Projet11du

Projet du00/05/2017
16/03/2017

PÔLE PRÉVENTION
CONSTRUCTION

Professionnels

Le devoir de conseil
des professionnels
de la construction
PRÉSENTATION
Cette plaquette s’adresse aux professionnels de la construction
qu'ils soient maîtres d'ouvrage ou directement concernés par le
devoir de conseil (maîtres d’œuvre, architectes, entrepreneurs,
artisans, contrôleurs techniques, fournisseurs...).
Elle a pour objet de sensibiliser ces derniers non seulement à leur
obligation de conseiller leurs clients sur certains aspects de l’acte de
construire mais aussi aux responsabilités qui peuvent en découler.

Le devoir de conseil vise par exemple les domaines suivants :

état du terrain, respect des règles d’urbanisme et de voisi-
nage, faisabilité de l’opération, choix des intervenants, res-
pect des Règles de l’art, choix des produits et équipements,
prise en compte des contraintes financières, état des exis-
tants, conditions d'entretien des équipements...

Ce document ne se substitue pas aux réglementations et aux

Règles de l’art relatives aux différentes missions des profes-
sionnels abordées ici.

crédit photo : adobestock

Comment bien remplir son devoir de conseil ?
Le devoir de conseil des constructeurs n’est pas illi-  obtenir l’accord écrit du client permettant de jus-
mité. Pour bien le remplir, il faut respecter quelques tifier, en cas de litige ultérieur, qu’il a été correc-
règles de bon sens : tement informé des risques encourus ;
 bien cerner les risques dès le départ ;  jouer son rôle de conseil sur la nécessité de
  e pas accepter de faire des travaux qui
n bien entretenir périodiquement les ouvrages,
dépassent ses compétences ; sur le bon usage des appareils et équipements
installés et, à cet effet, remettre toutes les
notices ;
  arder les traces du conseil donné afin de pou-
g
voir prouver ultérieurement la réalité du conseil.

Si vous jugez que la non-prise en compte

de vos réserves entraînera irrémédiable-
ment un désordre, vous devez refuser
d’exécuter les travaux. À défaut, vous serez
responsable et vous vous exposez à une
absence de garantie de votre assureur.

Exemples
  e constructeur ne peut s’exonérer de
L
ses obligations pour la seule raison que le
maître d’ouvrage a choisi, parmi les divers
procédés proposés, la solution la plus
  xpliquer au client les conséquences prévi-
e
économique, à moins que ce dernier n’ait
sibles de ses choix, les lacunes ou les insuf-
été dûment averti des risques encourus.
fisances de sa commande, lui proposer des
 Sur un chantier de rénovation, le profes-
solutions correctives ;
sionnel informe le maître d'ouvrage du
 consigner par écrit (comptes rendus de chantier, risque de travaux supplémentaires car il
lettre recommandée avec accusé de réception au n'a pas pu visiter des zones inaccessibles.
maître d‘ouvrage) ses observations, remarques et
réserves et conserver les justificatifs ;

Des preuves écrites sont le meilleur moyen C’est au contructeur de prouver qu’il a bien
pour prouver l’accomplissement de son rempli son devoir de conseil.
devoir, toutefois, l’écrit n’est pas exclusif.

 préciser les réserves qui concernent les risques

techniques et proposer une solution alternative ;
 c hiffrer les modifications jugées nécessaires et
les faire approuver par écrit ;

Agence Qualité Construction - Le devoir de conseil des professionnels de la construction - Février 2022
Qu’est-ce que le devoir de conseil ?
Dans le cadre de la bonne exécution de son contrat, C’est un avis que le professionnel doit nécessaire-
tout professionnel supporte une obligation de ment émettre chaque fois qu’il décèle un risque
conseil vis-à-vis de son client (maître d’ouvrage) susceptible de porter préjudice à son client ou
mais aussi envers les autres intervenants de l’opé- à un tiers. Il peut être informatif, préventif ou
ration de construction (maître d’œuvre, entrepre- correctif.
neurs, artisans, sous-traitants, fournisseurs de ma-
tériaux) même si aucun texte légal ou règlementaire
n’en impose le principe. Devoir de compétence, devoir d’in-
formation : l’importance du devoir
Il s’agit d’une obligation in- de conseil varie selon le constructeur
hérente au contrat passé concerné et son niveau de compé-
avec son client, sans qu’au- tence. D’autres critères sont à inté-
cune mention écrite ne soit grer : compétence technique du client,
nécessaire pour la justifier. présence ou non d’un maître d’œuvre
sur l’opération de construction...
Cette obligation de conseil,
érigée par la jurisprudence
en véritable concept, est
très vaste et concerne aus-
si bien les domaines tech-
niques que juridiques ou
règlementaires inclus dans
le périmètre de sa mission.

