Alpha Alibi U9 21109 EP2 DER
Alpha Alibi U9 21109 EP2 DER
Alpha Alibi U9 21109 EP2 DER
MALADIE D’ALZHEIMER,
IMMIGRATION ET BILINGUISME
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Maladie d’Alzheimer,
Immigration
et Bilinguisme
CNRS ÉDITIONS
15, rue Malebranche – 75005 Paris
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Sommaire
Contributeurs ................................................................................................................. 9
Préface ................................................................................................................................. 13
Laëtitia Ngatcha-Ribert
Contributeurs
Contributeurs 11
Préface
Laëtitia Ngatcha-Ribert
Préface 15
Préface 17
Introduction
Inscrire le soin gérontologique
dans une perspective transculturelle
Vieillissement normal
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le vieillissement
normal correspond à l’ensemble des processus physiologiques et psy-
chologiques qui modifient la structure et les fonctions de l’organisme à
partir de l’âge mûr. Il est la résultante des effets intriqués de facteurs
génétiques et de facteurs environnementaux auxquels l’organisme est
soumis tout au long de la vie. Il s’agit donc d’un processus lent et
progressif qui doit être distingué des effets liés aux maladies (vieillis-
sement pathologique). Néanmoins, si la sénescence est un processus
universel dont la trace la plus évidente est la transformation du corps,
on peut également concevoir le vieillissement comme une construc-
tion socioculturelle. Une définition sociale utiliserait par exemple
comme critère d’inclusion l’âge de la retraite (60 ans) ou le taux
d’équipements et de services destinés aux personnes concernées
(75 ans) ou encore l’âge moyen constaté dans les institutions géria-
triques (85 ans). La vieillesse peut donc être également appréhendée
comme une donnée variable et personnelle déterminée par le contexte
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Introduction 21
Introduction 23
Introduction 25
ment lorsque les tests sont basés sur un matériel verbal et que la langue
maternelle du patient n’est pas le français ; plusieurs études ont montré
que, dans ce cas, les sujets non occidentaux obtenaient des perfor-
mances inférieures à celles des Occidentaux pour l’apprentissage à
long terme d’un matériel verbal (Fyffe et al., 2011 ; F. Ostrosky-
Solis, Ramirez & Ardila, 2004).
En bref, les cliniciens ont de plus en plus besoin d’instruments
valides dans des situations d’évaluation interculturelles/multilingues et
d’une formation destinée à accroître leurs compétences interculturelles.
Introduction 27
Références
Introduction 29
Chapitre 1
Introduction
Chapitre 1 33
Chapitre 1 35
Chapitre 1 37
Chapitre 1 39
d’images dans les deux langues, tandis que Salvatierra et al. (2007)
ont mesuré la fluence sémantique et phonologique. Pour surmonter
cette divergence apparente et élucider davantage le schéma de déclin
des deux langues des bilingues, Ivanova et al. (2014) ont étudié
les schémas longitudinaux et transversaux de déclin linguistique des
bilingues non équilibrés atteints de MA, en administrant, sur une
période de trois ans, le test de dénomination de Boston dans les
deux langues (Kaplan, Goodglass et Weintraub, 1983). Leurs princi-
pales conclusions ont été que le déclin de la L1 et de la L2 suivait
différentes tendances transversalement et longitudinalement. Plus
précisément, les analyses longitudinales des scores de dénomination
des patients (aucune comparaison avec les témoins) ont montré que
les performances en L2 diminuaient plus fortement que celles en L1.
En revanche, les comparaisons transversales ont révélé des différences
plus importantes entre les patients et les contrôles pour les tâches en L1
par rapport aux tâches en L2. Pris ensemble, ces résultats suggèrent
que les deux langues sont touchées par la MA, mais peuvent suivre des
trajectoires de déclin différentes au cours de l’évolution de la maladie.
Pour déterminer si la L1 diminue plus que la L2, Kowoll et al. (2015)
ont comparé des patients avec trouble neurocognitif mineur et patients
atteints de MA (n = 47) et des contrôles sains bilingues précoces dans
différentes tâches neuropsychologiques. Bien que seules des diffé-
rences mineures non significatives dans les profils neuropsycholo-
giques soient apparues entre les participants mono- et bilingues lors
de la comparaison des groupes de diagnostic, les patients bilingues
avec trouble neurocognitif mineur ont obtenu des résultats significa-
tivement plus faibles en termes de fluence verbale et de dénomination
d’image dans leur L1 comparés aux témoins. Quant aux patients
atteints de MA, ils ont moins bien réussi en L2 que les patients
avec trouble neurocognitif mineur et que les témoins bilingues. Ces
résultats suggèrent que la première langue acquise est d’abord compro-
mise chez les patients bilingues avec trouble neurocognitif mineur,
avec de graves déficits en L2 survenant après l’apparition de la MA. En
résumé, la tendance générale qui se dégage de la littérature est
conforme à l’hypothèse d’une régression de la L2 et d’une meilleure
préservation de la L1, en particulier dans le cas du bilinguisme tardif.
