2018pa080031 Aissaoui Dia
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THÈSE
par
Djamel AISSAOUI
Composition du jury :
Président
Isabel URDAPILLETA Professeur, Université Paris-8
Rapporteurs
Anne Sophie RIGAUD-MONNET Professeur, Université Paris-5
Christine PERRET-GUILLAUME Professeur, CHRU de Nancy
Examinateurs
Vincent RIALLE Maître de Conférences émérite, Université Grenoble Alpes
Christian BASTIEN Professeur, Université de Lorraine
Directeurs de thèse
Charles TIJUS Professeur, Université Paris-8
Javier BARCENILLA Maître de Conférences, Université de Lorraine
2
Remerciements
Cette recherche est le résultat d’un travail collaboratif qui n’aurait pas pu être mené à bien sans la
participation de nombreuses personnes bienveillantes, curieuses, et altruistes qui m’ont aidé et qui ont
répondu à mes diverses sollicitations.
Tout d’abord, je tiens à remercier mes directeurs de thèse Monsieur Charles Tijus, Professeur à
l’Université Paris-8, et Monsieur Javier Barcenilla, Maître de Conférences à l’Université de Lorraine, qui
m’ont suivi durant ce travail et ont su me transmettre leur passion pour la recherche. Leurs
apprentissages, leurs remarques, leurs conseils et leur disponibilité ont été essentiels pour cette thèse. Je
suis honoré d’avoir pu apprendre et travailler auprès d’eux.
Je remercie vivement les membres du jury pour avoir accepté d’apporter leur expertise et leur savoir
pour l’évaluation de ce travail :
Monsieur Christian Bastien, Professeur des Universités et directeur du laboratoire PERSEUS, qui
m’a non seulement initié à l’ergonomie et à ses théories lorsque j’étais étudiant, et qui me fait également
l’honneur de participer aujourd’hui au jury de ma thèse. Qu’il en soit chaleureusement remercié.
Je remercie aussi chaleureusement Pierre Moulin, détecteur de l’UFR Sciences Humaines et Sociales
de Metz, pour m’avoir donné à de multiples reprises son expertise dans le traitement statistique textuel
des données. Ainsi que Jean-Baptiste Lanfranchi, Maître de Conférences à l’Université de Lorraine, pour
son partage généreux et ludique concernant l’analyse statistique quantitative. Leurs remarques et leurs
conseils m’ont permis d’améliorer cette recherche et m’ont beaucoup appris. Qu’ils soient tous deux
assurés de ma reconnaissance pour l’aide qu’ils ont apportée à ce travail.
Un grand merci à Madame Z pour avoir accepté d’être notre sujet pour les vidéos de passation des
tests, et pour son accueil, sa gentillesse et ses bons petits plats. Qu’elle soit assurée de ma reconnaissance.
Mes remerciements vont également aux fondations AMAPA (France) et Sillo (Suisse) pour avoir
accepté mon initiative avec beaucoup de gentillesse et d’intérêt, et pour m’avoir autorisé à effectuer
différents recueils de données essentiels à cette thèse.
3
Un grand merci à toutes les personnes qui ont accepté de partager leur connaissance et leur savoir :
les professionnels et les seniors. Sans eux, cette recherche n’aurait pas pu aboutir.
D’autres personnes ont été importantes dans ce travail et je voudrais les remercier :
Merci au Docteur Aicha Aouared, pour ses conseils, le partage de son savoir et pour avoir cru en
moi, son amitié m’est très précieuse.
Merci à mon père et à Xavier Salques pour leur relecture minutieuse de ce travail.
Je tiens aussi à remercier Sonia Vuignier et Majlinda Kasumi pour leur aide à la mise en page du
document final. Leur compétence et leur gentillesse sont de belles qualités.
Antoine Thomas pour avoir mis en forme le système informatique final et pour avoir partagé ses
connaissances avec simplicité et pédagogie.
Saïd Zaïm pour son enseignement des méthodes de reportage et de montage vidéo.
Alexis Rassemusse pour ses conseils et le partage de sa maîtrise des systèmes Excel.
Franck Graziosi pour ses conseils juridiques et le partage pertinent de ses analyses.
Rafika Zaraï, pour les corrections des textes en anglais et sa précieuse aide.
Un immense merci à mes amis, mes collègues pour leur soutien inconditionnel et leurs
encouragements sans lesquels aucun projet n’aurait pu être mené aussi longtemps.
Enfin, je remercie toute ma famille pour son aide, sa patience et la force qu’elle m’apporte. Auprès
d’elle tout devient possible.
4
La vieillesse est comparable à l'ascension d'une montagne. Plus vous montez, plus vous
êtes fatigué et hors d'haleine, mais combien votre vision s'est élargie !
Ingmar Bergman
À mes vieux, migrants d’hier, venus pour nous offrir une meilleure vie.
5
6
Sommaire
4 Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins
des personnes âgées ...................................................................................................... 265
4.1 Méthodologie 265
4.1.1 Matériel 266
4.1.2 Echantillonnage 267
4.1.3 Passation des questionnaires 268
4.1.4 Analyse et discussion des résultats de la partie concernant les questions fermées 269
7
4.1.5 Analyse lexicométrique du discours (questions ouvertes) : résultats et discussion 295
4.1.6 Synthèse globale : la perception des besoins de la personne âgée, et les représentations des
technologies 320
5 Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des
personnes âgées et de leurs besoins ............................................................................... 329
5.1 Conception et validation d’une grille de diagnostic des déficits 331
5.2 Conception et évaluation d’un prototype informatique 334
5.2.1 Structure, contenu et fonctionnalités 335
5.2.2 Tests utilisateurs du prototype 337
5.3 Test du nouveau prototype auprès des experts du diagnostic 342
5.4 Conception du logiciel DAD dans sa version finale 351
5.4.1 Description de l’outil 352
5.4.2 Discussion sur la validation des prototypes et la conception du logiciel 358
5.5 Test DAD sur le terrain : test de la fidélité du logiciel et validation finale 362
5.5.1 Discussion de l’étape de confrontation sur le terrain 372
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RÉSUMÉ
Cependant, cette nouvelle opportunité a du mal à trouver sa place auprès des seniors, pour
des raisons aussi diverses que complexes. En effet, la mise en place, l’organisation, l’évaluation,
l’acceptation, le diagnostic, etc. sont autant d’obstacles à l’intégration des technologies.
Toutefois, on remarque que le frein le plus important semble être la conception de ces
technologies elles-mêmes. Effectivement, pour concevoir, les professionnels doivent avoir de
multiples compétences et savoir analyser les besoins, poser des diagnostics compliqués avec des
tableaux cliniques et environnementaux multiples (i.e. polypathologie, polyhandicap, évaluation
de l’environnement, etc.), pour fournir l’ensemble des solutions ergonomiques, techniques et
technologiques possibles. Pour autant, les profils orientés conception (i.e. informaticiens,
ingénieurs, architectes, etc.) auxquels appartiennent, au final, la conception et la fabrication des
technologies, ont peu de compétences d’évaluation globale et multidimensionnelle d’un sujet en
perte d’autonomie et de son environnement.
Cette thèse a pour objectif d’apporter un outil informatique capable d’être une aide concrète
pour les professionnels de la santé, de la réinsertion et de la conception, en leur proposant une
méthodologie d’analyse des déficits sous forme d’un profil précis des potentiels, des freins, et de
l’environnement. Pour cela, notre travail tient compte de la pluridisciplinarité des professionnels,
et de la complexité de l’évaluation gériatrique.
Notre démarche est basée sur un outil informatique ayant plusieurs avantages : d’une part,
donner une check-list afin d’être au maximum exhaustif dans l’évaluation des déficits liés à l’âge
et ainsi éviter les erreurs ou les oublis lors de l’évaluation. D’autre part, permettre une
standardisation par l’administration de tests précis, et ainsi donner un profil à la fois quantitatif et
qualitatif de la personne et de son environnement. Enfin, notre méthodologie fournit également
une évaluation des systèmes technologiques destinés aux seniors.
Notre système, baptisé DAD « Design for Adapted Device » est conçu selon un modèle de
conception centré utilisateurs. Nous avons consulté en préconception nos utilisateurs primaires
(i.e. sujets âgés), et nous avons relevé dans notre état de l’art les tests d’évaluation de références.
Ensuite, nous avons mis au point plusieurs prototypes que nous avons testés auprès de nos
utilisateurs secondaires (i.e. professionnels du diagnostic). Enfin, nous avons conçu notre
logiciel dans sa version finale, et nous avons soumis des professionnels de la gérontologie (i.e.
9
des professionnels médico-sociaux et des profils orienté conception) à des tests face à des
patients. Les résultats issus de nos tests sont très encourageants et suggèrent que notre outil est
fidèle et valide.
L’outil devrait sensibiliser, inciter et guider les différents producteurs de technologies (i.e.
industriel, designer, informaticien ingénieur, etc.), ainsi que les acteurs de santé (i.e. médecin,
infirmier, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue, etc.) à intégrer les personnes âgées
dans leur prise en charge, dans leurs décisions, ou dans les différents projets qu’ils envisagent de
mettre en place (e.g. conception, prescription, suivi, etc.).
MOTS CLÉS
10
ABSTRACT
The observed aging of the population is often responsible of deficits causing a loss of
autonomy & handicap situation which turns to be more and more important. The encountered
difficulties do not always have therapeutic alternatives (i.e. neither through drugs nor surgery).
However, having the symptoms treated, reduced or neutralized is a must. The digital
technologies seem capable to play a role on aging consequences, on quality of life & autonomy
helping, assisting, stimulating, reeducating elderly population.
Nevertheless, the digital opportunity does not seem to have success among elderly people
for many different & complex reasons. Fair to underline that challenges are faced while trying to
integrate these technologies : set up, organization, assessment, acceptance, diagnosis etc. The
biggest challenge though remains the design of the technology itself. In fact, professionals need
to have multiple competences and know how to analyze requirements, diagnose through multiple
clinical & environment situations (multiple pathologies, multiple disabilities, environment
assessment, etc.) in order to propose exhaustive ergonomic, technical & technological solutions.
Having this said, the profiles who are design oriented (e.g. IT, engineers, architects, etc.) and
who own the design & build of the technologies have limited capacities in global,
multidimensional assessment on autonomy loss & its environment.
Our thesis aims at proposing a digital device able to help concretely professionals
specialized in healthcare, reintegration, and design while providing a methodology to analyze
deficits through precise profiling of environment, potentials and constraints. That is the reason
why, our work considers professionals’ multidisciplinary, geriatrics complex assessment.
- a check list in order to evaluate deficiencies linked to aging and prevent mistakes or
omissions during the assessment ;
- a standardization through precise testing ;
- a definition of a qualitative & quantitative profile of the person and the environment ;
- a strong assessment of the digital technologies focusing on elderly population.
Our tool, named DAD « Design for Adapted Device » was designed according to a model
focusing on users. At the very first step of the design, primary users (i.e. elderly patients) were
consulted and in the conceptual framework, we picked the gold standards. Then, we launched
several prototypes which were subjects to testing by our secondary users (i.e. diagnosis
professionals). Last but not least, we designed the final version of our tool and we had
gerontology professionals (medico-social professionals & design oriented profiles) going
11
through tests in front of patients. Our testing results looked encouraging and suggest that our tool
is reliable and valid.
The tool should sensitive, encourage and guide the digital actors (such as industrials,
designers, IT engineers, etc.) as well as health professionals (such as doctors, nurses,
physiotherapists, ergotherapists, psychologists, etc.) to strongly consider elderly patients in their
therapeutic approaches, in their decision making or in their different to-be projects (e.g. design,
prescription and follow up, etc.)
KEY WORDS
12
Introduction et contexte de la recherche
Enfin, ce chapitre exposera le cadre et les objectifs de ce travail de recherche, ainsi que
le plan qui sera suivi.
Lorsque l'on parle de personnes âgées ou de « seniors », on regroupe une vaste catégorie de
personnes qui se différencient par de nombreuses caractéristiques. Cela peut inclure des
personnes encore actives ou de personnes retraitées, ayant des déficits ou pas, vivant seules ou
avec leurs familles, ayant le statut d’aidant ou d’aidé, vivant chez elles ou en institution, différant
par leur âge, ce qui se traduit par des effets générationnels en termes d’attitudes, aptitudes,
désirs, etc. Chacune de ces catégories a des besoins spécifiques, et parmi les plus importants,
ceux qui peuvent compenser la perte d’autonomie.
Aujourd’hui, la plupart des aides utilisées par les personnes âgées relèvent d’outils qui
visent à compenser les besoins en termes de mobilité ou d’autonomie physique. Mais les
personnes âgées en perte d’autonomie ont bien d’autres besoins, entre autres pour compenser une
perte d’autonomie plus générale et amoindrir son aggravation : maintenir les liens sociaux, les
loisirs, les besoins cognitifs, les soins médicaux, etc.
13
Introduction et contexte de la recherche
Les systèmes technologiques ont un grand potentiel pour améliorer la qualité de vie et
l'indépendance des individus ayant un dysfonctionnement physique, cognitif et social :
- en leur permettant de conserver un niveau élevé d'indépendance et de contrôle (e.g. aide
et assistance technologiques, etc.) ;
- en fournissant des niveaux appropriés de suivi et de supervision (e.g. surveillance vidéo,
actimétrie, domotique, etc.),
- en gardant les personnes intellectuellement et physiquement actives (e.g. remédiation
cognitive, stimulation, etc.) ;
- en fournissant des méthodes de communication pour réduire l’isolement social (e.g.
système de réseaux sociaux et de communication adaptés, etc.).
Ce travail de recherche s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire dont l’objectif est de
proposer un cadre théorique et méthodologique pour la conception des aides techniques destinées
aux personnes âgées. Cette conception ne peut pas se faire sans connaître les déficits / capacités
et les besoins des seniors. C’est pourquoi, ce travail de thèse se base à la fois sur une réflexion
clinique de ce qu’est le diagnostic et de la manière de le réaliser, et sur un questionnement
ergonomique sur les aides techniques à destination de cette population.
Pour concrétiser ce travail de recherche, nous avons conçu un outil poursuivant une double
finalité. D’une part, faciliter et standardiser les procédures de diagnostic chez les différents
14
Introduction et contexte de la recherche
acteurs de la prise en charge de la personne âgée et, d’autre part, proposer un instrument d’aide à
la décision sur le type d’aide technique qui pourrait être mise en place pour des publics à besoins
spécifiques. Cette démarche méthodologique devrait permettre de pallier les limites de
l’approche réactive dans la conception d’aides pour les personnes âgées et promouvoir des
méthodes plus proactives. En proposant cet outil et cette démarche méthodologique, nous
espérons harmoniser les pratiques de diagnostic des déficits et d’analyse des besoins, dans le but
d’être en mesure de fournir des aides adaptables et adaptées.
Structure de la thèse
Afin d’améliorer la lisibilité, notre travail a été divisé en trois parties principales
correspondant à six chapitres distincts :
- Partie 1, qui correspond aux chapitres 1, 2 et 3. Elle s’articule autour d’une réflexion sur
les déficits liés au vieillissement, sur les méthodes et les outils permettant une aide à la
pose de diagnostic des potentialités ou difficultés des personnes âgées. En parallèle,
nous effectuerons une analyse de la littérature autour des possibilités techniques
existantes dans le domaine des gérontotechnologies et sur leurs méthodes de
conception.
- Partie 2, qui relève des chapitres 4 et 5. Nous décrirons notre méthodologie concernant
le recueil de données sur les besoins des personnes âgées, et la conception d’un outil
destiné au diagnostic des déficits et des besoins des seniors. Nous aborderons ainsi
l’analyse des besoins des personnes âgées par une enquête de terrain comportant la
passation de questionnaires et d’entretiens qui ont donné lieu à la fois à une analyse
quantitative et qualitative. Nous présenterons également la méthodologie de conception
et de validation de l’outil d’aide au diagnostic des déficits et des besoins des personnes
âgées, sa finalisation, et les tests utilisateurs en situation réelle avec des professionnels
du domaine de la santé. Enfin nous analyserons et discuterons de nos résultats.
- Partie 3, qui correspond aux chapitres 6 et 7. Nous menerons une réflexion sur les
apports de nos résultats et de notre outil ainsi que sur les limites de notre travail. Nous
aborderons enfin les possibilités et perspectives pour la suite des travaux que nous
avons menés.
15
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Chapitre 1
Dans cette partie, nous analyserons les causes et les conséquences amenées par les
différentes problématiques liées à l’avancée dans l’âge. Nous nous intéresserons alors au
handicap, aux déficiences et aux incapacités que peut subir notre public cible. Dans ce but, nous
allons nous attacher à analyser et à différencier les méthodes d’analyse des besoins et de recueil
diagnostic qui sont spécifiques aux personnes âgées, et nous traiterons de leurs apports et de
leurs limites.
Nous considèrerons également le rôle de l’environnement et nous tenterons de voir s’il peut
être facilitateur ou au contraire, un obstacle dans la réalisation de tâches ou d’activités. La
question de l’autonomie sera alors naturellement abordée et ses contours seront fixés.
Nous relèverons enfin les aspects législatifs au service des personnes vieillissantes et/ou
handicapées, ainsi que leurs conséquences sur la conception des environnements.
17
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
La gérontologie est une science interdisciplinaire qui étudie les effets du vieillissement
humain sous plusieurs aspects : physiologique, biologique, psychologique, sociologique ; mais
aussi sous l’angle de la santé publique, de l’économie, et de la démographie. Cette liste n’est pas
exhaustive puisque cette discipline n’est pas fermée et regroupe toutes les spécialités qui
s’intéressent, d’une façon ou d’une autre au vieillissement humain. Cette pluridisciplinarité est
intéressante, et lui aura permis un développement rapide et fructueux. En effet, le vieillissement
est un concept multidimensionnel et complexe, et aucun domaine spécifique ne peut avoir de
compétences sur tous ses aspects. C’est pourquoi, la gérontologie se conçoit dans un travail
coopératif, collaboratif, d’échange et de coordination. Cependant, malgré cette « ouverture » de
principe, les sciences de la gérontologie sont surreprésentées par les domaines médicaux,
paramédicaux et des sciences humaines. Or, la présence de l’ergonomie – qui est elle-même une
science pluridisciplinaire – introduit automatiquement des sciences moins médicales, et plus
orientées vers la conception, comme l’ingénierie, l’informatique, l’architecture, etc., dans le
champ de compétence de la gérontologie.
1
Auto-soins : ensemble des décisions que le patient prend avec l’intention de modifier l’effet de la maladie sur
sa santé" (WHO, 2004).
18
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
On remarque alors que la gériatrie peut être considérée comme faisant partie de la
gérontologie – puisqu’elle a les mêmes objets d’études – mais pas l’inverse ! Néanmoins ces
deux disciplines ont un consensus pour considérer que le vieillissement est individuel et que son
expression en est singulière. D’ailleurs, elles considèrent trois grandes catégories de personnes
âgées (Vellas, 2015) :
- les personnes en bonne santé, qui ont un vieillissement dit « normal ». Ces sujets
peuvent souffrir de différentes pathologies, mais qui sont compensées et
équilibrées (e.g. diabète, hypertension, cataracte, troubles cardio-vasculaires, etc.) et
qui n’altèrent pas leur autonomie. Cette catégorie représenterait environ 50 à 60 % des
seniors ;
- les personnes « fragiles », qui seraient plus ou moins en bonne santé, tout en étant
vulnérables à un stress (e.g. dépression, deuil, infections, etc.). Ce groupe présente une
importante diminution de ses « capacités d’adaptation » avec un risque plus élevé de
devenir dépendant à cause de problèmes de santé, considérés comme mineurs dans la
population générale (e.g. perte de poids, fonte musculaire, grippe, etc.).
L’épidémiologie relève qu’environ 30 à 40 % de la population âgée seraient en phase de
fragilité ;
- les personnes dépendantes dont le vieillissement est dit « pathologique ». Cette
catégorie de seniors perd son indépendance pour certaines activités (e.g. se déplacer,
faire ses soins d’hygiène, cuisiner, etc.) du fait de leur état de santé. Cet état
concernerait environ 10 % des plus de 65 ans ; ce chiffre augmenterait
proportionnellement avec l’avancée dans l’âge.
Dans l’optique de comprendre et d’analyser l’hétérogénéité de notre public, ainsi que ses
potentialités et ses besoins, nous évaluerons les changements qui s’opèrent selon les trois types
de vieillissement : normal, fragile, et pathologique, et sous les quatre axes de travail de la
gérontologie : physiques, neurologiques et cognitifs, psycho-comportementaux et sociaux.
Le vieillissement se situe dans un processus lent, normal et naturel, qui touche tous les êtres
vivants tout au long de leur vie. A l’heure actuelle, il n’y a pas d’accord dans l’explication des
causes qui conduisent à ce phénomène. Pour autant, différentes hypothèses tentent de l’expliquer
avec des facteurs « biologiques et génétiques » ou intrinsèques (e.g. mutations somatiques,
accumulation des erreurs dans les séquences d’ADN, apoptose programmée, théorie radicalaire,
glycation des protéines, etc.), et « environnementaux » ou extrinsèques (i.e. facteurs sociaux,
19
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
habitudes et environnement de vie, tabagisme, travail, alcool, etc.). Cependant, il semblerait que
l’environnement ait un rôle majeur. En effet, des conclusions de recherches estiment que l’aspect
génétique n’expliquerait qu’environ 25 à 30 % du vieillissement, alors que les habitudes de vie et
l’environnement en démontreraient 70 à 75 % (Voyer, 2006).
Ce processus est à distinguer des processus pathologiques, il est considéré comme naturel, et
ne doit pas être responsable d’une perte d’autonomie. Même si l’avancement dans l’âge amène
indubitablement diverses difficultés sur les plans physiques, sensoriels, organiques, cognitifs et
moteurs, elles ne seront pas forcement problématiques. Elles pourront en effet être soignées,
palliées, ou compensées et permettront ainsi d’éviter une perte d’autonomie.
Au niveau sensoriel
Les organes des sens sont généralement les premiers à subir – de manière plus ou moins
importante, mais aussi plus ou moins normale – les effets du vieillissement. Selon le Collège
National des Enseignants de Gériatrie (2014), le vieillissement normal connait les difficultés et
les changements sensoriels suivants :
La vision : les informations visuelles peuvent être divisées en quatre sources d’information :
la qualité de l’image, le champ visuel, l’intensité lumineuse, et la couleur. Ces quatre aspects
sont problématiques dans le vieillissement normal.
Enfin, on observe également que le champ visuel se rétrécit, ce qui provoque une perte dans
la détection d’éléments en vision périphérique (Collins, Brown, & Bowman, 1989) (cf. Figure 1).
Ce déficit est problématique à deux niveaux. Déjà, pour compenser cette diminution, la personne
âgée doit faire des mouvements avec son corps (i.e. tronc, ceinture scapulaire, cou), ensuite
parce qu’elle est obligée d’augmenter son attention et sa vigilance lors de l’analyse de
20
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
l’environnement (Edwards et al., 2006; Sekuler, Mamelak, & Bennett, 2000). Ces deux
changements sont alors responsables d’une augmentation de la fatigue, et des risques d’accidents
(e.g. chute, accident de la voie publique, etc.).
L’audition : l’appareil auditif subit les effets du vieillissement par une diminution de ses
possibilités de discrimination générale, mais particulièrement pour les sons aigus et certaines
sonorités (e.g. ch, ss, z) (Pedersen, Rosenhall, & Metier, 1989). L’audition est encadrée par une
norme ISO (ISO-7029, 2000) qui a formalisé les pertes auditives en fonction de l’âge (cf. Figure
2), ce qui permet d’avoir une mesure de référence et d’anticiper les difficultés.
Figure 2. Référence ISO-7029 (2000) relative aux changements liés à l'âge concernant la fréquence (HZ) et le niveau
d'audition (dB)
La perception perd ainsi 2,5 décibels (i.e. dB) tous les 10 ans jusqu’à 55 ans, puis, de 8,5 dB
par décennie supplémentaire. Les prodromes cliniques montrent souvent des sujets obligés
d’augmenter le volume sonore des appareils (e.g. télévision, radio, ordinateur, etc.), de parler
fort, de faire répéter, et présentant des difficultés de compréhension dans les environnements
bruyants, (e.g. centre-ville, conversations de groupe, etc.). La baisse des capacités auditives peut
21
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
aussi engendrer des sensations désagréables, comme des acouphènes (i.e. sifflements,
bourdonnements) ou des douleurs.
2
La nociception : fait partie des perceptions sensorielles, et permet d’intégrer des informations relatives à la
douleur.
22
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Au niveau moteur
On remarque également dès le début du vieillissement des pertes sur les plans de l’appareil
locomoteur (Bee & Boyd, 2011), on observe ainsi :
- au niveau musculaire, une diminution de la densité des fibres musculaires, et donc une
réduction de la masse musculaire (i.e. sarcopénie). Cette réduction est généralisée à
l’ensemble des groupes musculaires, par conséquent, le sujet présente une diminution de
sa force musculaire globale.
- au niveau squelettique et osseux, une réduction de la densité osseuse (i.e. ostéopénie)
et donc une diminution de la résistance des os. Lors d’une chute, le risque de fracture
osseuse est alors fortement augmenté.
- au niveau articulaire, un amincissement des cartilages articulaires et une altération de
leurs propriétés physiques (i.e. flexibilité, résistance à la pression, amortissement des
chocs et protection contre les frottements et l’usure).
- Au niveau de la manipulation, la dextérité fine (i.e. épicritique) devient plus complexe
et perd en qualité (Geronimi, 2008), mais le sujet reste fonctionnel. D’ailleurs cette
difficulté est reliée à d’autres problèmes comme la vision, les trémors ou encore la
diminution de la force musculaire et de la sensibilité superficielle. Par ailleurs, il
semblerait que les adultes âgés, en vieillissement normal, gardent des capacités
comparables aux adultes plus jeunes (Castiello, 2005) mais ce qui diffère est un
ralentissement généralisé (i.e. plus de lenteur physique et cognitive).
Sur le plan neurologique, les recherches (Bee & Boyd, 2011 ; Collège National des
Enseignants de Gériatrie, 2014) ont mis en évidence – au niveau du système nerveux – des
modifications qui entraînent des perturbations des fonctions motrices et sensitives :
- le système nerveux central : la plasticité neuronale est altérée par une réduction du
nombre de neurones corticaux (i.e. dopaminergiques et cholinergiques), responsable
notamment de l’activité musculaire ou des processus de mémoire, d’apprentissage, de la
motivation ou de l’humeur (Allain, Bentué-Ferrer, & Lacomblez, 2004). Cette
diminution peut être responsable de trouble thymique , d’épisode de confusion, d’ une
perturbation des processus attentionnels , d’apprentissages (i.e. surtout pour les
nouvelles informations), du sommeil ou de sa qualité (i.e. réduction de sécrétion de
mélatonine par l’épiphyse) ; de difficultés motrices, et enfin, d’une réduction de la
sensation de soif et donc un risque accru de déshydratation (e.g. canicule de 2003).
- le système nerveux périphérique : la diminution de la densité des fibres
fonctionnelles, et donc l’augmentation du temps de conduction nerveuse périphérique
vont provoquer une baisse de la sensibilité profonde (i.e. proprioception), amenant un
23
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
risque d’instabilité posturale . Cette difficulté est plus marquée chez la femme du fait de
la privation d’œstrogènes suite à la ménopause. De nouveau, le risque de chute est
augmentée.
- le système nerveux autonome : les récepteurs post-synaptiques catécholaminergiques
perdent en qualité, ce qui produit de moins bonnes réponses neuro-végétatives, avec par
exemple une adaptation moindre de la fréquence cardiaque à l’effort. Ce qui expose à
des risques accrus d’hypotension orthostatique et donc d’instabilité posturale ou de
chute.
Pour conclure, les changements que nous venons d’expliquer (i.e. physiques et
neurologiques) sont importants dans le vieillissement normal, non pas parce qu’ils diminuent
l’autonomie, mais parce qu’ils augmentent le risque de chute par l’interaction de différents
facteurs comme :
- l'instabilité posturale qui dépend de l'équilibre statique (i.e. en position assise ou
debout) et de la coordination dynamique (i.e. adaptation physique à l’environnement)
dans laquelle interviennent le système vestibulaire de l'oreille interne et la
proprioception permettant la prise d’informations sur sa position et sur ses mouvements
dans l'espace, et les systèmes nerveux centraux et périphériques (i.e. adaptation de la
réponse physiologique) ;
- le système sensoriel, qui fournit des informations sur l’environnement (e.g. surfaces
avec lesquelles nous sommes en contact ; emplacement, dimension et distinction des
objets, perception des sons, etc.) ;
- les systèmes osseux et musculaires, responsables des possibilités de maintien de la
posture et du mouvement.
Une des démarches de psychologie fondamentale qui permettent d’étudier les changements
cognitifs consiste à observer les effets du vieillissement sur les fonctions cognitives générales.
Le plus souvent, il s’agit de tester les performances des sujets jeunes comparativement à des
sujets plus âgés, et de mesurer de manière quantitative si les effets observés restent stables ou
évoluent significativement avec l’âge.
24
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
être indépendant (e.g. activités de la vie quotidienne, faire son repas, gérer son budget,
entretenir son logement, etc.).
La mémoire
La plainte concernant les capacités mnésiques est la première difficulté déclarée par les
personnes âgées. Elle est une source importante d’anxiété et conduit souvent à des consultations.
De plus, certains processus de mémoire (i.e. mémoire sensorielle, mémoire de travail) sont à la
base du processus de traitement de l’information, et une atteinte de ces systèmes peut avoir une
répercussion négative en aval sur les autres fonctions. Effectivement, les différentes études sur le
sujet montrent une corrélation entre le déclin de la mémoire de travail et une diminution de la
vitesse de traitement, des fonctions exécutives, et de l’attention (Dusjardin & Lemaire, 2008).
Néanmoins, la mémoire n’est pas considérée comme une structure homogène, mais comme
divisée en réseau. De manière générale, on considère d’un côté la mémoire de travail qui permet
de manipuler et d’encoder une certaine quantité d’informations (i.e. empan mnésique), et de
l’autre des systèmes de stockage de l’information à long terme (i.e. épisodique, procédurale,
sémantique et implicite).
Un consensus permet de considérer que les difficultés mnésiques des personnes âgées (e.g.
oubli de rendez-vous, de prise d’un traitement à heure régulière, etc.) pourraient être le résultat
de difficultés de stockage. Pourtant la mémoire de travail semble fonctionnelle et assure son rôle
de stockage temporaire (i.e. empan mnésique), mais elle serait vraisemblablement parasitée et
saturée par des informations non pertinentes, qui interfèreraient avec son bon fonctionnement.
On considère alors que les capacités d’inhibition et d’attention sélective (que nous traiterons
dans un prochain chapitre) pourraient aussi être problématiques (Hasher & Zacks, 1988).
Néanmoins, il est également à noter que les mémoires à long terme seraient touchées plus ou
moins fortement par le vieillissement normal. La mémoire épisodique par exemple semble être
déficiente et aurait plus de difficultés pour se souvenir où, quand et comment l’information a été
apprise (i.e. le contexte et l’environnement). Or, cette mémoire tire sa force de ces principes de
contextualisation, qui servent ensuite d’indices pour la récupération de l’information. Pour
autant, des études contradictoires montreraient que les personnes âgées ont de meilleurs résultats,
mais il s’avère qu’elles utilisent davantage de moyen de compensation (e.g. agenda, notes, etc.)
et qu’en l’absence de ces aides externes les résultats diminuent fortement (Gonneaud, Eustache,
& Desgranges, 2009).
25
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Concernant la mémoire procédurale, les différents travaux montrent des résultats divergents
et nous ne pouvons pas affirmer que le vieillissement normal soit en cause dans des difficultés
d’apprentissages procéduraux (Seidler, 2007).
Enfin, la mémoire implicite paraît préservée et ses performances ne semblent pas diminuer
de manière significative avec l’avancée dans l’âge (Fleischman, Gabrieli, Wilson, Moro, &
Bennett, 2005; Isingrini, 1998).
Pour conclure, on constate que le vieillissement normal n’est pas homogène sur les
différents aspects de la mémoire. Ainsi, les recherches utilisant différents types de tests montrent
des difficultés plus marquées en mémoire de travail et épisodique. Néanmoins, l’étude des
différentes mémoires est faite de manière séparée alors qu’elles sont liées et complémentaires
dans leur utilisation quotidienne, et permettent de se compenser. Il est à noter que dans le
vieillissement normal, les déficits de mémoire à long terme semblent dépendant d’autre fonction
comme la mémoire de travail ou du ralentissement en vitesse de traitement (Schnitzspahn, Stahl,
Zeintl, Kaller, & Kliegel, 2013 ; Zeintl, Kliegel, & Hofer, 2007). A titre d’exemple, la mémoire
prospective semble davantage liée à la capacité d’inhibition (El Haj, Coello, Kapogiannis,
Gallouj, & Antoine, 2017). Mais il est difficile d’avancer une déficience majeure de cette
fonction en vieillissement normale, et même si ces fonctions déclinent légèrement, elles laissent
au sujet la possibilité d’être suffisamment fonctionnel dans ses activités quotidiennes, et malgré
quelques difficultés, l’autonomie du sujet n’est pas affectée par ce vieillissement normal de la
mémoire.
L’attention
La mémorisation est fortement associée avec les fonctions attentionnelles, il est donc
important de savoir si ces dernières sont impactées lors du vieillissement normal. Des recherches
montrent une augmentation des difficultés (i.e. sélection, fatigue, erreurs, etc.) lors de
l’utilisation des processus attentionnels (i.e. sélectifs, divisés et soutenus) (Dusjardin & Lemaire,
2008). Ces difficultés sont légères et n’affectent pas l’autonomie, pour autant elles marquent une
diminution des capacités du sujet comparativement à son état antérieur. Il parait donc opportun
de définir ces notions.
26
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
symboles à différencier sur un écran, etc.) étaient longues et monotones, par conséquent, on
évaluait davantage l’attention soutenue et la fatigabilité. Par la suite, d’autres recherches
(Cornelissen & Kooijman, 2000 ; Madden, 1992) ont démontré qu’en donnant davantage de
temps et en utilisant des épreuves écologiques, on observait de meilleurs résultats aux bénéfices
des aînés. Ces données ont entraîné la réévaluation des premières études, et laissent penser que la
diminution de l’attention sélective en vieillissement normal n’est pas importante et pas gênante.
27
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le langage
Une autre fonction cognitive à prendre en compte dans le vieillissement est le langage. La
psychologie cognitive distingue deux aspects du langage : les activités de traitement et les
activités de production.
La production langagière permet de fournir le langage sous une forme orale ou écrite, alors
que le traitement langagier est plutôt responsable de la compréhension orale ou écrite. La grande
différence entre ces deux systèmes est que dans un cas (i.e. activité de traitement), il dépend
d’abord du traitement sensoriel (i.e. vue, audition, toucher), puis d’un traitement cognitif (i.e.
processus de traitement de l’information), et dans l’autre (i.e. activité de production), d’abord du
système cognitif, puis de fonctions motrices (e.g. dysarthries et apraxie de la parole). La
majorité des modèles qui décrivent ces fonctions supposent que les deux systèmes sont
complémentaires et qu’ils fonctionnent en parallèle. Par ailleurs, ils sont reliés à un lexique
possédant les propriétés orthographiques, phonologiques, la syntaxe et la sémantique qui sont
fortement dépendants des capacités des différentes mémoires à long terme (Ehrlich, 1994).
Il est difficile d’avancer une explication unique d’une moins bonne performance des
personnes âgées dans le langage, car de nombreux biais de confusion interviennent. C’est
pourquoi, pour expliquer une diminution des performances, il faut prendre en considération
différents facteurs, comme le ralentissement cognitif général (i.e. plus de temps pour comprendre
et répondre selon la complexité), la diminution des processus attentionnels, les déficits sensoriels
(i.e. ouïe, vue), les troubles physiques et articulaires, les difficultés de mémoires à long terme,
ainsi que certaines différences inter-individuelles (i.e. niveau d’études ou de formation, richesse
du vocabulaire, etc.) (Baltes & Lindenberger, 1997 ; Salthouse, 1996).
Enfin, concernant les fonctions exécutives, la majorité des recherches semblent considérer
que l’altération des processus cognitifs de base est responsable de la baisse de l’efficience
cognitive générale. Ces processus de base peuvent être considérés comme étant les « fonctions
exécutives ». Même s’il existe actuellement une controverse sur les différentes fonctions
exécutives, on peut estimer qu’il en existe trois principales qui sont : la remise à jour en mémoire
de travail, la flexibilité mentale et l’inhibition (Miyake et al., 2000) :
- la flexibilité, représente la possibilité d’adapter de manière synchrone sa stratégie
mentale en fonction des besoins de l’activité ;
- la remise à jour, correspond à l’adaptation simultanée des informations à manipuler en
mémoire de travail en fonction des besoins de l’activité ;
- l’inhibition des réponses dominantes, renvoie à la possibilité de contrôle des réponses
automatiques pour s’adapter aux besoins de l’activité.
28
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Ces trois fonctions exécutives « de base » s’intègrent dans les fonctions exécutives dites «
supérieures » qui sont la planification, la résolution de problème et le raisonnement (Collins &
Koechlin, 2012 ; Lunt et al., 2012).
Par ailleurs, ces conclusions peuvent de nouveau être critiquées si l’on prend en
considération le sujet âgé de manière globale, avec ses différentes difficultés. D’ailleurs, selon
Albinet, Boucard, Bouquet et Audiffren (2012) une grande part de la variance liée à l’âge dans
les performances exécutives est partagée avec la vitesse de traitement. C’est aussi le point de vue
de Cona, Arcara, Amodio, Schiff et Bisiacchi (2013) qui montrent que le ralentissement général
29
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
du traitement de l’information tend à rendre moins performantes ces fonctions cognitives et que
les personnes âgées sont globalement plus lentes et ont un contrôle inhibiteur plus faible.
On peut alors supposer que le ralentissement cognitif global constaté chez les personnes
âgées n’est pas dû aux seules fonctions exécutives, mais que la baisse des ressources
attentionnelles pourrait être considérée comme co-responsable des différents déclins cognitifs
liés à l’âge (Craik & Byrd, 1982; Taconnat, 2005). En effet, les processus attentionnels peuvent
être responsables du traitement de l’information d’une manière plus ou moins exhaustive ou
complète en termes d’encodage et de stockage (i.e. mémorisation), et donc de faciliter ou pas la
planification et la résolution de problèmes, et permettre ainsi de s’adapter à l’environnement de
manière pertinente et synchrone.
Enfin, une autre recherche (Verhaeghen & Salthouse, 1997) a montré que les processus
inhibiteurs n’étaient pas ou peu liés à l’âge, alors que d’autres processus exécutifs comme la
flexibilité sont plus sensibles au vieillissement et se répercutent sur le ralentissement du
traitement de l’information.
Ces différentes recherches nous montrent que l’évolution des fonctions exécutives n’est pas
homogène et n’a pas la même sensibilité face au vieillissement normal, ce qui oblige à des
mesures individuelles et singulières.
