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DE LA

PRÉPARATION ET DE LA COMPOSITION

DES

SULFURES MÉTALLIQUES.

THESE DE CHIMIE,
Présentée et soutenue à la Faculté des Sciences, le août 1840,

PAr -

EDMOND BECQUEREL,
Aide au Muséum d'histoire naturelle.

PARIS,
TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,
IMNUMEBHS DE t'iNSTITDT, RUE JACOB, 5 6 .

1840.
MM. BIOT (doyen).
THÉNARD.
LACROIX.
FRANCOEUR.
DE MIRBEL.
GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
POUILLET.
PROFESSEURS.
PONCELET.
DE BLAINVILLE.
CONSTANT PRÉVOST.
DUMAS.
AUGUSTE SAINT-HILAIRE.
LIBRI.
DESPRETZ.

BEUDANT.

MM. LEFÉBURE.
I. GEOFFKOT SAINT-HILAIRE.
STURM.
AD. DE JUSSIEU.
PELIGOT.
SUPPLÉANTS.
MASSON.
DUHAMEL.
LAURENT.
DELAFOSSE.
ADOLPHE BRONGNIARD.
mon é/ere,
HEMBRE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE,

PROFESSEUR ADMINISTRATEUR AU MUSÉUM D ' H I S T O I R E NATURELLE, E T C . , ETC.


4

HOMMAGE DE MON RESPECT ET DE MA RECONNAISSANCE.


DE LA.

PRÉPARATION ET DE LA COMPOSITION

DES

SULFURES MÉTALLIQUES.

LES sulfures métalliques sont intéressants à étudier, non-


seulement en raison des combinaisons bien déterminées que
le soufre forme avec les métaux, mais encore à cause du
grand nombre de doubles produits que les sulfures peuvent
former entre eux. Les sulfures se présentent très-fréquemment
dans la nature, et la plus grande partie des minerais d'où
l'on extrait le cuivre, l'argent, le plomb et le mercure,
sont des combinaisons de soufre et de ces métaux.
Lorsque les sulfures métalliques naturels n'ont pas eu une
origine ignée dans certaines circonstances, l'électricité doit
avoir joué un rôle important lors de leur formation; c'est ce
motif qui m'a engagé à passer en revue la formation des
sulfures métalliques par les procédés chimiques ordinaires
et par les procédés électro-chimiques que mon père a décou-
verts , puis à examiner la composition des sulfures formés par
ces derniers moyens. Les forces électriques faibles agissant
avec beaucoup de lenteur, les produits formés sont presque
toujours cristallisés, et, par exemple, le bi-sulfure de fer
( pyrite de fer) représenté sous la forme de dodécaèdres à
faces pentagonales de 1 à 2 millimètres de côté.
Je me bornerai ici à décrire les sulfures des métaux des
quatre dernières sections, voulant seulement mettre en re-
gard les procédés de préparation de quelques sulfures et
par la chimie et par l'électro-chimie.
En général, les métaux se combinent facilement avec le
soufre, et l'acte en vertu duquel cette combinaison s'opère
ressemble beaucoup à une oxydation. Les sulfures produits
correspondent, pour la plupart, aux oxydes, mais ils s'en
distinguent parce qu'ils sont conducteurs de l'électricité.
Les métaux ont quelquefois plusieurs degrés de sulfuration ;
mais ordinairement il n'y a qu'un seul sulfure de chaque
métal qui puisse supporter la chaleur rouge dans un appa-
reil distillatoire sans se décomposer ; à ce degré de sulfura-
tion répond le degré d'oxydation, qui donne la base la plus
énergique.
Parmi les sulfures, les uns sont des sulfobases très-éner-
giques , comme les sulfures des métaux alcalins, et d'autres
sont des sulfures q u i , dans les combinaisons, jouent le rôle
d'acide. De même que les sulfures s'unissent entre eux , de
même quelques-uns peuvent s'unir avec l'ox}de de leur ra-
dical. On connaissait depuis longtemps une combinaison de
ce genre, celle du sulfure d'antimoine avec l'oxyde ; mais
M. Arfwedson a montré qu'on obtenait également des oxysul-
fures de manganèse, de zinc et de cobalt, en exposant les
sulfates de ces métaux dans un courant d'hydrogène à une
température élevée. Un sulfure métallique peut se réduire
de la même manière qu'un oxyde métallique , lorsqu'on le
chauffe avec un métal qui a plus d'affinité que lui pour le
soufre. Le procédé le plus simple est de réduire le sulfure
en oxyde au moyen du grillage, et de réduire celui-ci par les
procédés connus. Tous les sulfures métalliques ne se trouvent
pas dans la nature. Il n'y en a que treize, savoir : ceux d'argent,
de zinc, de fer, de manganèse, d'étain, d'arsenic, de molyb-
dène, d'antimoine, de bismuth, de cuivre, de plomb, de
mercure, et de cobalt (voyez Chimie de Thénard) ; et quel-
ques sulfures alcalins dans les eaux minérales.
Il y a plusieurs méthodes générales qui servent à la pré-
paration des sulfures ; nous allons les décrire avant de parler
des sulfures métalliques en particulier.
Lorsque le métal est très-fusible, si on le mêle en quantité
convenable avec du soufre dans un creuset, et qu'on chauffe
assez pour volatiliser l'excès de soufre, il se forme un sulfure;
mais il y a des précautions particulières à prendre pour la
préparation de chaque sulfure.
Au lieu de chauffer le métal avec du soufre, on peut
chauffer l'oxyde du métal avec le soufre : alors il y a forma-
tion d'acide sulfureux et de sulfure métallique. On peut ainsi
former la plupart des sulfures métalliques, excepté ceux des
métaux alcalins ou terreux, et ceux de manganèse, de chro-
me , de tantale et de titane, et de quelques autres, tels que
l'or, qui laissent dégager le soufre à une température plus
élevée.
Par ce procédé et les suivants, on obtient des sulfures
sous forme d'une poudre, dont les particules sont amorphes,
ou en une masse fondue qui n'offre pas de cristallisation.
Cependant M. Wôhler est parvenu à obtenir le persulfure de
fer en grains cristallisés, comme nous le verrons plus loin.
Le sulfure de carbone décompose aussi les oxydes métal-
liques lorsqu'on fait passer ce corps en vapeur sur les oxydes
portés à une température plus ou moins élevée dans un tube
de porcelaine ; il en résulte de l'acide carbonique et un sul-
fure métallique, quelquefois dépôt de soufre et formation
d'acide sulfureux.
Il y a encore un procédé pour former les sulfures par la voie
sèche : c'est-à-dire par la décomposition des sulfates. Le char-
bon est capable, à une haute température, de désoxygéner
l'acide et l'oxyde de tous les sulfates. Si donc on mélange
intimement du charbon avec un sulfate, et qu'on élève la
température suffisamment, il y aura formation d'acide car-
bonique et production d'un sulfure, à moins que le métal
ne puisse retenir de l'oxygène. Ces faits, qui étaient connus
depuis longtemps, ont été de nouveau examinés par M. Ber-
thier (Annales des mines, tome I e r ) , qui a examiné avec
grand soin la nature des différents sulfures que l'on pouvait
obtenir ainsi. Il a produit, par ce procédé, de doubles sul-
fures que l'on retrouve dans la nature ; du reste, nous re-
viendrons sur ce procédé en parlant de chaque sulfure en
particulier.
Le gaz hydrogène sulfuré ou l'acide sulfhydrique réduit
presque tous les oxydes métalliques, excepté les terres; il en
résulte de l'eau et un sulfure métallique proportionnel au
degré de l'oxydation du métal. On opère de la même ma-
nière qu'en employant le sulfure de carbone en vapeur ; en
mettant les oxydes métalliques dans un tube de porcelaine
dont on peut élever la température, et le faisant traverser
par un courant d'acide sulfhydrique.
On peut produire les sulfures par la voie humide, et sou-
vent la sulfuration est plus complète que par la voie sèche.
On dissout alors l'oxyde dans un acide, on en forme un sel
soluble, dans la solution duquel on fait passer un courant
d'hydrogène sulfuré. Ce gaz opère la décomposition de
l'oxyde, il y a formation d'eau et de sulfure métallique, que
l'on recueille sous forme de flocons. On peut encore pré-
parer ces sulfures en versant, dans une solution saline, du
protosulfure de potassium ; alors il se forme un sel à base de
potasse et un sulfure qui se précipite.
Je vais maintenant décrire les méthodes électro-chimiques
employées par mon père pour la production des sulfures
métalliques.
On prend un tube de verre courbé en U , de 1 décimètre
de hauteur et de 1 centimètre de diamètre, au fond duquel
on introduit de l'argile humectée d'eau, afin d'éviter le mé-
lange des dissolutions que l'on veut mettre dans chacune des
deux branches. Sur l'argile, on place un petit tampon en
coton; dans l'une des branches, que nous appellerons A,
on place de l'hyposulfite de potasse ( KO + S2 O2 ) , et dans
l'autre branche B , une dissolution de nitrate de cuivre ou
d'argent. Dans la première branche A, on introduit la lame
du métal dont on veut avoir le sulfure cristallisé ; et dans B,
on plonge une lame de cuivre ou d'argent, suivant le nitrate
employé. Cette lame, communiquant avec la précédente au
moyen d'un fil métallique, la réaction des deux dissolutions
l'une sur l'autre, et celle de l'hyposulfite sur le métal em-
ployé , déterminent la formation d'une petite pile, dans la-
quelle la lame qui plonge dans le nitrate est le pôle négatif, et
l'autre le pôle positif.
Le nitrate est décomposé par suite du courant produit;
le métal se précipite à l'état métallique ; l'oxygène et l'acide
nitrique se portent dans l'autre branche A, où il se forme
du nitrate de potasse et un double hyposulfite de potasse
et du métal employé.
Ce double hyposulfite, qui cristallise sur la lame métalli-
que, est décomposé ultérieurement, et il y a formation du
sulfure du métal que l'on a employé, et ce sulfure est cris-
tallisé. En même temps, l'argent ou le cuivre qui se dépo-
sent lentement au pôle négatif cristallisent très-régulièrement.
Si on laisse continuer l'action pendant longtemps , et
qu'on n'enlève pas les produits formés, l'acide nitrique et
l'oxygène continuant à arriver au pôle positif, le sulfure
formé se trouve décomposé, et se change en sulfate. Cette
action dure tant qu'il y a du nitrate du côté négatif B ; mais
dès que celui-ci est entièrement décomposé, alors la lame qui
était négative s'attaque à son tour. Les deux lames changent
de rôle ; celle qui était positive devient négative, et récipro-
quement. Il se forme, pendant ces réactions, une foule de
produits secondaires, qui montrent le parti que l'on peut tirer
des procédés électro-chimiques. Les réactions ne cessent que
lorsqu'une des deux lames a été entièrement détruite.
Mon père a aussi formé différents sulfures métalliques en
employant le protosulfure de potassium au lieu d'hyposulfite
de potasse. Alors, dans ce cas, le nitrate qui est dans la
branche B est toujours décomposé, l'oxygène et l'acide ni-
trique se portent du côté A, où il y a formation de nitrate
de potasse, et le soufre est mis à nu ; ce corps se combine
avec la lame du métal que l'on a plongée dans le protpsul-
fure, et forme des sulfures que nous examinerons tout à
l'heure.
Ces procédés ne permettent d'obtenir cristallisés que les
sulfures des métaux dont on peut avoir des lames, des lingots
ou des fils ; cependant on peut avoir de même d'autres sul-
fures en employant, au lieu d'une lame de métal, une lame
de platine sur laquelle on a précipité, par les procédés élec-
tro-chimiques, une couche du métal que l'on veut soumettre
à l'expérience.
Si on réunit plusieurs tubes en U préparés comme précé-
demment , en attachant deux à deux les pôles de nom con-
traire , on a une pile que mon père a nommée pile électro-
chimique, et qui , tout en fonctionnant comme pile, opère
des combinaisons dans l'intérieur des tubes qui forment les
éléments.
Ces deux méthodes sont les principales : nous parlerons
des autres en traitant des différents sulfures métalliques.
Aux généralités que j'ai énoncées pour les sulfures, on
peut ajouter les suivantes. Il y en a qui sont décomposés par
la chaleur, mais la plupart se décomposent par les acides.
L'acide chlorhydrique donne généralement naissance au gaz
sulfhydrique et à un chlorure métallique; l'acide nitrique
produit souvent un sulfate ; lors de la décomposition des
sulfures par les acides, il y a quelquefois dépôt de soufre,
comme les sulfures de cuivre en sont l'exemple. Les alcalis
décomposent aussi la plupart des sulfures métalliques à l'aide
de la chaleur, comme l'a montré M. Berthier. Il se forme
des sulfures à base de métaux alcalins, qui retiennent un
peu des sulfures soumis à l'expérience, et la réduction du
métal a lieu. La présence du charbon diminue beaucoup la
proportion du sulfure qui reste dans le sulfure alcalin ; cette
proportion est aussi d'autant moindre que la fusion a lieu
à une température plus élevée. Le charbon empêche aussi
l'pxydation du métal.

