Par L'amour de La Patrie-Andry Rajoelina
Par L'amour de La Patrie-Andry Rajoelina
Par L'amour de La Patrie-Andry Rajoelina
PAR AMOUR
DE LA PATRIE
Préambule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
10
11
12
15
une femme aimante et une mère dévouée, qui a tout donné pour
ses enfants. Alors, comme il y avait une grande différence d’âge
entre mes sœurs et moi, je suis rapidement devenu un petit garçon
autonome. Je faisais un peu ce que je voulais, au grand dam de
ma mère qui me trouvait un peu trop intrépide. Mais j’étais très
curieux, j’avais un peu l’âme d’un aventurier. Il fallait toujours que
j’aille plus loin voir ce qu’il y avait de l’autre côté. Et je me fixais
souvent des objectifs. C’était comme des défis qui m’ont permis
de me forger une personnalité solide.
Lorsque j’ai eu 4 ans, mon père a été muté à Tana. Quel chan-
gement ! Je suis passé d’une petite ville tranquille à une mégalo-
pole bruyante et agitée. « Tana » m’ouvrait de nouveaux espaces
de découverte. Et comme j’étais très indépendant, j’inventais
des jeux, en invitant mes camarades à y participer. En grandis-
sant presque naturellement, je suis devenu le chef de ma bande.
J’avais ça en moi, une espèce de capacité à diriger un groupe. Je
me souviens, à l’époque, j’organisais pendant les vacances sco-
laires un concours dans le quartier, avec des voitures en carton
qu’on avait confectionnées nous-mêmes. Comme nous n’avions
pas les moyens, on se débrouillait, on bricolait beaucoup et on
mettait des numéros, des dossards, on se donnait même des
nationalités. C’était un peu notre Paris-Dakar ! Et puis, on jouait
beaucoup au football. Comme j’avais les cheveux très lisses, on
m’avait surnommé « Hrubesch », du nom du célèbre attaquant
allemand, Horst Hrubesh, à qui apparemment je ressemblais. Et
comme c’était un peu long comme surnom, on m’avait appelé
« Besa ». Je jouais attaquant d’ailleurs car je voulais marquer des
buts, mais j’avais l’esprit d’équipe. J’aimais partager le ballon. En
réfléchissant à cette période, un autre détail me revient en tête.
À l’école, vers 9 ans, je devais être en septième, j’ai organisé le
« jeu des enveloppes surprises » à l’occasion d’une kermesse de
fin d’année de l’école. Pour constituer les « surprises » à gagner
dans les enveloppes, je sollicitais les parents à faire des dons
d’objets et de petits gadgets. Chacun donnait ce qu’il pouvait.
Par exemple, le père d’une camarade de classe qui travaillait dans
les usines Cotona, la cotonnière d’Antsirabe, offrait des lamba-
hoany, le paréo traditionnel Malagasy. Dès mon plus jeune âge,
16
17
18
Plus tard, mon père a voulu que je marche sur ses traces. Le
moment venu, il m’a proposé d’aller faire des études militaires.
Malgré son insistance, j’ai refusé. Sa déception a été immense
mais je ne voulais pas être ce que je n’étais pas. Ce moment de
19
vive tension entre nous a marqué ma vie. C’était très dur, il fallait
désormais que je trouve ma voie pour subvenir à mes besoins.
L’indépendance a un prix. Mais cela m’a mis au défi, je devais
absolument réussir ma vie pour lui prouver que j’avais trouvé ma
vocation et que je pouvais devenir maître de mon destin.
« Le maître de l’événementiel »
21
De maître de l’événementiel
à grand entrepreneur
23
24
25
J’ai rencontré Mialy en 1992. Elle avait à peine 15 ans, elle était
un peu plus jeune que moi (elle est née en 1977).
Dès la première rencontre, j’ai été bouleversé par sa simpli-
cité et sa douce beauté. Un jour, je suis allé chez elle, j’ai sonné
au portail et je l’ai vue arriver de loin. Dans ce premier regard
échangé, il s’est passé quelque chose de très fort entre nous. Elle
était très naturelle, elle avait beaucoup d’allure. Elle m’a souri. J’ai
lu sur son visage une forme de bonté et de tendresse aussi. Et en
l’observant, avec son air simple, son regard doux, je me suis dit
tout de suite qu’elle serait la femme de ma vie. Je voyais la mère
de mes enfants, le pilier d’une famille. C’était beau car tout était
simple. Il n’y avait pas de jeu, on était dans la vraie rencontre, les
vrais sentiments. Ce n’était pas qu’une apparence encore moins une
illusion. Je sentais quelque chose se lier entre nous. C’était l’Amour
au premier regard. Pour moi, vivre sans Amour n’est pas une vie
accomplie. Et vivre sans elle me semblait déjà inenvisageable.
