COURS DROIT ENVIRONNEMENT (Enregistrement Automatique)

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LE DROIT DE L’EAU ET DE

L’ENVIRONNEMENT?
✓ Au cours des dernières décennies, le public, informé par les avertissements des
scientifiques, a de plus en plus pris conscience des menaces pesant sur
l’environnement, ce qui l’a poussé à exiger que le droit protège le cadre naturel
dont dépend le bien-être de l’humanité.

✓ Sous la pression croissante de l’opinion publique nationale et internationale, les


gouvernements ont commencé à s’inquiéter de l’état général de l’environnement
au cours des années soixante et ont introduit une législation destinée à
combattre la pollution des eaux intérieures, des océans et de l’air, et à protéger
certaines villes et certaines régions.
✓ Simultanément, ils ont mis sur pied des organes administratifs, des ministères
et des organismes environnementaux spéciaux pour préserver plus
efficacement la qualité de vie de leurs citoyens.

✓ Les développements du droit de l’environnement international ont eu lieu


parallèlement à cette évolution au sein des Etats, reflétant un consensus
croissant donnant la priorité à la résolution des problèmes environnementaux.

✓ Actuellement, le droit de l’environnement national et international est complexe


et vaste. Il comprend des milliers de règles visant à protéger les éléments
vivants et non vivants de la Terre et ses processus écologiques.
1- DEFINITION DU TERME « ENVIRONNEMENT »

Une définition légale de l’environnement contribue à délimiter l’étendue du sujet, à


déterminer l’application des règles légales, et à établir le degré de responsabilité
quand un dommage se produit.

Définition 1: Le mot environnement est un dérivé d’environner, un ancien mot


français signifiant encercler. Dans un sens large, l’environnement peut comprendre
l’ensemble des conditions naturelles, sociales et culturelles qui influencent la vie d’un
individu ou d’une communauté. Par conséquent, on peut estimer que des problèmes
tels que les embouteillages, la criminalité et le bruit sont des problèmes
environnementaux. Géographiquement parlant, l’environnement peut se référer à
une région limitée ou englober la planète tout entière, y compris l’atmosphère et la
stratosphère.
Définition selon le code de l’environnement de CI: L’environnement est
l’ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques et des facteurs socio
économiques, moraux et intellectuels susceptibles d’avoir un effet direct ou
indirect, immédiat ou à terme sur le développement du milieu, des êtres vivants et
des activités humaines

L’environnement humain concerne le cadre de vie et l’aménagement du


territoire.

L’environnement naturel comprend :


• le sol et le sous-sol ;
• les ressources en eau ;
• l’air ;
• la diversité biologique ;
• les paysages, sites et monuments...

Les ressources en eau comprennent les eaux intérieures de surface et les eaux
souterraines.
Etant donné l’importance potentielle de ce domaine, dans certaines circonstances,
le droit et la politique réagiront autant à des détériorations de l’environnement
provoquées par une intervention humaine qu’à des détériorations causées par des
événements naturels tels que des éruptions volcaniques. Même si le droit ne peut
pas influencer les processus naturels provoquant des changements
environnementaux, il peut contrôler et contrôlera le comportement des humains, y
compris leurs réactions aux catastrophes naturelles. Des définitions larges et le
fait que toutes les activités humaines aient un
impact sur l’environnement font qu’il est difficile d’établir les limites du droit de
l’environnement en tant que branche du droit indépendant; cela implique, en effet,
l’intégration de la protection de l’environnement dans tous les domaines du droit et
de la politique.
2. Orignes des problèmes environnementaux et conséquences
2.1. Origines

Les problèmes environnementaux viennent principalement de deux catégories


d’activités humaines:

1) L’utilisation des ressources à des niveaux insoutenables

2) La contamination de l’environnement par la pollution et les déchets à des niveaux


dépassant la capacité de l’environnement à les absorber ou à les rendre inoffensifs.
2.2. Conséquences
Voici des dommages constatés à travers le monde résultant de ces activités:

✓ Une diminution de la biodiversité


✓ La pollution de l’eau et les problèmes de santé publique qui en résultent
✓ La pollution de l’air, qui provoque une hausse des maladies respiratoires et la détérioration des
bâtiments et des monuments
✓ La diminution de la fertilité du sol, la désertification et la famine
✓ L’épuisement des ressources de la pêche
✓ Dans certaines régions, l’augmentation des cancers de la peau et
des maladies oculaires, due à la destruction de la couche
d’ozone
✓ De nouvelles maladies et des vecteurs de maladies plus étendus
✓ Des dommages touchant les générations future
Il est impossible d’échapper aux lois de la nature, il faut donc les accepter.

✓ 1ère lois: L’une de ces lois est que toutes les activités humaines ont un
impact sur l’environnement. En effet, chaque individu possède une
«empreinte écologique», qui représente la somme des ressources utilisées
par cet individu et la mesure dans laquelle il contribue à la pollution. Les
empreintes écologiques des individus varient considérablement, à la fois au
sein des Etats et d’une région à l’autre du monde
✓ Une deuxième loi de la nature est que tous les milieux
environnementaux (l’air, l’eau, le sol) et toutes les espèces sont
interdépendants. Par conséquent, un dommage causé à un aspect de
l’environnement risque d’avoir des conséquences importantes et imprévues.
Par exemple, le renversement d’un produit chimique dans une mine d’or
polluera non seulement le sol environnant, mais ce produit peut aussi
s’infiltrer dans les ruisseaux et les rivières, être transporté dans la mer et
pénétrer dans la chaîne alimentaire en étant absorbé par les plantes et les
animaux.

