Partie 2 - Chapitre 1 Bon - Droit Bancaire
Partie 2 - Chapitre 1 Bon - Droit Bancaire
Partie 2 - Chapitre 1 Bon - Droit Bancaire
PARTIE 2
Au-delà de cet intérêt privé, le secret bancaire est un outil indispensable pour
attirer la clientèle au sein des établissements de crédit. En effet, c’est la certitude que
l’établissement de crédit et son personnel garderont sous silence les informations qu’ils
collectent dans le cadre de leur activité qui conduit les consommateurs à leur faire
confiance.
La notion de secret bancaire n’a pas été consacrée par la convention de 1992
portantes harmonisations de la règlementation bancaire en Afrique centrale. Tout au
contraire, l’article 42 de la convention de 1992 se contente de disposer que tout membre
du conseil d’administration ou du conseil de surveillance d’un établissement de crédit
est tenu au secret professionnel. Il en est de même de toute personne qui à un
quelconque titre que ce soit, participe à la direction ou la gestion d’un établissement
de crédit ou est employée par celui-ci.
1
C’est la loi n°2003/4 du 21 avril 2003 relative au secret bancaire qui a défini la
notion de secret bancaire au Cameroun. La loi n°2022/006 du 27 avril 2022 régissant le
secret bancaire au Cameroun a abrogée cette loi. Si bien qu’aujourd’hui, c’est cette loi
nouvelle qui encadre la mise en œuvre de l’obligation de discrétion par les
établissements de crédit implantés au Cameroun.
Deux observations peuvent être faites ici. Les établissements de crédits ne sont
plus les seules entités soumises au respect du secret bancaire depuis l’entrée en
vigueur de la loi de 2022. Il est ainsi car la nouvelle loi précise à l’article 2 point 5 que
l’expression « établissements assujettis » désigne : les établissements de crédit, les
établissements de microfinance, les prestataires de service de paiement et tout
organisme dûment habilité à exercer les activités dédiées par des lois et des règlements
bancaires.
Par ailleurs, le secret bancaire ne protège les informations, les faits et les actes
connus dans un cadre précis, notamment à l’occasion de l’exercice de la profession
bancaire. Il s’agit donc d’une obligation qui empêche que les assujettis divulguent ce
dont ils ont été témoins (faits et actes), et ce qu’ils ont entendu ou lu (les informations).
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Section 2 : l’identification des personnes assujetties au respect du secret
bancaire
Cela signifie que sur un plan concret, ce sont des individus qui vont violer
l’obligation de confidentialité. Qu’elles sont donc les personnes physiques qui doivent
respecter le secret bancaire ?
L’article 4 de la loi de 2022 dispose à son alinéa 1, que cette obligation pèse sur
toutes les personnes qui, à quelque titre que ce soit, et pour quelque durée ou modalité que
ce soit, participe à la direction, à la gestion, au contrôle ou à la liquidation d'un
établissement assujetti.
L’alinéa 2 de l’article 4 ajoute que la même obligation s'étend aux personnes qui,
sans faire partie du personnel, ont eu connaissance ou accès de manière indue ou
autorisée, aux informations d'un établissement assujetti de par leur qualité, leurs
aptitudes techniques et intellectuelles ou leur fonction.
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La violation du secret bancaire consiste pour un individu à divulguer les actes,
faits ou informations des clients d’un établissement assujetti sans avoir obtenu
l’autorisation du client concerné au préalable.
La notion d’autorisation est très importante car c’est le client qui peut permettre
à l’établissement assujetti de briser le secret bancaire.
L’article 5 de la loi de 2022 dispose à son alinéa 1 que constitue une violation du
secret bancaire :
L’alinéa 2 du même article ajoute que les faits ci-dessous sont assimilés à la
violation du secret bancaire :
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- Le fait d'introduire frauduleusement des données dans un
système de traitement automatisé des données d'un établissement de crédit
ou de supprimer, de modifier frauduleusement les données qu'il contient.
