2015 Chap1 Cours Arthro
2015 Chap1 Cours Arthro
2015 Chap1 Cours Arthro
LES ARTHROPODES
Introduction
Le terme biodiversité désigne la variété et la diversité du monde vivant. La
biodiversité peut être décrite aux plans de la diversité des gènes, des espèces et des
écosystèmes. Le quatrième plan d’exploration est constitué par la biodiversité
fonctionnelle (variété des interactions à l’intérieur des trois autres plans et entre eux).
La biodiversité est donc constituée par l'ensemble des êtres vivants, de leur matériel
génétique et des complexes écologiques dont ils font partie.
La diversité génétique permet des variations entre individus d'une même espèce. La
diversité des gènes due à l'hérédité (mélange des gènes parentaux) diffère de celle
due à l'environnement (plus de chances de se reproduire pour les individus mieux
adaptés). Le spectre d'action de la sélection naturelle est directement lié à la
diversité génétique ; ainsi, sa forte réduction (érosion génétique) induit des
perspectives d'évolution réduites et l’augmentation du risque d’extinction de l’espèce.
La diversité des espèces sur un territoire donné (= richesse spécifique) est
caractérisée par le nombre d'espèces qui y vivent. Ainsi, la mesure de l'endémisme
des espèces d'une région permet de savoir si celle-ci contient des espèces rares
(trouvées dans peu de régions, voire à un seul endroit) ou communes. Il faut aussi
tenir compte de l'éloignement (évolutif) entre les espèces dans l’appréciation de la
diversité d'une région (plus riche si les espèces sont éloignées). La plupart des
études sont axées sur la biodiversité des espèces, jugée plus importante.
La diversité des écosystèmes correspond à la diversité des habitats ou des
communautés : climat, biogéographie, végétation existante et potentielle, etc. La
diversité d'un écosystème est généralement marquée par les proportions des
différentes espèces qu'il contient : diversité accrue (proportions d’espèces
équivalentes) ou diminuée (espèces prédominantes + espèces minoritaires).
La biodiversité représente, en tant que telle, une ressource naturelle essentielle pour
l’Homme : production alimentaire et médicamenteuse, industrie, recherche
scientifique, écotourisme, etc. Or, avec 80% des espèces animales connues, les
Arthropodes constituent un exemple majeur de biodiversité. Axé sur leur étude, le
cours « Diversité & Evolution du Monde Animal III » (DEMA3) a pour objectif général
d’élargir les connaissances des étudiants (L3/BCGS) sur le monde animal et, comme
objectifs spécifiques : répertorier les caractères descriptifs et adaptatifs des
Arthropodes ; caractériser les structures associées à leurs principales fonctions
(locomotion, alimentation, respiration, excrétion, reproduction et perception de
l’environnement) ; argumenter leur importance socioéconomique ; établir les critères
distinctifs de leurs principaux taxons systématiques.
Mots-clés : Biodiversité, arthropode, cuticule, métamère, pollinisation entomophile,
ravageur phytophage, succès évolutif, tagmatisation, vecteur, vie sociale
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LES ARTHROPODES
DEFINITIONS ET CARACTERES GENERAUX
Définitions
Les Arthropodes sont des Métazoaires Triploblastiques, Cœlomates, Hyponeuriens
et Protostomiens (blastopore de la gastrula = bouche bouche formée
primitivement) ; leur corps métamérisé présente une symétrie bilatérale. Ils sont
représentés dès le cambrien (-560 millions d’années) par des formes aquatiques.
Les animaux triploblastiques se répartissent en deux groupes : les Acœlomates et
les Cœlomates ; ces groupes sont différenciés par la structure du mésoderme qui
peut donner, soit un tissu épais (cas des Acœlomates), soit un tissu creux favorisant
l’apparition de vésicules chez les Cœlomates.
