécimen a été repéré à Sainte Croix et à Puerto Rico.
Décembre 2008 : Les premiers poissons-lions ont été vus au Belize et en Colombie.
Janvier 2009 : les Pterois ont été signalés au large de Cozumel au Mexique .Ils se sont
propagés le long de la côte Ouest du Mexique et la population était établie fin 2009.
Avril et Mai 2009 : L’espèce atteint le Honduras, le Costa Rica et le Panama. Les
Bonaire et Curaçao .Ce sont les premières signalisations au sud des petites Antilles.
Novembre 2009 : Quatre spécimens ont été signalés au Venezuela .Ils sont devenus de
plus en plus nombreux et se sont établies le long des côtes du Venezuela ainsi que le long
Décembre 2009 : On note la première arrivée du Pterois volitans dans la partie sud du
Janvier 2010 : Les premiers rapports d’observations sont confirmés au Nord des petites
Antilles à Saint-Thomas puis les premières captures ont eu lieu deux mois plus tard à
Saint John en Mars 2010. Ces deux îles sont aujourd’hui envahies par cette espèce.
De Juillet à Octobre 2010 : Les premières signalisations sont enregistrées à Saint Martin,
Les premiers spécimens de poissons-lions ont été introduits dans les années 90 en Floride .Ils se
sont rapidement répandus sur une vaste région géographique à travers une grande partie de
l’Atlantique Ouest et des Caraïbes [12]. Depuis les années 1990, les premières observations du
26
poisson-lion dans les eaux côtières de la Floride ne laissaient pas présager de son expansion à
Progressivement, les populations se sont accrues, et établies d’abord vers l’Atlantique nord, les
L’expansion s’est faite ensuite vers les petites Antilles. En 2011, tout le bassin caribéen est
envahi moins de dix ans après la première observation de cette espèce en Floride.
En 2013, le poisson-lion a envahi l'ensemble des eaux côtières de la Grande Région Caraïbe, le
golfe du Mexique et le sud-est des États-Unis (Figure 4), où seules les eaux froides (température
inférieure à 10°C environ) semblent agir comme barrières naturelles et limiter l’expansion des
poissons-lions. Le poisson-lion ne peut survivre à une température inférieure à 13° [13], ce qui
explique le trajet de son invasion et qui laisse présager l’extension future vers le sud Atlantique,
L’arrivée du premier poisson-lion aperçut par un jeune plongeur en Martinique date de février
2011. Or, il semblerait que certains poissons-lions soient présents depuis février 2010 d’après
taille (30cm) a été capturé aux Anses d’Arlet en mars 2012 et son âge a été estimé à deux ans et
un mois [14].Peu d’individus ont été capturés durant les 6 mois suivant la première observation
poisson-lion sur l’ensemble de l’île. Les tailles moyennes (15cm) sont dominantes. Les poissons-
différente de la Martinique.
Les rapports de cas d’observations et de captures augmentent principalement sur la côte Caraïbe
depuis l’observation du premier poisson-lion en février 2011. Les captures sont plus nombreuses
Les spécimens capturés sur le côté Atlantique sont de grande taille et proviennent essentiellement
La densité de poisson-lion en 2012 en Martinique est estimée à 14 spécimens par hectare .Elle
reste pour le moment inférieure aux densités record en Caroline du Nord et aux Bahamas.
En 2013 : les densités atteignent une moyenne de 540 spécimens par hectare et jusqu’à 1300
La répartition géographique est la même, prédominant sur toute la côte caraïbe (Figure 5).
28
La prolifération des poissons-lions dans la Grande Caraïbe au cours des dix dernières années est
une menace réelle et croissante pour l'écologie marine des zones tropicales et subtropicales de la
région. Maintenant que toute la région a été envahie, on peut s'attendre à ce que les densités de
poissons-lions dans les zones nouvellement envahies augmentent rapidement, comme cela a été
observé sur les sites (par exemple les Bahamas) qui ont été envahis en premier. Jusqu'à présent,
Le poisson-lion peut engendrer des dommages de manière directe ou indirecte sur les récifs
-Le premier impact est écologique, affectant les populations de poissons indigènes et les
invertébrés entrainant une réduction des populations locales et perturbant l'équilibre des
-Le deuxième impact est socio-économique car il contribue au déclin d’espèces de poissons
-Le troisième impact est touristique, par la dégradation de sites naturels attractifs avec réduction
de l'abondance et la diversité des poissons de récif qui sont à la base de l'activité touristique liée
à la plongée.
-Le quatrième impact est sanitaire car ses épines venimeuses représentent aussi un risque
d’envenimation.
La qualité de vie des communautés côtières est par conséquent fortement menacée par la
présence de cette espèce invasive qui a et continuera d'avoir de toute évidence un impact
écologique, un impact socio-économique sur les activités commerciales telles que le tourisme et
la pêche, un impact sur la santé humaine avec des envenimations de plus en plus fréquentes [15].
considérée comme peu probable avec les technologies actuellement disponibles. La meilleure
par les usagers locaux. La coordination et la collaboration au niveau régional, national et local,
Pour faire face à la menace croissante causée par l'invasion du poisson-lion dans la région de la
d'activités régionales du Protocole sur les Espèces et les Espaces Spécialement Protégées de la
Convention de Cartagène (CAR-SPAW) se sont unis avec l'Initiative internationale pour les
et des experts caribéens représentatifs, pour répondre au problème posé par le poisson-lion dans
En novembre2010, l’ICRI a mis en place un comité ad hoc appelé Comité régional poisson-lion
(RLC - Régional Lionfish Committee) pour l’élaboration d’un plan stratégique de contrôle du
L’OMMM est une association loi 1901 scientifique à but non lucratif a été créé en 2000 pour
élaborer et conduire en partie le programme d’actions IFRECOR (Initiative française pour les
récifs coralliens) en Martinique [16]. Il rassemble des scientifiques et naturalistes plongeurs, des
élaborée de façon concertée une stratégie de lutte contre l'invasion du poisson-lion [16]. Elle a
Récolter et étudier les individus: en plongée en réalisant une prospection, un suivi et des
L’OMMM a mis en place un projet appelé POLIPA « Poisson lion dans les petites Antilles »
l'invasion des écosystèmes marins avec l'appui de la collectivité, services de l'Etat et structures
- Mettre en place une équipe spécialisée en Martinique pour animer la lutte active contre
l'invasion du poisson-lion.
- Identifier et améliorer les pratiques mises en place pour le contrôle de l'invasion des eaux
Depuis le 28 mars 2013, la DEAL Guadeloupe et Martinique s’appuient sur une stratégie
commune 2013-2015, afin de lutter contre l’invasion du poisson lion dans les Antilles Françaises.
32
étudier le potentiel Ciguaterique de cette espèce (résultat mi-juin 2013) afin de pouvoir le
étudier leur répartition et leur colonisation des sites ainsi que les densités,
communiquer auprès du grand public et des socio professionnels afin de rappeler le risque de
2.5.1 Taxinomie
Le poisson-lion est une espèce indigène originaire de l’Indopacifique .C’est une rascasse volante
appartenant à la famille des Scorpaenidae, sous famille des Scorpaeninae et du genre Pterois.
Le genre Prerois comprend 11 espèces différentes par le nombre des épines de leurs nageoires,
La plupart des poissons de cette famille possèdent de nombreuses épines sur la tête et des
Le poisson lion est aussi appelé rascasse volante, rascasse poule, lionfish, red lionfish, turkeyfish.
Pterois volitans et Pterois miles sont les deux principales espèces impliquées dans l’invasion de
la région Caraïbe. Ces deux espèces sont morphologiquement très proches l'une de l'autre et ont
souvent été considérées comme appartenant à la même espèce [18]. Cependant des études
Pterois miles est présent essentiellement dans l’océan indien et son aire de répartition naturelle
s’étend de l’Afrique du sud à la mer rouge, au golfe Persique et vers l’Est jusqu’à Sumatra
(Figure 7). Pterois volitans est une espèce largement répandue dans l’océan Pacifique : de
l’Indonésie jusqu’au nord du Japon et dans le Pacifique central et le Pacifique sud [18,19].