Pour conclure, même si ce processus est dit « normal », on peut toutefois nuancer cette
analyse. D’abord, le fait de considérer l’adulte plus jeune comme la référence à la santé, et le
point de comparaison dans les procédures expérimentales citées, conduit à relever certaines
limites dans les conclusions. Cette norme d’interprétation peut montrer comme pathologique ce
30
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
qui est naturel (e.g. baisse de la force musculaire, diminution sensorielle, climatère,
ralentissement du traitement de l’information, humeur plus triste, etc.). Cette vision revient alors
à considérer le vieillissement comme une maladie, alors qu’il s’agit d’un processus
physiologique normal et naturel.
Enfin, nous notons que la limite entre la diminution normale et la perte pathologique est très
mince et qu’il est important de pouvoir remarquer des difficultés qui ne seraient plus
« normales » mais pas encore « pathologiques », et qui pourraient être responsables d’un risque
de perte d’autonomie. Cet entre-deux peut être considéré comme la « fragilité » ou comme un
trouble cognitif léger.
31
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
est en quelque sorte un état cognitif transitionnel entre le vieillissement normal et celui
pathologique. Le MCI se manifeste le plus souvent par une plainte cognitive, toutefois les sujets
préservent leur autonomie. L’intérêt de la détection de ce trouble réside dans sa réversibilité s’il
est pris en charge de manière précoce et adéquate.
La première tentative d’évaluation de cet état distinguait cinq critères principaux (Petersen
et al., 1997) :
« (1) une plainte mnésique ; (2) au moins un trouble cognitif pondéré par rapport à l’âge et
au niveau d’éducation, et non lié au vieillissement normal ; (3) des fonctions cognitives
générales préservées, c’est-à-dire une diminution n’entraînant pas de perte d’autonomie ; (4)
des activités de la vie quotidienne essentiellement maintenues ; (5) aucun diagnostic différentiel
de démence ».
Cependant, ces domaines étaient trop généraux et ils prêtaient à beaucoup de diagnostics
différentiels (e.g. dépression, déshydratation, stress, infection, déficit en vitamine B12, etc.), ce
qui ne permettait pas d’avoir un diagnostic fiable.
Par la suite, Petersen (2004) a divisé deux sous-groupes de MCI : le MCI amnésique (i.e.
aMCI) et le MCI non amnésique (i.e. naMCI). Le premier (i.e. aMCI) se caractérise par une
diminution des performances dans les domaines de la mémoire et de l’attention ; alors que le
second (i.e. naMCI) relève de perte dans d’autres fonctions cognitives comme les fonctions
exécutives, mais sans atteinte mnémonique. L’épidémiologie de ce trouble concernerait 11.1 %
pour le aMCI et 4.9 % pour le naMCI à partir de 65 ans, et augmenterait de manière significative
après 70 ans (Petersen et al., 2010).
Cette sous division permet alors une meilleure prédiction de l’évolution du sujet :
- le naMCI renvoie le plus souvent à une origine externe (e.g. hyper ou hypotension
artérielle, diabète, infection, crise émotionnelle, iatrogénie, prise de substance, déficit
en vitamine B12, déshydratation, etc.), et il a de meilleures chances de traitement. Les
difficultés peuvent être atténuées ou résolues par la prise en charge médicale des causes
précédemment citées.
- le aMCI est plus à risque d’évoluer vers une démence et représente alors un intérêt dans
le dépistage précoce (i.e. prévention secondaire). Dans ce cas, la prise en charge n’est
pas seulement médicale, mais aussi dans l’anticipation des besoins économiques,
législatifs et sociaux (e.g. curatelle, tutelle, aménagement de l’environement, gestion du
patrimoine, etc.).
32
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
(Mitchell & Shiri-Feshki, 2009) relève une incidence de la démence suite à la détection d’un
MCI beaucoup moins importante (i.e. environ 7 %) sur du court et moyen terme (i.e. annuelle ou
dans les trois ans). Les données semblent donc divergentes, c’est pourquoi, l’évaluation
manquant de spécificité, il reste important de recourir aux examens complémentaires. Par
ailleurs, le MCI est un concept et non une méthodologie d’analyse. Le diagnostic repose sur des
tests et des grilles de diagnostics qui ne font pas l’objet d’un accord, ainsi des études reposant sur
les critères du MCI, mais utilisant des outils d’évaluations psychométriques différents, amènent
des résultats divergeants (Dubois, Beato, & Kalafat, 2002 ; Petersen et al., 1999; Ritchie, Artero,
& Touchon, 2001) et empêchent la comparabilité intra et inter sujets.
Néanmoins, les critères de diagnostic de MCI couplés à une autre approche, comme des
technologies d’évaluations validées et standardisées, peuvent rester intéressants afin de détecter
une péjoration de l’état général, et mettre en place des mesures de prise en charge (e.g.
technologique, technique ou humaine) et éviter que l’état ne s’aggrave et n’évolue vers des
difficultés plus importantes et incurables.
Un autre intérêt dans la mesure du MCI est que les recherches relèvent une corrélation entre
un déclin cognitif même léger, et une diminution des capacités physiques comme une marche
ralentie, un équilibre plus précaire, et donc une augmentation du risque de chute (Buchman &
Bennett, 2011; McGough et al., 2013) ce qui accélère l’apparition de déficits, de handicaps, et
entraîne une perte d’autonomie. Ces données doivent être couplées à d’autres indicateurs, afin
d’évaluer d’autres facteurs analogues et assurer une vision globale (i.e. physique, cognitive et
sociale). Le concept de fragilité semble amener des informations supplémentaires et donc
permettre une certaine complémentarité.
La fragilité
La fragilité est un bon indicateur d’une évolution défavorable de l’état général d’une
personne âgée. Toutefois, la notion de fragilité, comme celle du MCI, n’a pas d’explication
univoque au sein de la recherche. Selon les approches, elle peut être vue de deux manières :
Certains chercheurs la considèrent sous l’angle biomédical avec une vison axée sur la
psychophysiologie, comme l’illustre la définition de Karunananthan, Bergman, Vedel et
Retornaz (2009, p. 30) prise comme référence lors d’un travail de consensus en 2006 3.
3
Consensus choisit lors de la 2ème rencontre internationale de travail sur la fragilité et le vieillissement en
2006.
33
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
fréquemment les systèmes de soins et ont plus souvent besoin d’avoir recours aux soins de
longues durées et d’institutionnalisations ».
D’autres voient plutôt la fragilité sous un axe pratique et concret à travers l’état de
fonctionnalité de la personne, et la détectent ainsi sur la base des Activités de la Vie Quotidienne
(i.e. AVQ) et des Activités Instrumentales de la Vie Quotidienne (i.e. AIVQ). Ainsi, diverses
études mettent en avant que les sujets souffrant d’incapacités pour les AIVQ et les AVQ auraient
un risque d’évolution défavorable avec une mortalité accrue, une institutionnalisation plus
précoce et des risques de chutes augmentés (Felix, Guillemin, Lleshi, & Rivier, 2014).
Malgré l’absence d’un accord établi de la définition de la fragilité, deux modèles dominent
actuellement la littérature pour la diagnostiquer (nous traiterons de l’évaluation de ces méthodes
de diagnostics dans un prochain chapitre) : le phénotype de fragilité de Fried (Fried et al., 2001)
et le modèle d’accumulation des déficits de Rockwood (Rockwood & Mitnitski, 2007).
Le modèle de Fried et al. (2001) utilise cinq indicateurs pour définir la fragilité :
« (1) une perte de poids involontaire, (2) un épuisement et une fatigue, (3) une faiblesse
musculaire, (4) une diminution de la vitesse de la marche (5) et une faible activité physique ».
Rockwood et Mitnitski (2007) voient quant à eux la fragilité comme une superposition de
problèmes de santé correspondant à une polypathologie spécifique de la population âgée (e.g.
pathologies, handicaps, etc.), et ils proposent un regroupement de 40 variables appelés : « le
Frailty Index » qu’il faut mesurer afin de connaitre le degré de fragilité. Toutefois, cet état reste
encore difficilement détectable avec les instruments de mesure actuels (Piau, 2015).
Il faut garder à l’esprit que la fragilité et le MCI ne sont pas des pathologies, mais des
prodromes, prédictifs de risques de chute, de perte d’autonomie, de handicap,
d’institutionnalisation, et de comorbidité (Von Bonsdorff, Rantanen, Laukkanen, Suutama, &
Heikkinen, 2006). Cependant, ils sont considérés comme des états dynamiques et réversibles.
Ainsi, ces types d’indicateurs peuvent permettre une évaluation précoce des personnes avec des
troubles légers – autant physiques que cognitifs – ou qui se dégradent, car la prise en charge est
d’autant plus efficace qu’elle est précoce. Par ailleurs, il faut pouvoir prendre en considération
les technologies d’aide et d’assistance, afin d’éviter ces complications (i.e. prévention primaire),
d’aider et d’assister, d’améliorer, de compenser (i.e. prévention secondaire) et enfin de
rééduquer et réadapter (i.e. prévention tertiaire). L’absence de prise en compte ou la détection
tardive de l’aspect de fragilité ou de MCI du vieillissement peut amener vers des difficultés plus
importantes ou aggraver de manière plus ou moins sérieuse certaines pertes, ce qui conduit le
sujet à passer dans un vieillissement dit « pathologique ».
34
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Au niveau sensoriel
Une autre pathologie ophtalmique est importante dans notre population : la Dégénérescence
Maculaire Liée à l’Age (i.e. DMLA). Epidémiologiquement, il s’agit de la deuxième pathologie
la plus répandue pour le vieillissement pathologique dans les pays industrialisés. Sa prévalence a
été estimée à 1 à 2 % entre 50 et 60 ans, et elle devient supérieure à 30 % après 80 ans
(« Experimental Ophthalmology Laboratory in The University of Liege, Belgium », 2012). En
France, plus d’un million de personnes souffrent de cette maladie. Elle provoque une
détérioration de la macula (i.e. région centrale de la rétine) entraînant une baisse de la vision
ainsi qu’une tâche sombre et des déformations dans le champ visuel central (cf. Figure 3).
35
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
A terme, il peut s’agir d’un véritable handicap pour les personnes touchées par cette
pathologie. Cependant, différents types de traitements existent (e.g. photo-coagulation au laser,
thérapie photodynamique, thermothérapie transpupillaire, traitements chirurgicaux), mais les
risques sont importants comparativement aux bénéfices considérés comme insuffisants.
Le goût et l’odorat : dès 50 ans, l’individu commence à ressentir des changements dans la
détection des saveurs. Cette situation peut être responsable d’une perte du plaisir alimentaire et
d’une diminution de l’alimentation. La diminution du goût se manifeste par une moins bonne
détection des cinq saveurs de base, et correspond à une hypogeusie (i.e. diminution de la
sensation du goût). Cependant, dans le vieillissement pathologique ce trouble peut aller jusqu’à
une dysgeusie (i.e. perturbation de la sensation du goût) ou une ageusie (i.e. perte de la
sensation du goût). Ces troubles ne sont pas problématiques en soi, mais le deviennent s’ils sont
responsables d’une perte de l’appétit et d’un dégoût de la nourriture provoquant une perte de
poids, souvent lente et inaperçue, qui est un facteur de risque important chez le sujet âgé (cf.
section 1.1.2.2).
L’ouïe : sa fonction est doublement importante, puisqu’elle joue non seulement un rôle dans
la détection et la prévention des dangers (e.g. attentions, etc.), mais aussi et surtout – chez le
sujet âgé – un rôle dans la communication et la socialisation. L’aspect pathologique de la baisse
(i.e. presbyacousie, hypoacousie) voire de la perte de cette fonction (i.e. surdité bilatérale) n’est
pas seulement lié à l’audition elle-même, mais peut aussi avoir des répercussions pathologiques
collatérales, comme des réactions dépressives, une perte des interactions sociales, un isolement
social, une diminution de la vigilance et de l’attention, des difficultés cognitives dans la
compréhension, le langage ou l’apprentissage, etc. L’épidémiologie relève que 60 % des plus de
55 ans souffrent d’une baisse significative de l’audition, et que 20 % des plus de 80 doivent être
appareillés (Davis, Ostri, & Parving, 1991).
Au niveau moteur
Au niveau squelettique et osseux : sur les plans physique et fonctionnel, on note d’abord que la
perte osseuse (i.e. ostéopénie) s’accélère après 75 ans. Ce mécanisme induit de l’ostéoporose qui
entraîne une diminution de la densité osseuse (i.e. porosité osseuse) et de sa résistance. Cette
situation est souvent responsable de pathologies et de complications, car elle prédispose
fortement à un risque de fractures qui est multiplié par deux (i.e. R R4>2) (Forum Med Suisse,
2006 p.715).
4
Le risque relatif (RR) consiste en un modèle statistique qui permet d’évaluer le risque de survenue d'un
événement dans un groupe par rapport à l’autre. Le plus souvent, un groupe est exposé au facteur de risque et l’autre
groupe sert de témoin (i.e. cas / témoin).
36
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Figure 4. Localisation et pourcentages épidémiologiques des articulations les plus touchées par l'arthrose, tirée de
http://www.sanofi-arthrose.fr/larthrose-en-detail/.
37
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’équilibre peut subir des changements pathologiques importants. Il est à noter qu’environ
une personne âgée de plus de 85 ans sur deux, et qu’un tiers des seniors âgés de plus de 65 ans
font au moins une chute par an. Ces évènements sont responsables en France de 12000 décès
annuels et provoquent, dans 40 % des cas, une suite d’institutionnalisation pour perte
d’autonomie. Les chutes peuvent avoir différentes causes, mais sont le plus souvent reliées à une
problématique en lien avec la marche. Comparativement à un sujet jeune, on note chez le sujet
âgé une augmentation des oscillations à la station debout, une diminution de la vitesse de la
marche, des pas plus petits, une baisse de la hauteur et de la longueur des pas, une diminution
des mouvements de balancier des bras (Gasq, Molinier, & Lafosse, 2013).
38
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Enfin, une des neuropathologies qui a une épidémiologie élevée dans le vieillissement
pathologique, est le syndrome Parkinsonien. Il y aurait une prévalence de plus de six millions de
patients dans le monde, et une incidence de 1 % des sujet après 60 ans, et qui pourraient aller
jusqu’à 3 % après 80 ans (« Schweizerische Parkinsonvereinigung: Home », s. d.). Nous ne nous
intéresserons pas ici aux causes étiologiques de la maladie de Parkinson (i.e. hérédité, facteurs
environnementaux, neurotransmetteurs, etc.), mais nous relevons ses conséquences sur le plan
des symptômes fonctionnels en tant que vieillissement pathologique : difficultés de déplacement,
de transfert ou de manipulation d’objets, qui peuvent en découler.
Ce syndrome est fortement corrélé à une perte d’autonomie du fait de ces symptômes (i.e.
triade Parkinsonienne) qui vont altérer le mouvement, la préhension et le déplacement :
- l’akinésie qui va rendre les mouvements généraux plus rares et plus lents (i.e.
bradykinésie), auxquels s’ajoutent parfois des difficultés à initier le mouvement, ou
encore des interruptions dans des séquences d’exécution (Bonnet, 2001)
- hypertonie qui touche les différentes articulations et rend le mouvement « raide et
rigide » ;
- le tremblement qui est lent, présent au repos, et augmenté lors d’émotion qui peut
empêcher ou géner l’utilisation d’objets et d’outils.
39
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Sur le plan cognitif, les premiers symptômes pathologiques qui apparaissent sont des
troubles en lien avec la mémoire. L’épidémiologie nous montre qu’à l'âge de 60 ans, environ 1 %
de la population est atteinte de démence et se plaint, comme symptôme le plus invalidant de
difficultés de mémorisation. Ce pourcentage double approximativement tous les cinq ans, c’est-
à-dire 4 % à 70 ans, 16 % à 80 ans, etc. (Bäckman, Small, Wahlin, & Larsson, 2000). Il faut
pouvoir différencier deux perspectives dans les causes du vieillissement pathologique cognitif :
D’abord, la confusion mentale qui peut avoir des causes somatiques ou psychologiques et
amène un dysfonctionnement cognitif, mais qui n’est qu’un symptôme. Le plus souvent en
traitant les causes (e.g. infection, déshydratation, iatrogénie, dépression, etc.) et en adaptant la
prise en charge, la confusion mentale finit par régresser.
Ensuite, le syndrome démentiel, qui peut amener des symptômes similaires, mais, dans ce
dernier cas l’altération cognitive est souvent irréversible. Les démences générales sont
diagnostiquées par des tests, et le relevé de symptômes cognitifs et/ou comportementaux. Pour
être considéré comme pathologique ces symptômes doivent être problématiques dans le
quotidien et causer un dysfonctionnement social et professionnel. Enfin, l’évolution des déficits
doit avoir un début progressif et un déclin continu (i.e. contrairement à la confusion ou à une
BDA5).
A. Évidence d'un déclin cognitif significatif par rapport au niveau de performance antérieur
dans un domaine cognitif ou plus (attention complexe, fonctions exécutives,
apprentissage et mémoire, langage, perception-motricité ou cognition sociale) reposant
sur :
1. une préoccupation du sujet, d'un informateur fiable, ou du clinicien quant à un
déclin significatif de la fonction cognitive, etc.
2. une altération importante des performances cognitives, de préférence documentée
par un bilan neuropsychologique standardisé ou, à défaut, par une autre évaluation
clinique quantifiée.
B. Les déficits cognitifs interfèrent avec l'indépendance dans les activités quotidiennes (c’est
à dire, au minimum, besoin d'aide pour les activités instrumentales complexes de la vie
5
Bouffée Délirante Aigue (i.e.BDA) : délire psychotique d’apparition brutale et d’emblée maximale.
40
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
quotidienne (i.e. AIVQ) telles que le paiement des factures ou la gestion des
médicaments).
C. Les déficits cognitifs ne se produisent pas exclusivement dans le cadre d'un état
confusionnel délirium.
D. Les déficits cognitifs ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (e.g.
trouble dépressif majeur, schizophrénie).
Lors du vieillissement pathologique, les fonctions exécutives sont également touchées. Celle
qui semble la plus problématique est une atteinte de la mémoire de travail (MT). En effet, elle
amène en premier lieu une diminution importante de la capacité d’encodage, qui rend difficile
l’utilisation des fonctions exécutives nécessaires pour s’adapter aux différentes situations, et
diminue les possibilités d’apprentissage de nouvelles tâches (Belleville, Peretz, & Malenfant,
1996) et l’effet de récence est préservé, mais l’effet de primauté dégradé dans les tâches
d’apprentissage (Spinnler, Sala, Bandera, & Baddeley, 1988).
Les résultats des études semblent également démontrer des difficultés importantes de la
mémoire épisodique concernant les épreuves de rappels ou de reconnaissances (Adam, 2006).
La mémoire rétrospective semble être moins performante dès 60 ans, puis resterait
relativement stable alors que la mémoire prospective serait affectée plus tard, à partir de 70 ans.
Par ailleurs, c’est l’atteinte de la mémoire prospective qui serait davantage problématique pour
l’autonomie car elle affecte les fonctions exécutives comme la capacité à planifier ses actions,
d’ailleurs les patients la considèrent comme plus problématique dans les activités de la vie
quotidienne (Cohen, Dixon, Lindsay, & Masson, 2003; Smith, Del Sala, Logie, & Maylor,
2000).
41
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Cette fonction prospective est fondamentale pour le bon fonctionnement du sujet à domicile
et pour son autonomie car elle est engagée dans toutes activités qui nécessite de différer la
réalisation d’une tâche (e.g. prise d’un traitement plusieurs fois par jour, récupérer le linge dans
la machine, aller à un rendez-vous, préparer le repas, éteindre le four, etc.). D’ailleurs, on
observe une diminution des AVQ et AIVQ lors d’une atteinte de cette mémoire, pour autant il est
difficile de savoir si l’atteinte de la mémoire prospective est la cause ou l’effet des déficits.
Il faut être vigilent lorsque l’on compare les différents résultats d’études, car les méthodes
d’évaluation ne sont pas standardisées et qu’il n’existe pas de consensus. Les épreuves sont alors
effectuées avec des tests différents et n’ont pas forcément de possibilité de comparaison directe
(e.g. niveau de difficultés des épreuves, capacités attentionnelles et de mémoire à court terme
engagé, consignes écrites ou non, etc.). D’autre part, la mémoire prospective est insuffisamment
conceptualisée et semble très liés aux autres mémoires à long terme et aux fonctions exécutives.
Il est alors difficile d’obtenir une mesure précise du degré de déficits de cette fonction.
Des auteurs ont utilisé les techniques de la réalité virtuelle sous la forme de serious game
pour tester les capacités de la mémoire épisodique (Brooks, Rose, Potter, Jayawardena, &
Morling, 2004; Plancher, Nicolas, & Piolino, 2008). Par exemple, les sujets étaient placés dans
un environnement virtuel qui représentait une ville dans laquelle ils devaient se repérer face à des
points de références et effectuer différentes épreuves comme rejoindre un endroit ou réaliser une
action à intervalle régulier (e.g. ouvrir une porte), etc.
Les résultats montrent que grâce à ces systèmes, les auteurs ont pu analyser différentes
fonctions qu’ils ont ensuite comparées aux résultats de tests usuels (e.g. tests de mémoire
épisodique, exécutifs, attentionnels). Ils tirent comme conclusions que les tests effectués par le
biais de la réalité virtuelle sont plus proches d’une approche complète de la mémoire épisodique,
et de la vie quotidienne que l’approche papier / crayon, et enfin que ce type de test permet non
seulement de diagnostiquer plus précisément les déficits, mais qu’il donne également des
possibilités de réhabilitation des fonctions cognitives. Cette méthodologie peut être considérée
comme une approche écologique et donc plus pertinente. Ces systèmes semblent pertinents pour
créer de nouveaux outils d’évaluation cognitive et de réhabilitation chez les sujets âgés.
42
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Les changements liés à l’âge ne peuvent pas être simplement réduits à des changements
d’origine physiologique et biologique, mais ils doivent aussi être rapportés à des changements
psycho-sociaux d’origines diverses et avec des différences interindividuelles importantes.
Concernant le plan psychosocial, on relève que les déficiences ne causent pas seulement des
limitations dans les activités du quotidien, mais entraînent par un effet « boule de neige » des
difficultés sociales nommées « restriction de participation ». L’enquête HID (Ankri &
Mormiche, 2002) montre que les personnes qui souffrent de déficits physiques ou cognitifs
participent moins à la vie de la cité (e.g. prise de décision, culture, loisirs, etc.). Les auteurs
relèvent par exemple 25 % ne vont pas en vacances contre 11.6 % dans la population générale,
25 % n’ont aucune activité de loisir ou culturelle, contre 13 %, etc. Par ailleurs, plusieurs
recherches suggèrent que le lien social est corrélé avec un bon état de santé général (i.e. physique
et cognitif) chez les personnes âgées (Holt-Lunstad, Smith, & Layton, 2010; Rohr & Lang,
2009). Il est donc important de prendre en compte l’évaluation psycho-sociale dans le
vieillissement pathologique, car l’isolement est très présent chez les sujets âgés et il est un
facteur de péjoration de l’état physique et cognitif.
43
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Pour conclure on observe, comme pour le vieillissement normal, que les différents aspects
considérés (i.e. physiques, cognitifs et sociaux) sont étudiés séparément, mais qu’ils sont
complémentaires et entrent en interaction en se potentialisant parfois, ou en se compensant
d’autres fois dans des dynamiques complexes. Par exemple, le fait d’avoir un déficit physique
amènera le sujet vers une socialisation moindre, ce qui provoquera un déclin cognitif (e.g.
manque de stimulation par les conversations, d’apprentissage par les sorties culturelles, etc.). Il
est donc primordial de prendre en compte les déficits de manière globale, pour une meilleure
compréhension des situations, et pouvoir compenser ou pallier de manière efficace et efficiente.
Nous avons relevé dans les chapitres précédents que les personnes âgées sont souvent
atteintes de plusieurs déficits ou pathologies (i.e. polymorbidité, polypathologie), et de ce fait,
elles ont une liste de médicaments souvent importante. La prise de ces traitements
médicamenteux devient alors paradoxalement un autre problème du vieillissement. On observe
qu’environ deux tiers des personnes âgées de plus de 70 ans prennent simultanément plus de cinq
médicaments quotidiennement (Felix et al., 2014). Ces traitements ont parfois un rapport
bénéfice/risque défavorable et/ou une efficacité́ discutable par rapport à d’autres alternatives
thérapeutiques. Cette prise de plusieurs molécules appelée « polymédication ou polypharmacie »
provoque des interactions mal maîtrisées et une « cascade médicamenteuse », c’est-à-dire un
effet vicieux qui consiste à prescrire un médicament pour contrer l’effet secondaire d’un premier
(e.g. réaction d’hypersensibilité, chute, état confusionnel, hypoacousie, diminution sensorielle,
etc.). On observe trois facteurs problématiques dans la prescription :
- l’utilisation abusive « overuse », qui correspond à une prescription trop importante de
médicaments ;
- les usages inappropriés « misuse », qui consistent en une prescription inadaptée ou qui
n’a pas de rapport bénéfice /risque pertinent ;
44
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Actuellement, deux méthodes permettent de diminuer ces risques iatrogènes liés aux
prescriptions médicamenteuses :
- une méthode clinique qui suppose d’administrer le minimum de médicaments, et de
réévaluer régulièrement la prescription en se questionnant sur la pertinence et la
nécessité de la poursuite du traitement;
- une méthode « armée » qui consiste à utiliser des outils, le plus souvent sous forme de
grille, permettant de limiter la prescription des traitements les plus contre-indiqués chez
la personne âgée.
Les deux grilles de références concernant les traitements des personnes âgées sont les
« critères de BEERS », et « la méthode STOPP and START » (Wotquenne, Petermans, &
Scheen, 2006).
Concernant les « critères de Beers », il s’agit d’une liste créée en 1991, qui reprend les
médicaments considérés comme ayant un ratio bénéfice/risque élevé pour les personnes âgées.
Au vu de l’évolution rapide des traitements, ces critères ont été révisés en 1997, 2003, et 2012
(American Geriatrics Society, 2012). La dernière mise à jour (Campanelli, 2012) de cette liste a
été réalisé par une revue systématique. Le résultat final se présente sous forme d’un guideline
permettant une aide à la prise de décision (cf. Tableau 1). Elle classe les médicaments par nom
d’usage, liste leurs effets attendus, ainsi que les raisons pour lesquelles il ne faut pas les prescrire
chez le sujet âgé. Ensuite, elle donne des recommandations divisées en trois catégories :
- la non prescription absolue, qui correspond aux traitements à éviter
- la prescription à éviter en cas de comorbidité ou de contre indication, c’est-à-dire une
prescription qui risque de péjorer certains symptômes présents chez le sujet
- la prescription sous surveillance, il s’agit d’une prescription pour laquelle il faut
s’assurer de certaines précautions (e.g. bilan sanguin régulier, ajustement de la dose,
etc.)
45
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 1. Exemple de la liste des critères de BEERS révisée d’après Campanelli, (2012)
La méthodologie « Start and Stopp » a été mise en place en 2008 (Gallagher, Ryan, Byrne,
Kennedy, & O’Mahony, 2008). Elle consiste en une grille d’évaluation qui classifie les
traitements les mieux tolérés par les personnes âgées ainsi que ceux qui sont les moins adaptés.
Une révision de la grille a été effectuée (O’mahony et al., 2015), ce qui lui permet de prendre en
compte davantage de traitements, et de considérer les nouvelles molécules disponibles et celles
qui ne sont plus valables. Actuellement, la grille propose 115 traitements, soit 80 pour les
critères STOPP (qui représentent les prescriptions inadaptées) et 35 pour les START (qui sont
46
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
les médicaments les mieux tolérés et qui amènent le moins d’effets indésirables). Parmi les
nouveaux critères tirés de revues de la littérature (Dalleur, Lang, & Boland, 2016), nous pouvons
relever l’intérêt pour la vérification et la remise en question systématique des traitements par
benzodiazépines, Z-drugs6, neuroleptiques, et antihistaminiques (cf. Tableau 3), ainsi que les
traitement responsables de chute (i.e. facteur de risque important chez le sujet âgé.) (cf. Tableau
2).
Cette grille est très fonctionnelle, chacun des items est bien défini et expliqué. Elle propose
par ailleurs des alternatives de traitement lorsque cela est possible. Les médicaments sont
organisés par classes médicamenteuses et systèmes organiques, avec respectivement les items :
A. indication de prescription, B. système cardio-vasculaire, C. antiagrégants et anticoagulants, D.
système nerveux central et psychotropes, E. fonction rénale et prescriptions, F. système digestif,
G. système respiratoire, H. système musculosquelettique, I. système urinaire, J. système
endocrinien, K. médicaments majorant le risque de chutes, L. antalgiques, N. charge
anticholinergique .
K2 Un neuroleptique dans tous les cas – (effet sédatif, dyspraxie de la marche, symptômes extrapyramidaux)
K3 Un vasodilatateur (alpha1-bloquant, inhibiteur calcique, dérivé nitré de longue durée d’action, IEC, ARA II)
en présence d’une hypotension orthostatique persistante (diminution récurrente de la pression artérielle
systolique ≥20 mmHg ou diastolique ≥10 mmHg lors de la verticalisation) – (risque de syncopes, de chutes)
Tableau 2. Exemple de l’outil « Start and Stopp » révisé pour le critère K : Médicaments majorant le risque de chutes,
d’après Lang et al. (2015)
STOPP
Section D : Système nerveux central et psychotropes
D1 Un antidépresseur tricyclique en présence d’une démence, d’un glaucome à angle aigu, d’un trouble de
conduction cardiaque, d’un prostatisme/antécédent de globe vésical – (risque d’aggravation par effet
anticholinergique)
D2 Un antidépresseur tricyclique en traitement de première intention pour une dépression – (risque accru
d’effets secondaires
D3 Un neuroleptique à effet anticholinergique modéré à marqué (chlorpromazine, clozapine, flupenthixol,
fluphenzine, pipothiazine, promazine, zuclopenthixol) en présence d’un prostatisme ou d’un antécédent de
globe vésical – (risque de globe vésical)
D4 Un ISRS en présence d’une hyponatrémie (Na+ <130 mmol/l) concomitante ou récente – (risque
d’exacerbation ou de récidive de l’hyponatrémie)
6
Z-drug : groupe de médicaments non benzodiazépine mais qui ont les même effets (e.g. hypnotique,
anxiolytique, etc.) mais aussi une partie des effets secondaire (e.g. accoutumance, sédation, baisse de la vigilance,
etc.). Il s’agit des familles de certains somnifères, ou sédatifs, etc.
47
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
D5 Une benzodiazépine depuis plus de quatre semaines (un traitement prolongé par benzodiazépine n’est pas
indiqué (critère A1) ; risques de sédation, de confusion, de troubles de l’équilibre, de chutes et/ou d’accident de
la route. Après quatre semaines, toute prise de benzodiazépine devrait être diminuéeprogressivement puisqu’il
existe une tolérance de l’effet thérapeutique et un risque de syndrome de sevrage)
D6 Un neuroleptique (autre que la quétiapine ou la clozapine) en présence d’un syndrome parkinsonien ou
d’une démence à corps de Lewy – (risque d’aggravation sévère des symptômes extrapyramidaux)
D7 Un médicament anticholinergique en traitement des effets extrapyramidaux induits par un neuroleptique –
(risque d’effets anticholinergiques)
D8 Un médicament à effet anticholinergique en présence d’une démence ou/et d’un syndrome confusionnel –
(risque d’exacerbation des troubles cognitifs)
D9 Un neuroleptique face à des symptômes psycho-comportementaux associés à une démence, à moins que ces
symptômes soient sévères et que l’approche non pharmacologique ait échoué – (risque accru de thrombose
cérébrale et de décès)
D10 Un neuroleptique pour insomnies (à moins qu’elles ne soient dues à une psychose ou une démence) –
(risques de confusion, d’hypotension, d’effets secondaires extrapyramidaux, de chutes)
D11 Un inhibiteur de l’acétylcholinestérase en présence d’un antécédent de bradycardie persistante (<60 bpm),
de bloc de conduction cardiaque, de syncopes récidivantes inexpliquées, de médicament bradycardisant
(bêtabloquant, digoxine, diltiazem, vérapamil) ou d’asthme – (risque de troubles sévères de la conduction
cardiaque, de syncope, d’accident, de bronchospasme)
D12 Une phénothiazine comme neuroleptique de première ligne (à l’exception de la prochlorpérazine pour
nausées, vomissements et vertiges ; de la chlorpromazine pour hoquet persistant ; de la lévomépromazine
comme antiémétique en soins palliatifs) – (effets sédatifs et anticholinergiques sévères ; des alternatives plus
sûres existent)
D13 La L-dopa ou un agoniste dopaminergique pour des tremblements essentiels bénins ou pour un syndrome
parkinsonien (pas de preuve d’efficacité)
D14 Un antihistaminique de première génération dans tous les cas – (d’autres antihistaminiques plus sûrs sont
disponibles)
START : Section C : Système nerveux central et œil
C1 En présence d’une maladie de Parkinson de forme idiopathique confirmée, responsable d’un retentissement
fonctionnel significatif, de la L-dopa ou un agoniste dopaminergique – (premier choix pour le contrôle des
symptômes)
C2 En présence de symptômes dépressifs majeurs persistants, un antidépresseur non tricyclique (amélioration
des formes sévères de dépression)
C3 En présence d’une maladie d’Alzheimer à un stade léger à modéré (donépezil, rivastigmine, galantamine) ou
une maladie à corps de Lewy (rivastigmine), un inhibiteur de l’acétylcholinestérase (amélioration limitée des
fonctions cognitives)
C4 En présence d’un glaucome primaire à angle ouvert, un traitement topique par analogue des
prostaglandines, de la prostamide ou un bêtabloquant – (diminution de la pression intraoculaire)
C5 En présence d’une anxiété sévère persistante, un ISRS. En cas de contre-indication aux ISRS, un inhibiteur de
la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, ou la prégabaline (médicaments plus appropriés que les
benzodiazépines pour un traitement prolongé)
C6 En présence d’un syndrome des jambes sans repos, après avoir écarté une carence martiale et une
insuffisance rénale sévère, un agoniste dopaminergique (ropinirole, pramipexole, rotigotine) – (amélioration des
symptômes, de la qualité du sommeil et de la qualité de vie)
Tableau 3. Exemple de l’outil « Start and Stopp » révisé pour les critères B. Psychotropes et système nerveux central,
d’aprè Lang et al., 2015)
Toutefois, il faut relever des limites importantes à ces outils. Ils ont, en effet, principalement
des objectifs formatifs et consultatifs et ne revêtent pas de caractère obligatoire ou consensuel.
Par ailleurs, il s’agit d’une grille Américaine, et l’applicabilité directe à l’Europe reste parfois
compliquée et ce pour plusieurs raisons. Les traitements et les protocoles outre Atlantique sont,
d’une part, différents, même s’il semble que les critères de Beers révisés soient mieux adaptés
comparativement au système de soins européens. D’autre part, certains médicaments sont
absents des corpus pharmacologiques européens (e.g. Vidal, Compendium, etc.), et à l’inverse,
48
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
d’autres commercialisés en Europe, sont absents des listes (Lang et al., 2009, 2015). Malgré cela,
ils représentent des méthodes efficientes, qui augmentent la protection contre les erreurs, et sont
donc très appréciés des praticiens.
La liste de Priscus
Enfin, on peut citer un autre outil (i.e. Suisse) : la « liste de Priscus7 » (cf. Tableau 4) qui
s’inspire de la liste de Beers et de la grille Start and Stopp, et tente de les adapter à un contexte
plus Européen. L’avantage de cet outil réside en sa capacité à proposer des traitements
alternatifs. En effet, il fournit la conduite à tenir si le médicament ne peut pas être évité, et donne
des indications dans les cas où le traitement ne doit surtout pas être instauré. Par ailleurs, cette
liste ne considère que les traitements Européens. Néanmoins, l’inconvénient est qu’elle n’est
disponible qu’en allemand, et qu’elle ne fait pas l’objet d’un consensus dans le champ de la
gériatrie européenne.
7
Liste de Priscus consultable à l’adresse : http : / / priscus.net / download / PRISCUS-Liste_PRISCUS-
TP3_2011.pdf
49
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 5. Maladies et médicaments responsables d’hyposmie et d’hypo-ou d’agueusie (liste non exhaustive) tiré de
CNEG (2014)
Enfin, une dernière famille de traitement peut être problématique pour la personne âgée, il
s’agit des anticholinergiques. Ces molécules peuvent être responsables d’une péjoration de l’état
cognitif et d’événements indésirables.
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’évaluation du traitement se fait de la manière suivant (cf. Tableau 6) Une note de 0 à 3 est
affectée à chaque traitement selon « sa charge et son risque ». Ainsi 0 correspond à un risque nul,
et à l’opposé 3 relève un potentiel élevé et donc un risque majeur.
A ce sujet, Fox et al. (2011) ont mené une recherche et ont montré que 20 % des patients
ayant des scores élevés aux échelles de mesure du traitement anticholinergique décédaient dans
les deux ans comparativement à 7% de ceux qui avaient des scores bas.
Pour conclure, l’intérêt de l’étude des effets de la iatrogénie dans notre recherche réside dans
l’analyse des besoins et des possibilités d’utilisation des aides techniques. Nous ne nous
intéressons pas aux causes étiologiques et physiobiologiques fondamentales (i.e.
pharmacocinétiques, insuffisance hépatique, rénale, dénutrition, pharmacodynamie,
automédication, etc.), mais davantage aux résultats observables et mesurables dans la réalisation
de tâches de la vie quotidienne (i.e. AVQ et AIVQ).
C’est pourquoi, une des familles de médicaments très prescrite chez les seniors nous semble
particulièrement importante dans notre travail de recherche : les psychotropes. Cette classe de
médicaments est responsable de nombreux effets secondaires, dont les plus importants sont :
- une baisse de la performance cognitive (e.g. attention, mémoire, apprentissage, etc.) ;
- des troubles du sommeil et une insomnie rebond (i.e. augmentation de la fatigabilité) ;
- des effets de tolérance et une dépendance ;
51
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Ces effets secondaires peuvent entrer en interaction dans l’analyse du besoin et des déficits.
Il faut alors considérer les traitements dans une mesure globale et l’analyser en tant que variable
de pondération.
On considère aujourd’hui qu’aucun de ces modèles n’est suffisant en soi et que la meilleure
explication se trouve quelque part entre les deux. L’OMS (i.e. Organisation Mondiale de la
Santé) tente d’ailleurs d’en faire la synthèse et de mettre en place une approche considérant ces
deux modèles : l’approche « bio-psycho-social » du handicap.
52
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le handicap et le vieillissement sont deux notions proches mais qui ont chacune des
particularités, des spécificités et des différences. Pour autant, elles ont certains traits en commun
et peuvent aboutir à des résultats et des situations identiques et comparables lorsqu’on les mesure
face à l’environnement. En effet, même si le vieillissement n’est pas un phénomène invalidant, il
est néanmoins vrai que le risque de se retrouver dans des situations de handicap augmente avec
l’âge.
Dans un but d’éclaircissement, nous allons définir le terme de « handicap » tel qu’il sera
utilisé dans ce travail.
53
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
pour des critères physiologiques, sociaux, idéologiques, physiques, économiques, matériels, etc.
Ce qui crée cette situation est souvent en lien avec l’environnement, le moment, l’interaction, les
personnes, le lieu, etc. et pas seulement avec une spécificité ou un déficit physique ou cognitif.