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Chapitre 1 41
Chapitre 1 43
Conclusion
Comme souligné dans l’étude récente de Stilwell, Dow, Lamers et
Woods (2015), les études sur le changement de langue chez des
patients bilingues atteints de MA ne sont pas assez concluantes en
ce qui concerne les effets différentiels de la MA sur les deux langues.
Bien qu’elles ne renseignent pas beaucoup sur l’ordre de détérioration
de la L1 par rapport à la L2 au cours de l’évolution de la maladie, ces
études soulèvent néanmoins d’importantes questions théoriques et
méthodologiques sur la manière de tester la nature polymorphe du
bilinguisme. Par exemple, des recherches supplémentaires sont néces-
saires pour vérifier si des liens plus riches entre les concepts et les mots
– caractéristiques de la langue dominante – doivent être considérés
comme une force ou une faiblesse dans le contexte des maladies
neurodégénératives. De même, la question de la détermination de la
langue dominante des participants, qui n’a jamais fait l’objet d’une
évaluation expérimentale dans les études précédemment mentionnées,
devrait être soigneusement prise en compte lors de l’évaluation de
patients bilingues atteints de MA, car c’est une dimension cruciale
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Chapitre 1 45
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Chapitre 1 47
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Chapitre 2
Maks Banens
1. Comme cela est l’usage dans les statistiques françaises, nous appelons
« immigrés maghrébins », ou plus simplement « Maghrébins », les personnes rési-
dant en France, nées « étrangères », c’est-à-dire avec une nationalité autre que
française, au Maroc, en Algérie ou en Tunisie. Nous appelons « non-Francophone »
la personne qui, à la question « En quelle langue vous ont parlé habituellement vos
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parents quand vous aviez environ 5 ans ? » ont répondu une autre langue que le
français. La non-Francophonie réfère donc seulement à la langue dite maternelle et
non pas à la maîtrise du français grâce à un apprentissage plus tardif.
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Sources et méthode
Nous suivons les immigrés maghrébins vivant sur le territoire
français de l’Enquête Histoires Familiales (désormais « EHF ») (Insee,
1999) à l’Enquête Famille et Logements (Désormais « EFL » (Insee,
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e = effectif_en_2011/effectif_en_1999
diminution est importante à tous les âges, pour les hommes comme
pour les femmes. Elle est nettement plus importante que celle issue de
la seule mortalité ouvrière que nous avons mise en comparaison. Cela
signifie que les Maghrébins « disparaissent » davantage que s’ils étaient
seulement soumis à une mortalité équivalente à celle de la classe
ouvrière française, qui est non seulement la plus élevée de toutes les
classes socioprofessionnelles mais aussi celle de la majorité des immi-
grés maghrébins. Nous avons alors eu recours aux données du recen-
sement. L’étude des immigrés maghrébins aux recensements de 2006
et 2012 a permis d’estimer les taux d’évolution sur douze ans, par
sexe et par âge. Ils figurent sur le graphique 1, sous forme de courbe
pointillée. Ils se caractérisent par des valeurs d’environ dix points
inférieurs à la survie ouvrière jusqu’à l’âge de 70-75 ans. Ensuite, ils
rejoignent la courbe ouvrière et passent légèrement au-dessus.
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2/ Projection
Nous appliquons les taux d’évolution à la population maghrébine,
recensée en 2011, âgée de 53 et plus, pour obtenir une estimation de
cette même population en 2023, à l’âge de 65 ans et plus. Cependant,
nous « vieillissons » de façon séparée les parties francophones, Français
occasionnels et non francophones des cohortes recensées. Selon le sexe
et la cohorte, la partie non francophone et Français occasionnels
représente environ quatre seniors maghrébins sur cinq (graphiques 3
et 4).
Nous répétons ensuite la projection pour obtenir une deuxième
estimation pour l’année 2035. Cette deuxième projection s’applique
sur les populations estimées pour l’année 2023, mais il y a une légère
complication. L’estimation pour 2023 n’a pas produit de nombres
pour les 53-64 ans. Il fallait donc estimer ces « jeunes » cohortes par
une procédure en tout point égal à la première.
Rappelons les présupposés de ces projections. L’évolution de 1999
à 2011, pour les cohortes qui nous concernent, n’est guère perturbée
par de nouveaux arrivants. Elle est entièrement le fait de la disparition
(retour et mortalité) et celle-ci semble surtout due à la mortalité. Or,
notre projection suppose que, pour chaque âge (au-delà de 53 ans) et
sexe donné, la « disparition » en 2011-2023, puis en 2023-2035,
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Français Français
Pas de français Ensemble
1re langue occasionnel
H F H F H F H F
PAQUID
1999-2011 78 % 72 % 161 % 169 % 206 % 216 % 162 % 136 %
2011-2023 82 % 89 % 103 % 111 % 117 % 201 % 108 % 142 %
2023-2035 38 % 22 % 46 % 88 % 19 % 111 % 27 % 82 %
EURODEM
1999-2011 66 % 66 % 156 % 147 % 177 % 210 % 143 % 130 %
2011-2023 85 % 77 % 105 % 101 % 116 % 186 % 108 % 131 %
2023-2035 39 % 24 % 54 % 99 % 23 % 98 % 31 % 79 %
étaient 795 dans ce cas, en 2035 ils seront 6 297. Toutefois, leur
nombre semble ensuite se stabiliser rapidement. Les femmes étaient
690 en 1999 et seront 13 871 en 2035. Pour elles, même si la
croissance a alors dépassé sa valeur maximale, le nombre augmentera
encore significativement après 2035.