MÉTAUX DE LA TROISIÈME SECTION.

FER, ZINC, CADMIUM, ÉTA1N, COBALT, NICKEL, MANGANÈSE ( 1 ) .

Fer.

Le soufre a une très-grande affinité pour le fer, de telle


sorte que si l'on fait chauffer une plaque de fer au rou.ge
blanc, et que l'on place sur cette plaque un morceau de soufre,
il la percera s u r - l e - c h a m p , le sulfure de fer formé étant
très-fusible. Le fer a plusieurs degrés de sulfuration ; il en a
cinq bien déterminés, et de plus une combinaison de proto-
sulfure et de bisulfure, qui est la pyrite magnétique. En
outre , ces sulfures se combinent avec d'autres sulfures pour
former de doubles combinaisons.
Protosulfure. — Le protosulfure de fer se rencontre quel-
quefois dans la nature; on le trouve en Saxe. Ses cristaux
ont la forme d'un prisme hexaèdre régulier. Il est formé
d'un atome de fer et d'un atome de soufre; sa formule est
donc F e S .
Pour l'obtenir, on chauffe en vase clos un mélange de
soufre et de lames minces de fer. La combinaison se fait avec
incandescence, à la température rouge ; on laisse l'excès de

(1) Nous avons suivi l'ordre adopté par M. Thénard.