Ces deux espèces ont été introduites en Floride dans les années 80 mais l’espèce Pterois volitans
s’est étendue sur une vaste zone géographie de l’Atlantique Ouest à toute la caraïbe en moins
d’une dizaine d’années. Alors que Pterois miles est resté cantonné à la côte Est des Etats-Unis.
En effet, 97% des individus capturés et analysés dans l’ensemble de cette zone appartenaient à
En marge de leur aire de répartition naturelle, Pterois volitans et Pterois miles se distinguent par
nageoire anale alors que Pterois miles en a 10 à sa nageoire dorsale et 6 à sa nageoire anale [19].
Pterois volitans et Pterois miles sont des espèces gonochoriques .Les deux sexes sont
atteignent leur taille de maturité sexuelle à une longueur approximative de 90mm et les femelles
de 180mm [22].
Les variations saisonnières de la reproduction le long de leur aire répartition naturelle est
inconnue. Les collections des poissons-lions au large de la Caroline du Nord et dans les Bahamas
suggèrent qu’ils se reproduisent sur toute l’année environ tous les 3 à 4 jours [22].
phase de reproduction, la femelle pond environ tous les 4 jours deux masses d’œufs enveloppés
dans un mucus qui seront fécondés par le mâle et vont remonter à la surface .Chaque masse
d’œufs contient environ 30000 œufs ce qui correspond à une fécondité annuelle de deux millions
d’œufs [22]. Les œufs fécondés vont flotter en surface pendant deux jours à l’issue desquels le
Les œufs et les larves sont pélagiques et peuvent se disperser sur de grandes distances par les
courants océaniques et les vents (Gulf Stream, golfe du Mexique, mer des Caraïbes), ce qui
Le développement larvaire est estimé entre 25 et 40 jours [23] au cours desquels les larves
mènent une vie planctonique. A l’issue de cette période, les larves se rapprochent du fond et
Les juvéniles colonisent les récifs coralliens et les autres fonds rocheux, les mangroves, les
herbiers où ils effectueront une partie de leur croissance jusqu’à leur vie adulte. La croissance
des juvéniles est de l’ordre de 0,5mm par jour, ce qui produit un poisson de 197mm en un an. La
vitesse de croissance diminue ensuite avec l’âge. Les mâles deviennent plus grands que les
36
femelles. Le poisson-lion peut atteindre 49cm dans la région Caraïbe contre 35cm dans sa région
d’origine (Figure 8). En milieu naturel, leur durée de vie est inconnue.
Les Pterois sont typiquement des poissons de récifs coralliens. Ils affectionnent les zones qui
présentent une complexité architecturale élevée avec fissures, cavités et surplombs. On les
rencontre également sur les fonds rocheux et également sur les substrats durs artificiels (épaves,
jetée).
37
Leur morphologie ne leur permet pas de nager activement très longtemps et ils privilégient les
C'est une espèce peu craintive dont les spécimens vivent seuls ou en groupe. Le poisson-lion est
présent dans la plupart des habitats marins tropicaux. On le retrouve dans des profondeurs
comprises entre 0 et 300 m à la fois sur les fonds durs, les mangroves, les herbiers marins, les
Les Pterois sont des prédateurs nocturnes. Ils se mettent en chasse à la tombée du jour et leur
activité alimentaire s’arrête peu après le lever du jour. Le poisson-lion est généralement lent et
cryptique, présentant une coloration aposématique et avec des épines de défense venimeuses.
Leur appareil venimeux est uniquement défensif et ne joue aucun rôle dans la capture des proies.
Leur stratégie de chasse est unique parmi les prédateurs de poisson dans la Caraïbe.
Durant la journée ils se tiennent souvent immobiles. Une fois installés sur un site, leur territoire
Vis-à-vis des plongeurs, ils se laissent approcher facilement et ils font même souvent preuve de
curiosité. Toutefois, leur nage indolente cache une rapidité d’action foudroyante s’ils se sentent
menacés.
Ils entrent volontiers dans les casiers de pêcheurs et les nasses de poissons, mais sont rarement
pris à la ligne. A cause de leur système épineux très développé, ils se prennent facilement dans
poissons-lions a révélé une grande diversité d’espèces et de tailles de leurs proies [5,9].
38
Toutes les espèces constituent des proies potentielles. Les Pterois ont une grande capacité
d’ingestion mais ils sont capables de jeûner pendant plus de 12 semaines [10].
Les Pterois sont situés au sommet de la chaîne alimentaire de l’écosystème récifal et cela associé
Les prédateurs potentiels du poisson-lion dans la Caraïbe sont mal connus. Quelques cas de
prédation par de gros mérous (comme le Mérou rayé), des Carangues de grandes tailles et
certaines espèces de requins ont été observées, mais ils restent exceptionnels [24].
Ses capacités d’adaptation et de reproduction, la quasi absence de prédateurs et son grand appétit
rendent son invasion très efficace. Ces conditions favorables conduisent à de forts taux de
venimeuses. Son corps est rayé verticalement avec des bandes marrons/rouges et blanches plus
ou moins sombres. Des excroissances sont présentes autour de la bouche et sur le front. Les
nageoires pectorales en forme d'éventail peuvent atteindre le double de la taille de son corps.
Les Pterois possèdent un appareil venimeux spécifique. Il est réparti sur 13 épines dorsales, 3
épines anales et 2 épines pelviennes (Figure 9). Toutes les épines du poisson-lion, à l’exception
des épines des nageoires pectorales caudales contiennent des glandes à venin de type apocrine.
Les épines sont recouvertes d’une gaine tégumentaire, composé d’un derme et d’un épiderme
séparé par une couche vivement colorée. Les épines, de section grossièrement triangulaire, sont
parcourues par de profonds sillons .Ces sillons abritent le tissu glandulaire sécréteur du venin.
Au moment de la piqûre, l’épine est plantée dans le corps de la victime, la peau du fourreau est
repoussée vers l’arrière et les cellules glandulaires contenues dans les sillons de l’épine sécrètent
Les deux glandes à venin d’une épine dorsale d’un Pterois adulte peuvent délivrer en moyenne
La toxine est mal connue .La nature protéique du venin le rend thermolabile à 40-50°Celsius. En
Crête antéro-médiane
Rainure antéro-médiane
Foramen médian
Condyle latéral
Rainures glandulaires
antérolatérale
Crête
postérolatérale
Figure 12: Coupe histologique transversale dans une épine dorsale de Pterois volitans
41
2.6.2 Le venin
Les poissons les plus venimeux appartiennent à la famille des Scorpaenidae et des Synanceiidae.
Dans ces familles, le poisson-pierre (Synanceja) et les rascasses volantes (Pterois) provoquent
Les venins de poissons montrent une grande diversité ; Ils possèdent une complexité de
composants pharmacologiquement actifs, des enzymes, des protéines, des peptides, des amines
Les tentatives pour purifier les toxines de venins de poissons ont largement échoué, et seulement
une douzaine de protéines ont été purifiées et que quelques-unes d'entre elles ont
été caractérisées au niveau moléculaire. Ces toxines présentent un large éventail d'activités
une masse moléculaire élevée, de 150 kDa. Ces toxines, qui peuvent être mortelles, ont été
Neoverrucotoxin :neoVTX ). Ces toxines et ces protéines des venins de poissons ont été le plus
pharmacologiques ont été bien décrites. Ces toxines présentent des actions communes au venin
des Pterois.
Peu de travaux ont été réalisés sur la pharmacologie et la composition du venin des Pterois [27].
Le mécanisme de l’envenimation par le poisson-lion est à ce jour encore mal connu et mal défini.
Ces protéines issues d’autres venins présentent des caractéristiques communes au venin des
différentes études in vivo ou in vitro n’ont pas pu déterminer les substances responsables de cette
envenimation [27].