Une loi naturelle liée à ce phénomène est que l’environnement ne connaît pas
de frontières; un dommage causé à un territoire peut avoir et aura souvent des
effets dans un autre.
C’est pour cela que la collaboration internationale est nécessaire. Cela signifie
aussi que les juges devront peut-être juger des affaires concernant la pollution
transfrontalière ou d’autres dommages transfrontaliers.

Finalement, l’étendue d’un dommage environnemental dépend des


caractéristiques naturelles d’un contaminant déterminé. Par conséquent, des
dommages résultant de la radioactivité, par exemple, continueront jusqu’à ce
que les substances radioactives se détériorent naturellement, ce qui peut
prendre des centaines, voire des milliers d’années.
Pour réussir à appliquer les principes de Développement Durable, il faut réduire
les risques liés à la pollution et les interférences avec les systèmes nécessaires
à la vie tels que le climat mondial.

Il est également nécessaire de prendre des mesures pour conserver les


paysages, l’héritage naturel et culturel et la diversité biologique en consommant
avec prudence les ressources naturelles, surtout les ressources non
renouvelables.
3. BASES DU DROIT ENVIRONNEMENTAL

✓ Le droit vient des traditions culturelles et des valeurs morales et religieuses de


chaque société.

✓ Ces traditions et ces valeurs continuent à influencer le développement des


normes légales.

✓ Dans le contexte de la protection de l’environnement, les cultures, les religions et


les systèmes légaux à travers le monde contiennent des éléments qui respectent
et cherchent à conserver les bases naturelles de la vie, en maintenant des
concepts et des principes qui peuvent stimuler et enrichir le développement du
droit de l’environnement moderne.

✓ De tels principes incluent le respect de la terre et de tous les êtres vivants, un


équilibre entre le développement et la conservation, la gestion des ressources
de la Terre, l’équité entre les générations et des droits et des obligations
communs.
3.1 Les traditions religieuses

Les traditions religieuses du monde entier constituent une base pour le Droit de l’Environnement.
Les représentants du bahaïsme, du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, de l’islam, du
jaïnisme, du judaïsme, du shintoïsme, du sikhisme, du taoïsme et du zoroastrianisme, qui
appartiennent à l’Alliance des religions et de la conservation, une organisation non
gouvernementale, ont trouvé dans les traditions religieuses une base commune pour la gestion de
la Terre.

D’anciennes chroniques bouddhistes datant du IIIe siècle ap. J.-C. relatent un sermon sur le
bouddhisme dans lequel le fils de l’empereur Asoka des Indes affirmait que «les oiseaux du ciel et
les animaux ont autant le droit de vivre et de se déplacer dans n’importe quelle partie du pays que
vous. La Terre appartient au peuple et à tous les êtres vivants; vous n’en êtes que le gardien». (Le
Mahavamsa, ou La grande chronique de Ceylan, Chap. 14, cité par la CJI dans L’affaire
concernant le projet Gabçikovo-Nagymaros sur le Danube, 25 septembre 1997, Opinion séparée
du juge C. Weeramantry, n° 44). Par la suite, le roi a mis au point un système légal fournissant des
sanctuaires aux animaux sauvages qui a continué à exister jusqu’au XVIII e siècle
Certains passages des textes judéo-chrétiens précisent que la Terre et ses
ressources n’appartiennent pas aux humains. La loi juive prévoyait la
défense des oiseaux (Deut. 22:6-7) et la protection des arbres en tant de
guerre (Deut. 20:19), et réglait la destruction des déchets humains (Deut.
23:13). La tradition chrétienne autorise la domination de la nature par
l’homme à condition qu’il soit compétent pour utiliser et gérer les
ressources du monde dans l’intérêt de tous et d’être prêt à aider les autres
en cas de besoin. Par conséquent, le titre individuel impose une
responsabilité et un devoir.

En 1983, des experts musulmans ont entrepris une étude de la relation


entre l’islam et la protection de l’environnement. Voir: Les principes
islamiques pour la conservation de l’environnement naturel (IUCN
Environmental Policy and Law Paper 20, 1983). Les résultats soulignaient
que l’homme est simplement le gestionnaire de la Terre, et pas son
propriétaire, son bénéficiaire et pas son dépositaire ni son maître.
On a garanti à l’homme qu’il hériterait de la Terre pour qu’il la gère et l’utilise à son profit, et pour
qu’elle serve ses intérêts.

Cependant, il doit la conserver, l’entretenir et la préserver honnêtement, et il doit agir dans les limites
de l’honnêteté.

Chaque génération est habilitée à utiliser la nature dans la mesure où elle ne perturbe pas et ne nuit
pas aux intérêts des générations futures.

Les principes islamiques envisagent donc la protection et la conservation des éléments naturels de
base en faisant de la protection, de la conservation et du développement de l’environnement et des
ressources naturelles un devoir religieux obligatoire pour tout musulman. Dans l’affaire M.D. Tahir
contre le Gouvernement provincial & les autres, la Cour pakistanaise a analysé la loi islamique
interdisant le fait de chasser et de tuer inutilement des oiseaux et des animaux quand une pétition
constitutionnelle a demandé qu’on interdise les différentes formes de chasse en vertu des articles 18 et
199 de la constitution.

La Cour pakistanaise a admis que le fait de chasser et de tuer des animaux sans que ce soit
nécessaire était contre les injonctions de l’islam et de la constitution, mais a conclu qu’une interdiction
générale de chasser ou de tuer tous les animaux et tous les oiseaux ne pouvait être garantie.
3.2 Les communautés traditionnelles

Les communautés traditionnelles, les habitants des forêts et les communautés subsistant de la chasse
et de l’agriculture ont longtemps pratiqué des activités leur permettant de se nourrir et ont développé
une connaissance unique de leur environnement et de leurs ressources.