Les Arthropodes présentent des caractères d’Annélides comme une chaîne
nerveuse ventrale et une segmentation apparente. Mais ils ont aussi des caractères
de Mollusques avec par exemple, un cœlome réduit et un appareil circulatoire
ouvert. Néanmoins, ils présentent des caractères particuliers :
1) L'épiderme recouvert d'une cuticule épaisse contenant de la chitine constitue le
caractère majeur auquel sont subordonnés les caractères suivants ;
a) Métamères avec appendices articulés (primitivement, une paire par
métamère) ; ces appendices peuvent disparaître ou se spécialiser, selon
leur position sur le corps : perception sensorielle, mastication, locomotion,
reproduction, etc. ; chaque articulation ne pliant que dans un plan, les plans
articulaires alternés permettent des mouvements omnidirectionnels.
b) Présence de muscles spécialisés, individualisés et rattachés à
l’exosquelette : absence de couche musculaire continue comme chez les
Helminthes ; en effet, des muscles qui uniraient un point à un autre d'un
même segment rigide ne serviraient à rien chez les Arthropodes qui ne se
déplacent que par les mouvements de leurs pattes articulées ;
c) Existence de membranes articulaires, notamment à la limite des segments
successifs : en effet, si une carapace d'une seule pièce est admissible chez
les némathelminthes (parasites peu mobiles), elle est inconciliable avec la
mobilité des arthropodes ;
d) Absence de cils vibratiles sur les épithéliums ectodermiques (épiderme) ;
e) Mue et croissance discontinue : l’accroissement du corps est gêné par la
cuticule rigide ; les arthropodes doivent donc s’en débarrasser de temps en
temps pour leur croissance ;
2) Par ailleurs, les Arthropodes possèdent d’autres caractères particuliers :
a) Cœur contractile (= vaisseau dorsal) placé dans un sinus péricardique ; le
sang pénètre dans le cœur par des orifices latéraux paires (ou ostioles) ;
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La métamérie est un type d’organisation qui consiste en une répétition, suivant l’axe
antéropostérieur du corps, d’une unité d’organisation appelée métamère, segment
ou somite. La métamérisation apparaît lors du développement de l’embryon ou de la
segmentation d’ébauches méso- ou ectodermiques. La disposition régulière de ces
unités structurales et fonctionnelles se traduit par une répétition périodique
d’organes ou de fragments d’organes. Cette série de métamères est précédée et
suivie par 2 anneaux qui n'ont pas valeur de métamère (car dépourvus de vésicules
coelomiques) : habituellement indiscernable, l'acron ou prostomium (en arrière
duquel s'ouvre la bouche) renferme le cerveau primitif (protocérébron) ; le telson ou
pygidium, dépourvu de ganglion nerveux, porte l'orifice anal ; le soma est la région
métamérisée comprise entre acron & telson. Généralement, les Arthropodes primitifs
ont un grand nombre de segments (pouvant être indéfini), ce nombre étant réduit et
fixe chez les ‘’formes modernes’’.
1. Plan d’organisation d’un métamère
Chaque métamère est encadré par plusieurs plaques squelettiques : une pièce
dorsale très rigide, en forme de toit, ou tergite ; une ventrale, convexe, ou sternite ;
deux latérales (pleurites) qui unissent tergite et sternite. Ces différents éléments
squelettiques tégumentaires peuvent être soudés bord à bord. Mais généralement,
ils sont unis par des membranes articulaires minces et souples, observées
également aux limites antérieure et postérieure de chaque métamère ; ceci permet
certains changements de volume (malgré la rigidité cuticulaire) en liaison avec la
ventilation du système trachéen ou la maturité ovarienne. C’est également à la
jonction de ces plaques que s’insèrent les appendices articulés et, dans le cas
particulier des Insectes, les ailes. Au plan anatomique, un métamère est traversé :
- En son milieu par le tube digestif ;
- Médio dorsalement par le vaisseau dorsal contractile ;
- Médio ventralement par la chaîne nerveuse (une paire de ganglions ou
neuromères par métamère) ; les organes d’un métamère sont innervés par les
nerfs issus de la paire ganglionnaire correspondante ;
- Par 4 faisceaux musculaires longitudinaux (2 dorsaux et 2 ventraux) insérés
sur des replis chitineux ou apodèmes marquant les limites réelles des
métamères (rappel : la musculature circulaire a disparu !).