En 1980, Wood formalise le handicap et le définit selon trois critères, qui donneront
naissance à la CIDIH (i.e. Classification Internationale des Déficiences Incapacités et
Handicaps) :
- d’abord la déficience, qui peut être psychologique, physiologique ou anatomique. Il
s’agit d’une lésion (e.g. blessure, amputation, maladie psychiatrique, etc.), et/ou du
dysfonctionnement d’un organe et/ou d’un membre et/ou du cerveau. Cependant, la
déficience peut ne pas entraîner de conséquences fonctionnelles (e.g. nanisme,
difformité esthétique, autisme d’Asperger, etc.).
- ensuite l’incapacité, qui apparaît lorsque la déficience amène une ou des conséquence(s)
sur le plan fonctionnel. Il en résulte une réduction qui peut être totale ou partielle (e.g.
faire ses auto-soins, s’habiller, ou encore dépendance à une pompe à insuline ou un
pace maker, etc.). Il s’agit alors de l’expression de la déficience en termes de fonctions
ou de performances restreintes.
- enfin le désavantage, il s’agit du handicap comme on pourrait l’entendre de manière
générale. Cette notion est surtout sur le plan de l'insertion sociale, scolaire ou
professionnelle et découle non seulement de l’incapacité, mais aussi de l’environnement
matériel, social et de facteurs individuels (e.g. résilience ou vulnérabilité). Le
désavantage social d’un individu est le préjudice découlant de sa déficience et de son
incapacité, et qui limite ou empêche l’accomplissement d’un rôle considéré comme
normal (cf. Figure 5).
Figure 5. Formalisation de la CIDIH, d’après "fragilité de la personne âgée : évaluation gériatrique » (Chieri, 2014)
http://slideplayer.fr/slide/3523005/
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Prenons un exemple concret. Nous avons noté précédemment que 60 % des personnes de
plus de 65 ans souffrent d’arthrose des doigts, dont le pouce (Berenbaum, 2012). Cette
problématique provoque une perte importante de la force de préhension de la main, ce qui amène
une déficience. Cette dernière est responsable d’une incapacité au cours des repas ou d’activité
de bricolage (e.g. utilisation d’outils comme des couverts, ou un tournevis, etc.). Si l’autre main
est fonctionnelle et/ou si la personne peut utiliser des outils adaptés (e.g. aide technique) (cf.
Figure 6), cette incapacité n’amènera pas de désavantage. Par contre, si cette incapacité oblige à
une aide humaine, alors elle est source de désavantage et de handicap.
Figure 6. Exemple d'outils ergonomiques mis en place lors d'arthrose du pouce chez des personnes âgées, tiré de
www.saint-romain-sa.com
Un exemple par l’inverse peut aussi être parlant pour étayer notre propos, c’est celui des
sportifs « handicapés ». Ces derniers ont une déficience corrigée n’amenant pas d’incapacité ou
de désavantage, il s’est même avéré qu’elle puisse amener un avantage (i.e. polémique autour du
coureur Oscar Pistorius). En effet, le sprinter Oscar Pistorius avait un avantage lors des
épreuves sportives, en termes de vitesse sur les autres sportifs valides grâce à ses prothèses (cf.
Figure 7).
Figure 7. Victoire du coureur handicapé Oscar Pistorius, d’après The Courier mail, 15 février 2013
55
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Par la suite, plusieurs critiques vont être formulées à l’égard de la classification CIDIH :
- une orientation trop importante sur un modèle médical et une classification reliée
directement à la pathologie, alors que l’on peut être en situation de handicap (i.e.
désavantage) sans pour autant être malade ;
- une description en des termes négatifs ;
- une insuffisance du modèle pour expliquer le handicap.
Ces critiques ont donné lieu à l’élaboration d’une autre conception du handicap avalisée par
l’Organisation Mondiale de la Santé (World Health Organization, 2001) qui révise et enrichit la
CIDIH, afin d’insister sur le rôle de l’interaction entre les possibilités d'un individu et son
environnement dans la situation de handicap. La CIDIH est alors remplacée par la CIF (i.e.
Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé). Ce nouveau
modèle met l’accent, non plus sur l’étiologie (i.e. la cause) du handicap, mais sur la notion de
« fonctionnement », ainsi que sur l’aspect dynamique de la situation.
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Cette approche nous semble intéressante pour notre travail, car elle ne considère plus le
handicap comme la conséquence ou la suite d’une pathologie, et ne le réduit pas à la perte ou à la
diminution d’une ou plusieurs fonctions, mais le met en adéquation avec l’environnement au
sens large (i.e. pas seulement matériel) qui peut être plus ou moins facilitant. C’est pourquoi une
classification du handicap selon ce modèle ne se ferait pas tant au travers de handicap physique,
cognitif, visuel, auditif, etc. mais plutôt en lien avec le caractère plus ou moins adapté, facilitant
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
et aidant de l’environnement. Ainsi, pour un même déficit, on ne sera pas handicapé de la même
manière selon l’aménagement de l’environnement technique, technologique et social et donc
selon le lieu, la ville, le pays, etc.
Cette vision est importante et semble remettre en cause un postulat essentiel des soins dans
les situations de handicap. En effet, si la majorité des acteurs médico-sociaux semble centrer leur
prise en charge sur les déficits physiques et/ou cognitifs, une vision axée sur la CIF donne une
place à l’analyse de l’environnement. L’objectif ne sera plus seulement de constater et/ou de
mesurer la perte plus ou moins irréversible d’une fonction, mais d’étudier le milieu et
l’environnement.
Si l’environnement prend une place si importante, il faut pouvoir l’améliorer et donc être en
capacité de l’évaluer par un outil standardisé et validé, en prenant en compte les produits et
systèmes techniques, l’environnement naturel et les changements apportés par l’homme, les
soutiens et les relations, les attitudes, les services, les politiques publiques, etc. Ce modèle nous
amène à constater le rôle primordial que peut prendre l’ergonomie, en tant qu’acteur important
de la gérontologie dans la mesure et dans l’aménagement physique et cognitif de
l’environnement.
Pour conclure, le modèle de la CIF modifie le regard porté sur le handicap et relève
l’importance du rôle de l’environnement. On peut mentionner le travail de Vanderheiden (2000)
cité par Brangier et Barcenilla (2003) qui développe l’idée « d’interaction ordinaire » et «
d’interaction extraordinaire » (cf. Tableau 7) afin de montrer que des personnes ordinaires (i.e.
sans handicap ou déficience) peuvent se trouver dans des contextes extraordinaires (e.g.
conditions de travail inadaptées, milieu difficile d’accès, etc.), et des personnes extraordinaires
(e.g. souffrant de déficits) se trouver dans des contextes ordinaires (e.g. lieux accessibles, etc.).
Par conséquent, cet exemple souligne l’intérêt de la CIF et soutient que le handicap est complexe
et que ce sont parfois les situations qui sont handicapantes. Ainsi, tout un chacun pourrait être
dans des situations de handicap temporaire.
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 7. Situation de handicap relative à des personnes sans déficits, d’après Brangier et Barcenilla (2003) et
adapté de (Vanderheiden, 2000).
Cependant, il est important d’opérer encore une spécification suite à ces notions relatives
aux handicaps et de savoir si, malgré le désavantage, la personne reste indépendante ou si elle
perd de son autonomie.
Comme nous avons pu le constater, le handicap – qu’il soit dû à des difficultés physiques,
cognitives, à l’environnement, ou à une interaction plus ou moins complexe des trois – peut
amener des limitations pour l’accomplissement de certaines activités. Cet état sera alors associé
aux notions de dépendance et de perte d’autonomie.
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
La dépendance, quant à elle, est l’impossibilité partielle ou totale d'effectuer des activités et
de s'adapter à son environnement sans l’intervention d’une tierce personne. Ces difficultés
peuvent toucher les domaines physiques ou sociaux. La dépendance est le plus souvent en lien
avec des aspects de limitations physiques.
Il existe plusieurs outils pour évaluer le niveau de dépendance. Pour objectiver cette notion
nous utiliserons deux échelles qui font office de référence : l’échelle de Lawton (1975) qui
mesure les actes de la vie quotidienne avec les notions d’AVQ (i.e. Activités de la Vie
Quotidienne), et d’AIVQ (i.e. Activités Instrumentales de la Vie Quotidiennes), ainsi que
l’échelle de Barthel (1965).
L’échelle de Lawton
L’échelle de Lawton mesure les activités de la vie quotidienne (AVQ) et les activités
instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ), qui sont considérées comme des actes
fondamentaux dont découle l’autonomie. Les AVQ sont fortement liées aux difficultés physiques
et cognitives, et permettent l’évaluation du degré d'autonomie (e.g. se déplacer, se nourrir, faire
ses soins d’hygiène, etc.). Les AIVQ sont, quant à elles, le prolongement des AVQ, mais
nécessitent l’utilisation d’outils ou d’objets (e.g. le téléphone, les ustensiles de cuisine, les
moyens de transports, la prise des médicaments, etc.) (cf. Tableau 8).
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 8. Echelle des activités instrumentales de la vie quotidienne - Test de Lawton (1975)
La notation se fait en évaluant les huit parties de la grille, et en donnant pour chacune d’elles
une note de 1 à 4. Un résultat de 1 représente le plus haut niveau de performance dans l’activité,
et à l’inverse 4 le plus bas. Une note globale de 8 correspond à un degré d’autonomie conservé.
61
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
smartphone, la tablette, etc.) n’est pas clairement envisagée, alors qu’elles pourraient être une
aide et augmenter l’indépendance. Par ailleurs, l’évaluation ne considère pas non plus
l’environnement ou les stratégies de compensation, qui eux aussi peuvent pondérer la mesure
chez un sujet âgé. Enfin, cette échelle évalue surtout des indicateurs de types comportementaux
liés aux activités physiques, et doit donc être complétée avec d’autres outils qui mesureraient
aussi les activités intellectuelles et cognitives.
En revanche, on peut accorder à cette grille d’être peu onéreuse, facile d’utilisation et
d’interprétation simple.
L’échelle de Barthel
L’autre échelle qui tente de mesurer le niveau d’autonomie, est celle de Barthel. Elle repose
sur une liste de dix items qui sont respectivement : le déplacement, l’escalier, le transfert lit-
fauteuil et bain/douche, l’habillement, les soins personnels, l’alimentation, la continence fécale et
urinaire, et l’utilisation des toilettes (cf. Tableau 9).
62
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Par rapport à l’échelle de Lawton, on remarque que le degré d’autonomie est plus précis, et
les mesures sont plus fines (e.g. niveau d’aide requis, temps, distances, etc.). On peut malgré
cela faire les mêmes reproches que la grille précédente concernant l’auto-déclaratif, ou l’absence
d’évaluation cognitive qui sont pourtant importantes dans notre population.
Par ailleurs, d’autres critiques peuvent concerner les deux échelles. D’une part, les
observations doivent être faites sur plusieurs périodes, ce qui peut être chronophage pour les
soignants, et les échelles peuvent prendre plusieurs jours pour être complètes (e.g. observer
comment il s’habille, comment il s’alimente, etc.). D’autre part, la standardisation et les
possibilités de comparaison sont faibles pour deux raisons :
- aucune des échelles ne prévoit de méthode d’administration précise (e.g. entretien
précis, questions ou épreuves) ;
- au niveau de la notation, le score obtenu est général, et une note similaire peut renvoyer
à des déficits fonctionnels différents.
Ensuite, l’addition des maladies (i.e. pluripathologies, polymorbidité) et des traitements s’y
référant (i.e. polymédication) amène encore une difficulté supplémentaire et aggrave la situation
de dépendance. Par exemple, une chute amenée par un déficit sensoriel est susceptible de
s’ajouter à une maladie ostéo-articulaire avec un risque de séquelle. Le sujet aura des difficultés
de rétablissement à cause d’une ostéoporose (i.e. capacités physique) et/ou de malnutrition, et les
traitements antalgiques (e.g. opioïde) pourront produire des effets secondaires comme de la
somnolence, des troubles de l’attention, des troubles visuels, etc. (i.e. capacité cognitive). Le
sujet sortira moins et risque d’être désocialisé (i.e. capacité sociale). Or, ces aspects ne sont pas
pris en compte.
La dépendance ne peut pas être envisagée comme une notion binaire (i.e. dépendant vs
indépendant), mais doit être abordée comme un concept complexe du vieillissement qui se
décline en plusieurs étapes et sur plusieurs niveaux. D’ailleurs, il est difficile, avec un public de
personnes vieillissantes, de donner un diagnostic « dépendant » ou « autonome ». L’évaluation
est souvent à nuancer. Cette situation nous oblige à prendre en considération la complémentarité
des aspects physiques, cognitifs et sociaux, dans l’analyse et le diagnostic des besoins des
seniors.
63
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Enfin, la définition d’une notion comme la dépendance est amenée par différents acteurs,
médicaux, sociaux (i.e. gérontologie), mais aussi par le pouvoir juridique et politique. La loi fixe
nos droits et nos obligations, c’est pourquoi, nous devront également être attentifs aux aspects
juridiques qui encadrent le handicap.
Nous ferons dans ce chapitre une synthèse générale de l’évolution législative concernant le
handicap, en prenant en considération les lois qui concernent plus particulièrement la personne
âgée en situation de handicap.
La première loi qui a tenté de donner un cadre législatif au handicap est celle du 30 juin
1975 qui se décline en deux parties :
- la loi 75-535 (1975a), qui réglemente la formation des professionnels de la prise en
charge des personnes handicapés et organise le secteur médico-social ;
- la loi 75-534 (1975b), qui fixe deux axes : le rôle et la responsabilité des pouvoirs
publics en matière de prévention, de soins et de diagnostic des handicaps ; et de
nouvelles obligations d'accèssibilités pour les personnes handicapés aux lieux et aux
bâtis afin de pouvoir acceder à l’emploi ou à l’éducation (e.g. à domicile, poste de
travail, école, etc.).
Ces deux lois du 30 juin 1975 ont vocation à inscrire la prise en compte du handicap dans la
vie quotidienne de la société française et à affirmer le respect du principe d'égalité dans certains
domaines, en leur facilitant l'accès aux institutions de la République (e.g. établissements et
services publics, etc.), à l'éducation et à l'emploi. Ce travail fait, il faudra néanmoins attendre 25
ans pour que le législateur puisse définir le handicap.
Le 25 janvier 2000, Lionel Jospin, alors premier ministre, présente un « plan d’accès des
personnes handicapées au milieu de vie ordinaire ». La loi du 30 juin 1975 est alors abrogée au
bénéfice de l’ordonnance du 21 décembre 2000. Cependant l’application de ces dispositions est
longue, et la compréhension est complexe. D’ailleurs, elles sont dispersées dans sept Codes
différents, ce qui complique l’action et la recherche d’information (Ordonnance n° 2000-1249,
2000).
64
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Ces critiques ont amené une nouvelle réflexion législative qui a mené à l'adoption de la loi
du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées » (Loi n° 2005-102, 2005). Cette loi marque la refonte de la politique du
handicap par sa vocation de reconnaissance universaliste du handicap, fondée sur l'idée de l'accès
à tout pour tous, insérant les personnes handicapées dans une démarche citoyenne participative ;
les rendant ainsi acteurs et non plus spectateurs de leur propre destin. Cette loi définit d'abord le
handicap aux termes de l'Article L114 du Code de l’action sociale et des familles :
Nous pouvons ajouter à cette définition celle de l’incapacité, à laquelle le législateur confère
trois points essentiels (Code civil - Article 425, 2007) qui sont aussi important pour cadrer les
difficultés du vieillissement :
- l’ impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts ;
- l’altération des facultés médicalement constatée ;
- et de nature à empêcher l’expression de sa volonté.
65
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
D'abord, cette loi, du 28 décembre 2015, montre que la société française n'est pas adaptée au
vieillissement de sa population et propose à travers ces articles des objectifs pertinents dans le
cadre de notre travail :
- améliorer l'accompagnement des personnes âgées pour lesquelles on constate une perte
d'autonomie (e.g. mise en place de technologie) ;
- favoriser l'anticipation sur la perte d'autonomie (e.g. méthode de diagnostic précise,
valide avec des capacités de prédiction, etc.) ;
- établir des mesures en faveur de l'innovation dans l’habitat despersonnes âgées pour
favoriser le maintien à domicile (e.g.habitat colectif, recherches et études sur le smart
home, la domotique et évaluation par des senior living lab, etc.) ;
- prévoir des dispositions spécifiques concernant le respect des droits des personnes âgées
(e.g. droits des personnes agées, des aidants et devoir des professionnels de la
gérontologie, etc.)
- renforcer l'aide financière par l’Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA), l'aide à
domicile, les mesures d'accueil familial et le soutien des proches aidants
Cette loi de 2015 amène deux avancées importantes. Dans un premier temps, elle crée le
statut du "proche aidant" (i.e. aidant naturel) qui peut être :
« Le conjoint, partenaire pacsé, concubin, parent ou allié, personne vivant avec elle, ou
entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui vient en aide de manière régulière, à titre
non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou activités de la vie
quotidienne » (Code de l’action sociale et des familles - Article L113-1-3, 2015).
Dans un second temps, elle offre un accès à la formation professionnelle. Dans ce but,
plusieurs dispositions de la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 renforcent le statut des
accueillants familiaux, et de l’aidant, et tentent de le professionnaliser. Cependant, on peut se
demander si en cette période de crise économique et de vieillissement important de la population
française, il ne s’agirait pas d’une volonté politique inavouée de recentrer la prise en charge de la
personne vieillissante et souffrant de handicap sur le cercle familial et les structures privées ? En
se basant sur l’exemple d’un pays vieillissant ayant fait le choix de ne pas faire appel à
l’immigration comme le Japon, on remarque que les membres de la famille sont formés et
considérés comme des soignants potentiels (Gondo, 2006). Cela peut soulever certains
problèmes puisque l’état délègue une part des responsabilités pour lesquelles il s’était engagé 20
ans auparavant. La responsabilité médico-sociale revient aux familles, qui, malgré une formation
courte ne peuvent, et ne doivent pas s’improviser soignant. Enfin concernant les accueillants
familiaux, beaucoup de difficultés ont été relevées (i.e. mauvaises conditions d’accueil,
maltraitance, etc.) car le vieillissement devient alors une opportunité commerciale et non plus un
problème de santé publique.
66
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
On peut considérer que les lois de 2005 et 2015 sont assez complémentaires puisque celle de
2005 s’affaire surtout à considérer la personne souffrant du handicap, et que celle de 2015 se
concentre sur l’environnement de la personne en perte d'autonomie, ce qui peut rappeler
l’évolution de la perception du handicap dans notre société (i.e. Classification Internationale du
Fonctionnement, du handicap et de la santé).
Enfin, le problème du vieillissement reste complexe car de toute évidence, il faudra, dans un
avenir proche, pouvoir assurer l’hébergement de la population en fonction de ses besoins et non
plus en fonction de ses moyens. Ce qui nous amène à devoir recueillir leurs besoins, les
organiser, les analyser, et les diagnostiquer de manière fiable et précise.
Le dépistage des difficultés des personnes âgées (e.g. fragilité, pathologie, dépendance,
autonomie, etc.) passe par une évaluation approfondie et globale. Cette exigence doit permettre
d’explorer de manière systématique et standardisée les fonctions, les déficits et les habilités des
adultes âgés (e.g. force, mobilité, thymie, mémoire, attention, perception, etc.).
L’objectif de cette section est de recenser les outils d’évaluation de la personne âgée qui
répondent à plusieurs impératifs :
- être pertinent et souple pour s’adapter aux différents contextes de vie des sujets ;
- être assez exhaustif et holistique dans la liste des critères évalués afin d’apprécier le
sujet dans sa globalité et sa complexité et, dans le meilleur des cas, pouvoir donner des
éléments prédictifs ;
- juger de l’évolution du sujet et mesurer l’apport des compensations thérapeutiques,
techniques, technologiques ou humaines proposées, ainsi que l’environnement ;
- être interdisciplinaire et efficient dans le but de faciliter l’approche gérontologique des
différents professionnels.
Ces différents critères nous ont permis de présélectionner quelques outils de référence.
L’étude et la comparaison de ces outils ont pour objectif d’observer leurs avantages ainsi que
leurs inconvénients, afin de pouvoir s’en inspirer ou tenter modestement d’apporter des
propositions d’amélioration de leurs performances.
On observe que les sciences médico-biologiques ont cherché très tôt à optimiser leurs
méthodes de diagnostics cliniques traditionnelles, pour les rendre plus pertinentes, plus fiables, et
67
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
plus efficientes. D’ailleurs, le modèle médical s’est approprié de manière conséquente la pose de
diagnostic dans la majorité des domaines concernant l’homme. L’expression de « méthode
clinique » n’y échappe pas et renvoie presque naturellement au champ de la médecine. Ainsi, en
psychologie du travail et en ergonomie, ce terme ne fait pas partie du langage courant. Pour
autant, selon Clot et Leplat (2005), l’analyse de l’activité, qui occupe une place de choix pour les
deux disciplines, entretient une étroite relation avec cette méthode. Favez-Boutonnier (1986)
relève également que cette méthode n’est pas réservée aux personnes malades ou en difficulté,
mais à tout individu que l’on souhaite observer dans une situation particulière afin de
comprendre, d’analyser ou de tirer des observations dans un but donné. Ainsi l’ergonomie peut,
selon ces auteurs, se revendiquer assez facilement de cette méthode pour diagnostiquer les
habilités, les déficits et les besoins des personnes âgées.
Pour compléter cette définition, le Collège National des Enseignants de Gériatrie (2014, p.
108) définit les possibilités d’évaluation des déficits de cette population en situation de
dépendance, en proposant de regrouper les observations, et de les transformer sous forme
quantitative, dans l’optique d’obtenir des résultats comparables, de diminuer la perte
d’informations ainsi que la subjectivité :
68
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le modèle de CGA a été élaboré par Warren (1947) qui observe une évolution favorable des
sujets âgés lors de la mise en place d’une évaluation clinique. L’auteur considère trois aspects
dans l’utilisation d’une méthode d’évaluation dans la prise en charge du sujet âgé :
2. les personnes âgées ont besoin d’une approche diagnostic spécifique et plus complète
que celle d’un public plus jeune ;
3. toute admission en unité de long terme doit être précédée d’une évaluation médicale et
psychosociale, et d’une tentative de rééducation.
Par la suite, Epstein et al. (1990) reprennent ces conclusions et enrichissent le concept de
CGA en ajoutant les notions de multidimensionnalité et d’interdisciplinarité dans le processus de
diagnostic, en s’éloignant alors de la vision « gériatrique » pour une orientation plutôt
« gérontologique ». L’évaluation ne se limite plus à la prise en charge médicale, ni même
d’ailleurs à un quelconque corps paramédical seul, mais plutôt à une évaluation dans
l’interdisciplinarité. D’ailleurs, Oliver (2008) considère que la CGA consiste en « un processus
69
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’EGS est également un processus de diagnostic qui vise à une évaluation pluridisciplinaire,
globale, et la plus holistique possible de la personne âgée, en tenant compte aussi bien de son
aspect biophysiologique que d’autres aspects sociaux et fonctionnels, afin de permettre une prise
en charge cohérente sur le long terme. Ce concept d’EGS est américain et a été élaboré dans les
années 80, suite à l’observation de certains problèmes de santé communs à la personne âgée
comme la dépression, la dénutrition, et les troubles cognitifs, qui étaient corrélés à des problèmes
sociaux comme la solitude ou les soins inadéquats. En effet, certaines manifestations
problématiques de la santé de la personne âgée ne sont pas des manifestations habituellement
observées lors de diagnostic standard (e.g. évaluation fonctionnelle, réseau social, évaluation de
l’environnement, etc.). Pourtant, elles peuvent être des prodromes et des indicateurs d’une
altération de l’état général ou de la perte de l’autonomie (cf. section 1.1) et ne sont souvent, pas
ou tardivement identifiées (cf. Tableau 10). Le Deun et Gentric (2004) considèrent à ce propos
que la prise en charge des problèmes sociaux s’ils étaient détectés suffisamment tôt, permettaient
d’améliorer l’état général de la personne.
- comorbidités et maladies sévère
Condition physique
- prescription médicamenteuse
(médical) - nutrition
- troubles cognitifs
Condition de santé
- troubles de l’humeur et anxiété
mentale
- craintes
- fonctions de bases telles que la mobilité et l’équilibre
Evaluation fonctionnelle - AVQ et AIVQ
- Rôle de vie important pour le patient
- soutien informel offert par la famille, le réseau plus large d’amis et de
Réseau social contacts, et les soins statutaires
- ressources socio-économiques
- logement : confort, installations et sécurité
Evaluation de - utilisation de technologie d’aide ou d’assistance
l’environnement - moyens de transport
- accessibilité aux ressources locales
Tableau 10. Récapitulatif des domaines de santé évalués par la méthode de Comprehensive Geriatric Assessment,
d’après deWelsh, Gordon et Gladman (2014)
Ces méthodes ont plusieurs avantages dans l’évaluation. Tout d’abord, la mesure est globale
et réalisée dans la pluridisciplinarité. Le plus souvent : un médecin (i.e. pour le traitement), un
infirmier (i.e. pour les soins), un psychologue (i.e. pour l’évaluation cognitive), un
8
L’intégralité du texte peut être consultée sur le site de la « British Society of Gerontology » : https: / /
www.britishgerontology.org / DB / gr-editions-2 / generations-review / the-british-geriatrics-society-at-60.html
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
ergothérapeute (i.e. pour les activités, les aides et les appareils), et un kinésithérapeute (i.e. pour
le travail de mobilité, d’équilibre, et des transferts). Cette approche donne au diagnostic un
aspect pluridimensionnel (i.e. physique, physiologique, cognitive, psychosocial, fonctionnel,
etc.). Par ailleurs, nous pourrions encore ajouter un ergonome, pour l’analyse de l’environnement
et des propositions des pistes de solutions techniques (i.e. amélioration de l’autonomie et de la
rééducation), qui pourrait être une force de propositions de solutions, non seulement pour le
sujet âgé, mais aussi pour le soignant ou l’aidant (i.e. ergonomie, port de charge, organisation
du travail, etc.). Ensuite, l’équipe pluridisciplinaire devra se rencontrer pour discuter et mettre en
place des solutions sur du long terme, ce qui conduit à une réflexion et un travail où chacun
amène son expertise. Les solutions proposées sont alors plus complètes, plus cohérentes et sont
réévaluées.
Toutefois, les méthodes CGA et EGS ne sont pas des outils en soi, mais fournissent un
processus itératif dans lequel l’évaluation va gagner en précision par l’utilisation de grilles
validées et standardisées (e.g. AVQ, AIVQ, échelle de dépression gériatrique, Mini Nutritional
Assemssement, les échelles de qualité de vie, MMSE, etc.) (cf. Tableau 11). Cette mesure
permettra alors de faire des comparaisons inter et intra individuelles, seulement dans le cas où les
mêmes outils sont utilisés. Dans le cas inverse, la comparaison devient difficile. Il faut alors un
accord concernant les outils en fonction des dimensions évaluées.
Syndrome
Test court Test plus complet
gériatrique
Tableau 11. Exemple de grilles et méthodes d'évaluation gériatrique standardisée et des syndromes gériatriques qu’ils
évaluent
71
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
De nombreuses études ont comparé les approches standards par rapport à une méthode
CGA, et nous en relevons quelques-unes :
Une première méta-analyse (Stuck, Siu, Wieland, Rubenstein, & Adams, 1993) suggère une
baisse significative de la mortalité des patients ayant bénéficié du modèle CGA (cf. Figure 9).
Figure 9. Courbe de mortalité à 1 an pour l’évaluation CGA VS groupe contrôle tiré de Stuck, et al., 1993.
Une seconde, plus récente (Kuo, Scandrett, Dave, & Mitchell, 2004) comparant les
bénéfices de l’évaluation par la CGA chez des patients hospitalisés ou à domicile, conclut de
nouveau à une diminution de l’apparition des déficits précoces et de la mortalité. Toutefois,
l’étude souligne que la CGA est moins efficace pour les patients à domicile que pour ceux
hospitalisés.
9
Odd Ratio : modèle statistique qui permet d’évaluer le risque de survenue d'un événement dans un groupe par
rapport à l’autre. Le plus souvent, un groupe est exposé au facteur de risque et l’autre groupe sert de témoin. L’OR
72
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Pour conclure, la CGA a des avantages et des limites. Tout d’abord, elle permet aux
professionnels d’avoir un langage commun et de se baser sur la même unité de mesure (déficits /
habilités). Néanmoins, elle ne fournit pas en elle-même de propositions de thérapies ou de
possibilités compensatrices ou palliatives. En ce sens, elle reste un constat qui dépend alors des
solutions qui seront mises en place par l’équipe pluridisciplinaire. Ensuite, même si la preuve de
son apport en structure hospitalière semble bien démontrée, les données sont plus nuancées quant
à son utilisation en ambulatoire, ou à domicile (Baztán, Suárez-García, López-Arrieta,
Rodríguez-Mañas, & Rodríguez-Artalejo, 2009 ; Rolland et al., 2002; Welsh et al., 2014). On
peut relever comme raison principale à cette limite, la difficulté à réunir les différents
professionnels en dehors du contexte hospitalier.
Cette limite pourrait être palliée par une technologie informatique, avec une interface de
travail en réseau, qui fournirait certains avantages. Cet outil permettrait aux différents
professionnels d’avoir un travail coordonné, synchrone, avec les mêmes unités de mesure, sans
avoir besoin de se rencontrer physiquement. Par ailleurs, l’évaluation pourrait être faite en
n’importe quel lieu (e.g. à domicile, à l’extérieur, sur le lieu de vie ou d’activité, en structure, en
maison de retraite, etc.). Enfin, les possibilités de résultats pourraient être améliorées et plus
élaborées (e.g. statistiques, comparaisons, etc.) et accessibles quasiment en n’importe quel
endroit (e.g. internet).
En cela, un autre modèle semble pertinent et pourrait être couplé à celui de la CGA : les
Tests Point-Of-Care (POCT).
Les POCT sont développés par les disciplines de médecine de laboratoire (i.e. chimie,
biologie, etc.), et sont basés sur des tests biologiques, sériques ou physiologiques (e.g. glycémie
capillaire, gaz du sang, Numération Formule Sanguine, test de drogue sérique ou urinaire,
autotest VIH, test de grossesse, etc.). Il s’agit de tests diagnostics qui ont la possibilité d’être
réalisés en n’importe quel lieu : domicile, extérieur, hôpital, et d’obtenir un résultat immédiat et
facilement compréhensible. Ces tests sont des systèmes de diagnostic qui se veulent efficients et
fiables. Ils ne nécessitent pas de matériel complexe de laboratoire ou de connaissances
approfondies d’analyse, ce qui leur permet d’être utilisés par différents professionnels. Un
exemple connu de système POCT est celui qui permet aux personnes souffrant de diabète de
Approximation du Risque Relatif mais se calcul grâce à une cote (cote du groupe intervention / cote du groupe
contrôle).
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
surveiller la glycémie capillaire10. Le système est efficient et simple, ce qui lui permet d’être
utilisé et interprété par le patient lui-même après une courte formation (cf. Figure 10).
Figure 10. Utilisation d’un lecteur de glycémie capillaire par le patient, tiré de http://www.prodijee.com/walk-to-work-
for-diabetes/
Ces trois qualités (i.e. (1) peu de matériel, (2) multitude des lieux d’administration et (3)
facilité de lecture des résultats) permettent de prendre des décisions rapides et de travailler en
pluridisciplinarité de façon synchrone. De plus, les possibilités de diagnostic sont décentralisées
des laboratoires et cela donne des possibilités exponentielles en termes de lieux d’observation et
d’analyses écologiques de l’activité.
Par ailleurs, les possibilités des POCT ne semblent plus seulement biologiques et
physiologiques. En effet, au vu de l’évolution des TIC, il est possible de reprendre ce type de
métrologie pour des tests physiques, cognitifs, etc., ce qui peut être intéressant dans le cadre de
l’évaluation gériatrique standardisée, et semble être une bonne alternative pour l’amélioration du
modèle clinique. Effectivement, certaines possibilités d’ « actimétrie11 » permettent d’avoir des
informations essentielles au diagnostic, de manière synchrone, efficiente, non invasive et
financièrement abordable (e.g. oxymétrie, pouls, fréquence cardiaque, déplacement,
occulométrie, vidéo, podomètre, etc.). De plus, les possibilités offertes par les TIC rendent
possible le regroupement, le traitement et l’analyse de données complexes quasiment en tout lieu
et de manière instantanée (e.g. internet, montre connectée, système de holter, algorithme intégré,
etc.), ce qui est une aide importante à la prise de décision. Enfin, le modèle POCT propose que le
test de diagnostic puisse être passé sur le lieu de vie du patient, ou du moins au plus près. Cette
vision amène un changement radical dans la prise en charge, puisqu’elle contraste avec la vision
10
Glycémie capillaire : technique de mesure du sucre dans le sang, effectuée par le prélèvement d’une petite
quantité de sang et mesurée à l’aide d’un glucomètre.
11
Nous entendons l’actimétrie au sens de toutes technologies de mesure et d’enregistrement à l'aide de
dispositifs et capteurs technologiques qui permettent de quantifier de manière non-invasive l’activité d’un sujet.
74
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
ancrée du diagnostic des personnes âgées, posé dans un lieu médical ou spécialisé (i.e.
laboratoire, hôpital, cabinet, centre mémoire, senior livinglab, etc.).
Une étude (Howick, et al., 2014) montre un engouement certain des professionnels pour
cette méthode : ils ont une intention d’utilisation élevée, et ils apprécient la standardisation, la
protection contre les erreurs et l’augmentation de l’efficience que fournissent ces systèmes
POCT. D’ailleurs, selon Kost (2002, p. 5), les objectifs de la méthodologie POCT sont :
Par contre, il est capital dans la recherche de choisir des mesures qui reflètent l’image la plus
représentative des variables à l’étude. Ces mesures lorsqu’elles sont prises à l’aide d’un
instrument doivent être vérifiées et vérifiables. Il est alors important de pouvoir rechercher des
qualités métrologiques élevées (i.e. sensibilité / spécificité et validité / fidélité), et de garder un
point de vue critique quant à leurs méthodes et leurs contextes d’élaboration, afin de ne pas
utiliser un test biaisé pour un panel de sujets.
Il existe actuellement certains outils qui permettent de coter et d’évaluer les problématiques
liées au vieillissement. Cependant ils n’évaluent pas les mêmes dimensions, n’utilisent pas les
mêmes unités de mesure, ils sont le plus souvent passés en structure hospitalière et ne sont pas
accessibles par tous. Ces tests sont alors limités dans la généralisation et le transfert des résultats,
ainsi que dans l’interdisciplinarité entre les différents acteurs. Nous présenterons dans cette
partie différents outils de référence, sélectionnés afin de les comparer, et d’observer leurs
avantages et leurs inconvénients.
Deux modèles font consensus, celui de Fried (Fried et al., 2001) et celui de Rockwood
(Rockwood et al., 2005). Nous explorerons dans ce chapitre ces deux méthodes, ainsi que
d’autres qui en sont proches.
75
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Dans le modèle de Fried et al. (2001), l’évaluation de fragilité repose principalement sur des
facteurs fonctionnels. Les auteurs définissent la fragilité selon cinq critères : une perte de poids
involontaire, un épuisement et une fatigue, une faiblesse musculaire, une diminution de la vitesse
de la marche, et, une faible activité physique. L’analyse globale de la fragilité se fait en tenant
compte de ces critères (cf. Tableau 12) et permet de distinguer trois stades dans l’évolution de la
fragilité :
- si aucun des cinq critères n’est présent, le sujet est « non fragile » ;
- si un ou deux sont remplis, le sujet est « pré-fragile ». A ce stade, il dispose encore de
suffisamment de réserves pour répondre aux stress extérieurs ;
- si trois critères ou plus sont relevés, alors le sujet est « fragile ». Dans ce cas, les
réserves sont insuffisantes et la récupération est plus lente, voire incomplète
Dimensions Mesure
Perte de poids non intentionnelle de plus de 10 livres (environ 5 kg) sur l’année
Dénutrition
précédente.
76
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Fried et al, (2001) relèvent une prévalence d’environ 6 % de « fragiles » (i.e. hommes 4,9 %,
femmes 7,3 %), et 47 % de pré-fragilité dans la population générale des plus de 65 ans.
Par ailleurs, ce modèle est basé sur une analyse clinique orientée sur le modèle médical.
Pour autant, on peut supposer, que les critères de fatigue, de perte de poids, de bas niveau
d’activité physique pourraient être une conséquence d’absence de réseau social (i.e. en termes
d’importance, de diversité et de perception), de difficultés ou troubles psychiques ou mentaux
(e.g. perte de poids ou aboulie relative à un état dépressif, etc.) et pas uniquement dépendants de
facteurs physiologiques.
La grille Oncodage G8
Dans la grille ONCODAGE (cf. Tableau 13), les critères retenus sont proches du phénotype
de fragilité de Fried (2001). L’évaluation a pour objectif de mesurer la fragilité chez des patients
d’âge supérieur à 75 ans et atteints d’un cancer. L’analyse porte sur huit indicateurs :
1. l’appétit
2. le poids selon l’Indice de Masse Corporelle (IMC)
3. le poids selon la perte de masse corporelle (kilogrammes)
4. la motricité
5. le nombre de médicaments quotidiens
6. les problèmes neuropsychologiques
7. l’état de santé perçu
8. l’âge
On remarque que la diminution du poids, qui est un facteur de risque important pour les
sujets âgés, est vue selon deux modalités (i.e. kilogramme et IMC) afin d’être plus pertinente.
77
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Ces indicateurs sont évalués par des scores allant de 0 à 2 ou à 3 selon les questions.
L’interprétation des résultats tient compte d’un score inférieur ou égal à quatorze pour relever un
état de fragilité, et dans ce cas renvoie systématiquement vers une analyse approfondie, le plus
souvent de type EGS (i.e. Evaluation Gériatrique Standardisée).
La grille VES-13
Une autre grille d’évaluation proche des précédentes est la grille VES-13 : Vulnerable
Elders Survey (Saliba et al., 2001). L’évaluation de la fragilité est réalisée à l’aide de quatre
catégories de critères (cf. Tableau 14) :
1. l’âge
2. l’auto-évaluation de l’état de santé
3. les difficultés ou incapacités pour des activités particulières
4. les AVQ/AIVQ
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Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’interprétation des résultats est la suivante : un score supérieur ou égal à 3 montre une
fragilité et un RR (i.e. Risque Relatif) à 4.2 de décéder dans les 2 ans.
Cette grille d’évaluation met l’accent sur les difficultés à réaliser certaines activités dans la
vie quotidienne AVQ et AIVQ (e.g. récurer, écrire, porter, etc.), et comme la grille
ONCODAGE, elle prend en compte l’âge et l’état de santé perçue pour pondérer les résultats.
Les deux grilles sont rapides à utiliser et ne demandent pas de formation spécifique. Par
ailleurs, la grille ONCODAGE possède une bonne sensibilité (76,5 %) et spécificité (64.4 %), et
la grille VES-13 a une haute performance en termes de valeur prédictive positive (VVP)
(Soubeyran et al., 2011). Cependant, elles occultent toutes les deux les aspects sociaux et
cognitifs, et sont insuffisantes pour effectuer une évaluation globale de la fragilité. De plus, elles
restent subjectives pour l’évaluateur qui devra décider si le problème est « léger ou important »,
ce qui peut amener des résultats différents en fonction des évaluateurs, et diminuer la
reproductibilité. Enfin, la notion de « nombre de médicaments » semble ne pas être suffisante
pour évaluer la iatrogénie.
