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Olympiades Suisses de Mathématiques


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Principe d'invariance
Actualisé: 1er décembre 2015
vers. 1.0.0

Si une opération donnée est eectuée de manière répétée, alors on peut chercher certaines gran-
deurs qui ne changent pas lors de ces opérations. De telles grandeurs s'appellent des invariants.
Souvent on aimerait montrer qu'en partant d'une position initiale donnée, on ne peut pas at-
teindre une certaine position nale à travers une suite d'opérations. Il sut alors de trouver
un invariant qui prend une valeur diérente au début qu'à la n. Il s'ensuit directement qu'une
telle suite d'opérations n'existe pas.
Exemple 1. Soit n un nombre naturel. Les nombres 1, 2, . . . , 4n sont écrits sur un tableau. On
en choisit alors de manière répétée deux nombres arbitraires a et b, on les eace et on écrit à
leur place |a − b| sur le tableau. Montrer que le dernier nombre restant est toujours pair.
Solution. On cherche une grandeur qui ne change pas lors de l'opération. Le seul changement
est qu'on eace les nombres choisis a et b et qu'on les remplace par |a − b|. Tous les autres
nombres restent inchangés sur le tableau. On peut supposer que a ≥ b. On a alors |a − b| = a − b
et l'opération peut s'écrire comme a, b 7→ a − b. En particulier la somme des nombres sur le
tableau diminue de −2b, donc d'un nombre pair. Par conséquent, la somme modulo 2 est un
invariant. Au début, elle vaut 1 + 2 + . . . + 4n = 2n(4n + 1) ≡ 0 (mod 2). A la n, elle est
tout simplement le dernier nombre restant. Ainsi celui-ci est pair, ce qui conrme l'hypothèse
de départ.

Parfois ce ne sont pas les invariants proprement dits qui sont intéressants, mais une grandeur
qui augmente ou diminue lors de chaque opération. De telles grandeurs sont appelées des mo-
novariants. Typiquement on aimerait montrer qu'une certaine suite d'opérations s'interrompt
après un laps de temps ni. Alors il sut par exemple de montrer qu'il existe une grandeur qui
est toujours un nombre entier positif et qui diminue à chaque étape. Il est évident que cette
grandeur ne peut être diminuée qu'un nombre ni de fois, sinon elle prendrait tôt ou tard des
valeurs négatives. Ainsi le nombre d'opérations eectuées ne peut pas être inni. En voici un
exemple.
Exemple 2. Au parlement de Sikinia chaque député a tout au plus 3 ennemis. Montrer qu'on
peut les répartir en deux chambres telles que chaque député ait tout au plus un ennemi dans sa
chambre.
Solution. Ici aucune opération n'est en vue. L'idée est d'en introduire une. Répartissons les
députés de façon arbitraire en deux chambres. Ensuite eectuons l'opération suivante plusieurs
fois de suite : si quelqu'un a au moins deux ennemis dans sa chambre, déplaçons-le dans l'autre
chambre. Il faut encore montrer qu'on ne peut pas répéter cette opération à l'inni. Il s'ensuivra
directement qu'à la n chaque parlementaire aura au plus un seul ennemi dans sa chambre.
Soit S le nombre d'hostilités, c'est-à-dire le nombre de paires non ordonnés de parlementaires

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qui se trouvent dans la même chambre tout en étant ennemis. Si un député P avec au moins
deux ennemis change de maison, alors il perd au moins un ennemi. Après ce déplacement, deux
parlementaires diérents de P sont ennemis seulement s'ils l'étaient déjà auparavant. Or ça
veut dire que S diminue d'au moins 1 à chaque opération. Comme S ≥ 0, les déplacement
doivent cesser après un laps de temps ni, et c'est ce qu'il fallait démontrer.