Les propriétés biologiques des venins d'animaux terrestres ont été largement étudiées, tandis que
peu de recherches ont été entreprises sur les poissons venimeux [28]. Cela peut s’expliquer
essentiellement par la difficulté d'obtenir, de stocker des extraits de venin et par leur labilité
extrême [28].Récemment le venin du poisson-lion à fait l’objet d’analyses. Celles-ci, ont montré
Ces études ont également montré qu’il existerait une activité cardio-vasculaire [30],
Activité cardio-vasculaire
Les effets cardio-vasculaires du venin semblent être induits principalement par une action au
1989, Cohen a démontré la présence d’acétylcholine dans un extrait du venin provenant du tissu
Les toxines du venin agissent sur les récepteurs muscariniques entraînant une vasodilatation de
l’endothélium par libération d’oxyde nitrique (NO) endothélial [28]. Cependant, l'action sur les
récepteurs adrénergiques semble être directe, plutôt que liée à la libération de catécholamines
endogènes.
Ceci va provoquer une bradycardie et/ou tachycardie et une hypotension artérielle. La réponse
libération de NO [28].
43
Les réponses observées au venin de Pterois peuvent passer d’une vasodilatation à une
dose-dépendante [28].
Le venin présente également une action sur les récepteurs de la bradykinine pouvant contribuer
Activité neuromusculaire
Plusieurs études mettent en évidence deux toxines (la toxine SNTX, et la toxine TLY)
Il semblerait que les toxines du venin de Pterois volitans possèdent les mêmes actions que ces
deux toxines [33]. Le venin de Pterois volitans contient de l’acétylcholine et une toxine affectant
Ces toxines possèdent une action de dépolarisation à la fois sur les cellules nerveuses et les
cellules musculaires [28]. Le venin semble agir à la fois en pré et post-jonctionnelle pour
L’acétylcholine contenue dans le venin entraîne une fibrillation musculaire initiale, un blocage
motrice du muscle [28]. Ces effets peuvent expliquer la faiblesse neuromusculaire ressentie par
les victimes. La toxine a une action sur la terminaison nerveuse et non sur la transmission
de neurotransmetteur [32] .Elle est également corrélée à une augmentation de la mort cellulaire.
Cette lyse cellulaire est probablement due à des déséquilibres ioniques dans les cellules
neuromusculaire, il possède également une activité cytolytique. La toxine SNTX est aussi
hydrophiles dans les membranes cellulaires, entraînant une lyse cellulaire [28].
La toxine SNTX peut aussi former des pores hydrophiles dans les membranes des cellules
endothéliales, et permet un afflux de calcium qui déclenche alors la libération d’oxyde nitrique
Propriétés inflammatoires
Parmi les autres propriétés du venin, on retrouve un processus inflammatoire. Il existe deux
et de la Thromboxane contenues dans les vésicules du Pterois volitans [34]. Ces médiateurs sont
Nouveau toxidrome
cliniques. Compte tenu de l’activité adrénergique et cholinergique observé dans les effets cardio-
vasculaire du venin, nous pourrions sans doute évoquer un nouveau toxidrome (Tableau I)
Tremblements Encéphalopathie
Agitations Confusions
Convulsions Hallucinations
Palpitations Dysarthrie
Hyperleucocytose Constipation
Cause : Le poisson-lion
2.6.3 L’envenimation
nombre de piqûres, l’âge, les comorbidités de la victime et la localisation de la piqûre [3, 26,
30,31]. Les piqûres se produisent fréquemment au niveau des membres supérieurs [3].
Les principales populations touchées sont les plongeurs amateurs ou professionnels par
imprudence le plus souvent, les pêcheurs le plus souvent blessés lors de la vidange des filets ou
au moment d’extraire des crochets le poisson-lion capturé, les aquariophiles lors de la capture
[26,30].
46
L’envenimation par ce poisson peut provoquer de multiples réactions locorégionales, des effets
exceptionnelle.
La douleur est le symptôme prédominant de l’envenimation .Il s’agit d’une douleur, intense,
piqure .Non traitée, l’intensité de la douleur atteint son pic dans les 60 à 90min après la piqûre
et peut persister plusieurs heures, plusieurs jours voire plusieurs semaines [30, 34, 37,38].
La première phase (Figure 13) est caractérisée par une plaie et la zone environnante
d’abord ischémiques avec une plaie de couleur pâle entourée d’un érythème rouge ou
violacé puis une plaie inflammatoire avec une chaleur, un œdème pouvant progresser
La troisième phase (Figure 15) comprend une nécrose tissulaire locale pouvant survenir
Cette envenimation par le poisson-lion peut se limiter à une réaction inflammatoire localisée au
complications.
Les effets systémiques peuvent être fréquents et sont principalement liés à la quantité de venin
injectée [3,26, 30,38,]. Les patients envenimés peuvent présenter une asthénie, des céphalées,
des vertiges, des malaises, des tremblements, des troubles digestifs (à type de douleurs
agitation, une désorientation, des délires, des convulsions, des neuropathies périphériques, des
arthrites.
Une atteinte musculaire avec une faiblesse musculaire, des crampes, des fasciculations, des
Une hypertension ou une hypotension, une bradycardie ou une tachycardie, des troubles du
rythme, une insuffisance cardiaque congestive, une détresse respiratoire, ainsi qu’un un œdème
pulmonaire [40].
Une atteinte sensitive avec des paresthésies, une hypoesthésie, une anesthésie localisée à la plaie
ou pouvant atteindre le membre affecté. Ces symptômes peuvent durer plusieurs heures,
Des complications plus graves et beaucoup plus rares telles que des états de choc, et même le
décès ont été décrites. La blessure est indolente, et peut mettre plusieurs mois à cicatriser, en
laissant parfois un granulome cutané ou une perte de substance marquée surtout après une
est l’immersion de la zone piquée dans de l’eau chaude. Cette méthode diminue presque
L’immersion doit être faite le plus rapidement possible dans de l’eau chaude pendant une durée
de 30 à 90 minutes ,avec une température comprise entre 40 et 50° Celsius où selon la tolérance
du patient afin d’éviter tout risque de brûlure. Elle peut être répétée tant que la douleur persiste.
L’utilisation de la chaleur dans le cas d’une piqûre par une rascasse est reprise dans la littérature.
Plusieurs études ont prouvé l’efficacité de cette méthode qui conduit à l’inactivation du venin.
d’inactiver et de casser les liaisons chimiques des composants thermolabiles des protéines et des
L’utilisation de la chaleur dans le traitement de la douleur est reprise dans la littérature avec deux
méthodes utilisées : soit l’immersion dans l’eau chaude, soit l’approche d’une source de chaleur
[42].
D’autres auteurs [42] ont étudié l’efficacité du « choc thermique » c’est-à-dire une variation
envenimations
L’immersion dans l’eau chaude reste cependant le traitement de référence de l’envenimation [41]
50
- La plaie doit être désinfectée précocement et rigoureusement avec des antiseptiques locaux
adaptés. Tous les morceaux d’épines visibles doivent être retirés avec un contrôle radiologique.