27
28
29
Depuis mon plus jeune âge, comme je l’ai déjà écrit précé-
demment, j’ai toujours voulu me rendre utile, être au service des
autres. Avec la maturité, j’ai senti l’envie de me mettre au service
de mon pays, de la nation. Mon patriotisme est intrinsèque en
moi depuis toujours. Et comme je connais Tana comme ma poche,
que j’en mesurais les enjeux économiques et sociaux, je me suis dit
très tôt qu’il y avait d’abord quelque chose à faire pour cette ville
qui m’avait tout donné. Je voulais y apporter le développement,
améliorer les conditions de vie des habitants. Et dès 1999, à tout
juste 25 ans, j’ai voulu être candidat à la mairie. Mais au regard
de l’échiquier politique, je me suis dit qu’il était un peu tôt. Il y
avait déjà Marc Ravalomanana, le grand homme d’affaires qui
avait fait fortune dans les produits laitiers. À l’époque, il était assez
populaire, il était un exemple de réussite avec sa marque Tiko,
fleuron de l’industrie agroalimentaire. Je savais que cela serait très
compliqué de m’imposer. Et puis le maire sortant, Guy Willy
Razanamasy, m’a contacté pour faire la campagne de sa candidate
Lalatiana Ravololomanana. Il m’a proposé de m’occuper de sa
communication. Marc Ravalomanana a fait son dernier meeting de
clôture sur un terrain d’Ankorondrano où se trouve actuellement
« l’immeuble de verre » et moi j’ai organisé le sien au stade d’Ala-
robia. Et cela a été un immense succès. Avec un budget très limité,
j’avais relevé le défi en rassemblant énormément de gens. Il y avait
même eu des feux d’artifice, ce qui était très nouveau à l’époque.
C’était un grand meeting réussi. On y a cru mais la candidate était
trop peu populaire et Marc Ravalomanana s’est imposé facilement
et est finalement devenu maire d’Antananarivo. Plus tard, il y a eu
31
32
34
35
« Mitsangana ry tanora
Mitsangana aza manana ahihahy
’Zao no andro sady ora
Mijoroa sahia tokoa ho lehilahy. »
« Debout la jeunesse
Debout, n’ayez aucune crainte
Voici venus l’heure et le jour,
Osez vous lever
Comme des hommes. »
36
37
durant des semaines ratissé toute la ville, fait des kilomètres à pied,
pour aller au contact des habitants au fin fond des quartiers. Nous
étions allés à la rencontre du moindre électeur.
Les gens nous offraient au passage du Mofo gasy, les beignets à
la farine de riz… On avait vraiment senti l’engouement autour de
nous, un accueil chaleureux. Partout, les gens nous encourageaient
et on recevait régulièrement la bénédiction des personnes âgées.
Et le soir, on a attendu les résultats dans mon QG de campagne
à Tana Waterfront, au siège de mon bureau, à Ambodivona.
Je me souviens à l’heure du décomptage des voix, dès que mes
partisans entendaient mon nom ils criaient : « Bon anniversaire
Président. » Marc Ravalomanana fêtait le jour même ses 58 ans.
Nous avons pris connaissance des premières estimations. Selon mes
propres informations, je menais entre 70 et 85 % dans la plupart
des bureaux de vote de la capitale. On était tous aux anges. Il
y avait beaucoup d’émotion et d’espoir. J’avais même eu 100 %
dans un bureau de vote à Ampefiloha Ambodirano, soit 284 voix
exprimées sur 284 ! Les résultats ont commencé à tomber et le
pouvoir en place a réalisé sa défaite. Devant ma victoire écrasante,
il ne pouvait pas se permettre de trop tricher. Alors, ils ont juste
diminué l’ampleur des résultats. Selon le conseil électoral, j’étais
élu à 63,27 %. Mais en réalité, je l’étais à plus de 70 %. Mais
qu’importe, j’avais gagné… Et devant les bureaux et les locaux
de Viva TV, la foule réunie était en larmes. Pour beaucoup, cette
victoire était incroyable, car il était presque impossible de défier
le parti au pouvoir. En tous les cas, ce 12 décembre 2007 fut l’un
des plus beaux jours de ma vie. À 33 ans j’étais devenu le maire
de la capitale de Madagascar.
Un maire dynamique
envers et contre tout
39
40
41
42
44
45
46
Inauguration de la place
de la Démocratie le 17 janvier
Nous avons préparé nuit et jour l’événement pour que tout soit
prêt le 17 janvier. Évidemment, le pouvoir était contre mais il
était embarrassé, car c’était inconcevable d’interdire l’instauration
d’une place de la Démocratie. Quelques jours plus tôt le Président
avait même dit lors d’un discours le 13 janvier, à quelques jours de
l’expiration de l’ultimatum que j’avais lancé : « Il n’existe guère un
État dans un État. Un maire ne peut donner un ultimatum à un
chef d’État. » J’avais quasiment répondu le même jour du tac au tac
en utilisant un vieux proverbe symbolique : « Aleo halan’Andriana
toy izay halam-bahoaka » : « Mieux vaut être haï par les seigneurs
que par le peuple. » Heureusement pour moi, la communauté
internationale, à travers les diverses chancelleries, soutenait mon
initiative. Mais la veille, dès 4 heures du matin, la place d’Ambo-
hijatovo était déjà encerclée par les forces mixtes de sécurité et
de maintien de l’ordre. D’autres militaires, ceux d’Ambatolampy
et d’Arivonimamo, avaient aussi été appelés en renfort pour blo-
quer les issues. La météo n’était pas vraiment avec nous. Il avait
plu des cordes toute la nuit car nous étions en pleine saison des
pluies. Malgré tout cela, à partir de 6 heures du matin, les gens
commencèrent déjà à affluer et à investir les alentours du jardin.