L’appareil respiratoire présente également une disposition métamérique et,
globalement, chaque métamère comporte, en principe, les mêmes éléments.
2. Altérations de la métamérie
Typiquement annélidienne, la métamérie des Arthropodes se distingue
néanmoins par son caractère exclusivement hétéronome marquée par la
tagmatisation : les métamères assurant de multiples fonctions s'ordonnent pour
former des régions morphologiquement distinctes ou tagmes qui se spécialisent pour
remplir des fonctions particulières. Cette spécialisation montre le haut degré
d’évolution atteint par les Arthropodes, les Insectes en particulier. Chez les
Arthropodes, l’altération de la métamérie résulte de deux phénomènes majeurs :
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Une des particularités des cellules épidermiques, c’est d'émettre, au pôle apical, de
très fins prolongements ou canalicules des pores (impliqués dans le transport de
matériaux d'imprégnation de la cuticule). Il existe 2 types particuliers de cellules
épidermiques : œnocytes et glandes épidermiques.
2. La cuticule
La cuticule peut rester molle comme chez les larves des Insectes et de certains
Arachnides. Mais généralement, les téguments des Arthropodes acquièrent une
dureté assez considérable par la présence, dans la cuticule, soit d'une substance
particulière appelée chitine, soit d'une quantité considérable de sels de calcium et de
magnésium, comme chez beaucoup de Crustacés et quelques Myriapodes (Iules).
2.1. Structure générale de la cuticule
Dans ses zones les plus dures et les plus rigides (sclérites), la cuticule apparaît
constituée de 5 couches principales, à savoir : d'une part, une couche de cément,
une couche cireuse et l’épicuticule sensu stricto qui forment l'épicuticule sensu lato ;
d'autre part, une exocuticule et une endocuticule qui forment la procuticule.
1°) L'épicuticule (s.l.)
a) Produite par les glandes épidermiques, la couche de cément, très mince (1µm
environ), apparaît quand la nouvelle cuticule est achevée. Parfois absente, elle est
probablement représentée par un mélange de trois types de sécrétions (lipides,
protéines et polyphénols) qui aboutit à la formation d'une lipoprotéine tannée ; elle
constitue une sorte de vernis protecteur de la couche cireuse.
b) Formée de longues chaînes de paraffines et d'esters d'acides gras non saturés, la
couche cireuse (0,5-1µm) est absente chez les Crustacés, caractéristique des
arthropodes terrestres (insectes et arachnides) dont elle assure l'imperméabilité du
tégument. La cire est sécrétée par l'épiderme (dans les œnocytes) et transportée
jusqu'à la surface par les canaux ciriers, juste après la mue.
c) Formée de lipoprotéines tannées, l'épicuticule (s.s.) (1-2µm) est la première
couche sécrétée lors de la mue (pré-exuviale), donc immédiatement après l'apolyse.
Produite par l'ensemble des cellules épidermiques, elle participe à l'imperméabilité
du tégument et contient des substances antifongiques ; elle jouerait un rôle dans la
transmission de signaux chimiques (Ex. : phéromones = productions tégumentaires).
2°) La procuticule
La procuticule est traversée sur toute son épaisseur (10 à plusieurs centaines de
micromètres) par les canalicules des pores.
a) Couche dure, stratifiée et de couleur ambrée, l'exocuticule est surtout constituée
de scléroprotéines tannées (sclérotines), comparables à la kératine des Vertébrés.
