LIntelligence Emotionnelle Pour Les Nuls

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Steven J.

Stein

Françoise Dorn

Adaptation française

L’Intelligence
émotionnelle
L’Intelligence émotionnelle pour les Nuls
Publié en accord avec John Wiley & Sons, Inc.
« Pour les Nuls » est une marque déposée de John
Wiley & Sons, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de John
Wiley & Sons, Inc.

© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2015 pour la


première édition.
© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2022 pour la
présente édition.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou


reproductions destinées à une utilisation collective. Toute
représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite
par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de
l’Auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une
contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants
du Code de la propriété intellectuelle.

ISBN : 9782412086513
Dépôt légal : février 2023

Direction éditoriale : Marie-Anne Jost-Kotik


Responsable éditoriale : Aline Sibony
Editrice : Cyrielle Londero
Traduction : Christophe Billon
Correction : La Machine à mots
Illustrations : Rich Tennant
Maquette intérieure : KN Conception

Éditions First, un département d’Édi8


92, avenue de France
75013 Paris
France
Tél : 01 44 16 09 00
Fax : 01 44 16 09 01
Email : [email protected]
Site Internet : www.editionsfirst.fr

Ce livre numérique a été converti initialement au format


EPUB par Isako www.isako.com à partir de l'édition papier
du même ouvrage.
À propos de l’auteur
Titulaire d’un doctorat, Steven J. Stein est
psychologue clinicien et président de Multi-Health
Systems (MHS), éditeur internationalement
reconnu de logiciels d’évaluation. Il a été président
de la Fondation de psychologie du Canada et de
l’Association de psychologie de l’Ontario. Le Dr
Stein est maître assistant au sein du département
de psychiatrie de l’université de Toronto et l’a
également été au sein du département de
psychologie de l’université York de Toronto.

Le Dr Stein a coécrit (avec le Dr Howard Book)


l’ouvrage au succès mondial The EQ Edge : Emotional
Intelligence and Your Success (Jossey-Bass) et est
l’auteur de Make Your Workplace Great : The 7 Keys to
an Emotionally Intelligent Organization (Jossey-Bass).

Expert reconnu en évaluation psychologique et


intelligence émotionnelle, il est intervenu comme
consultant dans l’armée et dans des agences
gouvernementales telles que les forces
canadiennes, l’US Air Force, l’US Army et l’US
Navy, des unités spéciales du Pentagone,
l’Académie du FBI, ainsi que dans des entreprises
telles qu’American Express, Air Canada, Canyon
Ranch, Coca-Cola (Mexique), la Canadian Imperial
Bank of Canada (CIBC) et des clubs sportifs
professionnels.

Il est intervenu dans plus d’une centaine


d’émissions de télévision et de radio dans tout le
Canada et les États-Unis. Il a également été cité
dans de nombreux journaux, magazines et blogs.

Le Dr Stein a fait des conférences sur l’intelligence


émotionnelle au Canada, aux États-Unis, au
Mexique, en Europe, en Australie et en Asie.

Vous pouvez le joindre à l’adresse suivante : ceo@m


hs.com.
Remerciements de l’auteur
Je dois bien l’admettre, je n’avais jamais pensé
écrire un « Pour les Nuls » sur l’intelligence
émotionnelle (IE). Bien que L’Intelligence
émotionnelle pour les Nuls soit mon troisième livre
sur le sujet, c’est le premier à aller au-delà du
monde du travail pour explorer la sphère familiale,
les amis et les inconnus.

Lorsque je me suis plongé dans ce domaine d’étude


il y a presque quinze ans, la question qui revenait le
plus souvent, particulièrement de la part des
médias, était : combien de temps cette mode va-t-
elle durer ? Je répondais que tant qu’il y aurait plus
d’une personne vivant sur cette planète et devant
interagir avec les autres, l’intelligence
émotionnelle serait importante.

Je souhaite remercier toutes les personnes de Wiley


qui m’ont encouragé à écrire ce livre. Merci tout
d’abord à mon éditeur Don Loney de m’avoir
présenté la collection « Pour les Nuls ». Il m’a
convaincu que c’était un excellent moyen de
prêcher la bonne parole en matière d’IE. Un grand
merci à l’éditeur qui m’a accompagné sur ce projet,
Robert Hickey : il m’a patiemment maintenu sur les
rails et formé avec gentillesse au ton d’un « Pour
les Nuls ». Un grand merci également à Colleen
Totz Diamond, qui m’a prodigué ses suggestions et
ses encouragements, tout en veillant à la fluidité de
ma prose. Merci à mon réviseur, Laura Miller, et à
mon chef de projet, Elizabeth McCurdy, et, bien
entendu, aux gens du marketing qui vont
contribuer à faire de cet ouvrage un succès.

Ma reconnaissance va également à tout le


merveilleux personnel, toujours dévoué, de Multi-
Health Systems. Leur talent et l’espace de travail
d’une grande intelligence émotionnelle qu’ils ont
créé m’ont permis de me lancer dans des projets
tels que celui-ci.

Bien entendu, je tiens à remercier chaleureusement


ma femme, Rodeen, de son soutien et de sa
patience tout au long de ce projet, sans oublier mes
enfants, Alana et Lauren.
À propos de l’adaptatrice
Françoise Dorn est Maître praticien en
Programmation Neuro-Linguistique (PNL),
praticien en hypnose ericksonienne, formée à
l’analyse transactionnelle, à l’EMDR (Eyes
Movement Desensitization and Reprocessing), à la
trame thérapeutique et à l’EFT (Emotional Freedom
Technic).

Son domaine d’expertise est la gestion du stress et


des émotions.

Psychothérapeute, consultante, elle est intervenue


durant de nombreuses années pour un organisme
de formation leader européen du secteur, comme
spécialiste du stress, de la communication et du
développement personnel.

Actuellement, elle consacre son activité à l’écriture


et aux conférences. Chez First, elle est adaptatrice
de Vivre le deuil pour Les Nuls (2013) et a écrit Demain
je jette ma boîte d’anxiolytiques (2014), Le Petit Livre
de la psychologie positive (2017), Le Petit Livre de la
Bienveillance (2019), ainsi que deux romans, Graines
de bonheur (2014) et Baraka (2015), dans la
collection « L’Optimiste ». Aux éditions Jouvence,
elle a également publié Le temps de la douceur, Happy
Mamie, La magie des synchronicités et un roman, La
Terre est le plus bel endroit du Ciel.

Elle est coauteure, avec Élisabeth Couzon, de


plusieurs ouvrages :

• Soyez un stressé heureux (ESF)

• Apprivoisez les conflits (Pocket)

• Petit manuel du bonheur au féminin


(InterÉditions)

• Cahier d’exercices pour être heureux (ESF)

• Cahier d’exercices pour les amoureux (ESF)

• Cahier d’exercices pour bien dormir (ESF)

• Cahier d’exercices pour apprivoiser votre stress


(ESF)

• Cahier d’exercices pour rencontrer l’amour (ESF)

• Les Émotions. Faire de ses émotions une force


(ESF)

• La Magie des émotions (ESF)


Ce dernier ouvrage est très complémentaire de celui
que vous allez lire. Il donne en particulier de
nombreuses clés d’approches thérapeutiques
diverses, utiles pour gérer ses émotions.

Pour agrémenter votre voyage au cœur de


l’intelligence émotionnelle, elle a semé au fil des
pages des informations complémentaires, des
métaphores et des citations…

L’émotion est ce moment où l’acier rencontre une pierre


et en fait jaillir une étincelle, car l’émotion est la source
principale de toute prise de conscience. Point de passage
de l’obscurité à la lumière, ni de l’inertie au mouvement
sans émotion.

Carl Gustav Jung


Préface
P our faire court, derrière l’intelligence émotionnelle
figure l’idée que les émotions sont des sources
d’information importantes et utiles. Elles nous
aident à résoudre des problèmes et guident nos
interactions sociales. Et surtout, certaines
personnes exploitent mieux les émotions que
d’autres.

Alors, qui sont donc ces personnes à l’intelligence


émotionnelle développée ? Il s’agit de personnes
que vous connaissez et vous en faites peut-être
partie. Si vous êtes du genre à bien lire les émotions
des autres sur leur visage ou à interpréter avec
pertinence vos sentiments, à mettre des mots
dessus, à gérer vos émotions avec efficacité et à
aider les autres à faire de même, à utiliser vos
émotions pour raisonner clairement ou décrypter
les situations dans vos échanges avec les autres,
vous êtes probablement une personne douée d’une
belle intelligence émotionnelle. Et si vous n’êtes
pas certain d’être ce genre de personne, ce livre va
peut-être vous aider à apprendre les techniques et
les compétences pour le devenir.

En 1990, quand John D. Mayer et moi-même avons


publié dans la revue Imagination, Cognition, and
Personality le premier article scientifique décrivant
l’existence d’une théorie de l’intelligence
émotionnelle, nous n’étions pas certains que les
lecteurs trouveraient intéressante ou convaincante
l’idée que les gens diffèrent dans leur façon
d’identifier, de comprendre, de gérer et d’utiliser
leurs émotions pour orienter leur réflexion et leurs
actes. Eh bien, nous avions tort ! Au
printemps 2009, pendant que je rédigeais cette
préface, j’ai tapé emotional intelligence sur Google et
j’ai obtenu plus de trois millions de résultats. On a
assisté à une explosion de l’intérêt pour
l’intelligence émotionnelle et nous savons
aujourd’hui certaines choses que nous ignorions il
y a vingt ans.

Tout d’abord, nous savons que l’intelligence


émotionnelle se mesure et l’auteur de cet ouvrage,
Steven Stein, est président d’une entreprise qui
crée des outils d’évaluation psychologique, dont le
MSCEIT, test que nous avons développé. Ensuite,
nous savons que les scores élevés au MSCEIT et à
d’autres mesures de l’intelligence émotionnelle
concernent la santé psychologique, l’efficacité au
travail et le comportement dans les relations
sociales. Enfin, nous savons qu’il est possible
d’apprendre à améliorer ces capacités d’une
multitude de façons. Par exemple, notre collègue
Marc Brackett a développé et testé un programme
scolaire qui aide les enfants à cultiver leur
intelligence émotionnelle (et à mieux travailler à
l’école).

Ces conclusions prouvent que l’ouvrage du Dr Stein


tombe à point nommé. Nous en savons beaucoup
plus sur l’intelligence émotionnelle qu’il y a vingt
ans et il est parvenu à synthétiser ces
connaissances et à les présenter d’une manière très
pédagogique et attrayante.

Il ne suffit cependant pas de lire un texte sur le


sujet pour devenir émotionnellement intelligent du
jour au lendemain. Je vous conseille vivement
d’effectuer les exercices décrits par le Dr Stein dans
cet ouvrage et de rechercher d’autres moyens
d’exploiter vos qualités émotionnelles, par exemple
en lisant de la grande littérature, en vous
intéressant plus aux différentes formes d’art ou
simplement en passant plus de temps à observer
les autres et à réfléchir à vos propres capacités,
motivations et comportements. Une fois que vous
cernerez mieux les façons d’améliorer votre
intelligence émotionnelle, vous ne verrez plus les
autres du même œil.

Ce n’est pas entièrement garanti mais je soupçonne


L’Intelligence émotionnelle pour les Nuls de vous
inciter à élargir votre perception de l’intelligence et
à développer les capacités émotionnelles qui vous
aideront à rendre votre vie plus heureuse.

Dr Peter Salovey

Chris Argyris, professeur de psychologie

Université de Yale
Introduction
L ’intelligence émotionnelle : cela ressemble à un
oxymore1, n’est-ce pas ? Tout comme le terme
crevette géante. On a tendance à penser que les
autres sont soit « émotionnels », soit intelligents,
mais pas les deux à la fois. Qu’est-ce donc que
l’intelligence émotionnelle ? Et pourquoi n’en
entendez-vous parler qu’aujourd’hui ?

L’intelligence émotionnelle, c’est la faculté de se


montrer intelligent à propos de ses émotions. Elle
englobe la capacité à identifier ses propres
émotions tout comme celles d’autrui, à comprendre
et à gérer ses émotions (et celles des autres).

Cela fait des années, et même des décennies, que


les nombreux concepts associés à l’intelligence
émotionnelle sont connus des psychologues. Mais
ces connaissances n’ont pas été bien structurées ou
clairement formulées. C’est en 1989, quand deux
psychologues (John Jack Mayer de l’université du
New Hampshire et Peter Salovey de l’université de
Yale) ont élaboré une théorie réunissant
l’intelligence et les émotions, que la notion
d’intelligence émotionnelle a vraiment commencé à
prendre forme.

Le premier article scientifique sur le sujet date


de 1990. Depuis, des millions d’exemplaires
d’ouvrages se sont vendus sur l’intelligence
émotionnelle. De nombreux psychologues,
également au sein de notre équipe, chez Multi-
Health Systems (MHS), ainsi que dans des groupes
à l’université de Yale, à l’université Rutgers, au
Centre for Creative Leadership et ailleurs, ont mené
un grand nombre d’études sur l’impact de
l’intelligence émotionnelle au travail, dans la vie
familiale, avec les enfants et, en général, dans tous
les univers où il existe des interactions humaines.

Des organisations ont exploité les résultats des


travaux de recherche sur l’intelligence
émotionnelle pour recruter et former leurs
employés, et pour disposer de cadres plus efficaces.
Des écoles s’en sont servies pour améliorer les
relations entre étudiants, ainsi que des familles
pour entretenir de meilleurs rapports. J’espère que
l’étude de l’intelligence émotionnelle vous profitera
également et vous permettra de déceler les
ingrédients du succès dans tous les domaines de
votre vie.

À propos de ce livre
Que signifie faire preuve d’intelligence
émotionnelle ? Est-ce vraiment important ?
Comment pouvez-vous influer sur votre
intelligence émotionnelle ou celle de vos enfants ?
Pouvez-vous faire en sorte de mieux gérer les
émotions de vos proches ou amis ? Vous allez
pouvoir explorer toutes ces questions et bien
d’autres dans L’Intelligence émotionnelle pour les
Nuls.

Cet ouvrage a pour but de vous expliquer


clairement ce qu’est l’intelligence émotionnelle.
Elle demeure un domaine d’étude nouveau et les
premières explorations des médias sont empreintes
d’un mélange de folklore et de science. Je traite
l’aspect scientifique de l’intelligence émotionnelle,
mais je vais aussi bien au-delà de ces conclusions.

Voici un échantillon des informations que vous


trouverez dans ce livre :

• Les définitions les plus courantes de


l’intelligence émotionnelle ;
• Des données sur les tests d’intelligence
émotionnelle les mieux validés ;

• Des façons intéressantes de réfléchir à votre


propre intelligence émotionnelle et à celle des
personnes qui vous entourent ;

• Des stratégies pour améliorer votre


intelligence émotionnelle et celle des autres ;

• L’importance de l’intelligence émotionnelle à


la maison, au travail ou à l’école, avec les amis
et les inconnus.

C’est en s’impliquant activement que l’on passe du


stade de l’acquisition des connaissances
traditionnelles à celui de l’amélioration de son
intelligence émotionnelle. S’il est toujours possible
de lire et d’assister à des conférences, il faut se
montrer réellement actif pour bien maîtriser le
thème de l’intelligence émotionnelle. La lecture de
ce livre peut constituer une première étape dans
votre projet d’améliorer votre QE (quotient
émotionnel), mais vous devez effectuer quelques-
uns des exercices ou activités présentés ici afin de
développer certaines de vos capacités, de
comprendre, exploiter et gérer vos émotions.
Hypothèses gratuites
J’ai écrit ce livre sur la base de suppositions vous
concernant : vous êtes un être humain
superbement équilibré, désireux de s’améliorer et
de rendre meilleur son entourage. Vous avez
probablement lu des ouvrages ou suivi des
programmes de développement personnel. Certains
de ces ouvrages, CD, conférences ou sites Web ne
vous ont pas totalement satisfait.

Vous souhaitez probablement découvrir comment


fonctionnent les gens. Vous êtes peut-être tombé
sur des personnes dont certains comportements
vous ont surpris. Vous vous êtes peut-être déjà
demandé comment des personnes en apparence si
intelligentes ont pu agir stupidement et aller à
l’encontre du but qu’elles recherchaient. Vous
souhaitiez savoir pourquoi certains font preuve
d’un cruel manque de respect envers les autres.
L’exploration de l’univers de l’intelligence
émotionnelle peut vous aider à résoudre une partie
de ces énigmes.

Les conventions utilisées dans


ce livre
J’ai écrit ce livre (bien entendu avec l’aide de mon
éditeur) dans le style caractéristique des « Pour les
Nuls » : les informations fournies sont accessibles
à tous les publics. J’ai cherché à éviter au maximum
le jargon professionnel. Quand j’utilise des termes
techniques, ils sont suivis de leur définition.

Vous trouverez un certain nombre d’histoires


destinées à rendre mon exposé plus concret. Elles
sont très souvent tirées de la réalité, ou alors elles
s’inspirent de situations et personnes rencontrées,
mais j’ai modifié les noms et circonstances afin de
protéger leur vie privée.

Pour tirer le meilleur parti de cet ouvrage,


munissez-vous d’un carnet afin d’effectuer les
exercices et activités présentés. Utilisez-le souvent
et relisez de temps en temps vos notes afin de
vérifier votre progression et d’y ajouter vos
prochains objectifs.

Ce que vous n’avez pas besoin


de lire
Vous n’avez pas besoin de lire L’Intelligence
émotionnelle pour les Nuls de façon linéaire, ni toutes
les sections d’un chapitre donné. Je vous conseille
cependant de lire le chapitre 1 afin d’avoir une idée
de ce que recouvre l’intelligence émotionnelle et de
savoir en quoi développer la vôtre vous sera
profitable. Si votre objectif est de modifier le
comportement d’une autre personne, vous devriez
l’inciter à lire ce premier chapitre.

Le sommaire et l’index peuvent vous servir à


trouver certaines informations, ainsi que les
réponses à vos questions les plus urgentes sur
l’intelligence émotionnelle. Chaque partie traite
d’un domaine d’application de l’intelligence
émotionnelle. Par exemple, si le travail ou
l’éducation des enfants vous intéressent, vous
pouvez vous plonger directement dans la partie
concernée.

Comment ce livre est organisé


L’Intelligence émotionnelle pour les Nuls comprend
cinq parties. Voici une description de leur contenu :

Première partie : Une nouvelle


forme d’intelligence a été
repérée !
Cette première partie est une introduction à la
notion d’intelligence émotionnelle. Elle explore ce
qu’est (et n’est pas) l’intelligence émotionnelle et
commence à vous donner un aperçu du
comportement d’une personne émotionnellement
intelligente. Vous découvrirez tous les avantages à
développer votre intelligence émotionnelle et celle
de votre entourage.

Cette partie étudie également comment l’employer


dans votre vie. Des exercices et activités sont
susceptibles de vous aider à améliorer votre
intelligence émotionnelle. Leur utilisation vous
permettra peut-être de commencer à percevoir une
différence dans vos relations avec les autres.

Deuxième partie : Les


coulisses de l’intelligence
émotionnelle
Cette deuxième partie vous fait plonger au cœur de
l’intelligence émotionnelle et de son influence sur
vous.

Elle démarre par des données scientifiques.


L’intelligence émotionnelle a beau être un sujet
d’étude récent, nous sommes passés d’un article
scientifique publié en 1990 à plus de 750 dans des
revues périodiques au moment où j’écris ces lignes.
En outre, les psychologues et étudiants diplômés
ont réalisé des centaines de présentations de
travaux de recherche et rédigé des articles pour
d’autres publications axées sur la recherche. Le
nombre d’articles ne cesse de croître, ce qui prouve
que c’est un domaine d’étude légitime et durable.

Dans cette partie, vous en saurez plus sur les zones


du cerveau impliquées dans la maîtrise des
émotions. Ensuite, j’aborde certaines différences
entre l’intelligence émotionnelle, la personnalité et
l’intelligence cognitive.

Je traite l’importance de la conscience de ses


émotions, qui figure parmi les principales
composantes de l’intelligence émotionnelle. Vous
trouverez des exercices pour vous aider à améliorer
votre conscience de soi, ce qui vous servira ensuite
à mieux gérer vos émotions.

Un autre aspect essentiel de l’intelligence


émotionnelle est l’empathie. Découvrez ce qu’est
l’empathie, son importance et comment améliorer
la vôtre. En matière d’intelligence émotionnelle,
l’empathie est une qualité qui fait toute la
différence. Enfin, vous pouvez mieux contrôler les
émotions des personnes avec lesquelles vous
échangez. Votre capacité à influencer les autres
peut vous aider à mieux traiter votre entourage,
ainsi que de parfaits inconnus, même dans les
moments de stress.

Troisième partie : Emporter


son intelligence émotionnelle
au travail
Vous ne laissez pas votre cerveau émotionnel à la
maison quand vous vous rendez au travail. Là-bas,
les émotions ont un énorme impact. Vous pouvez
rencontrer des personnes et situations difficiles et
c’est là que votre intelligence émotionnelle peut
vous aider à bien vivre ces expériences. Vous verrez
comment vous servir de votre intelligence
émotionnelle face à un chef tyrannique, à des
collègues odieux et à des subordonnés
irrévérencieux.

J’explore aussi la relation entre l’intelligence


émotionnelle et les performances professionnelles.
En saisissant l’importance de l’intelligence
émotionnelle et l’adéquation d’un profil à un poste
donné, vous saurez comment recruter la bonne
personne en allant au-delà de sa personnalité et de
son QI. Vous découvrirez également comment
mieux gérer le facteur humain au travail.

Cette partie traite la relation entre l’intelligence


émotionnelle et le leadership. Les meneurs – à
savoir tous ceux qui sont suivis par une ou
plusieurs personnes – ont besoin d’être
émotionnellement intelligents. Vous pourrez y
apprendre à développer les compétences de
leadership les plus importantes liées à l’intelligence
émotionnelle.

J’aborde également le lieu de travail


émotionnellement intelligent. Comment savoir si le
vôtre l’est ? Comment en créer un ? Vous pourrez
trouver dans cette partie les réponses à ces
questions et à d’autres.

Nombreux sont les parents à m’interroger sur le


rôle de l’intelligence émotionnelle dans la réussite
scolaire. Des chercheurs et psychologues se sont
penchés sur la question et quelques conclusions
sont présentées dans cette partie.

Quatrième partie : Être


émotionnellement intelligent
à la maison
Quelles relations avez-vous avec vos proches ?
Cette partie commence par examiner vos relations
les plus intimes, telles que celles avec votre
conjoint, partenaire ou meilleur(e) ami(e). C’est
avec ces personnes que vous avez les liens les plus
étroits. Pour entretenir et alimenter ces relations, il
faut s’investir. Je vous fournis les mesures et les
outils pouvant servir à les renforcer et à les
améliorer.

Cette partie vous explique aussi comment être un


parent émotionnellement intelligent. Comment
gérez-vous vos émotions dans l’éducation de vos
enfants ? Vous y découvrirez des moyens pour avoir
plus de sang-froid, même quand votre enfant ou
adolescent semble échapper à tout contrôle.

Comment faire en sorte que votre enfant acquière


une intelligence émotionnelle ? Chacun veut que
son enfant réussisse dans la vie et vous savez que,
malgré l’importance du QI et des capacités
intellectuelles, ses capacités émotionnelles sont un
facteur tout aussi essentiel à son succès. Cette
partie vous donne des suggestions et exemples qui
peuvent s’avérer utiles dans vos interactions avec
lui.

Cinquième partie : La partie


des Dix
Chaque ouvrage « Pour les Nuls » se caractérise
par la présence de cette partie des Dix. Dans
L’Intelligence émotionnelle pour les Nuls, vous
trouverez des listes de conseils sur la façon
d’améliorer votre intelligence émotionnelle, d’aider
des personnes d’un abord difficile à travailler leur
intelligence émotionnelle et de faire de notre
environnement à tous un endroit
émotionnellement plus intelligent.

Les icônes utilisées dans ce


livre
Ces petites icônes présentes en marge du texte
signalent des informations pertinentes, des
conseils et des pièges à éviter.

Informations susceptibles de vous être profitables


du point de vue de l’intelligence émotionnelle.
Fait intéressant et utile que vous souhaiterez peut-
être garder dans un coin de votre mémoire.

Cette icône signale un danger et vous invite à faire


attention et à agir avec prudence.

À vous de jouer ! Cette icône indique un exercice.


Procurez-vous un carnet où vous pourrez consigner
toutes les activités réalisées.

Des compléments d’informations vous sont


proposés par l’adaptatrice.

Cette icône vous avertit de la présence


d’informations techniques. J’ai cherché à ne pas
employer trop de termes techniques, mais c’était
parfois inévitable par souci de précision et de
pertinence. Vous pouvez sauter les paragraphes
affublés de l’icône « Note technique », mais vous
pourriez bien les trouver intéressants si vous vous
laissez séduire.

Alors que ces termes techniques s’adressent à votre


cerveau gauche, cette icône signale des passages
destinés à votre cerveau droit, celui de l’intuition et
de l’imaginaire.

Parfois, le meilleur moyen d’expliquer ce qu’est


l’intelligence émotionnelle est de recourir à une
anecdote…

Par où commencer ?
Vous pouvez lire ce livre comme bon vous semble.
Si je vous conseille de commencer par la première
partie, il n’en demeure pas moins que chaque
chapitre est autonome et peut vous aider à mieux
comprendre, à améliorer et à utiliser votre
intelligence émotionnelle. Si vous souhaitez vous
attaquer d’emblée à votre propre intelligence
émotionnelle, allez directement au chapitre 3.
Passez ensuite aux chapitres 5, 6 et 7. Si vous vous
inquiétez pour quelqu’un ou avez des soucis avec
lui et que vous souhaitiez le voir changer de
comportement, rendez-vous au chapitre 8.

1 Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires.


Partie 1
Une nouvelle forme
d’intelligence a été repérée !
Dans cette partie...

Je définis l’intelligence émotionnelle et vous


indique comment fonctionne une personne qui en
est bien pourvue. Vous allez pouvoir constater les
avantages à développer votre intelligence
émotionnelle et celle des personnes qui vous
entourent.

Vous verrez également comment exploiter


l’intelligence émotionnelle dans votre vie
quotidienne. Les activités proposées pourront
vous aider à améliorer vos relations avec les
autres.
DANS CE CHAPITRE
Être doué d’intelligence émotionnelle

Savoir gérer ses émotions

Être à l’écoute des émotions d’autrui

Introduire l’intelligence émotionnelle dans son lieu de
travail

Se servir de son intelligence émotionnelle dans son
foyer

Chapitre 1
Se sentir intelligent
Q uand ils pensent à une personne intelligente, la
plupart des gens visualisent tout de suite
l’étudiant brillant qui a décroché son diplôme haut
la main, véritable génie des maths, qui survolait ses
cours de chimie, parle parfaitement l’anglais et
l’allemand, est incollable en littérature et sait
merveilleusement s’en sortir dans n’importe quel
débat. Il est également capable de traiter, de retenir
et de reformuler toutes sortes d’informations.

Bien que ce genre de don puisse vous aider à


accomplir votre cursus scolaire avec la plus grande
facilité, l’intelligence englobe d’autres notions. Les
personnes intelligentes ont une longueur d’avance
à plus d’un titre, réussissent de brillantes études et
savent saisir les occasions pour décrocher un bon
poste. La culture livresque est indispensable pour
entrer dans les grandes écoles, réussir des études
de médecine, son droit, et décrocher un diplôme
d’ingénieur. Mais ce genre de don ne garantit pas le
succès et le bonheur dans la vie.

L’intelligence émotionnelle, décrite dans ce


chapitre et dans tout le livre, vous rapproche de
l’épanouissement personnel, voire professionnel.

Définition de l’intelligence
émotionnelle
Les psychologues ont proposé plusieurs définitions
de l’intelligence émotionnelle (IE), mais à l’origine
il s’agissait de comprendre comment des personnes
possédant un certain type d’intelligence (comme la
culture livresque) pouvaient aussi être démunies
d’intelligence pratique. Une personne peut être
cultivée mais ne pas être futée par manque de
conscience et de maîtrise émotionnelles, ou
d’intelligence émotionnelle.

Vous avez probablement en tête le cas d’un homme


politique brillant et prêt à changer le monde, qui a
été éclaboussé par un scandale sexuel ou accusé
d’avoir touché des pots-de-vin. Il s’est montré
incapable de maîtriser suffisamment (ou assez
longtemps) son appétit sexuel ou sa cupidité pour
réussir une belle carrière politique.

À l’opposé, imaginons un lycéen laborieux en


maths, en grammaire et en littérature. Avoir la
moyenne relève pour lui du défi. Mais il a un
immense réseau d’amis, est invité à toutes les
fêtes, est le plus branché de sa classe, s’entend bien
avec tout le monde, est capable de parler de tous les
sujets et est considéré par tous les adultes comme
un adolescent génial. Il prend toutes les bonnes
décisions dans sa vie, malgré ses difficultés
scolaires.

Tout le monde n’éprouve pas les pires difficultés à


se montrer émotionnellement intelligent, et la
bonne nouvelle, c’est que vous vous améliorez à
force d’entraînement. Il existe toujours une marge
de progression. Vous repérez très vite les personnes
dotées d’une grande intelligence émotionnelle :

• Elles gèrent très bien les situations difficiles ;

• S’expriment avec clarté ;

• Gagnent le respect d’autrui ;

• Influencent les autres ;

• Attirent l’aide des autres ;

• Restent calmes même sous pression ;

• Identifient leurs réactions émotionnelles vis-


à-vis d’autrui et des situations rencontrées ;

• Savent dire ce qu’il faut pour obtenir le


résultat souhaité ;

• Se maîtrisent avec efficacité lors de


négociations ;

• Maîtrisent les autres avec efficacité lors de


négociations ;

• Savent se motiver pour remplir leur mission ;

• Savent se montrer positives, même dans des


situations difficiles.
Bien qu’ils ne correspondent pas à une définition
officielle de l’intelligence émotionnelle, tels sont
les comportements d’une personne
émotionnellement intelligente. Si la barre vous
semble placée haut, rassurez-vous, avec un peu
d’entraînement, vous pourrez développer votre
intelligence émotionnelle en vous appuyant sur vos
capacités.

Maîtriser ses émotions


Très nombreuses sont les personnes à penser que
l’on vous juge sur vos actes plutôt que sur la
somme de vos connaissances. Nous avons plus
d’estime pour les individus qui prennent soin des
autres que pour ceux capables de mémoriser la
classification périodique des éléments. Le truc,
c’est d’être capable de contrôler son
comportement, et il est impossible de changer si
l’on n’a pas conscience de ses émotions. Pour en
savoir plus sur la façon de mieux percevoir ses
émotions, rendez-vous au chapitre 5.

Parfois, le meilleur moyen d’expliquer ce qu’est


l’intelligence émotionnelle est de recourir à une
anecdote, ce que je fais souvent dans cet ouvrage.
Jean-Charles ne connaît pas ses émotions (et ne
contrôle donc pas son comportement) quand il
entre d’un pas traînant dans son bureau, jette ses
journaux sur son bureau et s’avachit dans son
fauteuil. Son visage traduit le message suivant :
« Attention, chien méchant ! » Son assistante,
Jeanne, entre dans son bureau pour lui apporter son
traditionnel café.

« Tenez, votre café, Jean-Charles », dit-elle d’une


petite voix.

Jean-Charles se contente de grogner en prenant


une expression qui signifie : « Débarrassez le
plancher ! »

« Quelque chose ne va pas ? demande-t-elle.

— Pas vraiment. Pourriez-vous préparer le dossier


Gravelier ? » répond-il en ronchonnant.

Jeanne est surprise. Il ne la traite jamais de la sorte.


Elle a dû faire une terrible bourde. Tout le restant
de la matinée, elle a du mal à se concentrer sur son
travail car elle n’arrête pas de réfléchir à ce qu’elle
a pu faire de travers.

Jean-Charles est de mauvaise humeur. Il ne saurait


dire pourquoi, ce qui le met encore plus en rogne. Il
s’est déjà mis à dos plusieurs personnes au bureau.
Il sent bien que quelque chose le tourmente et qu’il
gère mal ses sentiments. Mais il ne sait pas
comment progresser…

Dans les années 1950 et 1960, de nombreux


psychologues estimaient que vous deviez vivre
pleinement vos sentiments négatifs pour les
surmonter. Aujourd’hui, la plupart des
psychologues et des psychiatres jugent fausse cette
théorie. Les thérapies les plus en vue, telles que la
thérapie comportementale et cognitive, mettent
l’accent sur des approches reposant sur
l’apprentissage et non sur la catharsis (ou
libération de la colère).

En vous concentrant sur vos pensées négatives,


vous avez tendance à ne pas sortir de l’ornière dans
laquelle vous vous êtes enfoncé. La souffrance
associée à ces pensées finit par disparaître, mais, à
long terme, vous ne pouvez les dépasser sans
comprendre un tant soit peu les raisons de leur
existence.

Revenons à Jean-Charles. Sa journée a mal démarré


quand sa femme lui a dit dès le réveil que leur fils
avait raté un examen important à l’école. Non
seulement il est en colère contre son fils, mais
également contre lui-même, car il n’a pas suivi
assidûment tout son travail scolaire. Il était trop
accaparé par sa vie professionnelle pour prêter
attention à ce qui se passait. Cette mauvaise
nouvelle déclenche une dispute avec sa femme.

Après avoir tenté d’ignorer ses sentiments, il part


au travail. Au moment de prendre l’autoroute, une
BMW rouge lui fait une queue de poisson. Cet
épisode le rend furieux. Si sa journée n’avait pas si
mal démarré, il n’aurait sans doute pas fait grand
cas de cette incivilité automobile.

Lorsqu’il arrive au bureau, tout l’insupporte. La


salle d’attente est en désordre, personne n’est à
l’accueil et il fait tomber ses clefs en se dirigeant
vers son bureau. Il est d’une humeur massacrante.

Toutes les personnes qu’il croise sur son chemin


croient qu’il leur en veut. Jeanne, par exemple,
réfléchit à des erreurs qui pourraient être à
l’origine de la colère de Jean-Charles. Si ce dernier
était plus émotionnellement intelligent, il
bénéficierait des avantages suivants :

• Il connaîtrait l’origine de chacune de ses


pensées négatives :
• La déception vis-à-vis de son fils ;
• La colère envers lui-même pour ne pas
avoir prêté suffisamment attention au
travail scolaire de son fils ;

• La colère due à la dispute avec sa


femme ;

• La colère envers l’automobiliste qui lui a


coupé la route ;

• La colère envers le responsable du


secrétariat, qui n’a pas rangé la salle
d’attente ;

• La colère envers sa réceptionniste qui


n’est pas à son poste.
Sculpter sa musculature émotionnelle

À l’instar du vélo, de la musculation, de la musique ou de


n’importe quelle autre activité physique nécessitant une
synchronisation entre le cerveau et le corps, l’entraînement
vous permet d’exploiter votre capacité à gérer vos émotions
et celles des autres.

Certaines personnes gèrent naturellement leurs émotions et


celles des autres. De même, des sportifs tels que Tiger
Woods, le golfeur américain, sont doués pour un sport.
Cependant, l’intelligence émotionnelle naturelle très
développée est rare.

L’entraînement peut également vous éclairer sur vos limites.


Je sais que j’aurai beau m’entraîner comme un forcené, je
n’atteindrai jamais le niveau de Roger Federer. En revanche,
je suis suffisamment bon pour tenir deux heures sur le court
lorsque je fais des doubles avec mes amis. Et, plus nous
jouons souvent, plus nous progressons tous.

Vous pouvez donc prendre chaque jour comme il vient, sans


prêter beaucoup attention à vos émotions ni à celles des
autres. Être inconscient de cette part de soi est une solution
que semblent choisir de nombreuses personnes.

Mais vous pouvez aussi estimer qu’il est important


d’améliorer votre intelligence émotionnelle et vous engager à
progresser dans ce domaine. Dans l’idéal, prenez alors le
temps (à raison par exemple d’une demi-heure, trois ou
quatre fois par semaine) de vous entraîner à mieux prendre
conscience de vos émotions et à les maîtriser. La simple
lecture de ce livre est un bon début. Réalisez les activités
proposées et vous serez sur la bonne voie. N’oubliez pas que
la pratique et l’entraînement vous font progresser.

• En identifiant ces émotions, il pourrait les


contenir et ne pas les laisser prendre des
proportions démesurées grâce aux mesures
suivantes :
• Dire à Jeanne que la raison de sa
contrariété n’a rien à voir avec elle (ce
qui permettrait à cette dernière de se
concentrer sur son travail) ;

• Traiter séparément chaque émotion au


lieu de les laisser s’accumuler pour
former une énorme boule de colère ;

• Rendre plus constructives ses vingt à


trente premières minutes de présence au
bureau en se calmant grâce à l’utilisation
de diverses stratégies d’adaptation (voir
le chapitre 6) ;
• Être plus productif le restant de la
journée ;

• Décider de s’y prendre de manière plus


constructive avec son fils à son retour à
la maison (au lieu de se contenter
d’éprouver de la colère vis-à-vis de lui) ;

• De manière générale, être mieux à


même de gérer les petites contrariétés
éprouvées au bureau.

Tout le monde peut améliorer son intelligence


émotionnelle, mais exceller dans tous les domaines
n’est pas à la portée de tous. Certains maîtrisent les
techniques comme s’ils avaient fait ça toute leur vie
tandis que, pour d’autres, changer est un véritable
défi. Deux facteurs importants conditionnent votre
réussite : votre motivation et votre volonté de vous
entraîner grâce aux exercices et aux activités
présentés tout au long de ce livre.

Comprendre les émotions des


autres
L’intelligence sociale renvoie à la faculté d’une
personne de comprendre ce que ressentent les
autres, et, dans une certaine mesure, de gérer les
émotions et comportements de ces personnes. Si
vous vivez en ermite, vous ne vous souciez
probablement pas des sentiments et opinions des
autres. Si vous êtes un berger qui passe le plus clair
de son temps avec son troupeau, l’intelligence
émotionnelle n’a peut-être pas grande utilité à vos
yeux (même si vous souhaitez peut-être savoir de
temps en temps ce que vos bêtes ont dans la tête).

Dans la mesure où la plupart des individus vivant


sur cette planète interagissent régulièrement avec
leurs congénères, l’intelligence sociale peut
contribuer à rendre plus satisfaisants ces échanges.
Le fait de connaître les sentiments de vos proches
vous permet :

• D’entretenir de bonnes relations ;

• D’inciter une personne à penser du bien de


vous ;

• De demander un service à une personne sans


l’aliéner ;

• De convaincre autrui de la pertinence d’une


idée ou de l’utilité d’un produit ;

• De calmer quelqu’un ;
• De venir en aide à une personne dans le
besoin ;

• De disposer d’un réseau d’amis et de trouver


facilement du monde pour partager des
activités intéressantes.

Prenons le cas de deux hommes, Daniel et Éric, à


l’intelligence sociale très différente. L’avion de
Daniel a plus de cinq heures de retard. Il prend un
taxi pour se rendre à Toulouse, ville où il doit
assister à une convention. Malheureusement, il n’a
pas confirmé sa réservation et l’établissement est
désormais complet.

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? hurle-t-


il à la réception.

— Je suis vraiment désolée, Monsieur, mais je peux


appeler un autre hôtel pour voir s’ils ont de la
place, répond la jeune réceptionniste.

— Pas question ! vocifère-t-il, attirant ainsi


l’attention de tout le monde dans le hall. J’ai
réservé chez vous et je dormirai chez vous ! »

Inutile de dire que Daniel s’aliène la réceptionniste,


seule personne à même de résoudre son problème à
ce stade. L’employée, habituée à côtoyer des
personnes de la trempe de Daniel, reste inflexible.
Daniel n’a maintenant plus qu’à se débrouiller seul
pour trouver une chambre ailleurs.

Éric, qui a assisté à la scène, se trouve dans la


même situation que Daniel, mais il emploie une
tout autre stratégie.

« Ce doit être particulièrement pénible d’avoir


affaire à ce genre de personnes à longueur de
journée, dit-il calmement à la réceptionniste.

— Non, pas vraiment, et ce n’est pas si courant,


répond-elle en souriant.

— Bon, je suis vraiment désolé de vous ennuyer,


mais j’étais sur le même vol retardé. Il n’y a
vraiment plus rien de libre ? Je peux dormir dans
un placard, si vous pouvez en trouver un, propose
en plaisantant Éric.

Elle rit.

— Laissez-moi voir ce que je peux faire.

Après avoir passé cinq minutes à pianoter sur son


clavier, elle lève les yeux et lui annonce :

— Si vous êtes prêt à attendre quelques heures, je


peux vous avoir une chambre. C’est une chambre
plus chère avec petit déjeuner et collation inclus. Je
peux vous la proposer au même prix. Vous pouvez
nous confier vos bagages et attendre au bar qu’elle
soit prête, si vous le souhaitez.

— Ouah, génial, merci ! » répond Éric avec


reconnaissance.

Dans vos relations avec les autres, il suffit souvent


de peu de chose pour obtenir ce que vous voulez.
Prêter attention à autrui et gérer ses propres
émotions peut se révéler extrêmement payant.

L’intelligence émotionnelle, ce n’est pas


simplement se montrer gentil avec les gens. C’est
également savoir vous mettre à leur place et vous
servir de vos émotions de manière adéquate. Cela
passe donc parfois par l’adoption d’une attitude
ferme, voire dure envers l’autre, ou par
l’expression de votre contrariété. Il s’agit de
décrypter les sentiments de son interlocuteur et
d’exploiter de manière appropriée ses émotions,
comme nous allons le voir.

Influer sur les émotions


d’autrui
Une fois que vous savez comment lire les
sentiments d’une personne, vous êtes mieux à
même d’influencer son état d’esprit, par exemple
pour la convaincre de la pertinence d’une idée, d’un
concept, d’un plan ou d’un produit. Ou de chercher
à la persuader de modifier un comportement pour
son propre bien.

À d’autres moments, il s’agit de faire en sorte


qu’une personne déprimée ou en colère retrouve un
meilleur état d’esprit afin que votre relation
débouche sur un résultat positif ou que vous
réalisiez une activité en étroite collaboration.

Apprendre à lire les sentiments de l’autre permet


également de mieux le comprendre et d’en tirer
parti. C’est une forme de générosité. Par exemple,
en saisissant l’origine de ma mauvaise humeur,
vous êtes en mesure d’être empathique et de savoir
que je préfère rester seul, que je n’aime pas qu’on
me tienne tête, que j’aimerais bien une tasse de
thé, etc. Il est possible de venir en aide à quelqu’un
simplement en le comprenant.

Vous devez vous faire un allié de la personne que


vous souhaitez influencer. Lorsque vous avez tous
deux le même objectif, il vous est plus facile
d’œuvrer ensemble pour l’atteindre. Par
conséquent, si votre comportement la contrarie ou
l’exaspère, elle sera moins susceptible de vous
écouter. En revanche, si vous pouvez montrer que
vous avez tous deux le même objectif ou résultat en
vue, elle aura alors au moins une bonne raison de
vous suivre. Après tout, vous avez un intérêt en
commun !

Suivre la règle d’or


Vous montrer gentil avec des inconnus peut certes
vous permettre de marquer des points, mais ce
n’est pas tout. Martin Nowak, professeur de
mathématiques de l’université d’Oxford, a étudié
scientifiquement le sujet. Lui et ses collègues ont
découvert que rendre à service à un inconnu
aujourd’hui accroît la probabilité que l’on vous
renvoie l’ascenseur dans le futur.

Pour illustrer ce principe, ils ont fourni l’exemple


suivant : si un homme se rend dans un bar et offre
une bière à un inconnu, le principe de réciprocité
veut généralement que l’inconnu lui en paye
ensuite une en retour. Mais si cet homme offre une
tournée générale, sans espérer qu’on lui rende la
pareille, cette gentillesse sera probablement
récompensée dans un futur plus ou moins proche.
Théoriquement, les clients vont se passer le mot
sur la gentillesse de l’homme et d’autres finiront
par bien se conduire avec lui.
Les chercheurs ont modélisé différents scénarios.
Leur modèle a confirmé leur théorie selon laquelle
être gentil (même au hasard avec des inconnus)
peut porter ses fruits ultérieurement. « Les mots
gentils peuvent être courts et faciles à dire, mais ils
résonnent à l’infini », disait Mère Teresa.

Comment savoir quand être gentil et quand se


montrer intransigeant ? Il est difficile d’édicter une
loi générale, mais la gentillesse paie généralement
plus. Comme le disait peut-être votre grand-mère,
« on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ».
Voici cependant des situations où vous montrer
ferme, voire dur, peut s’avérer plus efficace :

• Quand quelqu’un essaie de profiter de vous au


cours d’une négociation ;

• Pour prendre position sans concession sur un


problème afin de convaincre les autres de votre
sincérité ;

• Pour faire cesser les plaisanteries déplacées


d’une connaissance en lui montrant que vous
prenez le problème très au sérieux.

Soyez intransigeant, mais avec modération, sans en


abuser, en sachant vous adapter aux personnes et
aux situations.
Appliquer l’intelligence
émotionnelle au travail
Le lieu de travail est l’un des endroits où vous
pouvez exploiter vos compétences émotionnelles. Il
y a longtemps, avant que la notion d’intelligence
émotionnelle soit très répandue, un cadre supérieur
d’une grande entreprise m’a dit un jour que les
émotions n’avaient pas leur place au travail. Ce qui
revient à dire : « Laissez donc votre cerveau droit à
la maison et n’emportez que le gauche au
bureau ! »

Heureusement que les attitudes ont changé depuis


cette époque.
Cerveau droit et cerveau gauche

C’est aux travaux du professeur Roger Sperry – prix


Nobel 1981 – que nous devons la conception des
grilles neurologiques de la latéralité, mieux
connues sous le nom de cerveau gauche et
cerveau droit :

• Le cerveau gauche est marqué par la


maîtrise de l’environnement qu’il cherche à
évaluer et à contrôler. Il s’intéresse aux
détails et au rationnel. Il manie aisément les
symboles : langage, calcul, algèbre, chimie… Il
procède de manière logique, analytique et
linéaire.

• Le cerveau droit réagit souplement à son


environnement auquel il cherche à
s’adapter. Il aime les métaphores et pense en
images. Il est plus spatial, global, intuitif,
émotif et imaginatif. C’est le cerveau créatif.

Mais selon les dernières études, les scientifiques


pensent que les hémisphères cérébraux ne
travaillent pas isolément, mais ensemble pour
toutes les activités cognitives, même s’il existe des
asymétries fonctionnelles. Ils fonctionnent en
complémentarité et en harmonie grâce au corps
calleux.

Ainsi, lorsque nous utilisons notre intelligence


émotionnelle, nous mobilisons notre intuition et la
perception globale de notre cerveau droit, qui
seront ensuite analysées, vérifiées par notre
cerveau gauche. Nous faisons ce que préconisait
Mintzberg : « Pensez à droite, planifiez à gauche. »

Malheureusement, le lieu de travail est un univers


stressant pour de nombreuses personnes dans le
monde entier, comme m’ont permis de le constater
les entretiens et enquêtes menés par ma société
(Multi-Health Systems). Nous avons été parmi les
premiers à effectuer des travaux de recherche sur
l’intelligence émotionnelle au travail et avons
découvert à quel point elle peut accroître la
productivité, améliorer le travail d’équipe et vous
faire mieux apprécier du même coup vos fonctions
et votre environnement professionnel.

Les bienfaits de l’intelligence


émotionnelle au travail…
Les nombreuses études menées, entre autres, par
Multi-Health Systems montrent tous les avantages
à devenir plus intelligent émotionnellement au
travail :

• Vous gérez mieux le stress ;

• Vous améliorez vos relations avec vos


collègues ;

• Vous gérez mieux vos rapports avec votre


supérieur hiérarchique ;

• Vous êtes plus productif ;

• Vous êtes un meilleur chef et/ou leader ;

• Vous gérez mieux vos priorités


professionnelles ;

• Vous êtes un meilleur membre d’équipe.

Selon une récente étude menée par Stephen Cote et


ses collègues de la Rotman Business School de
l’université de Toronto, les gens très intelligents
émotionnellement, étant plus à l’écoute des
personnes et appréhendant mieux les situations sur
leur lieu de travail, bénéficient d’augmentations de
salaire plus élevées que les autres.
… et ceux d’un environnement
professionnel
émotionnellement plus
intelligent
Après avoir vu de nombreuses personnes faire
preuve d’une plus grande intelligence émotionnelle
dans la sphère professionnelle, j’ai constaté avec
surprise que les organisations ne s’amélioraient
pas forcément en la matière. C’est là que m’est
venue la notion d’organisation émotionnellement
intelligente. Une organisation émotionnellement
intelligente est une organisation capable de gérer
efficacement et avec bonheur le changement et de
remplir ses objectifs, tout en se montrant
responsable et sensible avec son personnel, ses
clients, ses fournisseurs, ses réseaux et la société.

Si vous observez attentivement certaines


entreprises parmi les plus florissantes, vous vous
apercevez qu’elles figurent souvent au sommet du
palmarès des sociétés où il fait bon travailler. C’est
le cas de Google. Elle recrute les meilleurs
individus, pas seulement sur le plan des
compétences professionnelles mais également en
matière d’intelligence émotionnelle, avec des
capacités à être autonomes, à avoir confiance en
eux et à entretenir de bonnes relations avec les
autres. Google est consciente que les personnes
dotées d’une bonne intelligence émotionnelle sont
capables de se gérer et ont moins besoin d’être
formées et supervisées pour accomplir leur
mission.

Les personnes intelligentes émotionnellement


encouragent également leur supérieur à prendre
des risques. Google ne rechigne pas à prendre un
risque, même si cela ne porte pas ses fruits. Bien
entendu, cette entreprise veut des employés
motivés et animés des meilleures intentions. La
responsabilisation des employés et l’autonomie
accordée lui permettent de disposer d’un personnel
qui s’investit au quotidien. Les bénéfices de Google
ne sont pas non plus négligeables.

Pour introduire l’intelligence émotionnelle dans le


travail, il faut tenir compte de trois facteurs (le cha
pitre 12 vous en dit plus) :

• Le facteur humain. En ce qui concerne le


personnel, les employeurs doivent veiller :
• à recruter les bonnes personnes : trop
souvent, les organisations n’embauchent
des personnes que sur la base de leurs
compétences techniques, alors que les
individus émotionnellement intelligents
ont tendance à être autonomes,
productifs et motivés.

• à affecter les bonnes personnes aux


bons postes : les entreprises qui mettent
en adéquation les capacités
émotionnelles des employés et le profil
des postes fonctionnent mieux.

• à encourager les employés ou les


équipes animés d’un bon esprit
collectif : les personnes
émotionnellement très intelligentes
présentent une excellente aptitude à
communiquer et deviennent des
membres d’équipe plus solidaires.

• à favoriser un environnement propice à


la naissance d’amitiés : la recherche a
montré que le fait d’avoir votre
meilleur(e) ami(e) au travail vous
rendait bien plus productif. Vous
disposez alors de quelqu’un à qui vous
confier en cas de problème.
• à former l’encadrement : on est souvent
promu à des postes d’encadrement en
raison de ses compétences techniques ou
commerciales. Être un bon chef, c’est
aussi savoir accompagner et guider les
autres.

• à afficher d’excellentes qualités de


commandement : les qualités de
commandement sont directement liées
aux qualités émotionnelles telles que
l’empathie, la confiance en soi, l’estime
de soi et l’autonomie.

• Le travail. Pour avoir un poste satisfaisant sur


le plan émotionnel, il faut :
• un travail qui offre des défis : les
personnes qui doivent se fixer et
atteindre des objectifs bien précis se
sentent plus motivées.

• ne pas être surchargé, ni sous-


employé : trop de travail mène à
l’épuisement, mais pas assez de travail
est source d’ennui. Ces deux émotions
peuvent nuire à la productivité d’un
employé.
• disposer des bons outils : offrir au
personnel tout le matériel dont il a
besoin pour exécuter ses tâches lui
permet de se sentir bien à son poste et
au sein de l’entreprise.

• avoir un salaire juste : l’important n’est


pas le niveau de salaire, mais le
sentiment du salarié de percevoir une
rémunération juste. Les gens sont
motivés quand ils sont payés
honnêtement pour le travail qu’ils
effectuent.

• diminuer les tâches sans intérêt : les


tâches inintéressantes ou sans
importance nuisent à la motivation des
employés qui aiment leurs fonctions.

• être satisfait de son travail : ceux qui


aiment leur travail sont performants.

• Le but. Les employés émotionnellement


satisfaits perçoivent les retombées de leur
travail :
• leur travail profite à la communauté, à
la société, au pays ou au monde : cette
idée accroît leur motivation et aide les
cadres et dirigeants de l’entreprise à
convaincre leur personnel de continuer
dans le même sens.

• l’entreprise a un but : connaissant la


mission et les valeurs de l’entreprise, les
employés sont émotionnellement plus en
harmonie avec leurs fonctions.

Les environnements professionnels


émotionnellement intelligents sont propices à la
productivité, socialement responsables, rentables,
et ils attirent les talents. Mais il faut des dirigeants
convaincus et prêts à développer cet
environnement.

Créer des relations familiales


harmonieuses
Vous souhaiteriez peut-être que votre famille
entretienne des relations riches et affectueuses. Le
développement de capacités émotionnelles telles
que l’empathie et la maîtrise des émotions peut
vous aider à enrichir ces relations.

Chaque interaction est l’occasion d’améliorer vos


capacités émotionnelles à la maison. À quand
remonte la dernière fois où vous auriez pu vous
montrer plus prévenant avec votre conjoint ? Quand
auriez-vous pu passer plus de temps avec l’un de
vos enfants ?

Considérez chaque interaction comme l’occasion de


renforcer votre relation. Des actes sont à votre
crédit ou à votre débit. À chaque interaction
positive (crédit), vous tissez des liens de confiance
et d’amour, tandis qu’à chaque interaction négative
(débit), vous fragilisez ces liens.

Chacune de vos journées est marquée par de


nombreuses interactions avec les membres de votre
famille. En percevant mieux leur influence sur
votre relation à long terme, vous êtes en position
d’améliorer les liens qui vous unissent.

Suivez ces principes de base, qui prouvent votre


capacité à accepter les membres de votre famille,
afin de montrer l’importance que ces derniers ont à
vos yeux, de vous soucier de leur bien-être et de
renforcer les liens familiaux :

❶ Prenez mieux conscience de vos propres


émotions lorsque vous échangez avec les
membres de votre famille.
Qu’est-ce qui vous met de mauvaise humeur ou
vous embête ? Quand êtes-vous de bonne humeur
et ressentez-vous ces ondes pleines d’amour ? Vous
devez comprendre vos réactions aux situations et
interactions familiales afin d’être en mesure de les
gérer de manière adéquate.

❷ Maîtrisez vos réactions.

Soyez patient avec votre enfant. Ne vous mettez pas


en colère avec votre conjoint. Maîtriser ses
réactions émotionnelles peut vraiment être
bénéfique dans votre foyer, à savoir vous faire
gagner la confiance et l’amour de votre famille.

❸ Écoutez et comprenez ce que ressentent les


membres de votre famille.

Vous mettre à la place de l’autre vous permet d’y


réfléchir à deux fois avant de réagir
inconsidérément. Pourquoi votre enfant vous a-t-il
demandé cela ? Pourquoi votre conjoint remet-il
toujours ce sujet sur le tapis ? Vous êtes ainsi en
mesure de mieux comprendre ses émotions, de
prendre en compte tous les éléments expliquant le
comportement de l’autre, puis de réagir de manière
constructive, en faisant retomber la pression
lorsque l’affaire est délicate.
“Communiquer, ouvrir son cœur,
se rendre accessible, dévoiler ses
pensées.”
Émile Littré
DANS CE CHAPITRE
Mesurer l’intelligence émotionnelle

Connaître les sentiments associés à l’intelligence
émotionnelle

Comprendre les personnes dépourvues d’intelligence
émotionnelle

Chapitre 2
Évaluer son intelligence
émotionnelle
P our certaines personnes, la notion d’intelligence
émotionnelle va de soi, tandis que, pour d’autres,
elle tient de l’oxymore (crise mineure, silence
assourdissant). Après tout, comment peut-on faire
cohabiter l’émotion et l’intelligence ? Les
personnes émotionnellement intelligentes ne sont-
elles pas trop… émotives ? Et les gens intelligents
ne sont-ils pas d’une logique implacable, ne
laissant trahir aucune émotion ? Ce chapitre
contredit toutes ces suppositions. Je vous montre
comment mesurer l’intelligence émotionnelle, à
quoi ressemblent les sentiments qui y sont associés
et comment se comporter avec une personne
dépourvue d’intelligence émotionnelle.

Mesurer l’intelligence
émotionnelle
Voici la question élémentaire qui est à l’origine de
la notion d’intelligence émotionnelle : « Comment
quelqu’un de si intelligent peut-il bien agir de
manière si stupide ? »

Prenez Jules, qui est vif comme l’éclair. Il a


toujours la bonne réponse en classe, rend les
meilleurs devoirs et pose des colles à la maîtresse.
Cela ne surprend personne qu’il soit premier de sa
classe. Tout le monde sait qu’il a toutes les chances
de réussir.

Il réussit brillamment ses études de droit, est


recruté dans un grand cabinet d’avocat parisien, au
sein duquel il progresse rapidement. Mais Jules n’a
pas une vie de rêve. Il a divorcé deux fois, a deux
enfants qui ne lui parlent plus et risque d’être radié
du barreau pour utilisation frauduleuse de l’argent
de ses clients.

Les scientifiques comprennent désormais qu’être


très intelligent dans un ou deux domaines ne fait
pas de vous un être intelligent à tous les égards.
Vous pouvez très bien avoir un niveau d’instruction
exceptionnel, mais ne pas être émotionnellement
intelligent.

Pour mesurer l’intelligence émotionnelle, les


psychologues utilisent divers tests qui entrent dans
trois grandes catégories :

• Les tests d’autoévaluation comparent vos


réponses aux milliers d’autres figurant dans
une base de données et traitent divers
domaines : la façon dont vous gérez les
situations difficiles, communiquez avec les
autres et décrivez votre humeur à différents
moments. Le test d’autoévaluation le plus
utilisé est le EQ-i, présenté au chapitre 4.

Méfiez-vous des tests figurant sur la Toile, car


ils ne respectent pas forcément les normes de
l’American Psychology Association (APA) et de
la Commission internationale des tests. Cela
revient à se peser sur une balance défaillante.
Le résultat obtenu risque d’être faux.

• Les évaluations à 360 degrés englobent la


perception que les autres ont de vous. Ceux qui
vous connaissent dans divers contextes (votre
patron, votre conjoint, vos subordonnés)
donnent leurs impressions sur vous dans les
situations qui ont fait l’objet de votre
autoévaluation. Il se peut donc que vous vous
trouviez très sûr de vous ou sociable, mais que
ces personnes vous voient différemment.
L’évaluation à 360 degrés la plus courante est
l’EQ-360, traitée au chapitre 4.

• Les évaluations de la performance sont


structurées comme un test de QI. Elles
mesurent l’intelligence émotionnelle comme
une capacité. Le sujet doit reconnaître des
émotions sur des photos de personnes, choisir
une réaction à une situation difficile ou
prouver sa compréhension des principes
élémentaires des émotions. Le professionnel
qui se sert du test compare les scores obtenus
par la personne à une base de milliers de
réponses. L’évaluation de la performance la
plus courante est le MSCEIT (voir le
chapitre 4).

Tous ces tests concernent votre comportement


potentiel dans la vie. Ils peuvent prédire votre
capacité à gérer des situations stressantes, juger si
vous feriez un bon cadre, si vous êtes capable
d’influencer les autres, ainsi qu’évaluer de
nombreux autres comportements. Ils contribuent
en outre à déterminer vos forces et faiblesses, vous
incitant ainsi à vous améliorer.

L’association de ces trois types de tests donne des


résultats précis sur votre perception de vous-
même, la perception que les autres ont de vous et
vos performances dans l’exécution de tâches liées à
l’intelligence émotionnelle.

Les tests de QE, quand ils sont réalisés à l’aide de


méthodes de test fiables, vous fournissent de
précieuses informations sur vous-même. Après
avoir évalué des milliers de personnes, j’ai
découvert qu’elles sont nombreuses à être un peu
surprises de leurs résultats. Par exemple, une
personne qui pensait être très responsable
socialement et soucieuse des autres a obtenu un
score moyen dans ce domaine, ce qui l’a
particulièrement déçue. Il s’est avéré qu’elle
mettait la barre très haut en termes de
responsabilité sociale et s’est donc montrée
extrêmement dure avec elle-même lors de
l’évaluation. En fait, elle était plus socialement
responsable que la plupart des gens mais estimait
qu’elle pouvait faire bien mieux.

Voici des éléments à prendre en compte lorsque


vous observez votre propre niveau d’intelligence
émotionnelle. Notez donc dans votre carnet les
réponses à ces affirmations :

• Je suis généralement conscient de mes


émotions ;

• J’exprime facilement mes émotions et mes


opinions aux autres ;

• Je connais précisément mes points forts et


faibles ;

• Je sais exactement où je vais dans la vie ;

• Pour prendre des décisions importantes, je


dépends des autres ;

• Les autres ont le sentiment que je les écoute


vraiment ;

• J’ai de nombreux amis et connaissances ;


• Je passe beaucoup de temps à aider les autres ;

• Je suis doué pour résoudre les problèmes des


autres ;

• Je passe facilement d’une tâche à l’autre ;

• Je suis terre à terre et n’ai pas tendance à


rêver éveillé ;

• Je me sors de situations stressantes sans trop


éprouver d’anxiété ;

• Je suis réfléchi et je prévois soigneusement


ma réaction aux événements ;

• J’ai tendance à voir le bon côté des choses ;

• En règle générale, je suis heureux.

En lisant ce livre, vous remarquerez peut-être un


certain nombre d’exemples de personnes dont les
capacités émotionnelles sont plus ou moins élevées.
Réfléchissez aux réactions que vous auriez dans
leur situation pour vous aider à évaluer votre IE. En
considérant vos capacités émotionnelles en toute
honnêteté, vous serez mieux à même de
comprendre votre comportement et de progresser
dans des domaines qui peuvent vous aider à être
plus à l’aise avec vous-même et les autres.
Se sentir, réfléchir et se
comporter comme une
personne émotionnellement
intelligente
Les gens émotionnellement intelligents ont leur
façon de réfléchir, de se sentir et de se comporter.
Ils ont naturellement confiance en eux et donnent
le meilleur d’eux-mêmes aux autres. Lorsque vous
côtoyez une personne émotionnellement
intelligente, vous sentez qu’elle s’intéresse
complètement à vous. Quand vous échangez, elle ne
se montre jamais distraite, vous avez toute son
attention.

En temps de crise ou en cas de difficultés, les


personnes émotionnellement intelligentes vous
semblent plus à l’aise. Elles ne paniquent pas et se
concentrent sur les solutions. Elles ont un point de
vue sain qui vous aide à prendre conscience qu’une
issue heureuse est en vue.

La prochaine fois que vous rencontrez une


personne, soyez plus attentif à l’interaction. Lui
prêtez-vous une oreille attentive ou êtes-vous
distrait ? Offrez-lui toute votre attention. Axez la
conversation sur les sujets ou les problèmes qu’elle
aborde. Posez des questions destinées à essayer de
comprendre sa situation et ses sentiments.

Ressentir les choses comme


une personne
émotionnellement
intelligente
Les personnes émotionnellement intelligentes
perçoivent très bien leurs sentiments et sont en
phase avec le monde qui les entoure. Si vous êtes
une personne émotionnellement intelligente :

• Vous avez la plupart du temps conscience de


votre humeur ;

• Vous savez pourquoi vous êtes de telle


humeur ;

• Vous connaissez les sentiments des autres ;

• Vous savez gérer vos émotions et êtes


particulièrement capable de faire baisser des
émotions intenses et négatives ;

• Vous savez gérer les émotions de votre


entourage, en sorte qu’il se sente mieux.
Les personnes émotionnellement intelligentes
éprouvent toutes sortes de sentiments. Ce ne sont
pas des robots, leurs émotions sont réelles et
peuvent être intenses (surtout les émotions
positives). Lorsqu’elles éprouvent des sentiments
négatifs intenses, elles savent ne pas se laisser
submerger. Elles les surmontent bien plus
rapidement que la plupart des gens. Les personnes
émotionnellement intelligentes ont tendance à
employer tous leurs sens (goût, toucher, odorat,
vue et ouïe) afin de vivre pleinement leurs
émotions.

Voici un exercice qui peut vous aider à vous


concentrer sur vos différents sens, tout en générant
une atmosphère calme et détendue : imaginez-vous
allongé sur le dos sur un nuage blanc cotonneux, en
train d’observer les autres nuages au-dessus de
vous. Vous vous sentez très bien et percevez la
douceur des nuages qui vous entourent. Vous
savourez la fraîcheur de la brise qui vous effleure.
Vous entendez le léger sifflement du vent. Vous
goûtez la douceur de l’air. Vous observez la forme
des nuages qui passent, le corps complètement
détendu profitant pleinement de l’instant…
Lorsque vous êtes concentré sur une situation ou
une personne, votre attention se porte
exclusivement sur le moment présent.

Réfléchir comme une


personne émotionnellement
intelligente
En société, les pensées d’une personne
émotionnellement intelligente sont centrées sur
son interlocuteur. Quand elle demande à un ami des
nouvelles de sa mère malade, elle pense à son ami,
à ce qu’il dit, aux émotions associées à son discours
et aux conséquences de cette situation sur sa vie.
Une personne émotionnellement intelligente ne
pense pas à ce qu’elle ressentirait dans la même
situation, mais réfléchit à ce qu’elle pourrait faire
pour apporter son aide. Elle réfléchit à ce qu’elle
pourrait dire à son ami afin qu’il sache qu’elle le
comprend et va lui apporter son soutien dans ces
moments difficiles.

Les personnes émotionnellement intelligentes


prennent soin d’elles-mêmes mais pensent
souvent aux besoins des autres. Elles ont une
perception accrue de leur environnement et des
êtres qui les entourent. Elles excellent dans l’art de
prendre du recul, de cerner ce qui est important et
de réagir avec justesse.

Dans l’exemple précédent, vous pourriez facilement


vous laisser prendre par les détails concernant la
mère de votre ami, l’hôpital, le traitement, votre
propre perception des hôpitaux et de la maladie,
etc. Cependant, une rapide évaluation de la
situation globale et l’identification des éléments
importants à l’instant T vous font comprendre qu’il
convient de vous concentrer sur ce que vit votre
ami en ce moment.

Une personne émotionnellement intelligente


aborde généralement les gens en se souciant des
autres et non d’elle-même. Lorsque vous pensez
aux autres, vous gardez un certain équilibre et
évitez de devenir égocentrique.

Elle se pose souvent des questions telles que :


« Comment puis-je améliorer mon lieu de travail,
ma communauté, ma famille, la situation, le pays,
le monde ? »

Elle est capable de considérer une émotion avec


logique. Lorsqu’elle ressent une émotion
désagréable à la suite d’un événement, elle se pose
des questions constructives sur l’origine de cette
émotion.

Par exemple, quand Nathalie apprend que son petit


ami Kévin était dans un bar avec une autre femme
vendredi soir, ça lui fait un choc, comme si elle
recevait une gifle.

Puis un profond sentiment de tristesse l’envahit. Ce


changement émotionnel se produit si vite qu’elle
n’a même pas le temps de prendre en main la
situation. Elle n’avait déjà pas une confiance
démesurée en Kévin et ce nouveau coup la rend
instantanément triste.

Au bout d’un moment, elle commence à se poser


certaines questions :

• Est-ce que je sais qui est cette personne ?

• Pourrait-il s’agir d’un rendez-vous


professionnel ?

• Et si c’était un proche ?

• A-t-il des amies ?

• A-t-il donné des signes laissant penser que


notre couple battait de l’aile ?

• Et s’il décide d’entretenir une liaison ?


• Est-ce que j’aimerais être libre pour
rencontrer de nouveau quelqu’un ?

• Est-ce que ce serait la fin du monde si nous


rompions ?

• Ne serais-je pas non plus capable de


rencontrer quelqu’un si je me retrouvais
seule ?

En se posant ces questions, Nathalie passe de la


déprime à l’inquiétude. La prochaine fois qu’elle
verra Kévin, elle pourra aborder le sujet sans
agressivité. Au lieu d’être furieuse ou de porter des
accusations, elle sera calme et attentive.

Elle découvre avec soulagement que Kévin a une


cousine germaine dont il est proche et qu’il voit de
temps en temps. Ils ont notamment parlé de
Nathalie et ont planifié une sortie samedi soir, tous
les quatre, avec son petit ami.

Et si Nathalie s’était imaginé le pire et avait


accueilli Kévin en l’attaquant méchamment ? Elle
aurait peut-être détruit leur relation et son estime
de soi en aurait souffert.
Se comporter comme une
personne émotionnellement
intelligente
Nicole doit absolument finir un projet au bureau,
aller chercher sa fille à l’école, passer chez sa mère
le soir, avant de rentrer préparer le dîner pour toute
la famille. Elle est bien plus calme que ne le
seraient la plupart des gens à sa place. Elle sait
gérer son temps et sa vie.

Cette gestion implique en partie de bien planifier.


Nicole a déjà décomposé son projet en différentes
parties : les tâches qu’elle doit exécuter et celles
qu’elle peut déléguer. Elle a un plan de secours :
une autre mère peut aller chercher sa fille à l’école
et la faire jouer avec la sienne jusqu’à l’heure du
dîner. Nicole appelle sa mère, pour une
conversation très rassurante, lui expliquant qu’elle
viendra la voir plus tard. Enfin, elle appelle son
mari et obtient qu’il s’occupe du dîner.

Rester calme et serein dans l’exécution de


nombreuses tâches n’est pas le seul moyen de faire
preuve d’intelligence émotionnelle. Vous l’affichez
également quand vous êtes capable d’exécuter les
tâches qui vous incombent sous pression. Nicole a
décomposé ses missions en sous-tâches facilement
réalisables, ce qui lui a permis de rester calme.

On se tient généralement à distance des gens


épuisés. Mais Nicole sait si bien travailler avec les
autres que ceux-ci apprécient d’être à ses côtés. Les
collaborateurs de Nicole ne sont pas stressés par les
délais à respecter et apprécient d’avoir à relever ce
défi. Nicole leur donne envie de mener à bien une
mission passionnante. En moins de dix minutes au
téléphone, sa mère est consolée. Elle sait comment
rendre son mari enthousiaste à l’idée d’avoir le
temps de préparer son dîner préféré.

Les personnes émotionnellement intelligentes


savent bien se maîtriser, ainsi que leur entourage.

Il est probable que vous ne puissiez juger de


l’intelligence émotionnelle d’une personne à son
apparence, à moins que vous ne sachiez sur quoi
porter votre attention. Il suffit de l’observer dans
une situation stressante (embouteillage,
supermarché ou dans n’importe quelle situation
éprouvante pour les nerfs). Bien qu’il ne faille pas
juger les gens à leur apparence, vous pouvez en
apprendre beaucoup sur eux en étudiant leur
comportement, surtout quand ils sont sous
pression.
Intelligence émotionnelle et stress

Pour Hans Selye, médecin canadien, le stress est un


processus d’adaptation face aux modifications de
l’environnement. C’est une « réponse de l’organisme
consécutive à toute demande ou sollicitation exercée sur cet
organisme ».

Il distingue en effet deux éléments indissociables dans le


stress :

• Une stimulation (physique, sensorielle, psychologique


ou émotionnelle) ou une agression ;

• La réponse adaptative de l’organisme à cette


stimulation.

Les changements de la vie occasionnent de nombreuses


émotions. Votre cerveau se met en état d’alerte : l’amygdale
réactive pousse l’hypothalamus à commander aux glandes
surrénales. Situées au-dessus du rein, elles permettent la
sécrétion d’adrénaline qui sera libérée dans le sang,
entraînant accélération du rythme cardiaque, transpiration,
tension musculaire pour préparer le corps à l’action. Dans les
situations de stress aigu (accident de voiture, agression,
compétition, etc., notre corps ainsi mobilisé peut mettre en
place des comportements utiles de fuite ou d’attaque pour
assurer notre survie.
Si la situation de stress dure, l’hypophyse donne l’ordre à la
glande corticosurrénale de sécréter du cortisol. Cette
seconde hormone est chargée de stimuler la synthèse des
sucres afin d’aider l’organisme à « tenir le coup » dans les
situations de stress chronique.

Ce double mécanisme de défense est un héritage des


hommes préhistoriques qui devaient affronter des hordes
ennemies ou des animaux sauvages.

Face à toutes ces émotions occasionnées par les


changements, nous sommes différents, chacun réagissant
de façon spécifique au stress, selon l’un de ces trois profils
psychologiques :

Le profil A : c’est celui du battant, toujours sur les nerfs,


plutôt extraverti. Il carbure à l’adrénaline, extériorise son
stress à coups de colère. En compétition permanente avec
lui-même et son entourage, il se lance des défis, vit à un
rythme accéléré, voulant toujours faire plus, plus vite et
mieux.

Le profil B : plus introverti, il a tendance à refouler ses


sentiments, son agressivité, à ruminer, il intériorise ses
difficultés et parfois se ronge de l’intérieur.

Le profil C : réaliste, positif et bien dans sa peau, il réagit


avec calme, assurance et confiance face aux situations
inattendues. Tranquille et équilibré, il montre des réactions
émotionnelles adaptées à la réalité. Il sait négocier dans les
situations de conflit et investit l’énergie nécessaire à la
résolution de ses problèmes. Il sait mobiliser ses ressources
et son intelligence émotionnelle…

Repérer une personne


émotionnellement intelligente
Les personnes émotionnellement peu intelligentes
ont rarement conscience des émotions qu’elles
éprouvent. Résultat, elles ne se rendent même pas
compte qu’elles ne sont pas en phase avec leur
entourage. Elles n’ont aucune idée de l’impression
qu’elles laissent aux autres ou des raisons des
difficultés qu’elles traversent.

À cause de leur comportement, elles ont souvent


tendance à se retrouver perdantes. Elles adoptent
une attitude qui va à l’encontre du but recherché.
Comme elles ne contrôlent pas leurs pulsions,
n’ont pas de bonnes aptitudes sociales et ne sont
guère empathiques, elles sont souvent leur propre
pire ennemi.

Les personnes à l’intelligence émotionnelle faible


sont rarement très heureuses, ne parviennent pas à
être en accord avec leurs objectifs dans la vie et ne
savent pas résoudre les problèmes. Ces lacunes ont
des répercussions sur leur vie. Elles peuvent avoir
du mal à entretenir des relations durables avec les
autres, à garder leur travail, à obtenir une
promotion, à avoir une vie amoureuse épanouie ou
à gérer les situations stressantes.

Il est important de comprendre que des personnes


intellectuellement intelligentes peuvent
cruellement manquer d’intelligence émotionnelle.

Il n’est pas toujours facile de repérer le manque


d’intelligence émotionnelle chez quelqu’un.
Certaines personnes semblent avoir de bonnes
capacités émotionnelles, mais en fait, elles
parviennent seulement à dissimuler leurs lacunes,
tout du moins en apparence. Il est facile de mentir
sur son IE. Une personne peut dire à tout le monde
qu’elle se connaît bien et s’entend avec les autres.
Mais il ne suffit pas de le dire…

En général, les personnes dépourvues d’intelligence


émotionnelle :

• Se mettent en colère ou deviennent anxieuses


sans savoir pourquoi ou sans identifier leurs
émotions ;
• Ne savent pas ce qu’elles provoquent chez les
autres ;

• Ne comprennent pas ce que les autres peuvent


ressentir dans différentes situations ;

• Ne gèrent pas efficacement les sentiments et


les comportements des autres ;

• Se comportent de manière égocentrique ;

• Ne maîtrisent pas leurs émotions, surtout en


période de stress ;

• Se montrent sous leur plus mauvais jour ;

• Ne font pas facilement connaissance et n’ont


pas de relations durables ;

• Surestiment leurs capacités ;

• S’attirent sans cesse des ennuis, car elles ne


savent pas résoudre les problèmes ;

• Deviennent trop passives ou trop agressives


quand elles communiquent avec les autres ;

• Avancent sans but dans la vie ;

• Voient la plupart du temps le mauvais côté des


choses ;

• Ne sont pas heureuses ;


• Ne s’adaptent pas facilement au changement ;

• Constatent que les gens les évitent.

Si une personne semble être dépourvue


d’intelligence émotionnelle, ne concluez pas que
son cas est désespéré. Avec un accompagnement
adapté, presque tout le monde peut progresser.

Frank est persuadé d’être quelqu’un de bien. Il


s’efforce toujours de dire et de faire ce qu’il faut
pour sa femme, Rachida, et ses enfants. Mais il se
retrouve toujours à avoir prononcé les mauvaises
paroles au mauvais moment. Quand sa femme lui
demande comment il trouve sa nouvelle robe, il
répond : « Chérie, je pense que tu as l’air plus
grosse dans cette robe que dans la rouge. »

En fait, les enfants de Frank n’invitent plus leurs


amis à la maison, car il leur fait honte. Il se moque
de leur coiffure et de leur façon de s’habiller, tout
en se croyant drôle. Frank ne sait pas déceler les
émotions des autres. Il n’a aucune idée de ce que
ressent sa femme quand il lui dit qu’elle paraît
grosse dans sa nouvelle robe. Il ne sait pas se
fondre dans l’univers de ses enfants et de leurs
amis.
Un jour, Rachida et Frank prennent le temps
d’avoir une discussion franche. Elle commence à lui
expliquer qu’ils veulent tous deux la même chose :
une vie de couple satisfaisante, une famille
heureuse et des enfants épanouis. Frank est
d’accord sur ces objectifs familiaux. Elle lui
explique ensuite gentiment que, à cause de son
comportement, les enfants ont parfois du mal à
entretenir des relations normales avec les autres.

Elle réussit à faire comprendre son argument en


invitant Frank à se souvenir des expériences
désagréables qu’il a vécues dans son enfance,
quand les autres le taquinaient et le malmenaient.
« C’est le genre d’expérience que tu souhaites pour
tes enfants ? » lui demande-t-elle.

En entendant Rachida, Frank a froid dans le dos.


Rachida et Frank établissent un système lui
permettant de l’avertir discrètement quand il
dépasse les bornes en société. Depuis, il sait
comment se débarrasser de cette manie de faire des
commentaires affligeants et parvient à mieux
prêter attention aux autres. Dans le chapitre 8, la
gestion de l’entourage sera abordée en détail.
“Il existe une règle d’or qui m’a
souvent été utile : dans toute
relation durable, tout sentiment
persistant doit être exprimé.”
Carl Rogers
DANS CE CHAPITRE
Connaître le bonheur grâce à l’intelligence émotionnelle

Vivre un bonheur authentique

Chapitre 3
Trouver le bonheur
L a plupart des gens pensent que le bonheur est
pur hédonisme ou un plaisir instantané. La
sensation de plaisir que vous avez à manger du
chocolat, à prendre un bain bien chaud, à
remporter un prix ou à déguster un excellent verre
de vin est du bonheur à court terme. Ce que vous
souhaitez vraiment, c’est le plaisir à long terme et
la satisfaction associée au vrai bonheur.

Le vrai bonheur implique de vous percevoir et de


considérer le monde qui vous entoure avec
objectivité. Il s’agit ainsi de découvrir ce qui est
vraiment important dans votre vie et de tirer profit
de ces avantages. Le vrai bonheur repose sur des
valeurs, tout en étant influencé par vos émotions.
Les personnes très intelligentes émotionnellement
sont optimistes, en harmonie avec leurs passions et
parfaitement conscientes de leurs émotions, ce qui
les rend plus heureuses que celles en proie à des
difficultés dans ces domaines.

Ce chapitre vous aide à percevoir le lien entre


l’intelligence émotionnelle et le bonheur. Il vous
propose divers outils pour mieux percevoir ce qui
peut vous rendre véritablement heureux et savoir
comment trouver le bonheur.

La définition du bonheur
Nous connaissons tous des êtres qui voient la vie en
rose. Quoi qu’il leur arrive, c’est le bon côté des
choses qu’ils retiennent. Tout est génial. Mais
sont-ils vraiment heureux ? Le Larousse,
dictionnaire de la langue française, définit le
bonheur comme un « état de pleine et entière
satisfaction ». Cette définition peut très bien
supposer une origine intérieure (votre façon de
vivre l’événement) ou extérieure (l’événement
proprement dit) du bonheur.
Je pense pour ma part que c’est à l’intérieur de
vous que naît le vrai bonheur. La dégustation d’une
boîte de chocolats vous procure probablement un
bonheur à court terme, mais votre plaisir est plus
riche et durable si vous travaillez sur un projet qui
vous enthousiasme ou si vous nouez une relation
avec quelqu’un que vous aimez.

Toutes les cultures, même en dehors des sociétés


occidentales, s’accordent à dire que le bonheur et
les satisfactions de la vie sont importants. Toutes
les personnes du monde entier pensent souvent au
bonheur. Des études menées par le psychologue
spécialiste du bonheur Ed Diener, de l’université de
l’Illinois, et ses collègues, qui ont enquêté sur des
gens aux quatre coins du monde, montrent que
seuls 6 % placent l’argent au-dessus du bonheur.
En fait, 69 % disent que le bonheur est le plus
important dans leur vie.

Découvrons certains avantages du bonheur et la


façon d’utiliser l’intelligence émotionnelle pour
changer ses émotions.

“Si la vie n’est qu’un passage, sur


ce passage au moins semons des
fleurs.”
Montaigne

Comprendre les bienfaits du


bonheur
Ceux qui se sentent bien perçoivent la vie comme
une aventure intéressante, même si leur chemin est
semé d’embûches. Comme ils se sentent bien, ils
attirent du monde, élargissant ainsi leur cercle
d’amis. Ces nombreux amis leur permettent de
disposer de ressources importantes en cas de
besoin. Lorsque vous êtes dans un bon état d’esprit,
vous êtes mieux placé pour relever les défis. Les
gens heureux sont plus confiants, optimistes,
agréables, énergiques, et mieux dans leur peau.

Ceux qui se sentent bien une grande partie de la


journée ont tendance à être contents à la maison,
au travail, et ils sont plus heureux dans la vie en
général. En fait, la recherche montre que les gens
heureux dans la vie connaissent une plus grande
réussite dans certains domaines : la vie amoureuse,
l’amitié, l’argent, l’activité professionnelle et la
santé. Car comme disait Voltaire : « J’ai choisi
d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ! »
Souvent on se demande ce qui arrive en premier, le
bonheur ou le succès. Il est établi que le bonheur
précède le succès. La faculté d’être de bonne
humeur entraîne une plus grande appréciation du
travail, de la vie de couple, de la vie familiale et de
la santé. Lorsque vous êtes heureux, vous avez tout
simplement une meilleure attitude générale à
l’égard de la vie. Cultiver votre intelligence
émotionnelle vous rend capable de conserver votre
bonne humeur, même si les choses ne vont pas
comme vous le voudriez.
Prendre la vie comme une aventure

La vie est une aventure. Il vous faut parfois vivre quelque


chose de nouveau et de passionnant pour l’apprécier. De
nombreuses personnes vivant dans des situations difficiles,
telles que la pauvreté, savent vraiment apprécier ce que leur
offre la vie. Pour celles qui sont nées avec une cuillère
d’argent dans la bouche, les moments de bonheur vont
souvent de soi. La première fois que je suis allé en Europe,
c’était pour présenter un article scientifique dans le cadre
d’une conférence, en Angleterre. Ce fut une expérience
unique et passionnante. J’appréciais vraiment ce que je
vivais, mais j’ai été frappé par la réaction d’un collègue que
j’ai rencontré là-bas.

Il était follement enthousiaste d’être en Europe. C’était aussi


la première fois qu’il sortait des États-Unis. Jeune professeur
dans une petite université, il était issu d’une famille
d’ouvriers et il en était le premier membre à être entré à
l’université et à décrocher un doctorat. Un voyage en Europe
financé par son université représentait la plus grande
émotion de sa vie.

Ses ancêtres étaient des immigrés gallois et il me demanda


de l’accompagner dans sa quête du château qui portait le
nom de sa famille. Chaque jour était une aventure et même
la plus petite expérience débouchait sur une nouvelle
découverte. J’ai adoré vivre cela avec lui, en particulier parce
qu’il était très reconnaissant d’avoir un emploi lui permettant
de vivre une expérience si extraordinaire.

Nous avons fini par trouver le château qui portait son nom. Il
était plutôt dans un triste état, pratiquement en ruine. Et le
comble, c’est que nous avons dû payer plein tarif, même
après qu’il a présenté à la caissière son passeport et son
permis de conduire portant ce nom de famille désormais
célèbre.

Mais cet épisode n’a pas découragé mon ami. Le simple fait
d’être là et de vivre pleinement cette expérience le rendait
incroyablement heureux.

Sans les retrouvailles historiques de mon ami, ce voyage


aurait été comme les autres. J’estimais égoïstement que ce
voyage faisait partie de mon travail. Le fait de voir cette
expérience à travers son regard m’a permis de l’apprécier à
sa juste valeur. Malgré un hébergement sommaire, le temps
pluvieux et le fait que nous nous soyons perdus, chaque
minute de ce périple fut un régal.

Depuis, j’ai fait un nombre incalculable de voyages vers


différentes régions du globe. Il m’arrive de descendre dans
des hôtels cinq étoiles. Dans ces établissements, il est
fréquent que les clients se plaignent pour des raisons futiles.
Ils ont beau avoir beaucoup d’argent et mener grand train, ils
n’ont pas l’air très heureux. Le bonheur est plus une façon de
vivre les situations qu’une question de richesse matérielle.
L’exercice physique et la voie du bonheur

Pour être d’une humeur plus positive et donc être


plus heureux, vous pouvez faire un certain nombre
de choses, en particulier de l’exercice physique.

De nombreuses études ont porté sur l’influence de


l’exercice physique sur l’humeur. J. H. Stubbe et ses
collègues néerlandais ont mené une étude
intéressante sur plusieurs paires de jumeaux :
8 000 personnes entre 18 et 65 ans ont été suivies
pour savoir s’il existait un lien entre la participation
à des activités physiques et le bonheur. Ils ont
découvert que ceux qui faisaient de l’exercice
disaient être plus heureux dans la vie.

Mettre en place un programme d’exercice physique


peut être très simple. Vous pouvez aller dans une
salle de sport, bricoler, jardiner, marcher dans
votre quartier ou faire du vélo. Faire de l’exercice
au moins trois fois par semaine peut vous aider,
non seulement physiquement, mais aussi
émotionnellement, en vous donnant de l’énergie et
en contribuant à vous rendre de meilleure humeur.
C’est biologique : quand on pratique une activité,
l’organisme sécrète des substances (endorphines,
dopamine, sérotonine, etc. qui génèrent un état de
bien-être physique et mental, voire de l’euphorie.
De plus, bouger augmente l’irrigation sanguine des
organes, ce qui fortifie l’ensemble de l’organisme et
stimule vos défenses immunitaires. À une
condition toutefois : que ce soit un « sport-plaisir »,
pas un « sport-corvée », ce qui aurait l’effet
inverse !