79
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le modèle de Rockwood
Une autre méthodologie d’évaluation semble pallier les lacunes des grilles d’évaluation
précédentes : le modèle de Rockwood et al. (2005). Les auteurs proposent un modèle appelé
« d’accumulation de déficits ». Il s’agit d’un outil d’évaluation de la fragilité dans lequel celle-ci
n’est pas vue comme un état dichotomique (i.e. fragile/pas fragile), mais comme le résultat
d’une accumulation de problématiques de santé (e.g. pathologies, handicaps, etc.) évaluées sur la
base d’un indice de fragilité graduel : « le Frailty Index ». Pour aboutir à cet indice, on va définir
et rechercher les déficits de santé, tels que les symptômes, les signes, les pathologies et les
handicaps. Plus le nombre de déficits est élevé, plus l’indice de fragilité augmente (Hogan and
Maxwell, 2013). C’est ainsi que Rockwood et ses collaborateurs (2005) définissent la fragilité
comme un vieillissement accéléré dans lequel on additionne les déficits de santé. Ce modèle est
multidimensionnel, et prend en compte des aspects sensoriels, cognitifs, sociaux, des maladies
chroniques et des incapacités. La seule condition pour que le déficit soit considéré est qu’il
représente un problème de santé dont l’apparition est corrélée à l’avancée dans l’âge (e.g. déficits
sensoriels ou fonctionnels, syndromes gériatriques, performances à des tests physiques ou
cognitifs, etc.), mais qu’il ne soit pas dû à un problème de santé de vieillissement normal comme
la presbytie ou l’hypoacousie (Retornaz et al. 2013). Les problèmes de santé ainsi considérés
dans la fragilité sont regroupés dans une liste de 40 variables 12 qui composent le « Frailty
Index » : (e.g. hypertension, arthrose, glaucome, diabète, cancer, mais aussi difficultés pour
préparer un repas ou gérer ses soins personnels, etc.).
En fonction des résultats obtenus au Frailty Index, l’auteur propose sept profils de fragilité
chez les personnes âgées évaluées (cf. Tableau 15).
1. En forme : actif, énergique, motivé. Ces personnes ont une activité régulière et sont en meilleur forme que
ceux de leur âge
2. En santé : sans maladie active mais en moins bonne forme que la catégorie 1
3. Traité pour une maladie chronique. Les symptômes sont bien contrôlés
4. En apparence vulnérable : bien qu’indépendant, ces personnes ont des symptômes d’une maladie active
5. Légèrement fragile : avec une dépendance limitée pour les activités instrumentales
6. Modérément fragile : ont besoin d’aide à la fois pour les activités instrumentales et pour les gestes de la vie
quotidienne
7. Sévèrement fragile : Complètement dépendant pour les activités de vie quotidienne ou en fin de vie
Tableau 15. Répartition des profils de personnes âgées selon leur niveau de fragilité (Rockwood et al. 2005)
12
On peut retrouver l’intégralité des 40 variables qui contribuent au Frailty Index à l’adresse suivante : http: / /
myweb.dal.ca / amitnits / STable.htm.
80
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’avantage de ce modèle est qu’il considère, contrairement aux autres outils exposés, que les
aspects sociaux et environnementaux sont des facteurs défavorables. Cependant, il ne considère
pas la gravité et le niveau des difficultés des déficits et des pathologies (i.e. pondération), ce qui
est un aspect négatif pour la finesse de l’évaluation et de la mesure. Par ailleurs, cette démarche
est chronophage et n’est donc quasiment pas utilisée dans la pratique, et présente surtout un
intérêt dans la recherche. De plus, il faut avoir des connaissances médicales pour pouvoir utiliser
cet outil, ce qui diminue la pluridisciplinarité.
Pour conclure, une revue systématique de la littérature portant sur la fragilité (Bouillon et
al., 2013) montre que les qualités métrologiques des deux outils de référence (Rockwood et al.
2005 et Fried et al., 2001) ne sont pas suffisantes, et obtiennent des résultats mitigés.
Suite à ces conclusions, des recherches plus récentes (Felix et al., 2014) relèvent cinq
aspects importants qui doivent être pris en compte et évalués lors de la mesure de fragilité :
1. les problèmes médicaux (i.e. pathologie aigue ou chronique, iatrogénie, etc.)
2. les problèmes fonctionnels physiques (i.e. mauvais score aux AVQ, AIVQ, risque
important de chute, etc.)
3. les problèmes fonctionnels psychiques (i.e. anxiété ou angoisse altérant le bon
fonctionnement quotidien, etc.)
4. les problèmes fonctionnels cognitifs (i.e. perte d’autonomie, mauvaise adaptation à
l’environnement, etc.)
5. les problèmes fonctionnels sociaux (i.e. épuisement de l’aidant, difficultés de trouver des
soignants qualifiés, etc.)
En observant ces points on se trouve davantage dans une logique de mesure globale, qui est
reprise par des outils d’évaluation de l’état général.
Le degré d’autonomie d’une personne peut être appréhendé différemment. Le plus souvent,
il s’agit de retenir des indicateurs au sein d’une grille, qui ont été testés et évalués de manière
standardisée. Ce système de mesure est assez fiable, en particulier pour les pathologies qui ne
bénéficient pas d’indicateurs objectifs (e.g. marqueurs biologiques, imagerie, etc.). Une fois que
les dimensions à évaluer sont isolées, l’administration de grilles possède certains avantages :
structurer l’examen, le standardiser, et permettre un diagnostic efficient dans des lieux de vie qui
ne disposent pas forcement de beaucoup de matériel, etc.
La mesure de l’autonomie des personnes âgées est indispensable dans les services de
gériatrie (cf. section 1.3.3), de réadaptation, ou dans une visée de compensation et d’aide
ergonomique. Elle permet de prendre en compte les besoins et le matériel nécessaire, et
81
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
d’adapter l’environnement aussi bien pour les personnes vulnérables que pour les soignants ou
les aidants.
Certaines grilles font consensus dans le domaine gérontologique et sont très utilisées. Elles
se présentent pratiquement toutes de la même manière et commencent le plus souvent par un
interrogatoire et un examen clinique, puis elles utilisent une échelle afin de quantifier le recueil
de données.
Dans la partie qui suit nous aborderons les grilles d’évaluation de référence. Dans la
majorité des cas, leur fonction est de placer le sujet dans un groupe iso-ressource et de faire des
plans de financement (i.e. en matériel et ressources humaines). Pour les besoins de notre
recherche, nous nous intéresserons plus particulièrement aux critères et aux indicateurs choisis,
ainsi qu’aux dimensions évaluées.
La grille AGGIR
Quant aux critères « illustratifs », ils sont relatifs à la perte d’autonomie sociale et
domestique :
1. gestion personnelle de son budget et de ses biens
2. cuisine
3. ménage
4. transports
5. achats
82
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
6. suivi du traitement
7. activité de temps libre
Ces sept critères ne sont pas pris en compte dans le résultat total de l’évaluation, mais
permettent de mettre en place des plans de prise en charge globaux. Chacun de ces critères est
noté sur une échelle de quatre adverbes indiquant la manière de réaliser une activité (i.e.
spontanément, totalement, correctement et habituellement). Pour chacun des critères évalués, si
les quatre adverbes sont présents, on attribue la notation A, si les quatre sont absents, on attribue
la notation C, et si uniquement certains sont présents on attribue la notation B. Ensuite, en
fonction du nombre de A, de B et de C, une légende permet de calculer un « code final » par
item, de nouveau en A, B ou C. Pour chacun des critères on constitue ainsi une échelle ordinale
du degré d’autonomie (cf. Tableau 16).
Tableau 16. Fiche récapitulative et échelle de notation des items de l’évaluation AGGIR
83
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Groupes
Iso- Degrés de dépendance et aide adéquate
Ressources
Fonctions intellectuelles et motrices gravement altérées : Individu en fin de vie, ou immobilisé dans un lit ou
GIR 1 dans un fauteuil et dont les facultés mentales sont très atteintes.
Nécessite une présence constante car la personne est totalement dépendante.
Fonctions intellectuelles ou motrices sérieusement altérées : Individu immobilisé mais font les facultés
GIR 2 intellectuelles sont intactes, ou individu pouvant se déplacer mais dont les facultés mentales sont atteintes.
Nécessite la présence d’une tierce personne quasi constante.
Fonctions motrices altérées : Individu qui ne peut effectuer certains gestes de la vie quotidienne (se laver, se
GIR 3 lever, s’habiller, se coucher,…) mais qui a conservé toutes ses facultés mentales.
Nécessite une aide partielle mais quotidienne pour les gestes de la vie quotidienne.
Fonctions motrices légèrement altérées : Individu pouvant effectuer les gestes de la vie quotidienne mais qui
GIR 4 ne peut pas se déplacer seul, ou, individu qui peut se déplacer seul mais qui ne peut effectuer certaines gestes.
Nécessite une aide partielle et éventuellement quotidienne selon les cas.
Fonctions motrices occasionnellement diminuées : Individu ayant occasionnellement les fonctions motrices
GIR 5 diminuées.
Nécessite une aide occasionnelle uniquement pour certaines gestes.
GIR 6 Personnes autonomes
Tableau 17. Description et définition des degrés de dépendance de la grille Groupe Iso Ressource
Il faut cependant souligner que le but de cette grille est avant tout financier et administratif,
et qu’elle a pour objectif d’allouer un niveau d’aide en ressource humaine et financière en
fonction des déficits diagnostiqués. L’outil n’a donc pas été validé à d’autres fins.
D’autre part, cette méthodologie d’évaluation n’est utilisée qu’en France, et se prête mal à
des comparaisons avec d’autres outils – surtout internationaux – et à une possible généralisation
des résultats. De plus, elle possède certaines lacunes, telles que l’absence d’appréciation des
capacités perdues et/ou conservées, ou des déficits normaux liés à l’âge, ainsi que de l’évaluation
du traitement médicamenteux. Elle ne permet pas non plus de prendre en compte des éléments
fondamentaux lors des mesures à domicile, comme l’expression de désirs, des besoins, des
plaintes ; les contraintes liées à l’état de santé du patient, ou encore l’environnement matériel et
humain, le réseau social dont il dispose, celui dont il pense disposer et la manière dont il le
sollicite.
Enfin, si l’intitulé de la grille est « niveau de dépendance et aide adéquate », le niveau d’aide
proposé porte implicitement sur une aide humaine en fonction du degré de dépendance et aucune
indication n’est donnée sur d’autres types d’aides existantes (e.g. aménagements techniques ou
technologiques).
84
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
La grille MIF a été développée par Ganger (1990) avec une visée de rééducation. Son
objectif est de mesurer l’apport des thérapies rééducatives, et l’évolution de la dépendance,
spécifiquement chez la personne âgée (Boyer et al., 2011).
Tableau 18. Fiche récapitulative et échelle de notation des items de l’évaluation MIF
85
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le niveau de dépendance pour chaque critère est évalué sur une échelle de Likert en sept
points, de 1 qui correspond à une aide totale, à 7 qui renvoie à une indépendance complète. En
fonction de la note obtenue pour chaque critère, l’échelle permet de définir trois grandes
catégories de dépendances / indépendances fonctionnelles :
Indépendance
- Score 7 : indépendance complète
- Score 6 : indépendance modifiée, lorsque les sujets utilisent des appareils pour
compenser ou lorsque la situation a été adaptée d’un point de vue technique
Dépendance modifiée
- Score 5 : nécessité d’une surveillance
- Score 4 : apport d’une aide minimale (i.e. autonomie égale ou supérieure à 75 %)
- Score 3 : apport d’une aide moyenne (i.e. autonomie égale ou supérieure à 50 %)
Dépendance complète
- Score 2 : aide maximale (i.e. autonomie égale ou supérieure à 25 %)
- Score 1 : aide totale (i.e. autonomie inférieure à 25 % ou si l’élément n’est pas
évaluable)
Suite à la notation de chacun des items, on peut obtenir une note en additionnant les
différents scores. Le résultat se situe entre 18 et 126, plus il est bas et plus le patient est
dépendant et inversement.
En revanche, l’analyse de ce score peut être difficile et subjective, puisqu’il est continu et
sans intervalles de référence. Ainsi, une note générale peut dissimuler des difficultés dans
certains items, et un même score peut renvoyer à des problèmes différents, car les résultats les
plus bas vont être compensés par les plus hauts (i.e. sensibilité aux notes extrêmes). Une des
solutions proposées pour l’analyse serait de produire une côte ordinale à intervalles réguliers
(Granger, Deutsch, & Linn, 1998; Linacre, Heinemann, Wright, Granger, & Hamilton, 1994),
afin d’avoir une évaluation plus spécifique, standardisée et d’éviter les biais d’interprétation.
13
Modèle statistique qui permet dans le cadre d’un test ou d’un questionnaire évaluant plusieurs dimensions
qui sont sous divisées en items, d’obtenir une note générale, mais aussi de détecter des anomalies à l’intérieur du
test.
86
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
que lorsque l’on combine les éléments moteurs et cognitifs de la MIF en un seul ensemble, ils ne
permettent pas d’avoir une vision des incapacités générales. Les résultats ont montré que la
capacité de mesure de la MIF est améliorée lorsque les éléments moteurs (i.e. soins personnels,
mobilité et transferts et locomotion) et cognitifs (i.e. communication et conscience du monde
extérieur) sont séparés en deux indicateurs différents.
Enfin, la MIF est un bon outil de mesure de la personne âgée (i.e. intra sujet), mais ne
permet pas la comparaison de deux sujets (i.e. inter sujet) si les déficiences ne sont pas
strictement les mêmes (Yelnik et al., 1997). Par ailleurs, pour évaluer la dépendance, la grille
propose quatre moments d’évaluation : au cours de l’entrée dans une structure d’accueil, pendant
le séjour, au moment de la sortie, et, une évaluation de suivi. Cet élément est important car il
permet d’évaluer l’évolution de l’autonomie du sujet, mais aussi le résultat des actions mises en
place résultant de la réhabilitation et de la rééducation, etc.
Depuis 2013, la MIF est devenue une des références de l’évaluation en rééducation de la
personne âgée, et a été retenue par la majorité des cliniques de réadaptation suisses et françaises,
dans le but d’harmoniser les pratiques de l’évaluation fonctionnelle (Felix et al., 2014). Un des
avantages de cette reconnaissance internationale a été de permettre des échanges, des
comparaisons en termes de recherche et de mener de nombreuses études sur sa validité et sa
fidélité.
Ces recherches (Gable et al., 2012; Hsueh, Lin, Jeng, & Hsieh, 2002; Ottenbacher, Hsu,
Granger, & Fiedler, 1996; Pollak, Rheault, & Stoecker, 1996; Thisse, 1991), montrent une
validité et une fiabilité acceptable et une bonne concordance lors des tests inter-juges. Par contre,
l’évaluation concernant l’interaction sociale et la résolution de problèmes obtient de moins bons
scores. Sans doute parce que ces critères sont les plus difficiles à opérationnaliser.
La grille Pathos
La grille Pathos base son analyse sur huit grandes catégories de déficits systémiques
correspondant aux affections épidémiologiquement surreprésentées en gériatrie :
1. cardio-vasculaires
2. neuropsychiatriques
3. dermatologiques
87
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
4. ostéoarticulaires
5. gastroentérologiques
6. endocriniennes
7. uro-néphrologiques
8. autres domaines pathologiques
Ces huit catégories sont ensuite sous-divisées en 50 états pathologiques 14 (e.g. pour la
catégorie « affections neuropsychiatriques » : malaises, vertiges, perte de connaissance brève,
chutes, syndrome parkinsonien, syndrome confusionnel aigu, troubles du comportement, etc.),
qui doivent être cotés selon douze profils (cf. Tableau 19) qui correspondent aux besoins de prise
en charge du sujet évalué (i.e. stratégie thérapeutique ou profils de soins).
T1 : Soins importants et multiples avec surveillance médicale quotidienne (temps
médical quotidien supérieur à 20 mn).
Soins Techniques Le pronostic vital est engagé.
(2)
T2 : Équilibration et surveillance rapprochée.
Tableau 19. Ensemble des douze profils de soins de la grille Pathos et leurs définition, d’après Ducoudray et al., 2017)
14
Pour l’intégralité des 50 états se référer à http: / / www.cnsa.fr / documentation / modele_pathos_2017 .pdf
(page 28).
15
Pour l’intégralité du thésaurus se référer à http: / / www.cnsa.fr / documentation / modele_pathos_2017 .pdf
(page 29).
88
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
(i.e. AVC), et qu’il y ait des possibilités de rééducation importantes, alors on coche en « 10 (i.e.
AVC) et R1 (i.e. rééducation importante) ». Par contre, s’il a des malaises ou des chutes dont on
ignore la cause on utilisera « 09 (i.e. malaise, vertige, chute) et DG (i.e. investigation) » (cf.
Tableau 20).
Tableau 20. Exemple de cotation de deux états / profils pathologiques de la grille d’évaluation Pathos
Le résultat du croisement entre profils et états pathologiques se présente alors sous la forme
d’une moyenne sur 100. Ce score est obtenu selon l’utilisation d’un algorithme complexe qui
nécessite l’utilisation d’une grille informatisée (i.e. le logiciel de la CNSA : GALAAD®). Ce
89
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
résultat permet d’anticiper une prise en charge pour les soins médicaux et techniques (SMTI), et
pour la répartition des ressources humaines disponibles (PMP) :
- les Soins Médicaux et Techniques Importants ou SMTI, correspondent à des
pathologies sévères et évolutives nécessitant des besoins importants en termes de
ressources humaines et matérielles. Il sera classé en SMTI ou non SMTI
- le Pathos Moyen Pondéré ou PMP, permet de répartir la prise en charge en fonction des
huit postes de soins qui répondent au niveau de soin nécessaire en fonction des acteurs
de santé : médecin, psychiatre, infirmier, rééducation (e.g. orthophoniste,
physiothérapeute, ergothérapeute, etc.), psychothérapie (e.g. psychologue,
psychomotricien, etc.), biologie, imagerie et pharmacie (e.g. traitement médicaux et
technique) (cf. Figure 11)
Ces résultats peuvent aussi être d’excellents indicateurs pour effectuer des comparaisons des
services, des structures de soins, d’épidémiologie et des populations à besoins spécifiques.
Cependant cette grille ne s’intéresse qu’à l’état pathologique et ne considère pas les
compensations possibles, les déficits fonctionnels amenés par la maladie, l’environnement,
l’aspect psycho-social et la iatrogénie, etc. Néanmoins, elle reste intéressante dans la justesse de
l’analyse et dans les possibilités de proposition d’aide technique et technologique qui pourraient
être adaptées et mises en place grâce aux résultats.
90
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Les autorités sanitaires suisses (Conférence romande des affaires sanitaires et sociales :
CRASS, et du Groupement romand de santé publique : GRSP) ont fait le choix depuis 1990
d’une grille canadienne : PLaisir (i.e. PLanification Informatisée des Soins Infirmiers Requis),
afin d’allouer les ressources humaines et matérielles nécessaires aux structures accueillant des
personnes âgées. La grille PLaisir est un outil développé par l’Equipe de Recherche
Opérationnelle en Santé (i.e. EROS) qui permet l’évaluation des besoins de soins et d’assistance
des patients en psychiatrie et en gériatrie (cf. Tableau 21).
La grille retient 17 dimensions (i.e. A à Q), divisées en 104 variables qui sont des indicateurs
de l’état bio-psycho-social :
A. l’identification, qui reprend le lieu de passation du test, le nom du passateur, le jour de
l’évaluation, et le bénéficiaire qui est identifié par un numéro (anonymat)
B. les thérapies de réadaptation, qui sont divisées entre physiothérapie, ergothérapie, et
orthophonie
C. les soins infirmiers de réadaptation reçus, pour l’alimentation, l’élimination, la toilette,
etc.
D. les traitements particuliers reçus, qui correspondent aux traitements non spécifiques aux
problèmes du vieillissement ou du handicap comme la chimiothérapie, la dyalise, etc.
E. les visites médicales, qui dénombrent les visites médicales habituelles du patient par
mois
F. les diagnostics / problèmes, qui listent 55 problèmes de santé récurrents dans notre
population (e.g. arthrite, anémie, cataracte, maladie de Parkinson, etc.), ainsi qu’une
possibilité d’ajouter d’autres problèmes
G. la mobilité physique, qui donne une échelle de likert en sept points pour juger des
capacités de mobilisation ;
H. les facteurs déterminant la diminution ou la perte de mobilité, où on retrouve les causes
des difficultés qui peuvent être responsables de la perte de la mobilité, mais qui ne
concernent pas seulement le système osseux et musculaire (e.g. cécité, obésité, problèmes
respiratoires, etc.)
I. la diminution ou perte de la capacité d’usage d’un (des) membres (s), qui évalue les
membres inférieurs et supérieurs en fonction de l’emplacement, de la limitation, de
l’immobilité et de l’amputation
J. les compensations, qui sont des compensations techniques à la mobilisation pour le
déplacement ou le transfert (e.g. canne, orthèse, fauteuil roulant, rampe, etc.)
K. l’indépendance pour les AVQ, avec une échelle ordinale qui juge du degré de capacité
dans la réalisation des activités quotidiennes de base
L. le vécu occupationnel, qui comptabilise les activités occupationnelles mais seulement en
fonction de leur quantité et pas de leur qualité
91
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
M. les protections, qui listent une protection physico-psychologique, dont l’objectif est
principalement d’éviter les fugues ou les errances (e.g. la camisole de sécurité, les
psychotropes, les demi-portes, les unités de soins verrouillées, etc.)
N. les contacts avec l’extérieur, qui sont une mesure quantitative du « nombre de contacts
par année » que reçoit la personne. Ils peuvent être physiques ou par correspondance (e.g.
courrier et téléphone, etc.)
O. l’intégration sociale, qui évalue la capacité du sujet à établir des contacts (e.g. de
socialement intégré à isolement social, etc.)
P. les fonctions psychologiques et sensorielles, qui notent plusieurs fonctions comme la
mémoire, l’attention, la pulsion, les émotions, les sentiments et l’humeur, etc.
Q. l’orientation, qui relève le niveau d’orientation et d’éveil (e.g. de pleinement orienté à
coma- état végétatif, etc.)
92
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Ensuite, dix dimensions divisées en 184 interventions sont évaluées en fonction des soins et
de l’assistance que requiert le sujet. Cette analyse est faite conjointement par plusieurs
professionnels (i.e. soignant référent, évaluateur, et tuteur ou aidant)
1. l’alimentation : naturelle, artificielle, guidée ou aide totale, etc.
2. l’élimination : élimination assistée, soins de stomie, massage intestinal, etc.
3. l’hygiène : hygiène buccale, soins des cheveux, vêtements, etc.
4. la mobilisation : lever et coucher avec « cigogne16 », marche, poussée au fauteuil,
etc.
5. la communication : relation d’aide, enseignement, collecte de données, etc.
6. la respiration : aspiration des sécrétions, aérosolthérapies, exercices physio-
respiratoires, etc.
7. la médication : préparation et administration, etc.
8. la thérapie intra-veineuse : installation, changement ou vérification de perfusion,
transfusion, soins de plaie, etc.
9. les autres traitements
10. les méthodes diagnostics : surveillance clinique, dosage, prélèvement et test,
assistance médicale
Du point de vue du recueil des données, chaque item de la grille Plaisir est mesuré de
différentes manières : sous la forme d’échelles de likert en 4 ou 9 points, de propositions
ordonnées, en termes de présence ou absence de la variable évaluée ou de choix multiples.
16
Cigogne : autre nom pour le lève malade ou verticalisateur.
93
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 22. Accord transactionnel sur la facturation des temps des CBS
Parmi les limites de cette grille d’évaluation, la première est le temps de passation (i.e. plus
d’une heure trente pour un évaluateur formé et expérimenté) qui peut être trop chronophage pour
une équipe de soins (Seematter-Bagnoud et al., 2012), et trop long pour une personne âgée (i.e.
attention et concentration). Par ailleurs, son utilisation est complexe et nécessite une formation
importante de trois jours en groupe et deux jours en individuel, et la réalisation de 20 évaluations
complètes afin d’obtenir le grade d’évaluateur certifié (cf. Figure 12). De plus, seul un infirmier
peut être habilité à utiliser cette grille, ce qui diminue l’aspect pluridisciplinaire.
94
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
D’autre part, les résultats sont difficilement, voire non compréhensibles pour les soignants et
n’ont pas d’utilisation pour la pratique, alors qu’ils pourraient être également une base de travail
pour la prise en charge thérapeutique.
Ensuite, l’algorithme de traitement des données est gardé confidentiel par l’entreprise, ce qui
limite l’accès au mode de traitement des données et la possibilité d’une critique scientifique le
concernant. Par ailleurs, le fait que l’entreprise soit la seule à pouvoir traiter les données
recueillies en service, amène également un problème de « temps » concernant le retour des
données, et il se passe souvent plusieurs semaines avant que le plan de soins ne parvienne aux
soignants. Cette dernière limite « temporelle » n’est pas négligeable, surtout dans le domaine de
la gériatrie où les situations peuvent évoluer très rapidement.
Enfin, concernant les items évalués, ils sont souvent quantitatifs et ne prennent pas assez en
compte des éléments plus subjectifs comme les désirs, la qualité des occupations ou du réseau
social, etc. De plus, les moyens de compensation pris en compte dans l’évaluation ne considèrent
que celles à la marche (i.e. canne, déambulateur, etc.) et l’évaluation des traitements
médicamenteux ne prennent pas en compte les effets secondaires, mais plutôt le temps de
préparation et d’administration.
L’évaluation se réalise par le biais d’un recueil de données standardisé portant sur seize
dimensions (de A à P) divisés en 77 sous-items17 :
A. identification et informations de base (12 items), qui prennent en considération les
données administratives, mais également « la raison de l’évaluation » et les « volontés
exprimées pour l’avenir »
B. l’état cognitif (6 items), qui regroupe des items concernant l’évaluation de la mémoire, de
la prise de décision, de la compréhension, etc.
17
Pour une revue complète de la grille : http: / / papidoc.chic-cm.fr / 19RAIimprimes.pdf
95
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Le recueil de ces données interdisciplinaires permet d’aboutir au « Minimum Data Set » (i.e.
MDS) qui est le résultat de l’évaluation gérontologique globale des différents items.
96
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Du point de vue de la cotation des items, certains sont évalués sous forme d’une échelle de
likert, d’autres sous forme de propositions ordonnées renvoyant à la gravité de l’incapacité, et
d’autres encore, en termes de présence ou absence de la variable évaluée (cf. Tableau 23).
L’analyse informatique des résultats (i.e. MDS) permet d’aboutir à quatre types donnés
représentés par la démarche globale de la RAI (cf. Figure 13) :
1. un tableau d’alarme : les résultats du MDS sont reportés sur un « tableau d’alarme » (cf.
Tableau 24) qui permet de recenser les difficultés importantes selon deux modalités : « feu
rouge » qui signale un problème de santé avéré et actuel, ou « feu clignotant » qui indique un
problème potentiel ou une possibilité d’évolution défavorable (i.e. capacité prédictive). Dans
97
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
une optique d’intervention, l’étape suivante consiste à se référer aux 18 protocoles établis par
la RAI en vue d’approfondir l’évaluation, de déterminer les causes, de prendre en compte les
possibilités de réadaptation, de réhabilitation, ou de prévention et de mettre en place des
interventions spécifiques.
Tableau 24. Exemple d'une partie du "tableau d'alarme" de la grille RAI. Tiré de http://papidoc.chic-
cm.fr/19RAIimprimes.pdf
2. des échelles de performance : les résultats obtenus lors du MDS permettent d’obtenir des
scores à quatre échelles de performances importantes chez le sujet vieillissant : AVQ, AIVQ,
dépression, capacités cognitives générales. Par exemple, afin de mesurer une échelle de
performance dans le domaine cognitif, le logiciel utilise les notes du MDS dans les sous-
items « mémoire », « capacité de prise de décision », « compréhension » et « alimentation »
et fournit un score.
3. la constitution de groupes ressources : le MDS permet encore de classer les sujet en termes
de besoin en temps de soins et en ressources humaines. Ces indicateurs sont orientés vers le
financement.
98
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
4. des indicateurs qualités : certains items évalués permettent d’obtenir des indicateurs quant à
la qualité des soins d’un point de vue épidémiologique en termes d’incidence et de
prévalence. Ces données permettent des comparaisons à deux niveaux :
- intra-sujet et d’apprécier l’effet de la prise en charge,
- mais aussi et surtout inter-sujet, afin de faire des comparaisons entre les lieux de soins,
les institutions, les villes, etc.
Suite à l’introduction généralisée de RAI dans certains pays, plusieurs recherches ont été
conduites pour rendre compte du ressenti des professionnels par rapport à la facilité d’usage et à
la validité de cette grille. Une première étude (Hawes et al., 1997) montre sur une base auto-
déclarative, que la plupart des professionnels de santé considéraient que cet outil permettait une
bonne détection de problèmes et fournissait une aide à la prise de décision pour une meilleure
prise en charge des patients. Cependant, plus de la moitié des professionnels interrogés relevaient
que la charge de travail était trop importante lors de l’utilisation de cet outil.
Une autre étude (Landi F, 2000. cité par Seematter-Bagnoud et al., 2012) semble montrer
qu’avec la méthode RAI, on observe moins d’hospitalisations, et par conséquent, une réduction
des coûts liés aux soins. Cependant, il est à noter que la méthode RAI amène, contrairement à la
méthode traditionnelle, plus de prestations et de soins à domicile. Enfin, une autre conclusion de
cette étude démontrait que les performances fonctionnelles et cognitives des personnes âgées
étaient mieux préservées et que les déficits liés au vieillissement semblaient retardés (Monod,
Büla, Hongler, Castelli, & Clivaz-luchez, 2011).
Selon ces chercheurs, la méthode RAI permet non seulement d’établir un plan de prise en
charge individualisé, mais également de suivre des indicateurs qualité, de financer les soins en
fonction des profils, et de planifier les ressources au niveau du système de soins. L’outil est donc
utile pour les utilisateurs primaires (i.e. les professionnels de santé), secondaires (i.e. les
personnes âgées), et tertiaires (i.e. économistes, épidémiologistes, etc.).
Un autre avantage de la grille d’évaluation RAI est qu’elle permet de recueillir des données
standardisées et que ses critères ont fait l’objet de plusieurs validations. En effet, elle bénéficie
d’une bonne validité et elle a été mesurée à plusieurs reprises avec une fidélité inter-juges
« excellente » (ICC = 0.91-0.99) (Daving, Andrén, Nordholm, & Grimby, 2001; Hamilton,
Laughlin, Fiedler, & Granger, 1994; Ottenbacher et al., 1996; Sharrack, Hughes, Soudain, &
99
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Dunn, 1999). Par ailleurs, la large diffusion de l’instrument dans une trentaine de pays a donné la
possibilité de procéder à des comparaisons transversales et longitudinales entre services d’aide et
de soins, aussi bien au niveau national qu’international, ce qui a permis de mettre en place une
reconnaissance internationale (i.e. InterRAI).
Enfin, un dernier avantage est que la RAI a été développée sous plusieurs versions (i.e.
domicile, institution, soins aigus ou autre), ce qui permet d’adapter son utilisation en fonction du
contexte et de l’environnement.
Cependant, une première limite à l’utilisation de la RAI est amenée par les soignants qui
évoquent une inadéquation au niveau du temps de soins alloué pour les groupes iso-ressources et
le temps de prise en charge réellement observé (Seematter-Bagnoud et al., 2012). En effet, la
méthodologie RAI ne prend pas en compte le temps de présence des soignants en dehors des
soins techniques (e.g. soins relationnels, psychologiques, aspects sociaux, etc.) et a tendance à le
sous-estimer, ce qui incite les soignants à apporter des réponses fausses, par exemple à l’item
« résistance aux soins », afin d’avoir davantage de temps attribué. Mais dans ce cas, le résultat
obtenu aux MDS est erroné, et toutes les autres conclusions qui se basent dessus sont faussées.
Les avantages multifonctionnels de la RAI (utilisateurs primaires, secondaires et tertiaires)
peuvent alors se révéler difficilement conciliables.
Par ailleurs, la RAI ne propose pas une véritable évaluation des aides techniques et
technologiques, et les protocoles d’interventions ne les mentionnent pas, ce qui est une limite
importante concernant l’évaluation de l’autonomie des personnes âgées.
On remarque aussi que l’environnement dans ses aspects facilitateurs ou d’obstacles n’est
pas considéré alors qu’il représente une pondération à prendre en compte dans l’évaluation.
100
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
De plus, la prise d’informations écologiques (e.g. domicile, lieu de soin, lieu public, etc.)
permet de suivre les personnes qui fréquentent peu les milieux de soins (e.g. déserts médicaux,
moyens de transport inadaptés, pénurie de soignants, isolement, etc.), ou qui sont suivies en
ambulatoire. Cet élément est important pour la détection des personnes fragiles, qui peuvent
avoir un état de santé péjoré, et qui sont un public difficile à détecter.
Les outils d’évaluation contribuent également à la continuité des soins en permettant non
seulement l’évaluation, mais également l’observation de l’évolution intra-individuelle et
interindividuelle des sujets, grâce à la standardisation qui rend possible et surtout pertinente les
comparaisons. Ces méthodes fournissent aussi la possibilité pour les professionnels du
vieillissement d’envisager l’évaluation de domaines qui ne font pas forcement partie de leurs
champs d’expertise (e.g. capacités cognitives, physiques, psychologiques, biologiques, sociales,
etc.), et d’avoir ainsi une vision multidimensionnelle et globale des sujets dont ils ont la
responsabilité. D’autre part, ce système d’évaluation procure un guide et une check-list
informatique qui diminuent le risque d’erreurs, les oublis et, dans la majorité des cas, permet
d’obtenir, par le biais d’un algorithme, des résultats quantitatifs complexes (e.g. calcul,
statistiques, pourcentages, etc.), rapides, précis et justes. Ces éléments rendent l’intervention
plus efficiente, permettent d’anticiper des difficultés à venir et apportent des possibilités de
prédiction et donc une aide importante à la prise de décision.
Enfin, le recueil de données obtenu sous la forme informatique est une base de travail
importante et pertinente dans le cadre de la recherche. Elle est standardisée, actualisée en
permanence, sans les biais que représente le chercheur (i.e. effet de halo, désirabilité sociale,
etc.), tout en respectant certaines questions éthiques et déontologiques (cf. section 3.2.3), ce qui
peut permettre la mise en place d’études longitudinales prospectives ou rétrospectives, ainsi que
des travaux sur des échantillons et des bases de données conséquents.
Malgré ces avantages, certaines limites générales peuvent être relevées concernant ces
méthodes. Déjà, les grilles doivent être validées non seulement sur leurs dimensions, mais aussi
sur leurs bases d’évaluation. Par exemple, l’utilisation d’échelle de likert doit pouvoir être testée
tout comme les items, et ne pas laisser de place à la subjectivité, en ajoutant par exemple une
définition précise pour chaque niveau de l’échelle et pour chaque item.
Ensuite, comme nous l’avons constaté, il existe de nombreuses grilles d’évaluation et,
malgré la validité et les avantages de chacune, l’offre trop importante et l’impossibilité d’obtenir
une conversion des résultats en un indicateur commun diminuent les possibilités de comparaison.
Une étude de l’université de Lausanne (Seematter-Bagnoud et al., 2012, p. 27) montre que :
101
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
De plus, les méthodes de diagnostic font souvent un état des lieux, sans pour autant être
force de propositions de solutions thérapeutiques, palliatives, de remédiation et d’aide. Il est
donc important de pouvoir utiliser des TIC, afin non seulement d’optimiser les possibilités de
diagnostic, mais aussi de pouvoir proposer en aval des solutions de changements en lien avec les
résultats obtenus.
D’autre part, les grilles étudiées ne permettent pas non plus d’utiliser la complémentarité
d’autres tests pour approfondir une notion plus en détail. Pourtant, la pluridisciplinarité de la
gérontologie doit aussi être considérée dans le partage des connaissances et des méthodes afin
d’être au maximum exhaustive.
Enfin, les méthodes de diagnostic obligent à faire un recueil de données précis sur le sujet.
Ces données sont souvent intimes et sont du ressort de la vie privée. Il faut donc avoir une
réflexion éthique et juridique sur le recueil et l’utilisation des données qui ont un caractère
personnel.
On remarque que ces outils sont très demandés par les soignants et les proches de personnes
en situation de handicap. Cependant, ils peuvent être améliorés sur le fond et sur la forme, afin
d’être acceptés et facile d’utilisation pour les personnes fragiles ou en difficulté.
Concernant les soignants, ils considèrent que les technologies de diagnostic administrées de
manière écologique, c’est-à-dire de manière invisible (i.e. systèmes d’actimétrie), sur les lieux
habituellement fréquentés (e.g. domicile, extérieurs, magasins, bâtiments publics, etc.)
limiteraient les biais de mesure que l’on retrouve dans le milieu hospitalier (e.g. lieux déjà
adaptés par la loi de 2005, ou encore stress, ou effet de blouse blanche, etc.), et qu’ils sont
parfois complexes et obscurs concernant les algorithmes et les résultats.
102
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
La grille CIF
Nous pouvons tout d’abord citer le questionnaire de la CIF (i.e. checklist CIF). Il s’agit d’un
outil destiné aux cliniciens et aux professionnels de la santé. Il est composé de trois parties qui
évaluent les déficits, la restriction de participation et les facteurs environnementaux.
Cette première partie correspond au diagnostic des déficits ou des capacités de la personne
handicapée en termes bio psychologique, et concordent aux outils que nous avons précédemment
cités.
Tableau 25. Exemple de la grille CIF pour l'évaluation des structures du corps tiré de https://mssh.ehesp.fr/wp-
content/uploads/2014/05/Checklist-CIF_vf.pdf
103
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Tableau 26. Extrait de la grille de cotation des domaines d'activités et de participation tiré de https://mssh.ehesp.fr/wp-
content/uploads/2014/05/Checklist-CIF_vf.pdf
104
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
La troisième sous-partie est celle qui nous intéresse tout particulièrement dans ce sous-
chapitre (i.e. partie E), et elle est intitulée « facteurs environnementaux ». Elle est composée de
six dimensions sous-divisée en 32 sous-items (cf. Tableau 27) :
- E1, qui note les produits et les systèmes techniques sous plusieurs aspects comme les
bâtis, les transports, la communication, etc.
- E2, qui reprend l’environnement naturel et les changements apportés par l’homme.
Cette partie évalue les ambiances thermiques, lumineuses et sonores.
- E3 qui s’intéresse aux soutiens et aux relations, et mesure les aspects relatifs aux
réseaux sociaux, comme les amis, la famille, les personnes en position d’autorité, les
professionnels de la santé, etc.
- E4, qui mesure les attitudes et s’intéresse aux comportements des amis, de la famille,
mais aussi aux normes sociales et culturelles.
- E5, qui évalue les services, les systèmes politiques, et observe l’organisation sociale en
lien avec le logement, le transport, les droits, la santé et les services sociaux, etc.
- Enfin une partie qualitative permet de rajouter des informations qui ne seraient pas
comprises dans la liste proposée.
