Risques

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Chapitre 1

Définition des notions mobilisées


et contextualisation de la Fonction
Risk Manager
Dans ce chapitre, nous présentons les notions mobilisées. Nous décrivons
ensuite la naissance de la Fonction Risk Manager et cherchons à comprendre
pourquoi, à un moment donné, les grandes entreprises françaises ont décidé
de la mettre en place, montrons comment elle s’est constituée, a évolué
jusqu’à aujourd’hui, identifions les acteurs de l’émergence et de l’évolution
de la fonction. Nous interrogeons enfin la fonction en proposant une
explication théorique de son émergence et en mettant en perspective ses
évolutions futures.

Définition des notions mobilisées : risque,


gestion des risques, Risk Manager
Le risque
Définition
La définition du risque fait l’objet d’un consensus : c’est « un aléa
dont la survenance prive un système d’une ressource et l’empêche

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RISK

d’atteindre ses objectifs » (Wibo, 2000). D’autres définitions peuvent être


évoquées : « Une situation dont l’occurrence est incertaine et dont
la réalisation affecte les objectifs de l’entreprise qui le subit. »
(Barthélémy, 2000). « Un danger, inconvénient plus ou moins probable
auquel un individu, un acteur est exposé. » (Larousse).

Une notion ancienne


La notion de risque est ancienne, ancrée dans la société et associée à une
connotation de peur, de danger. Quand Beck (2001) affirme que notre monde
est le premier à être confronté au risque suprême de la destruction de la
vie sur la terre, de la fin de l’Humanité, Méric et al. (2009) rappellent que
les Aztèques redoutaient le retour du Néant provoqué par l’arrêt de la course
du soleil et ainsi l’ancrage du risque dans l’histoire de l’Humanité. Dans cet
ouvrage, les auteurs rappellent que le mot français daterait du XVIe siècle
et que son étymologie serait liée à l’activité commerciale maritime (le
risque que court une marchandise), avec comme postulat implicite, les
conséquences néfastes de l’occurrence du risque. Laperche (2003) établit un
lien entre le risque, expression du danger et la nécessité de le récompenser ou
de le réduire.

La notion de risque n’est pas nouvelle dans les entreprises (Knight, 1921). Il
est présent dans toute action, fait partie de l’univers des entrepreneurs
(Schumpeter, 1926) ; il est inhérent à toute décision :
« Décider, c’est choisir, en univers incertain notamment, c’est prendre
un risque en espérant que le choix s’avérera a posteriori judicieux. »
(Persais, 2003). Le risque est ainsi à rapprocher de l’action. La prise de risque
est en soi la conséquence de la prise de décision dans un but précis : «
L’évènement non encore survenu qui motive l’action. » (Beck, 1986). Ce
but précis, c’est dans le contexte de l’entreprise la recherche de relais de
croissance, de rentabilité supérieure, de développement de l’organisation.

Pour Beck (1986), le risque et son corollaire le coût du risque, sont à intégrer
comme faisant partie des « effets induits latents » associés à toute activité
économique. Ce coût du risque est à mettre en lien avec la notion de pari sur
l’avenir. La prise de risque implique de se poser la question du coût
d’opportunité : le bénéfice attendu est-il supérieur au coût du risque en cas de
survenance ? Ce questionnement est pour certains auteurs aux origines de
notre société où rationalité économique et éthique du profit se conjuguent
(Méric et al., 2009). Le contrôle et la gestion du risque se positionnent entre
ces enjeux économiques de

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DÉFINITION DES

pérennisation d’une activité et des enjeux éthiques de responsabilité de la


gouvernance d’entreprise.

Dès 1921, Knight distingue le risque avéré (l’agent possède des informations
concernant la probabilité de réalisation et les conséquences du risque potentiel
(l’agent ne peut pas définir la liste des conséquences possibles d’un
évènement ou ne peut pas déterminer de probabilité de réalisation des
résultats identifiés comme dans l’assurance, avec la loi des grands nombres).

Pourtant, au début des années quatre-vingt-dix, la notion de risque reste floue


: risque et danger, risque et incertitude (« Aléa auquel on ne peut
associer de probabilités objectives. » Knight, 1921), sont souvent
confondus. Malgré cela, il est devenu une variable centrale de la réflexion
organisationnelle des entreprises. Le risque a-t-il changé ?