Sécrétée avant la mue (couche pré-exuviale), elle contient également de la chitine.
b) Zone lamellaire non tannée, l'endocuticule épaisse, élastique et incolore est
constituée de chitine associée à un groupe de protéines plus ou moins solubles,
l'arthropodine, sous la forme de glycoprotéines. Sécrétée après la mue (couche post-
exuviale), sa structure lamellaire témoigne de sa sécrétion périodique.
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3. Couleur du tégument
La coloration du tégument provient de deux sources fondamentalement différentes :
une source pigmentaire, c'est-à-dire que la teinte observée est d'ordre physique sur
support chimique ; une source physique, correspondant à une réponse sélective de
certaines parties de la cuticule à la lumière incidente.
3.1. Coloration pigmentaire
Elle est due à des pigments qui se fixent dans l'épiderme, la cuticule, l'hémolymphe
et le corps gras. On en distingue 2 types :
1) Les pigments cuticulaires représentés par les mélanines et les caroténoïdes.
Les mélanines sont les plus fréquentes et se situent généralement dans l'exocuticule
qu'elles colorent en noir, brun et jaune. Liée à la sclérotinisation, la mélanisation
dépend du métabolisme de l'animal et de divers facteurs externes.
Les caroténoïdes proviennent de l'alimentation et colorent l'insecte en rouge, en
orange et en jaune (Ex. : coloration en jaune des criquets du genre Schistocerca par
la β carotène).
2) Les pigments épidermiques et sous épidermiques à l’origine de couleurs
instables, pouvant disparaître après la mort de l'animal.
3.2. Coloration structurale ou physique :
Elle dépend de la structure des surfaces du tégument. Trois procédés physiques
sont à l'origine de cette coloration :
La réflexion : La lumière tombée sur le tégument se réfléchit dans toutes
les directions par les irrégularités du corps.
L'interférence : Les couleurs résultent de la réflexion de la lumière sur des
surfaces superposées équidistances.
La diffraction : La couleur de l'insecte change dans ce cas soit par un
changement, soit par une mobilité de l'angle de vision.
4. Aspects du tégument
1) L’homochromie
Chez les arthropodes, se camoufler consiste à se confondre avec son milieu. De
nombreux insectes sont verts comme les végétaux, bruns ou tachetés comme le sol,
les écorces des arbres. C’est le cas de certains papillons dont les ailes ou le corps
présente une coloration qui les rend invisibles sur les arbres : on pourrait parler d’un
« mimétisme de couleur ». Ces teintes leur permettent de se soustraire partiellement
à l'attention des prédateurs et des proies.
2) L’homotypie (= ressemblance morphologique avec les éléments du milieu)
Elle est observée, par exemple, chez les Phasmoptères et Dictyoptères qui prennent
la forme de brindilles ou de feuilles. On pourrait parler d’un « mimétisme de forme ».
L’homotypie est le plus souvent liée à l'homochromie ainsi qu'à un comportement qui
renforce le camouflage.
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3) Le mimétisme
Pour des insectes comestibles, la ressemblance avec une espèce venimeuse ou de
mauvais goût constitue un avantage contre la pression prédatrice. Les espèces
redoutées sont appelées " modèles "et celles qui leur ressemblent, " mimes".
4) Les couleurs d'avertissement
Les couleurs de divers insectes peuvent effrayer ou surprendre les prédateurs ou
encore détourner leur attention vers les parties du corps les moins vulnérables. Ces
couleurs d'avertissement sont souvent associées à des substances d'odeurs ou de
goûts désagréables, et parfois à des poisons.
5) Reconnaissances intra et interspécifiques
Chez de nombreuses espèces, les colorations sont très importantes pour la
reconnaissance entre individus de sexe différent.
