Seq.1 Qui Est L'auteur D'un Film

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II Le scénariste, par ses choix d’écriture cinématographique, construit le récit et les

personnages du film

Quels sont les enjeux et les formes de l’écriture cinématographique ?

A l’origine d’un film, il y a toujours un désir de cinéma et souvent la volonté de raconter une histoire. Avant la phase
d’écriture à proprement parler, il y a donc toujours une idée du film que l’on veut réaliser, une sorte de projection
mentale et idéale.

Woody Allen : « Chaque fois que je visionne un film que je viens de boucler, j’éprouve une rude déception. Sur l’écran,
le résultat ne me plait pas. Je songe alors qu’un an auparavant, dans ma chambre, j’avais eu une excellente idée de
film, et que tout s’annonçait bien. Malheureusement, à l’écriture, au casting, au tournage, au montage, au mixage, j’ai
peu à peu gâté ma belle idée. Je ne pense plus alors qu’à me défaire de ce boulet. Je me refuse à revoir le film.En ce
sens, le moment le plus merveilleux est celui où me vient l’idée du film ».

1) Les différentes formes de l’écriture cinématographique

L’écriture cinématographique est un long processus qui se développe progressivement et qui prend des formes de
plus en plus abouties :

- Le pitch : C’est l’idée principale que le film entend développer.

- Le synopsis : C’est un résumé de l’histoire du film (jusqu’à son terme, sans suspense) raconté en une dizaine de
lignes.

- Le scénario : C’est la description visuelle et auditive chronologique de l’histoire. Il décrit les séquences dans l’ordre où
elles seront vues. Il doit respecter une mise en page spécifique. En général, une page de scénario correspond à une
minute de film.

- La note d’intention : C’est un texte qui permet au réalisateur de présenter le sujet du film, l’angle qu’il souhaite
développer, les raisons qui l’ont amené à développer son histoire, les choix techniques et esthétiques qu’il souhaite
mettre en œuvre, etc. C’est un document complémentaire du scénario, qui est essentiel pour les demandes de
financements.

- Le découpage technique : C’est le document qui indique la manière dont chaque séquence est découpée en plans,
avec une description technique de chaque plan ainsi que des raccords envisagés entre ceux-ci. C’est là que le texte
devient des images. C’est un document indispensable pour le tournage.

- Le story-board : C’est un document qui représente chaque plan sous la forme d’un dessin ; il permet de
« prévisualiser » les plans à tourner.

- Le plan au sol : C’est un document qui permet de représenter, dans une scène, le décor, les personnages et les
positions et mouvements de la caméra.

=> Voir les différents documents d’illustration


2) La structure dramatique où l’art de raconter des histoires

L’écriture d’un film associe étroitement une histoire et des personnages, qui sont les moteurs du récit et des
émotions vécues par le spectateur. Même si un film s’écrit avec des mots, il se pense en images et en sons. C’est là la
grande originalité de l’écriture cinématographique qui renvoie à l’écriture du plan..

Le schéma narratif est la trame générale d’organisation du récit qui met l’accent sur l’enchaînement des actions et la
tension dramatique, en identifiant les moments clés de l’histoire : situation initiale, élément déclencheur, péripéties,
climax, dénouement et situation finale.

Le schéma actanciel insiste davantage sur les personnages et leurs relations. Il est complémentaire du schéma
narratif dans la mesure où ce sont souvent les interactions entre les personnages qui font avancer l’histoire. Ici, le récit
est conçu comme une quête menée par un héros (le personnage principal en général), souvent à des personnages et
situations plus ou moins favorables.
Le schéma actanciel
Le schéma narratif

La plupart des histoires au cinéma suivent cette organisation, avec parfois un agencement original du récit : récit en
flash-back (Citizen Kane d’Orson Welles par exemple), récit non-linéaire (Pulp Fiction de Quentin Tarentino par
exemple), etc.

Il est important que le récit ait un fil conducteur qui lui donne sa cohérence et le fait avancer, et que l’on suit jusqu’à
la fin. Sans fil conducteur, le film risque d’être décousu et peu compréhensible. Il faut veiller, au moment de l’écriture
notamment, à bien conserver ce fil conducteur ; il s’agit en général du personnage principal et de sa quête. Ce fil
conducteur peut souvent être résumé sous la forme d’une question qui sous-tend la tension dramatique du récit (le
tueur sera-t-il arrêté ? L’empire sera-t-il vaincu par la rébellion ? Réussira-t-il la quête de l’anneau ? Etc.)
On peut remarquer qu’il existe un nombre assez limité de situations dramatiques (amour/haine, bien/mal, ascension
sociale/pouvoir/cupidité, survie/lutte, jalousie/envie, quête/enquête, justice, etc.). Ce qui compte, c’est la manière
dont le cinéaste propose sa vision de la situation dramatique qu’il met en scène.

Enfin, il est important d’identifier la « théorie du film », c’est-à-dire l’idée que le film défend à travers l’histoire et les
personnages. Tout film est porteur d’un point de vue, celui de son auteur.
3) Les règles formelles de l’écriture cinématographique

Le film est découpé en séquences. A chaque début de séquence figure en gras et en majuscule le numéro de la
séquence, ainsi que les indications de lieu et du moment où elle se déroule. Ces indications sont précieuses pour
organiser le plan de tournage du film (travail du premier assistant réalisateur). Plusieurs scènes situées dans un même
lieu à un même moment pourront être regroupées au tournage même si elles sont éloignées dans le film.