Puis ce fut comme une vague déferlante irrésistible montant de
très loin. Rien ne pourrait résister à cette mobilisation. À 9 heures,
les hommes en uniforme étaient déjà débordés. La vague humaine
était trop importante. Les forces de l’ordre étaient prises en tenaille
entre les deux tunnels de la ville. À ce moment-là, le général
de gendarmerie m’a appelé. Il était assez nerveux, je sentais que
48
49
irons jusqu’au bout. » J’ai dénoncé les dernières décisions prises par
le pouvoir comme l’achat d’un avion présidentiel, qui n’était pas
prévu dans la loi de finances. Le nouvel Air Force One avait coûté
60 millions de dollars alors que la majorité de la population vivait
sous le seuil de la pauvreté. Ce n’était pas vraiment une priorité !
J’ai également dénoncé l’intention d’octroyer 1,3 million d’hectares
de terres arables pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans à
la société Daewoo Logistics. Les Coréens avaient commencé à
expulser beaucoup de paysans Malagasy de leurs exploitations.
Au regard de la loi, cette action est anticonstitutionnelle d’au-
tant plus que la terre est sacrée pour les Malagasy ! Et puis, j’ai
lancé un nouvel ultimatum à l’attention des autorités centrales en
demandant la démission du ministre du Budget, du ministre de la
Communication ainsi que du ministre de l’Aménagement du ter-
ritoire de l’époque impliqués dans ces affaires. Ils avaient jusqu’au
21 janvier 2009 pour se retirer. L’inauguration de la place de la
Démocratie était désormais plus que symbolique, c’était devenu
le début de la lutte. Une lutte exemplaire et pacifique, il n’y avait
eu aucune échauffourée avec les forces de l’ordre. Et pourtant
nous étions nombreux, plus de 100 000 personnes réunies dans
le centre de Tana. C’était du jamais vu dans la capitale malagasy.
Au fond de moi, je sentais que ce vaste mouvement populaire
était parti pour durer. Plus tard, j’ai relu un article qui résumait
bien l’ambiance de ce jour-là. Il reprenait en partie des bribes de
mon discours : « Malgré le scepticisme de certains, voire le vœu
caché qu’il y ait des incidents de toutes sortes, l’inauguration de la
place de la Démocratie, dans le parc municipal d’Ambohijatovo à
Antananarivo, mérite réellement d’être connue du monde entier.
Primo, par la sagesse ancestrale qu’ont démontrée les Malagasy
d’Antananarivo, représentatifs de tous les Malagasy de Madagascar.
Secundo, la “sagesse” des forces de l’ordre. Tertio, la sagesse et la
foi inébranlable du Maire et de son épouse vraiment bénis de
Dieu. Car il a plu toute la nuit et encore vers 9 heures ce matin.
Mais lorsque Mialy et Andry Rajoelina sont arrivés, le soleil était
au rendez-vous. Cette journée à marquer d’une pierre blanche a
apporté un élément nouveau dans l’Histoire même de la Grande
Ile : le temps est venu de faire l’histoire pour ne plus la subir. Plus
50
jamais. Vox populi, vox Dei. Faire l’Histoire avec le peuple et pour le
peuple. Laissons aux autres la tâche de faire des… histoires. » J’étais
passé du stade de simple maire à celui d’« homme providence » à la
tête d’un vaste mouvement populaire parce que je disais tout haut
ce que tout le monde pensait tout bas. J’étais devenu la voix de la
souffrance populaire. Et je n’ai d’ailleurs jamais cessé de l’être. Je
n’avais peur de rien, j’avais foi en mon combat et en ma religion.
Mon épouse était inquiète bien sûr mais elle me soutenait de tout
son cœur. C’était courageux de sa part, épouse et mère de famille,
d’être présente à mes côtés. Tous mes proches avaient peur pour
mon intégrité physique aussi, mes parents en premier lieu, mes
amis aussi, mais pour ma part, j’étais si sûr de mon combat, que
rien ne pouvait m’arrêter. J’étais comme porté par le peuple. Car
tout le monde espérait alors que Rajoelina allait enfin libérer le
pays de l’emprise autoritaire du Président M. Ravalomanana. Il y
avait déjà beaucoup de militants politiques en prison… Et j’avais
bien précisé ce jour-là à mon équipe qu’il s’agissait d’un combat
spirituel. J’étais devenu le porte-parole des sans-voix.