105
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
Cette grille est intéressante parce qu’elle considère le sujet par rapport à ses déficiences,
mais aussi en lien avec son environnement. Par ailleurs, le recueil est riche et prend en compte
l’aspect social, les politiques mises en place, les systèmes techniques, etc. Cette méthodologie a
aussi une bonne précision concernant le réseau social et le considère du point de vue du sujet
évalué, mais aussi en fonction de l’attitude des autres. La division faite sur l’environnement
comme facilitateur et obstacle permet également d’observer rapidement les changements qu’il
faut effectuer et les éléments sur lesquels il faut agir pour augmenter les possibilités de
participation sociale.
Pour autant, nous pouvons également amener certains points faibles de cet outil. Il s’agit
d’un outil qui a été conçu de manière multidisciplinaire, mais seulement avec des profils
médicaux et des sciences sociales (i.e. médecin, psychologue, anthropologue et sociologue).
Pour autant, la partie de facteurs environnementaux aurait mérité un regard plus technique, avec
par exemple des ergonomes, des informaticiens, des architectes, etc.
D’autre part, cette checklist est longue à administrer et complexe à remplir. D’ailleurs,
certaines informations peuvent être compliquées à évaluer, par exemple noter la fonction
106
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
immunologique ou cardiaque en termes de déficience légère, modérée, grave ou totale, peut être
subjectif. Une autre limite est importante à soulever, concerne le résultat obtenu. En effet, il est
fourni sous forme de code, et ce dernier est peu transparent, et difficile à comprendre. Par
exemple, Jamoulle (2009) note dans sa critique de la CIF que la cotation est compliquée et que
l’utilisation de la grille demande beaucoup d’entraînement et d’apprentissage. Il cite l’exemple
de la cotation d’une personne tétraplégique, mais qui serait en capacité de conduire un véhicule,
elle serait cotée en : e 1201. +4 (cf. Tableau 28).
Tableau 28. Codification selon la classification internationale du handicap d’après Jamoulle (2009)
Dans cet exemple, le premier indicatif sous forme de lettre (e) correspondant à l’évaluation
de la catégorie « facteurs environnementaux ». Ensuite, le premier chiffre indique le niveau de
classification (1) pour « produit et système technique », le deuxième numéro contient deux
chiffres (20) et signifie « mobilité et transport », et le dernier (1) correspond à « intérieur et
extérieur ». Enfin le signe (+) signifie que c’est un environnement facilitant, et (4) le niveau
d’aide maximum (i.e. facilitateur total.) (cf. Tableau 29).
Tableau 29. Code qualificatif selon la CIF d’après Jamoulle (2009) : principe de construction d’un code CIF
D’autre part, la grille ne semble pas suffisamment exhaustive dans sa partie concernant les
produits et les systèmes techniques (e1). En effet, elle pourrait contenir des systèmes importants
pour le handicap comme ceux pour la santé, la surveillance physique et biologique, etc. Par
ailleurs, la partie « systèmes pour la vie quotidienne » (e115) est quant à elle trop large et
difficile à cerner dans l’évaluation. Ces deux catégories sont problématiques puisque les
systèmes sont hétérogènes, et que nous ne disposons pas de classement précis et qui soit
largement acceptés (cf. section 2.1).
Ainsi, la CIF n’est quasiment pas utilisée de manière complète pour évaluer un patient car
elle est longue et fastidieuse avec plus de 1400 items. Elle est le plus souvent utilisée par partie
pour l’évaluation d’un problème spécifique ou pour les besoins de la recherche. Le manque
107
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
d’efficience fait de cet outil, pourtant pertinent en théorie, un outil qui n’est pas utilisé en
pratique.
De plus, cette liste a été réalisée avec des sujets en situation de handicap, mais pas
spécifiquement pour des personnes âgées, il faudrait alors pouvoir mettre en place des tests avec
un échantillon de seniors. On peut aussi noter que la CIF ne s’intéresse pas aux aspects
émotionnels, au niveau de la qualité de vie ou au niveau de maîtrise des systèmes techniques.
La grille G-MAP
Sur la base des résultats obtenus par la grille précédente et en prenant en compte certaines
critiques (e.g. longueur du test, complexité de lecture des résultats, etc.), des auteurs (Koleck et
al., 2014 ; Prouteau et al., 2012) ont développé la Grille de Mesure de l’Activité et de la
Participation : G-MAP (cf. Tableau 30). L’outil a été mise en place suite à une analyse critique
de la littérature, et à la consultation d’experts des domaines médicaux sociaux (i.e. trois
ergothérapeutes, deux médecins en réadaptation, un psychiatre, un psychologue de la santé,
deux neuropsychologues) et des représentants associatifs.
Chacun des domaines est noté sur des échelles comprenant la limitation d’activité, la
restriction de participation et quatre facteurs environnementaux (i.e. le soutien social disponible
et perçu, l’attitude, et les systèmes politiques).
La cotation de la grille se fait sur une base auto-déclarative, après avoir administré un
entretien semi-structuré. Les réponses aux questions concernant les limitations d’activités et les
restrictions à la participation sont notées selon une échelle en trois points, avec 0, nulle ; 1,
partielle ; et 2, totale.
108
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
L’interviewer a la possibilité de noter NA (i.e. non approprié) ou NSP (i.e. ne sait pas), si la
question ne peut pas être évaluée.
Concernant les résultats globaux, la grille analyse les données en fonction des moyennes
obtenues dans les différentes dimensions (i.e. 26 dimensions). Les études de Koleck et al., (2014)
et Prouteau et al., (2012) comparent ainsi des groupes de traumatisés crâniens, et d’autres
souffrant de différents types d’affection psychiatrique (i.e. schizophrénie, trouble schizo-affectif
109
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
et bipolaire) en avançant des difficultés avec des facteurs environnementaux comme le réseau
social, le système politique, etc. en fonction du trouble. Cependant, la limite est ici
méthodologique et le risque de l’emploi d’une moyenne sans écart-type peut cacher
d’importantes disparités et une variabilité qui n’est pas maîtrisée. L’outil semble alors davantage
adapté pour une analyse singulière (i.e. intra-sujet) que pour des comparaisons de groupe (i.e.
inter-sujet). Dans ce dernier cas, les résultats sont à prendre avec prudence. Par ailleurs,
l’entretien nécessite de 2h30 à 4 h (Koleck et al., 2014; Prouteau et al., 2012) ce qui est
chronophage pour les professionnels et les personnes évaluées.
D’autre part, l’article ne donne pas accès à l’entretien semi-dirigé utilisé, et il est difficile
d’apprécier la standardisation et l’exhaustivité des demandes. Ensuite, l’objectif de ce système
est de mesurer les restrictions de participation en lien avec les difficultés cognitives en fonction
des facteurs environnementaux seulement sous quatre domaines (i.e. soutien social disponible et
perçu, attitude et système politique), mais elle n’envisage pas les environnements physiques et
virtuels dans la mesure. Il n’y a donc pas d’indication sur les facilitateurs (e.g. technologie,
personne aidante, etc.) ou sur les obstacles (e.g. conception, naturel, etc.).
Enfin, la cohérence interne évaluée par l’alpha de Cronbach est satisfaisante pour cette étude
concernant les limitations d’activité et pour la restriction de participation (α= .89). Néanmoins, la
grille n’a pas de test de validité inter-juges et la sensibilité n’est pas suffisante.
110
Chapitre 1 - Diagnostiquer les déficits liés au vieillissement
De la même manière que l’on observe dans le domaine de la conception une absence ou un
manque de profils médico-sociaux, on observe dans l’évaluation des sujets âgés et/ou handicapés
un manque de présence des spécialités techniques. Il faudrait alors ajouter ces profils lors de
l’élaboration d’outils d’évaluation des seniors.
Résumé
Dans ce chapitre nous avons défini et examiné les différents types de vieillissement (i.e.
normal et pathologique) ainsi que la fragilité et les difficultés liées à l’iatrogénie.
Nous avons discuté de la notion de handicap, que nous avons décrite et mise en lien avec
l’environnement. Ensuite, nous avons passé en revue les différents outils de diagnostic des
handicaps et d’évaluation de l’environnement, et nous en avons évalué les forces et les limites.
Enfin, nous nous sommes intéressés aux aspects législatifs autour du vieillissement et du
handicap.
111
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Chapitre 2
Cette partie propose une réflexion sur les possibilités qu’offrent les technologies. L’idée
centrale de ce chapitre est de considérer le potentiel que représentent les technologies pour
soulager, soigner, remplacer ou encore diagnostiquer des déficits.
Afin de pouvoir utiliser et proposer les aides et les gérontotechnologies les mieux adaptées,
il faut pouvoir dans un premier temps diagnostiquer de manière précise les déficits (comme nous
l’avons vu dans le premier chapitre) et dans un second temps trouver l’adéquation entre les
potentialités technologiques et les difficultés. Il faut alors pouvoir bénéficier d’un classement
pertinent afin d’organiser les possibilités existantes. Depuis la loi de 1975 (cf. section1.2.3) sur
« la reconnaissance du handicap et son droit à l’autonomie », les personnes en situation de
handicap peuvent prétendre à une prestation de compensation de leur incapacité. Ce changement
législatif et administratif a permis d’introduire de nombreux types d’aides techniques dans la
113
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Il peut être opportun de définir les termes de technique et de technologie tels que nous en
userons dans ce travail. Mauss (2004) dans son ouvrage « les techniques et la technologie »
rappelle que pour comprendre la technique, il faut s’intéresser à la science qui l’étudie : la
technologie. La technologie est donc la science qui traite de l’histoire, de la théorie, et du
développement de la technique. Or, par un certain abus de langage et surtout sur la base de
l’anglicisme « technology », la technologie est aujourd’hui amenée au rang des objets. Par
exemple, on traduit le « high-tech » par technologie de pointe plutôt que par haute technicité.
Ainsi, nous utilisons à mauvais escient le terme de technologie que nous employons d’ailleurs
volontiers au pluriel, alors que nous ne le ferions pas avec biologie ou psychologie. Par ailleurs,
le terme d’aide technique a été surtout utilisé pour se référer à des instruments ou des outils
matériels et concrets, comme le déambulateur, la canne, etc., mais avec l’apparition des NTIC, le
terme a été peu à peu phagocyté par celui de technologie puis de gérontotechnologie. C’est
pourquoi, on peut parfois retrouver dans la littérature les aides techniques regroupées comme des
objets d’aide et d’assistance non technologique.
Pour autant, la majorité des auteurs utilisent ces termes de manière indifférenciée. Par
ailleurs, l’intérêt de notre travail n’est pas étymologique, et nous entendrons les deux termes (i.e.
technique et technologie) comme des synonymes afin de ne pas compliquer la compréhension de
notre sujet.
Le premier fut le rapport Conte en 1985, qui recense et organise des classes d’aides
techniques. Les plus significatives sont les produits mobiliers, d’hygiène, automobiles,
d’habillement, de repas, de communication, de contrôle de l’environnement, les barres d’appuis
et de soutien, etc.
114
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Ensuite, en 1989, le rapport Teulade vient approfondir ce classement et tire son originalité
du fait d’avoir placé pour la première fois les personnes handicapées – parmi lesquelles peuvent
se trouver les personnes âgées – au centre du processus de classement. Ce rapport ne s’intéresse
plus seulement à l’avis des experts, ou à l’objet en lui-même, mais aux besoins de la personne
concernée. L’objectif de ce travail était de mettre en place des moyens coordonnés pour le
maintien à domicile de personnes handicapées ou en perte d’autonomie. Il fait alors ressortir trois
niveaux de besoin :
- ceux de la vie quotidienne liés aux actes essentiels, considérés comme « le minimum
indispensable » ;
- ceux d’ordre culturel ou social, qui permettent de maintenir un niveau de qualité de vie
convenable ;
- enfin les besoins de soutien affectif et relationnel de la personne ou de son entourage.
Ces trois types de besoins sont alors corrélés à trois types d’aides techniques :
- les aides techniques d’assistance vitale ;
- les aides techniques d’autonomie dans la vie quotidienne, sociale et professionnelle ;
- les aides techniques de confort.
Enfin, l’auteur souligne que le classement d’une aide technique n’est pas définitif et qu’elle
peut passer d’une catégorie à une autre selon les besoins singuliers de la personne en situation de
handicap. Par exemple, un dispositif de téléalarme sera une technique d’assistance vitale pour
une personne qui souffre d’insuffisance respiratoire ou de problème cardiaque, alors qu’elle sera
une aide technique de confort pour une personne handicapée mentale et/ou motrice.
Le troisième est une étude longitudinale mise en place à la demande de la sécurité sociale et
qui a donné lieu à un rapport. La classification PREMUTAM (Prévention, Mutualité, Assurance
Maladie) de 1987-1989, a été concrétisée suite à une étude sur un simulateur de logement (i.e.
sorte de living home) qui avait pour objectif de « faciliter et accélérer » le retour à domicile de la
personne suite à une perte d’autonomie (i.e. accident, chute, maladie, etc.). Cette recherche a mis
en avant deux classes de besoins, ainsi que quatre domaines d’aide. Les deux classes sont
relatives aux aides techniques provisoires (e.g. rééducation, réhabilitation, apprentissage, etc.)
et aux aides techniques définitives (e.g. réadaptation : prothèses, fauteuil roulant, etc.). Les
quatre domaines sont les aides aux transferts, aux déplacements, aux manipulations ainsi qu’à la
sécurité et aux soins. Contrairement au rapport précédent, l’aspect social est complètement
occulté dans cette étude alors qu’il serait important à prendre en considération pour envisager un
retour à domicile.
Dans la continuité des rapports précédents, Rouch (1995) reprend certains concepts et
principes évoqués, mais elle ajoute un recensement des incapacités selon lesquelles les aides
115
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
techniques doivent être classées. Cette fois, le point de départ n’est plus l’aide à apporter, ni les
besoins exprimés, mais la difficulté qui doit être compensée. Ce rapport classe les incapacités à
compenser de la manière suivante : les incapacités de l’individu, de la vie privée, de la vie
économique et enfin de la vie sociale.
Quatre ans plus tard, en 1999, le rapport Lyazid s’intéresse aux « fonctions essentielles »
qu’il distingue des autres fonctions. A l’inverse du classement précédent (Rouch, 1995), l’auteur
prend comme point de départ l’utilisateur, mais cette fois, il n’est plus question de son handicap
ou de ses déficits et difficultés, mais plutôt de ses possibilités et de ses capacités. L’auteur établit
alors un classement en termes de capacités de déplacement horizontal, vertical, de transfert, de
communication et de prévention.
Le rapport Fardeau (2001) prend naissance quant à lui dans les demandes exprimées par les
sujets, et relève les insatisfactions formulées par les utilisateurs au sujet des aides techniques,
ainsi que le manque de réponse apportée aux besoins. Le rapport se concentre sur une
comparaison internationale des propositions et des réponses apportées aux handicaps. Il relève
alors cinq « principes essentiels » : la dignité, la pleine participation, la non-discrimination, le
droit à la compensation et la proximité. Le rapport reprend alors quatre champs d’application des
aides en lien avec ces principes : le cadre de vie, les transports, l'école, l'emploi.
Le rapport Lecomte (2003) reprend les conclusions des travaux précédents, et a cherché à
clarifier la situation des aides techniques, leurs champs d’application, allant jusqu’à proposer des
critères d’aide à la décision. Cette classification possède plusieurs avantages ; notamment une
organisation dans un domaine large et multiple et l’obtention d’un regroupement important
d’experts autours de ses résultats. Le rapport propose une classification des aides techniques
avec onze catégories générales composées de différentes sous-catégories.
- aide à l’hygiène et aux soins corporels (e.g. toilette, élimination WC, habillage, etc.) ;
- aide à la mobilité (e.g. transfert, positionnement, préhension et manipulation,
déplacements internes ou externes, transport pour achats, courses, travail, etc.) ;
- aide au repos et au maintien à domicile ;
- aide aux fonctions sensorielles (e.g. vue, audition, parole, voix, etc.) ;
- aide à la communication (e.g. orale, écrite, etc.) ;
- aide aux tâches domestiques (e.g. alimentation, préparation des repas, ménage, etc.) ;
- aide à l’intégrité du corps et à l’esthétique ;
- aide à la cohérence (e.g. protection et sécurité, capacité de vivre en groupe, etc.) ;
- aide à l’apprentissage, à la culture et aux loisirs (e.g. se former, travailler, activités
ludiques, etc.) ;
116
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
117
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Dans ce rapport, l’auteur rassemble toutes ces sous-catégories en deux grandes catégories
d’aide : les aides techniques médicales (i.e. traitement, aide à l’administration et prévention
primaire, secondaire et tertiaire) et les aides techniques sociales et d’aide à la vie (i.e. système
de communication asynchrone et synchrone, jeux interactifs, etc.).
Par la suite, la classification internationale des aides techniques ISO 9999-2002 tente à son
tour d’obtenir un consensus, sous le titre « aides techniques pour personnes atteintes d’incapacité
– classification et terminologie ». Cette norme va être remplacée par la norme ISO 9999-2007
« produits d’assistance pour personnes en situation de handicap – classification et terminologie
». Ce changement a été organisé afin de respecter et d’utiliser la terminologie de la classification
internationale du fonctionnement et du handicap (World Health Organization, 2001), et d’obtenir
une forte adhésion et un meilleure cohérence. D’ailleurs, dans la norme de 2007, la notion d’aide
technique est remplacée par celle de produit d’assistance. La dernière version de cette norme a
été mise à jour en 2016 (Iso-9999, 2016). Le classement des produits est composé de trois
parties : les classes (n = 12), les sous-classes et les divisions, référencées chacune par un code
(i.e. trois paires de chiffres), un titre, une définition et des exemples. Les classes concernent :
- les produits d'assistance au traitement médical individuel ;
- les produits d'assistance à l'éducation et à la (ré)éducation des capacités ;
118
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
- les produits d'assistance attachés au corps pour soutenir les fonctions de l'appareil
locomoteur et liés au mouvement (orthèses) et pour remplacer les structures
anatomiques (prothèses) ;
- les produits d'assistance aux activités d'entretien personnel et à la participation à
l'entretien personnel ;
- les produits d'assistance aux activités et à la participation en rapport avec la mobilité
personnelle et le transport ;
- les produits d'assistance aux activités domestiques et à la participation à la vie
domestique ;
- l’aménagement, les accessoires et autres produits d'assistance aux activités de soutien
dans les environnements intérieurs et extérieurs créés par l'homme ;
- les produits d'assistance à la gestion de la communication et à l'information ;
- les produits d'assistance pour contrôler, porter, déplacer et manipuler des objets et des
dispositifs ;
- les produits d'assistance pour contrôler, adapter ou mesurer les éléments des
environnements physiques ;
- les produits d'assistance aux activités professionnelles et à la participation à l'emploi ;
- les produits d'assistance à la récréation et aux loisirs.
Nous notons que cette typologie ne considère pas les médicaments ou les produits utilisés
seulement par les utilisateurs secondaires (e.g. professionnel, aidants, etc.), les solutions non
techniques comme l’aide humaine et les dispositifs implantés. Pourtant, dans sa définition, on
retrouve les systèmes pour mesurer, entraîner et prévenir les limitations ou restrictions. On
pourrait donc ajouter les dispositifs d’aide au diagnostic ou ceux de surveillance (e.g. système
POCT, caméra, actimétrie, etc.).
Enfin, nous pouvons noter qu’il existe plusieurs classifications proposées par les groupes
industriels dans les catalogues de ventes des produits (qui n’ont pas fait l’objet d’un rapport). En
effet, nous considérons qu’elles sont aussi une tentative d’organisation des aides. Ces dernières
sont souvent regroupées en grandes catégories, qui reprennent le plus souvent :
- les fonctions mentales (e.g. les systèmes de contrôle de l’environnement, techniques de
sélection, etc.) ;
- les fonctions sensorielles et la douleur (e.g. équipement d’éclairage, de lecture,
acoustique, communication alternative augmentée, etc.) ;
- les aides au déplacement, à la marche et à la mobilité: (e.g. cannes, déambulateurs,
solutions pour monter et descendre les étages, VPH : Véhicules pour Personnes
119
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le domaine des aides techniques connaît actuellement une évolution rapide. Mais le manque
d’une organisation et d’un classement partagés freinent son développement et sa diffusion. Les
classements sont hétérogènes et utilisent des noms de catégories différentes, ce qui contribue à
complexifier la recherche, et diminue les possibilités d’un consensus.
Les classements des différents rapports peuvent se synthétiser de la manière suivante (cf.
Tableau 31) :
120
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Rapport/
Critères d’élaboration Type de classement
classification
75 types d’aides répertoriés
Rapport CONTE Classement et organisation des les produits mobiliers, d’hygiène, automobiles, d’habillements, de
(1985) aides existantes repas, de communication, de contrôle de l’environnement, les
barres d’appui et de soutien, etc.
3 types de besoins
1. de la vie quotidienne/liés aux actes essentiels
2. d’ordre culturel ou social
3. de soutien affectif et relationnel
Rapport TEULADE Analyse du besoin de personnes
(1989) handicapées : 3 types d’aides techniques
1. aides techniques d’assistance vitale
2. aides techniques d’autonomie dans la vie quotidienne, sociale et
professionnelle
3. aides techniques de confort
4 domaines d’aide
121
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Nous pouvons cependant considérer que les différentes classifications ont eu comme
objectifs positifs de mettre de l’ordre dans les propositions pléthoriques des aides, et de les
organiser, afin de faciliter leur utilisation. Néanmoins, elles sont très différentes selon les
auteurs, et certaines classifications sont orientées « social pull18 », et d’autres « techno push19 »,
mais il n’y a pas d’accord dans les catégories, la méthode, les définitions ou le nombre d’aides
dédiées aux déficits.
Par ailleurs, les rapports ont soulevé des critiques récurrentes (notamment un manque de
connaissances et d’évaluation des utilisateurs) et plusieurs freins au développement et à
l’acquisition de ces aides. Des auteurs (Laila, 2009 ; Lecomte, 2003) ont ainsi présenté des
propositions afin d’améliorer ces classements. Parmi celles-ci :
- améliorer l’information sur les besoins des personnes en situation de handicap par une
approche globale et d’évaluation personnalisée ;
- la nécessité d’évaluation et de suivi ;
- améliorer l’évaluation de la fiabilité des matériels ;
- fournir des conseils compétents et structurer la distribution ;
- organiser le financement et le remboursement des produits ;
L’ensemble des rapports vus jusqu’à maintenant restent très orientés sur les aides générales
et prennent peu en compte les nouvelles avancées technologiques. Les progrès techniques
introduisent des nouveaux besoins pour les personnes âgées, mais aussi des nouvelles possibilités
pour compenser leurs difficultés.
18
Social pull : conception de technologies d’aide qui prend comme point de départ les besoins du sujet en
situation de handicap.
19
Techno push : conception de technologies puis adaptation opportuniste pour servir d’aide lors de certaines
problématiques
122
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
figure de science-fiction dans les années 1980, a fini par « se démocratiser » dans les années
1990, pour se structurer et s’organiser en domaine de recherche dans les années 2000, avec des
champs de spécialisation, des congrès, des revues, etc. (Misoch, 2016).
Ces deux définitions nous semblent complémentaires puisque la première met l’accent sur
les possibilités des gérontotechnologies à propos des compensations des déficits liés au
vieillissement, et la seconde insiste sur l’aspect pluridisciplinaire des domaines de recherche,
rejoignant l’idée de la gérontologie.
Par ailleurs, les gérontotechnologies reposent sur deux grands domaines de recherche en
évolution constante et rapide. D’une part, celui des sciences médico-sociales et paramédicales
(i.e. médecine, gériatrie, psychologie, physiologie, biologie, etc.), et d’autre part, celui des
sciences davantage axées sur la conception (i.e. ergonomie, informatique, ingénierie,
architecture, etc.).
123
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Certains auteurs ont tenté de trouver une organisation et un classement qui soient spécifiques
à ces systèmes. Ainsi, un travail pourtant ancien de Regnier et Pynoos (1992) classe les
gérontotechnologies en trois niveaux selon leur « complexité » :
1. les technologies de bas niveau (i.e. low technology), qui comprennent davantage
des aides techniques simples comme les barres d'appui, les systèmes
antidérapants, les cannes, etc.
2. les technologies de niveau moyen (i.e. mid-level technology), où l’on retrouve des
produits existants, mais améliorés et adaptés aux besoins des personnes âgées
(e.g. cuisine, fauteuil roulant, salle de bain, toilettes, etc.). (i.e. approche
réactive)
3. les technologies de haut niveau (i.e. high level technology), avec les TIC, la
robotique, l’IA (i.e. Intelligence Artificielle) et toutes les applications qui sont
complexes et connectées (e.g. les capteurs sensoriels / physiologiques / de chutes,
la domotique, etc.).
Une autre étude (Gondo, 2006) classe les gérontotechnologies non pas selon la complexité,
mais selon l’objectif, et leur donne ainsi trois dimensions fonctionnelles :
- la compensation ;
- la communication ;
- la promotion de la santé.
Ce classement est intéressant dans ses trois dimensions, mais les catégories d’aide sont
encore trop générales et ne permettent pas un classement exhaustif et précis. La difficulté reste
alors élevée pour localiser une aide particulière, ou pour la classer. Il faudrait pouvoir obtenir des
sous-catégories pour plus de spécificité.
124
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le rapport Rialle (2007) fait le lien en France, entre les différents classements. Il s’intéresse
spécifiquement aux gérontotechnologies, même si l’auteur relève que les deux types d’aides (i.e.
aides technologiques et gérontotechnologies) ont des aspects similaires sous plusieurs points, et
peuvent ainsi s’entrecroiser.
Il propose un classement lié aux besoins sociaux et médicaux fondamentaux (e.g. isolement,
chutes, déficits physiques, cognitifs, etc.) et non plus basé sur les seules possibilités techniques
(e.g. actimétrie, télésurveillance, domotique, etc.). Il classe ensuite ces besoins en plusieurs
catégories générales et les relie aux gérontotechnologies disponibles et pertinentes :
- l’isolement social, dans lequel il recense la visiophonie et la téléconsultation ;
- les chutes, la perte de mobilité et le trouble de l’activité, pour lesquels il relève les
détecteurs de chute, le télé-suivi des paramètres biologiques, les systèmes de mesure du
comportement, les déambulateurs (i.e. avec des capacités technologiques, l’aide à la
verticalisation, le contrôle de la trajectoire, etc.) ;
- les troubles de la cognition, pour lesquels il propose des systèmes de remédiation des
troubles mnésiques et du fonctionnement exécutif, de stimulation cognitive, ou anti-
fugue et errance ;
- l’angoisse du malade, pour laquelle il note la pertinence de la mise en place de système
d’éclairage (e.g. lampe automatique, etc.), et des dispositifs d’animaux robotiques ;
- les robots domestiques, pouvant répondre à des attentes en lien avec les AVQ et AIVQ.
Enfin, un autre classement est celui de Laila (2009) qui propose de classer les
gérontotechnologies en cinq grandes familles / services :
- les services de sécurité, dans lesquels elle classe les télé-alarmes, les detecteurs de
chutes, les systèmes de télé-surveillance et de géolocalisation ;
- les services d’assistance dans la vie quotidienne, où l’on retrouve les aides à la mobilité,
les systèmes de rappel de traitement, les orthèses cognitives et sensorielles, les robots
domestisques ;
- les services de communication, avec le Web, le smartphone, les systèmes et logiciels
visiophoniques
- les services de formation et de rééducation, dans lesquels elle relève les dispositifs de
stimulation cognitive, la télé-éducation ;
- la surveillance des paramètres biologiques, dans laquelle elle propose les technologies
de mesure infrarouge pour la glycémie, les stéthoscopes électroniques et les
tensiomètres.
125
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Ce classement est encore large, et les classes semblent poreuses. Par exemple, une
technologie qui prendrait les paramètres vitaux (e.g. montre actimétriques), pourrait être classée
différemment en fonction des besoins :
- en « service de sécurité » pour un sujet qui a un déficit cardiaque grave ;
- en « service d’assistance dans la vie quotidienne » ou « en services de formation et de
rééducation », pour une personne qui reprendrait une activité physique et qui
souhaiterait contrôler son rythme cardiaque (i.e. fonction d’affichage) ;
- en « service de communication » si la technologie a comme utilisateurs secondaires des
professionnels de la santé ou des aidants (e.g. recueil de données) ;
- en « surveillance des paramètres biologiques » pour toutes les raisons citées.
Le dernier classement est celui tiré des travaux de Parra et al. (2013). Il permet d’établir un
lien entre les domaines problématiques et les solutions techniques disponibles. Ces chercheurs
ont développé un classement qui réunit deux perspectives illustrées par la figure ci-dessous (cf.
Figure 14).
Figure 14. Les problèmes et les solutions (les perspectives technologiques) dans le domaine du vieillissement actif tiré
de Parra et al. (2013)
Il s’agit d’une double catégorisation où l’on retrouve dans la partie supérieure « les
domaines problématiques du vieillissement » avec trois dimensions qui sont : la santé, la
participation et la sécurité, qui sont sous divisés en six catégories : comportementale, service de
santé, personnel, économie, environnement et social. Dans la partie inférieure on trouve « les
domaines de solutions pour le vieillissement » qui reprennent les objectifs d’application des
technologies, qui sont : les soins, la compensation, la prévention et l’amélioration, qui à leur tour
sont sous-divisés en huit catégories qui représentent les types d'applications technologiques qui
ont été retenus et identifiés comme des domaines des solutions pour les difficultés liées au
vieillissement :
126
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le rôle de cette étude (Parra et al., 2013) n'est pas seulement de classer les applications,
mais surtout de relier les déterminants du vieillissement aux quatre objectifs de la
gérontechnologie, et d'expliquer quel type d'application peut être utilisé pour aider ou compenser
des difficultés.
127
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Regnier et Pynoos (1992) Lié à la complexité 1. les technologies de bas niveau (i.e. low technology)
2. les technologies de niveau moyen (i.e. mid-level technology)
3. les technologies de haut niveau (i.e. high level technology)
5 besoins
1. l’isolement social
Lié aux besoins sociaux et 2. les chutes, la perte de mobilité et le trouble de l’activité
Le rapport de Rialle (2007)
médicaux fondamentaux 3. les troubles de la cognition
4. l’angoisse du malade
5. les robots domestiques
3 dimensions
Lié à l’objectif de la 1. la compensation,
Gondo, 2016
technologie 2. la communication
3. la promotion de la santé
5 grandes familles de technologie
1. les services de sécurité
2. les services d’assistance dans la vie quotidienne
Leila (2009) Lié aux fonctions
3. les services de communication
4. les services de formation et de rééducation
5. la surveillance des paramètres biologiques
3 dimensions problématiques du vieillissement
1. la santé
2. la participation
Lié aux problématiques du 3. la sécurité
Parra et al. (2013) vieillissement et aux 4 objectifs d’application
objectifs de la technologie 1. les soins
2. la compensation
3. la prévention
4. l’amélioration
Tableau 32. Classifications des gérontotechnologies et leurs critères d’élaboration.
Comme pour les classements des aides technologiques générales, on peut observer que ces
classements doivent avant tout dépendre de l’analyse des besoins des seniors, et qu’il faut
connaître les sujets et donc pouvoir les évaluer (Barcenilla, Tijus, Aissaoui, & Brangier, 2013a).
On peut également noter que les catégories sont larges et donc que les produits peuvent être
considérés dans plusieurs d’entre elles.
Un classement pertinent doit, à la fois être exhaustif dans ses catégories et avoir une visée
pratique en considérant les besoins réels de la personne âgée (i.e. observés, mesurés, ressentis).
Par ailleurs, pour tout classement, il est nécessaire d’obtenir à la fois une évaluation du sujet,
128
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
mais aussi du produit, afin d’être certain du déficit à compenser, et, de la capacité de la
technologie à répondre à cette demande.
La figure 15 représente les trois grandes catégories de critères pour établir à notre sens un
classement, avec leurs sous catégories.
20
Cathacrèse : en ergonomie ce terme signifie de détourner l’usage initial d’un objet, d’un système ou d’une
méthode pour un usage différent (e.g. utiliser une chaise pour faire un travail en hauteur, ou un téléphone comme
mémo ou pour retenir ses différents codes, etc.).
129
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
diagnostic, et que ce dernier est individuel et singulier, il peut être difficile d’obtenir une
organisation et un accord général applicable à tous. C’est pourquoi, plutôt que d’utiliser ce
classement comme un outil figé, il faudrait peut-être en tirer profit en tant qu’outil d’aide à la
décision permettant d’organiser et de rechercher une ressource technologique en affinant la
recherche à partir de l’examen des critères pour les besoins spécifiques de chaque cas individuel
(e.g. peut-être sous la forme d’un moteur de recherche).
Le développement d’un classement fiable doit passer par des outils d’évaluation qui soient
spécifiques, précis et standardisés, qui puissent faire consensus au niveau des différents champs
de recherche (i.e. pluridisciplinarité). Il faudrait ensuite inclure une démarche d’évaluations de
chaque nouvelle technologie par ses concepteurs. Cette démarche méthodologique donnerait lieu
à une veille technologique continue et à la gestion et à l’inclusion permanente des nouveaux
produits (i.e. sorte de thésaurus des gérontotechnologies). Ainsi, ce classement permettrait de
répondre à l’engouement de ces dernières années pour ce domaine de recherche et à la forte
innovation qui en découle.
Dans notre classement, il est avant tout important de se centrer sur le diagnostic ainsi que sur
les besoins de notre population, afin que le système proposé soit le plus proche possible de la
demande.
130
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Les besoins sont une notion fondamentale à intégrer dans la définition des aides à apporter et
dans le processus de classement des gérontotechnologies. Il est impératif de pouvoir les
comprendre, les relever, et les analyser, afin d’être pertinent dans la recherche, la prescription, la
proposition d’aide ou encore dans le design et la conception que l’on va proposer aux personnes
âgées. Sans cette adéquation entre technologies et besoins, les aides proposées risquent de ne pas
être utilisées ou inutilisables (Barcenilla, Tijus, Aissaoui, & Brangier, 2013b).
Dans un premier temps, le besoin peut être défini comme un état d’insatisfaction dû à un
sentiment de manque. Certains de ces besoins sont dits primaires ou fondamentaux car leur
satisfaction est essentielle à l’être humain pour assurer sa survie et son bien-être.
L’analyse des besoins est une des étapes principales de la démarche ergonomique. Elle est
appréhendée soit en amont lors de la conception, soit directement lors de la prescription, soit en
aval lors de la correction, mais la prise en compte du besoin est toujours un prérequis
indispensable. Cependant, dans le domaine des gérontotechnologies, nous nous plaçons dans un
cadre pluridisciplinaire et les ergonomes ne sont pas les seuls acteurs. Il est donc important
d’appréhender le sens de ce terme dans les domaines en jeu (i.e. médicaux, paramédicaux, et
orientés conception), afin d’en comprendre l’évolution, l’évaluation, ainsi que les possibilités de
consensus autour de cette notion.
Vigil-Ripoche (2016) relève que selon le courant scientifique, le besoin peut-être vu sous un
aspect négatif (i.e. comme un manque) ou positif (i.e. comme la volonté d’obtenir). D’ailleurs, au
sein d’un même champ d’étude, l’appréhension du besoin peut revêtir l’un ou l’autre de ces
aspects. Par exemple, dans le domaine médical, le besoin peut être traduit comme une carence,
un déficit et une perturbation, donc comme un synonyme de problèmes, de difficultés, voire de
pathologies. De même, dans la santé publique, le besoin est considéré en effectuant un ratio entre
une « norme » calculée et une situation individuelle ou collective observée. Le besoin est ensuite
131
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
estimé comme la différence entre le niveau observé – lorsqu’il est inférieur à la norme en
vigueur – et le niveau à atteindre pour être dans la norme. Ces visions du besoin sont donc
« négatives ». En revanche, en promotion de la santé, la vision est plus positive et n’évoque pas
forcément une idée de déficit, puisqu’on identifie des variables pour améliorer la qualité de vie
d’une population (i.e. prévention primaire).
Enfin, une dernière conception du besoin, particulièrement pertinente pour la personne âgée,
est celle développée par Brangier et Barcenilla (2003, p. 130). Ces auteurs évoquent la notion de
« besoin spécifique » :
« Lorsqu’il concerne une personne et/ou un groupe de personnes et/ou une situation donnée
dont le point commun est la marginalité par rapport aux normes « naturelles » (sensorielles,
physiques, motrices, cognitives, perceptives…) ou « culturelles » (illettrisme, expertise,
apprentissage…). Cette marginalité n’est pas donnée de fait, ou existante une fois pour toutes,
mais renvoie à l’espace-temps dans lequel s’inscrit la personne. Ainsi, en parlant de besoin
spécifique, l’on reconnaît que tous les individus sont ou seront à un moment donné de leur
existence des personnes à besoins spécifiques. Ces besoins spécifiques représentent donc une
série de contraintes réduisant l’activité de la personne et qui, si leurs exigences ne sont pas
satisfaites, entraînent une inaccessibilité à l’éducation, au travail, à la santé, aux loisirs, à la vie
sociale, à la citoyenneté... ».
Cette définition se rapproche de la vision du handicap de la CIF car elle considère que
l’environnement peut être un facteur influençant les besoins, et qu’alors, toute personne peut
avoir à un moment donné des besoins spécifiques, selon l’environnement dans lequel elle évolue.
Ces besoins, s’ils ne sont pas satisfaits, réduiront donc les possibilités de participation de la
personne aux grands domaines décrits par la CIF (2001).
132
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Plusieurs catégories générales de besoins ont été recensées dans la littérature. Les auteurs
travaillant dans le champ du handicap et de la perte d’autonomie ont essayé de proposer des
catégories de besoins plus spécifiques à ces populations.
La pyramide de Maslow (1943) est sans aucun doute la classification des besoins la plus
populaire. Cette classification avait été élaborée à son origine pour rendre compte des aspects
motivationnels de l’activité (cf. Figure 16).
La pyramide est constituée de quatre catégories de besoins qui peuvent à leur tour être
classés dans deux grands sous-ensembles :
- les besoins primaires, qui visent à l’autoconservation et à l’homéostasie, autant
physique que psychique
o de survie : manger, boire, respirer, éliminer, sexuels, etc.
o de sécurité : se sentir à l’abri, vivre sans peur, dans un environnement stable et
prévisible
133
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Selon Maslow, nous recherchons d’abord à satisfaire les besoins qui se trouvent en bas de la
hiérarchie avant de satisfaire les besoins qui se trouvent au-dessus. Cela peut sembler
effectivement évident pour les premiers niveaux : on cherche à satisfaire d’abord les besoins de
survie avant les besoins d’estime.
Toutefois, cette approche des besoins peut être critiquée sur ses deux constantes : les aspects
de hiérarchie (i.e. obligation de compenser l’un pour accéder à l’autre) et de division (i.e.
primaire et secondaire). On peut effectivement constater que la hiérarchisation ne semble pas
toujours fonctionner. Par ailleurs, à un moment donné, ces besoins peuvent se présenter de
manière simultanée, ou être inversés voire contradictoires, car souvent l’ordre de satisfaction des
besoins est très dépendant des caractéristiques individuelles. En effet, en prenant l’exemple de
troubles du comportement alimentaire (i.e. besoins physiologiques) ou du syndrome de
l’hospitalisme (i.e. besoin d’amour et d’appartenance) nous pouvons observer que la réalisation
des besoins est interchangeable, puisque les besoins d’appartenance ou d’estime de soi peuvent
passer avant les besoins physiologiques (i.e. s’alimenter, être propre soigné et protéger ses
téguments, etc.). Cette observation peut être également faite dans le domaine des
gérontotechnologies où le fait de considérer les besoins de réalisation de soi et esthétiques
comme secondaires ferait prendre le risque que le système soit non accepté et non utilisé par les
utilisateurs (e.g. besoins de mobilité non résolus car la technologie est jugée stigmatisante par
l’utilisateur et donc non utilisée).