Quand exercer ce devoir de conseil ?

Tout intervenant à une opération de construction est tenu, selon la jurisprudence, dès le début de l’opération
et jusqu’à la réception des travaux, à une obligation de conseil, en fonction de son domaine de compétence
et des informations en sa possession sur le projet.
Dès l’établissement du projet
Il doit mettre en garde contre les risques ou in-
suffisances du projet par rapport à sa finalité et à
son coût, y compris par la suite en cas de travaux
supplémentaires. Il doit veiller au respect des
règlementations en vigueur.

Pendant les travaux

Il doit informer sur les erreurs ou omissions consta-
tées, sur les problèmes d’interfaces entre corps d’état.

À la réception
Il doit conseiller le maître d’ouvrage et l’aider à émet­
tre des réserves si nécessaire. Il est très fortement
recommandé à l’entrepreneur d’informer par écrit de
la nécessité d’entretenir les ouvrages, leurs équipe-
ments et du bon usage des équipements livrés.

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Quels sont les professionnels concernés ?
Les personnes concernées par le devoir de conseil sont tous les intervenants à l’acte de construire qu’ils
soient traitants directs ou sous-traitants : maîtres d’œuvre, contrôleurs techniques, entrepreneurs, artisans,
fournisseurs...

Chaque intervenant est tenu à une obligation de conseil vis-à-vis du maître d’ouvrage, mais cette obliga-
tion s’étend aussi, dans certains cas, à ses partenaires constructeurs. Il doit les éclairer, dans son domaine
de compétence, sur les divers aspects de l’opération, en particulier sur les risques, les avantages ou les
inconvénients du projet de construction.

Exemples Le constructeur reste res-

ponsable même lorsqu’il se
Cas tirés de la jurisprudence concernant voit imposer le choix d’un
la mise en cause de maîtres d’œuvre et produit dont l’aptitude à
d'entreprises : l’usage est inappropriée. Il
 il appartient à l’entrepreneur, qui est doit alors refuser la pose et
un technicien à même de déceler les justifier ce refus par écrit.
défauts techniques, de mettre en Par exemple, une tuile
garde le maître d’ouvrage et l’archi- conforme aux normes
tecte contre les insuffisances de la peut se révéler inadap-
conception ; tée à certaines pentes
 l’architecte n’est pas seulement un de toitures.
professionnel qui conçoit et dirige les
travaux, il est aussi un conseiller tech-
nique auquel le client se réfère et qui
doit éclairer ce dernier sur tous les
aspects du projet qu’il lui demande
d’étudier et de réaliser.

Avant d’engager les travaux, il doit renseigner le

L’entrepreneur maître d’ouvrage sur la chronologie à respecter et
L’entrepreneur doit avertir son client de tous leur faisabilité.
les aspects de l’opération projetée et de leurs
Par devoir de conseil, l'entrepreneur installateur
conséquences.
d'un matériau doit attirer l'attention du maître d’ou-
vrage sur les inconvénients du produit choisi et sur
les précautions à prendre, compte tenu de l’usage
auquel ce matériau est destiné.
Exemples
Il a un devoir, vis-à-vis du maître d’œuvre, de véri-
Risques liés au terrain, contraintes règlemen- fier les plans et de prendre en compte les règles
taires, budget nécessaire, insuffisances éven- de l’art concernant son lot. Il doit vérifier, vis-à-vis
tuelles du projet, risques liés à l’absence de des autres exécutants, la bonne adéquation de
maîtrise d’œuvre ou erreurs de conceptions son marché aux caractéristiques de leurs mar-
décelées, inconvénients liés aux matériaux chés. Le sous-traitant peut se voir reprocher de ne
choisis par le client... pas avoir émis de réserves à l’égard de l’entreprise
principale.

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Le maître d’œuvre Le fournisseur
Il a un devoir de conseil très étendu envers le maître Son devoir de conseil consiste à :
d’ouvrage et doit non seulement tenir compte de  conseiller le client sur l’emploi d’un produit adapté à
ses souhaits mais aussi les faire connaître, de façon ses besoins et à ses possibilités finan­cières ;
claire et précise, aux entreprises.  informer sur l’usage du produit et ses conditions
Il doit guider les choix de son client et attirer son atten- particulières de mise en œuvre (fournir une
tion sur les conséquences techniques et financières notice, la référence d’un site internet) ;
de ces choix, en vérifier la faisabilité, la conformité aux   pporter les informations nécessaires sur les
a
règlementations, aux Règles de l’art et aux obligations modalités particulières de mise en œuvre du
d’assurance, et relever les conséquences néfastes produit choisi (notamment pour les produits
d’éventuelles économies dans le programme. nouveaux ou innovants).