Les pratiques d’irrigation des Incas, les jardins forestiers du Sri Lanka, qui est un pays de collines, et
les pratiques discutées dans Abdikadir Sheikh Hassan et les autres contre le Service de la vie
sauvage du Kenya (Cour suprême du Kenya, affaire civile n°2059/1996) en sont quelques exemples.

La sagesse traditionnelle africaine, les traditions des Mélanésiens, des indigènes australiens, des
Polynésiens, des Asiatiques, des Amérindiens et des anciens Européens contiennent toutes des
principes pertinents pour la justice environnementale et le Développement Durable.

De plus, de nombreuses sociétés traditionnelles ont une relation unique avec la Terre et considèrent
qu’elle ne peut être qu'utilisée, et non possédée. Certains considèrent la Terre dans son entièreté
comme un organisme vivant capable d’être blessé et de souffrir. On peut protéger des régions ou
des ressources en les désignant comme sacrées ou taboues. Les peuples indigènes ont une relation
particulière avec la Terre et l’environnement dans lequel ils vivent. Comme l’a noté un rapporteur spécial des
Nations unies, Mme Fatma Zohra Ksentini
Au niveau international, la Convention n° 169 de l’Organisation internationale du Travail
sur les peuples indigènes et l’article 8 de la Convention sur la diversité biologique
contiennent des clauses protégeant les styles de vie traditionnels et les connaissances des
peuples indigènes et des communautés locales.

Les lois et les politiques nationales ou locales peuvent protéger ou, au contraire,
marginaliser et désavantager les communautés, surtout les communautés indigènes ou
tribales menant des styles de vie traditionnels.

Dans certains cas, on a obligé les peuples indigènes sur leurs terres traditionnelles à céder
la place à des projets de développement (voir l’affaire Narmada en Inde) ou on a exploité
leurs ressources, par exemple par la déforestation de leurs terres traditionnelles. Certains
peuples indigènes ont vu leurs terres traditionnelles déclarées zones protégées. Ils ne sont
donc plus autorisés à y vivre.
L’application des lois et des normes traditionnelles qui garantissent ou protègent
les droits de ces communautés à avoir un territoire et des ressources peut être
un moyen important d’assurer la protection de l’environnement.

Les affaires Raul Arturo Rincon Ardila contre la république de Colombie (Cour
constitutionnelle, 9 avril 1996) et Le ministère public contre l’Union fédérale du
Brésil (Tribunal fédéral, Etat de Mato Grosso, 1998) sont des exemples
d’affaires où les territoires indigènes ont été protégés en tant que biens publics
bénéficiant d’un régime spécial de protection; toute altération des territoires
indigènes et/ou des ressources en eau toutes proches viole l’esprit et la lettre de
la constitution.

En même temps, les pratiques des communautés indigènes peuvent entrer en


conflit avec les lois modernes protégeant des régions ou des espèces
particulières.
Les populations indigènes conservent souvent le droit de continuer à chasser pour se
nourrir des espèces menacées telles que les ours polaires, les phoques et les baleines,
qu’ils capturent par des moyens traditionnels, mais des quotas sur les prises et des
restrictions sur l’usage commercial peuvent être imposés.

Lorsque l’utilisation des animaux, des plantes ou des sites est basée sur des croyances
religieuses ainsi que sur la culture traditionnelle, on demandera souvent aux tribunaux
d’appliquer la constitution ou une autre protection légale de la liberté religieuse et
d’exempter les peuples indigènes d’appliquer les lois environnementales. Dans l’affaire
Yanner contre Eaton (Cour suprême d’Australie, 1999, 53), le tribunal a examiné
l’opposition existant entre les pratiques religieuses et culturelles des aborigènes, qui
impliquaient dans ce cas de capturer et de manger de jeunes crocodiles des estuaires qui
étaient une espèce protégée, et la loi de 1994 sur la conservation de la faune.

La Cour a conclu que la loi ne privait pas entièrement la communauté aborigène de sa


capacité à exercer ses droits traditionnels, mais réglait simplement des aspects
particuliers et pouvait donc être appliquée contre eux.
A certaines époques, le pouvoir judiciaire de différents pays a fait appel à son héritage
national ou culturel pour développer et appliquer des principes qui renforcent la justice
environnementale et le développement durable. La mesure dans laquelle de telles
considérations peuvent être prises en compte est nécessairement fonction de la loi et de la
jurisprudence de chaque juridiction, mais des affaires nationales et internationales
récentes fournissent des exemples de cas dans lesquels les normes environnementales
actuelles ont été interprétées et appliquées à la lumière de la sagesse traditionnelle. Voyez
par exemple les opinions différentes du juge Weeramantry dans l’Affaire Gabcikovo-
Nagymaros et dans l’affaire Bulankulama contre le ministre du Développement industriel
(l’affaire Eppawela).
4. SOURCES DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Le droit de l’environnement étant un domaine relativement nouveau, on le


retrouve en grande partie dans des textes écrits, même si certains principes
généraux de droit sont pertinents et même si on retrouve parfois du droit
international coutumier dans le droit de l’environnement.

Les gouvernements protègent l’environnement en se basant sur leurs différents


pouvoirs constitutionnels et légaux pour favoriser le bien-être général, régler le
commerce et gérer les territoires publics, l’air et l’eau.

Les autorités nationales peuvent accepter des responsabilités supplémentaires


pour protéger l’environnement en concluant des traités bilatéraux et multilatéraux
contenant des obligations spécifiques.
Les litiges font respecter les lois et les règles par le biais de procès civils,
administratifs ou criminels.

Si une constitution donne droit à une norme environnementale bien précise,


la clause doit être interprétée et appliquée. Des problèmes peuvent survenir
quant au recours approprié, ce que la constitution ne précise habituellement
pas.