Pour nir, on va traiter le cas d'un monovariant où ce n'est pas l'abandon d'une procédure qui
est décisif.
Exemple 3. Soient a, b, c des nombres entiers non tous identiques. Lors de chaque opération
on remplace le triple (a, b, c) par le triple (a − b, b − c, c − a). Montrer que les trois coordonnées
ne peuvent pas toutes rester bornées à la fois.
Solution. Soit (an , bn , cn ) le triple après la nième étape. Très clairement on a an + bn + cn = 0 si
n ≥ 1, mais cela n'aide pas directement. L'idée est de considérer (an , bn , cn ) en tant que point
dans l'espace tridimensionnel. Alors la distance à l'origine, ou plus simplement son carré An
peut être une grandeur à considérer. On sait que
An+1 = a2n+1 + b2n+1 + c2n+1 = (an − bn )2 + (bn − cn )2 + (cn − an )2
= 2(a2n + b2n + c2n ) − 2an bn − 2bn cn − 2cn an = 2An − 2(an bn + bn cn + cn an ).

De plus, si n ≥ 1
0 = (an + bn + cn )2 = a2n + b2n + c2n + 2(an bn + bn cn + cn an ).

En additionnant les équations, il s'ensuit que


An+1 = 3An ,

donc par induction An+1 = 3n A1 . Comme a, b, c ne sont pas tous identiques, on a A1 > 0 et par
conséquent An augmente à l'inni. Ainsi les trois coordonnées an , bn , cn ne peuvent pas toutes
rester bornées à la fois.

Exercices

1. Un cercle est subdivisé en 6 secteurs dans lesquels se trouvent les chires 1, 0, 1, 0, 0, 0


dans cet ordre. Un coup consiste à ajouter 1 aux chires de deux secteurs voisins. Est-il
possible d'atteindre une distribution où tous les chires sont identiques ?
2. Soit un échiquier ordinaire. En une fois on peut changer la couleur de toutes les cases
d'une colonne, d'une ligne ou d'un carré 2 × 2. Peut-on arriver à un échiquier avec une
seule case noire ?
3. Chacun des nombres a1 , a2 , . . . , an vaut soit 1 soit −1. On a
a1 a2 a3 a4 + a2 a3 a4 a5 + . . . + an a1 a2 a3 = 0.

Montrer que n est un multiple de 4.


4. Soient les trois nombres 3, 4, 12. Un coup consiste à remplacer deux nombres a, b par
0.6a − 0.8b et 0.8a + 0.6b. Est-ce possible d'arriver à 4, 6, 12 en un nombre ni de coups ?

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5. Sur la circonférence d'un cercle on a choisi n points. Sur chaque point il y a une pierre. Un
coup consiste à déplacer deux pierres quelconques sur un point voisin dans des directions
opposées. Le but est de placer toutes les pierres sur le même point. Quand est-ce que c'est
possible ?
6. Chaque nombre 1, 2, . . . , 106 est remplacé par la somme de ses chires. Cette opération
est répétée jusqu'à ce qu'on ait 106 nombres à un chire. Est-ce qu'on a alors plus de 1
ou plus de 2 ?
7. A chaque coin d'un dé on associe le nombre 1 ou −1. Sur chaque face on note le produit
des quatre nombres des coins correspondants. Trouver toutes les valeurs possibles pour la
somme de ces 14 nombres.
8. Sur une île on a une population de caméléons. 13 sont de couleur bleue, 15 de cou-
leur blanche et 17 de couleur rouge. Quand deux caméléons de diérentes couleurs se
rencontrent ils prennent les deux la troisième couleur. Est-ce possible d'atteindre une
population monochromatique ?
9. On a aligné 1000 nombres. On construit une deuxième ligne de la façon suivante : au-
dessous de chaque nombre a de la première ligne on note le nombre de fois que a apparaît
dans la première ligne.
A partir de la deuxième ligne on construit la troisième et ainsi de suite. Montrer qu'à
partir d'un certain nombre de lignes deux lignes successives coïncident.
10. (CH 04) Au tableau on a écrit une liste de nombres naturels. On eectue l'opération
suivante de façon répétée : eacer deux nombres quelconques a, b et les remplacer par
pgdc(a, b) et ppmc(a, b). Montrer qu'à partir d'un certain moment la liste ne change plus.
11. Les cases d'un tableau 4 × 4 sont remplies comme suit :
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 -1 1 1
On peut changer à la fois les signes de tous les nombres d'une ligne, d'une colonne ou
d'une parallèle à la diagonale. Montrer qu'on ne peut pas se débarrasser de tous les signes
négatifs.
12. A un banquet il y a 2n invités. Chaque personne a au plus n − 1 ennemis parmi les autres
invités. Prouver qu'il est possible de placer ces 2n personnes autour d'une table de telle
manière que personne ne soit assis près d'un ennemi.
13. Trois automates Q, R, S impriment des paires de nombres naturels sur des cartes. Pour
l'entrée (x, y), Q, R, S sortent les cartes (x − y, y), (x + y, y), (y, x) respectivement. Au
début on a la carte (1, 2). Peut-on fabriquer les cartes (19, 79) et (819, 357) ? Quels sont
les couples (p, q) qu'on peut obtenir à partir de (a, b) ?
14. Sur chaque case d'un échiquier ordinaire il y a un nombre entier. Un coup consiste à
choisir un carré 3 × 3 ou 4 × 4 quelconque et d'en augmenter tous les nombres par 1.
Est-ce possible, pour chaque distribution initiale, d'arriver à une disposition avec tous les
nombres divisibles par a) 2, b) 3 ?
15. (OMI 86) Dans chaque sommet d'un pentagone il y a un nombre entier tel que la somme
des cinq nombres est positive. Soient x, y, z les nombres dans trois sommets successifs et
soit y < 0. Alors on peut remplacer x, y, z par x + y, −y, z + y . Décider si on doit toujours
s'arrêter après un nombre ni de pas.