soufre se vaporiser ; après cela, on détache le sulfure de fer
des lames auxquelles il est adhérent. Il n'est pas attaqué par
l'air sec, mais, par le contact de l'eau et de l'air, il se change
promptement en sulfate.
Il se produit du protosulfure de fer hydraté dans la réac-
tion du soufre sur le fer en contact avec de l'eau à la tem-
pérature ordinaire, réaction qui donne lieu au phénomène
que l'on avait nommé volcan de Lemeri. Cet hydrate de
protosulfure en contact avec l'air se change rapidement en
sulfate, et cette réaction est si rapide, que quelquefois la
matière devient incandescente. On peut obtenir l'hydrate
de protosulfure très-pur, en précipitant un sel de protoxyde
de fer par le protosulfure de potassium.
Nous verrons, en parlant du bisulfure, comment on le
rencontre cristallisé par suite de réactions lentes.
Mon père a obtenu ce sulfure cristallisé par le premier
procédé électro-chimique que nous avons indiqué plus haut,
en mettant dans la branche positive du tube en U , c'est-à-
dire, dans celle qui contient de l'hyposulfite de potasse, une
lame de fer ; il se forme d'abord sur la lame un double hypo-
sulfite qui, bientôt est décomposé et, peu de temps après, appa-
raissent sur la lame de fer des cristaux de protosulfure. Ces
cristaux sont brillants, jaunâtres, et se décomposent rapide-
ment au contact de l'air humide.
Sesqui-sulfure. — Ce sulfure peut s'obtenir en faisant pas-
ser un courant de gaz sulfhydrique, à la température
ordinaire, sur du sesqui-oxyde de fer artificiel.
Ce sulfure est jaunâtre, sans action sur l'aiguille aimantée ;
il se grille au contact de l'air: sa formule atomique est
Fe2S3.
11 est décomposable à la température rouge; une partie
du soufre se dégage, et il se convertit en pyrite magnétique.
Il est soluble dans les acides sulfurique et chlorhydrique,
qui en dégagent de l'hydrogène sulfuré, en donnant naissance
à du bisulfure de fer qui se précipite.
Bisulfure de fer ou persulfure. — On lui donne généra-
lement le nom de pyrite de fer; il est formé de 100 de fer
et de 118,02 de soufre, c'est-à-dire, qu'il a pour formule
FeS2.Il est très-répandu à la surface du globe. Il paraît qu'il
existe deux bisulfures isomériques. Le premier, qui est
jaune, affecte un très-grand nombre de formes, soit cristal-
lines , comme le cube, l'octaèdre, le dodécaèdre pentagonal,
soit lorsqu'il se présente sous forme de stalactites. Le second
est d'un blanc jaunâtre, et a pour forme primitive un prisme
à bases rhomboidales.
Le bisulfure n'est pas magnétique. Il se grille au contact de
l'air en se changeant en sesqui-oxyde.
On obtient le persulfure de fer en exposant l'hydrate de
peroxyde dans un courant d'acide sulfhydrique à une tem-
pérature supérieure à 100°. Si on substitue à l'hydrate de
peroxyde des cristaux de proto-carbonate de fer, ces der-
niers se décomposent sans perdre leurs formes ; on obtient
ainsi du bisulfure de fer sous une forme qui n'est pas la
sienne ; le cristal conserve aussi ses clivages.
Une épigénie inverse se manifeste dans la nature, car l'on
trouve souvent du persulfure de fer transformé en peroxyde
sans que sa forme soit changée. Cette transformation s'ef-
fectue principalement dans les pyrites qui renferment de
l'or; aussi est-il probable que c'est par un effet électrique
résultant de la présence de ces deux métaux, que le sou-
fre est totalement chassé du cristal , tandis que l'oxygène
vient prendre sa place comme par une espèce de cémenta-
tion.
M. Wohler a obtenu de petits cristaux de persulf'ure de
fer par le procédé suivant. Il a fait chauffer un mélange de
tritoxyde de fer, de soufre et de sel ammoniac, jusqu'à ce
que celui-ci fût tout à fait sublimé ; alors, en lavant le ré-
sidu , il vit, au fond du vase dans lequel il opérait le lavage,
de petits octaèdres et tétraèdres pesants. La présence du
sel ammoniac est indispensable à la production des petits
cristaux. Il peut se faire que dans cette circonstance il se
forme d'abord une double combinaison de sulfure de fer
et de sulfhydrate d'ammoniaque, et que cette combinaison,
se détruisant postérieurement, donne naissance aux cristaux
de sulfure de fer. L'emploi du sel ammoniac se retrouve
dans la préparation du deuto-sulfure d'étain.
M. Wohler a analysé ces cristaux : il les a trouvés formés
de persulfure de fer. J'ai recommencé les expériences de M.
Wohler et je les ai trouvées parfaitement exactes. J'ai sou-
mis à l'analyse une partie des cristaux que j'ai obtenus, et j'ai
trouvé dans une expérience :
Poids du sulfure employé 0,gr- 845.
Sesqui-oxyde formé par le grillage 0,gr 556.
Comme le sesqui-oxyde est formé de 2 atomes de fer et de
3 d'oxygène. on a :
Par le calcul on trouve Atomes
Fer 0,385 100 100 . . . . 1 x 39,5
Soufre 0,460 119,4 118,6. . . . 2 x 201
On voit que c'était du persulfure de fer qui s'était
formé.
Mon père a obtenu ce bisulfure cristallisé dans une circons-
tance particulière : il avait abandonné dans un vase un mé-
lange de sulfate de fer, de sulfate de chaux, et d'une matière
grasse, qui était de l'huile ; au bout de quatre à cinq ans, il
retrouva ce mélange, et il vit qu'il était rempli de cristaux
de persulfure de fer. Ces cristaux étaient des dodécaèdres à
laces pentagonales, et quelques-uns avaient jusqu'à deux
millimètres de diamètre. Il paraît que dans cette circons-
tance l'oxygène de l'acide sulfurique et de l'oxyde de fer
s'est porté sur la matière organique , et le sulfure de fer s'est
déposé lentement de manière à cristalliser. Du reste, un fait
observé par M. Fournet est venu confirmer cette explication;
il a trouvé des cristaux de protosulfure de fer sur un mor-
ceau de fer provenant de l'arbre d'une roue hydraulique
dont il servait à fixer le tourillon. On était dans l'usage d'en-
duire l'extrémité du tourillon avec des matières grasses
purifiées par l'acide sulfurique. Aussi la réaction de ces
matières et de l'acide sulfurique sur le fer a déterminé la
formation du protosulfure cristallisé : quelques années ont
suffi pour cela.
La formation du sulfure de fer s'opère journellement dans
la réaction des matières organiques sur les sulfates de fer.
Aussi, retrouve-t-on du persulfure de fer cristallisé dans
la tourbe et quelques eaux minérales.
Il y a environ deux ans, l'on a trouvé dans la Seine une
ancre qui y avait séjourné pendant au moins trois siècles;
le bec de cette ancre était entré dans un morceau de bois
dont la partie ligneuse n'était pas encore tout à fait décom-
posée. Une partie de ce bois était changée en un mélange
de carbonate de chaux, de pyrite magnétique et de bisul-
fure de fer (d'après l'analyse de M. Berthier ). Cette trans-
formation s'est probablement effectuée dans la réaction du
sulfate de chaux contenu dans l'eau, sur le fer et la matière
organique, ou le bois.
M. Paillette a formé des pyrites dans une circonstance
analogue à une de celles que l'on retrouve dans la nature.
Il a pris un tube de quelques centimètres de long et effilé
en entonnoir à sa partie inférieure; à cette extrémité, il a
mis de l'asbeste; puis il a rempli le tube aux trois quarts
par des couches successives de quartz pilé et de débris
de coquilles, et le reste du tube, avec une solution de
protosulfate de fer. Le sulfate de fer s'est infiltré peu à
peu dans la masse; lorsqu'il est parvenu aux coquilles, il
s'est désoxydé ; il en est résulté des cristaux de sulfure de
fer tapissant les coquilles. Ce sulfure n'a pas été analysé.
M. Berthier a obtenu par la voie sèche le bisulfure de
1er, en calcinant dans un creuset brasqué, soit le proto-
sulfate, soit le persulfate de fer; les deux sulfures formés
étaient identiques.
Pyrite magnétique. — Ce sulfure n'étant pas un simple
sulfure, mais un sulfure double, représenté dans sa com-
position par un atome de bisulfure uni à six atomes de
protosulfure, c'est-à-dire, FeS 1 + 6 FeS. C'est cette combi-
naison qui se produit lorsqu'on chauffe en vase clos jus-
qu'au rouge cerise, ou le bisulfure, ou le sesquisulfure
ou bien encore, en chauffant fortement le soufre avec
le fer.
Il existe encore deux sulfures de fer : un sulfure biferré
Fe2S que l'on obtient en faisant passer un courant d'hydro-
gène à t r a v e r s du sulfate de protoxyde de fer chauffé dans .
un tube de porcelaine; et un sulfure octoferré Fe3S, qui
se forme lorsque,' dans l'expérience précédente, on rem-
place le sulfate de protoxyde de fer par le sous-sulfate de
sesqui-oxyde,
Mais l'existence de ces deux derniers sulfures comme
combinaisons bien déterminées, n'est peut-être pas bien cer-
taine, car, d'après les expériences de M. Berthier, il en résul-
terait que le sulfure de fer peut, comme le carbure de fer,
contracter des mélanges avec ce métal.

