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M1 ESR – Algèbre 1er semestre 2022-2023

Examen du 18 octobre 2022. Durée : 2h

I - Racines cubiques de 2
On note P (X) = X 3 − 2 ∈ Q[X].
(a) Montrer que le polynôme P est irréductible sur Q.
(b) Montrer que P admet une unique racine réelle α.
Notons α, β, β̄ les racines de P sur C, et j = e2iπ/3 .
(c) Montrer que Q(α, β, β̄) = Q(α, j), puis calculer le degré de l’extension de corps Q(α, β, β̄)/Q.
(d) Montrer que les corps Q(α), Q(β) et Q(β̄) sont deux à deux isomorphes.
(e) Montrer que les corps Q(α), Q(β) et Q(β̄) sont deux à deux distincts comme sous-corps
de C.
(f) Montrer que β et β̄ ont même polynôme minimal sur Q(α), et déterminer ce polynôme.

II - Tour d’extensions quadratiques ou cubiques


Soit K l’ensemble des nombres complexes défini comme suit : un complexe a appartient à
K si et seulement si il existe une suite d’extensions de corps
K0 = Q ⊂ K1 ⊂ · · · ⊂ Kn ⊂ C
avec a ∈ Kn et [Ki : Ki−1 ] ⩽ 3 pour tout 1 ⩽ i ⩽ n.
(a) Si a, b ∈ K, montrer que Q(a, b) ⊂ K, puis en déduire que K est un sous-corps de C.
(b) Soit a ∈ K. Quels sont les degrés possibles de a comme nombre algébrique sur Q ?
(c) Montrer que tout a ∈ K admet une racine carrée dans K.
(d) Montrer que K ne contient pas de racine 11ème de l’unité distincte de 1.

III - Corps à 25 éléments


(a) Montrer que le polynôme X 2 + 1 est réductible dans F5 [X], et en déduire que l’anneau
quotient F5 [X]/(X 2 + 1) admet des diviseurs de zéro.
On note F25 = F5 [X]/(X 2 + X + 2), et on note δ la classe de X dans ce quotient.
(b) Justifier que F25 est un corps, puis expliquer pourquoi F25 = {a + bδ; a, b ∈ F5 }.
On dira que l’expression x = a + bδ est la forme canonique d’un élément x de F25 .
(c) Soient a + bδ et a′ + b′ δ deux éléments de F25 . Exprimer sous forme canonique la somme
et le produit de ces deux éléments.
(d) Montrer que l’application F : x 7→ x5 est un automorphisme de corps de F25 , puis que
ses points fixes correspondent exactement au sous-corps F5 .
(e) En déduire la deuxième racine de X 2 +X +2 dans F25 , et la donner sous forme canonique.

IV - Quiz
(a) Donner un exemple de corps infini de caractéristique 3.
(b) Soit n ⩾ 2 un entier. Donner un exemple de corps K tel que [K : Q] = n.
(c) Donner un exemple d’un nombre réel a, tel que a soit algébrique sur Q mais ne soit pas
un nombre constructible.
√ (d) Faire une figure qui illustre pourquoi pour tout nombre constructible a > 0, le nombre
a est aussi constructible.
(e) Donner la décomposition en facteurs irréductibles de X 8 − X dans F2 [X].
M1 ESR – Algebra Fall Semester 2022-2023

Partial Exam, October 18th 2022. Duration : 2h

I - Cubic roots of 2
We denote P (X) = X 3 − 2 ∈ Q[X].
(a) Show that the polynomial P is irreducible over Q.
(b) Show that P admits a unique real root α.
We denote α, β, β̄ the roots of P over C, and j = e2iπ/3 .
(c) Show that Q(α, β, β̄) = Q(α, j), and compute the degree of the field extension Q(α, β, β̄)/Q.
(d) Show that the fields Q(α), Q(β) and Q(β̄) are pairwise isomorphic.
(e) Show that the fields Q(α), Q(β) and Q(β̄) are pairwise distinct as subfields of C.
(f) Show that β and β̄ have the same minimal polynomial over Q(α), and compute this
polynomial.

