Cours de Logique l1 LMD

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LOGIQUE 1

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COURS DE LOGIQUE
0. INTRODUCTION

1. OBJECTIF DU COURS
1.1. OBJECTIF GENERAL
C’est par sa raison que l’homme se distingue de la bête. En effet, l’homme est le seul
être qui est doué de raison, il est le seul qui sait concevoir les idées, les mettre en
ordre et les exprimer dans un langage compréhensible par les autres. C’est la raison
pour laquelle, chez les grecs, le mot logos signifie aussi bien la raison que le verbe
(parole, discours). Car, comme le disait Nicolas Boileau, « ce qui se conçoit bien
s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément ».

S’il est vrai que tout homme raisonne nécessairement, il existe pourtant des façons
de raisonner qui ne sont pas correctes, « qui ne tiennent pas debout » comme on dit
ordinairement. Ces genres de raisonnements conduisent à des mensonges et à des
sophismes car ils sont très éloignés de la vérité.

Un intellectuel est un homme qui se distingue des autres par sa façon de raisonner et
de s’exprimer car il est constamment préoccupé par la recherche de la vérité. Notre
monde est devenu un monde de la communication et notre société s’est muée en
une société de l’information. Toujours et continuellement obligés à dire et à
entendre, nous devons savoir construire des arguments valides et repérer des
enchaînements d’idées inacceptables. C’est l’objectif que poursuit ce cours de
logique : au début des études universitaires, sensibiliser les étudiants au
raisonnement correct en leur apprenant les règles élémentaires de la logique
formelle.

1.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES


Au terme de ce cours, l’étudiant sera capable de :
▪ Faire la différence entre un raisonnement valide et un raisonnement invalide ;
▪ Reconnaître et utiliser correctement les différents modes de raisonnement ;
▪ Démasquer les fautes et les erreurs contenues dans des raisonnements
invalides.
▪ Conduire logiquement sa raison dans toute communication ou tout débat.

2. PLAN DU COURS
Chap.1. Qu’est-ce que la logique ?
Chap.2. La logique des propositions.
Chap.3. La logique des prédicats

3. METHODOLOGIE DU COURS
Exposé magistral, interactivité et exercices

4. HORAIRE
Lundi, de 8h00 à 12h00.

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5. EVALUATION

C’est un cours de 20 heures. Il faudra avoir suivi au moins les ¾ du cours pour avoir
droit à une évaluation. Et celle-ci prendra en compte les différents exercices et
travaux pratiques. Un examen écrit sera posé lors de la session d’examens.

6. BIBLIOGRAPHIE

- VERNANT Denis, Introduction à la logique standard, Paris, Flammarion, 2011.


- WAGNER Pierre, La logique, Paris, PUF, 2007.
- McINERNY Dennis, La logique facile, Editions Eyrolles, 2005
- DOPP Joseph, Notions de logique formelle, Béatrice-Nauwelaerts, Paris, 1965.
- DIRVEN, E., Introduction aux logiques, Kinshasa, Loyola, 1990.
- MUTUNDA Muembo, Eléments de logique, Kinshasa, Cerdaf, 2001.
- BLANCHE R., DUBUCS J., La logique et son histoire, Paris, A. Colin, 1996.
- BONNAY D., COZIC M. (éds), Philosophie de la logique. Conséquence, preuve et vérité,
Paris, Vrin, 2009.
- RIVENC F., Introduction à la logique, Paris, Payot, 2005.
- RIVENC F., Introduction à la logique pertinente, Paris, Armand Colin, 1968.
- BLANCHE R., Introduction à la logique contemporaine, Paris, Armand Colin, 1968.
- BOUQUIAUX L et LECLERCQ B., Logique formelle et argumentation, 2e éd., De Boeck
Supérieur, Louvain-la-Neuve, 2015.
- LUCAST T., BERLANGER I., DEGAUQUIER V., Initiation à la logique formelle, 4e éd., De
Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve, 2014.

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CHAP. 1. QU’EST-CE QUE LA LOGIQUE ?

2.1. Définition et objet de la logique

Partons de ces quelques exemples tirés du langage courant :

- C’est un match nul logique


- Un résultat logique
- Une défaite amère mais logique
- Une suite logique

Quelle que soit l’interprétation, dans ces exemples, le mot « logique » est
employé pour désigner un rapport de conséquence, une relation de cause à effet. L’on veut
dire que le score reflète le match ou le forces relatives des équipes. Le résultat était ainsi
conforme à l’équilibre des forces, il était inéluctable, inévitable, à moins d’une grosse
surprise. En un sens, on peut dire que cette interprétation de la logique comme rapport de
conséquence est bien au cœur de la logique. Certaines choses entraînent, impliquent,
provoquent d’autres choses. Cette relation, ce lien entre ce qui précède et ce qui succède
est le rapport de conséquence. Cette notion sera présente dans la définition d’un
raisonnement comme une suite de propositions dont la conclusion doit être une
conséquence des propositions précédentes appelées « prémisses ». Autrement dit, une
conclusion logique est celle qui est tirée comme conséquence des propositions précédentes ;
entre elles doit exister un lien.

Prenons, toujours en exemple, les expressions suivantes :

- La logique du couvent
- La logique de l’armée
- La logique de l’honneur
- La logique du voleur

Outre le rapport de conséquence qui s’y trouve exprimé, il y a ici l’idée de


cohérence, d’étroite connexion entre les éléments d’un tout. Ainsi, en parlant de la logique
du voleur, on entend non seulement les principes du voleur, mais tout aussi ce qui peut s’en
déduire, tout un mode de raisonnement. Ainsi, un raisonnement logique devra être un
raisonnement cohérent, un raisonnement dont toutes les propositions forment un tout
cohérent et ordonné.

Ces exemples tirés du langage ordinaire peuvent à présent nous aider à


comprendre ce dont il s’agit quand on parle de la logique au sens philosophique du terme
car la logique est une branche de la philosophie.

Etymologiquement, logique vient du mot grec logos qui signifie raison, discours,
parole. La logique est la science du raisonnement correct, c’est-à-dire une science des
règles que tout raisonnement doit respecter afin d’être valide. Elle énonce les lois les plus

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générales de la pensée en tant que celle-ci vise le vrai. La logique est une science normative
parce qu’elle donne des règles conduisant au vrai. Ces règles qu’elle nous donne sont
indépendantes de tout contenu, de tout objet particulier. Ces lois valent alors non
seulement pour tout ce qui est, mais également pour tout ce qui peut être pensé.