Zinc.

Il n'y a qu'un sulfure de zinc nommé blende par les


minéralogistes, et qui a pour composition : ZnS. Ce sul-
fure existe en grande quantité dans la nature; quelquefois
il se présente combiné avec le sulfure de fer; ainsi, à Mar-
mato, il y a une combinaison :

Le sulfure de zinc peut se former en dirigeant le soufre


en vapeur sur du zinc incandescent, ou en chauffant de la
limaille de zinc avec du persulfure de potassium ou de
mercure. On peut l'obtenir aussi, d'après M. Berthier, en
calcinant le sulfate de zinc dans un creuset brasqué. Ce
sulfure est jaune terne, solide, moins fusible que le zinc,
inaltérable par la chaleur seule, mais décomposable, à une
haute température, par le charbon, avec production de
sulfure de carbone.
On le forme, en électro-chimie, avec l'appareil simple déjà
décrit plus haut, et en plongeant, dans la branche positive
du tube en U, renfermant de l'hyposulfite de potasse,
une lame de zinc ; il se forme de doubles combinaisons
analogues à celles dont nous avons déjà parlé; et le sul-
fure de zinc cristallise au bout de quelque temps.
M. Cross, douze ans après les expériences de mon père,
a aussi obtenu le sulfure de zinc, en décomposant une solu-
tion de sulfate de zinc, mais en se servant d'une pile de
soixante éléments, chargée avec de l'eau distillée. Alors la
pile fonctionnant avec une très-faible action, l'oxygène du
sulfate de zinc a formé de l'eau avec l'hydrogène qui arri-
vait sans cesse, et le sulfure de zinc s'est déposé sur l'élec-
trode négative en cristaux jaune terne.
Le sulfure de zinc peut se combiner avec l'oxyde de zinc,
de manière à former l'oxysulfure ZnS-+-ZnO comme M. Arf-
wedson l'a obtenu en décomposant le sulfate de zinc par
un courant d'hydrogène, dans un tube de porcelaine chauffé
au rouge naissant.

Cadmium.

Le sulfure de ce métal C d S est d'un jaune orangé. Il est


fusible à la température rouge, et cristallise par le refroidis-
sement en lames transparentes et micacées, d'une couleur
jaune très-fixe. Ce sulfure s'obtient difficilement en chauffant
le métal avec du soufre, et mieux, en décomposant l'oxyde
par le soufre. On peut aussi l'obtenir par la voie humide, en
précipitant un sel de cadmium par un courant d'hydrogène
sulfuré.
Le sulfure ainsi préparé est soluble à froid dans l'acide
hydrochlorique pur, sans dépôt de soufre.
Mon père l'a produit par un procédé électro-chimique
aussi fécond que ceux dont j'ai parlé plus haut. Voici en quoi
il consiste :
On prend un tube d'un décimètre de long et de cinq ou
six millimètres de diamètre, et fermé par un bout ; dans la
partie inférieure, on met du sulfure noir de mercure, environ
deux à trois centimètres de hauteur, on verse dessus du chlo-
rure de magnésium, on plonge dans le liquide jusqu'au fond
du tube une lame de cadmium, on ferme le tube à la lampe,
et on l'abandonne aux réactions électro-chimiques. Un mois,
six semaines après, on commence à voir sur la paroi du tube,
au-dessus du sulfure, une couche très-mince d'un précipité
brillant qui s'en détache facilement: c'est du sulfure de cad-
mium cristallisé qui est ainsi formé; le mercure a été réduit à
sa partie inférieure où il s'est amalgamé avec la lame. Nous
expliquerons ces résultats en traitant du sulfure de plomb
(galène).
Etain.

L'étain forme trois combinaisons déterminées avec le sou-


fre , le protosulfure le sesqui-sulfure et le bisulfure.
Protosulfure. — Le protosulfure d'étain S n S est cristalli-
sable en lames brillantes d'un gris métallique. Il se grille à
une température élevée. Il se combine avec les sulfures des
métaux négatifs. On le trouve clans la nature, mélangé au sul-
fure de cuivre. On l'obtient en faisant chauffer dans un creu-
set un mélange de soufre et d'étain, et chauffant doucement
jusqu'à volatilisation de l'excès de soufre ; alors on le pulvé-
rise et on le sulfure une seconde fois, car il pourrait conserver
de l'étain, une de ses propriétés étant de se dissoudre dans
l'étain.
Ce sulfure est soluble sans résidu dans l'acide chlor-
hydrique.
Mon père l'a obtenu par les procédés électro-chimiques en
plongeant une lame d'étain dans le côté positif d'un tube en
U, contenant de l'hyposulfite de potasse. Alors il se présente
sous l'aspect d'aiguilles brillantes et grisâtres.
Il faut, pour que la cristallisation ait lieu, que le courant
électrique soit très-faible.
Sesqui-sulfure. — Le sesqui-sulfure Sn2 S 3 s'obtient en
chauffant un mélange de protosulfure avec un tiers de son
poids de soufre. On chauffe au rouge obscur jusqu'à ce qu'il
ne se dégage plus de soufre. Soumis à l'action d'une tempé-
rature élevée, il se reforme du protosulfure.
Bisulfure. — Le bisulfure d'étain S n S2, vulgairement
nommé or mussif, cristallise en lames jaunâtres d'un gris sale.
Chauffé au rouge blanc , il donne du protosulfure ; l'eau
régale l'attaque, et le transforme en sulfate.
On le forme en faisant réagir le soufre sur l'étain ; mais on
opère sur vin amalgame de mercure et d'étain, et on mêle le
tout avec du sel ammoniac, en chauffant avec précaution. Le
mercure sert à rendre le produit cassant, et le sel ammoniac,
qui est indispensable à la production du sulfure, paraît em-
pêcher la trop grande élévation de température.
On peut le produire par la voie humide, en dissolvant
l'hydrate de potasse dans le sulfure de potassium, et précipi-
tant par l'acide hydrochlorique.
On n'a pas essayé d'obtenir par l'électro-chimie les sul-
fures des trois métaux dont les noms suivent, cobalt, nickel,
manganèse.
Cobalt.