Les manifestations
sur la place du 13-Mai
52
53
54
L’arrogance
du Président M. Ravalomanana
56
58
59
60
62
63
Le règne de la terreur
65
66
67
La réunion décisive
avec les ambassadeurs
69
71
72
74
75
77
78
80
pour agiter les écharpes orange dans les tribunes. Ils scandaient
nos chants de victoire. Il y avait les chefs de corps de l’armée, la
société civile, toutes les forces vives de la nation Malagasy étaient
là. En revanche, l’absence du corps diplomatique avait été remar-
quée. Marc Ravalomanana avait fait le travail de sape nécessaire
à travers un lobbying auprès de la communauté internationale
pour que les choses se passent ainsi. Il pensait que je le vivrais
comme une humiliation, or pas du tout. Certes, c’était extrême-
ment cruel car notre « révolution » méritait un autre accueil, mais
le plus important c’était d’être entouré du peuple. Car c’était un
moment fort, il y avait beaucoup de sentiments. Nous étions
en communion. Je portais ce jour-là une cravate orange sur une
chemise blanche et un smoking bleu marine. Je voulais que les
Malagasy soient fiers de leur dirigeant. J’étais le jeune Président
d’un vieux pays qui méritait enfin qu’on le respecte. C’était la
fin d’un long combat mené depuis plusieurs mois contre une
« dictature ». Toute la nuit, j’avais préparé mon discours. Je n’ai
d’ailleurs pas arrêté de l’améliorer, de le réécrire, d’y ajouter ici et
là des détails importants que j’avais pu omettre. Je le lisais à voix
haute, le reprenais, même dans la voiture qui m’avait emmené
au stade. C’était mon premier message officiel à la nation en
tant que chef d’État et je ne pouvais me permettre de rater ce
rendez-vous avec l’histoire. Mon idée, c’était d’abord d’appeler les
Malagasy à se rassembler. Je voulais une union des forces vives
du pays pour améliorer ensemble le niveau de vie des citoyens,
pour construire une vraie démocratie. J’étais prêt à réformer le
pays. Ma mission ne serait néanmoins pas simple, sous la pres-
sion de la communauté internationale, elle consistait à organiser
des élections sous vingt-quatre mois. Mais j’avais confiance en
mon équipe. J’ai obtenu ensuite les décorations de président de la
République des mains du grand chancelier, Étienne Ralitera. Et
puis, j’ai prêté serment en levant la main droite. Et lorsque j’ai
débuté mon discours avant de prendre un long bain de foule, j’ai
ressenti une profonde émotion. À nouveau, je voyais les images
de la lutte défiler. Je crois que cela s’est ressenti dans mon entou-
rage, car tous mes proches avaient les larmes aux yeux. C’était
comme la rencontre d’un homme et de son peuple. D’ailleurs,
81
82
83
84
85
La médiation internationale
87
88
Lorsque je suis arrivé au pouvoir fin mars 2009, j’ai d’abord mis
en place un gouvernement issu de notre lutte. C’était une équipe
restreinte acquise à la cause. Nous nous sommes rapidement mis à
travailler pour la reconstruction du pays et j’ai immédiatement lancé
les grands chantiers. J’ai nommé un architecte pour faire le plan des
hôpitaux aux normes internationales. Tous les centres hospitaliers
étaient obsolètes. L’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona
d’Antananarivo (HJRA) datait du début de l’indépendance en
1975. Il portait d’ailleurs le nom d’un leader indépendantiste qui
avait été emprisonné par les Français durant l’époque coloniale
pour son activisme politique. Tout un symbole qui m’était cher !
L’hôpital de Befelatanana avait plus de 90 ans. Tous les centres
de santé du pays avaient vieilli. Et je voulais faire en sorte que les
Malagasy puissent enfin se soigner dignement. Je voulais leur offrir
des hôpitaux dignes de ce nom, avec des matériels aux normes
internationales, avec des scanners modernes. La population avait
beaucoup augmenté depuis 1960 et très peu d’hôpitaux avaient été
construits depuis l’indépendance. J’ai tracé moi-même les grandes
lignes de ce vaste programme de modernisation de notre système
de santé. Nous avons fait les plans avec l’architecte et on a lancé
la construction de six hôpitaux dans chacun des chefs-lieux de
provinces de Madagascar : Diégo-Suarez, Majunga, Tamatave,
Antananarivo, Fianarantsoa, Tuléar. C’étaient des projets concrets
qui touchaient le cœur des Malagasy. Je me suis déplacé en per-
sonne pour inaugurer ces nouveaux lieux de santé ultramodernes.
Et à chaque fois, on retrouvait et le même accueil chaleureux et
le même engouement. Je me souviens notamment de l’ambiance
90
91
92
93
94
95
96
Durant cette période, j’ai tout fait pour maîtriser les dépenses
de l’État. J’ai lutté pour qu’il n’y ait ni gaspillage ni détournement
massif des deniers publics. Cela peut paraître bien prétentieux,
mais je vais rappeler concrètement ce que j’ai mis en place. Tout
d’abord, j’ai instauré une règle de bonne conduite. J’ai donné
comme consigne à tous les ministères qu’une dépense de plus de
200 millions d’Ariary sur les marchés publics devait en être référée
à la présidence. C’était une manière de contrôler les engagements
de dépenses de l’État. Tout investissement en terme de maté-
riel roulant ou d’informatique, toutes les dépenses quelles qu’elles
soient devaient être scrupuleusement contrôlés, car il y avait eu
des abus au début de mon mandat.
En septembre 2011, les choses se sont compliquées lorsqu’un
gouvernement issu de la lutte populaire a été mis en place, juste
après la signature de la feuille de route. J’étais désormais obligé
de diriger avec les différentes mouvances politiques du pays, de
gouverner avec le Premier ministre de l’opposition Jean Omer
Beriziky, issu de la mouvance Albert Zafy. Albert Zafy était très
remonté contre la gestion de M. Ravalomanana, notamment
concernant les exportations illicites de bois de rose. Alors, après
de longues négociations pour le partage des portefeuilles ministé-
riels, j’ai confié à sa mouvance politique le portefeuille du minis-
tère de l’Environnement, des Eaux et Forêts pour qu’il puisse
m’aider à mettre fin à ces trafics. Malgré les difficultés, j’ai réussi
à imposer quelques réformes et obtenir des résultats. Sous Marc
Ravalomanana, à quelques semaines avant sa chute, les autorités
avaient donné l’autorisation à une vingtaine d’entreprises d’exporter
98
99
101
102
d’eux a été tué à bout portant d’une balle dans la tête. Cela nous a
beaucoup marqués. L’objectif de cette opération criminelle visait le
siège de ma société publicitaire Injet et de ma chaîne de télévision
Viva. Le 2 mai 2012, ce fut au tour du centre culturel français
Albert-Camus et d’un magasin Nasa électronique de Tsaralalàna
d’être la cible d’une attaque. Un client avait même été blessé.