Cette hiérarchie des besoins a été utilisée comme point de départ pour élaborer d’autres
taxonomies dans des domaines spécifiques, y compris dans le champ d’application de la santé.
134
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 17. Besoins fondamentaux de Virginia Henderson représentés sous forme de graphique radar
Pour évaluer le degré d’autonomie, ce modèle propose pour chaque besoin une échelle de
cotation en quatre points : besoin satisfait, besoin altéré, besoin très altéré, besoin gravement
altéré. Le score global dépend de la capacité de l’individu à satisfaire l’ensemble de ces besoins,
135
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
et il est obtenu par l’addition de l’ensemble des scores partiels. Du point de vue de
l’opérationnalisation de l’évaluation des besoins, ce modèle propose également un ensemble
d’indicateurs sur les manifestations de la dépendance / indépendance pour chaque besoin
considéré, ainsi que les sources potentielles de difficultés pour satisfaire les besoins, ou, les
facteurs qui peuvent au contraire les favoriser. Ces facteurs favorisants / difficultés, peuvent être
d’ordre physique (i.e. ne peut pas), psychologique (i.e. ne veut pas), sociologique (i.e.
l’environnement ne le permet pas) ou cognitif (i.e. ne sait pas).
Un autre auteur (Poletti, 1980) reprend également les grandes catégories de besoins de
Maslow dans une optique de soins, en précisant leurs contenus et leurs priorités. Par ailleurs, elle
en ajoute une catégorie supplémentaire par rapport à Maslow : « le besoin de propriété », défini
comme le besoin de maîtrise sur les choses, l’impact sur les évènements, le pouvoir sur
l’extérieur etc. (cf. Tableau 33).
Catégories de
Contenu à satisfaire par ordre de priorité
besoins
Besoins Oxygénation - Équilibre hydrique et sodé - Équilibre alimentaire - Équilibre acide-base -
physiologiques Élimination des déchets - Température normale - Sommeil - Repos - Relaxation - Activité -
de base Mobilisation - Énergie - Confort - Stimulation - Propreté - Sexualité.
Tableau 33. Catégorisation des besoins et contenu à satisfaire par ordre de priorité, tirée de Poletti (1980)
136
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
2. l'audition, qui apprécie la capacité à entendre et discriminer les sons, ainsi que la
possibilité de les localiser
6. atteindre et s’étirer, qui juge de la possibilité d’utiliser ses membres supérieurs (e.g.
un ou les deux, devant ou derrière le corps, au-dessus de la tête)
Ensuite, afin d’évaluer le besoin, les dimensions vont être mesurées par le biais d’une
échelle ordinale en neuf points allant de « faible à forte demande » (cf. Figure 18). Cette
méthode a comme avantage de pouvoir détecter les besoins, mais sa pertinence se situe dans le
fait qu’elle évalue l’adéquation entre les capacités et l’usage du produit. De ce fait, elle permet
d’avoir une idée de l’évaluation, non plus seulement de la personne, mais aussi de la technologie
proposée. Cet élément permettra de comparer les compétences individuelles du senior et les
capacités minimales dont il doit disposer pour utiliser le produit.
Figure 18. Échelle d'évaluation de technologie de Clerkson, Coleman, Hosking et Waaler, 2007, tirée de
http://www.inclusivedesigntoolkit.com
137
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
L’avantage de cette échelle est qu’elle est simple d’utilisation et qu’elle peut permettre une
rapide comparaison à deux niveaux : entre les produits proposés, et les capacités du sujet.
Néanmoins, cette échelle a certaines limites importantes. Déjà, elle ne dispose pas d’une
validation scientifique. Ensuite, le système de notation par l’échelle ordinale est trop subjectif
d’un utilisateur à l’autre. Enfin, les dimensions évaluées ne sont pas suffisamment exhaustives
pour la personne âgée. Par ailleurs, il faut pouvoir pondérer les réponses, car pour la personne
âgée les besoins en lien avec l’utilisation de technologies sont également dépendants d’autres
facteurs comme par exemple des difficultés de type social, du traitement médicamenteux ou du
niveau d’expertise et de connaissance des systèmes techniques.
Les dimensions du besoin dans une optique d’acquisition de services et des aides
techniques par les seniors
Enfin, une dernière typologie des besoins a été élaborées dans l’optique d’expliquer
l’acquisition de services et de technologies par les personnes âgées (Serrière, 2018). Cette
catégorisation est issue d’une enquête par questionnaire auprès de 1500 personnes âgées de 55 à
78 ans (cf. figure 19).
Voici les définitions proposées par l’auteur de ces différentes catégories de besoins :
138
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
L’enquête montre également que le principal souci des seniors est d’être en santé, et que la
pathologie qui est la plus anxiogène est la maladie neurodégénérative (supérieur à la peur de
contracter un cancer). Cet élément pousse les jeunes seniors à consommer davantage de produits
et services de l’industrie pharmaceutique, des objets connectés, des services en lien avec
l’activité physique et l’alimentation (e.g. produits bios, repas équilibrés, etc.).
Les seniors ont un pouvoir d’achat en baisse et on constate une hausse des économies qui
visent à assurer leur autonomie financière et aussi, dans la mesure du possible, à aider leurs
enfants. De ce fait, les personnes âgées font moins fréquemment des achats compulsifs, et les
achats importants ou de confort sont souvent repoussés.
Besoin d’aimer
Ce besoin prend des formes différentes chez les seniors et s’exprime à travers de
« l’altruiste », et l’importance du réseau social et familial.
Il s’agit d’un besoin fondamental, et il est souvent altéré chez les seniors (e.g. départ des
enfants, retraite, décès des amis ou du conjoint, etc.). On peut d’ailleurs ajouter le danger des
fractures numériques. Une recherche de la Fondation de France, montre une augmentation
importante de la solitude chez les plus de 75 ans ; en 2014, 27% des personnes âgées sont seules,
contre 16 % en 2010.
Ce besoin est particulièrement important pour les personnes âgées, il est autant sur
l’indépendance (e.g. se déplacer, avoir suffisamment de force, d’endurance, etc.) que sur
l’autonomie (e.g. facultés cognitives, pouvoir décider, etc.). Pour l’auteur, cette volonté
d’autonomie se reflèterait dans le caractère fort des seniors, et par le désir de rester à domicile,
de choisir seul ses achats même après conseils, et par la volonté de régler eux-mêmes certaines
décisions importantes comme la succession et les obsèques, etc.
Ce besoin est surtout présent chez les jeunes seniors (i.e. troisième âge) qui souhaitent
continuer à pratiquer leurs hobbies, à se divertir et à apprendre. Ce besoin est important du point
de vue de la conception qui doit pouvoir prendre en considération le vieillissement pour fournir
des activités sportives, culturelles, de loisirs, etc. avec plus de confort, et des produits conçus
pour ce public.
139
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Besoin de plaisir
Besoin de sérénité
Ce besoin concerne les classes d’âge les plus âgées (e.g. quatrième et cinquième âge), il en
ressort un marché sous forme de service de développement personnel, du bien-être, de gestion du
stress, etc.
Cette hiérarchie des besoins a été élaborée en fonction de ce que la personne âgée considère
comme importante pour elle. Cependant elle nécessite d’être nuancée car elle ne tient pas compte
des situations de fragilité ou de perte d’autonomie liées à l’avancement de l’âge. Par ailleurs, les
seniors sont le plus souvent considérés comme une catégorie sociale homogène, ce qui empêche
de voir des différences importantes. Néanmoins, elle amène un aspect qualitatif qui est
intéressant à relever.
L’identification des besoins est une étape essentielle et préalable pour beaucoup de champs
disciplinaires qui s’intéressent aux handicaps et aux déficits (e.g. santé publique, ergonomie,
médecine, architecture, etc.). Il est fondamental d’avoir discerné les différents besoins perturbés
afin de pouvoir les compenser de façon adéquate.
Pour comprendre la personne âgée dans le but de l’assister, il faut savoir de quoi elle a
besoin. On a vu dans la revue de la littérature que les besoins peuvent être multiples, bien que,
dans la plupart des cas, on considère uniquement les besoins physiques et physiologiques. Un
des constats est que l’analyse des besoins est peu prise en compte concernant les
gérontotechnologies. En effet, la conception des gérontotechnologies est censée être une
démarche pluridisciplinaire, pour autant, les ergonomes, mais aussi les professionnels de la
santé, sont souvent absents aux profits d’ingénieurs et d’informaticiens. D’ailleurs, une revue
systématique (Kjeldskov & Graham, 2003), réalisée sur 102 publications, concernant l’utilisation
des nouvelles technologies pour des adultes âgés, conclut que les méthodes de conception et
donc de classification ont des lacunes dans la compréhension de l’utilisateur et de ses besoins.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer ce constat, alors même que l’analyse des
besoins des utilisateurs, et la méthode de conception centrée sur les utilisateurs ont fait leurs
preuves (cf. section 3.2). D’abord, les gérontotechnologies répondent rarement à des besoins
formulés concrètement et ils sont d’ailleurs parfois inconscients et ignorés par l’utilisateur lui-
même (e.g. déni, anosognosie, surestimation des capacités, désirabilité sociale, etc.). Ensuite, la
140
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
conception dans des disciplines techniques est souvent « techno-pusch », c’est-à-dire qu’elles
réalisent une technologie parce que les moyens techniques le permettent, puis, elles tentent de la
faire correspondre avec des difficultés existantes. Enfin, le public de personnes âgées est encore
mal connu, et les méthodes pour anticiper les besoins « latents » semblent encore limitées.
De notre point de vue, l’analyse du besoin passe par une double évaluation portant à la fois
sur les déficits et capacités résiduels de l’individu, et sur les tâches ou activités que le sujet
souhaite accomplir dans un contexte donné (cf. Figure 20).
Figure 20. Evaluation du besoin par la mesure des capacités et des déficits du sujet et par l’évaluation de la tâche ou
de l’activité
A titre d’exemple, chez une personne qui souffre de dégénérescence maculaire provoquant
un affaiblissement important de ses capacités visuelles et qui aime lire, l’analyse du besoin du
point de vue de l’aide à apporter, concerne les technologies qui peuvent combler l’écart entre les
capacités résiduelles de vision et la tâche de lecture. Dans ce cas, il s’agit d’un besoin d’ordre
sensoriel lié à la vision, et une manière de classer les gérontotechnologies et de créer une
catégorie qui répond à ce besoin.
Pour conclure, nous voulons insister sur le fait qu’on ne peut pas définir uniquement les
besoins par les déficits, mais que le besoin est en lien avec les tâches / activités spécifiques
réalisées par un sujet particulier qui a des habilités et des difficultés. C’est l’approche que nous
avons adoptée pour notre recherche.
Si l’on considère que le handicap naît en grande partie de l’environnement (cf. section
1.2.1), il est alors important de prendre en compte les lieux et le contexte dans lesquels on relève
et on identifie les besoins, c’est-à-dire, le domaine ou le champ d’activité.
Les domaines sont considérés, selon le dictionnaire Larousse.fr (Larousse, s.d.), comme
« les champs d’activités d’une personne ». Notre conception de ce terme, tel qu’il sera utilisé
dans notre classification, est proche de cette définition.
Il est alors important de pouvoir relever les principaux champs d’activités dans lesquels les
seniors sont engagés et à l’intérieur desquels ils doivent être autonomes et avoir une qualité de
vie élevée.
141
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La dimension du domaine est pertinente à apprécier suite à la mesure du besoin, car elle
permet d’évaluer les contraintes qui peuvent en découler lors de l’exercice d’une activité dans
laquelle le besoin s’exprime. Par exemple, un besoin sensoriel qui concerne la vue et la lecture
n’aura pas les mêmes exigences s’il doit être satisfait dans le domaine du « loisir » (i.e. lecture
d’un roman, du journal, etc.) ou dans le domaine de « la mobilité et du transport », où il s’agira
de lire des panneaux routiers, tout en effectuant une autre tâche (e.g. marcher, conduire, etc.).
On remarque alors que la satisfaction des besoins est dépendante des exigences de
l’environnement définissant le domaine et l’activité (Preiser & Ostroff, 2001a; Sears, Lin, Jacko,
& Xiao, 2003; World Health Organization, 2001) (cf. Figure 21).
Figure 21. Formalisation du lien entre les besoins spécifiques liés aux déficits et les domaines et/ou les activités
On peut remarquer que cette catégorisation par domaines est déjà présente dans la
classification du fonctionnement et du handicap, proposée par la CIF (2001) où elle reprend de
manière systématique les différents domaines dans lesquels évoluent les sujets qui souffrent d’un
déficit particulier. En effet, lorsqu’elle relève les « composantes de la santé », elle retient deux
grandes catégories de domaines :
- Les domaines de la santé, qui évaluent les capacités physico-sensorielles et cognitives
comme la vision, l’audition, la marche, l’apprentissage, la mémoire, etc.). Cette phase
correspond davantage à une sous-partie de notre notion de « besoins » évoquée ci-
dessus.
- Les domaines connexes de la santé, qui sont l’expression des activités et de la
participation et qui sont proches de l’intérêt que nous voyons à la catégorie de domaine
de notre système de classification. La CIF fournit ainsi neuf catégories de domaines :
l’apprentissage et l’application des connaissances ; les tâches et les exigences
générales ; la communication ; la mobilité ; l’entretien personnel ; les activités
domestiques ; les relations et les interactions avec autrui ; les grands domaines de la
vie ; la vie communautaire, sociale et civique.
Néanmoins, cette organisation des domaines ne peut pas être reprise tel quelle dans notre
classification, et ce, pour deux raisons. D’abord, parce que certaines catégories sont trop larges
pour obtenir un classement précis et exclusif de l’aide à apporter (i.e. humaine ou technique),
comme celles des « des tâches et exigences générales » ou encore celles « des grands domaines
142
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
de la vie ». Ensuite, parce que ces domaines sont relatifs aux handicaps en général, or, notre
objectif est principalement centré sur les personnes âgées. C’est pourquoi, même si certains
domaines seront partagés, il est important de recueillir et d’organiser les différents champs
d’activités caractéristiques des seniors, afin de pouvoir analyser leurs impératifs vis-à-vis du
besoin.
Les travaux de recherches de Harrington et Harrington (2000) sont spécifiques aux aînés, et
reconnaissent quatre domaines principaux à la gérontologie :
- La santé et la performance physique, qui sont basées sur la compensation de déficits liés
à l’âge et l’augmentation de l’autonomie par l’adaptation de l’environnement.
- Le domicile et la vie quotidienne, où il s’agit d’adapter l’environnement en termes
d’accessibilité, de sécurité, de confort, etc. Dans ce domaine, l’objectif est en lien avec
le logement et avec les AVQ et AIVQ.
- La mobilité personnelle et le transport, qui visent le déplacement qui est une fonction
primordiale à l’indépendance. D’ailleurs, la diminution ou la perte de la mobilité est
significativement corrélée à un déclin physique (i.e. fonte musculaire, infections,
trouble du transit, etc.), psychologique (i.e. anxiété, dépression, etc.) et social (i.e.
isolement et désocialisation).
- L’information et la communication, qui reprennent le problème de l’exclusion, de
l’isolement et de la désocialisation des adultes âgés (e.g. retraite, décès du conjoint, des
amis, départ des enfants, etc.) qui amène un risque de péjoration des capacités
physiques et cognitives.
Cette catégorisation des domaines représente une approche intéressante car elle considère
que les personnes âgées ont des champs d’activités qui peuvent être différents de ceux d’autres
populations (e.g. des personnes plus jeunes, des personnes handicapées en général, etc.).
Néanmoins, ces champs pourraient être complétés, car certains aspects ne semblent pas traités
comme l’aspect du divertissement et des loisirs, du travail, ou de la planification des activités,
etc.
VanBronswijk, Bouma et Foard (2002) quant à eux complètent les domaines précédents en
apportant quelques précisions : la santé et l’auto-évaluation ; le logement et la vie domestique ;
la mobilité et le transport ; le travail et les loisirs ; la communication et la gestion. Cette fois, les
auteurs ajoutent dans la liste l’auto-évaluation, qui est importante pour l’autonomie, ainsi qu’une
catégorie travail et loisir. Les activités de la vie quotidienne ne sont plus seulement les actes
essentiels, mais prennent aussi en compte le domaine récréatif. Par contre, les aspects sociaux ne
sont pas suffisamment pris en compte et leur champ semble restreint à la communication.
D’une manière générale, ces classements sont parfois trop larges pour qu’ils aient une valeur
heuristique, c’est pourquoi, en nous appuyant sur les travaux existants, nous avons tenté de les
143
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
préciser en proposant des catégories plus spécifiques des domaines d’activités des personnes
âgées qui pourront être opérationnalisés au moment du diagnostic des besoins et de la
proposition d’une assistance (e.g. gérontotechnologies). Voici la catégorisation de domaines
d’activité que nous proposons :
- Soins et Santé, où nous considérons toutes les activités en lien avec des soins
médicaux, paramédicaux, et sociaux, qui visent à améliorer la santé et / ou la qualité de
vie des seniors (e.g. observance du traitement, nutrition, surveillance de tous types
d’indicateurs de santé et de bien-être, etc.).
- Logement et vie domestique, qui comprennent les activités qui se déroulent dans le
cadre du lieu de vie. Ce domaine est large, c’est pourquoi nous l’avons sous-divisé en
trois sous-catégories :
1. activité domestique, qui renvoie aux AVQ et AIVQ, qui sont de bons indicateurs
de l’autonomie (Dagneaux, Vercruysse, Degryse, & Périno, 2009 ; Felix et al.,
2014 ; Lawton, 1998 ; Soubeyran et al., 2011) ;
2. sécurité, qui reflète la possibilité de se protéger, et d’éviter les dangers ;
3. gestion et planification de la vie quotidienne, qui reprend les activités nécessaires
pour organiser son temps, administrer ses finances, et ses achats, etc.
- Social, où il s’agit de l’aspect social de l’activité et non pas de l’analyse du réseau
social disponible. Cette catégorie est de nouveau divisée pour être plus spécifique dans
son analyse :
1. information et communication, qui visent les activités d’apprentissages, de
conversations et d’échanges ;
2. loisirs, qui est en lien avec toutes les activités ayant un but récréatif, de
divertissement, ou culturelle.
- Travail, qui concerne les activités dans lesquelles la personne doit fournir un résultat
attendu (i.e. rémunéré, bénévole ou personnel).
- Mobilité et transport, qui correspond aux capacités de déplacement dans différents
environnements. Les difficultés de déplacement peuvent être à l’extérieur, à l’intérieur,
ou les deux (e.g. bâtis privés ou publics, routes, voies publiques, moyens de transports,
etc.).
Pour conclure, l’analyse du besoin par une phase de diagnostic, puis du domaine nous
permet de proposer un niveau d’aide et d’assistance adéquat et adapté aux nécessités de la
situation.
144
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Les objectifs fixés à la technologie dans le but de satisfaire le besoin peuvent être une clé
pour l’organisation et le classement des gérontotechnologies. Ainsi, nous pouvons envisager que
les technologies répondent à trois objectifs eux-mêmes divisés en sous dimensions :
- la prévention primaire
- la rééducation / remédiation
- La compensation / réadaptation
On peut envisager que les gérontotechnologies ont des capacités préventives (World Health,
1998). Effectivement, il est possible de leur reconnaître des compétences pour diminuer :
- l'incidence de certains symptômes ou de difficultés liées au vieillissement, en réduisant
le risque d'apparition de nouveaux cas (i.e. prévention primaire) ;
- la prévalence et la durée d'évolution de la maladie par le dépistage précoce, le traitement
des premières atteintes, etc. (e.g. troubles fonctionnels, perceptifs, sensori-moteur, etc.),
ainsi que des possibilités d’amélioration de l’observance thérapeutique, etc. (i.e.
prévention secondaire) ;
- la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives, en réduisant par exemple, les
incapacités fonctionnelles, en favorisant la rééducation, la réadaptation et la réinsertion
sociale, etc. (i.e. prévention tertiaire)
La prévention primaire
Les technologies semblent avoir des capacités de prévention primaire, dans le sens où elles
pourraient retarder les déclins physiques (e.g. force et équilibre, etc.) et cognitifs (e.g. mémoire,
attention, vision, etc.) liés à l’âge, voire améliorer la qualité de vie et la sécurité (e.g. isolement
social, surveillance médicale, etc.).
145
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Les exergames et les serious-games pour prévenir les déclins physiques, cognitifs et sociaux
Les exergames sont des systèmes informatiques – souvent sous une forme de jeu
pédagogique – utilisant la persuasion technologique, qui cherchent à engager la personne âgée
dans le maintien et même l'amélioration de ses capacités physiques (e.g. force musculaire,
équilibre, dextérité, etc.) par la pratique d’exercices, et d’une activité physique régulière, saine et
ainsi diminuer la sédentarité responsable de facteurs aggravants dans le vieillissement (i.e.
pathologies cardio-vasculaire, obésité, plaque d’athérome, hypertension artérielle, démence,
diabète, sarcopénie, etc.).
Les effets de l’utilisation de ces systèmes technologiques suggèrent des améliorations sur
l’état de santé et sur la qualité de vie des personnes âgées à plusieurs niveaux (Vogel et al., 2009;
Wiemeyer & Kliem, 2011) :
- pour le système cardiovasculaire et cardiorespiratoire (e.g. amélioration de l’endurance
et prévention des maladies cardiovasculaires et de certains type de démence) ;
- pour la force et la souplesse (e.g. renforcement postural, de la masse musculaire et
osseuse, augmentation des amplitudes articulaires, etc.) ;
- pour le métabolisme énergétique (e.g. stabilisation du poids dans la norme, du système
digestif, du péristaltisme et de la continence, etc.) ;
- pour le système immunitaire (e.g. diminution des infections, de l’immunodépression,
etc.) ;
- pour la coordination sensorimotrice (e.g. temps de réaction, amélioration de l’équilibre
et de la coordination manuelle, diminution du risque de chutes, etc.) ;
- pour le sommeil (e.g. diminution du temps d’endormissement, et des réveils nocturnes,
etc.).
Ces conclusions semblent montrer des résultats semblables aux conclusions d’autres études
(Denney, 1982 ; Freund & Baltes, 2003 ; Thompson, 1995) que nous aborderons dans un
prochain chapitre (cf. section 2.2.2.3).
De plus, les joueurs peuvent avec certains systèmes, comme la réalité augmentée (e.g.
téléphone mobile, système de GPS, capteur de mouvement, etc.) des feedbacks directs ou différés
sur leurs activités, ce qui est source de motivation, d’apprenabilité et donc de renforcement de
l’acceptation et de l’utilisation.
146
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
d’utilisation. Les techniques de persuasion sont utiles pour garder les sujets actifs dans leur prise
en charge et motivés à exercer des activités (Fogg & Eckles, 2007). D’ailleurs, des études
convergentes (Lawrence, Sax, Navarro, & Qiao, 2010 ; Li, Janissa, & Gladys, 2009) testant la
console WII de Nintendo® chez des aînés montrent une bonne acceptation de la technologie et
une augmentation de l’activité physique. En revanche, ces observations ne résistent pas au
temps. On remarque que les personnes âgées ne tiennent pas ces « bonnes habitudes de vie » sur
le long terme, et que les résultats positifs sont observables seulement sur le court terme.
Les résultats généraux de cette recherche montrent que ce système permet bien un recueil
pertinent des indicateurs physiologiques et des paramètres vitaux (i.e. pouls, température,
tension artérielle, poids). Néanmoins, en ce qui concerne l’incitation à la pratique de l’activité
physique, les résultats sont plus mitigés. On observe que l’intention d’utilisation est décroissante,
et qu’après une période de curiosité (i.e. intérêt pour la nouveauté), le système est de moins en
moins utilisé. De plus, la persuasion technologique n’est pas suffisamment fonctionnelle dans ce
dispositif.
147
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La recherche au sujet des exergames dans le vieillissement pourrait alors s’inspirer d’un
domaine très performant : celui des jeux vidéo tout public proposés sur tablette ou smartphone.
Par exemple, le succès rencontré à l’été 2016 par le jeu Pokémon® en est une bonne illustration.
Le jeu consiste à récolter des œufs placés à certains endroits des villes (i.e. utilisation de la
réalité augmentée), puis à les faire éclore sous certaines conditions (i.e. effectuer un nombre de
kilomètres journalier) dans un incubateur virtuel. Suite à l’éclosion, on obtient un personnage de
fantasy, que l’on doit entraîner afin de pouvoir jouer contre d’autres utilisateurs dans des lieux
spécifiquement prévus à cet effet dans les villes. Le système utilise la persuasion technologique
de manière adéquate et incite à son utilisation. Il est performant à la fois pour encourager à faire
de l’exercice et pour le recueil de données sur l’utilisateur. Lors de l’interaction, l’application
oblige le joueur à marcher entre deux et cinq kilomètres par jour pour voir éclore l’œuf et
découvrir le personnage qu’il contient, ou encore, le joueur doit se déplacer à pied (i.e. contrôle
de la vitesse de déplacement par système GPS) pour aller sur les lieux où sont placés les œufs,
etc. Le jeu peut envoyer des « notifications » qui incitent à jouer dans certains lieux (e.g.
présence d’œufs ou de lieux pour jouer avec d’autres utilisateurs), ou dans certaines
circonstances (i.e. nombre de kilomètres journaliers non effectués, etc.). Enfin un système de
points récompense l’utilisateur et le classe par rapport aux autres utilisateurs (i.e. comparaison
sociale) (cf. Figure 23)
Par ailleurs, les systèmes d’application qui utilisent comme technologie le smartphone ont
plusieurs avantages pour notre public. D’une part, de plus en plus de personnes âgées possèdent
et utilisent un smartphone (Crédoc, baromètre du numérique, 2016). Ensuite, la situation de cette
technologie (i.e. en permanence sur soi) et les possibilités incorporées (e.g. système GPS,
caméra, son, relevé de la fréquence cardiaque, podomètres, etc.) lui permettent d’utiliser la
148
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
réalité augmentée et d’obtenir des recueils d’informations importants et réguliers (cf. Figure 24).
Ces deux avantages sont intéressants en termes d’accessibilité à la fois physique, cognitive et
économique, mais aussi pour les utilisateurs primaires et secondaires. En effet, les aînés
connaissent cet outil, et savent l’utiliser (i.e. amélioration de l’efficience, de l’apprenabilité, et
de l’acceptabilité, etc.), et au niveau économique, ce système ne nécessite pas l’achat d’un
appareil spécifique vu que les seniors possèdent déjà la technologie. Quant aux professionnels,
ils bénéficieront d’un recueil de données continu, important et régulier, qu’ils pourront analyser
et traiter en pluridisciplinarité (i.e. facilité de transfert des données).
Figure 24. Utilisation de la réalité augmentée pour deux applications : Pokémon go et une application pour aider à
effectuer des achats tirés de https://www.lesechos.fr.
D’autre part, le smartphone est un média très influent en termes de persuasion. A ce sujet,
Fogg (2007), parle de maptologie (i.e. mobile as persuasive technologies), en lui prêtant les
mêmes vertus que la captologie (i.e. computer as persuasive technologies), c’est-à-dire un
important pouvoir de persuasion. Effectivement, depuis quelques années des recherches
démontrent avec succès que le mobile a un fort potentiel persuasif, et que son utilisation s’étend
à de nombreux domaines : la santé, le sport, le marketing, la psychologie, la politique, etc. Cet
auteur a montré à travers d’importantes recherches, que le téléphone portable avait un pouvoir
inégalé pour changer ou renforcer un comportement de santé. D’autres études appuient ces
résultats et démontrent que l’utilisation du téléphone a permis de changer le comportement
alimentaire, (Hedtke, 2007), d’engager un individu dans un nouveau comportement (Ulm, 2007),
ou de rendre compliant aux traitements dans les maladies chroniques (Boland, 2007).
Dans un style comparable aux « exergames », un autre système peut être envisagé dans la
prévention primaire, le « serious game ». L’objectif recherché par ces dispositifs est souvent de
stimuler, afin de maintenir ou d’améliorer (i.e. prévention primaire), ou de remédier ou
rééduquer (i.e. prévention tertiaire) les compétences cognitives comme la vigilance, l'attention,
la coordination, la mémoire, etc. Le serious game utilise des exercices ludiques, comme attraper
les symboles seulement quand ils sont en double ou lorsqu’ils possèdent une « marque »
particulière, etc. Ainsi, le sujet travaille des fonctions cognitives comme l’attention soutenue et
sélective, la mémoire à court terme, etc. (cf. Figure 25).
149
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 25. Système Minds développé par le CEN Stimco 2015, tiré de https://vimeo.com/174534842.
Les auteurs Tran, Bremond et Robert (2014) proposent un serious games. Leur système se
compose d’un dispositif de caméra de type Kinect® (Microsoft®), capable de prendre plusieurs
types d’informations par deux dispositifs (cf. Figure 26) :
- un module de vision, responsable de la détection et du suivi de la personne ;
- un module de reconnaissance d’événement (MRE), qui prend en compte les
informations du module vision, mais aussi les informations de l’environnement et du
contexte (e.g. zone, posture, objets, etc.).
Sur la base de ces sources d’informations, le système est capable d’utiliser la persuasion
technologique, en proposant à la personne âgée de jouer, au moment le plus opportun (i.e. le
Kaïros21) (Fogg & Eckles, 2007). Par exemple, si le sujet est assis depuis longtemps, s’il n’est
pas occupé, ou s’il se situe dans la zone de stimulation plus de trois secondes, etc.
21
Le Kaïros : Le facteur de Kaïros : c’est le principe de pouvoir présenter le message au moment le plus
opportun. Le Kaïros est un concept qui, adjoint à l'Aion et au Chronos, permet de définir le temps chez les Grecs.
C’est le moment de l’occasion opportune.
150
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 26. Système interactif équipé de caméra et d’un écran HD dans l’expérience de Tran et al. (2014)
Pour inciter davantage à l’interaction, les auteurs ont choisi de mettre un avatar de jeune fille
(choix tiré d’une enquête faite en amont), afin d’ajouter un aspect émotionnel positif (Morandell,
Hochgatterer, Fagel, & Wassertheurer, 2008). Une fois que le système détecte le moment
opportun pour proposer son utilisation, différents types de scenarii vont être déclenchés, et une
interaction la plus naturelle possible va se mettre en place (e.g. commande vocale, détection
geste et posture, etc.). Ce système a permis d’obtenir de bons résultats puisque 84 % des seniors
ont réalisé l’activité proposée, et 87,5 % ont poursuivi l’interaction pour d’autres jeux.
Cependant, l’article ne mentionne pas si les effets bénéfiques sont maintenus dans le temps.
Les conclusions concernant l’apport des exergames sont toutefois à pondérer et doivent être
nuancées. D’une part, parce que l’effet principal (i.e. amélioration cognitive) n’est peut-être pas
dû aux jeux eux-mêmes, mais aussi possiblement à la socialisation créée par la mise en place du
système (i.e. présence de professionnels, etc.) et le fait de jouer en groupe (i.e. conversation,
partage, émotion, etc.). D’autre part, parce que la transférabilité dans les tâches de la vie réelle
n’est pas toujours démontrée de façon claire, et que les résultats sont difficiles à mesurer.
Par ailleurs, les sujets âgés ne bénéficient pas d’une culture du jeu vidéo, ni d’une bonne
expertise des technologies de type ordinateur, caméra, etc. (Tran et al., 2014), ce qui peut parfois
augmenter les difficultés d’utilisation de ce type de système. Enfin, on observe comme pour les
sériousgames une diminution de l’utilisation dans le temps et donc une diminution des effets
bénéfiques.
Enfin, ces technologies (i.e. exergames et serious game) ont surtout un intérêt pour retarder
le vieillissement, et garder les aînés dans une bonne forme physique et cognitive (i.e. prévention
primaire). Cependant, elles sont aussi utilisées ou conçues pour effectuer de la rééducation et de
la remédiation.
151
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Nous considérons dans notre travail que la gérontotechnologie dans son aspect de
rééducation et de remédiation peut avoir plusieurs utilisateurs – en particulier trois – qui sont
rassemblés dans deux groupes. D’abord l’utilisateur primaire, qui correspond à la personne âgée
en vieillissement normale, qui use de la technologie pour améliorer sa qualité de vie, ou en
vieillissement pathologique, pour maintenir une autonomie maximale. Ensuite, nous avons deux
types d’utilisateurs secondaires, les professionnels de la santé et les aidants. Pour les
professionnels, l’objectif de la technologie est plutôt d’évaluer, d’observer des changements, de
surveiller, ou de soigner et d’améliorer certains symptômes. Alors que pour les aidants, le but est
davantage de permettre de les soulager dans certaines tâches (i.e. charge physique et mentale).
Nous nous intéresserons, dans ce sous chapitre, particulièrement aux possibilités des
fonctions technologiques pour les utilisateurs primaires. Nous évoquerons celles pour les
utilisateurs secondaires dans une prochaine partie (cf. section 2.2.2.5).
La rééducation et la réadaptation
Selon le Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de
réadaptation (2015), la rééducation permet d’évaluer et de rééduquer des fonctions sensori-
motrices ou des fonctions cognitives, par exemple suite à un accident vasculaire cérébral, une
intervention chirurgicale, ou pour le vieillissement. Elle permet aussi de réduire les déficits des
systèmes osseux et musculaires (e.g. mobilité, douleur, force, etc.), ou encore intellectuels et
cognitifs (e.g. langage, mémoire, fonctions exécutives, etc.). La finalité de la rééducation est de
rendre au sujet son fonctionnement normal ou de l’améliorer significativement.
Ce terme est souvent confondu avec celui de réadaptation. Mais ce dernier est quant à lui
envisagé lorsque la récupération, le gain, ou l’amélioration (i.e. rééducation) ne sont plus
possibles. Il faudra alors mettre en place des compensations ou des solutions palliatives. Par
exemple, l’instauration de substitution ou de suppléance techniques, et il sera nécessaire de
permettre au sujet de les utiliser avec un maximum d’efficience et de sécurité (e.g. conception
adaptée, apprentissage, etc.).
La technologie n’a pas seulement des possibilités pour prévenir le déclin des fonctions
physiques, cognitives et sociales, elle peut aussi fournir des solutions de récupération et/ou
d’amélioration de ces fonctions, en aidant à les renforcer, à les entraîner, à les stimuler, etc.
152
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La rééducation robotique peut être physique ou cognitive. Il existe de plus en plus de robots
de rééducation qui sont disponibles sur le marché, et qui proposent différentes fonctions. Nous
présenterons, dans ce chapitre, des outils de référence déjà utilisés dans des centres hospitaliers
en France et Suisse (i.e. CHU de Lausanne et de Cambrai, etc.).
Comme nous l’avons constaté, le déplacement, la mobilité, la force des membres supérieurs,
la préhension, la coordination, la dextérité ainsi que l’équilibre sont particulièrement impactés
dans le processus de vieillissement, ces appareils peuvent donc être intéressants à exploiter en
153
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le lokomat V6® (cf. Figure 27) est un système robotisé d’entraînement à la marche de type
exosquelette. Il est équipé de sangles et d’orthèses, qui permettent d’initier et de guider le
mouvement des membres inférieurs pour la fonction locomotrice. La particularité de cette
machine est d’utiliser une sorte de serious game et de réalité virtuellement augmentée, qui
permettent de se voir sur un écran et de faire différents types de jeux dont la finalité est le travail
des fonctions déficitaires. Cette complémentarité permet de se corriger soi-même, d’augmenter
la motivation et donc les efforts et la persévérance, et in fine de mieux réussir sa rééducation.
Enfin, le système d’allégement de la charge et d’aide à la marche est programmé pour s’adapter
aux progrès du patient afin de mettre en place une diminution progressive de l’aide, calculée en
fonction des résultats de toutes les séances.
L’Armeo Therapy Concept® (cf. Figure 28) contribue davantage à la rééducation des
membres supérieurs. Le dispositif est composé d’un exosquelette de bras qui évite la fatigabilité
et améliore la précision. Cette technologie utilise aussi la réalité virtuellement augmentée et une
forme de jeu pour initier les patients à effectuer les gestes et à les corriger si besoin.
154
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Deux métaanalyses (Mehrholz, Elsner, Werner, Kugler, & Pohl, 2013 ; Teasell et al., 2009)
démontrent que l’entraînement des fonctions motrices, effectué par des systèmes robotisés,
obtient de meilleurs résultats que les exercices de rééducation conventionnels. Cependant,
concernant les membres supérieurs, ces performances sont meilleures pour l’épaule et le bras, et
moins pertinentes pour le poignet et la main.
Par ailleurs, nous donnons, dans cette partie, quelques exemples de technologies qui ont fait
la preuve scientifique de leurs bénéfices. Pour autant, la technologie n’est pas systématiquement
supérieure aux approches traditionnelles dans le domaine de la rééducation. Par exemple, un
autre système de rééducation fonctionnelle à la marche spécifiquement conçu pour la personne
âgée propose des exercices de marche et d’équilibre sur une plateforme vibrante : le dispositif
Vibrosphère™ (cf. Figure 29). Les études concernant ce système sont divergentes et donnent des
résultats positifs tantôt à la méthode classique (Elbouz, Gillain, Bendavid, Maquet, & Petermans,
2012) tantôt à la prise en charge avec le système vibrosphère™ (Bautmans, Van Hees, Lemper,
& Mets, 2005; Kawanabe et al., 2007; Rees, Murphy, & Watsford, 2008).
Il est donc important de continuer à évaluer les technologies afin de mettre en lumière leurs
avantages réels, et de ne pas céder à l’euphorie qui entoure l’utilisation des nouvelles
technologies et de les considérer comme supérieures pour tous types de prise en charge et pour
toutes situations.
Certains déficits cognitifs acquis lors du vieillissement sont peu ou pas améliorés par les
traitements psychotropes, qui sont même susceptibles de les aggraver s’ils ne sont pas prescrits
de manière adéquate (i.e. posologie minimale et, si possible, en monothérapie) (Franck, 2010).
De plus, la Commission de Transparence (CT), qui fait partie de la HAS (Haute Autorité de
Santé) a fait une métaanalyse des études existantes avec les médicaments de traitement des
démences de type Alzheimer (Haute Autorité de Santé, 2011), et les résultats montrent que
155
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La HAS recommande donc de limiter leurs prescriptions médicales, et rappelle que la prise
en charge de cette maladie ne doit pas se limiter à l’administration de psychotropes, mais doit
être globale, c’est-à-dire inclure des thérapies non médicamenteuses.
La remédiation cognitive fait partie des thérapies non médicamenteuses, et elle est
particulièrement adaptée aux troubles physiques et cognitifs. Elle consiste en un ensemble
d’interventions qui ont pour but d’amener une amélioration du fonctionnement cognitif, de la
généraliser aux fonctions utiles dans la vie quotidienne et de les maintenir dans le temps.