La logique formelle traite des formes de raisonnement. Elle ne s’intéresse pas


au contenu, mais à la forme, au squelette, à ce qui fait qu’un discours argumenté tient
debout. Insistons sur la différence qui existe entre la vérité matérielle et la vérité formelle en
disant d’un raisonnement valide qu’il est vrai par sa forme, indépendamment de la vérité de
sa matière, c’est-à-dire de son contenu. Et c’est parce que la logique ne s’intéresse qu’à
cette forme qu’on l’appelle elle –même formelle. Il ne faut donc pas confondre la validité
d’un raisonnement avec la vérité des propositions qui le composent.

La notion de validité est très importante et ne doit en aucun cas être confondue
avec celle de vérité. Un énoncé est vrai ou faux, mais un raisonnement, une argumentation,
une inférence, sont dits valides ou invalides. La vérité porte sur la matière des énoncés, alors
que la validité porte sur la forme des énoncés.

• Les hommes sont mortels : ÉNONCÉ VRAI


• Les chiens sont des animaux : ÉNONCÉ VRAI
• Les hommes sont des chiens : ENNONCE FAUX
• Les chiens sont des animaux, donc les hommes sont mortels : RAISONNEMENT
INVALIDE COMPOSÉ D’ÉNONCÉS POURTANT VRAIS
• Les humains sont des animaux, donc mortels : RAISONNEMENT VALIDE COMPOSÉ
D’ÉNONCÉS VRAIS
• Les humains sont des chiens, donc ils aboient : RAISONNEMENT VALIDE COMPOSÉ
D’ÉNONCÉS POURTANT FAUX.

Seront considérés comme valides, les raisonnements procédant selon les


principes logiques, les principes d’inférence, le syllogisme et la définition.

L’homme est un animal raisonnable, et la logique exhibe la structure de ce


raisonnement. Elle est donc la science qui enseigne à bien raisonner.

2.2. Logique, langage et vérité

La pensée logique suppose de notre part une sensibilité au langage et un réel


talent dans le maniement de celui-ci, car logique et langage sont indissociables. Pour
communiquer, vient d’abord l’objet, puis l’idée, enfin le vocable. Les idées en tant que telles
ne se transmettent pas d’un esprit à un autre. Nous devons choisir des termes appropriés,
capables de les traduire fidèlement. La première étape de la communication consiste à
accorder le mot à l’idée. Elle en entraîne une seconde : l’assemblage des idées afin de
former un discours cohérent. C’est pourquoi l’énoncé revêt une signification particulière en
logique car il s’agit d’une expression linguistique qui permet la réponse « vrai » ou « faux ».

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En d’autres termes, en lui-même, un mot n’est ni VRAI ni FAUX. Quand je dis


« tableau », ce mot n’est ni vrai ni faux. C’est quand il est exprimé dans un jugement, dans
une proposition ou dans un énoncé que l’on pourra dire si l’énoncé qui contient ce mot est
vrai ou faux. Le tableau est noir : VRAI. Le tableau est rouge : FAUX. En ce sens, un énoncé
est une expression linguistique douée de sens et qui peut être vrai ou faux.

Les mots sont les briques avec lesquelles se construit le langage, mais c’est avec
l’énoncé que la logique entre en jeu, car la question de la vérité ou de l’erreur ne se pose
qu’à partir de ce moment. Et, justement, la logique cherche à établir et à distinguer ce qui
est vrai de ce qui est faux.

Il existe deux types de vérité : la vérité ontologique et la vérité logique.

De ces deux formes, la première est fondamentale. La vérité ontologique est la


vérité de l’être ou de l’existence. Une chose est vraie ontologiquement si elle possède une
existence réelle. La lampe posée sur ma table est ontologiquement vraie parce qu’elle est
réellement là ; ce n’est pas une illusion. Le contraire de la vérité ontologique est la non-
existence.

La vérité logique est la forme de vérité qui intéresse plus particulièrement la


logique. Il s’agit tout simplement de la vérité des énoncés. Il s’agit de la vérité telle qu’elle se
manifeste dans notre pensée et notre langage.

Ainsi donc, la vérité ontologique est une question de correspondance entre le


contenu d’un énoncé et des faits objectifs, c’est-à-dire la réalité (cette conception de la
nature de la vérité a été appelée la « théorie de la vérité comme correspondance »), tandis
que la vérité logique est la vérité de l’énoncé en tant que ce dernier est en accord avec la
pensée, indépendamment de la réalité. La vérité logique c’est la vérité formelle.

Nous l’avons déjà vu, la logique formelle ne s’intéresse qu’à la validité des
raisonnements. La validité d’un raisonnement se détermine en considérant sa forme et non
sa matière. La forme d’un raisonnement est indépendante des objets dont il y est question
et de leurs propriétés. Ainsi la validité d’un raisonnement doit être indépendante de sa
matière. En ce sens, « valide » signifie « correct », « bon » ; tandis que « invalide » signifie
« incorrect », « mauvais », mais jamais « vrai » ou « faux ».

2.3. Les principes premiers de la logique

Une science se définit comme un ensemble organisé de connaissances, régi par


des principes de base. Les principes premiers de toute science sont ces vérités
fondamentales sur lesquelles elle repose et qui gouvernent son activité. Acceptée comme
science, la logique possède elle aussi ses principes fondamentaux mais elle occupe une
position à part dans l’univers scientifique en ce sens que les principes premiers de la logique

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ne concernent pas seulement la logique elle-même mais aussi toutes les autres sciences. En
effet, dans leur universalité ils s’appliquent également au raisonnement humain en tant que
tel et quel qu’en soit l’objet. Ce qui veut dire que « principes premiers de logique » et
« principes premiers de raisonnement » c’est la même chose. Ainsi, parce que toutes les
sciences recourent au raisonnement, les principes premiers de la logique en tant que
principes premiers du raisonnement sont valables dans toutes les sciences.

Les principes logiques sont au nombre de quatre et ils régissent la pensée


bivalente. La pensée bivalente – qui s’oppose à la pensée ambivalente de la mythologie –
repose sur l’idée qu’un énoncé est susceptible d’être vrai ou faux, qu’il y a donc deux valeurs
de vérité (LE VRAI et LE FAUX). La science se réclame le plus souvent de la pensée bivalente.

On distingue quatre principes premiers de logique :

1°. Le principe d’identité :

Enoncé : « Une chose est ce qu’elle est ».

Explication : Le réel est composé d’individus qui se distinguent eux-mêmes les


uns des autres. Si une chose est ce qu’elle est, il paraît évident qu’elle n’est pas autre chose
que ce qu’elle est. Une mangue est une mangue, ce n’est ni une orange, ni une banane. Un
chien n’est pas une chèvre. Le principe d’identité nous dit donc qu’une chose est identique à
elle-même. A = A ; LAPIN = LAPIN.