En plus de déterminer des obligations pour des entreprises soumises à des


règles, des dispositions légales peuvent autoriser des individus à intenter un
procès à un corps administratif qui abuse de sa liberté d’action ou qui ne
respecte pas sa compétence.
4.1 Droit international

La relation entre le droit national et le droit international varie


considérablement d’un système légal à l’autre. Le droit international est
considéré comme un système légal surpassant tous les autres par
les tribunaux internationaux et dans les relations internationales entre les
Etats. Par conséquent, un Etat ne peut pas invoquer une disposition de
son droit national pour justifier une violation du droit international.

La loi sur la responsabilité de l’Etat prévoit que chaque violation d’une


obligation internationale attribuée à un Etat donne automatiquement lieu à
une obligation de mettre fin à cette violation et de réparer tout dommage
causé sans tenir compte du droit national.
Au sein des Etats, le droit international peut être juridiquement contraignant et
être appliqué par les tribunaux par des moyens habituellement précisés dans la
constitution. La doctrine légale a développé deux théories connues sous le
nom de monisme et de dualisme pour tenter d’expliquer et de classifier la
pratique nationale, mais la réalité est plus complexe que la théorie.

Le monisme part du principe d’un ensemble unifié de règles et, étant donné
que le droit international fait partie du droit, il fait automatiquement partie de cet
ensemble de règles et est hiérarchiquement supérieur aux autres droits. Le
dualisme considère qu’il existe deux ordres légaux distincts et laisse chaque
juridiction déterminer les sources du droit et leur hiérarchie.
En général, la théorie du monisme et du dualisme ne s’applique qu’au droit
international coutumier (ou non écrit) et, même dans ce cas, elle ne s’applique
que d’une façon limitée. Certains systèmes légaux exigent que le droit
international coutumier soit transposé dans le droit national par le biais d’une
législation ou d’un règlement avant de devenir une loi nationale.

D’autres systèmes légaux considèrent que le droit international fait


automatiquement partie de l’ordre légal et que les juges peuvent l’appliquer
sans action législative. Les constitutions italienne, allemande et néerlandaise
ont toutes des dispositions prévoyant expressément que les règles du droit
international général (ou coutumier) font partie du droit interne de l’Etat et
priment sur la législation nationale. La plupart des pays ayant un droit
coutumier considèrent que le droit international coutumier fait partie du droit
coutumier et qu’il est automatiquement contraignant, au même titre que le droit
national, suivant le principe de Blackstone («Partout où survient un problème
qui est vraiment l’objet de sa juridiction, le droit des nations est adopté dans sa
pleine mesure par le droit coutumier et est considéré comme une partie du droit
du pays»).
La position des traités dans le droit national varie encore plus; certaines constitutions
disposent que les traités ratifiés font automatiquement partie du droit du pays et doivent
être appliqués par les juges dans les affaires où survient un problème les concernant.
D’autres Etats, comme le Royaume-Uni, exigent qu’un traité soit incorporé par la
législation avant de pouvoir être appliqué par le pouvoir judiciaire.

Les tribunaux anglais ont donc logiquement estimé qu’un traité conclu par le Royaume-
Uni ne fait pas partie du droit interne, sauf si et seulement si le parlement décide du
contraire. Il existe encore un troisième groupe d’Etats, tels que les Etats-Unis, qui
distinguent les traités pouvant être exécutés immédiatement, que les juges peuvent
appliquer, des traités qui ne peuvent pas être exécutés immédiatement, qui exigent une
action législative avant que les juges puissent les appliquer. Lorsque le droit international
a été incorporé et est devenu contraignant, il peut être placé au même niveau que le droit
constitutionnel ou à un niveau supérieur. Il peut aussi être égal ou inférieur à la
législation, suivant la hiérarchie des sources légales, qui est généralement précisée dans
la constitution
Les sources du droit international
Les sources du droit international, qui peut devenir une partie du droit national par
incorporation, incluent généralement les sources reprises dans l’article 38 du Statut
de la Cour internationale de justice. Le Statut fait référence
(a) aux conventions internationales,
(b) à la coutume internationale,
(c) aux principes généraux du droit et
(d) aux décisions judiciaires et à la doctrine, en tant que sources supplémentaires
dont il faut tenir compte.
4.2. Droit national
En répondant aux besoins du développement durable par la gestion de l’usage des
ressources par les humains, le droit de l’environnement touche à toutes les activités
humaines. En général, il opère en établissant un régime régulateur destiné à prévenir
de futurs dommages causés à l’environnement. Bien qu’il n’ait généralement été
promulgué que depuis les années 1970, le droit de l’environnement a déjà créé des
obligations d’une étendue et d’une complexité sans précédent. L’éventail de sujets qui
concernent potentiellement des problèmes environnementaux est probablement aussi
étendu que le domaine tout entier du règlement légal. Par exemple:
• Les lois sur les antiquités peuvent interdire le pillage ou l’excavation non autorisée de sites
naturels ou archéologiques
protégés.
• Le règlement des activités agricoles peut concerner les questions de la qualité et de la
quantité d’eau utilisée, ainsi que
la limitation du recours aux pesticides et aux fertilisants.
• La police de santé publique peut régler la pulvérisation de produits toxiques en vue
d’éliminer des vecteurs de maladie
tels que les moustiques ou soulever des questions à propos de la sûreté des vaccins.
• On peut faire appel au règlement de l’usage de la terre pour protéger l’environnement.
• Les législations sur la gestion des zones côtières, les pêcheries et la sylviculture cherchent
à préserver les ressources qu’ils gèrent.
• Les lois sur la mine et l’énergie peuvent régler les émissions de gaz à effet de serre et
d’autres contaminants de l’air
Certaines affaires environnementales semblent à première vue des actions des
consommateurs contre les fabricants et les vendeurs de produits dangereux. D’autres
affaires impliquent des efforts pour obtenir des informations à propos de l’état de
l’environnement ou des actions menées contre de hauts responsables des
gouvernements ou des organismes qui auraient négligé d’appliquer la loi. Ces
nombreux sujets liés au droit environnemental sont réglés par différentes sources de
droit national.
a) Le droit constitutionnel
Au niveau national, de nombreuses constitutions contiennent actuellement des clauses
établissant des droits environnementaux ou des devoirs gouvernementaux visant à
protéger l’environnement et les ressources naturelles de l’état. Plus de cent
constitutions garantissent le droit à un environnement propre et sain, imposent à l’Etat
le devoir de prévenir les dommages environnementaux ou mentionnent la protection de
l’environnement ou des ressources naturelles.