Les images des caméras de surveillance ont permis d’y voir plus
clair. La bombe avait été déposée par un partisan de l’opposition
quelques secondes seulement avant l’explosion. Les forces de l’ordre
ont ratissé tout le quartier et interpellé le suspect. Plus tard, une
alerte à la bombe a eu lieu à une station de pompage de la Jirama
à Mandroseza. Un partisan de M. Ravalomanana s’était même
fait exploser tout seul dans sa voiture. Lorsque les policiers ont
perquisitionné chez lui, ils y ont retrouvé un véritable laboratoire
clandestin avec tout le matériel pour commettre des attentats, il y
avait des mèches, de la poudre à canon, des tubes métalliques, des
composants chimiques, des matériels d’assemblage pour fabriquer
des explosifs… Le but de toutes ces actions « terroristes » était
de provoquer un climat de terreur et un sentiment d’insécurité
chez la population. Le plan maléfique de mes ennemis, c’était de
retourner l’opinion contre moi, en m’accusant de ne pas diriger
correctement le pays. Le 20 mai 2010, il y a eu une première
tentative de coup d’État contre mon pouvoir, au camp des FIGN
(Forces d’intervention de la gendarmerie nationale), dont certains
officiers et soldats avaient été manipulés. Nous avons dû envoyer
les forces spéciales pour briser dans l’œuf ce début de mutinerie.
Des partisans de M. Ravalomanana y compris des pasteurs avaient
même rejoint la caserne pour semer le désordre. Quelques mois
après, le jour même du référendum, le 17 novembre 2010, neuf
officiers supérieurs ont pris en otage la Base aéronavale d’Ivato
(Bani). Ils ont fait une déclaration à la presse exigeant la suspen-
sion de toutes les institutions de la transition et en refusant toutes
négociations. Ils clamaient qu’ils étaient prêts à tout pour faire
tomber le régime de transition d’Andry Rajoelina et qu’aucune
négociation n’était possible. Durant toute la nuit, le chef d’état-
major (Cemgam) avec qui j’étais en contact permanent a tenté de
négocier avec les insurgés. Le lendemain, en tant que chef suprême
103
104
L’origine du Ni-Ni…
106
107
108
Mesdames et Messieurs,
110
Mesdames et Messieurs,
111
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Cette décision relève déjà d’une proposition que j’ai faite dans
le cadre des négociations de sortie de crise, depuis l’année 2009,
de Maputo aux Seychelles.
112
Mesdames et Messieurs,
Mesdames et Messieurs,
113
Chers compatriotes,
114
116
117
118
Quelque part, c’était vrai, sauf qu’il avait oublié une des règles :
j’étais le président fondateur du parti et à partir du moment où je
m’engageais, il était logique que la primauté du nom du parti me
revienne et qu’il m’aide dans cette mission. Pour Albert-Camille
Vital, c’était différent, il n’était certes pas affilié au parti, mais
malgré ma demande, il a refusé lui aussi de retirer sa candidature.
Ma candidature a en tous les cas été reçue avec une joie immense
par mes partisans, beaucoup moins par la communauté interna-
tionale. Quelques jours après ma décision, les déclarations ont
fusé de toutes parts. La SADC condamnait le non-respect des
conventions. Le médiateur de la communauté de développement
d’Afrique australe (SADC), Joaquim Chissano, a donné le samedi
13 juillet jusqu’à la fin du mois aux trois candidats très controversés
de l’élection présidentielle Malagasy pour retirer leur candidature
sous peine de sanctions.
Les représentants de la SADC et de l’Union africaine sont
venus me voir au palais. Je leur ai expliqué ma position et ils
l’ont acceptée et comprise. Ils m’ont demandé de proposer une
solution pour sortir le pays de l’impasse où il se trouvait. Ils m’ont
dit : « Si vous retirez votre candidature, personne, ni la SADC,
ni l’Union africaine, ni la communauté internationale en général,
ne pourra empêcher votre candidature en 2018. Il serait sage et
louable pour vous de tenir votre parole en n’étant pas candidat. »
Je leur ai bien expliqué à mon tour que mon objectif n’était pas
d’être candidat, mais que chacun respecte la parole donnée. Et
à la fin de l’entrevue, j’ai accepté en disant : « OK, je retire ma
candidature. » Le lendemain, une loi a été proposée en ce sens en
Conseil des ministres.