La gestion des risques


Définition
La gestion des risques est « le processus appliqué tout au long d’un
programme et qui regroupe des activités d’identification, d’estimation
et de maîtrise des risques » (Courtot, 1998). La démarche repose sur une
phase d’analyse à partir de classes de risques (« ensemble cohérent de
risques quant à leur nature et aux responsabilités associées à leur
management ») par phase, cause, origine, fonctionnalités et par risques
organisationnels et humains. Cela permet de distinguer les risques mineurs
des risques majeurs, critiques et catastrophiques. La phase de maîtrise est l’«
ensemble des actions définies et conduites dans le but de réduire et
de maintenir la gravité des risques à un seuil plus ou moins tolérable.
» Elle vise soit à lever, transférer ou atténuer le risque, soit à l’accepter sous
sa forme résiduelle (part qui n’a pu être traitée après les contrôles et actions
appropriées). Elle conduit à la mise en œuvre d’un suivi dans le but de
maintenir ou d’améliorer la visibilité sur le risque et de s’assurer de
l’application des plans d’action. Ce suivi, considéré comme un enjeu majeur,
fait émerger la notion de culture du risque.

Une démarche en cinq étapes


Dans nos travaux (Aubry, 2005), nous avons décrit une démarche de
gestion des risques divisée en cinq étapes, qu’il est important de rappeler.
Elles seront détaillées dans la suite de l’ouvrage (chapitre 4).

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RISK

Étape 1 - Élaboration d’une stratégie de définition


des risques majeurs
L’entreprise commence par définir une stratégie de maîtrise des risques
majeurs à partir de deux niveaux d’identification : les objectifs stratégiques
ou les processus opérationnels de l’entreprise. Le deuxième niveau est
privilégié par les entreprises souvent réticentes à « divulguer » leur
stratégie ou par toutes celles qui se livrent à la
« navigation à vue ». Il consiste pour la direction générale à visualiser
régulièrement les grands risques majeurs permanents qui menacent la
mission de l’entreprise, les quelques grands projets dont la dérive causerait un
tort majeur à l’entreprise et les processus clés constituant le business model
de l’entreprise.

Le business model de l’organisation est le premier dispositif utilisé par les


entreprises. Il ne s’agit pas en soi d’un outil de gestion des risques mais c’est
un prérequis permettant de procéder à leur analyse. Il présente les principaux
processus de l’entreprise et met à sa disposition des éléments d’identification
des risques à tous les niveaux.

Étape 2 - Identification des risques (passés, présents, émergents)


Deux méthodes sont possibles :
- La démarche descendante ou top down consiste à identifier et effectuer
une première estimation des risques auprès des dirigeants (les membres du
comité exécutif) et de leurs principaux responsables (directeurs métier-
zone, directeurs fonctionnels, directeurs opérationnels, par exemple) puis à
descendre vers les opérationnels.
- La démarche ascendante ou bottom up consiste à interroger les
opérationnels les plus proches de l’activité puis les directeurs opérationnels
ou fonctionnels.

L’identification des risques se fait par interview via des questionnaires, des
ateliers, des entretiens individuels…) de chaque responsable stratégique et
opérationnel et par l’utilisation de grilles (best practices). Les outils les plus
libres (ateliers, entretiens individuels, best practices,
comparaisons/benchmarks) sont privilégiés dans le cadre de la méthode
bottom up. Ces outils sont par ailleurs l’occasion de faire travailler ensemble
les membres du personnel et sont le point de départ de la diffusion d’une
culture du risque au sein de l’entreprise.

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DÉFINITION DES

Étape 3 - Évaluer, quantifier, prioriser ls risques et réalisation


de cartographies de risques
Une fois les processus et les risques identifiés, l’entreprise élabore et met à
jour une cartographie. Pour ce faire, elle évalue les risques en fonction de :
- L’impact (gravity) qu’ils pourraient avoir s’ils se matérialisaient. L’impact
est la quantification de la perte engendrée par la réalisation du risque. Les
niveaux d’impact changent selon les entreprises : échelle de 1 à 4 (faible,
moyen/modéré, fort, très fort/catastrophique) ou de 1 à 9, par exemple. Les
niveaux sont associés à des pertes financières engendrées (en euros, par
exemple, ou en numéraire) ou des pertes d’exploitation (en journées de
production).
- La probabilité de survenance appelée aussi l’occurrence (probability). La
probabilité de survenance sont les « possibilités » de réalisation du risque.
Les niveaux de probabilité sont variables selon les entreprises : échelle
de 1 à 4 (rare, peu probable, possible, quasiment certain) ou de 1 à 9, par
exemple. Les niveaux sont associés à une probabilité de réalisation (en
pourcentage) et une fréquence (une fois par jour…). Le résultat de la
combinaison, impact x probabilité, donne le poids du risque et donc son
coût. Concrètement, la cartographie des risques prend la forme d’une
matrice impact/probabilité. Elle est établie par branche, filiale, entité et au
niveau global (corporate).