b) La législation environnementale
La plupart des affaires environnementales sont probablement portées devant les
tribunaux en vue de faire respecter la loi ou les règlements administratives ou lors d’un
appel de décisions administratives telles que le réfus ou l’octroi d’un permis ou d’un
ordre de mettre fin aux émissions.
Les textes législatifs établissent souvent une politique environnementale générale,
complétée par des lois spécifiques et des règlements administratifs. Des lois-cadre ou des
lois environnementales générales ont été adoptées dans de nombreux pays différents: par
exemple
• La loi sur la protection de l’environnement (Russie, 2001),
• La loi environnementale nationale au Sri Lanka,
• La loi sur la politique environnementale nationale des Etats-Unis (1969),
• La loi sur la protection de l’environnement en Inde,
• La loi sur la gestion de l’environnement (Trinidad & Tobago,1995/2000),
• La loi sur la conservation de l’environnement au Népal,
• La loi sur la préservation de l’environnement au Bangladesh
• La loi sur la protection de l’environnement au Pakistan, et
• La loi sur l’environnement en Bulgarie (1991).
Ces lois utilisent des techniques et des procédures de protection de l’environnement
communes, y compris l’évaluation de l’impact et du risque pour l’environnement, le
permis préalable et les normes d’émission. Dans le même temps, elles réagissent
peut-être à des problèmes environnementaux particuliers, tels que la sécurité et les
conséquences sur l’environnement de centrales nucléaires, d’importants barrages ou
d’industries de l’extraction telles que l’industrie pétrolière ou charbonnière. Dans la
plupart des cas, des règlements administratifs complètent et donnent davantage de
spécificité à la législation environnementale.
c) Les normes et les codes de conduite environnementaux
Un nombre croissant de lignes ou de codes de conduite se sont développés au sein de
l’industrie, dont le Conseil industriel mondial pour l’environnement, le Code de conduite
international FAO sur les pesticides, l’Initiative pour une attitude responsable de
l’Association des fabricants de produits chimiques, les principes CERES/Valdez, la
Charte ICC pour le développement durable, et les Principes de la déclaration du groupe
Royal Dutch/Shell sur les principes générales d’affaires. Un tel règlement privé peut
exercer une contrainte sur les comportements en exerçant une influence morale ou
pratique (risque de sanction). La violation des codes ou des normes industrielles peut
prouver une faute professionnelle ou une négligence, fournissant un moyen relativement
peu coûteux d’évaluer les comportements en cas de litige. Les principes Valdez de 1990
ont été adoptés par la Coalition pour des économies environnementalement
responsables, un groupe d’investisseurs et d’organisations environnementales. Son but
était de créer une autogouvernance de corporation «qui fera en sorte
que les pratiques d’affaires restent conformes aux objectifs de préservation de notre
fragile environnement pour les générations futures, au sein d’une culture qui respecte
toutes les formes de vie et qui honore leur indépendance».
5. PRINCIPES DE BASE DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

L’ère écologique actuelle a commencé à la fin des années soixante, après que la
reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a mené à un développement
économique mondial sans précédent. Ce développement n’était pas équitable, car il
accentuait les différences de richesse entre les pays des hémisphères Nord et Sud
ainsi qu’au sein même des pays.

Il nécessitait aussi un usage sans précédent des ressources naturelles exhaustives,


telles que l’eau pure, l’air, la faune, la flore et les minéraux.