Modifier ses émotions


Vous pouvez devenir plus heureux en prenant des
mesures pour changer vos émotions. Maintenant, il
ne s’agit pas de modifier toutes vos émotions, mais
simplement de diminuer le nombre d’émotions
négatives et de maintenir ou accroître le nombre
d’émotions positives.
Chasser la colère

Imaginez-vous en train d’attendre l’ascenseur. La journée a


été longue et il a fait très chaud. L’ascenseur arrive enfin à
votre étage, les portes s’ouvrent lentement, la cabine est
bondée, mais vous repérez un petit espace libre. Vous vous
frayez un chemin en bousculant quelques personnes et
faites demi-tour pour faire face aux portes.

Les portes se referment lentement et vous commencez à


avoir chaud et à transpirer. Soudain, vous recevez un coup
dans le dos. Vous ne dites rien, car vous estimez que la
personne ne l’a pas fait exprès. Alors que l’ascenseur
descend lentement, on vous donne un autre coup. La
moutarde commence à vous monter au nez, mais vous ne
voulez pas faire un scandale.

La chaleur et la transpiration augmentent et vous ne rêvez


que d’une chose, sortir de ce fichu ascenseur. La colère
commence à monter en vous et, soudain, vous recevez
encore un coup dans le dos de la part de la même personne.
Vous êtes maintenant prêt à exploser. Vous vous apprêtez à
vous retourner pour éreinter l’indélicat. L’ascenseur s’arrête,
les portes s’ouvrent, et lorsque vous vous retournez pour lui
dire le fond de votre pensée, vous vous apercevez que la
personne est aveugle et porte une canne.
Votre colère se transforme immédiatement en culpabilité. Il
a fallu moins de deux secondes pour que votre colère
disparaisse et soit remplacée par la nouvelle émotion, la
culpabilité.

Qu’est-il arrivé à votre colère ? Elle a disparu comme par


magie. Vous avez la faculté de changer vos émotions, et
rapidement, qui plus est. Ce changement est parfois
provoqué par un élément extérieur, mais vous pouvez aussi
le déclencher de l’intérieur. Il suffit de changer votre angle de
vue pour vous permettre de réévaluer la situation.

Une façon d’alimenter vos émotions positives est


de mieux prendre conscience des types de pensées
qui leur sont associés, en considérant ces émotions
comme une conséquence. Par exemple, si vous vous
sentez bien chaque fois que vous réfléchissez à un
problème à résoudre ou au dîner que vous allez
préparer, vous pouvez multiplier dans la journée les
moments où ce genre d’idées va vous venir à
l’esprit.

Vous souhaitez très probablement modifier vos


émotions négatives. Servez-vous du point de
départ, à savoir la conséquence, pour identifier
quelle émotion vous assaille parmi toutes celles que
vous pouvez éprouver.
Une fois repérée l’émotion dont vous souhaitez
vous débarrasser, vous pouvez modifier les pensées
qui la déclenchent. Les psychologues appellent ce
type de changement émotionnel réévaluation
cognitive. Vous développez alors une nouvelle vision
de votre environnement.

Le chapitre 5 traite de la méthode ABCDE, que vous


trouverez peut-être utile pour identifier les causes
de vos émotions.

Aborder les problèmes avec


optimisme
Les personnes émotionnellement très intelligentes
sont optimistes. L’optimisme implique d’avoir une
approche stratégique des situations difficiles, c’est-
à-dire de prendre conscience des problèmes, tout
en croyant à l’existence d’une solution. Être
optimiste, c’est aussi œuvrer activement à
l’obtention de résultats potentiellement positifs.

Voici des conseils pour vous aider à devenir plus


optimiste :

• Admettre que vous êtes dans une situation


difficile ;
• Avoir conscience de vos capacités à gérer les
situations difficiles ;

• Savoir comment acquérir les capacités qui


vous manquent ;

• Vous attaquer aux problèmes dès qu’ils


surviennent ;

• Repenser aux situations similaires dont vous


vous êtes sorti ;

• Rester centré sur l’application de solutions et


ne pas demeurer prisonnier du passé ;

• Considérer les circonstances négatives comme


des défis à relever.

C’est en forgeant et en exploitant vos capacités à


vous montrer optimiste que vous serez mieux à
même de surmonter l’adversité. Comme disait
Winston Churchill : « Un pessimiste voit la
difficulté dans chaque opportunité, un optimiste
voit l’opportunité dans chaque difficulté. » Les
capacités liées à l’optimisme ont un rapport étroit
avec le bonheur.

Une étude récente d’Hilary A. Tindale, de


l’université de Pittsburgh, a suivi pendant huit ans
plus de 100 000 femmes de 50 ans et plus. À
l’initiative de la Women’s Health Initiative, cette
étude a conclu que le risque de mourir jeune, de
cancer et de maladies cardio-vasculaires, était
moins élevé chez les femmes très optimistes que
chez les femmes qui ne l’étaient pas. Ces résultats
demeuraient vrais même après la prise en compte
d’autres facteurs de risque tels que le tabac et la
sédentarité.

Connaître ses forces et ses


faiblesses
Les personnes émotionnellement intelligentes ont
une grande conscience d’elles-mêmes et se
connaissent bien. Elles savent décrypter et gérer
leurs émotions et connaissent parfaitement leurs
forces et leurs faiblesses.

L’estime de soi est une capacité émotionnelle


importante dont sont dotées les personnes
heureuses. En connaissant vos forces et vos
faiblesses et en vous acceptant tel que vous êtes,
vous pouvez traiter les difficultés auxquels vous
vous heurtez. En développant votre confiance à
partir d’une évaluation réaliste de vos capacités,
vous acquérez la force intérieure nécessaire pour
aborder toutes les situations.

Cette activité va vous aider à vérifier si vous vous


connaissez bien.

Les questions de la liste suivante vous aideront à


savoir si vous maîtrisez vos émotions. Inscrivez-les
dans votre carnet, puis notez les réponses sous
chacune d’elles :

• Quels sont vos cinq principaux points forts ?

• Quelle est votre plus grande force ?

• En quoi votre plus grande force vous a-t-elle


permis de vaincre l’adversité ?

• Comment utilisez-vous votre plus grande


force dans une situation nouvelle pour vous ?

• Quels sont vos points faibles ?

• Quelle serait la chose que vous souhaiteriez


changer vous concernant ?

• Comment procéderiez-vous pour effectuer ce


changement ?

Connaître ses forces et ses faiblesses permet


d’avancer en les utilisant et aide à acquérir de la
confiance. Cette confiance vous fait vous sentir
mieux et adopter une attitude plus positive,
laquelle améliore votre capacité à rester concentré
et à résoudre les problèmes.

Veillez à évaluer vos capacités en toute honnêteté


afin de ne pas gonfler artificiellement votre propre
estime. C’est en faisant un bilan objectif de vos
forces et faiblesses que vous bâtirez une véritable
confiance en vous.

Trouver le bonheur
authentique
On estime aujourd’hui que le bonheur est un
objectif à long terme et que vous pouvez devenir
progressivement bien plus heureux en effectuant
un certain nombre d’exercices. Des activités
spécifiques comme celles décrites ci-dessous vous
permettent d’améliorer votre état d’esprit et
d’influer ainsi sur diverses conditions du succès.

Martin Seligman, ancien président de l’American


Psychological Association et pionnier du
mouvement de la psychologie positive, a mis en
lumière divers aspects de ce qu’il appelle le bonheur
authentique. Selon Seligman, vous pouvez vivre
trois types de bonheur :
• Une vie agréable : elle est fondée sur le plaisir,
la satisfaction instantanée ou l’hédonisme.

• Une bonne vie : elle permet d’obtenir les


choses que l’on désire.

• Une vie qui a du sens : elle consiste à


s’inscrire dans un projet plus vaste et louable
que ses propres plaisirs et désirs.

Le bonheur authentique combine ces trois vies et


réunit les conditions propices à une vie pleine, à
savoir une vie qui répond à ces trois critères du
bonheur.
Trouver le bonheur à long terme

Quand j’étais petit, j’adorais la musique. Je prenais des leçons


de saxophone et j’ai joué dans des groupes pendant mes
années de lycée. J’ai aussi fait partie de l’orchestre de mon
université.

Une fois entré dans la vie active, j’ai rangé mon saxophone,
car mon emploi du temps professionnel ne m’a plus laissé le
loisir d’en jouer. Ce n’est que dernièrement que je me suis
rendu compte à quel point la musique me manquait. J’ai
remis mon saxo en état de marche, pris des leçons pour me
remettre à niveau et suis entré dans un groupe.

Le groupe municipal dans lequel je joue se produit dans les


maisons de retraite et les hôpitaux. Je suis vraiment stupéfié
de voir le bonheur que nous procurons à ces personnes
âgées quand nous leur jouons des airs de leur jeunesse.

Un concert de grand orchestre populaire fait ressurgir de


nombreux souvenirs heureux aux personnes âgées, les
amenant à raconter des histoires de l’époque des Glenn
Miller, Benny Goodman, Tommy Dorsey et d’autres groupes
qui venaient en ville divertir les habitants. Voir leurs sourires
et des étincelles dans leurs yeux lorsqu’elles revivent une
époque révolue fait vraiment chaud au cœur. Je n’avais
jamais pensé que jouer pour des personnes âgées me
procurerait autant de joie.
Vous pouvez faire de nombreuses choses pour aider les
autres et rendre ainsi votre vie plus heureuse :

• Vous investir dans des associations ;

• Participer à des œuvres de charité ;

• Donner de l’argent et de votre temps à des


événements de solidarité ;

• Vous montrer plus sensible aux besoins des autres


dans votre environnement.

Le fait d’être plus à l’écoute et d’aider les autres peut vous


apporter bien des satisfactions. Et si donner aux autres, sur
le long terme, apportait plus de bonheur que de se focaliser
sur son petit bonheur matériel ?

Seligman a expérimenté avec de nombreuses


personnes divers exercices destinés à accroître le
bonheur des milliers de visiteurs de son site Web.
Deux de ces exercices ont montré un effet à long
terme, sous la forme d’un accroissement du
bonheur sur six mois :

• Trois bonnes choses de la vie : dans cet


exercice, à la fin de chaque journée, vous
consignez par écrit trois choses qui vous ont
satisfait. Vous notez également la cause de
cette satisfaction. Effectuez cet exercice
pendant une semaine. Outre la cause, rédigez
une explication de la raison pour laquelle,
selon vous, ce plaisir est survenu.

• Exploiter ses principaux points forts d’une


façon nouvelle : dans cet exercice, sélectionnez
vos principales forces dans une liste de points
forts (aptitudes sociales, créativité, art de la
négociation, sens du commandement,
attention prêtée à autrui, résolution des
conflits, humilité, optimisme, enthousiasme,
sens de la justice, honnêteté, esprit d’équipe,
maîtrise de soi, etc.). Si la seule identification
de vos cinq points forts principaux n’apporte
pas grand-chose, exploitez-en un d’une
manière nouvelle pendant une semaine, ce qui
peut générer un bienfait à long terme.

“On gagne sa vie avec ce que l’on


reçoit, mais on la bâtit avec ce que
l’on donne.”
Winston Churchill
Partie 2
Les coulisses de l’intelligence
émotionnelle
Dans cette partie...

Vous plongez au cœur de l’intelligence


émotionnelle et de ce qu’elle peut représenter
pour vous. Je passe rapidement en revue les
notions scientifiques se cachant derrière
l’intelligence émotionnelle et je consacre un
chapitre à chacune de ses composantes. Vous
constatez l’importance de la prise de conscience de
ses émotions, l’un des éléments clés de
l’intelligence émotionnelle. Divers outils sont
proposés pour que vous cultiviez votre empathie,
laquelle figure parmi les signes distinctifs de
l’intelligence émotionnelle. Vous apprenez à gérer
certaines émotions des personnes que vous
côtoyez, aussi bien vos proches que de parfaits
inconnus.
DANS CE CHAPITRE
Faire la distinction entre QE et QI

Constater l’influence de l’intelligence émotionnelle sur
les performances

Comprendre l’importance de l’intelligence émotionnelle

Connaître la différence entre personnalité et capacités
émotionnelles

Chapitre 4
L’intelligence émotionnelle,
comment ça marche…
E n psychologie (comme dans les autres sciences),
on effectue de temps à autre une découverte, qui
fait ensuite l’objet d’un développement scientifique
employant la méthode expérimentale. Cette
découverte est ainsi analysée de multiples fois dans
des études minutieusement contrôlées, et d’autres
chercheurs utilisent les résultats obtenus.

Pour que le monde de la psychologie reconnaisse


l’intelligence émotionnelle (IE) comme un vrai
phénomène, il a fallu employer une méthode
expérimentale. Bien qu’elle constitue un domaine
d’étude récent, les publications scientifiques la
concernant sont passées d’une en 1990 à plus
de 2 000 aujourd’hui.

Dans ce chapitre, nous verrons combien


l’intelligence émotionnelle est importante et
comment la différencier d’autres notions de
psychologie telles que l’intelligence cognitive (QI)
et la personnalité. Vous allez apprendre à faire la
différence entre les capacités émotionnelles, la
personnalité et l’intelligence cognitive. Vous saurez
ainsi ce qu’il est possible ou non de modifier. La
bonne nouvelle concernant l’intelligence
émotionnelle, c’est que, contrairement au QI et à la
personnalité, un accompagnement approprié
permet de la modifier. Dans ce chapitre, vous allez
également découvrir comment les psychologues et
spécialistes des ressources humaines évaluent
l’intelligence émotionnelle.
Saisir la différence entre
intelligence émotionnelle et QI
La plupart des psychologues ne sont pas encore
parvenus à s’entendre sur une définition de
l’intelligence, malgré la preuve apportée par la
recherche qu’il en existe au moins deux formes, à
savoir l’intelligence cognitive et l’intelligence
émotionnelle :

• L’intelligence cognitive : il s’agit de la faculté


d’agir intentionnellement, de réfléchir de
manière rationnelle et de gérer efficacement
son environnement. Pour mesurer
l’intelligence cognitive, les psychologues font
passer des tests de QI qui évaluent votre
quotient intellectuel.

Ce test a été proposé par Alfred Binet et publié


pour la première fois en 1905, à la demande du
ministère de l’Éducation. Il était destiné à
mesurer les aptitudes nécessaires pour réussir
à l’école.

En deux mots, le QI est le résultat de la mesure


des capacités intellectuelles, analytiques,
logiques et rationnelles d’une personne. Un
test de QI mesure vos capacités verbales,
spatiales, visuelles et mathématiques. Il évalue
votre faculté de comprendre de nouvelles
choses, de vous concentrer sur des tâches et
exercices, de retenir des informations
objectives, d’exécuter un raisonnement, de
manipuler des chiffres, de réfléchir de manière
abstraite et analytique et de résoudre des
problèmes en vous servant de vos
connaissances. Si vous avez un QI élevé (le QI
moyen est de 100), vous êtes armé pour réussir
toutes sortes d’examens haut la main et donc
obtenir de bons scores à des tests de QI.

• L’intelligence émotionnelle : les psychologues


proposent différentes définitions de
l’intelligence émotionnelle, la plupart mettant
l’accent sur votre capacité à avoir conscience
de vos propres émotions, à les comprendre et à
les gérer, ainsi que celles des autres, afin de
vous adapter aux exigences et pressions de la
vie. Personnellement, je dirais que c’est la
capacité à vous adapter au monde, à analyser
les situations et à communiquer avec les autres
tout en prenant votre propre vie en main. Pour
la mesurer, les psychologues utilisent des tests
de QE qui mesurent votre quotient émotionnel.
Les deux tests les plus acceptés sont l’EQ-i et
le MSCEIT, dont je parle dans la section
« Comprendre le fonctionnement des tests de
QE », plus loin dans ce chapitre.

La plupart savent qu’il peut exister d’innombrables


différences entre les personnes cultivées et les
personnes débrouillardes, entre l’intelligence pure
et le bon sens. L’intelligence cognitive est bien
définie, mais l’intelligence émotionnelle, même si
elle est plus difficile à saisir, paraît souvent
beaucoup plus intéressante, car elle nous offre une
manière nouvelle et passionnante de nous
considérer, qui ne s’appuie pas sur des critères
intellectuels figés.
Découvrir l’intelligence émotionnelle

La « découverte » du concept d’intelligence émotionnelle


s’est faite par hasard au début des années 1990. Peter
Salovey, psychologue de l’université de Yale et spécialiste des
émotions, était ami avec John J. Mayer, psychologue de
l’université du New Hampshire. Ces deux amis collaboraient
sur des travaux de recherche consacrés aux émotions, à
l’intelligence et à la personnalité.

Peter et Jack fondaient tous deux des espoirs sur un jeune


candidat à la présidence, nommé Gary Hart. Ils le jugeaient
intelligent et estimaient qu’il apporterait une certaine
fraîcheur. Bref, il avait de bonnes chances de l’emporter.
C’est alors que quelque chose d’incroyable se produisit. Lors
des primaires, un journaliste lui révéla qu’il existait des
rumeurs d’infidélité le concernant. Gary Hart se fendit d’une
réponse désormais célèbre où il niait ces allégations, puis
défia les journalistes présents ce jour-là : « Suivez-moi
partout, ça ne me gêne pas. Je suis un homme sérieux. Si
quelqu’un veut me filer, pas de problème, il s’ennuiera très
vite. »

Dans les 24 heures, le Miami Herald révéla l’histoire de sa


liaison désormais célèbre avec Donna Rice. Un après-midi,
Peter et Jack étaient en train de repeindre chez Jack. Ils
essayaient de comprendre comment une personne aussi
intelligente avait pu dire quelque chose de si stupide dans
ces circonstances. Cela signifiait-il qu’il était intelligent dans
un domaine (la vie politique) mais beaucoup moins dans un
autre (la gestion de ses émotions) ?

Il leur vint alors l’idée que l’être humain devait avoir une
autre forme d’intelligence (l’intelligence émotionnelle)
différente de l’intelligence cognitive (ou QI) que tout le
monde connaît. Ils réfléchirent au moyen de mesurer cette
intelligence de la même manière qu’avec les tests de QI.

Peter et Jack développèrent alors ce concept, puis rédigèrent


un article scientifique intitulé « L’intelligence émotionnelle »,
qu’ils publièrent dans une revue scientifique relativement
obscure.

Ils donneront par la suite la définition suivante de


l’intelligence émotionnelle : « L’aptitude à percevoir et à
exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée,
à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à
réguler les émotions chez soi et chez les autres » (Salovey et
Mayer, 1997).

Peu après le début de ces travaux scientifiques, un livre


rendait le sujet très populaire : L’intelligence émotionnelle,
publié en 1995 par Daniel Goleman, psychologue et
journaliste scientifique. Il proclamait les vertus de
l’intelligence émotionnelle aussi bien pour les relations avec
nos proches que pour la réussite professionnelle et la santé.
La large couverture médiatique qui suivit, dans le célèbre
magazine Time, rendit cette notion très populaire aux États-
Unis, et bientôt dans le monde entier.

Connaître l’influence de ses


émotions
Vos émotions peuvent influer sur votre capacité à
comprendre ou apprendre à gérer une nouvelle
situation de plusieurs manières. Comment savoir si
les émotions se contentent d’agir sur l’intelligence
ou si elles représentent un type d’intelligence à
proprement parler ?

En premier lieu, si l’émotion faisait partie de


l’intelligence cognitive, ces deux attributs seraient
liés. Les personnes à l’intelligence cognitive élevée
manifesteraient automatiquement une grande
intelligence émotionnelle, et vice versa. En réalité,
d’après les travaux de recherche dont nous
disposons, votre intelligence cognitive et votre
intelligence émotionnelle ont très peu de points
communs.

Quelqu’un peut présenter une grande intelligence


cognitive et révéler une conscience de ses
émotions, une empathie ou des aptitudes sociales
quasi inexistantes. Imaginez le stéréotype du
professeur distrait : il est intellectuellement très
brillant, mais pas toujours conscient de ce qui se
produit dans son environnement. Il n’a souvent pas
idée des besoins d’autrui, même des personnes très
proches. En revanche, un individu peut être un
spécialiste de l’empathie sans être un génie
intellectuellement parlant. Par conséquent,
l’intelligence cognitive et l’intelligence
émotionnelle sont complètement indépendantes.

Mais ces deux intelligences ont beau être distinctes,


elles fonctionnent ensemble. Une personne à
l’intelligence émotionnelle très élevée peut laisser
ses sentiments influer sur son raisonnement,
l’empêchant ainsi de se montrer rationnelle. Ou
bien, même si quelqu’un a des arguments très
réfléchis, son discours ne sera pas forcément bien
perçu s’il se montre incapable de gérer
correctement ses émotions.

De nombreuses personnes se reconnaissent dans


l’histoire de Julienne, qui se trouve face à une
situation nouvelle et difficile pour elle. Elle doit
faire un discours devant son conseil municipal à
propos d’un projet qui, selon elle, va nuire à
l’environnement.

Elle souhaite faire une présentation intelligente, car


l’auditoire comprendra nombre des personnages
influents de sa ville, ainsi que ses voisins. Elle
commence ses travaux préparatoires :

• S’informer sur le site du projet ;

• Connaître l’historique de la région ;

• Passer en revue les précédents projets ;

• Comprendre tous les tenants et aboutissants


du projet proposé ;

• Faire des recherches sur l’impact


environnemental ;

• Étudier les effets potentiels du projet sur


l’environnement.

Cette liste a permis à Julienne de préparer le volet


« connaissances » de sa présentation.

Elle en connaît maintenant un rayon sur le sujet,


mais c’est la première fois qu’elle fait une
présentation. Les émotions peuvent influer sur sa
prestation à plusieurs niveaux.
Pendant qu’elle prépare sa présentation, elle se
demande que faire si la colère l’envahit au point
qu’elle ne parvienne pas à mémoriser toutes les
données. Si elle se montre incapable de garder son
calme et son enthousiasme pendant ses recherches,
son travail préparatoire ne sera peut-être pas très
bon. Par exemple, si la colère la préoccupe, elle sera
peut-être prise de pensées parasites comme celle-
ci : « Ces politiciens incapables veulent
simplement se remplir les poches. » Ces réflexions
la distrairont de la tâche qu’elle doit exécuter et elle
passera peut-être à côté d’un article expliquant les
conséquences de certains projets sur le trafic
routier (l’accroissement de la pollution et les
dangers aux endroits où des enfants traversent les
rues).

Après avoir rassemblé avec énergie et


enthousiasme (vous noterez les émotions positives)
ses arguments, Julienne doit maintenant les
présenter à la très nombreuse assistance réunie à
l’hôtel de ville. Elle est peut-être armée de toutes
les connaissances nécessaires, mais est-elle
émotionnellement prête ?

Devant une assemblée nombreuse, certaines


personnes ont le trac, voire sont effrayées,
craignant de faire une erreur à un moment crucial
ou redoutant le jugement de leurs voisins si les
choses ne se passent pas bien. Des enquêtes ont
révélé que parler en public est la peur numéro 1 de
nombreuses personnes, devant la mort et les
maladies chroniques.

En revanche, d’autres personnes prononçant un


discours se mettent tellement en colère et sont si
déterminées à faire passer leur point de vue que si
quelqu’un leur pose une question, elles passent
outre sans bien l’écouter ni la prendre au sérieux.
Leurs émotions peuvent nuire à la qualité de leur
exposé, les mettre sur la défensive et leur faire
adopter une attitude inappropriée à la situation.

La colère est une émotion très vive qui tend à vous


faire perdre votre sang-froid. Bien qu’elle puisse
éveiller votre attention sur une situation, elle ne
vous aide pas à vous sortir d’un mauvais pas. C’est
souvent un obstacle qui aggrave les conséquences
négatives. Pour découvrir comment atténuer les
émotions intenses, rendez-vous au chapitre 5.

Présentation de l’intelligence
émotionnelle
Réfléchissez aux différences entre les personnes de
votre entourage.

Vous connaissez probablement des individus à


l’esprit vif pour résoudre des problèmes de maths
et des personnes qui ont un mal fou à résoudre
l’opération la plus élémentaire. Par conséquent,
certains ont de grandes capacités en maths,
certains quelques notions et d’autres des difficultés
à compter leur petite monnaie. Pensez maintenant
aux émotions. Vous connaissez sans doute des
personnes toujours soucieuses des autres. Par
exemple, quand vous les croisez, elles vous
demandent comment vous allez, si tout va bien
dans votre vie, si votre famille se porte bien, etc.

En revanche, voyez-vous des personnes qui se


moquent éperdument de votre moral ou santé ?
Vous pouvez probablement classer les personnes
que vous connaissez en diverses catégories : celles
qui se soucient vraiment de vous, celles qui vous
portent un peu d’intérêt et celles qui n’ont rien à
faire de vos tourments. À l’instar de la résolution
des problèmes de maths ou de l’exécution de tâches
mobilisant l’intelligence cognitive, les
psychologues peuvent évaluer quelqu’un sur sa
propension à se soucier des personnes qu’il connaît
et la façon dont il le manifeste.

Se soucier des autres, ou plus précisément, savoir


comment se sent autrui et le comprendre (ce que
l’on appelle faire preuve d’empathie) est l’une des
caractéristiques clés de l’intelligence émotionnelle.
Le chapitre 7 traite en détail l’empathie.
Explorons notre cerveau !

Dans ses travaux sur l’évolution et la survie,


Charles Darwin (1809-1882) a montré l’importance
des émotions en tant que système d’avertissement.
La mine menaçante du loup est un signal que le
chasseur peut ignorer, mais à ses risques et périls.
La réaction « de lutte ou de fuite » se produit
quand il perçoit l’agressivité du loup. Selon Darwin,
c’est cette capacité à lire les émotions qui a permis
aux humains de survivre. Ce sont les zones
primaires du cerveau ou cerveau reptilien qui
envoient le signal d’alarme et sollicitent les zones
supérieures du cerveau.

Ce cerveau archaïque ou reptilien, grâce à


l’hypothalamus et au système neurovégétatif, va
aussi gérer et réguler de façon automatique les
organes et les différentes glandes endocrines
sécrétant des hormones. Il veille à notre bien-être
et notre survie.

Un cerveau émotionnel ou limbique gère les


composantes affectives. À l’intérieur se trouvent
deux formations nerveuses qui ont un rôle
exceptionnel à jouer : l’amygdale qui traite toutes
les émotions et l’hippocampe qui a une incidence
sur la mémorisation des émotions. L’amygdale joue
un rôle important, car c’est elle qui va ordonner au
cerveau archaïque de déclencher la commande des
hormones de stress.

Un cerveau cortical ou néocortex analyse, trie


l’information, réfléchit. Il reçoit les composantes
sensorielles (c’est ainsi que nous sentons) et, par
son intermédiaire, les sensations sont
transformées en perception, pensée et mémoire.

Enfin un système nerveux central intervient :


c’est lui qui régit les fonctions de relation. On dit
qu’il est « volontaire ou moteur ». Il est plutôt
conscient et est axé sur les possibilités d’agir : il
nous permet d’accomplir les actes courants de la
vie en utilisant le cerveau, les nerfs et la moelle
épinière.

Lorsque vous prenez une décision difficile, les


zones primaires demeurent très actives, influant
sur l’efficacité avec laquelle vous exécutez diverses
tâches. Les émotions affectent vos décisions, vos
réactions aux événements et aux comportements
des autres.

La personne émotionnellement intelligente utilise


de façon optimale ces différentes zones cérébrales.
Les zones inférieures du cerveau qui aidaient les
chasseurs de la préhistoire à survivre en les
alertant des dangers et des moments propices
sont tout aussi importantes aujourd’hui, car elles
nous permettent de réagir de manière appropriée
aux facteurs de stress et aux possibilités qui
s’offrent à nous. En modérant votre réaction à des
échanges et situations difficiles, à savoir en les
lisant correctement, vous apprenez à transformer
votre réaction « de lutte ou de fuite » en une
réponse socialement plus acceptable.

Être intelligent, c’est savoir quoi faire et comment


s’y prendre. Platon avait bien raison : « Tout
apprentissage repose sur les émotions » !

Comprendre le
fonctionnement des tests de
QE
Les consultants d’entreprise, les psychologues et
les éducateurs utilisent le plus souvent l’inventaire
du quotient émotionnel (EQ-i), l’EQ-360 et le
MSCEIT pour évaluer l’intelligence émotionnelle.
Tout comme il existe des tests de QI validés, les
psychologues et autres chercheurs évoluant dans
les domaines de l’entreprise et de l’éducation ont
validé l’inventaire du quotient émotionnel (EQ-i),
ainsi que d’autres tests tels que l’EQ-360 et le
MSCEIT. Les rédacteurs de ces tests les ont
normalisés en évaluant des milliers de personnes
dans le monde entier. Un certain nombre de
facteurs (ou échelles) figurant dans ces tests
reflètent les différents domaines de l’intelligence
émotionnelle.

L’EQ-i (inventaire du quotient


émotionnel)
Il s’agit du premier test d’autoévaluation
(également le plus utilisé au monde) de
l’intelligence émotionnelle (aujourd’hui traduit
dans 25 langues, et prochainement dans 11 autres).
L’inventaire du quotient émotionnel (EQ-i) est
l’œuvre du Dr Reuven Bar-On. Le nombre de
personnes testées dans le monde entier à l’aide de
l’EQ-i dépasse largement le million et il est en
constante augmentation. Ce test a été développé à
partir de la notion d’intelligence émotionnelle et
sociale.

La normalisation et la localisation de ce test vous


permettent d’obtenir des résultats adaptés à la
région dans laquelle vous vivez et à votre culture.
En outre, de gros efforts ont été fournis en matière
de validité et de fiabilité.

Bar-On a identifié et défini quinze facteurs


regroupés dans cinq échelles de l’intelligence
émotionnelle et sociale :

• Échelle intrapersonnelle : elle concerne votre


capacité à vous connaître et à vous gérer.
• Conscience de ses émotions : faculté de
savoir ce qu’on ressent et pourquoi, et de
connaître l’effet de son comportement
sur les autres.

• Affirmation de soi : capacité à exprimer


clairement ses idées et sentiments, à
tenir bon et à défendre ses positions.

• Indépendance : faculté de se maîtriser


et de s’autogérer.

• Estime de soi : capacité à connaître ses


forces et ses faiblesses et à se sentir bien
dans sa peau malgré ses points faibles.

• Accomplissement personnel : faculté


d’avoir conscience de son potentiel et
d’être à l’aise dans sa vie professionnelle
et personnelle.

• Échelle interpersonnelle : elle concerne votre


faculté de côtoyer les autres et d’interagir avec
eux, et comprend trois sous-échelles.
• Empathie : capacité à comprendre ce
que ressentent et pensent les autres.
C’est la faculté de percevoir le monde à
travers les yeux d’autrui.

• Responsabilité sociale : capacité à se


montrer coopératif et à apporter sa
contribution au sein de son groupe
social.

• Relations interpersonnelles : faculté de


nouer et d’entretenir des relations
bénéfiques aux deux parties,
caractérisées par une certaine proximité
émotionnelle et dans lesquelles chacun
donne et reçoit quelque chose.

• Échelle d’adaptabilité : elle concerne votre


capacité à faire preuve de souplesse et de
réalisme et à résoudre les problèmes qui
surviennent.
• Épreuve de la réalité : faculté de voir les
choses objectivement et non de la façon
dont on désire ou craint qu’elles soient.

• Flexibilité : capacité à ajuster ses


sentiments, idées et actes en fonction de
l’évolution des conditions.

• Résolution des problèmes : faculté de


définir les problèmes, puis de mettre en
place des solutions efficaces et adaptées.

• Échelle de gestion du stress : elle concerne


votre capacité à supporter le stress et à
contrôler vos pulsions.
• Tolérance au stress : capacité à
demeurer calme et concentré, à résister
de manière constructive à des
événements défavorables et à des
émotions conflictuelles sans se laisser
abattre.

• Contrôle des pulsions : capacité à


résister ou à retarder la tentation de
passer à l’acte.

• Échelle de l’humeur générale : elle concerne


votre faculté d’être positif et de bonne humeur.
• Optimisme : capacité à adopter une
attitude positive de manière réaliste,
particulièrement face à l’adversité.

• Joie de vivre : faculté d’être content de


sa vie, de s’apprécier ainsi que les autres,
et de s’adonner à diverses activités avec
entrain et enthousiasme.

La figure 4-1 ci-dessous montre chacune des cinq


échelles de l’intelligence émotionnelle selon le
modèle de Bar-On. Quatre de ces échelles
(intrapersonnelle, interpersonnelle, gestion du
stress et adaptabilité) sont conditionnées par votre
humeur générale, qui peut rendre les performances
encore meilleures. Par conséquent, si vous êtes par
exemple plus heureux et optimiste, vous pouvez
améliorer vos compétences dans d’autres
domaines, tels que la sociabilité.
Figure utilisée avec l’autorisation de Multi-Health Systems, www.mhs.com

Figure 4-1 Le modèle Bar-On de l’intelligence émotionnelle.

En raison de la complexité et du niveau de détail


des résultats fournis, seuls des conseillers certifiés
et qualifiés, des spécialistes des ressources
humaines ou des psychologues peuvent faire passer
l’inventaire du quotient émotionnel. Vous trouverez
en annexe, à la fin de cet ouvrage, des coordonnées
d’interlocuteurs qualifiés, tel le leader des tests de
personnalité, d’orientation et de compétences,
Central Test : www.centraltest.fr

L’EQ-360
Les psychologues peuvent mesurer l’intelligence
émotionnelle d’une personne grâce aux indications
fournies par des individus qui la connaissent plutôt
bien. L’EQ-i a son pendant, l’EQ-360,
communément appelé « évaluation à 360o ». Le
principe est de prendre les scores donnés
personnellement par une personne et de les
comparer à ceux transmis par d’autres individus
(ses employés, ses amis ou pairs, son patron, son
conjoint ou n’importe qui communiquant
régulièrement avec elle) à son propos. À l’instar de
l’EQ-i, c’est un professionnel qualifié (conseiller
d’orientation professionnelle, spécialiste des
ressources humaines ou psychologue) qui fait
passer l’EQ-360.

En comparant ces scores à ceux obtenus par


l’individu concerné, les professionnels de
l’entreprise, coachs professionnels et psychologues
peuvent commencer à mieux cerner son
intelligence émotionnelle. Ces professionnels
peuvent mesurer :

• La sensibilité aux sentiments des autres ;

• La force expressive des émotions ;

• La gentillesse envers les autres ;


• Une tendance à se soucier des autres ;

• La gentillesse perçue ;

• Les capacités à gérer le stress ;

• L’optimisme ;

• Le niveau de sang-froid ;

• L’affirmation de soi ;

• L’indépendance.

En classant les scores obtenus pour les


comportements révélateurs dans ces domaines et
dans d’autres, le consultant d’entreprise ou
psychologue peut commencer à avoir une idée de
l’intelligence émotionnelle de quelqu’un. Outre la
façon dont la personne s’autoévalue, le
professionnel peut comparer systématiquement ces
informations aux scores fournis par ses
connaissances. Étape du processus de notation, ces
informations sont automatiquement comparées à
celles figurant dans une base de données de
milliers d’individus ayant évalué des personnes
qu’elles connaissent, ce qui permet d’obtenir un
indicateur plus fiable de l’intelligence émotionnelle
du sujet étudié.
Le MSCEIT
Le MSCEIT (Mayer, Salovey, and Caruso Emotional
Intelligence Test) est le test d’intelligence
émotionnelle axé sur les capacités (ou
performances) le plus utilisé. En tant que test de
capacité, il s’apparente plus à un test de QI
traditionnel, à la différence près qu’il concerne les
émotions. Deux de ses créateurs, le Dr Salovey
(professeur de psychologie et actuel doyen de la
Graduate School of Arts and Sciences de l’université
de Yale) et le Dr Mayer (professeur de psychologie
de l’université du New Hampshire), ont été les
premiers à s’intéresser à ce domaine en
considérant les émotions comme une forme
d’intelligence.

Les facteurs du MSCEIT diffèrent de ceux des autres


tests. Le MSCEIT vous demande par exemple de
reconnaître l’émotion illustrée par des photos du
visage de personnes et des croquis, de connaître les
émotions susceptibles de vous aider à exécuter des
tâches ou à relever des défis bien précis, en
comprenant comment certaines émotions peuvent
se mêler à d’autres et en sachant comment utiliser
vos émotions dans certaines situations sociales
délicates.
Le modèle du MSCEIT, illustré par la figure 4-2,
comprend quatre domaines ou sections :

• La perception des émotions : la perception, ou


l’identification, des émotions implique une
capacité à bien lire celles des autres, ainsi qu’à
mettre les bons mots dessus afin de
communiquer avec efficacité. Saisir d’emblée
correctement les émotions vous aide à mieux
exploiter les vôtres.

• La facilitation de la pensée : elle implique


l’utilisation de vos émotions pour vous sentir
bien. La façon dont vous vous sentez a une
grande influence sur votre raisonnement. En
outre, les émotions peuvent nous aider à nous
concentrer et à nous guider lorsque nous
cherchons à résoudre nos problèmes. Pour
exploiter de manière optimale nos émotions, il
nous faut cependant bien comprendre leur
fonctionnement.
Figure 4-2 Le modèle MSCEIT de l’intelligence émotionnelle.

• La compréhension des émotions : elle nous


aide à anticiper l’avenir en exploitant nos
émotions. Le fait de connaître nos émotions
nous permet de progresser dans la vie, de
comprendre pourquoi nous nous sentons
tristes, en colère ou excités. Par exemple,
ressentir de la colère à cause des
embouteillages du matin, puis la reporter sur
vos collègues ne va pas vous aider au travail. Il
vous est en revanche plus facile de la gérer si
vous connaissez son origine. En comprenant
vos émotions, vous êtes mieux à même de les
dominer.

• La gestion des émotions : c’est en les


maîtrisant que vous pouvez réellement tirer
parti de vos émotions. Le contrôle de vos
sentiments va vous permettre de mieux vous
entendre avec les autres, de résoudre les
problèmes avec efficacité, de porter de
meilleurs jugements et de mieux maîtriser
votre comportement.

Pour en savoir plus sur le MSCEIT, allez sur www.m


sceit.com (site en anglais).

Comprendre le
fonctionnement des tests de
QE par rapport aux tests de
personnalité
Les tests de QE ont bénéficié des excellentes
méthodes utilisées pour les tests de QI, avec des
critères de fiabilité et de validité similaires.
Si vous passiez un test de QE sur les capacités, on
vous soumettrait ce genre d’item :

Deux garçons, Ali et Sam, jouent au basket dans la


cour de l’école. Ils commencent soudain à se battre
pour savoir qui va shooter. Vous passez à proximité
et les voyez en train de se rouer de coups. Vous
décidez :

❶ De les ignorer et de passer votre chemin.

❷ De crier après eux pour qu’ils arrêtent de se


battre.

❸ De leur confisquer le ballon et de leur dire


que, s’ils ne se comportent pas correctement,
vous ne leur rendrez pas.

❹ De les séparer et de leur ordonner qu’ils vous


expliquent, chacun à leur tour, les règles du
basket.

❺ De les menacer d’en parler au directeur s’ils


continuent de se battre.

La question précédente ressemble à ce que vous


trouvez dans un test de QI. Cependant, la différence
entre les questions d’un test de QI et celles d’un
test de QE, c’est que dans un test de QI, il existe
une bonne réponse. Pour une question de
mathématiques, vous avez une seule bonne
réponse, il suffit de prendre une calculatrice pour
s’en convaincre.

Dans certains tests de QI, les questions deviennent


de plus en plus difficiles à mesure que vous
avancez, avec des réponses qui peuvent paraître un
peu plus subjectives. Autrement dit, il ne suffit pas
de prendre une calculatrice ou de feuilleter un
dictionnaire pour les trouver.

Dans un test de QE portant sur les capacités, les


réponses possibles aux questions peuvent sembler
subjectives. Il peut même vous arriver de trouver
pertinente chacune des options proposées. Qu’est-
ce qui fait qu’une réponse est plus juste qu’une
autre ? Les auteurs de tests recourent généralement
à deux méthodes pour décider de la pertinence
d’une réponse :

• Groupe de référence : on soumet les options


de la question à plus de 1 000 personnes
représentatives de la population qui passera le
test. Si vous recherchez ensuite la réponse
majoritairement donnée, il s’agira
probablement de la réponse correcte,
expression d’un consensus social sur la
conduite à adopter dans cette situation.
• Panel d’experts : on soumet les options de la
question à des experts reconnus dans le
domaine des émotions. Il s’agit de
scientifiques qui comprennent les théories
élémentaires et élaborées sur les émotions, ont
effectué des travaux de recherche dans ce
domaine et ont contribué d’une manière ou
d’une autre à enrichir la littérature scientifique
et à améliorer la compréhension du
fonctionnement des émotions. Ces experts se
servent de leurs connaissances pour choisir la
meilleure réponse. Si la grande majorité des
experts retiennent une option, cette réponse
sera alors considérée comme la « bonne ».

Distinguer les traits de


personnalité des capacités
émotionnelles
La plupart des gens se montrent cohérents quand il
s’agit d’évoquer leur personnalité, à savoir les traits
durables qui tendent à les définir. Certains laissent
transparaître leur personnalité, tandis que d’autres
ont besoin d’être très à l’aise pour apparaître sous
leur vrai jour. Vous avez déjà probablement une
bonne idée de votre personnalité.

Voici une activité qui vous aidera à étudier plus


précisément votre personnalité. Vous pouvez
commencer à cerner vos traits de personnalité en
vous interrogeant sur vos attitudes et
comportements. Par exemple, vous considérez-
vous extraverti ou introverti ? Êtes-vous anxieux et
agité, ou plutôt calme et posé ? Réfléchissez aux
caractéristiques qui vous définissent le mieux et
notez-en quelques-unes sur votre carnet.
Examinez cette liste et consultez-la de temps en
temps. Voici des questions susceptibles de guider
votre réflexion :

• Aimez-vous sortir faire la fête ou préférez-


vous rester chez vous à lire ou à regarder la
télévision ?

• Aimez-vous fréquenter une foule de


personnes ou simplement quelques amis
proches ?

• En règle générale, êtes-vous calme ou


hypernerveux ?

• Aimez-vous dire aux autres ce qu’ils doivent


faire ou préférez-vous suivre leurs
instructions ?

• Avez-vous un certain nombre d’habitudes ou


chaque jour représente-t-il une nouvelle
expérience et une occasion d’expérimenter
quelque chose ?

• Êtes-vous plutôt curieux du fonctionnement


des objets ou souhaitez-vous simplement
pouvoir les utiliser ?

• Avez-vous un besoin viscéral de réussir


(gagner de l’argent, avoir le meilleur poste,
devenir un pro ou la personne la plus populaire
de votre entourage), ou êtes-vous simplement
du genre insouciant et décontracté ?

• Avez-vous tendance à être perfectionniste ou


êtes-vous plus disposé à accepter de
commettre des erreurs ?

L’une des théories les plus prisées parmi les


psychologues est connue sous le nom de modèle
des cinq facteurs (MCF). Elle fait référence à cinq
traits de personnalité que l’on retrouve
invariablement à travers les cultures :

• L’ouverture d’esprit : être réceptif aux


nouvelles expériences et idées.
• Le sérieux : être discipliné, soigneux et
réfléchi.

• L’extraversion : rechercher la stimulation, la


compagnie des autres et afficher une grande
énergie.

• Le caractère agréable : se montrer coopératif


et compatissant.

• L’instabilité émotionnelle : être facilement


contrarié ou éprouver souvent des émotions
« négatives » telles que l’anxiété, la colère et
la déprime.

Suivre la personnalité tout au


long de la vie
Si vous répondez aux questions de la section
précédente à propos de vous-même, voire de
personnes que vous connaissez, vous allez
commencer à bien cerner la notion de personnalité.
Votre personnalité est constituée de traits ou
caractéristiques durables qui ne vous quittent pas.
La recherche laisse penser que ces traits persistent
toute la vie. Par conséquent, si vous étiez timide et
introverti étant petit, vous serez probablement
toujours du genre calme et préférerez rester chez
vous plutôt que de participer à des fêtes bruyantes.
Et ces préférences ne risquent pas de changer dans
un avenir proche.

Jack et Jeanne Block, psychologues à l’université de


Californie, à Berkeley, ont mené l’une des plus
longues études réalisées sur des enfants, dont ils
ont analysé la personnalité jusqu’à ce qu’ils
atteignent l’âge adulte. Les Block ont suivi une
cohorte d’enfants pendant plus de trente ans et
évalué leur développement à intervalles réguliers.

Comme vous pouvez vous en douter, ils ont


découvert des différences entre les enfants dès le
début de l’étude. Ainsi, ce qui n’est guère
surprenant, certains enfants étaient relativement
calmes, d’autres de véritables tornades bruyantes
et un grand nombre se situaient entre les deux
extrêmes. Élément intéressant, bien que l’étude ait
permis de relever de légers changements chez les
sujets avec le temps, les différences relatives
observées entre les personnes sont demeurées
plutôt constantes au cours des trente années.

Pensez à une de vos relations qui est honnête et a


un grand sens moral. L’estimez-vous capable de
changer soudainement et de se mettre à faire
quelque chose de contraire à la morale ? Prenez la
situation inverse. Connaissez-vous quelqu’un ayant
commis des délits ou des crimes capable de devenir
du jour au lendemain un citoyen modèle ?

Instinctivement, et par expérience, vous


conviendrez sans doute que les gens voient
rarement leurs traits de caractère changer
radicalement.

Si vous avez déjà passé un test de personnalité,


vous savez peut-être que les spécialistes de
l’assistance psychologique classent souvent les
individus par catégories : introverti, extraverti,
aventurier, etc. La personnalité sert souvent à
cataloguer : la personnalité de type A : hyperactif,
avec une propension à se mettre en colère ; la
personnalité de type B : calme, ouvert, positif et
réaliste en situation de stress ; la personnalité de
type C : peu sûr de lui, introverti, habité par le
doute et refoulant ses sentiments.

Le problème de ces traits de personnalité, c’est que


la marge de changement est faible les concernant.
Bien qu’il soit intéressant de découvrir son type de
personnalité, cela ne vous donne pas beaucoup de
pistes pour un éventuel changement. Il est en
revanche possible de modifier son intelligence
émotionnelle avec le temps.
Modifier son intelligence
émotionnelle
Connaître son intelligence émotionnelle présente
comme avantage de pouvoir mieux comprendre
certaines de ses forces et ses faiblesses. Vous
pouvez développer ces forces afin d’être plus
conscient de vos émotions et de vous montrer plus
efficace et même vous améliorer dans les domaines
où vous manifestez certaines faiblesses. Bien qu’il
soit difficile de modifier sa personnalité, vous
pouvez accroître votre conscience de vous et
améliorer vos capacités émotionnelles en réalisant
les activités proposées dans ce livre.

Lorsque mes collègues et moi-même avons


développé des questionnaires d’évaluation de
l’intelligence émotionnelle, nous avons testé des
centaines de milliers de personnes de différents
groupes socioéconomiques, pays, cultures, et
niveaux d’éducation. L’une des nombreuses
analyses que nous avons effectuées portait sur
l’intelligence émotionnelle selon les tranches d’âge
présentées dans la figure 4-3 de la page suivante.

Comme le montre le graphique de la figure 4-3,


l’intelligence émotionnelle augmente de l’âge
de 20 ans à l’âge de 55 ans, stade auquel les
capacités émotionnelles commencent à décliner un
peu. Par conséquent, vous pouvez voir qu’avec le
temps, jusqu’à un certain point, les capacités
émotionnelles augmentent de manière progressive.
Cette tendance est probablement associée à la
notion de maturité, à savoir le moment où l’on
vieillit et devient plus sage.

L’intelligence émotionnelle est perçue par certaines


personnes comme un aspect de la sagesse. Par
exemple, avec l’âge, il devient plus facile de
maîtriser ses pulsions, ce qui peut influer sur votre
capacité à résoudre les problèmes et vous rendre
plus enclin à voir les choses comme elles sont et
non comme vous aimeriez qu’elles soient. Votre
faculté de ne plus vous focaliser sur vous-même est
une autre capacité émotionnelle qui s’améliore avec
l’âge. En vieillissant, nombre de personnes se
soucient plus des autres et du monde qui les
entoure.
Reproduit avec l’autorisation de Multi-Health Systems.

Tous droits réservés. www.mhs.com

Figure 4-3 L’intelligence émotionnelle et l’âge.

Bien que vous puissiez accroître votre QE avec le


temps, grâce aux leçons dispensées par la vie,
peut-être souhaiteriez-vous accélérer le processus.
Des organismes ont réalisé des études qui
s’attachent à améliorer les capacités émotionnelles.
Ces dernières montrent que l’on peut accomplir des
progrès importants dans un délai relativement
court.

Le savoir nécessaire pour réaliser ces changements


va au-delà de ce que vous pouvez assimiler en
lisant (même des ouvrages pratiques tels que celui-
ci). Pour accélérer les changements intervenant
naturellement avec le temps, il vous faut vivre les
bonnes expériences. Pour ce faire, vous devez
échanger constamment avec les personnes et le
monde qui vous entourent.

La répétition de ces échanges et les tâtonnements


vous ouvrent les portes du progrès.

J’ai vu des personnes opérer des changements


essentiels dans leur vie grâce au développement de
leurs capacités émotionnelles. Et il n’est jamais
trop tard pour le faire. Eh oui, même les personnes
ayant dépassé les 80 ans peuvent changer en ayant
une conscience de soi plus importante, en devenant
plus optimistes et même plus empathiques.
L’éducation, le genre, la classe sociale ne sont en
aucun cas des obstacles au développement de votre
intelligence émotionnelle.
Une femme se promenait lentement sur un chemin
de montagne. Au détour d’un sentier, elle rencontra
un vieil ermite, assis devant une vieille bâtisse,
recouverte de lierre, comme un champignon posé là
et qui n’aurait pas fini de grandir. Il la regarda avec
un bon sourire, la salua très obligeamment et lui
dit : « Qui es-tu ? »

La femme lui rendit son sourire et lui répondit :


« Eh bien, tu vois, je suis en vacances. — Comme
c’est bon de prendre du repos, lui dit-il, mais je ne
t’ai pas demandé ce que tu fais ici, je t’ai
simplement posé la question : “Qui es-tu ?” »

La femme, étonnée, réfléchit quelques instants et


reprit : « Je suis directrice de la communication
dans mon entreprise. — Félicitations, lui répondit-
il admiratif, mais vois-tu, je ne t’ai pas demandé ta
profession, non, je t’ai seulement posé la question :
“Qui es-tu ?” »

Fâchée, la femme répondit sèchement : « Je suis la


mère de trois enfants. — Comme c’est beau d’avoir
donné la vie à trois êtres humains ! Mais, vois-tu,
je t’ai seulement posé cette question : “Qui es-
tu ?” » reprit l’homme imperturbable. En colère,
elle tourna les talons et ne revit plus jamais
l’ermite.
Depuis, chaque matin, on dit qu’elle a pris
l’habitude de se sourire devant son miroir…
DANS CE CHAPITRE
Découvrir ses émotions

Apprendre à connaître ses émotions

Gérer les émotions négatives

Chapitre 5
Prendre mieux conscience de
ses émotions
D ans ce chapitre, vous allez plonger au cœur de
l’intelligence émotionnelle. Commençons par
émettre une hypothèse : tout le monde a des
émotions. À moins que vous soyez Spock de Star
Trek (et il m’arrive même d’avoir des doutes à son
sujet), des sentiments vous habitent. Vous riez,
vous pleurez, vous vous mettez en colère, vous êtes
triste, perplexe, enthousiaste, surpris, ou vous vous
ennuyez à mourir. De jour comme de nuit, qu’il
pleuve ou qu’il fasse grand soleil, en y pensant
bien, vous éprouvez quelque chose.

En fait, l’absence totale d’émotions porte un nom :


l’alexithymie. Signifiant « absence d’émotions » en
grec, l’alexithymie désigne un trouble
psychiatrique rare, bien que divers travaux de
recherche montrent qu’il existe à des degrés
variables au sein d’une population (principalement
chez les hommes).

Généralement, ces personnes sont incapables


d’identifier, de comprendre ou de décrire leurs
émotions. Elles ne savent pas distinguer un
sentiment d’un autre, dire si elles éprouvent de la
joie, de la tristesse ou une autre émotion. Si vous
leur demandez de décrire comment elles se sentent,
elles ont alors tendance à vous regarder l’air
interdit. Elles ont également du mal à faire
fonctionner leur imaginaire, lequel les aiderait
pourtant à identifier ces émotions. Nous en
reparlerons dans le chapitre 16.

Par conséquent (en supposant que vous ne soyez


pas alexithymique), explorons dans ce chapitre des
moyens qui vous permettront de mieux prendre
conscience de vos émotions.
Définir émotions, sentiments et
humeurs
On discute avec ardeur des définitions et
différences entre émotions, sentiments et humeurs.
Les définitions suivantes vous seront sans doute
utiles :

• Émotion : c’est une séquence émotionnelle


rapide. Elle peut durer vingt millisecondes. Elle
commence par un stimulus ou déclencheur,
traverse ensuite le corps, entraînant des
réactions physiologiques et un comportement
réactif, le plus souvent la fuite, l’attaque ou
l’immobilité. Puis la pensée surgit, et lorsque
la vague émotionnelle se retire, on peut
identifier l’émotion.

• Sentiment : il correspond à votre expérience


subjective, ou personnelle, d’une émotion ou
d’une sensation : « je suis triste » ou « j’ai
mal ». Le Petit Robert propose comme
définition : « état affectif complexe, assez
stable et durable, lié à des représentations
mentales ». On peut compléter cette définition
en disant que le sentiment est un état affectif
complexe et relativement stable, qui mêle
émotions et pensées, et qui persiste en
l’absence d’un stimulus ou déclencheur. Alors
que l’émotion est de courte durée et passe par
le corps, le sentiment est durable et stable, il
passe par la pensée, il est une forme de
rationalisation. Pour Antonio Damasio, les
sentiments sont des expériences « mentales et
privées ». Après avoir ressenti une émotion,
on éprouve au fond de soi un sentiment qui lui
serait associé.

Ainsi, l’accumulation d’émotions pénibles


provoque un sentiment de tristesse, voire de
déprime. Une succession d’émotions joyeuses
procure un sentiment de bonheur : on se sent
heureux durablement.

• Humeur : c’est un état mental (ou état


d’esprit) à un moment donné. Votre humeur
résume cet état d’esprit et dure généralement
plus longtemps qu’un sentiment. Les émotions
vont et viennent à un rythme rapide, l’humeur
dure plusieurs heures, voire des jours entiers.
Une autre distinction : les émotions ont un
déclencheur que l’on peut facilement
identifier, l’humeur n’a pas de déclencheur, et
fait référence à une tonalité affective générale
qui envahit la personne. Elle peut également
faire référence à l’état d’esprit d’un groupe : le
pays est déprimé (ce n’est pas simplement
l’économie qui va mal, les gens sont
déprimés).

Voici un moyen de mémoriser facilement la


différence entre émotions et sentiments : les
émotions sont l’état objectif des sentiments. Elles
sont claires, bien définies et vécues par tout le
monde. Les émotions peuvent aussi se mélanger,
comme les ingrédients d’une recette de cuisine :
lorsque vous mélangez de la farine, du lait et des
œufs, vous obtenez de la pâte à crêpes. Le
mécontentement et l’irritabilité peuvent s’associer
pour faire naître de la rage si vous ne surveillez pas
ces émotions. La joie et l’anticipation peuvent
conduire à l’optimisme.

Vous trouvez peut-être les sentiments moins clairs


que les émotions. Par exemple, Julie a entendu par
hasard un collègue dire que Jérémy venait de
décrocher le poste auquel elle aspirait. Elle était
pourtant persuadée d’être la mieux placée. Dès
qu’elle apprend la nouvelle, Julie se sent
barbouillée. Elle dit qu’elle est ballonnée,
probablement à cause de ce qu’elle a mangé. Même
si elle se sent nauséeuse, un observateur attentif à
ses mimiques dirait probablement qu’elle est triste
et en colère.
Les recherches de Paul Ekman

Paul Ekman, anthropologue et psychologue à


l’université de Californie à San Francisco, a
répertorié six émotions de base ou émotions
primaires, innées, c’est-à-dire préprogrammées
génétiquement.

Pour élaborer sa théorie, il a parcouru le monde


des États-Unis au Japon en passant par le Brésil,
l’Argentine, l’Indonésie et la Nouvelle-Guinée où il a
rencontré les peuplades isolées sans accès aux
médias. Dans chaque pays, il a montré les photos
de visages occidentaux exprimant des émotions :
six d’entre elles ont été identifiées sans ambiguïté.
Et inversement les six émotions exprimées par les
visages d’habitants de la Nouvelle-Guinée étaient
reconnues par les Occidentaux, indépendamment
de toute influence culturelle.

Pour isoler ces six familles émotionnelles, il a


retenu les éléments suivants : une « émotion de
base doit s’exprimer par des changements
physiologiques propres, être associée à des
événements déclencheurs universels, apparaître
spontanément, de façon rapide et sur une courte
durée, être évaluée automatiquement, entraîner
des images, des pensées ou des sensations
spécifiques ».

Pour Ekman, les six émotions reconnues


universellement sont : la joie, la colère, la tristesse,
la peur, la surprise et le dégoût.

Chacune correspond à une mimique particulière


du visage. Ces mimiques et ces émotions jouent un
rôle crucial pour assurer notre survie, comme nous
le verrons un peu plus loin.

Et l’humeur dans tout ça ? Eh bien, Julie vous dirait


probablement qu’elle est de mauvaise humeur.
Mais elle penserait peut-être que cette mauvaise
humeur est due au fait qu’elle a mangé quelque
chose qui la barbouille.

Sans sentiment, on ne vit pas vraiment. C’est votre


capacité à ressentir la joie, l’enthousiasme, voire la
douleur et la perte qui vous rend humain. La société
moderne vous prive à plus d’un titre de votre
faculté de ressentir des choses. À l’école, au travail
et dans votre vie sociale, vous êtes trop concentré
sur vos aptitudes à la réflexion. Vivre sans éprouver
de sentiments, c’est comme se retrouver au beau
milieu d’un film en noir et blanc, avec différentes
nuances de gris : gris foncé quand ça va mal et gris
clair quand ça va mieux.

Bien entendu, vous ne souhaitez pas tomber dans


l’extrémité inverse : percevoir chaque nuance de la
vie en Technicolor sur grand écran. Je suis sûr que
vous connaissez des gens émotionnellement
affectés par la moindre chose. Ils ne se sentent
jamais assez aimés et admirés ou toujours ignorés
par les autres. Une vie trop riche en émotions peut
s’avérer épuisante, pour vous, mais également pour
votre entourage.

Efforcez-vous de trouver le bon équilibre


émotionnel. Le fait de savoir quel degré d’émotions
il vous faut pour bien gérer une situation ou un
événement vous aide à rester équilibré. Trop peu
d’émotions, et vous risquez de manquer de
motivation, tandis que trop d’émotions risquent de
faire naître de l’anxiété. Par exemple, si un examen
important se profile cette semaine, vous avez
probablement des stratégies en tête pour vous y
préparer. Certaines personnes aiment veiller tard le
soir et emmagasiner un maximum d’informations
juste avant l’examen (ce qui n’est pas vraiment
conseillé), alors que d’autres préfèrent s’y prendre
à l’avance afin de pouvoir se coucher tôt et d’être
frais et dispo le jour J.

Réfléchissez aux émotions éprouvées lors d’une


journée donnée. Vous avez peut-être ressenti des
frustrations ou contrariétés qui vous ont mis en
colère ou des succès ou réussites qui vous ont rendu
heureux. Réfléchissez maintenant pendant
quelques instants aux émotions éprouvées ces
dernières 48 heures. Notez-les dans votre carnet.
Posez-vous les questions suivantes :

• Combien et quelles émotions avez-vous


ressenties ?

• Les avez-vous ressenties de manière légère ou


intense ?

• Avez-vous eu des difficultés à les identifier ?

Prêter plus attention à vos émotions est un moyen


de devenir plus conscient de ce que vous ressentez.
Avez-vous seulement éprouvé quelques émotions
ou une vaste gamme ?

Identifier ses émotions


La langue française renferme de nombre mots pour
décrire les expériences émotionnelles (voir la liste
plus loin). Vous avez des émotions positives, neutres
(ni positives ni négatives) et négatives. Les
personnes émotionnellement intelligentes ont
tendance à avoir un vocabulaire riche pour décrire
leurs émotions et sentiments. Elles excellent dans
l’art de communiquer sur leur état émotionnel.

Elles vont avoir tendance à donner plus de détails


sur le contexte, ce qui permet de décrypter ce
qu’elles veulent dire.

Comparez « Je me sens très mal » à « Je suis


découragé, car cela fait déjà trois fois cette semaine
que j’essaie d’attirer son attention ».

Grâce à un bon vocabulaire émotionnel, non


seulement vous aurez la possibilité de mieux cerner
vos propres émotions, mais vous permettrez
également à votre entourage de comprendre
précisément votre message. En vous comprenant
mieux (et en étant mieux compris par les autres),
vous êtes plus en mesure de satisfaire vos besoins.
Il peut être frustrant de ne pas savoir pourquoi
vous êtes dans cet état ou d’être un mystère pour
les autres. Il est difficile de résoudre un problème
dont vous ignorez la nature exacte.
Cette activité va vous aider à mettre des mots sur
vos émotions. Passez d’abord en revue la liste
d’émotions suivante :

Agressif

Exaspéré

Détaché

Intimidé

Timide

Bienheureux

Amusé

En colère

Agacé

Anxieux

Apathique

Consterné

Ravi

Déprimé

Déterminé

Déçu

Découragé
Dégoûté

Enthousiaste

Transporté de joie

Gêné

Passionné

Envieux

Excité

Épuisé

Craintif

Effrayé

Frustré

Content

Coupable

Heureux

Impuissant

Plein d’espoirs

Mort d’ennui

Prudent

Gai
Confiant

Déconcerté

Curieux

Intéressé

Jaloux

Joyeux

Se sent seul

Aimé

Éperdument amoureux

Malheureux

Négatif

Optimiste

Parano

Tranquille

Fier

Perplexe

Plein de regrets

Apaisé

Triste
Satisfait

Choqué

Désolé

Sûr de soi

Surpris

Hostile

Humilié

Blessé

Hystérique

Suspicieux

Indécis

Renfermé

Serein

Après avoir parcouru la liste, procédez comme suit :

❶ Consignez dans votre carnet chacune des


émotions déjà ressenties dans votre existence.

❷ Mettez un + à côté des émotions que vous


jugez positives, un – à côté de celles que vous
considérez négatives et un 0 à côté des
émotions neutres.
❸ Notez l’intensité maximale avec laquelle vous
avez vécu chaque émotion. Sur une échelle
de 1 à 10, 1 représente l’intensité minimale, 5,
l’intensité moyenne et 10, l’intensité
maximale.

❹ Additionnez le nombre d’émotions éprouvées


et inscrivez le chiffre total dans votre carnet.

❺ Additionnez le nombre d’émotions positives,


puis le nombre d’émotions négatives. Notez
ces deux chiffres dans votre carnet.

❻ Comparez le rapport entre les émotions


négatives et les émotions positives. Éprouvez-
vous plus d’émotions positives ou d’émotions
négatives ? Quelle est l’intensité moyenne des
émotions positives enregistrées par rapport à
celle des émotions négatives ? Estimez-vous
que l’intensité de vos émotions influe sur
celles que vous remarquez le plus (positives ou
négatives) ?

Vous pouvez exploiter cette liste pour mieux


comprendre et identifier vos émotions. Nous ne
prêtons pas toujours attention à nos émotions. En
gardant une liste de vocabulaire des émotions à
portée de main, vous pouvez la consulter à la fin
d’une journée et mieux saisir ainsi ce que vous avez
ressenti.

Les personnes vivant des expériences


émotionnelles très variées ont tendance à avoir des
vies plus riches. En outre, pour percevoir, classer et
comprendre avec précision ce que ressent une
personne, vous devez être capable de décrire et de
définir les diverses émotions qu’éprouve un être
humain.

Pour enrichir votre vocabulaire, trouvez des


synonymes aux émotions que vous éprouvez le plus
souvent. En disposant d’une plus grande variété de
mots, vous pourrez décrire plus précisément ce que
vous et les autres ressentez.

Immersion dans l’univers des


émotions
Parfois, il ne suffit pas de voir le nom d’une
émotion pour reconnaître ce que vous ressentez,
tout comme le fait de savoir qu’une chose vous
ennuie ne vous aide pas forcément à gérer ce
sentiment. L’étude de vos comportements, de vos
réactions corporelles et de l’attitude des autres
vous aide à mieux comprendre la présence d’un
sentiment à certains moments, avec des personnes
en particulier ou dans certaines situations.

Interpréter les
comportements
Vous vous êtes déjà probablement retrouvé dans
une situation où le comportement d’une personne
ne colle pas à ce qu’elle vous dit. Par exemple, elle
vous dit que vous êtes très drôle, mais son
comportement et sa voix semblent traduire autre
chose. Autre exemple, un enfant vous dit qu’il n’a
pas pris de gâteaux dans le placard, mais son
regard fuyant, la bougeotte dont il est pris, son
petit sourire narquois et les inflexions de sa voix
révèlent le contraire.

Les comportements sont souvent les indices d’une


opinion contraire. Pour repérer ces indices, vous
devez être très sensible et conscient de la façon
dont se conduisent les autres. De la même manière,
vos propres comportements révèlent aux autres vos
sentiments. Prêter attention à tous les indices non
verbaux de votre interlocuteur peut vous aider à
commencer à percevoir son état d’esprit.
Pour cette activité, prenez du recul pour observer
les gens :

• Agissez en spectateur. Vous n’avez pas besoin


d’être actif, mais plutôt de vous comporter
purement en spectateur. Faites preuve de
créativité. Observez les gens dans un endroit
public (hall d’hôtel, restaurant ou centre
commercial) en étant discret et sans les
dévisager trop longtemps ! Vous pouvez
également réaliser cette activité en regardant
la télévision ou un film, mais l’authenticité
sera plus grande dans la vraie vie. Vous
pourrez alors percevoir les vraies émotions et
non leur expression à travers des
comportements. Entraînez-vous seul d’abord.
Une fois que vous sentez une certaine maîtrise
et vous vous estimez capable d’interpréter des
comportements, effectuez cette activité avec
un(e) ami(e) et comparez ensuite vos
observations.

• Consignez vos observations. Pour chaque


scénario observé, notez les informations
suivantes dans votre carnet (voir l’exemple de
la figure 5-1) :
• Chaque fois que vous observez
l’expression d’une émotion, notez si elle
est positive ou négative et indiquez son
intensité sur une échelle de 1 à 10 (1 =
faible et 10 = élevé) ;

• Voyez si vous êtes en mesure


d’identifier l’élément déclencheur de
l’émotion en question chez la personne
observée ;

• Identifiez les indices vous ayant permis


de définir l’émotion (par exemple, le
langage corporel, le ton, l’expression du
visage, etc.) ;

• Notez le contexte dans lequel est


apparue l’émotion.

Bien que vous puissiez parfois éliminer, nier ou


dissimuler vos sentiments à propos de quelqu’un
ou de quelque chose, ces derniers arrivent toujours
à filtrer, souvent par le biais de votre
comportement. Il vous est probablement arrivé de
vous comporter d’une certaine manière sans
vraiment savoir pourquoi. Par exemple, évitez-vous
certains comportements ou personnes sans savoir
pourquoi ou avez-vous déjà eu une réaction
disproportionnée à la phrase d’une personne
somme toute banale ? Pour avoir une idée de vos
émotions, recherchez les habitudes ou
comportements que vous semblez adopter
systématiquement sans savoir exactement
pourquoi.

Tableau 5-1 Observez les autres et consignez vos observations.

Émotion Nature Intensité Élément déclencheur Indice


observée

Femme P/N 12345 Il lui a dit quelque Elle sourit, son visage
heureuse 6789 chose en la regardant rayonne et elle avance
10 vers lui

Femme P/N 12345 Il a parlé à voix basse Elle a froncé les sourcils
soucieuse 6789 en regardant sa tasse en baissant la tête
10 de café

Étudier les comportements


autodestructeurs
Réfléchissez aux habitudes les plus néfastes telles
que fumer, trop manger ou se droguer. Nombre de
personnes commencent à fumer pour se sentir
décontractées, raffinées, ou faire comme les autres.
Au début, le sentiment que vous procure la
cigarette (bien que cette activité ne soit pas
naturelle ou agréable) vous pousse à continuer de
fumer. Vos émotions ou vos sentiments envers
vous-même (paraître ou se sentir décontracté)
créent l’habitude. Pour certains, c’est le manque
d’assurance ou l’anxiété qui les incite à commencer
à fumer, cette décision intervenant souvent à la fin
de l’adolescence.

Imaginez ce qui se passerait si un plus grand


nombre de personnes pouvaient identifier ces
sentiments déclencheurs (émotions conduisant à
l’adoption d’un comportement donné) au moment
où elles se mettent à fumer. Avoir conscience de ces
sentiments et connaître leur origine peut permettre
d’adopter d’autres comportements ou habitudes.
Nombre de fumeurs disent que s’ils avaient eu
connaissance de ces sentiments et avaient pu
choisir de commencer ou non, ils seraient malgré
tout devenus des fumeurs. Par conséquent, bien
que la conscience de ces sentiments puisse aider de
nombreux non-fumeurs à ne pas basculer dans le
camp des adeptes du tabac, ou à faire un choix en
meilleure connaissance de cause, l’identification
des sentiments déclencheurs ne fait pas forcément
arrêter de fumer.

Au bout d’un certain temps, fumer devient un rituel


et les émotions déclencheuses se mettent à
dominer le fumeur. Nombre de fumeurs disent
qu’ils meurent d’envie d’en griller une à certains
moments de la journée. Reste à identifier, derrière
cette envie, quel est le déclencheur émotionnel.
Ainsi, la naissance d’un sentiment d’anxiété avant
un examen ou un entretien peut être l’élément
déclencheur de l’envie d’allumer une cigarette. Les
fumeurs estiment que fumer peut leur éviter
d’éprouver une anxiété plus forte. Pour un fumeur
régulier, essayer d’arrêter de fumer accroît son
anxiété.

On retrouve les mêmes phénomènes chez les


toxicomanes et les personnes qui mangent trop,
leurs comportements répondant également à des
déclencheurs émotionnels. Quand vous êtes dans
les premiers stades de ces sentiments
inconfortables, vous avez tendance à contrôler le
comportement associé à l’émotion. Vous vous
sentez anxieux ou triste et vous vous mettez donc à
manger. Cela va alors un peu mieux ou beaucoup
mieux (si vous utilisez des drogues qui font planer).
Vous répétez ce schéma dès que vous éprouvez un
sentiment désagréable et vous avez alors
absolument besoin de l’aliment, de la drogue ou de
ce qui permet de réduire l’émotion en question.

D’autres personnes ont des habitudes ou des


comportements bien moins extrêmes qu’elles ont
parfois du mal à expliquer. Elles préfèrent une table
particulière dans un restaurant ou une place dans
une zone donnée au cinéma, choisissent tels
aliments, évitent certaines personnes,
interrompent systématiquement leurs
interlocuteurs, ne les regardent jamais dans les
yeux ou se disputent avec toujours le même type de
personne. Par exemple, elles réagissent toujours de
la même façon quand elles tombent sur un homme
aux cheveux longs, un militaire ou un
ecclésiastique. Ce genre de situation fait-il naître
certains sentiments ? Pouvez-vous commencer à
modifier ces sentiments ou les transformer pour
aboutir à d’autres comportements, si vous en avez
pleinement conscience ?

Une personne très différente de vous peut


déclencher de la peur ou de la méfiance, laquelle
peut très rapidement se transformer en une
émotion ou un comportement différent. Ce
comportement peut vous inciter à éviter cette
personne, faire naître en vous un sentiment négatif
ou vous conduire à faire un commentaire
désobligeant. Certaines personnes excessivement
méfiantes, ou qui ne souhaitent pas paraître
craintives, se comportent avec prudence et de
manière artificielle avec l’individu en question.

Dans nombre de situations, vos comportements


peuvent trahir vos émotions ou votre manière de
fonctionner. Considérez-les comme des signaux
révélant certains sentiments. En regardant vos
comportements d’un autre œil, vous identifierez
peut-être des indices susceptibles de vous aider à
mieux cerner les raisons pour lesquelles vous
adoptez telle conduite.
Être le maître

Plus tôt dans ma carrière de psychologue, j’ai travaillé avec


des adolescents souffrant de graves problèmes émotionnels
et de comportement. Nombre de ces jeunes étaient des
délinquants. Ils faisaient souvent preuve d’insolence et
recherchaient l’affrontement. Ils ne reculaient devant rien
pour montrer qu’ils étaient maîtres d’eux. Par conséquent,
bien que donnant l’impression de contrôler leur
comportement, souvent leur vie leur échappait (ils étaient
renvoyés de l’école, de clubs ou d’associations et rejetés par
leurs pairs). Ils étaient déjà passés devant la justice, avaient
consulté des spécialistes de la santé mentale, voire avaient
fait des séjours dans des établissements psychiatriques.

Ces gamins avaient le chic de s’attirer des ennuis, tout en


essayant en permanence de donner l’impression qu’ils
étaient maîtres de leur destin. Je demandais à des
adolescents qui avaient cette conduite (voire avaient adopté
des comportements plus graves) s’ils choisiraient d’être un
esclave ou un maître s’ils avaient le choix. Ils répondaient
tous immédiatement « un maître ». Puis je leur demandais :
« Alors, pourquoi est-ce que tu choisis d’être un esclave ? »

Ils me regardaient alors avec un air incrédule qui signifiait :


« Qu’est-ce que vous entendez par là ? » Je leur expliquais
alors : « Tes fortes envies sont devenues le maître et tu n’es
rien d’autre que l’esclave de tes émotions. » Ils ne
maîtrisaient plus leur vie. Dans la mesure où ils ne
parvenaient plus à contrôler leurs émotions, ils se mettaient
dans de sales draps et prenaient de la drogue ou buvaient.

La plupart des adolescents n’aiment pas être esclaves ou que


les autres leur disent quoi faire. En recadrant le problème,
on leur permet de le considérer sous un angle différent.
Après tout, s’ils veulent être le maître, ils doivent contrôler
quelque peu leurs émotions. Je les mettais alors au défi de
me prouver que j’avais tort en me montrant quels étaient les
aspects de leur vie qu’ils contrôlaient.

Ce défi appelait une situation gagnant-gagnant. S’ils


maîtrisaient leurs comportements en allant de l’avant (j’avais
alors tort), ils faisaient des progrès. Si j’avais raison (ils se
comportaient mal), ils tenaient à apprendre à ne pas être des
esclaves.

Lorsque vous essayez de modifier les habitudes de


quelqu’un, vous devez commencer par savoir s’il est prêt à
changer. Le premier stade du changement est appelé stade
de précontemplation. La personne devant changer dit : « Je
suis bien comme je suis, merci. » À ce stade, des
interventions telles que susciter la peur, éduquer ou
proposer une thérapie ne changeront probablement pas les
comportements sur la durée.
Pour provoquer le changement, vous souhaiterez peut-être
reformuler le problème de façon que l’autre personne y
trouve un intérêt et parvienne mieux à se maîtriser. Montrez-
lui comment elle peut modifier son comportement, mais
seulement si elle tient à vivre une meilleure vie. Par exemple,
un de mes amis avait subi de gros soins dentaires. Le
dentiste lui avait dit d’utiliser chaque soir du fil dentaire pour
faciliter la guérison. Il lui avait répondu qu’il n’avait vraiment
pas le temps. À ce stade, le dentiste aurait pu lui faire peur,
le conseiller ou employer divers procédés, mais il s’est
contenté de lui dire : « D’accord, alors passez uniquement le
fil dentaire sur les dents que vous souhaitez conserver. » En
précisant à l’autre dans quel cadre il peut s’occuper du
problème, vous augmentez les probabilités de succès.

Comprendre le langage
corporel
Des études montrent que votre langage corporel
communique plus de 50 % de votre message. Si
vous ne croyez pas possible l’interprétation de
votre langage corporel, passez donc du temps avec
les meilleurs joueurs de poker du monde. Ils
excellent dans l’art de deviner les intentions des
autres.
Les joueurs de poker appellent tells ces réactions
non verbales pendant la partie, probablement parce
qu’elles en disent (tell, en anglais) beaucoup sur
vous. Vous connaissez probablement ces subtils
mouvements du visage tels que hausser les
sourcils, se gratter la tête ou se mordre la lèvre. Les
joueurs de poker portent souvent des lunettes de
soleil et une casquette pour dissimuler ces signaux.

Vous pouvez en apprendre beaucoup sur les


relations humaines en observant les joueurs de
poker. Par exemple, si quelqu’un est mécontent, il
pourra paraître vulnérable et pris de faiblesse. Vous
pouvez utiliser ce signal pour lui apporter votre
soutien. De même, l’arrogance peut signifier que la
personne est trop sûre d’elle. Voici des signaux
trahissant la faiblesse ou la vulnérabilité : rythme
cardiaque rapide, gorge sèche, convulsions
musculaires, mains ou voix qui tremblent, pupilles
dilatées. Quelqu’un qui essaie de vous induire en
erreur ou de vous tromper sur ses sentiments peut
demeurer immobile et réduire son rythme
respiratoire.

Les joueurs de poker disent également que la


posture est un tell important. Un joueur peut
changer de posture en réaction à une main. Un dos
voûté signifie que le joueur a une mauvaise main et
qu’il n’a pas confiance. Se pencher en avant est
associé au bluff et se tenir droit et attentif signifie
que le joueur a une excellente main. Observez la
posture de votre interlocuteur. Que traduit sa
position penchée vers vous, le fait qu’il vous fuie ou
qu’il soit raide en montrant une certaine gêne ?

L’observation du langage corporel des autres vous


permet de mieux percevoir le vôtre et de cerner
l’expression des émotions à travers la posture et les
signaux envoyés par le visage d’autrui. Grâce à
cette connaissance, vous serez mieux à même
d’identifier ces comportements quand vous les
adopterez. Pour en savoir plus sur le sujet,
procurez-vous Le Langage des gestes pour les Nuls, de
Joseph Messinger (Éditions First).

Identifier la colère
Pensez à la dernière fois que vous avez vu
quelqu’un en colère. Quels indices aviez-vous de
l’état émotionnel de cette personne ? En voici
certains que vous avez peut-être observés :

• Elle hurlait ;

• Elle tapait du pied ;


• Elle avait les yeux exorbités ;

• Elle était rouge ;

• Elle montrait les dents ;

• Elle avait les lèvres pincées ;

• Elle avait un air méprisant ou féroce ;

• Elle serrait les poings ;

• Elle avait rapproché son visage de celui de


l’autre personne, envahissant alors sa zone
d’intimité ;

• Elle regardait l’autre fixement ou du coin de


l’œil.

Certains de ces signaux peuvent sembler


manifestes ou exagérés : la personne en colère peut
aussi les exprimer d’une manière plus subtile.

Reconnaître la peur ou l’anxiété


Vous avez probablement une idée de l’apparence
d’une personne inquiète ou apeurée :

• Visage en sueur ;

• Teint pâle ;

• Bouche et gorge sèches ;


• Regards furtifs ;

• Voix haut perchée ;

• Muscles tendus ;

• Corps agité ;

• Rythme cardiaque plus rapide.

Lorsque les gens se mettent sur la défensive, ils


croisent souvent les bras ou les jambes.

Percevoir la tristesse
La tristesse transparaît également à travers le
langage corporel :

• Posture affaissée ;

• Regard abattu ;

• Yeux larmoyants ;

• Lèvres tombantes ;

• Lèvre inférieure qui tremble ;

• Ton monocorde.

Ces signaux sont plus subtils chez certaines


personnes que chez d’autres.

Déceler la gêne
Une autre émotion révélée par le langage corporel
est la gêne. Les gens gênés peuvent :

• Rougir ;

• Détourner le regard ;

• Éviter de regarder les autres dans les yeux ;

• Avoir un sourire forcé ou un rictus ;

• Essayer d’éviter certains sujets de


conversation.

Repérer la surprise
Quelqu’un est surpris :

• Il hausse les sourcils ;

• Il ouvre grand les yeux ;

• Il reste la bouche ouverte ;

• Il fait un brusque mouvement en arrière.

Capter la joie
Voici certains signes révélant qu’une personne est
heureuse :

• Elle a le sourire ;

• Ses yeux pétillent ;


• Elle est détendue ;

• Elle a un sourire jusqu’aux oreilles ;

• Ses jambes et ses bras sont écartés ;

• Ses mains sont ouvertes ;

• Elle regarde longuement l’autre dans les yeux,


l’air détendu.

Lire ses émotions à travers les


autres
Les autres peuvent souvent déceler votre état
d’esprit avant même que vous ayez conscience de
vos sentiments. Parfois, vous aurez beau les
dissimuler (voire les travestir), quelqu’un d’autre
verra clair en vous. Généralement, vous pensez à un
sujet (une mauvaise ou une bonne nouvelle, par
exemple) et vous ne vous interrogez pas sur vos
réactions associées. Votre entourage est souvent
capable de repérer ces réactions, surtout s’il est
proche de vous.

Dans le monde du travail, les consultants en


ressources humaines, coachs professionnels ou
psychologues testent souvent des cadres et
dirigeants à l’aide d’évaluations à 360 degrés, qui
sont des inventaires ou des listes de contrôle
permettant au sujet de se noter dans un certain
nombre de domaines. (Pour en savoir plus sur les
évaluations à 360 degrés, rendez-vous au chapitr
e 4.) Ces domaines peuvent englober les items
suivants :

• Je suis patient ;

• J’écoute les autres ;

• Je suis rarement irrité ou secoué.

Jetez un œil à la liste d’émotions complète de la


section « Identifier ses émotions », plus haut dans
ce chapitre. (Si vous n’avez pas encore réalisé
l’exercice, faites-le maintenant.) À partir de cette
liste, procédez comme suit :

❶ Reprenez les émotions que vous avez


répertoriées comme négatives et sélectionnez
celle dont vous souhaiteriez diminuer la
fréquence ou l’intensité. Choisissez l’une des
émotions, telles que la colère ou l’agacement,
que vous éprouvez le plus souvent au
quotidien.

❷ Reprenez vos émotions positives et


sélectionnez celle dont vous souhaiteriez
augmenter la fréquence ou l’intensité. Il peut
s’agir de la joie ou de la sérénité.

❸ Identifiez la façon dont vous manifestez


généralement chacune des émotions
sélectionnées aux étapes 1 et 2. Quelle tête
avez-vous ? Quelle posture adoptez-vous ? Ces
émotions se lisent-elles facilement sur vous ou
restez-vous impassible comme un joueur de
poker ? Imaginez-vous en train de vivre
l’émotion, puis en train de vous observer à
travers le regard d’un autre pendant que vous
éprouvez cette émotion.

❹ Recueillez un témoignage de la part de l’un de


vos proches. Vous pouvez vous adresser à votre
conjoint, à un ami ou à quelqu’un qui vous
côtoie régulièrement. Dites-lui que vous êtes
curieux de connaître certaines de vos
réactions :

a) Demandez-lui s’il ou elle vous a déjà vu


éprouver l’émotion négative choisie à
l’étape 1.

Commencez par lui poser une question d’ordre


général, telle que : « Quel effet je te fais dans cette
situation ? » Si cette question est trop vague,
demandez-lui à quoi il (elle) peut dire que vous
éprouvez cette émotion (que dites-vous, quelle
attitude adoptez-vous et quel effet cela lui fait-
il ?).

b) Demandez-lui s’il (elle) vous a déjà vu


éprouver l’émotion positive choisie à
l’étape 2.

Comment vous comportez-vous dans cette


situation ? Comment transparaît cette émotion ? En
quoi votre état émotionnel influe-t-il sur les
autres ? Bien que la plupart des personnes
apprécient les émotions positives d’autrui,
certaines peuvent trouver agaçante non pas
l’émotion à proprement parler mais la façon dont
elle est exprimée.

Lorsque vous obtenez un retour sur vos émotions


de la part des autres, vous êtes en mesure de mieux
cerner vos sentiments. Vous êtes parfois si
concentré sur ce qui se produit autour de vous que
vous ne prenez pas le recul nécessaire pour
réfléchir à l’impact de la situation sur vous.
Solliciter l’aide de personnes que vous connaissez,
et qui vous connaissent, peut vous aider à avoir un
point de vue extérieur et à enrichir votre
compréhension de vous-même.
Modifier ses émotions
négatives
Il vous arrive de vouloir changer vos émotions, le
plus souvent quand elles sont négatives. Personne
n’aime vraiment se sentir déprimé, en colère,
humilié, jaloux, etc. Cela signifie-t-il que vous
devriez toujours être heureux ? Pas du tout !

Certaines émotions négatives, telles que le chagrin,


font partie des expériences vécues par les êtres
humains. Il serait non seulement difficile
d’éliminer une émotion telle que le chagrin, mais
cela n’aurait aucun sens. Chacun ressent de la
peine à un moment ou à un autre dans son
existence, quand il perd un être cher. C’est votre
façon à vous de vivre la perte et elle fait partie du
travail de deuil. Ignorez votre peine, mais à vos
risques et périls ! Ceux qui essaient d’ignorer des
émotions profondes telles que le chagrin paient
généralement à terme un certain tribut émotionnel.
Les sentiments désagréables (souvent déclenchés
par les souvenirs) ont tendance à refaire surface de
manière incessante si on ne les gère pas en
assumant les sentiments intenses associés à la
perte.
Alors, quand modifier ses émotions ? Le plus
souvent, quand ces émotions vont à l’encontre du
but recherché et ne vous aide en aucune manière
dans votre vie. Comment savoir que ces émotions
vont à l’encontre du but recherché ? Un indice ?
Quand elles nuisent à l’atteinte de vos objectifs. Si
l’expérience émotionnelle entrave votre capacité à
entretenir des relations constructives avec les
autres, à accomplir des tâches au travail ou à l’école
ou à apporter votre contribution à la vie en
communauté, c’est que vous avez peut-être un
problème.

Repérer les émotions


négatives
Les émotions négatives vous empêchent peut-être
d’agir comme vous l’entendez. Elles vous polluent
l’esprit quand vous essayez d’avoir les idées claires
pour gérer la personne ou la situation qui vous
ennuie. Les émotions sont un système de
signalisation. Vos émotions négatives sont
destinées à vous alerter et à motiver un passage à
l’action. Considérez-les donc comme un message
vous informant que quelque chose ne va pas.
Cependant, la force du message nuit souvent à
l’action utile. Certains se complaisent dans
l’émotion proprement dite, qui finit alors par les
obnubiler et les empêche de traiter sa cause. (La
cause des émotions est traitée dans la section
« Utiliser la théorie ABCDE des émotions », plus
loin dans ce chapitre.)

Vous pouvez identifier le degré d’inutilité des


émotions négatives en les plaçant sur une échelle
de températures. Les émotions négatives sont
« chaudes » à l’extrémité intense de l’échelle, et
« froides » à l’extrémité calme. Les sentiments
« chauds » ont tendance à entraîner votre humeur
et vos pensées dans une tornade, au contraire des
sentiments « froids » qui, bien qu’également
désagréables, ne sont pas aussi extrêmes.
Utiliser ses émotions comme radar et
moteur pour l’action !

