Finance - Wikipédia
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La finance renvoie à un domaine d'activité — celui du financement —, aujourd'hui mondialisé, qui consiste à fournir ou trouver l'argent ou les « produits
financiers » nécessaire à la réalisation d'une opération économique. La finance permet de faire transiter des capitaux des agents économiques
excédentaires (qui disposent d'une épargne à faire fructifier) aux agents économiques déficitaires, qui en ont besoin (pour se financer, croître, etc.).
Concept
La finance regroupe à la fois le système financier et les opérations financières qui ont lieu dans ce système. La finance a vocation à permettre
l'allocation et la réallocation de capitaux, en organisant la rencontre entre l'offre et la demande de capitaux. Le système financier permet ainsi de
placer des capitaux dans des investissements productifs, mais aussi de spéculer.
Le système financier comprend différents acteurs, qui sont autant d'agents économiques qui ont intérêt à accomplir des transactions financières. Les
États viennent y trouver des fonds pour investir ou financer leur déficit public ; les entreprises y émettent des obligations et des actions, etc. Les
intermédiaires financiers, comme les banques, jouent un rôle important pour faire entrer en contact les demandeurs et les offreurs. La finance
contemporaine a recours à des algorithmes et des intelligences artificielles.
La finance répond ainsi au besoin de financement des agents économiques. Ces derniers peuvent se financer de trois manières : ou bien par
l'autofinancement, via ses bénéfices antérieurs ou ses réserves financières disponibles ; par financement direct, via le marché financier (émission
d'actions ou d'obligations) ; ou par financement indirect ou intermédié, via le crédit bancaire. Les grandes entreprises sont celles qui ont le plus
recours au système financier pour leurs besoins de financement[1].
La recherche de financement obéit à deux types d'objectifs, suivant le volume initial de capital :
Selon Dembinski[2], la finance est un sous-système économique qui remplit trois fonctions spécifiques :
Histoire
Le mot « finance » vient du latin finis signifiant « le terme ». En français du xiiie siècle, le verbe finer veut d'abord dire « finir une transaction et donc
payer ». Le mot évolue ensuite pour désigner des « ressources financières » et à partir du xvie siècle des « affaires d'argent »[5].
Cependant, se produit le développement des bourses de valeurs : cette éclosion a été accélérée par la croissance de places financières et
commerciales en Europe avant le développement du commerce maritime international : des flux sensibles se mettent en place très tôt entre des
places d'argent comme Venise et Gênes, mais aussi Anvers, Troyes et Londres, Brême et Augsbourg, etc.
Même si de nombreux livres lui sont consacrés entre le milieu du xviiie siècle[6], et le début du xixe siècle, au moment de l'éclosion de l'École
classique, c'est seulement à partir de 1958 que la finance est devenue une sous-discipline de l'économie, en lui empruntant ses raisonnements
formalisés et ses mécanismes d'optimisation. Auparavant, la gestion financière consistait essentiellement en un recueil de pratiques qui n'étaient pas
nécessairement encadrées ou réglementées par des institutions légales.
La finance est largement devenue de nos jours un négoce, partiellement spéculatif et automatisé, d'instruments et de transfert des anticipations de
revenus et de risques, dont les prix peuvent être négociés sur des marchés ou auprès d'institutions. Les risques peuvent être ainsi transférés à ceux
disposés à les prendre (contre des revenus espérés), et les intermédiaires financiers peuvent pratiquer une compensation des risques inverses (par
exemple, le risque de change d'un importateur est inverse de celui d'un exportateur, le risque de taux d'un prêteur est inverse de celui d'un
emprunteur…), la diversification des risques, etc.
Parties prenantes
Particuliers
Les particuliers peuvent avoir accès aux marchés financiers directement ou indirectement. Ils peuvent chercher à y faire fructifier leurs placements et
emprunts.
Sociétés non financières
Les entreprises peuvent avoir accès aux marchés financiers afin d'obtenir des capitaux et gérer leur trésorerie.
Institutions de placement
Les institutions financières de placement agissent sur les marchés financiers pour placer leurs capitaux. Ces entités sont souvent des gestionnaires
d'actifs. Ils interviennent pour leur besoin propre sur les marchés financiers comme pour faire fructifier les actifs prêtés par leurs clients. Les
conseillers financiers sont des acteurs affiliés à des institutions de placements qui conseillent des personnes fortunées.
On compte parmi les institutions de placements les caisses de retraites, les fonds de placement, et institutions uniques ; les compagnies
d'assurances, aussi, qui doivent préserver la valeur des réserves ou provisions venant en garantie des risques qu'elles assurent.