L’objectif est de favoriser une réinsertion sociale et / ou professionnelle de personnes souffrant
de difficultés de type cognitif en diminuant l’impact fonctionnel qu’ils induisent (i.e.
réadaptation). L’effet sur les capacités fonctionnelles (i.e. physiques) constitue donc la cible de
ce type d’intervention, l’amélioration des performances cognitives n’étant qu’un moyen pour
aboutir à cette fin (Franck, 2010).
Les auteurs Clare et Woods (2004) distinguent un ensemble de pratiques différentes au sein
de la remédiation cognitive :
- la stimulation cognitive, qui consiste en une série d’activités et / ou de discussions, qui
aura pour effet d’améliorer le fonctionnement cognitif et social ;
- l’entraînement cognitif, dans lequel le sujet est accompagné dans la réalisation de séries
de tâches standardisées (i.e. ordinateur ou papier-crayon) en lien avec des processus
cognitifs particuliers (e.g. attention, mémoire, planification, etc.) ;
- la revalidation ou réhabilitation cognitive, pour laquelle un professionnel effectue un
diagnostic des déficits, puis met en place une prise en charge individualisée avec la
prescription d’exercices en lien avec les problèmes identifiés. Les objectifs sont mis en
place en prenant en considération les capacités préservées, les moyens de compensation
(e.g. techniques ou technologiques) et les personnes aidantes ou proches. Par ailleurs,
cette démarche est dite « écologique », c’est-à-dire qu’elle est mise en place au plus
proche dans les activités réelles du sujet (e.g. AVQ, AIVQ). Elles sont donc plus
directement transférables dans la vie quotidienne.
Cependant, les résultats des études concernant ces pratiques sont discordants, ce qui
empêche la proposition systématique de ce type de thérapie chez des sujets en vieillissement
pathologique. D’abord, des études (Spector et al., 2003) mettent en lumière une amélioration du
fonctionnement cognitivo-psycho-social après une stimulation cognitive de six mois, mais qui
décline rapidement (i.e. maintien environ 12 mois). Ensuite, une recherche plus récente (Lapre,
156
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Tableau 34. Exemple du contenu du programme de stimulation cognitive, fonctions sollicitées et adaptation écologique
pour chaque séance (Lapre, E, & al. 2008)
Par ailleurs, il est à noter que les techniques de stimulation cognitive de groupe ne se basent
pas suffisamment sur un diagnostic individuel et qu’elles fournissent des programmes similaires
pour tous les participants, alors que, comme nous l’avons vu tout au long de ce travail, il existe
une grande variabilité dans les troubles et une importante hétérogénéité interindividuelle. De ce
fait, il est difficile sans ce prérequis d’affirmer une réelle évolution du sujet. Il paraît alors
préférable d’envisager une stimulation cognitive sur le modèle de la réhabilitation, c’est-à-dire
mise en place suite à un diagnostic et avec une prise en charge individuelle, afin d’être attentif
aux besoins, aux déficits et à l’évolution de chaque personne.
Martin et Franck (2012) proposent de mettre en lien les capacités des nouvelles technologies
et les techniques de remédiation cognitive. Les auteurs estiment que ce couplage dépend des
perspectives suivantes :
- une phase de diagnostic et de mesure de l’évolution du sujet ;
157
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
- la mise en place de programmes centrés sur la cognition sociale et sur l’amélioration des
symptômes diagnostiqués ;
- l’évaluation de la valeur potentiellement préventive des programmes proposés (i.e.
prévention tertiaire) ;
- une importante place accordée aux facteurs subjectifs (e.g. motivation, aspects psycho-
sociaux, émotions, etc.) dans l’analyse du lien entre dysfonction cognitive et handicap
fonctionnel.
Pour autant, les systèmes actuellement disponibles, basés sur des technologies
commercialisés par des entreprises comme Posit Sciences, CogniFits, Presco, n’apportent pas
suffisamment de preuves scientifiques quant à leur efficacité, et ne déterminent pas de
mécanismes sous-jacents par lesquels ils améliorent la mémoire, l'attention, et l'indépendance
fonctionnelle (Brun, Michel, & Brangier, 2012 ; Charness & Boot, 2009). De ce fait, ils ne
peuvent pas être prescrits systématiquement comme aide thérapeutique pour le moment, et
doivent faire l’objet d’autres évaluations.
Pour conclure, certains auteurs (Bobillier Chaumon, Michel, Tarpin Bernard, & Croisile,
2014b) affirment que les TIC pourraient permettre d’éviter l’hospitalisation, en maintenant, voire
en développant l’autonomie du sujet, ou en atténuant certaines déficiences et en améliorant la
qualité de vie des personnes âgées, si elles avaient pour objectifs la réhabilitation et la
remédiation cognitive. Néanmoins lorsque le déficit est acquis et qu’il n’y a plus de possibilité
d’amélioration et de récupération, les technologies peuvent encore être utilisées pour compenser
et remplacer certaines habilités (i.e. physiques, intellectuelles et sociales).
Que ce soit dans le vieillissement normal ou pathologique, la diminution des capacités pour
réaliser des tâches de la vie quotidienne amènent les personnes âgées à adopter des stratégies de
compensation. Ces stratégies peuvent être considérées soit comme naturelles lorsque l’individu
aménage ses modes de vie en fonction de sa propre perception des incapacités, dans une optique
de régulation et d’adaptation, soit, elles peuvent faire appel à des éléments externes, artefacts ou
outils de nature diverse qui viennent assister à différents niveaux l’accomplissement de leurs
activités.
D’un point de vue gérontologique, ces deux modes de compensation doivent être pris en
compte pour comprendre les capacités résiduelles d’adaptation de l’individu et la nature de l’aide
que l’on doit lui fournir.
158
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La capacité d’adaptation de l’être humain, tant sur le plan physique que cognitif, est
impressionnante. Elle est le fruit de mécanismes d’adaptation naturels.
On relève également différents types d’attitudes mis en place qui permettent de compenser
les difficultés rencontrées du fait de l’avancée en âge. En effet, les individus adoptent des
stratégies pour maintenir un niveau d’indépendance et d’autonomie acceptable. On peut en citer
certaines :
- Les phénomènes de compilation, il s’agit le plus souvent d’une expertise acquise en
mémoire à long terme, qui permet de réaliser une opération complexe sans passer par
toutes les étapes. Par exemple, pour réaliser une multiplication, on ne réalise pas
mentalement le calcul puisque l’on a stocké le résultat des tables en mémoire à long
terme sémantique.
- Le phénomène d’accommodation par les buts, les personnes âgées disposent
généralement de plus de latitude temporelle et peuvent considérer que la réussite d’une
action prendra plus de temps, sans que ce soit problématique.
- Les phénomènes d’accommodation par les moyens, il s’agit de l’emploi de stratégies
et de techniques qui visent à utiliser un niveau d’organisation plus élevé, par exemple
anticiper (e.g. agenda, fiche papier, etc.) ou s’appuyer sur une personne aidante.
- les phénomènes de préservation, qui avancent l’hypothèse que l’entraînement par la
sollicitation régulière et diversifiée des activités cognitives permettrait de préserver leur
efficacité. Le phénomène de préservation dépend de deux propriétés. D’abord, la
dimension intensive, c’est-à-dire la capacité et la motivation à fournir un travail
important, ensuite, la dimension créatrice, qui est en quelque sorte l’attente de
récompense des efforts fournis (e.g. nouvelles compétences, amélioration des
performances, etc.) (Marquié, Jourdan-Boddaert, & Huet, 2002).
Il est alors important de s’intéresser au mode de vie et à l’environnement des personnes, afin
de juger s’ils sont suffisamment stimulants pour conserver les habilités sur le plan physique et
cognitif, et si les sujets sont capables de mettre en place des stratégies compensatrices.
159
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Certains auteurs suggèrent que l’on ne compense pas seulement, mais que l’on améliore ses
capacités déficientes, voire que l’on pourrait récupérer des aptitudes perdues. Le modèle du
vieillissement physique et cognitif « croissance-décroissance » de Denney (1982) avance cette
hypothèse. L’auteur montre sur la base de tests (physiques et psychométriques) deux courbes
parallèles de l’augmentation et du déclin des habilités physiques et cognitives en lien avec
l’avancée en âge (cf. Figure 30). Il remarque une grande variation inter-sujets, dans le niveau de
performance, en fonction de la quantité d’exercices physiques et / ou cognitifs pratiqués pour
améliorer ou maintenir une fonction. Il affirme alors que l’écart entre la courbe d’habiletés
exercées et non exercées représente le niveau d’amélioration possible ou « la capacité de
réserve ». Ainsi, il conclut que l’on peut par exemple améliorer sa capacité respiratoire (i.e. VO2
max22) et musculaire (e.g. sarcopénie) en pratiquant des exercices de « cardio » et de « fitness »,
ou ses capacités cognitives avec de la remédiation cognitive, etc., même s’il y a une pathologie,
et ce, à tout âge.
Figure 30. Modèle du vieillissement physique et cognitif de Denney (DATE) (croissance-décroissance) in Bee, H. &
Boyd, D. (2011)
22
VO2 max : correspond à une possibilité de mesure de l’endurance par le calcul de la consommation
d’oxygène dans le corps pendant un effort important.
160
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Malgré tout, on distingue une décroissance liée à l’âge dans ce modèle, même avec la
pratique d’exercices adaptés, ce qui correspond au vieillissement normal. C’est pourquoi, ces
hypothèses ne peuvent pas expliquer de manière trop simpliste le processus de vieillissement par
des changements dans l’expérience et l’activité. D’ailleurs, elles ne remettent pas en cause
l’existence d’un processus maturationnel, mais elles le pondèrent et ajoutent une variable dans
l’équation (i.e. l’exercice) qui démontre que l’activité joue un rôle certain sur le processus de
vieillissement, en modérant sa qualité.
Enfin au niveau cognitif, il faut pouvoir nuancer deux notions : les hypothèses de réserve
cognitive, qui sont posées sur des événements rétrospectifs (e.g. niveau de connaissance
antérieure, niveau d’éducation, catégorie socioprofessionnelle, etc.), et les hypothèses de
préservation cognitive (i.e. modèle de Denney), qui sont plutôt prospectives (e.g. exercice
cognitifs, discussion, lien social, etc.). Les hypothèses de préservation cognitive laissent
entrevoir un certain optimisme, c’est-à-dire une possibilité d’amélioration et de thérapie,
contrairement à celles de réserves cognitives.
Un autre modèle, le SOC (Baltes & Baltes, 1990; Freund & Baltes, 2003), permet de mettre
en avant les possibilités d’adaptation des personnes âgées suite à une perte (e.g. physiologique,
physique, ou psychologique), mais aussi les possibilités de compensation mises en œuvre.
Contrairement au modèle de Denney (1982), l’exercice n’est pas le seul vecteur d’amélioration
et d’autres variables sont considérées. Ce modèle est divisé en trois parties (cf. Tableau 35) :
- la sélection, qui est le choix opéré concernant des activités ou des compétences que le
sujet veut conserver (i.e. objectif, but). Compte tenu de ses difficultés, de ses déficits, et
de la diminution avec l’âge de certaines capacités, l’individu vieillissant ou en situation
nouvelle de handicap, va réduire son champ d’activités. L’avantage de se centrer sur un
nombre plus limité d’objectifs permet d’y consacrer plus de ressources (i.e. physiques,
financières ou temporelles). Il existe dans ce modèle deux sortes de sélections : la
sélection élective qui est basée sur le choix et la sélection négative qui est basée sur
l’absence de choix (e.g. perte de certaines possibilités, etc.).
- l’optimisation, qui est la mise au point de moyens en lien avec les objectifs choisis
dans l’étape précédente. En d’autres termes, il s’agit de la recherche d’efficience dans le
domaine sélectionné en amont, par l’entraînement, et la pratique.
- la compensation, il s’agit de trouver des stratégies, des solutions techniques, humaines
ou thérapeutiques qui doivent permettre de remplacer, de garder ou d’améliorer des
fonctions. La compensation est corrélée aux caractéristiques individuelles et à la qualité
de l’environnement humain et matériel (cf. Tableau 35).
161
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Tableau 35. Le modèle SOC : Sélection, optimisation et compensation : exemples ; tiré de Feund et Baltes (1998,
2002a)
Pour comprendre ce modèle, nous pouvons prendre exemple sur le travail de Thompson
(1995) qui montre que les aînés subissent une perte de capacité auditive et un ralentissement
général du traitement de l’information (cf. section 1.1.2). Néanmoins, ils veulent rester insérés
socialement en ayant des conversations (i.e. sélection élective). Ils passeront alors plus de temps
pour essayer de comprendre, chercheront de nouvelles méthodes et s’entraîneront à leur pratique
(i.e. optimisation). Ils compenseront alors leur perte d’audition et leur traitement plus lent du
langage par une analyse plus importante d’indices visuels (e.g. lecture émotionnelle, labiale,
posture, contexte, etc.) pour garder un niveau de compréhension orale acceptable (i.e.
compensation).
162
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
L’approche de certains auteurs (Bobillier Chaumon et al., 2014a; Denney, 1982) suggère
que la perte d’autonomie n’est pas une fatalité et qu’elle peut dans certains cas ne pas être
définitive et irréversible. Pour ces chercheurs, cet état n’est pas seulement inhérent à l’individu et
à la diminution – parfois normale de ses capacités – mais semble également être la conséquence
d’un processus qui se situerait au niveau de l’interaction de la personne et de son environnement
(cf. section 1.2.2).
L’ergonomie, en tant que protagoniste de la gérontologie, doit alors mettre à contribution ses
compétences, et rendre les conditions de cet environnement compatibles avec les spécificités de
la personne en situation de faiblesse ou de handicap. L’objectif est donc de porter la réflexion sur
le développement d’un environnement non plus facilitant, mais améliorant. Il placerait l’individu
dans un environnement sécure, lui permettant des actions qu’il ne peut plus effectuer seul, en
augmentant ses capacités résiduelles. Les compensations techniques et technologiques pourraient
alors tenir ce rôle dans l’environnement. Les technologies sont capables d’aider, d’assister voire
de remplacer une fonction humaine (Bender, De Haan, & Bennett, 1995; Brangier, 2003;
Griffith, 2006), et elles permettent de diminuer nos risques d’erreurs, etc. (Brangier, Hammes-
Adelé, & Bastien, 2009). Nous pouvons alors considérer qu’elles ont un potentiel pour
compenser certains de nos déficits, voire pour augmenter certaines de nos capacités, ce qui est un
atout considérable dans le vieillissement normal et pathologique.
On s’intéresse ici aux technologies et aux dispositifs qui ont la possibilité de « rehausser et /
ou d’augmenter » les capacités des personnes âgées et / ou handicapées, et destinés à élever les
capacités physiques et / ou perceptives et / ou cognitives (Proust, 2009). Nous ajouterons à cette
liste les possibilités technologiques d’amélioration des capacités psycho-sociales qui sont
importantes dans les difficultés liées au vieillissement.
Nous pouvons considérer que la compensation technologique peut être abordée selon le
degré d’aide qu’elle fournit. Ainsi, nous faisons le choix de classer les capacités de
compensation techniques de manière croissante selon les relations d’assistance, d’aide, de
suppléance et de substitution (cf. Figure 31).
163
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 31. Continuum avec les différentes relations d’IHM selon le niveau d'aide apporté
La notion d’aide technologique considère une quantité importante de systèmes qui sont
hétérogènes, ce qui conduit à des difficultés de définition et de classement. Gapenne (2006) note
une certaine confusion dans la définition de la notion d’aide, qui est devenue générique pour
englober des dispositifs et des systèmes très différents. Pour cette raison, il est important
d’éclaircir le choix du vocabulaire, et de définir cette notion.
Une définition des aides technologiques fait consensus, il s’agit de la norme iso 9999 (2002)
qui les définit comme :
« Tout produit, instrument, équipement ou système technique utilisé par une personne handicapée,
fabriqué spécialement ou existant sur le marché, destiné à prévenir, compenser, soulager ou neutraliser
la déficience, l’incapacité ou le handicap ».
Par la suite, cette même norme, va réviser la définition et remplacer la notion d’aides
technologiques par celle de produits d’assistance (Iso-9999, 2016) et les définir comme :
Ces définitions sont très générales : elles peuvent être appliquées à de nombreuses
technologies qui allègent, mesurent, soulagent les déficits des personnes en perte d’autonomie ou
des personnes lambdas, et ne sont donc pas assez spécifiques. De plus, le terme d’aide est
remplacé par celui d’assistance. Pour autant, il nous semble important de différencier ces deux
notions.
164
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
« un terme générique pour tout dispositif ou système qui permet aux individus d'effectuer
des tâches qu'ils ne seraient autrement pas en mesure de faire ou augmente la facilité et la
sécurité dans la réalisation des tâches qui peuvent être effectuées ».
On relève alors des traits en commun avec la définition des technologies d’aide (Atarodi,
Berardi, & Pruski, 2012). Il est alors important de comprendre comment les gérontotechnologies
peuvent aider les personnes dans leurs problématiques ou les assister, et avec quel niveau de
contribution.
Selon Gapenne (2006), la différence entre des relations d’aide et d’assistance, est que cette
dernière a pour fonction principale l’évaluation. Il s’agit le plus souvent de fournir à l’utilisateur
un dispositif de contrôle et de mesure de certaines données, qui lui serviront d’indicateurs et
l’aideront et le guideront dans la prise de décision. Ces technologies sont généralement
« transparentes », c’est-à-dire que le sujet ne les utilise pas directement et ne les voit pas, mais
elles doivent intervenir d’elles-mêmes en cas de problème et devenir visibles (e.g. voyants de
tableau de bord, affichage d’événements ou alertes, etc.).
Brangier et ses collaborateurs (2009) voient l’assistance comme une relation étroite entre un
système humain et un système technologique qui propose des aides:
- au niveau informatif (i.e. accéder rapidement à des informations pertinentes et utiles
immédiatement) qui est le plus souvent de nature procédurale, et informe sur les étapes à
suivre. Ce type d’assistance agit directement sur notre comportement en l’ajustant et en
orientant nos choix ;
- au niveau collaboratif (i.e. aide à la décision, enseignement, etc.), qui postule d’un
échange, et d’une interaction dans lesquels l’individu soumet son problème à un
système qui lui proposera une ou plusieurs solutions,
La relation d’assistance est alors un système qui permet l’évaluation, la mesure, et qui sur
cette basse doit permettre une aide à la prise de décision.
Dans le cas des personnes âgées, l’assistance doit répondre à deux impératifs : elle doit tout
d’abord s’adapter à son niveau d’expertise, sans quoi elle deviendrait obsolète ou trop complexe,
mais inutile dans les deux cas. Ensuite, elle ne doit pas mettre le sujet en position de double
tâche ou submerger ses capacités de traitement de l’information, car elle risque alors de créer des
interférences, voire d’être handicapante et dangereuse, en augmentant par exemple les risques de
chutes (Beauchet & Berrut, 2006), ou en diminuant les capacités attentionnelles (e.g. accidents
de la voie publique ou domestiques, etc.).
165
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Enfin, l’assistance est primordiale dans le cadre d’IHM destinées aux seniors. L’interaction
pourra ainsi être mieux contrôlée et sécurisée et aboutir à l’utilisation de dispositifs d’aide mieux
adaptés. Le système d’assistance situé en amont de l’interaction pourra ainsi sécuriser, informer
et conseiller l’utilisateur en lui proposant différentes alternatives (Gapenne, Lenay, & Boullier,
2001), puis offrir une relation d’aide.
L’étape suivante peut être considérée comme un niveau supplémentaire de soutien aux sujets
âgés, il s’agit de la relation d’aide. Cette relation intervient sur les tâches que l’opérateur peut
difficilement effectuer seul, et la technologie permet d’affiner et d’augmenter ses performances.
Grâce aux technologies, nous pouvons améliorer de façon exponentielle nos capacités
physiques, sensorielles et cognitives. Quelques exemples permettent de prendre conscience des
possibilités offertes et d’étayer ainsi notre analyse :
- concernant la vue, nous pouvons non seulement voir plus loin, plus petit et plus grand,
mais aussi dans différents environnements (e.g. de nuit, à travers des obstacles, dans
l’eau, etc.), grâce à des technologies allant des lunettes, en passant par le microscope, le
télescope, la caméra thermique ou à infrarouge, à tout autre système de caméras
embarquées (e.g. go-pro, Google earth, caméra couleur à très bas niveau de lumière,
etc.).
- concernant l’audition, elle est également améliorée. La surdité congénitale est soignée
par des implants cochléaires, et celle liée au vieillissement par différents systèmes de
prothèses.
- concernant le déplacement, nous avons la possibilité de nous déplacer plus loin et plus
vite (e.g : hyperloop23, etc). Les distances ne représentent plus un problème, nous nous
déplaçons dans tous les environnements (e.g. sur/sous terre et mer, dans les airs, etc.),
et des moyens pour se mouvoir peuvent être facilement développés, et sont
transportables grâce à la miniaturisation des systèmes de moteur, et à des prix
abordables (e.g. drone pouvant transporter une personne : Aerofex®, Ehang 184®,
etc.). Par ailleurs, les situations de handicap sont palliées par des systèmes de fauteuils
23
Hyperloop : projet de recherche (Musk, 2013) qui propose l’installation de tubes sous basse pression dans
lequel des capsules pourraient transporter des voyageur ou des marchandises à plus de 1102 Km / h.
166
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
roulants plus ou moins perfectionnés (e.g. VPH24), et les exosquellettes ont de bonnes
capacités et sont de plus en plus utilisés.
- concernant la cognition, on observe aussi une évolution, avec des systèmes embarqués
qui nous permettent de réfléchir plus vite, avec par exemple des technologies de type
Smartphone. Nous pouvons dès lors avoir accès à des informations pertinentes de
manière synchrone et quasiment à n’importe quel endroit, ce qui facilite et augmente les
fonctions cognitives et exécutives comme le traitement de l’information, la
planification, l’orientation temporo-spatiale, la résolution de problème, la mémoire,
l’aide à la prise de décisions etc. (e.g. GPS, calculatrice, traducteur de langues
simultané, réalité augmentée, bloc note, agenda, internet, systèmes d’aide à la prise de
décision munis d’algorithmes, etc.).
- enfin, concernant la communication, elle peut être synchrone, sans limite de distance, et
même augmentée (e.g. SMS, MMS, réseaux sociaux, Communication Alternative
Augmentée (CAA), émoticônes, multimédia, etc.).
Les technologies sont donc capables d’améliorer nos perceptions sensorielles, nos fonctions
cognitives, et nos performances physiques. Dans ce sous-chapitre, nous considérerons certaines
technologies d’aide aux aînés à titre d’exemple, mais nous ne serons pas exhaustifs dans leurs
traitements et leurs descriptions.
Comme nous l’avons constaté, le vieillissement cognitif impacte dans un premier temps les
mémoires prospectives, sensorielles, de travail et l’attention (cf. : chapitre1.1). La technologie
peut alors aider par deux mécanismes : en répétant de manière récurrente l’information, et en
étant peu sensible à l’erreur.
Les systèmes d’aide vont rappeler – de manière plus ou moins insistante – un événement au
moyen d’un message (i.e. auditif, visuel, écrit ou vocal, etc.). Généralement, ils utilisent des
alertes / alarmes, qui peuvent être « à double sens ». C’est-à-dire vers l’utilisateur primaire (e.g.
le sujet vieillissant) pour lui rappeler, ou le rendre attentif à un événement, et vers l’utilisateur
secondaire (e.g. le professionnel ou l’aidant, etc.) pour l’informer de la situation. Le message
peut être répété jusqu’à l’obtention du comportement désiré, ou faire intervenir une tierce
personne au bout d’un certain nombre de répétitions si la personne n’accomplit pas l’acte (i.e.
présence au rendez-vous, mesure de la glycémie, prise du traitement, etc.). Une technologie de
ce type qui s’est démocratisée chez la personne âgée est le pilulier (i.e. distributeur de
24
VPH : Véhicule pour Personne Handicapé, qui reprend différents types de système d’aide au déplacement.
167
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
médicaments). Il permet de d’éviter à la fois les oublis de prise de traitement (i.e. difficultés de
mémoire prospective) et la prise multiple (i.e. difficulté d’inhibition ou de mémoire à court
terme), mais aussi de surveiller l’observance thérapeutique.
A titre d’exemple, le système « Imedipac® » (cf. Figure 32) est un pilulier qui sonne à
chaque prise de traitement, s’éclaire à l’endroit où se trouvent les médicaments et bloque les
autres compartiments, afin de faciliter la prise et de protéger contre les erreurs. D’autre part, il
transfère des informations, par le biais de SMS, d’appels vocaux ou d’e-mails, aux
professionnels de santé et aux aidants, pour avoir une surveillance de la compliance au
traitement. Cette technologie peut ainsi pallier les déficits de mémoire à court terme ou ceux
attentionnels, et rendre plus autonome le sujet âgé.
Nous traiterons dans un prochain chapitre de l’apport des technologies pour la stimulation,
la remédiation, la réhabilitation, et ainsi nous aborderons des possibilités technologiques en lien
avec d’autres aspects cognitifs, mais classées comme technologie de suppléance et non comme
technologie d’aide.
Les technologies ayant des possibilités d’aide pour les capacités perceptives sont
importantes à deux niveaux concernant les seniors. D’abord, parce que les déficits sensoriels ont
une incidence épidémiologique importante chez cette population, et ensuite, parce que ces
capacités sont primordiales pour l’interaction avec la majorité des technologies.
168
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Pour les déficits visuels, le plus souvent, les propositions d’aide sont différents types
d’agrandisseurs technologiques (e.g. loupe électronique, télé-agrandisseur, etc.) avec des
possibilités d’écriture, de lecture vocale, d’information haptique, etc. (cf. Figure 33).
Néanmoins, comme nous l’avons constaté, les difficultés chez les adultes âgés sont souvent
complémentaires et se superposent (cf. section 1.1). Il faut alors proposer des outils qui pallient
plusieurs déficits à la fois, afin de compenser des tâches plus complexes voire des activités.
Par exemple, la diminution de la vision (i.e. déficit sensoriel) est souvent liée à une difficulté
attentionnelle (i.e. déficit cognitif). Une pathologie récurrente des personnes âgées est le
glaucome (cf. section 1.1.2.3). Ce déficit provoque, en plus de la diminution de la vision, une
réduction de son champ et des capacités attentionnelles (Ball, Beard, Roenker, Miller, & Griggs,
1988; Collins et al., 1989; Edwards et al., 2006; Ramrattan et al., 2001; Sekuler et al., 2000).
D’importantes difficultés peuvent alors être ressenties lors d’activités pour détecter un objet (e.g.
objet dans le champ de travail, ou piéton lors d’une activité de conduite, etc.) (cf. Figure 34).
Figure 34. Expérience des différences de champ visuel en activité de conduite réalisé par Zanlonghi, Laboratoire
d'Exploration Fonctionnelle de la Vision (2006), tiré de
http://www.ophtalmo.net/bv/GP/IndexGP/G/CONDUITE/path_et_cond.htm.
169
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
On peut alors utiliser des technologies de types Réalité Augmentée25 pour fournir de l’aide :
- à l’utilisateur primaire (i.e. sujet avec un déficit du champ visuel), en utilisant des
capteurs ou des caméras, couplés à des systèmes d’alertes (e.g. visuels, haptiques,
acoustiques, etc.), et une interface de type écran qui fournirait des informations
pertinentes (e.g. présence, distance, alertes de danger, etc.) (cf. Figure 35).
Figure 35. Différence de champ visuel lors de la conduite d'un véhicule, tiré de https://www.guide-vue.fr/la-vue-par-
theme/la-vue-et-la-conduite/vision-et-vitesse et système de réalité augmentée et http://www.augmented-reality.fr/2015/02/la-
realite-augmentee-au-ces-2015/
25
La réalité augmentée consiste en une interface de données numériques qui va permettre d’améliorer la
perception de l’environnement en temps réel.
170
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 36 Simulateur de conduite du laboratoire des sciences du numérique de Nantes, Plateformes LS2N tiré de
https://ls2n.fr/plateformels2nfiche/6/
Néanmoins, même si les technologies semblent améliorer les capacités visuelles dans le
vieillissement (Wittich & Gagné, 2016), une revue de la littérature (Virgili, Acosta, Grover,
Bentley, & Giacomelli, 2013) relève une insuffisance des apports scientifiques sur l'effet
bénéfique obtenu par les différents types d'aides technologiques à la vision, qui conduit à ne pas
pouvoir les recommander de manière systématique aux seniors (i.e. evidente base practice). De
plus, cette recherche ajoute qu’il faudrait, pour tirer des conclusions fiables, évaluer l’utilisation
de ces systèmes sur le moyen et le long terme, et organiser des recherches sur des appareils
spécifiques, et non pas sur un ensemble de dispositifs trop hétérogènes (i.e. nécessité d’un
classement fiable). Enfin, il faudrait également reprendre ce type de recherche en incluant dans
le design de l’étude les problématiques de conception, afin de savoir si la technologie n’est pas
aidante dans les problématiques visuelles, ou si c’est le manque de conception adaptée qui fait la
mauvaise ou la non utilisation du dispositif.
Dans ce domaine, la technologie d’aide la plus utilisée est la prothèse auditive. Elle permet
d’augmenter les sons perçus dans l’environnement. Il existe une gamme importante de prothèses
pour les troubles auditifs, qui est nommée : HAT (Hearing Assistive Technology). Wayner
(2004) les classe selon trois grandes catégories :
- les technologies d’alerte, qui ont pour rôle d’alerter, de stimuler l’attention et de rendre
attentif à un évènement, un objet, etc. Ces appareils ne sont pas seulement des aides
auditives mais aussi cognitives. Par ailleurs, ils peuvent utiliser par suppléance
perceptive un autre sens (e.g. haptique, visuelle, etc.) (cf. nous aborderons cette
possibilité dans le prochain chapitre) ;
171
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Cependant, les HAT présentent certaines limites. Les technologies d’amplification ont
comme défaut de « saturer » lors de sons forts et inattendus, ainsi que d’occasionner des
douleurs. Elles ont également des insuffisances lorsqu’elles doivent traduire plusieurs sources
sonores simultanées (e.g. dîner de famille, centre-ville, etc.) et fournissent alors une sorte de
bourdonnement (i.e. brouhaha) qui rend difficile l’interaction. Par ailleurs, même si les
technologies d’amplification à larges bandes corrigent les limites précédemment citées, elles sont
quant à elles plus chères, nécessitent une adaptation de l’environnement et ne sont donc pas
utilisables partout et par tous.
Le toucher (i.e. nociception et thermoception) fait partie des perceptions impactées par le
vieillissement. Les technologies d’aide dans ce domaine sont multiples, mais elles nécessitent le
plus souvent une suppléance perceptive que nous traiterons dans le prochain chapitre (cf. section
2.2.2.4.2).
Par rapport aux troubles du goût, les technologies sont davantage préventives et orientées
pour des utilisateurs secondaires comme les professionnels de santé prescripteurs (e.g. liste de
Beer, Priscus, etc.). Ils peuvent utiliser des systèmes qui simplifient la prescription et évitent la
iatrogénie, qui a une importante responsabilité dans ce trouble lors du vieillissement.
Pour conclure, il semblerait que les technologies d’aide puissent avoir un potentiel de prise
en charge des déficiences sensorielles liées au vieillissement. Néanmoins, il faut veiller à
compenser en priorité l’attention qui a un rôle déterminant dans la perception, et qui peut être
déficitaire chez les adultes âgés (cf. section 1.1.2). Effectivement, la détection d’un stimulus est
172
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
toujours précédée d’une perception attentionnelle. Il faut alors que la technologie ne néglige pas
cet aspect. Une des solutions est de proposer diverses combinaisons de feedbacks multimodaux
pour les utilisateurs âgés (Jacko et al., 2004) (cf. section 3.2.1.1).
Concernant les déficits physiques, les technologies d’aide ont surtout des capacités de
mobilisation, d’augmentation de la force, de la préhension, et de réduction des difficultés liées à
une mauvaise coordination. Il nous semble important de nous intéresser tout particulièrement aux
périphériques d’entrées, qui permettent de transmettre l’information aux systèmes, et qui sont
donc à la base de l’IHM. Ainsi, les composantes les plus utilisées sont : le clavier ou bouton,
l’écran tactile et la souris, etc. Prenons l’exemple de problématiques récurrentes des sujets les
plus âgés : le tremblement (i.e. trémor léger à modéré) et la mauvaise coordination.
On peut proposer une aide par différents systèmes de filtres pour clavier et souris. On peut
citer par exemple :
- Le système MS Windows® qui utilise un « filter keys » qui permet de ne pas tenir
compte de certaines actions dues aux tremblements lors de la frappe de texte (e.g. la
répétition d’un même caractère dans un certain laps de temps que l’on peut régler).
- Le système « sticky keys® » grâce auquel on peut régler la sensibilité de pression des
touches, et ainsi différencier la volonté de faire un caractère d’une frappe due au
tremblement.
- La souris anti-tremblement d’IBM (cf. Figure 37) à l’usage des personnes âgées ou
souffrant de la maladie de Parkinson. Le système permet d’éliminer les mauvais
mouvements (e.g. dyskinésie, tremblement, etc) grâce à un principe de filtres et de
stabilisation de l’image, emprunté au domaine de la vidéo.
173
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le système fonctionne sur le principe physique de l’effet gyroscopique, c’est-à-dire que tout
dispositif équilibré tournant sur un axe lancé tend à résister aux changements de son orientation.
Dans ce dispositif, l’effet gyroscopique, fonctionne grâce à un disque disposé sur le dessus de la
main qui permet de contrecarrer les tremblements. Ce dispositif réduirait les tremblements
Parkinsonien de 90 %. Ce système est aussi intéressant parce qu’il permet une dextérité
suffisante pour utiliser d’autres systèmes technologiques (e.g. manettes, boutons, levier, etc.) et
donc améliore les possibilités d’autonomie.
Cependant, il s’agit d’un produit récent (i.e. fin 2016), et à notre connaissance, aucune étude
externe ne l’a encore évalué. Les résultats sont observés par des études internes à la Start-up
(GyroGear®) qui diffuse le produit. En l’absence de critique externe, il faut rester vigilant.
Néanmoins le produit semble bien accepté par les sujets.
Enfin, on peut s’intéresser – concernant les technologies d’aide – à tous les systèmes de
domotique, avec le contrôle de l’environnement via une tablette ou un smartphone, pour allumer
la lumière, ouvrir des portes, fermer les volets, baisser les meubles, gérer la température, etc. (cf.
Figure 39).
Figure 39 Gestion de la domotique via tablette proposé par Schneider électrique tiré de
http://www.silvereco.fr/schneider-electric-partenaire-de-lena-un-projet-domotique-pour-favoriser-le-maintien-a-
domicile/3147842
174
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Toutefois, le lieu doit être équipé de certaines technologies (e.g. domotique) et de nouveau la
limite d’une accessibilité plus restreinte peut être évoquée.
Les possibilités d’aide technologique pour mettre en lien les personnes, créer du réseau ou
de la participation sociale, semblent bien démontrées.
En effet, les TIC donnent la possibilité d’utiliser des courriers électroniques, des
messageries instantanées comme Skype®, Messenger®, ou des applications « peer to peer » de
partage de données, etc., pour maintenir le lien avec le réseau familial ou amical, même s’il est
physiquement éloigné ou si les possibilités de déplacement sont impactées (i.e. vieillissement
pathologique). Ces avancées pourraient permettre de réduire l’isolement dont souffrent les
seniors.
On remarque que la technologie la plus utilisée par les seniors en 2016 est le téléphone
portable, et que 74 % des plus de 70 ans en possèdent (Crédoc, baromètre du numérique, 2016).
Quadrello et al.(2005) observent par ailleurs, que l’utilisation de cette technologie par les
personnes âgées est fortement corrélée avec les rencontres familiales et sociales.
D’autre part, Internet permet aux personnes âgées de rester socialement insérées, de trouver
des informations relatives à des produits divers, de gérer leurs comptes bancaires, de connaître
leurs traitements ou leurs pathologies, de choisir des professionnels, etc., même en étant
institutionnalisé. Cette opportunité augmente la possibilité de participation sociale.
Ces deux technologies (i.e. téléphone mobile et Internet) peuvent être vecteur de rencontres
(e.g. sites de rencontres spécialisés), permettre de discuter (e.g. forums ou groupe de discussion,
etc.) ou se récréer (e.g. sites associatifs ou commerciaux qui proposent d’organiser des sorties
culturelles, ou des produits récréatifs divers, etc.).
Enfin, nous pouvons encore citer les systèmes de robot d’assistance sociale (i.e. Socially
assistive robots : SARs) qui semblent augmenter les activités en groupe et améliorer l’interaction
entre les thérapeutes, le réseau familial et social, et les personnes âgées souffrant de démence
(i.e. interaction visuelle, verbale et physique). Ces systèmes encourageraient les personnes à
pratiquer des activités physiques et cognitives (cf. Figure 40) (Le Pévédic, 2012 ; Sabanovic,
Bennett, Chang, & Huber, 2013).
175
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 40 Utilisation du système Paro avec les équipes soignantes et les résidents de l’EHPAD « la petite Camargue »
à Beauvoisin tiré de https://www.youtube.com/watch?v = R6ouAF6dRF4
Néanmoins, même si tout laisse à penser que les technologies numériques améliorent
l’aspect social, la corrélation entre l’aspect émotionnel du vieillissement (i.e. dépression,
aboulie, sentiment de solitude, etc.) et les technologies sociales est plus complexe à démontrer, et
les données sont souvent contradictoires. Certaines rapportent des résultats bénéfiques (Cotten,
Ford, Ford, & Hale, 2014 ; Hogeboom, McDermott, Perrin, Osman, & Bell-Ellison, 2010; Le
Pévédic, 2012), alors que d’autres sont plus mitigées (Chaumon & Ciobanu, 2009; Turkle,
2012). Afin d’obtenir des résultats plus fiables, il faudrait mettre en place des études
longitudinales avec des méthodologies solides (e.g. échantillon stratifié par sexe, âge, déficit,
échelle de mesure des caractéristiques sociales validées scientifiquement, minimisation des effets
de présence du chercheur, etc.), et des technologies précises et spécifiques. Nous pourrions ainsi
délimiter la part de la technologie dans l’amélioration des déficits liés à l’aspect social.
Enfin, on peut encore relever d’autres systèmes dont nous avons parlé précédemment, qui
par un effet de complémentarité peuvent avoir un rôle important dans le maintien du réseau
social : c’est le cas des aides auditives, à la vision, à la culture, ainsi que les aides à la mobilité
comme les VPH (Toosizadeh et al., 2014).
Les systèmes d’assistance et d’aide présentent de bonnes capacités pour maintenir un niveau
d’autonomie acceptable et pour améliorer ses performances. Cependant, on peut relever plusieurs
limites à ses dispositifs. Déjà, qu’ils concernent davantage des personnes en plus ou moins
bonnes santé (i.e. vieillissement normal et fragilité). Ensuite, on constate, dans la littérature, un
manque de capacités de mesure concernant le niveau d’assistance ou d’aide fourni, ou le niveau
d’amélioration des capacités et de l’environnement suite à la mise en place de ces types de
système. Il serait alors approprié d’envisager des expériences contrôlées randomisées évaluant
les bénéfices réels liés à l’utilisation de ces technologies, avec des outils validés, standardisés et
partagés.
176
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Il faut être sensible et pertinent dans ce que l’on propose, afin de ne pas surcharger, ou
mettre l’utilisateur en situation de handicap, avec par exemple une surcharge physique et / ou
cognitive qui serait due à l’interaction avec le système. Il faut donc pouvoir mesurer clairement
le déficit ainsi que le système que l’on propose, et observer l’interaction entre les deux.