-La plaie doit être explorée afin d’enlever tous fragments d’épines insérés dans la plaie , pouvant
majorer le risque d’infection et une mauvaise cicatrisation .Si la plaie est profonde avec la
durant plusieurs jours , une exploration chirurgicales et une radiographie des tissus mous doivent
pansements comprimant (notamment avec les rubans adhésifs) ne doivent pas être entrepris. La
Vaccination antitétanique
La vaccination contre le tétanos doit être vérifiée. Si les vaccinations ne sont pas à jours ou en
Si l’immersion dans l’eau chaude n’a pas été suffisamment efficace, il est conseillé d’associer
des antalgiques de paliers différents adaptés à la douleur selon les recommandations de l’OMS
(Annexe 1). En cas de persistance des symptômes, certaines études ont suggéré l’utilisation
Antibiothérapie
Toute blessure acquise dans le milieu marin peut être infectée, et particulièrement si la plaie est
grande, profonde ou contaminée par des sédiments de fond marin ou de matière organique. Les
organismes les plus souvent isolés dans les blessures sont les Staphylococcus, les Streptococcus,
51
les bactéries Gram négatives telles qu’Escherichia coli, Bacteroides fragilis, Clostridium
Les microbes pathogènes retrouvés le plus fréquemment dans les envenimations marines sont
Il existe peu de données dans la littérature sur l'utilisation des antibiotiques dans le traitement
L'apparition d'une infection nécessite une détersion rapide de la plaie et le début d’une
antibiothérapie. Si l’infection est l’une des principales situations pour l’utilisation des
- des plaies perforantes profondes (en particulier dans ou près d'une articulation)
- des plaies larges ou contaminées par des sédiments ou des matières organiques
Synanceja trachynisanti (stonefish) créé par le Serum Laboratories Commonwealth est utilisé en
cas de réaction systémiques graves de piqûres par certaines espèces telles que Synanceja, le
Des études ont constaté que cet anti-venin neutralise aussi efficacement in vitro et l’activité in
vivo du venin de Pterois volitans .Cependant l’utilisation de ce traitement spécifique n’a été ni
Parmi les envenimations marines les plus fréquentes en Martinique, on retrouve le poisson-pierre
le tableau clinique est globalement superposable à celui des Pterois mais d’intensité plus
En ce qui concerne la localisation des piqûres, dans le cas du poisson-lion, la majorité des piqûres
se situaient aux membres supérieurs. Tandis que, dans l’envenimation par le poisson-pierre, les
Dans l’envenimation par le poisson pierre, la douleur est immédiate, beaucoup plus intense et
violente que dans le cas du poisson lion, pouvant même être à l’origine de manifestations
Par ailleurs, il existe dans l’envenimation par le poisson pierre, un œdème chaud, dur et
rapidement extensif à tout le membre affecté comparativement à celui du poisson lion qui reste
La prise en charge est proche de celle déjà décrite pour le poisson lion.
53
PARTIE B
ANALYSE DE L’INCIDENCE ET DES CARACTERISTIQUES CLINIQUES DE
III. OBJECTIFS
La piqure par le poisson-lion est un phénomène en pleine expansion depuis l’invasion de la mer
des caraïbes par cette rascasse venimeuse. Il a été constaté depuis plusieurs mois une
L’objectif principal de notre étude est d’évaluer l’incidence de l’envenimation par le poisson-
lion en Martinique ces trois dernières années et d’en analyser les caractéristiques cliniques.
Les objectifs secondaires sont : d’une part, de décrire l’évolution, les complications et la prise
en charge des patients envenimés ; et d’autre part, d’établir un protocole de prise en charge
médical optimisé, permettant aux médecins urgentistes, aux médecins régulateurs et aux
population générale, les amateurs et les professionnels maritimes sur les risques et la conduite à
d’une population à risque de cette envenimation telle que les marins pêcheurs, les plongeurs
professionnels ou amateurs, les aquariophiles sur une période allant du 01 Novembre 2011 au 28
Février 2014.
55
Tous les patients ayant été piqués par un poisson-lion durant cette période et désirant participer
Ont été exclus tous les patients ayant refusé de participer et toutes les envenimations douteuses.
Le but de cette étude était d’évaluer l’incidence des envenimations par le poisson-lion et
Les données ont été colligées au moyen d’un questionnaire distribué et diffusé largement à
Un questionnaire plus facile et avec un vocabulaire adapté, destiné au public visé tels que
les plongeurs professionnels et amateurs, les marins pêcheurs, les baigneurs et les
- les données personnelles des patients telles que l’âge, le sexe, les antécédents, le terrain
allergique ;
- les circonstances de l’envenimation telles que la date de la piqure, le lieu, le siège, le nombre
d’épine implanté ;
- les caractéristiques cliniques de l’envenimation avec les signes locaux et les signes généraux ;
- la prise en charge globale de l’envenimation (traitement reçu, utilisation d’eau chaude, appel
consultation) ;
56
Les méthodes de sondage, les modalités d’envoi du questionnaire et le recueil des données
L’Union Régionale des Professions de Santé (URPS) a diffusé par courrier électronique
possédant une adresse électronique et inscrit dans leur base de données soit 256 médecins
Les médecins urgentistes, les infirmières d’accueil des urgences (IAO) , les médecins
SAMU ont été informés par courriels, par courriers électroniques et lors des réunions de
Universitaire Pierre ZOBDA-QUITMAN pour une piqure par poisson-lion. Une boîte
contenant les questionnaires vierges et une boîte de recueil des questionnaires remplis,
urgences pour une piqure de poisson-lion, ou à chaque appel à la régulation médicale pour
ce même motif après information et consentement éclairé du patient pour notre étude.
57
SAMU .Ce codage permettait de récupérer la liste des patients ayant appelé pour une
Pour être le plus exhaustif possible les questionnaires ont été récupérés personnellement
dans les boîtes de recueil chaque semaine aux urgences et à la régulation du SAMU. Ce
concernées.
La DEAL Martinique et l’OMMM ont été informés de notre étude et leur participation a
diffusé sur les sites internet de la DEAL, de l’OMMM, du Comité Martinique des sports
questionnaire mis en ligne sur internet ou le renvoyer rempli sur une messagerie
électronique. Pour toutes les personnes n’ayant pas la possibilité d’utiliser internet, un
Tous les centres nautiques et de plongée de la Martinique ont été contactés par téléphone
pour être informé de notre étude. Par la suite, l’OMMM a transféré le questionnaire par
courrier électronique aux gérants et aux moniteurs de chaque centre de plongée. Soit 49
Les responsables devaient remettre le questionnaire à tous les clients ayant été piqué par
un poisson-lion durant leur activité de plongée et nous contacter soit par mail ou par
téléphone pour nous en informer. Chaque client concerné pouvait soit répondre au
questionnaire mis en ligne sur internet ou le renvoyer rempli par courrier électronique.
58
Pour toutes les personnes n’ayant pas la possibilité d’utiliser internet, un entretien
Martinique a relayé l’information sur notre étude et distribué le questionnaire aux marins
pouvait répondre au questionnaire par courrier électronique ou sur le site internet. S’il
n’avait pas d’accès internet, un entretien téléphonique était établit afin de répondre au
questionnaire.
Un premier contact téléphonique a été établit avec toutes ces personnes ayant été piqué par un
de la bonne compréhension des questions, de la fiabilité des réponses, de finaliser les réponses
incomplètes .Un suivi téléphonique régulier à J5, J15 et J30 de la piqure, permettait de renseigner
hospitalisation.
59
La saisie des données a été faite avec le logiciel Microsoft office Excel ® 2013.
L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel spécialisé JMP (SAS statistical software®)
Les données qualitatives sont présentées sous forme d’effectifs, de pourcentages et les données
analyse uni variée pour les valeurs quantitatives étaient réalisées par analyse de variance ou du
test de Wilcoxon. Les comparaisons pour les valeurs qualitatives étaient réalisées par le test du
Chi-2 de Pearson ou par le test exact de Ficher. Une valeur de p inférieure à 0,05 était considérée
L’analyse multivariée utilisait un modèle de régression logistique. Tous les paramètres dont
l’analyse univariée aboutissait à une valeur p inférieure à 0,20 étaient introduits dans le modèle.
60
V. RESULTATS
134 questionnaires ont été ont été recueillis dans toutes les structures concernées. Le recueil des
42 questionnaires ont été recueillis aux urgences du CHU Pierre ZOBDA-QUITMAN, 13
17 questionnaires ont été recueillis auprès des patients n’ayant consulté ni aux urgences, ni un
Par ailleurs, 3 patients ont été perdus de vue durant l’étude. Il s’agissait de trois touristes
Au total, 117 patients ont été retenus pour notre étude entre le 01 Novembre 2011 et le 28 Février
2014.
61
Sur ces 117 patients, la majorité était des hommes (98 hommes soit 83,7% contre 19 femmes).