Nous avons vu que l’émotion était une réponse


adaptative à un déclencheur interne ou externe.
Elles ne sont donc dans un premier temps ni
négatives ni positives, en revanche elles peuvent
être agréables, neutres ou désagréables. Elles sont
des éléments de votre énergie vitale et elles ont
chacune leur propre fonction. Elles vous alertent
comme un radar et vous indiquent l’action à mettre
en place pour satisfaire vos besoins vitaux.
Reprenons nos six émotions primaires et
découvrons leur utilité…

Émotion Déclencheur Comportement Besoin à


adaptatif satisfaire et
action à mener

Joie Réussite Recherche Partager


Accomplissement Maintenir
Événements l’émotion
heureux

Tristesse Perte Repli sur soi Être réconforté


Deuil

Colère Injustice Attaque Obtenir


Dommage réparation
Obstacle Établir un
changement
Peur Menace Fuite Assurer sa
Danger Évitement protection
Inconnu Sidération Anticiper

Dégoût Substance ou Rejet Rejeter


personne Se mettre à
nuisible distance

Surprise Danger immédiat Sursaut Un peu de


Imprévu Retrait temps pour
récupérer !

Afin de transformer vos émotions en alliées,


apprenez à les identifier, les écouter pour
découvrir les besoins à satisfaire pour vous et votre
entourage…

Vous pouvez vous montrer plus efficace en


éprouvant des sentiments « froids » quand vous
êtes confronté à des situations défavorables, telles
qu’une perte d’emploi ou des problèmes de couple.
Le tableau 5-1 vous montre la différence entre les
sentiments « chauds et froids ».

Tableau 5-2 Sentiments « chauds » et « froids ».

Sentiments « chauds » Sentiments « froids »

Rage, fureur et colère Agacement et irritation

Découragement, désespoir, dépression et pessimisme Tristesse

Grande culpabilité, remords intenses Regrets


Manque de confiance en soi, haine de soi Déception

Anxiété, peur et panique Inquiétude

Cette activité vous aide à prendre mieux conscience


de vos émotions négatives et de leur portée. Pour
chaque émotion suivante, donnez une définition
ainsi qu’un maximum de synonymes, comme vous
l’indique l’exemple suivant :

• Émotion : colère

• Définition : état émotionnel d’intensité


variable, allant du léger agacement à la rage.
La colère s’associe à des effets physiques, dont
un rythme cardiaque plus élevé, une
augmentation de la tension artérielle et une
crispation des muscles du visage.

• Synonymes : irritation, agacement, furie,


courroux, indignation, rage.

Fournissez la définition et des synonymes des


émotions suivantes :

• Dégoût ;

• Peur ;

• Tristesse.
Utiliser la théorie ABCDE des
émotions
La théorie ABCDE des émotions, également appelée
thérapie rationnelle-émotive, a été conçue par le Dr
Albert Ellis, psychologue, dans les années 1950.
Voici comment cette théorie décompose la
contrariété émotionnelle (dans ses formes les plus
légères) ou les troubles émotionnels (dans sa forme
la plus extrême) :

• A (pour activating event, en anglais). Il s’agit


de l’élément déclencheur, à savoir un
événement extérieur auquel on attribue
généralement ses problèmes :
• Il m’a insulté ;

• Mon petit ami m’a quittée ;

• Ils ne m’ont pas donné le poste ;

• Le prof m’a mis une sale note.

• B (pour beliefs, en anglais), croyances. La


plupart des gens pensent à tort que des
événements extérieurs sont à l’origine de leur
contrariété, colère, manque de productivité,
etc. Mais les responsables sont plutôt leurs
croyances, à savoir ce qu’ils se disent à propos
de ces événements. Par exemple, vous pouvez
penser : « Il m’a insulté, alors je ne suis pas
quelqu’un de bien. » Ce n’est pas l’insulte qui
vous contrarie (nombre de personnes se font
insulter sans souffrir pour autant), mais plutôt
le fait de vous appesantir sur la seconde partie
de votre croyance : vous n’êtes pas parfait.

• C, conséquences. La conséquence peut être


toute une série d’émotions dommageables
telles que la dépression, l’anxiété,
l’apitoiement sur soi ou la tergiversation. La
plupart du temps on commence le processus
ABCDE à la lettre C, à savoir la conséquence, en
se disant qu’on est contrarié, en colère ou
qu’on éprouve une autre émotion négative.

Une fois qu’une personne a pris conscience


qu’elle était contrariée, folle de rage, triste,
etc., elle saute mentalement au A, l’élément
déclencheur. Quel était l’élément déclencheur,
ce qui a causé l’apparition de l’émotion
négative ? Vous direz généralement : « Je suis
fou de rage parce qu’il m’a insulté. » Vous
pensez que c’est l’insulte qui vous a rendu fou
de rage (insulte, A = rage, C).
En fait, le plus souvent on croit que les
éléments déclencheurs rencontrés provoquent
les conséquences, donc les contrariétés
émotionnelles, alors que ce sont des pensées
qui en sont à l’origine.

• D, débat. Le D représente le débat que vous


soulevez à propos des croyances (B) liées à
l’élément déclencheur (A). La phase de débat
implique la remise en question des pensées ou
croyances rationnelles et irrationnelles
entretenues à propos de l’élément déclencheur.

• E, effet. Le E représente l’effet. Lorsque vous


éprouvez des émotions plus « froides », votre
esprit et votre corps sont relativement
détendus et ouverts à la perspective d’aborder
la situation d’une manière rationnelle.

“Ce qui trouble les hommes, ce ne


sont pas les choses, ce sont les
jugements qu’ils portent sur les
choses.”
Épictète
DANS CE CHAPITRE
Découvrir des mécanismes d’adaptation

Tirer le meilleur parti d’une situation difficile

Contrôler ses émotions

Chapitre 6
Gérer ses émotions
T out le monde connaît des jours sans, des jours où
rien ne semble aller. Dès l’instant où vous vous
levez, vous sentez que la journée va être mauvaise.
Pour commencer, vous avez mal au crâne, vous
apprenez de mauvaises nouvelles à la radio, la
première chose de la journée que vous entendez est
un commentaire désobligeant de la part de votre
conjoint.

Lorsqu’une journée démarre ainsi, est-elle plombée


d’avance dans votre tête ? Vous pourriez peut-être
vous cacher quelque part pendant les 24 prochaines
heures, disons devant la télévision ou derrière un
ordinateur. Bien que ces solutions semblent
possibles dans un premier temps, vous ne pouvez
pas vraiment échapper à cette journée, mais
seulement à une partie dans le meilleur des cas.
Dans ce chapitre, vous allez découvrir les moyens
de mettre le cap vers une meilleure destination,
mentalement, s’entend.

Bon, je me sens triste, fou de


rage ou mal. Et maintenant que
faire ?
Dans le chapitre 5, vous avez vu comment identifier
les sentiments qui vous causent des problèmes.

Maintenant, supposons que ces sentiments négatifs


soient suffisamment graves pour nuire dans votre
vie quotidienne. Les sections suivantes vous offrent
des outils pour vous aider à bien vous recentrer.

Si la gravité de vos sentiments négatifs nécessite


l’aide d’un professionnel, faites appel à une
association d’entraide, un psychologue, un
psychiatre ou à tout autre spécialiste disponible.
Utiliser la restructuration
cognitive
La restructuration cognitive est une approche
largement utilisée pour gérer les sentiments
négatifs. Il s’agit d’une forme de thérapie
cognitivo-comportementale inventée par le Dr
Albert Ellis, psychologue, et le Dr Aaron Beck,
psychiatre, qui ont travaillé chacun de leur côté.
Vous en trouverez des variantes, mais les principes
généraux demeurent les mêmes. L’idée-force de
cette approche peut se résumer par la phrase :
« Vous êtes ce que vous pensez. »

Le principe de base de cette technique est de


découvrir comment contester ou réfuter les
distorsions cognitives, ensembles de pensées que
vous avez à propos d’une personne ou d’une
situation, par exemple un événement inquiétant. Il
s’agit alors de remplacer les cognitions
irrationnelles ou déformées par des pensées plus
exactes ou salutaires.

Selon cette théorie, vos croyances irréalistes ou


négatives sont une cause directe de vos émotions
dysfonctionnelles et des comportements qui en
résultent. On peut faire disparaître les sentiments
néfastes suivants grâce à la restructuration
cognitive :

• Stress ;

• Anxiété sociale ;

• Impulsivité ;

• Tergiversation ;

• Faible estime de soi.

Voici un processus de restructuration cognitive à


suivre :

❶ Pensez à une situation ou à un épisode au


cours duquel vous avez éprouvé des
sentiments négatifs tels que le stress,
l’anxiété, la dépression ou la colère.

Rappelez-vous le plus précisément possible les


événements, votre état d’esprit, vos pensées et vos
comportements à ce moment-là.

❷ Inscrivez les en-têtes de colonne suivants sur


deux pages de votre carnet :
• Élément déclencheur

• Sentiments concernant un événement

• Pensées initiales
• Pensées confirmant les pensées initiales

• Pensées infirmant les pensées initiales

• Pensées équilibrées

• Humeur

• Plan d’action

❸ Dans la colonne « Élément déclencheur »,


décrivez la situation à l’origine, selon vous, de
votre mauvaise humeur.

Par exemple, supposons qu’Alice reçoive des


commentaires négatifs de la part de son chef à
propos d’un rapport qu’elle a rédigé. Son chef lui
dit que son rapport était mauvais et qu’il attendait
bien mieux de sa part. Par conséquent, dans la
première colonne, Alice va décrire brièvement la
situation avec son chef.

❹ Dans la colonne « Sentiments » concernant


un événement, consignez votre sentiment à
propos de l’événement.

N’oubliez pas, tenez-vous-en à des sentiments ou


émotions, n’inscrivez pas de pensées.
Généralement, un seul mot suffit à décrire une
émotion. Si vous en ajoutez, il s’agira plus d’une
pensée ou interprétation.

Dans le cas d’Alice, elle se sent découragée, triste et


humiliée.

❺ Dans la colonne « Pensées initiales »,


indiquez les pensées qui vous sont venues
automatiquement à l’esprit.

Pour Alice, il s’agissait des pensées suivantes :


• J’ai fait du très mauvais travail ;

• Je ne suis vraiment pas à la hauteur ;

• Mon chef est un pauvre type ;

• Je suis bonne à rien ;

• Je ne dois vraiment pas être quelqu’un


de bien ;

• Je devrais peut-être démissionner.

❻ Utilisez les colonnes « Pensées confirmant


les pensées initiales » et « Pensées infirmant
les pensées initiales » pour débattre sur les
pensées négatives.

Pour Alice, les pensées confirmant les pensées


initiales sont les suivantes :
• Ce n’est pas mon meilleur rapport et je
sais où il a pu trouver des erreurs ;

• J’aurais peut-être pu y passer plus de


temps ;

• Quand j’étais sur ce projet, j’ai été


distraite.

Voici les pensées infirmant ses pensées initiales :


• Mon rapport comportait peut-être
quelques erreurs, mais il n’était pas
mauvais ;

• Ce n’est pas sur ce seul rapport que l’on


peut juger de ma valeur professionnelle ;

• J’ai déjà été plus performante par le


passé, alors je suis capable de faire du
bon travail ;

• Je sais que ce n’était pas mon meilleur


rapport, mais il n’était pas mauvais. Et,
même s’il n’était pas bon, ça ne fait pas
de moi une nulle ;

• Ce n’est pas parce que je me suis loupée


une fois que je suis incompétente ou que
je devrais démissionner ;
• Comment la qualité de mon travail,
surtout concernant un seul projet,
pourrait me définir en tant que
personne ?

• On ne réussit pas à tous les coups.

❼ Dans la colonne « Pensées équilibrées »,


précisez les conclusions auxquelles vous êtes
parvenu après avoir analysé la situation.

Les pensées équilibrées sont celles qui, après examen


des pensées confirmant et infirmant l’opinion
initiale, vous font porter sur la situation un regard
plus objectif. Vous souhaiterez même peut-être en
discuter avec une personne en qui vous avez
confiance ou dont l’opinion a beaucoup de valeur à
vos yeux. L’analyse de la situation et de vos
pensées par une tierce personne peut vous aider à
tirer une conclusion plus objective.

❽ Après avoir passé en revue tous vos


sentiments et pensées, inscrivez dans la
colonne « Pensées équilibrées » votre
nouvelle perception de la situation.

Alice pourrait noter les phrases suivantes :


• Je ne me suis vraiment pas appliquée
pour rédiger ce rapport et j’ai perdu le
fil. Mais, maintenant que je suis de
nouveau déterminée, je peux être bien
plus performante ;

• Mes performances au travail (ou


ailleurs) ne me caractérisent pas en tant
que personne ;

• On m’a déjà fait des éloges sur des


projets analogues à celui-ci.

❾ Dans la colonne « Humeur », consignez tout


changement dans vos sentiments concernant
la situation.

Sur la base de vos conclusions, comment pouvez-


vous maintenant gérer la situation ? Si vous pouvez
la modifier en agissant différemment, vous pouvez
commencer à planifier les mesures à prendre. Dans
certains cas, vous n’êtes pas à même de changer la
situation, mais il vous est possible de modifier vos
pensées et sentiments la concernant. En portant un
regard plus réaliste et constructif sur la situation,
vous pourrez commencer à y réfléchir
différemment.
❿ Utilisez la colonne « Plan d’action » pour
relever les mesures à prendre.

Dans son cas, Alice notera ce qu’elle va dire à son


chef. Elle pourrait présenter ses excuses pour la
qualité de son rapport, le reprendre afin de
l’améliorer. N’oubliez pas de prévoir une date pour
chaque tâche.

La restructuration cognitive est un outil utile pour


vous aider à réfléchir différemment au problème
rencontré et à modifier votre humeur ou vos
émotions. Servez-vous de votre carnet et de la
méthode présentée dans cette section pour gérer les
situations émotionnelles délicates.

Pour en savoir plus sur ce thème, procurez-vous


Les Thérapies comportementales et cognitives pour les
Nuls, de Rob Wilson et Rhena Branch (Éditions
First).

Les méthodes de diversion


Il arrive que vous vous sentiez si mal que vous
souhaitez une seule chose, fuir ! Parfois, la fuite est
salutaire. S’extraire d’une mauvaise situation, tant
que vous ne fuyez pas vos responsabilités, peut
vous aider à faire une pause et à reprendre vos
esprits, surtout si le stress est intense. Bien
entendu, la solution la plus simple est de vous
éloigner. Selon la gravité de la situation, vous
pouvez vous contenter de compter mentalement
jusqu’à dix, de quitter la pièce ou, plus compliqué,
de partir en vacances.

En vous retirant de la situation, vous pourrez


prendre du temps pour réfléchir calmement et
judicieusement à ce qui se produit. Cela peut aussi
vous empêcher d’accroître vos sentiments négatifs
et de prononcer des paroles que vous regretterez
ensuite. Considérez cette pause comme une
occasion de recharger votre batterie.

De nombreuses solutions s’offrent à vous pour vous


éloigner de la situation en question. Certaines sont
salutaires, tandis que d’autres sont dommageables.
Voici quelques méthodes d’adaptation bénéfiques :

• Respirer profondément ;

• Sortir marcher ;

• Compter lentement jusqu’à dix ;

• Rechercher des stratégies de substitution ;

• Dresser des listes ;

• Laisser ses émotions faire surface ;


• Faire de l’exercice ;

• Parler à une personne proche ;

• Méditer, faire du yoga ou écouter de la


musique apaisante.

Certaines techniques de relaxation vous distraient


momentanément des sentiments négatifs et du
monde qui vous entoure. Les sections suivantes
traitent de ces formes de relaxation ou de prise de
conscience (relaxation musculaire profonde,
exercices de respiration, méditation et pleine
conscience).

Relaxation, méditation et
autres activités similaires
Vous pouvez vous adonner à un certain nombre
d’activités physiques et mentales afin d’être plus
calme et détendu. Ces techniques influent non
seulement sur votre état mental mais améliorent
également votre état physiologique. Le moyen le
plus efficace de les appliquer est de les intégrer à
votre emploi du temps. Au lieu d’attendre qu’une
crise pointe le bout de son nez, puis de rechercher
alors une solution d’urgence, faites en sorte que ces
techniques deviennent partie prenante de votre
mode de vie.

La plupart de ces activités s’effectuent en dix


minutes, voire moins. Étant donné le temps que
vous passez actuellement à prendre votre café, lire
les journaux, naviguer sur la Toile ou regarder la
télévision, c’est très peu cher payé pour profiter
d’un univers plus paisible.

Les activités vous incitant à bouger constituent une


aide physique, grâce à la libération d’endorphines,
surtout si vous faites régulièrement de l’exercice.
Cela vous permet d’être non seulement moins
stressé, mais également plus enjoué. En outre, une
meilleure maîtrise de votre corps accroît votre
confiance en vous.

La relaxation progressive
Inventée par le psychologue Edmund Jacobson, puis
affinée par Robert Benson et Joseph Wolpe, la
relaxation progressive peut contribuer à diminuer
l’hypertension, le syndrome du côlon irritable et
l’anxiété générale.

Pendant une crise d’anxiété soudaine ou une


attaque de panique aiguë, il est difficile de trouver
ces exercices de relaxation très efficaces. Dans ces
cas-là, vous souhaiterez peut-être privilégier la
respiration abdominale et la digitopuncture,
traitées dans les sections suivantes.

Pour commencer, il vous faut trouver un endroit


calme, doté d’une moquette ou d’un tapis, où vous
ne risquez pas d’être dérangé. Puis procédez
comme suit :

❶ Retirez vos chaussures, faites en sorte d’être


à l’aise dans vos vêtements, allongez-vous sur
le dos et fermez les yeux.

❷ Serrez les poings pendant dix secondes en


vous concentrant sur la tension apparue dans
vos mains.

❸ Relâchez.

Notez la sensation de lourdeur et de chaleur.

❹ Contractez vos biceps, en vous concentrant là


aussi sur la tension générée.

❺ Relâchez et prenez conscience de la différence


de sensations.

❻ Exécutez de même une contraction pendant


dix secondes, puis un relâchement, au niveau
des avant-bras.
❼ Contractez les muscles de votre visage, puis
relâchez.

❽ Passez ensuite aux épaules, au thorax, à


l’estomac, à la région lombaire, aux fesses,
aux cuisses, aux mollets, puis aux pieds.

Pendant que vous effectuez cet exercice de


contraction, dites-vous que vous vous laissez
gagner par un état de détente.

❾ Une fois tout le cycle terminé, restez allongé


et immobile pendant un moment et profitez
du calme qui règne.

❿ Une fois prêt, relevez-vous lentement.

Vous vous sentirez peut-être un peu étourdi, c’est


tout à fait normal. Déplacez-vous avec prudence
dans les quelques minutes qui suivent.

N’effectuez pas ces exercices si vous souffrez d’une


blessure musculaire. Si nécessaire, adaptez-les à
votre état, mais seulement après consultation d’un
professionnel de santé.

La respiration diaphragmatique ou
par le ventre
Tout d’abord, l’expression « respiration par le
ventre » peut sembler inhabituelle, voire bizarre.
Généralement, lorsque vous respirez, vous sentez
vos poumons se remplir d’air, votre cage
thoracique se soulevant à l’inspiration et
s’abaissant à l’expiration. En respirant de cette
manière, vous risquez d’amplifier vos émotions
intenses. Cela peut également entraîner une
augmentation du rythme cardiaque et faire naître
l’anxiété.

Lorsque vous respirez par le ventre, votre cage


thoracique demeure immobile, car vous vous servez
de votre diaphragme, lequel est situé plus bas, dans
la région… du ventre. Les musiciens jouant d’un
instrument à vent ont l’habitude d’utiliser leur
diaphragme pour respirer. Quand j’ai commencé à
jouer du saxophone étant enfant, j’ai appris à
respirer par le ventre. Alors maintenant, quand je
fais des gammes ou que je joue, je respire
naturellement de cette manière.

Pour respirer par le ventre, procédez comme suit :

❶ Trouvez un endroit calme où vous ne risquez


pas trop d’être dérangé.
❷ Déboutonnez un peu votre chemise ou
chemisier et retirez vos chaussures.

❸ Allongez-vous sur le dos et fermez les yeux.

❹ Placez une main sur votre poitrine et l’autre


sur votre ventre.

❺ Respirez normalement.

Prêtez attention à vos sensations corporelles.


Remarquez comme vos deux mains bougent lorsque
vous respirez.

❻ Respirez par le nez et laissez votre ventre se


gonfler et favoriser votre inhalation.

Gardez la poitrine et la cage thoracique au


maximum immobiles.

❼ Expirez lentement par la bouche entrouverte.

Avec un peu d’entraînement, vous parviendrez très


vite à laisser votre ventre réaliser l’inspiration et sa
contraction expulser l’air de vos poumons. Répétez
ce cycle pendant cinq minutes. Vous devriez ensuite
vous sentir détendu.

La respiration par le ventre présente notamment


l’avantage de pouvoir être utilisée dans les
moments de stress. Vous pouvez respirer par le
ventre lorsque vous êtes assis, debout, voire en
marchant. Si vous ne pouvez pas fermer les yeux,
concentrez-vous sur un objet proche de vous et
continuez de respirer calmement.

La digitopuncture
La digitopuncture suit les mêmes principes que
l’acupuncture et le shiatsu. Voici la marche à suivre
pour pratiquer la digitopuncture sur vous-même :

❶ À l’aide de votre pouce et de votre index,


pressez la partie charnue située entre le pouce
et l’index de votre autre main.

Vous devriez avoir une sensation légèrement


désagréable, mais pas douloureuse.

❷ Maintenez la pression pendant cinq secondes


environ.

❸ Faites la même chose sur l’autre main.

❹ Répétez tout le cycle (sur les deux mains)


deux fois de plus.

Les tensions devraient s’atténuer.

La diversion volontaire
Vous pouvez pratiquer la diversion volontaire de
plusieurs façons :

• Notez par écrit une liste de choses à faire


lorsque vous vous sentez submergé par le
stress. Parfois, le simple fait de dresser une
liste vous donne un sentiment de maîtrise. Une
certaine confiance s’installe, car vous planifiez
les choses.

• Remplacez des pensées. Quand vous


commencez à avoir des inquiétudes,
entraînez-vous à les remplacer par des images
agréables et paisibles telles qu’un rivage, des
nuages flottant dans le ciel ou une forêt
remplie de chants d’oiseaux.

• Identifiez les pensées ou les actes qui


aggravent votre anxiété. Par exemple, lorsque
vous êtes coincé dans les embouteillages, si
vous regardez l’horloge toutes les trente
secondes, la tension en vous risque
d’augmenter. Si vous disposez de cette option
dans votre voiture, faites disparaître l’heure en
la remplaçant par la température. Vous pouvez
également changer de station de radio afin de
passer d’une émission de débat à un
programme de musique classique ou de jazz.
Accordez-vous des pauses en procédant ainsi :

❶ Notez sur une feuille de papier ce qui vous


inquiète.

❷ À côté, précisez la date et l’heure auxquelles


vous envisagez d’aborder le problème.

Par exemple, aujourd’hui à 19 h 10.

❸ Glissez la feuille dans une enveloppe, puis


cachetez celle-ci.

Une fois notés votre sujet d’inquiétude et le


moment où vous allez l’affronter, arrêtez d’y
penser jusqu’au moment en question. Dites-vous
simplement que vous avez fait ce qu’il fallait pour
l’heure.

❹ Lorsque ce moment est venu, ouvrez


l’enveloppe et donnez-vous trois minutes
exactement pour réfléchir au problème et à la
façon de le régler.

❺ Si, à la fin des trois minutes, vous n’êtes


toujours pas satisfait, inscrivez un autre
moment où vous y penserez et glissez la
feuille dans une enveloppe, que vous
n’ouvrirez que le moment venu.
❻ Recommencez jusqu’à ce que cette inquiétude
ait disparu.

Le fonctionnement de la
pleine conscience
Lorsque vous pratiquez la pleine conscience, vous
n’avez plus qu’un but : être avant tout conscient du
moment présent. La pleine conscience est l’une des
versions les plus populaires de la méditation
utilisées par les psychologues, coachs et conseillers.
C’est le Dr Jon Kabat-Zinn qui a développé cette
technique, axée sur la conscience de l’instant
présent. Cette méthode vous permet de mettre de
côté les jugements ou réflexions caractérisant vos
tendances profondes habituelles. Vous imaginez
l’instant présent sous les traits d’un souffle d’air et
vous vous concentrez sur la prochaine respiration.

❶ Asseyez-vous sur une chaise confortable ou


allongez-vous en prenant une position
confortable.

Adoptez une posture qui vous permet de maintenir


votre vigilance, de vous sentir sûr de vous, en étant
éveillé et conscient de ce qui se passe.

❷ Pensez au moment présent.


Oubliez les éléments du passé ou de l’avenir
auxquels vous pensez peut-être, et concentrez-
vous sur l’instant présent.

❸ Maintenez ce moment de pleine conscience.

Restez concentré pleinement sur l’instant présent.

❹ Prêtez attention à vos sens.

Odorat, toucher, ouïe, goût, vue, images internes.

❺ Concentrez-vous sur votre respiration.

Prêtez attention à votre respiration sans essayer de


la modifier. Sentez l’air entrer et sortir de votre
corps. Inspirez et expirez doucement. Suivez l’air
qui entre dans votre ventre puis en ressort.

❻ (Facultatif) Vous pouvez, si vous le souhaitez,


fermer les yeux, mais continuez de vous
concentrer sur votre respiration.

Continuez de sentir l’air entrer et sortir. Reposez-


vous sur votre conscience en vous détendant et en
restant concentré.

❼ Laissez vos pensées s’éloigner.

Il est naturel que des pensées essaient de


commenter l’expérience que vous vivez. Passez à
un niveau de conscience inférieur et vivez votre
respiration.

❽ Chaque fois que vous sentez votre


concentration dévier de votre respiration,
laissez votre conscience identifier ce que vous
avez à l’esprit.

❾ Reconcentrez-vous sur votre respiration,


donc sur l’instant présent.

La pleine conscience est une technique qui


demande de la pratique si vous voulez en tirer le
meilleur parti. Une fois que vous savez rester
concentré sur le moment présent, vous pouvez
porter votre attention sur vos différents sens. Mais,
au lieu de vous impliquer dans les pensées,
émotions et autres éléments ressentis, vous vous
contentez de les observer en train de vous
traverser. Dans l’état de calme et de tranquillité qui
vous caractérise, vous assistez simplement au
déroulement des expériences. Vous ne jugez pas et
ne gérez pas les pensées qui vous traversent
l’esprit. Vous les observez, en spectateur, puis
reportez votre attention sur votre respiration. Et
savourez l’instant présent !
“Inspirant, je calme mon corps,
Expirant je souris, Demeurant
dans l’instant présent, Je
reconnais toute la merveille de cet
instant.”
Thích Nhất Hạnh

Le rire
D’après l’OMS, la joie est l’émotion que l’on
s’interdit le plus spontanément en France et
l’humeur des Français vire à la morosité. Pourtant
rire est un de nos besoins fondamentaux ! Quand
nous rions, notre cerveau stimule les circuits
hormonaux positifs et ces sécrétions vont avoir une
action opposée à celle que déclenche l’anxiété. Le
rire procure bien-être et détente grâce à une
production optimale d’endorphines. Il combat le
stress en activant le système parasympathique, il
stimule le système immunitaire et lutte
efficacement contre les maladies cardio-
vasculaires. Bon pour le moral et la santé, il assure
également une fonction sociale importante en
resserrant les liens du groupe et en diminuant les
tensions. La réhabilitation du rire est en cours avec
les clowns dans les hôpitaux et les « clubs de
rire ». Véritable « jogging intérieur », cette
thérapie du bien-être est à consommer sans
modération !
Du rire qui guérit…

Un Américain, Norman Cousins, a fait parler de lui


en publiant un livre où il raconte comment il s’est
guéri par le rire. Atteint d’une forme d’arthrite
douloureuse, que la médecine s’avouait incapable
de soulager, il découvrit que lorsqu’il passait avec
ses amis des soirées où ils avaient l’occasion de
bien rire, il avait moins mal dans les heures
suivantes. Il décida donc de se faire une cure de
rire. Il chercha des livres et des cassettes
humoristiques, regarda de nombreux films
comiques et s’offrit ainsi chaque jour une bonne
dose de rire. En quelques mois, non seulement il
ne souffrait plus, mais sa maladie avait régressé de
façon spectaculaire.

… au yoga du rire !

En 1995, le Dr Madan Kataria, médecin généraliste


en Inde, s’est intéressé aux effets du rire sur la
santé. Il a lu le livre de Norman Cousins et
découvert les résultats des recherches du Dr Lee S.
Berk de l’université Loma Linda en Californie, qui
mentionnaient que le rire permet de réduire le
niveau de stress dans le corps et renforce
l’immunité.
Il décida, avec l’aide de sa femme, professeur de
yoga, de créer le Yoga du Rire™, un « club de rire »
pour expérimenter et bénéficier lui-même d’une
activité si salutaire. À 6 heures du matin, il a
commencé à réunir ses amis dans un parc de
Bombay.

La méthode s’est maintenant développée au


niveau mondial et compte des milliers d’adhérents.
Elle vise à promouvoir la paix et la santé dans le
monde par le rire.

Selon Madan Kataria : « On ne rit pas parce qu’on


est heureux. On est heureux parce qu’on rit ! »

Se sortir d’une mauvaise


situation
Bien que vous puissiez essayer de vous protéger en
vous préparant aux événements fâcheux
susceptibles de se produire, vous n’êtes pas à l’abri
des surprises. En fait, la vie est pleine de surprises,
certaines étant désagréables.

L’éventail des expériences négatives peut être très


large, des catastrophes (maladie grave ou perte
d’un être cher) aux petites contrariétés (quelqu’un
qui vous prend votre café au travail). La première
réaction d’une personne à une mauvaise nouvelle
ou situation est toujours émotionnelle. Si les
émotions sont intenses, vous aurez peut-être alors
du mal à sortir de ce mauvais pas en résolvant le
problème rencontré.

Les approches à court terme


Vous ne pouvez pas toujours prédire l’origine de la
prochaine surprise, mais vous pouvez vous
préparer à gérer les événements désagréables.
Commencez par observer votre façon actuelle de
vous y prendre. Par exemple, comment réagissez-
vous si une personne que vous connaissez vous
déçoit ? Passez-vous en mode colère ou sombrez-
vous dans la déprime en vous culpabilisant ?

Les gens ne sont pas toujours fiables ou, tout du


moins, ne se comportent pas toujours de la façon
dont vous le souhaiteriez. On a tous des attentes à
l’égard des autres et tout un chacun a déjà été déçu
par quelqu’un. Par conséquent, une partie de votre
stratégie doit être d’accepter cela.

Quand quelqu’un vous déçoit, vous pouvez réagir, à


court terme, en acceptant la situation. Dites-vous
qu’une chose désagréable s’est produite, puis
commencez à passer en revue les solutions à votre
portée pour gérer le comportement proprement dit
et vos sentiments le concernant.

Vous devez accepter vos sentiments, ainsi que le


comportement de la personne. Si vous ressentez
dans un premier temps de la colère ou de
l’accablement, préparez-vous à transformer cette
colère en frustration ou agacement ou votre
déprime en tristesse ou déception. Plus vite vous
gérerez vos sentiments, plus vite vous pouvez
traiter vos pensées et passer à autre chose.

Prenez la situation de Marina. Elle attend devant un


cinéma, cherchant du regard Georges dans la rue,
qui était censé arriver il y a quinze minutes. Elle
l’appelle sur son portable, mais il ne répond pas.

Le film vient de commencer et elle ne sait pas quoi


faire. Ça ne lui ressemble pas de lui poser un lapin.
Il doit se passer quelque chose. Elle décide de
l’appeler une nouvelle fois.

Il finit par répondre.

« Allô ?

— Georges, mais tu es où ? Je t’attends devant le


ciné, implore Marina.
— Oh non, j’ai oublié ! Je suis désolé, Marina,
répond-il tout penaud. J’ai un empêchement et je
ne peux pas faire autrement.

— Un empêchement ? Et tu ne me le dis que


maintenant ? répond-elle. Qu’est-ce qui peut bien
être si important ?

— C’est la folie au bureau et je ne me suis pas


rendu compte qu’il était si tard. Désolé, je me ferai
pardonner, promis. Que penses-tu de vendredi
soir ?

— Oublie ! À plus. Salut. » Marina raccroche.

Elle est perplexe. Comment Georges a-t-il pu lui


faire ça ? Qu’est-ce qu’il a ? Il n’en a rien à faire de
leur relation ? À ce stade, Marina a le choix :
ressasser sa colère et réfléchir à ce qu’elle pourrait
faire pour se venger, ou accepter que Georges soit
quelqu’un sur qui l’on ne peut pas compter et
réfléchir au genre de relation qu’elle désire
vraiment.

Les revers tels que celui essuyé par Marina peuvent


vous permettre de réfléchir. Le moment est venu de
prendre du recul et de reconsidérer la situation.

Les solutions à long terme


La vision à long terme englobe la perception que
vous avez de vous-même en ce moment et la façon
dont vous vous voyez dans deux, cinq ou dix ans.
De temps en temps, faites une pause et réfléchissez
à votre univers, comment vous y vivez (ce que vous
aimez, ce que vous souhaitez changer). Vous allez
maintenant consacrer votre énergie et vos efforts à
l’accomplissement de vos objectifs à long terme et
à la recherche du bonheur.

En utilisant vos émotions, vous pouvez vérifier


comment vous vous sentez instinctivement dans
votre univers. Procédez comme suit :

❶ Prenez votre carnet et dressez une liste de ce


qui vous satisfait dans votre vie.

Passez quelques minutes à réfléchir à vos réussites.

❷ Dressez ensuite la liste de ce que vous


souhaitez changer.

Elle peut prendre en compte votre travail, certains


amis ou vos loisirs. Laissez-vous guider par vos
sentiments.

❸ Notez vos aspirations concernant les


domaines dans lesquels vous souhaitez
apporter du changement.
Cette liste peut inclure par exemple de nouveaux
amis ou passe-temps.

Une vision à long terme peut vous aider à mieux


vous préparer à surmonter les obstacles. Le fait de
disposer de solutions de remplacement ou d’être
prêt à changer d’environnement peut vraiment
rendre votre vie meilleure. Il vous sera ainsi un peu
plus facile de gérer les changements importants.

Améliorer ses émotions


L’utilisation des techniques traitées dans ce
chapitre peut vous aider à mieux gérer vos
émotions. Votre but est de les maîtriser et non d’en
être esclave. Vous n’avez pas besoin (et il ne le faut
pas) de minimiser ou de restreindre vos
sentiments, mais plutôt de mieux les doser et de
choisir le moment de leur apparition.

Certaines personnes croient encore qu’il n’est pas


possible d’influer sur ses émotions. Elles pensent
que l’on est fou de rage, triste ou content, sans
pouvoir rien y changer. Si vous pensez que les
émotions ont une vie à part entière ou que vous ne
pouvez influer dessus, prenez en considération
l’exemple suivant.
Natacha vient juste d’avoir un retour de son travail
de la part de son supérieur Charles. Ce dernier s’est
certes montré agréable et constructif en lui faisant
des suggestions pour qu’elle s’améliore, mais il a
également fait des commentaires bien précis sur un
rapport qu’elle a rédigé récemment.

Il a entamé la conversation en lui disant que son


rapport était superficiel et qu’il faudrait le
remanier considérablement pour qu’il soit
approuvé. Elle a alors commencé à avoir la tête qui
tournait. Elle était dans un état de choc. Elle avait
mis tout son cœur dans cette mission pendant des
semaines pour, au final, ne recevoir que des
critiques. Elle n’a ensuite pas écouté grand-chose
de la conversation.

Après le départ de Charles, ses émotions tournèrent


à la colère. Elle était furieuse que Charles ait
rabaissé son travail. Sous le coup de la colère, elle
envoya immédiatement un courriel à son petit ami :
« Ce connard de Charles m’a refait le coup. Je ne
comprends pas comment il s’est retrouvé chef
tellement il est bête. Je pense qu’il n’a même pas lu
mon rapport. Ça le fait kiffer de me rabaisser. À ce
soir. Je t’aime. Natacha. »
Malheureusement, il se trouve que son petit ami se
prénomme également Charles. Quand elle a tapé les
premières lettres dans le champ « À », elle a
accepté sans vérifier l’adresse que lui suggérait son
logiciel de messagerie grâce à la fonction de saisie
semi-automatique, puis a cliqué sur le bouton
Envoyer.

Dans la seconde qui a suivi, elle s’est aperçue


qu’elle avait oublié de vérifier à quel Charles elle
avait envoyé le courriel. Son émotion se transforma
très vite en peur. Après avoir constaté que le
destinataire était son chef, la terreur succéda à la
peur.

Notez comme sa colère initiale s’est rapidement


transformée en peur, puis en terreur. Dans un laps
de temps très court, il est possible d’éprouver
plusieurs émotions. Pour un autre exemple,
reportez-vous à l’encadré « Chasser la colère » du
chapitre 3.

Les émotions peuvent changer, et très rapidement.


Le positif peut devenir négatif, mais aussi le négatif
devenir positif !
Percevoir l’importance de
l’entraînement
Considérez les techniques d’adaptation
émotionnelle comme un programme de remise en
forme ou la pratique d’un sport. Toutes ces
activités demandent de l’entraînement. Vous ne
pouvez pas entrer sur un court de tennis et espérer
très bien jouer si cela fait des mois que vous n’avez
pas touché une raquette.

Quelle que soit la méthode de changement


émotionnel choisie (relaxation, pleine conscience,
restructuration cognitive), entraînez-vous. Par
exemple, méditez tous les jours. De nombreuses
personnes méditent deux fois par jour.

Si vous optez pour la pleine conscience, exercez-


vous plusieurs fois par jour. L’un des avantages de
la pleine conscience, c’est que vous pouvez vous y
adonner n’importe où : dans la salle d’attente de
votre dentiste, assis à votre bureau ou lorsque vous
faites la queue au supermarché. Entraînez-vous à
être attentif à votre respiration ou à vous
concentrer sur l’instant présent.
Développer une pensée
positive
Gérer ses émotions implique de développer une
pensée positive de la vie. La psychologie positive est
devenue un courant essentiel dans le domaine de la
psychologie. Elle consiste à prendre conscience, à
comprendre et à se concentrer sur les forces que
nous avons en nous.

Cette méthode peut vous aider à vous observer sous


un nouvel angle. Au lieu de vous focaliser sur vos
faiblesses et domaines perfectibles, passez plus de
temps à cerner vos points forts et à trouver les
moyens de les exploiter au travail et à la maison.

Élise, par exemple, s’inquiète toujours de son


niveau scolaire. Elle sait qu’elle n’a pas fait
d’études brillantes et croit que son parcours
scolaire est responsable de ses difficultés
professionnelles. Elle saisit toutes les occasions qui
passent pour se former. Elle suit des cours de
français, de comptabilité, de prise de parole en
public, de gestion de projet, etc.

Bien qu’appréciant ces formations, elle s’est rendu


compte que ses capacités étaient limitées dans ces
domaines. Elle maîtrise les bases, mais elle se sent
dépassée quand elle envisage de passer aux niveaux
intermédiaire et avancé.

Un jour, elle décide, pour s’amuser, de suivre les


cours d’un programme sur l’empathie. Elle sait,
d’après ce qu’on lui a déjà dit, qu’elle est
naturellement du genre à écouter les autres et à les
aider à résoudre leurs problèmes. Mais elle n’a
jamais suivi de cours en la matière et n’est même
pas sûre de savoir ce que renferme cette notion.

Dès le début, elle s’est sentie comme un poisson


dans l’eau. Tout ce que dit le formateur lui évoque
plein de choses. Elle est une excellente élève et se
met à suivre des cours de niveau supérieur dans les
domaines associés.

Élise finit par s’apercevoir que cela fait des années


qu’elle fait fausse route en termes de carrière. Elle
se fait muter au service client et découvre qu’elle
est faite pour ça.

Partez à la découverte de vos points forts !


Consultez un professionnel qui vous fera passer des
tests et vous aidera ainsi à mieux vous connaître.
Des tests tels que l’inventaire du quotient
émotionnel (EQ-i) (voir le chapitre 4) et un test
d’intérêts professionnels peuvent vous rendre
service.

Adopter les principes de la psychologie positive,


c’est commencer à se concentrer sur ses forces.
Vous êtes bon en français, en science, dans le
domaine artistique, dans les relations humaines, en
technique, etc. Commencer sur une note positive,
en étant persuadé que vous avez des talents cachés,
puis cultiver ces derniers peut vous aider à mieux
cerner votre recherche. La probabilité d’embrasser
la carrière qui correspond à vos passions,
compétences et talents va augmenter et toutes les
conditions seront réunies pour que vous soyez plus
heureux.

Ceux qui s’estiment sur la bonne voie sont


généralement mieux équilibrés sur le plan
émotionnel. Ils se sentent plus en accord avec eux-
mêmes et leur entourage, car ils savent voir le
positif en eux et autour d’eux.

“Quand vous regardez un jardin,


vous pouvez regarder soit les
fleurs, soit les mauvaises herbes.”
Milton Erickson
DANS CE CHAPITRE
Bien distinguer l’empathie de la compassion

Évaluer les émotions des autres

Faire preuve d’empathie pour montrer aux autres que
vous comprenez ce qu’ils ressentent

Exploiter efficacement l’empathie dans sa vie

Chapitre 7
Comprendre la notion
d’empathie
V ous pouvez considérer l’empathie comme l’un
des piliers de l’intelligence émotionnelle, qui joue
un rôle particulier dans presque toutes les théories
du domaine. Les psychologues ont effectué de très
nombreuses recherches sur les multiples aspects de
l’empathie : sa définition, son fonctionnement, son
utilisation, comment l’améliorer, comment
l’expliquer aux autres, etc.

L’empathie est essentielle, car elle vous permet


d’être en symbiose avec les autres. Elle fait
également preuve d’une belle polyvalence. D’un
côté, elle favorise la création d’un lien avec votre
conjoint, vos enfants, vos proches amis et tout être
cher. De l’autre, elle peut vous aider lorsque vous
avez maille à partir avec quelqu’un de difficile.

Et la bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de


développer son empathie ! Par conséquent, si vous
estimez être très peu empathique, vous savez
maintenant que vous pouvez progresser en la
matière. Et, même si l’empathie est une seconde
nature, vous pouvez devenir encore meilleur !

Après avoir bien compris ce qu’est (et ce que n’est


pas) l’empathie, vous disposez d’une marge de
progression dans ce domaine. À l’instar des autres
capacités émotionnelles traitées dans cet ouvrage, il
faut simplement un peu d’entraînement pour
développer son empathie.

Saisir la différence entre


empathie et compassion
Si vous êtes comme la plupart des gens, vous ne
savez peut-être pas exactement ce que signifie le
mot empathie.

Le dictionnaire de psychologie définit l’empathie


comme une « résonance, communication avec
autrui. L’empathie est à la base de l’identification
et de la compréhension psychologique des autres ».
Nous pouvons aussi dire qu’il s’agit de la
« capacité de se mettre à la place de l’autre et de
ressentir ses sentiments et ses émotions »1. Mais
nous allons voir que l’empathie n’est pas la
compassion !

« Je » n’a rien à voir là-dedans


La compassion, c’est montrer que la situation de
l’autre est importante à vos yeux. Voici un exemple
de phrase compassionnelle prononcée par Anita :
« Adeline, je suis vraiment désolée pour l’accident
de ton mari. »

Pour résumer, Anita exprime ses sentiments à


propos de la situation du mari d’Adeline. Son
propos est plein d’attention. Il montre qu’elle n’est
pas insensible à la situation tragique.
L’expression de la compassion commence par je.
Elle montre mon sentiment à propos de votre
situation.

L’empathie est une autre émotion. Elle exprime un


fait : je comprends comment vous vous sentez en ce
moment. Par exemple, Yves dit : « Jules, tu dois
être en colère après ce que ce conducteur t’a dit. »

Une bonne expression de l’empathie montre que


vous percevez les sentiments de l’autre. La phrase
d’Yves n’a rien à voir avec ce qu’il ressent lui. Elle
indique qu’il comprend l’état d’esprit de Jules.
L’empathie revient à se mettre à la place de l’autre.
Quand vous l’exprimez, vous dites souvent tu ou
vous : « Tu dois être… »

C’est en repérant la présence du je ou du tu (ou


vous) que vous pouvez savoir s’il s’agit d’empathie
ou de compassion. L’empathie n’est pas mieux que
la compassion, elle est juste différente.

Pourquoi la différence entre


les deux est importante
La compassion sert à témoigner vos sentiments à
quelqu’un. Elle est très appropriée dans certaines
circonstances, par exemple lorsqu’une personne vit
une situation tragique (perte d’un être cher,
accident grave, etc.

L’expression de votre compassion est alors


nécessaire. Vous apportez votre soutien à la
victime, l’attention et la sollicitude d’autrui
pouvant l’aider à se remettre d’une perte ou d’un
chagrin. Faire connaître à l’autre la nature de votre
sentiment est généralement une fin en soi.

En revanche, l’empathie est souvent un moyen


d’obtenir autre chose. Elle vous permet de vous
rapprocher de l’autre et de gagner sa confiance,
montre non seulement que vous accordez de
l’importance à sa situation, mais également que
vous savez vraiment quelle épreuve il traverse.

Lorsque vous faites preuve d’empathie à l’égard


d’une personne, vous renforcez les liens qui vous
unissent tous les deux et avez le sentiment de
mieux la connaître. L’empathie est souvent le début
d’une interaction. Elle implique que vous soyez au
courant de ce que vit l’autre mais aussi que vous
vous souciiez de sa situation. C’est également la
preuve que vous n’êtes pas égocentrique.

De nos jours, les gens sont trop occupés et centrés


sur eux pour prêter particulièrement attention à
ceux qui les entourent. Ils ont rarement le temps et
l’énergie nécessaires pour traiter les problèmes des
autres. Votre empathie montre que vous sortez du
lot, que les malheurs des autres vous intéressent
vraiment. Bien entendu, il faut veiller à ne pas faire
de l’empathie un moyen de manipuler l’autre afin
de gagner sa confiance ou de se servir de lui.
Exploiter le pouvoir de l’empathie

Clara a la réputation de se servir des autres et d’utiliser


l’empathie à ses propres fins. Elle commence par porter à
l’autre une grande attention, puis voici ce qui se passe :

« Oh, Grégoire, tu dois être épuisé après une telle journée,


commence Clara.

— Ouais, je suis crevé, répond Grégoire.

— Je suis sûre que tu as besoin d’une pause, laisse-moi


t’offrir un café, propose-t-elle.

— Super, merci Clara.

— Au fait, Grégoire, pendant que tu es là, tu ne pourrais pas


déplacer cette table à l’autre bout du bureau ? Et, quand ce
sera fait, ça serait vraiment sympa si tu pouvais accrocher
ces trois tableaux au mur. Ils ne sont pas très lourds. Merci
de m’avoir offert ton aide, c’est gentil de ta part », dit
rapidement Clara en se dépêchant de quitter le bureau pour
aller à la machine à café (et échapper à la corvée qu’elle a
confiée à Grégoire).

La compassion est une émotion souvent exprimée.


La plupart des gens compatissent avec les
personnes qui ont du chagrin ou sont frappées par
le malheur. L’empathie est en revanche moins
fréquente. Vous connaissez peut-être une ou deux
personnes naturellement empathiques.

Les journalistes décrivent souvent feu la princesse


de Galles, Diana (parfois désignée sous le nom de
princesse des cœurs), comme une femme
naturellement très empathique. Après sa mort, de
nombreuses personnes ordinaires ont raconté avoir
été profondément touchées par leur rencontre,
même brève, avec la princesse. Des proches disent
que son implication pour de nombreuses causes
charitables, telles que la recherche contre le sida,
était vraiment sincère. Sa disparition fut
probablement la plus pleurée au monde par sa
génération.

Si on aimait Diana parce qu’elle aidait les autres,


c’est sans doute son empathie qui la rendait
particulièrement attachante aux yeux du public. Ces
dix ou vingt dernières années ont été marquées par
les actions de personnes exceptionnelles et
attentives aux autres (dirigeants, gens du spectacle,
bénévoles dans les associations de bienfaisance,
etc., mais aucune n’a autant attiré l’attention du
monde que Diana.

L’ancien président américain Bill Clinton est


également souvent cité comme un individu
extrêmement empathique. Tout journaliste ayant
passé du temps à parler avec lui dit avoir eu
l’impression d’être la seule personne présente dans
la pièce, tant il excelle dans l’art de vous prêter une
attention exclusive.

En quoi son empathie lui a-t-elle servi ? Eh bien,


elle l’a aidé à être élu par deux fois président des
États-Unis, mais en plus c’est probablement ce qui
lui a permis de s’en sortir assez bien lors de
l’affaire Monica Lewinsky.
Utiliser l’empathie pour éviter l’escalade de
violence

L’empathie permet de désarmer les autres. En cas de


problème avec un employé au sujet d’une prestation de
service, utilisez l’empathie au lieu de vous mettre en colère.

Jonathan fait la queue depuis plus d’une heure devant une


boîte de nuit avec sa petite amie. Le couple devant eux
commence à perdre patience. Quand le videur leur dit qu’ils
vont devoir encore attendre dix minutes, l’homme décide de
s’en prendre à lui.

« C’est débile. Pourquoi vous ne nous laissez pas entrer, tout


simplement ? Ça fait une heure qu’on poireaute. Ça change
quoi pour vous ?

— Désolé, mais je dois surveiller le nombre de personnes qui


entrent. Ça ne devrait plus être très long, répond le videur.

— Allez vous faire voir ! lâche le type de devant. Vous êtes un


pauvre type. Vous vous prenez pour un flic ? »

Inutile de dire que c’est seulement au bout de dix longues


minutes que le videur les a laissés entrer.

Jonathan, passablement exaspéré, décide de faire preuve de


plus de tact.
Ça doit être insupportable d’avoir affaire à ce genre de
gars », dit-il au videur.

— Ça fait partie du boulot, répond le videur.

— Tout de même, ce genre de type doit vous rendre dingue.


Il faut vraiment rester cool, poursuit Jonathan.

— Ouais, c’est clair, glousse le videur. Allez-y. » Jonathan


aurait eu naturellement tendance à s’agacer et à laisser
s’exprimer sa colère. Mais il a gardé son sang-froid plutôt
que de se mettre en rogne, et cela s’est effectivement avéré
payant.

Déchiffrer les émotions des


autres
Faire preuve d’empathie n’est bien évidemment pas
une mince affaire, sinon cette méthode serait
utilisée plus souvent. L’empathie consiste dans un
premier temps à savoir cerner les émotions
d’autrui, et cela s’apprend. Dans le cadre de la
programmation neurolinguistique, on parle de
savoir « calibrer » son interlocuteur.

Observez les quatre visages de la figure 7-1 de la


page suivante et trouvez l’émotion associée à
chacun d’eux. Quelle est selon vous l’intensité
exprimée pour chaque émotion ? Notez ces
informations dans votre carnet, pour chaque
visage.

• Émotion exprimée ;

• Nature de l’émotion (agréable, neutre ou


désagréable) ;

• Intensité de l’émotion (sur une échelle


de 1 à 10) ;

• Évaluation du degré d’empathie de cette


émotion.

Vous pouvez parfaire vos capacités à lire les


émotions d’autrui en regardant la télévision sans le
son. Suivez les expressions du visage des personnes
apparaissant à l’écran. Vous remarquerez comme
les expressions du visage et le langage corporel
permettent d’identifier des changements
émotionnels. Entraînez-vous, et vous prêterez
ensuite plus attention à l’expression non verbale
des émotions.

Vous pouvez commencer à lire les émotions de


votre interlocuteur en observant son visage. A-t-il
la bouche ouverte ou fermée ? Y lisez-vous plutôt
un sourire ou un froncement de sourcils ? Son
regard exprime-t-il la même émotion que sa
bouche ? L’un des meilleurs moyens d’évaluer la
sincérité des émotions de quelqu’un est de
comparer ce que disent ses yeux à ce qu’exprime sa
bouche. Quelqu’un peut très bien sourire tout en
ayant un regard mécontent ou vide d’émotion.

Figure 7-1 Déterminez l’émotion exprimée par chaque dessin.


Notez également si la personne vous regarde
souvent droit dans les yeux, fuit souvent votre
regard ou évite carrément de vous regarder.
L’évitement est un signe d’anxiété ou de timidité
ou peut traduire la peur ou la malhonnêteté. Quand
quelqu’un vous fixe intensément, cela peut être le
signe qu’il vous défie ou se méfie de vous.

Le regard peut vous dire beaucoup de choses sur


l’état d’esprit d’une personne. La satisfaction
s’exprime par une bouche grande ouverte et des
yeux étincelants. Les yeux baissés ou le regard
abattu reflètent la tristesse. Si l’on peut contrôler
sa bouche plutôt facilement, il n’en va pas de même
pour le regard. William Shakespeare disait des yeux
qu’ils étaient une fenêtre sur l’âme. Ils traduisent
également les sentiments éprouvés.

Le langage corporel d’une personne vous donne


également des indices sur ses émotions. Avoir les
bras croisés peut signifier que vous dressez un
obstacle afin de tenir les autres à distance. Cela
peut aussi être un signe d’hostilité envers autrui.
Regardez le visage de votre interlocuteur, et vous
pourrez cerner son état d’esprit.

Être avachi peut indiquer une forme de désintérêt


ou d’ennui. Une posture très droite et raide peut
signifier un état de vigilance, un grand intérêt ou
une attention soutenue. Les bras ou paumes de
main ouverts traduisent l’intérêt, tout comme le
fait de se pencher en avant, surtout quand cela
s’accompagne d’un regard dans les yeux.

En prêtant plus attention au langage corporel et


aux expressions du visage des autres, vous pouvez
mieux percevoir leurs sentiments. Ce n’est pas une
science exacte, mais vous disposez ainsi d’indices
que vous pouvez vérifier une fois en possession
d’informations complémentaires. (Le
chapitre 5 vous en dit plus sur le langage corporel.)

Se mettre à la place de l’autre


On dit souvent que l’empathie, c’est « se mettre
dans la peau de l’autre ». Votre faculté de
connaître son état d’esprit, ses sentiments et ce
qu’il pense vous aide à bien mieux comprendre la
personne en question. Il est souvent possible de
désarmer quelqu’un en montrant que vous le
comprenez parfaitement. Pour ce faire, il faut
plonger au cœur de ses sentiments, et donc percer
la carapace dont il se sert pour se protéger. Vous
serez alors en mesure de lui offrir l’aide dont il a
besoin.
L’empathie est à plus d’un titre une forme
d’altruisme. Vous sortez de votre univers (vos
problèmes, vos inquiétudes, vos joies et vos
responsabilités) afin de vous immerger totalement
dans l’environnement de l’autre personne.

Imaginez-vous dans la peau de Flora. La meilleure


amie de Flora, Odile, traverse une période difficile.
Ses enfants ont quitté la maison et son ex-mari
continue de lui poser des problèmes. Elle ne s’est
jamais sentie aussi seule et ne sait vraiment pas
comment s’en sortir. Jusqu’à présent, elle était
tellement occupée à élever ses enfants qu’elle avait
très peu de temps pour penser à elle. Mais
maintenant, c’est le grand vide dans sa vie.

Flora réussit à décider Odile à sortir prendre un


verre. Odile commence alors à parler de ses
tourments.

« Odile, on dirait que tu te sens vraiment seule,


reformule Flora.

— Oui, dit Odile, comme jamais auparavant.

— Ce n’est pas simplement un sentiment de vide,


poursuit Flora, mais aussi la difficulté que tu
éprouves à te faire à cette situation. »
Flora parvient à retranscrire ce qu’Odile lui dit. Elle
ne lui donne pas de conseils et n’interprète pas ses
propos, mais plonge dans l’état d’esprit d’Odile et
lui montre qu’elle comprend vraiment ce qu’elle
vit.

Commencer par ce que dit


l’autre
Alors, comment s’y prendre pour montrer de
l’empathie à quelqu’un ? Le plus important est de
l’écouter. Ensuite, il faut l’observer.

En matière d’écoute, vous devez vraiment prêter


attention à ce que dit l’autre personne. Il arrive
qu’il y ait une concordance parfaite entre ce qu’elle
dit et ce qu’elle a en tête. Il est impératif d’aller au
fond de sa pensée. Cela demande un peu de pratique
et il est généralement plus facile d’être en symbiose
avec les personnes que l’on connaît.

Lorsque l’autre personne vous parle, écoutez


l’expression éventuelle d’une émotion dans le ton
de sa voix. Par exemple, un ami vous dit : « Ça ne
me dérange plus ce que dit Ali à propos de notre
relation. » Le ton et le discours peuvent cependant
être contradictoires. La personne dit : « Ça ne me
dérange plus », mais le ton employé indique peut-
être « ça me dérange vraiment ». Écoutez donc
avec votre troisième oreille. Vos deux premières
oreilles écoutent les mots, tandis que la troisième
écoute la musique (ton, mélodie et rythme) menant
à la réelle signification du discours.

Si vous décryptez correctement le discours, vous


pouvez faire la remarque suivante : « Tu dois être
très déçu qu’il colporte ces rumeurs. »

Lorsque vous traduisez l’expérience réellement


vécue par l’autre personne, vous devenez plus
proches, un lien se crée. Entraînez-vous donc à
écouter, non seulement les mots, mais également la
musique jouée par votre interlocuteur.

Comprendre le message
délivré par son visage
Lorsque vous échangez avec quelqu’un, prêtez
attention aux signaux envoyés par son visage. Voici
les zones du visage à observer et les
renseignements que vous pouvez en tirer sur la
personne :

• Les yeux : le regard peut vous en dire


beaucoup sur l’état d’esprit d’une personne. Si
elle est forte, sérieuse et croit fermement à ce
qu’elle dit, elle vous regarde en face.

Quelqu’un qui ne vous regarde pas droit dans


les yeux est probablement anxieux ou vous
cache quelque chose. Son regard se fixe sur
vous de temps en temps mais il se porte
souvent ailleurs. Ce comportement peut
traduire de l’anxiété ou une volonté d’esquiver
quelque chose.

• La bouche : notez si un sourire ou une moue


se dessine sur son visage. La bouche peut vous
aider à déceler ses sentiments, surtout quand
les yeux et la bouche vous disent la même
chose. Des yeux étincelants et grands ouverts,
avec un large sourire dévoilant les dents sont
l’expression du bonheur. Des yeux de fouine,
étroits, des lèvres pincées, une mine
renfrognée ou une grimace peuvent être un
signe de colère ou de malaise.

• Le front : la personne a-t-elle le front lisse ou


plissé ? Un front plissé peut être le signe d’une
réflexion intense ou de la perplexité, tandis
qu’un front en sueur peut traduire une certaine
anxiété.
• Les sourcils : la position des sourcils peut
également vous donner des indices sur les
sentiments de la personne. Des sourcils
orientés vers le bas peuvent exprimer la
tromperie ou le mécontentement. Ce peut être
une tentative involontaire de masquer le
regard. En revanche, hausser les sourcils peut
exprimer la surprise ou l’interrogation. Par
exemple, cela peut vouloir dire : « Tu es
sûr ? » Rapprocher les sourcils et lever le front
sont parfois des signes de soulagement. Quand
une personne salue ou accueille quelqu’un, elle
peut hausser et baisser rapidement les sourcils.

Pour faire preuve de plus d’empathie, vous devez


vérifier les sentiments de la personne. Si vous
réalisez cet exercice avec un proche, vous espérez
bien sûr qu’il soit honnête avec vous. Mais
souvenez-vous que certaines personnes n’ont pas
forcément conscience de leur état d’esprit. Si vous
expliquez comment vous en êtes arrivé à cette
conclusion sur ses sentiments (« Oh, c’est juste
que tu regardais vers le bas quand tu as dit ça »2),
vous pourrez peut-être l’aider à porter un autre
jugement sur ce qu’elle ressent.
Lorsque vous vous exercez à décrypter les
expressions du visage d’une personne, prenez un
ton interrogateur et employez ce genre
d’expressions :

• Quelque chose t’inquiète ?

• Es-tu satisfait ?

• Y a-t-il quelque chose qui te tracasse ?

• Est-ce que je t’ai contrarié ?

• Ça t’agace ?

• Est-ce que tu apprécies ?

Décoder le langage corporel


Le décryptage du langage corporel de l’autre peut
vous aider à montrer plus d’empathie. Les
personnes très empathiques excellent dans l’art de
deviner l’état d’esprit de leur interlocuteur sur le
plan émotionnel. Savoir ce que ressent une
personne est le premier stade de l’empathie.

Voici des attitudes à observer pour décoder le


langage corporel de son interlocuteur :

• Un corps ouvert (regard dirigé vers l’avant,


tête haute, bras tendus ou le long du corps)
peut indiquer que la personne est à l’aise et
dominatrice ;

• Un corps fermé (regard fuyant, bras croisés)


peut indiquer un sentiment d’infériorité ;

• Un corps penché en avant indique un intérêt ;

• Un corps penché en avant mais tendu peut


être un signe de colère ;

• Une position affaissée, le dos voûté ou une


mauvaise posture peuvent traduire la
tristesse ;

• Être assis ou debout, les bras ouverts, exprime


l’acceptation ;

• Les bras croisés sont le signe de la défensive.

Ces indications sont forcément réductrices du fait


de leur caractère général. Les autres composantes
de l’empathie vous aideront à découvrir plus
finement la vision du monde de votre interlocuteur
et à vous y adapter.

Le langage corporel est abordé plus en détail au cha


pitre 5.
Montrer aux autres que l’on
comprend leurs sentiments
La seconde étape de l’empathie, si vous avez bien
saisi les sentiments de quelqu’un, consiste à lui
montrer que vous comprenez ce qu’il ressent ; on
utilisera pour cela la reformulation. Bien entendu, il
faut adopter un niveau d’empathie approprié et
l’exprimer au moment opportun. Par exemple, vous
ne souhaiterez peut-être pas vous montrer trop
empathique envers une personne que vous
rencontrez pour la première fois au supermarché.

Si vous vous exercez à vous montrer empathique


avec un proche, dites-lui que vous cherchez à
mieux le comprendre et demandez-lui si cela le
gêne. Une fois prêt à tester vos capacités, ne
commencez pas trop fort, contentez-vous par
exemple des petits tracas de la vie quotidienne.
Exprimez votre empathie envers une personne
agacée par un individu arrogant et grossier dans un
magasin bondé.

Vérifier
Lorsque vous commencez à vous exercer à vous
montrer empathique avec quelqu’un, après avoir
fait de votre mieux pour deviner ce qu’il ressentait,
le moment est venu de vérifier si vous avez vu
juste.

Cette vérification peut s’effectuer grâce à une


question ou une constatation. Voici des exemples
d’énoncés :

• On dirait que tu es triste ;

• Tu sembles d’une humeur joyeuse ;

• Tu as l’air un peu anxieux, là ;

• Vous êtes très confiant ;

• On dirait que vous éprouvez de la peine ;

• Vous semblez un peu effrayé.

Vous pouvez également poser des questions :

• Est-ce qu’il y a quelque chose qui t’ennuie ?

• Êtes-vous content de ce projet ?

• Es-tu en colère ?

• As-tu honte de quelque chose ?

• Est-ce que ce rapport vous plaît ?

Obtenir confirmation
Après le stade de la vérification, vous devez obtenir
une confirmation de la part de l’autre personne.
Êtes-vous parvenu à déchiffrer une émotion et
avez-vous mis dans le mille ?

Si vous posez la bonne question ou utilisez la bonne


reformulation, l’autre personne devrait confirmer
votre observation ou vous mettre plus précisément
sur la piste de son sentiment réel. Mais il peut
arriver que votre interlocuteur demeure évasif.

Ne vous montrez pas déçu si vous êtes à côté de la


plaque. Il n’est pas facile de déchiffrer les émotions
d’autrui. Certains sont doués, tandis que d’autres
doivent s’entraîner pour acquérir ces capacités.

Par conséquent, vérifiez lorsque vous avez un


doute. Si la réponse n’est pas claire, demandez
carrément à l’autre personne si vous avez vu juste.
Inspirez-vous de l’exemple de Mélanie et d’Hélène.

Mélanie s’inquiète pour Hélène qui n’avait pas le


moral la semaine dernière. Ça ne lui ressemble pas
de communiquer si peu. Généralement, elle lit
facilement dans les émotions d’Hélène, mais là, elle
est plus distante que d’habitude.

« Hélène, dit-elle, en attirant son attention, tu


sembles préoccupée, aujourd’hui ?
Hélène jette un œil à Mélanie, mais ne lui répond
pas.

— Désolée, Hélène, j’essaie juste de savoir


comment tu te sens. Dis-moi simplement si
quelque chose t’ennuie, insiste Mélanie.

Elle continue de regarder Hélène, jusqu’à ce que


celle-ci se tourne vers elle.

— Bon, je pense que je me suis vraiment plantée à


mon examen, hier. Il compte pour 40 % de la note
finale », répond Hélène. Ses émotions apparaissent
maintenant clairement et Mélanie sait maintenant
où se situe le problème.

Aussi performant que vous puissiez être pour


déceler les émotions éprouvées par les autres, vous
pouvez progresser en procédant à une vérification.
Ne pas faire fausse route est l’assurance de ne pas
perdre un temps précieux et de ne pas gaspiller
votre énergie. L’obtention d’une confirmation vous
aide à mieux comprendre, puis à vous concentrer
sur des solutions, le cas échéant.

Explorer les situations où


l’empathie s’avère très utile
L’empathie peut parfois vraiment vous aider à
cerner l’état d’esprit d’une personne. Il est ensuite
plus facile de comprendre et, avec un peu de
chance, d’influer sur son comportement. Trois
types de situations se prêtent bien à l’utilisation de
l’empathie :

• Les relations intimes (par exemple avec votre


conjoint ou votre enfant) ;

• Les relations avec les amis et autres proches ;

• Les relations avec les inconnus.

Dans les relations intimes, l’empathie sert de lien


pour maintenir la proximité entre les deux
personnes. Avec les amis, elle peut également
s’avérer essentielle pour maintenir la solidité de la
relation. L’empathie peut même vous aider à traiter
les inconnus, plus particulièrement dans les
situations tendues.

Renforcer les relations


intimes
Vous jugez peut-être importante l’empathie dans
une relation intime, qui suppose que vous
connaissiez les sentiments de l’autre personne. En
réalité, les partenaires ou parents et enfants ne
jugent pas toujours à leur juste valeur ces
sentiments. Ils pensent avoir deviné et prennent les
décisions en conséquence.

Le très grand nombre d’interactions entre les


conjoints et la famille proche fait que vous avez
moins tendance à vérifier ce que ressent l’autre.
Avec ces personnes, savoir quand faire preuve
d’empathie est essentiel. Certains couples et
familles ont l’habitude de parler régulièrement,
chaque semaine, d’aborder des sujets qui sont mis
sur le tapis. Ils ont souvent ces conversations dans
des endroits où il n’est pas courant d’avoir des
échanges chargés en émotions ou de franches
discussions.

Dans ces relations, l’utilisation de l’empathie pour


gérer des problèmes riches en émotions peut
diminuer le nombre de mauvaises interprétations,
de désaccords et d’accusations. Elle vous permet de
comprendre l’état d’esprit de votre conjoint ou
d’un proche, ce qui évite souvent que n’éclatent des
disputes.

Une fois que vous avez clairement conscience de ce


qui agace, ennuie ou blesse vos proches, vous
pouvez alors entamer la recherche d’une solution
constructive ou d’un compromis. De même, quand
votre conjoint ou un membre de la famille
comprend vos sentiments à propos d’une situation,
il lui est plus facile de considérer vos problèmes
avec calme et logique.

Pour utiliser l’empathie avec votre conjoint ou un


proche, procédez ainsi :

❶ Choisissez un moment où vous êtes certain de


ne pas être interrompu.

❷ Optez pour un endroit neutre et tranquille.

Évitez la chambre ou la cuisine, lieux où les


interactions sont fréquentes (vous pouvez même
sortir de chez vous et aller dans un café).

❸ La première personne aborde un sujet qui la


concerne ou qu’elle trouve positif.

L’autre personne se contente d’écouter.

❹ L’autre personne reprend ce qui a été dit, à


travers un énoncé empathique, et essaie de
saisir l’émotion associée à l’énoncé.

❺ La première personne dit si l’autre a perçu la


bonne émotion.
❻ Si la seconde n’a pas vu juste, la première
personne reformule, puis laisse la seconde
faire une autre tentative.

Ce dialogue se poursuit jusqu’à ce que l’auditeur ait


reconnu l’émotion.

❼ Inversez ensuite les rôles, en répétant les


étapes 3 à 6.

Inutile de faire des suggestions ou de proposer des


solutions pour le thème abordé. Cet exercice est
simplement destiné à voir si les deux protagonistes
sont capables d’envoyer et de recevoir des
messages en décelant les intentions.

Comprendre les amis et les


proches
Il arrive que l’empathie permette d’améliorer vos
relations avec des amis et des membres de votre
famille plus éloignés. Que vous fêtiez leurs succès
ou les consoliez en cas de malheur, votre objectif
est de renforcer les liens qui vous unissent.

Dans ce cas, le lien n’a pas besoin de s’inscrire au


niveau le plus intime. L’empathie sert alors à vous
assurer que vous êtes sur la même longueur d’onde.
Voici des suggestions pour utiliser l’empathie avec
des amis et des proches :

• Mettez-vous dans une attitude de réceptivité


quand l’autre exprime un sentiment
clairement positif ou négatif ;

• L’empathie peut aussi servir pour les


sentiments « froids », pas seulement pour les
sentiments « chauds » (voir le chapitre 5) ;

• Faites en sorte que votre questionnement et


vos reformulations s’inscrivent naturellement
dans le cours de la conversation ;

• Faites court. Inutile de vous lancer dans une


conversation interminable ;

• Sollicitez la réponse de l’ami ou du proche une


fois l’énoncé empathique transmis ;

• Si vous vous êtes trompé, présentez


simplement vos excuses et passez à autre
chose. Prenez note de votre mauvaise
perception des indices et utilisez ces
informations la prochaine fois que vous
souhaitez procéder à une vérification ou vous
montrer empathique.
Gérer les situations tendues
impliquant des inconnus
Lorsque vous devez traiter avec des inconnus dans
des situations tendues, l’empathie peut vraiment
vous aider à faire baisser la température ou calmer
la situation. Il n’existe pas de meilleur moyen de
désamorcer un conflit qu’un énoncé empathique
efficace.

L’empathie peut vous aider à régler une situation


avant qu’elle ne vous échappe. Lorsque vous
commencez à sentir que votre interlocuteur (un
vendeur, une serveuse, un réceptionniste, un autre
client, etc. perd son sang-froid, vous pouvez
intervenir tranquillement. Prenez le parti de
l’apaisement en montrant que vous comprenez ce
que vit l’autre. Mais vous n’avez pas besoin d’être
d’accord avec lui ou de lui céder.

Un énoncé plein d’empathie peut désarmer une


personne en colère ou contrariée dans un contexte
de stress ou de conflit. Voici un exemple.

William va régulièrement voir jouer son fils au


football. Bien qu’il adore venir assister aux matchs,
il est souvent consterné par le comportement de
certains parents. Un jour, un parent est furieux
contre l’entraîneur parce qu’il a mis son fils
remplaçant.

« Écoute-moi, espèce de crétin, Gaël fait partie des


meilleurs buteurs de l’équipe. Fais-le rentrer ! »
hurle le père en direction de l’entraîneur.

Quelque peu surpris par ces propos, l’entraîneur


ignore le père. Lorsque le père commence à aller
plus loin dans les insultes, William estime qu’il se
doit d’intervenir.

« Excusez-moi, je suis le père de Jonathan. Vous


avez raison, Gaël est un excellent joueur. Vous êtes
furieux qu’il soit sur le banc pour démarrer, dit
William, détournant délibérément l’attention du
père de l’entraîneur.

— Et comment ! Il a le sens du but. Comment


l’entraîneur peut-il le mettre remplaçant ? répond
Geoffroy.

— Ouais, je vous comprends, c’est agaçant. Vous


voulez un café ? Il veut peut-être simplement faire
tourner un peu l’effectif. Et ils ne jouent pas contre
les premiers au classement », continue William.

William est intervenu de façon à empêcher


l’escalade. Il aurait pu rester à l’écart à regarder la
situation tourner au vinaigre. Gaël aurait pu être
suspendu de l’équipe à cause du comportement de
son père. Vous pouvez constater l’intelligence
émotionnelle de William à la fois à sa décision
d’intervenir et à sa façon de détourner l’attention
du père et de calmer ce dernier.

Voici certaines précisions à garder à l’esprit lorsque


vous faites preuve d’empathie à l’égard d’inconnus.
Ceux-ci peuvent vous mettre mal à l’aise ou vous
rendre nerveux :

• L’empathie permet d’apprendre à connaître


une personne que vous venez de rencontrer
pour la première fois ;

• Les énoncés empathiques peuvent servir à


briser la glace ;

• Tenez-vous-en à des sentiments « froids » à


moins que la situation soit trop chargée
émotionnellement.

Lorsque vous avez affaire à un inconnu dans une


situation tendue :

• Utilisez l’empathie avec sincérité ;

• Ne vous servez pas de l’empathie pour


marquer un point sur l’autre personne ou la
mettre dans l’embarras ;
• Restez calme ;

• Observez la réaction de l’autre personne ;

• Servez-vous de l’empathie pour détendre


l’atmosphère ;

• Restez concentré sur l’autre personne.

L’empathie est un outil puissant qui peut vous


aider à tisser des liens plus solides et gratifiants
avec des personnes que vous connaissez, à briser la
glace avec des inconnus et à décrisper une situation
tendue. Soyez sincère, car les gens décèlent
généralement la simulation. En vous exerçant à
utiliser la technique de l’empathie, vous aurez la
possibilité de faire évoluer positivement bon
nombre de vos relations.

“La nature nous a donné une


langue et deux oreilles, afin que
nous écoutions le double de ce que
nous disons.”
Zénon de Kition

1 Dictionnaire de la réadaptation, tome 1, Maurice Blouin, Caroline Bergeron, Les


publications du Québec, 1995.

2 Cette phrase fait référence à un outil de Programmation Neuro-Linguistique,


les mouvements oculaires. Quand une personne regarde en bas à gauche (du
point de vue de l’observateur), elle utilise son canal kinesthésique et entre
en contact avec son ressenti. (Note de l’adaptatrice.)
DANS CE CHAPITRE
Contrôler ses réactions envers les autres

Influencer les émotions des autres

Gérer les personnes désagréables

Conserver des rapports avec des amis et des proches
difficiles

Chapitre 8
Gérer les émotions des autres
I l n’est pas facile de modifier le comportement des
autres. Vous avez beau essayer par tous les moyens
de harceler, persuader ou cajoler, vous ne parvenez
à rien. Vous avez peut-être tendance à dire à l’autre
personne pourquoi vous souhaitez la voir changer
de comportement. Cependant, en vous concentrant
plus sur cette personne, et moins sur vos propres
besoins, souhaits et désirs, vous pouvez vous
rapprocher de l’objectif initial : faire en sorte
qu’elle change !

Ce chapitre vous démontre pourquoi le fait de


commencer par maîtriser ses propres émotions
permet d’influer plus efficacement sur le
comportement d’autrui. Nous verrons ensuite des
techniques à utiliser avec des gens que vous
connaissez mais aussi avec des inconnus. Libre à
vous bien sûr de donner à ces techniques une
touche plus personnelle. Rappelez-vous ce que vous
avez essayé par le passé et qui a porté ses fruits,
utilisez ce que vous savez pour adapter ces
suggestions.

Exploitez ces suggestions lors de rencontres


ordinaires avec des personnes dites normales. Si la
personne en face de vous souffre d’un grave trouble
mental, laissez faire un psychiatre ou un
psychologue.

Modifier ses réactions envers


les autres
La première étape dans la gestion des émotions des
autres est de comprendre ses propres émotions. Le
fait de cerner votre état d’esprit (vos besoins,
souhaits et désirs) peut vous aider à gérer les
autres, car vous avez les idées plus claires pour
vous atteler à la tâche qui vous attend.

Il arrive souvent qu’on se perde dans son propre


univers et sa façon de voir les choses, ce qui peut
nuire à ses relations avec les autres. Passez en
revue votre entourage et identifiez les personnes
que vous souhaiteriez voir changer. Par exemple :

• Je souhaite que mon conjoint perde du poids ;

• Je souhaite que mes parents arrêtent d’être


sans arrêt sur mon dos ;

• Je souhaite que ma meilleure amie accorde


plus d’importance à mon opinion ;

• Je souhaite que ma petite amie communique


plus ses sentiments ;

• Je souhaite que mes amis soient plus


tolérants ;

• Je souhaite que ma mère écoute plus les


autres ;

• Je souhaite que ma sœur passe plus de temps


avec moi.
Réfléchissez à vos précédentes tentatives d’opérer
ces changements, en observant les réussites et les
échecs.

Avoir conscience de ses


réactions instinctives
Vous avez probablement dans votre entourage des
personnes dont vous aimeriez voir le
comportement changer. Il peut s’agir surtout de
proches. Il est généralement possible d’évaluer avec
précision votre faculté de changer une personne
que vous connaissez. Le succès risque d’être plus
souvent au rendez-vous s’il s’agit d’une demande
mineure. Si vous écoutez votre instinct avant de
formuler votre requête, vous devriez avoir une idée
précise de vos chances de réussite.

Parfois, instinctivement vous savez pour qui vous


souhaitez ce changement : pour vous (par exemple,
vous souhaitez qu’elle s’habille d’une certaine
façon), pour la personne en question (vous
souhaitez qu’elle arrête de fumer ou mange moins)
ou pour une tierce personne (vous souhaitez qu’elle
cesse ce tapage qui dérange les autres).
Parmi vos connaissances figure peut-être une
personne proche dont vous avez essayé de modifier
le comportement. Pour établir un plan destiné à
l’encourager à changer, procédez comme suit :

❶ Notez dans votre carnet ce que vous souhaitez


voir changer chez cette personne, ainsi que la
raison associée.

En quoi souhaitez-vous qu’elle change ? Imaginez-


la en train d’adopter le comportement qui vous
déplaît. Qu’est-ce que cela vous fait ? Pourquoi ce
comportement vous fait-il cet effet-là ?

❷ Indiquez quel serait votre état d’esprit, et


celui de l’autre personne, si celle-ci changeait
de comportement.

Imaginez le nouveau comportement. En quoi


serait-il différent ? Quels sentiments produirait ce
changement chez elle ? Chez vous ?

❸ Concentrez-vous sur vos sentiments et notez


en quoi ils modifieraient votre propre
comportement.

En quoi ce changement modifierait-il votre état


d’esprit ? Identifiez les énoncés suivants
s’appliquant à vous :
• Je n’aurai plus à être sans arrêt sur son dos

• Je suis fier de parvenir à la faire changer ;

• Elle ne devrait pas se comporter ainsi ;

• Elle semble aller mieux.

Si vous sélectionnez un des trois premiers énoncés


de la liste ci-dessus, vous devriez peut-être
observer vos motivations. Le changement que vous
souhaitez voir chez l’autre vous intéresse peut-être
à titre personnel et n’est pas forcément dans son
intérêt.

❹ Dressez dans votre carnet la liste des raisons


qui vous avantagent et de celles qui visent à
rendre service à l’autre personne.

Le fait de connaître ces raisons peut vous aider à


changer personnellement, en clarifiant vos propres
objectifs. Notre motivation est plus grande quand
les objectifs et résultats souhaités sont clairs et
souhaitables.

Passer en revue les autres


réactions possibles
De nombreuses raisons rendent le changement
difficile à concevoir. Voici quelques exemples :
• Le comportement en question est devenu une
habitude et il est difficile de se débarrasser des
habitudes ;

• Le statu quo présente des avantages pour la


personne ;

• Le changement implique de fournir des


efforts ;

• Les avantages sont trop peu nombreux ;

• La personne a peur du changement ;

• La personne essaie de vous rendre la pareille.

Voyez si les obstacles énumérés dans la liste


précédente vous concernent. Cherchez également
d’autres obstacles au changement, puis remettez-
les en cause. Par exemple, si la personne pense que
les avantages ne suffisent pas pour que le
changement en vaille la peine, dressez une liste de
tous les bénéfices que vous voyez.

Si elle a peur du changement, réfléchissez à des


moyens de la surmonter. Comment pouvez-vous
contribuer à faciliter le changement en affrontant
ou en évitant certaines de ces peurs ?

Réfléchissez à ce que vous souhaitez changer pour


vous (alimentation, coupe ou couleur de cheveux,
comportement envers quelqu’un, dépenses, temps
passé sur l’ordinateur, etc.) Pour surmonter vos
obstacles au changement, procédez comme suit :

❶ Inscrivez dans votre carnet le changement


essentiel que vous souhaitez effectuer.

❷ Indiquez quelques obstacles à ce changement.

Qu’est-ce qui vous empêche de procéder à ce


changement ?

❸ Prenez chaque obstacle et trouvez une


solution pour le surmonter.

Par exemple, si vous dites que vous n’avez pas le


temps d’opérer ce changement, proposez un moyen
de vous libérer le temps nécessaire.

❹ Présentez la meilleure réponse à chacune des


raisons que vous trouvez pour ne pas changer.

Prenez conscience du caractère convaincant ou non


de chaque excuse invoquée. Très souvent, vous
utilisez des raisons similaires pour persuader les
autres de changer. Vous pouvez maintenant vérifier
si vos motivations sont séduisantes.

Gérer les émotions des autres


Au lieu de dire quoi faire à la personne, ce qui n’est
généralement pas très bien perçu, cherchez à
comprendre ce qui l’empêche de franchir le pas.
Une fois conscient de ce qui la retient de changer,
vous pourrez aborder le problème plus
efficacement.

Pour percevoir les obstacles se dressant sur la route


de la personne, vous avez besoin d’empathie, à
savoir de la faculté de vous mettre à la place de
l’autre. (Le chapitre 7 traite l’empathie en détail.)
Avant de pouvoir gérer les émotions d’autrui, vous
devez les comprendre :

• Quelle est l’histoire ?

• Que ressent-elle à propos de cette situation ?

• Quels sont ses besoins sous-jacents à ces


émotions ?

• Sera-t-elle en colère si j’aborde le sujet ou


recherche-t-elle quelqu’un à qui parler ?

• Est-ce le moment idéal pour elle de penser à


ce changement ?

Votre probabilité de parvenir à changer l’autre


personne augmente si vous avez une bonne idée
des éléments susceptibles de la motiver. Et, même
si vous n’y parvenez pas immédiatement, vous
risquerez moins de provoquer des frictions ou une
dispute pénible. N’oubliez pas qu’une personne ne
changera probablement pas pour vos beaux yeux.
Elle a besoin d’une raison qui lui soit bénéfique. À
vous de comprendre en quoi le changement que
vous proposez peut lui être salutaire ! La
motivation pour le changement est souvent liée à la
satisfaction de ses besoins. Car comme dit Marshall
B. Rosenberg : « Tout ce qu’on fait, c’est pour aller
à la rencontre de nos besoins. »

Commencez par de petits changements. Une fois


que vous serez parvenu à convaincre quelqu’un de
procéder à des changements mineurs, vous aurez
une confiance et une crédibilité plus grandes pour
passer au stade supérieur.

Ne soyez pas manipulateur, mais œuvrez dans


l’intérêt de la personne. Si vous vous montrez
manipulateur ou hypocrite, vous risquez de perdre
sa confiance.

Supposons que votre conjoint n’aime pas sortir les


poubelles. Vous l’avez harcelé, mais il n’y a pas
moyen de le décrocher de la télévision ou de son
journal. Il ne bouge peut-être pas parce qu’il est
bien et ne veut pas qu’on l’interrompe.
Identifier les besoins de votre
interlocuteur

Abraham Maslow (1908-1970) proposait une


classification hiérarchique des besoins humains,
selon cinq grandes catégories, allant du niveau 1 (la
base) au niveau 5 (le sommet de la pyramide : le
besoin d’accomplissement). Le passage d’un niveau
à l’autre ne pouvant s’effectuer que si le besoin du
niveau inférieur est satisfait. Ce concept est connu
sous le nom de « pyramide de Maslow ».

• Niveau 1 : les besoins physiologiques liés à


la survie des individus ou de l’espèce.

• Niveau 2 : le besoin de sécurité (matérielle,


physique, morale et psychologique, affective,
sociale, etc.

• Niveau 3 : le besoin d’appartenance à un


groupe, à une famille, à une entreprise, une
association…

• Niveau 4 : le besoin d’estime qui prolonge


le besoin d’appartenance, car l’individu
souhaite être reconnu, apprécié, voire aimé au
sein des groupes auxquels il appartient.
• Niveau 5 : le besoin de s’accomplir, de
donner un sens à sa vie et de s’épanouir. C’est
également le besoin de participer, fût-ce
modestement, à l’amélioration du monde.

Vous pouvez commencer par avoir une


conversation au cours de laquelle vous convenez
tous les deux qu’il est nécessaire de sortir les
poubelles de la maison. Étudiez ensuite le moment
qui lui convient le mieux.

Vous pouvez jouer sur la fierté qu’il éprouve vis-à-


vis de sa maison, qu’il a contribué à choisir, décorer
et entretenir. Le fait de garder la maison
impeccable ne peut que renforcer cette fierté.

Certaines vieilles habitudes sont parfois difficiles à


faire disparaître. Mais vous aurez peut-être plus de
succès en évoquant l’aspect émotionnel de ce qui
entretient l’habitude néfaste. N’oubliez pas, la
personne a peut-être peur d’éprouver une émotion
négative si elle agit, ou bien elle ne perçoit pas
l’émotion positive qui s’ensuivra si elle prend les
mesures qu’il faut. Vous devez ingénieusement
déterminer quel élément déclencheur a toutes les
chances de fonctionner et l’utiliser pour passer à
l’action.
Identifier l’état d’esprit des
autres
Pour comprendre l’état d’esprit de l’autre, il vous
faudra peut-être creuser un peu. Bien que vous
soyez peut-être tenté de deviner ou que vous
essayiez de déterminer le facteur de motivation lié
à certains comportements, vous obtiendrez
toujours plus facilement la réponse si vous
recueillez des données. En prenant le temps de bien
comprendre ce que ressent l’autre, vous pourrez en
savoir plus sur les origines de son comportement.

Pour obtenir les informations le plus efficacement,


posez des questions. L’utilisation de vos capacités
d’observation et des bons énoncés d’exploration ou
questions peut vous permettre de déceler les
émotions se cachant derrière les comportements.
Voici quelques exemples :

• Que ressens-tu quand tu regardes ce film à la


télé ?

• Qu’est-ce que ça te fait quand tu fumes ?

• Est-ce que ça t’ennuie quand tu dors tard ?

• Es-tu en colère à cause de quelque chose que


j’ai fait ?
Commencez par l’émotion la plus visible. Si
quelqu’un continue d’adopter un certain
comportement, c’est qu’il éprouve probablement
une émotion positive associée à ce comportement
(détente en regardant la télévision, par exemple).
Mais il peut très bien éprouver une émotion
négative si ce comportement va à l’encontre du but
recherché (par exemple, de la culpabilité ou de la
colère vis-à-vis de tout ce temps passé devant la
télévision).