Il existe trois sulfures de cobalt : un protosulfure Co S ,


un sesqui-sulfure, et un bisulfure.
Le cobalt s'unit facilement au soufre, à une température
élevée, et passe au premier degré de sulfuration; il vaut
cependant mieux traiter l'oxyde de cobalt par le soufre.
M. Berthier l'a formé en traitant par le carbonate de soude
un arsenio-sulfure de cobalt : on a du sulfate de soude, de
l'acide carbonique, un double sulfure d'arsenic et de sodium,
et du sulfure de cobalt.
Le sesqui-sulfure Co2S 3 ,se produit en chauffant le sesqui-
oxyde dans u n courant d'hydrogène sulfuré.
On forme le bisulfure Co S ' en chauffant avec du sou-
fre de l'oxyde de cobalt, obtenu par la calcination du car-
bonate.
M. Arfwedson a obtenu l'oxysulfure Co S •+- CO O en
réduisant le sulfate par le gaz hydrogène. L'acide sulfurique
dissout l'oxyde et laisse le protosulfure.

Nickel.

Le nickel a deux sulfures connus, le protosulfure Ni S , et


le sous-sulfure Ni 2 S. On peut préparer le premier, soit en
chauffant un mélange de soufre et de nickel, ou d'oxyde de
nickel, ou même de carbonate, soit en précipitant un sel de
nickel par du protosulfure de potassium ; il est gris jaunâtre,
et se dissout dans l'acide hydrochlorique.
M. Arfwedson a obtenu le second sulfure en décomposant
le sulfate de nickel par l'hydrogène, et M. Berthier en ré-
(luisant le sulfate dans un creuset brasqué. Il est magnéti-
que et fusible.
Manganèse.

On ne connaît qu'un seul sulfure de manganèse M n S , qui


se rencontre quelquefois dans la nature. On peut l'obtenir en
traitant l'oxyde de manganèse par du soufre dans un creuset;
il se présente avec une couleur verte.
On l'obtient à l'état d'hydrate blanc, en précipitant un
sel de manganèse par du protosulfure de potassium ; il est
soluble dans les acides sulfurique et chlorhydrique , avec
dégagement d'hydrogène sulfuré, comme le protosulfatr
de fer.

MÉTAUX DE LA QUATRIÈME SECTION.

1° MÉTAUX NON ACIDIFIABLES : CUIVRE, PLOMB, BISMUTH,


CERIUM, URANE.

Cuivre.

Le cuivre a plusieurs degrés de sulfuration.


Protosulfure. — Le protosulfure est solide, couleur gris
de plomb , et cristallise en prismes hexaèdres réguliers. Il est
plus friable que le cuivre. Il absorbe l'oxygène de l'air à une
douce chaleur, et se grille à une haute température.
On l'obtient en chauffant dans un creuset deux parties de
cuivre divisé et une de soufre ; on concasse la masse et on la
résulfure une seconde fois; car presque toujours il y a un
excès de cuivre : il a pour formule Cu2 S.
Il existe dans la nature, combiné aux différents sulfures, et
entre autres avec le sulfure de fer, en produisant la pyrite
cuivreuse, (Cu2 S + Fe2 S 3 . )
Bisulfure. — Le bisulfure Cu S est formé d'un atome de
cuivre et d'un atome de soufre.
On l'obtient en faisant passer de l'acide sulfhydrique dans
une solution de sulfate de bi-oxyde de cuivre; il est noir
dans cet état; chauffé fortement en vase clos, il perd la
moitié de son soufre; il se grille au contact de l'air, à une
haute température.
M. Berthier l'a obtenu par la voie sèche, en calcinant le
sulfate de cuivre dans un creuset brasqué.
Mon père l'a obtenu cristallisé, au moyen des deux pro-
cédés électro-chimiques que j'ai indiqués au commencement
de ce mémoire. Voici comment :
Si dans le côté positif du tube en U qui contient l'hypo-
sulfite de potasse, on plonge une lame de cuivre, il se
présente les mêmes phénomènes que j'ai déjà décrits ; d'abord
il y a formation d'un double hyposulfite de potasse et de
cuivre, puis ensuite de sulfure de cuivre cristallisé en cris-
taux aplatis , opaques, à faces triangulaires de deux milli-
mètres de longueur. Ce procédé n'en fournit qu'une faible
quantité, de manière que l'on n'en a pu faire l'analyse ; mais
il est probable, d'après l'analogie qui existe entre ce sulfure
et le suivant, que c'est du bi-sulfure.
Si, dans le côté positif d'une tube en U , qui contient du
protosulfure de potassium, on plonge une lame de cuivre,
alors la formation des cristaux de sulfure de cuivre sur cette
lame marche plus rapidement. J'ai déjà exposé la théorie de
cette formation.
J'ai analysé le sulfure obtenu par ce procédé, de deux
manières différentes, en dosant le bi-oxyde de cuivre, formé
par la voie sèche et par la voie humide, lors de la décompo-
sition du sulfure. J'ai obtenu :

Moyenne des expériences. Nombres calculés d'après la formule.


Cuivre. 66,5 66,3
Soufre. 33,5 33,7
100 100

On peut donc regarder ce sulfure comme du bi-sulfure


cristallisé.
Lorsque , dans le tube en U , on remplace le protosulfure
de potassium par le persulfure, alors on obtient encore un
sulfure de cuivre, mais non cristallisé ; de plus, il se forme
en quelques endroits de la lame des cristaux de soufre. Ce
sulfure de cuivre n'est que le résultat final de l'opération ;
car au commencement il se forme de longues aiguilles blan-
ches de double sulfure de potassium et de cuivre.
Ce sulfure, soumis à l'analyse, m'a donné de même pour
formule, Cu S.
On rencontre ce sulfure dans la nature, en plusieurs cir-
constances. Au Chili, par exemple, il se trouve au-dessus du
cuivre sulfuré ordinaire. On le trouve aussi dans les fissures
des roches volcanisées : l à , le chlorure de cuivre étant vola-
til , a été primitivement déposé dans ces fissures, puis l'hy-
drogène sulfuré arrivant, aura décomposé le chlorure, en
donnant naissance au bisulfure. Cette formation est peut-être
analogue à celle du fer oligiste ( peroxyde de fer cristallisé ).
Ce produit, dans certaines circonstances, a sans doute été
formé par l'action de la vapeur d'eau qui s'échappe des vol-
cans sur du chlorure de fer, qui, étant aussi volatil, s'était
déposé dans les fissures des roches.
Il y a encore d'autres sulfures de cuivre que l'on obtient
en versant dans une solution de sulfate de cuivre, des solu-
tions des différents sulfures de potassium ; il en résulte des
sulfures dont la quantité de soufre est proportionnelle à celle
qui existe dans les sulfures alcalins.

Plomb.