Elle donne une image synthétique des risques et de leur poids respectif. En
effet, il semble essentiel compte tenu du contexte de chaque entreprise et son
exposition aux risques, de tenir compte de l’importance relative de chaque
risque. Ainsi, si le risque de conformité tend à avoir une importance majeure
en banque, il est à relativiser dans d’autres secteurs d’activité tels que la
grande distribution. Une cartographie permet de qualifier certains risques de
stratégiques (probabilité faible/impact élevé) encore de transférables
(probabilité moyenne/impact moyen), c’est-à-dire susceptibles d’être
traités par l’assurance, donc externalisés tels que les risques d’incendies
d’agences, de tempêtes, d’inondation ; d’autres risques sont appelés
opérationnels (probabilité forte/impact faible), ces derniers regroupant tous
les risques « mal connus » qui peuvent empêcher la réalisation des objectifs
à court terme de l’entreprise et les risques récurrents dont les enjeux
financiers sont importants tels que les risques clients, les risques liés au
système d’information du type de facturation, les fraudes, la fiabilité du
reporting…

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RISK

Elle permet une hiérarchisation des risques analysés conduisant les dirigeants
à se focaliser sur les risques majeurs (« top ten des risques » à gérer, par
exemple) et sur les systèmes de contrôle interne adaptés.

Étape 4 - Identification des dispositifs de contrôle et définition


de plans d’action
Une quatrième étape consiste à analyser les systèmes de contrôle interne :
existe-t-il des dispositifs de contrôle ? De quels types sont- ils (procédures,
chartes, formations, responsabilisation, assurances) ? Sont-ils efficaces,
pertinents, fiables ?

La réponse à la deuxième série de questions se fait à partir de la mesure du


risque résiduel : si le risque résiduel est trop élevé, cela signifie que le risque
est sous-contrôlé ; s’il est faible, le risque est potentiellement sur-contrôlé.
Dans les deux cas, les dispositifs de contrôle sont à revoir.

Les conclusions quant aux dispositifs de contrôle du risque permettent à


l’entreprise de définir un ou des plans d’action (bénéfice/ressources à investir)
destinés à améliorer la couverture des risques majeurs (action sur l’impact
et/ou la probabilité). Ils sont mis en œuvre à travers trois types de dispositifs
(Diard et Maurain, 2003) :
- Un dispositif d’ingénierie pour identifier les risques et repérer, à partir des
items que l’entreprise a décidé d’analyser les bonnes pratiques de leur
maîtrise.
- Un dispositif de déploiement pour mettre à disposition des opérationnels
les bases d’une auto-évaluation de la maîtrise de leurs risques.
- Un dispositif d’audit pour évaluer sur le terrain impact et probabilité de
survenance de chaque risque identifié dans le référentiel puis la pertinence
et la fiabilité de la qualité des contrôles internes existants au regard des
principes de contrôle de référence.

Les plans d’action sont diffusés via la responsabilisation et la mise en réseau.


En face de chaque risque majeur est positionné un responsable chargé d’un
plan d’action (également appelé le « propriétaire » du risque) : un réseau de
responsabilités est ainsi mis en place. Pour chaque famille de risques, des
experts sont choisis pour aider ces
« propriétaires » de risque : un réseau de soutien est mis en place. Un comité
de risques central chapeaute ces deux réseaux.

Ces outils donnent à la démarche de gestion des risques son caractère


dynamique.

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DÉFINITION DES

Étape 5 - Analyse, suivi, apprentissage des risques


Les actions font l’objet d’une analyse, d’un suivi et d’un apprentissage.
L’analyse des résultats se fait en introduisant dans les tableaux de bord des
indicateurs de suivi des actions mises en place et de mesure de maîtrise des
risques mis sous contrôle. Les questions à renseigner sont le choix des
indicateurs, leur fréquence, leur présentation et leur rattachement à un
processowner.