« Un candidat qui ne remplit pas les conditions pourra être
remplacé par un candidat de substitution. » Le samedi 17 août,
nous avons fait un nouveau pas vers l’organisation d’une élection
présidentielle reconnue par la communauté internationale. La
nouvelle Cour électorale a entériné le retrait des trois candida-
tures « polémiques » plus sept autres. Il ne restait plus alors que
31 candidats sur les 41 autorisés par la première Cour électorale
le 3 mai précédent. Je me suis réuni avec mon équipe et on
a logiquement choisi « Hery R. » pour devenir un candidat de
119
120
Présidentielles 2013 :
la machine de guerre derrière Hery R. !
122
123
124
125
126
La passation de pouvoir
du 24 janvier 2014
128
129
personnel du palais, les militaires, les officiels, les amis, les proches,
tout le monde est resté sous le perron. Et l’on m’a fait une haie
d’honneur. J’ai marché dans la cour main dans la main avec mon
épouse et mes enfants. J’avais le sentiment d’avoir accompli mon
devoir envers la patrie. Cette image a fait le tour de Madagascar.
C’était un moment d’extrême émotion. Mon épouse m’a gentiment
dit tout bas dans l’oreille : « Je suis fière de toi, Andry, tu es un
grand homme. » Je l’ai regardée avec les larmes aux yeux, en me
disant que c’était bien la femme exemplaire que j’avais épousée. Je
me suis dit que j’avais de la chance, que Dieu m’avait préservé du
pire et offert d’être accompagné dans les moments difficiles par les
plus beaux êtres. Et j’ai observé mes enfants. Ils avaient le sourire
et me disaient : « Bravo dadah. » On a marché comme ça sous
les applaudissements et la fanfare présidentielle. J’ai même vu une
personne s’évanouir devant nous. L’émotion était à son comble.
J’ai tout fait pour garder le sourire mais je sentais une profonde
tristesse autour de moi, sincère, à me voir partir. Et je ne peux
le nier, j’ai senti à cet instant-là un grand vide. Heureusement,
je regardais ma famille et elle me donnait le courage de ne pas
craquer. Nous nous sommes installés dans la voiture. J’ai pris
moi-même le volant. J’avais les miens autour de moi. Il n’y avait
même pas de garde du corps. J’ai regardé par la vitre et je prenais
conscience que je redevenais un simple citoyen. J’ai jeté un coup
d’œil sur le palais. On avait l’impression d’un grand vide au som-
met de l’État. Hery R. était lui-même parti. Drôle de symbole.
Mais au moins, tout s’était parfaitement déroulé. J’avais remis les
clefs du palais, la passation de pouvoir avait été démocratique et
c’était quand même la première fois dans l’histoire de Madagascar.
J’avais exaucé mes vœux. Ce que j’avais dit au Pape, puis au Père
Pedro, prenait tout son sens. « Je veux une sortie démocratique, je
ne veux pas d’autre effusion de sang. » J’étais heureux, je quittais
le palais sans amertume. Le lendemain, le jour de l’investiture du
nouveau Président où je me suis rendu, le stade de Mahamasina
était malheureusement rempli au quart. C’était un mauvais signe.
Car pour le coup, c’était encore une première dans l’histoire de
Madagascar que si peu de monde participait à l’investiture d’un
nouveau Président. J’avais pourtant envoyé personnellement des
130
132
133
134
car comment ne pas être sensible à ce fléau qui ronge notre île
depuis des décennies ? Je suis personnellement très sensible à la
faune et la flore de cette si belle île que je laisserai en legs à la
génération future. Pendant cinq ans, je n’ai cessé d’échanger pour
le meilleur de Madagascar avec des personnalités politiques de pre-
mier rang, des industriels, des investisseurs d’Afrique et d’ailleurs.
Tous ces gens m’ont garanti de leur soutien pour faire émerger
Madagascar. J’ai pris le temps de tisser des relations solides afin
d’être demain accompagné dans mes ambitions de développement.
Et puis j’ai profité de ce recul, pour apprendre et renforcer mes
propres acquis. J’ai beaucoup lu, j’ai suivi plusieurs formations
politiques et diplomatiques… J’ai voulu tirer les conclusions du
passé, de certaines de mes erreurs, pour mieux me projeter dans
l’avenir. Pendant ce temps, la situation ne cessait de se dégrader
à Madagascar, l’inflation est aujourd’hui à 45 %, et notre mon-
naie a énormément perdu de sa valeur. Quand j’étais à la tête du
pays, 1 euro était équivalent à 2 800 Ariary or aujourd’hui 1 euro
est équivalent à 4 000 Ariary ! En 2018 nous sommes devenus le
5e pays le plus pauvre du monde, même les Comores sont passées
devant nous en se plaçant au 22e rang devant Madagascar. Loin de
mon pays, j’avais envie de me révolter, je sentais la colère monter
mais la sagesse me disait de me taire. Tous mes proches colla-
borateurs ont dénoncé et tenté de lutter contre les malversations,
les mauvaises pratiques, la corruption, et ils ont tous été arrêtés
et emprisonnés. Les ponts ont été définitivement coupés avec le
Président Hery Rajaonarimampianina, qui m’a littéralement tourné
le dos. Et plus tard, j’ai assisté au sommet de la francophonie en
2016, pour marquer l’événement de ma présence. Quand il s’agit
de recevoir des hôtes pour le bien de mon pays, je me dois d’être
là. Ce sommet avait d’ailleurs été acté sous la transition. C’était un
geste de bonne volonté de ma part, pour montrer que j’étais dans
de bonnes dispositions, et non pas « revanchard ». Le Président
m’a néanmoins regardé de travers pendant toute la cérémonie. Son
regard était très parlant. Et au contraire, au lieu de dialoguer, il a
toujours utilisé la force et la loi pour nous persécuter, mon camp
et moi. Il nous était interdit de contester son pouvoir, même nos
élus ne pouvaient à peine se réunir. Ce qui me faisait le plus mal,
135
136
138
139
140
141
143
alors que sur une table, si. Tout ceci manquait de transparence.