II - Tower of quadratic or cubic extensions


Let K be the set of complex numbers defined as follows : a complex a is in K if and only if
there exists a sequence of field extensions
K0 = Q ⊂ K1 ⊂ · · · ⊂ Kn ⊂ C
with a ∈ Kn and [Ki : Ki−1 ] ⩽ 3 for each 1 ⩽ i ⩽ n.
(a) If a, b ∈ K, show that Q(a, b) ⊂ K, and then deduce that K is a subfield of C.
(b) Let a ∈ K. What are the possible degrees for a as an algebraic number over Q ?
(c) Show that any a ∈ K admits a square root in K.
(d) Show that K does not contain any 11th root of unity distinct from 1.

III - Field with 25 elements


(a) Show that the polynomial X 2 + 1 is reducible in F5 [X], and deduce that the quotient
ring F5 [X]/(X 2 + 1) admits some zero divisors.
We denote F25 = F5 [X]/(X 2 + X + 2), and we denote δ the class of X in this quotient.
(b) Justify that F25 is a field, and explain why F25 = {a + bδ; a, b ∈ F5 }.
We shall say that the expression x = a + bδ is the canonical form of an element x in F25 .
(c) Let a + bδ and a′ + b′ δ two elements in F25 . Give the canonical forms of the sum and
the product of these two elements.
(d) Show that the map F : x 7→ x5 is a field automorphism of F25 , and that its set of fixed
points corrresponds exactly to the subfield F5 .
(e) Deduce the second root of X 2 + X + 2 in F25 , and express this root in canonical form.

IV - Quiz
(a) Give an example of an infinite field of characteristic 3.
(b) Let n ⩾ 2 an integer. Give an example of a field K such that [K : Q] = n.
(c) Give an example of a real number a, such that a is algebraic over Q but is not a
constructible number.

(d) Draw a figure that illustrates why for any constructible number a > 0, the number a
also is constructible.
(e) Give the decomposition into irreducible factors of X 8 − X in F2 [X].
Solutions

I - Racines cubiques de 2 (6 points)

On note P (X) = X 3 − 2 ∈ Q[X].


(a) (1 point) On veut montrer que P est irréductible sur Q.
On peut appliquer le critère d’Eisenstein, après avoir rappelé que l’irréducibilité sur Q
équivaut à l’irréducibilité sur Z puisque le PGCD des coefficients du polynôme est 1.
Autre façon, élémentaire : puisque P est de degré 3, il est irréductible ssi il n’admet pas de
racine dans Q. Mais si a/b est une racine avec a, b premiers entre eux, on obtient a3 = 2b3 , d’où
a = 2a′ est pair. Mais alors b3 = 4a′3 et b est aussi pair, contradiction.
(b) (1 point) On veut montrer que P admet une unique racine réelle α.
On considère la fonction réelle f : x 7→ P (x) de dérivée 3x2 . Elle est strictement croissante
avec limites ±∞ quand x tend vers ±∞, donc par le théorème des valeurs intermédiaires ne
prend qu’une seule fois la valeur 0.
√ √ √
Autre façon : on peut énumérer les racines de P , qui sont α = 3 2, β = j 3 2 et β̄ = j 2 3 2,
et constater que seule α est réelle.

2 3
(c) (1 point) On a ββ̄ = jj √
3
2
2
= j, donc Q(α, j) ⊂ Q(α, β, β̄). Comme β = jα et β̄ = j 2 α,
on obtient l’inclusion inverse et donc égalité.
On veut calculer le degré de l’extension de corps Q(α, j)/Q. Comme on a Q ⊂ Q(α) ⊂
Q(α, j), par multiplicativité des degrés on a

[Q(α, j) : Q] = [Q(α, j) : Q(α)] · [Q(α) : Q].