2°. Le principe du tiers exclu

Enoncé : « Entre l’être et le non-être, il n’existe pas d’état intermédiaire ».

Explication : Une chose est ou n’est pas ; il n’existe pas de moyen terme entre
ces deux états. La lampe posée sur ma table est vraiment là, ou bien elle n’est pas. Toute
autre possibilité s’exclut d’elle-même. Ou je suis debout ou je ne suis pas debout ; la
troisième possibilité est exclue. A ou non A. C’est un lapin ou ce n’est pas un lapin.

3°. Le principe de raison suffisante :

Énoncé : « Il y a une raison suffisante à toute chose ».

Explication : On appelle aussi ce principe « principe de causalité ». Il s’énonce


ainsi : il y a une explication à l’existence de toute chose qui existe réellement dans l’univers
physique, rien ne s’explique par soi-même ou n’est sa propre cause. Le lapin que je vois là
n’est pas une « génération spontanée » ; il vient du croisement d’une lapine avec un autre
lapin.

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4°. Le principe de non-contradiction

Enoncé : « Une chose ne peut en même temps et sous le même rapport être et
ne pas être ».

Explication : ce principe peut se comprendre comme une acception élargie du


principe d’identité, car si X est X (principe d’identité), il ne peut à la fois et en même temps
être non-X (principe de non-contradiction). Je ne peux pas affirmer au même moment que
Tshisekedi est président de la RDC et Tshisekedi n’est pas président de la RDC. S’il est une
chose à laquelle la logique est hostile, c’est la contradiction. En termes clairs, la logique
n’accepte pas et ne supporte pas de contradiction.

Ces principes que nous venons d’évoquer expriment des vérités que chacun de
nous, agent conscient et rationnel, connait depuis son plus jeune âge. Même un petit enfant
sait qu’un couteau n’est pas un téléphone et qu’un chien n’est pas une chèvre ; il ne peut
pas vous dire que sa maman est à la cuisine et qu’elle est au même moment au marché, ou
qu’elle est sa mère et qu’elle n’est pas sa mère ! Ces principes ont donc deux grandes
caractéristiques : ils s’imposent d’eux-mêmes et ils n’ont pas besoin d’être démontrés. En
d’autres termes, ce ne sont ni des conclusions induites par des prémisses, ni des vérités
découlant des vérités antérieures. Les principes premiers représentent en effet des vérités
fondamentales. Ils sont donc « premiers » au sens le plus fort du terme.

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CHAP. 2. LA LOGIQUE DES PROPOSITIONS

Le calcul des propositions a pour objet l’étude des relations logiques entre
propositions : il fournit les règles d’inférence (une inférence est une conclusion que l’on tire
à partir d’un raisonnement) permettant d’enchaîner des propositions pour produire des
raisonnements valides. La logique des propositions (inanalysées) se limite ainsi à l’étude
systématique des fonctions de vérité, c’est-à-dire de ces formes complexes de propositions
dont la valeur de vérité peut se déterminer en considérant simplement les valeurs de vérité
de la ou des propositions qui leur servent d’arguments et la nature de leurs connecteurs
logiques.

Le langage du calcul des propositions comporte trois éléments :

a) Les variables propositionnelles : p, q, r,…etc.


b) Les connecteurs logiques : ┐, v, ᴧ, →, ↔
c) Les séparateurs : parenthèses ( ), crochets [ ], accolades { }

3.1. Les variables propositionnelles

Aristote définissait déjà une proposition comme une phrase déclarative


susceptible d’être vraie ou fausse. Exemples :

- Le soleil est composé à 80% d’hydrogène


- Les étudiants de l’UPKAN ne sont pas tous intelligents
- Vendre du chanvre est illégal au Congo
- 2+2=4

En revanche, les expressions suivantes ne sont pas des propositions :

- Socrate.
- Prête-moi ton cours de Logique.
- Que penses-tu du match de ce soir ?

Les propositions sont symbolisées par des lettres : p, q, r, s, t…

3.2. Connecteurs logiques

Un connecteur est une expression qui s’applique à des propositions pour former
une nouvelle proposition. On parle de connecteur unaire si l’expression s’applique à une
proposition pour former une proposition ; on parle de connecteur binaire si l’expression
s’applique à deux propositions pour former une nouvelle proposition.

Nous avons les 5 symboles suivants : ¬, V, ᴧ, →, ↔

(1) ¬ est appelé symbole de négation, on le prononce « non ».


(2) V est appelé symbole de disjonction, on le prononce « ou ».

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(3) ᴧ est appelé symbole de conjonction, on le prononce « et ».


(4) → est appelé symbole d’implication, on le prononce « implique ».
(5) ↔est appelé symbole d’équivalence, ou encore symbole de double
implication, on le prononce « équivaut à » ou encore « si et seulement si ».

L’usage de ces connecteurs et plus généralement de tous les connecteurs


logiques imaginables est de mettre en « connexion » un certain nombre de formules pour en
obtenir une nouvelle. Ainsi le premier de ces symboles (¬) est un connecteur unaire. Avec p,
il permet de construire la formule ¬ p (non p). Par contre, les 4 autres connecteurs sont des
connecteurs binaires, c’est-à-dire que chacun d’eux nécessite deux formules pour en
construire une troisième (même s’il s’agit de deux fois la même formule !). Ainsi à partir des
formules p et q, on construit la nouvelle formule (p ᴧ q).

3.3. Les séparateurs

Les séparateurs (parenthèses, crochets, accolades) servent à marquer la portée


des opérateurs logiques pour éviter que les formules ne soient ambiguës. En effet, la
formule p → q → r s’avère ambiguë parce qu’elle autorise deux lectures : (p → q) → r ou
p → (q → r) . Seul l’usage des séparateurs permet d’éviter cette ambiguïté et d’avoir ainsi
des formules ou expressions bien formées (EBF)

3.4. Formules et formes de raisonnements

Les formules ou expressions bien formées ou EBF en abrégé sont les suites de symboles que
l’on obtient en appliquant, éventuellement plusieurs fois, les règles suivantes :

1°. Les lettres propositionnelles sont des formules ;


2°. Si p est une formule, ┐p est une formule ;
3°. Si p et q sont des formules, alors (p ᴧ q), (p v q), (p→q), (p↔q) sont des formules.

Une forme de raisonnement est une suite constituée dans l’ordre :

1°. d’une suite de 0, 1 ou plusieurs formules appelées prémisses ;


2°. d’un signe noté « : » et lu « donc » ;
3°. d’une formule appelée conclusion.