Lorsqu’il est apparu clairement que ces ressources limitées finiraient par ne plus
pouvoir satisfaire les différents besoins des pays industrialisés et des pays en voie de
développement, l’opinion publique a de plus en plus exigé qu’on agisse pour
protéger la quantité et la qualité des composants de l’environnement.
Les catastrophes écologiques, telles que les “marées noires” provoquées par le naufrage du
pétrolier Torrey Canyon, qui ont touché les côtes françaises, anglaises et belges en 1967, et
la prise de conscience des menaces croissantes pesant sur l’environnement, ont incité les
gouvernements à agir. Ces efforts se concentraient sur la coopération internationale visant
à contrer la pollution de la mer par le pétrole en prenant des mesures de prévention et en
établissant des responsabilités. Les Nations unies ont rejoint les actions de 1968 destinées
à protéger l’environnement lorsque l’Assemblée générale a convoqué une conférence
mondiale sur l’environnement qui devait avoir lieu à Stockholm en 1972. Cette décision a
donné lieu à des activités diverses et intenses, particulièrement au sein des organisations
intergouvernementales dont le mandat pouvait s’étendre aux problèmes
environnementaux. De nombreuses organisations non gouvernementales nationales et
internationales luttant pour la protection de l’environnement et différents gouvernements
se sont également lancés dans un travail préparatoire considérable. La conférence s’est
terminée par l’adoption d’une Déclaration sur l’environnement humain et d’un «Plan
d’action» contenant 109 recommandations
Le droit de l’environnement national et international s’est considérablement développé au cours des
deux décennies suivant la Conférence de Stockholm. Les Nations unies ont réaffirmé et développé les
principes généraux de la Déclaration de Stockholm en 1982 lorsque l’Assemblée générale a adopté la
Charte mondiale pour la nature. Quelques principes de droit coutumier concernant les relations
environnementales entre les Etats sont également apparus au cours de cette période. Certains d’entre
eux ont été adoptés par le Programme des Nations unies pour l’environnement comme faisant partie
des «Principes de conduite dans le domaine environnemental pour la guidance des Etats dans le
domaine de la conservation et de l’utilisation harmonieuse des ressources naturelles partagées par
deux ou plusieurs Etats». Approuvés par le Conseil de gouvernance du PNUE le 19 mai 1978, les
Principes sur les ressources partagées ont réitéré le Principe 21 de Stockholm en reconnaissant le droit
souverain des Etats d’exploiter leurs propres ressources. A ce droit s’ajoute une obligation de s’assurer
que les activités entreprises dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne nuisent pas à
l’environnement dans d’autres Etats. Les principes du PNUE ont également exprimé l’obligation pour les
Etats de notifier à ces derniers les plans qui risquent d’influencer de façon significative leur
environnement, d’entrer en consultation avec eux et de se tenir informés et de coopérer en cas de
situations imprévues pouvant nuire à l’environnement. Ces mesures ont également garanti un accès
équitable pour les non- résidents aux procédures administratives et légales dans l’Etat d’où provient le
comportement provoquant un dommage et la non- discrimination dans l’application de la législation
nationale aux pollueurs, quel que soit l’endroit où se produisent les effets nuisibles.
En 1992, les Nations unies ont convoqué une deuxième réunion mondiale, connue sous le nom de
Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (UNCED), qui s'est tenue à Rio de
Janeiro du 3 au 14 juin 1992. Deux textes adoptés lors de la UNCED ont une portée générale: la
Déclaration sur l’environnement et le développement et un programme d’action appelé Agenda 21. La
Déclaration réaffirme la Déclaration de Stockholm de 1972 à laquelle elle cherche à s’ajouter, mais son
approche et sa philosophie sont très différentes. Son concept central est le développement durable, qui
intègre le développement et la protection de l’environnement. Le Principe 4 est important sous cet
aspect: il affirme qu’afin d’appliquer les principes du développement durable, la protection de
l’environnement fera intégralement partie du processus de développement et ne pourra pas être
considérée séparément de ce développement. L’Agenda 21 est le programme d’action destiné à
appliquer les principes du développement durable.
A la suite de la Conférence de Rio, presque toutes les principales conventions internationales concernant
la coopération multilatérale considèrent la protection de l’environnement comme l’un des objectifs des
parties étatiques. Des domaines du droit international qui se sont développés au cours de périodes
précédentes ont évolué dans de nouvelles directions parce qu’on a insisté pour qu’elles tiennent compte
des considérations environnementales. Le résultat a été l’apparition de normes et de principes
environnementaux dans presque toutes les branches du droit international. Dans le même temps, au cours
de la décennie suivant la Conférence de Rio, les problèmes environnementaux ont été confrontés à une
compétition croissante dans l’ordre du jour international avec la mondialisation économique, avec
l’accélération de la libéralisation du commerce et avec les crises de développement des pays pauvres. De
plus, il existe énormément de preuves des conséquences désastreuses qu’ont les conflits armés sur
l’environnement.

Entre le 26 août et le 4 septembre 2002, les représentants de plus de 190 pays se sont réunis à
Johannesburg en Afrique du Sud afin de «réaffirmer l’engagement à respecter les Principes de Rio,
l’application totale de l’Agenda 21 et le Programme pour une plus grande application de l’Agenda 21». A
l'issue de la conférence, les gouvernements participants ont adopté une Déclaration sur le développement
durable affirmant leur volonté «d’assumer une responsabilité collective visant à faire progresser et à
renforcer les piliers interdépendants du développement durable qui se renforcent mutuellement – le
développement économique, le développement social et la protection de l’environnement – aux niveaux
local, national, régional et mondial».
Ces décennies de développements légaux ont mené à l’apparition des principes de base
de la protection de l’environnement qui sont reconnus par le droit national et
international.

Ils contribuent à identifier les normes légales fondamentales et à combler les vides du
droit positif en accordant une valeur importante aux règles qui ne font pas encore partie
des instruments légaux formels. Les principes peuvent être fondateurs (égalité et sécurité
juridique) ou techniques (proportionnalité).

Les principes environnementaux fondamentaux développés aux cours des dernières


décennies sont discutés ci- dessous. On les retrouve dans les lois nationales et ils
constituent la base de nombreux jugements environnementaux. Ils influencent la plupart
des systèmes légaux bien qu’ils soient appliqués différemment. La plupart d’entre eux
sont également incorporés dans le Traité établissant l’Union européenne et la
Communauté européenne (articles 6 et 174 CE).
5.1. LE DEVELOPPEMENT DURABLE

Depuis la fin des années quatre-vingt, le terme développement durable a dominé le droit et la politique dans le
domaine de la protection de l’environnement. Ce terme a été défini dans le Rapport de 1987 de la Commission
mondiale sur l’environnement et le développement de cette façon:

développement qui répond aux besoins du présent sans


compromettre la capacité des générations futures à subvenir à
leurs propres besoins.

Le Rapport a identifié les objectifs essentiels du développement


durable:
• Raviver la croissance, mais changer sa qualité;
• Subvenir aux besoins essentiels en emplois, en nourriture, en
énergie, en eau et en hygiène;
• Assurer un niveau viable de population;
• Préserver et renforcer la base des ressources;
• Réorienter la technologie et gérer le risque; et
• Intégrer l’environnement et l’économie dans la prise de
décision.
Le développement durable suppose que les politiques de développement devraient
viser à l’éradication de la pauvreté, à l’amélioration générale des conditions
économiques, sociales et culturelles, à la préservation de la diversité biologique, des
processus écologiques essentiels et des systèmes préservant la vie.

De plus, la conservation de l’environnement devrait être considérée comme une partie


intégrante de la planification et de l’exercice des activités à toutes les étapes et à tous
les niveaux, en accordant une attention totale et égale aux facteurs environnementaux,
économiques, sociaux et culturels.

A cette fin, les Etats sont appelés à revoir régulièrement les politiques et les plans
nationaux dans le domaine de l’environnement et du développement, à promulguer
des lois et des règlements efficaces qui utilisent les instruments économiques lorsque
c’est approprié et qui établissent et renforcent les structures et les procédures
institutionnelles pour intégrer pleinement les questions
d’environnement et de développement dans toutes les sphères de la prise de décision.
5.2. LA PREVENTION

L’expérience et l’expertise scientifique prouvent que la prévention doit être la règle d’or
de l’environnement, à la fois pour des raisons écologiques et économiques. Il est
souvent impossible de remédier aux dommages environnementaux: l’extinction d’une
espèce de la faune ou de la flore, l’érosion et le déversement de contaminants
persistants dans la mer créent des situations insolubles, voire irréversibles. Même
lorsqu’on peut remédier au dommage, le coût de la réhabilitation est souvent prohibitif.
Dans de nombreux cas, il est impossible de prévenir tous les risques de dommage.

Dans ces cas-là, on peut juger utile de prendre des mesures pour rendre le risque «aussi
minime que possible dans la pratique» afin d’autoriser des activités nécessaires en
protégéant en même temps l’environnement et les droits des autres. (voy. affaire
Solothurn contre Aargau, Tribunal fédéral de Suisse, 1 er novembre 2000). Dans d’autres
cas, une injonction permanente peut être nécessaire pour éviter des dommages graves
ou irréversibles.
Le principe de prévention est complexe étant donné le nombre et la diversité des
instruments légaux dans lesquels il s'inscrit. Il faut le voire comme un objectif
général donnant lieu à une multitude de mécanismes légaux, comprenant
l’évaluation préalable des dommages environnementaux, des licences ou des
autorisations qui définissent les conditions dans lesquelles il faut agir et les
réparations résultant de la violation de ces conditions. Les limites d’émission et
d’autres normes touchant les produits ou les processus, l’utilisation des meilleures
technologies disponibles (MTD) et de techniques similaires peuvent toutes être
considérées comme des applications du principe de prévention. L’approche
préventive peut également impliquer l’élaboration et l’adoption de stratégies et de
politiques. Pour le pouvoir judiciaire, le principe de prévention peut par exemple
appeler à un usage plus fréquent des mesures provisoires et des injonctions pour
s’assurer que la situation ne continue pas à se dégrader pendant une action.
L’approche préventive considère que chaque Etat fera preuve de “la prudence requise”,
ce qui signifie agir raisonnablement et de bonne foi et régler les activités publiques et
privées soumises à sa juridiction ou à son contrôle et risquant de nuire à une partie de
l’environnement. Ce principe n’impose pas un devoir absolu de prévenir tous les
dommages, mais plutôt une obligation pour chaque Etat d’interdire les activités risquant
de provoquer un dommage important à l’environnement, par exemple le déversement
de déchets toxiques dans un lac international. L’Etat est également obligé de minimiser
les conséquences néfastes des activités autorisées en imposant des limites, par exemple
sur les déversements d’anhydride sulfureux (SO 2 ) dans l’atmosphère. La prévention est
également liée à la notion d’effet dissuasif et à l’idée que des mesures de dissuasion,
telles que les sanctions pénales et la responsabilité civile, inciteront les acteurs à faire
preuve d’un comportement plus prudent pour éviter d’augmenter les frais. Les sanctions
pénales devraient donc être appropriées pour exercer un effet dissuasif empêchant que
d’autres dommages soient causés à l’environnement.
5.3. LA PRECAUTION
Le principe de précaution, ou approche de précaution, est relativement récent. Il date de la fin des
années quatre-vingt. Le Principe 15 de la Déclaration de Rio de 1992 le formule de cette façon:

Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les
États selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude
scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures
effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement.

En général, le principe de précaution peut être considéré comme la forme de prévention la plus
développée. La précaution signifie la préparation à des menaces potentielles, incertaines ou même
hypothétiques, lorsqu’il n’existe aucune preuve irréfutable que le dommage se produira. C’est une
prévention basée sur des probabilités ou des éventualités. La précaution s’applique particulièrement
lorsque les conséquences d’une absence d’action pourraient être graves.

Les problèmes d’irréversibilité et d’incertitude scientifique sont donc introduit dans la loi. Les juges
doivent examiner les circonstances d’une situation donnée et décider quelle opinion scientifique est
basée sur la preuve la plus crédible et sur la méthodologie scientifique la plus fiable.
5.4. LE PRINCIPE DU POLLUEUR PAYEUR

Le principe du “pollueur payeur” a été énoncé pour la première fois par l’Organisation
pour la coopération au développement économique (OCDE) pour empêcher les
autorités publiques nationales de subventionner les frais de contrôle de la pollution
des entreprises privées.

Au lieu de cela, les entreprises devraient internaliser les externalités


environnementales en assumant les frais de contrôle de leur pollution dans la mesure
requise par la loi.

Ce principe a évolué et inclut maintenant la notion de «l’utilisateur payeur», appelant


le consommateur de ressources environnementales à payer pour prévenir ou corriger
les conséquences de l’utilisation des ressources sur
l’environnement.
5.5. LA JUSTICE ENVIRONNEMENTALE ET L’EQUITE

Le droit de l’environnment est construit autour des concepts d’équité et de justice, comme
on le voit dans ces trois types de relations:
• Les relations entre les générations présentes et futures,
• Les relations entre les individus et les communautés de
la même génération, et
• Les relations entre les humains et les autres espèces.

La justice environnementale peut donc être considérée comme une application du principe
de la justice distributive, cherchant à concilier les politiques économiques et sociales, qui
sont en opposition, pour arriver à un partage équitable des bénéfices et des charges, en
évitant la discrimination dans l’énoncé des risques, et en tenant compte des intérêts à long
terme, y compris les problèmes intergénérationnels et la responsabilité publique.
5.5.1 L’équité entre les générations

L’équité entre les générations est reflétée dans les textes environnementaux
internationaux ayant fait référence au besoin de préserver l’héritage naturel de
l’humanité pour le bien des générations actuelles et futures, du moins depuis la
Convention internationale pour le règlement de la pêche à la baleine (1947). Le
Principe 2 de la Déclaration de Stockholm de 1972 sur l’environnement humain s’est
soucié des générations futures et ce souci est apparu dans presque tous les principaux
traités environnementaux depuis la Conférence de Stockholm. Le Principe 3 de la
Déclaration de Rio stipule que le droit au développement doit être réalisé de façon à
satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement
des générations présentes et futures.
5.5.2 L’équité entre les générations et entre les espèces

L’équité entre les générations envisage d’assurer la justice parmi les êtres humains
existants. Sous de nombreux rapports, elle coexiste avec la justice environnementale
décrite ci-dessous et elle coincide avec l’approche basée sur le droit de la protection de
l’environnement.

5.5.3 La justice environnementale


En général, la justice environnementale cherche à s’assurer que les autorités
répartissent et gèrent équitablement les ressources peu abondantes pour faire en
sorte que les bénéfices des ressources environnementales, les frais associés à leur
protection, et toute dégradation se produisant (c'est-à-dire tous les bénéfices et toutes
les charges) soient répartis équitablement entre tous les membres de la société. La
justice environnementale va au-delà des droits environnementaux pour juger, par
exemple, si l’emplacement des entreprises polluantes est juste. Plus largement, elle
examine les charges disproportionnées liées aux dommages environnementaux qui
sont souvent assumées par les pauvres et les minorités.
5.5.4 La responsabilité publique

Le concept du « public trust » exprime l’idée que la génération actuelle est responsable
des ressources naturelles de la Terre qu’elle doit transmettre aux générations futures.
En tant que notion légale, ce concept signifie que le gouvernement est responsable au
nom de tous les citoyens de certaines choses, telles que les ressources naturelles et
l’exercice du pouvoir public, et qu’il doit utiliser ces choses pour le bien public. Voir les
affaires Gunaratne contre la Corporation pétrolière de Ceylon, (1996) 1 Sri L R 315 (Sri
Lanka), et Premachandra et Dodangoda contre Jayawickreme et Bakeer Markar, (1993)
2 Sri L R 294 (Sri Lanka).
5.6. Des responsabilités communes mais différenciées

Une autre caractéristique des accords environnementaux internationaux est


l’abandon de l’égalité traditionnelle des droits et des obligations entres les parties
étatiques. Le Principe 7 de la Déclaration de Rio proclame que Les Etats doivent
coopérer dans un esprit de partenariat mondial en vue de conserver, de protéger et de
rétablir la santé et l'intégrité de l'écosystème terrestre. Étant donné la diversité des
rôles joués dans la dégradation de l'environnement mondial, les États ont des
responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés admettent la
responsabilité qui leur incombe dans l'effort international en faveur du
développement durable, compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur
l'environnement mondial et des techniques et des ressources financières dont ils
disposent
Le Principe 8 ajoute que les Etats devraient réduire et éliminer les modes de
production et de consommation non viables et promouvoir des politiques
démographiques appropriées, faisant implicitement référence à la fois aux pays
développés et en développement. Le caractère de la responsabilité différenciée fait
référence à des obligations légales et politiques générales plutôt qu’au concept formel
de la responsabilité de l’Etat. L’acceptation par un Etat industrialisé de sa
responsabilité différenciée résulte en une participation accrue à l’effort fait pour
appliquer le principe du développement durable. Néanmoins, on a établi des liens
entre l’exécution par un groupe de ses responsabilités et la conformité réciproque des
autres groupes d’Etats.
Le concept de la responsabilité commune, mais différenciée, a été
incorporé dans toutes les conventions mondiales sur l’environnement
adoptées depuis la fin des années quatre-vingt. De plus, la Convention
de Bâle de 1989 sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de
déchets dangereux et de leur élimination (Art. 10(2)), le Protocole de
Montréal de 1987 sur la protection de la couche d’ozone tel qu’il a été
amendé en 1992, la Convention de 1992 sur la diversité biologique
(articles 16, 20 et 21), et la Convention-cadre de 1992 des Nations
unies sur les changements climatiques prévoient tous le transfert de
technologie ou l’assistance financière.
La Convention de 1994 pour combattre la désertification dans les pays
touchés par de graves sécheresses et/ou par la désertification,
particulièrement en Afrique, contient les clauses les plus détaillées sur
les obligations des pays développés. Ils devraient mobiliser des 76
ressources financières substantielles et obtenir de nouveaux crédits
supplémentaires du Global Environmental Facility pour soutenir
l’application des programmes visant à combattre la désertification et à
réduire les effets de la sécheresse.

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