Les résultats font ensuite l’objet d’une communication à la hiérarchie


(conseil d’administration, direction générale, comité de direction, comités
des risques, comité d’audit). La direction générale est informée de la qualité
de la maîtrise des risques dans l’entreprise. Les enjeux de cette dernière
étape sont la transparence vis-à-vis du management et des actionnaires - le
climat de confiance - et la diffusion d’une culture du risque dans
l’entreprise avec l’introduction d’une boucle d’apprentissage collectif.

L’analyse des résultats peut enfin donner lieu à la mise en place de retours
d’expérience. Ils prennent la forme de mises à jour régulières du site de
l’entreprise au fur et à mesure de la réalisation des plans d’action, d’échanges
d’informations entre le terrain et les équipes de management via les bases de
données ou encore de diffusion des meilleures pratiques accessibles à tous.

Ces outils donnent à la démarche de gestion des risques son caractère


opérationnel.

Ces outils sont également nécessaires pour constituer une « mémoire du


risque » en entreprise. L’un des objectifs d’une politique de maîtrise des
risques consiste à fournir un degré de confiance suffisant sur la capacité de
l’entreprise à anticiper ses risques. Cela vaut bien entendu pour les risques
présents et futurs mais aussi, et cela peut être omis, pour des situations déjà
rencontrées par les dirigeants, managers et opérationnels de l’organisation.
L’enjeu n’est bien entendu pas d’enfermer la réflexion sur les risques au
champ de ce qui est déjà connu, mais il consiste à ne pas occulter par principe
ce qui fut traité et serait donc a priori « déjà sous contrôle », partant de l’idée
préconçue que la foudre ne frapperait pas deux fois au même endroit.

« En comité des risques, on nous présente souvent ce qui ne va pas


ou ce qui pourrait ne pas aller, mais on oublie souvent les situations
dans lesquelles ces sujets avaient déjà été traités, débattus, résolus !
… On

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va même jusqu’à oublier que certains projets ont été mis en place
suite à des incidents majeurs. »

« Bien avoir en tête des incidents passés permet de voir quand des
équipes métiers relâchent l’attention. C’est quand on vous demande
de retirer un moyen de maîtrise - des contrôles par exemple, jugés
trop chronophages - au motif qu’on ne voit pas où est le risque, que
les garde-fous sautent peu à peu. Il faut sans cesse réaffirmer les
raisons ayant justifié de couvrir des incidents ou des risques, peut-être
anciens, mais pouvant toujours menacer l’entreprise. »
Cependant, dans de nombreux cas, l’hypothèse d’un apprentissage
organisationnel en matière de risque apparaît théorique.

Le manque de temps ne permet pas toujours de documenter suffisamment des


incidents majeurs ou de capitaliser sur les retours d’expérience (lorsque ceux-
ci sont réalisés) post-crise.

Le fait de penser que des incidents majeurs ne peuvent arriver qu’aux autres
entreprises, qu’aux autres filiales dans un groupe, peut également amener
l’entreprise à en oublier des situations à risques déjà connues. Cela vaut
notamment pour des risques à faible probabilité voire à faible vraisemblance
(risques terroristes, fraudes majeures, cas de fraude interne en bande
organisée, cyberattaques d’ampleur majeure, etc.).

« Lors des revues des risques, on en arrive souvent à éluder tout ce


qui s’inscrit dans un contexte spécifique pour ne retenir que le
générique, cela vide de son sens l’exercice même de cartographie
des risques. »

Peuvent enfin être évoqués le départ de « sachants », la mobilité en interne et


notamment des équipes risques, audit et contrôle impliquant que la mémoire
des incidents n’est pas conservée sur les fonctions dédiées, l’absence
d’appropriation des historiques de pertes par les métiers, la non/sous-
utilisation des bases incidents par des fonctions qui peuvent en avoir l’utilité
(qualité, contrôle de gestion par exemple), la priorisation accordée aux
objectifs opérationnels. La construction d’une mémoire du risque en
entreprise est un long apprentissage s’inscrivant dans la constitution
progressive d’une culture du risque dans l’organisation.