3.5. Les connecteurs vérifonctionnels et les tables de vérité

Certaines expressions du langage permettent de combiner plusieurs propositions


simples pour composer des propositions plus complexes. Ce sont des connecteurs
propositionnels tels que : avant que, après que, parce que, et, soit… soit.

• (A) Le président est élu au suffrage universel et le gouvernement est formé par le
premier ministre.
• (B) Cet ouvrier a été viré parce qu’il est syndiqué.

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• (C) Véronique s’est remariée avant que son divorce fût prononcé.
• (D) Soit Pierre se voit reconnaitre un droit d’asile, soit il reçoit un avis d’expulsion.

On appelle propositions « atomiques » les propositions élémentaires qui


interviennent dans de telles combinaisons et propositions « composées » les propositions
complexes qui en résultent. Parmi les propositions composées, il y en a qui ont cette
propriété remarquable que leur valeur de vérité (leur vérité ou leur fausseté) dépend
exclusivement de la valeur de vérité des propositions atomiques qui les constituent. C’est le
cas dans les exemples (A) et (D). Par contre, une proposition composée comme celle des
exemples (B) et (C) ne jouit pas de la même propriété.

On dira qu’une proposition composée est une fonction de vérité de ses


composantes si sa valeur de vérité ne dépend que de la valeur de vérité de ses composantes.
On dira aussi que des connecteurs tels que « et » ou « soit… soit… » sont des connecteurs
propositionnels vérifonctionnels tandis que les connecteurs propositionnels « parce que »
ou « avant que » ne sont pas vérifonctionnels.

En d’autres termes, certains connecteurs sont dits « connecteurs de vérité » (ou


connecteurs vérifonctionnels) parce que la valeur de vérité de la proposition formée (c’est-à-
dire le fait qu’elle soit vraie ou fausse) dépend uniquement de la valeur de vérité des
propositions formantes. Avec cette définition, on voit d’abord que certains connecteurs très
naturels ne sont pas des connecteurs de vérité. On voit aussi très bien qu’il n’y a
essentiellement qu’un nombre fini bien déterminé de connecteurs de vérité unaires, un
nombre fini bien déterminé de connecteurs de vérité binaires, etc.

La logique des propositions classique ne s’intéresse qu’aux connecteurs


vérifonctionnels. A chaque connecteur vérifonctionnel correspond une table de vérité qui
donne la valeur de la vérité de la proposition composée en fonction de la vérité de ses
composantes.

Table de vérité de la négation :

p ¬p
V F
F V

Table de vérité de la conjonction :

p q pᴧq
V V V
V F F
F V F
F F F

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La conjonction est vraie si ses deux arguments (propositions atomiques) sont


vrais ; elle est fausse dans tous les autres cas.

Table de vérité de la disjonction :

p q pVq
V V V
V F V
F V V
F F F

La disjonction inclusive n’est fausse que si ses arguments sont faux tous les deux,
et elle est vraie dans toutes les autres éventualités.

Table de vérité de l’implication (ou du conditionnel) :

p q p →q
V V V
V F F
F V V
F F V

L’implication est fausse si son premier argument (qu’on appelle antécédent) est
vrai et qu’en même temps son second argument (qu’on appelle le conséquent) est faux ; elle
est vraie dans toutes les autres éventualités.

Table de vérité de l’équivalence (ou du biconditionnel) :

p q p↔q
V V V
V F F
F V F
F F V

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L’équivalence est vraie si et seulement si ses deux arguments ont la même valeur
de vérité (soit tous deux vrais, soit tous deux faux).

Note : Il existe encore d’autres connecteurs vérifonctionnels binaires. En tout, il y en a 16.


Mais nous utilisons surtout la conjonction, la disjonction non exclusive (inclusive),
l’implication et l’équivalence, parce qu’ils sont les plus utilisés dans les raisonnements
quotidiens, mais aussi parce que les autres peuvent être définis à partir d’eux.

3.6. Les tautologies

Grâce aux tables de vérité, on peut déterminer la valeur de vérité de


propositions même très complexes en fonction de la valeur de vérité des propositions
simples qui les composent. Certaines propositions complexes ont la propriété remarquable
d’être vraies quelles que soient les valeurs de vérité de leurs composantes. On les appelle
tautologies ou vérités logiques. Ainsi, la table de vérité de la proposition « Kinshasa est la
capitale de la RDC ou Kinshasa n’est pas la capitale de la RDC (p v ¬p) indique que cette
proposition est vraie dans tous les cas de figure, dans toutes les « valuations » possibles :

p ¬p p V ¬p
V F V
F V V

Les propositions composées qui sont fausses quelles que soient les valeurs de
vérité de leurs composantes sont, quant à elles, appelées antilogies ou encore faussetés
logiques. Ainsi « Kinshasa est la capitale de la RDC et Kinshasa n’est pas la capitale de la
RDC » (p ᴧ ¬p) est faux dans tous les cas de figure, dans toutes les « évaluations » possibles :

p ¬p p ᴧ ¬p
V F F
F V F

Il importe de remarquer que, si une proposition complexe x est tautologique,


cela veut dire que le contenu particulier de ses propositions simples n’a aucune importance ;
peu importe le sens des propositions qui prennent la place de p et q, et la valeur de vérité
qu’elles prennent dans notre monde, la proposition complexe sera toujours vraie en vertu
de sa forme. Cela veut dire que ce n’est pas seulement telle ou telle proposition complexe
qui est tautologique, mais toute proposition complexe qui a la même forme. C’est donc du
schéma propositionnel (A ᴧ B) → B que l’on peut dire qu’il donnera toujours lieu à une
proposition vraie, quels que soient le sens et la valeur de vérité des propositions p et q que

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l’on y introduit. D’un tel schéma propositionnel, on dira qu’il est « valide », tandis que l’on
réservera la qualification de « tautologique » pour des propositions complexes particulières
comme « S’il pleut et il y a du vent, alors il pleut ».

De même, on qualifiera d’ « inconsistants » des schémas propositionnels, (ou


formules proportionnelles) qui donnent lieu à des propositions fausses quels que soient le
sens et la valeur de vérité des propositions atomiques qui les composent ; et on réservera le
terme de « contradictoires » pour les propositions complexes particulières.

Les trois formules valides suivantes sont particulièrement intéressantes parce


qu’elles traduisent des principes fondamentaux de la logique des propositions :

A V ¬A : principe du tiers exclu : une proposition est vraie ou fausse.


¬ (A ᴧ ¬A) : principe de non-contradiction : une proposition ne peut être vraie et fausse.
A→A : principe d’identité : une proposition doit conserver sa valeur de vérité.