5. Rôles de la cuticule
De par la nature de ses différentes couches, la cuticule a de multiples rôles.
a) Véritable exosquelette (squelette externe), la cuticule apparaît, à certains endroits
sensibles du corps, solide et épaisse comme une armure et, à d'autres comme les
articulations, flexible et mince comme du papier. Ainsi, grâce à l’alternance de
parties rigides et de régions membraneuses souples, la cuticule n’a aucune nuisance
sur la mobilité de l’Arthropode, mais constitue plutôt un élément protecteur (de
l'intégrité de l'organisme) à plusieurs titres :
- A titre mécanique, par sa dureté ;
- A titre chimique, par son insolubilité (lutte contre les agressions chimiques du
milieu extérieur) ;
- A titre métabolique, par son imperméabilité à l’eau : réduit les pertes d’eau par
transpiration (Arthropodes terrestres), limite l’absorption d’eau (Arthropodes
aquatiques) ;
- A titre microbien : en effet parmi les Micro-organismes, seuls quelques
Champignons arrivent à pénétrer à travers le tégument des Insectes. Mais, le
renouvellement périodique de la cuticule constitue un facteur de résistance
particulièrement efficace (surtout chez les espèces à cycle rapide). Donc, la
mue apparaît indispensable non seulement pour permettre la croissance mais
également pour rétablir la protection correcte du corps.
b) La cuticule apporte solidité et relative imperméabilité du tégument, deux
propriétés ayant permis l’invasion terrestre des Arthropodes. Elle assure également
la réception et la diffusion d’informations indispensables à leur subsistance et à leur
adaptation dans leur milieu. La cuticule intervient aussi dans la sensibilité (organes
sensoriels) et dans les fonctions reproductrices avec, par exemple, l’émission de
phéromones ou le développement d’organes reproducteurs. En outre, elle est
impliquée dans les fonctions de nutrition, comme lors de la mue et de la diapause
(réserves de nourriture).
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c) Par la dureté de certains de ses constituants, la cuticule joue aussi le rôle d’un
squelette (tégumentaire) ou exosquelette, au même titre que le squelette (interne)
des Vertébrés. Elle détermine la forme générale du corps, protège les organes
internes et fournit les points d'attache aux muscles.
Cependant, les muscles, nécessairement internes, ne peuvent être ancrés sur la
cuticule, externe, que par l’intermédiaire de structures de liaison ou tonofibrilles
(sortes de tendons) traversant l’épiderme et constituées de microtubules.
L’insertion se fait : soit sur la face interne de l’endocuticule (muscles larvaires peu
importants), soit sur la face interne de l’exocuticule (muscles d’importance
moyenne), ou sur l’épicuticule (s.l.) (muscles puissants).
Lorsque les muscles sont particulièrement importants (/ muscles mandibulaires), on
observe la formation d'apodèmes (invaginations tégumentaires qui renforcent et
augmentent la surface d'insertion musculaire).
NB : Chaque mue, les contacts cuticule/cellule myoépidermique sont renouvelés.
d) L’exosquelette a permis aux Arthropodes d’avoir des appendices articulés ce qui
leur donne un avantage locomoteur sur tous les animaux vermiformes, d’où leur
succès écologique. En effet, grâce à ces appendices, l’arthropode peut se déplacer
sans avoir à utiliser toute la musculature (= animaux à squelette hydrostatique type
Annélides). Chez les Insectes ptérygotes, c’est la cuticule qui donne les ailes, ce qui
permet un déplacement sur de grandes distances.
6. Conséquences de la présence d’une cuticule
Comme tout tégument, la cuticule joue un rôle protecteur ; mais sa rigidité affecte, à
des degrés divers, la morphologie, l’anatomie et la physiologie des Arthropodes.
Ainsi, sa présence a entraîné la réalisation de dispositions caractéristiques de
l’embranchement.
1°) Absence de cils vibratiles sur tous les épithéliums d’origine ectodermique,
particulièrement l’épiderme : aucun mouvement de relation n’est donc effectué par
des cils (idem chez les Nématodes).
