La Banque Face Au Dispositif Anti Blanchiment
La Banque Face Au Dispositif Anti Blanchiment
La Banque Face Au Dispositif Anti Blanchiment
Introduction :
Le blanchiment de capitaux consiste à donner une apparence légitime à de l’argent qui, en réalité,
provient d’activités illicites (trafic de stupéfiants, crimes, corruption, proxénétisme, trafic d’armes,
etc.
Le Groupe d’Action Financière (GAFI), créé en 1989 à l’initiative des principaux pays industrialisés, a
donné une définition du processus de blanchiment , Selon lui ,le processus de blanchiment se
compose de :
Ainsi ,et au cœur des échanges financiers, les banques sont particulièrement impliquées. De plus en
plus de professions sont également soumises à ce dispositif (assurance, avocats, notaires, experts
comptables, opérateurs de jeux...).
En effet, le blanchiment d'argent n'est pas une infraction autonome, puisque son existence suppose
celle d'une autre infraction, commise en amont, appelée infraction préalable, principale ou sous
jacente.
Problématique : Quel est le rôle des banques dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et
comment se manifestent leurs différentes obligations en la matière ? comment a-t-on réagit face à ce
phénomène transfrontalier ?
I- La banque face au dispositif anti blanchiment selon la loi N° 43-05 RELATIVE A LA LUTTE CONTRE
LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
a- L’obligation de vigilence
b- L’obligation de déclaration de soupçon
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I- La banque face au dispositif anti blanchiment selon la loi N° 43-05 RELATIVE A LA
LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
a- les techniques du blanchiment des capitaux
Concernant les techniques de blanchiment des capitaux, la première consiste en l'utilisation de
comptes sous des faux noms, ou au nom de personnes pour d'autres bénéficiaires. Dans cette
dernière catégorie entrent différents intermédiaires utilisés pour le blanchiment des capitaux,
notamment les membres des professions juridiques et les comptables. Dans tous les cas, les comptes
sont utilisés pour faciliter le dépôt ou le transfert de fonds illégaux.
L troisième technique c’est Les transferts électroniques qui restent un instrument essentiel a toutes
les étapes du processus de blanchiment. En effet, les transferts électroniques permettent a la fois
d'opérer des dépôts ou des retraits entre deux ou plusieurs comptes.
La banque doit organiser des entretiens avec les personnes souhaitant ouvrir des comptes pour
connaître les raisons d’ouverture et le type d’activité du client. Elle doit aussi enquêter sur l’origine
de l’argent. Des PV signés des deux parties doivent être élaborés à l'issue de ces entretiens.
-Pour les personnes morales, toutes les informations les concernant doivent être consignées dans
des fiches d’identification (Statuts, N° de RC, IF, Adresse...)
-Pour piloter tout ce dispositif, Banque Al Maghrib exige la mise en place de plusieurs moyens, au
sein des banques, dont une unité indépendante de lutte contre le blanchiment d’argent. Son travail
doit reposer un système d’informations (SI) performant, capable d’analyser tous les flux financiers.
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II : le banquier et le dispositif anti blanchiment
1- Le secret bancaire et l’obligation de non ingérence
Le secret bancaire est un secret professionnel qui protège la sphère privée des clients d’une banque
contre l’immixtion de tiers. Toutefois et pour des motifs d’intérêt général et pour lutter contre le
blanchiment, Le secret des affaires est écarté .Ainsi, on voit clairement que les nombreux obligations
des banquiers les poussent à s'Immiscer dans les affaires de leurs clients, contrairement à
l’obligation de non-ingérence ,celle ci est :
Dégagée par la doctrine à partir de la jurisprudence, le principe de non immixtion impose aux
banques de ne pas intervenir dans les affaires de leurs clients et les place en conséquence dans une
position de neutralité.
Ce principe a une double finalité :
- Assurer la protection du client contre les ingérences du banquier dans ses propres
affaires « le banquier n’a pas à intervenir pour empêcher son client d’accomplir un acte qu’il
estimerait irrégulier ou tout simplement inopportun ».
- Il préserve également l’établissement des actions en responsabilité qui pourraient être
engagées contre lui par son client ou par les tiers. Il permet d’écarter la responsabilité de
l’établissement de crédit lorsqu’elle est recherchée en raison d’opérations accomplies par le client
qui se sont révélées préjudiciables.
Par un arrêt récent du 14 octobre 2008, la Cour de Cassation a jugé que : « le devoir de non
ingérence fait interdiction à un établissement de crédit d’intervenir pour empêcher son client
d’accomplir un acte illicite » (Cass. com., 14/10/2008).
1- L’obligation générale de vigilance se situe lors du premier contact avec le client, Cette obligation
de précaution s' impose en prévision de contrôles à venir et que I 'on ne peut rattacher à des
opérations précises. Il en est ainsi tout d'abord de l'obligation de l'organisme financier (et les
personnes visées à l'article 2 de la loi no 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux)
de s'assurer de I'identité réelle de leurs clients réguliers ou occasionnels.
2-Quant à l'obligation renforcée de vigilance, elle décelée à partir de I 'alinéa 3 de l'article 5 qui
dispose que « Les personnes légalement habilitées à ouvrir des comptes ....doivent.... s'assurer de
l'identité de leurs clients occasionnels qui leur demandent d'effectuer des opérations dont la nature
et le montant sont fixés par l'unité... ».
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En effet, le professionnel sus mentionné doit précéder à l'examen particulier des opérations
douteuses et à demander des renseignements sur ces opérations quant à leur origine ct leur finalité.
Cette obligation se présente en présence de certains seuils financiers caractérisant l'opération
considérée, ce qui oblige le banquier à chercher « rescousse » auprès d'un organismes spécialisé
comme l'Unité
2-Les opérations visées par l'article peuvent porter sur des sommes provenant du trafic de
stupéfiants, corruption et d'une façon générale toute forme d'activités criminelles organisées qui
pourraient se servir des institutions bancaires comme « un canal dc purification
3-C'est ainsi que l'Unité centralise toutes les déclarations d'opérations suspectes transmises par les
établissements financiers et Si les résultats s'avèrent positives et révélent des faits susceptibles de
constituer une infraction de blanchiment de capitaux, l'autorité judiciaire intervient et l'Unité sera
tenu face à ce constat de se référer au Procureur du Roi près le tribunal de première instance de
Rabat, en lui précisant, le cas échéant, les services d'enquête ou d'investigation ou les autorités de
supervision et de contrôle qui ont été saisis en vue de procéder à des investigations
4-La déclaration de soupçon doit être faite de bonne foi, les professionnels concernés bénéficient
alors d'une immunité tant pénale que civile. Des précisions ont été apportées sur cette par la cour de
cassation française selon laquelle le déclarant a l'obligation de garder Ie silence tant sur la
déclaration elle-même que sur les suites données à la procédure. Le professionnel ne peut en aucun
cas informer son client de la procédure suivie sous peine d'être poursuivie pour violation de secret
professionnel notamment sur la base dc l'article 446 du code pénal.
5-Il faut noter que les autres professionnels notamment les administrations, les établissements
publics et les autres personnes morales de droit n’ont qu’une obligation de déclaration basée non
pas sur le simple soupçon malis sur la découverte d'un incontestable mouvement criminel. Tandis
que les banques sont soumises à une obligation de vigilance .On impose donc aux professionnels de
la banque un grand effort et on leur demande presque de faire un travail d'investigation policière afin
de détecter d'éventuelles opérations suspectes à la fois en amont et en aval.