N.B. : La notion de validité est d’une grande importance parce qu’elle permet
également d’étudier la validité des raisonnements. En effet, tous les raisonnements de la
logique des propositions peuvent être exprimés en une proposition composée unique qui a
la forme d’un conditionnel dont l’antécédent est la conjonction des prémisses du
raisonnement et le conséquent la conclusion du raisonnement.

EXERCICE :

Formaliser, puis vérifier la validité de ce raisonnement :

Si Gaston est né en France ou né des parents français, il est citoyen français.


Or, si Gaston est un citoyen français, il a le droit à la sécurité sociale française.
Donc, si Gaston est né des parents français, il a le droit à la sécurité sociale française.

3.6. Equivalence logique

L’équivalence est une relation entre deux formules ; elle peut avoir lieu (par exemple entre p
et ¬¬p) ; elle peut aussi ne pas avoir lieu (par exemple entre p et ¬p). Elle compare deux
formules du langage, en disant en quoi elles se ressemblent. Dans une formule ou une forme
de raisonnement, on peut toujours remplacer une formule composante par une formule
équivalente et cela sans que la valeur de vérité ou la correction du raisonnement en soit
modifiée. Cette propriété est très utile pour développer une « sensibilité logique » :
connaissant quelques équivalences de base, on peut très vite « calculer » si une formule est
une loi logique ou si un raisonnement est correct. Voici quelques équivalences de base :

✓ A ̴¬¬A (double négation)

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✓ (A ᴧ B) ̴ (B ᴧ A) (commutativité de la conjonction)
✓ ((A ᴧ B) ᴧ C) ̴ (A ᴧ (B ᴧ C))(associativité de la conjonction)
✓ A ̴ (A ᴧ A) (idempotence de la conjonction)
✓ (A v B) v C) ̴ (A v (B v C)) (distributivité de la disjonction)
✓ A ̴ (A v B) (idempotence de la disjonction)
✓ (A ᴧ (B v C)) ̴ ((A ᴧ B) v (A ᴧ C)) (distributivité de la conj. p. r. à la disj.)
✓ (A v (B ᴧ C)) ̴ ((A v B) ᴧ (A ᴧ C)) (distributivité de la disj. p. r. à la conj.)
✓ (A → B) ̴ (¬ B →¬A) (contraposition)
✓ ¬ (A ᴧ B) ̴ (¬A v ¬B) (une des lois de de Morgan, logicien anglais, 1806-1871)
✓ ¬ (A v B) ̴ (¬A ᴧ ¬B) (autre loi de de Morgan)
✓ ¬ (A → B) ̴ (A ᴧ ¬B) (négation de l’implication)
✓ ¬ (A ↔ B) ̴ (A w B) (négation de la bi-implication)
✓ ¬ (A w B) ̴ (A ↔ B) (négation de la disjonction exclusive)
✓ (A ᴧ B) ̴ ¬ (¬A v ¬B) (expression de la conj.en fonction de la nég.et de la disj.)
✓ (A ᴧ B) ̴¬ (A → ¬ B) (expression de la conj.en fonction de la nég.et de l’impl.)
✓ (A v B) ̴¬ (¬ A ᴧ ¬ B) (expression de la disj.en fonction de la nég.et de la conj.)
✓ (A v B) ̴ (¬A → B) (expression de la disj.en fonction de la nég.et de la conj.)
✓ (A → B) ̴ ¬ (A ᴧ ¬B) (expression de l’impl.en fonction de la nég.et de la conj.)
✓ (A → B) ̴ (¬A v B) (expression de l’impl. en fonction de la nég.et de la disj.)
✓ (A ↔ B) ̴ ((A → B) ᴧ (B →A)) (expr.de la bi-impl.en f.de l’imp.et de la conj.)

N.B. : Insistons particulièrement sur la double négation et la contraposition.

❖ La double négation
¬¬p ↔ p
En effet, si p est vrai, non p est faux.
Alors si non p est faux, donc p est vrai.
Ainsi donc, une double négation équivaut à une affirmation.

Revenons au langage ordinaire pour expliciter cela. Dans le langage ordinaire, une double
négation est un procédé rhétorique qui consiste à utiliser deux fois la négation pour
exprimer une affirmation. Ces phrases sont des phrases négatives :

- Marie a l’intention de ne rien faire pendant ses vacances.


- Tu ne peux pas refuser l’offre de Pierre.
- Selon certaines études, les antibiotiques seraient sans danger.
- Sa façon de faire sera sûrement inefficace.

Mais si on ajoute une deuxième négation aux phrases ci-dessus, elles prennent un tout autre
sens. En clair, elles vont équivaloir à une affirmation.

- Marie n’a pas l’intention de ne rien faire pendant ses vacances = Marie a l’intention
de faire des activités pendant ses vacances.

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LOGIQUE 15
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- Tu ne peux pas ne pas refuser l’offre de Pierre = Tu ne peux pas accepter l’offre de
Pierre.
- Selon certaines études, les antibiotiques ne seraient pas sans danger = Selon
certaines études, les antibiotiques seraient dangereux.
- Sa façon de faire ne sera sûrement pas inefficace = Sa façon de faire sera sûrement
efficace.

❖ La contraposition

La contraposition d’une formule A→B est par définition la formule ¬B →¬A.


Toute formule est équivalente à sa contraposition ; on peut dire qu’elles ont le même sens.
Une erreur fréquente en logique est de considérer ¬A → ¬B comme la contraposition de A
→B, et donc comme équivalente à A →B. Il s’agit là de ce que l’on appelle « mauvaise
contraposition ».

En d’autres termes, la formule (A → B) est équivalente à la formule (¬ B → ¬A),


mais elle n’est pas équivalente à la formule (¬A → ¬B). Autrement dit, si A entraîne B, ¬A
n’entraîne pas ¬B. C’est une erreur de logique très fréquente que beaucoup de gens
commettent. Exprimons-le sous forme de phrases :

Si Kapinga court, alors elle bouge.


Or Kapinga ne court pas.
Donc elle ne bouge pas.

Cette façon de raisonner n’est pas correcte. En effet, le fait que Kapinga ne court
pas ne signifie pas nécessairement qu’elle ne bouge pas. La première phrase nous dit, si A se
produit, B va nécessairement suivre (Kapinga ne peut pas courir sans bouger). Mais elle
n’affirme pas qu’A est l’unique condition pour que B advienne. Kapinga peut bouger parce
qu’elle marche, parce qu’elle danse, parce qu’elle balaye la maison, etc. Ainsi, l’absence de A
ne nous permet pas de conclure à l’absence de B. Nier l’antécédent pour nier également le
conséquent n’est donc pas logique.