Votre don de l’observation et votre capacité à


manifester de l’empathie vous permettent
d’identifier le signe révélateur de l’émotion
éprouvée par l’autre personne. Si vous n’y parvenez
pas, imaginez-vous dans la même situation. Si
vous visualisez vos sentiments ou pensées après un
acte donné (perdre votre temps ou manger plus que
de raison, par exemple), vous commencerez peut-
être à mieux cerner l’état d’esprit de l’autre
personne.

Bien entendu, vous pouvez fort bien être


radicalement différent d’elle et éprouver des
sentiments opposés, mais au moins, vous pourrez
commencer à voir le problème d’un autre œil et
ainsi à la comprendre. Les personnes incapables de
comprendre ce que ressent l’autre s’empressent
généralement de lui faire trop de reproches ou de le
harceler pour qu’il change de comportement.

Une fois que vous avez découvert des raisons qui


pourraient vous conduire à adopter le même
comportement, réfléchissez à ce qui pousse l’autre
personne à agir ainsi. Est-ce le même mode de
raisonnement que le vôtre ?

Choisir un comportement de
substitution réaliste
Vous avez évalué ce que seraient votre réaction et
vos sentiments dans la même situation, vous
pouvez commencer à réfléchir à des
comportements de substitution réalistes que
pourrait adopter l’autre personne. Les
comportements de substitution réalistes sont des actes
que l’autre personne serait susceptible de vouloir
accomplir.

Sélectionnez un comportement que vous


souhaiteriez voir abandonné par l’autre personne :

❶ Dans votre carnet, décrivez le comportement


que vous souhaiteriez voir disparaître chez
l’autre personne.
❷ Relevez les comportements de substitution de
votre choix.

Visualisez les comportements de substitution que


pourrait adopter l’autre personne. Entraînez-vous à
visualiser des alternatives jusqu’à ce que vous
tombiez sur celle qui s’avère plus acceptable pour
vous et l’autre personne que la situation actuelle.

❸ À l’aide de vos qualités d’empathie,


réfléchissez à ce que l’autre personne pourrait
penser de votre solution. Notez ensuite dans
votre carnet les réponses aux questions
suivantes :
• Quel degré de changement vous
paraîtrait acceptable ? Soyez précis (par
exemple, vous pouvez souhaiter que la
personne adopte le comportement de
substitution une fois par semaine).

• L’autre personne est-elle susceptible


d’accepter votre demande de
changement ?

• S’il est probable qu’elle n’accepte pas,


quels sont les obstacles expliquant ce
refus ?
• Comment pourriez-vous modifier votre
demande ou surmonter certains
obstacles ? N’oubliez pas que l’autre
personne doit voir un avantage au
changement proposé. Il ne suffit
généralement pas que vous vouliez
qu’elle change. Réfléchissez à la façon
dont elle pourrait tirer parti du
changement.

En outre, vous pouvez faire ceci pour gérer vos


sentiments vis-à-vis du comportement incriminé :

❶ Imaginez la personne en train d’avoir le


comportement en question.

Prêtez attention à vos sentiments tout en observant


le comportement incriminé.

❷ Détendez-vous !

Pendant que vous vous concentrez sur vos


sentiments, imaginez-vous en train de vous
détendre. Maintenant que vous êtes plus calme,
demandez-vous pourquoi la personne se comporte
ainsi. Imaginez ce qui pourrait la pousser à
changer.
❸ Listez au moins cinq éléments de motivation,
en lien avec les besoins de cette personne.

❹ Choisissez celui le plus à même d’influer sur


son comportement.

Réfléchissez à la manière de lui présenter cet


élément de motivation.

❺ Imaginez la personne en train d’adopter votre


comportement préféré.

Si vous êtes parvenu à définir le changement


souhaité, vous devriez désormais être plus détendu
si la situation se présente. Vos sentiments seront
sans doute moins intenses, car vous acceptez de
mieux en mieux le nouveau comportement.

Il est impossible d’être certain que l’autre personne


va modifier complètement de vieilles habitudes.
Cependant, si vous vous préparez en vous mettant à
sa place pour étudier la situation, votre probabilité
de la voir changer sera plus grande.

Faire en sorte que l’autre


personne veuille bien changer
Une fois que vous avez examiné la situation et que
vous savez comment la perçoit l’autre personne
(voir les sections précédentes), vous êtes
maintenant prêt à présenter votre argumentaire.
Choisissez un endroit neutre et calme pour lui
parler. Dites-lui que vous avez des idées pour
changer une situation que vous trouvez fâcheuse et
que vous êtes prêt à modifier un comportement
susceptible de la déranger (par exemple, votre
manie d’être toujours sur son dos).

Voici des conseils pour cette conversation


importante :

• Dites-lui en quoi le comportement en


question vous ennuie ;

• Dites-lui que vous comprenez que vous seul


pouvez gérer vos sentiments mais que vous
tenez à lui parler de ce qui vous ennuie. Si la
personne tient à vous, elle devrait au moins
accepter d’aborder votre problème ;

• Dites-lui que vous avez réfléchi à une solution


pour que vous changiez tous les deux.
Indiquez-lui que si vous sentez la situation
s’améliorer, votre comportement négatif ou
dérangeant (par exemple, votre tendance à
faire continuellement des remarques) devrait
être moins fréquent ;
• Suggérez un motif valable pour changer (sur
la base de ce que vous avez découvert dans la
section précédente) ;

• Voyez si vous pouvez parvenir tous les deux à


un compromis.

Si ce genre de conversation ne vous permet pas


toujours de convaincre l’autre personne de changer,
pensez à :

• Vous mettre en position d’ouverture ;

• Éviter de lui faire de reproches ;

• Assumer votre part de responsabilité ;

• Manifester votre désir d’arriver à un


compromis.

L’application de ces principes peut vous permettre


de faire changer quelque peu des personnes dont
vous êtes proche. Bonne volonté, compromis et
prise en compte des intérêts d’autrui sont autant
d’éléments qui augmentent vos chances de succès.

Faire face à des personnes


difficiles
Il peut vous arriver de rencontrer des personnes
difficiles, voire odieuses. Gérer ce genre de
personnes peut alors relever du défi. Dans certains
cas, cela tourne à la dispute et vous fait même
perdre votre temps. Mais vous n’avez pas toujours
le choix.

Malheureusement, la violence est plus présente


qu’il y a dix ans. Par exemple, il n’est pas rare que
les accès de colère au volant entraînent des
blessures graves voire la mort.

Imaginez quelqu’un qui fait une queue de poisson à


un autre automobiliste sur l’autoroute. La personne
fâchée prend en chasse la voiture du responsable de
l’incivilité, en klaxonnant et en hurlant. L’autre
conducteur cherche alors à se venger et freine
brutalement, provoquant une collision. Les deux
conducteurs sortent en trombe de leur véhicule et
l’un d’eux se prend à la tête des coups qui
entraînent son décès. De nombreuses histoires
vraies sont des variantes de ce scénario.

Il est parfois difficile de savoir quand s’exprimer


pour faire valoir ses droits et quand faire profil bas
pour sa propre sécurité. Quelle est la réaction
appropriée ?
Vous pensez peut-être que la hausse du niveau
d’instruction et de la qualité de vie aux quatre coins
du monde s’accompagne d’un plus grand civisme,
mais les agressions n’ont fait qu’augmenter avec le
temps. Le risque de tomber sur une personne
égocentrique, odieuse et violente dans vos
déplacements quotidiens est donc plus élevé qu’il y
a quelques années.

Mais ce n’est pas une raison pour abandonner vos


droits et céder devant les tyrans. Vous pouvez
encore vous faire entendre d’une manière
pacifique, sans aller à l’affrontement.

Dans une certaine mesure, le contexte dans lequel


vous faites face au comportement influe sur votre
façon de gérer les personnes désagréables. Faire
face à quelqu’un chez soi est très différent
d’affronter un inconnu chez l’épicier. Le contexte
et votre objectif concernant l’interaction peuvent
vous aider à choisir la stratégie pour affronter le
comportement incriminé.
Apaiser les conflits avec les inconnus

Repensez à la dernière fois où un parfait inconnu


vous a insulté. Dans cette situation, ce ne sont pas
les moyens de réagir qui manquent. Vous
souhaitez généralement voir le sang-froid figurer
en tête de votre liste. À moins que vous ne soyez
champion du monde de boxe ou ceinture noire de
karaté, vous ne souhaitez probablement pas aller
jusqu’à l’altercation. Mais vous n’avez pas non plus
besoin de vous dégonfler complètement devant
l’autre personne. Si vous êtes en tort, présentez vos
excuses. Dites-lui que vous comprenez ce qu’elle
ressent. Vous garderez votre dignité intacte en
venant à bout rapidement d’une situation difficile,
avant de passer à autre chose. Vous avez
probablement mieux à faire de votre vie que de
vous disputer avec un inconnu dans la rue. Voici un
exemple de (bonne) gestion de conflit :

Cela fait près de vingt minutes que Thibaut circule


dans le parking du centre commercial à la
recherche d’une place. Chaque fois qu’il en voit
une, quelqu’un parvient à la prendre avant lui.

Il finit par voir une place se libérer une allée plus


loin. Il fonce vers l’emplacement, se positionne
pendant que l’autre conducteur recule pour sortir.
Il remarque la présence d’une autre voiture en
attente à proximité. Thibaut attendant juste du
côté de l’avant du véhicule qui recule, il peut
s’engouffrer dès la place libérée. L’autre voiture qui
attend se retrouve coincée derrière la personne qui
s’en va.

L’autre « prétendant » à la place hurle par la vitre


baissée : « Hé connard, c’est moi qui l’ai vue en
premier ! »

Thibaut se contente de le regarder pendant qu’il


descend de son véhicule désormais garé.

« Vous avez entendu ? J’attendais déjà cette place,


poursuit l’autre conducteur.

— Désolé, vous devez attendre depuis longtemps,


dit Thibaut. Ça fait vingt minutes que je tourne et
j’ai vraiment failli abandonner. C’est pénible de ne
pas trouver de place. Vous voulez que je vous aide
à en trouver une ? »

Ne sachant pas quoi dire, l’autre conducteur


regarde Thibaut et lui dit : « Laissez tomber ! »

Thibaut a joliment géré une situation qui aurait


facilement pu tourner à l’altercation. Il est resté
dans les limites de la civilité en gardant son sang-
froid, en ignorant l’insulte, en montrant qu’il
comprenait l’agacement de l’autre conducteur et
même en proposant de l’aider.

Identifier le résultat idéal face


à une personne difficile
Fixez-vous un objectif pour votre interaction avec
cette personne désagréable. Savoir de qui il s’agit et
où se manifeste le comportement sont des facteurs
susceptibles d’influer sur votre objectif (le résultat
que vous souhaitez atteindre).

Voici des objectifs possibles :

• Changer le comportement indésirable et


poursuivre la relation ;

• Dire à la personne comment vous vous sentez


à cause de son comportement et poursuivre la
relation ;

• Dire à la personne comment vous vous sentez


à cause de son comportement et n’avoir
ensuite qu’un minimum de contacts ou
carrément couper les ponts ;
• Ignorer la personne et laisser les choses en
l’état afin d’éviter d’aggraver la situation.

Vous déciderez peut-être de maintenir une relation


intime ou cordiale avec l’autre personne, en
fonction de votre proximité avec elle (membre de la
famille, collègue ou connaissance, inconnu).

Dans le cas de personnes que vous croisez souvent,


vous souhaiterez probablement conserver une
relation cordiale. Pour ce faire, vous devez souvent
gérer vos émotions et, dans une certaine mesure,
celles de l’autre personne.

Avec des inconnus, vous souhaiterez garder votre


sang-froid, sans oublier que le fait de gérer leurs
émotions peut vous aider vous aussi à rester maître
de vous-même. Votre objectif est alors de rester
digne et de partir. Vous ne souhaitez pas à aller
jusqu’à l’altercation.

Développer des techniques


pour gérer les personnes
difficiles
Bien qu’il ne soit pas toujours possible de se
préparer à un échange avec un parfait inconnu,
vous pouvez le faire quand il s’agit de personnes
difficiles que vous avez l’habitude de côtoyer. Les
connaissant déjà, vous pouvez généralement les
cerner assez bien, même si certains sont plutôt
imprévisibles.

Vous avez probablement conscience des sujets


sensibles ou des réalités qui déclenchent de vives
émotions en vous. Et vous savez sans doute ce qui
peut provoquer la même réaction chez l’autre.

Vous devez non seulement connaître les sujets


sensibles mais être capable de les contrôler. Voici la
marche à suivre pour vous préparer :

❶ Inscrivez dans votre carnet certains


comportements adoptés par les autres qui
vous mettent hors de vous.

❷ Inscrivez des propos que vous tenez ou des


comportements que vous adoptez qui mettent
les autres hors d’eux.

❸ Réfléchissez à la façon dont vous pourriez


parvenir à vous contrôler face aux choses qui
vous hérissent, puis consignez par écrit le
fruit de votre réflexion.

Que pouvez-vous vous dire ou faire afin de bien


vous maîtriser ?
❹ Inscrivez une stratégie pour vous préparer à
rester calme quand quelque chose vous met
hors de vous.

Mieux vaut ne pas décider de la marche à suivre sur


un coup de tête. Par exemple, vous pouvez décider à
l’avance de ne pas vous laisser déstabiliser par
certains commentaires (insultes, taquineries,
injures, propos destinés à vous rabaisser, etc.).
Vous pouvez détourner ces attaques. Imaginez
quelqu’un qui vous pousse à bout, puis visualisez la
réaction idéale : rester calme. J’ai effectué ce genre
d’exercices d’imagerie mentale (également appelée
répétition mentale) avec des sportifs de haut niveau
se préparant à la compétition. En répétant
mentalement la situation difficile, vous vous
entraînez à affronter les difficultés susceptibles de
naître et vous vous préparez aux événements de la
vie.

Entraînez-vous à adopter les réactions suivantes


quand les autres adoptent des comportements qui
vous déstabilisent émotionnellement :

• Ah, ça c’est un commentaire idiot, je ne vais


pas me laisser déstabiliser ;
• Ce commentaire en dit plus sur elle que sur
moi ;

• Je suis capable de rester calme, je ne vais pas


le laisser me faire perdre mon sang-froid ;

• Contente-toi de sourire et de dire « merci » ;

• Je procède à un compte à rebours : dix, neuf,


huit, etc.

Être capable de maîtriser vos émotions est


généralement la première façon de traiter des
commentaires susceptibles de vous mettre hors de
vous. La seconde, efficace, est de réfléchir à des
moyens de gérer les émotions de l’autre personne.
Elles demandent toutes deux un peu
d’entraînement. Quand vous avez un moment de
libre, commencez à réfléchir à la manière de traiter
ces situations difficiles. On se contente trop
souvent de les gérer quand elles apparaissent et, au
final, on regrette d’avoir répondu ou agi dans le feu
de l’action.

Fixez-vous des objectifs. Apprenez le scénario le


plus à même de vous aider à vous sortir
positivement de la situation. Dans certains cas,
vous souhaiterez rester calme et présenter vos
arguments ou au moins montrer que vous
comprenez l’état d’esprit de l’autre personne.

Gérer les amis et les proches


difficiles
En ce qui concerne les amis intimes et les proches,
votre relation s’inscrit probablement dans la durée.
Bien entendu, plus la personne est proche, plus il y
a de chances que vous vous côtoyiez souvent. Il
arrive que des gens coupent complètement les
ponts avec des proches et des amis et il se peut que
vous vous retrouviez dans une situation où
l’absence totale de contacts soit le choix le plus
sensé.

Mais sans doute espérez-vous garder le contact


avec ces amis et ces proches. Dans la mesure où
vous connaissez la personne depuis longtemps,
vous avez probablement déjà une idée précise de la
probabilité de la voir changer. Je suppose que le
membre de votre famille ou l’ami en question a des
habitudes ou des comportements bien ancrés qu’il
n’est pas facile de modifier.
Commencer par identifier
votre objectif relationnel
En supposant que vous deviez encore côtoyer
longtemps cette personne, que pouvez-vous
espérer de la relation ? Voici quelques exemples :

• Ne vous voir que lors des vacances et des


réunions de famille (une ou deux fois par an) ;

• Vous retrouver assez régulièrement (environ


une fois par mois) ;

• Vous côtoyer très régulièrement (au moins


une fois par semaine).

Moins vous vous verrez, plus la situation sera facile


à gérer. Quelle que soit la fréquence de vos
relations, préparez-vous mentalement à ces
rencontres en réfléchissant d’abord à la façon dont
vous garderez votre calme lorsque vous accueillerez
cette personne. Imaginez-vous la saluant et lui
posant des questions pour reprendre contact
(« Comment ça va ? Quoi de neuf depuis la dernière
fois où on s’est vu ? » etc.).

Pensez également à la façon dont vous souhaitez


que la rencontre prenne fin. Supposons que vous
passiez un week-end avec votre mère. Chaque
rencontre met vos nerfs à rude épreuve, vous sortez
émotionnellement épuisé et vous finissez par ne
plus trop lui adresser la parole. À la fin de ce week-
end, vous souhaitez rester émotionnellement stable
et vous quitter en très bons termes.

Prenons l’histoire d’Henriette. Ces dernières


années, elle a eu beaucoup de mal à organiser des
réunions de famille avec son père vieillissant et ses
enfants. Le grand-père Charles est encore plein
d’entrain à 78 ans. Il est de la vieille école et ne
s’est pas encore fait à la technologie moderne
(ordinateurs ou téléphones intelligents). Il raconte
des événements vieux de cinquante ans comme
s’ils s’étaient déroulés hier.

Ses enfants et petits-enfants ont entendu les


mêmes histoires des dizaines de fois et, à chaque
dîner de famille, il aime monopoliser la parole pour
raconter ses exploits du bon vieux temps. Sa fille
Henriette a beaucoup de mal à accepter son
comportement et cela rend pénibles les
rassemblements familiaux. Ses enfants ont de
moins en moins envie d’y participer.

Henriette a essayé de parler à son père à plusieurs


reprises, mais il la repousse en disant qu’il doit
éduquer ses petits-enfants. Malheureusement,
rares sont les jeunes membres de la famille qui
réussissent à rester à table après le plat de
résistance.

Henriette finit par adopter une nouvelle approche.


Elle dit à son père que ses petits-enfants veulent
non seulement entendre ses histoires, mais
également avoir son avis sur leurs activités. Par
conséquent, il peut raconter une histoire, puis
écouter celle de chacun de ses petits-enfants. Il
pourra donner des conseils et faire des
commentaires après chaque histoire.

Ce plan permet à papy de demeurer impliqué, sans


être le centre d’attention. Celui-ci partageant les
feux de la rampe, le dîner devient plus agréable
pour tout le monde. Le but n’était pas de réduire au
silence ou de gêner le grand-père, mais
simplement d’obtenir qu’il participe aux réunions
de famille de manière constructive.

Parvenir à la relation
souhaitée
Si vous souhaitez une relation moins acrimonieuse,
se traduisant par des conversations plus agréables
avec votre proche ou ami difficile, vous pouvez
prendre les mesures suivantes afin que cela se
passe mieux la prochaine fois que vous vous
rencontrerez :

• Ne prenez pas pour vous les commentaires de


l’autre personne ;

• Trouvez comment gérer vos émotions et


rester calme (la lecture de ce livre est un
excellent début !) ;

• Retenez-vous de dire des choses que vous


risquez ensuite de regretter ;

• Prenez la température. Acceptez d’avoir tort


sur des choses insignifiantes (vous vous
sentirez peut-être insulté, et alors ?) ;

• N’essayez pas de marquer des points ou de


sortir vainqueur des débats ;

• Soyez courtois et poli (même si vous vous


sentez blessé) ;

• Abordez des sujets sur lesquels vous êtes


d’accord ;

• Lorsque l’autre personne tient des propos


négatifs, restez positif ;
• Tenez bon, la rencontre va bien finir par
s’achever et pensez comme vous allez vous
sentir bien quand vous lui aurez dit au revoir ;

• Terminez sur une bonne note, verbalement et


émotionnellement.

Vous ne parviendrez peut-être pas à entretenir une


relation idéale, mais pouvez éprouver moins de
peine et de culpabilité vis-à-vis de rapports
difficiles avec un proche. Vous fixer un objectif
réaliste peut vraiment vous aider à formuler des
attentes plus constructives, lesquelles influent
ensuite sur la rencontre. Si vos attentes sont
irréalistes, vous risquez de vous agacer et de vous
mettre en colère, lorsque l’interaction n’y répond
pas.

En suivant les règles très simples décrites dans ce


chapitre, vous pouvez mieux contrôler ces relations
difficiles et garder votre sang-froid. La maîtrise de
vos émotions peut vous éviter de réduire vos efforts
à néant et donc de mieux appréhender la relation.
Et cette gestion plus efficace de la relation fait
diminuer considérablement votre niveau de stress.

“L’empathie est une qualité


d’écoute et de présence à l’autre,
à ses sentiments et à ses besoins,
sans vouloir l’amener quelque
part et sans souvenir du passé.”
Marshall Bertram Rosenberg
Partie 3
Emporter son intelligence
émotionnelle au travail
Dans cette partie...

Les émotions ont un impact énorme sur la sphère


professionnelle. Dans cette partie, je vous montre
comment exploiter votre intelligence émotionnelle
afin de parer à différentes éventualités (chef
tyrannique, collègues odieux et subordonnés
irrespectueux). J’explore également l’influence
primordiale de votre intelligence émotionnelle sur
l’adéquation de votre profil au poste occupé. Cette
partie traite également de la relation entre
l’intelligence émotionnelle et l’autorité. Vous y
trouverez comment développer les capacités de
leadership les plus importantes liées à
l’intelligence émotionnelle. Je vous montre quels
sont les secrets d’un lieu de travail
émotionnellement intelligent et comment savoir si
le vôtre l’est. Si ce n’est pas le cas, je vous aide à
vous en façonner un.

L’intelligence émotionnelle sur le lieu de travail


commence souvent par la création de bonnes
tendances collectives. Les chercheurs ont effectué
un travail remarquable en la matière et vous allez
pouvoir récolter le fruit de leurs travaux.
DANS CE CHAPITRE
Comprendre en quoi les émotions affectent le travail

Se sortir de situations professionnelles difficiles

Gérer les émotions des autres au travail

Chapitre 9
Affronter les situations
professionnelles difficiles
L undi matin, le réveil sonne. Vous vous cognez la
tête contre la table de chevet en essayant de
l’atteindre. Vous tendez la main et parvenez à lui
asséner un coup de poing afin de faire cesser cette
satanée sonnerie, mais vous le faites du même coup
tomber par terre. Vous vous rendez au radar jusque
sous la douche, mais découvrez qu’il n’y a pas
d’eau chaude. Votre chien vous mord le mollet alors
que vous descendez les escaliers. La boîte
renfermant vos céréales préférées est vide. Vous
êtes ensuite coincé dans un gros embouteillage. La
circulation se fluidifie un peu, mais une BMW rouge
vous fait une queue de poisson en s’intercalant
devant vous, vous forçant à freiner et à vous
déporter pour éviter la collision.

Vous parvenez enfin au bureau et le collègue que


vous détestez le plus vous gratifie d’un : « T’as
passé un bon week-end ? ». Il est peu probable que
vous lui répondiez d’un grand sourire : « Génial !
Et toi ? »

Contrairement à ce que certains cadres pensent, les


employés ne laissent pas à la maison ou dans leur
voiture garée sur le parking de l’entreprise la partie
de leur cerveau traitant les émotions. Dans ce
chapitre, vous verrez pourquoi il est nécessaire
d’avoir bien conscience de vos émotions et de les
gérer, ainsi que celles des personnes évoluant dans
votre entourage professionnel. Une bonne gestion
des émotions vous aide non seulement à vous sortir
de situations difficiles mais également à bien
mener votre carrière. Le fait de savoir comment
utiliser ses émotions (quand être content, furieux,
triste, inquiet, agacé, etc.) peut vous aider à mieux
exaucer vos souhaits ou à atteindre vos objectifs
professionnels.

Avoir des sentiments au


travail ?
Les gens laissent-ils leurs émotions à la maison
pour mobiliser les zones du cerveau chargées de
gérer leurs capacités professionnelles dès leur
arrivée au bureau ? Sont-ils capables d’oublier tout
ce qui leur est arrivé dans les dernières heures
lorsqu’ils franchissent le seuil de leur entreprise ?
Probablement pas. Vous emportez au travail
l’intégralité de votre cerveau et par conséquent
toutes les bonnes et mauvaises expériences vécues.

Si vous laissez vos émotions prendre le pas au


travail, vous êtes bouleversé et devenez
émotionnellement inconscient. Vous êtes si stressé
et obnubilé par le stress que vous perdez de vue les
raisons pour lesquelles vous êtes dans cet état. En
conséquence, pendant que vous êtes occupé à être
de mauvaise humeur le matin, oublieux des
personnes qui vous entourent, vos collègues ou
subordonnés peuvent se demander ce qui vous
arrive. Ils commencent à se poser les questions
suivantes : « Qu’est-ce qui lui prend ? » ou « Je
savais bien qu’il ne pouvait pas me sentir, je
n’arrive jamais à rien avec lui ». Vous donnez aux
autres l’impression d’être distant, indifférent,
introverti, ou d’afficher des traits de caractère
nuisibles à votre carrière.

Avoir conscience de ses


sentiments au travail
Ne croyez pas que les personnes émotionnellement
intelligentes ne sont jamais contrariées ou en
colère dans leur vie professionnelle. L’intelligence
émotionnelle vous permet de maîtriser vos
émotions, au lieu de laisser celles-ci vous dominer.
Dans le chapitre 5, vous avez vu comment identifier
vos émotions. Percevoir vos émotions vous permet
d’avoir mieux conscience de votre état d’esprit (si
vous êtes triste, en colère ou agacé). Il vous est
ensuite plus facile de modifier les sentiments
désagréables éprouvés, comme le décrit le chapitr
e 6. Savoir que vous êtes en colère et contrarié vous
permet de prendre du recul et de réfléchir aux
questions suivantes :

• Qu’est-ce qui me contrarie ?


• Qu’est-ce que cette situation avait de si
pénible ?

• Pourquoi suis-je encore contrarié ?

• Est-ce que cette contrariété m’est bénéfique ?

• Est-ce que cette contrariété est gênante pour


moi ?

• Est-ce que je peux me calmer ?

• Quelle image est-ce que je souhaite donner à


mes collègues ?

• Est-ce que je peux communiquer efficacement


avec eux si je suis contrarié ?

Commencez à réfléchir à ces questions et à y


répondre en buvant votre première tasse de café,
avant de rencontrer votre premier être humain de
la journée au bureau. Cela pourrait vous aider à
démarrer positivement la journée. La section
suivante développe tous les avantages de ce genre
de réflexion, et vous donne des pistes sur la façon
de recouvrer votre sang-froid.

Contrôler ses émotions


Lorsque vous êtes contrarié au travail, faites une
pause et réfléchissez. Il s’agit de vous sortir du
gouffre émotionnel dans lequel vous êtes plongé,
que vous ayez affaire à un chef déraisonnable, un
collègue cancanier, un client grossier, des courriels
ennuyeux, un refus de promotion ou n’importe
quelle autre contrariété professionnelle.

Lorsque ces sentiments perturbateurs commencent


à vous empêcher de travailler, pensez à réfléchir
aux questions énumérées plus haut et réalisez les
exercices suivants :

• Qu’est-ce qui vous contrarie ? Redonnez sa


véritable place à l’événement contrariant.
Souvent, on fait une montagne de choses
insignifiantes. Même si l’événement est grave,
ce n’est pas en vous faisant du souci que vous
allez régler le problème. Réfléchissez à la façon
dont vous pouvez améliorer la situation ou,
tout du moins, contribuer à ne pas l’aggraver.

Exercice : voyage dans le temps. Projetez-vous


de cinq ans dans le futur. Quelle importance
aura cet événement dans cinq ans ?

• Qu’en est-il de l’événement à l’origine de


votre contrariété ? Réfléchissez à l’événement
ou à la situation. Quel élément de cet
événement vous contrarie ? Cet événement
contrarierait-il une autre personne que vous
connaissez ? Est-ce vraiment la situation qui
vous a contrarié ou plutôt votre interprétation
de celle-ci ? Et si vous essayiez de l’interpréter
différemment ? Prêtez attention à vos
sentiments vis-à-vis de la situation une fois
que vous l’avez interprétée différemment.

Exercice : réfléchissez à l’événement


contrariant. Modifiez certaines variables :
• Si une autre personne était impliquée, la
situation vous contrarierait-elle autant ?

• Si l’événement s’était produit à un autre


moment, serait-il aussi dérangeant ?

• Si certaines personnes étaient là pour


vous aider ou si vous disposiez de
certaines ressources, cela modifierait-il
votre réaction émotionnelle ?

• Et si vous aviez quelqu’un à qui vous


confier ?

• Pourquoi suis-je encore contrarié ? Si une


certaine rancœur ou des sentiments négatifs
envers des personnes en particulier ont
tendance à perdurer, vous souhaiterez peut-
être trouver des stratégies pour les faire
disparaître.

Exercice : observez le sentiment négatif et


rendez-le plus neutre. Par exemple, si vous
éprouvez de la colère, transformez-la en léger
agacement.

• Est-ce que cette contrariété m’est bénéfique ?


Une émotion désagréable intense est rarement
bénéfique. Auparavant, les thérapeutes
psychodynamiques croyaient que laisser
s’exprimer toutes ces émotions négatives
(telles que la colère) vous aidait, par le biais de
la catharsis, à devenir une personne plus calme
et accomplie. En fait, libérer une très grande
colère peut occasionner des dégâts, tant
psychologiquement que physiquement. Vous
serez mieux à même de gérer ces émotions
intenses si vous les transformez en petits
agacements. Après tout, comment le fait d’être
profondément contrarié pourrait vous aider à
vous sortir d’un mauvais pas ?

Exercice : se défouler fait peut-être du bien


temporairement, mais cela ne vous aide pas
vraiment à gérer votre colère. Imaginez
quelqu’un de réellement furieux contre vous.
Quand vous pensez à ces propos et actes
remplis de colère, êtes-vous enclin à changer
ou plutôt à vous défendre ?

Le plus souvent on se met sur la défensive.


Cependant, en réinterprétant la situation, vous
parviendrez peut-être mieux à faire passer
votre colère. Supposons par exemple que la
personne vous ait insulté parce qu’elle est mal
dans sa peau. En constatant que ses insultes
n’ont en fait pas grand-chose à voir avec votre
comportement, vous verrez peut-être la
situation d’un autre œil.

• Est-ce que cette contrariété est gênante pour


moi ? En fait, une contrariété extrême peut
aggraver la situation. Outre les troubles
physiques provoqués, tels qu’une tension plus
élevée, jeter une lampe à la tête de quelqu’un,
donner un coup de poing dans un mur ou
hurler après les gens ne peut pas améliorer la
situation. Celui qui subit vos émotions
négatives extrêmes vous juge encore moins
bien qu’avant votre explosion.

Exercice : pensez à une personne très en colère


contre vous. Est-elle à son avantage ?
Souhaitez-vous vous rapprocher d’elle ?

• Est-ce que je peux me calmer ? Vous pouvez


vous sortir de cet état émotionnel négatif. Le
moyen le plus simple est de demander une
pause, pour sortir de la situation, tant
mentalement que physiquement.

Vous aurez peut-être besoin d’un peu


d’entraînement pour bien maîtriser cette
technique. Il s’agit essentiellement de disposer
d’autres pensées et solutions à utiliser en cas
de besoin. Faites surgir des images agréables,
ou tout du moins neutres (une belle plage, un
sentier de montagne que vous êtes en train de
gravir, un interlude musical ou une scène de
votre film préféré). Lorsque vous êtes
submergé par vos émotions, prenez une pause
de quelques minutes et entraînez-vous à faire
apparaître ces images bienfaisantes. Vous
pourrez ensuite revenir au problème dans un
état d’esprit plus calme.

Exercice : quand vous sentez que vous perdez le


contrôle, vous pouvez aussi compter en
respirant tranquillement. Faites un compte à
rebours en partant de dix. Une fois arrivé à
trois, vous devriez avoir retrouvé
suffisamment de lucidité pour réfléchir de
nouveau correctement et calmement. Vous
pouvez ensuite faire l’exercice de l’imagination
(voir le chapitre 8).

• Quelle image est-ce que je souhaite donner à


mes collègues ? Aimez-vous travailler avec
quelqu’un de mauvaise humeur, toujours en
train de se plaindre ou imprévisible ? Alors,
pourquoi voudriez-vous que l’on vous
fréquente si vous vous comportez de la sorte ?
Les gens aiment fréquenter des personnes
agréables. Ils ont tendance à trouver plus
enrichissant d’échanger avec des individus
optimistes et heureux qu’avec des personnes
maussades et négatives. En outre, ils aiment
côtoyer des personnes qui s’intéressent à eux.
Montrer aux autres que vous vous souciez de
leur bien-être accroît la probabilité qu’ils en
fassent de même avec vous. Et vous ne savez
jamais quand vous pourriez avoir besoin de
leur soutien.

Exercice : pensez à un supérieur hiérarchique ou


à un professeur que vous avez vraiment
admiré. Qu’est-ce qui vous faisait apprécier
son comportement quand il était sous
pression ?

• Est-ce que je peux communiquer


efficacement avec eux si je suis contrarié ?
Lorsque vous ne vous maîtrisez plus, vous êtes
probablement tellement obnubilé par vos
problèmes que vous n’avez plus le temps de
bien communiquer avec les autres.

Exercice : après vous être calmé (essayez la


respiration par le ventre ou n’importe quelle
technique décrite au chapitre 6), concentrez-
vous sur l’autre personne et ce qui a fait naître
l’état d’esprit qu’elle manifeste. Vous aurez
peut-être du mal à occulter vos propres
sentiments, mais cherchez à vous en détacher
et à penser à l’autre personne avant de réagir.
Quand le travail fait naître des émotions

Ne pas avoir conscience de ses émotions peut avoir des


conséquences fâcheuses au travail, comme le démontre
l’histoire suivante. Bertrand, le chef de Marie, vient juste de
sortir du bureau de cette dernière. Marie ressent maintenant
quelque chose de désagréable au niveau du ventre, comme
un nœud avec une sensation de brûlure. Cela ne va pas
jusqu’à la douleur, mais elle a des maux de tête et du mal à
se concentrer. Son esprit n’arrête pas de passer d’une idée à
l’autre. Elle se demande ce qui lui arrive et ne souhaite
qu’une chose, fermer les yeux et se reposer.

Sylvie, la meilleure amie de Marie au bureau, la rejoint.

« T’as pas l’air bien, dit Sylvie à Marie.

— C’est même pire que ça en a l’air, répond Marie. Je ne sais


pas ce qui ne va pas.

— Que ressens-tu exactement ? lui demande Sylvie.

— C’est comme si j’avais vachement le trac. J’ai la frousse et je


n’arrive pas à me concentrer.

— Quand est-ce que ça t’a prise ?

— Ce matin, tout allait bien. Et puis Bertrand est arrivé et a


commencé à critiquer le rapport que je lui avais remis. J’ai
respecté ses consignes à la lettre, et maintenant, il veut que
je le reprenne entièrement pour 16 heures. J’ai noté ce qu’il
voulait, mais dès qu’il est sorti du bureau, j’ai commencé à
avoir mal au cœur, dit Marie.

— Tu t’es déjà sentie comme ça ? lui demande Sylvie.

— Eh bien, en y repensant, ça m’a fait la même chose la


semaine dernière, quand Bertrand m’a demandé de rester
tard pour travailler sur un projet qu’il était censé boucler,
répond Marie.

— Marie, ce ne serait pas le comportement de Bertrand qui


te toucherait par hasard ? On dirait qu’il est dans les parages
à chaque fois que tu ressens ça », suggère Sylvie.

Marie la regarde, l’air surpris, en hochant la tête pour


acquiescer.

Marie est trop contrariée pour avoir ne serait-ce que


conscience des indications fournies par ses émotions.

Heureusement, le fait d’avoir comme collègue sa meilleure


amie aide Marie à percevoir la nature du sentiment éprouvé.

En étant en phase avec ce que vous ressentez, vous pouvez


identifier le sentiment quand il se représente. Vous pouvez
parfois être trop contrarié pour comprendre l’origine du
sentiment négatif éprouvé. Dans cet exemple, le mécanisme
saute aux yeux de Sylvie. Mais Marie, submergée par ce
sentiment, n’y voit plus clair.
Les contrariétés au travail
On est souvent contrarié à cause d’événements qui
sont survenus au travail. Il peut s’agir de quelque
chose de banal, comme une personne qui renverse
son café sur votre bureau, ou d’un événement plus
grave, comme quelqu’un qui s’approprie les
mérites d’une mission que vous avez accomplie.
Dans un cas comme dans l’autre, soyez prêt à gérer
ces situations.

Généralement, quand ça ne va pas, cela commence


par l’expression d’une émotion. Il se passe quelque
chose et vous vous sentez ensuite mal à l’aise,
contrarié, agacé, voire en colère. Tout d’abord,
contrôlez votre sentiment, en ayant une idée
précise de l’émotion ressentie (est-elle intense ou
légère ?). Vous devez savoir de quelle émotion il
s’agit avant de pouvoir la gérer.

Faire face aux soucis


Lorsque vous percevez votre exaspération au
bureau, vous pouvez commencer à identifier les
raisons de ce sentiment. Il s’agit souvent de
quelque chose d’insignifiant. Des études dans le
milieu professionnel ont montré que vous êtes plus
affecté par les soucis et frustrations, à long terme,
que par un événement positif important, tel que la
fête bisannuelle de votre entreprise. Si vous avez
rencontré de nombreux soucis dans la journée ou la
semaine, ces derniers altèrent votre jugement sur
votre travail ou votre entreprise. Le fait d’assister à
cette réception ne fera sans doute pas disparaître
ces sentiments négatifs dus à des ennuis qui vous
tracassent.

Certaines personnes peuvent méconnaître ces


soucis, surtout si elles font un travail qu’elles
adorent. Par exemple, si vous aimez les animaux et
que vous travailliez dans une animalerie, vous
ignorez peut-être les désagréments liés au
changement de litières, aux aboiements continuels
de chiens en colère, au nettoyage des aquariums et
à d’autres tâches ingrates.

Cependant, pour la plupart des gens (qui ont


tendance à apprécier leur travail mais pas à
l’adorer), les soucis peuvent augmenter leur niveau
de stress et donner une image défavorable de leur
lieu de travail. Très peu d’emplois ne
s’accompagnent d’aucune contrariété et, bien que
les employés aient tous un seuil de tolérance en la
matière, une fois ce dernier franchi, ils
commencent à perdre leur bonne volonté.

Que pouvez-vous faire de ces soucis ?

❶ Identifier les soucis rencontrés au travail,


qu’ils soient importants ou insignifiants.

❷ Mesurer en quoi chacune de ces contrariétés


vous empêche de faire votre travail.

❸ Réfléchir à des solutions pour éliminer ou


diminuer chaque tracas. Notez ces solutions
dans votre carnet.

Proposez plusieurs idées pour chaque tracas.

❹ Parlez à votre supérieur des soucis rencontrés


et des solutions envisagées.

Dites-lui que vous souhaitez être le plus efficace


possible et tirer le meilleur parti de votre journée
de travail.

Les bons responsables sont sensibles aux soucis


exposés par leurs subordonnés et capables
d’éliminer les obstacles afin que leurs employés
puissent mener leur mission à bien.
L’histoire de Vanessa illustre à merveille l’existence
de cette catégorie de responsables qui contribuent à
éliminer des obstacles à l’origine d’émotions
improductives. Vanessa adore son travail, mais elle
est en permanence agacée par l’extrême lenteur de
son ordinateur. Elle travaille au service client et
prend chaque jour entre dix et vingt appels, la
plupart demandant plusieurs consultations d’une
base de données complexe, à la recherche de
l’historique d’achat du client à l’autre bout du fil. Il
lui faut souvent dire au client qu’elle va le rappeler
une fois qu’elle aura retrouvé les informations.
Lorsqu’elle est de nouveau en ligne, une éventuelle
question supplémentaire l’oblige à rappeler une
nouvelle fois le client.

Pendant son entretien d’évaluation, Vanessa confie


à David, son responsable, la complexité des
demandes de certains clients. Le temps nécessaire
pour résoudre certains problèmes rend David
particulièrement perplexe. Vanessa lui a donné des
exemples de situations de ce type et David
remarque que son employée est agacée de devoir
rappeler systématiquement les clients.

David lui dit alors :


« On dirait que cette situation t’agace
profondément. As-tu des suggestions pour
résoudre ce problème ?

— J’ai réfléchi à plusieurs solutions, répond


Vanessa. L’idéal serait d’avoir immédiatement
l’intégralité du dossier à l’écran. Cela me
permettrait de répondre à la demande du client lors
du premier appel. Mais, pour cela, il faudrait que
l’entreprise change les ordinateurs. Une autre
possibilité serait que les commerciaux recueillent
les informations transmises par téléphone, puis les
transmettent à quelqu’un qui s’occuperait ensuite
de régler le problème. Ainsi, tous les employés du
service client pourraient gérer plus d’appels.

— Très bien, on voit que tu as sérieusement


réfléchi au sujet, dit David. Je pense que
l’entreprise devrait pouvoir changer le parc de
machines. »

Moyennant un investissement relativement


modeste, l’entreprise verra son efficacité dans le
traitement des demandes de ses clients augmenter
considérablement. Cette amélioration matérielle
présente de nombreux autres avantages. Ce
changement va diminuer non seulement l’irritation
des clients, mais aussi la facture de téléphone
(quand il faut rappeler des clients qui habitent
loin), le nombre d’appels, le temps nécessaire pour
résoudre les problèmes ; il contribuera à ce que
Vanessa apprécie mieux son travail et permettra de
traiter plus de demandes en moins de temps.

Dans cet exemple, Vanessa a pris l’initiative de


réfléchir à des solutions avant de s’entretenir avec
son chef. Heureusement, David a eu l’intelligence
émotionnelle de laisser Vanessa identifier et
proposer des solutions aux soucis qui
l’empêchaient d’avoir une efficacité optimale.

David s’est rendu compte qu’avoir des employés


évoluant à leur meilleur niveau était motivant pour
tout le monde. En écoutant Vanessa et en suivant
ses suggestions, il a œuvré à la responsabilisation
de son employée. En outre, cette interaction a
renforcé la relation responsable-employé.

Gérer ses peurs


Pour certaines personnes, l’obstacle rencontré au
travail n’a rien de professionnel, il s’agit de la peur
qu’elles éprouvent. Vous avez peut-être déjà
rencontré cet obstacle : on vous demande de faire
quelque chose qui vous rend nerveux, voire vous
effraie. Ces émotions commencent alors à prendre
le dessus. Votre travail en pâtit très vite, car vous
ne pensez qu’à votre inquiétude. Dans ce cas,
l’identification et l’exploration de vos émotions
peuvent vous aider à contrôler la situation et vous
permettre d’aller de l’avant.

Élodie, par exemple, laisse sa peur de prendre la


parole en public saboter ses performances
professionnelles. Elle doit présenter à son équipe
les résultats commerciaux de sa division dans
moins d’une semaine. L’idée de s’exprimer devant
les autres la terrifie. Cela fait donc plusieurs jours
qu’elle remet à plus tard la rédaction de son
rapport.

Sa peur la conduit à tergiverser. Bien entendu, elle


se dit qu’elle est trop occupée par d’autres tâches
pour s’atteler à la rédaction du rapport. Mais la
panique s’empare d’elle la veille de sa présentation.

Si Élodie avait conscience d’elle-même, elle se


rendrait compte que sa peur de parler en public
l’empêche d’entamer la rédaction de son rapport.
Une fois cette peur identifiée, elle pourra
commencer à la gérer.

Deux moyens s’offrent à elle pour y faire face :


• Se poser des questions sur cette peur. De quoi
a-t-elle peur exactement ? Craint-elle de faire
des erreurs devant l’équipe, d’avoir l’air idiote,
de ne pas faire une excellente présentation ? Le
fait de poser les bonnes questions permet de
remonter à l’origine de la peur et à la croyance
sous-jacente.

• Après avoir répondu à ces questions, elle


pourra porter un regard réaliste et objectif sur
cette peur et commencer à l’affronter. Par
exemple, que se passera-t-il si sa présentation
n’est pas parfaite ? Qui a dit qu’il fallait
réaliser à chaque fois une présentation
parfaite ?

• Maîtriser l’émotion en la comprenant et en


remettant en cause les conséquences les plus
négatives de la situation. Pour Élodie, certes,
la situation sera malheureuse ou gênante si la
présentation ne se déroule pas bien, mais elle
n’en demeurera pas moins supportable. Il n’est
pas obligatoire de réaliser une présentation
parfaite, sauf, bien sûr, dans l’esprit d’Élodie.

• Utiliser la visualisation (ou imagerie). Élodie


pourrait s’imaginer en train de faire sa
présentation devant son équipe. L’idéal serait
qu’elle se voie commettre des erreurs ou
ignorer la réponse à certaines questions. Elle
pourrait alors proposer des solutions à ces
situations.

Par exemple, elle pourrait imaginer qu’un de


ses collègues occupant un poste inférieur au
sien lui pose une question très difficile à
laquelle elle ne sait pas répondre. Dans un
premier temps, elle peut s’imaginer devenir
rouge comme une écrevisse, être extrêmement
gênée, ne plus trouver ses mots et être prise de
panique. Mais, après mûre réflexion, elle
pourrait se voir respirer, prendre le temps de
réfléchir et répondre qu’elle ne dispose pas des
informations pour répondre à la question mais
qu’elle fera des recherches et communiquera la
réponse à ceux qui le souhaitent. Elle peut
ensuite s’imaginer sourire, puis poursuivre sa
présentation.

Explorer les situations qui vous


font donner le meilleur de vous-
même au travail
Vous avez peut-être déjà remarqué qu’à certains
moments, vous êtes heureux au travail, tandis qu’à
d’autres, vous êtes ennuyé ou agacé. Prêtez
attention à ces sentiments ou humeurs. Leur
identification peut vous permettre de dessiner une
tendance profonde, d’accroître les moments de
bonheur et de diminuer l’apparition des émotions
négatives.

Maîtrisez vos sentiments au travail en tenant un


journal (voir la figure 9-1). Prenez un petit calepin
(différent du carnet que vous utilisez pour réaliser
les activités présentées dans cet ouvrage) et
consacrer une page à chaque journée. Voici la
marche à suivre :

❶ Sur chaque ligne, contre la marge de gauche,


inscrivez les horaires, par tranches d’une
heure. Par exemple, si vous commencez
à 9 heures, cela donnera 9 heures, 10 heures,
11 heures, etc.

❷ Dans la journée, au début de chaque heure,


notez le sentiment éprouvé. Par exemple, vous
pouvez indiquer heureux, triste, agacé ou
indifférent.
❸ À côté de votre sentiment, signalez
l’événement le plus récent. Par exemple, ai
envoyé un courriel à Jérôme, ai parlé à Samuel
ou ai appelé Franck.

❹ Une fois par semaine, consultez votre calepin


et parcourez la colonne Sentiments, en leur
mettant un + (positif), un – (négatif) ou
un 0 (neutre).
Moments positifs de la journée : 9 heures, 10 heures…

Moments négatifs de la journée : 11 heures, 12 heures…

Personnes avec une réaction + : Jérôme

Personnes avec une réaction – :

Tâches + : relations avec les collègues

Tâches – : relations avec les clients mécontents

Comment augmenter le nombre de + dans la journée :

Passer plus de temps avec les gens

Organiser des réunions dans les créneaux où il arrive que des


sentiments négatifs apparaissent

Comment diminuer le nombre de – dans la journée :

Me préparer quand je dois avoir affaire aux clients (me mettre en


condition)

M’entraîner à gérer les clients difficiles

Gérer les clients mécontents à un moment précis de la journée


Figure 9-1 Tenez un journal de vos sentiments au travail.

❺ Passez en revue, un par un, les sentiments


négatifs. Regardez les situations qui ont
conduit à l’apparition de ces sentiments
négatifs. Commencez à identifier des
tendances. Est-ce que les rapports avec
certaines personnes déclenchent toujours une
réaction négative ? Et l’exécution de certaines
tâches ? Voyez si vous parvenez à dégager deux
ou trois faits qui semblent vous inspirer des
émotions désagréables.

❻ Parcourez tous les éléments positifs recensés.


Recherchez les tendances profondes
concernant ces situations. Certaines personnes
ou tâches vous font-elles vous sentir bien au
cours de la journée ? Vous sentez-vous plus
confiant, heureux ou animé d’un état d’esprit
plus positif à certains moments de la journée
ou lorsque vous exécutez des tâches que vous
maîtrisez particulièrement bien ?

❼ Trouvez des moyens d’augmenter le nombre


et d’accroître la qualité des situations
favorables et de diminuer la fréquence des
situations négatives. Par exemple, s’il apparaît
que vous êtes plus heureux lors des
interactions avec les autres (clients ou
collègues), trouvez le moyen de passer plus de
temps à échanger avec les autres et
d’améliorer la qualité de ces échanges. Que
pouvez-vous faire pour tirer le meilleur parti
de vos interactions avec les autres ? Pouvez-
vous vous constituer un réseau qui profitera à
votre carrière ? Pouvez-vous augmenter votre
chiffre d’affaires grâce à vos qualités
relationnelles ? Vous souhaiterez peut-être
voir en quoi votre aptitude à communiquer
peut contribuer à votre bonheur et à votre
réussite professionnels. Échafaudez ensuite un
plan pour exploiter pleinement vos
compétences sociales.

❽ Concernant les tendances négatives, voyez si


elles sont liées à un souci ou à une anxiété
donnée. Pour en savoir plus sur la façon de
s’attaquer à ces situations désagréables,
reportez-vous à la section « Explorer les
situations qui vous font paraître sous votre
plus mauvais jour au travail », plus haut dans
ce chapitre.
❾ Repérez d’éventuels points faibles à partir des
tendances profondes identifiées. Par exemple,
si vos émotions négatives tournent toujours
autour de tâches comptables, avez-vous besoin
de vous perfectionner dans ce domaine ? Mais
peut-être pensez-vous (ou votre supérieur)
devoir déléguer ces tâches à quelqu’un de plus
qualifié. Les émotions négatives éprouvées au
travail sont le signal d’un changement
nécessaire. Analysez la situation, et vous
pourrez déterminer la nature de ce
changement. Parfois, de petits ajustements
suffisent, tandis qu’à d’autres moments, une
« chirurgie réparatrice » s’impose.

L’histoire de Kamel va vous aider à percevoir


l’utilité d’un journal pour développer vos points
forts. Kamel consigne dans un journal les
sentiments qu’il éprouve sur son lieu de travail. Il
s’est aperçu qu’il était plus heureux après des
interactions satisfaisantes avec les clients. Cette
information lui a fourni des indices sur ses forces :
il excelle dans les relations humaines et il a le sens
du service client. Il s’est ensuite demandé ce qu’il
pouvait faire pour cultiver ses points forts :
comment améliorer encore plus ses qualités
relationnelles avec les clients ?

Observez attentivement vos points forts. Voyez si


vous les optimisez vraiment. Vous êtes peut-être
capable de les exploiter d’une façon à laquelle vous
n’avez pas encore pensé. Vous avez peut-être le
sens inné des relations publiques, de la vente, de la
formation ou un don dans d’autres domaines
demandant un bon relationnel. Si vos qualités sont
plus orientées vers la technologie (vos moments
préférés sont ceux où vous utilisez un ordinateur),
vous souhaiterez peut-être vous tourner vers la
recherche, la programmation, la gestion de bases
de données, etc. Vous aimez aider ceux qui ont des
difficultés en informatique ? La formation ou
l’assistance technique sont des pistes adaptées à
vos goûts.

Mieux contrôler la succession des tâches, tout en en


faisant autant (voire plus, comme cela arrive
souvent), profite à tout le monde. Si vous êtes en
harmonie avec votre travail, vous sentez que vous
maîtrisez la situation et non l’inverse. Grâce à ce
sentiment de maîtrise, vous avez une meilleure
attitude envers vos fonctions, votre environnement
professionnel et votre entreprise. Si vous savez que
vos supérieurs et la direction ont vraiment à cœur
de vous aider à être performant, vous serez alors
motivé.

Gérer les émotions des autres


au travail
De nombreux responsables clament haut et fort
qu’il n’y a pas de place pour les émotions dans leur
structure. Si cette position était peut-être valable il
y a vingt ans, les points de vue ont
considérablement changé depuis cette époque. Les
cadres performants ont conscience d’avoir affaire à
des êtres humains à part entière, et non à des
maillons d’une chaîne ayant chacun une tâche
spécifique à exécuter.

Pendant des années, les cadres ont essayé de


diriger leurs employés en leur dictant quoi faire. (Et
c’est encore le cas d’un grand nombre !) Cette
méthode fonctionne certes souvent, mais elle
provoque également un certain ressentiment.

Aujourd’hui, la plupart des gens souhaitent savoir


pourquoi leur chef leur demande de faire telle ou
telle chose. Ils ne veulent pas des explications à
n’en plus finir, mais obtenir des justifications de
qualité, rationnelles et qui tiennent compte des
émotions. Lorsqu’un manager transmet une
demande en sachant que l’employé aime être
considéré comme un membre de l’équipe qui
contribue à la réalisation d’un projet, il obtiendra
de celui-ci un bien meilleur résultat.

Un responsable émotionnellement intelligent garde


ceci à l’esprit quand il formule sa demande :

• Ne donne pas d’ordres ;

• Pense à parler du contexte ou à motiver ta


demande ;

• Aborde ton collaborateur en le traitant comme


un coéquipier et non en te conduisant en
patron ;

• Montre les bienfaits de la demande pour


toutes les parties ;

• Laisse la personne accepter ou refuser la


demande et choisir les modalités d’exécution ;

• Fais en sorte que la personne apprécie


l’interaction.

Voici un exemple de demande efficace. Sandrine


doit boucler un projet dans un délai très court et a
besoin qu’un de ses employés fasse des heures
supplémentaires.

« Georges, je déteste te donner ce genre de choses


au dernier moment, mais l’un de nos gros clients,
Helix, a besoin d’explications sur le devis que nous
lui avons transmis concernant les nouveaux
serveurs. En temps normal, je ne te demanderai pas
de le faire immédiatement, mais ça serait bien pour
notre chiffre d’affaires mensuel de décrocher cette
vente. Nous en avons besoin pour jeudi, 14 heures.
Est-ce que je peux compter sur toi ? »

Dans cet exemple, Sandrine motive sa demande.


Georges sait donc qu’elle ne le surcharge pas pour
le contrarier. En outre, Sandrine veut que Georges
se rende compte qu’ils sont tous deux dans le
même bateau. L’obtention de cette commande ne
profite pas seulement à l’entreprise, mais à tout le
monde. Georges a besoin de sentir qu’il fait partie
d’une équipe. Lorsque l’équipe est performante,
chacun contribue au succès.

Enfin, Georges a besoin de sentir qu’il maîtrise la


situation. C’est la raison pour laquelle Sandrine lui
demande son soutien. Bien entendu, il pourrait
répondre qu’il est débordé, mais il ne le fera sans
doute pas. Sandrine sait que si Georges accepte de
se charger de cette tâche (au lieu qu’elle lui en
donne l’ordre), il mettra plus de cœur à l’ouvrage.
Hawthorne : maison natale du lieu de
travail émotionnellement intelligent

En 1927, un groupe de psychologues du travail a


étudié des ouvriers de l’usine Hawthorne de
Western Electric, à Cicero, dans l’Illinois. Dans cette
série d’études, les psychologues essayaient de
montrer (probablement pour la première fois) que
si vous prêtiez attention aux besoins des ouvriers,
il était possible de voir leur productivité
augmenter.

Lors de l’une des expériences, les chercheurs ont


simplement mis plus de lumière dans l’atelier de
montage. Les ouvriers sont devenus
instantanément plus productifs que la semaine
précédente. Malheureusement, au bout d’une
semaine environ, ils sont revenus à leur niveau de
productivité antérieur. Chaque changement mis en
place par les psychologues (atténuation de
l’éclairage, ajout de pauses, diminution du nombre
de pauses, diffusion de musique douce) a conduit
à une augmentation subite de la productivité.

Ces interventions avaient toutes un effet de courte


durée. Cette étude a montré aux chercheurs que le
simple fait de prêter attention à quelqu’un pouvait
modifier son comportement. Le regarder travailler
peut l’inciter à mettre plus de cœur à l’ouvrage,
dans un premier temps. Mais ces effets
s’estompent ensuite. Une fois habitué à être
observé, l’attrait de la nouveauté passé, vous
reprenez vos anciennes habitudes, votre rythme de
travail habituel.

Les conclusions des études d’Hawthorne ont fait


débat, car certains psychologues ont affirmé par la
suite que les résultats n’étaient pas dus à
l’attention accordée aux ouvriers par les
chercheurs, mais aux périodes de repos qui
intervenaient lors de la mise en place de nouvelles
conditions (augmentation de l’éclairage, repos, puis
diminution de l’éclairage, par exemple). D’autres
ont soutenu que la productivité variait parce que
les ouvriers avaient compris l’objectif de
l’expérience.

Bien que les études d’Hawthorne demeurent


sujettes à controverse, une conclusion s’impose : si
vous prêtez attention à des personnes qui
travaillent, vous pouvez modifier leur
comportement. Les entreprises et les cadres
intelligents savent comment exploiter ce principe
en satisfaisant les besoins de leurs collaborateurs.
“Le secret du succès, s’il existe,
c’est la faculté de se mettre à la
place de l’autre et de considérer
les choses de son point de vue
autant que du nôtre.”
Henry Ford
DANS CE CHAPITRE
Trouver un poste adapté à ses capacités émotionnelles

Améliorer sa vie professionnelle grâce à l’intelligence
émotionnelle

Travailler plus efficacement avec les autres

Travailler seul en se montrant performant

Avoir de l’influence au travail

Renforcer la cohésion de son équipe

Chapitre 10
Réussir grâce à l’intelligence
émotionnelle
U n jour, je m’apprêtais à prendre la parole devant
un grand nombre de spécialistes des ressources
humaines, à Londres, quand un vieux monsieur
s’approcha de moi et me demanda : « De quoi
allez-vous parler exactement ?

— Des émotions au travail, ai-je répondu d’un air


satisfait.

— Eh bien, vous pouvez repartir tout de suite aux


États-Unis, a-t-il déclaré d’un air catégorique.
Nous, Britanniques, n’avons pas d’émotions au
travail. Nous les laissons à la maison. Et certains
n’en ont pas non plus à la maison. »

Les temps ont fort heureusement changé depuis le


milieu des années 1990 et, en Angleterre, les lieux
de travail, mais aussi les écoles, ont largement
accepté et mis en œuvre l’intelligence
émotionnelle. Au Royaume-Uni, les consultants en
management et psychologues ont mené un grand
nombre de travaux de recherche novateurs sur
l’importance de l’intelligence émotionnelle en
matière de productivité, de performances
commerciales et de management.

Certains psychologues et consultants en


management travaillant dans ce domaine les
premières années où fut étudiée l’intelligence
émotionnelle au travail, et j’en fais partie, ont
remarqué que les postes impliquant des relations
avec les autres (ventes et service client, par
exemple) demandaient une certaine intelligence
émotionnelle. Mais, à cette époque, la plupart
d’entre nous n’appréciions pas encore précisément
le rôle de l’intelligence émotionnelle dans des
domaines techniques tels que l’ingénierie, le droit
et la programmation. Ce chapitre explore en quoi le
fait d’être une personne émotionnellement
intelligente peut vous aider à réussir dans divers
domaines professionnels tels que le commerce, le
service client, la technologie, le graphisme et le
management. Des exemples sont également
proposés pour vous montrer comment exploiter son
intelligence émotionnelle pour monter en grade.

Trouver le bon emploi


Dans la vie, peu de choses sont aussi satisfaisantes
que de trouver chaussure à son pied en matière
d’emploi. Le bonheur professionnel influe sur votre
productivité et de nombreux aspects de votre vie.
Les personnes émotionnellement en harmonie avec
leur travail sont mieux dans leur peau, ont une vie
de couple plus satisfaisante, sont plus heureuses et
ont tendance à en faire plus en moins de temps.
Que vous ayez trouvé facilement votre vocation ou
après une longue recherche, vous savez si vous
occupez un poste qui vous convient. Il tient plus du
plaisir que du travail. Vous ne remarquez même pas
le nombre d’heures que vous effectuez. Le temps
semble filer à toute vitesse. En revanche, pour
d’autres personnes, travailler est une corvée,
quelque chose de très désagréable qu’elles
souhaiteraient éviter. Quelques minutes leur
semblent durer des heures. Certains savent déjà dès
leur plus jeune âge qu’ils veulent être acteurs,
construire des machines ou faire autre chose qui les
attire. D’autres tâtonnent en essayant divers
emplois avant de trouver leur voie.

Les sections suivantes vous montrent comment


utiliser vos connaissances émotionnelles pour
identifier la carrière adaptée à votre personnalité.

Tester ses intérêts, sa


personnalité et son
intelligence
L’évaluation de vos intérêts, de votre personnalité,
de votre intelligence et de vos aptitudes et capacités
peut vous aider à restreindre l’éventail de carrières
possibles. Cela peut vous permettre d’écarter des
domaines qui ne sont pas faits pour vous et faciliter
votre choix.

La plupart de ceux qui consultent un conseiller


d’orientation professionnelle ou un coach
d’entreprise afin de les aider à trouver leur voie
passent des tests.

Les tests d’intérêt professionnel


Lorsque vous recherchez une carrière adaptée à
votre profil, vous passez généralement des tests
d’intérêt professionnel, destinés à vous aider à vous
y retrouver dans un large éventail de carrières.
Voici quelques organismes vous proposant ce genre
de tests (Atout métier ou Profil Pro-R par
exemple) :

• www.test-psychotechnique.com : Test Atout


métier

• www.centraltest.fr : Test Profil Pro-R

• www.cadresonline.com : Test Atout métier

Les tests se créent en évaluant des personnes qui


travaillent dans divers domaines : enseignants,
infirmières, physiciens, menuisiers, peintres,
cuisiniers, marins, pilotes et des dizaines d’autres
groupes professionnels. Les créateurs de tests
évaluent ces personnes et, sur la base de tendances
dans les réponses (concernant différents
domaines), déterminent leurs centres d’intérêt.

Par exemple, le testeur peut demander à toutes les


personnes testées si elles aiment lire des revues
d’informatique, regarder des films d’horreur ou
faire du sport. Une fois un grand nombre de
réponses recueillies, des tendances commencent à
se dessiner. Si vos réponses correspondent à celles
fournies par tous les menuisiers testés, cela peut
signifier que vous êtes destiné à travailler le bois.

Bien entendu, s’appuyer sur ce genre de résultats


peut poser certains problèmes. Par exemple, vous
n’avez peut-être jamais touché à un outil de
menuisier, vous n’avez aucune aptitude pour la
menuiserie ou vous recherchez une carrière
susceptible de vous permettre de gagner beaucoup
d’argent et qui offre des perspectives de promotion
nombreuses. Un seul test ne saurait aboutir à une
prise de décision infaillible.

Les tests de personnalité


Les tests de personnalité sont une autre catégorie
de tests fréquemment utilisée pour choisir une
carrière. Ils permettent de déterminer vos traits de
personnalité : extraverti ou introverti, objectif ou
intuitif, méticuleux, etc. Voici des exemples de
test :

• Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) : la


théorie des types psychologiques a été
commencée dans les années 1910 par Carl
Gustav Jung, psychiatre suisse disciple de
Freud. Il l’a formalisée dans son livre Types
psychologiques en 1921. Ces travaux ont été
poursuivis par l’Américaine Isabel Briggs
Myers et ont donné naissance à ce test. Il est
effectué chaque année par environ 2 millions
de personnes dans le monde. Il vise à
améliorer les relations personnelles et
professionnelles, à augmenter la productivité
et permet d’identifier les préférences en
matière de leadership et de communication. Ce
test est reconnu comme donnant le plus
d’informations sur la personnalité du candidat.
Fonctionnant sur le principe des affirmations,
il permet de situer l’individu sur quatre
échelles bipolaires codifiées par des lettres afin
de définir son type MBTI. Il est proposé par de
nombreux cabinets de recrutement. (www.16-ty
pes.fr)

• PAPI : c’est le test le plus utilisé en France.


Constitué de 90 questions à traiter en vingt
minutes, il propose pour chacune une
alternative de deux affirmations. Les résultats
sont ensuite commentés par le recruteur sous
forme d’un graphique et laissent au candidat
l’occasion de réagir. (www.aide-emploi.net)
• Le test SOSIE comporte 98 questions. Il
suffit pour le candidat de choisir deux
affirmations parmi trois ou quatre. (ww
w.ecpa.fr/ressources-humaines)

• Le potentiel de Sigmund (beaucoup plus


long) cherche à évaluer 38 traits de
personnalité répartis sur trois
domaines : la vie professionnelle, sociale
et la dimension psychologique. (www.sig
mund.net)

Nombre de conseillers d’orientation professionnelle


estiment que la personnalité aide à déterminer le
type de travail que vous pourriez aimer faire. Par
exemple, les personnes extraverties peuvent faire
de très bons commerciaux. Ces tests peuvent vous
aider à mieux vous connaître et à voir si vos traits
de personnalité sont adaptés au type de métier
choisi, mais il peut toujours y avoir des exceptions
à la règle. Certains des meilleurs commerciaux sont
en fait des introvertis. Ils ont une faculté d’écoute
remarquable et savent aider leurs clients à
satisfaire leurs besoins. Ainsi, le commercial est
respecté et le client, incité à s’adresser à
l’entreprise en question. En outre, les traits de
personnalité tels que la conscience professionnelle
améliorent généralement les performances dans
n’importe quel type de travail. On a tendance à
respecter les personnes ponctuelles, qui travaillent
dur, sont honnêtes et suivent les règles. Mais le fait
de savoir que vous avez ce genre de personnalité ne
vous aide pas à trouver un type d’emploi donné.

L’intelligence cognitive ou QI
(quotient intellectuel)
Le test de QI est probablement le plus utilisé pour
le recrutement. Les employeurs se servent de ces
tests (que l’on n’appelle généralement pas test de
QI dans le monde professionnel) pour savoir si le
candidat est suffisamment intelligent pour occuper
le poste.
Bien évidemment, pour certains emplois, il faut
une personne intelligente (capable de mémoriser
des faits, calculer, visualiser les relations spatiales,
ou d’exécuter toutes sortes de tâches). Certains
psychologues du travail s’interrogent toujours sur
la faculté de personnes très intelligentes d’être plus
performantes que les autres à certaines fonctions.
Vous pouvez être doté de l’intelligence nécessaire
pour être serveur dans un grand restaurant. Vous
êtes capable de mémoriser les menus proposés et
de savoir qui a commandé quoi pour chaque table.
Mais vous pouvez aussi considérer ce travail
comme transitoire. Autrement dit, vous n’êtes pas
forcément motivé ou intéressé par le poste que
vous occupez.

Les tests d’aptitude


Les tests d’aptitude évaluent vos capacités
techniques pour tel emploi (ou carrière). Les
grandes écoles ont recours à ce genre de tests pour
l’admission à certaines carrières :

www.centraltest.fr/test-aptitude-rh.php

L’Étudiant – services orientation – vous propose


ainsi le test TOP avec un bilan d’orientation pour
découvrir votre profil :
www.so.letudiant.fr

Des tests gratuits sont également proposés par


Phosphore, et sont très utilisés par les jeunes : ww
w.phosphore.com/orientation

Vous trouvez également des tests d’aptitude dans la


mécanique, l’administration, la navigation et bien
d’autres domaines. Il s’agit de tests écrits ou
pratiques. Vous pouvez passer l’un de ces tests et
apprendre que vous avez les aptitudes nécessaires
pour faire médecine, alors que vous ne supportez
pas la vue du sang, ou que vous êtes fait pour la
médecine dentaire alors que vous préférez travailler
en plein air. Par conséquent, bien que les tests
d’aptitude puissent vous aider à revoir certains
points, ils n’offrent pas une vision complète.

Le rôle du QE dans l’équation


professionnelle
L’intelligence émotionnelle peut ajouter un autre
aspect à la recherche d’une carrière. Le test de
l’intelligence émotionnelle (à l’aide de l’EQ-i ou du
MSCEIT) éclaire un peu plus la personne placée
devant le choix d’une carrière (le chapitre 4 vous en
dit plus sur ces deux tests). Les résultats de votre
test de QE peuvent vous aider à percevoir des forces
et faiblesses dont vous n’aviez pas forcément
conscience. Par chance, nombre de groupes
professionnels, universités et programmes de
formation prennent en compte la valeur de
l’intelligence émotionnelle. Pour l’admission dans
un certain nombre d’écoles de commerce,
d’ingénieur et d’autres établissements,
l’intelligence émotionnelle figure parmi les critères
de sélection. Voici des exemples d’influence de
l’intelligence émotionnelle sur votre choix de
carrière :

• Estime de soi : capacité d’une personne à


respecter et accepter ses forces et ses
faiblesses. Les personnes possédant une
grande estime d’elles-mêmes sont souvent
performantes aux postes caractérisés par la
présence de nombreux obstacles ou
confrontations. Par exemple, les commerciaux
faisant du démarchage et ayant une grande
estime d’eux-mêmes ont tendance à faire du
bon travail.

• Conscience de soi émotionnelle : capacité


d’une personne à avoir conscience de ses
pensées et sentiments, à les comprendre, ainsi
que leur effet sur les autres. Cette qualité est
utile dans les emplois où vous devez laisser
une bonne première impression aux autres.
Cela vous aide à savoir comment vous perçoit
autrui quand vous essayez de lui vendre un
produit ou une idée, par exemple.

• Confiance en soi : faculté d’exprimer ses


sentiments, croyances et pensées d’une
manière non agressive. Les commerciaux,
responsables et dirigeants ont tendance à
afficher une grande confiance.

• Indépendance : capacité à prendre des


initiatives et à ne pas se sentir
émotionnellement dépendant des autres. Les
employeurs souhaitent des salariés qui se
sentent indépendants, quelle que soit leur
place. Dans le cadre de recherches menées par
Multi-Health Systems, nous avons découvert
que si les employés des services client et les
membres d’une assistance technique sont très
indépendants, ils ont tendance à être mieux
évalués que s’ils sont plutôt dépendants des
autres.

• Réalisation de soi-même : capacité à se fixer


des objectifs personnels, à exploiter son
potentiel et à se passionner pour son travail.
Des études menées par Multi-Health Systems
sur des centaines d’emplois ont permis de
conclure que la réalisation de soi-même était
l’un des meilleurs indicateurs prévisionnels du
succès. Les personnes passionnées par leur
métier s’adaptent mieux à leur poste et se
montrent performantes.

• Empathie : faculté de percevoir, de


comprendre et d’apprécier les sentiments
d’autrui. L’empathie est une qualité
importante pour bon nombre d’emplois
impliquant des interactions humaines (service
commercial, ressources humaines, service
client et encadrement). Les personnes très
empathiques semblent préférer des postes où
elles rencontrent souvent du monde.

• Responsabilité sociale : faculté d’être un


membre actif et coopératif de son groupe
social. Les personnes se montrant socialement
très responsables font d’excellents équipiers.
Des études récentes menées par le Center for
Creative Leadership ont montré que les plus
grands dirigeants possédaient cette capacité
émotionnelle.
• Relations interpersonnelles : capacité à nouer
et à entretenir avec les autres des relations
satisfaisantes pour les deux parties. Si vous
excellez dans ce domaine, vous êtes
probablement fait pour une carrière axée sur le
relationnel.

• Tolérance au stress : capacité à bien résister


et à faire face de manière constructive aux
situations défavorables. De nos jours, de
nombreux emplois vous exposent au stress.
Pour respecter des délais, gérer des personnes
difficiles et jongler entre différentes tâches, il
faut une tolérance au stress élevée. Les
personnes douées en la matière sont capables
d’évaluer la quantité de stress qu’elles peuvent
tolérer sans perdre leurs moyens. Certains
emplois sont très prévisibles et vous exposent
rarement au stress, tandis que d’autres sont
particulièrement stressants et impliquent de
savoir passer d’une tâche à l’autre, gérer les
priorités et les délais.

• Contrôle des pulsions : capacité à résister à


une pulsion ou à retarder un désir d’agir. La
patience est une qualité dans n’importe quel
métier qui demande de la minutie. En outre,
lorsque vous avez affaire à des gens difficiles,
vous devez être capable de contrôler vos
pulsions.

• Épreuve de la réalité : faculté d’évaluer les


différences entre ce que vous vivez et ce qui se
produit objectivement. Dans de nombreux
emplois (comptabilité et ingénierie, par
exemple), cette lucidité peut impliquer
l’interprétation d’informations complexes. Les
personnes très conscientes de la réalité ne se
laissent pas contaminer par leurs émotions.

• Adaptabilité : faculté d’ajuster ses sentiments,


pensées et comportements au changement.
Votre degré d’adaptabilité conditionne votre
préférence pour des postes plutôt stables et
prévisibles ou bien des emplois où le
changement est de rigueur. De nos jours,
l’adaptabilité est une qualité requise dans un
grand nombre de métiers.

• Résolution des problèmes : capacité à trouver


des solutions à des problèmes personnels ou
interpersonnels. Au travail, les employeurs
apprécient énormément ceux qui sont capables
de résoudre des problèmes. Dans mon
environnement professionnel, on incite les
employés à proposer à leur supérieur des
solutions et non à leur soumettre des
problèmes. Il en découle une
responsabilisation des employés, avec une
augmentation de leur marge de progression.
Un lieu de travail où tout le monde est incité à
résoudre les problèmes devient plus efficace.
Tous les problèmes ne se résolvent certes pas
facilement, mais le fait de fournir des efforts et
de montrer que vous savez résoudre les
problèmes fait de vous un employé précieux.

• Optimisme : qualité émotionnelle qui va bien


au-delà de la perception du verre à moitié
plein. Les gens très optimistes ont la faculté
d’être positifs et de voir la vie en rose, même
dans les périodes difficiles. Cet ensemble de
qualités vous permet de rallier les autres à une
cause, quelles que soient les circonstances. Au
travail, les gens optimistes ont tendance à aller
au-delà des difficultés et à continuer d’être
productifs. L’optimisme peut s’avérer très
important dans certains métiers nécessitant
que vous surmontiez des obstacles, dirigiez
une équipe ou annonciez des mauvaises
nouvelles. Selon votre degré d’optimisme, vous
pouvez vous orienter vers telle ou telle
carrière.

• Joie de vivre : la joie de vivre transcende les


situations rencontrées dans la vie. Les gens
heureux ont la faculté d’être contents d’eux-
mêmes, des autres et satisfaits de leur vie en
général. Leur bonheur n’est pas lié à leur
salaire, aux fonctions qu’ils occupent, à leur
nombre d’amis au travail ou à d’autres
circonstances. Ils réussissent avec les clients,
savent créer des relations durables avec leurs
clients et instaurer une culture positive sur
leur lieu de travail.

L’humeur que vous affichez généralement peut


vous aider à cerner les carrières qui vous
correspondent le mieux. En consultant un
conseiller d’orientation professionnelle ou un
coach, qui peut tester votre intelligence
émotionnelle, vous pourriez découvrir un certain
nombre de tendances susceptibles de vous aider à
identifier les types de métier pour lesquels vous
êtes fait. L’harmonie émotionnelle avec votre
profession vous permet de rendre votre travail plus
agréable.
Évaluer sa vie professionnelle
Vous avez déjà un emploi qui vous satisfait plutôt,
mais vous avez conscience que vous pourriez avoir
une meilleure carrière. Votre métier n’est pas une
passion. Lorsque vous vous réveillez le matin, vous
n’êtes pas forcément joyeux ou excité à la
perspective de la journée qui vous attend.

Vous envisagez peut-être de changer d’emploi.


Mais vous souhaitez aussi voir ce que vous pouvez
changer personnellement pour mieux apprécier
votre travail. Pour ce faire, il existe trois exercices
qui concernent vos pensées et émotions. Je les
décris dans les sections suivantes.

Comprendre que vous êtes ce


que vous ressentez
Réfléchissez à la façon dont vos sentiments influent
sur votre travail. Êtes-vous plus productif lorsque
vous êtes enthousiaste ou quand vous êtes
détendu ? Chacun a besoin d’un état d’esprit
particulier pour accomplir ses tâches. Parfois, un
certain style de musique peut vous donner envie de
travailler.
Si votre travail vous ennuie, ce sentiment va influer
sur votre attitude et vos performances. Si vous ne
vous sentez pas en harmonie avec votre travail,
vous pouvez commencer à vous demander ce que
vous faites à ce poste, s’il ne serait pas temps de
trouver un poste plus satisfaisant ou si vous
souhaitez le conserver parce que votre salaire vous
convient. L’insatisfaction professionnelle est une
source de distraction qui peut nuire à vos
performances. Et si vous faites du mauvais travail,
votre propre estime peut en pâtir et vous risquez de
voir la vie sous un jour plus sombre.

En outre, l’état d’esprit idéal peut varier d’une


tâche à l’autre. Souvent, les travaux minutieux se
prêtent mieux à une humeur triste ou déprimée. Et
vous serez plus productif dans des activités
créatives si vous êtes d’humeur joyeuse.

Passez en revue vos meilleures performances


professionnelles. Dans quel état d’esprit étiez-vous
à ce moment-là ? Apprendre à connaître vos
humeurs et leur influence sur votre travail peut
vous aider à identifier les états d’esprit les plus
propices à une productivité optimale et à apprécier
réellement votre activité professionnelle.
Bien entendu, il vous faut également étudier le
phénomène inverse. Les événements qui
surviennent au travail peuvent conditionner vos
sentiments. Une dispute avec un collègue peut vous
déprimer et nuire considérablement à votre
productivité le restant de la journée. Une mauvaise
nouvelle, telle que des résultats jugés insuffisants
par votre supérieur, peut vous empêcher de faire du
bon travail ou de prêter attention aux détails de
votre tâche.

Connaître ses sentiments à


propos de son emploi
Vous avez probablement une idée précise de ce que
vous procure votre travail. Êtes-vous très
enthousiaste quand vous y pensez ? Dans vos
périodes de temps libre, passez-vous beaucoup de
temps à parler de vos satisfactions
professionnelles ? Préférez-vous le lundi (comme
l’un de mes collègues qui dit : « Dieu merci, on est
lundi ! ») ou le vendredi ?

À l’inverse, vous pouvez redouter d’aller au bureau.


Quand le réveil sonne, vous avez déjà l’estomac
noué, la tête dans un étau ou la nausée. Dans ce
cas, quelque chose cloche dans votre vie
professionnelle.

Voici des signes qui peuvent vous aider à déceler un


malaise professionnel :

• Au travail, je consacre beaucoup de temps à


des occupations personnelles (naviguer sur
Internet ou lire des magazines) ;

• J’ai hâte que la journée se termine ;

• Je parle souvent de ce que je pourrais faire


d’autre ;

• Je n’aime pas vraiment les gens avec qui je


travaille ;

• Je souhaiterais avoir plus de responsabilités ;

• Je me sens dans une impasse ;

• J’aime innover, ce que je n’ai jamais


l’occasion de faire à mon poste actuel ;

• Je n’aime pas mes relations avec mon chef ;

• Je ne pense pas que l’avenir de mon entreprise


soit réjouissant.

Si l’un de ces énoncés correspond à votre situation,


vous pouvez commencer à réfléchir aux choix qui
s’offrent à vous. Vous pouvez suivre le mouvement
et continuer sur la même voie, ou décider de
réévaluer votre situation personnelle, puis
commencer à changer certaines choses ainsi que
vos sentiments à propos de votre travail, ou encore
reconsidérer votre situation professionnelle, en
décidant de changer de poste au sein de votre
entreprise ou d’aller voir ailleurs.

Connaître ses domaines


d’excellence
Si vous estimez que le moment est venu de
réévaluer votre situation professionnelle, vous
devez savoir par quoi commencer. Prenez votre
emploi actuel. Vous devez bien en apprécier
certains aspects : échanger avec les clients au
téléphone, aider les autres à résoudre des
problèmes techniques, gérer les situations
difficiles, etc.

Avant de pouvoir procéder à un changement, vous


devez connaître vos sentiments envers votre
situation actuelle. Pour vous aider à évaluer celle-
ci, procédez comme suit :

❶ Prenez votre carnet et notez au moins trois


activités, tâches ou responsabilités que vous
aimez dans votre emploi.

Inscrivez au moins les aspects qui vous avaient


attiré lorsque vous avez décidé de prendre ce poste.

❷ Réfléchissez aux activités, tâches ou


responsabilités que vous n’aimez pas et
consignez-les dans votre carnet.

Vous n’aimez peut-être pas certains collègues, la


quantité de tâches administratives à exécuter, le
manque de relations avec les autres, ou d’autres
choses.

❸ Prenez les activités, les tâches ou les


responsabilités que vous aimez et demandez-
vous si vous pourriez les modifier.

Voici quelques pistes :


• Consacrer plus de temps aux tâches que
vous aimez ;

• Relier les tâches que vous aimez à


certaines compétences (relations
humaines, résolution de problèmes,
tâches techniques) ;

• Penser au travail d’une manière


générale (au-delà de votre poste), vous
demander quels aspects de votre travail
vous plaisent vraiment (échanger avec
les gens, travailler seul, encadrer une
équipe) ;

• Réfléchir à d’autres postes au sein de


votre société demandant ces
compétences (tels que le service client,
l’assistance technique et le service
commercial) ;

• Réfléchir à d’autres carrières


demandant ces compétences ;

• Rechercher les carrières ou postes


mettant en valeur ces compétences, en
en parlant à des amis, en faisant des
recherches sur Internet, en consultant
les petites annonces, en vous
rapprochant du responsable des
ressources humaines ou d’un conseiller
d’orientation professionnelle.

❹ Réfléchissez à la façon dont vous pourriez


modifier les tâches ou responsabilités que
vous n’aimez pas.

Voyez si vous pouvez suivre ces suggestions :


• Diminuer le temps consacré à ces
aspects qui vous déplaisent ;
• Déléguer certaines des tâches que vous
n’aimez pas ;

• Rechercher d’autres postes au sein de


l’entreprise qui ne nécessitent pas
l’exécution des tâches en question ;

• Rechercher d’autres postes, ailleurs, qui


ne nécessitent pas l’exécution des tâches
en question.

❺ Faites une synthèse de ce que vous aimez


dans votre travail, de vos points forts, de ce
que vous aimez sur le plan professionnel en
général et des changements que vous
souhaiteriez apporter à votre carrière.

Concentrez-vous sur les tâches et responsabilités


qui vous plaisent le plus dans votre emploi. Servez-
vous de ces activités comme d’un tremplin vers la
voie que vous souhaitez emprunter. Pouvez-vous
développer vos points forts dans vos domaines de
prédilection, grâce à des expériences, à des
formations disponibles dans votre entreprise ou au
sein d’organismes extérieurs (université, centres
spécialisés) ou des programmes de tutorat ?
Élaborez votre plan d’action avec ses différentes
étapes.
❻ Visualisez votre avenir.

Imaginez-vous dans cinq ans. Vous avez renforcé


vos points forts, suivi la voie que vous souhaitiez et
décroché la carrière de vos rêves. Vous serez
ensuite en mesure de mener à bien votre plan
d’action.

La connaissance de vos forces et vos faiblesses peut


vous donner un coup de pouce lorsque vous
envisagez un changement de carrière. Trop
souvent, on postule pour des emplois au petit
bonheur la chance, priant simplement pour que
tout se passe pour le mieux. Mais le fait de bien
vous connaître (ce que vous aimez, les domaines
dans lesquels vous excellez, les tâches que vous
fuyez comme la peste) peut vraiment vous aider à
trouver un emploi épanouissant. Ce ne sera pas
forcément le poste idéal (composé exclusivement
de tâches que vous adorez), mais vous serez
heureux de travailler.

Les tests peuvent vous aider à en savoir plus sur


vos forces, vos centres d’intérêt et vos
compétences. Commencez par dresser une liste
complète de ce que vous aimez et n’aimez pas
(utilisez pour cela la méthode précédente). Tester
votre intelligence émotionnelle vous permet de
confirmer vos forces, d’identifier les domaines
dans lesquels vous avez une marge de progression
et de vous fixer un programme précis.

Améliorer ses performances de


collaborateur
La plupart des emplois comprennent des
interactions humaines, pas toujours en face-à-
face, car vous pouvez échanger avec clients ou
collègues au téléphone, par courriel, SMS ou
visioconférence. Bien entendu, la quantité de temps
passé avec les autres varie d’un poste et d’un
métier à l’autre.

Les relations humaines sont prépondérantes dans


la santé, la restauration, l’enseignement, les
services financiers, l’informatique, entre autres.
Dans certains secteurs, vous avez des fonctions
spécifiques : service commercial, service client,
assistance technique, management, services de
soins ou équipe de projet.

Voici des moyens d’évaluer la part de relationnel


dans votre emploi :

• Vous passez au moins deux heures par jour à


communiquer avec des personnes ;
• Vous traitez directement avec les clients
(externes ou internes à votre entreprise) ;

• Vous passez beaucoup de temps au téléphone ;

• Vous encadrez une ou plusieurs personnes ;

• Vous aidez les autres à résoudre leurs


problèmes.

La liste précédente vous donne des exemples des


façons de passer du temps au travail avec les
autres. Il vous est peut-être difficile de penser à des
emplois qui ne vous font côtoyer personne, et
pourtant, il en existe. Pour des conseils relatifs au
travail dans un environnement plus isolé, reportez-
vous à la section « Améliorer ses performances
dans un emploi autonome », plus loin dans ce
chapitre.

Savoir si l’on est une personne


sociable
Une fois établie la part d’interactions humaines
dans votre emploi, vous devez déterminer si vous
êtes du genre sociable. Voyez si les responsabilités
que vous appréciez dans votre travail impliquent
l’intervention d’autres personnes ou des tâches à
exécuter seul.

Cela vous donnera un indice important sur votre


degré de sociabilité. Voyez en outre si les énoncés
suivants vous correspondent :

• Je passe le plus clair de mon temps seul au


bureau, sans beaucoup utiliser le téléphone ;

• Je hais les réunions ;

• Les personnes qui bavardent au travail me


rendent fou ;

• Je déteste être confronté aux clients ;

• Je me renferme quand mon chef vient me


parler ;

• J’essaie d’éviter un certain nombre de


personnes au travail ;

• Je serais bien plus productif si on me laissait


tranquille.

Si au moins trois énoncés de la précédente liste


vous correspondent, c’est que vous n’êtes
probablement pas très sociable. Si la plupart de ces
énoncés ne s’appliquent pas à votre cas, c’est que
vous aimez probablement être entouré de gens, et
vous faites partie de la majorité. Pour la plupart,
l’un des éléments les plus importants au travail est
l’interaction avec les autres.