Comme X 3 − 2 est le polynôme minimal de α sur Q, on a [Q(α) : Q] = 3. Par ailleurs


X 2 + X + 1 est un polynôme annulateur pour j, donc le degré [Q(α, j) : Q(α1 )] est égal à 2 ou
1. Mais si le degré est égal à 1 on aurait égalité, or j ̸∈ R et Q(α) ⊂ R. Finalement on obtient
[Q(α, j) : Q] = 6.
(d) (1 point) Les corps Q(α), Q(β) et Q(β̄) sont deux à deux isomorphes car ce sont des
corps de rupture pour P , et ils sont donc chacun isomorphe au corps Q[X]/(P ). En effet le
morphisme Q(X) ∈ Q(X) 7→ Q(α) ∈ Q(α) est surjectif et de noyau égal à l’idéal (P ), et le
même argument vaut pour l’évaluation en β ou en β̄.

(e) (1 point) Comme α = 3 2 ∈ R, on a Q(α) ⊂ R, ce qui n’est pas le cas pour les deux
autres corps. Donc Q(α) ̸= Q(β) et Q(α) ̸= Q(β̄)
Supposons par l’absurde que Q(β) = Q(β̄). Comme β 2 /β̄ = j 2 α2 /j 2 α = α, on obtient
α ∈ Q(β), et donc Q(α) ⊂ Q(β). Comme ces deux corps sont des extensions de degré 3 sur Q,
leur inclusion implique qu’ils sont égaux, mais cela contredit β ̸∈ R.

(f) (1 point) On écrit la division euclidienne de X 3 − 2 par X − 3 2 dans l’anneau Q(α)[X],
et le quotient sera le polynôme minimal recherché. On calcule :
√ √ √
X 3 − 2 = (X − 2)(X 2 + 2X + 4).
3 3 3
II - Tour d’extensions quadratiques ou cubiques (6 points)
Soit K l’ensemble des nombres réels défini comme suit : un réel x appartient à K si et
seulement si il existe une suite d’extension de corps
K0 = Q ⊂ K 1 ⊂ · · · ⊂ Kn ⊂ R
avec x ∈ Kn et [Ki : Ki+1 ] ⩽ 3 pour tout 1 ⩽ i ⩽ n.
(a) (2 points) Soient a, b ∈ K. Montrons que tout élément de Q(a, b) est encore dans K.
Par hypothèse il existe a1 , . . . , an = a tel que Ki = Ki−1 (ai ) et chaque ai est algébrique de

degré 2 ou 3 sur Ki−1 . De même il existe b1 , . . . , bn′ = b tel que Ki′ = Ki−1 (bi ) et chaque bi est

algébrique de degré 2 ou 3 sur Ki−1 . On considère la suite d’extensions (chacune de degré 1, 2
ou 3)
Q ⊂ Q(a1 ) ⊂ · · · ⊂ Kn = Q(a1 , . . . , an ) ⊂ Kn (b1 ) ⊂ Kn (b1 , . . . , bn′ ) ⊃ Q(a, b).
Ainsi Q(a, b) ⊂ K comme attendu.
En particulier la somme a + b, le produit ab, etc... sont encore des éléments de K, qui est
donc un corps.
(b) (1.5 points) Soit x ∈ K. Le degré de x est de la forme 2m 3n pour certains entiers m, n ⩾
′ ′
0. En effet par hypothèse x ∈ Kn avec [Kn : Q] = 2m 3n , par propriété de multiplicativité des
degrés.
(c) (1
√point) Soit x > 0, contenu dans Kn avec √Q = K0 ⊂ · · · ⊂ Kn comme ci-dessus.
√ Alors
ou bien x ∈ Kn et il n’y a rien à faire, ou bien x√∈ / Kn et on pose Kn+1 = Kn ( x), qui est
une extension quadratique de Kn . On a donc aussi x ∈ K dans ce cas.
(d) (1.5 points) Soit α une racine primitive 11ème de l’unité. Comme X 11 − 1 = (X −
1)(X 10 + X 9 + · · · + X + 1), on déduit que le polynôme minimal de α est P (X) = X 10 + X 9 +
· · · + X + 1, de degré 10 (on peut invoquer l’irréducibilité des polynôems cyclotomiques, ou plus
simplement appliquer le critère d’Eisenstein au polynôme P (X + 1)). Comme 10 n’est pas de
la forme 2m 3n , on déduit que α ∈ / K.