L’âge moyen était de 41,6 ans [extrêmes : 13 -89]. Les piqures concernaient toutes les tranches
d’âge mais survenaient préférentiellement chez les patients agés de 40 à 49ans (figure 16). Les
enfants de moins de 18 ans représentaient 7% de l’effectif global , et les personnes agées de plus
patient présentait une hépatite C, 1 patient avait une maladie de Crohn sous
poisson-lion avec 51 cas soit 43,6% , suivi des pêcheurs à 32,5% avec 38 cas, puis les touristes
ou les baigneurs à 21,4% avec 25 cas. Seul 3 patients ont été piqués au cours d’une manipuation
du poisson-lion en cuisine .
Pour 103 patients, il s’agissait de la première piqure par un poisson-lion soit 88%. 14 patients
avaient déjà été piqués auparavant soit 12% : il s’agissait de la deuxième piqure pour 11 patients
Quatre-vingt-quinze patients présentaient une piqure unique (une épine implantée) soit 81,2% et
22 patients présentaient des piqures multiples (plus de deux piqures) soit 18,8% : 19 patients
avaient 2 épines implantées (16,2%) et 3 patients avaient 3 épines implantées. Aucun patient ne
- 60 patients (51%) ont consulté dans les différents services des urgences,
- 34 patients ont été amenés à consulter un médecin (médecin traitant, maison médicale de
- 22 patients (19%) ont été pris en charge et transférés aux urgences soit par les pompiers,
Pour certains patients la prise en charge a été immédiate et pour d’autres elle a été différée
plusieurs jours après la piqûre avec un délai allant de 24 heures à 30 jours (figure 21).
63
L’évolution du nombre de cas d’envenimation est consignée dans les figures 17 et 18.
Figure 17 : Graphique de l’évolution du nombre de piqûres entre novembre 2011 et Février 2014
64
15
10
Ces envenimations ont été signalées dans plusieurs communes de la Martinique, mais la majorité
des cas, soit 73%, se trouvait le long de la côte caraïbe comprenant le Nord, le centre et le Sud
caraïbe de la Martinique (Figure 19). La répartition géographique des cas a été simplifiée par
7% NORD Atlantique
20%
NORD Caraïbe
53%
20% CENTRE
SUD
Le membre supérieur était majoritairement touché à 66,7% soit 78 patients, puis le membre
inférieur à 32,5% soit 38 patients. 1 patient a été piqué accidentellement au niveau de la tête.
Les plongeurs étaient piqués le plus souvent au niveau du membre supérieur (p <0,0001) et les
La totalité des patients présentaient des signes locorégionaux dans les suites immédiates de la
- Des troubles sensitifs à type de paresthésies et d’hypoesthésies étaient décrits par 90% d’entre
eux.
- 32% des patients ont présenté une éruption cutanée non prurigineuse avec des plaques
érythémateuses ou de vésicules
- Des cas de paralysies ont été décrits par 24% des patients.
- une tachycardie pour 34% des patients avec une fréquence cardiaque supérieur à 100/min
- des troubles digestifs dans 28% des cas à type de nausées, vomissements et douleurs
abdominales
- une hypertension artérielle dans 21% des cas définie par une PAS>140mmHg et
PAD>90mmHg
Symptômes
Bradycardie 3
Tachycardie 40
Hypertension artérielle 24
Hypotension artérielle 21
Polypnée 3
Oedème extensif 62
Trouble digestif 33
Malaise 32
Fièvre 10
Crampes 72
paralysie 28
Eruption cutanée 37
La durée moyenne des symptômes étaient de 6,2 jours ± 9,7 [H2 - J60]. Mais pour la majorités
des patients (34%), les symptômes duraient moins de 24 heures.La durée des symptômes étaient
variable selon les patients et les circonstances de l’envenimation. Elles sont consignées dans la
figure 23.
68
Trente patients soit 26% ont présenté des complications précoces ou tardives suite à la piqûre
par le poisson-lion. Ces complications sont décrites dans le tableau III. Aucun décès n’a été
constaté.
Phlegmons 2 2%
Erysipèle 1 1%
Arthrites septiques 2 2%
Sepsis 10 9%
Nécrose tissulaire 4 3%
Syndrome de loge 1 1%
L’envenimation est classée selon la sévérité les lésions en trois grades. Dans notre étude : 4
patients présentaient un grade III soit 3%, 30 patients présentaient un grade II (soit 26%) et 83
Trente-et-un patients sur 117 ont bénéficié d’un bilan biologique. Les variables biologiques
Soixante-et-une anomalies biologiques ont été identifiées et rapportées dans la figure 24.On
retrouvait principalement une thrombopénie (Plaquettes<150 G/l), une insuffisance rénale aigue
hypophosphorémie (Phosphore < 0,80 mmol/l), une augmentation des CPK (CPK > 195 UI/l),
une augmentation des transaminases (ASAT >30 UI/l et ALAT >35UI/l). Aucune hémoculture
Anomalies biologiques
Hypophosphorémie 3
Thrombopénie 3
0 5 10 15 20 25 30
Nombre de cas
Sur les 9 patients ayant été opérés pour les complications infectieuses locorégionales, seuls 7
Les 3/4 des patients ont reçu un traitement symptomatique en ambulatoire ou en hospitalier.
La quasi-totalité des patients ont reçu des antalgiques de palier différent, adaptés à leur douleur.
Un tiers des patients ont eu des antibiotiques soit dans un contexte infectieux/complications, ou
en prophylaxie.
Les patients ayant présenté des complications nécessitant une prise en charge chirurgicale, ont
été opérées. Les traitements dont ont bénéficié les patients sont consignés dans le tableau V.
Antibiotiques
25 21 %
Contexte infectieux/complications
Prophylaxie 15 13 %
Antibiotiques utilisés
Amoxicilline + Acide clavulanique 22 19 %
Céphalosporine 3ème génération 3 2%
Macrolide 6 5%
Métronidazole 9 8%
9 8%
Corticoïdes
52 44 %
Utilisation d’eau chaude
9 8%
Traitement chirurgical
Vingt-six patients (22%) ont été hospitalisés dans différents services cités dans le tableau VI.
Nous avons comparé les différentes caractéristiques de l’envenimation par le poisson-lion entre
deux populations : celle des patients ayant utilisé l’eau chaude comme traitement spécifique et
celle des patients ne l’ayant pas utilisée. Les caractéristiques comparées sont les symptômes
cliniques, les complications, les antalgiques et la durée des symptômes. Seules les comparaisons
avec une différence statistiquement significative ont été consignées dans le tableau VII.
Nous avons comparé les caractéristiques de l’envenimation par le poisson-lion entre deux
populations : celle des patients ayant utilisé l’eau chaude précocement (entre moins d’1 heure et
3 heures) après une piqûre, et celle des patients ayant utilisé l’eau tardivement (plus de 3 heures)
(Figure 25). Ces groupes ont été comparés en analyse uni et multi variée pour la durée des
30
25
20
15
10
5
0
Eau chaude Eau chaude Eau chaude Eau chaude
<1h [1 à 3h] [3 à 6h] >6h
Nombre de cas 27 15 8 2
Nombre d’épine
Multiples 1 (1%) 21 (18%) 0,001
Eau chaude 28 (24%) 24 (21%) <0,0001
Délai <1h 23 (20%) 4 (3%) <0,0001
Délai <3h 28 (24%) 14 (12%) <0,0001
Consultation 15 (13%) 63 (54%) <0,0001
Généraliste 5 (4%) 24 (21%) 0,03
Urgences 12 (10%) 49 (42%) 0,0006
Symptômes cliniques
Eruptions cutanées 1 36 (31%) <0,0001
Paralysie 0 28 (24%) <0,0001
Crampes 7 (6%) 65 (56%) <0,0001
Troubles sensitifs 32 (27%) 73 (62%) 0,01
Fièvre 0 10 (9%) 0,02
Malaise 4 (3%) 28 (24%) 0,002
Troubles digestifs 4 (3%) 29 (25%) 0,002
Œdème extensif 11 (9%) 51 (44%) <0,0001
Bradycardie 2 (2%) 1 (1%) 0,03
Complications 0 21 (18%) 0,0003
Infections 0 20 (17%) 0,0004
Tableau VIII : Comparaison entre l’utilisation précoce et tardive d’eau chaude sur la
durée des symptômes (analyse uni variée).