Il en est de même quand on affirme le conséquent pour affirmer également


l’antécédent. Si A implique B, la seule présence de B n’autorise pas à conduire qu’on a A.
Revenons au même exemple :

Si Kapinga court, alors elle bouge.


Or Kapinga bouge.
Donc elle court.

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Nous voyons immédiatement que la conclusion n’est pas logique. En effet, la


première phrase nous informe qu’une certaine condition doit être remplie (que Kapinga
coure) pour qu’un conséquent donné s’en suive (alors elle bouge). Mais comme dans
l’argument précédent, l’énoncé ne stipule pas qu’à cette seule et unique condition le
conséquent s’en suivra nécessairement. Est-ce que Kapinga ne peut pas bouger sans
nécessairement courir ? Bien sûr que Kapinga peut bouger de mille et une façons sans
forcément courir. Comme nous l’avons vu, elle peut bouger en marchant, en dansant, en
balayant la maison. Ce n’est donc pas parce qu’elle bouge que nous devons nécessairement
conclure qu’elle court.

En résumé, retenons que ces deux formes de raisonnement sont correctes :

(p → q), p : q
(p → q), ¬q : ¬p

On appelle la première « modus ponens », ce qui veut dire « mode posant » car
c’est un mode de raisonnement qui en posant l’antécédent de l’implication permet de
« poser » ou conclure le conséquent. La deuxième forme est appelée « modus tollens »,
c’est-à-dire « mode enlevant » car c’est un mode de raisonnement qui en « enlevant » ou
niant le conséquent de l’implication permet d’« enlever » ou nier l’antécédent.

CHAP. 3. LOGIQUE DES PREDICATS

Nécessité et objet de la logique des prédicats

La logique des propositions permet de formaliser des raisonnements et de les


évaluer sans considérer la composition interne des propositions qui forment ces
raisonnements (C’est pour cela qu’on l’appelle « logique des propositions inanalysées »). Or,
il se trouve que de nombreux raisonnements dépendent non seulement de l’enchaînement
des propositions, mais encore de leur structure interne. L’objet du calcul des prédicats est
précisément de rendre compte de ces derniers (prédicats). C’était déjà le but d’Aristote
lorsqu’il élabora sa théorie de syllogisme.

3.1. LA LOGIQUE ANCIENNE

3.1.1. L’appréhension, le jugement et le raisonnement

3.1.1.1. L’appréhension et le terme

a). Définitions

❖ Le concept est la représentation mentale d’un objet, abstraction faite de ses


caractères individuels. Notre esprit est capable de se représenter des objets ou des
situations, même si ces objets ne sont pas directement perçus par l’œil. L’abstraction

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LOGIQUE 17
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est une opération mentale grâce à laquelle notre esprit est capable de distinguer,
dans une catégorie des choses, des propriétés essentielles qu’il retient (abs-trahere)
et des propriétés accidentelles qu’il ne retient pas. C’est de cette façon que se
forment les concepts.
❖ Le terme ou mot. Le terme est l’expression verbale de l’idée. Le terme peut
s’exprimer en plusieurs mots, exemple : Le bon Dieu, quelques lapins, la porte de la
cuisine. Il faut noter que le terme et le concept ne s’identifient pas totalement. Un
seul concept peut être exprimé en plusieurs termes, ex : l’eau, water, massa, madi,
mayi, aqua, etc. De même, un terme peut exprimer des concepts différents. Ex :
vedette peut signifier un bateau rapide ou encore un artiste adulé, une star ; avocat
peut signifier un fruit comestible ou un juriste.
❖ L’appréhension est l’acte par lequel l’esprit conçoit une idée ou un concept sans rien
affirmer ou rien nier. Quand on parle du vélo, tout le monde se représente ce que
cela signifie ; tout le monde se représente un vélo.

b). La compréhension et l’extension

Rappel : Rappelez-vous la définition d’un ensemble en compréhension et en extension dans


votre cours de mathématique moderne !

Le concept se définit en énumérant ses propriétés, ses caractères essentiels que l’on retient,
tout en laissant de côté les caractères particuliers que l’on ne retient pas. L’on fait comme
quand on définit un mot dans un dictionnaire. Deux grandes propriétés caractérisent un
concept, et par suite un terme : sa compréhension et son extension.

❖ La compréhension : C’est l’ensemble des caractères d’un concept que l’analyse y


discerne. Ex : Si l’on parle d’une auto, on voit une machine, avec quatre roues, un
moteur, le fait de rouler. Tandis que si l’on parle d’une moto, l’on voit tout de suite
deux roues, un moteur, la capacité de rouler.
❖ L’extension d’un concept est l’ensemble des objets ou individus auxquels le concept
convient, auquel s’étend le concept. Ex : Le concept « homme » s’étend à plus ou
moins cinq milliards d’êtres vivant sur la terre. Le concept « étudiant de G2 à l’ISSR »
s’étend à 14 individus.
❖ Règle : La compréhension d’un concept est en raison inverse de son extension. Ce
qui veut dire : si la compréhension est grande, l’extension est petite ; si l’extension
est grande, la compréhension est petite.

c). Classification des concepts

En considérant soit la totalité soit une partie seulement de son extension, on


distingue :

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❖ Un concept particulier : celui qui est pris selon une partie de son extension. Ex :
quelques élèves, des arbres, une femme, cinq fusils. On reconnaît le concept
particulier par le fait qu’il est précédé d’un quantificateur existentiel tel que certains,
quelques, la plupart, un grand nombre de, bien de ou d’un article indéfini (un, une,
des).
❖ Un concept universel : est celui qui est pris dans toute son extension. Ex : tous les
hommes, tout congolais, les animaux, l’africain. On reconnaît un concept universel
par le fait qu’il est souvent précédé d’un quantificateur universel tel que chacun,
chaque, tout, tous, aucun, rien, personne, nul ou d’un article défini (le, la, les).

N.B. : Il convient de noter que la quantité (l’extension) d’un terme dépend aussi de sa place
dans une proposition. Ainsi, le prédicat d’une proposition affirmative est un terme
particulier, tandis que le prédicat d’une proposition négative est un terme universel.

3.1.1.2. Le jugement et la proposition

a). Définitions

Le jugement est l’acte par lequel l’esprit affirme un rapport de convenance ou de


disconvenance entre deux concepts. Affirmer et nier, dire d’une chose qu’elle est ou qu’elle
n’est pas, telle est l’opération de base de la pensée. En effet, la pensée est cette capacité
que nous avons de mettre les rapports entre les choses.

Le jugement se compose de trois éléments : le sujet dont on affirme ou on nie


une qualité ; un prédicat : attribut, qualité que l’on attribue ou non au sujet ; le rapport de
convenance ou de disconvenance entre les deux concepts exprimé par le verbe copule.