III - Corps à 25 éléments (6 points)


(a) (1 point) Dans F5 [X] on a X 2 + 1 = (X − 3)(X − 2), et donc dans l’anneau quotient
F5 [X]/(X 2 + 1) on a (X − 3) ̸= 0̄, (X − 2) ̸= 0̄ mais (X − 3) · (X − 2) = 0̄.
(b) (1.5 points) Le polynôme X 2 + X + 2 est irréductible dans F5 [X] : en effet on constate
qu’il n’admet pas de racine dans F5 , et pour un polynôme de degré 2 cela suffit à montrer
l’irréducibilité. F25 = F5 [X]/(X 2 + X + 2) est alors un corps comme quotient d’un anneau de
polynôme par un idéal maximal. Pour tout polynôme A(X) ∈ F5 [X], on a A(X) = R(X) où
A = (X 2 + X + 2)Q + R est la division euclidienne de A par X 2 + X + 2, et en particulier
R = a + bX est de degré 1. On en déduit que F25 = {a + bδ; a, b ∈ F5 }.
(c) (1 point) Soient a + bδ et a′ + b′ δ deux éléments de F25 .
Somme :
(a + a′ ) + δ(b + b′ ).
Produit (en utilisant δ 2 = −δ − 2) :
(a + bδ)(a′ + b′ δ) = aa′ + bb′ δ 2 + δ(ab′ + a′ b)
= aa′ − 2bb′ + δ(ab′ + a′ b − bb′ )
(d) (1.5 points) L’application F : x 7→ x5 est clairement compatible avec le produit, et
également avec la somme puisqu’on est en caractéristique 5 : (a + b)5 = a5 + b5 pour tout
éléments a, b d’un corps de caractéristique 5. De plus un morphisme de corps est ou bien nul
ou bien injectif, donc F est injectif, et donc aussi bijectif puisqu’on est sur un ensemble fini.
Pour a ∈ F5 , si a = 0 on a a5 = a = 0, et sinon a4 = 1 par Lagrange dans le groupe
multiplicatif d’ordre 4 F∗5 , d’où aussi a5 = a. Ainsi les éléments de F5 sont les racines du
polynôme de degré 5 X 5 − X, et donc sont exactement les points fixes de F .
(e) (1 point) δ est une racine de X 2 +X +2, en appliquant l’automorphime F on obtient que
F (δ) est une racine de F (X 2 +X +2), mais comme F est l’identité sur F5 on a F (X 2 +X +2) =
X 2 + X + 2. On en déduit que la deuxième racine de X 2 + X + 2 est F (δ) = δ 5 . On écrit la
division euclidienne

X 5 = (X 2 + X + 2)(X 3 − X 2 − X + 3) − X − 1

et on obtient δ 5 = −δ − 1.
Vérification :

(X − δ)(X + δ + 1) = X 2 + X − δ 2 − δ = X 2 + X + 2.

IV - Quiz (5 points)

(a) (1 point) Un exemple de corps infini de caractéristique 3 : F3 (t), le corps des fractions
rationnelles à coefficients dans F3 .
(b) (1 point) Un exemple d’extension de degré n de Q : K = Q(α) où α est une racine du
polynôme irréductible X n − 2 ∈ Q[X].

(c) (1 point) a = 3 2 est algébrique mais non constructible car [Q(a) : Q] = 3 n’est pas une
puissance de 2.

(d) Figure qui illustre a > 0 constructible =⇒ x = a constructible :

(e) (1 point) Par le cours tout facteur irréductible de X 8 − X est de degré d = 1 ou 3 (car
doit diviser 3, l’exposant de 8 = 23 ). La décomposition en facteurs irréductibles de X 8 − X
dans F2 [X] est donc de la forme

X 8 − X = X(X − 1)A(X)B(X)

avec A, B irréductibles unitaires de degré 3, donc chacun de la forme X 3 + aX 2 + bX + 1 pour


certains a, b ∈ {0, 1}. De plus a + b = 1 (sinon 1 serait racine), et on trouve finalement

X 8 − X = X(X − 1)(X 3 + X 2 + 1)(X 3 + X + 1).

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