Si vous êtes sociable, vous pouvez accroître votre


satisfaction professionnelle en modifiant l’équilibre
entre les tâches que vous pouvez effectuer seul et le
temps que vous passez avec les autres. Certains
métiers impliquent des relations humaines
permanentes tandis que d’autres vous donnent le
loisir de vous retrouver seul, pour effectuer des
travaux administratifs.

Comment définissez-vous les moments idéaux


passés au travail avec les autres ? Choisissez le ou
les énoncés suivants qui vous correspondent le
mieux :

• Je suis sociable, je veux être en permanence


entouré ;

• J’adore être avec les autres, je serai heureux


de pouvoir passer 80 % de mon temps en leur
compagnie ;

• J’ai besoin de contacts humains, mais j’ai


également besoin de disposer d’un espace à
moi. Passer 50 % de mon temps avec les autres
me conviendrait ;
• Je préfère être seul, mais j’ai besoin de
contacts occasionnels, pendant environ 20 %
de mon temps ;

• Laissez-moi tranquille, je ne veux absolument


aucun contact avec les autres.

En fonction de la flexibilité de votre emploi, vous


pouvez moduler le temps passé seul et celui où
vous côtoyez du monde. Si l’équilibre qui vous
convient le mieux n’est pas envisageable à votre
poste, voyez comment vous pouvez modifier votre
emploi du temps pour vous en rapprocher. Si les
autres vous dérangent, demandez à votre supérieur
les ajustements qu’il pourrait réaliser. Si vous avez
besoin de passer plus de temps avec les autres,
voyez comment votre environnement professionnel
pourrait vous le permettre.

Gérer efficacement le facteur


humain au travail
Il est possible que vous soyez dans l’obligation
d’avoir affaire aux autres plus que vous ne le
souhaiteriez. Pire, vous êtes peut-être contraint de
passer du temps avec des personnes que vous
n’aimez pas. Alors, comment tirer le meilleur parti
de ce temps passé avec les autres ?

Voici quelques conseils pour traiter avec des


personnes dont vous n’appréciez pas vraiment la
compagnie :

• Connaître son style professionnel. Sachez si


certaines personnes vous ennuient ou si, d’une
façon générale, vous préférez simplement
travailler en solo. S’il s’agit de personnes en
particulier, vous pouvez organiser votre
journée en conséquence.

• Connaître ses sentiments. Demandez-vous si


vous préférez travailler avec certaines
personnes (employés ou clients) et non avec
d’autres. Vous pouvez aménager votre emploi
du temps de façon à côtoyer plutôt les
personnes que vous appréciez.

• Choisir un moment dans la journée. Voyez si


vous êtes plus disposé à échanger avec les
autres à un moment précis de la journée.

• Choisir un endroit. Déterminez s’il existe un


lieu qui vous convient bien pour avoir affaire
aux autres (par exemple, aller dans le bureau
de la personne, de façon à pouvoir choisir le
moment où prendre congé).

• Planifier. Prévoyez vos interactions (en fixant


un objectif) afin d’en contrôler la structure et
la durée.

• Faire court. Définissez la durée et cherchez à


vous y tenir.

• Être professionnel. Soyez aimable, même si


vous n’aimez pas votre interlocuteur.

Soyez mature et faites preuve de professionnalisme


dans vos relations avec les autres au travail. Soyez
poli, simple et sérieux. Si vous avez des difficultés
avec certaines personnes, préparez les contacts
avec elles. Répétez mentalement les événements
que vous souhaiteriez voir se produire, avant de
rencontrer la personne. Cela peut vous aider à
mieux vivre la rencontre.

Améliorer ses performances


dans le travail autonome
Vous passez peut-être le plus clair de votre temps à
travailler seul devant votre ordinateur sans
échanger beaucoup avec les autres. Certaines
personnes préfèrent travailler dans leur coin, car
elles se concentrent mieux et exécutent leurs tâches
sans être distraites par le téléphone, les courriels
ou les collègues qui débarquent dans leur bureau.

Cependant, dans l’univers professionnel, un


minimum de contacts est inévitable. Les sections à
suivre vous montrent comment gérer ces relations
incontournables tout en demeurant productif.

Savoir si l’on préfère travailler


seul
Si vous réalisez l’activité de la section « Connaître
ses domaines d’excellence », plus haut dans ce
chapitre, vous saurez si vous aimez travailler avec
les autres. En règle générale, les personnes qui
n’aiment pas travailler avec les autres occupent des
emplois plutôt techniques. La mécanique, les
maths, la programmation ou l’ingénierie vous
intéressent peut-être plus, à moins que ce ne soit
l’écriture, la conception, la composition ou d’autres
activités plus artistiques.

Bien entendu, tous les mécaniciens, artistes et


autres individus exerçant un des métiers cités ci-
dessus n’ont pas des difficultés à communiquer
avec les autres. Mais, si vous leur donnez le choix,
la plupart d’entre eux préféreront travailler seuls
plutôt qu’en équipe.

Parfois, les interactions humaines n’en demeurent


pas moins inévitables. Par exemple, vous devez
peut-être :

• Recevoir des instructions sur les tâches à


exécuter ;

• Obtenir un retour sur le travail effectué ;

• Soumettre des idées aux autres ;

• Expliquer votre travail aux autres ;

• Suivre une formation ;

• Partager vos idées ;

• Rectifier les idées fausses sur votre travail ;

• Défendre la qualité de votre travail.

Vous devez avoir suffisamment de temps pour faire


votre travail sans négliger la communication avec
les autres. Sinon, vous avez besoin de savoir gérer
votre temps et communiquer.

Travailler seul et progresser


Tout le monde peut s’améliorer dans son travail. Si
vous travaillez seul la plupart du temps, vous devez
à la fois savoir communiquer et gérer votre temps.
La notion de gestion du temps vous paraît sans
doute logique, car n’importe quelle personne active
doit en être capable. Mais vous vous demandez
peut-être pourquoi une personne travaillant seule
devrait savoir communiquer.

Bien communiquer avec les autres


Dans la section précédente, j’énumère un certain
nombre de raisons pour lesquelles les qualités de
communicant sont indispensables pour les
personnes travaillant seules. Dans la mesure où
vous consacrez moins de temps que les autres aux
échanges, ces qualités sont indispensables. Les
occasions d’éclaircir des propos ou de corriger des
erreurs de communication sont moins nombreuses.
Vous devez donc faire passer votre message avec
clarté et efficacité et déterminer si votre
interlocuteur a bien saisi vos propos. Trop souvent,
on fait passer l’information sans se soucier de la
perception du message.

Voici quelques suggestions pour bien communiquer


avec les autres :
• Connaître votre message. Sachez à l’avance
quel message transmettre.

• Être complet. Consignez votre message par


écrit en dressant la liste des informations à
transmettre afin de ne rien omettre.

• Visualiser la transmission du message.


Imaginez la façon dont vous souhaitez
transmettre votre message.

• Être agréable. Entraînez-vous à vous montrer


agréable. Par exemple, délivrez votre message
en souriant. Si vous le faites par téléphone,
votre interlocuteur percevra votre sourire.
Saluez l’autre personne, prêtez attention à ses
signaux verbaux et non verbaux et soyez poli.
Vous pouvez vous entraîner à être agréable
avec vos collègues et vos connaissances, et
faire de même avec votre famille et vos amis.

• Obtenir la confirmation que votre


interlocuteur comprend votre message.
Choisissez la façon dont vous souhaitez vous
assurer de la bonne réception de votre
message. Posez des questions : « Le message
est-il clair pour vous ? Avez-vous besoin
d’informations complémentaires ? »
• Se détendre. Si vos émotions vous empêchent
parfois de faire passer votre message,
entraînez-vous à utiliser des méthodes de
relaxation telles que la respiration profonde, la
diversion et la méditation (voir le chapitre 6).

Se motiver
Lorsque vous travaillez seul, la motivation s’avère
parfois difficile à trouver, ce qui peut poser
problème en termes de gestion du temps. Dans la
mesure où les contrôles ne sont pas fréquents, vous
pouvez facilement vous perdre dans d’autres
activités. Fixer des objectifs et des délais précis
vous permettra de surmonter cet obstacle.

Voici quelques suggestions :

• Vous fixer des objectifs. Assurez-vous de


disposer d’objectifs concrets pour l’exécution
des tâches qui vous incombent.

• Mettre en place des jalons sur la voie de ces


objectifs. Décomposez ces objectifs en étapes
mesurables.

• Fixer une date limite précise. Chaque jalon


doit être bien délimité, par exemple :
« Terminer la rédaction du rapport pour
mardi, 14 heures. »

• Être réaliste. Fixez des objectifs atteignables.

• Vous récompenser en cours de route. Essayez


de vous récompenser chaque fois que vous
atteignez un jalon (par exemple, un morceau
de chocolat pour les petits jalons et une
promenade dans le quartier pour les jalons
plus importants).

• Fêter ça ! Fêtez l’atteinte de chaque objectif


majeur (sortez par exemple au restaurant).

• Pour vous aider à fixer vos objectifs, veillez à


ce qu’ils soient formulés positivement, avec
des verbes d’action et utilisez l’acronyme
SMART :
• Spécifiques (vos objectifs sont-ils
concrets et précis ?)

• Mesurables (à quoi saurez-vous que


vous les avez atteints ?)

• Atteignables (avez-vous placé la barre à


la bonne hauteur ?)

• Réalistes (avez-vous les moyens


nécessaires ?)
• Temps (pour quand ?)

Influencer les autres au travail


Quelle que soit votre profession, il vous faut
probablement influencer des personnes. Les cours
de vente ne font pas partie de tous les cursus
scolaires, et, pourtant, tout le monde a quelque
chose à vendre. Même les écoles de commerce sont
aujourd’hui plus axées sur le marketing. Vous
pouvez avoir besoin de faire passer vos idées,
points de vue, stratégies, techniques, et même de
vous vendre (repensez à la dernière fois où vous
avez essayé d’obtenir une augmentation).

Influencer les autres au travail fait appel aux


principes que l’on retrouve dans la vente. Les
techniques de vente ont beaucoup évolué. Les
anciens commerciaux et vendeurs pouvaient vendre
n’importe quoi en manipulant le client potentiel.
Aujourd’hui, les gens sont bien plus méfiants,
surtout vis-à-vis de ceux qui ont manifestement
quelque chose à vendre. Leur visage traduit leur
interrogation : « Que veut-il, celui-là ? »

Autrefois, la vente consistait à vanter les avantages


(et non les fonctionnalités) : ce produit vous fait
gagner un temps précieux, paraître plus jeune,
économiser de l’argent. Si ces bénéfices restent
essentiels, que recherchent la plupart des
personnes ? De l’écoute, répondent-elles le plus
souvent ! Et si c’était plutôt de l’empathie ? Nous
allons voir l’importance de l’empathie et de
l’assertivité au travail.

Faire preuve d’empathie pour


vendre
À tous les niveaux, influencer autrui implique de
connaître son état d’esprit et d’être capable de se
mettre à sa place. Si vous comprenez l’autre
personne, vous êtes alors mieux à même de faire
passer votre message. Vous ne perdez pas votre
temps à essayer de lui vendre quelque chose qui ne
l’intéresse pas.

Une grande étude menée par Multi-Health Systems


avec l’US Air Force a cherché à déterminer les clés
de la réussite des recruteurs de l’armée de l’air
américaine. À cette époque, la rotation des
recruteurs était très importante. À l’instar des
commerciaux et vendeurs, ils doivent convaincre
les personnes en face d’eux des avantages directs à
s’engager dans l’US Air Force.

Traditionnellement, l’US Air Force sélectionnait des


recruteurs sur la base de leurs performances dans
différents types d’emplois. Par exemple, un bon
mécanicien souhaitant changer de poste pouvait
aspirer à devenir recruteur. Pour retenir un
candidat, l’US Air Force prenait en compte diverses
compétences, mais celles-ci n’avaient
généralement pas grand-chose à voir avec les
critères définissant un bon recruteur.

De concert avec l’US Air Force, Multi-Health


Systems a testé l’intelligence émotionnelle de plus
de 1 400 recruteurs. Puis nous avons étudié
comment ils s’en sortaient dans leurs fonctions.
L’étude a montré qu’un recruteur avait besoin de se
montrer empathique pour parvenir à influencer les
personnes qui se présentaient devant lui.

Lorsque l’US Air Force s’est mise à utiliser l’EQ-i


dans son processus de sélection, en se concentrant
sur l’empathie et quatre autres facteurs d’IE, le
taux de fidélisation des recruteurs a augmenté
de 92 %, permettant à l’institution de faire une
économie de 2,7 millions de dollars, rien que la
première année.
Par conséquent, la prochaine fois que vous devez
convaincre un collègue, un client, voire votre chef,
pensez à vous montrer empathique.

Voici des approches à privilégier pour conclure une


vente :

• Mettez-vous à la place de l’autre personne et


réfléchissez à ce qu’elle pourrait tirer de votre
proposition, idée ou demande ;

• Concentrez-vous sur les centres d’intérêt de


l’autre personne, au lieu de mettre l’accent sur
les éléments qui vous semblent importants ;

• Privilégiez l’avantage no 1 pour l’autre


personne. Pouvez-vous lui faire gagner du
temps, contribuer à ce qu’elle soit plus
détendue, l’aider à gagner plus d’argent ?

• Lorsque vous réfléchissez à votre présentation


(ou argumentaire de vente), imaginez
comment l’autre personne pourrait interpréter
votre message ;

• Recherchez quels sont les besoins et les


objectifs que vous avez en commun et montrez
à l’autre personne que vous souhaitez la même
chose.
C’est en comprenant et en utilisant l’empathie que
vous parviendrez à bien mieux influencer les
autres.

Comprendre la notion
d’assertivité
Une autre qualité importante pour parvenir plus
sûrement à influencer les autres est l’assertivité ou
l’affirmation de soi. Voici quatre façons de vous
exprimer :

• Avec passivité : vous n’exprimez pas


clairement vos sentiments et votre opinion sur
les choses et les êtres. Vous avez mis en place
une attitude d’évitement, voire de fuite devant
les personnes et les événements. Ce
comportement est lié à la crainte de faire face,
de vous impliquer personnellement en disant
ce que vous pensez et ressentez.

• Avec agressivité : vous imposez votre opinion


et vos sentiments aux autres en vous montrant
excessif. Ce comportement vise à soumettre les
autres, à les faire plier. Vous avez choisi
l’attaque pour faire face aux situations
difficiles.
• Avec manipulation : vous masquez vos
objectifs et cherchez à les atteindre par des
moyens détournés en amenant l’autre où vous
voulez sans le dire clairement.

• Avec assertivité : vous êtes capable d’exprimer


vos pensées, sentiments et croyances sans
offenser l’autre personne. Une personne sûre
d’elle peut être en complet désaccord avec vous
en matière de politique ou de religion tout en
demeurant votre amie.
Qu’est-ce que l’assertivité ?

Le terme assertiveness est traduit en français par


assertivité, ou affirmation de soi.

Être assertif, c’est :

• Oser s’affirmer de façon constructive ;

• Défendre ses droits en respectant ceux des


autres ;

• Prétendre à sa vérité, ses goûts, ses idées, ses


besoins ;

• Exprimer ses émotions et ses sentiments ;

• Jouer cartes sur table sur la base d’objectifs


clairement affirmés ;

• Être à l’aise dans une relation de face-à-face ;

• En cas de désaccord, rechercher des


compromis réalistes sur la base des intérêts
mutuels.

Dans les situations de stress de notre vie, nous


adoptons parfois des comportements passifs,
agressifs ou manipulateurs. À nous de les repérer
pour les éviter et mettre en place des attitudes
assertives plus constructives où notre intelligence
émotionnelle fera merveille !

Voici des moyens de muscler votre assertivité :

• Faites la différence entre les faits et les


opinions lorsque vous communiquez avec
quelqu’un. Si la personne délivre une opinion
comme s’il s’agissait d’un fait, demandez-lui
comment elle peut être certaine de la véracité
de ses propos. En a-t-elle la preuve ?

• Ayez conscience de vos propres pensées,


sentiments et croyances, et entraînez-vous à
les partager avec vos proches afin de parler
avec aisance de ces sujets ;

• Différenciez bien vos opinions et croyances


des faits lorsque vous communiquez avec les
autres ;

• Lorsque vous n’êtes pas d’accord avec


quelqu’un, soyez poli et aimable avec lui ;

• Osez exprimer vos préférences. Vous pouvez


le faire sans offenser votre interlocuteur, à
savoir sans l’insulter, le rabaisser, être
désobligeant, trop virulent, généraliser et
exagérer ;

• Apprenez à demander aux autres leur avis sur


des sujets qui vous intéressent sans être mal à
l’aise.

L’assertivité est une qualité qui se cultive et aide à


influencer les autres avec plus d’efficacité.

Devenir un meilleur coéquipier


Dans l’univers professionnel moderne, les
employés travaillent en équipe. Il peut s’agir
d’équipes permanentes ou temporaires (pour des
projets spécifiques).

Vous faites partie d’une équipe si :

• Vous travaillez avec au moins une autre


personne au sein d’un projet ;

• Vous travaillez régulièrement avec un groupe


de personnes ;

• Vous partagez un objectif commun avec des


personnes avec qui vous communiquez de
manière virtuelle (par courriel, par exemple) ;

• Vous avez un but commun avec un ou


plusieurs collègues ;
• Vous avez besoin des autres pour accomplir
votre mission ;

• D’autres personnes dépendent de vous pour


faire leur travail.

Nous allons voir comment devenir un équipier plus


efficace. Savoir travailler avec les autres membres
de l’équipe présente de nombreux avantages. Les
employés qui travaillent bien ensemble sont plus
heureux. Faire partie d’une équipe donne le
sentiment de prendre part à une aventure
commune.

Lorsqu’une équipe fonctionne bien, ses membres


sont productifs et trouvent la collaboration
gratifiante. Bien entendu, une équipe n’est pas à
l’abri des dysfonctionnements. Lorsque vous
observez votre équipe, il vous faut d’abord prendre
en compte vos sentiments vis-à-vis des autres
membres. Aimez-vous les personnes qui la
composent ou avez-vous des problèmes
relationnels avec certains ? Pour qu’une équipe
fonctionne, tous ses membres doivent bien
s’entendre.
Comprendre le
fonctionnement de l’équipe
Faire partie d’une équipe au travail, c’est tendre
avec les autres membres vers des objectifs
communs. Cela implique également d’aller dans le
même sens (dans le meilleur des cas !) pour
atteindre ces objectifs. Les équipes qui fonctionnent
très bien communiquent admirablement. Quand un
problème surgit, chaque membre n’hésite pas à
exprimer ses pensées, croyances et sentiments. Les
mesquineries n’ont pas leur place au sein des
équipes efficaces. L’équipe critique les idées
soumises et ses membres ne le prennent pas pour
une attaque personnelle.

Les environnements physiques ou virtuels


conviennent au fonctionnement d’une équipe. Les
règles sont en grande partie identiques. Pour que
l’équipe soit efficace, ses membres doivent se
respecter. Si un membre ne suit pas les règles ou
manque d’égards envers ses collègues, l’ensemble
des membres doit soulever le problème, puis le
régler. S’ils estiment qu’il n’apporte pas la
contribution qu’il devrait, l’équipe peut se
décourager, ce qui peut nuire aux réalisations
collectives.

Tous les membres doivent œuvrer pour le bien de


l’équipe ou de l’organisation et mettre de côté leurs
problèmes personnels. L’intelligence émotionnelle
joue un rôle important pour le fonctionnement
harmonieux de l’équipe. La faculté de gérer vos
propres émotions peut y contribuer, car cela vous
permet de rester concentré sur les tâches à exécuter
et l’intérêt de l’équipe.

Bien s’intégrer dans une


équipe
L’intelligence émotionnelle aide les équipes à
fonctionner harmonieusement à plus d’un titre. Les
capacités émotionnelles de chaque membre y
contribuent. Voyez parmi les énoncés suivants ceux
qui illustrent votre attitude envers les autres
membres de votre équipe :

• Je n’aime vraiment pas les autres membres de


mon équipe, nous ne nous entendons tout
simplement pas ;

• Je les apprécie sans plus. Nous ne nous


décarcassons pas pour les autres ;
• J’aime les autres membres de l’équipe, mais
nous n’avons pas d’atomes crochus en dehors
du travail ;

• J’adore mon équipe, nous formons une


machine bien huilée. Je sais ce que les autres
pensent avant même qu’ils ouvrent la bouche.

Si le courant ne passe pas entre les membres de


votre équipe, c’est un problème qui n’est pas facile
à résoudre. Vous devrez peut-être faire appel à un
consultant extérieur ou carrément revoir sa
composition. Cependant, s’il s’agit simplement
d’un manque de cohésion, il existe un certain
nombre de solutions :

• Assurez-vous de l’existence d’objectifs


mesurables et accompagnés d’une date limite
précise (par exemple, « le bilan des coûts
externes du projet doit être prêt pour
mercredi 14 heures ») ;

• Indiquez clairement à chacun son rôle dans


l’atteinte des objectifs de l’équipe ;

• Restez professionnel dans vos discussions en


évitant que les conflits de personnes ou les
mesquineries ne viennent entraver la poursuite
des objectifs fixés ;
• Trouvez du temps en dehors du travail pour
fréquenter les autres membres de l’équipe.

Aider les autres membres de


l’équipe
Vous pouvez parfois estimer que certains membres
de l’équipe ne fournissent pas leur part d’effort.
Vous travaillez dur à l’élaboration d’un projet et
découvrez qu’un membre ne fait rien. Il est naturel
de vous sentir agacé, voire en colère.

Cependant, la colère n’est alors d’aucune utilité.


Vous ou l’un des autres membres devez avoir une
discussion franche avec la personne en question, en
faisant preuve d’assertivité et non d’agressivité.

Voici des conseils à appliquer si l’un des membres


de votre équipe se la coule douce :

• Demandez-lui carrément s’il a un problème


avec son travail ou l’équipe ;

• S’il a un problème, cherchez à le résoudre


ensemble ;

• Voyez s’il a besoin de ressources


supplémentaires ;
• Demandez-lui s’il ressent au sein de l’équipe
une certaine injustice que le responsable
devrait traiter ;

• Voyez s’il est fait pour cette équipe, à la fois


techniquement et émotionnellement ;

• Donnez-lui un délai pour réaliser un


ajustement précis dont vous êtes convenus.

Tous les problèmes au sein d’une équipe ne sont


pas faciles à résoudre. Il vous faut parfois en
changer la composition pour qu’elle fonctionne
bien dans un climat sain. L’encadré « Modifier
l’équipe » vous montre comment procéder.

“Il s’agit d’apprendre ses langues


intérieures. Une grande partie de
l’existence se passe en soi et soi-
même. Autant explorer le terrain
et en tirer le meilleur parti.”
Jean-Louis Servan-Schreiber
Modifier l’équipe

Il faut parfois changer la composition d’une équipe pour


obtenir une atmosphère saine et atteindre les objectifs fixés.
Dans cet exemple, Guillaume, chef de projet, parle à Luc de
son non-respect des délais et de son investissement au sein
de l’équipe.

La date butoir est dans une semaine. Tout le monde ne


compte pas ses heures pour que la présentation au plus
gros client de l’entreprise soit prête. Tout le monde, à
l’exception de Luc, qui n’est pas capable ou ne veut pas
boucler le rapport sur les dépenses pour la partie du projet
qui le concerne. Si le client signe, le projet s’élèvera en tout à
un million d’euros.

« Qu’est-ce que tu entends par là quand tu dis que tu n’as


pas pu le faire ? demande Guillaume.

— Eh bien, j’avais d’autres choses à faire, lui répond Luc d’un


air penaud.

— Luc, tu connais l’importance de ces données pour l’équipe.


Toute la présentation repose sur la communication de
l’ensemble des coûts, déclare Guillaume avec fermeté.

— Désolé, réplique Luc.


— Luc, ce n’est pas la première fois que tu es en retard dans
ton travail. Tu ne te sens pas bien au sein de l’équipe ? lui
demande Guillaume.

— Pourquoi tu dis ça ? répond Luc, un peu surpris.

— C’est juste que je n’ai pas l’impression que tu t’impliques


vraiment dans cette équipe. J’ai besoin que tu me dises
maintenant si tu veux toujours en faire partie ou si nous
devons prendre d’autres dispositions. J’ai vraiment apprécié
tout le boulot que tu as fourni, Luc, mais je crois que ce
serait bien pour tout le monde si tu me faisais part
clairement de ton état d’esprit, ajoute Guillaume.

— Je suis vraiment désolé, Guillaume, mais tu as raison, je


participe à plein d’autres projets. Il vaudrait peut-être mieux
que je quitte cette équipe », dit Luc.

S’il n’est jamais agréable qu’une personne quitte l’équipe,


c’est une solution parfois préférable pour la productivité
collective. Il vaut mieux détendre l’atmosphère en prenant
des dispositions qui permettent à chacun de bien se
concentrer sur sa mission.

Bien entendu, Luc aurait pu décider de rester au sein de


l’équipe. Dans ce cas, Guillaume aurait dû fixer avec lui des
objectifs clairs et quantifiables, en fournissant un éventuel
soutien supplémentaire.
DANS CE CHAPITRE
Motiver les autres

Devenir un leader efficace

Chapitre 11
Devenir un leader
émotionnellement intelligent
Q ue signifie être un leader ? Il existe des milliers
d’ouvrages sur le leadership. À qui pensez-vous
lorsque vous entendez le terme leadership ? John
Fitzgerald Kennedy, Mohandas Karamchand
Gandhi, Martin Luther King Jr., Charles de Gaulle,
Winston Churchill, Henry Ford, Bill Gates,
Theodore Roosevelt ou Margaret Thatcher ?

Chacun a en tête des personnages symboles de la


notion de leadership ou une conception du leader
idéal. Pour compliquer encore plus les choses, les
experts en leadership ont développé des centaines
de théories sur le sujet. Vous ne vous voyez peut-
être pas dans la peau d’un leader ou n’aspirez pas à
devenir président, Premier ministre, P-DG.

En réalité, le leadership se définit facilement. Il


implique toute situation au cours de laquelle vous
souhaitez que quelqu’un d’autre fasse quelque
chose. Il n’y a pas de leader sans suiveur. Pensez à
toutes les situations où vous avez essayé
d’influencer le comportement des autres. Vous avez
agi en leader. Si vous tentez d’influencer votre
conjoint, vos enfants, amis, collègues, voisins,
subordonnés ou qui que ce soit, vous êtes alors un
leader.

Ce chapitre vous donne la recette pour devenir un


leader efficace et vous améliorer. Tout le monde
n’est cependant pas fait pour devenir un leader au
travail. Vous allez découvrir les avantages du leader
(meilleur statut, salaire plus intéressant) mais
aussi ses obligations (responsabilités,
investissement en temps).

Obtenir des autres qu’ils


fassent certaines choses
Au travail, la plupart des gens ont besoin des autres
pour accomplir leur mission. Mais généralement,
vous n’avez pas d’autorité sur les individus dont
l’aide vous est nécessaire. Dans votre
environnement professionnel, vous avez peut-être
remarqué que certaines personnes ont le chic pour
se faire systématiquement aider par des collègues.
D’autres, en revanche, ont un mal fou à obtenir des
services.

L’intelligence émotionnelle joue un rôle primordial


dans votre capacité à obtenir l’aide d’autrui. Vos
capacités émotionnelles sont essentielles pour votre
aptitude à être un leader. L’empathie, l’optimisme
et la faculté de nouer des relations
interpersonnelles efficaces conditionnent la
réussite en tant que leader (voir la section
« Définition d’un leader d’entreprise efficace »,
plus loin dans ce chapitre).

Être ou ne pas être cadre…


La plupart des personnes en activité rêvent de
gravir les échelons. On mesure généralement ce
succès à une promotion qui permet d’occuper un
poste d’encadrement. Après un certain temps passé
en première ligne, que vous soyez dans la vente, le
service client ou l’assistance technique, vous
finissez par espérer une promotion. Si elle se fait
attendre, vous pouvez commencer à soupçonner
l’existence d’un problème.

Bien entendu, lorsque la promotion tant désirée se


concrétise, vous êtes enthousiaste. C’est non
seulement la reconnaissance de vos efforts, mais
également de plus grandes responsabilités, la
perspective d’un travail plus intéressant, l’occasion
de devenir chef et, élément non négligeable, un
salaire plus élevé. Que vouloir de mieux ?

Eh bien, malheureusement, nombre de personnes


promues au rang de chef ne donnent pas forcément
entière satisfaction dans leurs nouvelles fonctions.
Après tout, ce n’est pas parce que vous êtes un bon
plombier, médecin ou commercial que vous serez
capable d’encadrer d’autres plombiers, médecins
ou commerciaux.

Il est risqué de promouvoir à un poste une


personne compétente dans des domaines
complètement différents. Voici des questions à vous
poser pour savoir si vous êtes fait pour encadrer
une équipe :

• Aimez-vous superviser les autres ?


• Aimez-vous les tâches administratives ?

• Êtes-vous content d’abandonner les


principales tâches de votre poste actuel ?

• Aimez-vous évaluer les autres ?

• Aimez-vous faire, avec votre chef, le bilan des


performances des membres de votre équipe ?

• Aimez-vous fixer des objectifs à votre groupe


et vous assurer qu’ils sont atteints ?

• Parvenez-vous à garder votre calme lorsque


les personnes qui vous entourent sont
stressées ?

• Êtes-vous capable de restaurer le calme quand


les autres se mettent à stresser ?

• Aimez-vous aider les autres à résoudre des


problèmes ?

Si certains de ces rôles vous plaisent, vous êtes


peut-être prêt à assumer des fonctions
d’encadrement. Mais je vous conseille vivement de
bien vous préparer à un changement radical dans
les tâches à exécuter.

Vous pouvez suivre une formation de management


pour vous préparer à relever ce genre de défi ou
faire appel à un coach d’entreprise ou mentor. Le
plus important est de prendre votre nouveau poste
en étant pleinement conscients des fonctions,
responsabilités et objectifs.

Se faire écouter des autres


Pour être un leader, il vous faut au moins un
suiveur. Pour que les autres vous suivent, vous
devez savoir comment attirer leur attention, fixer
des objectifs clairs et surveiller leur activité.

Voici comment savoir si les autres vous écoutent :

• Ils prêtent attention à ce que vous dites ;

• Ils vous demandent votre opinion ou des


conseils ;

• Vous êtes capable de modifier leur


comportement ;

• Ils vous voient comme une source


d’information intéressante ;

• Ils ont confiance en vous et savent qu’ils


peuvent se confier à vous.

Cette faculté de se faire écouter se travaille. Les


autres ne vont pas automatiquement vous respecter
ou obéir à vos ordres, mais vous pouvez faire en
sorte que leur attention soit plus grande.

Être leader, c’est être crédible ou honnête et digne


de confiance. Cette crédibilité vous aide à gagner le
respect des autres. Malheureusement, il n’existe
pas de baguette magique pour devenir crédible. La
crédibilité s’acquiert avec le temps, notamment en
tenant parole. Lorsque vous faites une promesse ou
vous vous engagez, allez jusqu’au bout. Si cela vous
est impossible pour une raison quelconque, vous
devez expliquer pourquoi avec la plus grande
honnêteté.

Les gens écoutent celui qui semble prendre à cœur


leur situation. En termes d’intelligence
émotionnelle, vous pouvez gagner cette confiance
grâce à l’empathie. Si vous vous montrez
empathique, vous serez plus à même de bénéficier
de la collaboration des autres, grâce à l’importance
que vous accordez à leur bien-être. L’égoïsme et
l’insensibilité éloignent souvent les autres.

Voici ce que pouvez faire pour devenir empathique


au travail :

• Prêtez attention aux personnes avec qui vous


travaillez ;
• Apprenez à connaître les centres d’intérêt de
vos collègues ;

• Reformulez votre interprétation des messages


des autres afin d’être certain de comprendre
précisément leurs soucis ;

• Vérifiez si vous avez bien saisi les sentiments


de votre interlocuteur une fois qu’il les a
exprimés ;

• Montrez aux autres que vous vous intéressez à


eux, à leur famille et à leurs passions ;

• Évitez de vous mettre en avant.

Si vous faites preuve de courtoisie et de compassion


en prêtant attention à votre entourage, vous aurez
plus de chances de voir les autres s’intéresser à
vous. Vous gagnerez la confiance des autres en vous
souciant d’eux et en prouvant que vous n’êtes pas
égocentrique.

Obtenir la coopération des


autres
Une fois l’attention des autres obtenue, le moment
est venu de faire en sorte qu’ils coopèrent.
En règle générale, les gens ont tendance à faire ce
qui est dans leur intérêt. Si vous souhaitez
convaincre quelqu’un de travailler avec vous ou de
répondre à vos attentes, faites-lui part des
avantages qu’il peut en tirer. Ce peut être aussi
simple que d’être content lorsque vous êtes
content. Mais vous pouvez aussi instaurer une
interaction plus complexe débouchant sur un
avantage clair pour l’autre, soit immédiatement,
soit progressivement.

La coopération idéale intervient quand l’autre


souhaite vraiment vous aider. Pour l’obtenir, vous
devez le soutenir, afficher certains traits de
personnalité (positif et agréable) et le convaincre
de vous rendre service.

Il est toujours possible de s’exercer à aider les


autres, mais la modification de votre propre
personnalité sera peut-être plus difficile. Rester
positif et aller vers les autres contribuent à faciliter
un éventuel changement de personnalité. Mais se
montrer agréable est plus naturel pour certaines
personnes que pour d’autres.

Dans la stratégie consistant à vouloir faire changer


l’autre, essayez la persuasion. Les composantes du
modèle d’intelligence émotionnelle de Bar-On (voir
le chapitre 4) susceptibles de vous aider sont
l’estime de soi, l’optimisme et la joie de vivre :

• Estime de soi : avoir une grande estime de soi,


c’est bien avoir conscience de ses forces et ses
faiblesses. Pour ce faire, vous devez bien vous
connaître et trouver un équilibre entre
confiance en soi et arrogance. On est plus
enclin à aider ceux qui montrent une certaine
dose d’humilité.

• Optimisme : l’optimisme et la joie de vivre


sont des traits de personnalité séduisants. On
est plus à même de coopérer avec quelqu’un
d’optimiste, car ce dernier a le don de montrer
que la coopération est une opération gagnant-
gagnant. Si vous devez intervenir en faveur de
quelqu’un, vous préférerez sans doute aider un
optimiste plutôt qu’un pessimiste, quelqu’un
de sûr de lui plutôt que quelqu’un d’arrogant
ou d’incertain et une personne joyeuse plutôt
qu’une personne triste.

• Joie de vivre : à l’instar de l’optimisme, la joie


de vivre attire l’autre. Lorsque vous êtes
heureux, vous êtes d’une compagnie plus
agréable. Votre facteur sympathie se trouve
renforcé par votre joie de vivre, celle-ci
pouvant aussi être contagieuse. Tout le monde
aime être heureux et le fait d’être entouré de
personnes épanouies favorise votre bonheur.

Voici des conseils pour devenir un leader


optimiste :

• Retenez l’aspect positif des situations et des


personnes, même quand c’est difficile ;

• Recherchez des solutions plutôt que de vous


appesantir sur les problèmes ;

• Parlez aux autres de leurs points forts ;

• Concentrez-vous sur vos succès et non sur vos


échecs ;

• Considérez les échecs comme des événements


dont vous pouvez tirer des enseignements afin
de mieux vous comprendre et d’améliorer vos
performances.
Connaissez-vous la parabole du vieillard
du fort, relatée par Lin Yutang ?

Un vieillard vivait avec son fils dans un fort


abandonné au sommet d’une colline, et un jour, il
perdit un cheval. Les voisins vinrent lui exprimer
leur sympathie pour ce malheur et le vieillard
demanda :

« Comment savez-vous que c’est un


malheur ? »

Quelques jours plus tard, le cheval revint, suivi de


plusieurs chevaux sauvages et les voisins revinrent
le féliciter de cette chance et le vieillard répliqua :

« Comment savez-vous que c’est une


chance ? »

Entouré de tant de chevaux, le fils se mit à les


monter et, un jour, il se cassa la jambe. De
nouveau, les voisins s’approchèrent pour leur
exprimer leur sympathie et le vieillard répondit :
« Comment savez-vous que c’est une
malchance ? »

L’année suivante, il y eut une guerre, et parce que


le fils du vieillard était boiteux, il évita d’aller au
front…

Diriger les autres


Les professeurs d’école de commerce, psychologues
et experts en management ont réalisé de nombreux
travaux de recherche et beaucoup écrit sur les
qualités du leader performant. Dans la plupart des
théories sur le leadership, l’intelligence
émotionnelle joue un rôle essentiel dans les
définitions du leadership.

James Kouzes et Barry Posner ont proposé une


théorie célèbre du leadership, qu’ils décrivent en
détail dans leur ouvrage Le Défi du leadership
(Afnor). Au cours de leurs travaux, ils ont interrogé
des milliers de personnes sur les qualités des
leaders qui avaient compté dans leur vie. Les
résultats montrent que les leaders de tous types,
quel que soit le secteur d’activité, affichent un
ensemble de qualités universelles. Si chaque leader
avait ses propres caractéristiques et son style, des
tendances profondes se dégageaient.

Kouzes et Posner ont identifié, à partir de ces


tendances, cinq caractéristiques manifestées par les
leaders les plus efficaces :

• Ils tracent la voie. Ils montrent l’exemple à


travers leur discours et leurs actes. Les bons
leaders disent ce qu’ils veulent accomplir, puis
passent à l’action et réalisent leurs projets. Le
leader a besoin de passer de la parole aux actes
s’il veut être suivi par les autres.

En termes d’intelligence émotionnelle, cela


implique affirmation de soi et indépendance.
Les personnes sûres d’elles n’ont aucune
difficulté à exprimer leurs pensées, sentiments
et croyances. En outre, les personnes
indépendantes écoutent les autres et prennent
conseil auprès d’eux, avant de prendre les
décisions en toute connaissance de cause. Être
indépendant implique de passer à l’action pour
faire avancer les choses.

• Ils inspirent une vision commune. Ils créent


un tableau positif de l’avenir qu’ils partagent
avec les autres. En tant que leader, vous devez
convaincre les autres que vous comprenez
leurs besoins et accordez de l’importance à
leurs intérêts. Vous pouvez œuvrer ensemble à
la concrétisation de cette vision de l’avenir.
Inspirer une vision commune demande une
bonne dose d’empathie et d’optimisme. Votre
optimisme rend votre vision plus séduisante et
donne envie aux autres de la partager. Vous
devez présenter la situation de façon que les
autres soient attirés par le résultat et adhèrent
à votre projet. Votre empathie va vous
permettre de répondre exactement aux
attentes d’autrui.

• Ils améliorent la situation. Ils recherchent le


changement et saisissent les occasions
d’apporter des améliorations. Ils
expérimentent et prennent des risques. Toutes
les innovations ne sont pas couronnées de
succès et vos échecs vous fournissent aussi de
précieuses informations.

La flexibilité, qui est l’une des capacités


propres à l’intelligence émotionnelle, s’impose
pour combattre l’immobilisme. Les personnes
souples sont plus enclines à innover, à prendre
des risques et à relever des défis sans avoir
peur. L’empathie est également nécessaire
quand il s’agit d’améliorer la situation. Les
idées germent souvent lorsqu’on écoute
attentivement les autres (clients, collègues,
chercheurs, consultants en management,
coachs d’entreprise, auteurs d’ouvrages sur le
monde de l’entreprise et les relations
publiques en général).

• Ils incitent les autres à agir. Dans la mesure


où, aujourd’hui, le succès s’obtient en équipe
(et parce que les leaders ont besoin, par
définition, de suiveurs), vous devez inciter les
autres à agir. Les leaders doivent pouvoir
responsabiliser les autres de diverses
manières. Vous pouvez vérifier le succès d’un
leader dans ce domaine au nombre de fois où il
dit nous et non je.

Pour que les autres agissent, vous devez


favoriser la collaboration et bâtir une relation
de confiance. Vous devez savoir comment faire
en sorte que les autres se mettent au travail.
En tant que leader, êtes-vous du genre à
partager le pouvoir ? Votre équipe dispose-t-
elle de toutes les ressources nécessaires pour
évoluer à son meilleur niveau ? Les bons
leaders partagent le pouvoir, délèguent
volontiers et font le nécessaire pour aider les
autres à remplir leur mission.

En termes d’intelligence émotionnelle, vous


devez montrer une bonne estime de vous et
une aptitude à communiquer pour inciter les
autres à agir. Les bons leaders savent trouver
des personnes qui les complètent bien, sont
performantes dans les domaines où ils
présentent quelques faiblesses. Pour nouer des
relations satisfaisantes, vous devez avoir la
capacité de communiquer avec les autres de
manière pertinente.

• Ils encouragent les autres. Le lien entre cette


caractéristique et l’intelligence émotionnelle
est le plus évident. La reconnaissance du
travail de l’autre est indispensable. Par
exemple, envoyez des petits mots de
remerciement aux personnes qui vous ont aidé.
Fêtez également les succès pour renforcer
l’esprit de groupe. Récompenser les membres
de votre équipe renforce leur motivation.

Pour encourager les autres, faites preuve


d’empathie, mais également de responsabilité
sociale. Le leader qui encourage les autres a
non seulement besoin de connaître leur état
d’esprit, mais doit aussi être capable de tisser
des liens avec eux. Les comportements
socialement responsables englobent la faculté
de se soucier des autres et de les soutenir.

L’intelligence émotionnelle est indispensable pour


réussir en tant que leader. Dans la pratique, chaque
théorie moderne du leadership renferme des
éléments incontournables faisant directement
appel à des capacités émotionnelles. Si certaines
théories sont plutôt d’ordre général (elles sont
valables pour la politique, la religion et les sports
collectifs), d’autres concernent des secteurs bien
spécifiques, le travail, par exemple.

Définition d’un leader


d’entreprise efficace
Il existe de nombreuses théories du leadership,
mais la plupart semblent concerner l’univers
professionnel. Le Center for Creative Leadership
(CCL) de Greensboro, Caroline du Nord, a mené une
étude sur l’intelligence émotionnelle et le
leadership au travail.
Le CCL a testé 302 leaders et cadres supérieurs à
l’aide de l’EQ-i (test qui mesure l’intelligence
émotionnelle) et d’une série d’évaluations de leurs
performances professionnelles par leurs supérieurs
hiérarchiques, collègues et subordonnés. Ce groupe
était composé de leaders extrêmement compétents
et d’autres moins performants. L’étude a révélé que
l’intelligence émotionnelle comptait pour 28 %
dans la performance en matière de leadership. Elle
a également identifié quatre piliers ou compétences
affichées par les leaders brillants :

• Être ancré dans la réalité et équilibré ;

• Être capable de prendre des mesures ;

• Avoir un style de management participatif ;

• Être solide et résistant.

Il est intéressant de noter que toutes ces


compétences ont un rapport avec l’intelligence
émotionnelle.

Être ancré dans la réalité et


équilibré
Lorsque les brillants leaders sont ancrés dans la
réalité et équilibrés, leur entourage semble
présenter une humeur très stable, même dans la
tourmente. Ces leaders n’ont pas un comportement
fantasque ou extrêmement imprévisible et ont
tendance à posséder les caractéristiques suivantes :

• Ils ont une grande connaissance d’eux-


mêmes : les leaders qui disent tout savoir
n’ont pas tendance à être performants. Les
bons leaders connaissent leurs forces (par
exemple, bien s’exprimer ou savoir établir des
contacts), capitalisent dessus et sont
parfaitement conscients de leurs points faibles
(ils comblent leurs lacunes en s’entourant de
personnes douées dans ces domaines).

• Ils ont une vie équilibrée : les bons leaders


savent trouver l’équilibre entre vie personnelle
et vie professionnelle. Une bonne gestion du
temps leur évite de s’épuiser. Généralement, la
plupart des leaders et ceux qui aspirent à le
devenir croient que pour réussir, il faut être un
bourreau de travail, alors que si vous gérez
bien votre vie personnelle (le stress, la vie de
famille, la forme physique, l’alimentation),
vous aurez plus de chances de bien gérer votre
environnement professionnel.
• Ils sont honnêtes et lucides sur eux-mêmes :
les mauvais leaders ont tendance à manquer de
fermeté et à se montrer hésitants, tandis que
les bons leaders connaissent parfaitement
leurs sentiments et facteurs de motivation.
Comme ils savent où ils en sont (en termes de
valeurs et de croyances), ils ont tendance à se
montrer plus cohérents dans le traitement des
problèmes.

• Ils restent calmes sous pression : les bons


leaders ne s’emportent pas dans les situations
difficiles.

Voici les éléments d’intelligence émotionnelle en


rapport avec cette compétence :

• Responsabilité sociale : si vous vous souciez


des autres, vous avez moins tendance à vous
mettre en avant.

• Tolérance au stress : la maîtrise du stress


permet de demeurer concentré sur l’essentiel
et de ne pas se laisser submerger par ses
propres réactions face au stress ou par celles
des autres.

• Contrôle des pulsions : ceux qui maîtrisent


bien leurs pulsions ne se laissent pas distraire
et ne perdent pas le contrôle de la situation.

• Optimisme : en cherchant à apporter des


solutions positives aux problèmes, vous évitez
de vous mettre au centre des débats.

Être capable de prendre des


décisions
Les leaders performants prennent des décisions,
souvent bonnes. Ils tiennent compte de l’opinion
des autres, pour, au final, choisir la meilleure
option possible au vu des informations dont ils
disposent.

Les bons leaders ne se croisent pas les bras une fois


la décision prise. Ils exécutent leur plan d’action et
ne jettent pas l’éponge facilement. Ils savent que le
suivi est un élément primordial dans une prise de
décision. Ils évaluent l’efficacité de la décision au
cours de sa mise en œuvre afin de pouvoir tirer les
leçons des erreurs et des succès.

Voici les éléments d’intelligence émotionnelle en


rapport avec cette compétence :

• Affirmation de soi : les personnes sûres


d’elles tiennent tout le monde au courant de
leurs intentions.
• Indépendance : les personnes indépendantes
vont de l’avant. Elles évaluent les différentes
solutions et prennent l’initiative de les mettre
en œuvre.

• Optimisme : les personnes optimistes ont un


objectif. Elles ont confiance en leur capacité à
appliquer les mesures décidées et à atteindre
cet objectif.

Avoir un style de management


participatif
Le leadership autoritaire n’a plus lieu d’être, même
dans l’armée, et encore moins dans le monde de
l’entreprise. Les gens n’aiment pas qu’on leur dise
quoi faire. Les leaders modernes doivent conquérir
le cœur et l’esprit de leurs subordonnés et
collègues. Aujourd’hui, les gens aiment connaître
les avantages qu’ils pourront tirer d’une situation.
Le leader moderne doit présenter un certain
nombre de compétences :

• Faire en sorte que les autres s’investissent : si


le leader ne soutient pas les idées, les plans et
les tactiques de ses suiveurs, ces derniers ne
seront pas enclins à être performants. Les gens
souhaitent se sentir impliqués dans la
planification des tâches qu’ils doivent
exécuter. Ils doivent sentir qu’ils apportent
leur pierre à l’édifice. Plus ils se sentent
impliqués, plus ils souhaitent voir l’initiative
aboutir.

• Avoir de bonnes capacités d’écoute et de


communication : si nombre de leaders savent
comment présenter leurs idées aux autres,
rares sont ceux à bien écouter les membres de
leur équipe afin d’être certains de leur
implication dans le projet ou la tâche à
exécuter. Les bons leaders repèrent la moindre
objection vis-à-vis des idées et demandes
formulées et savent la décrypter. Cela leur
permet de bien la gérer, soit en convainquant
leur interlocuteur, soit en procédant à quelques
ajustements. Ces leaders agissent pour le bien
de l’organisation et non pour satisfaire
uniquement leur ego.

• Mettre les autres à l’aise : les mauvais leaders


font peur aux autres. Les personnes à l’aise
sont plus enclines à s’exprimer franchement,
en faisant des suggestions. Le leader brillant
accorde de l’importance à la contribution des
membres de son équipe et fait naître en eux un
sentiment d’appartenance. Il assume la
responsabilité des mauvaises décisions et
erreurs commises par son équipe ou
l’organisation.

• Obtenir le consensus sur une décision : pour


obtenir un consensus, il faut écouter tout le
monde. Après s’être informé de la position de
chacun, le leader performant utilise ses
qualités pour faire adhérer tout le monde à la
décision finale. Il sait que si les membres de
l’équipe se sentent impliqués, le consensus
sera plus facile à obtenir.

Voici les éléments d’intelligence émotionnelle en


rapport avec cette compétence :

• Empathie : le fait d’être empathique permet


au leader d’entendre vraiment les idées et
sentiments des autres.

• Responsabilité sociale : le leader socialement


responsable (qui se soucie de sa communauté et
des personnes moins chanceuses et respecte
les règles de la société) a un style de leadership
plus axé sur la participation collective.

• Relations interpersonnelles : les qualités


relationnelles aident les leaders à améliorer les
rapports qu’ils entretiennent avec les autres.

• Contrôle des pulsions : la patience vous aide à


ne pas couper la parole et vous permet
d’écouter le point de vue des autres.

• Joie de vivre : la joie de vivre attire les autres.


Les gens préfèrent travailler avec des leaders
heureux et ont tendance à fuir les individus
moins agréables.

Être solide et résistant


Les leaders brillants savent gérer les obstacles et
affronter les situations difficiles. Ils sont
persévérants, relèvent les défis et supportent la
pression de manière remarquable. Ils traversent les
difficultés avec confiance.

Voici les éléments d’intelligence émotionnelle en


rapport avec cette compétence :

• Estime de soi : les personnes qui s’estiment à


leur juste valeur montrent de l’assurance. Elles
connaissent leurs forces et faiblesses et
utilisent leur confiance en elles pour
surmonter les situations et périodes difficiles.

• Tolérance au stress : bien supporter le stress


vous permet de traiter les difficultés qui
surgissent. Vous parvenez à rester concentré et
le stress ne vous fait pas perdre vos moyens.

• Contrôle des pulsions : les personnes solides


sont patientes. Elles ne prennent pas de
décisions sur un coup de tête et ne changent
pas d’avis pour un rien. Elles ne cèdent pas à
des pulsions et savent rester concentrées sur la
durée.

Connaître son aptitude à


commander
Les qualités requises pour diriger les autres au
travail diffèrent de celles qui sont nécessaires dans
d’autres domaines. Passez en revue les précédentes
sections et réfléchissez à vos points forts dans les
domaines abordés. Demandez-vous quel sentiment
fait naître en vous l’idée de diriger les autres. Et si
vous ne souhaitez pas le faire au travail, respectez
cela !

Notez dans votre carnet chacune des compétences


ci-dessous que vous savez bien maîtriser, en
l’illustrant d’une situation dans laquelle vous avez
manifesté la compétence en question. Par exemple,
vous savez peut-être deviner les sentiments ou les
pensées des autres. Lors d’une réunion marketing,
vous avez su repérer que les participants n’étaient
pas satisfaits de la présentation de Chloé alors que
personne n’a fait de commentaire. Vous avez alors
suggéré avec tact de vérifier certaines idées émises,
puis d’adopter un autre point de vue si elles se
révélaient inexactes.

Voici des compétences dont font preuve les


leaders :

• Ils disent franchement aux autres ce qu’ils


pensent ;

• Ils se soucient des personnes avec lesquelles


ils travaillent ;

• Ils peuvent compter sur un grand nombre de


personnes en cas de besoin ;

• Ils ne se laissent pas déstabiliser par le stress ;

• Ils sont généralement de bonne humeur ;

• Ils agissent avec détermination ;

• Ils savent déceler les sentiments et les


pensées réels des autres ;

• Ils connaissent vos points forts ;

• Ils sont motivés et prennent des initiatives ;


• Ils vont jusqu’au bout de ce qu’ils
entreprennent.

Plus vous possédez de compétences de ce genre,


plus vous avez de chances de devenir un bon leader.
Il vous faut également d’autres qualités : vision,
intelligence cognitive, connaissance de votre
secteur d’activité et du marché, compétences
techniques et savoir-faire financier/budgétaire.
Bien entendu, plus vous avez de qualités, plus vous
serez à même de vous imposer en tant que leader.
Mais j’ai déjà vu des leaders brillants dotés
d’excellentes capacités émotionnelles et sociales, et
seulement de quelques compétences techniques. Il
faut simplement savoir se servir de ses points forts.

Connaître ses faiblesses en


termes de leadership
Admettons que vous ayez un certain nombre des
points forts décrits précédemment. Encadrer les
autres vous plaît et vous êtes prêt à diriger votre
groupe de travail. Vous avez donc tout pour faire un
bon leader. Génial ! Mais vous devez également
avoir conscience de vos faiblesses.
Avant de prendre des fonctions d’encadrement,
procédez à l’autoévaluation suivante :

• Confirmez la perception que vous avez de vos


capacités auprès de quelqu’un d’autre. Je
rencontre fréquemment des personnes qui
surestiment leurs capacités dans divers
domaines. C’est l’une des raisons pour
lesquelles je teste l’intelligence émotionnelle.
Dans le cadre de ces tests, vous pouvez être
comparé à des milliers de personnes de même
âge et sexe.

• Assurez-vous d’avoir de bonnes qualités


relationnelles. Une des causes de l’échec de
certains leaders est précisément un mauvais
relationnel. Même si un leader est compétent
dans de nombreux domaines (technique,
intelligence et connaissances), il n’est pas à
l’abri de l’échec s’il ne sait pas communiquer.
Par conséquent, si les autres éprouvent des
difficultés à s’entendre avec vous ou si vous
n’avez pas de relations satisfaisantes avec les
autres, portez attention à ce point. Faites-vous
aider d’un coach ou d’un conseiller
d’orientation professionnelle, et vous devriez
pouvoir améliorer vos qualités relationnelles.

Voici des indications sur la nature de vos relations


interpersonnelles :

• Je rencontre facilement de nouvelles


personnes ;

• Je préfère être avec du monde plutôt que


rester seul ;

• On vient souvent me voir pour des conseils ;

• Je connais bon nombre des personnes avec qui


je travaille ;

• Je suis très patient avec les autres ;

• J’adore montrer de nouvelles choses aux


autres ;

• Rien ne me contrarie vraiment ;

• Je préfère demander des informations à


quelqu’un plutôt que faire des recherches sur
mon ordinateur ;

• Ma liste de contacts est très longue ;

• Je reçois plus de courriels nominatifs que de


pourriels ;
• J’aime soumettre des idées aux autres ;

• Les autres aiment me soumettre des solutions


aux problèmes qu’ils rencontrent ;

• Je hausse rarement le ton et je ne me dispute


presque jamais avec les autres ;

• J’ai un certain nombre de bons amis avec


lesquels je ne suis pas d’accord sur des sujets
tels que la politique ou la religion.

Parcourez la liste précédente en étant honnête avec


vous-même. Cochez les énoncés qui vous
correspondent et entourez ceux qui ne collent pas
du tout à votre personnalité.

Savoir si vous êtes fait pour


diriger les autres au travail
Une fois vos forces, et peut-être vos faiblesses,
évaluées en toute honnêteté dans les domaines de
compétence importants de votre univers
professionnel, vous aurez une idée assez précise du
type de leader que vous pourriez devenir.

Vous devez vous poser deux questions :

• Possédez-vous ces qualités de leader ?


• Si vous ne les possédez pas, souhaitez-vous
les développer ?

Les meilleurs leaders développent ces qualités


avant d’occuper un poste d’encadrement.

Les travaux réalisés par Multi-Health Systems au


sein des entreprises consistent notamment à tester
de jeunes employés très performants sélectionnés
par la direction pour occuper un poste
d’encadrement. Ces personnes sont très
intelligentes, dotées d’excellentes compétences
techniques et connaissances du secteur d’activité.
Cependant, les entreprises intelligentes savent que
si un leader doit posséder ces qualités, elles ne
suffisent pas à garantir le succès de ces personnes à
un poste d’encadrement.

Les tests réalisés sur les leaders brillants


permettent à Multi-Health Systems de développer
un profil idéal comportant les capacités
émotionnelles importantes pour un leader au sein
de l’entreprise en question. Ce profil est dressé
grâce à des formules statistiques qui identifient et
quantifient les composantes émotionnelles clés
distinguant les meilleurs leaders des autres au sein
de la société étudiée. L’entreprise utilise ensuite
comme modèle le profil comprenant les dix
principales qualités émotionnelles, puis monte un
programme de formation au leadership ou permet
aux employés dotés du potentiel nécessaire pour
devenir leader de travailler avec un coach. En
atteignant un ensemble d’objectifs fixés par
l’entreprise, les leaders potentiels sont alors mieux
préparés à remplir leurs futures fonctions de cadre.

Si vous n’occupez pas encore un poste


d’encadrement ou si vous souhaitez vous améliorer
en tant que leader, vous pouvez développer ces
compétences. Mais vous pouvez tout aussi bien en
conclure que vous ne souhaitez pas diriger les
autres et poursuivre votre carrière au poste que
vous occupez. Ne soyez pas découragé si vous
n’empruntez pas la voie de l’encadrement.

Effectuer un travail
d’encadrement de qualité
Si vous décidez d’encadrer les autres, vous pouvez
exploiter certaines de vos capacités émotionnelles
pour accroître vos chances de succès. Je suppose
que vous possédez déjà l’intelligence et les
compétences techniques nécessaires pour diriger
les autres. En lisant attentivement ce chapitre, vous
aurez une idée précise des capacités émotionnelles
et sociales nécessaires pour diriger les autres avec
bonheur.

Gardez ces conseils à l’esprit dans l’exercice de vos


fonctions de leader :

• Prêtez attention aux personnes avec


lesquelles vous travaillez. Apprenez à
connaître les membres de votre équipe.
Découvrez ce qu’ils aiment et ce qu’ils
détestent. Sachez ce qu’ils pensent de leur
environnement professionnel et du poste qu’ils
occupent. Sollicitez leur avis sur les initiatives
que vous envisagez de prendre. S’il est
impossible de satisfaire systématiquement
leurs désirs, vous pouvez au moins entendre ce
qu’ils ont à dire. Avant de prendre des
décisions, pesez le pour et le contre.

• Soyez plus socialement responsable. Les


travaux de recherche du Centre for Creative
Leadership sur les leaders ont notamment
révélé de façon surprenante que les leaders
brillants faisaient preuve d’une certaine
responsabilité sociale. Autant que je sache,
personne n’a jamais utilisé la responsabilité
sociale comme critère de sélection de futurs
dirigeants. Personne n’avait jamais non plus
prouvé que les personnes socialement
responsables faisaient de meilleurs leaders.
Avec du recul, cela semble peut-être évident,
mais très peu d’organisations utilisent ce
critère. Réfléchissez à ce que vous pouvez faire
pour devenir un leader plus socialement
responsable. Comment pouvez-vous montrer à
vos collègues et vos subordonnés que vous
vous souciez d’eux, mais aussi de la société
dans laquelle vous vivez ? Essayez de trouver
des moyens d’aider personnellement les
personnes dans le besoin. Mieux, faites en
sorte de jouer un rôle dans votre communauté
en y associant votre équipe.

• Faites preuve d’intégrité. Le respect des


autres ne s’ordonne pas, il se gagne. Ajoutez
donc le geste à la parole, faites ce que vous
dites. Tenir sa parole ou avoir une explication
pertinente quand vous ne pouvez pas respecter
votre promesse vous aidera à gagner la
confiance des autres. Les chercheurs ont
toujours constaté que la confiance et l’intégrité
étaient des aspects importants du leadership.
Observez vos comportements. Vos actes
correspondent-ils à vos paroles ?

• Soyez empathique. Pour vous montrer


empathique au travail, vous devez savoir
écouter votre entourage, sans pour autant faire
tout ce que l’on vous dit. Indiquez également
aux autres que vous comprenez leur état
d’esprit.

• Faites preuve d’assertivité. N’oubliez pas


qu’être sûr de soi ne signifie pas être agressif.
Votre assurance permet aux autres de
connaître votre position sur les sujets
importants. Un leader ne peut réussir dans sa
mission s’il se montre indécis ou manque de
fermeté.

Être sûr de soi, c’est aussi poser les bonnes


questions à bon escient lorsque vous ne
connaissez pas la solution à un problème.
Soyez honnête et franc. Cherchez quoi faire
pour trouver la réponse.

L’affirmation de soi implique d’être capable de


délivrer les bonnes et les mauvaises nouvelles.

• Soyez optimiste. En tant que leader, pour être


suivi des autres, vous devez les persuader que
vous les emmenez vers quelque chose de
positif. Après tout, pourquoi voudriez-vous
qu’ils vous accompagnent vers des ennuis ou
dans une impasse ? Les optimistes sont doués
pour dépeindre un avenir qui plaît aux autres.
Même lorsque les temps sont durs ou que
l’avenir est sombre, le leader optimiste sait
comment rassembler ses troupes.

• Dénichez les meilleurs éléments. Si vous ne


savez pas comment surmonter certains
obstacles, appelez des renforts. Les bons
leaders savent recruter les meilleurs éléments,
des personnes dont les compétences sont
complémentaires aux vôtres. Trop de leaders
s’entourent de clones. Ne considérez pas votre
poste d’encadrement comme une occasion de
faire appel à vos amis, à moins, bien sûr, que
ces derniers possèdent des compétences dans
les domaines où vous avez des faiblesses.

En développant et en cultivant vos capacités


émotionnelles et compétences sociales, vous
pouvez accroître vos chances de réussite à un poste
d’encadrement. Faites appel à un coach si besoin
est. Pour obtenir des adresses de coachs certifiés,
adressez-vous à une association ou fédération de
coaching.

ICF France : www.coachfederation.fr

AEC : Association européenne de coaching, www.ae


coaching.eu

SFCoach : Société française de coaching, www.sfcoa


ch.org

Développer ces compétences peut porter ses fruits


en faisant de vous un meilleur leader, non
seulement au travail, mais également à la maison,
en vous permettant d’améliorer vos relations avec
votre conjoint et vos enfants.

“L’humanité se divise en trois


catégories : ceux qui ne peuvent
pas bouger, ceux qui peuvent
bouger, et ceux qui bougent.”
Benjamin Franklin
DANS CE CHAPITRE
Savoir ce qu’est un lieu de travail intelligent

Évaluer l’intelligence émotionnelle de son lieu de travail

Trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie
personnelle

S’assurer de l’intelligence émotionnelle de son équipe

Remodeler son lieu de travail du point de vue de
l’intelligence émotionnelle

Chapitre 12
Créer un environnement
professionnel
émotionnellement intelligent
L es P-DG me demandent souvent : « Comment
faire pour motiver mon équipe ? » Ah, s’il pouvait
exister une baguette magique capable de régler tous
les problèmes ! Malheureusement, la vie n’est pas
aussi simple.

Pour disposer d’un environnement professionnel


émotionnellement intelligent, il faut beaucoup
réfléchir, planifier et observer. Cela demande
également une surveillance et des ajustements
permanents. De nos jours, le changement est
présent dans tous les environnements
professionnels. Les organisations
émotionnellement intelligentes ont une longueur
d’avance dans la gestion du changement.

Une entreprise prospère a l’avantage d’attirer les


meilleurs éléments. Parfois j’entends un P-DG me
dire qu’il a beaucoup de mal à trouver des employés
performants, dans la vente, le marketing, la
programmation informatique, la finance ou
l’exploitation. Mais, dans la même région, un autre
P-DG me dit ensuite qu’il s’étonne de devoir
écarter un bon nombre de candidats brillants à des
postes de vente, marketing, programmation
informatique, finance ou exploitation. Ces deux
sociétés sont géographiquement assez proches
l’une de l’autre, mais à des années-lumière en
matière de culture d’entreprise et d’efficacité.
Dans ce chapitre, je définis et décris une
organisation émotionnellement intelligente. Que
vous soyez ou non en mesure de mettre en œuvre
ces changements dans votre environnement
professionnel, gardez ces méthodes à l’esprit et
retenez celles qui sont susceptibles selon vous
d’être utiles à votre organisation

Définition d’un lieu de travail


émotionnellement intelligent
Cela fait maintenant un bout de temps que je parle
et que j’écris sur les lieux de travail
émotionnellement intelligents. Nombreuses sont
les personnes à me demander : « Comment un lieu
de travail peut-il être émotionnellement
intelligent ? » Jean de La Bruyère répondait déjà au
XVIIe siècle que « le lieu inspire l’esprit, l’humeur,
la passion, le goût et les sentiments ». Mais ce sont
surtout les employés qui font ce lieu de travail et
déterminent donc son intelligence émotionnelle.
Avec mes collègues de Multi-Health Systems, nous
avons identifié et étudié un certain nombre de
caractéristiques liées à l’intelligence émotionnelle
susceptibles de contribuer à bâtir un
environnement de travail productif. Pour moi,
l’intelligence émotionnelle d’une organisation est
sa capacité à gérer le changement et à atteindre ses
objectifs, tout en se souciant de ses employés, de la
communauté environnante et du monde.

Dans mon livre Make your Workplace Great :


The 7 Keys to an Emotionally Intelligent Workplace
(Jossey-Bass, en anglais), je détaille les éléments
d’un lieu de travail qui fonctionne très bien.

L’intelligence émotionnelle est importante pour


qu’une personne soit capable de contribuer avec
plaisir au succès d’une entreprise ou organisation.
S’il existe plusieurs définitions de l’intelligence
émotionnelle individuelle, elles ont toutes en
commun la conscience de ses propres émotions, la
faculté de les exprimer à bon escient et la capacité à
les gérer ainsi que celles des autres.

De même que l’intelligence émotionnelle d’une


personne influe sur les performances individuelles,
l’intelligence émotionnelle de l’organisation (les
sentiments éprouvés par les employés envers leur
organisation) contribue à tirer vers le haut ou à
saboter les réalisations collectives. Dans le cas de
l’intelligence émotionnelle de l’organisation, le
tout est plus important que la somme de ses
parties.
Tout comme le rassemblement d’une multitude
d’individus intelligents ne vous garantit pas de
disposer d’un lieu de travail performant (et j’ai vu
plein d’environnements professionnels constitués
de personnes au QI très élevé, mais qui ne se
parlaient pas), le regroupement de personnes au QE
élevé n’est pas un gage de succès. Si les probabilités
de créer un excellent lieu de travail sont bien plus
élevées avec des personnes dotées d’un très bon QE,
vous devez malgré tout vous intéresser à un certain
nombre de questions portant sur les organisations.
Passer son environnement professionnel
au banc d’essai de l’intelligence
organisationnelle

Mes collègues de Multi-Health Systems et moi-


même avons développé un outil scientifiquement
validé (avec des normes, données de fiabilité et
études de validation), le Benchmark of
Organizational Emotional Intelligence (BOEI – outil
d’étalonnage de l’intelligence émotionnelle d’une
organisation). Le développement et le
perfectionnement de cet outil nous ont permis d’en
apprendre beaucoup sur les raisons du succès de
certaines organisations.

La création du BOEI a démarré par une théorie


générale sur l’intelligence émotionnelle d’une
organisation. Nous avons développé divers
facteurs qui puissent correspondre aux principales
composantes de l’intelligence émotionnelle d’une
organisation :

• Les aspects émotionnels et motivationnels


des employés au travail ;

• Les variables qui influent directement sur les


performances professionnelles.
Nous avons ensuite créé des items de tests afin de
mesurer chacun des facteurs, puis montré ces
items à des spécialistes de l’intelligence
émotionnelle des organisations afin de recueillir
leurs commentaires et suggestions avant de sortir
la version finale, validée grâce à la collecte de
grandes quantités de données.

À partir d’autoévaluations, le BOEI identifie des


défauts, sur la base desquels des consultants
d’entreprise ou des spécialistes des ressources
humaines peuvent échafauder des stratégies
correctives. Minutieusement appliqué, le BOEI peut
contribuer à améliorer la confiance et les
interactions entre employés, au sein des équipes et
des services grâce à un effet positif sur le
renforcement des équipes, le développement du
leadership et la planification, entre autres
fonctions. Un retour d’information personnalisé
permet aux employés de comparer leurs scores
par rapport à ceux de l’organisation ou d’un groupe
de travail donné. Les employés savent ainsi s’ils
sont en accord avec la culture de l’organisation et
peuvent comparer leurs pensées et sentiments
avec ceux de leurs collègues. C’est alors en toute
connaissance de cause qu’ils peuvent décider de
rester dans l’organisation ou de changer de poste.
Lorsque les employés sont à des postes qui leur
conviennent, les performances, tant individuelles
que collectives, s’améliorent.

Après avoir testé des milliers de personnes dans


différents types d’organisation (organisations à but
lucratif et organismes à but non lucratif ou publics),
nous avons pu dégager sept domaines clés
symbolisant l’intelligence émotionnelle d’une
organisation :

• Satisfaction dans le travail ;

• Rémunération ;

• Gestion du stress dans la vie professionnelle


et personnelle ;

• Cohésion au sein de l’organisation ;

• Leadership de l’équipe d’encadrement ;

• Gestion de la diversité et de la colère ;

• Réactivité de l’organisation.

Le lieu de travail typique


Dans certains lieux de travail visités, les P-DG
m’ont dit que l’atout premier de leur entreprise
était le facteur humain. Mais nombre de ces lieux
n’affichent pas une grande intelligence
émotionnelle. Il suffit souvent de parcourir un
bureau, un entrepôt, une usine ou une salle
d’exposition pour deviner ce que les employés
pensent de leur lieu de travail.

Quand ils s’ennuient :

• Ils ne vous voient pas passer ;

• Ils semblent se déplacer lentement ;

• Personne ne discute, ni ne fait de bruit.

Dans ce genre d’organisations, le niveau de


productivité est vraisemblablement inférieur à ce
qu’il pourrait être. Fréquenter un lieu de travail
morne, inintéressant et peu gratifiant fait partie de
ce que je redoute le plus.

Prenez la situation fâcheuse de Barbara. Elle se lève


et se prépare avant de partir au travail. Chaque
matin, elle ne peut s’empêcher de penser à tout ce
qu’elle pourrait faire au lieu d’aller bosser. Elle
caresse l’idée de se faire porter pâle, mais elle a
déjà épuisé son quota de congés maladie et de jours
de vacances.
Plus elle pense au travail, plus elle appréhende la
journée qui l’attend. Non seulement elle trouve son
travail ennuyeux, mais, en plus, elle n’a envie de
voir aucun collègue en particulier. Elle envisage
d’aller voir ailleurs, mais elle se fait une montagne
d’un changement de poste.

Quand Barbara arrive finalement au bureau, elle se


prend un café et allume son ordinateur. Elle passe
une demi-heure à naviguer sur Internet, à voir les
chaussures et les sacs à main en vente sur eBay.
Quand son chef vient la voir et lui demande si elle a
préparé son rapport, elle passe la vitesse supérieure
et reprend son travail où elle l’avait laissé la veille.

Bien que tout le monde ne meure pas d’ennui au


travail comme Barbara, la motivation est difficile à
trouver dans bon nombre d’environnements
professionnels.

Certains facteurs peuvent influer sur l’attitude de


Barbara au bureau :

• Le travail : Barbara devrait se demander si le


travail proprement dit la satisfait. Visiblement,
son travail ne lui demande pas beaucoup
d’effort ou ne l’intéresse pas vraiment.
• La rémunération : Barbara dirait
probablement qu’elle est globalement
satisfaite dans ce domaine. Sa rémunération
n’est cependant pas liée à ses performances, à
la réussite de ses collègues ou à la prospérité
de l’entreprise. Elle possède un certain nombre
d’avantages, mais plusieurs ne l’intéressent
pas vraiment.

• Le stress : en matière de stress, au travail et à


la maison, les sources de pression ne sont pas
très nombreuses. En fait, certains disent
qu’elle fait acte de présence. Elle est
physiquement là, mais mentalement, c’est une
autre histoire.

• Les collègues : de nombreuses personnes


aiment aller travailler pour voir leurs
collègues. Elles partagent des points de vue et
parlent de beaucoup de choses. Pour ce qui est
de Barbara, elle semble avoir peu de points
communs avec ses collègues et encore moins
de choses à leur dire.

• Le supérieur : les relations de Barbara avec


son chef restent minimes. Ils parlent de ses
missions et… c’est tout. Elle n’a pas d’échos
sur ses performances. À la fin de la journée,
elle n’a donc aucun moyen de savoir si elle a
fait du bon travail.

• La diversité : Barbara ne voit pas de modèles


féminins dans son entreprise, surtout dominée
par des hommes blancs plus âgés qu’elle.
Aucun jeune, aucune personne issue des
minorités ethniques ne gravit les échelons.
Bien que l’origine ethnique, la culture et le
genre de leur clientèle aient évolué
considérablement ces dernières années, ces
changements semblent n’avoir attiré
l’attention de personne, surtout au sein de la
direction.

• L’encadrement : les personnes qui dirigent


l’entreprise dans laquelle travaille Barbara
sont très intelligentes. Elles ont toutes des
diplômes universitaires. Barbara dirait
probablement qu’elles prennent de bonnes
décisions, mais ne saurait vous dire lesquelles.
Elle ne voit que très rarement ses dirigeants.
Elle n’a fait qu’apercevoir le P-DG et ne peut
donc pas se forger une opinion sur lui.

Rechercher un environnement
professionnel
émotionnellement intelligent
Sophie travaille dans une entreprise très différente
de celle de Barbara. Lorsque vous déambulez dans
sa société, vous avez l’impression d’être dans une
ruche. Les gens parlent, rient, échangent et
circulent. Il y règne une grande activité et vous
voyez des sourires sur les visages. Tout le monde
semble tendre vers un but. Précision intéressante,
les entreprises de Barbara et de Sophie évoluent
dans le même secteur d’activité et dans la même
région. Quand elle se réveille le lundi matin, Sophie
est enthousiaste, car c’est une nouvelle semaine qui
débute. Elle est donc du genre à penser :
« Chouette, on est lundi ! »

Elle meurt d’impatience d’aller au bureau pour


retrouver ses amis collègues. Elle a également hâte
de terminer sa présentation PowerPoint pour un
gros client. Pendant le week-end, elle a réfléchi à la
façon dont elle pourrait intégrer des clips vidéo
mettant en scène des utilisateurs des produits du
client.

Quand Sophie arrive au travail, elle s’arrête à


différents bureaux pour parler du week-end. Après
avoir pris un café et allumé son ordinateur, elle
interpelle son chef dans le couloir pour lui parler de
sa nouvelle idée pour la présentation. Il lui dit que
ça a l’air super et qu’il a hâte d’y assister. Ils
conviennent de se revoir en fin de journée.

Sophie aime son travail. Elle a trouvé un employeur


qui sait placer les employés à des postes convenant
à leurs talents. Elle adore faire des présentations
aux clients, créer des plans marketing, rencontrer
des gens et créer. À son poste, elle a l’occasion de
cultiver ses qualités et de se servir de ses
compétences. Voici les facteurs qui influent sur
l’état d’esprit de Sophie au travail :

• Le travail : dans l’entreprise de Sophie,


chaque employé a des objectifs à atteindre et
fait partie d’un système comprenant des
objectifs individuels, par service et à l’échelle
de l’entreprise.

• La rémunération : Sophie sait que lorsqu’elle


contribue à la signature de contrats, elle en
récolte les fruits et se sent donc directement
responsable du chiffre qui figure chaque mois
en bas de son bulletin de salaire.

• Le stress : étant donné son poste, ses horaires


ne sont pas toujours réguliers. Certaines
semaines, Sophie travaille énormément et fait
de longues journées. Elle sait qu’elle doit faire
son maximum pour que ses clients apprécient
ses présentations. Elle sait également qu’elle
peut s’absenter si elle en a besoin, car c’est elle
qui gère son temps. Bien qu’elle fasse sans
doute plus d’heures que la moyenne, elle a des
horaires très flexibles.

• Les collègues : Sophie aime l’équipe dans


laquelle elle travaille. Ses collègues sont
géniaux. Ils partagent les mêmes valeurs,
travaillent dur et savent s’amuser. Ils tirent
beaucoup de satisfaction du travail qu’ils font
et de la reconnaissance qu’ils reçoivent
lorsqu’ils mènent à bien leurs missions. Non
seulement ils échangent sur leur travail, mais
ils parlent également de leur vie familiale, de
leurs passe-temps et de sport.

• Le supérieur : il s’agit plus d’un coach que


d’un chef. Sophie échange plusieurs fois par
jour avec lui. Ils abordent principalement la
stratégie, la tactique ou les solutions aux
problèmes. Après chaque échange, Sophie sait
si elle est sur la bonne voie et son responsable
lui donne toujours des instructions très claires.
En raison de la relation de confiance qui existe
entre eux, il lui confie souvent une tâche
qu’elle peut mener à bien comme elle l’entend.
Si elle a besoin d’aide, elle peut compter lui.

• La diversité : plusieurs femmes figurent au


sein de la direction. Elle peut donc progresser
dans son entreprise. Les effectifs reflètent
également la diversité propre à sa clientèle,
avec diverses nationalités et cultures, atout
que l’entreprise ne manque pas d’exploiter.
Lorsqu’elle a affaire à une société espagnole,
des hispanophones participent à la
présentation.

• L’encadrement : Sophie a vu la direction de


l’entreprise à plusieurs reprises. Le P-DG et la
directrice de l’exploitation organisent
régulièrement des conférences auxquelles tout
le monde peut participer, sur place ou à
distance. La fois où Sophie a permis à
l’entreprise de signer un joli contrat avec un
très gros client, le P-DG est venu la féliciter
dans son bureau.

Dans l’entreprise de Sophie, les employés se


sentent impliqués dans l’activité. On gère ensemble
les succès comme les échecs. Du service courrier à
l’entrepôt en passant par la direction, tout le
monde est au courant des performances de
l’entreprise. Le style de leadership employé et la
culture instituée poussent tout le monde à œuvrer
pour le bien de la société. Les employés
s’investissent émotionnellement, considérant
l’entreprise comme une famille, dont ils se
soucient.

Votre lieu de travail est-il


émotionnellement intelligent ?
L’endroit où vous travaillez peut vous sembler
ennuyeux ou il est possible que vous travailliez
dans une organisation très intéressante. Vous êtes-
vous déjà demandé comment elle se situait par
rapport aux autres ? Et si elle pouvait être plus
intéressante et plus stimulante ?

Que pensez-vous vraiment de votre lieu de travail ?


Parcourez la liste suivante :

• J’aime vraiment mon travail ;

• Je connais précisément mon niveau de


performance au travail ;

• Je me sens bien dans mon entreprise ;


• Je perçois un salaire décent pour le poste que
j’occupe ;

• J’ai des avantages sociaux très intéressants ;

• J’ai rarement l’impression de faire trop


d’heures ;

• En règle générale, je ne suis pas trop stressé


au travail ;

• J’aime les gens avec qui je travaille ;

• J’ai le sentiment de faire partie d’une équipe


qui fonctionne bien ;

• J’ai de bonnes relations avec mon chef ;

• J’ai le sentiment d’être soutenu par mon chef ;

• Mon lieu de travail favorise la diversité ;

• Mon lieu de travail est calme ; les gens se


mettent rarement en colère ;

• Je fais confiance à la direction de mon


organisation ;

• Mon entreprise sait faire preuve d’audace


quand c’est nécessaire.

Voyez les énoncés de la liste précédente avec


lesquels vous êtes d’accord et ceux qui ne
correspondent pas à votre situation. Vous
souhaiterez peut-être lire le restant du chapitre
avant de poursuivre l’exercice. Pour identifier les
points qui posent problème dans votre cas, suivez
ces étapes :

❶ Inscrivez dans votre carnet le premier


élément de la liste précédente avec lequel vous
n’êtes pas d’accord. Par exemple, si vous avez
le sentiment de ne jamais avoir de retour sur
la qualité de votre travail, notez : « Je connais
précisément mon niveau de performance au
travail. »

Sous cet élément, inscrivez des idées sur la façon


dont vous pourriez remédier au problème afin que
l’énoncé illustre votre situation.

Si vous ne savez pas trop quel est votre niveau de


performance au travail, vous pouvez indiquer :
• Demander à mon chef ;

• Disposer d’objectifs clairs ;

• Demander à mes collègues ;

• Vérifier auprès des clients avec lesquels


je traite.
❷ Répétez les étapes 1 et 2 pour chaque énoncé
qui ne vous paraît pas correspondre à ce que
vous vivez au travail.

❸ Identifiez ensuite l’énoncé qui a le plus


d’importance à vos yeux.

❹ Cherchez comment opérer les changements


concernant l’énoncé en question. Consignez
vos idées dans votre carnet.

Plus vous avez d’énoncés avec lesquels vous êtes


d’accord, plus il y a de chances que vous travailliez
dans un environnement émotionnellement
intelligent. Bien entendu, aucun lieu de travail n’est
parfait, mais cette liste vous donnera une idée des
facteurs sur lesquels mettre l’accent pour travailler
dans un environnement le plus favorable possible à
votre épanouissement.

Recenser les forces de son lieu


de travail
Regardez les points que vous avez cochés dans la
liste précédente. Ceux avec lesquels vous êtes
d’accord peuvent vous renseigner sur les points
forts de votre environnement professionnel.
Par exemple, semblez-vous mieux aimer votre
travail proprement dit ou les personnes avec
lesquelles vous travaillez ? En matière de relations
humaines, qu’aimez-vous le mieux, travailler avec
votre équipe ou avec votre supérieur hiérarchique ?
Et à propos de votre lieu de travail proprement dit ?
Estimez-vous faire partie d’une organisation
gagnante ? Obtenez-vous ce que vous souhaitez de
votre supérieur ? Votre organisation offre-t-elle un
environnement où vous apprenez des choses ?
Avez-vous l’impression d’avoir une marge de
progression professionnelle ?

Apprenez à percevoir les meilleurs aspects de votre


situation professionnelle actuelle. Voyez si vous
pouvez tirer profit des forces de votre organisation.
Vous devez savoir ce qui fonctionne bien dans votre
lieu de travail. Si vous deviez envisager des
changements au sein de votre environnement, le
fait de connaître les points forts de votre
organisation vous permettra de les exploiter plus
efficacement.

Repérer les points à améliorer


Il est certainement des domaines de votre
environnement professionnel qui pourraient mieux
vous satisfaire. Dans la section « Votre lieu de
travail est-il émotionnellement intelligent ? »,
plus haut dans ce chapitre, notez les éléments
traduisant votre mécontentement dans certains
secteurs. Vous souhaiterez peut-être également
ajouter des aspects liés à votre lieu de travail actuel,
mais non traités dans cette section et qui vous
tracassent.

Des problèmes avec le travail


proprement dit
Concentrez-vous sur la nature du problème. Vous
n’aimez peut-être pas ce que vous faites, mais vous
avez pris ce poste parce que, à l’époque, c’était la
meilleure option s’offrant à vous. Portez un
jugement objectif afin de découvrir le type de
travail que vous aimez vraiment. Vous souhaiterez
peut-être vous poser les questions suivantes :

• Est-ce que j’aime les relations humaines dans


le domaine professionnel ?

• Est-ce que je préférerais passer mon temps


derrière l’ordinateur ou exécuter des tâches qui
n’impliquent pas d’échanger avec les autres ?
• Est-ce que j’aime vendre quelque chose aux
autres ?

• Est-ce que j’aime aider les autres à résoudre


des problèmes ?

• Est-ce que j’aime donner des explications aux


autres ou les former ?

• Est-ce que j’aime résoudre des problèmes ?

• Est-ce que je dispose des ressources dont j’ai


besoin pour faire mon travail ?

• Est-ce que j’aime mes conditions de travail ?

• Est-ce que je trouve mon travail enrichissant


ou ennuyeux ?

Si vous avez un problème avec votre travail


proprement dit, il vous faudra peut-être découvrir
les tâches que vous aimeriez vraiment exécuter et
vous demander si vous pouvez les trouver dans
votre environnement professionnel actuel. Voyez si
vous avez besoin d’une formation complémentaire
pour effectuer le travail qui vous plairait. Passez en
revue les possibilités d’évolution.

Le manque de ressources
Si vous estimez ne pas avoir suffisamment de
ressources (ou les bonnes ressources) pour
effectuer votre travail, abordez le problème avec
votre supérieur. Posez-vous les questions
suivantes :

• Mon lieu de travail répond-il à mes besoins ?

• Mes besoins sont-ils réalistes au vu de mes


conditions de travail actuelles ?

Vous devez prendre certaines décisions concernant


les conditions de travail que vous êtes disposé à
accepter. Si vous entrevoyez le bout du tunnel, vous
choisirez peut-être de patienter. Mais si vous vous
sentez dans une impasse, envisagez de changer de
poste dans votre organisation actuelle ou carrément
d’aller voir ailleurs.

Des problèmes avec certaines


personnes
Vous avez peut-être des difficultés à vous entendre
avec votre équipe ou vous sentez tout simplement
que l’alchimie ne réussit pas. Réfléchissez aux
raisons pour lesquelles le fonctionnement de
l’équipe n’est pas optimal. Les heurts entre les
membres de l’équipe sont-ils dus à des différences
de personnalité ? Êtes-vous en mesure de résoudre
les conflits existant au sein de votre équipe ?
Pensez-vous qu’avec un peu d’aide cette équipe
pourrait aller dans le même sens que vous ? Votre
supérieur a peut-être la possibilité de faire appel à
un coach pour améliorer le fonctionnement de
votre équipe. Bien entendu, si vous jugez les
difficultés insurmontables ou si vous ne souhaitez
pas consacrer le temps ni faire les efforts
nécessaires pour corriger le tir, demandez à
constituer une nouvelle équipe ou envisagez de
changer de poste ou d’emploi.

Vous pouvez découvrir que l’organisation pour


laquelle vous travaillez ne fonctionne pas au même
rythme que vous. Vous avez peut-être le sentiment
de ne pas être en osmose avec la direction, que
l’entreprise n’utilise pas une stratégie assez
agressive au sein du marché (ou qu’elle est trop
agressive), que votre environnement ne favorise
pas le développement des connaissances, ou bien
vous souhaitez travailler pour une organisation
plus en phase avec vos idéaux.

Savoir si son lieu de travail est


émotionnellement intelligent
Pour découvrir si votre lieu de travail est
émotionnellement intelligent, voyez comment les
employés réagissent au changement. Dans les
organisations émotionnellement intelligentes, les
gens adhèrent aux changements dès qu’ils en
perçoivent les avantages. Vous évoluez
probablement dans un lieu de travail
émotionnellement peu intelligent si, quand vous
demandez pourquoi l’entreprise agit d’une certaine
façon, on vous répond : « Eh bien, parce qu’on a
toujours fait comme ça. »

Voyez si certains des énoncés suivants s’appliquent


à votre lieu de travail :

• Je trouve mon environnement professionnel


passionnant ;

• Mon entreprise est considérée comme un


acteur de premier plan dans son secteur
d’activité ;

• Je cherche toujours des moyens de mettre en


œuvre de nouveaux processus ;

• Le changement est ancré dans la culture de


l’entreprise ;

• Dans mon organisation, les gens connaissent


la différence entre le bon et le mauvais stress ;
• Mes collègues se soucient de moi ;

• J’ai des amis au travail ;

• Dans mon organisation travaillent des


personnes très différentes ;

• Personne n’a peur de faire preuve d’audace,


en toute connaissance de cause ;

• Tout le monde se soutient au sein de mon


organisation ;

• Mon lieu de travail s’apparente à une famille


saine ;

• J’ai le sentiment de pouvoir parler avec les


personnes évoluant dans les hautes sphères de
mon organisation.