Intermédiaires financiers
Les intermédiaires financiers sont des entreprises financières dont la vocation est de mettre en contact l'offre et la demande de produits financiers.
Les banques jouent un rôle d'intermédiation financière. Aussi, elles recyclent sur les marchés les dépôts et l'épargne afin de les faire fructifier[7].
Ces intermédiaires financiers se distinguent par la nature des services qu'ils rendent à leur clientèle et des produits qu'ils sont à même de négocier.
Agences de notation
Banques centrales
Types de finance
La finance se subdivise traditionnellement en plusieurs périmètres d'activité définis par la clientèle servie :
Types de marchés
La finance de marché désigne les mécanismes par lesquels il est possible de faire appel aux marchés pour se financer directement, opérer des
placements, se couvrir, ou d'utiliser des instruments financiers complexes, comme les options. Les marchés financiers sont devenus depuis les
années 1980 l'un des principaux circuits de financement de l'économie, en complément des banques. Aux États-Unis, le recours aux marchés est plus
répandu qu'en Europe continentale. Ils comprennent :
les marchés d'actions, qui sont les plus connus du grand public,
mais pas les plus actifs ;
les marchés de taux d'intérêt qui, par leurs cotations en continu,
constituent de très loin le plus grand marché de la planète et se
subdivisent en :
le marché monétaire pour le court terme,
le marché obligataire pour le moyen-long terme ;
le Marché des changes ou Forex ;
il existe par ailleurs de nombreux marchés de matières
premières et de produits de base (pétrole, blé, etc.) qui peuvent
donner lieu à des interventions motivées par des ressorts
financiers alors qu'en principe leurs transactions sont réputées
contribuer à l'établissement des prix des produits dits « de
base ».
Finance et croissance
La question du lien entre finance et croissance économique fait l'objet de recherches académiques. Joseph Schumpeter soutient en 1911 que la
finance joue un rôle essentiel dans l'économie en ce qu'elle permet d'allouer des capitaux oisifs à des projets entrepreneuriaux porteurs de
croissance[8]. Un travail précurseur de Raymond W. Goldsmith en 1969 confirme l'intuition schumpétérienne et trouve un lien positif entre finance et
croissance sur un échantillon de 36 pays dont les données vont de 1860 à 1963[9]. Des résultats similaires sont trouvés au XXème siècle[10].
Certains chercheurs toutefois soulignent que si la finance apporte des bienfaits à une économie en lissant les risques et en améliorant l'allocation de
l'épargne, son développement conduit à une hausse de la volatilité et la fréquence des crises. Aussi, les entrées massives de capitaux permises par
les systèmes financiers ouverts aggravent les situations de crise[11].
Innovation et investissements
Comme l'écrit la Banque centrale européenne en 2018, la finance a généralement un effet positif sur une économie car elle facilite les échanges de
capitaux et permet de canaliser l'épargne. Un marché financier profond assure la diversification des actifs des sociétés financières, et assure un
meilleur suivi des investissements[1].
Réduction des frictions
Greenwood et al. montrent en 2010 que la finance permet de réduire les frictions et optimise l'efficience de la mobilité de l'épargne. Elle l'oriente vers
les secteurs productifs[1]. De plus, Aghion et al. (2005) soutiennent qu'un système financier efficace réduit les coûts d'agence[1].
Mésallocation de capitaux
En 2018, Chakraborty et al. montrent que la croissance du secteur financier peut être liée au développement de la finance basée sur les prêts
hypothécaires, qui ont un potentiel de croissance faible[1].
Finance et mondialisation
Compte tenu de l'extension de la convertibilité des monnaies et de la mondialisation des échanges, la finance est désormais internationale.
L'apparition de produits financiers internationaux complexes et d'opérateurs non régulés agissant à partir des paradis fiscaux a largement été
associée au développement de la crise des marchés financiers qui paralyse actuellement l'économie mondiale, posant la question de la mise en
œuvre de régulations mondiales renforcées.
Le système financier est international : il est présent dans chaque pays, avec des flux circulant de l'un à l'autre avec toutefois certaines restrictions
locales.
Il rassemble un ensemble d'acteurs, reliés entre eux par un réseau de communication, formant une série de marchés financiers spécialisés visant
chacun à équilibrer l'offre et la demande dans un actif financier particulier. Cet équilibre est obtenu par la confrontation des ordres entre les divers
acteurs détenteurs de moyens monétaires ou financiers et notamment :
Au niveau des institutions financières, le système comprend entre autres les banques supra-nationales (par exemple la Banque Centrale Européenne,
la Banque des règlements internationaux), les Banques Centrales nationales, les banques commerciales, les sociétés financières, les caisses de
retraites, la sécurité sociale et les caisses de prévoyance, les compagnies d'assurances, le Trésor public, les marchés financiers.