Les didascalies permettent de présenter la situation, des éléments de décor, l’ambiance, etc. Ils sont notés en italique.

Les dialogues sont introduits par le nom du personnage qui parle en majuscule et en gras. Ce qu’il dit est indiqué en
dessous. On peut éventuellement préciser des indications de ton ou d’émotion.

SEQ.4 : DANS LA SALLE DE CLASSE DE CAV, INT./JOUR

Les élèves de la classe suivent avec attention le cours de cinéma de leur passionnant professeur. Dans l’obscurité, un
extrait de film est projeté. La lumière du film se reflète sur les visages des élèves. On frappe à la porte. Le professeur met
le film en pause. Les élèves se redressent, curieux.

LE PROF (interrogatif)
Entrez !

Un élève entre timidement dans la classe, gêné d’interrompre le cours

L’ÉLÈVE (hésitant)
Bonjour, je m’excuse de vous déranger… Je suis nouveau et je me suis perdu, je n’ai pas trouvé la salle…

LE PROF
Entre et va vite t’installer. Comment t’appelles-tu ?

L’ÉLÈVE
Scorcese… Martin Scorcese… Je suis en 1ère G7

Les dialogues doivent:


- Faire avancer l'histoire et donc avoir une justification pour le récit.
- Refléter les caractères du personnage qui parle
- Etre utilisés lorsqu'il n'est pas possible de faire autrement, car le cinéma est d'abord un art de l'image. Il ne faut pas
tomber dans le "piège" qui consiste à faire dire à un personnage ce que l'on pourrait montrer par ce qui se passe dans
le plan.
- Adopter un style direct et oral, éviter les clichés et les propos convenus qui font perdre de la crédibilité au
personnage et au film.
4) La construction des personnages

Le personnage peut être considéré comme le "moteur" du film, en particulier le personnage principal à travers lequel
nous vivons l’histoire et ressentons des émotions. C'est à travers son regard que nous vivons l'histoire, c'est à lui que
nous nous identifions.
. L'apparition des personnages, un enjeu narratif essentiel:
La première apparition d'un personnage permet de le caractériser immédiatement, de le situer dans le temps et
l'espace. C'est souvent l'enjeu de la scène d'ouverture. Ce qui compte ici, c'est autant la situation dans laquelle ce
personnage est placé (ce qui se passe) que la manière de mettre le personnage en scène dans celle-ci (comment je le
vois): Comment est-il cadré ? Comment est-il éclairé ? Comment s'inscrit-il dans l'espace filmé ?

. Ecrire des personnages:


C'est par des éléments visuels et sonores, par les situations dans lesquelles il est placé, que le personnage de
cinéma est caractérisé. La principale difficulté, c'est de traduire en images et en actions ce qui anime les
personnages, leurs états d'âmes, leur psychologie, sans forcément passer par des dialogues "pesants". Par exemple,
dans Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock (1955), le personnage principal est cloué dans son appartement avec la jambe
cassée à un moment où il s'interroge sur sa vie (rester un aventurier célibataire, se marier, etc.). Il passe son temps à
regarder ses voisins et chaque fenêtre ouvre sur des scènes de vie quotidienne qui le renvoient à ses propres
interrogations (le couple qui se dispute, le pianiste déprimé...).
La caractérisation du personnage de cinéma passe par trois éléments (= fiche personnage):
- Ses caractères physiques: apparence physique, costumes, accessoires, manière de bouger, de se déplacer, de parler...
Tous ces éléments sont portés par les comédiens, d'où l'importance du casting d'un film.
- Sa psychologie: caractère, qualités et défauts, relation aux autres, valeurs et morale,...
- Son profil sociologique: milieu familial et social, trajectoire, univers professionnel,...

. L'évolution du personnage:
Le personnage n'est pas le même au début et à la fin du film. L'histoire dans laquelle il est plongé le fait évoluer, la
manière dont il réagit aux événements aussi. Suivre l'histoire d'un film, c'est d'ailleurs souvent suivre la trajectoire du
personnage principal, et donc son évolution.
C'est le sujet des films qui se présentent comme des récits initiatiques d'enfants ou d'adolescents dont la trajectoire
les mène vers la compréhension du monde et d'eux-mêmes (Les 400 coups, This is England, La tête haute). C'est aussi
un thème central dans les récits le personnage principal n’a rien a priori d’un héros mais finit par le devenir, se révélant
à lui-même et aux autres (Le seigneur des anneaux, Star Wars, Breaking Bad...). C'est enfin un thème central dans la
plupart des road movies où le voyage dans l'espace est souvent le récit d'une transformation du personnage , qui
n'est plus le même à l'arrivée de son périple (Paris Texas, Into the wild, Thelma et Louise, Little miss Sunshine...).
D'une manière générale, de façon plus ou moins marquée, tous les personnages de cinéma connaissent une évolution
qui est la conséquence de l'histoire qu'ils traversent. Cette évolution est clairement identifiable par de multiples
indices: la manière de se comporter, de parler, de réagir, l'apparence physique et vestimentaire, etc.

Ressources pour aller plus loin sur l'écriture et le scénario:


- Marie Anne Guérin, Le récit de cinéma, Cahiers du cinéma, 2003
- Anne Huet, Le scénario, Cahiers du cinéma, 2005
- La scénariothèque des lecteurs anonymes - http://lecteursanonymes.org/scenario/

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