Trouver le bon équilibre entre


vie professionnelle et vie
personnelle
Quand je sillonne le monde pour effectuer des
présentations à des cadres et des employés aux
États-Unis, au Canada, au Mexique, en Europe, en
Asie, en Australie, en Afrique du Sud et en
Amérique du Sud, le thème de l’équilibre entre vie
professionnelle et vie personnelle revient toujours
sur le tapis. Bien que la mondialisation se
poursuive et que le monde se rétrécisse, les gens
semblent devoir travailler plus, réagir plus vite et
améliorer la qualité de leur travail. Résultat, ils ont
moins de temps pour leur famille, leurs amis et les
loisirs.

Quiconque se montre capable de trouver cet


équilibre a découvert l’un des secrets du succès
dans le monde du travail moderne. Tout le monde
veut gagner en rentabilité et productivité. Cela
implique également d’en faire plus avec un effectif
moindre. Bien entendu, si le nombre d’employés
diminue, ceux qui restent doivent travailler plus.
Bien que l’automatisation ait permis de diminuer la
main-d’œuvre, dans l’optique de prendre le pas sur
la concurrence, le facteur humain a pris de
l’importance dans les entreprises. Les ordinateurs
et les robots peuvent faire une multitude de choses,
mais ne sont pas bons dans plein de domaines.

Pendant que j’écrivais ce chapitre, j’ai dû passer


plus d’une demi-heure au téléphone avec les
services d’une grande compagnie aérienne. Si je
suis persuadé qu’ils ont des bonnes raisons d’avoir
diminué leurs effectifs, je comprends parfaitement
la surcharge de travail et le stress subis par ceux
qui restent et doivent maintenant prendre tous ces
appels.

Nous allons explorer ensemble les moyens de


mieux gérer le temps de travail et le temps
personnel. Il est généralement question de trouver
un certain équilibre, mais cela consiste plutôt à
jongler avec les priorités.

Connaître ses valeurs


Lorsque vous connaissez vos valeurs de base, vous
pouvez adapter votre emploi du temps à vos
objectifs en termes d’activités. Trop souvent, les
gens dressent des listes de choses à faire et passent
au hasard d’une urgence à l’autre. En vous fondant
sur vos valeurs, vous cernez mieux les domaines
auxquels vous estimez devoir accorder la priorité.

Par exemple, si la famille se place en tête de votre


liste, vous pouvez étudier comment organiser votre
vie en fonction d’elle. Accordez-vous à votre
domaine no 1 l’attention et les besoins nécessaires ?
Continuez à vous poser ces questions pour chacune
de vos priorités lorsque vous parcourez la liste
proposée ci-dessous.
Quelles sont les activités et les personnes les plus
importantes dans votre vie ? Classez dans votre
carnet les domaines suivants, par ordre décroissant
d’importance :

• Famille ;

• Travail ;

• Passe-temps ;

• Sport ;

• Santé et forme ;

• Conjoint ;

• Soi ;

• Activités d’apprentissage ;

• Loisirs ;

• Vie sociale et amis.

Créez maintenant dans votre carnet un camembert


tel que celui de la figure 12-1. Il représente le temps
que vous souhaitez consacrer à chacun de vos
domaines de valeur. Parcourez-le chaque mois pour
voir si vous conservez les mêmes priorités ou si
vous devez en changer.
Figure 12-1 Créez un camembert de valeurs détaillant ce à quoi vous
souhaitez consacrer votre temps.

Étudier son temps de travail


Admettons que le travail figure parmi vos toutes
premières valeurs. Quel sentiment avez-vous sur
votre temps de travail actuel ? Si vous êtes satisfait
du temps que vous y consacrez, à la fois au bureau
et en dehors, vous pouvez sauter le restant de la
section.

Peu de gens disent passer trop peu de temps au


travail. Que représente l’excès dans ce domaine ?
Quel est pour vous le temps de travail idéal ? Pour
vous aider à évaluer le temps de travail idéal en
fonction de vos besoins, procédez comme suit :

❶ Décidez le nombre d’heures que vous


souhaitez passer à travailler chaque jour de la
semaine.

Choisissez la quantité qui vous semble juste :

7 heures au maximum ;

8 heures ;

9 heures ;

10 heures ;

11 heures ou plus.

❷ Dans votre carnet, faites un tableau


représentant votre emploi du temps idéal.

Inspirez-vous du tableau 12-1.

Tableau 12-1 Emploi du temps idéal.

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche


Avant Petit Petit Petit Petit Petit Dormir Dormir
8 déjeuner déjeuner déjeuner déjeuner déjeuner
heures

De 9 Travail Travail Travail Travail Travail Petit Petit


heures déjeuner déjeuner
à midi / courses

De Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner


midi à
13
heures

De 13 Travail Travail Travail Travail Travail Ménage Famille


à
17
heures

De 17 Travail Exercice Passe- Exercice Famille/ Amis Famille


à physique temps physique dîner
19
heures

De 19 Famille/ Famille/ Famille Famille Famille/ Amis/ Famille/


à dîner dîner dîner dîner dîner
20
heures

De 20 Télévision Loisirs Amis Loisirs Amis Amis Télévision


heures
à
minuit

❸ Prenez maintenant votre emploi du temps


hebdomadaire actuel. Cochez les créneaux que
vous souhaitez modifier.
Par exemple, si vous souhaitez ne plus travailler le
mardi entre 18 et 19 heures, marquez ce créneau.

❹ Notez ce que vous préféreriez faire dans ce


créneau horaire.

Voir des amis, faire de l’exercice, lire, etc.

❺ Dressez la liste de ce qui vous empêche


d’établir votre emploi du temps idéal.

Elle peut comprendre des obstacles tels qu’une


tâche professionnelle particulière, une demande de
votre conjoint d’aller faire des courses ou du
soutien scolaire pour votre fils.

❻ Notez les moments où vous serez le plus


susceptible d’être dérangé.

❼ Envisagez certaines alternatives ainsi que des


moyens de réorganiser votre emploi du temps.

Supposons que vous souhaitiez voir un concert ou


un match en particulier. Comment pourriez-vous
vous organiser ?

Ne passez pas trop de temps sur l’exercice


précédent. Personne ne peut prédire l’avenir. Il est
simplement destiné à vous aider à vous préparer à
un éventuel changement. Souvent, l’obstacle le plus
important au changement se situe dans votre tête.
Par conséquent, en découvrant comment faire
preuve de souplesse, vous vous préparez aux
imprévus.

Se pencher sur toute sa vie


Réfléchissez à vos priorités (ou valeurs) dans la vie.
Il s’agit des choses les plus importantes à vos yeux
(passer du temps avec vos enfants ou votre
conjoint, apprendre sans cesse, faire un sport en
particulier ou vous adonner à un passe-temps). Au
lieu d’entamer votre programme de gestion du
temps en examinant la liste de toutes vos tâches,
commencez par prendre du recul pour avoir une
vue d’ensemble. Si vous établissez des priorités
dans la vie, vous pourrez (en vous fiant à votre
instinct) vous orienter vers la bonne voie et au bon
moment en exploitant le temps dont vous disposez.

Voici une activité qui peut vous aider, en ayant un


regard global, à fixer vos priorités dans la vie.
Procédez simplement comme suit :

❶ Calculez le temps que vous vous consacrez


dans l’emploi du temps de la section
précédente.
Notez dans votre carnet ce que vous faites à titre
personnel (en dehors du travail).

❷ Comparez le chiffre obtenu au temps que


vous souhaiteriez pouvoir vous consacrer.
Êtes-vous loin du compte ?

❸ Calculez le temps que vous consacrez à votre


famille, toujours sur la base du tableau de la
section précédente.

❹ Inscrivez le temps que vous aimeriez passer


avec votre famille dans l’idéal.

❺ Fixez les changements que vous aimeriez


apporter au temps que vous consacrez à votre
vie sociale.

❻ Comparez le temps que vous consacrez


actuellement au travail à votre durée idéale.

Notez la différence entre la durée actuelle et la


durée rêvée dans chacun de ces domaines.
Commencez à réfléchir aux ajustements possibles
pour que votre emploi du temps ressemble
davantage à celui que vous souhaitez. Gardez à
l’esprit qu’une journée ne fait que 24 heures et
qu’il faut quand même dormir un peu. Soyez donc
réaliste.
Gérer son temps implique de prendre de bonnes
décisions. Le fait de connaître vos priorités dans la
vie vous facilitera la prise de décision lorsque
plusieurs options s’offriront à vous. Devez-vous
rester travailler plus longtemps ou rentrer chez
vous pour vous détendre ? Devez-vous dîner avec
votre famille ce soir ou aller à la salle de sport ?

Dans un certain sens, toutes ces décisions sont des


jugements de valeur. La compréhension de vos
valeurs peut vous aider à optimiser la prise de
décision et à mieux gérer votre emploi du temps.
En outre, la gestion du temps et de la vie comprend
une forte composante émotionnelle. C’est parce
qu’elles sont harmonie avec elles-mêmes sur le
plan émotionnel que certaines personnes mènent
une vie équilibrée. Elles prennent des décisions en
s’appuyant sur leurs valeurs et le font donc l’esprit
tranquille, en étant satisfaites de leur choix.

Comment équilibrer travail et


vie personnelle
Le tableau créé dans les sections précédentes fait
office de guide pour trouver le juste équilibre entre
vie professionnelle et vie personnelle. Pas besoin de
respecter cet emploi du temps au pied de la lettre. Il
n’est pas toujours facile de trouver le parfait
équilibre, mais vous vous apercevrez qu’il existe
divers degrés de confort. En planifiant votre emploi
du temps en fonction du degré de confort trouvé,
vous serez en mesure de vous améliorer dans les
différentes activités pratiquées. Cela jouera
également sur votre humeur, vous deviendrez plus
calme et plus heureux dans votre vie.

L’utilisation d’un système fondé sur les valeurs


pour gérer votre temps et vos priorités permet de
prendre des décisions en toute connaissance de
cause. Quand vous devez choisir entre plusieurs
activités, vous avez une autre perception de la
situation.

Par conséquent, quand vous devez choisir entre


aller à la salle de sport et aller au restaurant avec
des amis, au lieu de choisir émotionnellement le
dîner (qui permet d’obtenir plus facilement un
plaisir, qui s’inscrit plus dans le court terme), vous
souhaiterez peut-être voir à quelle place se situent
les objectifs de rester en forme, prendre soin de
vous, perdre du poids, etc. dans votre liste de
priorités. Vous pourrez peut-être trouver un
compromis : faire de l’exercice, puis sortir dîner ou
rejoindre vos amis pour le café. Vos valeurs peuvent
jouer un rôle dans l’établissement de votre emploi
du temps.

Créer des équipes


émotionnellement intelligentes
Dans le monde professionnel actuel, le travail en
équipe est très souvent incontournable. Les
activités des entreprises sont souvent trop
complexes pour être menées par une seule
personne. À un moment ou à un autre, vous devez
échanger avec les autres.

Prenons l’histoire de Maurice, qui déteste travailler


avec les autres. Il est en partie devenu
programmeur parce que ce métier lui permettait de
travailler dans son coin, sans personne pour
l’ennuyer. Rester les yeux rivés sur l’écran,
résoudre des problèmes complexes, c’est le paradis
pour Maurice.

Malheureusement, quand il a commencé à


travailler chez un éditeur de logiciels de taille
moyenne, il est devenu un rouage d’un vaste projet.
Il écrit des programmes qui doivent s’intégrer à
ceux créés par d’autres programmeurs, les
membres de l’assistance technique lui posent sans
arrêt des questions, auxquelles il faut répondre
immédiatement, sur les problèmes rencontrés par
les utilisateurs, et le chef de projet a besoin
d’informations sur les jalons et délais.

« Si on pouvait me laisser programmer


tranquille », soupire Maurice.

Comment des personnes telles que Maurice


s’adaptent-elles au monde du travail moderne ?
Doit-il changer sa personnalité pour s’adapter à ses
fonctions ? Doit-il fuir le monde de l’entreprise ? Il
doit peut-être trouver un moyen d’avoir de bonnes
relations avec les autres, même si cette perspective
ne l’enchante guère à cet instant.

Le monde du travail d’aujourd’hui est face à un


défi : constituer des équipes solides et s’assurer que
les employés s’adaptent au travail en équipe.
Certaines personnes sont plus faites que d’autres
pour faire partie d’un groupe. Néanmoins, tout le
monde doit s’adapter d’une manière ou d’une
autre.

Définition d’une équipe (au


travail)
Une équipe est généralement constituée de
plusieurs personnes devant communiquer ou
travailler ensemble pour exécuter une tâche ou
mener à bien un projet.

L’équipe peut organiser des réunions, échanger en


ligne ou avoir n’importe quelle autre interaction.
Une certaine forme de communication ou
coopération se met en place et la réalisation, avec
succès, de la tâche, de la fonction ou du projet
nécessite cette interaction.

Voici des secteurs dans lesquels évoluent des


équipes :

• Vente ;

• Recherche et développement ;

• Marketing ;

• Direction ;

• Service client ;

• Production ;

• Finance ;

• Enquête ;

• Contrôle qualité ;
• Assistance technique ;

• Gestion d’entrepôts ;

• Interfonctionnel ;

• Prospection.

Les équipes fonctionnant le mieux ont des objectifs


compris de tous leurs membres, très précis et
clairement définis par le chef d’équipe, avec des
délais et des responsabilités partagées.

Comprendre ce qui fait


fonctionner une équipe
Pour qu’une équipe fonctionne bien, il faut de
nombreuses conditions, dont la compétence du chef
d’équipe, qui doit agir comme un coach. Sa mission
implique notamment de s’assurer que chaque
membre de l’équipe comprend parfaitement sa
fonction et le délai imparti. Chacun doit :

• Savoir pourquoi il fait partie de l’équipe


(compétences spéciales, par exemple) ;

• Connaître ses fonctions au sein de l’équipe ;

• Les dates de fin des tâches ou activités dont il


a la charge ;
• Savoir avec qui il doit communiquer et à quel
moment ;

• Savoir quand l’équipe peut considérer qu’elle


fonctionne bien.

Quand tout le monde comprend son rôle, celui des


autres et le but de l’équipe, les chances de succès
s’en trouvent grandement accrues.

Une équipe est constituée d’individus, et pour


qu’elle fonctionne bien, ses membres doivent
travailler de concert. Les équipes dont les
personnes ont une très grande intelligence
émotionnelle sont généralement très efficaces. Les
membres de l’équipe doivent avoir conscience de
leurs propres émotions mais aussi de celles de leurs
collègues. Cela leur permet de mieux se maîtriser
(ne pas dire des choses susceptibles de contrarier
les autres) et de mieux traiter leurs collègues (être
sensibles à leurs besoins).

Voici des éléments essentiels au succès d’une


équipe :

• Délais : au sein d’une équipe, tout le monde


doit tenir compte des retards de l’autre. Si je
dépends de vous pour faire quelque chose, je
dois savoir si vous êtes dans les temps. Si vous
prenez du retard pour une raison ou pour une
autre, je dois être au courant. Le pire scénario
serait que vous ne me disiez absolument rien.
Si je suis informé de votre retard, je vais
pouvoir planifier d’autres activités dans
l’intervalle.

• Respect : pas besoin d’être les meilleurs amis


du monde avec tous les membres de l’équipe. Il
faut simplement un respect mutuel afin que
l’équipe fonctionne toujours de manière
professionnelle.

• Confiance : un climat de confiance doit


également s’instaurer entre les membres de
l’équipe. Vous devez être certain que l’intérêt
de l’équipe est la préoccupation majeure de vos
collègues, sous peine de perdre du temps à
essayer de deviner leurs intentions. Cela peut
nuire à votre motivation et diminuer
l’efficacité de l’équipe. Si un membre semble
être trop égoïste, son attitude et son
comportement peuvent empêcher le bon
fonctionnement de l’équipe. Les membres
doivent régulièrement témoigner de la
reconnaissance, faire des compliments à leurs
pairs et ne jamais s’approprier le travail d’un
autre.

• Soutien : l’entraide est présente au sein d’une


équipe efficace. Les membres apportent sans
hésiter leur soutien à leurs collègues en cas de
besoin. Dans les équipes brillantes, ce soutien
est quasi automatique. Il contribue à bien gérer
le stress négatif que peuvent éprouver les
membres lorsque l’équipe doit travailler sous
pression.

Accroître l’intelligence
émotionnelle de ses équipes
Que se passe-t-il quand certains membres de
l’équipe sont plus émotionnellement intelligents
que d’autres ? Si c’est le cas dans votre équipe, vous
devez le savoir parce que certains sont peut-être
plus solidaires que d’autres. En outre, les
personnes à l’intelligence émotionnelle moindre
ont plus besoin de l’intervention du chef d’équipe
que les autres. Avoir conscience des capacités de
chacun dans ce domaine peut vous aider à mieux
comprendre ses comportements, cette
compréhension renforçant votre tolérance et vous
permettant, dans l’idéal, de vous montrer plus
productif.

Vous pouvez découvrir et développer l’intelligence


émotionnelle des membres de votre équipe en
faisant appel à un coach spécialement formé en la
matière. Le fait de disposer d’une mesure objective
et validée de l’IE vous offre des données précieuses
et vous permet de fixer des objectifs pour
progresser dans ce domaine.

Voici comment vous pouvez faire progresser l’IE


des membres de votre équipe :

• Améliorer les capacités relationnelles des


membres de l’équipe afin qu’ils puissent
mieux communiquer entre eux ;

• Faire en sorte qu’ils fassent preuve de plus


d’empathie, afin qu’ils se comprennent mieux
et que cela diminue les interprétations
erronées ;

• Gérer mieux le stress afin de ne pas nuire aux


missions de l’équipe ;

• Accroître la prise de conscience émotionnelle


afin de pouvoir gérer les émotions lorsque la
situation est tendue ;
• Obtenir un meilleur contrôle des pulsions, car
les conflits naissent souvent d’un propos trop
négatif formulé sans réflexion ;

• Accroître l’optimisme afin que l’équipe


s’attache à aller de l’avant ;

• Développer les capacités à résoudre les


problèmes.

Améliorer l’intelligence
émotionnelle de son lieu de
travail
Vous ne vous sentez peut-être pas en position
d’améliorer l’intelligence émotionnelle de votre
environnement professionnel. Et pourtant, une
seule personne peut amener à des changements
importants au sein d’une organisation.

Si vous connaissez très bien un aspect précis de


votre organisation, vous pouvez faire part à vos
collègues de ce qui fonctionne bien et moins bien. Il
faut bien sûr vous montrer constructif et positif,
c’est-à-dire éviter de vous plaindre. En offrant des
solutions ou en proposant d’en chercher, vous
deviendrez un atout précieux pour votre
organisation.

Commencer par soi-même


Commencez par vous-même et votre domaine de
compétence. Vous êtes un expert en la matière.
Vous passez probablement plus de temps dessus
que n’importe qui d’autre. Quels problèmes avez-
vous remarqués dans votre environnement
professionnel ? Quels changements pourraient vous
rendre plus efficace ? Comment faire pour fournir
un travail de meilleure qualité ?

Voici des éléments à prendre en compte concernant


votre rôle dans votre organisation :

• Pouvez-vous gagner en efficacité d’une


manière ou d’une autre ?

• Pourriez-vous modifier votre approche pour


rendre votre travail plus passionnant ?

• Êtes-vous insuffisamment rémunéré ?

• Est-ce qu’une formation vous permettrait


d’être plus efficace ?

• Vos collègues travaillent-ils suffisamment en


équipe ?
• Votre supérieur pourrait-il mieux vous aider
en devenant un meilleur coach ?

• Pourriez-vous gérer votre temps de manière


plus productive ?

Prenez-vous pour un expert d’une redoutable


efficacité. Si vous dirigiez une division ou une
entreprise, que changeriez-vous ? Dressez une liste
de suggestions, en n’oubliant pas que vous
recherchez des solutions et non des problèmes.

Influencer ses collègues


Une fois dressée la liste des mesures susceptibles
de rendre votre environnement professionnel plus
productif et passionnant, vous souhaiterez peut-
être tester vos idées auprès de quelqu’un. Voici par
exemple comment procéder :

❶ Répondez aux questions suivantes pour


chaque élément de la liste :

– Ce changement est-il réalisable ?

– Qu’en penseraient mes collègues ?

– Qu’en penserait mon supérieur ?

– L’entreprise le soutiendrait-elle ?
– Quelle serait son influence sur mon
travail ?

❷ Déterminez les trois meilleures suggestions,


sur la base de votre évaluation des questions
de l’étape 1.

Choisissez la suggestion ayant le plus de chances


d’être efficace et acceptée par les autres.

❸ Choisissez un collègue que vous connaissez


bien et dont le jugement est toujours
pertinent.

❹ Parlez avec lui autour d’un café de certains


aspects du travail.

Expliquez-lui que vous avez réfléchi à des moyens


d’être plus efficace et épanoui dans votre travail.

❺ Mentionnez l’un des problèmes rencontrés.

❻ Présentez-lui vos propositions de


changement et demandez-lui son avis.

Prêtez attention à ses signaux verbaux et non


verbaux. Que vous disent l’expression de son visage
(voir le chapitre 7) et son langage corporel (voir le c
hapitre 5) ? S’agit-il de signaux positifs ? Votre
collègue vous semble-t-il enthousiaste ou adhérer
à vos propositions ? Qu’en pense-t-il au final ?
Présentez vos trois suggestions, puis voyez
comment elles sont reçues. Votre collègue pourra
peut-être vous faire part d’une idée à laquelle vous
n’aviez pas pensé. Servez-vous de cette
conversation pour modifier ou peaufiner vos
propositions. L’une de vos suggestions est-elle tout
simplement irréalisable ? Ne vous mettez pas sur la
défensive en cas de commentaires négatifs de la
part de votre collègue. Déterminer les défauts de
vos suggestions peut vous aider à modifier ou
carrément abandonner votre proposition. Il vaut
mieux renoncer à ce stade plutôt qu’après avoir
passé de longues heures, mis beaucoup d’énergie et
mobilisé toute une équipe.

Attendez ensuite un jour ou deux avant de faire un


bilan de l’entretien avec votre collègue. Si ce
dernier a fait des commentaires positifs sur une ou
plusieurs de vos idées, vous souhaiterez peut-être
rencontrer un autre collègue pour avoir un avis
supplémentaire. Prenez bien sûr en compte les
éventuelles critiques constructives.

Gérer son supérieur


Vous avez en tête des idées géniales, dont vous avez
révélé la teneur à vos collègues (voir la section
précédente), vous êtes prêt à les soumettre à votre
supérieur hiérarchique. Préparez soigneusement
votre démarche, car il s’agit d’une situation
potentiellement délicate. Bien entendu, si vous avez
d’excellentes relations avec un supérieur
compétent, cette conversation devrait se passer
parfaitement. Après tout, les changements
proposés sont dans votre intérêt à tous les deux.

Si votre chef est du genre à se mettre sur la


défensive ou à protéger son pré carré, faites preuve
de créativité pour présenter vos idées. Voici
comment vous pouvez vous y prendre :

❶ Convenez d’un moment où vous pourrez vous


rencontrer pour parler de vos performances.

Il est préférable que vous ne soyez pas


interrompus. N’abordez donc pas le sujet entre
deux portes.

❷ Commencez par donner à votre supérieur


votre sentiment général sur votre travail et
l’environnement dans lequel vous évoluez.

Commencez toujours par une note positive. Dites


quelque chose de ce genre : « Vous savez, j’aime
vraiment ce que je fais et je suis ravi de faire partie
de cette équipe. » Il s’agit d’obtenir le soutien de
votre supérieur. Vous pouvez donc poursuivre en
disant : « J’ai réfléchi à des solutions pour
améliorer ma productivité et apporter une plus
grande contribution. »

❸ Évaluez son intérêt. Vous prête-t-il toute son


attention ?

S’il ne donne aucune indication sur son sentiment,


soyez direct, en disant par exemple : « Est-ce que
c’est un sujet qui vous intéresse ? » À ce stade,
vous savez s’il est réceptif. Si c’est le cas, vous
pouvez exposer le problème : « J’ai remarqué que
nous perdons des clients parce que nous ne
répondons pas à toutes leurs questions lors du
premier contact. » S’il n’est pas réceptif, dites par
exemple : « Si vous êtes très occupé, nous pouvons
reparler de ça à un autre moment. » Il a
maintenant le choix de poursuivre ou reporter cette
conversation. S’il n’est pas intéressé, vous devrez
déterminer s’il faut refaire une tentative ou vous
adresser à un autre membre de l’encadrement.

❹ Déterminez si votre supérieur perçoit bien la


nature du problème.

Si nécessaire, précisez la gravité de la situation.


Combien de clients ? Combien cela coûte à
l’entreprise ?

❺ Proposez votre solution.

Vous pourriez dire quelque chose de ce genre : « Je


réfléchissais, si je pouvais avoir accès aux gens de
la R & D et du marketing quand je suis en contact
avec un client, je pourrais répondre à toutes leurs
questions sans avoir besoin de les rappeler et jouer
au chat et à la souris par téléphone pendant une
semaine ou deux. »

❻ Soyez prêt à entendre des objections. Votre


supérieur pourrait soulever des problèmes
d’ordre pratique.

Si vous avez très bien réfléchi au problème, fait le


tour des autres solutions et peser le pour et le
contre de chacune d’elles avant la réunion, vous
êtes prêt à répondre à ces objections. Par exemple,
vous pouvez dire : « Eh bien, j’ai vérifié auprès de
William, de la R & D et de Martine, du marketing.
Ils m’ont dit qu’ils pouvaient prendre le client au
téléphone pour répondre aux questions qui les
concernent. »

❼ Voyez si votre supérieur semble favorable à


votre idée.
Par exemple, poursuit-il la conversation afin
d’essayer de résoudre le problème ? Vous apporte-
t-il son appui ou vous critique-t-il ? À ce stade,
vous devriez avoir une idée assez précise du soutien
que peut vous apporter votre entreprise ou tout du
moins votre supérieur. Si vous parvenez à vos fins,
vous aurez montré votre capacité à contribuer à
l’amélioration de votre organisation, ce qui vous
vaudra peut-être au passage, avec un peu de
chance, une récompense. Si votre tentative se solde
par un échec, et si vous trouvez que vos efforts ne
sont jamais récompensés, vous souhaiterez peut-
être changer de service, voire d’entreprise.

Viser l’excellence
Vous avez peut-être des idées pour améliorer votre
lieu de travail qui vont au-delà de vos fonctions,
voire de votre département. Après avoir fait vos
preuves grâce aux améliorations apportées à votre
poste, vous souhaitez peut-être proposer des
changements d’ordre général que les dirigeants de
votre organisation pourraient opérer. Avant de
soumettre vos idées au responsable des ressources
humaines ou à un autre cadre-dirigeant, parlez-en
à votre supérieur afin d’avoir sa bénédiction.
Pensez à toujours tenir votre chef au courant. Une
fois que vous avez l’autorisation d’en parler à un
autre cadre, convenez d’un rendez-vous à un
moment opportun. Dans certains cas, vous
souhaiterez peut-être que ce soit votre responsable
qui se charge d’organiser l’entretien, voire qu’il y
participe. Soyez fin prêt, préparez une synthèse de
votre suggestion et de vos arguments. Suivez la
méthode utilisée pour aborder la question avec
votre supérieur (voir la section précédente).

Si votre suggestion est adoptée, félicitations ! Vous


avez influé de manière positive sur votre
organisation. Si vous essuyez un refus, ne vous
inquiétez pas. Vous serez toujours considéré
comme quelqu’un qui se soucie de son lieu de
travail et qui fait son possible pour l’améliorer.

Cette quête d’excellence permet aussi de faire vivre


vos valeurs et de donner pleinement sens à votre
travail…

Il y a bien longtemps, au Moyen


Âge, trois hommes sur un chantier
étaient occupés à transporter une
lourde pierre.
Un passant intrigué leur demanda
ce qu’ils faisaient.
Le premier répondit : « Je porte
une pierre. »
Le deuxième lui dit : « Je gagne
ma vie. »
Et le dernier s’exclama : « Je bâtis
une cathédrale ! »
DANS CE CHAPITRE
Pourquoi la première année de fac est-elle si difficile ?

Savoir quand on fait fausse route

Retrouver le bon chemin

Se fixer des objectifs à long terme

Chapitre 13
Réussir à l’université en
faisant preuve d’intelligence
émotionnelle
L ’université est un passage passionnant,
transition entre l’adolescence vécue au lycée et
l’âge adulte qui se matérialise par une entrée dans
le monde du travail. C’est également une aventure
pendant laquelle vous testez votre sens des
responsabilités et découvrez l’indépendance, avec
une liberté toute nouvelle, les fêtes étudiantes et
d’autres distractions de la vie universitaire.

De nombreux étudiants abordent cette période


pleins d’espoirs et de rêves, tandis que d’autres
sont très inquiets de ce qui les attend. Les lycéens
sont très peu préparés à l’université, qui part du
principe que si on répond aux critères d’admission,
c’est qu’on est prêt.

Lorsqu'Audrey arrive à l’université, elle est


enthousiaste. Elle a réfléchi à tous les changements
qu’elle va connaître : la chance de rencontrer de
nouvelles têtes, la possibilité de vivre seule pour la
première fois et d’être indépendante. C’est le début
d’une expérience géniale.

Audrey est la candidate idéale à l’université. Elle a


obtenu une mention très bien à son bac, était très
appréciée de ses professeurs et de ses pairs. Le choc
s’est produit quand elle a loupé sa première année.

Malheureusement, le cas d’Audrey n’est pas du tout


isolé. Ce chapitre offre un kit de survie aux
étudiants désireux d’améliorer leur intelligence
émotionnelle afin de réussir leurs études.
Pourquoi les échecs en
première année de fac sont-ils
si nombreux ?
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche, un étudiant sur deux échoue à la
fin de la première année d’université et 25 %
d’entre eux quittent définitivement le système
universitaire. Le taux de réussite en fin de
deuxième année est plus satisfaisant (76 %). Un
plan pluriannuel a été mis en place pour rénover le
contenu de la licence, favoriser une maîtrise
progressive des connaissances et améliorer
l’orientation et l’accompagnement des étudiants.

Dans une série d’études menées par le professeur


James Parker et ses collègues de l’université Trent,
au Canada, les chercheurs ont suivi des étudiants à
travers les États-Unis et le Canada au cours de leur
première année. Ils ont testé leur intelligence
émotionnelle à l’aide de l’EQ-i (test qui mesure
l’intelligence émotionnelle), au début de cette
première année. En comparant leurs notes au lycée,
leur progression pendant la première année de fac
et leurs scores à l’EQ-i, Parker a découvert que les
scores de QE laissaient prévoir de manière plus
précise les abandons. Les étudiants qui
poursuivaient leurs études présentaient des scores
significativement plus élevés à la plupart des
aspects de l’IE que les étudiants qui les
abandonnaient (le chapitre 4 décrit en détail l’EQ-
i).

Adieu cher lycée, bienvenue à


l’université !
Au lycée, quand vous étiez en terminale, vous étiez
un gros poisson dans une mare relativement petite.
Selon la taille de votre lycée, vous connaissiez de
nombreux élèves des différentes terminales et
l’inverse était vrai aussi. Vos professeurs
connaissaient votre prénom, ainsi que vos
performances.

Le lycée est un endroit peu déroutant. Certains s’y


sentent très à l’aise, même si d’autres ont du mal à
s’y habituer, surtout ceux qui n’ont pas beaucoup
d’amis. Au bout d’un moment, vous connaissez
votre lycée comme votre poche. Vous savez où
trouver les choses et les gens.

Pour la plupart des lycéens, la vie est simple : vous


rentrez dans votre famille tous les soirs et
quelqu’un s’occupe des repas, du linge et du
ménage. Les seules questions que vous vous posez
concernent votre vie sociale, vos loisirs et la façon
de dépenser votre argent.

L’entrée à la fac est plutôt passionnante. Tout est


nouveau. Vous commencez par rencontrer de
nouvelles personnes. Vous connaissez peut-être
déjà du monde, notamment certains qui étaient au
lycée avec vous, mais les étudiants viennent
souvent des quatre coins de la France.

Si vous entrez dans une université loin de chez


vous, vous allez vivre dans un nouvel endroit, peut-
être en colocation avec un(e) inconnu(e). Vous
devrez vous adapter immédiatement à ses
habitudes. Avec un peu de chance, cette personne
aura les mêmes goûts (en musique, pour la
décoration) et le même rythme que vous (par
exemple, elle est un oiseau de nuit ou se lève tôt).

À l’université, vous assistez, dans de grands


amphithéâtres, à des cours dispensés par des
professeurs qui ne savent pas qui vous êtes ni si
vous êtes présent ou absent à leur cours. Du jour au
lendemain, les étudiants de première année doivent
prendre des notes (sans qu’on leur dise quoi noter)
et suivre le programme de partiels (sans qu’on leur
rappelle systématiquement les dates). Le plus
grand choc (surtout si vous étiez brillant au lycée)
se produit lorsque vous recevez la note de votre
premier partiel, qui peut vous paraître bien
insuffisante.

Les soirs et week-ends sont également de nouvelles


expériences, car vous gérez votre temps comme
vous l’entendez. Est-ce que vous allez boire un
verre avec vos camarades ou bosser votre partiel ?
Et les corvées telles que les courses, la lessive et le
ménage ? Vous n’avez peut-être jamais eu à vous
en charger par le passé.

La vie à l’université est très différente de la vie au


lycée. Vous ne pouvez utiliser les bonnes vieilles
recettes qui fonctionnaient encore l’an dernier.
Vous devez vous adapter aux changements dans la
vie quotidienne, dans la façon d’étudier, liés aux
partiels, aux cours magistraux et aux
fréquentations.

Les problèmes rencontrés par


les étudiants de première
année
L’entrée à l’université est un bouleversement pour
les étudiants. Certains changements sont
suffisamment problématiques pour provoquer
carrément l’abandon des études. Vous pensez peut-
être que l’insatisfaction est la raison essentielle
pour laquelle nombre d’étudiants arrêtent la fac.
Une enquête américaine portant sur la première
année d’université a abordé justement ce thème de
l’insatisfaction. En fait, près des trois quarts des
étudiants sondés étaient « satisfaits » ou « très
satisfaits » de leur expérience universitaire.

La plupart des étudiants étaient satisfaits de la


qualité de l’enseignement, de la pertinence du
système de contrôle des connaissances, des
rapports avec le corps enseignant, du campus et du
choix d’activités sociales.

Élément intéressant, quand on les interrogeait sur


leur expérience de la première année, si la plupart
disaient étudier et parler de leurs cours avec leurs
camarades, ils étaient nombreux à avouer se
détacher de leurs études :

• Plus de la moitié des étudiants interrogés


disait arriver en retard en cours ;
• Près de la moitié rendait des devoirs dont le
niveau était inférieur à ses capacités ;

• Près de la moitié s’ennuyait en cours ;

• Un tiers séchait les cours, au moins


occasionnellement.

Voici certains changements signalés par les


étudiants en fin de première année par rapport à
leur comportement en début d’année :

• Ils passaient plus de temps à étudier, à faire la


fête et à fréquenter leurs amis ;

• Ils passaient moins de temps à faire le


ménage, de l’exercice, du bénévolat, et à lire
pour le plaisir ;

• Ils buvaient plus de bière, de vin ou d’autres


boissons alcoolisées ;

• Ils étaient moins soucieux de ce que leur


coûtaient leurs études.

Ces conclusions concordent avec celles de


précédentes enquêtes sur ce groupe, montrant que
les problèmes suivants n’ont pas été vraiment
traités :
• Plus d’un tiers des étudiants disait se sentir
« souvent submergés par tout ce qu’ils avaient
à faire » ;

• Plus d’un tiers se sentait « fréquemment »


ou « occasionnellement » :
• Seuls ou nostalgiques ;

• Inquiets de rencontrer de nouvelles


personnes ;

• Tristes d’être obligés de s’éloigner de


leur famille pour réussir.

Côté positif, ces étudiants ont également dit :

• Qu’« aider ceux en difficulté » et « apporter


une dimension spirituelle à leur propre vie »
étaient des « objectifs personnels essentiels »
ou « très importants » ;

• Qu’ils avaient considérablement progressé


dans la connaissance d’eux-mêmes pendant
leur première année universitaire.

Selon Chip Anderson, ancien administrateur de


l’université d’UCLA qui a participé à des enquêtes,
« plus d’étudiants quittent la fac à cause d’une
désillusion, d’un découragement ou d’une baisse de
la motivation qu’en raison d’un manque de
capacités ou d’une non-admission en deuxième
année ».

Se préparer aux problèmes


émotionnels et sociaux
Nouer de nouvelles relations est l’un des premiers
défis que doivent relever les étudiants lorsqu’ils
commencent la fac. S’ils y parviennent, cela peut
leur permettre de mieux surmonter les autres
difficultés rencontrées. Les amis proches
représentent un soutien social. La création de
relations interpersonnelles est une composante
importante de l’intelligence émotionnelle.

L’entrée à l’université modifie les relations


familiales et amicales. La transition est souvent
difficile. Certains étudiants sont trop souvent
dépendants de leurs parents quand il s’agit de
prendre des décisions. En outre, il n’est pas rare
que cette transition mette à mal une relation
amoureuse à cause de la séparation. Si la relation
ne résiste pas à la nouvelle situation, c’est un stress
supplémentaire à gérer. Dans ces circonstances, les
étudiants ont besoin d’une dimension de
l’intelligence émotionnelle pour surmonter ces
difficultés : l’indépendance (voir le chapitre 2).

Savoir vous montrer plus indépendant en terminale


peut présenter des avantages. Vous pouvez
commencer à vous occuper de votre linge, des
repas, de votre temps et de votre budget.

La plupart des étudiants ont développé au lycée


certaines habitudes ou ont soigneusement évité
d’en adopter. Lorsque des habitudes ont été prises,
il faut les adapter à la vie à l’université, laquelle
comprend moins de surveillance et de facilités
matérielles. Les étudiants doivent contrôler leurs
pulsions afin de résister à la tentation de s’adonner
à des activités susceptibles de les détourner de
leurs études.
Prendre une longueur d’avance

Pourquoi ne pas modifier votre façon d’étudier


pendant que vous êtes encore au lycée ? Vous
pouvez commencer à vous montrer discipliné. Par
exemple, prévoyez un emploi du temps
suffisamment souple pour pouvoir le modifier en
cas de besoin (faites-vous un emploi du temps
hebdomadaire comprenant vos cours et les
horaires consacrés au sport, aux amis et aux
devoirs, de façon à mieux gérer votre temps ;
entraînez-vous à bien respecter votre planning).

Veillez à programmer les devoirs dans les moments


où vous êtes reposé et vif d’esprit. Ne prenez pas
l’habitude de bachoter tard la veille d’une interro.
Installez-vous également dans un endroit calme
pour étudier. Vous pouvez travailler par tranches
de 30 à 45 minutes, en avalant quelque chose
entre deux séances. La gestion du temps et de la
scolarité vise bien entendu à vous rendre
performant.

Enfin, pour bien vous adapter, à la fois à l’université


et à la vie d’adulte, vous devez acquérir une
certaine indépendance, à travers des activités telles
que la gestion de votre budget et de votre temps,
ce qui nécessite des aspects de l’intelligence
émotionnelle comme l’indépendance et le contrôle
des pulsions.

Être attentif aux signes de


décrochage
Comment savoir si vous (ou votre enfant) êtes en
train d’échouer à l’université ? Vous pouvez être
attentif à un certain nombre de signes :

• Un changement d’humeur (la personne est


généralement plus déprimée ou irascible que
d’habitude) ;

• Une tendance à moins communiquer avec les


autres ;

• De mauvaises notes ;

• L’habitude de dormir tard, voire de faire la


sieste l’après-midi ;

• Une tendance à ne pas prendre soin de soi ;

• Un manque de motivation ;

• Peu d’émotions exprimées ou surtout des


émotions négatives ;
• Une tendance à accuser systématiquement les
profs de donner de mauvaises notes, de faire
des cours ennuyeux, et à se montrer injuste
dans ses jugements ;

• Un point de vue et des propos négatifs sur


l’université ;

• Peu ou pas d’amis ;

• Une consommation accrue d’alcool ou de


médicaments.

Bien qu’aucun de ces signes ne traduise


l’imminence d’un échec, observez le
comportement. Si vous remarquez au moins trois
tendances parmi celles de la liste précédente,
parlez-en. Si c’est vous l’étudiant, rapprochez-
vous d’un conseiller d’orientation de l’université. Si
vous êtes le parent, demandez à votre enfant (de
manière générale et avec bienveillance) comment
ça se passe à la fac.

S’adapter à la première année


universitaire
La première année de fac est une période de
changement. Prenez-la pour un banc d’essai. Si
quelqu’un arrête l’université, c’est généralement
en cours de première année. Par conséquent, si
vous franchissez avec succès cette première année,
vous avez plus de chances d’aller jusqu’au bout.
Voici des changements auxquels vous devez vous
préparer :

• L’organisation des cours : en raison du


nombre de cours magistraux, les contacts
entre étudiants et professeurs sont moins
nombreux qu’au lycée.

• Le style d’enseignement : il existe des


différences par rapport au lycée. À l’université,
les cours magistraux ont lieu le plus souvent
en amphithéâtre, alors qu’au lycée, les
professeurs essaient généralement de s’assurer
que tout le monde suit.

• Les conseils : au lycée, on vous rappelle


régulièrement les dates des devoirs.
Généralement, les profs précisent les
informations importantes à retenir. À
l’université, vous n’avez pas d’indications
précises sur les parties du programme risquant
de tomber lors des partiels.
D’importants changements interviennent
également dans votre vie sociale en première année
de fac, car vous quittez souvent les amis et la
structure familiale :

• L’indépendance : vous devez assumer de


nouvelles responsabilités (préparation des
repas, lessives, budget, etc.).

• La vie sociale : vous devez également vous


faire de nouveaux amis, faire appel à des
personnes pour rattraper les cours manqués ou
préparer les partiels et aider les autres dans
d’autres domaines.

Savoir si la première année se


passe bien
Il peut vous arriver d’être tellement absorbé par les
difficultés quotidiennes de votre première année
que vous n’avez pas le sentiment d’être sur une
pente dangereuse. Petit à petit, vous arrivez en
retard ou loupez carrément certains cours. Vous
décidez de ne pas accomplir le travail nécessaire.
Après tout, le prof l’a conseillé, mais il ne va pas
aller vérifier si vous avez lu ce bouquin.
Il est plus facile de passer du bon temps avec les
copains que de réviser pour les partiels. Si vous
vous présentez aux examens sans avoir travaillé,
vous risquez d’avoir de sales notes. Les résultats
aux partiels et autres devoirs sont une indication de
vos performances dans votre nouvelle vie
d’étudiant.

Prêtez également attention à votre humeur. Êtes-


vous plus irritable que d’habitude ? Les autres ont-
ils du mal à vous côtoyer ? Observez vos
sentiments. Il est possible que vous soyez trop
occupé pour vous rendre compte de l’impression
que vous laissez aux autres.

Suggestions pour retrouver le


droit chemin
Si vous estimez ne pas être heureux dans votre vie
universitaire, découvrez d’abord si vous avez choisi
la bonne voie. Si le contenu des cours vous déçoit,
vous souhaiterez peut-être revoir votre orientation.
Les cours de première année sont souvent très
généraux et ne traitent donc peut-être pas le
domaine précis qui vous intéresse. Soyez patient et
persévérant, vous suivrez les cours intéressants par
la suite.

Échangez avec vos amis, anciens comme nouveaux.


Comparez leur expérience de l’université à la vôtre.
Avez-vous l’impression d’être sur la même
longueur d’onde que les autres ? Découvrez ce
qu’ils aiment et n’aiment pas à la fac. Évaluez vos
soucis respectifs. Si vous constatez que vous êtes
bien plus négatif qu’eux, envisagez de consulter le
conseiller d’orientation de l’établissement.

Vous ne parvenez peut-être pas du tout à allier


études et activités personnelles. Vous trouverez
peut-être dans votre université un module qui vous
permettra d’acquérir les capacités nécessaires pour
la gestion du temps.

Vous avez peut-être du mal à vous adapter à la vie


universitaire. Vos amis, vos parents ou votre ancien
partenaire vous manquent. Passez-vous des appels
et envoyez-vous des courriels ? Avez-vous prévu de
leur rendre visite ? Peut-être devriez-vous fixer la
date de votre prochain retour dans votre famille et
l’inscrire sur votre calendrier.
Identifier les problèmes
possibles
Vous devez tout d’abord trouver ce qui ne va pas
dans votre vie universitaire :

• Vous êtes loin de chez vous ;

• La charge de travail est trop lourde ;

• Vous avez du mal à vous entendre avec les


autres ;

• Vous ne vous êtes pas fait d’amis ;

• Les profs ne vous conviennent pas ;

• Vous ne gérez pas bien votre temps ;

• Vous vous sentez nul ;

• Vous avez des difficultés à tout gérer (repas,


lessives, ménage) ;

• Vous avez du mal à suivre en cours ;

• L’ambiance de la fac vous déplaît ;

• Vos cours (contenu, manière d’enseigner des


profs) ne vous plaisent pas ;

• Vous avez des problèmes avec vos parents (ils


vous manquent, ils interviennent trop dans
votre vie, vous êtes en désaccord avec eux).

Une fois les problèmes identifiés, consignez-les


dans votre carnet. Notez ensuite la gravité en
regard de chaque problème, sur une échelle
de 1 (pas du tout grave) à 10 (extrêmement grave).

Pour chacun des trois principaux problèmes, notez


des exemples de votre inquiétude. Si vous avez
inscrit « du mal à me faire des amis », vous
pouvez ajouter comme exemple : « J’ai essayé de
me faire des amis dans la cité universitaire à l’étage
où je vis, mais tout le monde m’ignore. »

Notez ensuite des éléments positifs en relation avec


ce problème :

• J’ai facilement réussi à me faire des amis en


cours ;

• Les cours sont intéressants ;

• À présent, je gère mieux mon temps ;

• J’ai compris plus vite que certains camarades


les notions abordées en cours.

Faire le point sur ses


ressources
Si vous avez conscience de vos difficultés et si vous
vous êtes fixé des objectifs, vous pouvez réellement
vous concentrer sur votre problème no 1.

Thomas a des difficultés à s’adapter à la vie


universitaire. Son problème majeur est de parvenir
à nouer des relations. Il a essayé de se lier d’amitié
avec des étudiants qui vivent à son étage dans la
cité universitaire, mais ça ne colle pas.

Le premier objectif de Thomas est de se faire deux


amis avec qui il pourrait sortir en dehors des
études. L’idéal serait qu’ils suivent les mêmes
cours que lui, car ils pourraient s’aider.

Pour développer les capacités émotionnelles


nécessaires pour mieux vivre à la fac, procédez
comme suit :

❶ Notez en haut d’une page de votre carnet


votre premier objectif parmi ceux qui ont été
fixés dans la section précédente.

Par exemple, l’objectif de Thomas est de se faire


des amis à la fac.

❷ Identifiez les capacités émotionnelles qu’il


faut cultiver pour atteindre cet objectif.

Thomas a sélectionné les capacités suivantes :


• Avoir mieux conscience de mes
émotions ;

• Prendre de l’assurance ;

• Contrôler mes pulsions ;

• Améliorer ma tolérance au stress ;

• Améliorer mon aptitude à


communiquer ;

• Faire preuve de plus d’empathie ;

• Être plus responsable socialement


(penser plus aux autres) ;

• Être plus optimiste ;

• Avoir plus de joie de vivre ;

• Me fixer des objectifs et les atteindre ;

• Améliorer mes capacités à résoudre les


problèmes ;

• Améliorer mes autres capacités.

❸ Une fois identifiées les capacités


émotionnelles nécessaires pour atteindre
votre objectif, consignez-les par écrit.

Thomas a noté les capacités suivantes :


• Prendre de l’assurance ;

• Améliorer mon aptitude à


communiquer ;

• Faire preuve de plus d’empathie.

❹ Créez un plan pour développer chaque


capacité.

Voici par exemple ce qu’a prévu Thomas pour


prendre de l’assurance (la première capacité notée
dans son carnet) :
• Il note au moins deux situations vécues
la semaine passée, au cours desquelles il
aurait pu faire la connaissance de
quelqu’un.

• Il dresse la liste de ce qu’il pourrait dire


pour se présenter aux autres.

• Il s’engage à parler, cette semaine, à au


moins cinq étudiants qu’il ne connaît
pas.

❺ Suivez les étapes 1 à 4 pour chacun de vos


objectifs.

Faites le point sur les capacités à développer. Prêtez


attention à vos succès, mais également à vos
difficultés.

Passer à l’action
Savoir comment développer les capacités
nécessaires peut vous aider à atteindre vos objectifs
(voir la section précédente). Vous êtes maintenant
prêt à mettre en œuvre votre plan. Commencez par
vous engager à aller de l’avant.

En fonction de la difficulté de votre objectif,


déterminez si vous avez besoin d’aide pour y
parvenir. Si vous avez attribué la note de 5 ou plus
à la gravité de votre problème dans la section
« Identifier les problèmes possibles », plus haut
dans ce chapitre, faites appel à quelqu’un.

Voici des personnes susceptibles de vous


accompagner :

• Le conseiller d’orientation de l’université ;

• Un coach ;

• Un psychologue.

Si vous avez donné une note inférieure à 5 à votre


problème, vous souhaiterez peut-être utiliser des
méthodes plus informelles :
• Échanger avec des amis sur la façon de
résoudre le problème ;

• Lire des livres de développement personnel


(tels que celui-ci).

Bien entendu, n’hésitez pas à vous rendre dans les


services universitaires d’information et
d’orientation.

Connaître ses objectifs à long


terme
Réussir ses études universitaires demande une
certaine discipline. Prenez donc le temps de vous
interroger sur vos objectifs à long terme. Pourquoi
souhaitez-vous aller en fac ?

Voici des réponses possibles :

• Pour faire ensuite une école professionnelle ;

• Pour poursuivre votre éducation et


instruction ;

• Pour franchir une étape avant d’entrer dans la


vie active ;

• Parce que vos amis y entrent ;


• Parce que c’est un endroit fabuleux pour
rencontrer des gens ;

• Pour développer certaines capacités ;

• Pour développer vos centres d’intérêt ;

• Parce que vous adorez aller en cours.

Chacun a ses raisons d’entrer à l’université. Soyez


honnête avec vous-même et cherchez à
comprendre pourquoi vous souhaitez vraiment aller
en fac. Avoir conscience de vos motivations peut
vous aider à planifier l’avenir.

Gladys se rend compte qu’elle est entrée en fac


parce qu’elle adore aller en cours. Il lui arrive
d’éprouver de la culpabilité, car la plupart de ses
amis ont un plan de carrière en tête. Même si elle a
une mauvaise note à un partiel, cette motivation lui
permet de persévérer.

Passer ses forces en revue


Apprenez à connaître vos points forts, cela vous
aidera à surmonter les difficultés.

Notez vos forces (de 1 à 10) dans les domaines


suivants et relevez dans votre carnet vos trois plus
grands points forts :
• La connaissance de soi-même. Vous êtes
conscient de vos sentiments et émotions.
Lorsque vous êtes de mauvaise humeur, vous
vous en apercevez et vous savez pourquoi.
Vous êtes capable de mettre des mots sur votre
état d’esprit. Vous devez connaître vos
émotions afin de pouvoir les gérer. Si vous
savez comment vous allez réagir à certaines
situations ou face à des décisions, vous pouvez
les affronter en toute connaissance de cause
(en saisissant par exemple l’importance de
l’émotion qu’elles provoquent). Vous êtes en
mesure de repérer un sentiment néfaste
lorsque vous devez faire un choix et d’exploiter
les raisons de votre état d’esprit pour prendre
votre décision.

Par exemple, des amis vous demandent si vous


voulez aller prendre un dernier verre avant
l’examen final. L’idée vous séduit, mais, face à
ce choix, vous avez l’estomac noué. Bien que
votre désir de sortir soit réel, vous
reconnaissez que la dernière fois que vous
n’avez pas révisé la veille d’un partiel, vous
avez eu une sale note.
• La gestion des autres. Vous excellez dans l’art
d’obtenir l’adhésion des autres à vos idées et
souhaits. Vous pouvez décrypter leur état
d’esprit et savez ce qu’ils aiment et détestent.
Vous vous faites facilement des amis, et pour
longtemps. Vous êtes peut-être même la
personne à qui l’on peut s’adresser en cas de
problème.

Supposons que vous ayez du mal à vous lier


aux étudiants vivant à votre étage dans la cité
universitaire. Un petit groupe est issu du
même lycée et ses membres traînent toujours
ensemble. Si vous avez une bonne aptitude à
communiquer, vous pouvez persévérer et
essayer de faire connaissance. Vous avez
confiance en vos capacités et vous ne vous
arrêtez pas à un échec.

• La gestion du stress. Vous parvenez à garder


votre sang-froid quand tout le monde autour
de vous commence à piquer une crise ou
flipper. Lorsqu’un imprévu se produit, vous
analysez la situation et décidez des mesures à
prendre. C’est à vous que l’on s’adresse quand
il y a le feu à bord.
Par exemple, votre prof vient d’annoncer que
le partiel aura finalement lieu la semaine
prochaine. Vous et vos amis avez fourni moins
d’efforts, n’avez pas lu les bouquins du
programme, ni fait les travaux demandés.
Soudain, ça fait tilt dans votre tête, vous avez
du pain sur la planche pour rattraper tout le
retard en une semaine. Mais vous savez
comment vous y prendre. En fait, c’est vous
qui planifiez les opérations de révision pour
tout le groupe, avec des réunions à intervalles
réguliers.

• La gestion du changement. Vous êtes bon


dans ce domaine. Vous aimez faire face au
changement, puis surmonter les difficultés
qu’il entraîne. Vous vous êtes très vite repéré
dans le campus à votre arrivée. Vous savez
trouver ce dont vous avez besoin sans vous
sentir perdu. Vous gérez bien les événements
qui se produisent et les tâches à exécuter.

Supposons que vous ayez soudain plein de


choses à faire : réviser, faire les courses, laver
du linge, assister à des réunions de votre club
de sport, vous rendre à des fêtes et rester en
contact avec votre entourage. Pas de souci,
vous êtes doué pour jongler avec les priorités
et respecter vos engagements.

• La gestion de ses humeurs. Vous semblez


toujours de bonne humeur. Même quand tout
ne roule pas comme vous le voudriez, vous
parvenez à voir le bon côté des choses. Face
aux difficultés, vous faites preuve de
persévérance. Vous avez également le chic pour
rendre les autres de meilleure humeur. Vous ne
sombrez pas dans la déprime et les petits
problèmes ne vous mettent pas dans tous vos
états.

Par exemple, vous avez été un bon élève à


l’école, au collège et au lycée, avec une
moyenne toujours aux alentours de 14. À votre
premier partiel, vous récoltez un 8. Passé le
choc initial, vous réagissez vite. Plutôt que de
laisser votre moral flancher, vous analysez vos
erreurs. Vous avez les idées suffisamment
claires pour opérer des changements
constructifs sur la base des erreurs commises,
aller de l’avant et décider d’employer une
meilleure stratégie la prochaine fois.
Identifier ses forces et ses
faiblesses
Une fois que vous avez une idée précise de vos
forces et faiblesses (passez en revue la liste de vos
plus grandes difficultés à surmonter), prêtez
attention à vos trois principaux points forts et à vos
deux plus grandes faiblesses, que vous allez choisir
dans la liste suivante et consigner dans votre
carnet :

• Conscience de soi émotionnelle ;

• Assurance ;

• Indépendance ;

• Estime de soi ;

• Découverte de ses passions ;

• Définition et atteinte d’objectifs ;

• Empathie ;

• Responsabilité sociale ;

• Aptitude à communiquer ;

• Capacités à résoudre les problèmes ;

• Aptitude à affronter les événements et


situations (le contraire de fuir la réalité) ;
• Souplesse ;

• Tolérance au stress ;

• Contrôle des pulsions ;

• Joie de vivre ;

• Optimisme.

Élaborez un plan pour gérer ces différents


domaines. Vous trouverez dans ce livre de
nombreuses activités pour vous aider à progresser.

Se fixer des objectifs à long


terme
Pour le long terme, sélectionnez trois objectifs. Par
exemple, vous souhaitez peut-être mieux
communiquer, gérer votre humeur et devenir plus
optimiste.

Formulez vos objectifs comme des aspects de vous-


même que vous souhaitez améliorer. Voici des
exemples d’objectifs à long terme :

• Je veux être capable de me faire plus d’amis


proches et de connaissances ;

• Je veux mieux contrôler mes pulsions ;


• Je veux gérer le stress plus efficacement ;

• Je veux pouvoir considérer les événements de


manière plus positive ;

• Je veux prêter plus attention aux autres ;

• Je veux aider ceux qui en ont besoin.

Établissez un plan à long terme pour chacun de vos


objectifs. Visualisez ce que vous voulez devenir.
Cette image vous offrira un objectif concret vers
lequel tendre.

Atteindre des objectifs à long


terme
Pour atteindre vos objectifs, vous devez concevoir
un plan et vous dégager le temps nécessaire pour
obtenir les résultats souhaités. Le type de
changement visé peut être long et vous demander
un peu d’entraînement. Vous désirerez peut-être
vous faire aider, par exemple par un coach ou un
conseiller d’orientation de votre université. Des
livres peuvent également être des compagnons de
route précieux. De nombreuses clés pour réussir vos
études vous attendent, par exemple dans l’ouvrage
de Marie-Joseph Chalvin Apprendre mieux pour les
Nuls.

L’une des choses les plus importantes à faire pour


remplir vos objectifs est de vous engager
totalement à réussir. Votre motivation est le
baromètre de votre succès…

Le roi d’un pays lointain reçut, un jour, en offrande deux


jeunes faucons qu’il remit sans tarder au fauconnier
pour qu’il les dresse.

Au bout de quelques mois, le roi demanda au maître


fauconnier des nouvelles concernant le dressage des
deux précieux oiseaux. Celui-ci l’informa qu’un des deux
faucons répondait parfaitement au dressage, mais que
l’autre n’avait pas bougé de la branche où il l’avait posé
le premier jour.

Le roi fit venir des guérisseurs pour qu’ils voient le


faucon, mais aucun d’eux n’arriva à faire voler l’oiseau.
Il confia alors la mission aux membres de la cour, mais
rien de plus ne se passa. Désespéré, le roi décida de faire
savoir à son peuple qu’il donnerait une superbe
récompense à la personne qui arriverait à faire voler le
faucon. Et dès le lendemain matin, il vit le faucon en
train de voler élégamment devant les fenêtres du palais.
Le roi dit à sa cour : « Amenez-moi l’auteur de ce
miracle ! » Et un modeste paysan se retrouva alors
devant lui.

Le roi lui demanda : « C’est toi qui as fait voler le


faucon ? Comment as-tu fait ? Est-ce que tu es
magicien ? »

Intimidé, le paysan dit au roi : « Ce n’est pas de la


magie ni de la science, Majesté, j’ai juste coupé la
branche et le faucon a volé. Il s’est rendu compte qu’il
avait des ailes et il a commencé à voler. »

La légende raconte que, depuis ce jour, le faucon vola


librement et sans restriction aucune et que le roi prenait
simplement plaisir à le regarder…

Et vous, y a-t-il une branche à laquelle vous vous


êtes accroché, et qui vous empêche de vous envoler
pour vous offrir la vie de vos rêves ?
Partie 4
Être émotionnellement
intelligent à la maison
Dans cette partie...

L’intelligence émotionnelle peut vous aider à bien


vivre vos relations amicales ou amoureuses, avec
votre conjoint, votre partenaire ou votre meilleur
ami. Vous vous fiez à eux ou tissez des liens plus
intenses avec eux qu’avec n’importe qui d’autre.
Pour cultiver et améliorer ces relations, il va vous
suffire d’un peu d’entraînement avec les méthodes
et les outils proposés.

J’aborde également l’importance de l’intelligence


émotionnelle pour les parents. Vous découvrirez
comment faire preuve de plus de sang-froid,
même quand votre enfant ou adolescent semble
échapper à tout contrôle. Des suggestions et des
exemples aideront aussi votre enfant à devenir
plus émotionnellement intelligent.
DANS CE CHAPITRE
Évaluer sa relation amoureuse

Connaître l’influence de ses émotions sur la relation

Les rapports avec son partenaire

Mettre de l’intelligence émotionnelle dans sa relation

Profiter de relations sociales positives

Chapitre 14
Créer des relations
émotionnellement
intelligentes
A lors, comment va votre couple ? Vivez-vous une
histoire d’amour avec quelqu’un ? Vous sentez-
vous proche de votre conjoint ? Aimeriez-vous plus
de complicité ?
Marie et Jérémy sont ensemble depuis trois ans.
Leur histoire a commencé comme la plupart des
relations amoureuses. Les premières semaines, ils
étaient fous d’amour l’un pour l’autre, toujours à
se demander ce que pensait l’autre sur telle ou telle
chose. C’était la passion et l’enthousiasme et ils se
montraient tous deux sous leur meilleur jour. Mais
ils semblent être rentrés maintenant dans une
certaine routine. Ils font moins cas de l’autre. Leurs
responsabilités professionnelles, source de stress,
leur occupent l’esprit et ils ont très peu de temps à
consacrer à leur partenaire.

Qu’est-ce qui peut changer ainsi une relation


amoureuse ? Cela se produit souvent avec le temps.
N’importe quel couple peut éprouver des difficultés
à maintenir la flamme initiale. Progressivement, la
relation va de soi et la communication change.
L’intelligence émotionnelle, particulièrement la
faculté de percevoir et de gérer ses émotions et
celles de l’autre, est primordiale pour que les
premiers émois demeurent intacts.

Il existe bien entendu de nombreuses sortes de


relations : les relations intimes avec les personnes
les plus proches et que vous côtoyez le plus
souvent, l’intimité avec votre conjoint ou
partenaire. Par leur nature même, ces relations
intimes sont les plus chargées en émotions. Dans
les relations satisfaisantes, le lien d’amour est
solide, tandis que dans les relations décevantes, la
colère et le ressentiment sont souvent de mise.

Évaluer sa relation amoureuse


Les personnes émotionnellement très intelligentes
ont tendance à être plus satisfaites de leurs
relations intimes et sociales. Elles sont plus
heureuses et les gens heureux échangent plus
d’émotions positives avec les autres. (Les relations
sociales sont abordées dans la section « Bâtir des
relations sociales émotionnellement saines », plus
loin dans ce chapitre.)

Voici certains signes indiquant que votre relation


est saine et satisfaisante :

• Votre partenaire et vous-même vous entendez


très bien ;

• Vous avez en commun des centres d’intérêt et


partagez des activités ;

• Vous savez comment mettre un terme à un


désaccord ;
• Vous vous respectez ;

• Vous gérez bien les conflits ;

• Vous acceptez les défauts de l’autre ;

• La fréquence de vos relations sexuelles vous


satisfait ;

• Vous prenez soin de l’autre ;

• Vous êtes sur la même longueur d’onde pour


l’éducation des enfants ;

• Vous avez la même vision à propos de


l’argent ;

• Vous aimez déjeuner et dîner ensemble.

La liste précédente recense certains domaines dans


lesquels votre niveau d’intelligence émotionnelle
peut s’avérer crucial. Les gens émotionnellement
intelligents savent mieux gérer les émotions de
l’autre et vivent donc une relation fondée sur la
confiance, le respect, et savent résoudre
positivement les conflits.

Saisir l’importance de
l’intelligence émotionnelle
dans une relation amoureuse
Multi-Health Systems a réalisé plusieurs études sur
le rôle de l’intelligence émotionnelle dans le
mariage. Quand nos chercheurs ont analysé les
résultats, je m’attendais à ce que des facteurs de
l’intelligence émotionnelle, tels que l’empathie,
l’aptitude à communiquer et la faculté de tolérer le
stress, soient très liés au bonheur d’une union. De
façon surprenante, ce sont les éléments suivants
qui sont sortis du lot :

• Joie de vivre : le facteur d’IE principalement


lié à la satisfaction éprouvée dans le mariage,
c’est-à-dire celui dont la corrélation était la
plus grande, était la joie de vivre. Les gens
heureux sont les plus satisfaits de leur couple.
Vous vous demandez peut-être s’ils sont
heureux parce que leur couple marche bien ou
si leur couple marche bien parce qu’ils sont
heureux. Comme nous l’avons vu au chapitre 3,
la joie de vivre vient en premier, et la relation
satisfaisante en second.

Les gens heureux savent mieux gérer le stress


que les personnes malheureuses. Leurs
émotions positives sont également
contagieuses. Considérez le bonheur comme
une faculté de résistance vous permettant de
traverser les bons et les mauvais moments. Les
personnes heureuses tirent le meilleur parti
d’une situation. Même si leur mariage n’est
pas parfait, leur faculté de garder leur bonne
humeur les aide à traverser les périodes
difficiles.

• Estime de soi : le deuxième élément qui


contribue le plus au bonheur dans le couple est
l’estime de soi. Ceux qui s’estiment ont
tendance à mieux supporter la critique que les
personnes moins sûres d’elles. Ayant plus
confiance dans leurs forces et conscience de
leurs faiblesses, ils sont moins troublés et
énervés par les commentaires négatifs ou
insultes.

• Accomplissement personnel : il s’agit du


troisième élément révélé par l’analyse menée
par MHS. Les personnes qui aiment
s’améliorer sans cesse pour atteindre leur
meilleur niveau tendent également à être plus
heureuses en couple.

• Épreuve de la réalité : enfin, les études de


MHS ont révélé que l’épreuve de la réalité et la
réussite d’un mariage sont très liées. Ayez un
regard réaliste sur votre couple ! Les personnes
qui restent dans le rêve ou ont des attentes
conjugales irréalistes risquent d’être les plus
déçues.

Par conséquent, l’importance de l’intelligence


émotionnelle en amour est non seulement prouvée
par le bon sens mais également par la science,
grâce aux enquêtes menées auprès de milliers
d’individus.

Noter son couple


Jessica se fait du souci pour son couple. Marc
semble distant et communique très peu. Au début,
elle s’est culpabilisée et a essayé de lui prêter plus
attention. Malheureusement, il a pris ce surcroît
d’attention pour de l’ingérence et s’est agacé
chaque fois qu’elle lui demandait s’il se sentait bien
et à quoi il pensait.

D’un côté, Jessica sent que quelque chose ne va pas.


Mais Marc semble ne pas avoir conscience de la
situation. Il est parfois difficile de savoir où en est
la relation, et prendre la température de son couple
peut vraiment être bénéfique. Cela vous permet de
percevoir des problèmes en gestation avant qu’ils
ne se révèlent pleinement et empirent. Vous avez
alors une idée précise du regard que porte votre
partenaire sur la relation. Par exemple, vous avez le
sentiment que votre couple bat de l’aile alors que,
pour votre partenaire, tout va bien. Cela peut vous
aider à comprendre pourquoi vous n’obtenez pas la
coopération de votre conjoint ou le changement
auquel vous aspirez. Même si votre partenaire n’a
pas pleinement conscience de la situation de votre
couple, vous instaurerez au moins une
communication. En entamant le dialogue sur de
bonnes bases, il vous semblera peut-être plus facile
de parler de vos sentiments, au lieu de mettre de
but en blanc le sujet sur le tapis, voire pire, de
laisser le problème couver.

Sortez votre carnet et procédez comme suit :

❶ Notez votre relation sur une échelle de 1 à 5.

1 = Très malheureux et 5 = Très heureux

❷ Indiquez ce que vous préférez dans votre


relation.

❸ Identifiez ce qu’il vous tient à cœur de


modifier dans votre relation.
❹ Notez votre volonté de changer quelque chose
dans votre relation afin de l’améliorer, sur
une échelle de 1 à 5.
• 1 : je ne suis pas du tout motivé.

• 2 : je suis un peu motivé pour apporter


des changements à ma relation.

• 3 : je suis moyennement motivé pour


apporter des changements à ma relation.

• 4 : je suis très motivé pour apporter des


changements à ma relation.

• 5 : je suis désespéré et je ferais


n’importe quoi pour être plus heureux
dans ma relation.

Si vous êtes entre 1 et 3, félicitations. Il s’agit


simplement de décider de faire passer votre
relation de bonne à exceptionnelle. Le restant de ce
chapitre peut vous aider à vous rendre encore plus
heureux dans votre couple. Si vous avez attribué la
note de 4 ou 5, c’est que vous n’êtes visiblement
pas heureux et que vous recherchez peut-être de
l’aide. Les informations et les activités de ce
chapitre peuvent vous aider à rendre votre relation
plus satisfaisante.
Si vous êtes très malheureux, vous souhaiterez
peut-être consulter un conseiller conjugal afin de
sauver votre couple.

Prenez également en compte l’ampleur des


changements que vous souhaitez apporter. Que
vous soyez content de votre relation ou que vous
souhaitiez y apporter quelques changements, vous
pouvez accroître votre satisfaction en poursuivant
la lecture de ce chapitre.

Plus clairvoyante sur son couple, Jessica se


demande quelle peut être l’opinion de Marc au sujet
de leur relation. Elle repense aux conversations
qu’ils ont eues par le passé, ainsi qu’à son
comportement envers elle. Jessica estime que Marc
jugerait leur relation satisfaisante.

Quand elle passe en revue ce qu’il préfère dans leur


relation, elle devine qu’il aime avant tout la voir se
charger de la cuisine et des tâches ménagères. Il
souhaite probablement qu’elle arrête d’être sur son
dos. Enfin, elle suppose qu’il ne voudrait apporter
aucun changement à leur relation.

Jessica décide de faire part à Marc de ses


suppositions sur la façon dont il juge leur relation.
Elle doit aborder le sujet avec tact. Plutôt que de
l’interrompre alors qu’il regarde la télévision,
Jessica choisit un moment où ils ne risquent pas
d’être dérangés et lui demande s’il veut bien qu’ils
parlent de ce qu’elle ressent. Il réagit
immédiatement en lui demandant l’air inquiet si
elle est malade.

« Non, ce n’est pas ça », répond-elle.

Elle poursuit alors en lui disant qu’elle a réfléchi à


leur couple. Elle décrit l’activité précédente de ce
chapitre et lui demande s’il consentirait à effectuer
l’exercice. Il est plutôt réticent, mais quand elle lui
dit avoir deviné ce qu’il pense de leur relation et
qu’elle lui révélera son impression par la suite, il
accepte.

Une fois que Marc a terminé l’exercice, Jessica lui


fait part de ses suppositions. Ils comparent ensuite
leurs réponses et discutent des réponses communes
et des points de divergence. Ils inversent ensuite
les rôles, puis poursuivent la discussion en passant
en revue les similitudes et différences de
perception. Ils parviennent ensuite au stade
suivant : les changements qu’ils souhaiteraient
apporter à leur relation.
Servez-vous ensuite des éléments à modifier pour
parler de votre couple. Voyez si vous pouvez
parvenir à un accord sur les changements à
entreprendre dans les domaines identifiés par l’un
de vous deux.

Comprendre l’influence de ses


émotions sur la relation
Lorsque vous procédez à une évaluation globale de
votre couple, vous additionnez les sentiments que
vous inspire chacune des composantes de votre
relation. Vous prenez les aspects positifs et négatifs
et aboutissez à une formule complexe
correspondant à l’état de votre couple.

Votre relation se définit par la somme de vos


sentiments sur chacune des parties qui la
composent. Vous pouvez avoir un sentiment positif
sur votre partenaire, négatif sur le dîner d’hier soir,
positif sur la dispute de ce matin à propos des
enfants, positif sur le compliment ou le reproche
que vous a fait votre conjoint cet après-midi et
négatif sur le bazar qu’il a laissé dans la cuisine la
semaine dernière.
Vos attentes peuvent également beaucoup influer
sur votre relation. Vous vous levez le matin en vous
attendant à vivre une superjournée. Lorsque tout ne
va pas comme vous voulez dans la matinée, vous
êtes peut-être disposé à passer outre. Si vous vous
levez de mauvaise humeur ou sans attendre grand-
chose de la journée, le moindre événement
regrettable vous confirme votre état d’esprit et
vous vous sentez encore plus mal. Vous pouvez être
particulièrement négatif aujourd’hui, au point de
ne même pas remarquer toute la gentillesse que
vous manifeste votre conjoint. Les sections
suivantes explorent le rôle des émotions dans les
relations : comment elles peuvent les embellir et
les faire se détériorer.
Les bienfaits de l’intelligence émotionnelle

Le professeur Tim Spector, directeur du Twin Research


Department du King’s College de Londres, a mené
récemment une étude sur le rôle de l’intelligence
émotionnelle dans les rapports sexuels, publiée dans le
Journal of Sexual Medicine. Avec ses collègues, il a
étudié 2 000 paires de jumeaux et découvert que les femmes
émotionnellement intelligentes avaient des relations
sexuelles plus satisfaisantes et surtout qu’elles éprouvaient
plus de plaisir et avaient plus d’orgasmes que les femmes
moins émotionnellement intelligentes. L’explication était que
les femmes émotionnellement intelligentes savaient mieux
surveiller leurs propres sentiments et ceux de leur
partenaire, faculté jugée essentielle pour avoir des rapports
sexuels plus satisfaisants.

Émotions : le ciment de la
relation
Votre faculté de gérer vos émotions et celles de
votre partenaire peut assurer la force de votre
couple. Les relations harmonieuses impliquent de
nombreuses concessions ainsi que la volonté de
collaborer. Prenons l’histoire d’Yves et de Brigitte.
Un soir, Yves rentre à la maison de mauvaise
humeur.

« Y a quoi à manger ce soir ? demande-t-il furax.

Brigitte le regarde et répond :

— Oh, salut toi ! T’as passé une bonne journée ?

— Pas vraiment, désolé. C’était une fichue journée.


Qu’est-ce qu’il y a au menu ? demande-t-il.

— Eh bien, je n’ai pas eu le temps de préparer,


alors avec le reste de poulet d’hier je fais des pâtes,
répond-elle.

— Oh non, pas encore les restes, grogne-t-il.

— Je peux commander un truc si tu y tiens


vraiment, mais je voulais essayer cette nouvelle
recette. À toi de choisir, répond-elle gaiement.

— Bon, d’accord », concède Yves.

Dans certains couples, cette situation aurait abouti


à une explosion. Brigitte a fait son possible pour
être agréable et supporter l’attitude déplaisante
d’Yves. Elle le connaît suffisamment pour se douter
que ça s’est très mal passé au bureau et que ses
émotions et son comportement vont changer dans
peu de temps.
En acceptant son comportement négatif pendant un
moment, sans y voir une attaque personnelle,
Brigitte a pu gérer Yves et son état d’esprit. Elle
aurait très bien pu se mettre sur la défensive, lui
dire de faire la cuisine lui-même et d’arrêter de se
plaindre.

Les concessions permettent à un couple de


fonctionner. Brigitte doit y mettre un peu du sien,
en se montrant gentille même si Yves ne lui
témoigne pas un respect immense. Mais elle sait
que lorsqu’elle déverse ses émotions négatives sur
Yves, il devient encore plus odieux. Même s’ils ne le
disent pas, tous deux savent que leur relation est
trop importante pour être malmenée par les petits
côtés inévitablement désagréables de la vie.

Chacun se sentant généralement bien aux côtés de


l’autre, ils sont disposés à faire des sacrifices,
notamment à accepter les propos déplaisants de
l’autre. Le lien émotionnel au sein du couple doit
être suffisamment solide pour résister aux
secousses.

Le rôle des émotions pour


cheminer ensemble
Comment vos émotions peuvent-elles contribuer à
faire durer votre couple ? Tout d’abord, la maîtrise
de vos propres émotions peut vous permettre de
renforcer les liens. Ensuite, si vous gérez les
émotions de votre partenaire, ce dernier est alors
plus à même d’améliorer la relation sans être
perturbé par d’autres soucis inévitables dans un
emploi du temps bien chargé.

La gestion de ses propres émotions est essentielle


au sein des couples qui s’entendent bien. Sur la
base des conclusions d’études menées par Multi-
Health Systems, on peut dire que la capacité à
toujours afficher une certaine joie de vivre accroît
votre satisfaction et vous aide à résister aux
tempêtes. Votre joie de vivre empêche d’autres
émotions plus néfastes de se mettre sur votre route.

Considérez votre relation comme un compte


bancaire. Plus vous déposez de bonne volonté, plus
votre solde est créditeur. Plus vous vous montrez
négatif, plus vous retirez de la bonne volonté.
Lorsque vous êtes heureux, vous avez les moyens
de faire des dépôts importants afin de vous
constituer un joli matelas. Et toute cette bonne
volonté épargnée vous rapporte plein d’intérêts.
Gérer les émotions de son partenaire peut
demander certains efforts, mais si votre couple est
précieux à vos yeux, le jeu en vaut la chandelle.
Personne n’a trouvé un moyen universel de
renforcer la relation, mais les chercheurs
spécialistes de la vie conjugale ont recensé certains
indices sur ce qui favorise la réussite des couples.
Le nombre d’interactions positives entre les
partenaires vous donne une bonne indication du
fonctionnement du couple.

À la fin des années 1970, ma thèse de doctorat


portait sur l’amélioration des relations conjugales.
À cette époque, les thérapeutes conjugaux
accordaient beaucoup d’importance à la
communication. La plupart pensaient qu’une
excellente communication entre les partenaires
débouchait sur une relation sans nuages.

Personne n’avait recueilli de preuves sur l’existence


du lien entre la communication et une relation
satisfaisante. En fait, je supposais que dans les
couples sans histoire, un partenaire (généralement
l’homme) avait tendance à très peu communiquer.
Et pourtant, le couple demeurait plutôt solide.

Selon une autre école de pensée, les


comportements influaient plus sur la relation que
les propos tenus. Autrement dit, les gestes
d’attention entre les partenaires étaient plus
importants que les mots doux. Par conséquent, si je
réconforte ma femme qui rentre du travail en lui
massant le dos, cet acte peut rendre notre relation
plus satisfaisante que si je lui dis à quel point je
l’aime.

Pour mes travaux de recherche, j’ai recruté des


couples souhaitant améliorer leur relation. Mon
étude comparait deux approches privilégiées
(apprendre à communiquer et s’engager à adopter
certains comportements). J’ai évalué les couples
pendant un certain temps, au début puis à la fin de
la période, avec et sans traitement, afin de
constater quelle approche était la plus bénéfique. Le
programme comportemental impliquait surtout un
jeu consistant pour chaque partenaire à choisir les
comportements qu’il souhaiterait voir modifiés
(améliorés) chez l’autre et les récompenses qu’il
aimerait recevoir de la part de l’autre.

Au début et à la fin de l’intervention, puis de


nouveau six mois après, chaque personne devait
passer une batterie de tests évaluant la relation. J’ai
également filmé des couples en train d’aborder un
problème relationnel, la vidéo étant ensuite évaluée
par des observateurs qualifiés. Pendant toute la
période, chaque personne surveillait au quotidien
ses comportements. Pour résumer, j’ai découvert
que les changements de comportement
permettaient plus d’augmenter les sentiments
positifs et d’améliorer la relation (même après la
période de suivi) que la simple communication des
sentiments. En fait, les couples apprenant à
communiquer montraient moins de réactions
positives l’un envers l’autre à la suite du traitement
et disaient être moins heureux dans leur relation.

Prendre l’habitude d’agir pour l’autre revient à


mettre de l’argent à la banque. Les dépôts
améliorent votre relation et instaurent une
confiance sur le long terme.

Pourquoi les émotions


entraînent-elles parfois
l’éloignement des deux
partenaires ?
L’un des problèmes de couple les plus courants est
qu’un partenaire ou les deux considèrent que la
relation va de soi. L’enthousiasme et la flamme du
début de la relation semblent s’être envolés.
Comment savoir si vous vous éloignez l’un de
l’autre ? Passez en revue les éléments listés ci-
dessous afin de voir ceux qui s’appliquent à votre
couple :

• Vous ne vous dites pas vraiment bonjour


quand l’un de vous deux rentre à la maison ;

• Vous ne demandez plus à l’autre comment


s’est passée la journée ;

• Vous demandez rarement à l’autre comment il


se sent, émotionnellement parlant ;

• Vous faites peu de chose ensemble ;

• Vous faites moins l’amour qu’avant ;

• Vous semblez toujours fatigués quand vous


êtes ensemble.

Si un minimum de deux énoncés de la précédente


liste correspond à votre situation, vous souhaiterez
peut-être demander à votre partenaire s’il ressent
la même chose. Si vous ne savez pas comment
aborder le sujet, dites-lui que vous lisez ce livre et
que vous avez découvert un chapitre sur la relation
de couple qu’il devrait trouver très intéressant.
Échangez sur le contenu de ce chapitre, puis
abordez votre vision respective de votre couple.
Vous pouvez également vous engager tous les deux
à améliorer la relation.

Maintenir une relation harmonieuse peut demander


beaucoup d’efforts à certaines personnes. Il n’est
pas toujours facile d’être à l’écoute de la personne
qui partage sa vie. Bien entendu (comme tout le
monde), vous avez tendance à vous laisser distraire
par un emploi du temps bien chargé et à considérer
que la relation avec les êtres chers qui vous
entourent va de soi.

Pour certaines personnes, celles qui, à l’intelligence


émotionnelle élevée, affichent joie de vivre, estime
de soi et épanouissement, il est relativement facile
de vivre une relation amoureuse harmonieuse. Ces
capacités émotionnelles font chez elles partie d’un
ensemble de comportements naturels (ou acquis).

D’autres personnes ne cultivant pas ces qualités


risquent de voir leur relation s’étioler. Avec le
temps, le mécanisme relationnel peut se gripper et
toute l’excitation et l’enthousiasme ressentis au
début de la relation peuvent s’évanouir. Pour
certains, aller au travail, gérer le stress, s’occuper
des enfants, tenir le budget, garder un foyer propre
et rangé et consentir à tous les compromis
nécessaires pour que le couple fonctionne sont de
véritables épreuves. L’éclat amoureux se ternit
alors avec le temps.
Les stades de croissance du couple

Comme tout organisme vivant, le couple se


transforme et traverse un cycle de croissance,
proche de celui déjà vécu dans la relation mère-
bébé. Deux psychologues américains, Ellyn Bader
et Peter Pearson, ont identifié les six étapes de ce
cycle :

La première phase est celle de la fusion, ou de la


symbiose, générée par cet état amoureux où l’on a
envie de ne faire qu’un avec l’autre. L’idéalisation
romantique estompe les frontières entre « toi » et
« moi ». Chacun est persuadé qu’il sait ce que
l’autre pense et sent. Les partenaires accentuent
leurs ressemblances, et les défauts de chacun sont
perçus comme une vertu.

Puis vient la phase de différenciation. Chacun


réaffirme sa propre identité et teste la solidité du
lien. Chacun affiche alors sa différence de goûts et
de besoins. Des tensions peuvent commencer à se
manifester lors des désaccords mis au jour.

La phase d’exploration, voire de rébellion, qui suit


est souvent porteuse de conflits, de crises. L’un des
partenaires ressent le besoin d’expérimenter
d’autres activités et d’autres relations, désirant, par
exemple, s’épanouir dans sa vie professionnelle,
voyager seul, ou parfois avoir une relation
extraconjugale : « Je dois agir à ma façon, même si
cela fait des dégâts. » La personne souhaite agir à
sa manière et à son rythme. Elle cherche à
développer une meilleure connaissance d’elle-
même et à explorer ses besoins personnels.
L’entêtement et l’égocentrisme font fréquemment
leur apparition à cette étape. C’est souvent le
moment où l’on voit arriver les couples en thérapie
et où s’exprime la peur de l’abandon, la colère face
à la « trahison », ou face à cette manifestation de
liberté, dont l’autre se sent exclu.

Les trois étapes précédentes franchies, vient la


phase de rapprochement : on définit pourquoi on
est ensemble, on établit une charte du couple, on
répartit les tâches différemment et l’on s’enrichit de
la différence de l’autre. Elle se caractérise par un
choix affirmé de vivre avec l’autre et de fixer un
cadre positif à cette relation.

La phase de coopération s’engage dans cette


construction à deux. Le blâme a disparu, les
conflits sont vécus comme une information à
entendre et à utiliser. Le couple se soutient dans
ses réussites respectives, et chacun peut y
exprimer ses peurs, son insécurité, sans que l’autre
se sente remis en question. Les problèmes
d’intimité et de distances se règlent dans l’écoute et
le respect de la différence. Pour tous les deux, la
relation est nourricière et source d’énergie. Mais ils
savent aussi satisfaire leurs besoins individuels et
vivre une relation d’autonomie au sein de cette
relation à deux.

La phase de synergie suit naturellement. Cette


équipe constituée est unique et peut enrichir le
monde. Le lien est devenu puissant dans cette
synergie qui rayonne à l’extérieur du couple, dans
un amour partagé avec les autres…

Comprendre et gérer les


émotions de son partenaire
Pour améliorer votre relation, voyez comment
mieux comprendre les émotions de votre partenaire
et faire en sorte qu’il les maîtrise mieux. Gérer
judicieusement les émotions de votre partenaire
peut présenter un certain nombre d’avantages :

• Apprendre à mieux cerner les émotions de


votre partenaire. Le fait de mieux lire ses
émotions vous permet par exemple de savoir
s’il vous trouve agréable ou agaçant.

• Maintenir la stabilité de votre couple. La


capacité à gérer les émotions de votre
partenaire permet de créer une relation
relativement harmonieuse. Imaginez-la sous
les traits d’une voiture qui roule sur une route
poussiéreuse remplie de nids-de-poule. Si
vous pouvez progresser en souplesse et
rapidement entre les nids-de-poule, vous
parviendrez à destination en toute sécurité et
avec efficacité. Si vous naviguez dans l’océan
d’émotions de votre partenaire (en tenant
parfois votre langue), votre relation sera plus
satisfaisante. Quand vous êtes en désaccord
avec votre partenaire, vous pouvez choisir
entre avoir raison et être heureux dans votre
couple.

Prendre la température
émotionnelle de son
partenaire
Pour gérer les émotions de votre partenaire, vous
devez d’abord les identifier. Parvenez-vous à savoir
s’il est agacé, gêné, en colère, suspicieux, ou s’il
s’ennuie ? Certaines émotions se décèlent plus
facilement que d’autres.

Que faire si vous ignorez ce que ressent votre


partenaire ? Voici comment prendre sa température
émotionnelle :

• Écoutez le ton de sa voix ;

• Observez l’expression de son visage ;

• Prêtez attention à son langage corporel ;

• Demandez-lui comment il se sent ;

• Dites-lui que vous comprenez ce qu’il ressent


à l’aide d’un langage empathique ;

• Demandez-lui si vous avez vu juste.

En vous assurant des sentiments de votre


partenaire, vous risquez moins de tirer des
conclusions hâtives et vous lui montrez que vous
vous souciez de son bien-être. Une fois son état
d’esprit connu, vous pouvez entreprendre de gérer
ses émotions.

Savoir par où commencer afin


de gérer les émotions de son
partenaire
Avant de commencer à gérer les émotions de votre
partenaire, vous devez pouvoir les décrypter
correctement. Avoir conscience des émotions de
l’autre revient à consulter une carte routière pour
rejoindre une destination. Pour savoir où tourner, il
faut savoir où vous êtes.