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16. 9 cases d'un tableau 10 × 10 sont contaminées. Chaque seconde toutes les cases voisines
d'au moins deux cases contaminées se contaminent elles aussi. Est-ce possible que l'infec-
tion s'étale sur tout le tableau ?
17. Dans la suite 1, 0, 1, 0, 1, 0, . . . à partir du septième terme chaque nombre correspond à la
somme des six nombres précédents modulo 10. Montrer que dans cette suite . . . , 0, 1, 0, 1, 0, 1, . . .
ne va jamais apparaître.
18. (Kontsevitch) Considérer tous les points dans le plan avec des coordonnées entières. Les
points (0, 0), (1, 0), (2, 0), (0, 1), (1, 1), (0, 2) sont marqués en rouge.
(a) Sur tous ces six points rouges il y a un chip.
(b) Il n'y a de chip que sur le point (0, 0).
Quand un chip se trouve sur le point (x, y) et les points (x, y + 1) et (x + 1, y) ne sont
pas occupés, alors on peut enlever le chip du point (x, y) et en mettre un sur le point
(x, y + 1) et un sur le point (x + 1, y). Est-ce possible dans les cas a) et b) respectivement
d'enlever tous les chips des points rouges ?
19. (Conway) Considérer tous les points du plan avec des coordonnées entières. Sur tous les
points (x, y) avec y ≤ 0 il y a un chip. Avec un chip on peut sauter horizontalement ou
verticalement par-dessus un autre chip sur un point voisin libre et enlever le chip par-
dessus lequel on a sauté (saut de solitaire). Est-ce possible d'avoir un chip placé sur le
point (0, 5) après un nombre ni de sauts ?
20. (OMI 93) Sur un échiquier inni on joue le jeu suivant : au début on distribue n2 pierres
sur un carré n × n de telle manière que sur chaque case il y ait une pierre. Ensuite on peut
eectuer de façon répétée des sauts de solitaire et enlever la pierre par-dessus laquelle on
a sauté. Déterminer tous les nombres n pour lesquels on peut éliminer toutes les pierres
sauf une.
21. Au début on a 4 triangles rectangles isométriques. Un coup consiste à choisir un triangle
quelconque et le couper en deux parties le long de la hauteur de l'angle droit. Montrer
qu'il est impossible d'arriver à une disposition dans laquelle il n'y a plus de triangles
isométriques.
22. (OMI 2000) Soit n ≥ 2 un nombre naturel. Au début n puces se trouvent sur une ligne
horizontale, pas toutes sur le même point. Soit λ un nombre réel positif. Un saut est déni
comme suit :
On choisit deux puces se trouvant en A et B avec A à gauche de B . La puce en A saute
sur le point C à droite de B avec BC/AB = λ.
Déterminer toutes les valeurs de λ telles que pour chaque point M sur la ligne et chaque
disposition initiale des n puces il existe une suite nie de sauts amenant toutes les puces
sur des positions à droite de M .

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