La proposition est l’expression verbale d’un jugement. Exemple : le tableau est


noir ; les congolais ne sont pas des européens.

b). Espèces des propositions

On peut classer les propositions soit en considérant leur quantité soit en


considérant leur qualité.

Du point de vue de la quantité, càd de l’extension du sujet, on distingue :

- Les propositions universelles : des propositions dont le sujet est un terme universel.
Ex : Tous les élèves sont en classe. Tous les hommes sont mortels. Nul n’est parfait.
- Les propositions particulières : celles dont le sujet est un terme particulier.
Ex : Certains étudiants sont malades. Quelques fruits ne sont pas comestibles.

Du point de vue de la qualité, càd du rapport établi entre les termes, on distingue :

- Les propositions affirmatives : celles dont le verbe est affirmatif.


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Ex : Paul est un élève. Il fait chaud en classe.


- Les propositions négatives : celles dont le verbe est négatif.
Ex : L’enfant n’est pas à la maison. La machine ne marche pas.

En combinant et la quantité et la qualité, l’on distingue quatre sortes de propositions qui, en


logique formelle, sont désignées par les voyelles tirées des verbes latins affirmo (j’affirme) et
nego (je nie) :

- A : universelle affirmative. Ex : Tous les étudiants sont attentifs.


- I : particulière affirmative. Ex : Quelques étudiants sont attentifs.
- E : universelle négative. Ex : Aucun étudiant n’est attentif.
- O : particulière négative. Ex : Quelques étudiants ne sont pas attentifs.

c). Opposition des propositions

Les quatre propositions (A, E, I, O) peuvent s’opposer entre elles de plusieurs


manières. Elles peuvent différer soit par la qualité, soit par la quantité, soit par les deux à la
fois. Ce qui donne les quatre oppositions suivantes :

- Les contraires : A et E
- Les contradictoires : A et O ; E et I
- Les subcontraires : I et O
- Les subalternes : A et I ; E et O

Ces oppositions sont représentées dans ce qu’on appelle « carré logique ».

Le carré logique :

A CONTRAIRES E
S S
U U
B B
A A
L L
T T
E E
R R
N N

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E E
S S

I SUBCONTRAIRES O

3.1.1.3. Le raisonnement et l’argument

a). Définitions

Le raisonnement est l’opération par laquelle, l’esprit, de deux ou plusieurs


jugements, conclut à un autre jugement contenu logiquement dans les premiers et qu’on
appelle conclusion. C’est également la synthèse de plusieurs jugements.

L’argument est l’expression verbale du raisonnement. C’est la démonstration de


la thèse suite à la succession des propositions ou jugements. L’argumentation est le langage
de la logique. Un argument s’impose ou échoue en fonction des qualités ou des défauts du
raisonnement qui le sous-tend. La présentation d’une conclusion unique est la marque d’une
argumentation et d’un raisonnement sains. En d’autres termes, les arguments les plus
efficaces sont ceux qui tendent vers une seule vérité.

b). Les formes de raisonnements

Les manières d’enchaîner les jugements sont multiples. Mais nous retenons ici
deux seulement : la déduction et l’induction.

- La déduction : elle est l’opération par laquelle l’esprit conclut de l’universel au


particulier, de la loi à quelques cas. Elle est l’opération par laquelle on conclut
rigoureusement, d’une ou plusieurs propositions considérées comme prémisses,
à une proposition qui en est la conséquence nécessaire, en vertu des règles
logiques. Elle est correcte (question de la validité) si l’idée explicitée découle

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logiquement des antécédents. Elle est vraie (question de la vérité) lorsque les
antécédents et la nouvelle proposition qu’on en tire sont conformes à la réalité.
- L’induction : elle est l’opération par laquelle l’esprit conclut du particulier à
l’universel, des quelques cas à l’établissement d’une loi.

c). Le syllogisme

c.1. La composition du syllogisme.

Le syllogisme est l’expression principale de la déduction. Un syllogisme se


compose de trois propositions disposées de telle sorte que la troisième, appelée conclusion,
découle logiquement (c’est-à-dire nécessairement) des deux premières appelées prémisses.
Les trois propositions contiennent trois termes dont l’un est repris deux fois dans les
prémisses (c’est le moyen terme). Le terme qui est en rapport avec le moyen terme dans la
majeure est le grand terme, tandis que celui qui est en rapport avec lui dans la mineure est
le petit terme.

Tout syllogisme régulier se compose de trois propositions dans lesquelles trois


termes sont comparés deux à deux. Ces propositions sont :

▪ La majeure : elle contient le grand terme.


▪ La mineure : elle contient le petit terme.
▪ La conclusion : elle forme le conséquent.

La majeure et la mineure sont appelées les « prémisses ».

Dans le syllogisme, l’on cherche à établir un rapport logique entre les termes, et
c’est le moyen terme qui permet de relier entre eux le grand et le petit terme. D’où son
importance car c’est sur lui que repose tout le discours.

Ex : Tous les congolais sont noirs


Or Kalala est un congolais
Donc Kalala est noir

c.2. Les principes du syllogisme

Dans le syllogisme, la conclusion doit découler logiquement, c’est-à-dire


nécessairement des deux prémisses. Il y a un rapport de conséquence nécessaire entre le
conséquent et l’antécédent. Cette rigueur logique repose sur deux principes :

✓ Le principe de compréhension : « Deux choses identiques à une même troisième sont


identiques entre elles. Deux choses dont l’une est identique à une troisième et l’autre
non ne sont pas identiques entre elles ». Si A = B et B = C, donc A = C.

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✓ Le principe d’extension ou principe logique : « Tout ce qu’on affirme universellement


d’un sujet est affirmé de tout ce qui est contenu dans ce sujet. Tout ce qu’on nie
universellement s’un sujet est nié de tout ce qui est contenu sous ce sujet ».

c.3. Les règles du syllogisme

Pour être valide (correct), un syllogisme doit rigoureusement se conformer à ces


huit règles.