Ici aussi, il faut rappeler les incertitudes liées à la projection. Nous
avons appliqué les taux de prévalence de PAQUID. Or, si PAQUID
fait référence dans la mesure de MA dans la population générale
française, il n’est pas à exclure que les taux soient différents pour les
immigrés maghrébins. Le graphique 7 montre les écarts après appli-
cation des taux de prévalence issus de l’étude comparative européenne
(Ankri et al., 2011). Les différences sont considérables. Le nombre
total des personnes maghrébines susceptibles d’être atteintes de MA
passe alors de 32 600 à 21 100.
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% Éducation primaire
Hommes Femmes
Population générale 22 27
Immigrés maghrébins Francophones 40 43
Français occasionnel 62 62
Pas de français 71 77
Discussion
Nous prévoyons une croissance importante du nombre d’immigrés
maghrébins susceptibles d’être atteints de la maladie d’Alzheimer,
jusqu’après 2035, et plus encore pour les non-Francophones. Les
hommes non francophones susceptibles d’être atteints de la maladie
d’Alzheimer seront multipliés par 8 entre 1999 et 2035, les femmes
non francophones par 20 ! Nous prévoyons également que les nombres
se stabiliseront peu après, d’abord pour les hommes, ensuite pour les
femmes.
La prévision contient une importante marge d’incertitude. Celle-ci
a les sources suivantes : 1 – incertitude sur l’évolution du retour au
pays et des nouveaux arrivants après l’âge de 50 ans ; 2 – sur le niveau
de la mortalité des immigrés et son différentiel selon la langue mater-
nelle ; 3 – sur la validité des taux de prévalence PAQUID ; 4 – sur le
multiplicateur appliqué pour tenir compte de la réserve cérébrale.
Parmi toutes ces incertitudes, les deux premières ne dépassent pas
10 % de l’estimation finale. En revanche, les deux dernières incerti-
tudes peuvent jusqu’à doubler l’estimation finale ou la diviser par
deux. Cette différence entre les incertitudes est liée à la nature des
étapes de projection. Les deux premières sont d’ordre démographique,
permettant une prévision robuste sur les deux décennies à venir. Les
deux dernières étapes sont d’ordre épidémiologique, leurs incertitudes
majeures reflètent les grands écarts présents dans la littérature épidé-
miologique. Mais, paradoxalement, ces incertitudes n’ont pas d’effet
sur la prévision à strictement parler. En effet, elles sont là dès 1999 et
2011. Ainsi, les résultats sont certes incertains à chacune des quatre
dates, mais l’évolution d’une date à l’autre, autrement dit la croissance
du nombre de malades et sa stagnation à plus long terme, sont des
résultats robustes.
Si les pouvoirs publics voulaient tirer profit de nos prévisions, ils
seraient bien inspirés de tenir compte des taux de croissance à partir de
la situation actuelle plutôt que de se focaliser sur les nombres absolus.
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Bibliographie
Chapitre 3
Troubles neurodégénératifs
et immigration : du diagnostic
à l’accompagnement des familles
La perte d’autonomie
Les rares études épidémiologiques qui ont été menées sur l’état
de santé des immigrés s’accordent toutes sur le délabrement de leur
état de santé et leur faible consommation de soins. Ceci est lié à des
conditions de vie et surtout de travail dont on pouvait deviner et même
redouter les effets irréversibles sur la santé, plus importants que chez les
personnes âgées non immigrées. Aujourd’hui, deux problématiques
liées à l’état de santé doivent retenir notre attention. Il s’agit de la
survenue d’une perte d’autonomie flagrante et précipitée et des diag-
nostics précoces des troubles neurodégénératifs de type Alzheimer ou
apparentés.
Sur ces deux registres, nous connaissons l’importance des mesures à
déployer en amont pour prévenir les risques d’un mauvais vieillisse-
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ment, les souffrances occasionnées par ces troubles autant aux malades
eux-mêmes qu’à leur famille et surtout les difficultés d’accompagne-
ment au quotidien, tant des aidants que des malades eux-mêmes.
Nous savons aujourd’hui, par quelques sources sanitaires concer-
nant la distribution de la perte d’autonomie dans la population, que
l’âge de survenue de celle-ci se situe à 82 ans pour les personnes nées en
France, à 79,5 ans pour les personnes nées à l’étranger et à 75,3 ans
pour les personnes nées au Maghreb.
Cette donnée justifie la prise en compte des besoins spécifiques de
ces personnes âgées dans l’élaboration des politiques de la vieillesse et
dans les actions mises en œuvre, en leur accordant leur place dans les
schémas gérontologiques, en adaptant les offres de service pour l’aide
et le maintien à domicile, en assouplissant les règles d’accès aux aides
financières destinées à accompagner une perte d’autonomie et en
assurant la formation et la sensibilisation des intervenants auprès de
ce public spécifique.
donc de soi qu’ils seront concernés par tous les problèmes sanitaires
et sociaux que connaissent toutes les personnes âgées. Ce constat, qui
n’est pas récent du reste, ne semble se traduire dans les faits que par de
multiples dysfonctionnements que nous observons chacun dans nos
pratiques respectives et auxquels nous tentons d’apporter des éléments
de réponses loin d’être suffisants.
Bibliographie
Chapitre 4
Performances langagières
chez des populations âgées bilingues
précoces arabes-françaises en Algérie
Typologies du bilinguisme
Selon les combinaisons d’un ensemble de paramètres (l’âge de
l’acquisition, le style cognitif, le statut socioculturel des deux langues,
le degré de maîtrise de deux codes), les chercheurs distinguent diffé-
rents types de bilinguisme :
– le bilinguisme simultané ou successif : un enfant peut acquérir
deux langues de manière simultanée ou consécutive ;
– le bilinguisme coordonné ou composé : pour le bilinguisme
coordonné, le sujet dispose de deux systèmes linguistiques parallèles
c’est-à-dire que pour chaque mot il y a deux signifiants et deux
signifiés ; quant au bilinguisme composé, le sujet n’a qu’un seul
signifié pour deux signifiants (Widła, 2007) ;
– le bilinguisme additif ou soustractif : le bilinguisme additif se
retrouve surtout lorsque les deux langues sont valorisées dans l’entou-
rage socioculturel, alors que le bilinguisme soustractif se retrouve
lorsque la langue maternelle des sujets est dévalorisée par rapport à
une langue dominante ;
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Performances langagières 85
Performances langagières 87
Performances langagières 89
L’emprunt
Parmi les phénomènes naturels propres à une société plurilingue
et générés par la situation sociolinguistique algérienne, se trouve celui
de l’emprunt. Pour Hamers (1997), « l’emprunt peut être un mot, un
morphème, une expression qu’un locuteur ou une communauté
emprunte à une autre langue, sans le traduire… Ce terme est généra-
lement limité au lexique… et lorsque l’emprunt est inconscient, il se
confond avec l’interférence ». À cet égard, Morechta (2013) note que
ce phénomène peut permettre un enrichissement des langues. Deux
catégories d’emprunts sont à distinguer : les emprunts non intégrés
et les emprunts intégrés. Les mots qui ont subi une modification
phonologique, morphologique ou sémantique imposée par les règles
de la langue d’accueil sont des emprunts intégrés (Napon, 2000),
comme les mots : taxi /taksi/ télé /tɛlɛ/ou frigidaire /fʁiʒidɛr/ qui ont
subi une transformation phonologique dans le dialecte algérien (taxi /
ṭāksi/, télé /tili/, frigidaire /friʒidɛn/ ou encore /friʒidir/). Les emprunts
non intégrés sont des mots n’ayant subi aucune transformation pho-
nologique, morphologique et sémantique dans la langue d’accueil, tel
que le mot oxygène /oksiʒɛn/.
L’étude de Bedia (2015) montre que l’usage alternatif du français
avec l’arabe dialectal dans les conversations au sein des familles
bilingues est dû en général à l’ignorance et la méconnaissance des
termes en arabe dialectal, car parfois le locuteur éprouve une difficulté
à trouver le mot exact.
Performances langagières 91
L’alternance codique
Morechta (2013) a étudié le phénomène d’usage de l’alternance
codique (arabe dialectal et français) dans les interactions verbales dans
le cadre sociolinguistique algérien en étudiant comment ce phéno-
mène constitue une stratégie de communication et en s’appuyant sur
l’analyse d’un ensemble d’extraits d’enregistrements pris des pratiques
langagières des adultes algériens (milieu universitaire).
En partant du principe que l’alternance codique (code-switching)
est l’emploi concurrent ou alterné de deux codes linguistiques dans un
même énoncé en prenant en compte le maintien des règles structu-
relles des langues utilisées, Morechta (2013) a montré que l’alternance
codique est principalement la résultante d’une interaction dynamique
constante entre les deux langues concernées. Les personnes adoptent
l’alternance codique comme stratégie de communication en l’impli-
quant plus ou moins largement dans leurs conversations quotidiennes,
d’autant plus qu’ils sont en relation constante avec ces langues, quasi-
ment au même degré. Le parler des locuteurs algériens tire son origi-
nalité d’une longue période de décolonisation où plusieurs facteurs
spécifiques à chaque sujet (l’origine géographique et sociale, le niveau
culturel, le degré d’ouverture sur la culture française, les parents et
la langue de communication pratiquée dans le milieu familial, le degré
d’accommodation du français) interviennent pour motiver la détermi-
nation et l’usage de la langue.
Pour Morechta (2013), l’alternance codique est un véritable outil,
une vraie stratégie, efficace pour assurer la communication. C’est un
comportement naturel, aussi habituel que spontané. Il peut parfois
constituer une stratégie de communication adoptée par les Algériens
pour atteindre certains objectifs, comme pour montrer l’appartenance
culturelle ou transmettre et passer un message suivant la situation de la
communication. En outre, elle permet de compenser le manque lexical
de l’arabe dialectal.
La diglossie
Selon Ferguson (1959), la diglossie se définit comme une situation
linguistique relativement stable dans une société dans laquelle, en plus
de la langue dialectale (basse) utilisée dans les conversations ordinaires
et réservée à l’oral de la vie quotidienne, il existe une deuxième variété
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Performances langagières 93
Performances langagières 95
Performances langagières 97
Bibliographie
Performances langagières 99
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Chapitre 5
Barbara Köpke
Introduction
plus). Les stimuli pour lesquels l’effet plafond n’est pas atteint sont
revus et modifiés et de nouveau soumis à 60 locuteurs natifs, et cela
jusqu’à ce que l’objectif d’une réussite de 100 % soit atteint. Cepen-
dant, les auteurs concèdent qu’il est difficile d’atteindre des taux de
100 % de réussite pour tous les sous-tests, notamment pour les plus
discriminants. Ainsi, une liste du nombre d’erreurs dans les limites de
la normale par sous-test est fournie (210) – la limite entre test critérié
et normalisé devient alors floue. On peut y ajouter un autre principe
que le BAT cherche à mettre en œuvre : conscient de la variabilité des
usages linguistiques même à l’intérieur d’une même langue ou d’un
même dialecte, Paradis préconise d’adapter le test aux spécificités des
usages des patients en modifiant les stimuli si nécessaire. Stricto sensu,
de telles adaptations devraient de nouveau être soumises à 60 locuteurs
contrôles, mais il n’existe quasiment pas de publications sur de telles
données et rien ne permet d’affirmer que ce principe soit toujours
respecté.
En dépit de ses avantages incontestables, notamment le fait d’être
la seule batterie complète d’évaluation de l’aphasie pour plusieurs
dizaines de langues, et de la volonté de garder une dimension raison-
nable (Paradis & Libben, 1987 : 23), le BAT est assez long : sa
passation demande environ 1 h 30 chez un sujet sain, temps pouvant
facilement doubler chez un patient aphasique (p. ex. Kambanaros &
Grohmann, 2011 ; McCann, Lee, Purdy & Paulin, 2012). La version
courte préconisée par Paradis & Libben (1987) prend encore
45 minutes. Cet inconvénient pèse d’autant plus lourd que les patients
bi- ou multilingues doivent être évalués dans toutes leurs langues,
ce qui décuple le temps de bilan. C’est afin de proposer un bilan
avec un temps de passation plus raisonnable que nous avons créé le
Screening BAT qui existe actuellement en 12 langues1. Le Screening
BAT a une durée de passation de 18 minutes en moyenne chez le sujet
sain pour chacune des langues (Guilhem, Gomez, Prod’homme &
Données de référence
Dans un premier temps, nous nous sommes inspirés des recom-
mandations de Paradis & Libben (1987) en soumettant le Screening
BAT à une soixantaine de sujets sains. Cependant, nous avons revu les
critères d’inclusion préconisés par ces auteurs. Notamment, vu ce que
l’on sait actuellement de l’influence du niveau d’études sur les perfor-
mances linguistiques, nous avons préféré retenir ce critère au détri-
ment de celui du sexe (Chomel-Guillaume et al., 2010). Les sujets ont
ainsi été répartis en deux niveaux d’études : < à 10 ans de scolarité et
≥ à 10 ans de scolarité. Nous avons également revu les classes d’âge,
afin de rendre compte du fait qu’il y a aujourd’hui un nombre
croissant de patients aphasiques jeunes. Nous avons donc retenu les
classes suivantes : 25-44 ans, 45-64 ans, et à partir de 65 ans (Guihem,
Gomes, Prod’homme et Köpke, 2013). Cependant le critère le plus
important est le bilinguisme du groupe témoin. En suivant les recom-
mandations de Grosjean (1989), Guilhem, Gomes, Prod’homme &
Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 110
Köpke (2013) ont opté pour une passation auprès de sujets bilingues
en incluant délibérément des types de bilingues variables avec des
langues différentes. Le dernier critère qui a été modifié est celui de
l’hospitalisation : en effet, Paradis & Libben préconisent une passation
auprès de sujets hospitalisés (sans troubles neurologiques ni psychia-
triques), il est cependant compliqué de maintenir ce critère pour un
recrutement de sujets bilingues en France.
Les premières données de référence pour la version française du
Screening BAT ont ainsi été relevées auprès de 65 sujets âgés de 25 à
85 ans, 30 hommes et 35 femmes. Tous parlent le français et une autre
langue régulièrement. Pour 22 participants, le français est la L1 ; pour
43, c’est la L2. Les autres langues des participants sont (par nombre
décroissant de locuteurs) : l’anglais, le portugais, l’espagnol, l’alle-
mand, l’italien, l’arabe et le russe (Guilhem, Gomes, Prod’homme
& Köpke, 2013, pour plus de détails). Parmi les participants, 29 tota-
lisent moins de dix ans d’études et 36 ont été scolarisés pendant
dix ans ou plus. Ils se répartissent de façon équilibrée dans les trois
groupes d’âges, mais le groupe le plus âgé comporte un plus grand
nombre de participants avec un faible niveau d’études (tableau 1).
Tous les participants ont été testés dans leurs deux langues, mais nous
ne présentons ici que les résultats pour le français.
Conclusion
La validation de tests destinés à des populations bilingues souffrant
de pathologies du langage et l’obtention de normes avec des sujets
bilingues, voire multilingues, s’avère très complexe à cause de la multi-
tude de facteurs à contrôler. La validation d’un test en référence à
une population pathologique reste également compliquée parce que
dans la plupart des contextes il n’est pas possible de trouver autant de
Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 117
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement les nombreuses personnes
qui ont participé à la mise en place du Screening BAT, et tout parti-
culièrement les orthophonistes qui se sont investies dans sa validation :
Louise Derieux, Aurélie Garcia, Sabrina Gomes, Vanessa Guilhem,
Héloïse Marsili et Katia Prod’homme-Labrunée.
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Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 120
Chapitre 6
Introduction
Hypothèses
Chez les monolingues, les performances langagières décroissent lors
du vieillissement, qu’il soit normal ou pathologique. Les bilingues
doivent faire face à des difficultés supplémentaires, notamment liées
à la gestion des langues, et on note une meilleure préservation de la L1.
Ces aspects sont accentués en cas de démence, et compte tenu des
difficultés d’inhibition, on observera une augmentation du taux de
code-switching au sein de la population pathologique. Le groupe
contrôle devrait donc être plus performant que le groupe pathologique
et les performances en arabe (L1) devraient être supérieures aux per-
formances en français (L2), et ce de façon plus importante chez les
participants déments. Nous testerons cette hypothèse en comparant les
performances de bilingues arabo-francophones considérés comme souf-
frant d’une potentielle maladie d’Alzheimer aux performances d’un
groupe contrôle (bilingues arabo-francophones sains), et ce en français
et en arabe. Par le biais d’une analyse comparative entre participants
sains vs pathologiques et d’une comparaison translinguistique, nous
entendons vérifier la véracité des trois hypothèses suivantes :
– hypothèse 1 : les scores obtenus par le groupe expérimental à
l’ensemble des épreuves sont significativement moindres que ceux
obtenus par le groupe contrôle ;
– hypothèse 2 : les scores obtenus à l’ensemble des épreuves sont
significativement supérieurs en arabe (L1) qu’en français (L2) ;
– hypothèse 3 : l’écart de performances observé entre les deux
langues est majoré au sein de la population pathologique.
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Méthode
Participants
Ont participé à cette étude, 28 personnes. Le groupe de contrôle
était constitué de 18 participants et le groupe expérimental de
10 patients répondant à l’ensemble des critères d’inclusion retenus
dans cette étude. Ces deux groupes de sujets ont été appariés en âge,
niveau socio-éducatif et temps de résidence en France (voir Tableau 1).
Temps de
Nombre
résidence en
Groupes Sexe Âge d’années
France
d’études
(en années)
% Moyenne (ET) Moyenne (ET) Moyenne (ET)
Groupe contrôle 61 % H
74,17 (4,82) 48,50 (6,56) 1,01 (2,05)
(n=18) 39 % F
Groupe expérimental 60 % H
75,20 (6,11) 48,00 (9,45) 1,10 (2,60)
(n=10) 40 % F
ns ns ns ns
Effet de groupe
p = 0,96 p = 0,65 p = 0,88 p = 0,92
Matériel
Les épreuves constitutives du test administré aux sujets sont, d’une
part, extraites de batteries ou de tests préexistants, et, d’autre part,
créées spécifiquement dans le cadre du projet Alzheimer, Immigration
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1. Histoire du bilinguisme
Le premier questionnaire, issu du Screening BAT (Gomes &
Guilhem, 2011), comprend 19 questions ouvertes ou fermées s’inté-
ressant à l’histoire linguistique du participant. Il permet d’interroger
l’environnement linguistique de son enfance et de son cadre de vie
actuel.
Fluence verbale
Une tâche de fluence verbale catégorielle, lors de laquelle les parti-
cipants doivent produire un maximum de noms de fruits en une
minute, est proposée. Elle permet de tester la mémoire sémantique,
l’accès au lexique ainsi que les fonctions exécutives.
Dénomination d’images
Cette épreuve est composée de 21 images. La dénomination permet
d’évaluer la mémoire sémantique et l’accès lexical, dont l’atteinte est
caractérisée par un phénomène de manque du mot. Les 21 items sont
extraits de la base d’images de Rossion et Pourtois (2004), version
raccourcie et colorisée des 260 dessins de Snodgrass et Vanderwart
(1980). Les images présentant un faible accord sur le nom en arabe
dialectal ainsi que les cognats ont été écartés. Un dernier critère de
sélection basé sur la fréquence des mots a été appliqué à l’aide de la
base de données lexicales Lexique (New, Brysbaert, & Ferrand, 2004).
Ces données psychométriques n’étant malheureusement pas disponi-
bles pour l’arabe dialectal, nous nous sommes appuyés sur les fré-
quences observées en français.
Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 135
Déroulement
Notre étude étant de nature translinguistique, deux passations
distinctes ont été proposées aux participants par des expérimentatrices
natives : une en français et une en arabe dialectal maghrébin. L’ordre
des langues de passations a été contrebalancé. Un intervalle minimum
d’une semaine était requis, afin de neutraliser tout éventuel effet
d’apprentissage. La durée des passations variait de 20 à 60 minutes
en fonction des participants des groupes contrôle et pathologique.
Analyses statistiques
Les résultats statistiques ont été obtenus par le biais d’une ANOVA
impliquant le facteur inter-sujet « Groupe » (contrôle vs expérimental)
ainsi que le facteur intra-sujet « Langue » (français vs arabe). Un seuil
de significativité inférieur à .05 a été retenu.
Résultats
MMSE
La figure 3 présente les scores moyens obtenus par chaque groupe
de participants au MMS en fonction de la langue d’administration.
30
25
20
15
10
0
Groupe contrôle Groupe pathologique
Français Arabe
Compréhension syntaxique
Les résultats moyens obtenus à l’épreuve de compréhension
syntaxique sont présentés dans la figure 4 ci-après.
Le facteur groupe a un effet significatif sur les performances des
participants (F (1,26) = 6,51 ; p < 0,05). Le groupe contrôle
(m = 9,06 ; σ = 2,60) obtient de meilleurs scores en compréhension
que le groupe expérimental (m = 6,55 ; σ = 3,65). L’effet du facteur
langue apparaît également significatif (F (1,26) = 24,71 ; p < 0,001) :
les performances des participants sont plus élevées en arabe (m = 9,35 ;
σ = 3,41) qu’en français (m = 6,96 ; σ = 2,55). En revanche, nous
n’observons pas d’effet d’interaction groupe*langue à l’épreuve de
compréhension syntaxique (F (1,26) = 0,62 ; p < 0,5).
Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 137
14
12
10
0
Groupe contrôle Groupe pathologique
Français Arabe
Fluences sémantiques
Les scores moyens obtenus à l’épreuve des fluences sémantiques
sont présentés dans la figure 5.
14
12
10
0
Groupe contrôle Groupe pathologique
Français Arabe
Dénomination
La figure 6 ci-après illustre les scores obtenus en moyenne au sein
de chaque groupe.
Nous retrouvons un effet significatif du facteur groupe sur les
performances des participants (F (1,26) = 31,04 ; p < 0,001). Le
groupe contrôle (m = 17,25 ; σ = 2,33) dénomme plus d’images
que le groupe expérimental (m = 9,63 ; σ = 5,65). L’effet du facteur
langue apparaît également significatif (F (1,26) = 37,90 ; p < 0,001).
Les performances des participants sont plus élevées en arabe
(m = 16,31 ; σ = 4,55) qu’en français (m = 13,50 ; σ = 5,09). Il n’existe
25
20
15
10
0
Groupe contrôle Groupe pathologique
Français Arabe
Types d’erreurs
Une analyse sur le taux de chaque type d’erreur en dénomination a
été réalisée, uniquement sur les données recueillies en français. Les
taux moyens sont présentés dans la figure 7 pour chaque groupe de
participants.
100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
g
h in
i tc
-sw
de
Co
Discussion
Conclusion
À la lumière de nos résultats, il est possible de différencier des tâches
plus ou moins adéquates pour identifier les troubles démentiels chez le
patient bilingue âgé et de faible niveau de scolarité.
Tout d’abord, le bilan du bilingue devra être constitué d’épreuves
où l’on observe un effet de groupe. En effet, il est nécessaire de pouvoir
observer l’expression de la pathologie à travers les épreuves proposées
au patient. Au sein de notre protocole, la grande majorité des épreuves
sont sensibles à la pathologie : MMSE, compréhension des structures
syntaxiques, fluences et dénomination. En outre, un effet de langue est
Alpha_Alibi_U9_21109 - 19.7.2021 - 16:38 - page 146
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Chapitre 8
Catherine Belin
scolarisées et qui n’ont jamais appris à lire et à écrire, quelle que soit
la langue. Dans la littérature anglo-saxonne, le vocable « illiteracy »
correspond à la fois à l’analphabétisme et à l’illettrisme. Les individus
qui peuvent remplir un papier d’identité, signer un document, saisir la
signalisation ou un programme à la télévision, mais qui ne sont pas à
même de remplir eux-mêmes un chèque, un formulaire d’inscription
ou lire la notice d’un médicament sont alors appelés « semiliterates »
dans la littérature anglo-saxonne.
Les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO révèlent qu’il
reste encore 750 millions d’adultes analphabètes dans le monde, dont
deux tiers de femmes (UNESCO, 2017). En France, la population
illettrée (c’est-à-dire incapable de lire un message simple selon la
définition de l’ONU) représente 7 % des 18-60 ans (ANCLI, 2013)
et peut atteindre jusqu’à 22 % parmi les sujets de plus de 60 ans
(Micheaux & Murat, 2006). Parmi les personnes nées hors de France
et de langue maternelle autre que le français, près de 60 % sont en
difficulté pour le langage écrit (Murat, 2004). Selon l’INSEE (INSEE,
2002), les troubles de l’accès à la langue écrite sont associés à des
troubles de la compréhension orale et à des troubles de type dysexé-
cutifs type résolution de problèmes.
Dans ce chapitre et pour plus de facilités, nous utiliserons le mot
« illettré » pour regrouper l’ensemble des sujets/patients explorés en
consultation mémoire et qui constituent un ensemble hétérogène
regroupant des sujets analphabètes, d’autres ayant quelques mois ou
années de scolarisation dans leur pays d’origine ou ayant assisté à des
cours du soir en France, et enfin des sujets illettrés fonctionnels en
français mais maniant le langage écrit dans leur langue maternelle.
À cette variabilité, il faut ajouter une plus ou moins bonne maîtrise de
la langue française qu’il faudra également prendre en considération.
tant près de 1 500 adultes suivis pendant un peu plus de onze ans
montre que la diminution des performances à un test d’évaluation
cognitive globale comme le MMSE est en moyenne de 2,5 points pour
les personnes ayant au plus de huit ans de scolarité contre un seul point
pour les sujets ayant complété douze ans et plus de scolarité. De la
même façon, les données de la cohorte bordelaise PAQUID (Leche-
vallier-Michel et al., 2004) mettent en évidence, également pour le
MMSE, des différences de scores allant jusqu’à six points au 10e per-
centile de la répartition de la population entre les sujets n’ayant pas
validé un CEP et ceux possédant un Brevet et plus.
À l’inverse, de nombreuses études ont démontré que l’illettrisme
et un faible niveau d’éducation scolaire sont des facteurs de risque
de démence, comme cela a été montré initialement dans la cohorte de
Shanghai (Zhang et al., 1990). Plusieurs facteurs ont été corrélés avec
le risque plus important de démence au cours de l’illettrisme : de
faibles capacités de réserve cognitive, un manque de contrôle des
facteurs de risque vasculaire, des difficultés d’évaluation neuropsycho-
logique ou encore le manque d’adaptation ou de création d’outils
d’évaluation spécifique à cette population (Belin, 2016). Dans la
plupart des études, l’effet de la scolarité est supérieur aux effets de
l’âge sur les performances cognitives.
comme le MMS qui a une valeur prédictive faible dans les populations
multiculturelles, de bas niveau de scolarisation (Kalafat et al., 2003) et
aux tests évaluant spécifiquement une fonction cognitive (Ardila et al.,
1989 ; Ardila et al., 2010 ; Brucki et Nitrini, 2008 ; Ostrosky-Solis
et al., 1998 ; Rosselli et al., 1990) comme les tests de langage (compré-
hension, dénomination, répétition de mots, discrimination phonolo-
gique), les tests de mémoire (rappel de séries de chiffres, rappel de
figures complexes, test de mémoire épisodique RL / RI 16), les tests
visuo-spatiaux (copies de figures géométriques, figure de Rey, dessin
du cube, lectures de plans, test de l’horloge), les tests des fonctions
exécutives (rappel envers de séries de chiffres, épreuves de barrage) et
les tests de reconnaissance visuelle et aussi d’identification d’images.
L’étude de Reis et al. (2001) a en effet comparé la reconnaissance de
dessins, de photos couleurs et d’objets réels chez des sujets lettrés et
illettrés, et a montré que les sujets illettrés avaient plus de difficultés
pour dénommer les dessins que les photos couleurs, et que ces der-
nières étaient moins bien identifiées que les objets réels ; par rapport
aux sujets normaux, le nombre de bonnes réponses était significati-
vement plus bas et le temps de réaction moyen était significativement
plus long. Cette dernière étude incite donc à nuancer le recours
systématique aux images dans l’exploration cognitive des patients
illettrés ou du moins à contrôler préalablement la reconnaissance et
la dénomination du matériel utilisé dans des groupes contrôles.
D’autres facteurs vont également impacter l’évaluation cognitive
de ces sujets-patients, et en particulier les éléments d’ordre culturel.
Ainsi peut-on citer des items comme la familiarité avec les stimuli
et le matériel utilisés (par exemple, utiliser l’image d’un pingouin n’est
sûrement pas judicieux pour tester la mémoire d’un sujet venant
d’Afrique), la position « d’autorité » du testeur qui utilise souvent un
langage codifié (« Pouvez-vous me donner le plus grand nombre de
noms d’animaux ? ») pour des tests dont la finalité n’est pas évidente
pour le patient, l’environnement isolé avec un étranger (les évaluations
se font la plupart du temps dans un bureau fermé), la compétitivité
induite par les tests (« aussi vite que possible ! » de nouveau sans raison
identifiée par le patient), ou encore des questions qui peuvent être
considérées dans certaines cultures d’ordre privé (« Comment va
votre mémoire ? ») (Belin & Thomas, 2016 ; Bellaj & Le Gall,
2016 ; Maillet, 2016a, 2016b) pour plus de détails).
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1. http://www.site-greco.net/?pageID=00780f4c050d3714f6f074316f191165
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Sommaire .......................................................................................................................... 7
Contributeurs ................................................................................................................. 9
Préface ................................................................................................................................. 13
Laëtitia Ngatcha-Ribert