La superposition des différents marchés financiers (actions, taux d'intérêt, devises et matières premières) et son extension à tous les pays, forment
ce qu'on appelle le système financier international.
Le système financier cherche à faciliter une bonne allocation des capitaux, favorable à l'essor économique. Ce rôle primordial explique la place
importante de la finance dans les pays développés, avec une part de 5 % à 10 % du PIB (Produit intérieur brut).
– Cette mutation a transformé l'économie et la société contemporaines en les organisant autour d'une nouvelle cohérence articulée sur l'efficacité
financière et sur une vision du temps linéaire spécifique à la finance.
– Cette cohérence s'approche avec la crise actuelle de son point de rupture, ce qui expliquerait l'atmosphère de “fin de règne” ressentie par
certains » ».
Selon Denis Dupré, spécialiste des risques financiers et écologiques[13], la démesure de notre système financier reflète une « Économie-Titanic »[14]
minée par la puissance exponentielle de l'économie nuisible. Les financiers, contrairement aux économistes parmi lesquels des opinions différentes
s'expriment, forment un corps soudé d'« experts » souvent complices par leur silence et inaction[15] sur la lutte contre les pratiques mafieuses, la
corruption et les paradis fiscaux[16]. La profession financière s'oppose aux réformes urgentes que sont notamment la mise au service des citoyens de
la BCE[17],[18], la séparation des banques, l’interdiction de la finance casino[19], la réforme des marchés boursiers[20]. Gaël Giraud propose de
considérer comme un bien commun la liquidité des actifs sur les marchés financiers et le crédit[21].
Rémunération de la finance
La finance est d'une certaine manière un service rendu. La question est ouverte - et largement débattue- quant à la rémunération de ce service.
Sur un plan « opérationnel », l'idée d'indemnité est censée rétribuer différents éléments :
Une étude de Philippon et Reshef (2012) montre que la finance peut drainer du capital humain de l'économie réelle du fait des salaires élevés
proposés dans le secteur financier. Ces salaires élevés reflètent l'exploitation de rentes informationnelles fortes. Or, cela réduit l'innovation et la
croissance dans l'économie réelle[1].
Selon Georges Pauget le secteur financier représente 1 million de personnes en France[31], dont 40 % pour le seul secteur bancaire[32]. Fin 2011, les
sociétés d'assurances avaient investi 925 milliards d'euros dans les entreprises, soit 54 % de leurs actifs[33].
Outre l'immobilier, les Français auraient 3 600 milliards d'euros de placements financiers dans leur patrimoine en 2011, dont 39 % sur des comptes
d'assurance-vie[34].
Poids de la finance
Selon Patrick Artus, « La finance sert à intermédier l’épargne entre les épargnants de base (ménages domestiques, éventuellement non-résidents) et
les emprunteurs (État, entreprises, ménages et non-résidents aussi). On s’attend à ce que la taille de la finance (en emplois, valeur ajoutée, profits)
évolue avec la taille de l’intermédiation de l’épargne qui est réalisée entre les prêteurs et les emprunteurs »[35]. Selon lui, l'augmentation importante de
la part de la finance dans le PIB (+50% aux États-Unis entre entre 1995 et 2011, +25% dans la zone euro entre 1999 et 2011) est cohérente avec la
croissance de l'intermédiation entre épargnants et emprunteurs sur la même période[36]. De même, l'augmentation de la profitabilité du secteur serait
corrélée à la hausse des risques sur les emprunteurs[36].
Une autre approche consiste à cumuler l'ensemble des encours de crédit ou d’obligations, la capitalisation boursière, les marchés de produits dérivés
et les marchés de change de monnaie : l'ensemble des sommes concernées atteint ainsi soixante fois le poids du PIB mondial[37]. Selon l'économiste
Raphaël Didier, ce « poids démesuré de la finance » serait le signe d'un décorrélation entre l'activité financière et l'économie dite réelle[37].
Notes et références
le 4 octobre 2022)
4. Nijdam C (2011) Le Shadow Banking, Appendice Opaque du
Système Bancaire Regulé. Analyse Financiere, (41), 51
0wXMgEACAAJ) [archive])
18. Denis Dupré, « Sauver l’Europe avec la BCE dans le cadre des
traités existants » (http://www.cerag.org/IMG/jpg/Le_TEMPS_
121003.jpg) [archive], Le Temps de Genève, 3 octobre 2012.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes