Cours Catalyse Hétérogène YONLI
Cours Catalyse Hétérogène YONLI
Cours Catalyse Hétérogène YONLI
Arsène H. YONLI
TABLE DES MATIERES
Introduction ................................................................................................................. 1
1
3) Bien que le catalyseur n’apparaisse pas dans les produits finaux, sa durée de vie
n’est pas illimitée ; en effet, comme on le verra plus loin (§ 4.4), il peut être altéré
physiquement ou chimiquement, perdant plus ou moins rapidement son activité.
En résumé, la qualité d’un catalyseur, donc son choix pour une application
industrielle découle de trois propriétés fondamentales : son activité, sa sélectivité
et sa stabilité [1-3].
2
déroule la réaction étant alors plus élevée (a) ou plus faible (b) que la température
de la phase fluide. Ces différences de température, parfois très élevées (ex.
réactions très exothermiques d’oxydation) peuvent affecter de façon dramatique la
vitesse de réaction, augmentant (a) ou diminuant (b) l’effet catalytique apparent.
Les limitations par le transport de matière et de chaleur ont souvent un effet négatif
sur l’activité mais aussi sur la sélectivité et la stabilité des catalyseurs solides ce qui
confère un avantage à la Catalyse Homogène sur la Catalyse Hétérogène. Cet
avantage est toutefois très largement compensé par la séparation facile du
catalyseur et du mélange réactionnel et la mise en œuvre aisée de procédés
continus.
La diffusion tend à égaliser les concentrations dans la phase fluide. Les molécules
de réactif étant transformées à la surface du catalyseur, c’est sur cette surface que
leur concentration sera la plus faible, et inversement pour les molécules de produit.
Un courant de diffusion des molécules de réactif de la phase fluide vers la surface, et
des molécules de produit de la surface vers la phase fluide, va donc s’établir.
Généralement, la plupart des sites actifs sont localisés sur les parois des pores et la
diffusion des molécules de réactif (et de produit) s’opère en deux étapes :
3
- Diffusion interne dans les pores du catalyseur. Dans ce cas, le transport des
molécules n’est plus seulement régi par les chocs entre molécules (diffusion
moléculaire ou de Fick) comme dans le transport externe mais aussi par les chocs
des molécules avec les parois des pores (diffusion de Knudsen). L’importance
relative de ces mécanismes de diffusion dépend notamment de la taille des pores et
de la pression de réactif. La résistance à la diffusion des molécules de réactif dans
les pores et leur consommation sur les sites actifs de la surface de ces pores
peuvent créer une différence entre les concentrations externe Cext et interne Cint.
Les réactions autres que les réarrangements font souvent intervenir plus d’un réactif
et/ou plus d’un produit. Ainsi, les réactions de condensations font intervenir des
molécules de deux réactifs, les réactions inverses un seul type de molécules (A + B
C), les réactions de substitution deux types de molécules pour les étapes directe
et inverse (A + B C + D). Le cycle catalytique sera donc plus compliqué que celui
montré en figure 1b ; il pourra notamment comporter plusieurs étapes de
chimisorption et de désorption.
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1.3.2.1 Adsorption des réactifs (et désorption des produits)
Lorsqu’un gaz est mis en contact avec un solide, des molécules sont retenues par la
surface du solide. Ce phénomène est appelé adsorption. On distingue deux modes
d’adsorption :
- l’adsorption physique ou physisorption qui correspond à un simple changement
d’état : énergie de liaison molécules-surface de type van der Waals ; chaleur
d’adsorption faible voisine pour les gaz de leur chaleur de liquéfaction ; absence de
spécificité, formation possible de couches moléculaires superposées. Ce mode
d’adsorption dans lequel les molécules adsorbées conservent leur identité chimique
ne joue souvent qu’un rôle négligeable dans les réactions catalytiques.
- L’adsorption chimique ou chimisorption est quant à elle une véritable réaction
chimique : il y a formation entre les molécules et les sites actifs de surface, de
liaisons identiques à celles des liaisons chimiques dans les molécules. Ses
caractéristiques sont donc identiques à celles des réactions : grande spécificité,
chaleur d’adsorption et énergie d’activation élevées. La chimisorption est une étape
essentielle de la réaction catalytique : l’adsorption chimique d’au moins l’un des
réactifs est une condition nécessaire de l’activité catalytique (postulat de Taylor).
H
H2 + Pt - Pt 2
Pt
H 3C
CH 3 CH 3 + Pt - Pt H2 C + H
Pt
Pt
ex. : adsorption du propène sur les sites protoniques d’une zéolithe acide Z-H+ :
+ -
CH 2 CH CH 3 + H+Z - CH 3 CH CH 3 , Z
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bimoléculaire A + B C, la réaction superficielle pourra faire intervenir a) les
molécules de A et B chimisorbées ex. AS + BS CS + S (équation de type
Langmuir Hinshelwood) ou b) l’attaque d’une molécule chimisorbée (A ou B) par
l’autre venant de la phase fluide ex. : AS + B CS (équation de type Eley Rideal).
Dans le cas a, les molécules de A et B pourront être chimisorbées sur des sites
différents (ex. sites acides et basiques dans le cas des réactions acidobasiques) ou
sur des sites identiques (ex. sites métalliques en hydrogénation des alcènes).
La compréhension du mécanisme de la réaction superficielle nécessite l’identification
précise des intermédiaires chimisorbés. Ces espèces étant très réactives, leur durée
de vie est très brève et leur identification directe par des méthodes analytiques très
difficile. Il faut d’ailleurs souligner que la mise en évidence d’espèces superficielles
ne signifie pas nécessairement leur participation dans la réaction catalytique.
Certaines d’entre elles sont de simples spectateurs. Un exemple en catalyse acide
sur zéolithes est la mise en évidence par RMN du 13C de cations allyliques à
squelette cyclopentanique au cours de l’oligomérisation du propène sur une zéolithe
protonique. Ces cations ne jouent aucun rôle dans l’oligomérisation [5].
Pour préciser la nature des intermédiaires chimisorbés et leur mode de
transformation, on se réfère souvent à la catalyse homogène pour laquelle les
espèces actives catalytiquement sont mieux définies et les intermédiaires
réactionnels plus faciles à identifier. Les méthodes de la Chimie Organique :
marquage isotopique, effets de structure permettent d’obtenir des informations
essentielles. Un exemple simple est celui des isomérisations de position et cis trans
des butènes. Les informations obtenues en utilisant du butène-2 cis deutérié en
position allylique (D6) ou en position vinylique (D2) :
CH CH ( D6 ) CD CD ( D2 )
CD 3 CD 3 CH 3 CH 3
1.4 Conclusion
En Catalyse Hétérogène, les réactions se produisent à la surface du solide
catalyseur ; cette surface doit donc être très grande, ce qu’on obtient par création de
pores lors de la préparation du catalyseur. Outre les étapes chimiques, le cycle
catalytique comprend des étapes de transfert de matière et de chaleur de la phase
fluide à la surface et inversement. La limitation éventuelle de la réaction par ces
étapes a un effet important et souvent négatif sur l’activité, la sélectivité et la stabilité
du catalyseur.
La Catalyse Hétérogène est caractérisée par une grande spécificité dans l’interaction
des molécules de réactif et de produit avec le solide : leur chimisorption sur les sites
actifs. La compréhension de la réaction catalytique requiert entre autres :
- de bien connaître la surface du catalyseur et plus particulièrement les
caractéristiques du système poreux et des sites actifs.
6
- d’identifier les espèces adsorbées intermédiaires ce qui peut se faire directement
(méthodes spectroscopiques) ou indirectement (marquage isotopique des réactifs ou
de leur surface…).
- d’établir un modèle cinétique de la réaction.
Sg = N0Vmam/(VM m)
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Le volume poreux spécifique Vg en cm3g-1 est tiré de la relation :
dV = f(r)
dr
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Des courbes de type volcan ne sont pas trouvées pour toutes les réactions et tous
les catalyseurs ; ceci peut être dû à une gamme trop limitée de stabilité des espèces
chimisorbées ne permettant d’observer que le versant montant (stabilités trop faibles)
ou descendant (stabilités trop élevées) de la courbe volcan, aux imprécisions dans la
mesure des activités des catalyseurs neufs dues à leur désactivation etc.
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particulier. Les différentes faces cristallines d’un cristal métallique montrent souvent
des activités catalytiques différentes.
Les séries des métaux de transition :
3d Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu
4d Zr Nb Mo Te Ru Rh Pd Ag
5d Hf Ta W Re Os Ir Pt Au
Exemple 2 - Solides acides. La surface des oxydes métalliques contient des groupes
M-OH qui sont ionisés en M-O- H+ ce qui génère une acidité protonique H+, ou en
M+OH- générant une basicité. La surface des oxydes présente parfois des ions
métalliques à couche d’électrons incomplète qui adsorbent les bases par liaison de
coordination dative. Ces ions sont des sites acides de Lewis. Les oxydes acides les
plus utilisés sont dans l’ordre d’acidité décroissante de leurs sites protoniques : les
silices, les alumines, les silices-alumines, les zéolithes. Soulignons que l’acidité des
silices et alumines peut être fortement augmentée par fluoration ou chloration. Ainsi
les alumines fortement chlorées sont des acides très forts capables de catalyser à
basse température (100°C en dessous des zéolithes les plus acides) l’isomérisation
des alcanes légers. Il existe d’autres solides fortement acides : la zircone sulfatée
SO42-/ZrO2, l’oxyde de tungstène supporté sur zircone WO3/ZrO2, les
hétéropolyacides H3PW12O40, H3PMo12O40.
2Pt + H2 → 2 Pt-H
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titration hydrogène-oxygène. Cette méthode, sensible et simple, fait intervenir des
étapes de chimisorption d’hydrogène, d’oxygène, de titration de l’oxygène adsorbé
en surface par l’hydrogène :
D = 6 vm/(amd)
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catalyseur (diamètre dp), du diamètre D et de la longueur du lit (L) sont correctement
choisies (L/dp > 30, D/dp > 10), le mélange réactionnel peut être considéré en
écoulement piston c’est-à-dire qu’il progresse dans le réacteur par tranches
parallèles et indépendantes à la manière d’un piston dans un cylindre. Les variables
d’état sont constantes dans toute section droite normale à l’écoulement, ne
dépendant que d’un seul paramètre d’espace mesuré axialement dans le sens de
l’écoulement [2, 3].
L’équation caractéristique du réacteur piston se tire du bilan matière effectué sur une
tranche de lit fixe contenant une masse dm de catalyseur (figure 4a). Soit par
exemple, la transformation d’un réactif A. En régime permanent, le bilan pour ce
réactif s’écrit :
X X F X
(4) τ' = m = AS soit (5) rA = AS = Ao AS
FAo rA τ' m
La vitesse de réaction (ou l’activité du catalyseur) peut donc être obtenue très
simplement avec ce réacteur différentiel.
Dans les expressions 3 et 4, on remplace fréquemment le débit molaire de A par son
débit massique . Le rapport de ce débit massique horaire et de la masse de
catalyseur est appelé PPH (vitesse spatiale horaire*) et son inverse souvent appelé
temps de contact τ (exprimé en h, en réalité en h.kg catalyseur kg-1 réactif). Pour les
réacteurs intégral (eq. 6) et différentiel (eq. 7) on a :
dXA X
(6) τ = MA ∫oXAS ou (7) τ = MA AS
rA r
A
*La vitesse spatiale horaire peut aussi être exprimée par le rapport du débit volumique et du volume
de lit catalytique (VVH).
12
Dans la pratique, on trace fréquemment la courbe donnant XA en f(τ) pour des
conditions de température et pression définies (figure 4b). Les tangentes à cette
courbe permettent d’obtenir la vitesse de réaction pour chaque valeur de la
conversion. La partie initiale de la courbe généralement linéaire représente le
fonctionnement du réacteur en régime différentiel ; la tangente à l’origine donne la
vitesse dite initiale.
La pente de la droite ln XAe/(XAe – XA) en f(τ) permet donc d’obtenir la valeur de k1 (et
celle de k2).
L’expression de X en f(τ) est généralement plus compliquée ; en effet, les réactions
sont souvent bimoléculaires, l’un des réactifs étant utilisé en excès ; elles peuvent se
faire avec variation du nombre de moles ce qui complique l’expression des Pi en
13
fonction de X ; les ordres de réaction changent avec les pressions partielles (§ 5.2)
ce qui conduit à des expressions plus compliquées de rA en f(Pi).
Une remarque importante concerne l’effet du temps de travail sur l’activité (§ 4.4).
Dans le cas général, une désactivation rapide du catalyseur est observée
initialement suivie d’une désactivation beaucoup plus lente et quasi linéaire (figure
5). L’activité d’un catalyseur peut donc dépendre beaucoup du temps de travail choisi
pour sa détermination. Très fréquemment, l’activité est estimée à partir des valeurs
de conversion obtenues par extrapolation à temps zéro de la partie linéaire de la
courbe (figure 5) ; cette activité dite activité en régime ne correspond pas à l’activité
du catalyseur neuf : elle ne prend pas en compte l’activité des sites actifs les plus
sensibles à la désactivation. Par ailleurs, le temps zéro est souvent pris comme le
temps auquel est démarrée l’injection du mélange réactionnel dans le réacteur ; une
meilleure approximation du temps zéro est de choisir le début du régime permanent
du réacteur, c’est-à-dire le temps à partir duquel la somme des pressions des actifs
dans le réacteur peut être considérée comme constante. L’activité mesurée à ce
temps zéro est une bonne approximation de l’activité du catalyseur neuf.
D
ex. A
A D I
14
Pour améliorer la sélectivité d’un catalyseur, il est essentiel de connaître l’origine des
produits indésirables, en particulier de savoir s’ils sont cinétiquement primaires ou
secondaires c’est-à-dire s’ils résultent ou non de la transformation directe du réactif.
Cette information se déduit de la pente des tangentes à l’origine des courbes
rendement en produit (ou conversion partielle du réactif en produit) en fonction du
temps de contact (ex. figure 6). Si la courbe part avec une tangente nulle, cela
signifie que le produit est cinétiquement secondaire, si la tangente est positive, le
produit est cinétiquement primaire. Les courbes de rendement en fonction de la
conversion peuvent aussi être utilisées mais la précision est souvent plus faible.
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s’explique par l’empoisonnement (ou la couverture) des sites actifs ou par blocage
de l’accès aux sites actifs des pores, l’effet désactivant du coke étant alors très
marqué. L’élimination du coke par combustion permet la régénération des
catalyseurs désactivés et leur réutilisation. Toutefois la combustion étant réalisée à
température élevée (ex. 680-750°C pour le coke de craquage catalytique), une perte
d’activité des catalyseurs est souvent observée.
Dans l’industrie, la stabilité d’un catalyseur est souvent définie simplement par le
temps d’utilisation entre deux régénérations. Des fonctions de désactivation
peuvent aussi être introduites, la plus simple représentant l’effet du temps sur
l’activité ϕ = At/Ao rapport des activités au temps t et au temps zéro en f(t) par
exemple ϕ = exp-αt. La détermination des activités étant difficile, le rapport Af/A0 est
souvent remplacé par le rapport des conversions Xt/Xo ;. cette approche de la
stabilité d’un catalyseur est très imparfaite, car, pour un même catalyseur, le rapport
Xt/Xo dépend beaucoup du domaine de conversion considéré. En effet, la relation
activité-conversion dépend du niveau de conversion ; ainsi la formation de coke et la
désactivation correspondante peut être secondaire, donc plus marquée à forte qu’à
faible conversion etc.
Par ailleurs, la variable temps n’est pas représentative car l’importance des
phénomènes responsables de la désactivation évolue avec le temps de travail.
Ainsi la désactivation de la formation de coke est généralement très rapide. C’est
pourquoi la fonction de désactivation n’est plus exprimée en f(t) mais en f(% C), la
teneur en coke et que deux fonctions de désactivation sont définies, l’une pour la
réaction principale, l’autre pour la formation de coke [12].
A+S AS
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avec ka = kao exp [-Ea/RT] et kd = kdo exp [-Ed/RT]
où Ea et Ed sont les énergies d’activation pour l’adsorption et la désorption
kao et kdo sont proportionnels à la concentration des sites actifs.
(13) θeq = KP
1 + KP
ka kao -∆H
K= = exp a
kd kdo RT
k1
AS BS
k2
sa vitesse étant égale à :
rs = ks θA – k’s θB
AS+ BS CS + S
avec
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rs = ks θA θB – k’s θC (1 - Σθi)
Les deux espèces peuvent aussi être chimisorbées sur des sites différents 1 et 2 :
Remarquons que dans les deux cas , la réaction superficielle ne peut se produire que
si les sites d’adsorption sont adjacents ; les constantes de vitesse contiennent donc
non plus la concentration totale en sites mais la concentration en paires de sites
adjacents.
La réaction superficielle peut aussi ne faire intervenir qu’une des espèces A ou B
chimisorbées, l’autre venant de la phase gaz :
ex. : AS + B CS
d’où
rs = ks θA PB – k’s θC
r = ra =rs = rd = ks θA – k’s θB
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et la réaction directe est d’ordre 1 en A mais aussi d’ordre –1 en B (réaction
autoinhibée). Notons que cette inhibition par les produits n’est essentiellement
rencontrée que pour des réactions faisant intervenir plus d’une molécule de réactif
et/ou de produit : ex. inhibition de la déshydratation des alcools par l’eau produite.
Pour les études cinétiques, on opère souvent à faible conversion du réactif ce qui
permet de négliger les pressions de produit dans les équations cinétiques (vitesse
initiale ro). L’équation 15 devient :
b) Adsorption de A limitante
(17) r0 = kaPA0
L’ordre est ici égal à 1 quelle que soit la valeur de la pression et l’énergie d’activation
est celle de la chimisorption de A (Ea).
ksKAKBPA0PB0 ksKAKBPA0PB0
a) ro = 2 b) ro =
(1+KAPA0+KBPB0) (1+KAPA0)(1+KBPB0)
19
Le choix d’un catalyseur pour une transformation donnée s’appuie non seulement sur
la connaissance des trois propriétés fondamentales : Activité, Stabilité, Sélectivité
mais est également conditionné par de nombreuses autres propriétés liées à sa mise
en œuvre industrielle. Ainsi sa morphologie (forme et dimension de grains) et sa
résistance mécanique seront déterminées par le type de réacteur utilisé. Dans le cas
de réactions très endothermiques ou très exothermiques, les caractéristiques
thermiques des catalyseurs sont très importantes ; ainsi une bonne conductivité
thermique permettra de limiter les gradients de température à l’intérieur des grains et
dans le lit de catalyseur. Par ailleurs, la conductivité thermique devra être élevée si le
catalyseur est utilisé pour le transport de calories ex. en craquage catalytique (FCC)
du régénérateur au réacteur ou au contraire très faible si la température doit
augmenter très rapidement ex. catalyseur de pots catalytiques. D’autres critères : prix
de revient, originalité, reproductibilité sont également essentiels [2].
Les catalyseurs utilisés industriellement sont généralement très complexes : la phase
active est souvent supportée ; des composés très divers sont additionnés ; ainsi un
catalyseur de craquage catalytique comprend non seulement la zéolithe Y et la
matrice mais aussi un diluant de type kaolinite, un liant, des additifs divers permettant
de passiver les poisons métalliques (Ni, V) présents dans les charges, d’obtenir une
combustion totale du coke (en CO2), de réduire les émissions de SO2 etc. [13].
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ex. : Si(OR)4 + 4H2O Si(OH)4 + 4ROH
Métaux supportés
L’objectif est d’obtenir une concentration élevée en sites actifs sur la surface donc une
dispersion très grande du métal. La première étape est l’imprégnation du support par
une solution d’un précurseur de l’espèce active. L’imprégnation peut se faire sans
interaction ou avec interaction (ex. échange d’ions), l’interaction conduisant à une
meilleure dispersion du précurseur [2]. Suivant le précurseur et le support, les
réactions d’échange sont du type acide-base, acide-sel, base-sel ou sel-sel. Les trois
dernières réactions qui sont équilibrées conduisent à une meilleure distribution du
précurseur dans les grains de catalyseurs. Ainsi l’introduction du platine dans les
zéolithes (z) se fait généralement par échange de leur forme ammoniée par des
cations complexes [Pt(NH3)4]2+ :
2+ ka 2+
Pt(NH 3)4 + 2NH 4+ Pt(NH 3)4 + 2 NH 4+
s z z s
La concentration des cations complexes dans la solution (s) n’étant pas nulle, le
platine migre peu à peu vers le centre du grain. Cette migration peut être accélérée
par l’addition d’ions ammonium dans la solution qui fait régresser l’équilibre (effet de
compétition).
L’échange de la zéolithe est suivi de la décomposition des cations complexes par
calcination. Le choix des conditions de calcination (débit d’air, programme de
température) est particulièrement important, de mauvaises conditions de calcination
conduisant à la formation d’espèces labiles du Pt et par conséquent à son
agglomération. La calcination est suivie d’une réduction ; les conditions opératoires de
cette activation influent assez peu sur la dispersion du platine.
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Les réacteurs industriels utilisés pour les transformations par catalyse hétérogène sont
généralement continus. Deux cas idéaux de réacteurs continus ont été définis [4] :
réacteur à écoulement piston et réacteur parfaitement agité ; dans le premier
décrit en § 4.2 sur l’exemple d’un réacteur isotherme à lit fixe, le mélange réactionnel
progresse dans le réacteur par tranches parallèles et indépendantes ; en régime
permanent, le temps de traversée du réacteur (c’est-à-dire le temps de contact τ
réactif catalyseur) est le même pour chacune des ces tranches. Dans le second,
l’agitation est si efficace que les molécules de réactif introduites se retrouvent
immédiatement à un endroit quelconque du réacteur, y compris à sa sortie ; certaines
molécules sortent donc immédiatement τ = 0, d’autres restent indéfiniment dans le
réacteur τ = ∞. Par ailleurs, la concentration des réactifs chute brutalement de sa
valeur d’entrée à celle de sortie. Ce réacteur est donc moins efficace que le réacteur
piston ; il est également moins sélectif. C’est pourquoi la plupart des réacteurs
industriels essaie d’approcher le comportement d’un réacteur à écoulement piston.
Notons toutefois l’intérêt des réacteurs parfaitement agités continus pour favoriser les
transferts de chaleur et de matière et utiliser des catalyseurs pulvérulents.
Le réacteur à lit fixe est le réacteur catalytique le plus utilisé. Dans sa forme la plus
simple, il est constitué d’un tube rempli de grains de catalyseurs disposé en lit fixe à
travers lequel les réactifs gazeux ou liquides s’écoulent. Différents types de grain
peuvent être utilisés : pastilles, extrudés, billes, etc. Les diamètres moyens vont de 2 à
10 mm, le diamètre minimum étant limité pour éviter des pertes de charge trop
importantes, le diamètre maximum pour éviter les limitations au transfert de matière et
de chaleur. Pour la purification catalytique des gaz (d’échappement automobile ou de
cheminées), les problèmes de pertes de charges ont conduit à l’introduction de
catalyseurs de type monolithes avec des canaux parallèles.
Si le catalyseur se désactive par cokage, on peut le soutirer en continu du lit de
catalyseur pour le régénérer et le réinjecter en entrée. Si la désactivation n’est pas
trop rapide des réacteurs à lit mobile lent sont utilisés (ex. reforming régénératif). Si la
désactivation est très rapide (ex. craquage catalytique) un réacteur à lit entraîné est
alors choisi ; le catalyseur sous forme de fines particules sphériques (≈ 60 µm de
diamètre) est entraîné par le mélange réactionnel et circule du réacteur au
régénérateur et vice et versa.
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