En analyse multivariée, il apparaît que l'administration d'eau chaude dans les 3 heures qui suivent
la piqûre est un facteur indépendant associé à la brièveté des symptômes (< 24h) sur le modèle
de régression logistique.
76
Durée des
Variables Odds ratio
symptômes>24h
p value
Nous avons comparé les différentes caractéristiques de l’envenimation entre les patients qui ont
été piqués par une seule épine venimeuse, et les patients ayant été piqués par plusieurs épines
venimeuses (figure 26). Les caractéristiques comparées sont les symptômes cliniques, les
complications, les antalgiques utilisés, la durée des symptômes, la prise en charge. Seules les
comparaisons avec une différence statistiquement significative ont été consignées dans le
tableau XII.
3
19
1 épine
2 épines
95 3 épines
Figure 26: Nombre d’épine implantée dans la peau des patients envenimés
79
Antalgiques
Tableau XII: Comparaison chez les patients ayant été piqué par une ou plusieurs épines
80
VI. DISCUSSION
Notre étude retrouvait une forte prédominance masculine à 84% avec un sex-ratio de 5
hommes pour 1 femme. L’âge moyen des patients était de 42 ans. Il existe trois études dans la
littérature médicale menées par Kizer en 1985 auprès de 45 cas d’envenimations par le pterois
volitans [30], Trestrail en 1989 auprès de 23 cas [38] et enfin par Aldred en 1996 auprès de 33
cas [34].
Nos résultats étaient similaires à ceux de ces trois études sur les 101 cas analysés. La majorité
des patients étaient des hommes à 77% puis des femmes à 23%, avec un sex-ratio de 3hommes
pour 1 femme .Cependant les patients de ces trois études étaient plus jeunes avec un âge moyen
de 29 ans.
Ces résultats étaient prévisibles devant les activités prédominantes des patients envenimés à
savoir la plongée à 44% et la pêche, qui concernent principalement les hommes jeunes.
Dans notre étude , les plongeurs amateurs ou professionennels ainsi que les marins pêcheurs ,
étaient les plus exposés à cette envenimation . Nous retrouvons les mêmes données dans la
littérature [26,30,38,42] . Les envenimations concernent aussi bien les professionnels de la mer
que les baigneurs . En effet, une forte proportion d’envenimations chez les baigneurs soit 22% a
été retrouvée dans notre étude, suggèrant l’acclimatation et l’adaptation de la migration des
poissons-lions de leur habitat au rivage, comme cela nous a été signalé préalablement par
plusieurs de nos patients. Cette situation confirme que le poisson-lion est une menace pour la
santé publique .
Trois de nos patients ont été piqués par manipulation en cuisine . Il a été démontré dans la
littérature [42], que les poissons morts sont toujours capables d’envenimer car l’injection du
81
venin toujours actif est un phénomène réflexe ce qui explique les envenimations des poissonniers
Pour la majorité des patients, il s’agissait de la première piqûre par un poisson lion (88%). Seuls
12% des patients avaient déjà été piqué à plusieurs reprises. Notre étude n’a pas mis en évidence
un lien entre le nombre de fois où le patient a été piqué et les symptômes (cliniques, durée des
car nous ne retrouvons pas de données scientifiques dans la littérature concernant cette donnée.
L’invasion du poisson lion constitue l’une des invasions marines la plus spectaculaire et la plus
importante de l’histoire. A ce jour, cette rascasse se retrouve dans toutes les îles de la Caraïbe.
Jusqu’ici l’incidence des envenimations par le poisson-lion n’était pas connue en Martinique et
Peu de travaux ont été réalisés sur l’incidence de ces envenimations pourtant de plus en plus
volante. A ce jour cette étude est toujours en attente d’approbation par le ministère de la Santé[1].
Atkinson en 2006 [41] estime qu’il y a entre 40 000 et 50 000 envenimations marines qui se
Nos résultats montrent qu’il y a 3 fois plus d’envenimations qu’il y a deux ans en Martinique.
L’incidence augmente mais le nombre de cas reste difficile à déterminer. Cependant, les données
actuelles de l’invasion nous laissent présager une augmentation future importante du nombre
d’envenimation.
82
Ainsi, Morris et Akins [5] en 2009, rapportent une augmentation des densités de population de
poisson-lion, tandis que les données Nord-américaines en font défaut. L’incidence de cette
envenimation en Martinique au cours des trois dernières années, nous est apparue élevée, 29 cas/
6.4 Physiopathologie
déterminer. Cependant, de nombreux auteurs [28, 32, 33] ont tenté de décrire l’activité
pharmacologique du venin du poison-lion ainsi que sa composition. Ils s’accordent à dire que le
Seules trois principales toxines ont été isolées à partir de différentes espèces de poisson pierre
(SNTX, VTX, TLY) [39]. Ces trois toxines présentent des actions similaires au venin du poisson-
L’analyse plus détaillée des données physiopathologiques, cliniques et biologiques montre que
anticholinergique.
Dans notre étude, sur les 117 patients, tous présentaient des symptômes locaux régionaux. Parmi
les principaux symptômes locorégionaux de l’envenimation par le poisson-lion décrit dans notre
étude, on retrouvait une douleur intense décrite par 100% des patients, un œdème local dans 98%
des, des troubles sensitifs à type de paresthésies, hypoesthésies et anesthésies dans 90%, une
atteinte musculaire dans 86% des cas telles que des crampes musculaires, une paralysie. Par
ailleurs, dans notre étude, 66% des patients ont présenté des symptômes systémiques dans les
principalement une tachycardie dans 34% des cas, un malaise avec sueurs dans 27% des cas,
des troubles digestifs dans 28% à type de nausées, vomissements et douleur abdominale, une
hypertension artérielle dans 21%, et une hypotension artérielle dans 18% des cas.
Nos résultats sont similaires et comparables à ceux déjà décrits dans la littérature par les trois
Sur ces 101 cas de la littérature, 92% des patients présentaient une douleur locale intense, et un
Sur les 3 études [30, 34,38], seul 13% des patients ont présenté des symptômes généraux. Les
principalement dans ces études des troubles digestifs, une dyspnée, des syncopes, des sueurs, des
La durée moyenne des symptômes dans notre étude était de 6 jours. Cependant, pour 35% des
patients les symptômes ont duré moins de 24 heures. Dans l’étude d’ALDRED [34] portant sur
33 patients, 11 patients soit 94% ont présenté une disparition complète des symptômes dans les
2 heures suivant la piqure et pour les autres patients dans les 24 heures.
Nos résultats ne sont pas comparables à ceux de la littérature car d’une part le nombre de patients
est 3 fois moins important dans l’étude d’ALDRED, et d’autre part la totalité des patients de
cette étude a bénéficié de l’immersion de la plaie dans de l’eau chaude, ce qui expliquerait la
Notre étude a révélé un certain nombre de complications dans 26% des cas, principalement
d’ordre infectieux (17%), une nécrose tissulaire a été retrouvée dans 3% des cas, un patient a
présenté un état de choc anaphylactique, un autre a présenté un syndrome de loge et une patiente
a présenté une paralysie complète de l’hémicorps droit avec dysarthrie avec IRM normale. Ces
complications sont similaires à celles citées dans la littérature [3, 31, 34,38].
84
notre étude, la majorité des envenimations étaient de grade I soit 71%, puis de grade II soit 26%
et de grade III soit 3%. Nos résultats sont comparables avec ceux des trois études de la littérature
[30, 34,38]. Sur les 101 cas de ces trois études, 95% des envenimations présentaient des lésions
de grade I, dans 4% des cas il s’agissait de lésions de grade II et dans 1% des cas des lésions de
grade III. Ces résultats illustrent donc les réactions locales classiques inhérentes aux
conséquences graves, la majorité d’entre elles n’est pas de haut grade et la mortalité est quasi-
nulle.