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- Le fait pour un établissement assujetti de laisser examiner ses livres et bases
de données sur injonction du tribunal, dans les conditions définies par l’Acte
Uniforme de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des
affaires (OHADA) relatif au droit commercial général.
- La communication, par quelque moyen que ce soit, d’informations à
l’administration fiscale dans le cadre du droit de communication tel que
prévu par le code Général des Impôts et les conventions internationales
conclues par le Cameroun en matière fiscale ;
- La communication, par quelque moyen que ce soit, d’informations à
l’administration douanière dans le cadre du droit de communication tel que
prévu par le code des Douanes de la CEMAC, ainsi que les conventions et
accords internationaux conclus par le Cameroun en matière douanière.
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Le secret bancaire est inopposable aux institutions supérieures de contrôle des
finances publiques (l’article 9 de loi de 2022), aux agents mandatés par
l’administration fiscale et assermentés, agissant dans le cadre d'une procédure de
communication écrite telle que prévue par le Code Général des Impôts, aux
fonctionnaires de la Douane assermentés agissant en matière de détermination de
l'assiette et de recouvrement des droits et taxes dans le cadre d'une procédure écrite
conformément au Code des Douanes, aux agents assermentés du Trésor Public, à
l'autorité monétaire, au Conseil National du Crédit, ainsi qu’à la Commission
Bancaire de l’Afrique Centrale et à la Banque des États de l'Afrique Centrale et à la
Commission des Marchés Financiers agissant dans le cadre des opérations boursières1.
1
Articles 10 à 15 de la loi de 2022.
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plusieurs comptes d'un établissement assujetti. Toutefois, le secret bancaire n’est levé
que dans la limite du mandat.
- au curateur voulant être renseigné sur les opérations bancaires effectuées sur
les biens dont il a la gestion.
Également, le secret bancaire est inopposable aux héritiers, aux ayants- droits,
aux exécuteurs testamentaires, aux liquidateurs et administrateurs de la succession
(article 20 de la loi de 2022), ainsi qu’aux titulaires d'un compte joint (article 21 de la
loi de 2022).
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Le secret bancaire est inopposable à la caution dans le cadre de son information
sur la défaillance du débiteur principal et sur le montant dû par ce dernier, en
principal, intérêt et autres accessoires. Il en est de même pour l'usufruitier, le nu-
propriétaire et le créancier gagiste, en ce qui concerne leurs droits relatifs à l'usage, à
la jouissance, à la surveillance et à la réalisation éventuelle du gage. En effet, ces
personnes ont un droit direct d'être renseignés par l’établissement assujetti sur les
biens faisant l'objet de leurs droits réels (article 23 de la loi 2022).
En cas de litige relatif à la violation bancaire, il n'est pas toujours aisé pour le
client de démontrer que l'information ou le fait divulgué était protégé par le secret
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bancaire. Pour pallier cette difficulté, l’article 7 de la loi de 2022 a maintenu la
présomption qui existait dans la loi de 2003. En ce sens, il dispose : Le caractère secret
des informations est présumé. Toutefois, cette présomption n'est pas irréfragable.
Les peines susmentionnées sont doublées si l'infraction a été commise par voie
de presse écrite, de radio, de télévision, par voie de communication électronique, ou
par tout autre moyen destiné à atteindre le public.
En outre, le tribunal peut prononcer des peines accessoires en plus des peines
principales prévues par les alinéas 1 à 3 de l'article 27 de la loi de 2022.
Lorsque c'est une personne physique qui est pénalement poursuivi, elle encourt
à titre de peines accessoires :
Lorsque le présumé auteur des faits est une personne morale (exemple : un
établissement de crédit), il encourt à titre de peines accessoires :
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- La fermeture pour une durée déterminée de l'établissement ou des
succursales ayant servi à la commission des faits incriminés.
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