Le pouvoir avait aussi réduit la durée de la campagne électorale
du second tour de quinze à sept jours, faire une tournée sur toute
l’île devenait une tâche impossible. En revanche cela permettait de
masquer les différences entre les deux candidats et de détourner
ainsi le choix de la population. Même pour l’élection d’un chef
de quartier, on lui donnait dix jours pour faire campagne. Alors
que là, il s’agit d’élire un président de la République qui engagera
pour les cinq années à venir la vie et l’avenir d’une population de
25 millions d’habitants. Enfin, le pire, pour faire adopter ces lois,
le pouvoir avait usé de toutes les manœuvres. Ils avaient confiné
des députés dans un hôtel cinq étoiles, le Paon d’or, sur la route
de l’aéroport. Ils avaient tout fait pour convaincre ces députés et
les persuader d’adopter les nouvelles lois électorales, en échange
de 50 millions d’Ariary (12 500 euros) chacun et cela au vu et au
su de tout le monde. L’événement avait même été rapporté par
toute la presse nationale. La séparation des pouvoirs n’existait plus
car le Premier ministre, les présidents du Sénat et de l’Assemblée
nationale, ainsi que quelques ministres ont défilé à l’hôtel, devenant
ainsi complices des élus corrompus. La Constitution a été pour la
énième fois bafouée.
Pendant ce temps, de mon côté, j’ai réuni les députés de notre
parti ainsi que d’autres groupes parlementaires. Nous avons dis-
cuté du danger de ces lois pour le pays, de leur devoir de suivre
le droit chemin et de respecter le peuple qui a voté pour eux. Un
des députés était même venu vers moi pour me confier qu’il avait
tremblé de peur avant de refuser sans équivoque le sac rempli
d’argent que les émissaires du gouvernement lui avaient tendu
afin de l’acheter. « Je remercie le ciel » disait-il en s’agenouillant
« car je n’ai pas succombé à la tentation. » Plusieurs autres députés
n’étaient pas tombés dans ce piège. Il y eut donc une scission au
sein de l’Assemble nationale.
144
145
146
147
148
Il fallait faire vite car nous n’avions que sept jours pour mettre en
place le gouvernement. Le jour de la mise en place du gouverne-
ment, le nouveau Premier ministre n’avait toujours pas la liste des
ministrables du parti du pouvoir. Cela était totalement contraire
à ce qui avait été convenu. En début d’après-midi, après avoir
patienté toute la matinée en vain, le nouveau Premier ministre s’est
rendu directement au palais présidentiel pour réclamer les noms
car il voulait s’entretenir logiquement avec les futurs membres de
son gouvernement. Chose qui n’a pas pu se faire. Le président de
la République a finalement présenté la liste au dernier moment,
ce qui prouvait au passage une certaine mauvaise foi.
Le nouveau gouvernement a finalement été nommé en fin de
journée.
149
De grandes rencontres
avec les grands hommes qui m’ont inspiré
Père Pedro
151
Muammar Kadhafi
152
fois arrivés sur place, à Tripoli, nous avons été très bien accueillis.
Une délégation est venue nous récupérer sur le tarmac. Puis, on
nous a installés dans un hôtel de la capitale, en nous expliquant
qu’il faudrait patienter. Par mesure de sécurité, on ne connaissait
pas l’agenda du « Guide ». Nous avons passé la matinée à l’hôtel,
puis on nous a annoncé que la rencontre était prévue pour le len-
demain, sans précision sur l’heure ni le lieu. Alors nous sommes
sortis dans les rues de Tripoli. Nous avons visité la ville. Elle était
calme, moderne, éclectique et vibrante. On était admiratifs de
l’ordre qui y régnait, de l’état de propreté de la capitale. Dans les
stations-service, le prix de l’essence était quasiment gratuit. On
nous a aussi expliqué que chaque famille recevait une aide finan-
cière de l’État. C’était un pays où le soutien social était visible et
cela était inspirant. La Libye de Kadhafi donnait l’impression de
bien fonctionner. Le lendemain matin, un 4 × 4 blindé est venu
nous chercher. Nous avons roulé pendant assez longtemps dans
une zone hautement sécurisée. C’était très impressionnant, car il
n’y avait aucun bâtiment, mais des murs barbelés interminables.