Dans notre étude, les patients ayant été victimes de piqures multiples (signalées par plus de deux
sites de ponction), ont présenté plus de complications que les patients ayant été piqué par une
seule épine. Nos résultats sont semblables à ceux retrouvés dans l’étude d’ALDRED [34], dans
laquelle trois patients sur quatre ayant eu des piqures multiples, présentaient des complications
telles qu’un œdème extensif, une dysarthrie et une cellulite. Ces complications sont associées
avec une augmentation de la durée des symptômes. Cet élément confirme que la sévérité de
En ce qui concerne les caractéristiques biologiques, la majorité des patients dans notre étude
n’ont pas eu de bilan biologique standard. Il nous parait donc difficile de mettre en évidence des
transaminases supérieure à deux fois la normale étaient observées. Ces anomalies biologiques ne
sont pas interprétables du fait du nombre insuffisant de bilans biologiques. Aucune donnée n’a
été retrouvée dans la littérature concernant la biologie dans le cadre d’une envenimation. Une
85
Sur le plan bactériologique, sept patients ont eu une intervention chirurgicale et ont bénéficié de
prélèvements bactériologiques peropératoires. Les agents pathogènes mis en cause dans les
infections sont similaires à ceux décrits dans la littérature [26] ; mais dans la majorité des cas,
l’antibiothérapie instaurée n’était pas adaptée. Dans notre série, 40 patients ont reçu des
métronidazole. Contenu des germes retrouvés dans notre étude, il nous parait raisonnable de
Dans un certain nombre de cas, une antibioprophylaxie a été instaurée suite à une piqure par
cette rascasse. Cette démarche n’est pas adaptée ni recommandée dans la littérature [26].
L’antibiothérapie empirique est indiquée dans les complications infectieuses avérées, chez les
patients immunodéprimés, chez les patients présentant une plaie profonde et souillée par des
biologiques) sont à envisager de façon systématique chez les patients présentant des
complications infectieuses.
Les germes les plus fréquemment retrouvés étaient E. coli, Bacteroides, Clostridium perfringens,
streptocoques. Pour traiter leurs patients, ces auteurs ont préconisé la ciprofloxacine ou le
lion. L’immersion de la plaie dans de l’eau chaude est un traitement largement utilisé et accepté
pour les piqures par le poisson-lion. Plusieurs études ont confirmé l’efficacité de ce traitement
Il a été démontré que l’immersion dans l’eau chaude permet d’inactiver les protéines et les
enzymes thermolabiles du venin [41]. Les modalités d’utilisation de ce traitement sont bien
connues et bien spécifiées dans la littérature. La plaie doit être immergée précocement dans l’eau
chaude dans l’eau chaude à 45° ou à la limite de la tolérance du patient, pendant 30 à 90 minutes
ou jusqu’à la disparition de la douleur. Ce traitement est peu coûteux, facile à réaliser dans les
cabinets, dans les services des urgences, ou à domicile. La bonne utilisation de ce procédé
permettrait de soulager les patients, de réduire la durée des symptômes, de limiter les effets
systémiques, d’éviter le recours aux antalgiques de palier II et III comme le confirme notre étude.
Dans notre série, 52 patients soit 44% ont bénéficié d’une immersion de la plaie dans de l’eau
chaude dans les 6 heures après la piqure. 28 patients sur les 52 soit 24% ont eu un soulagement
de la douleur et une résolution complète des symptômes en moins de 24 heures. Nos résultats
sont similaires à ceux décrits dans la littérature [30, 34,38]. En effet, une étude américaine a
rapporté que 15 patients sur 23 ayant utilisé l’eau chaude ont présenté une amélioration
immédiate de la douleur [41]. Tandis qu’une autre étude relève un taux de 80% d’amélioration
Cependant, dans notre étude plus de la moitié des patients n’ont pas eu recours à l’eau chaude.
Ce qui nous laisse penser que ce traitement simple et efficace est encore inconnu aussi bien par
L. de Haro a démontré dans l’une de ses études que l’utilisation d’un choc thermique (variation
cheveux) lors d’une piqure par une rascasse, devait être abandonnée devant l’absence de preuve
La gestion de la douleur peut être réalisée par des antalgiques généraux (voie orale ou
Dans notre étude, la quasi-totalité des patients ont eu des antalgiques de palier I, mais plus de la
moitié des patients ont eu recours aux antalgiques de palier II et III. Trente patients soit 26% ont
reçu des antalgiques du palier III. On ne retrouve pas d’étude dans la littérature médicale sur
l’utilisation des antalgiques dans cette envenimation, mais plusieurs articles préconisent
Dans notre étude, neuf patients ont été traités par corticoïdes. Cependant, il n’existe pas à ce jour
de données scientifiques prouvées dans la littérature quant à l’utilisation des corticoïdes dans
En 2004, dans une étude menée en Polynésie Française, 56 patients envenimés par le poisson-
pierre avaient été traités par anesthésie loco régionale (ALR) à visée antalgique.
Cette étude a démontré l’efficacité de cette technique sur le contrôle de la douleur et la prévention
des complications locales [43]. Aucune issue fatale n’a été rencontrée et aucun patient n’a
Dans notre série aucun de nos patients n’a bénéficié d’une ALR.
L’utilisation d’eau chaude associée aux antalgiques a montré la preuve de leur efficacité et reste
Nous avons rédigé un protocole médical de prise en charge de l’envenimation par le poisson lion
- Piqures multiples
- Localisation
- Intensité de la douleur
- Nécrose
Leur validation nécessité une étude prospective, avec un protocole de décision thérapeutique
Il s’agit de la seule étude disponible dans la littérature sur ce sujet. Une étude prospective sur les
difficile à estimer en l’absence de registre national. Malgré les nombreuses actions en termes
d’information, de sensibilisation et de prévention menées par les autorités sanitaires, les densités
Ce travail présente plusieurs aspects qui lui confèrent son intérêt et un caractère original.
Il ressort de cette étude, que la prise en charge de l’envenimation du poisson-lion est réalisée en
Notre travail a montré que l’utilisation de l’eau chaude précocement est bénéfique en termes de
pronostic. De plus, notre étude a permis d’établir un protocole qui servira de support et de guide,
non seulement pour les médecins hospitaliers mais aussi pour les médecins de ville.
Problèmes à résoudre ?
Autant de questions qui devraient faire appel à la réalisation d’études complémentaires de grande
envergure. Néanmoins, puisque la mortalité est quasi-nulle avec une prise en charge rapide et
adaptée, il apparait primordial de doter les DOM d’un dispositif de toxicovigilance pour aider au
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96
RESUME
Introduction
L’invasion du poisson-lion dans les départements d’Outre-Mer (DOM) représente l’une des
invasions marines les plus importantes de l’histoire. Depuis son arrivée en Martinique en Février
2011, la présence du poisson-lion a fortement progressée, à l’origine d’une augmentation du nombre
d’envenimation touchant les marins-pêcheurs et les plongeurs professionnels ou amateurs. L’objectif
de cette étude était d’évaluer l’incidence de l’envenimation par le poisson-lion et d’en analyser les
caractéristiques cliniques.
Patients et Méthodes
Etude prospective menée dans le service des urgences du CHU de Martinique, les cabinets des
médecins généralistes et la régulation du SAMU, incluant de tous les patients admis de novembre
2011 à février 2014 pour une piqure par poisson-lion.
Résultats
Cent dix-sept patients (98H/19F, âge moyen: 41,6 ans [extrêmes : 13-89]) ont été inclus. Trente-huit
patients (33%) avaient des antécédents significatifs .Les patients présentaient à l’admission aux
urgences une tachycardie (34%), une hypertension (21%), une hypotension (18%), une bradycardie
(3%) et/ou une insuffisance respiratoire aiguë (3%). Le tableau clinique était caractérisé par une
douleur intense avec œdème local (100%), des paresthésies (90%), des crampes (62%), un œdème
extensif (53%), une éruption cutanée (32%), des troubles digestifs (28%), un malaise (27%), des
paralysies (24%) et une hyperthermie (9%). Les complications étaient principalement infectieuses
(17%). Parmi les autres complications, on retrouvait une nécrose cutanée (3%), un syndrome de loge
(1%), un choc anaphylactique (1%) et une paralysie de l’hémicorps droit (1%). Les piqures étaient
uniques (81%) ou multiples par épines (19%). Elles siégeaient préférentiellement aux membres
supérieurs dont aux mains (67%) et aux membres inférieurs (33%). Une immersion dans l’eau chaude
a été effectuée chez 52 patients (44%).