Règle 1 : Le syllogisme ne doit avoir que trois termes qui sont univoques.
Règle 2 : Dans la conclusion, les termes ne peuvent pas avoir une extension plus
grande que dans les prémisses.
Règle 3 : Le moyen terme doit être pris au moins une fois dans toute son extension.
Règle 4 : Le moyen terme ne doit pas figurer dans la conclusion.
Règle 5 : Deux prémisses affirmatives donnent une conclusion affirmative.
Règle 6 : Deux prémisses négatives ne donnent pas une conclusion.
Règle 7 : La conclusion suit toujours le parti de la prémisse la plus faible. (On
considère une négative plus faible qu’une affirmative et une particulière plus faible
qu’un universelle).
Règle 8 : Deux prémisses particulières ne donnent pas de conclusion.

c.4. Parasyllogisme et sophisme

▪ Un paralogisme est un raisonnement rendu invalide involontairement à cause d’une


mauvaise utilisation d’une règle.
Ex. : Tous les chats sont mortels
Or Socrate est mortel
Donc Socrate est un chat
Nous remarquons que, dans les prémisses, aucune fois le moyen terme (mortel) n’est un
terme universel. Ce syllogisme viole donc la règle qui nous dit qu’au moins une fois le moyen
terme doit être pris dans toute son extension (càd doit être un terme universel) et par
conséquent il n’est pas valide.

▪ Un sophisme est un raisonnement rendu volontairement faux dans le but d’induire


l’interlocuteur en erreur.
Ex. : Si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi.
Or vous n’êtes pas avec moi.
Donc vous êtes contre moi.
Ce raisonnement est bien sûr un sophisme. Après tout, pourquoi ne pourrais être ni
avec ni contre quelqu’un ? N’ai-je vraiment que ces deux choix ? La majeure est donc
une affirmation qui est au départ fausse. En effet, il s’agit d’un faux dilemme : on
présente un choix entre deux solutions comme la seule alternative alors qu’il y en a
d’autres.

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d). Les autres formes de raisonnement

▪ Le raisonnement par analogie : Le terme grec « analogia » signifie « ressemblance ».


Le raisonnement par analogie procède à une comparaison avant d’aboutir à une
conclusion. Se basant sur la comparaison, il part de certaines ressemblances pour
conclure à d’autres ressemblances.

▪ Le raisonnement par l’absurde : L’absurde est ce qui contient en lui-même une


certaine contradiction. Le raisonnement par l’absurde (et non le raisonnement
absurde) imagine les conséquences absurdes d’une idée pour la réfuter. Il consiste
donc à prouver la vérité d’une proposition en montrant que sa négation conduit à
des conséquences qui ne se comprennent pas.

3.2. LA LOGIQUE CONTEMPORAINE

3.2.1. La notion de prédicat

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Un prédicat est une formule logique qui dépend d’une variable libre. C’est un
attribut ou une propriété qu’un individu peut posséder ou pas. Puisqu’un prédicat dépend
d’une variable, nous le noterons Px qui signifie que la variable x possède la propriété P. Si P
est un homme, on dira x est un homme. Dans la logique des propositions inanalysées,
lorsque nous utilisions une proposition, nous nous contentions de lui mettre une valeur de
vérité « vraie » ou « faux ». Ici, cette valeur de vérité dépend de la valeur de x.

3.2.2. Les quantificateurs

Soit la proposition : « Tous les hommes sont mortels ». Comme nous l’avons vu,
cette proposition est une universelle affirmative (A). Elle veut dire ceci : « Tous les sujets qui
sont hommes sont aussi mortels » ou « Pour tout sujet quel qu’il soit, s’il est un homme, il
est mortel ». Il y a dans cette phrase des individus auxquels on attribue une qualité. En
représentant les individus par x et la qualité par P, l’on dit que « les individus x ont la qualité
P », ou encore « tout individu x a la qualité P ». L’on représente « tout individu » par « Vx »
et l’on dit que Vx est un « quantificateur universel ».

Soit la proposition : « Certains hommes sont mortels ». Nous le savons : c’est une
particulière affirmative (I). Elle dit quant à elle que « Certains sujets qui sont hommes sont
aussi mortels », ou que « Il y a des sujets qui sont à la fois hommes et mortels », ou encore
que « Il y a des sujets qui sont tels qu’ils sont hommes et qu’ils sont mortels ». On
représente « Il y a des sujets » par « Эx » et on dit que « Эx » est un « quantificateur
existentiel ».

Formalisons nos deux phrases :

Tous les hommes sont mortels : Vx (Px→ Qx)


Certains hommes sont mortels : Эx (Px ᴧ Qx)

3.2.3. Le langage du calcul des prédicats

Le langage de la logique des prédicats enrichit celui de la logique des


propositions en y introduisant des symboles qui permettent d’exprimer que certaines
propriétés sont vraies de certains individus, de certains couples d’individus, de tous les
individus, etc. Il comporte, outre les symboles des propositions atomiques et les connecteurs
vérifonctionnels, les symboles suivants :

➢ Des constantes individuelles : a, b, c, d, etc.


➢ Des variables individuelles : x, y, z, etc.
➢ Les quantificateurs : V, Э.

3.2.4. La formalisation : passage du langage ordinaire au langage logique

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Le passage de la langue quotidienne au langage symbolique des prédicats


comporte quelques enjeux auxquels il convient d’être attentif. En effet, de nombreuses
expressions du langage quotidien peuvent cacher une seule et même forme logique.

Tous les hommes sont mortels.


N’importe quel homme est mortel.
Les hommes sont mortels.
Quiconque est dit homme est mortel.

Chacune de ces expressions doit être interprétée comme une universelle


affirmative et doit donc être formalisée Vx (Hx → Mx).

Les autres formes canoniques de la prédication sont les suivantes :

Эx (Hx ᴧ Mx) pour des particulières affirmatives (I) : Certains hommes sont mortels.
┐Эx (Hx ᴧ Mx) pour des universelles négatives (E) : Aucun homme n’est mortel.
Эx (Hx ᴧ ┐ Mx) pour des particulières négatives (O) : Certains hommes ne sont pas mortels.

3.2.5. Le carré logique : universelle ; existentielle et négation

Soient les expressions suivantes et leur formalisation :

Tout objet est P : VxPx


Certains objets sont P : Эx Px

Comment nier « Tout objet est P » ? Précisons d’abord que l’on représentera par « ┐Px » le
fait que x n’est pas P ou x n’a pas la propriété P. Cela étant, pour nier « tout objet est P », on
peut dire « certains objets ne sont pas P », ce qui peut se traduire dans les deux structures
correctes de raisonnement : ┐Vx Px : Эx ┐Px et Эx ┐Px : ┐Vx Px. Comme on peut le
remarquer, ┐Vx Px et Эx ┐Px sont équivalentes et on écrira : ┐Vx Px ↔ Эx ┐Px.

Comment nier « Certains objets sont P » ? En disant « Aucun objet n’est P » ou encore « Tout
objet est tel qu’il n’est pas ». Cela se traduit par l’équivalence : ┐Эx Px ↔ Vx ┐Px.

Ces relations sont souvent exprimées dans le carré logique que nous avons déjà vu. Voici
maintenant le même carré logique en symboles :

Le carré logique

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LOGIQUE 26
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