On connaît deux sulfures de plomb, le protosulfure et le


persulfure.
Protosulfure. — Le protosulfure de plomb Vb S est solide,
brillant, insipide et inodore, moins fusible que le plomb ; il
absorbe l'oxygène au rouge naissant, pour se changer en
sulfate. L'hydrogène et le charbon le désulfurent à une
haute température. Ce sulfure est volatil ; car dans les chemi-
nées des hauts fourneaux, où l'on traite le sulfure de plomb,
on trouve, adhérents aux parois, des cristaux assez gros de
sulfure de plomb, ressemblant aux cristaux naturels.
Ce sulfure de plomb, appelé galène, se rencontre dans la
nature en de grandes proportions ; il constitue la majeure
partie des minerais de plomb. Il peut se combiner avec
d'autres sulfures.
On obtient le sulfure par la plupart des procédés chimi-
ques que nous avons indiqués, mais surtout par la combi-
naison directe du soufre et du plomb, à l'aide de la chaleur.
Mon père l'a obtenu cristallisé, par deux procédés différents.
En mettant une lame de plomb dans le côté positif d'un
tube en U , renfermant du protosulfure de potassium, on
voit, au bout de quelque temps, des petits cristaux de galène
se déposer au fond du tube.
On obtient ce composé en jolis cristaux tétraèdres régulière,
en suivant une marche semblable à celle qui nous a servi
pour la formation du sulfure de cadmium. On met au fond
d'une éprouvette de cinq à six millimètres de diamètre, du
sulfure noir de mercure, on verse dessus du chlorure de ma-
gnésium , et on plonge une lame de plomb jusqu'au fond du
tube; alors la galène ne tarde pas à cristalliser sur les parois
du t u b e , au-dessus du sulfure de mercure. Voici ce qui a
lieu : le plomb étant en contact avec un chlorure alcalin , tel
que celui de magnésium, il se forme un double chlorure de
magnésium et de plomb, et de la magnésie est mise à nu. Par
suite de cette réaction , le plomb étant attaqué, devient néga-
tif et la solution positive, et la circulation du fluide électri-
que s'opère par l'intermédiaire de la paroi du verre. Dans la
même circonstance, le sulfure de mercure se dissolvant dans
le chlorure, se trouve soumis à l'action d'une petite pile; le
mercure se porte au pôle négatif, à la partie inférieure du
plomb, et le soufre sur la lame de plomb à la partie supé-
rieure où le double chlorure est décomposé; il se forme du
sulfure de plomb qui cristallise et du chlorosulfure de ma-
gnésium. En continuant l'opération pendant longtemps, la
partie adjacente au sulfure de mercure prend une teinte rou-
geâtre, qui est probablement due à la présence du chlorure
de soufre. Du reste, ces différentes réactions chimiques n'ont
pas été soumises à un examen chimique approfondi.
Persulfure. — Il existe un persulfure de plomb que l'on
obtient en versant du persulfure de potassium dans un creuset
de plomb : ce sulfure est noir; mais bientôt il se décompose
en galène et en soufre. 4.
Bismuth.

Le sulfure de bismuth BI S se trouve rarement dans la


nature ; on le forme par la combinaison directe du soufre et
du bismuth.
Ce sulfure est gris jaunâtre, brillant, cristallisable en ai-
guilles; il se grille à une température élevée, en produisant
de l'oxyde de bismuth.
On n'a pas encore produit ce sulfure par l'électro-chimie;
mais il est probable qu'en plongeant un barreau de bismuth
dans le côté positif d'un tube en U, préparé comme il a été dit
précédemment, et en le mettant en communication avec
l'autre pôle, on l'obtiendrait cristallisé.

Cérium.
Le cérium s'enflamme dans la vapeur de soufre, en pro-
duisant le sulfure Ce S.
On peut aussi l'obtenir par l'action de la vapeur du sul-
fure de carbone sur l'oxyde de cérium, dont on élève la
température. Ce sulfure, ainsi produit, est rouge jaunâtre ; il
s'enflamme promptement à l'air, en produisant de l'acide
sulfureux et un sous-sulfate. En général, tous les acides, excepté
ceux qui abandonnent facilement leur oxygène, le dissolvent
avec dégagement d'acide sulfhydrique.
On peut l'obtenir aussi sous l'aspect de lamelles jaunâtres
brillantes, en fondant de l'oxyde de cérium dans un grand
excès de persulfure de potassium, et enlevant le sulfure de
potassium qui reste avec de l'eau.
Il existe un sesqui-sulfure que l'on n'a pu parvenir à isoler,
mais qui existe en combinaison avec d'autres sulfures.
On produit l'oxysulfure de cérium en distillant du car-
bonate de cérium avec du soufre, ou en traitant ce car-
bonate par un courant d'hydrogène sulfuré à une haute
température.
Urane.

L'urane ne se sulfure point directement : on obtient son


protosulfure par l'action du carbone de soufre en vapeur sur
l'oxyde d'urane fortement chauffé.
Le persulfure se produit en fondant l'oxyde d'urane avec
un persulfure alcalin, ou en précipitant un sel de deutoxyde
d'urane par un sulfhydrate alcalin.
L'oxysulfure s'obtient en exposant à l'air le persulfure
hydraté et le tenant toujours humide ; en quelques semaines
il prend une couleur orangée.

MÉTAUX AC[DIFIABLES.

ARSENIC, MOLYBDÈNE, CHROME, VANADIUM, TUNGSTÈNE,


TANTALE, ANTIMOINE, TITANE , TELLURE.

Arsenic.

Les procédés électro-chimiques n'ont pas été appliqués à


la fermentation des sulfures de ces métaux, si ce n'est à l'anti-
moine ; car mon père a formé l'oxysulfure d'antimoine cris-
tallisé.
Il paraît que l'arsenic peut se combiner en plusieurs pro-
portions avec le soufre.
Protosulfure. — On connaît dans les arts le protosulfure
Ar2 S2, sous le nom de réalgar; c'est un corps solide, insi-
pide , d'une couleur rouge orangé et diversement cristallisé,
suivant les dérivations du cube; à une température élevée, il
se grille, et se change en acide arsénieux et acide sulfureux.
On peut obtenir le réalgar, en fondant dans un creuset l'ar-
senic et le soufre en proportions atomiques égales.
Sesqui-sulfure. — Le sulfure d'arsenic nommé orpiment
s'obtient en traitant l'acide arsénieux dissous dans l'acide
chlorhydrique, par un courant d'hydrogène sulfuré ; on peut
aussi l'obtenir en mélangeant de l'arsenite de potasse, de
l'acide chlorhydrique et du protosulfure de potassium.
Ce sulfure, comme le précédent, se rencontre dans la
nature.
En faisant passer du gaz sulfhydrique dans une solution
chaude d'acide arsénique, on obtient un sulfure Ar2 S 5 , cor-
respondant à l'acide arsénique. Ce sulfure est d'un jaune plus
clair que l'orpiment.
Ces sulfures peuvent s'unir avec d'autres sulfures métalli-
ques; ils peuvent aussi entrer en combinaison ou se dissoudre
dans l'arsenic et dans le soufre, ce qui fait croire à l'existence
d'autres sulfures d'arsenic.

Molybdène.

Bisulfure.—Le molybdène forme trois sulfures : d'abord le


bisulfure Mo S2, qui est le sulfure naturel; il appartient aux
terrains primitifs; il est indécomposable par la chaleur; pour
le produire, on chauffe en vase clos le trisulfure.
Trisulfure. — Le trisulfure Mo S 3 s'obtient en faisant
passer un courant de gaz sulfhydrique dans une solution de
molybdate de potasse ; il se forme un double sulfure, que
l'on décompose par un acide ; alors le trisulfure de molyb-
dène se précipite. Il correspond à l'acide molybdique.
Quadrisulfure. — Le quadrisulfure Mo S 4 n'a pas encore
été bien examiné. On l'obtient en saturant une solution de
double sulfure de potassium et de molybdène par du tri-
sulfure , et en faisant bouillir pendant quelque temps ; il s'en
précipite une poudre noire, qui est du quadrisulfure.