2°) Fragmentation du corps et des appendices en éléments rigoureusement rigides
qui ne peuvent subir aucune modification de forme. La division du corps n’est donc
pas le fruit du hasard : elle reflète sa métamérisation.
3°) Présence de membranes articulaires souples et de zones d’articulations
Une carapace d'une seule pièce (comme chez les Némathelminthes, animaux
parasites et peu mobiles) est inconciliable avec la mobilité des Arthropodes, d’où les
aménagements notés au niveau de la cuticule : entre 2 sclérites ou 2 segments
successifs, la couche rigide (l’exocuticule) s’interrompt et l’épicuticule repose
directement sur l’endocuticule, ce qui aboutit à la formation de membranes
articulaires souples : l’imperméabilité est maintenue et la souplesse (permettant les
mouvements du corps) acquise.
Le mouvement étant assuré par la musculature, les apodèmes sont fréquents de
part et d’autre des membranes articulaires.
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Entre les segments d’un appendice ou entre celui-ci et le corps, les membranes
articulaires s’avèrent insuffisantes, d’où des articulations mettant en jeu un ou 2
condyles articulaires qui s’emboîtent dans des cavités glénoïdes.
4°) Existence d’une musculature développée et de muscles très individualisés
En effet, des muscles qui uniraient un point à un autre d'un même segment rigide ne
serviraient à rien. Il n'y a donc pas, chez les Arthropodes, une couche musculaire
continue, mais des muscles spécialisés et individualisés : les mouvements ne
dépendent que de la musculature qui anime les appendices locomoteurs.
5°) Le renouvellement de la cuticule
La présence d’un exosquelette inextensible entrave le développement post-
embryonnaire de l’Arthropode qui, périodiquement, doit abandonner son tégument
devenu étroit pour en prendre un plus grand : c’est l’exuviation qui intervient à la fin
de phénomènes complexes constituant la mue. Ces phénomènes induisent le
caractère discontinu de la croissance des Arthropodes.
6°) Soies sensorielles
Le tégument des Arthropodes est ornementé par un certain nombre d’éléments
(épines, éperons, soies) dont les plus importants sont les soies qui peuvent :
augmenter le rôle protecteur du tégument (soies transformées en écailles des ailes
de Papillons) ; permettre la collecte de nourriture (soies collectrices des pattes
d’Abeilles retenant le pollen) ; être associées à des neurones dans un rôle sensoriel.
La soie est sécrétée par une cellule épidermique particulière, la cellule trichogène
qui présente, autour de sa base, une membrane articulaire produite par une cellule
en forme de manchon, la cellule tormogène.
Dans le cas de la soie sensorielle, un neurone bipolaire et une cellule accessoire, la
cellule thécogène, sont associées à ces 2 cellules. La cellule thécogène sécrète une
gaine cuticulaire autour de la dendrite du neurone. Les soies sensorielles peuvent
contenir des mécanorécepteurs ou des chémorécepteurs suivant lesquels la forme
de la soie varie, mais le plan d’organisation décrit reste le même. En réalité, il est
rare qu’un seul neurone soit associé à une soie ; le plus souvent, on trouve de 2 à 10
neurones : on parle alors de sensille.
III. Les appendices des Arthropodes
Les appendices des Arthropodes sont toujours articulés, donc mobiles.
Les morphologistes se sont efforcés d’élaborer un type d’appendice primitif d’où
seraient dérivés, par transformation ou réduction, les différents types réels
d’appendices observés chez les Arthropodes. Ainsi, deux théories sont émises :
Pour les auteurs de la théorie de la structure biramée, le type primitif est
fondamentalement biramé et comporte une base ou protopodite (série impaire
d’articles) sur laquelle s’insèrent 2 rames d’articles : l’une externe, l’exopodite, l’autre
interne, l’endopodite ; le caractère uniramé serait acquis secondairement par
régression de l’exopodite.
Dans le cas des Crustacés, cette interprétation est satisfaisante.
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