Durant la période de l’étude, le nombre d’envenimation est passé de 29 cas sur un an, à 88 cas la
deuxième année, soit trois fois plus de cas. L’incidence du nombre de cas d’envenimation était donc
en augmentation.
Conclusions
L’envenimation par le poisson-lion représente un problème de santé publique en Martinique.
L’incidence augmente et le nombre de cas reste difficile à estimer en l‘absence de registre national.
La mortalité est quasi-nulle si la prise en charge est rapide et adaptée. Il est donc urgent de doter
ces départements d’un dispositif de toxicovigilance pour aider au recensement des patients
envenimés et à l’amélioration des pratiques.
97
ANNEXES
98
Les antalgiques
Les antalgiques non opiacés : Palier 1
Dénomination Commune
Internationale : les Produits disponibles
génériques
Efferalgan Dolipran
Paracétamol
Dafalgan Perfalgan
Aspégic Kardegic
Aspirine
Aspirine
Advil Nurofen
Ibuprofène
Nureflex
Kétoprofène Profénid
Néfopam Acupan
Les antalgiques opioïdes faibles : Palier 2
Dénomination Commune
Internationale : les Produits disponibles
génériques
Codéine Codenfan
Efferalgan-
Codoliprane
codéiné
Codéine + Paracétamol
Dafalgan-
codéiné
Dialgirex Di-Antalvic
Dextropropoxyphène associé
Propofan
Tramadol Contramal Topalgic
Tramadol + Paracétamol Ixprim Zaldiar
Les antalgiques opioïdes : Palier 3
Dénomination Commune
Internationale : les Produits disponibles
génériques
Actiskénan Moscontin LP
Morphine
Morphine Skénan LP
Fentanyl Durogésic
Oxycodone Oxycontin LP Oxynorm
Buprénorphine Temgésic
Nalbuphine Nubain
99
L’incidence des piqûres des poisons lion en Martinique est en augmentation depuis 3
ans avec des consultations de plus en plus fréquentes ; une symptomatologie et une prise
en charge différente d’un patient à un autre.
Plusieurs campagnes d’information et de sensibilisation ont été menées auprès de la
population, par l’Agence Régionale de Santé et l’Observatoire des Milieux Marins
Martiniquais(OMMM) avec des mesures d’éradication misent en place pour faire face à
cette invasion dans la mer des Caraïbes par ce poisson prédateur venimeux.
Cependant peu d’études ont été réalisées sur la symptomatologie de l’envenimation par le
poisson lion pouvant aller de la simple douleur jusqu’au décès.
Fort du nombre de cas observés depuis plusieurs mois dans les services des urgences des
hôpitaux de la Martinique ainsi que dans les cabinets des médecins généralistes, je débute
cette étude dans le cadre de ma thèse permettant d’analyser l’incidence et les
caractéristiques cliniques de l’envenimation par le poisson Lion en Martinique et ainsi
d’établir un protocole médical de prise en charge des patients commun et harmonisé.
Je sollicite donc votre aide en remplissant cette fiche de recueil le plus précisément
possible si vous prenez en charge un patient victime d’une piqûre de poisson lion que ce
soit aux urgences, en régulation au SAMU ou en cabinet afin de me permettre d’analyser
ces données correctement. Merci de l’intérêt que vous porterez à mon travail.
3. Allergies :
4. Traitement habituel :
6. Date de la piqûre :
10. Avez-vous utilisé une source de chaleur ou fait une immersion dans l’eau chaude
OUI NON
OUI NON
Type de douleur:
20. Quelle a été votre prise en charge face à ette envenimation (examens cliniques ,
examens paraclinique et traitement )?
21. Quelles étaient les constantes biologiques du patient au cabinet , à l’accueil des
urgences ou au bilan téléphonique des pompiers en régulation ? Veuillez remplir le
tableau ci-dessous
Tension artérielle
(PAS/PAD)
Saturation en oxygène
Température
Fréquence cardiaque
103
Ho H24
Calcémie
Urée
Hématocrite
ASAT
ALAT
Natrémie
Créatininémie
Phosphorémie
TP
Leucocytes
Lactates
Plaquettes
CPK
L’incidence des piqûres de poisons lion en Martinique est en augmentation depuis 3 ans avec
des consultations de plus en plus fréquentes ; une symptomatologie et une prise en charge
Peu d’études ont été réalisées sur la symptomatologie de l’envenimation par le poisson lion
Fort du nombre de cas observés depuis plusieurs mois dans les services des urgences des
hôpitaux de la Martinique ainsi que dans les cabinets des médecins généralistes, nous débutons
une étude permettant d’analyser l’incidence et les caractéristiques cliniques de l’envenimation par
Dans ce contexte, si vous avez été piqué par un poisson lion et que vous désirez participer à cette
téléphonique sera réalisé dès réception du questionnaire ainsi qu’un suivi régulier.
10. Avez-vous immergé votre plaie dans l’eau chaude OUI NON
Si oui combien temps après la piqûre avez-vous utilisé la chaleur ?
17. Avez-vous eu ?
18. Combien de temps ont duré vos symptômes (heures, jours, semaines) ?
-Autre(s) complication(s) :
Nombre de
CODE Nombre
SECTEUR COMMUNES cas par
POSTAL de cas
secteur
Basse Pointe,
Macouba, Grand 97218 2
Rivière
Ajoupa-Bouillon 97216 0
NORD Lorrain 97214 0
Marigot 97225 1 8
Atlantique
Sainte-Marie 97230 0
Trinité 97220 5
Gros-Morne 97213 0
Robert 97231 0
Morne Rouge 97260 0
Fonds-Saint-Denis,
Prêcheur et Saint- 97250 10
NORD Pierre
24
Caraïbe Carbet 97221 8
Morne Vert 97226 0
Bellefontaine et
97222 6
Case Pilote
Saint-Joseph 97212 0
Schœlcher 97233 16
CENTRE 23
Fort-de-France 97234 6
Lamentin 97232 1
François 97240 4
Ducos 97224 0
Anses d'Arlet 97217 16
Diamant 97223 6
Marin 97290 3
Rivière-Pilote 97211 5
SUD 62
Rivière-Salée 97215 1
Saint-Esprit 97270 0
Sainte-Anne 97227 5
Sainte-Luce 97228 7
Trois-îlets 97229 9
Vauclin 97280 6
108
Objectifs:
- Préciser les modalités de la prise en charge du patient de la régulation du SAMU à son
orientation après le service des urgences
- Préciser la conduite médicale à tenir par les médecins généralistes, régulateurs et urgentistes
- Améliorer la qualité des soins et éviter la survenue de complication
- Obtenir une prise en charge commune et harmonisée
Population à risque :
Les plongeurs amateurs ou professionnels, les marins-pêcheurs, les aquariophiles, les
baigneurs et les touristes.
L’envenimation :
Treize épines dorsales et trois épines anales venimeuses situées aux extrémités des nageoires.
Le venin est contenu dans des glandes associées aux épines et il contient des toxines provoquant
des effets cardiovasculaires, neuromusculaires et cytotoxiques. Ce venin est thermolabile.
Symptômes :
Des signes locaux : douleur immédiate intense et irradiante, œdème local, troubles
sensitifs et musculaires, éruption cutanée de type vésicule
Des signes généraux : troubles digestifs (nausée, vomissements, douleurs
abdominales), malaise avec sueur, tachycardie, hypertension ou hypotension artérielle,
bradycardie, polypnée.
109
SERMENT D’HIPPOCRATE
116
Serment d’Hippocrate
Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me sont confiés.
Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers.
Et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses,
Que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »
117
DEMANDE D’IMPRIMATUR
Et intitulée :
Jury proposé
RESUME :