Chrome.

Le chrome s'unit difficilement avec le soufre. Il faut, pour


produire ce sulfure, chauffer fortement en vase clos un mé-
lange de persulfure de potassium et d'oxyde de chrome ; on
lave ensuite dans l'eau pour enlever le sulfure alcalin, et le
sulfure de chrome se précipite. On ne peut le former par
la voie humide.
Sa composition est Cr S3. Il est blanc grisâtre, et se grille
facilement à l'aide de la chaleur.
Le chrome a encore deux sulfures, qui se décomposent,
peu de temps après leur formation.

Vanadium.

Le vanadium forme deux sulfures : le bisulfure VS2, que


l'on obtient en chauffant fortement le protoxyde de vana-
dium dans un courant d'acide sulfhydrique, ou bien par la
voie humide, en traitant un sel de bi-oxyde de vanadium par
le sulfure de potassium; il se forme un double sulfure, que
l'on décompose par un acide.
Le trisulfure VS3 s'obtient en décomposant une solution
d'un vanadate neutre par l'acide sulfhydrique.

Tungstène.

Il existe de même deux sulfures de tungstène : le proto-


sulfure WS2, qui s'obtient en chauffant dans un creuset un
mélange de sulfure de mercure et d'acide tungstique, ou bien
en faisant passer un courant d'acide sulfhydrique sur de
l'acide tungstique, élevé à la température rouge. Il se grille
à une température élevée, en reproduisant l'acide tungs-
tique.
Le persulfure WS3 s'obtient en dissolvant l'acide tungsti-
que dans de l'hydrosulfate d'ammoniaque, et versant un excès
d'acide hydrochlorique ; il se forme une double combinaison
par l'acide chlorhydrique décomposé; le sulfhydrate d'am-
moniaque décomposé, dégage de l'acide sulfhydrique, et le
persulfure de tungstène se dépose.

Tantale.

Il n'y a qu'un seul sulfure de tantale T. S3,que l'on obtient,


soit en chauffant le métal au rouge naissant dans de la vapeur
de soufre, soit en traitant l'acide tantalique chauffé au rouge,
par un courant de sulfure de carbone.
Ce sulfure a l'aspect de la plombagine ; il est conducteur
de l'électricité ; il se grille par la chaleur en produisant du
sulfate. Il absorbe le chlore, en donnant naissance à du
chlorure de soufre, et le métal est mis à nu.
Antimoine.

L'antimoine, par sa combinaison, avec le soufre, donne nais-


sance à trois sulfures et à un oxysulfure.
Protosulfure. — Le protosulfure Sb 2 S 3 s'obtient en chauf-
fant dans un creuset parties égales de soufre et d'antimoine.
Ce sulfure est très-répandu dans la nature; il est solide, bril-
lant, d'une couleur gris bleuâtre; il cristallise en aiguilles
irrégulières.
Il se grille à une basse température. L'hydrogène, le car-
bone , le chlore et beaucoup de métaux le décomposent à
une haute température.
L'acide chlorhydrique le dissout en produisant le proto-
chlorure.
Le deutosulfure Sb 2 S4 ou Sb S 2 , qui est d'un rouge
orangé, s'obtient en faisant passer un courant d'acide suif-
hydrique, à travers une solution d'antimonite de potasse,
dans l'acide chlorhydrique. Le persulfure Sb 2 S2 est d'un
jaune orangé, plus clair que le précédent; on l'obtient en
faisant passer un courant d'hydrogène dans du perchlorure
d'antimoine, que l'on mêle d'une solution d'acide tartrique.
Oxysulfure. — On donne à cet oxysulfure le nom de
Kermès.
Le kermès est employé à différents usages et à plusieurs
modes de préparation ; c'est par conséquent un mélange à
proportions variables de protosulfure et d'oxyde d'antimoine.
On rencontre cet oxysulfure dans la nature (2 Sb 2 S 2 +S6 2O3 ).
On a donné à ce minerai le nom de kermès naturel ; il se
présente en cristaux soyeux d'une belle couleur jaune.
Quand on réduit le protosulfure d'antimoine en poudre,
qu'on le grille jusqu'à ce qu'il ait pris une teinte gris de
cendre, puis, qu'on le fonde et qu'on le coule immédiate-
ment après, il en résulte un produit vitreux composé d'oxyde
et de sulfure; il possède plus ou moins de sulfure.
Mon père a préparé le kermès cristallisé en employant un
tube en U, préparé, comme il a été dit précédemment, avec
du nitrate de cuivre et de l'hyposulfite de potasse; il plonge
dans le nitrate une lame de cuivre, et dans l'hyposulfite vin
petit barreau d'antimoine, puis il fait communiquer ensem-
ble ces deux métaux. Au bout de quelque temps, on voit
sur l'antimoine, qui est le pôle positif, se déposer de petits
cristaux octaèdres rouges et des lames cristallisées de la même
couleur. Ces cristaux et ces lames sont du kermès.

Titane.
Le sulfure de titane TiS2 se prépare en faisant passer du
carbone de soufre en vapeur à travers de l'acide titanique
exposé dans un tube de porcelaine à un feu très-violent. Ce
sulfure vert foncé brûle au conctact de l'air, en produisant
de l'acide sulfureux et de l'acide titanique.

Tellure.
Il y a plusieurs sulfures de tellure. D'abord un protosul-
fure, que l'on obtient par l'action de l'acide sulfhydrique
sur une solution d'un sel de tellure.
Il se forme un persulfure par l'action d'un persulfure al-
calin sur un sel de tellure.
Le soufre et le tellure s'unissent en toutes proportions,
par fusion.
MÉTAUX DE LA CINQUIÈME SECTION.
MERCURE, OSMIUM.

Mercure.
Le mercure a plusieurs degrés de sulfurations, le proto-
sulfure et le bisulfure.
L'existence du protosulfure est révoquée en doute par
quelques chimistes. Quoi qu'il en soit, on prépare ce que
l'on nomme le protosulfure en versant du protosulfure de
potassium dans une solution de protoxyde de mercure. Ce
sulfure est noir; sa formule atomique est Hg2S.
Le bisulfure HgS, que l'on nomme cinabre, peut se pré-
senter sous des caractères extérieurs différents; préparé par
l'action du protosulfure de potassium sur un sel de bi-oxyde
de mercure, il est noir ; mais il passe bientôt au rouge, qui
est la couleur sous laquelle on l'obtient, quand on le pré-
pare par sublimation en chauffant du soufre et du mercure.
Il existe dans la nature en amas considérables ; c'est, du
reste, le minerai d'où l'on extrait le mercure.

Osmium.

On forme un sulfure d'osmium en chauffant du soufre sur


de l'osmium. Quand le soufre est presque volatilisé, la masse
devient incandescente, et il se produit un sulfure. L'osmium
paraît avoir autant de degrés de sulfuration que d'oxydation ;
tous ses chlorures sont décomposés par l'hydrogène sulfuré,
et donnent des sulfures qui se ressemblent un peu entre
eux. Tous sont solubles dans l'eau, en lui donnant une cou-
leur jaune intense.