Finalement, nous nous sommes retrouvés face à un grand chapi-
teau planté au milieu de nulle part. C’était la tente de Kadhafi en
plein désert. Et il nous a accueillis avec un grand sourire, juste à
la sortie de la voiture. Il était entouré de ses proches conseillers. Il
nous a invités à entrer dans cette immense tente bédouine. C’était
un enchaînement de salons arabes. Nous nous sommes assis sur
des sofas traditionnels. Nous avons alors longuement échangé sur
la situation à Madagascar. Ce qui m’a surpris, c’est que très vite,
il m’a appelé « mon fils », en ajoutant : « Je me revois dans votre
situation, dans votre jeunesse et votre détermination. » Il était très
à l’écoute et à un moment il a pris la parole : « Le pouvoir appar-
tient au peuple ! Sachant que l’ancien président de Madagascar
a démissionné et que la Haute Cour constitutionnelle de votre
pays a validé votre nomination à la tête de l’Etat, la communauté
internationale ne doit plus se mêler de vos problèmes internes. »
Et il m’a conseillé alors d’organiser un « plébiscite », c’est le mot
qu’il a utilisé, c’est-à-dire un référendum pour légitimer davantage
mon pouvoir. Avec du recul, j’aurais dû suivre ses conseils. On est
restés plusieurs heures ensemble. C’était très détendu et amical.
153
Nicolas Sarkozy
154
Shimon Peres
155
mon pèlerinage en Israël, sur les Lieux saints, juste après Noël. Je
voulais porter en prière la mission qui m’était assignée. Nous étions
en famille et il y eut alors beaucoup d’émotion et de connexion
spirituelle. Nous avons traversé la fameuse mer de Galilée et là,
sur les flots, je me suis remémoré la traversée de Jésus et de ses
apôtres décrite dans la bible.
« Un jour, Jésus monta dans une barque avec ses disciples. Il
leur dit : “Passons sur l’autre rive du lac.” Et ils partirent. Pendant
qu’ils naviguaient, Jésus s’endormit. Un tourbillon s’abattit sur
le lac, la barque se remplissait d’eau et ils étaient en danger. Ils
s’approchèrent et le réveillèrent en disant : “Maître, maître, nous
allons mourir.” Il se réveilla et menaça le vent et les flots. Ceux-ci
s’apaisèrent et il y eut un calme plat. Puis il leur dit : “Où est
votre foi ?” » Luc 8.22.
156
Le Pape François
157
159
160
161
163
164
« Quel bonheur de vous voir ici, tous réunis, portés par l’Amour
et l’espoir ! Nous sommes une famille et vous êtes de vrais amis.
Merci d’être là ! Merci ! » J’ai terminé mon allocution sous un
tonnerre d’applaudissements. Je me suis ensuite dirigé vers ma loge
accompagné de mon équipe. J’étais essoufflé par l’émotion et mon
cœur battait la chamade. On me dit de patienter, tout était minuté.
Le succès d’un événement réussi repose sur un timing parfait ! Je
suis un perfectionniste ! Je ne laisse rien au hasard.
Concentré, j’entendais les tambours rythmer les cris de la foule
à l’intérieur du Palais des sports. Je sentais le moment approcher
au fil des accords de la nouvelle musique que j’avais composés
avec mon équipe.
165
166
167
168
169
170
172
173
174
175
176
Chers concitoyens,
Vive Madagascar !
Je vous remercie.
178
Mesdames et Messieurs,
Mesdames et Messieurs,
Nous avons partagé avec vous tous les problèmes, tous les fac-
teurs de blocage, et sans tergiversation, vous vous êtes attelé à
chercher des solutions concertées avec nous, en restant toujours à
notre écoute et en nous appuyant.
179
180
Mesdames et Messieurs,
181
182
Monsieur le président,
184
185
Vous savez tous, autant que moi, que la Grande Ile de l’océan
Indien a vécu, depuis la fin de l’année 2008, une crise politique.
186
187
188
Andry Rajoelina
Président de la transition de Madagascar
Honorables délégués,
Mesdames et Messieurs,
Selon l’adage bien connu « jamais deux sans trois », c’est effec-
tivement pour la troisième fois consécutive que j’ai le privilège
de m’exprimer devant cette auguste assemblée, en ma qualité de
président de la transition de Madagascar.
190
Monsieur le président,
191
192
Des efforts doivent être désormais fournis, pour faire cesser les
inégalités de traitement, des pays en crise politique. Il faut prendre
connaissance de l’aspiration populaire et de la réalité sur le terrain,
pour ne pas se tromper sur la décision à prendre. Ce qui est valable
ailleurs ne l’est-il pas pour autant pour Madagascar ?
193
194
Andry Rajoelina
Président de la transition de Madagascar
En effet, ces dernières années ont été marquées par des diver-
gences de points de vue, de différends politiques et de contra-
diction d’intérêts. Le monde est face aujourd’hui à de nouveaux
enjeux de stabilité et de maintien de la paix. Plusieurs moyens et
initiatives ont certes été déployés pour résoudre les conflits qui
ne sont pas homogènes et des différends qui ne se présentent pas
toujours de la même manière. Les intérêts sont variables et les
modes de traitement sont inégalitaires.
Auguste Assemblée,
196
197
198
C’est le défi que nous relevons. Il est maintenant plus que temps
de procéder à la réforme en profondeur d’un système efficace, res-
pectueux, à la hauteur des attentes de nos populations respectives,
sans oublier évidemment la nécessité de doubler, voire tripler, les
engagements dans la lutte contre la pauvreté et le développement
durable. Ici, aujourd’hui, je lance un appel à la solidarité inter-
nationale à acheminer cette transition vers la construction d’un
avenir plus prometteur, sans nous asphyxier !
199
200
Andry Rajoelina
Président de la transition de Madagascar