Exemple Exemples
Le maître d’œuvre doit attirer l'attention du   ne information plus approfondie doit être
U
maître d'ouvrage sur les conséquences d’une fournie, à l’égard d’un produit nouveau,
insuffisance du nombre de places de station- même lorsque son utilisateur est un pro-
nement au regard du permis de construire. fessionnel averti.
 Elle est également requise à l’égard d’un
client profane ou pour la mise en œuvre de
produits délicats à utiliser.
Le contrôleur technique
Le contrôleur technique peut voir sa responsabilité
mise en cause pour défaut de conseil lorsqu’il n’a
pas émis de réserves sur des anomalies ou des in-
suffisances qu’il était en mesure de découvrir.

Que faire en cas de mise en cause ?

 Vous êtes mis en cause par votre client, votre responsabilité peut être engagée. Dans votre inté-
rêt, il est important d’y répondre.
 Vous pouvez être mis en cause dans un cadre amiable ou judiciaire, dans ce cas :
– réagissez rapidement ;
– faites-vous accompagner par un spécialiste (organisation professionnelle, assureur...) ;
– transmettez tous documents utiles ;
– soyez présent, collaborez avec l’expert, suivez de près le dossier.
 Vous devez vérifier auprès de votre assureur si ce risque est bien couvert.

>> Consultez les plaquettes

Bien choisir un produit Responsabilités, garanties
de construction et assurances

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Quelles en sont l’étendue et les limites ?
Chaque intervenant doit s’informer, se former, se d’exonération sont restrictives (compétences
renseigner, écouter, pour pouvoir lui-même infor- du maître d'ouvrage, information et conseil du
mer correctement, conseiller, mettre en garde son constructeur notamment sur l’entretien…).
interlocuteur, lui expliquer les conséquences de ses
choix :
 devoir d’information et de renseignement sur la
Devoir de conseil renforcé
finalité des travaux prévus, devoir de recherche En l’absence d’un maître d’œuvre, l’obligation de
sur le terrain, devoir de vérification de la faisabi- conseil de l’entrepreneur se trouve renforcée.
lité de l’opération au regard du budget envisagé Dans le cas de travaux sur existants, l’obligation
et des délais prévus, du respect des règles d’ur- de conseil portant sur la compatibilité de l’exis-
banisme et de construction, et de la qualité des tant avec les travaux envisagés se trouve aussi
intervenants (compétences, solidité financière, renforcée pour les intervenants comme dans le
assurances) ; cas d’une commande de travaux qui seraient non
 respect de son champ de compétence (commet conformes aux normes.
une faute celui qui accepte une tâche qui dépasse
ses capacités plutôt que de la refuser) ;
  evoir de prévention (sécurité, fonctionnement,
d
utilisation, entretien...).

En cas de risques corporels, le devoir

de conseil est aggravé.

Limites à l’obligation
de conseil
La teneur du devoir de conseil diffère selon la
qualité des bénéficiaires (maître d’ouvrage ou
autres intervenants) et les compétences de ceux-ci
(maître d’ouvrage professionnel, entrepreneur ou
bureau d’études spécialisé...).

Ainsi la responsabilité du constructeur pourra être

limitée dans certains cas où le maître d’ouvrage :
Attention aux décharges de respon-
  caché délibérément certains éléments aux
a sabilité ! Le maître d’ouvrage doit
constructeurs ;
avoir accepté le risque en parfaite
  été déjà informé par un autre constructeur du
a
connaissance de cause.
risque encouru ;
  tilise l’ouvrage à une autre fin que celle indiquée
u
aux constructeurs.

Ainsi la faute du maître d’ouvrage peut limiter ou >> Consultez la plaquette

Les responsabilités de
exclure la responsabilité du constructeur, comme
la maîtrise d'œuvre
son immixtion fautive, l’acceptation délibérée des
Disponible sur :
risques ou encore le défaut manifeste d’entretien. https://qualiteconstruction.com
Le constructeur doit être vigilant car les conditions

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 l’essentiel À retenir
Professionnels Maîtres Professionnels
d'ouvrage

Le sachant Écoutez Mentionnez

est toujours les professionnels. toutes les remarques
tenu à un devoir par écrit.
de conseil.

© AQC Février 2022 - Conception J.Ducret - Illustrations Thierry Bel

Pour en savoir plus
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