La mise en place des cinq étapes confère à la gestion des risques une
approche globale qui la rapproche de l’Enterprise-wide-Risk-
Management (ERM), modèle anglo-saxon d’une gestion des risques
présentée comme globale et intégrée, dans lequel le rôle des

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DÉFINITION DES

responsables opérationnels devient essentiel. Une gestion des risques qui met
en place les cinq étapes relève de l’ERM ; ainsi décrite, elle est globale au
sens de Louisot (2010)1. Elle est par essence transversale puisqu’elle est là
pour servir les projets, les différentes entités et les processus opérationnels et
managériaux de l’entreprise et qu’elle se positionne en accompagnement
du processus de décision. Elle suppose l’implication du personnel
opérationnel indispensable à une bonne identification des risques. La
démarche de gestion des risques se doit d’intervenir en amont de la
survenance des évènements, les anticiper et non pas seulement valider les
expériences survenues. En cela elle n’est pas seulement une activité de
contrôle : on ne cherche pas seulement la qualité de chacune des opérations
mais la bonne articulation des activités entre elles.

Méthodes de gestion des risques : quelques exemples


Méric et al. (2009) dénombrent une centaine de méthodes chargées
d’anticiper le risque. La réalité est qu’il existe souvent autant de méthodes,
adaptées en pratique, qu’il y a d’entreprises. On note une vraie tendance
cependant à la convergence des méthodes face à un souci de clarifier, faire
simple, rendre pédagogique une science du risque qui souvent tourne au débat
d’expert. Il est essentiel de mettre l’accent sur les risques eux-mêmes et non
sur les méthodologies en elles-mêmes qui ne sont que des manières
d’identifier, d’analyser, de se représenter le risque (Dufour, 2015). Conçues
par des ingénieurs, elles reposent sur une chronologie d’étapes attribuant des
rôles aux différents agents et conduisent à construire une mémoire des
risques.

Nous présenterons plus particulièrement les méthodes des scénarios et les


méthodes dites à dire d’expert couramment utilisées par les Risk Managers
dans le chapitre 5 de l’ouvrage.

Méric et al. (2009) synthétisent les méthodes de gestion des risques en trois
grands types.

1. Modèle anglo-saxon d’une gestion des risques présentée comme globale et


intégrée, dans lequel le rôle des responsables opérationnels devient essentiel.
La notion de globalité introduit tous les éléments d’incertitude liés au futur de
l’organisation, ce que Louisot (2010) englobe sous l’expression « toutes
causes, toutes conséquences, toutes opportunités et menaces » ; elle est «
intégrée », car la gestion des risques doit effectivement l’être à tous les niveaux
de décisions et dans tous les process.

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RISK

Méthodes de gestion des risques


Les méthodes descendantes causes/effets qui relèvent de la
logique de « déclinaison » : par exemple, Analyse Préliminaire des Risques
(APR - US Air Force, décennie soixante) qui repose sur des enquêtes
terrain et des schémas de procédés ; l’objet est de mettre en évidence les
principaux risques susceptibles d’être rencontrés lors de la conception de
systèmes nouveaux ; Analyse des Modes de Défaillance des Composants,
de leurs effets sur le Système et de leur Criticité (AMDEC - Industrie
aéronautique, décennie soixante, aujourd’hui très répandue et
systématiquement utilisée dans les industries « à risques » comme le
nucléaire, le spatial, la chimie) qui repose sur un raisonnement inductif
(causes/conséquences). C’est une démarche probabiliste qui a pour objectif
d’analyser de manière systématique et préventive les défaillances d’un
système technique ou d’un équipement dont les conséquences peuvent
affecter sa fiabilité et sa maintenance ; Hazard and Operability Study
(HAZOP
- Industrie chimique, décennie soixante-dix) opère une analyse des écarts
par rapport à une norme.
Les méthodes stochastiques comme la méthode de l’arbre de
défaillance (US Air Force, Bell Laboratories, décennie soixante) ou
Méthode des Arbres de Causes (MAC) qui propose une représentation
graphique déductive, le diagramme causes/conséquences. Par exemple, la
Méthode de Combinaison des Pannes Résumées (MCPR - Industrie
aéronautique) est mise en œuvre afin de prendre en compte l’effet
systémique des pannes ; l’évaluation probabiliste est effectuée pour tenir
compte du jeu qui s’établit entre incertitude et irréversibilité. Risk and
Opportunity Management Process Improvement Team (ROMPIT -
Honeywell, 1995) est plus dévolue au management de projet.
Les méthodes ascendantes (sous forme de représentations
principalement) partent des effets pour aller vers les causes et relèvent
d’une logique incrémentale sur la base de formalisations dont les
principales relèvent des supports suivants (au point que les logiciels ad hoc
existent aujourd’hui sur ces bases-là) : chaîne de Markov, méthode de
Monte-Carlo, réseau de Petri.

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