MÉTAUX DE LA SIXIÈME SECTION.

ARGENT, PALLADIUM, RHODIUM, PLATINE, OR, IRIDIUM.

Argent.

On ne connaît qu'un seul sulfure d'argent, AgS, correspon-


dant au protoxyde; il est solide, gris, ductile, se laissant
facilement couper, et cristallisable en cubes et en octaèdres.
Il se grille à l'aide de la chaleur, en produisant de l'acide
sulfureux et de l'argent métallique. Il est formé d'un atome
de radical et de soufre, ou de 100 d'argent et 14,88 de soufre.
Ce sulfure est très-abondant dans la nature; il forme des
sulfures doubles en se combinant avec différents sulfures.
On le prépare par tous les procédés chimiques indiqués.
Les objets d'argent qui sont soumis à l'action de l'acide suif-
hydrique noircissent en donnant naissance à du sulfure
d'argent. Macquer ayant eu l'occasion d'analyser un vase
d'argent trouvé dans des fosses d'aisances, vit qu'il était trans-
formé en sulfure, dont la composition était un atome d'argent
et un atome de soufre, ou le sulfure AgS.
Mon père ayant examiné plusieurs pièces d'argent retirées
aussi des fosses d'aisances, trouva qu'elles étaient transfor-
mées en sulfure d'argent cristallisé en petits octaèdres, mais
avec cela de remarquable, que la formation de ce sulfure s'é-
tait faite par une espèce de cémentation et sans altérer en rien
la forme des pièces. L'argent avait probablement été en con-
tact avec des matières organiques, des sulfures ou de l'hy-
drogène sulfuré, et avait servi de pôle positif d'une pile;
le transport du soufre s'est opéré lentement sur la lame, et
le soufre , arrivant sans cesse par suite de l'action vol-
taïque continue, il s'ensuit que toute la masse s'est changée
en sulfure d'argent cristallisé.
Mon père a reproduit les mêmes phénomènes avec l'appa-
reil déjà décrit pour d'autres sulfures. Il se compose d'un
tube en U contenant au fond de l'argile humectée ; d'un côté
se trouve du protosulfure de potassium, de l'autre, du nitrate
d'argent; on plonge dans chaque branche les extrémités
d'une même lame d'argent ; alors là lame qui plonge dans
le protosulfure est le pôle positif d'une petite pile; le nitrate
d'argent est décomposé, le métal se précipite au pôle négatif,
l'oxygène et l'acide nitrique se portent au pôle positif en
produisant du nitrate de potasse, et le soufre du protosulfure,
devenu libre, se combine avec l'argent et donne naissance à
du sulfure d'argent; comme l'action est très-lente, la lame
se transforme en sulfure d'argent cristallisé en petits octaè-
dres , et cette transformation s'effectue sans changement de
forme.
J'ai analysé le sulfure produit ainsi; voici le résultat de
mes expériences :
D'abord l'argent-employé contenant du cuivre, j'ai dosé le
cuivre et l'argent, et j'ai eu :
1re
exp. 2e exp. Moyenne.
Argent . IOO 100 100
Cuivre . 5,3 4,5 4,9
L'argent employé était donc à peu près au titre de 0,049.
J'ai dosé l'argent du sulfure à l'état de chlorure, et j'ai
obtenu :
1er exp. 2e exp. Moyenne.
Argent . 84 80,4 82, 2
Cuivre . 4 3,6 3,8
Soufre . . 12 16 14
C'était donc un mélange de sulfure d'argent et d'un peu de
sulfure de cuivre; en séparant le dernier, c'est-à-dire, en re-
tranchant du poids du soufre les 1,9 de soufre qu'il faut pour
former du bisulfure de cuivre avec les 3,8 de cuivre, on a :
Sulfure d'arg. par exp. Sulf, d'arg. d'après la form. Ag. S.
Argent . . . 82, 2 82, 2
Soufre . . . 12, 1 12, 2

On peut donc regarder le sulfure d'argent cristallisé ob-


tenu par mon père comme le sulfure naturel.
En remplaçant dans le tube en U le protosulfure de potas-
sium par le persulfure, la lame d'argent s'est encore changée
en sulfure d'argent, mais pas en sulfure cristallisé. Ce sulfure
soumis à l'analyse a donné:
Sulfure d'arg. par exp. Suif, d'arg. d'après la form. Ag. S.
Argent . . . . 100 100

Soufre . . . . 1i3, 5 14,8


Le même sulfure Ag. S s'était donc formé dans les deux cas.
Mon père a obtenu de très-beaux cristaux octaèdres de
sulfure d'argent en employant le premier procédé électro-
chimique décrit, c'est-à-dire, en remplaçant le protosulfure
de potassium de l'expérience précédente, par de l'hyposulfite
de potasse. Les réactions qui s'opèrent ont déjà été expliquées.
Palladium.

Le palladium forme un sulfure P a S que l'on obtient en


chauffant un mélange de soufre et du sel double de chlorure
de palladium et de chlorhydrate d'ammoniaque.
Ce sulfure se prend au fond du creuset en un petit culot
d'un blanc gris. Par un grillage à une température peu élevée,
il se convertit en acide sulfureux et en sous-sulfate; à une
température plus élevée, il ne donne que du gaz sulfureux, et
le potassium devient libre.

Rhodium.

Le sulfure de rhodium, probablement R S , se prépare


comme le précédent. Il jouit des mêmes propriétés. On peut
aussi l'obtenir en ajoutant un sulfhydrate à la solution de
chlorure double de rhodium sesqui-chloruré , et de proto-
chlorure de sodium.

Platine:

Il existe deux sulfures de platine: d'abord, le protosulfure


PtS qu'on obtient en chauffant du soufre avec du platine
très-divisé, ou avec le chlorhydrate ammoniacal de ce métal ;
il s'obtient aussi en faisant passer un courant d'acide suif-
hydrique dans le protochlorure de platine. Ce sulfure jouit
des mêmes propriétés que les précédents.
Le bisulfure P t S ' s'obtient en faisant passer un courant
d'acide sulfhydrique dans du bichlorure de platine; il faut
le dessécher dans le vide, car à l'air une portion» de son soufre
passerait à l'état d'acide sulfureux, et on aurait le proto-
sulfure. Une fois desséché, lorsqu'il est chauffé en vase clos,
il passe à l'état de protosulfure.
Ces deux sulfures se dissolvent dans les alcalis et les sul-
fures alcalins.
Or.
L'or forme deux, combinaisons avec le soufre : le proto-
sulfure et le trisulfure. On les obtient tous les deux en faisant
passer un courant d'acide sulfhydrique dans une solution
de trichlorure d'or: si la dissolution est bouillante, on a
le protosulfure : si elle est froide, c'est le trisulfure qui se
forme. Ils se décomposent tous les deux par la chaleur, et
le soufre se volatilise.
Iridium.
Il y a autant de sulfures d'iridium qu'il y a d'oxydes de
ce métal. On les prépare en précipitant par l'acide suif-
hydrique les divers chlorures de ce métal.
Ces sulfures sont solubles dans l'eau, dans l'acide nitrique
concentré, et jouissent à peu près des mêmes propriétés que
ceux des métaux que nous avons décrits auparavant.

Vu et approuvé par le doyen de la Faculté des sciences ,


le 22 juillet 1840,

BIOT.

Permis d'imprimer :

L'inspecteur général des études,


chargé de l'administration de l'Académie de Paris.

ROUSSELLES.

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