Très souvent, l’humeur de votre partenaire est


l’une des suivantes :

• Content ;

• Triste ;

• Furieux ;

• Inquiet ;

• Calme.

Si votre partenaire éprouve des émotions agréables


telles que la joie et le calme, vous souhaitez qu’elles
perdurent ou au moins qu’elles ne se transforment
pas en émotions négatives. Pour faire en sorte que
votre partenaire reste de bonne humeur, tenez-
vous-en à des sujets de conversation sur lesquels
vous êtes tous deux d’accord.
Vous pouvez tenir la conversation éloignée des
sujets sensibles. Si vous devez aborder un problème
délicat, choisissez un moment et un endroit qui
vous conviennent à tous les deux. Votre partenaire
doit avoir conscience du problème et vous devez
être tous deux disposés à en discuter.

Lorsque vous souhaitez gérer les émotions


négatives de votre partenaire, gardez ces conseils à
l’esprit :

• Si vous êtes plongé dans une dispute ou si le


sujet est trop explosif, demandez une pause et
convenez de reprendre la discussion quand
vous serez tous les deux plus calmes ;

• Écoutez les reproches de votre partenaire sans


vous mettre sur la défensive ;

• Reformulez ses sentiments à propos de la


situation (le chapitre 7 vous en dit plus sur
l’empathie) ;

• Vérifiez si votre partenaire a bien saisi la


situation et a conscience de ses sentiments ;

• Dites-lui que vous prenez ses problèmes et


inquiétudes au sérieux ;
• Trouvez quoi faire pour l’aider : vous
contenter de l’écouter, le réconforter
(physiquement, en l’étreignant, ou
émotionnellement) ou résoudre le problème ;

• Ne répondez à aucune critique ni attaque,


mais acceptez-les et prenez-les en
considération ;

• Soyez compréhensif ;

• N’envenimez pas les choses (n’entrez pas


dans une dispute et tenez votre langue si
nécessaire) ;

• Ne proposez aucune solution au problème tant


que votre partenaire n’a pas le sentiment
d’être parfaitement compris.

Vous avez peut-être le sentiment que certaines de


ces stratégies ne font qu’éviter le problème, sans
apporter de solution. Les femmes, en particulier,
ont besoin de se sentir comprises ou écoutées avant
de rechercher une solution. Les hommes sont plus
impatients de la trouver, et les stratégies qui vont
droit au but leur plaisent peut-être davantage.

Votre objectif n’est pas d’éviter le conflit mais de


gérer avec calme et respect les désaccords.
Choisissez un moment et un endroit pratiques et
neutres. N’abordez pas les litiges dans la chambre
ou la cuisine. Ce sont des endroits où vous passez
beaucoup de temps, des pièces dont vous souhaitez
préserver le côté enrichissant ou dont vous désirez
tout du moins maintenir la neutralité.

Repousser les limites dans la


gestion des émotions de son
partenaire
Il est bien évidemment impossible de gérer
totalement son partenaire et ses émotions. Mais
vous pouvez faire beaucoup pour préserver une
relation satisfaisante. Chacun a des sujets qui lui
tiennent à cœur (politique, religion, belle-mère,
etc.).

Vous avez peut-être des désaccords importants


avec votre partenaire sur l’un de ces sujets. Les
couples harmonieux se contentent parfois
simplement d’éviter ces sujets de discussion.

Si vous avez le sens de l’humour et conscience que


votre position ou celle des autres sur ces sujets ne
caractérisent pas la personne que vous êtes (ou
qu’ils sont), vous pouvez les aborder avec humour.
Par exemple, dans de nombreux couples, la femme
est de gauche et l’homme de droite (ou
inversement). Ils peuvent être en désaccord tout en
se respectant. Ils le font parfois avec humour, mais
sans recourir au sarcasme ni au dénigrement.

Vous ne tenez pas à contrôler complètement votre


partenaire. Gérer les émotions peut s’apparenter à
slalomer entre les nids-de-poule. Vous ne pouvez
contrôler votre voiture qu’à un certain point. La
puissance du moteur, la nature et la qualité des
pneus, l’état de la direction et des amortisseurs,
etc., peuvent influer sur votre capacité à bien
conduire votre véhicule. Certaines émotions
d’autrui sont plus faciles à gérer que d’autres. En
connaissant la personnalité de votre partenaire (s’il
est lunatique ou non, ce qui le fait exploser, le
calme, le distrait), vous serez plus à même de
circuler entre ses « nids-de-poule » émotionnels.

Ayez pour objectif d’entretenir chez votre conjoint


les tendances qui vous aideront à vivre une relation
plus satisfaisante, pleine d’amour, fondée sur le
respect et la confiance mutuels. N’essayez pas de
changer radicalement sa personnalité, vos chances
de réussite sont minces. Ce sont vos interactions
quotidiennes qui sont les plus bénéfiques à votre
relation.
Utiliser ses capacités
émotionnelles dans sa vie de
couple
Votre vie de couple peut vous apporter plus de
satisfaction si vous maîtrisez mieux vos forces et
faiblesses émotionnelles et si vous vous exercez à
les améliorer dans les domaines les plus
importants. Vous vous rapprocherez de votre
partenaire, surmonterez plus facilement les
obstacles et apprécierez plus l’autre. Le travail ou
l’école sont des endroits où vous pouvez améliorer
vos capacités émotionnelles. Vous pourrez ensuite
étendre ces apprentissages à votre foyer.

L’utilisation de vos capacités émotionnelles peut


alimenter divers plans d’action :

• Prendre plus conscience de vos propres


émotions et de la façon dont elles vous jouent
parfois des tours ;

• Développer des aptitudes à gérer ces


émotions : savoir quand tenir votre langue ou,
plus compliqué, sentir intuitivement l’état
d’esprit de votre partenaire. Bien entendu, une
des règles d’or est de savoir quelles batailles
valent la peine d’être livrées ;

• Apprendre à distinguer les vrais problèmes


des tracas sans importance afin d’éviter les
conflits inutiles au sein de votre couple.

Prendre sa propre
température émotionnelle
L’un des aspects les plus difficiles de la vie de
couple est la gestion des conflits. Dans les relations
intimes, vos émotions peuvent vraiment échapper à
votre contrôle et vous exposer à prononcer des
paroles que vous regretterez par la suite.

Lorsque vous n’êtes pas d’accord avec votre


partenaire, vous devez prendre votre propre
température émotionnelle. Lorsque vous sentez la
moutarde vous monter au nez, faites
immédiatement une pause. Retenez-vous de vous
lancer dans un concours de hurlements. Comptez
jusqu’à dix. Prenez une respiration profonde. Il
s’agit d’éviter de perdre votre sang-froid. Prêtez
plus attention à vos émotions : ce que vous
ressentez au fond de vous-même, votre rythme
cardiaque, les sensations au niveau de votre peau,
le souffle court et les pensées qui affluent à toute
vitesse dans votre esprit… En identifiant vos
sentiments, vous pourrez effectivement mieux vous
contrôler.

Lorsque vous sentez que vous perdez tout contrôle


ou que vous êtes submergé par vos émotions, vous
pouvez intervenir à bon escient si vous repérez la
nature de ces sentiments. Plus l’identification est
rapide, plus il est facile de changer votre fusil
d’épaule.

En outre, vous pouvez développer la capacité à


reconnaître, faire perdurer et accroître l’intensité
de sentiments positifs tels que la joie de vivre,
l’amour, la surprise, l’étonnement, la détente, le
calme, l’optimisme, la satisfaction, etc. Bien que la
vie puisse vous jouer des tours de temps à autre,
vous pouvez accroître votre résistance en sachant
reconnaître et cultiver ces sentiments positifs. Plus
vous les éprouverez, plus vous serez capable de les
provoquer si besoin est.

Savoir quelles batailles valent


la peine d’être livrées
Les désaccords existent dans tous les couples. Ils
peuvent porter sur des détails insignifiants (le
choix de la tenue vestimentaire, du restaurant, du
film, la couleur qui vous va le mieux, etc.) ou des
sujets cruciaux (je déteste tes parents, tu es trop
indulgent avec les enfants, le sexe ne t’intéresse
plus, tu dépenses trop, tu es irresponsable, etc.).

Chercher à changer ne serait-ce qu’une chose chez


l’autre n’est pas une sinécure, alors essayez donc
d’en changer plusieurs ! Si vous avez des
désaccords avec votre partenaire, choisissez celui à
régler en priorité. Voici comment procéder :

• Choisissez quelque chose de réalisable. Par


exemple, n’essayez pas de changer des
croyances qu’il a depuis l’enfance ou de le
convaincre de perdre 30 kg ;

• Choisissez quelque chose d’important ;

• Sélectionnez un comportement que votre


partenaire peut modifier et non un trait
essentiel de sa personnalité ;

• Définissez le changement à apporter sous la


forme d’un comportement que vous souhaitez
le voir plus souvent adopter ;
• Établissez la fréquence à laquelle devrait se
manifester ce comportement ;

• En échange, soyez prêt à modifier vous aussi


votre comportement.

Mettez de côté les désaccords minimes et


accessoires et concentrez-vous sur un domaine
important. Choisissez un moment et un endroit
neutres pour aborder le problème. Ayez une
discussion calme sur le comportement que vous
souhaiteriez qu’il adopte plus souvent. Soyez prêt à
montrer en quoi ce changement peut améliorer
votre relation. Déterminez la volonté de
changement de votre partenaire.

Voici maintenant une partie essentielle (comme je


l’ai découvert dans mes travaux de recherche). Pour
accroître la motivation de votre partenaire, vous
devez lui offrir en échange quelque chose qu’il
apprécie :

• Un massage du dos ;

• Faire l’amour à certains moments ;

• L’inviter dans le restaurant de son choix ;

• Lui préparer un repas spécial ;


• Assister à un événement culturel (un opéra,
un concert classique) ou à une manifestation
sportive (football, basket-ball, tennis) ;

• Nettoyer une partie de la maison ;

• Lui offrir un vêtement ou un bijou ;

• Ne pas être tout le temps sur son dos pendant


une semaine.

Il doit s’agir d’une récompense non négligeable et


proportionnelle au changement réclamé. Soyez le
plus précis possible. Par exemple, vous pouvez
dire : « Si tu adoptes ce comportement quatre fois
la semaine prochaine, je t’offrirai trois
récompenses, une lundi, une mardi et une
mercredi, avant d’aller te coucher. »

Savoir quand tenir sa langue


Pour conserver une relation satisfaisante, vous
devez savoir quand vous abstenir de parler.
N’essayez pas de sortir vainqueur de chaque
dispute, de corriger la moindre erreur ou de
toujours prendre le dessus. De temps en temps,
détendez-vous et écoutez-le, même si vous
n’aimez pas ce qu’il vous dit.
Une fois que votre partenaire vous a passé un
savon, réfléchissez calmement à ce qu’il vous a dit.
Il peut se tromper, être vindicatif, menaçant,
injuste ou humiliant. Mais il peut aussi y avoir un
grain de vérité dans sa critique. Détendez-vous,
d’accord ?

Ce n’est pas parce que vous demeurez poli et que


vous ne vous lancez pas dans une dispute que vous
admettez votre culpabilité. On pense souvent que
réagir en ne faisant pas autant de bruit que l’autre,
c’est accepter le reproche. Garder son sang-froid
est une vertu. L’impétuosité n’est pas payante à
long terme. En fait, les personnes qui se mettent
constamment en colère sont rarement prises au
sérieux. On a tendance à les juger immatures et à
faire en sorte de les éviter.

Faire preuve d’empathie pour


améliorer sa vie de couple
Le fait de vous montrer empathique fait grimper le
solde de votre compte marital. Vous évitez les
débits parce que vous n’êtes pas négatif. Votre
solde est créditeur, parce que vous êtes positif,
attentionné, et que vous œuvrez pour le bien-être
de la relation.

Être empathique, ce n’est pas céder ou admettre


que vous avez tort. C’est essayer sincèrement de
comprendre le point de vue de l’autre et valider ses
sentiments. Prenons le cas de Martine et Hervé.

« Faut toujours que tu sèmes la pagaille partout !


hurle Martine. Quand est-ce que tu vas te mettre à
ranger ? »

Hervé est prêt à exploser à son tour. « Je te signale


que j’ai veillé tard pour faire la vaisselle hier et j’ai
rangé tout ce que tu avais laissé en plan. » Et il a
peut-être deux ou trois autres preuves qui justifient
à ses yeux la colère qu’il vient de piquer pour se
venger.

Mais il s’en tient là et laisse Martine poursuivre sur


le même ton. Il patiente jusqu’à ce qu’elle ne se
contrôle plus.

Puis il répond calmement :

« Tu es très en colère maintenant, n’est-ce pas ?

— Oui, je suis en colère ! J’en ai marre de te faire


chaque fois les mêmes remarques !
— Tu es fâchée après moi parce que je n’ai pas
nettoyé l’évier et que j’ai laissé les couverts et les
restes du p’tit déj’ sur la table de la cuisine,
répond-il.

— Ouais, c’est ça, dit-elle un peu plus calmement.

— Ça t’agace vraiment quand je suis en retard ou


que j’oublie de ranger, reformule-t-il. Tu
souhaiterais que je sois plus sérieux.

— Ah, tu commences à piger, répond-elle. C’est


quoi ta solution ? »

Ce n’est pas parce que vous faites preuve


d’empathie que vous allez résoudre le problème,
mais cela vous place dans un état d’esprit plus
favorable à la conciliation. Vous pouvez ainsi vous
concentrer sur le problème sans en générer un
autre, qui fait généralement plus de dégâts que le
souci original. (Voir la section sur l’empathie au ch
apitre 7.)

Bâtir des relations sociales


émotionnellement saines
L’intelligence émotionnelle vous aide à être plus
satisfait, non seulement dans votre vie de couple,
mais également dans vos relations sociales. Il est
parfois plus facile de vous exercer à améliorer vos
capacités émotionnelles avec vos amis qu’avec
votre partenaire. L’amitié n’est souvent pas aussi
intense que les relations amoureuses.

Généralement, on aime être entouré de personnes


émotionnellement intelligentes. Pensez à vos amis.
Combien sont souvent de mauvaise humeur,
malheureux, ne savent pas communiquer, sont
pessimistes ou insensibles ? Ce genre d’individu ne
semble tout simplement pas attirer les autres.

Exploiter ses capacités


émotionnelles dans les
relations sociales
Les capacités émotionnelles que vous développerez
par l’intermédiaire de ce livre peuvent vous aider à
améliorer bon nombre de vos relations
interpersonnelles. Par exemple, les amis
recherchent souvent l’empathie dans leurs
relations.

Votre faculté de nouer de meilleures relations


interpersonnelles contribue également à définir vos
amitiés et vous permet :
• D’entamer des relations ;

• De savoir quels sujets aborder ;

• D’avoir des conversations intéressantes ;

• De faire participer des gens à la conversation ;

• D’avoir des centres d’intérêt en commun ;

• De rire ensemble ;

• De donner et de recevoir des conseils ;

• De vous raconter des histoires ;

• De partager un sport ou un passe-temps ;

• De fêter des événements ;

• D’offrir votre soutien (par exemple, lors de la


perte d’un être cher) ;

• De découvrir des choses intéressantes ;

• De faire de l’exercice ensemble ;

• De vous impliquer dans la vie politique ;

• De pratiquer votre religion.

L’amélioration de vos qualités relationnelles


présente de nombreux avantages. Vous pouvez
élargir votre cercle d’amis, être plus proche de vos
amis, rencontrer plus facilement de nouvelles
personnes et avoir des relations plus agréables. Être
sur la même longueur d’onde que les autres, sur les
plans émotionnel et relationnel (grâce à vos
qualités de communication), peut améliorer vos
relations et enrichir vos expériences.

Trouver le bon équilibre entre


capacités émotionnelles et
comportement en société
Avec certaines personnes, vous avez une relation
émotionnelle (intime) et avec d’autres, une relation
sociale (interpersonnelle). Plus vous êtes proche de
quelqu’un, plus l’attachement est émotionnel. Avec
les inconnus, vous êtes plus susceptible d’avoir une
interaction interpersonnelle.

Se comporter intelligemment sur le plan


émotionnel, c’est trouver le bon équilibre entre les
relations sociales et les relations émotionnelles. Il
existe deux façons de se tromper :

• Vous pouvez être trop distant et ne pas laisser


les autres vous approcher. Cette situation se
produit parfois dans les couples où l’homme
est plus traditionnel ou macho. Il est
intéressant de noter que l’on retrouve souvent
cette distance dans certaines catégories
professionnelles (ingénieurs, profs de maths,
chirurgiens, anesthésistes, géologues,
actuaires, comptables, etc. C’est également le
cas dans certaines cultures, surtout quand il
existe de grandes disparités entre les deux
sexes.

Vous trouvez des exemples extrêmes de ce


détachement émotionnel chez les personnes
souffrant du syndrome d’Asperger. Ce
syndrome se définit notamment par une
réticence à regarder les autres dans les yeux,
un manque d’humour, une tendance à
rarement exprimer ses émotions et à avoir des
interactions répétitives et stéréotypées.
Bas les pattes !

La proxémie (ou proxémique) est l’étude de la


distance physique et des relations spatiales qui
s’établissent entre des personnes en interaction.
Elle doit son nom à Edward T. Hall, anthropologue
américain qui en 1963 a étudié ce « langage
silencieux » acquis dès les premières années de
notre vie et qui influence nos relations avec les
autres, sans que nous en soyons conscients.

Nous vivons tous dans cette bulle invisible, notre


territoire personnel, qui détermine notre système
de communication non verbale. Pour être à l’aise,
nous avons besoin d’une distance de sécurité les
uns par rapport aux autres. Ces distances varient
selon les pays, les classes sociales : on ne se parle
pas à la même distance entre collègues ou avec sa
famille, au Japon, en France ou dans les pays
arabes ! E. T. Hall distingue plusieurs zones entre
les personnes, pour les pays occidentaux :

• La zone intime : de 0 à 45 centimètres, celle


du contact physique (baiser, câlin, acte
sexuel), de la confiance et du réconfort.

• La zone personnelle : de 45 centimètres à


1,20 m, où il est possible de se serrer la main
et d’établir facilement une conversation.

• La zone sociale : de 1,20 m à 3,60 m, celle


des lieux publics, des bureaux et de la
neutralité.

• La zone publique : plus de 3,60 m, celle où


l’on peut adopter une conduite de fuite ou de
défense, et celle du face-à-face avec un public.

À chacun son territoire ! Lorsqu’on entre dans celui


de l’autre, il y a violation de l’espace personnel, ce
qui déclenche immédiatement des réactions
violentes inconscientes. Nombre de conflits sont
dus à ce non-respect des frontières des autres.

• Vous pouvez être trop dans le registre


émotionnel avec une personne que vous venez
tout juste de rencontrer pour la première fois.
Vous racontez votre vie dans les moindres
détails à de parfaits inconnus. Essayer d’être
trop proche d’une personne que vous
connaissez à peine, c’est envoyer des messages
contradictoires. Pour de nombreuses
personnes, c’est le signe qu’il existe un
danger. Elles risquent alors de vous mettre sur
la liste des gens à éviter.
Savoir quoi dire, comment et à qui est un don
naturel chez certains. D’autres, en revanche,
l’apprennent en observant le comportement
d’autrui. Le cinéma et la télévision vous
donnent des exemples des bonnes et des
mauvaises façons d’entamer et de cultiver une
relation. Généralement, les personnages les
plus sympathiques sont ceux capables de
trouver le juste équilibre entre ce qu’ils
peuvent dire et ne pas dire à leurs
interlocuteurs.

Pour bon nombre de personnes, leurs


expériences les aident à découvrir les règles
d’or des relations satisfaisantes. D’autres, en
revanche, ont une vie faite de rencontres
suivies de ruptures. Les personnes
émotionnellement intelligentes comprennent
les principes des relations sociales et en
appliquent les règles. À l’instar de la plupart
des aspects de l’intelligence émotionnelle, les
capacités interpersonnelles présentent deux
dimensions :

• Théorique : connaître les règles et leur


fonctionnement. Il s’agit d’être capable de
prédire l’issue de relations humaines. Les
personnes ay2ant une bonne connaissance
théorique des relations sociales peuvent avoir
une idée précise de l’état et de la nature d’une
relation entre deux individus rien qu’en
observant leurs comportements.

• Pratique : être capable de sortir pour entamer,


cultiver et préserver des relations saines. Il
s’agit de l’aptitude à communiquer au
quotidien avec les gens.

Certaines personnes peuvent connaître


parfaitement la théorie mais ne pas forcément bien
appliquer ces principes au quotidien. D’autres sont
bons sur les deux plans. Bien que vous ne les ayez
probablement pas acquises à l’école, vos qualités
relationnelles peuvent vous permettre d’avancer
dans la vie.

“Il n’y a pas deux personnes qui ne


s’entendent pas, il y a seulement
deux personnes qui n’ont pas
encore assez discuté.”
Proverbe sénégalais
DANS CE CHAPITRE
Comprendre les caractéristiques des parents dépourvus
d’intelligence émotionnelle

Veiller à ce que les deux parents soient sur la même
longueur d’onde

Rester calme face à son enfant

Gérer son enfant en utilisant ses capacités
émotionnelles

Agir de manière constructive avec son adolescent

Survivre à la tempête de l’adolescence

Chapitre 15
Élever des enfants en bonne
intelligence… émotionnelle
C ’est connu, on ne vous remet aucun mode
d’emploi (ni garantie) au moment de la naissance
d’un enfant. Cela explique peut-être les centaines
d’ouvrages sur l’éducation vendus en librairie.

Ce chapitre n’est pas un cours complet sur la façon


idéale d’élever un enfant, mais il aborde des
aspects de l’intelligence émotionnelle susceptibles
de vous aider à appliquer votre mode d’éducation.

L’un des problèmes les plus couramment liés à


l’éducation des enfants vient de la divergence des
deux acteurs principaux (les parents) sur la
méthode à suivre. Un autre écueil répandu est le
manque de cohérence dans l’application des
principes choisis. Ce chapitre explore des aspects
universels de l’éducation qui peuvent vous aider
dans cette tâche monumentale consistant à élever
sa progéniture.

Devenir des parents


émotionnellement intelligents
On me demande souvent pourquoi les gens ne
passent pas de tests avant de devenir parents. Si la
personne qui pose la question le fait sous forme de
boutade, elle a souvent à l’esprit une sorte de test
d’intelligence, estimant que certains individus ne
sont pas suffisamment intelligents pour savoir
comment élever un enfant.

Si l’intelligence garantissait une éducation


irréprochable, ce principe serait pertinent. Il
n’existe cependant aucun lien réel entre votre QI et
votre efficacité en matière d’éducation. En fait, le
Dr Robert Goodman et ses collègues du Department
of Child and Adolescent Studies de l’Institute of
Psychiatry de Londres ont mené une étude portant
sur ce thème dans tout le Royaume-Uni. Ils ont
découvert que les enfants de parents au QI élevé
avaient plus de troubles émotionnels.

Mais ce n’est pas tout. Selon une étude de cinq ans


menée par le Kinsey Institute de l’université
d’Indiana, avoir des enfants abaisse de manière
significative le QI du père et de la mère.

Les chercheurs ont commencé par tester le QI


de 200 couples mariés qui envisageaient de fonder
une famille dans les quatre années à suivre.
Seuls 27 couples n’ont pas eu d’enfant dans la
période prévue. Tous les parents ont passé un test
de QI six mois après la naissance de leur enfant.
Chez les 173 personnes testées, les deux parents ont
eu au moins 12 points de moins au second test
qu’au premier, et jusqu’à 20 points pour un grand
nombre.

Selon le Dr Hosung Lee, chercheur en chef, le fait


d’avoir des enfants retarde l’activité cérébrale.
Dans la mesure où les deux parents connaissent
cette baisse de QI, les chercheurs supposent que
cette perte est psychologique et non biologique. Le
Dr Lee dit que les plus touchées sont les zones du
cerveau traitant la logique et l’épreuve de la réalité.

Cette perte en matière de logique et d’épreuve de la


réalité explique pourquoi tous les parents croient
que leur enfant est le plus mignon, le plus
intelligent, le meilleur, etc. Cela explique
également pourquoi des personnes auparavant
ouvertes d’esprit rejettent maintenant la faute sur
les professeurs et entraîneurs quand les
performances de leur enfant ne sont pas à la
hauteur de leurs espérances. Une fois parent, vous
devenez non seulement moins objectif, mais
également moins tolérant. Vous avez soudain des
attentes vis-à-vis desquelles vous évaluez votre
rejeton régulièrement. Si vous devez rendre vos
attentes plus réalistes en fixant des objectifs, vous
devez également faire preuve de calme et vous
montrer constructif quand votre enfant n’y répond
pas. Pour de nombreux parents, il est difficile de
résister à leurs exigences, qui deviennent parfois
des pulsions difficiles à maîtriser.

La perte de contrôle des pulsions est l’une des


illustrations de la baisse du niveau d’intelligence
émotionnelle des parents. Vous avez beau savoir
objectivement que le fait de trop pousser vos
enfants et d’en attendre beaucoup est source de
démotivation, d’anxiété ou de colère, vous avez
cependant tendance à devenir impulsif et moins
tolérant face au manque de coopération ou à des
comportements non conformes à vos attentes.

Pourquoi n’enseigne-t-on rien


sur les enfants ?
Avant d’avoir des enfants, vous vous sentiez peut-
être capable de les gérer plutôt facilement. Vous
vous imaginiez qu’ils allaient être gentils et dociles
et ne perturberaient pas trop votre quotidien.

Cependant, pour l’immense majorité des parents,


les choses ne se déroulent pas comme ils
l’escomptaient. Il semble que vous contrôliez moins
le cycle du sommeil, les repas et les pleurs de votre
enfant que vous ne l’aviez espéré. En fait, vous
devez sans cesse adapter votre vie au rythme de
votre enfant. Nombre de parents ne se sont pas
vraiment préparés à ce genre de scénario.

Face à cette réalité, vous devez procéder à des


ajustements émotionnels afin d’accepter les
comportements de votre progéniture. C’est votre
capacité à vous adapter sur le plan émotionnel à
votre enfant qui est révélatrice de votre réussite en
matière de gestion des émotions.

Si vous savez tout du développement de l’enfant et


en avez mémorisé toutes les étapes, vous êtes bien
préparé sur le plan intellectuel. Il vous reste
maintenant à découvrir comment gérer la situation
émotionnellement lorsque votre rejeton se réveille
au beau milieu de la nuit, n’arrête pas de pleurer ou
refuse de manger cette merveilleuse mixture que
vous essayez désespérément de lui faire avaler.

À vrai dire, vous contrôlez mieux vos propres


réactions face à votre enfant que son
comportement. Plus vous gérerez vos réactions
avec sang-froid, plus votre enfant sera réceptif et
plus vous aurez de facilité à gérer son
comportement.
Gérer ses propres émotions
Passer de la gestion du comportement de votre
enfant à la prise en charge de vos propres émotions
est peut-être une transition difficile pour vous.

La prochaine fois que vous ne maîtrisez pas tout à


fait vos émotions à cause du comportement de
votre enfant, prenez en compte les éléments
suivants :

• Le comportement de votre enfant (avant votre


réaction) ;

• Vos sentiments vis-à-vis du comportement de


votre enfant ;

• Vos pensées vis-à-vis du comportement de


votre enfant ;

• Les mesures prises vis-à-vis du


comportement de votre enfant.

Voici un exemple :

• Le comportement de votre enfant : il n’arrête


pas de pleurer.

• Vos sentiments vis-à-vis du comportement


de votre enfant : au début, j’étais inquiet. Puis
le fait qu’il ne s’arrête pas m’a mis en colère.
Ensuite, j’ai culpabilisé de m’être mis en colère
contre lui.

• Vos pensées vis-à-vis du comportement de


votre enfant : j’ai pensé qu’il devait cesser
immédiatement, car il n’avait aucune raison de
pleurer. J’avais l’impression que le bruit allait
me rendre fou. Je craignais que les autres
l’entendent et qu’ils pensent que je n’étais pas
un bon parent. Puis je me suis dit qu’il ne
fallait pas que je tienne ce genre de
raisonnement à l’égard de mon enfant.

• Les mesures prises vis-à-vis du


comportement de votre enfant : je l’ai pris
dans mes bras pour le bercer. Je lui ai donné le
biberon et je lui ai parlé. Rien ne semblait
marcher !

Observez le lien entre vos sentiments et vos actes.


Il est naturel d’être inquiet et normal de prendre
votre enfant dans vos bras quand vous vous faites
du souci.

Quelle était la relation entre vos pensées et la colère


que vous éprouviez ? Dans l’exemple précédent,
c’est l’idée qu’il fallait que votre enfant cesse de
pleurer qui a peut-être fait naître votre colère.
Exiger d’une autre personne qu’elle modifie son
comportement ne donne pas les résultats
souhaités, surtout s’il s’agit d’un bébé ou d’un
enfant.

Il est compréhensible que l’agacement vous gagne


quand la situation vous échappe. Mais vous devez
saisir la différence entre agacement et colère.
L’agacement est une émotion maîtrisable. Quand
vous êtes agacé, votre capacité à raisonner demeure
intacte et vous pouvez vous poser les questions
suivantes :

• De quelles solutions je dispose ?

• Est-ce que je peux essayer d’autres


méthodes ?

• Pourquoi pleure-t-il ?

• Y a-t-il quelque chose qui le gêne ?

Il est très difficile de réfléchir quand on est en


colère. Votre esprit est alors trop préoccupé par
votre émotion pour prendre les bonnes décisions.
Dans cette situation, prêtez donc attention à vos
sentiments. Si vous sentez la moutarde vous
monter au nez, faites une pause, prenez du recul et
demandez-vous : « Pourquoi est-ce que je
m’emporte contre un enfant trop jeune pour se
maîtriser tout seul ? »

Comprendre l’état d’esprit et les


principes de son partenaire
Pour créer un environnement favorable à
l’éducation d’un enfant, vous devez comprendre les
principes de votre partenaire en matière
d’éducation et veiller à ce qu’il ait conscience des
vôtres. Si vous suivez tous deux le même cap,
super ! Sinon, il va falloir trouver les points de
convergence existants et chercher des compromis
dans les autres domaines. En trouvant un terrain
d’entente en matière d’éducation, vous réduirez les
désaccords au sein de votre couple, renforcerez le
bien-être de votre enfant et serez mieux dans votre
peau.

Imaginez-vous à la place de Raphaël. Il vient tout


juste de rentrer du travail.

« Coucou chérie, je suis là.

— Ah, Dieu merci, dit Léa. Je t’attendais.

— Il y a un problème ? demande Raphaël.


— Ce sont les enfants. J’en ai ras le bol. Occupe-
t’en, ils ne m’ont pas écoutée de toute la journée. Je
leur ai dit que tu leur donnerais une fessée dès que
tu rentrerais.

— Quoi ? » demande Raphaël, l’air surpris.

Raphaël n’avait aucune idée de ce qui l’attendait.


Flanquer une fessée aux enfants est la dernière
chose qu’il se serait imaginé faire. Les parents ont
souvent des conceptions différentes de l’éducation.
L’un est strict tandis que l’autre est plus laxiste.

Trouver le juste équilibre tient peut-être pour vous


du défi. Vous et votre conjoint devez aborder le
thème des principes éducatifs. Pour commencer,
chacun de vous deux va consigner ses réponses aux
questions et énoncés suivants dans son carnet :

• Qui est le plus sévère avec les enfants ?

• Donnez un exemple de situation au cours de


laquelle vous vous êtes montré strict ;

• Donnez un exemple de situation au cours de


laquelle votre conjoint s’est montré strict ;

• Donnez un exemple de situation au cours de


laquelle vous avez fait preuve d’indulgence ;
• Donnez un exemple de situation au cours de
laquelle votre conjoint a fait preuve
d’indulgence ;

• Dites quelle est votre philosophie en matière


d’éducation ;

• Dites quelle est selon vous la philosophie de


votre conjoint en matière d’éducation.

Une fois que vous et votre conjoint avez tous deux


réalisé l’exercice, échangez sur vos positions
respectives. Pour chaque énoncé, écoutez votre
conjoint, puis reformulez son point de vue jusqu’à
ce que vous l’ayez parfaitement compris. C’est
ensuite à votre conjoint d’exprimer votre position,
jusqu’à ce que vous soyez certain qu’il a bien saisi
votre point de vue. Maintenant que vous savez tous
deux ce que l’autre pense, vous pouvez passer à
l’étape suivante. L’objectif de cette partie de
l’exercice est de vous faire comprendre les
croyances de votre conjoint afin de trouver une
solution aux problèmes essentiels. Très souvent, les
désaccords s’aggravent quand les deux parties
refusent de prendre le temps de comprendre ne
serait-ce que le sujet de la discorde.
Agir en équipe
Une fois menée à bien l’activité précédente, vous et
votre conjoint devez prendre le temps de résumer
les idées et points de vue de l’autre. Dites si les
énoncés suivants sont vrais ou faux et consignez
les réponses dans votre carnet :

• Mon conjoint est plus strict que moi en


matière d’éducation ;

• Mon conjoint comprend ma conception de


l’éducation ;

• Mon conjoint veut bien procéder à des


ajustements par rapport à ma conception ;

• Nous souhaitons trouver un compromis.

Si vous répondez « oui » à ce dernier point, vous


parviendrez probablement à bien gérer vos
différences en matière d’éducation.

Si vous n’êtes pas d’accord sur le dernier énoncé,


parlez de vos problèmes avec une tierce personne
(ami, proche ou conseiller familial). Vous avez
besoin de résoudre le problème au plus vite par
égard pour votre enfant.
Votre objectif de parent ? Œuvrer en équipe !
Trouvez les sujets sur lesquels vous vous entendez.
Par exemple, si votre enfant court sur la chaussée
en plein milieu de la circulation, vous conviendrez
tous deux qu’il faut le sortir de là à tout prix. Pour
vous aider à augmenter le nombre de points
d’entente, procédez comme suit :

❶ Notez dans votre carnet les points sur


lesquels vous êtes d’accord.

Choisissez dans la liste suivante :


• Sécurité ;

• Comportement en public ;

• Attitude ;

• Hygiène et santé ;

• Nourriture et habitudes alimentaires ;

• Heure du coucher et sommeil ;

• École ;

• Vêtements ;

• Types de jouets ;

• Temps passé avec votre enfant ;

• Budget consacré à votre enfant ;


• Corvées ;

• Discipline.

❷ Notez les points de la liste précédente sur


lesquels vous n’êtes pas d’accord.

❸ Réjouissez-vous des points d’entente.

Utilisez ces domaines comme exemples de ce à quoi


vous souhaitez parvenir. Évoquez ensemble des
situations précises où vous étiez tous deux d’accord
sur un sujet. Explorez les raisons de cette entente.
Voyez si vous avez d’autres valeurs essentielles en
commun. Existe-t-il des sujets plus importants
pour l’un que pour l’autre ? En tirant profit de vos
valeurs communes, vous allez pouvoir renforcer les
liens au sein du couple. Fêtez ces points d’entente
en vous faisant des compliments, en vous
étreignant ou en vous donnant d’autres signes
d’affection.

Pour élever un enfant, il vaut mieux être le plus


souvent possible sur la même longueur d’onde que
son conjoint. S’il n’est pas forcément possible
d’être d’accord sur tout, vous devez développer des
stratégies pour traiter les divergences d’opinions.
Gérer les émotions de l’autre
Vous venez de dresser la liste des points de
convergence et divergence sur l’éducation des
enfants, et cela va vous permettre de mieux gérer
vos émotions et celles de votre conjoint en cas de
désaccord.

Vous connaissez probablement, tout comme votre


conjoint, votre point de divergence no 1 en matière
d’éducation. Dans cette activité, vous allez
échanger avec votre conjoint pour évoquer ce sujet
de désaccord.

❶ Fixez une heure et un endroit pour aborder ce


point de divergence.

Choisissez un endroit calme où vous ne risquez pas


d’être interrompus.

❷ Énoncez le point de vue de votre conjoint.

Dites par exemple : « Chérie, voyons si j’ai compris


ton opinion. Tu trouves que je suis trop dur avec
Lucas quand il se comporte mal en public. » Votre
conjoint doit ensuite vous dire si vous avez vu juste.

❸ Si vous n’avez pas formulé correctement sa


position, recommencez.
Répétez cette étape jusqu’à ce vous conveniez tous
les deux que vous-même avez bien traduit son état
d’esprit.

❹ Demandez à votre conjoint de définir le


changement de comportement qu’il
souhaiterait vous voir opérer.

« Alors, chérie, dis-moi comment tu voudrais que


je me conduise quand Lucas pique une colère au
supermarché. »

❺ Votre conjoint doit ensuite formuler l’attitude


qu’il attend de vous.

« Je me sentirais mieux si tu étais plus cool.


Laisse-le se défouler un peu. »

❻ Ne contestez pas la suggestion, dites


simplement votre sentiment sur la perspective
de réaliser ce changement de comportement.

« Si je laissais faire Lucas au supermarché, je


serais gêné et affolé. Je ne pense pas que je pourrais
rester là à rien faire pendant qu’il se déchaîne. »

❼ Demandez à votre conjoint de reformuler


votre état d’esprit dans cette situation.

« Tu as dit que tu serais vraiment gêné si Lucas


faisait un caprice au supermarché et si tu ne
réagissais pas. »

❽ Une fois que votre conjoint a expliqué


correctement votre sentiment, inversez les
rôles afin que votre conjoint traduise votre
position (étape 2).

Bien que vous ne puissiez pas forcément parvenir à


un accord total sur la façon de gérer cette situation,
ce dialogue vous permet de mieux comprendre les
sentiments de votre conjoint sur le problème. Cette
compréhension mutuelle aide à trouver un
compromis.

Garder son sang-froid avec son


enfant
L’un des problèmes les plus courants est la colère
des parents provoquée par le comportement de
l’enfant. Les occasions de perdre votre sang-froid
ne manquent certes pas, mais vous devez parvenir
à contrôler vos pulsions.

Toutes sortes d’éléments déclencheurs peuvent


vous faire perdre le contrôle de vous-même, du
comportement proprement dit de votre enfant à
votre difficulté à l’accepter, en passant par votre
incapacité à gérer votre réaction émotionnelle face
audit comportement. Lorsque vous ne contrôlez
plus vos émotions, vous pouvez finir par hurler,
voire frapper votre enfant.

Voici quelques suggestions pour garder votre


calme :

• Commencez par vous entraîner à gérer votre


impulsivité à des moments où vous êtes calme
et serein ;

• Comprenez bien que perdre votre sang-froid


n’est pas une bonne technique ;

• Identifiez les situations qui vous font perdre


votre calme (par exemple, quand votre enfant
se comporte mal, n’écoute pas ou pique une
crise) ;

• Décidez que vous allez chercher à rester zen


dans ces situations ;

• Quand vous sentez que vous allez perdre le


contrôle de vous-même, respirez calmement et
comptez jusqu’à dix ;

• Prévoyez un stratagème pour attirer


l’attention de votre enfant quand vous
commencez à perdre patience. Par exemple :
• Offrez une récompense à votre enfant
quand il se calme de lui-même,

• Détournez l’attention de votre enfant


avec un jouet qu’il adore,

• Exprimez-vous systématiquement
d’une voix calme,

• Avec les enfants en bas âge, faites une


tête rigolote, des sons très aigus, ou
montrez-lui des photos de gens qu’il
connaît afin de le détourner de sa colère.

Il faut du temps et de l’entraînement pour parvenir


à maîtriser votre colère. Exercez-vous quand vous
êtes calme. Dites-vous que se mettre en colère peut
s’avérer très néfaste et cela peut être une
motivation suffisante pour changer de
comportement.

Une fois que vous avez opté pour une stratégie


efficace à vos yeux, expérimentez-la. Considérez la
prochaine crise de votre progéniture comme
l’occasion d’appliquer cette nouvelle technique.

Si le contrôle de vos pulsions est un grave problème


dans votre cas (par exemple, vous hurlez de
manière excessive ou vous pouvez devenir
physiquement violent avec votre enfant), parlez-en
à un psychothérapeute ou un psychiatre.

Exploiter ses capacités


émotionnelles pour gérer son
enfant
Pour élever son enfant de manière constructive,
enrichissante, et avec amour, il faut être capable de
gérer vos émotions. Des études ont montré que
hurler de manière excessive sur son enfant peut
faire autant de mal, voire plus, que de lui flanquer
une fessée. Lui hurler dessus, l’insulter et le
dénigrer peut être bien plus dommageable qu’une
claque sur le derrière, par exemple.

Le message que vous envoyez à votre enfant (les


mots et l’émotion associée) reste dans son esprit et
peut renforcer l’idée qu’il est méchant. Si vous
continuez de hurler, votre enfant finira par être
vacciné contre le bruit. Il fera la sourde oreille et
l’ignorera en se disant : « Bah, il me dit encore que
je suis un bon à rien. » Lorsque vous êtes capable
de gérer vos propres réactions émotionnelles, cela
vous permet de devenir meilleur parent. Parmi les
capacités émotionnelles les plus importantes à
appliquer à l’éducation des enfants figurent le
contrôle des pulsions, l’empathie et la résolution
des problèmes. S’exercer à employer ces capacités
permet de mettre en œuvre de multiples approches
éducatives. Si vous êtes incapable de gérer vos
propres émotions, aucune stratégie ne vous aidera
à faire en sorte que votre enfant soit heureux et
émotionnellement équilibré.

Les sections suivantes vous aideront à comprendre


comment vous concentrer sur trois capacités
émotionnelles importantes en matière d’éducation.
Si vous parvenez à contrôler vos pulsions, vous
pouvez alors vous concentrer sur la façon de traiter
votre enfant. Une plus grande empathie de votre
part vous permet de comprendre son état d’esprit
et ses intentions (son objectif n’est sans doute pas
de vous rendre fou). Enfin, en améliorant votre
faculté de résoudre les problèmes, vous vous
faciliterez la vie quand il s’agira de le maîtriser s’il
devient difficile.

Parvenir à contrôler ses


pulsions
Ne pas contrôler vos pulsions peut mettre à mal vos
efforts en matière d’éducation. En maîtrisant votre
impulsivité, vous devenez un parent plus équilibré,
plus prévenant, plus influent, et qui soutient son
enfant. Il peut même vous arriver de ne pas avoir
conscience d’être négatif et agressif envers lui.
Vous haussez le ton, vous vous mettez en colère,
vous faites preuve d’impatience et vous commencez
à devenir exigeant (« Fais ceci ! Apporte ça, tout de
suite ! »).

Imaginez si vous vous comportiez ainsi avec un


parfait inconnu, ou pire, lors d’un entretien
d’embauche. Gênant, non ? Est-ce que vous
réfléchiriez à la question posée par le recruteur, ou
lui diriez-vous de but en blanc : « Elle est débile
votre question. Je n’ai pas de temps à perdre avec
vos conneries. Finissez-en vite que je me tire
d’ici » ? Pensez-vous qu’il vous donnerait le
poste ? De même, votre enfant va-t-il vous engager
comme parent ?

Il existe diverses stratégies à long terme pour


devenir plus patient. Voici quelques suggestions :

• Mettez-vous à la méditation, à la pleine


conscience ou au yoga. Le chapitre 6 traite ces
techniques en détail ;

• Au cours de la semaine prochaine, prêtez bien


attention à votre colère ou agacement quand
ils commencent à pointer le bout de leur nez.
Surveillez vos sentiments et ce que vous vous
dites quand votre ressenti s’aggrave.
Remarquez quelles sont les idées à l’origine de
ces sentiments. À la fin de chaque journée,
faites une synthèse de vos tentatives pour
maîtriser la colère. Voyez si vous pouvez
parvenir à mieux déceler votre colère dès
qu’elle apparaît, de façon à la gérer plus
facilement ;

• Si vous ne parvenez jamais à contrôler vos


pulsions, vous souhaiterez peut-être consulter
un professionnel de santé.

Un guide nommé empathie


L’empathie, qui vous permet d’identifier les
émotions de votre enfant et de comprendre son état
d’esprit, peut vous aider à gérer son comportement.

Voici des moyens de vous montrer plus empathique


avec votre enfant :
• Lorsque votre enfant est contrarié, cherchez
d’abord à comprendre ce qu’il ressent ;

• Si votre enfant est en âge de parler,


demandez-lui ce qui ne va pas ou pourquoi il
éprouve ce sentiment ;

• Reformulez l’émotion éprouvée par votre


enfant (dites par exemple : « Tu as l’air très
en colère, Sarah ») ;

• Posez-lui des questions pas forcément liées à


son sentiment mais à des activités et des
événements (ce qu’elle a fait plus tôt dans la
journée, ce qui s’est passé pendant le déjeuner,
ce qu’elle va faire cet après-midi). Parfois,
vous pouvez obtenir des indices en l’écoutant
raconter des événements récents (par
exemple : « Qu’as-tu fait quand Kévin t’a dit
qu’il ne voulait pas jouer avec toi ? »). Nombre
d’enfants ont du mal à exprimer
spontanément ce qu’ils ressentent.

Si vous cherchez à comprendre votre enfant, il vous


répondra en fournissant des informations plus
utiles sur ses sentiments, ce qu’il ne fera pas si
vous essayez de contrôler son comportement. Il
recherche avant tout de la compréhension et de
l’attention. Les solutions viennent après.

Gérer les crises en réglant les


problèmes
Une fois vos pulsions contrôlées, lorsque vous avez
compris ce que ressentait votre enfant, vous êtes
fin prêt à vous atteler à la résolution du problème.
Commencez par vous demander ce que vous pouvez
faire pour gérer le comportement de votre enfant.

Vous souhaiterez peut-être exploiter les ressources


à votre disposition pour obtenir des conseils :
parents, proches ou amis. S’ils ont déjà eu affaire à
ce genre de comportement, qu’ont-ils fait ?

Suivez cette procédure :

❶ Veillez d’abord à bien cerner le problème.

Commencez par décrire le problème de manière


claire et concise. (Par exemple, Julie se met à
pleurnicher chaque fois que nous allons chez sa
grand-mère.)

❷ Faites le tour des solutions existantes.

Évaluez chacune de ces solutions.


❸ Choisissez une solution en procédant par
tâtonnements.

❹ Appliquez cette solution.

Prêtez bien attention à son efficacité.

❺ Voyez s’il s’agit de la meilleure solution.

Si ce n’est pas le cas, testez-en une autre.

Si votre solution a porté ses fruits, félicitez-vous de


ce succès et retenez-la pour la prochaine fois.

Lorsque vous résolvez des problèmes d’éducation, il


faut généralement procéder par tâtonnements.
Soyez optimiste. Vous finirez par trouver une
solution adaptée à la situation. Mais vous devez
également tirer des enseignements précieux de vos
erreurs aussi bien que de vos succès. Souvenez-
vous de cette petite phrase de Michelle Guez :
« Chaque fois que je me plante, je pousse ! »

Se maîtriser face à un
adolescent
La gestion des adolescents vous met face à des
situations parfois très complexes. Pour votre jeune
enfant, vous êtes sa source d’influence la plus
importante. Les adolescents, en revanche, se
laissent plus facilement influencés par les amis et
le monde de la communication (télévision, films,
sites Web et autres activités Internet).

Pour gérer un adolescent, il faut savoir contrôler


ses pulsions, faire preuve d’empathie et savoir
régler les problèmes, comme avec les enfants plus
jeunes (voir les sections précédentes). Mais, une
autre facette de l’intelligence émotionnelle entre en
ligne de compte : la souplesse. Les adolescents
réagissent mal si vous vous montrez rigide, à la fois
dans votre raisonnement et votre comportement.

Ce qu’il faut savoir sur la


souplesse
Vous avez peut-être grandi à une époque où les
adultes imposaient une discipline stricte. Les
jeunes d’aujourd’hui ont grandi au sein d’une autre
école de pensée, qui remet sérieusement en cause
l’autorité. Ils peuvent décider de ne pas faire
quelque chose simplement parce qu’elle leur a été
demandée par une personne représentant
l’autorité.

Les jeunes aiment avoir le choix et réagissent mal


aux règles et aux ordres. Vous pouvez les raisonner,
mais vous devez être capable de comprendre leurs
besoins (ou au moins leur état d’esprit) afin de
parvenir à plaider votre cause avec succès.

L’éducation d’un adolescent demande de faire


preuve de souplesse lorsque vous présentez les
options existantes. L’adolescent moderne fonde
tout sur les relations sociales (avec qui échanger,
dans quel cadre et quel type de carrière suivre).

Vous êtes face à des défis majeurs : contrôler vos


propres émotions et savoir quelle confiance vous
pouvez avoir en votre adolescent. Certains
comportements de votre adolescent peuvent vous
déplaire ou vous gêner. Il faut que vous sachiez
choisir vos batailles tout en lui laissant un peu de
marge de manœuvre pour s’enrichir de nouvelles
expériences. Faites de la sécurité de votre
adolescent votre priorité.

Vous montrer souple avec votre adolescent peut


être une source considérable d’anxiété. Il est donc
possible qu’en lui laissant plus de latitude, le stress
augmente (chez vous ou votre partenaire).

L’utilité de savoir gérer le


stress
Prenez conscience que votre adolescent va bientôt
devenir adulte et sera donc responsable de ses
actes. L’adolescence est un centre de formation à la
vie d’adulte. Si votre adolescent vous demande un
conseil, estimez-vous heureux. Vous êtes
probablement doté des capacités présentées
précédemment (contrôle des pulsions, empathie,
résolution des problèmes et souplesse).

Vous vous êtes peut-être déjà retrouvé dans la


situation de Rachida, qui regarde pour la énième
fois sa montre.

« Luc, il est près de 2 heures du matin. Il a dû


arriver quelque chose à Ali. Il ne répond pas à son
portable.

— Rachida, je suis sûr que tout va bien. Il nous a


dit qu’il rentrerait tard. Il est l’heure d’aller nous
coucher, maintenant.

— Je ne vais pas pouvoir dormir tant que je n’aurai


pas eu de ses nouvelles. »

Les adolescents sortent parfois jusque tard dans la


nuit. Même s’ils ont maintenant des portables, ils
ne le laissent pas toujours allumé. L’idéal est de
vous mettre d’accord avec votre adolescent sur une
heure de retour et la nécessité qu’il vous prévienne
en cas de changement de programme.
L’accroissement de votre anxiété dans cette
situation ne fait qu’empirer les choses pour vous.

Pour mieux gérer votre stress, deux solutions


s’offrent à vous :

• Faire face aux idées stressantes qui vous


viennent à l’esprit ;

• Penser à autre chose.

Les pensées stressantes


Tout le monde a des pensées stressantes. Vous
pouvez les dominer en les réfutant. Mais, pour ce
faire, vous devez argumenter. Voici un exemple :

• Événement stressant : il est tard et je n’ai pas


de nouvelles d’Ali.

• Pensées stressantes : il a dû lui arriver


quelque chose. Comment peut-il avoir tant de
retard sans m’avoir prévenue ? Mon Dieu, c’est
affreux ! Pourquoi il se comporte comme ça ?

• Questions : ai-je une preuve qu’il lui soit


arrivé quelque chose ? A-t-il déjà eu un tel
retard ? Est-ce que j’ai essayé de l’appeler et
de lui laisser un message ? Qu’est-ce que son
comportement a de si affreux ? Pourquoi
devrait-il se comporter autrement ?

• Réponses possibles : je ne vois aucun signe de


problème. Il a bien son portable. Par
conséquent, si quelque chose n’allait pas, il
aurait appelé. Je lui ai laissé un message lui
demandant de me rappeler. Il ne se comporte
peut-être pas très bien, mais il n’y a rien
d’épouvantable. C’est son choix et je pourrai
lui parler de ce comportement demain.

La diversion
Se détourner d’une situation stressante est une
solution à court terme contre le stress. Vous pouvez
vous distraire afin d’éviter les effets immédiats
d’une réaction excessive à une situation.

Il existe deux façons de faire diversion :

• Physiquement : adonnez-vous à une activité


qui vous calme (lecture, télévision, tricot,
peinture, Internet, rangement, cuisine, etc.).

• Mentalement : méditez, écoutez de la


musique (jazz tranquille, musique classique,
pop, musique de détente, émissions de radio),
faites du yoga, des exercices de relaxation,
planifiez vos vacances, concentrez-vous sur un
problème professionnel à résoudre ou
adonnez-vous à n’importe quelle activité vous
permettant de penser à autre chose.

Gérer les turbulences de


l’adolescence
Gérer un adolescent peut exiger beaucoup de vous.
Les hauts et les bas de la vie d’un adolescent
semblent toujours se produire quand on ne s’y
attend pas. Ses problèmes touchent le plus souvent
l’amitié, les relations amoureuses, l’école, la
drogue, le tabac, l’alcool, les fêtes nocturnes, un
excès d’activités multimédias (télévision, Internet
et jeux vidéo), etc. L’adolescence est un sujet
d’écriture depuis que l’humanité consigne ses
histoires par écrit. Ainsi, Aristote disait déjà en
l’an 322 avant J.-C. : « Nos jeunes aiment le luxe,
ont de mauvaises manières, se moquent de
l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. »

Bien entendu, vous devez conserver une certaine


tranquillité d’esprit. Sachez ne pas trop vous
impliquer dans les problèmes de votre adolescent
afin de les gérer avec plus d’objectivité et de calme.
Il est normal que sa vie vous inquiète, mais il lui
incombe de tracer sa route tout seul.

La composante de l’intelligence émotionnelle


susceptible de vous aider quand votre adolescent
commence à vous poser des problèmes est l’estime
de soi (votre capacité à avoir conscience de vos
forces et faiblesses et à avoir confiance en vos
points forts). Vous pouvez également aider votre
enfant sur le plan relationnel et en matière de
responsabilité sociale si vous êtes doué dans ces
domaines.

Maintenir une estime de soi


équilibrée
Une bonne estime de soi émotionnelle permet de
bien maîtriser ses propres émotions. Votre
confiance en vous et la connaissance de vos points
forts garantissent une utilisation efficace de vos
capacités émotionnelles et qualités relationnelles
pour communiquer avec votre ado. Si votre propre
estime est faible, vous avez tendance à vous sentir
incompétent et à baisser les bras plus facilement.
La plupart des parents peuvent être des ressources
de qualité pour leur adolescent, mais vous devez
avoir confiance en votre capacité à intervenir avec
à-propos, en sachant quand écouter, quand
consoler et quand donner des conseils.

Vous servir de vos points forts pour guider votre


adolescent peut améliorer votre relation avec lui. Si
vos faiblesses vous en empêchent, en vous incitant
à réagir de manière excessive ou inappropriée, ces
comportements destructeurs risquent de nuire à
votre relation.

Voici quelques exemples :

• Votre force est le contrôle de vos pulsions.


Vous traitez votre ado avec patience, calme et
sérénité. Gardez ces qualités, même dans une
période difficile. Vous réfléchissez aux
conséquences de vos propos et ne dites donc
jamais une chose que vous risquez de regretter.

• Votre faiblesse est le contrôle de vos pulsions.


Vous êtes susceptible de réagir sans réfléchir,
surtout quand votre ado fait quelque chose qui
vous contrarie. En ne maîtrisant pas vos
pulsions, vous risquez d’avoir des réactions
excessives (en étant trop négatif ou critique) et
donc de nuire à votre relation.
• Votre force est l’empathie. Vous écoutez votre
ado et ce dernier sent que vous le comprenez.
En gagnant sa confiance, vous êtes plus à
même de faire partie de sa vie.

• Votre faiblesse est l’empathie. Votre ado


trouve que vous ne le comprenez pas. Pourquoi
devrait-il alors se donner la peine de vous
parler ? Vous ne prenez en compte que vos
propres valeurs sans prêter attention à son état
d’esprit.

Soyez conscient de vos forces et exploitez-les


quand vous gérez votre adolescent. Vous souhaitez
une relation parent-enfant satisfaisante et
maintenir une communication totale avec lui. Ne
vous attendez pas à ce qu’il vienne d’abord vous
trouver pour parler de ses problèmes. À cet âge, les
amis jouent un rôle important. En revanche
montrez-vous disponible s’il vous sollicite.

Évaluer l’aptitude à
communiquer de son
adolescent
L’amitié et l’aptitude à communiquer jouent un
rôle important dans la vie d’un adolescent.
Nombreux sont les ados à se définir et à évaluer la
satisfaction que leur apporte la vie à travers leurs
amitiés. Certains ados ne sont cependant pas très
sociables. Vous devez savoir si votre ado ne va pas
vers les autres par choix personnel.

Si votre adolescent préfère des activités solitaires


telles que la lecture, la télévision, Internet ou les
jeux vidéo, il n’y a peut-être aucune raison de vous
inquiéter. Certains ados se contentent de quelques
amis et les activités solitaires leur vont très bien.

Cependant, si votre ado ne s’entend pas très bien


avec ses pairs, cela traduit peut-être l’existence
d’un problème. Vous pouvez essayer de parler de la
situation avec lui, mais il y a de fortes chances que
sa vie sociale soit un sujet de conversation délicat.
Généralement, si votre ado connaît des difficultés
d’ordre social, il peut manifester certains
symptômes (tristesse, irritabilité, entêtement,
ennui et tendance à être désagréable).

Avec un adolescent, vous souhaiterez peut-être


faire appel à une tierce personne, un oncle, un
parrain, voire un psychologue, afin de l’aider à
mieux communiquer.
Apprendre la responsabilité
sociale à son adolescent
La responsabilité sociale (à savoir se soucier de son
entourage et du monde en général, surtout des
personnes les plus déshéritées) est une qualité
rarement transmise aux enfants. L’idéal est bien
entendu de lui servir de modèle. Si vous vous
montrez actif en donnant de votre temps aux
personnes dans le besoin, voire en impliquant votre
enfant dans votre démarche, vous pouvez lui
inculquer la responsabilité sociale et l’aider ainsi à
accroître son intelligence émotionnelle.

La responsabilité sociale peut influencer votre ado


de manière positive. Plus vous lui inculquez tôt ces
valeurs, mieux c’est. Vous lui éviterez ainsi de
devenir trop capricieux et obnubilé par les biens
matériels.

Voici quelques pistes pour favoriser la


responsabilité sociale :

• Être généreux envers des associations


caritatives ;

• Travailler bénévolement dans des associations


à but non lucratif ;
• Afficher des comportements respectueux de
l’environnement ;

• Aider les personnes défavorisées ;

• Être gentil, généreux et indulgent avec les


autres, qu’ils soient proches ou non de vous ;

• Participer à la vie de quartier.

Apprendre à votre enfant à faire preuve de


responsabilité sociale peut l’aider à bien travailler
en équipe. La responsabilité sociale est également
un excellent antidote contre un problème qui
touche souvent les jeunes d’aujourd’hui : l’ennui.
La notion de partage enrichit leur vie et leur permet
de moins être exposés au matérialisme ambiant.

“Chaque seconde que nous vivons


est un moment nouveau et unique
dans l’histoire de l’univers, un
moment qui ne reviendra plus
jamais.
Et qu’enseignons-nous à nos
enfants ?
Nous leur enseignons que deux et
deux font quatre et que Paris est
la capitale de la France.
Quand leur enseignerons-nous
aussi à savoir qui ils sont ?
Nous devrions dire à chaque
enfant : sais-tu qui tu ES ?
Tu ES une merveille, tu ES unique.
Depuis le début des temps, il n’y a
jamais eu un autre enfant comme
toi.
Tes jambes, tes bras, l’agilité de
tes doigts, ta façon de marcher. Tu
pourrais être un Shakespeare, un
Michel-Ange, un Beethoven. Tu
ES capable de réussir en tout. Oui
tu ES une merveille. Et quand tu
seras grand, oserais-tu faire du
mal à quelqu’un qui, comme toi,
est une merveille ?
Tu dois travailler, nous devons
travailler, à rendre le monde
digne de ses enfants.”
Pablo Casals
DANS CE CHAPITRE
Connaître l’univers émotionnel de son enfant

Faire en sorte que son enfant ait plus conscience de ses
émotions

Aider son enfant à corriger ses comportements négatifs

Favoriser l’intelligence émotionnelle de son adolescent

Chapitre 16
Élever un enfant
émotionnellement intelligent
C haque parent souhaite le meilleur avenir pour
son enfant. Mais il est facile de vous y perdre si
vous expérimentez tout ce que conseillent les
experts en matière d’éducation !

Vous avez sans doute déjà entendu le conseil


suivant : il faut être strict et faire régner une
certaine discipline, tout en étant indulgent et en
n’imposant pas un trop grand nombre de règles.
Votre enfant doit faire plusieurs activités, sans pour
autant surcharger son emploi du temps scolaire.
Avec ça, s’il ne sait pas lire ou résoudre des
équations à 3 ans, vous aurez bien de la chance !

Sérieusement, tous les conseils proposés dans les


journaux, revues, sites Web, blogs, réseaux sociaux,
à la télévision et à la radio peuvent vous donner le
vertige. Dans ce chapitre est abordé un aspect de
l’éducation : aider votre enfant à devenir
émotionnellement intelligent. Les nouveaux
travaux de recherche montrent les bienfaits d’aider
son enfant à développer ses capacités
émotionnelles. Vous le préparez à mieux gérer les
situations sociales à l’école et augmentez les
probabilités de réussite scolaire et professionnelle.
En nourrissant le QE de votre enfant, vous le
mettez dans de meilleures conditions pour avoir
une future vie professionnelle et des relations
sociales et amoureuses plus épanouies.

Comprendre son enfant


Comprendre son enfant, c’est connaître son état
d’esprit et ses sentiments. Vous estimez peut-être
qu’il est difficile à cerner, mais faites vraiment un
effort, sous peine de prendre la mauvaise habitude
d’attribuer vos souhaits, désirs et préjugés à vos
enfants.

À l’époque où ma fille aînée était enfant, le genre


était un thème qui faisait fureur chez les parents et
dans les médias. Les experts n’avaient de cesse de
conseiller aux parents de prendre garde à tous les
problèmes liés au genre masculin ou féminin. Les
experts de l’éducation considéraient qu’il ne fallait
pas enfermer un enfant dans des activités très
orientées vers son identité sexuelle. Je me souviens
de discussions avec un collègue psychologue
spécialiste des troubles sexuels. Nous nous vantions
tous deux des activités que nous faisions avec notre
fille (base-ball, films d’action, jouets machos, etc.).
Après en avoir dressé la liste, nous nous sommes
apitoyés sur les préférences de nos filles (poupées
Barbie, danse, shopping pour acheter des
vêtements, sacs à main et chaussures).

En outre, si vous avez plusieurs enfants, vous savez


probablement qu’ils peuvent être différents à plus
d’un titre. Ils ont beau être élevés dans le même
foyer, vous vous demandez peut-être comment ils
peuvent être si différents. Une de mes deux filles
aime suivre la mode, faire les magasins, la danse et
le rock classique, tandis que l’autre préfère la
lecture, l’écriture, le théâtre et la musique
alternative.

Ne sous-estimez pas l’importance que revêt l’effort


de comprendre votre enfant. Les parents ont trop
souvent tendance à tirer des conclusions hâtives
sur les désirs de leurs enfants ou sur ce qu’ils
estiment préférable pour eux. Apprendre à
connaître votre enfant, en lui posant des questions
et en écoutant ses réponses peut vous aider à mieux
cerner son état d’esprit.

Être très tôt un modèle en


matière d’empathie
Vous pouvez commencer à comprendre votre enfant
en gagnant sa confiance. Montrez-lui que vous
vous souciez de lui. Il est malheureusement
possible qu’il n’ait pas cette impression dans vos
interactions au quotidien. Les parents sont souvent
trop accaparés par leur travail et autres
responsabilités.

Prenez le temps, le matin ou après le travail,


d’échanger avec votre enfant. Il ne s’agit pas
seulement de parler mais aussi d’écouter ce que
votre enfant a à dire.

Si vous savez écouter et comprendre les sentiments


et pensées de votre enfant, il vous écoutera et vous
prendra au sérieux. Par conséquent, faites en sorte
que vos actes soient en adéquation avec votre
discours et votre crédibilité augmentera. Et s’il
vous juge crédible, il vous prendra au sérieux.

Voici des moyens de montrer que vous comprenez


votre enfant :

• Regardez-le quand il vous parle ;

• Quand quelque chose est important aux yeux


de votre enfant, mais que vous ne semblez pas
le comprendre, cherchez à exprimer ses
sentiments avec vos mots en reformulant ses
propos ;

• Veillez à savoir ce qu’il a dit avant de lui dire


quoi faire ;

• Montrez-vous patient avec lui ;

• Accordez-lui toute votre attention ;

• Lorsque vous n’êtes pas d’accord avec lui sur


un sujet, expliquez-lui calmement votre
raisonnement ;
• Écoutez-le jusqu’au bout ;

• Prêtez attention à ce qu’il ressent, pas


simplement à ce qu’il dit.

Si vous êtes capable d’appliquer régulièrement


certains conseils de cette liste, la relation avec votre
enfant sera plus respectueuse, responsable,
enrichissante et intime.

Décrypter les humeurs de son


enfant
Vous pouvez aller au-delà du discours de votre
enfant, grâce à votre troisième oreille et à votre
troisième œil (ces sens supplémentaires que vous
n’avez peut-être pas encore développés). Cela vous
permettra de déceler son état d’esprit. Les enfants
ont l’habitude de s’exprimer de manière indirecte,
comme dans l’exemple suivant :

Sébastien rentre de l’école, claque la porte et file


dans sa chambre, en répondant à peine à sa mère
Jeanne.

« Sébastien, comment ça s’est passé à l’école,


aujourd’hui ? demande-t-elle.
— Laisse-moi tranquille ! Tu ne vas pas encore être
sur mon dos ! » hurle-t-il.

Jeanne s’apprête à le réprimander, mais elle se


retient. Ce n’est pas le moment de s’affronter.

Savoir quand et comment entamer la conversation


avec votre enfant est une qualité importante.
Visiblement, Sébastien n’est pas de bonne humeur.
Lui faire remarquer le ton sur lequel il parle à sa
mère risque de provoquer une explosion
dangereuse.

Jeanne est suffisamment intelligente pour savoir


qu’elle doit laisser un peu de temps à Sébastien
pour qu’il se calme. Elle sait distinguer le mauvais
comportement de la mauvaise humeur. Si elle
prend son comportement pour une attaque
personnelle et prend l’insolence de son fils pour
une insulte ou un manque de respect, elle risque de
déclencher une dispute qu’ils regretteront tous
deux par la suite et d’affaiblir le lien ou la confiance
qui caractérisent leur relation.

Votre capacité à décrypter l’humeur de votre enfant


vous permet de deviner si quelque chose l’inquiète
et de mesurer la gravité du problème éventuel. Si
vous vous rendez compte qu’il est réellement
contrarié par un événement survenu à l’école, une
altercation avec un(e) ami(e) ou par un autre
incident, vous pouvez gérer le problème en sachant
quoi dire sans trop vous immiscer dans sa vie
privée.

Une fois Sébastien calmé et redescendu de sa


chambre, Jeanne peut essayer de communiquer.

« Sébastien, tu as vraiment l’air contrarié. On peut


en parler ? »

En demandant l’autorisation, Jeanne vérifie s’il est


suffisamment calmé et lui témoigne du respect en
lui donnant le choix de répondre ou non. Une fois
celui-ci disposé à parler, elle sera plus à même de
repérer le cœur du problème.

La famille réagit trop souvent sans réfléchir. Nous


avons tous des habitudes et des comportements
défensifs pour nous protéger et tenir les autres à
distance. Se montrer patient et chercher à saisir
l’état d’esprit de l’autre permet de tisser des liens
de confiance entre les membres de la famille.

Même quand les parents emploient ces techniques,


certains enfants et adolescents sont avares de
détails sur leur vie, pour différentes raisons. Dans
ce cas, prêtez attention à la personne vers laquelle
il se tourne. S’agit-il de votre conjoint, de son
frère, de sa sœur ou d’un ami ? Comment s’y prend
cette personne pour que votre enfant accepte de se
confier ? Perçoit-il cette relation comme plus
tolérante de ses comportements négatifs ou
anticonformistes ? Observez et voyez ce que vous
pouvez apprendre du mode d’interaction existant
entre votre enfant et l’autre personne. Vous
découvrirez peut-être une nouvelle approche
intéressante.

Aider son enfant à mieux


prendre conscience de ses
émotions
Les enfants conscients de leurs émotions sont
avantagés dès le départ pour gérer celles-ci. Ils ont
également tendance à gérer les émotions des autres
de manière à influer sur leur comportement. Un
enfant capable de reconnaître ses propres émotions
peut décrire ce qui déplaît aux autres et satisfaire
ses besoins en communiquant de manière
pertinente.

Souvent, les enfants n’ont pas conscience de leur


humeur et réagissent sur-le-champ aux
événements. Généralement, ils n’interprètent pas
la situation ou ne se demandent pas pourquoi untel
se comporte de telle manière. Ils n’analysent pas
non plus leur propre comportement.

Les adultes présents dans la vie de l’enfant doivent


l’aider à se comprendre et à bien percevoir son
univers. Des outils sont nécessaires à l’enfant pour
une prise de conscience de ses émotions, car ce
n’est pas un réflexe naturel chez eux.

Des exercices pour la


conscience de soi
Un jour les écoles entreprendront peut-être
d’enseigner des notions d’intelligence
émotionnelle. En attendant, vous, parent, vous
pouvez favoriser le développement de ces qualités
chez votre enfant de diverses manières :

• Attachez-vous à identifier les sentiments.


Montrez à votre enfant comment vous savez
que vous êtes en colère et non simplement
agacé ;

• Abordez la différence entre les émotions


positives et négatives et expliquez-lui
pourquoi il a besoin de savoir reconnaître ce
qu’il éprouve ;

• Parlez de la façon dont ces sentiments


conditionnent ses comportements et comment
il peut gérer ses comportements afin que ses
sentiments ne prennent pas le dessus.

Voici des exemples de sujets de conversation


permettant d’expliquer la conscience de soi à votre
enfant :

• Demandez à votre enfant ses sentiments sur


les sujets suivants :
• École ;

• Amis ;

• Sport ;

• Cinéma et télévision ;

• Événements locaux ;

• Événements mondiaux.

• Apprenez à votre enfant à différencier faits et


sentiments. Lorsque votre enfant commence à
aborder les comportements d’autres
personnes, arrêtez-le et posez-lui ce genre de
question : « comment t’es-tu senti quand il
s’est comporté ainsi ? », « Qu’aurais-tu pu
ressentir d’autre ? »

• Découvrez ce qui rend votre enfant heureux,


triste, le met en colère et l’amuse.

• Révélez-lui ce que vous avez découvert de ses


sentiments. Dites-lui comme il semble
heureux quand les autres ratent ou se
comportent mal, comme il est devenu triste de
ce qui est arrivé à Gisèle, mais pas à Jérémy, ou
comme il semble avoir du mal à modifier ses
émotions.

• Parlez à votre enfant du lien entre ce que


ressent une personne à propos de certaines
choses et l’influence de ces sentiments sur ses
comportements. Utilisez des exemples tirés :
• Du travail ;

• De la politique ;

• De l’actualité mondiale.

• Dites à votre enfant comment vous gérez la


situation quand vous êtes :
• En colère ;

• Triste ;
• Heureux ;

• Surpris ;

• Agacé.

Si vous ne savez pas identifier les sentiments et les


relier à des comportements, lisez attentivement cet
ouvrage avant d’avoir la conversation de l’activité
précédente. Vous pourrez alors enseigner ces
techniques en toute confiance à votre enfant et ce
dernier aura tout loisir de les appliquer
immédiatement.

Établir le lien entre les


émotions et les conséquences
Passer du temps avec votre enfant et l’aider à
comprendre les émotions peut contribuer à lui faire
prendre conscience de ses émotions de diverses
manières :

• Communication : vous pouvez aider votre


enfant à enrichir son vocabulaire quand il se
sent déprimé ou contrarié. Il pourra ainsi vous
dire s’il ressent de la tristesse, de l’agacement
ou de la colère. Et il sera en mesure de
comprendre que, si quelque chose l’attriste, il
ne gérera pas ce sentiment de la même façon
que s’il est agacé.

• Relier les sentiments aux conséquences : si


votre enfant comprend ses émotions, il peut
établir le lien entre les sentiments et les
conséquences. C’est souvent ce que vous
ressentez qui conditionne votre comportement.

Utilisez ces exercices pour aider votre enfant à


mieux comprendre le lien entre sentiments et
conséquences :

• Quand vous êtes heureux, que souhaitez-


vous ?
• Vous disputer avec quelqu’un ;

• Faire la fête ;

• Rester seul dans votre coin.

• Quand vous êtes en colère :


• Vous vous faites de nouveaux amis ;

• Vous êtes gentil avec les autres ;

• Vous hurlez sur quelqu’un.

• Quand vous êtes surpris :


• Vous ne savez pas comment agir ;
• Vous prenez une décision importante ;

• Vous faites vos devoirs.

• Quand vous êtes nerveux :


• Vous lisez un livre ;

• Vous allez vous coucher ;

• Vous avez l’estomac noué.

Demandez à votre enfant de réfléchir à d’autres


situations où ses émotions ou sentiments ont une
conséquence directe sur le comportement qu’il est
à même d’adopter. Un grand nombre des situations
précédentes coulent de source. Vous souhaiterez
peut-être explorer l’influence plus subtile des
émotions sur les décisions ou les comportements.
Demandez par exemple à votre enfant comment les
émotions influent sur :

• Sa façon de réviser pour un examen ;

• Ses performances sportives ;

• Sa réussite à un devoir scolaire ;

• Son comportement lors d’une fête ;

• Sa façon d’aborder une personne pour laquelle


il a des sentiments amoureux.
Ce sont autant de sujets de conversation
intéressants à avoir avec votre enfant, si vous
privilégiez les thèmes en rapport avec son âge.
Écoutez son point de vue sur ces sujets. Connaître
son état d’esprit sur le plan émotionnel peut vous
aider à en savoir plus sur sa façon de gérer les
influences positives et négatives. Cela devient
essentiel à mesure que votre enfant grandit et se
retrouve exposé à un certain nombre de risques. En
le comprenant, vous allez pouvoir renforcer le lien
entre vous, lien qui devient une protection s’il se
retrouve exposé à l’alcool, aux drogues, aux jeux
d’argent et à d’autres dangers.

Gérer le repli sur soi de son


enfant
Vous vous souvenez peut-être avoir été surpris la
première fois que vous avez découvert certains
traits de la personnalité de votre enfant. Si vous
aviez peut-être une idée ou une attente à ce sujet, il
continuera probablement de vous surprendre.

Avoir un enfant timide peut être l’une de ces


surprises. Vous aimeriez peut-être qu’il soit plus
sociable et entreprenant ? Avoir des amis fait partie
de la vie et le fait qu’il soit socialement isolé peut
vous démoraliser.

Les enfants excessivement timides qui ne


fréquentent personne peuvent souffrir de phobie
sociale. Si votre enfant semble avoir un grave
problème dans ce domaine, souffrir d’une anxiété
chronique le mettant en marge des autres,
consultez un pédopsychologue ou un
pédopsychiatre spécialiste de la phobie sociale.

Pourquoi certains enfants


sont-ils timides ?
Les chercheurs en psychologie estiment que les
personnes souffrant de phobie sociale (forme de
timidité la plus grave) représentent moins de 1 %
de la population. Mais ces mêmes psychologues
évaluent à 7 % de la population le nombre de
personnes souffrant d’anxiété sociale. Cette phobie
sociale apparaît généralement au milieu ou à la fin
de l’adolescence et touche plus les femmes que les
hommes. Lors d’une enquête, 5 % seulement ont
révélé n’avoir jamais éprouvé de timidité de toute
leur vie.
La timidité d’un enfant peut avoir plusieurs
origines :

• Trait de personnalité ou tempérament ;

• Fonctionnement biologique ou cérébral ;

• Aptitudes sociales très peu développées ;

• Peur de l’échec, du ridicule ou de ne pas être


aimé ;

• Préférence pour les ordinateurs ou les jeux


vidéo, et non pour les activités permettant de
côtoyer les autres ;

• Brimades subies.

Vous ne comprenez peut-être pas tout à fait


pourquoi votre enfant est timide. Si vous sentez que
l’évitement social entrave sa vie, vous souhaiterez
peut-être consulter un professionnel de santé afin
de mieux cerner la situation de votre enfant.

Faire sortir son enfant de sa


coquille
Si votre enfant est un peu timide ou développe une
forme légère d’évitement social, vous devez
absolument lui parler sans adopter un ton critique.
Cherchez à en savoir plus sur ses peurs. A-t-il peur
d’être jugé, taquiné ou de commettre des erreurs ?
Si vous pouvez en savoir plus sur le problème et les
situations ou personnes qui alimentent cette peur,
vous pourrez lui programmer avec plus de précision
et de pertinence des activités sociales.

La phobie sociale clinique exige un traitement


délivré par un psychothérapeute ou un psychiatre.
Vous trouverez aussi des informations utiles sur le
site www.phobiesociale.org et dans le livre La Peur
des autres de Christophe André et de Patrick
Légeron.

Voici des façons d’aider votre enfant à avoir plus


confiance en lui en société :

• Lorsque vous passez du temps avec vos amis,


faites participer votre enfant afin qu’il ait des
exemples d’interactions sociales
satisfaisantes ;

• Entraînez-vous à communiquer avec votre


enfant sur des sujets qui ne le rendent pas
anxieux ;

• Accompagnez votre enfant dans les lieux qu’il


souhaite fréquenter mais qui font naître en lui
une certaine peur (par exemple, cours de danse
ou entraînement de football) ;

• Aidez votre enfant à acquérir des compétences


dans un domaine qu’il connaît (cours de
guitare, karaté, théâtre, football) ;

• Si votre enfant en est d’accord, présentez-lui


les enfants de vos amis ou des proches dans la
même tranche d’âge ;

• Accompagnez-le et soutenez-le lorsqu’il


s’adonne à ses passe-temps (collection de
timbres, musique ou photo) ;

• Simulez les situations difficiles avec votre


enfant, en jouant le rôle d’une personne dont il
a peur et qu’il doit côtoyer ;

• Apprenez-lui des stratégies à utiliser dans une


situation sociale (comment saluer une
personne, entamer une conversation,
alimenter une conversation ou regarder son
interlocuteur dans les yeux).

Vous devez soutenir votre enfant, quel que soit le


changement de comportement que vous souhaitez
le voir opérer. N’insistez pas trop sur le problème
ou ne l’abordez pas quand votre enfant ne se sent
pas bien. Pour nombre d’enfants timides, une
bonne relation avec un adulte (parent, enseignant,
entraîneur ou proche) peut accroître leur confiance
en eux.

Gérer l’hyperactivité ou les


comportements agressifs de
son enfant
Le comportement à problèmes le plus courant chez
les enfants est de loin l’hyperactivité, peut-être
parce que les enfants timides, déprimés ou anxieux
ne se font pas autant remarquer. Les enseignants,
par exemple, font bien plus souvent appel à
d’autres professionnels pour des enfants
perturbateurs que pour des élèves renfermés.

La diversité des comportements hyperactifs est très


grande. Certains enfants s’ennuient très vite, mais
mènent une vie sans faire de vagues, tandis que
d’autres s’attirent des ennuis en se battant, en
volant, en mentant ou en adoptant d’autres
comportements antisociaux.

Si votre enfant se rend coupable de transgressions


graves, l’empêchant d’avoir une vie scolaire,
sociale ou familiale normale, demandez de l’aide. Il
peut s’agir de mensonges, accès de colère,
bagarres, vols, ou autres comportements
destructeurs. Cela s’accompagne parfois de gros
problèmes d’attention et d’hyperactivité qui lui
nuisent dans ses activités quotidiennes.

Les formes légères d’hyperactivité se gèrent plutôt


facilement à la maison si vous êtes bien informé
sur le sujet et vous montrez cohérent dans votre
éducation. Pour que vos méthodes aident votre
enfant à gérer son comportement et ses émotions
avec efficacité, vous devez être calme, détendu,
serein, et vos actes doivent être en adéquation avec
vos paroles. Soyez patient, tolérant avec votre
enfant et cohérent en termes de communication et
de comportement.

L’épidémie de troubles du
déficit de l’attention avec (ou
sans) hyperactivité (TDAH)
Si vous lisez les nombreux articles sur l’utilisation
grandissante de stimulants pour enfants, vous en
concluez peut-être que les sociétés industrialisées
sont victimes d’une épidémie de TDAH. En réalité,
bien que les médecins aient sans doute trop de
jeunes patients sous stimulants qui ne devraient
pas l’être, ils ont également trop d’enfants qui
devraient l’être mais ne le sont pas. Les chiffres
fournis sont à prendre avec précaution. Car il y a
derrière les estimations un enjeu fondamental : le
nombre de prescriptions de médicaments ! Il est
cependant généralement admis que le TDAH
touche 3 à 5 % des enfants scolarisés en France, les
garçons étant plus touchés que les filles.

Ces vingt dernières années, la base de données des


chercheurs et professionnels de la santé mentale
sur les troubles des enfants s’est étoffée de manière
exponentielle. Le nombre d’enfants souffrant de
problèmes comportementaux (sur la base de
grandes enquêtes nationales) s’est également
considérablement accru. Le déficit de l’attention
avec hyperactivité figure parmi les troubles
mentaux les plus courants chez les enfants et
adolescents.

Savoir si son enfant souffre


d’un TDAH
Pour découvrir si votre enfant souffre d’un TDAH,
vous devez consulter un pédopsychologue ou
pédopsychiatre spécialiste de ce trouble.
Les critères de diagnostic sont fondés sur le DSM-
IV de l’Association psychiatrique américaine. Ce
trouble est caractérisé par :

• Une inattention, des difficultés à se


concentrer : « je suis très facilement
distrait » ;

• Une impulsivité marquée : « j’agis avant de


réfléchir » ;

• Une agitation incessante : « je bouge trop et


je ne peux pas m’en empêcher ».

Le TDAH perturbe l’enfant dans différents


domaines (école, vie familiale, sport, vie sociale).

Le site www.tdah-france.fr vous donnera de


nombreuses autres informations sur le diagnostic
et la prise en charge.

Pour un diagnostic correct, le clinicien a besoin


d’un historique familial détaillé. Un entretien avec
les parents, avec l’enfant, l’observation clinique,
des questionnaires, un examen médical, une
évaluation neuropsychologique et la recherche de
troubles associés seront souvent nécessaires pour
établir ce délicat diagnostic.
Pourquoi tant d’enfants sont-
ils agressifs ?
Selon des enquêtes nationales, les comportements
agressifs chez les enfants et les adolescents sont de
plus en plus fréquents. Aux États-Unis, ces vingt
dernières années, le nombre d’enfants de moins
de 12 ans ayant eu affaire à la justice pour
comportement violent a beaucoup augmenté. Il en
est de même en France selon une étude récente de
l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance
et des réponses pénales).

Divers psychologues et chercheurs ont proposé


plusieurs théories pour essayer d’expliquer cette
augmentation de l’agressivité chez les enfants :

• Héritage génétique ;

• Tempérament ;

• Manque d’attachement des parents au bébé ;

• Exposition à des neurotoxines (consommation


d’alcool et prise de cocaïne pendant la
grossesse, exposition du fœtus et de l’enfant
en bas âge au plomb) ;

• Résultats décevants ou échec scolaire ;


• Constitution physique ;

• Amis antisociaux ;

• Manque de contacts sociaux ;

• Mauvaises relations familiales et structure


familiale défaillante ;

• Psychopathologie des parents ;

• Facteurs environnementaux (violence dans le


quartier, bandes) ;

• Mauvais traitements ou abus envers l’enfant.

Les psychologues ont également exploré divers


facteurs susceptibles d’éviter à certains enfants et
adolescents de devenir antisociaux et violents :

• Bons principes d’éducation ;

• Bonnes relations entre les parents et l’enfant ;

• QI élevé ;

• Tempérament facile ;

• Estime de soi élevée ;

• Aptitude à bien travailler à l’école ;

• Compétence sociale ou intelligence


émotionnelle élevée ;
• Compétence dans certaines activités (sport,
dessin et musique, par exemple) ;

• Responsabilité sociale ou amitiés


émotionnellement intelligentes ;

• Existence d’un modèle positif dans


l’entourage (enseignant ou entraîneur, par
exemple).

Les comportements agressifs ont considérablement


augmenté chez les jeunes en partie à cause d’une
désensibilisation sociale. Depuis vingt ans, on a
tendance à afficher une tolérance envers la violence
plus élevée qu’auparavant dans les médias, et
notamment au cinéma et à la télévision.

Il suffit d’aller sur Internet et de regarder les jeux


vidéo. Nous avons atteint une autre dimension en
matière de violence. Plus que la violence
proprement dite, c’est la façon dont les enfants
réagissent à cette violence, sur le plan des émotions
et de la pensée, qui a changé. Dans les jeux vidéo,
vous pouvez facilement canarder votre ennemi,
humain ou non. Les jeunes se retrouvent dans des
situations où tuer quelques personnes ou des
millions d’ennemis ne provoque aucun remords.
Lorsque j’étais petit, les enfants passaient plus de
temps qu’aujourd’hui dans les rues à faire du sport.
De temps à autre, certains enfants entraient en
conflit et réglaient le problème en se battant. La
violence était plus souvent verbale et, en cas de
bagarre, les autres intervenaient souvent pour
l’interrompre.

Les enfants d’autrefois finissaient par comprendre


que la solution n’était pas d’en venir aux mains.
Vous aviez beau donner des coups à votre
adversaire, vous risquiez aussi d’en prendre. Au
bout de quelques bagarres, la plupart des gamins
préféraient éviter d’avoir le nez en sang.

Ainsi, lorsque les jeunes analysaient la situation, ils


s’accordaient généralement à dire qu’il ne valait
pas la peine de se battre, tant émotionnellement
que physiquement. Ces gamins apprenaient au fil
du temps à régler les situations par la négociation.

Les enfants qui jouaient dans la rue se servaient de


ces expériences pour développer leurs capacités
émotionnelles. Ils découvraient jusqu’où aller, ce
qu’ils pouvaient et ne pouvaient pas dire, et
prenaient sur le tas des leçons de négociation qui
coûtent maintenant une fortune dans les grandes
écoles.
Aujourd’hui, malheureusement, les jeunes ne
pratiquent pas aussi souvent l’intelligence
émotionnelle. Au lieu d’apprendre à se conduire
avec les autres, bon nombre passent leur temps
devant des écrans de télévision ou d’ordinateur et
apprennent à détruire leur ennemi.

Comment savoir si son enfant


est trop agressif ?
Vous estimez peut-être que votre enfant se
comporte de manière trop agressive. D’autres
parents ou un enseignant vous ont peut-être laissé
entendre qu’il était trop agressif pour s’intégrer.

Comment savoir si votre enfant est trop agressif ?


Si vous apprenez ou soupçonnez qu’il s’est
comporté avec agressivité, interrogez-le
calmement sur son comportement. Essayez
d’obtenir des détails sur la situation :

• De quel acte agressif s’est-il rendu coupable ?

• Comment l’autre enfant a-t-il réagi à cet


acte ?

• Qu’a fait votre enfant après son


comportement agressif ?
• Des adultes ont-ils assisté à la scène ?

• Qu’ont dit ces adultes aux enfants impliqués ?

• Comment votre enfant et l’autre enfant ont-


ils mis fin au conflit ?

Les réponses données par votre enfant devraient


vous permettre d’avoir une idée de la gravité des
faits. Quelqu’un a-t-il été blessé ? L’un des enfants
a-t-il fini en pleurs ? Y a-t-il eu des dégâts
matériels ?

Si vous percevez une tendance agressive dans le


comportement de votre enfant, c’est que ce dernier
a sans doute un problème que vous devez régler en
parlant à son enseignant (si c’est à l’école), à son
entraîneur (si c’est au sport), ou à n’importe quel
adulte responsable de l’activité ou de l’endroit où
se produisent les faits. Si vous vous sentez dépassé
par le problème, consultez un psychologue ou un
psychothérapeute spécialiste de ce domaine.

Si les professeurs, entraîneurs ou d’autres adultes


vous mettent souvent en garde contre le
comportement agressif de votre enfant, voyez si
vous pouvez en parler au psychologue de
l’établissement scolaire où va votre enfant. Sinon,
consultez un psychologue ou psychiatre privé
spécialiste des enfants et adolescents agressifs.

Montrez-vous ferme à l’égard des comportements


agressifs, mais sans vous mettre en colère. Lorsque
les parents découvrent que leur enfant est
excessivement agressif, ils réagissent parfois par la
colère. Prêtez bien attention à votre propre
intelligence émotionnelle (surtout à la gestion de
vos émotions) lorsque vous devez faire face à ce
genre de comportement.

Un psychologue ou psychiatre spécialiste des


comportements agressifs peut vous orienter vers
des programmes destinés aux parents.

L’importance de l’insensibilité
et de l’absence d’émotions
Des travaux de recherche très récents font ressortir
certaines caractéristiques émotionnelles chez les
enfants agressifs : une insensibilité et l’absence de
réactions émotionnelles à leur propre agressivité.

Lorsque votre enfant transgresse un interdit, prêtez


bien attention, non pas à la transgression
proprement dite, mais à sa réaction. Essayez de
voir s’il est insensible ou sans pitié face au malheur
d’autrui. Par exemple, votre enfant peut s’être
battu avec un camarade et vous dire qu’il se fiche
de ce qu’a l’autre enfant ou avoir fait du mal à un
animal et n’exprimer aucun remords, voire trouver
cela amusant.

Recherchez également l’absence d’émotions chez


un enfant agressif quand la situation devrait
normalement provoquer de la tristesse, de la
compassion ou de l’empathie. Un bon camarade de
votre enfant peut par exemple se blesser
grièvement et votre rejeton ne montre aucune
émotion vis-à-vis de l’événement ou semble
n’avoir rien à faire de son copain.

Si vous repérez ces signes, pas de panique pour


autant ! Surveillez simplement le comportement de
votre enfant et discutez-en avec lui. Posez-lui des
questions sur la situation et les sentiments qu’il
éprouve. Il est peut-être tout simplement
déconcerté ou ne sait pas comment exprimer ses
sentiments.

Si ces signes persistent et s’aggravent, ils peuvent


peut-être annoncer une alexithymie (du grec a :
sans, lexos : mot, thymos : émotion).
L’insensibilité et l’absence d’émotions chez des
enfants ayant déjà eu des attitudes antisociales
peuvent être le signe avant-coureur de futurs
comportements plus graves, voire criminels. Ces
enfants ont tendance à toujours avoir des
comportements difficiles et sont des sujets à risque
qu’il s’agisse de drogue, de violence physique, de
vol ou d’autres comportements antisociaux.
Qu’est-ce que l’alexithymie ?

Voici les caractéristiques principales de ce trouble :

• Une grande difficulté à exprimer ou à


nommer des émotions.

• Une pensée centrée sur les faits et les


événements concrets (pensée opératoire).

• Une tendance à traduire ses émotions par


des actes plutôt qu’à les exprimer.

Les sujets alexithymiques éprouvent des émotions,


mais n’ont pas la capacité de les verbaliser. Les
chercheurs expliquent ce trouble par une
déconnexion entre le cerveau limbique (cerveau où
les émotions prennent naissance) et le cortex
frontal (partie du cerveau où elles peuvent être
nommées et contrôlées). Ces personnes ont
également des difficultés à reconnaître les
émotions chez les autres, ce qui rend leur vie
sociale difficile.

Faire en sorte que son enfant


soit moins rebelle et
provocateur
Votre enfant est peut-être rebelle et provocateur. Il
existe bien entendu différents degrés de
provocation. La plupart des jeunes contestent
certaines règles qu’ils jugent injustes. Mais certains
enfants et adolescents se disputent souvent,
surtout avec les adultes les plus proches d’eux
(généralement les parents). Pour certains, la vie est
un éternel conflit.

Dans une famille, tout le monde doit faire en sorte


que la coopération soit la norme. En cas de
désaccord, comme il en existe dans toutes les
familles, vous tenez à faire retomber la pression
afin de pouvoir parler. Dans les familles où il y a
des enfants rebelles et provocateurs, les réunions
ne sont pas un moment agréable. Parents, frères et
sœurs trouvent même parfois pénible le moment
du repas, si tant est qu’ils daignent encore manger
tous ensemble.

La répétition de ces affrontements fait que vous


pouvez pratiquement prédire sur quoi portera le
conflit aujourd’hui, qui criera le plus fort, qui
quittera la pièce fou de rage, etc.

Les enfants et les adolescents dans l’opposition


systématique peuvent non seulement provoquer
une dégradation des relations familiales, mais
laisser également des cicatrices émotionnelles
durables, et cela peut endommager les relations
pour de nombreuses années si vous ne résolvez pas
le problème.

Si le comportement de votre enfant est grave au


point de nuire aux relations familiales ou de vous
empêcher d’avoir une vie de famille sereine,
consultez un spécialiste de ce genre de
comportement.

Si le trouble est plutôt léger, vous pouvez


expérimenter diverses techniques pour inciter votre
enfant à coopérer :

• Gardez votre calme et mobilisez votre


intelligence émotionnelle ;

• Ne prenez pas ce que dit votre enfant pour une


attaque personnelle, mais plutôt comme un
problème qu’il rencontre ;

• Évitez de vous disputer avec lui ;

• Écoutez ses insultes sans réagir


immédiatement, même si c’est difficile ;

• Reformulez ce qu’a dit votre enfant jusqu’à ce


qu’il dise que vous aviez vu juste. Par
exemple :
• « Alors, tu dis que je suis une idiote et
que je ne sais pas de quoi je parle ? »

• « Parce que je ne veux pas que tu sortes


tard ce soir, je suis non seulement
injuste mais aussi stupide ? »

• « Voyons si j’ai bien compris. Tu ne vas


pas m’écouter et tu feras ce que tu
veux ? »

• Laissez votre ego de côté. Les enfants qui se


complaisent dans les conflits peuvent vous
insulter pour vous contrarier, mais ne mordez
pas à l’hameçon ;

• Choisissez les thèmes de désaccord sur


lesquels vous ne pouvez vraiment pas passer
l’éponge. Ne vous disputez pas pour des
broutilles ;

• Soyez gentil avec votre enfant. Votre


gentillesse peut le surprendre et lui permettre
de changer de comportement. Cependant
réservez vos compliments pour les moments
de calme, car ils pourraient être interprétés
comme des sarcasmes si vous les employez en
pleine dispute.
Être gentil avec votre enfant ne signifie pas perdre
la bataille ou baisser les bras. Vous l’aimez
vraiment, même s’il est très dur. La gentillesse est
une stratégie qui peut contribuer, sur le long terme,
à restaurer une relation empreinte de confiance.

Tout faire pour que son


adolescent attache de
l’importance à l’intelligence
émotionnelle
Vous souhaitez la réussite de vos enfants et le
meilleur avenir possible pour eux. En tant que
parent, il peut vous arriver de voir clairement que
votre enfant prend de mauvaises décisions. Dans ce
cas, vous êtes peut-être tenté de voler à sa
rescousse. Agissez judicieusement lorsque vous
souhaitez l’éloigner de relations, choix
vestimentaires ou endroits fréquentés. Il est
évident que sa sécurité prévaut. Essayer de pousser
un ado à emprunter une voie qu’il n’est pas disposé
à suivre peut provoquer une réaction inverse à celle
escomptée.

Souhaiter que votre enfant soit excellent à l’école


est une bonne chose. Mais tous les enfants n’ont
pas les moyens de réussir leurs études. Et même si
votre enfant a un certain potentiel, la vie n’est pas
qu’une question de QI.

Votre adolescent doit faire ses preuves. Si


intelligent soit-il, ses capacités émotionnelles
peuvent conditionner sa réussite. De nombreux
individus très intelligents n’ont pas d’amis,
personne ne les aime. Certains d’entre eux finissent
par travailler pour des personnes moins
intelligentes mais plus appréciées.

Bien entendu, l’intelligence émotionnelle ne se


mesure pas au degré d’appréciation. La gestion de
vos émotions peut vous conduire à être très dur
dans certaines situations. Mais les personnes
capables de bien gérer leurs émotions ont tendance
à mieux s’accomplir et à être généralement plus
heureuses que les personnes dépourvues
d’intelligence émotionnelle. Elles sont souvent
mieux appréciées (et respectées).

Les sections suivantes peuvent vous aider à


entamer la conversation avec votre adolescent sur
des thèmes importants et parfois délicats.

Parler émotions avec son ado


Ce ne sont pas les occasions qui manquent de parler
émotions avec votre ado. Pas besoin de transformer
cette discussion en cours magistral. Vous pouvez
aborder les réactions émotionnelles des
personnages d’un film que vous regardez à la
télévision. Le fait de parler d’une autre personne
évite à votre ado de se sentir critiqué et de se
rebeller aussitôt.

Voici par exemple un échange entre Sarah et son


père, Christian. Sarah réagit bruyamment en
regardant son émission télévisée préférée :
« Ohhh ! Qu’il est stupide ! »

Son père Christian ne sait pas trop quoi penser des


cris stridents qui proviennent du salon. Il vient
donc voir ce qui se passe.

« Tout va bien, Sarah ?

— Ouais, c’est juste cette débile de Jennifer. Elle ne


changera vraiment jamais, répond-elle, les yeux
rivés sur l’écran.

— Tu pourras peut-être m’en dire plus pendant la


pub, ajoute son père.

Après avoir respectueusement attendu la pause


publicitaire, il lui demande :
— Alors, qu’est-ce qu’elle a fait, Jennifer ?

— Eh bien, elle est revenue vers Guy. Et ça se voit


que c’est un loser.

— Qu’est-ce qui fait de lui un loser ? demande-t-il.

— Il se sert des femmes et il se retrouve ensuite


dans des situations ridicules, répond Sarah.

— Comment aurait-elle pu savoir qu’il était


comme ça ? Et qu’est-ce qu’elle aurait pu faire
d’autre ? » demande Christian.

Ce genre de conversation à propos de tierces


personnes, sur un terrain neutre, peut vous aider à
en savoir plus sur les connaissances émotionnelles
de votre ado. Ce n’est pas parce que votre enfant
connaît la bonne réponse qu’il fera les bons choix,
mais cette connaissance des émotions peut le
préparer à bien saisir comment gérer ses propres
émotions.

Une fois que vous avez gagné la confiance de votre


adolescent, vous pouvez aborder des situations plus
en rapport avec ce qui se passe chez vous. Vous
pouvez par exemple parler d’événements et de
circonstances qui concernent ses amis. Là encore,
des exemples impliquant des tierces personnes sont
moins chargés en affects et peuvent offrir à votre
ado la distance émotionnelle nécessaire pour en
parler. Ces discussions vous donnent des
indications sur ses amis et leur niveau de maturité
émotionnelle.

Bien sûr votre objectif est de pouvoir aborder les


situations impliquant votre adolescent. Souvent, les
familles ne tiennent pas ce genre de conversation,
car de nombreux ados sont mal à l’aise pour parler
de problèmes personnels et émotionnels avec leurs
parents, souvent critiques envers eux. Vous pouvez
cependant vous impliquer plus dans sa vie en
restant calme, bienveillant et tolérant. Vous n’avez
pas besoin d’être d’accord avec tout ce qu’il dit,
mais il faut que vous maîtrisiez déjà vos propres
émotions.

Éduquer un enfant, c’est savoir trouver la bonne


distance, ni trop loin ni trop proche !

Parvenir à ce que votre


adolescent lise des ouvrages
comme celui-ci
L’expérience montre qu’inciter les adolescents à
lire des ouvrages de développement personnel bien
écrits et pertinents peut les aider à mieux se
comprendre et cerner les comportements de leur
entourage. Ils vont souvent jusqu’à interagir
différemment avec les autres et afficher une plus
grande maturité. C’est une vraie
« bibliothérapie ».

J’ai reçu de nombreux appels et courriels de parents


(et de certains adolescents) qui ont lu le livre que
j’ai coécrit avec Howard Book, The EQ Edge :
Emotional Intelligence and Your Success (Jossey-Bass,
en anglais). Dans cet ouvrage, nous avons essayé de
rendre le contenu intéressant, pédagogique et
attrayant pour diverses tranches d’âge.

Mais vous ne parviendrez peut-être pas à persuader


facilement votre ado de lire des livres sur le
développement personnel. Vous pourriez aborder la
question en lui disant qu’une de vos lectures vous a
donné des idées sur la façon de régler un problème
analogue à celui qu’il rencontre actuellement.
Dites-lui que cet ouvrage présente quelques idées
judicieuses et que le fait de le lire, au moins en
partie, pourrait permettre d’améliorer un peu la
relation entre vous deux.

Maintenant, si vous êtes un adolescent dont les


parents vous ont convaincu de lire ce livre, voici un
conseil : cet ouvrage contient de nombreuses infos
susceptibles de vous aider à moins avoir vos
parents sur le dos. En gérant vos émotions (par
exemple, en gardant votre sang-froid), vous
pouvez aider votre entourage à mieux maîtriser les
siennes. L’art de dire les choses à ses parents sans
perdre le contrôle de soi s’apprend et se travaille.

Aider son adolescent à devenir


plus émotionnellement
intelligent
Vous pouvez aider votre adolescent à devenir plus
émotionnellement intelligent de nombreuses
manières :

• Montrer l’exemple. Adoptez vous-même des


comportements émotionnellement intelligents.
Si vous maîtrisez bien vos propres émotions et
êtes capable de gérer celles des autres, votre
relation avec votre ado sera plus saine que si
vous perdez patience et enchaînez les
désaccords et les disputes.

• Passer du « bon » temps avec son


adolescent. De nos jours, de nombreux ados
préfèrent souvent être loin de leurs parents.
Faites donc en sorte de partager des activités
que vous appréciez tous les deux. Vous
obtiendrez sa confiance et souhaiterez vivre
plus de bons moments ensemble. Quand ma
fille s’intéressait à la photo, centre d’intérêt
que nous partagions, nous allions ensemble à
des salons spécialisés. En apprenant des
choses l’un à l’autre (et l’un de l’autre), nous
avons renforcé le lien qui nous unissait.

• Avoir des conversations positives. Passez du


temps ensemble à parler de sujets sur lesquels
vous êtes d’accord, au lieu de vous focaliser sur
les points de divergence. Vous devrez peut-être
afficher une certaine souplesse, car vous n’êtes
pas forcément aussi passionné par le sujet en
question que votre ado ou il peut s’agir de
quelque chose que vous désapprouvez. Mais il
vaut mieux avoir de bonnes relations avec un
adolescent qui n’est pas parfait que de n’avoir
aucune relation avec un ado en détresse.

En tant que parent, choisissez de consacrer du


temps et de l’énergie à entretenir de bonnes
relations avec votre ado. Votre progéniture peut
trouver très précieux vos conseils et connaissances.
Exploitez-les donc avec pertinence.
Mettre la théorie en pratique
Il existe beaucoup de théories sur les relations
parent-enfant, mais l’important est d’améliorer
votre capacité à communiquer et échanger avec
votre adolescent. Pour certains parents, cette
communication est très difficile. Des années de
disputes et des tonnes de ressentiments ont
solidifié la relation négative.

En produisant un effort concerté pour gérer vos


propres émotions et comportements, vous vous
mettez dans une meilleure situation pour
entretenir de bonnes relations avec votre enfant.
Lorsque vous êtes dans cette situation, vous pouvez
avoir des discussions agréables avec lui.

Laisser son ado découvrir son


intelligence émotionnelle
Heureusement, la plupart des ados souhaitent
réussir leur vie, même si celle-ci est plus difficile
aujourd’hui que par le passé. Les choix s’offrant à
eux sont plus nombreux, ce qui peut s’avérer plus
déconcertant.
Vous pouvez certes guider votre enfant, mais c’est à
lui de trouver sa voie. Des conseils détaillés ou des
outils perfectionnés (voire des orientations toutes
simples) peuvent s’avérer redoutablement efficaces
quand vous les proposez de manière constructive.

Restez calme et soyez tolérant quant aux


divergences d’opinions de votre ado. Soyez
simplement là pour l’épauler. Évitez d’exprimer
des opinions trop arrêtées, d’être trop critique ou
dominateur. Acceptez de ne pas toujours être
d’accord avec les choix de votre enfant. En veillant
à avoir de bonnes relations avec lui, vous aurez plus
de chances de l’influencer de manière positive.
Qu’il le veuille ou non, vous demeurez un modèle à
plus d’un titre.
Deux clés pour bien communiquer

Utilisez le message « Je » :

Dans les situations de désaccord souvent le ton


monte, et survient alors le « tu » accusateur : « Tu
n’as pas encore rangé ta chambre ! Qu’est-ce que
tu m’énerves ! »

Votre interlocuteur va alors se sentir agressé et


c’est l’escalade conflictuelle ! Utilisez plutôt le
message « Je » qui est un outil de communication
qui va dans le sens du respect de soi-même, mais
aussi de l’autre.

Il permet de dire clairement les faits qui vous


posent problème, votre ressenti par rapport à la
situation, et l’autre peut alors mettre de l’énergie à
rechercher une solution, au lieu de se défendre.

Reprenons l’exemple de la chambre en désordre de


votre adolescent :

« Je t’ai demandé de ranger ta chambre, car tes


grands-parents viennent dîner. Je constate qu’elle
est encore en désordre et je suis en colère ! Que
comptes-tu faire ? »

Séparez « l’être » et le « faire » :


Autre écueil de la communication, faire un
amalgame entre l’être et le faire, c’est-à-dire la
personne et son comportement.

Lorsque vous adressez une critique à votre ado,


peut-être dites-vous des phrases comme celle-ci :
« Encore une mauvaise note ! Décidément t’es
nul ! »

« Regarde l’état de ta chambre ! Tu ne changeras


jamais ! Tu n’es qu’une souillon ! »

C’est le comportement que vous souhaitez critiquer


(le manque de travail en classe, le désordre), pas
l’identité de votre enfant (« Tu es nul » ; « Tu es une
souillon »).

Pensez à distinguer la personne du conflit : la


personne n’est pas le différend ou le conflit ! Or,
trop souvent, on assimile les deux et cette
confusion entraîne une détérioration de la relation
et retarde la résolution du problème.

Et souvenez-vous dans ces moments difficiles de


cette belle phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Si
je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. »

Une bonne nouvelle maintenant ! Les recherches


menées par Multi-Health Systems montrent que
votre intelligence émotionnelle augmente à mesure
que vous vieillissez (jusqu’à la fin de la
cinquantaine ou le début de la soixantaine). Avec le
temps et les expériences vécues (et peut-être un
peu de coaching en matière d’IE), votre enfant va
développer ses propres capacités émotionnelles.
Être humain : mode d’emploi !

Ces instructions sont destinées à chaque être


humain. Elles te sont données juste avant ta
naissance. Es-tu prêt ?… Alors, voilà :

– Tu vas recevoir un corps. Tu peux l’aimer ou le


détester, mais ce sera le tien pour tout le temps
qui te reste à vivre.

– Tu suivras des cours. Tu as été inscrit à une


université que l’on nomme la Vie. Chaque jour dans
cette université tu auras l’occasion d’apprendre
quelque chose. Tu peux aimer ces cours ou penser
qu’ils sont stupides ou arbitraires.

Même ce que tu prends pour des erreurs sont des


cours. Les expériences « ratées » en font autant
partie que celles qui sont « réussies ».

Un cours sera répété jusqu’à ce que tu le


comprennes. Il te sera présenté sous des formes
différentes, jusqu’à ce que tu aies appris la leçon.
Ensuite tu pourras suivre le cours suivant.

Ces cours ne s’arrêtent jamais.

– « Demain » n’est pas mieux que « Maintenant ».


Quand ton demain sera devenu maintenant, tu
auras un nouveau demain qui, de nouveau, te
semblera mieux que maintenant.

– Les autres sont tes miroirs. Tu ne peux pas aimer


ou détester quelque chose chez quelqu’un d’autre
à moins que ce ne soit le reflet de ce que tu aimes
ou détestes en toi-même.

– Ce que tu fais de ta vie dépend de toi. Tu as tous


les outils et les ressources dont tu as besoin. Ce
que tu en fais te regarde. C’est ton choix.

– Les réponses aux questions que tu te poses sont


en toi. Les réponses à tes questions sur la vie sont
aussi en toi. Tout ce que tu dois faire est de
regarder, écouter et avoir confiance.

– Maintenant oublie toutes ces instructions… et


vis !
Partie 5
La partie des Dix
Dans cette partie...

Un ouvrage « Pour les Nuls » n’en serait pas


vraiment un sans la partie des Dix. Vous y
trouverez des listes destinées à améliorer votre
intelligence émotionnelle, à aider les personnes
difficiles que vous connaissez à se montrer plus
émotionnellement intelligentes et à faire du
monde un endroit plus émotionnellement
intelligent.
DANS CE CHAPITRE
Prêter attention à soi-même

Prêter attention aux autres

Maîtriser son stress

Accepter les changements

Être heureux

Chapitre 17
Dix moyens d’améliorer son
intelligence émotionnelle
V ous pouvez améliorer votre intelligence
émotionnelle. Le meilleur moyen de parfaire vos
capacités émotionnelles est de les utiliser dans la
vie quotidienne. La pratique et des commentaires
sur vos attitudes, de préférence de la part d’un
coach expérimenté, vous permettront d’adapter
votre comportement, de mieux identifier et gérer
vos propres émotions et celles des autres.

Tout le monde a une marge de progression dans


certains domaines. Apolline sait qu’elle peut
devenir plus efficace en tant que mère, mais
débordée, elle ne sait pas par où commencer.
Damien souhaite être plus efficace au bureau, aussi
bien dans sa productivité que dans ses relations
avec les autres. Claudie perçoit un certain
déséquilibre : son emploi s’accompagne d’un très
bon salaire, mais elle a une vie ennuyeuse.

Dans ce chapitre, nous verrons comment travailler


votre intelligence émotionnelle afin d’améliorer
votre situation. Bien que chacune des capacités
émotionnelles puisse vous aider d’une certaine
manière, en fonction de vos besoins certaines
peuvent s’avérer plus importantes.

Avoir une meilleure conscience


de soi
La conscience de soi est l’un des éléments clés de
l’intelligence émotionnelle, à plus d’un titre la
pierre angulaire de tous les autres domaines. Pour
bien percevoir les émotions des autres, par
exemple, vous devez avoir conscience de vos
propres émotions.

Et pour avoir conscience de vos propres émotions,


il existe différentes formes de méditation ou de
pleine conscience (voir le chapitre 6). Faire des
stages, rejoindre un groupe ou faire appel à un
spécialiste vous permettent d’utiliser ces
techniques pour mieux prendre conscience de votre
corps, de vos sentiments et de vos pensées.

Vous pouvez également y parvenir en consignant


vos sentiments dans votre carnet à intervalles
réguliers. Le fait d’étoffer votre vocabulaire
émotionnel (voir le chapitre 5) et de l’utiliser pour
décrire toute la palette de sentiments éprouvés tout
au long d’une journée vous aidera à prêter plus
attention à vos émotions.

Prêtez non seulement attention à la nature de vos


émotions, mais également à leur intensité, en les
notant sur une échelle de 1 à 10. Mieux vous évaluez
vos émotions, plus il vous est facile de les surveiller
et de les modifier.

Wilfried sait quand il est en colère. En fait, il est


tellement conscient de ses émotions qu’il sait
immédiatement qu’il en est à 9 sur l’échelle de la
colère. La connaissance de cette intensité (9) a
plusieurs effets. Tout d’abord, il s’aperçoit qu’il
doit faire une pause. Quand il est au-dessus de 8, il
a conscience qu’il doit prendre du recul par rapport
à la situation rencontrée, aussi bien mentalement
que physiquement. Ensuite, cela lui rappelle ce
qu’il n’aime pas en lui, en particulier son incapacité
à se maîtriser. Et enfin, il se souvient de la fois où il
a perdu son sang-froid et blessé quelqu’un. C’est
un comportement qu’il ne veut plus jamais
reproduire.
Figure 17-1 L’échelle SUDS.

Exprimer ses pensées, ses


sentiments et ses croyances
Savoir comment exprimer vos émotions peut vous
aider à les gérer. Vous pouvez bien sûr tout refouler
et ne rien révéler de vos pensées, sentiments et
croyances à personne. Mais cette attitude n’est pas
seulement difficile à adopter, elle risque également
de vous condamner à une vie solitaire. Personne
n’apprend à vous connaître et vous ne faites rien
non plus pour bien connaître les autres. Tous les
êtres humains ont besoin d’avoir des relations
intimes avec quelques personnes de confiance.

À l’opposé, vous pouvez choisir de parler à tort et à


travers et révéler ainsi vos pensées, sentiments et
croyances les plus intimes à tout le monde. Cette
attitude peut également se révéler erronée. Tout
d’abord, certaines personnes se fichent un peu de
vos pensées et sentiments. Ensuite, d’autres
peuvent être choquées par vos révélations ou les
trouver grossières.

Visez le juste milieu, informez de votre état d’esprit


les bonnes personnes, au bon moment.

Sylvie a toujours trouvé Joël vulgaire, mais elle n’a


pas le courage de le lui dire. Dans la mesure où
c’est son cousin, elle ne peut l’éviter
complètement. Ça l’ennuie souvent de ne pas
pouvoir lui parler franchement de son
comportement. Elle a la nausée rien qu’à l’idée de
devoir passer du temps avec lui lors des réunions
de famille. Elle a enfin découvert la conduite à
adopter.

« Joël, je sais que tu trouves tes blagues racistes


amusantes, mais il faut que je te dise que je les
trouve personnellement très choquantes. Quand tu
les racontes, ça me met très mal à l’aise », lui dit
Sylvie.

Elle se sent soulagée d’être enfin parvenue à faire


passer son message sans que cela tourne à la
confrontation. Après tout, elle a le droit de lui dire
comment elle se sent. Par chance, sa réaction a eu
sur Joël l’effet escompté, car il a cessé de raconter
ces plaisanteries choquantes en présence de Sylvie.

Découvrir ses passions


Certaines personnes ont tendance à vaquer à leurs
occupations professionnelles quotidiennes en se
contentant de faire leur travail. Mais combien sont
vraiment passionnées par ce qu’elles font ?
Beaucoup ont le sentiment de s’encroûter. Mais on
ne les a pas placées là par un coup de baguette
magique. Généralement, c’est une occasion,
l’argent ou des circonstances qui ont fait se
retrouver ces personnes au poste qu’elles occupent.
Peu de gens cherchent à occuper le poste qui les
enthousiasme vraiment. La plupart ont au fond
d’eux-mêmes un métier, une activité ou un centre
d’intérêt qui les passionne, mais ils ne parviennent
pas toujours à l’identifier. Vous connaissez peut-
être des artistes affamés qui évitent des emplois
ordinaires dans l’espoir de pouvoir réaliser leur
rêve. S’il n’est pas toujours facile de trouver un
travail qui vous passionne, cela reste possible grâce
à une bonne planification.

Reynald est ingénieur de formation, mais il a


rapidement décroché un poste d’encadrement dans
une grande entreprise. Il est content de son salaire,
mais son travail l’ennuie. Il s’occupe des personnes
et des projets, plutôt avec talent d’ailleurs, mais sa
mission ne l’enthousiasme pas. Adolescent,
Reynald jouait du trombone. Il adore la musique et
fait partie de deux orchestres. Il a pour objectif de
quitter son poste de cadre pour un travail plus
créatif à temps partiel, même s’il doit gagner
moins d’argent. Il veut consacrer le reste de son
temps à la musique.

Connaître ses forces et ses


faiblesses
Certaines personnes croient être performantes dans
tous les domaines, tandis que d’autres sous-
estiment sans cesse leurs capacités. L’idéal est bien
sûr de percevoir avec exactitude ses forces et ses
faiblesses. Une bonne connaissance de soi est utile
à l’heure de faire des choix. Par exemple, en vous
concentrant sur vos points forts, vous pouvez plus
facilement parvenir à vos fins dans la vie.
Adonnez-vous aux activités dans lesquelles vous
excellez (science, musique, art, écriture,
conférences, menuiserie ou jardinage, etc.), et vous
aurez une vie plus riche et épanouie. Le fait de vous
appesantir sur vos faiblesses risque de vous
empêcher de vivre pleinement votre vie.

Au moment de prendre des décisions, certains


messages vous parviennent peut-être du plus
profond de vous. Certains choix procurent un
sentiment agréable tandis que d’autres vous
rebutent. Vous pensez peut-être qu’ils proviennent
de votre cœur et non de votre tête. Mais on est
souvent guidé par des aspects émotionnels dont on
n’a pas pleinement conscience.

Samantha est programmatrice informatique. Elle


occupe son quatrième poste dans cette branche.
Elle est restée moins d’un an en place les trois
premières fois. Chaque fois, elle a démissionné, car
elle s’ennuyait. Il est probable qu’elle fasse bientôt
de même.

Faire l’effort de postuler, de se former et de se


lancer dans un projet est coûteux, aussi bien pour
l’employé que pour l’employeur. Samantha a choisi
la programmation parce que l’occasion s’est
présentée, mais ce n’est pas une passion. Elle
préfère travailler en équipe et excelle dans l’art de
nouer des relations. Si elle tenait compte de ses
points forts et de sa passion pour les échanges, elle
choisirait peut-être un emploi plus adapté à ses
qualités, tel que la vente, le suivi clients ou
l’assistance.

Se mettre dans la peau d’autrui


L’empathie est une émotion extrêmement
puissante. Le plus souvent les hommes politiques
brillants (tels que Bill Clinton), les philanthropes
charismatiques (tels que la princesse Diana), les
personnalités préférées des médias et les personnes
influentes dans les affaires sont empathiques.

Vous montrer plus empathique peut vous aider à


vous rapprocher des autres, à obtenir leur soutien
et à désamorcer des situations émotionnellement
explosives. En montrant à l’autre que vous
comprenez bien son état d’esprit, vous gagnez son
respect et démontrez par exemple que vous n’êtes
pas égocentrique.

Commencez à cultiver votre empathie en prêtant


plus attention aux autres. Écoutez attentivement
votre interlocuteur, à la fois ses paroles et le
message qu’il veut vous faire passer. C’est en vous
montrant plus attentif aux autres que vous
deviendrez plus empathique.

« Je déteste cette soirée, dit Brigitte à Marcel.

— Mais, c’est bien toi qui voulais rencontrer mes


amis, rétorque Marcel.

— Ouais, mais je m’ennuie, répond-elle.

— Tu devrais peut-être te resservir un verre,


suggère Marcel.

— Non, je ne pense pas », réplique Brigitte.

Pauvre Marcel ! Il passe complètement à côté des


intentions de Brigitte. Son message signifie qu’elle
préférerait aller ailleurs pour qu’ils soient seuls
tous les deux. Marcel a mal interprété et il pense
que Brigitte n’aime pas ses amis. S’il avait un peu
mieux prêté attention à ce qu’elle disait, il aurait pu
suggérer de rester une demi-heure à discuter avec
les autres, puis de partir. Il n’a hélas aucune idée de
ce qu’il rate !

Gérer les émotions d’une autre


personne
Si vous êtes capable de gérer les émotions des
personnes qui vous entourent, vous disposez là
d’une qualité précieuse. Vous avez probablement
déjà vu des personnages influents calmer ou
rassurer une foule en colère. Rudy Giuliani, l’ancien
maire de New York, est un bon exemple de maîtrise
des émotions. C’est lui qui était en poste au
moment des attentats du 11 septembre 2001. Il fut
l’un des rares hommes politiques à être
constamment disponible, à aller dans tous les
médias, à assister aux funérailles et à répondre aux
questions. Il a su comprendre l’anxiété des gens,
même si personne n’avait de réponse ou de
solution à apporter à cette tragédie.

En revanche, vous avez déjà probablement constaté


comme certaines personnes gèrent mal les
émotions des autres. Pensez aux nombres de fois
où un P-DG mal préparé a dû faire face à la presse
lors d’une crise. Mauvais langage corporel, ton
inadapté ou réponses qui éludent les questions
n’ont fait qu’accroître la colère des téléspectateurs.

La gestion des émotions d’autrui est un processus


en deux phases :

❶ Montrez-vous plus empathique.

Mettez-vous à la place de l’autre et ressentez sa


douleur, sa joie, ses espoirs ou ses peurs (voir le ch
apitre 7). Apprenez à le connaître en posant des
questions et en observant. Est-ce qu’il aime faire
du sport ou de l’exercice ? Quelles sont ses équipes
et ses activités préférées ? Quelles sortes d’aliments
mange-t-il ? Qu’est-ce qui le rend heureux ou
triste ?

❷ Pour soulager sa douleur, répondez-lui de la


façon dont vous aimeriez que l’on vous
réponde si vous étiez à sa place.

Gérer les émotions de quelqu’un demande une


certaine habileté. Vous devez d’abord connaître
votre objectif vis-à-vis de cette personne.
Souhaitez-vous qu’elle soit heureuse, calme,
vigilante ou consciente de la situation, par
exemple ? Une fois votre but bien établi, il vous
reste à savoir comment faire naître en elle cet état
d’esprit.

Repensez à la dernière fois où vous avez entendu


un brillant orateur ou vu un film qui vous a
bouleversé. Les expériences fortes impliquent
généralement que l’acteur ou le réalisateur
réunissent les conditions pour vous faire explorer
certains territoires émotionnels de son choix. Vous
pouvez créer vous-même ces conditions en fixant
un objectif ou en indiquant à la personne où vous
souhaitez aller.

Voici des exemples :

• Nous devons analyser calmement la situation ;

• Toute la famille a besoin de comprendre ce qui


se passe ;

• Certains faits fâcheux se sont produits et nous


devons être vigilants.

Vous pouvez ensuite plaider votre cause en


racontant des anecdotes ou en donnant des
exemples. Il vous revient de faire savoir à l’autre
que vous souhaitez tous deux la même chose et
qu’il est de votre intérêt respectif d’être sur la
même longueur d’onde. Si votre posture, votre voix
et votre message tiennent le même discours, vous
serez persuasif et capable d’amener votre
interlocuteur sur le terrain émotionnel de votre
choix.

Être socialement responsable


La responsabilité sociale est l’une des expériences
émotionnelles les plus fortes. Elle prouve que vous
vous souciez vraiment des autres, surtout des plus
démunis. Être socialement responsable n’est pas
une affaire de gain personnel mais votre
contribution au bonheur d’autrui.

La responsabilité sociale intervient à plusieurs


niveaux :

• Au niveau le plus élémentaire, vous pouvez


faire des dons à une association caritative ou
pour une cause qui vous tient à cœur. Ces dons
ne sont qu’une première étape ;

• À un niveau supérieur, vous pouvez aider une


association ou organisation à recueillir des
fonds, en sollicitant des amis, proches, voisins
ou collègues. Vous avez la possibilité de vous
investir dans l’organisation de manifestations
pour des collectes de fonds (événements
sportifs, confection de produits, etc.) ;
• Les actes de responsabilité sociale les plus
efficaces demandent votre investissement
personnel pour une cause qui vous tient à
cœur. Réfléchissez à des façons d’aider les
autres. Vous souhaiterez peut-être commencer
par identifier les causes les plus importantes à
vos yeux (violences conjugales, SDF, personnes
âgées, personnes hospitalisées ou handicapées,
animaux abandonnés, etc.).

Après avoir identifié votre cause, réfléchissez à la


forme de votre contribution en fonction de vos
envies et de vos compétences (faire partie d’une
association, être bénévole lors de manifestations).
Rapprochez-vous de l’organisme en question et
demandez en quoi vous pouvez être utile.

Dominer ses pulsions


La maîtrise de ses émotions, et plus
particulièrement de l’impulsivité, est un des piliers
de l’intelligence émotionnelle (les autres étant la
conscience de soi et la gestion des émotions des
autres). En ayant une plus grande conscience de vos
émotions (voir la section « Avoir une meilleure
conscience de soi », en début de chapitre), vous
êtes mieux armé pour les maîtriser. Il existe trois
façons de dominer vos pulsions :

• Faire diversion : dès que vous commencez à


perdre la maîtrise de vos pulsions, vous pouvez
régler le problème rapidement en pensant à
autre chose. Comptez jusqu’à dix ou
concentrez-vous sur des pensées de secours
préparées très à l’avance. Vous pouvez vous
entraîner à changer rapidement vos pensées,
ou de sujet de conversation (la météo, ce que
vous avez mangé au petit déjeuner, votre
prochaine destination de vacances, un projet à
venir ou n’importe quel événement).

• Analyser : l’approche analytique consiste à


prendre du recul pour réfléchir aux pensées qui
vous traversent l’esprit lorsque vous obéissez à
des pulsions. Vous pouvez vous poser ce genre
de questions :
• Pourquoi est-ce que je pense à ce
problème ou événement stressant ?

• En quoi le fait de penser à ce problème


ou événement stressant peut-il m’aider ?

• Est-ce que je suis capable de penser à


autre chose ?
• Quelle pensée de substitution serait
meilleure pour moi ?

• S’adapter : une stratégie d’adaptation peut


impliquer diverses pensées que vous avez déjà
pratiquées. Il peut s’agir des énoncés suivants :
• Je sais que je peux contrôler mes
pensées ;

• Je suis capable de faire retomber la


pression ;

• Réfléchissons au problème en détail ;

• Pas besoin de fournir une réponse


immédiatement ;

• Je peux réfléchir à des solutions de


remplacement.

Avec un peu d’entraînement, des stratégies comme


celles de la liste précédente peuvent vous aider à
affronter sereinement des problèmes ou
événements stressants. Vous ne pouvez être
efficace si vous les utilisez sur-le-champ pour la
première fois. Un peu de méthode et
d’entraînement sont nécessaires pour mobiliser ses
ressources et gérer les pensées, propos et actes
impulsifs.
Ces techniques peuvent porter leurs fruits si le
niveau d’impulsivité demeure normal. S’il s’agit de
troubles du déficit de l’attention avec (ou sans)
hyperactivité (TDAH), consultez un psychologue ou
psychiatre spécialiste de cette pathologie. Pour en
savoir plus sur le TDAH, consultez le site suivant :
www.tdah-france.fr

Diverses approches thérapeutiques peuvent


également vous aider à gérer votre impulsivité, par
exemple : la Programmation Neuro-Linguistique,
l’EFT (technique de libération émotionnelle),
l’hypnose Ericksonienne, l’EMDR (Eyes Movement
Desensitization and Reprocessing), la relaxation, etc.

Se montrer plus souple


Chacun a ses habitudes et ses façons de procéder.
Pour qu’une société fonctionne bien, il faut un
certain nombre de règles. Vous pouvez cependant
avoir des problèmes lorsque vous êtes dans une
impasse et devenez allergique au changement.
L’excès de rigidité vous fait rater des occasions ou
renoncer à apprendre de nouvelles façons de faire
ou de penser. Vous avez alors tendance à gérer les
problèmes personnels et professionnels d’une seule
manière, qui est inefficace dans bien des situations.
Être émotionnellement intelligent implique de
savoir quand s’en tenir à ses habitudes
émotionnelles et quand en changer. Lorsqu’il est
nécessaire d’aller de l’avant, les personnes
émotionnellement intelligentes savent s’adapter.

S’il vous est difficile de changer, passez en revue


les conséquences. Que peut entraîner un statu quo ?
Que se passera-t-il si vous suivez le mouvement ?
Grandir, c’est aussi changer. Tout au long de votre
vie, les nouvelles expériences peuvent contribuer à
votre épanouissement personnel et professionnel.
Vous devez donc considérer ces changements avec
une certaine ouverture d’esprit. L’innovation vous
met peut-être un peu mal à l’aise, mais le jeu en
vaut généralement la chandelle à long terme.
Évoluer, c’est aussi acquérir de nouvelles
techniques et approches, fréquenter de nouvelles
personnes et découvrir des lieux inconnus.

Certaines méthodes, comme la programmation


neurolinguistique, ont adopté le principe suivant :
« Dans les relations humaines, la personne qui
présente la plus grande souplesse de comportement
peut diriger la relation. »

Pierre est en poste depuis un peu plus de cinq ans.


Il a le sentiment de pouvoir remplir sa mission
machinalement. Il sait quel niveau d’efficacité il est
capable d’atteindre et quelles sont ses capacités. Un
jour, son entreprise décide de renouveler le
matériel qu’il utilise afin de suivre les évolutions
techniques. Pierre est du genre à être réfractaire au
changement. Il aime la situation actuelle et n’en
démord pas.

Malheureusement, son attitude n’est pas très


appréciée aujourd’hui dans le monde du travail.
Vous aurez du mal à trouver un endroit où les
choses restent figées. Le refus du changement nuit
à votre carrière si vous aspirez à une promotion.
Dans certains cas, cela peut même se traduire par
un licenciement.

Être heureux
Quel est votre niveau de bonheur ? Non, je ne
plaisante pas. Quel est-il sur une échelle de 1 à 10 ?
5, 7 ou plutôt autour de 9 ?

Les gens émotionnellement intelligents sont


heureux, et pas seulement parce que la vie leur fait
des petits cadeaux.

Le bonheur (le vrai, celui qui procure énergie et


bien-être) vient de vous. Une personne qui maîtrise
bien cette émotion se réveille heureuse le matin. Et,
quand elle rencontre des difficultés dans la journée,
elle est capable d’entretenir un certain bonheur. Sa
satisfaction soutient son moral face aux petits
tracas de la vie quotidienne. Elle garde les idées
claires, ce qui l’empêche de s’apitoyer sur son sort
ou d’éprouver d’autres émotions désagréables. Les
gens heureux trouvent plus de solutions aux
problèmes que les personnes tristes ou déprimées.

Bien que les individus tristes prêtent généralement


plus attention aux détails que les personnes
heureuses, ces dernières réussissent davantage.
Bien entendu, dans la mesure où la joie de vivre et
la tristesse sont des émotions, elles fluctuent. Vous
pouvez donc gérer votre humeur dans votre intérêt.
Être émotionnellement intelligent, c’est savoir
quand être heureux, triste, enthousiaste, anxieux
ou vigilant.

On préfère avoir dans son entourage des personnes


heureuses. Les leaders heureux ont des suiveurs qui
s’investissent. Être heureux présente de nombreux
avantages : on vous apprécie plus, vous pouvez
traverser plus facilement les moments difficiles et
vous êtes d’un plus grand secours. La recherche a
même montré que les gens heureux vivent plus
longtemps (ou que les gens malheureux meurent
plus jeunes).

Elsa semble toujours être de bonne humeur.


Pourtant, elle n’a pas toujours eu une vie facile. Elle
a eu son lot de tragédies. Elle a perdu sa mère
quand elle était petite et son frère a un handicap
qui l’oblige à donner beaucoup de son temps libre
pour l’aider. Mais, pour Elsa, chaque jour est
l’occasion de vivre une nouvelle expérience. C’est
comme si elle avait le pouvoir d’effacer d’un coup
de baguette magique les sentiments désagréables.

On dirait que les choses négatives glissent sur elle.


Elle parvient toujours à voir le verre à moitié plein,
le côté positif de n’importe quel écueil. Résultat, sa
bonne humeur est contagieuse. Les autres aiment
être avec elle, car elle a le don de leur communiquer
sa joie de vivre.

Très peu de personnes savent vraiment gérer leur


bonheur. On l’associe trop souvent aux biens
matériels ou à ce qu’on obtient d’autrui. Les
personnes vraiment heureuses sont celles qui
donnent. Celles qui répandent le bonheur autour
d’elles ont tendance à être plus heureuses.
Espérons que, en développant votre intelligence
émotionnelle, vous garderez à l’esprit que diffuser
du bonheur ne vous coûte rien et peut vous
apporter en retour ce qui n’a pas de prix.

“Le bonheur est un parfum que


l’on ne peut répandre sur autrui
sans en faire rejaillir quelques
gouttes sur soi-même.”
Ralph Waldo Emerson
DANS CE CHAPITRE
Aborder une personne difficile

Faire passer son message

Aider l’autre personne à changer

Gérer une personne refusant de changer

Chapitre 18
Dix moyens d’aider les
personnes difficiles à
améliorer leur intelligence
émotionnelle
C onnaissez-vous quelqu’un qui doive absolument
changer sa façon de se comporter avec les autres ?
Chacun d’entre nous a en tête une personne qui
gagnerait à se montrer plus émotionnellement
intelligente. Vous êtes peut-être très proche d’elle
(conjoint ou enfant), vous la voyez peut-être
régulièrement (collègue, camarade, étudiant) ou
vous ne l’avez croisée qu’une fois (inconnu au
supermarché ou dans la rue).

Est-ce qu’il vous incombe de faire changer une


personne ? À quels risques vous exposez-vous en
essayant de modifier le comportement d’autrui ?
S’il s’agit d’un proche avec lequel vous entretenez
une relation qui vous tient à cœur, chercher à
l’influencer est absolument nécessaire pour
préserver la relation qui vous unit. Lorsque vous
modifiez la façon dont cette personne se conduit
avec vous, vous influez également sur ses autres
relations. Ainsi, convaincre un mari de se montrer
plus attentionné avec sa femme va aussi jouer sur
ses rapports avec ses enfants.

Concernant les inconnus, vous souhaiterez peut-


être évaluer les conséquences de votre initiative.
Bien que vous ne profitiez pas forcément des
retombées de votre intervention, vous jugerez
peut-être que celle-ci contribue à rendre votre
univers plus agréable. Bien entendu, la probabilité
de pouvoir modifier le comportement d’un inconnu
lors d’une brève rencontre semble mince.
Opter pour l’approche indirecte
Il existe de multiples façons d’influencer le
comportement des autres. Certaines méthodes sont
franches et directes, tandis que d’autres sont plus
subtiles et indirectes. L’approche indirecte peut
vous procurer un avantage, notamment parce que
l’individu visé risque moins de se mettre sur la
défensive. Certains n’aiment pas se voir dire qu’ils
doivent changer de comportement. La méthode
indirecte peut les rendre plus réceptifs à vos
suggestions.

Une des méthodes indirectes consiste à raconter


l’histoire de quelqu’un d’autre, de façon à rendre la
démarche moins personnelle. Gabrielle souhaite
que son mari Vincent participe aux tâches
ménagères.

« Salut, je suis de retour. J’étais chez Lydie, dit


Gabrielle en rentrant chez elle.

— Ah, c’était comment ? demande Vincent.

— Très bien, mais il y a une sacrée pagaille chez


eux. Je pense que Robert ne range rien et Lydie s’en
fiche, on dirait, souligne-t-elle.

— Oh, dit Vincent d’un air penaud.


— Je ne comprends pas comment il peut négliger à
ce point une si jolie maison, poursuit Gabrielle.
Qu’est-ce qui lui arrive ?

— Je ne sais pas. Il est peut-être trop occupé par


son boulot. Mais j’imagine que ce n’est pas une
excuse, n’est-ce pas ? »

Gabrielle incite Vincent à répondre au problème de


Robert. Si elle avait d’emblée attaqué son mari sur
sa tendance à semer le désordre, il aurait
probablement fait la sourde oreille ou cela se serait
transformé en dispute. Mais, puisque Vincent
essaie d’expliquer le comportement de Robert, il se
met dans une position qui l’incite lui-même à faire
un effort dans ce domaine.

Vous pouvez également agir indirectement en


parlant des personnages d’un film, d’une émission
de télévision ou de l’actualité ou de personnes que
vous connaissez tous les deux. Recommander (voire
offrir) à quelqu’un un livre tel que celui-ci est un
moyen de lui faire savoir indirectement qu’il peut
s’améliorer dans certains domaines : écouter les
autres, être plus patient avec les enfants ou aider
plus souvent son conjoint, par exemple.
Avoir une discussion
Parfois, le comportement d’une personne est tout
simplement trop agaçant ou problématique pour
que vous l’abordiez avec subtilité. Privilégiez alors
une approche plus directe. Dites à la personne
qu’une discussion s’impose. Convenez d’un
moment et d’un endroit où vous ne risquez pas
d’être interrompus.

Si vous vous adressez à un membre de la famille,


évitez les endroits tels que la chambre ou la cuisine.
Vous passez beaucoup de moments appréciables
dans ces pièces et ils ne doivent donc pas être
associés à des difficultés à résoudre.

Préparez la discussion très à l’avance. Commencez


toujours par des commentaires positifs. Vous
pouvez entamer la conversation en remerciant
l’autre personne d’avoir pris le temps de discuter.
Vous souhaiterez peut-être rappeler une ou deux
choses que vous appréciez chez elle ou des
expériences agréables que vous avez vécues
ensemble.

Passez ensuite aux sentiments que vous fait


éprouver le comportement problématique de votre
interlocuteur. Concentrez-vous sur l’effet que ce
comportement a sur vous en utilisant le pronom
« je ».

Vous pouvez par exemple dire : « Je suis très


contrarié quand tu me dénigres devant les autres,
comme avec Yann, mardi dernier. »

Ne critiquez pas la personne, mais les effets de son


comportement. Si vous le souhaitez, entraînez-
vous à le dire seul à voix haute ou notez quelques
points clés, afin d’être certain de vous exprimer
d’une manière pertinente lorsque vous serez en
situation réelle.

Savoir si l’autre personne a


compris
Une fois le message délivré, vérifiez si votre
interlocuteur l’a compris. Souvent, ce genre de
conversation est chargé d’émotions et
l’interlocuteur n’est pas tout à fait concentré sur le
message. Vous voudrez donc peut-être savoir s’il
l’a reçu cinq sur cinq :

• « Tu comprends ce que je veux


t’expliquer ? »

• « Tu vois ce que je veux dire ? »


Vous souhaiterez peut-être ensuite que votre
interlocuteur reformule votre souci afin d’être
certain que votre message a bien été reçu.

Cette méthode permet de vous en tenir à votre


message au lieu de vous intéresser à n’importe
quelle réflexion de la personne impliquée.

Évaluer l’intention de changer


chez l’autre
Quand vous estimez que votre interlocuteur difficile
a bien reçu votre message, vous pouvez voir s’il a
l’intention de changer. S’il justifie son
comportement ou ne prend pas en compte vos
sentiments, c’est qu’il n’a sans doute aucune
velléité de changement. J’aborde en détail le cas où
le message ne passe pas dans la section
« Envisager les effets d’un mauvais
comportement », plus loin dans ce chapitre.

En revanche, si la personne a conscience de vos


sentiments et exprime des regrets, vous pouvez
avoir l’espoir qu’elle change. À ce stade, vous devez
avoir en tête des comportements de substitution
que vous souhaiteriez la voir adopter (voir
« Proposer des stratégies », plus loin dans ce
chapitre).

Éclairer l’autre par ses


commentaires
Faire des remarques pertinentes et bienveillantes à
la personne en cause peut aider à décanter la
situation. Vos commentaires doivent respecter trois
principes :

• Faites-lui part de ses comportements positifs


et négatifs ;

• Suggérez-lui comment améliorer les


comportements positifs et éviter ou modifier
les comportements négatifs ;

• Indiquez-lui tous les quinze jours (dans un


premier temps) si elle progresse dans son
changement de comportement, puis une fois
par mois, selon la fréquence de vos rencontres.

Un retour d’information efficace requiert que vous


soyez un bon coach. Car il s’agit d’un sujet délicat
et de plus vous souhaitez que l’autre personne
montre la motivation nécessaire pour s’améliorer.
La remarque idéale porte sur un comportement
(positif) que vous voudriez voir votre interlocuteur
adopter plus souvent. Par exemple, vous pouvez
dire : « J’aimerais que tu me fasses des
compliments de temps en temps. » Cette
formulation est sans doute préférable à : « Arrête
de m’insulter ! »

Proposer des stratégies


Vos commentaires peuvent également inclure des
stratégies de changement. En lisant ce livre et
d’autres ouvrages traitant des rapports avec les
personnes difficiles, vous pouvez découvrir des
stratégies judicieuses. Il suffit ensuite de les
adapter à votre situation et de les expliquer
clairement à l’autre personne afin de provoquer le
changement.

Martine a du mal à dire « non » à son chef. Son


amie Claudie fait office de coach pour l’aider à
gérer la situation.

« À chaque fois que mon chef se défoule sur moi, je


ne sais pas quoi faire », se plaint Martine.

« Eh bien, tu peux par exemple lui tenir tête ? »


suggère Claudie.
« Comment faire ? C’est mon chef, tout de
même », réplique Martine.

« Certes, mais ça ne lui donne pas le droit de se


défouler sur toi ou de te traiter comme une moins
que rien. Tu pourrais peut-être lui dire quelque
chose de ce genre : “Je comprends que vous teniez
à ce que le travail soit fait d’une certaine manière,
mais je pense que ce serait mieux pour tous les
deux si vous faisiez des critiques constructives.
Précisez-moi vos attentes. Nous souhaitons tous
les deux la même chose. Plus vous me fournirez des
informations utiles, plus je pourrai vous donner
satisfaction. Est-ce que cela vous semble
raisonnable ?” »

« Je pense en effet que je pourrais essayer un truc


de ce genre. Il faudra que je m’exerce un peu »,
répond Martine.

Claudie sourit. « Bien sûr, je peux même t’aider à


t’entraîner. Je suis certaine que tu t’en sortiras
bien. »

En lui faisant des suggestions concrètes, vous


soutenez l’autre dans son effort pour changer.
Toutes les stratégies ne fonctionnent pas et vous
devrez peut-être en discuter, voire procéder par
tâtonnements, afin de trouver la meilleure.

Dresser le bilan des progrès


réalisés
Le meilleur moyen de constater si une stratégie de
changement porte ses fruits est d’effectuer un
suivi. Convenez d’un rendez-vous avec la personne
afin d’évaluer les progrès réalisés. Prenez des
exemples de situations où votre interlocuteur a
adopté les nouveaux comportements. Déterminez
les tentatives ayant débouché sur les résultats
escomptés et celles qui n’ont pas porté leurs fruits.

Prenez en compte les aspects suivants :

• Le choix de la situation (la stratégie a-t-elle


été expérimentée au bon moment ?) ;

• Le degré de préparation pour cette situation ;

• La façon dont elle a été gérée ;

• La réponse obtenue ;

• Le sentiment éprouvé lors de l’adoption du


nouveau comportement ;

• L’appréciation de l’effet produit.


Lors de ces rencontres, voyez si l’autre personne a
besoin de modifier quelque peu sa stratégie.
Suggérez également d’autres situations pour
expérimenter le nouveau comportement.

Envisager les effets d’un


comportement inefficace
Parfois vous avez le sentiment que le message ne
passe pas. Vous indiquez à la personne difficile les
sentiments que vous procure son comportement
inadéquat, mais n’obtenez aucune réaction.

Vous chercherez peut-être à prendre en compte


d’autres conséquences de son comportement
négatif. Quelle influence a-t-il sur les autres, voire
sur ses propres intérêts à long terme ? Ces
comportements ont généralement des
conséquences négatives. Voyez si vous pouvez
donner des exemples de domaines dans lesquels
cette façon de faire pourrait lui coûter cher sur le
plan personnel ou professionnel. Par exemple, il
pourrait perdre des amis ou rater des occasions de
progresser dans sa carrière.

Quand vous aidez quelqu’un à changer, votre


propre intelligence émotionnelle entre en ligne de
compte. Mettez-vous à sa place. Quelle
conséquence ne tiendrait-il absolument pas à
subir ? Ou mieux, quelle récompense lui plairait
beaucoup s’il changeait de comportement ?

« Chéri, je sais que mon sentiment à propos de ton


comportement grossier t’importe peu, mais qu’en
pensent tes amis ? Tu ne crois pas que Toni s’est
senti insulté par la façon dont tu lui as parlé ?

— Mais il sait que c’est pour plaisanter !

— Tu crois ? Alors, pourquoi a-t-il invité Mario et


Jean au match de foot et pas toi ? Il sait que tu
adores le foot ? »

Parfois, les gens sont tellement enfermés dans leur


mode de fonctionnement qu’ils ne perçoivent pas
leur effet sur les autres. Pire, ils ne se rendent pas
compte de ce qui leur en coûte de s’aliéner leur
entourage.

S’expliquer de diverses
manières
Lorsque vous faites prendre conscience aux autres
de leur comportement nuisible, ils peuvent accepter
vos conseils mais ne pas savoir comment s’y
prendre pour changer. C’est comme un enfant qui
essaie de comprendre une division complexe. Il doit
l’étudier à plusieurs reprises avant d’en venir à
bout.

Il vous faudra peut-être expliquer le problème de


diverses manières et plusieurs fois. Prenez des
exemples très concrets pour faire passer votre
message. Mettez l’accent sur les comportements
précis à l’origine des difficultés de l’autre
personne.

Vous pouvez prendre des exemples venant de la


télévision ou du cinéma, car ils ne sont pas aussi
personnels et émotionnellement chargés que les
épisodes de la vie de votre interlocuteur. Les
exemples empruntés à la réalité poussent parfois
certaines personnes à se mettre sur la défensive.
Dans les séries TV ou les films, on voit souvent des
personnages dont l’attitude va à l’encontre du but
recherché. Demandez alors à l’autre de proposer
des comportements de substitution pour aborder
les situations rencontrées par le personnage. Une
fois que l’idée a fait son chemin dans son esprit,
vous pouvez passer à des situations réelles dans
lesquelles il pourra expérimenter lui-même les
nouveaux comportements désirables.
Présenter les bénéfices du
changement
À l’instar du commercial vendant des voitures ou
des appareils électroniques, mettez l’accent sur les
avantages – différents des caractéristiques – d’un
changement de comportement. Autrement dit, ne
vous contentez pas de dire à quelqu’un de changer
pour devenir une personne plus sympathique, de
hurler moins souvent ou d’être en meilleure forme
physique : il s’agit des « caractéristiques » du
changement.

Pour de nombreuses personnes, l’idée de changer


de comportement pour simplement devenir
meilleures ne semble pas avoir d’effet. Fournissez-
leur une bonne raison ou présentez-leur un
avantage : celui d’obtenir le poste de ses rêves
parce qu’elle a pris l’initiative d’améliorer ses
compétences ou celui d’être invité à un match de
Ligue des champions parce que sa nouvelle aptitude
à communiquer lui a permis de se faire de
nouveaux amis.

Insistez sur les avantages d’un changement de


comportement :

• Réaliser ses rêves ;


• Être moins embêté par les autres ;

• Se sentir mieux ;

• Rencontrer du monde et tisser des liens ;

• Avoir de meilleures relations sociales ;

• Obtenir l’aide d’autrui en cas de besoin.

En vous mettant dans la peau de l’autre personne


(par l’empathie, traitée au chapitre 7) et en
trouvant ce qui est important à ses yeux, vous
pouvez suggérer des sources de motivation qui le
concerneront et l’inciteront à changer. Ne
sélectionnez pas des avantages trop abstraits,
vastes ou irréalistes. Il faut que l’autre personne ait
le sentiment de pouvoir facilement profiter de ces
bienfaits.

“La meilleure chose que vous


puissiez faire pour quelqu’un ne
se limite pas à partager avec lui
vos richesses, mais à lui faire
découvrir les siennes.”
Benjamin Disraeli
DANS CE CHAPITRE
Bien faire la distinction entre QI et QE

Utiliser son intelligence émotionnelle pour améliorer
son environnement (voire plus !)

Inciter les autres à rendre le monde meilleur

Chapitre 19
Dix moyens de rendre le
monde plus
émotionnellement intelligent
J ’ai notamment écrit ce livre pour vous présenter
les bienfaits de la prise de conscience des
intelligences émotionnelle et sociale. Grâce à une
meilleure connaissance de votre IE, vous pourrez
voir des changements dans votre façon de penser,
de vivre vos émotions et de vous comporter. Les
avantages personnels de ces changements peuvent
améliorer votre vie ainsi que celles des personnes
que vous côtoyez.

Mais les bénéfices d’une intelligence émotionnelle


plus grande vont au-delà du cercle de vos proches.
Vous commencez alors à réfléchir à ce que vous
pouvez apporter au monde dans lequel vous vivez.
Être réellement émotionnellement intelligent, c’est
se soucier des autres et avoir un rôle positif dans le
monde.

Se soucier des autres


Tout au long de ce livre, nous avons vu les
nombreuses différences entre l’intelligence
cognitive (QI) et l’intelligence émotionnelle (QE).
Par exemple, une personne dotée d’un excellent QI
ne contribue pas forcément beaucoup à la bonne
marche de notre monde et peut même se montrer
cruelle envers les autres. L’histoire est peuplée de
ces personnes très intelligentes (cognitivement
parlant) qui n’aident pas leurs semblables, voire les
détruisent.

Il y a quelques années, j’ai été invité à participer à


un documentaire sur une convention Mensa
(société fondée en 1946 ouverte aux personnes que
leur QI place dans les 2 % d’individus les plus
intelligents de la population).

Ce documentaire portait sur la réussite de tous ces


individus intelligents. On pouvait s’attendre à voir
les meilleurs chercheurs sur le cancer, physiciens
nucléaires, négociateurs de paix et stratèges
politiques. Eh bien, il y en avait peut-être, mais ils
n’étaient pas faciles à trouver. L’un des buts
déclarés de Mensa est d’« identifier et de favoriser
l’intelligence de l’être humain pour le bien de
l’humanité ». Malheureusement, je n’ai pas trouvé
beaucoup de membres apportant une immense
contribution à la société. En fait, la plupart de ceux
que j’ai vus étaient soit centrés sur eux-mêmes,
soit plongés dans des théories abstraites. L’un des
membres du groupe (autoproclamé le plus brillant)
travaillait comme videur dans un bar. Il n’avait pas
eu son diplôme universitaire pour un retard d’une
journée dans la présentation de documents
administratifs et avait été renvoyé (un peu
d’intelligence émotionnelle l’aurait probablement
bien aidé). Un autre membre passait tous les jours
le plus clair de son temps dans une cafétéria à faire
les mots croisés du New York Times. Un autre était
chauffeur de bus scolaire.
Dans l’émission, mon rôle était d’étudier
l’intelligence émotionnelle de ces individus.
D’évidence, l’IE se faisait plutôt rare chez bon
nombre de participants. En fait, certains, ayant
conscience de la notion d’intelligence émotionnelle,
semblaient la considérer comme plutôt accessoire.
Ils ne faisaient pas grand cas de la maîtrise de ses
émotions, de la gestion des émotions des autres ou
de la responsabilité sociale. Les théories abstraites
leur semblaient plus importantes que des initiatives
utiles à leurs semblables (êtres humains lambda).

Être émotionnellement intelligent signifie se


soucier des autres et les aider. Il faut peut-être
avoir un QI élevé pour faire une scolarité brillante
ou élaborer des théories complexes, mais ce QI ne
dit pas grand-chose sur votre capacité à vous
montrer humain et utile aux autres.

Se concentrer sur les autres


Être émotionnellement intelligent implique de
contribuer à rendre le monde meilleur. Dans la
mesure où l’intelligence émotionnelle englobe des
notions telles que l’empathie, des relations
interpersonnelles saines et la responsabilité sociale,
le curseur se déplace de votre petite personne pour
s’arrêter sur les autres. Les gens émotionnellement
intelligents s’efforcent de rendre le monde
meilleur. Comme ils sont capables de percevoir les
situations en se mettant à la place des autres, ils
ont une idée des solutions à apporter aux
problèmes d’autrui.

On me demande parfois s’il est possible de simuler


l’intelligence émotionnelle ou si des personnes mal
intentionnées peuvent utiliser des capacités
émotionnelles pour profiter des autres. Bien qu’il
soit possible de manipuler les autres en faisant
semblant de s’intéresser à eux ou à leur famille, ce
comportement ne répond pas aux principales
définitions de l’intelligence émotionnelle (Mayer,
Salovay, Caruso ou Bar-On).

L’intérêt des personnes émotionnellement


intelligentes pour les autres et le monde qui les
entoure est authentique. Les individus narcissiques,
arnaqueurs ou machiavéliques sont avant tout
intéressés par eux-mêmes et les avantages qu’ils
peuvent tirer des autres.

Travailler sur soi


Avoir plus conscience de ses émotions est un
premier pas vers l’accroissement de votre
intelligence émotionnelle. Ce n’est pas un objectif
en soi. Considérez cela comme un tremplin. Mieux
se maîtriser émotionnellement permet de
comprendre les autres et leur fonctionnement
émotionnel.

Nous ne sommes pas tous semblables sur le plan


émotionnel. Mais chercher à comprendre votre état
d’esprit vous aidera toujours à savoir quelles
capacités sont nécessaires pour commencer à
comprendre les autres. Employez-vous donc à
prendre conscience de vous-même et considérez
cela comme une étape de votre marche vers un
monde meilleur.

Aider sa famille
Lorsque vous regardez au-delà de votre propre
intérêt, commencez par vous soucier de votre
famille. En quoi vos capacités émotionnelles
peuvent-elles profiter à votre famille ? Si vous
vivez au sein d’une famille psychologiquement
équilibrée, il vous sera plus facile de vous adonner à
des activités caritatives et socialement
responsables, tournées vers les autres. Ce genre de
famille possède l’énergie et l’état d’esprit
nécessaires pour agir avec détermination, tandis
que les familles où règne le trouble ont tendance à
s’enliser dans leurs conflits internes. Partagez ces
capacités émotionnelles avec vos proches, et vous
les aiderez à œuvrer dans le même sens,
favoriserez des relations saines et contribuerez à
promouvoir l’attention aux autres, l’indépendance,
l’aptitude à résoudre les problèmes et la
responsabilité sociale.

En tant que famille, aidez-vous les autres ?


Participez-vous tous ensemble à des événements
caritatifs ? Donnez-vous vos vieux vêtements et des
aliments à des associations ? Intervenez-vous
comme bénévole au sein d’associations destinées à
aider les plus démunis ? Participez au moins à un
projet collectif afin d’améliorer la vie dans votre
quartier ou dans le monde en général.

Rendre la pareille à la
collectivité
Une personne émotionnellement intelligente peut
contribuer de nombreuses manières au bien de la
collectivité. Réfléchissez aux besoins à satisfaire
autour de vous dans les domaines suivants :

• Les gens : aider les émigrés à s’intégrer, les


SDF à se nourrir et à trouver un toit, les
familles en difficulté à obtenir les ressources
qui leur font défaut, les personnes âgées à
avoir de la compagnie et à se distraire ou les
malvoyants à disposer d’infrastructures de
transport adaptées et des supports audio de
journaux et magazines.

• L’environnement : diminuer l’empreinte


carbone de votre communauté, trier vos
déchets ou améliorer l’esthétique de votre
maison et quartier.

• Les animaux : aider les animaux errants ou


abandonnés.

Utilisez votre intelligence émotionnelle pour que


l’endroit où vous habitez soit plus agréable.
Recherchez d’autres personnes dans le même état
d’esprit que vous. Pouvez-vous vous joindre à
certains groupes ou associations, entrer en relation
avec des personnalités influentes ? Efforcez-vous
d’aider les groupes existants à satisfaire les besoins
de la collectivité, ou créez un groupe vous-même.
Améliorer son lieu de travail
En quoi votre lieu de travail contribue-t-il au bien-
être de la société ? Votre entreprise soutient-elle
certaines causes ? Si l’on menait une enquête sur
votre lieu de travail, aurait-on une idée précise des
causes défendues par votre société et de
l’importance de son soutien ? Le soutien va au-delà
de contributions financières : le personnel donne de
son temps, l’entreprise organise des événements et
s’implique directement. Recherchez les
organisations qui s’emploient à promouvoir la
responsabilité sociale au travail.

Identifiez les personnes qui ont cette sensibilité


dans votre lieu de travail. Parlez-en à votre
responsable et à des dirigeants. Voyez si votre
entreprise a un plan d’action pour aider la
communauté locale et qui est chargé de le diriger.
Quel rôle pouvez-vous jouer personnellement ?
Impliquez-vous !

Remettre la courtoisie au goût


du jour
La courtoisie dont on fait preuve envers les autres
conditionne en grande partie l’impression laissée.
Aux États-Unis, et dans bon nombre de pays que je
visite, les habitants étaient auparavant bien plus
gentils. Ils ouvraient les portes, laissaient passer,
souriaient et n’ignoraient pas les autres.

Un certain nombre de facteurs (médias, stress,


individualisme) ont changé notre conduite
émotionnelle au quotidien. Résultat, nous prêtons
moins attention à l’impression que nous laissons
aux autres.

En étant plus calmes, plus tournés vers l’extérieur


et en ayant un peu plus d’égards pour les autres,
nous pouvons améliorer le monde dans lequel nous
vivons.

Moins de haine
On m’interroge souvent sur le lien entre la violence
de notre société et nos émotions. J’effectue des
travaux de recherche et je donne des présentations
sur la montée du terrorisme. Après avoir étudié les
parcours d’auteurs d’attentats, un grand nombre de
chercheurs s’accordent à dire que les problèmes les
plus importants ne sont pas la pauvreté ou le
manque d’éducation, mais la propagation de la
haine.
Quand il était à l’université de Yale, le Dr Robert
Sternberg a développé une théorie de la haine qui
nous a aidés à mieux comprendre le terrorisme. La
haine est une émotion qui n’a pas été suffisamment
étudiée par les psychologues. En apprenant aux
gens à identifier la haine et à la bannir des discours
politiques et religieux, nous pouvons contribuer à
rendre notre monde moins dangereux. Pour
bénéficier d’une société plus pacifique, nous devons
être capables de repérer la haine et de dire aux
autres en quoi sa propagation engendre
directement la violence.

Si les Beatles ont chanté All You Need is Love, ils ont
oublié de dire qu’il fallait d’abord éliminer la haine.
En diminuant la quantité de haine présente dans les
désaccords politiques et religieux, pour laisser place
à des émotions telles que l’antipathie, la frustration
et l’agacement, nous pourrons commencer à traiter
plus raisonnablement nos différends.

S’investir pour son pays


Faites-vous de la politique ? Êtes-vous membre
d’une organisation nationale ? La plupart des gens
ont des sentiments forts quand il se passe des
événements dans leur pays. Que pouvez-vous faire
pour apporter votre contribution ? Si vous êtes
disposé à vous engager en politique, vous pouvez
adhérer à un parti et agir sur le terrain.

Si vous n’aimez pas la politique, vous pouvez entrer


dans une association nationale qui se bat pour que
les choses changent dans certains domaines : la
santé, l’éducation, l’environnement… Prenez le
temps de réfléchir à des causes qui vous intéressent
et auxquelles vous souhaitez apporter votre
contribution.

Rappelez-vous ce que disait le président américain


John F. Kennedy : « Ne demandez pas ce que votre
pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez
faire pour votre pays. »

Changer le monde
Que pouvez-vous faire pour changer le monde ?
Vous avez peut-être du mal à croire qu’une seule
personne puisse modifier son environnement. Et,
pourtant, vos actes peuvent influer directement sur
des dizaines, voire centaines de personnes. Et, par
l’intermédiaire de ces individus, vous pouvez
influencer indirectement des centaines, voire des
milliers d’autres.
Il existe de nombreux exemples d’individus qui
font part aux autres de leurs excellentes idées et
contribuent ainsi à ce que le monde tourne mieux.
Multi-Health Systems a participé, par le biais de
ses tests et mentors, à un programme canadien
géré par Youth in Motion. Il s’agit du programme
« 20 ados avec brio ».

Ce programme récompense l’innovation, le


leadership et les réalisations d’étudiants canadiens
avant l’âge de 20 ans. Des centaines de candidats de
tout le Canada s’inscrivent. Ces jeunes ont réalisé
des actions pour améliorer leur école, leur
communauté ou leur pays.

Par exemple, Stéphanie Dotto, de Kirkland, au


Québec, a remporté ce prix à l’âge de 18 ans. Un
conférencier était venu dans son école parler de
l’aide que pouvaient apporter les adolescents pour
améliorer la vie des enfants dans le monde entier.
Stéphanie a été conquise et a décidé d’essayer
d’aider les enfants africains en leur procurant des
chaussures, des médicaments, et en leur
permettant d’aller à l’école.

Sous la houlette de Stéphanie, son association


caritative, It All Started With Shoes, a envoyé plus
de 1 200 paires de chaussures légèrement usées à
des enfants du Malawi, donné plus de 350 kilos
d’antibiotiques, d’antipaludiques et de vitamines à
un hôpital du Malawi, réuni plus de 35 000 dollars
pour la construction d’une école et a fait ouvrir un
centre de nutrition baptisé Stephanie’s Kitchen
dans un hôpital du Malawi. Ce centre montre aux
mamans de bébés malnutris comment mettre plus
de nutriments dans leur cuisine.

Stéphanie prend maintenant la parole dans des


écoles et participe à des conférences dans l’espoir
de persuader d’autres adolescents d’apporter leur
pierre à l’édifice. Un journal local, Chronicle, l’a
désignée West Highlander of the Year.

Si ces jeunes gens de moins de 20 ans peuvent


influer sur ce qui se passe dans des contrées
lointaines, vous pouvez probablement agir vous
aussi. Les personnes émotionnellement
intelligentes ont besoin de mener ces activités. En
contribuant au bonheur d’autrui, leur intelligence
émotionnelle atteint une nouvelle dimension.

“J’ignore quelle sera votre


destinée, mais je sais une chose :
seuls ceux qui auront découvert
comment aider leur prochain
seront véritablement heureux.”
Albert Schweitzer
Annexe
En savoir plus sur les
intelligences émotionnelle et
sociale
L es intelligences émotionnelle et sociale sont des
champs d’étude relativement récents qui évoluent
rapidement. Toutes les informations sur le sujet ne
sauraient tenir dans un seul ouvrage. Cette annexe
vous oriente vers des sources qui vous permettront
de trouver des données intéressantes.

Livres
Si le présent ouvrage vous a ouvert l’appétit, voici
quelques livres pour aller plus loin :

• AIMELET-PERISSOL Catherine, Comment


apprivoiser son crocodile, Pocket évolution, 2007

• ANDRÉ Christophe, Les États d’âme. Un


apprentissage de la sérénité, Odile Jacob, 2009
• ANDRÉ Christophe et MUZO, Petites angoisses
et grosses phobies, Seuil, 2002

• ANDRÉ Christophe et LEGERON Patrick, La


Peur des autres, Odile Jacob, 2000

• ANDRÉ Christophe et LELORD François,


Comment gérer les personnes difficiles, Odile
Jacob, 1996

• ANDRÉ Christophe et LELORD François, La


Force des émotions, Odile Jacob poche, 2007

• CHABOT Dominique, Cultivez votre intelligence


émotionnelle, Les Éditions Quebecor, 1998

• CHALVIN Marie-Joseph, Apprendre mieux pour


Les Nuls, First, 2009

• COUZON Élisabeth et DORN Françoise, Soyez


un stressé heureux, ESF, 2007

• COUZON Élisabeth et DORN Françoise, Les


Émotions. Faire de ses émotions une force, ESF,
2019

• DAMASIO Antonio, L’Erreur de Descartes. La


raison des émotions, Odile Jacob, 2006

• DAMASIO Antonio, Spinoza avait raison, Odile


Jacob, 2003
• DAMASIO Antonio, L’autre moi-même, Odile
Jacob, 2010

• EKMAN Paul, Emotion on the Human Face,


Cambridge University Press, 1983

• EKMAN Paul et DAVIDSON Richard, The Nature


of Emotion : Fundamental Questions, Oxford
University Press, 1994

• FILLIOZAT Anne-Marie et GUACH Gérard,


Aide-toi, ton corps t’aidera, Albin Michel, 2006

• FILLIOZAT Isabelle, L’Intelligence du cœur,


Marabout, 2007

• FILLIOZAT Isabelle, Au cœur des émotions de


l’enfant, Marabout, 2006

• FONE Helena, L’EFT pour les Nuls, First, 2011

• GARDNER Howard, Les Intelligences multiples,


Retz, 2004

• GOLEMAN Daniel, L’Intelligence émotionnelle,


tomes 1 et 2, J’ai lu, 2003

• GOLEMAN Daniel, BOYATZIS Richard et


McKEE Annie, L’Intelligence émotionnelle au
travail, Village mondial, 2010
• GOLEMAN Daniel, Surmonter les émotions
destructrices : un dialogue avec le dalaï-lama,
Pocket, 2008

• HALL Edward T., La Dimension cachée, Le Seuil,


1978

• KABAT-ZINN Jon, Où tu vas, tu es, J’ai lu, 2005

• LEDOUX Joseph, Le Cerveau des émotions : les


mystérieux fondements de notre vie émotionnelle,
Odile Jacob, 2005

• LEDOUX Joseph, Neurobiologie de la


personnalité, Odile Jacob, 2007

• LEGUIDE Patrick, Les Meilleurs Tests


d’orientation, de personnalité et de QI, L’Étudiant,
2009

• MASLOW Abraham, Vers une psychologie de


l’être, Fayard, 1989

• MESSIGER Joseph, Le Langage des gestes pour


les Nuls, First, 2009

• READY Romilla et BURTON Kate, La PNL pour


Les Nuls, First, 2006

• ROGERS Carl, Le Développement de la personne,


Dunod, 1991
• ROSENBERG Marshall, Les mots sont des
fenêtres, La Découverte, 2005

• SALOVEY Peter et MAYER John, « Emotional


intelligence », Imagination, Cognition and
Personnality, 9, 1990

• SELIGMAN Martin, La Force de l’optimisme,


InterÉditions, 2008

• SERVAN-SCHREIBER David, Guérir le stress,


l’anxiété et la dépression, sans médicaments ni
psychanalyse, Pocket, 2005

• SHAPIRO Francine, Manuel d’EMDR : principes,


protocoles, procédures, InterÉditions, 2007

• THICH NAHT HANH, La Sérénité de l’instant,


J’ai lu, 2009

• THICH NAHT HANH, Le Miracle de la pleine


conscience, J’ai lu, 2008

• WILSON Rob et BRANCH Rhena, Les Thérapies


comportementales et cognitives pour Les Nuls,
First, 2009

Sites Web et autres ressources


La Toile est une grande source d’information, mais
celles-ci sont parfois de qualité inégale. Voici
quelques sites utiles :

• Pour des tests


• Orientation et formation : www.orientati
on-formation.fr Portail de l’État, des
Régions et des partenaires sociaux. Ce
site propose une aide pour :

– choisir un métier ;

– s’orienter dans la formation ;

– évoluer, changer de métier.

• Central Test : www.centraltest.fr Le


leader français des tests de personnalité,
d’orientation et de compétences.

• ECPA : www.ecpa.fr

Les Éditions du Centre de psychologie


appliquée sont leaders sur le marché de
l’édition de tests psychologiques. Les
ECPA adaptent et créent des tests afin de
répondre aux besoins des professionnels
de l’évaluation des personnes dans les
secteurs de la santé, de l’éducation ou
des ressources humaines. Une
testothèque est ouverte au public.
• Orientation et tests pour les jeunes
• ONISEP : www.onisep.fr

L’information nationale et régionale sur


les formations et sur les métiers.

• CIDJ : www.cidj.com

Pour tous les renseignements relatifs à


l’orientation.

• Phosphore : www.phosphore.com

Tests gratuits pour les jeunes.

• L’Étudiant : www.letudiant.fr

Portail proposant des guides des études,


des métiers et des informations sur la vie
étudiante.

• Pour se former
• Annuaire des formations et des
organismes de formation

www.pourseformer.fr

• CEGOS

Leader européen de la formation

11, rue René-Jacques


92798 Issy-les-Moulineaux Cedex 9

www.cegos.com

• Pour une démarche de coaching

Adressez-vous à une association ou fédération


de coaching pour avoir l’adresse de coachs
certifiés :
• ICF France

www.coachfederation.fr

• AEC, Association européenne de


coaching

www.aecoaching.eu

• SFCoach, Société française de coaching

www.sfcoach.org

• Pour une démarche de développement


personnel

EMDR (Eyes Movement Desensitization and


Reprocessing)
• Association EMDR-France

9, rue Papillon

75009 Paris
[email protected]

www.emdr-France.org

• Programmation neurolinguistique
• PNL Repère

78, avenue du Général-Michel-Bizot

75012 Paris

www.repere-pnl.com

• IFPNL

21, rue Sébastien-Mercier

75015 Paris

www.ifpnl.fr

• EFT (Emotional Freedom Technic)

www.eftuniverse.com

www.eftunivers.fr

www.wisdomofbeing.com

• La communication non violente


• Association Communication non
violente

13 bis, boulevard Saint-Martin


75003 Paris

[email protected]

• Des sites sur la psychologie et la santé


• Le site de Christophe André : www.christ
opheandre.com

• Le site du magazine Psychologies : www.p


sychologies.com
Sommaire

Couverture

L'Intelligence émotionnelle pour les Nuls, poche,


2e éd

Copyright

À propos de l’auteur

Remerciements

À propos de l’adaptatrice

Préface

Introduction

À propos de ce livre

Hypothèses gratuites

Les conventions utilisées dans ce livre

Ce que vous n’avez pas besoin de lire

Comment ce livre est organisé


Les icônes utilisées dans ce livre

Par où commencer ?

Partie 1. Une nouvelle forme d’intelligence a été


repérée !

Chapitre 1. Se sentir intelligent

Définition de l’intelligence émotionnelle

Maîtriser ses émotions

Comprendre les émotions des autres

Appliquer l’intelligence émotionnelle au travail

Créer des relations familiales harmonieuses

Chapitre 2. Évaluer son intelligence émotionnelle

Mesurer l’intelligence émotionnelle

Se sentir, réfléchir et se comporter comme une personne


émotionnellement intelligente

Repérer une personne émotionnellement intelligente

Chapitre 3. Trouver le bonheur

La définition du bonheur

Trouver le bonheur authentique

Partie 2. Les coulisses de l’intelligence


émotionnelle
Chapitre 4. L’intelligence émotionnelle, comment ça
marche…

Saisir la différence entre intelligence émotionnelle et QI

Connaître l’influence de ses émotions

Présentation de l’intelligence émotionnelle

Distinguer les traits de personnalité des capacités émotionnelles

Chapitre 5. Prendre mieux conscience de ses


émotions

Définir émotions, sentiments et humeurs

Identifier ses émotions

Immersion dans l’univers des émotions

Modifier ses émotions négatives

Chapitre 6. Gérer ses émotions

Bon, je me sens triste, fou de rage ou mal. Et maintenant que faire ?

Se sortir d’une mauvaise situation

Améliorer ses émotions

Chapitre 7. Comprendre la notion d’empathie

Saisir la différence entre empathie et compassion

Déchiffrer les émotions des autres

Montrer aux autres que l’on comprend leurs sentiments

Explorer les situations où l’empathie s’avère très utile


Chapitre 8. Gérer les émotions des autres

Modifier ses réactions envers les autres

Gérer les émotions des autres

Faire face à des personnes difficiles

Gérer les amis et les proches difficiles

Partie 3. Emporter son intelligence émotionnelle


au travail

Chapitre 9. Affronter les situations professionnelles


difficiles

Avoir des sentiments au travail ?

Les contrariétés au travail

Explorer les situations qui vous font donner le meilleur de vous-


même au travail

Gérer les émotions des autres au travail

Chapitre 10. Réussir grâce à l’intelligence


émotionnelle

Trouver le bon emploi

Évaluer sa vie professionnelle

Améliorer ses performances de collaborateur

Améliorer ses performances dans le travail autonome

Influencer les autres au travail


Devenir un meilleur coéquipier

Chapitre 11. Devenir un leader émotionnellement


intelligent

Obtenir des autres qu’ils fassent certaines choses

Diriger les autres

Chapitre 12. Créer un environnement professionnel


émotionnellement intelligent

Définition d’un lieu de travail émotionnellement intelligent

Votre lieu de travail est-il émotionnellement intelligent ?

Trouver le bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

Créer des équipes émotionnellement intelligentes

Améliorer l’intelligence émotionnelle de son lieu de travail

Chapitre 13. Réussir à l’université en faisant preuve


d’intelligence émotionnelle

Pourquoi les échecs en première année de fac sont-ils si nombreux ?

Être attentif aux signes de décrochage

Suggestions pour retrouver le droit chemin

Connaître ses objectifs à long terme

Partie 4. Être émotionnellement intelligent à la


maison
Chapitre 14. Créer des relations émotionnellement
intelligentes

Évaluer sa relation amoureuse

Comprendre l’influence de ses émotions sur la relation

Comprendre et gérer les émotions de son partenaire

Utiliser ses capacités émotionnelles dans sa vie de couple

Bâtir des relations sociales émotionnellement saines

Chapitre 15. Élever des enfants en bonne


intelligence… émotionnelle

Devenir des parents émotionnellement intelligents

Comprendre l’état d’esprit et les principes de son partenaire

Garder son sang-froid avec son enfant

Exploiter ses capacités émotionnelles pour gérer son enfant

Se maîtriser face à un adolescent

Gérer les turbulences de l’adolescence

Chapitre 16. Élever un enfant émotionnellement


intelligent

Comprendre son enfant

Aider son enfant à mieux prendre conscience de ses émotions

Gérer le repli sur soi de son enfant

Gérer l’hyperactivité ou les comportements agressifs de son enfant


Tout faire pour que son adolescent attache de l’importance à
l’intelligence émotionnelle

Aider son adolescent à devenir plus émotionnellement intelligent

Partie 5. La partie des Dix

Chapitre 17. Dix moyens d’améliorer son intelligence


émotionnelle

Avoir une meilleure conscience de soi

Exprimer ses pensées, ses sentiments et ses croyances

Découvrir ses passions

Connaître ses forces et ses faiblesses

Se mettre dans la peau d’autrui

Gérer les émotions d’une autre personne

Être socialement responsable

Dominer ses pulsions

Se montrer plus souple

Être heureux

Chapitre 18. Dix moyens d’aider les personnes


difficiles à améliorer leur intelligence émotionnelle

Opter pour l’approche indirecte

Avoir une discussion

Savoir si l’autre personne a compris


Évaluer l’intention de changer chez l’autre

Éclairer l’autre par ses commentaires

Proposer des stratégies

Dresser le bilan des progrès réalisés

Envisager les effets d’un comportement inefficace

S’expliquer de diverses manières

Présenter les bénéfices du changement

Chapitre 19. Dix moyens de rendre le monde plus


émotionnellement intelligent

Se soucier des autres

Se concentrer sur les autres

Travailler sur soi

Aider sa famille

Rendre la pareille à la collectivité

Améliorer son lieu de travail

Remettre la courtoisie au goût du jour

Moins de haine

S’investir pour son pays

Changer le monde

Annexe. En savoir plus sur les intelligences


émotionnelle et sociale
Livres

Sites Web et autres ressources

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