Par ailleurs, la relation d’aide doit être finement mesurée et précisément adaptée, afin de ne
pas remplacer des fonctions viables et conserver une autonomie chez l’utilisateur. Les aides
technologiques doivent garder un caractère émancipateur, c’est-à-dire qu’il faut pouvoir autant
que possible s’en sevrer facilement – si le besoin évolue – afin qu’elles ne deviennent pas
handicapantes et / ou aliénantes. Il faut aussi garder à l’esprit que ces aides sont un complément
et qu’elles ne remplacent pas les rapports interpersonnels réels, sans quoi nous prendrions un
risque de déshumaniser la relation, et d’augmenter le sentiment de solitude et l’isolement.
Enfin, si la relation d’aide ne suffit pas à rendre de l’autonomie au sujet on peut mettre en
place des relations de suppléance ou de substitution qui sont deux niveaux supérieurs dans le
soutien technologique apporté au sujet.
Les relations de suppléance et de substitution sont assez semblables dans leurs objectifs,
mais se différencient dans le degré d’aide apporté. En effet, la relation de suppléance augmente
de manière plus ou moins importante les capacités résiduelles d’une personne lors de
l’accomplissement d’une tâche, alors que la relation de substitution les remplace intégralement.
En d’autres termes, lorsque l’utilisateur peut transférer une partie de son activité dans un système
technologique, il est en relation de suppléance, alors que s’il y transfère l’intégralité, il sera en
situation de substitution. Ainsi, Gapenne (2006, p. 3) différencie ces deux relations par le
transfert du niveau de quantité de la tâche : « le projet d’action de l’opérateur (i.e. utilisateur,
acteur) peut être externalisé et lui permet de s’affranchir en tout ou partie d’une tâche donnée ».
Lors de ce type de relation avec un système technologique, afin de garder le contrôle, le seul
choix que l’opérateur conserve sur l’action est la décision de début : « mettre en marche » et de
fin : « interrompre ou arrêter ». Ces technologies sont souvent complexes, et sont accompagnées
de technologies d’assistance, omniprésentes mais transparentes (i.e. tableau de bord), et qui
doivent informer sur l’état, les risques, le déroulement du processus (i.e. fonction procédurale) et
fournir certains conseils en anticipant les résultats attendus.
177
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Certains auteurs (Bach-Y-Rita, Collins, Saunders, White, & Scadden, 1969 ; Kay, 1964) ont
modélisé cette relation au travers du paradigme de la substitution sensorielle, afin de concevoir
des aides pour les sujets malvoyants.
Il s’agit de remplacer un récepteur sensoriel défectueux, par le biais d’une autre modalité
perceptive saine. Par exemple, remplacer une information visuelle, par une information haptique
ou acoustique, en essayant de garder une signification globale cohérente dans la traduction par la
technologie. Cette fois, la compensation n’est pas naturelle mais provoquée, et elle ne concerne
pas seulement un autre sens, mais intègre une technologie.
Dans leurs travaux de recherche, Sampaio, Maris et Bach-y-Rita (2001) dégagent trois
composantes distinctes d’un système de substitution sensorielle :
1. des capteurs
2. un système de couplage
3. l’activation coordonnée de stimulateurs
178
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Les capteurs vont transformer une forme d’énergie (e.g. thermique, photonique, sonore,
mécanique, etc.) en signaux interprétables par le système de couplage qui est responsable de
l’activation coordonnée de stimulateurs (e.g. des montres ou des chaussures haptiques
équipées de GPS pour malvoyants) (cf. Figure 41). Les trois éléments mis en avant par les
auteurs sont relativement indépendants, et il existe une pléthore de capteurs et de systèmes
d’activation, avec des possibilités adaptées ou adaptables à nos capacités sensorielles, ce qui fait
que ces technologies peuvent être envisageables dans de nombreux cas.
Figure 41. Le Chal, paire de chaussures haptiques pour guider les malvoyants.
http://www.semageek.com/tag/telephone/page/3/
Des technologies qui utilisent le principe de substitution sensoriel existent pour pallier la
perte de sensibilité superficielle, et éviter les accidents dus à l’eau chaude. Par exemple, des tapis
de bain qui changent de couleur si l’eau est à une certaine température, des thermomètres avec
des alarmes verbales, visuelles ou auditives, des embouts de robinet équipés de sonde de
température, etc. Ces systèmes remplacent le toucher par la vue (e.g. couleurs de l’eau : rouge =
179
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
chaude ; vert = tiède et bleu = froid) ou par l’audition (e.g. thermomètre avec lecture vocale et
alarme) (cf. Figure 42).
Figure 42. Embout de robinet d’évier avec une Sonde de Température tiré de
http://www.priceminister.com/offer/buy/2165379211/3-couleurs-lumiere-led-de-robinet-avec-capteur-de-temperature et
https://www.cflou.com/127-thermometre-malvoyant.
Dans le cas de l’embout de robinet (cf. Figure 42), la sonde de température représente le
capteur, et le système d’activation coordonnée transformera l’information thermique en
information visuelle (i.e. code couleur), afin de stimuler un autre sens que la thermoception (i.e.
la vision).
A un niveau plus complexe, Auvry, Lenay, O’Regan et Lefèvre (2005) montrent que les
dispositifs de substitution sensorielle permettent à des informations venant de récepteurs
artificiels d’être traitées par un organe sensoriel inhabituel par rapport à l’information. Par
exemple, des stimuli visuels vont être traités et analysés par un dispositif technologique, puis
retransmis au système somesthésique ou acoustique. Le plus souvent, les images ou les sons sont
transformés en une stimulation électrique ou vibrotactile appliquée sur une partie du corps
comme le dos de la main, le poignet ou même la langue (André, Pauget, Demongeot, & Payan,
2005).
1. d’abord, des systèmes de capteurs (i.e. micro, vidéo, capteurs physiologiques, etc.)
récupèrent les signaux, dans le cas présent une caméra ;
180
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 43. Expérimentation de substitution perceptive, tiré des expériences de Sampaio et al. (2001).
Des études récentes tentent d’apporter une restauration des fonctions sensorielles du toucher
au travers de prothèse (Oddo et al., 2016). Les résultats montrent que les sujets peuvent
discriminer des informations sensorielles (e.g. texture lisse, rugueuse, etc.) au travers de la
prothèse grâce à des stimulations neuro-électriques (cf. Figure 44).
181
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 44. Système permettant à une personne ampute de percevoir des textures rugueuses ou lisses en temps réel,
(Oddo et al., 2016).
Dans cette expérience, la substitution sensorielle peut être décrite de la manière suivante :
des capteurs bioniques associés à la prothèse (i.e. capteurs) transforment l’information en
signaux électriques (i.e. système de couplage), qui vont être traduits sous forme de « pics
électriques » et transmis vers le système nerveux (i.e. activation coordonnée de stimulateurs). Le
sujet peut ainsi espérer une récupération de la sensibilité superficielle. Même si les résultats sont
encore modestes et que des différenciations complexes (e.g. seuil absolu, différentiel, différence
de température, etc.) ne sont pas possibles, cette expérience représente une avancée majeure
dans le domaine de la suppléance perceptive, et ouvre la voie vers d’innombrables possibilités
pour le sujet âgé en phase de vieillissement pathologique.
Une autre technologie de suppléance perceptive peut être utilisée chez une personne âgée
lorsque les prothèses auditives traditionnelles ne sont plus efficaces. Il s’agit d’une prothèse qui
se fixe dans la bouche26 au niveau des dernières molaires (cf. Figure 45). Le système fonctionne
par stimulation de la conduction osseuse. C’est-à-dire que la vibration qu’émet un son est capté
et transmise de l’ossature de la mâchoire jusqu’à l’oreille interne.
26
Expérience décrite https: / / www.youtube.com / watch?v = P51c6wWAmIU
182
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 45. Prothèse dentaire SoundBite du laboratoire Sonitus Médical tiré de http://www.mon-audition.info/science-
et-technologie/une-prothese-auditive-placee-dans-la-bouche/.
Ce système de suppléance perceptive utilise un micro externe qui peut être accroché aux
lunettes, ou porté en broche (i.e. capteur), et qui va transmettre l’information sonore à la
prothèse buccale (i.e. système de couplage) qui va ensuite faire vibrer les cellules nerveuses de
l’oreille (i.e. activation coordonnée de stimulateurs).
Les capacités sensorielles sont primordiales dans l’interaction avec une technologie. Le
système proposé doit donc fournir un accès aux technologies en prenant en compte deux
impératifs chez le sujet vieillissant : les difficultés perceptivo-motrices et les difficultés
cognitives. La conception doit alors être compréhensible, équitable, flexible, simple et intuitive,
respecter les capacités sensorielles, être tolérante à l’erreur, et efficiente (i.e. Center for
Universal Design). Afin de répondre à ces exigences, la conception doit passer des interfaces
multimédias, qui utilisent les capacités perceptivo-cognitives pour accéder, analyser et
comprendre les informations, à des interfaces multimodales qui se basent sur les possibilités des
compétences humaines globales (Kinzel & Jacko, 2009; Turk & Robertson, 2000).
Le multimodal, quant à lui, est proche du multimédia dans le sens où il utilise plusieurs
sources d’informations (e.g. son, texte, image, etc.), dont le traitement sollicite plusieurs
modalités sensorielles. Néanmoins, dans les interfaces multimodales, l’objectif est de combiner
plusieurs moyens de communication dans un but cohérent, en réfléchissant en amont aux
possibilités des utilisateurs. Cette deuxième notion est plus complexe et plus aboutie. Elle peut
par exemple prendre en considération les deux mains ou le toucher, pour l’interaction intuitive
avec une tablette. Ou encore coupler de manière logique les informations entre elles pour les
rendre plus compréhensibles. Par exemple, associer un message d’urgence à une alerte sonore, à
une lumière rouge et des vibrations. En passant par trois modes de lecture (i.e. optique,
183
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
acoustique et haptique), on peut substituer un sens à un autre, ce qui est un avantage pour des
populations qui ont des déficits comme la personne âgée, car le message pourra être compris
même si un sens est défectueux (e.g. audition, vision, etc.). Ces informations seront
indispensables pour certains utilisateurs et plus confortables et efficientes pour les autres.
Par ailleurs, une rétroaction multimodale donnera aux utilisateurs différentes possibilités
afin d’améliorer leur performance en passant d’une perception à une autre : « rétroaction
sensorielle différente » (Ashok & Jacko, 2009; Fang, Xu, Brzezinski, & Chan, 2006). Il faut alors
concevoir des technologies selon les niveaux de modalités physiques, perceptives et cognitives
des aînés (i.e. multimodale), mais aussi en considérant les différentes possibilités technologiques
de manière efficiente (i.e. multimédia).
Les technologies d’aides peuvent avoir un caractère « adaptatif ». Il s’agit de permettre aux
systèmes d’intégrer des informations concernant les cognitions des utilisateurs, afin de rendre
l’interaction de plus en plus efficiente au fur et à mesure de l’utilisation. Nous pouvons
considérer cette possibilité offerte aux systèmes comme de la substitution puisqu’elle remplace
certaines capacités du sujet.
Ces systèmes fonctionnent en deux temps. D’abord, ils effectuent des apprentissages sur
l’utilisateur (e.g. comportements, habitudes, préférences, etc.), puis ils analysent les données et
réalisent des inférences fondées sur les informations collectées, afin d’anticiper des besoins (e.g.
mise en route automatique, déclenchement d’une procédure, etc.).
Jameson (2009) a modélisé le comportement des technologies adaptatives (cf. Figure 46).
Figure 46. Schéma général pour le processus de système adaptatif à l'utilisateur (Jameson, 2009)
184
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Pour l’expliquer, l’exemple le plus connu est sans doute celui de l’adaptation des
technologies par l’e-marketing (i.e. navigation interactive). Au moyen des sites internet visités,
des achats réalisés en ligne, des mots clés employés, de nos comportements de recherche (i.e.
information à propos de l’utilisateur), le système va générer un profil de l’utilisateur (i.e.
acquisition d’un modèle utilisateur) pour lui proposer des offres ciblées et pertinentes, assurant
une meilleure campagne de publicité et de vente (i.e. application du modèle utilisateur). Les
propositions seront alors pertinentes et adaptées, et pourront même, parfois, anticiper les besoins
(i.e. prédiction et décision au sujet de l’utilisateur).
L’auteur décrit ensuite deux possibilités pour que les technologies s’adaptent à leurs
utilisateurs âgés :
- l’adaptation au profil, où la technologie enregistre les informations relatives au sujet
(e.g. comportements récurrents, habitudes, tâches de routine, déficits, caractéristiques
physiques, sociales, etc.)
- l’adaptation à l’environnement, où elle identifiera et analysera l’environnement (e.g.
distance, température, information vidéo ou audio, etc.).
In fine, le système sera en capacité de faire des propositions au moment venu (i.e. Kaïros),
et libérera le sujet de certaines tâches. Selon l’analyse du profil et de l’environnement, le système
fera des propositions et / ou remplacera l’utilisateur pour une partie ou l’intégralité de la tâche
(i.e. assistance et suppléance / substitution).
Enfin, lors de l’utilisation de technologies adaptatives par les aînés, le système peut
également être personnalisable (i.e. au profil et à l’environnement) de trois manières (Simonin &
Carbonell, 2007) :
- indépendante, le système apprend seul les actions et le comportement, puis les analyse
et les enregistre, afin de pouvoir les exécuter seul. Cette adaptation est corrélée aux
possibilités de l’Intelligence Artificielle ;
- personnelle, le sujet va configurer des préférences, des raccourcis, des applications,
etc. ;
- par une tierce personne (e.g. aidant, soignant, professionnel, etc.) si l’utilisateur
primaire n’a pas les capacités de le configurer seul.
Les systèmes adaptatifs sont avantageux sur les plans physiques et cognitifs, car ils
suppriment les tâches complexes, fastidieuses ou répétitives. Ils peuvent par ailleurs simplifier
une interface en enlevant les items qui ne sont pas utilisés et mettre en avant ceux qui le sont le
plus. Par ailleurs, ils semblent être adaptés aux problématiques évolutives du vieillissement, et à
l’aspect de superpositions des déficits (i.e. cognitifs et physiques). Par exemple, un système de
domotique adaptatif analysera qu’à une heure donnée l’utilisateur éteint la lumière, ferme les
185
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
volets et la porte, etc. Alors, le dispositif proposera de lui-même d’exécuter ces actions au
moment venu, ou fournira une alerte, etc.
Les systèmes que nous venons d’envisager représentent une avancée majeure dans la prise
en charge des handicaps sensoriels. En effet, lorsque les traitements thérapeutiques (i.e.
médicamenteux ou chirurgicaux) ont atteint leurs limites, la technologie semble être en mesure
de faire des propositions intéressantes, et capable de rendre un certain degré d’utilisation d’un
sens. Pour autant, il s’agit des prémisses de la recherche et certaines limites peuvent être citées.
D’abord, trois préconditions sont nécessaires à la mise en place de compétences nouvelles en
remplacement d’une perception défaillante.
Deuxièmement, il faut que le système puisse fournir une rétroaction fiable et récurrente. La
rétroaction est en quelque sorte un retour/feedback, qui nous informe sur les conséquences de
186
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
nos actions, afin d’assurer une bonne métacognition et pouvoir affiner les résultats de notre
interaction avec le système. Ces feedbacks peuvent avoir un autre avantage, s’ils sont positifs, ils
peuvent devenir un facteur motivationnel pour le sujet âgé, qui améliorera le désir d’utilisation et
l’auto efficacité perçue.
D’autre part, l’ergonomie a mis à jour des limites aux systèmes de substitution perceptive.
Déjà une perte d’information qui peut être importante, et ensuite une augmentation de la
difficulté de traitement de l’information. Ces deux limites sont majeures pour des sujets âgés, qui
sont potentiellement diminués sous ces deux aspects. Prenons un exemple concret pour étayer
notre propos. Dans le cas d’une personne malvoyante, l’utilisation d’un ordinateur lui permettra
d’avoir accès à un texte écrit de deux manières : soit par une retranscription braille, qui passera
du récepteur visuel à celui tactile ; soit en mode de lecture auditive, qui passera alors en
traitement auditif. Le changement de mode opératoire pour le traitement de l’information
imposera dans les deux cas d’importantes limites et surtout une perte d’information :
- le temps de traitement sera fortement augmenté ;
- une partie du contenu sera perdue comme l’organisation du texte (e.g. loi de la gestalt,
code couleur, chapitre, italique, gras, etc.) ;
- les informations formalisées perdront leurs sens et celles schématisées disparaîtront
(e.g. schémas, graphiques, photos, images, etc.) ;
- le texte sera lu de façon linéaire et le sens de lecture sera alors subi et non choisi ;
- Enfin, la recherche d’information sera complexe et longue, voire impossible dans
certaines situations.
Un autre type de substitution est celle neuromotrice. Elle a pour objectif de restituer une
forme de mobilité à un sujet qui présenterait une motricité défaillante, en fournissant des
équivalences technologiques intermodales. Dans cette optique, elle utilise une interface cerveau
ordinateur (i.e. en anglais : brain computer interface : BCI). Lors d’une BCI, des signaux
électriques ou des ondes émises par l’activité cérébrale sont enregistrés, et analysés par un
système d’acquisition et de traitement des signaux (e.g. durée, fréquence, espacement, etc.).
Ensuite, un système de couplage va classer et traduire ces signaux sous forme de commandes
187
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
retransmises vers un périphérique de sortie qui peut prendre différentes formes (i.e. prothèses,
orthèses, écrans, exosquelettes, voix artificielles, etc.) (cf. Figure 47).
Les systèmes BCI fonctionnent généralement en boucle fermée (ou boucle de rétroaction), et
sont composés de six étapes (Hermant, Rivière, Lardillon, & Folacci, 2009) :
1. une mesure des ondes cérébrales avec un capteur de type casque EEG
2. un pré-traitement et un filtrage, afin de supprimer les interférences
3. une extraction de signaux utiles
4. une catégorisation et une classification des signaux (i.e. tel type d’activité mentale
associé à tel type de comportement ou d’action, etc.)
5. une traduction en langage technologique : commande, ordre, réaction du système, etc.
6. un feedback perceptif, grâce auquel l’utilisateur prend conscience du résultat de son
action et peut l’affiner ou l’utiliser à bon escient
Les études de Nicolelis et al. (2003) et les récentes recherches sur le sujet (Barachant, 2012)
proposent deux techniques d’intervention dans l’optique de mettre en place un système de
substitution neuromoteur : une technique invasive (i.e. BCI interne) et une non invasive (i.e.
BCI externe). Dans les deux cas, l’objectif est de mesurer les champs électriques cérébraux, et de
les traduire pour en faire des patterns interprétables sous forme d’actions par des technologies.
Dans le cas d’une BCI non invasive, l’activité cérébrale est relevée par un casque de type
EEG (i.e. électroencéphalogramme) au niveau de la surface du crâne, alors que dans le second
cas (i.e. BCI invasive), elle est récupérée par des électrodes implantées au niveau intra-cortical
(Van Langhenhove, Bekaert, Cabestaing, & N’Guyen, 2008).
188
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
1. un périphérique d’entrée
2. un système de couplage
3. et un périphérique de sortie
189
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
La technique non invasive nécessite toujours les trois composantes (i.e. périphérique
d’entrée ; système de couplage et périphérique de sortie) (cf. Figure 49).
Figure 49. Contrôle d’une interface de communication alternative augmentée par brain interface computer.
La mise en place est plus simple et ne requiert pas d’intervention chirurgicale. Le sujet doit
être équipé d’un casque muni d’un électroencéphalogramme (i.e. périphérique d’entré) qui
190
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
permet de prélever les ondes cérébrales. Cette information mentale est transformée et traduite
(i.e. système de couplage), afin d’être fournie sur un support de type écran avec un clavier virtuel
(cf. Figure 50) ou toute autre interface (i.e. périphérique de sortie). Le périphérique de sortie
peut à son tour commander différents périphériques (e.g. télévision, radio, lit médicalisé, volet,
chauffage, etc.).
Figure 50. Exemple de trois claviers virtuels avec écriture automatique, un balayage linéaire et défilement ligne
colonne.
Figure 51. Casques de type EEG Emotiv® dans ses deux versions tirées de https://www.emotiv.com/.
191
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Le système Emotiv® permet de retranscrire trois catégories de détection, sur les bases des
enregistrements EEG et de la reconnaissance faciale par vidéo (cf. Figure 52) :
- expressive, qui permet la détection d’expression faciale (i.e. vidéo)
- affective, qui renvoie à l’expérience émotionelle en adaptant l’interface à l’expérience
personnelle (e.g. adaptation de la musique, de la couleur, de la lumière, etc.) (i.e. vidéo
et EEG)
- et cognitive, avec la possibilité de contrôler et d’agir sur les objets (i.e. EEG)
Figure 52. Démonstration du système « Emotiv® » de BCI non invasive tiré de http://emotiv.com/.
La possibilité d’agir sur les objets « smart things » (Tijus, Rougeaux, & Barcenilla, 2016)
via un dispositif EEG permet de pallier des problématiques importantes du vieillissement
physique comme celles :
- du déplacement, avec des systèmes comme la « Connected Wheelchair » d’Intel® (Reis,
Braga, Sousa, & Moreira, 2009) qui est un fauteuil roulant intelligent muni d’une
interface multimodale, dont l'objectif principal est de fournir une aide à la mobilité pour
des déficits physiques graves (e.g. force physique, dextérité, coordination, etc.) (cf.
Figure 53). La chaise est une technologie adaptative, et peut enregistrer les trajets, les
spécificités de l’environnement, et prendre des infos médicales (i.e. paramètres vitaux :
pouls, température). Elle peut encore prévenir des secours et se géolocaliser en cas de
problèmes. Le système peut être commandé par EEG, par les mouvements des yeux (i.e.
eyes tracking ou clignements), ou par commande vocale.
192
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 53. Système de fauteuil roulant développé par Intel tiré de Reis et al., 2009.
Figure 54. Système de contrôle de la télévision par un système EEG (zaffagni, 2015), http://www.futura-
sciences.com/tech/actualites/technologie-mind-control-tv-bbc-teste-television-controlee-pensee-58706/
27
L’application est téléchargeable à l’adresse suivante : https: / / www.bbc.co.uk / iplayer / help.
193
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Figure 55. Brain interface computer dans un cas de sclérose en plaque à un stade avancé tiré de motor Cortex implant
for robot control, Hochberg 2012.
En revanche, les conditions d’application de cette technique sont très strictes. Elles sont
seulement utilisées lors de situations de handicap très important (e.g. cas de sclérose en plaque
ou de maladie de Huntington à un stade avancé, etc.), et souvent lorsque le pronostic vital est
engagé à court ou à moyen terme. Enfin, il faut noter que seule la technique invasive permet
d’avoir une communication non seulement du cerveau vers l’ordinateur, mais aussi à l’inverse de
l’ordinateur vers le cerveau.
La technique non invasive quant à elle présente moins de risques, mais elle est plus
complexe à utiliser et à commander. Elle nécessite d’importants efforts de concentration,
d’attention, d’apprenabilité et de fatigabilité. Or, notre public est souvent déficitaire dans ces
domaines. Des recherches sur les entraînements par NeuroFeedbacks montreraient toutefois, une
amélioration de la plasticité cérébrale et une augmentation de l’attention (Hermant et al., 2009)
par le biais de l’utilisation de cette méthode.
194
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
revient encore à une notion éthique, puisque l’accès est alors déterminé par des notions de
moyens et non pas de besoins.
Enfin, il faut être vigilant lors de l’application de ces techniques aux rapports de
« bénéfices/risques » attendus. Effectivement, ces systèmes diminuent les possibilités de
rééducation, et les sujets finissent par ne plus utiliser la fonction remplacée. De ce fait, il faut
être attentif à ne pas créer de dépendance, ou à ne pas empêcher l’individu de récupérer des
facultés suite à la mise en place d’aide ponctuelle. En effet, l’objectif d’une aide pour des
populations âgées se situe aussi et surtout dans les possibilités de stimuler, remédier, rééduquer,
et réhabiliter, car s’il y a une possibilité de récupération des fonctions et aptitudes, elle doit être
supérieure à la mise en place de technologies.
Figure 56. Proposition de classification des gérontotechnologie pour les utilisateurs secondaires
195
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
L’évaluation d’un sujet : l’alliance des Systèmes Poct et CGA pour l’évaluation et le
diagnostic
A des fins d’assistance, les gérontotechnologies peuvent amener une aide importante aux
utilisateurs secondaires. Pour cette catégorie (i.e. évaluation d’un sujet) comprend tous les
systèmes qui donnent la possibilité d’obtenir un recueil de données. Ils fournissent ainsi de
l’assistance aux professionnels pour administrer un diagnostic, ou permettent aux aidants
d’évaluer la péjoration de l’état de santé de leurs aînés. Les systèmes de diagnostic à travers les
gérontotechnologies peuvent fournir suffisamment de données pour ensuite, proposer des pistes
de solutions pour soulager ou compenser les déficits.
On peut par exemple imaginer le couplage de méthodologies POCT et CGA (cf. section 1.3)
sous forme informatisée, pouvant allier la vidéo, le son, l’image, l’information (e.g.
complémentaire ou pédagogique), des check-lists (e.g. avec une protection contre les erreurs,
une aide à la prise de décision, etc.) et des capacités de calcul complexes et instantanées.
196
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Enfin, on peut aussi considérer les systèmes de rééducation que nous avons développés dans
le sous-chapitre précédent, qui sont autant utilisables et pertinents pour les utilisateurs primaires
que secondaires. Ces systèmes permettent effectivement aux professionnels d’obtenir une aide à
deux niveaux :
- pour la charge de travail physique, en diminuant les gestes trop sollicitants comme la
mobilisation active des membres, les massages, le port de charge, etc.
- pour la charge de travail mental, en fournissant une précision inégalée dans le
diagnostic, la rééducation, et les possibilités d’évaluation de l’évolution du sujet, qui
sont primordiales dans une prise en charge thérapeutique.
Une autre possibilité envisageable par le biais des nouvelles technologies pourrait être
considérée avec la surveillance audio-vidéo et les possibilités offertes par l’actimétrie. En effet,
ces systèmes peuvent permettre de surveiller le comportement psychologique et physique par
l’audio-vidéo, ainsi que ceux physiologiques par des capteurs fournissant de l’information (e.g.
paramètres vitaux, chutes, etc.). Ainsi, les aidants pourraient avoir une possibilité de veiller sur
leurs aînés sans se déplacer (e.g. la nuit, pendant les heures de travail, etc.), et les professionnels
auraient des recueils réguliers de différents paramètres comme la tension artérielle, la pulsation
cardiaque, le poids (e.g. chaise équipée d’une balance, montre connectée, semelles intelligentes,
etc.). Ces systèmes pourraient fournir des données pertinentes, adaptées, et continues.
197
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Par ailleurs, les systèmes technologiques montrent une extrême précision dans l’observation
et l’évaluation. Par exemple, des publications de recherche ont pu montrer l’intérêt des
gérontotechnologies dans la prédiction des chutes. Robinovitch et al. (2013) ont analysé les
chutes de sujets âgés par le biais d’une installation vidéo. Ils ont pu décomposer les mécanismes,
et mettre en avant qu’elles ne sont pas dues pour la plupart, à des faiblesses musculaires et / ou
des pertes d’équilibre – comme on pouvait jusqu’alors le croire – mais que l’environnement
occupe la première cause. Cette étude a relevé des problèmes de conception des aides à la
marche, comme les déambulateurs ou les fauteuils roulants, qui sont paradoxalement des facteurs
importants de chutes (e.g. obstacle, trébuchage, etc.). Ces recherches permettent non seulement
de voir avec précision les chutes, de comprendre et d’analyser les risques, mais aussi et surtout
d’être en capacité de les prédire. Ceci est lié à une amélioration des technologies, des capteurs
portables, mais aussi des algorithmes lors de l'analyse des mouvements, etc. (Becker, 2016) (cf.
Figure 58).
Figure 58. Analyse des chutes par capteurs et camera 2009 laboratoire TIPS. http://www.sfu.ca/tips.html
Pour autant, les résultats montrent de bonnes performances lorsque la fonction déficitaire
travaillée a une pertinence directe pour le monde réel, et une transférabilité simple, c’est-à-dire,
une visée « écologique » (e.g. stimulation cognitive avec des activités de cuisine, de
compréhension, de prise du traitement, de courses dans un supermarché, etc.) (Basak, Boot,
Voss, & Kramer, 2008 ; Mahncke et al., 2006).
Selon Tijus et al. (2016), les objets peuvent maintenant être dotés d’une certaine intelligence
programmée « smart-things ». Ils ont la possibilité de s’adapter à un utilisateur, à un contexte et à
des difficultés (i.e. technologies adaptatives) et ils peuvent fournir différents services (i.e. aide,
assistance, suppléance, etc.). D’autres auteurs (Giansanti, Morelli, Maccioni, & Costantini,
2009; Rahimi & Vaughn-Cooke, 2007) ajoutent à ces « smart-things » d’autres possibilités chez
la personne âgée, lorsqu’ils sont couplés à des capteurs physiobiologiques (i.e. paramètres
198
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
vitaux, et réponse galvanique, etc.), ou des dispositifs GPS. L’objectif est alors de fournir des
informations à un utilisateur secondaire (e.g. soignants, aidants, etc.). Ainsi, si la personne chute,
ou si les paramètres vitaux montrent une anomalie, les secours peuvent localiser la personne
immédiatement et intervenir.
En continuant le raisonnement développé par ces auteurs, et en sachant que nous pouvons
actuellement utiliser des mesures précises (i.e. actimétrie) de type bio-psycho-physiologiques
(e.g. mouvement, paramètres vitaux et physiologiques, réseaux sociaux, géolocalisation, etc.) ;
que nous bénéficions d’une programmation informatique de plus en plus sophistiquée et
miniaturisée (e.g. nanotechnologies, etc.) ; que nous pouvons avoir des données à disposition de
manière synchrone et quasiment n’importe où (i.e. internet et base de données) ; et enfin que les
technologies ont des capacités adaptatives, ne pourrions-nous pas imaginer des « therapeutic-
things » ?
Ces objets pourraient être capables, dans le cadre des déficits liés au vieillissement et au
handicap, de réagir en fonction des indicateurs bio-psycho-physiologiques et environnementaux,
et de s’adapter, en donnant la possibilité d’aider, d’assister, de stimuler, voire de suppléer leurs
utilisateurs en fonction de leurs besoins, non seulement réels, mais aussi instantanés, synchrones,
et en lien avec l’environnement. Ils pourraient ainsi donner la possibilité au sujet de se
rééduquer, de faire de la remédiation cognitive – avec les qualités d’infatigabilité et d’ubiquité
des technologies, qui permettraient de pallier la diminution des résultats positifs dans le temps –
ou encore permettre à une tierce personne (e.g. professionnels, aidants, services spécialisés, etc.)
d’intervenir, ou d’adapter la prise en charge de manière pertinente et individuelle.
199
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
l’information qui permettrait une collaboration avec ses utilisateurs (i.e. primaire, secondaire,
tertiaire), avec l’environnement, et aurait des vertus palliatives et donc thérapeutiques.
Il existe depuis quelques années de nombreux dispositifs qui couplent différentes données
relatives à la personne âgée, avec de la localisation (Kearns & Fozard, 2007), des dispositifs de
recueil physiologique (Giansanti et al., 2009; Rahimi & Vaughn-Cooke, 2007), ou encore des
télé-alarmes (i.e. surveillance vidéo et son ) (Rougier, 2010). Néanmoins, l’idée d’une
« therapeutic- thing » va plus loin que de servir de système d’alarme ou de surveillance à un
utilisateur secondaire. En effet, elle propose de suppléer ou de substituer ou encore de rééduquer
ou réadapter la personne âgée dans l’optique de la rendre autonome au maximum. Par ailleurs, la
200
Chapitre 2 - Technologies pour le vieillissement : apports et possibilités
Résumé :
Dans ce chapitre, nous avons discuté du rôle des technologies, de leur potentiel et des
fonctions qu’elles pourraient occuper auprès de la personne âgée. Nous avons différencié les
potentiels des gérontotechnologies (aide, assistance, suppléance et substitution) et nous les
avons mis en lien avec les difficultés des seniors. Nous avons tenté de trouver une organisation
de ces systèmes afin de pouvoir y accéder de manière efficiente.
201
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Chapitre 3
Ce chapitre est centré sur la conception des technologies au service des personnes âgées.
Nous passerons en revue différents modèles de conception en lien avec le handicap, mais
surtout spécifique à la personne âgée.
Nous aborderons certains modèles de conception adaptée aux aînés et nous essayerons d’en
discuter les apports, ainsi que les limites.
Nous aborderons ensuite des questions éthiques et déontologiques en rapport avec les
technologies en générale, et avec les gérontotechnologies en particulier.
Nous avons observé dans les chapitres précédents que les technologies pouvaient avoir un
potentiel pour améliorer la santé, la surveillance, et même pour prévenir certaines complications.
Or, des technologies pourtant bien conçues dans l’absolu, sont disqualifiées par les utilisateurs,
une fois placées dans un contexte d’usage réel. Ceci nous amène à nous questionner sur le
pourquoi de cette non ou sous-utilisation. Ulwick et Esienhauer (2001) ont étudié les problèmes
liés à la non utilisation de douze technologies d’assistance pour les seniors et ont conclu que
l’échec de ces produits n’était pas lié aux possibilités techniques proposées, mais à des écarts
importants entre les produits, les besoins, et les profils socio-culturels et personnels des
utilisateurs. Les technologies montrent donc un réel potentiel pour aider les personnes âgées,
mais nous devons maintenant observer les résultats de la pratique sur le terrain et comprendre
comment elles sont réellement utilisées. Ce constat pourrait nous renvoyer à une distinction
chère à l’ergonomie du travail, à savoir : « travail prescrit et travail réel », et qui correspondrait
dans notre cas à « technologie fournie » et « utilisation réelle ». Il faut alors pouvoir évaluer de
manière claire la conception, les bénéfices apportés et l’acceptabilité.
203
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Une conception holistique est très complexe, et oblige à faire appel à la pluridisciplinarité et
à la collaboration des différentes disciplines autour non seulement de l’humain (e.g. médecine,
biologie, psychologie, etc.), mais aussi des techniques et de la technologie (e.g. ingénierie,
ergonomie, informatique, architecture, etc.) :
Cette collaboration contraint à développer des modèles, des méthodes, et des outils
communs pour favoriser la pluridisciplinarité.
Depuis peu, la gérontologie a accueilli des disciplines qui gravitent autour des technologies.
Effectivement, jusqu’alors, on observait une forte dichotomie entre domaine médical et
paramédical, et les acteurs de la recherche sur les technologies étaient peu présents dans le
champ de la gérontologie. Les théories à propos de ce domaine étaient donc naturellement
faibles.
On remarque dans la gérontologie que les experts de la discipline sont divers et variés et
qu’ils ont souvent une expertise bien particulière, ce qui est certes une richesse scientifique, mais
qui peut aussi parfois amener certaines difficultés dans la collaboration. A titre d’exemple,
Sperandio (2007) montre deux types de concepteurs de technologies concernant les personnes
handicapées ou vieillissantes. Ceux qui ont une démarche « social pull », c’est-à-dire, ceux qui
font un diagnostic des besoins, mettent en lumière des difficultés et recherchent des technologies
204
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
capables de solutionner le problème ; et ceux qui ont une démarche « techno push », c’est-à-dire
qui ont une connaissance et une maîtrise des technologies, les conçoivent, puis recherchent les
potentielles applications dans le domaine du handicap. Les premiers correspondent souvent aux
métiers des soins ou centrés sur l’analyse de l’humain (i.e. psychologues, médecins, ergonomes,
kinésithérapeute, etc.), voire même des personnes handicapées elles-mêmes, alors que les
seconds ont plutôt des profils de conception, orientés vers la technique (i.e. ingénieurs,
architectes, ergonomes, informaticiens, etc.). Ces deux sources méthodologiques sont
convergentes, et doivent être considérées comme complémentaires et non comme concurentes.
La gérontologie doit donc trouver des méthodes pour harmoniser et organiser ces deux
domaines, et ainsi gagner en pertinence dans ses propositions, ses prescriptions et dans la
conception.
205
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Ainsi, la technologie peut être évaluée en fonction de ses objectifs et des domaines de
l’activité humaine qu’elle solutionne. Toutefois, les technologies peuvent être hybrides et donc
être croisées en plusieurs endroits. Si l’on considère l’exemple du smartphone, selon
l’application, il pourra être placé à diverses intersections et ainsi avoir plusieurs objectifs et
répondre à différentes finalités dans l’activité humaine (cf. Tableau 37).
En effet, l’aspect multitâche de cet outil lui donne différentes possibilités. Pour autant,
même si le classement est poreux, cet outil permet déjà aux professionnels de se réunir autour de
critères de réflexion communs. Cependant, on ne distingue pas suffisamment le rôle de chaque
spécialité. Par exemple, la mobilité peut concerner à la fois le domaine de la santé et celui de la
conception, et il n’y a pas de possibilités proposées pour accorder les deux visions et les rôles de
chacun.
Par la suite, Bouma et al (2007) se basent sur cette matrice (Van Bronswijk et al., 2002) et
s’intéressent cette fois aux différentes disciplines de la gérontotechnologie. En croisant les
sciences de la gérontologie (i.e. physiologie, nutrition, psychologie, sociologie et médecine), aux
sciences techniques (i.e. biochimie, architecture, information et communication, robotique,
ergonomie et gestion), ils fournissent un outil de travail qui permet une conception dans la
collaboration (cf. Tableau 38).
206
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Discipline de technologie
Discipline de Chimie Architecture Informatique Mécanique Ergonomie Gestion
gérontologie Biochimie Bâtiments Communication Robotique Conception d’entreprise
Physiologie nutrition
Psychologie
Sociologie
Démographie
Médecine de
réhabilitation
Tableau 38. Matrice de Croisement Fertile en Gérontotechnologies Bouma et al. (2007) IN Laila, M. (2009). P 32
On remarque alors que les rôles des disciplines sont bien distingués, mais on perd les
domaines d’applications.
C’est pourquoi, ces deux matrices sont complémentaires, et montrent à la fois l’objectif, et la
finalité des gérontotechnologies, ainsi que les différents domaines scientifiques qui l’animent.
Ces outils mettent en lumière le besoin et la volonté d’organisation dans le domaine de la
gérontotechnologie, ainsi que la richesse qui découle de la pluridisciplinarité. Cependant, il ne
s’agit là que d’une méthodologie et les produits gérontotechnologiques ne sont pas abordés. Il est
plutôt question d’orienter la recherche et d’organiser le travail collaboratif.
Selon les auteurs, lorsque les produits, les connaissances et les méthodes remplissent toutes
les cases, c’est que l’objectif de la gérontotechnologie d’assurer un niveau de qualité de vie
élevé, et sécure (i.e. physico-psychologique et social) peut être atteint.
207
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
diminuée, etc., ce qui empêche d’utiliser correctement la majorité des systèmes dans leur forme
actuelle.
De nombreux auteurs (Fozard, Graafmans, Rietsema, Bouma, & van Berlo, 1993 ;
Graafmans et al., 1998) ont relevé que le vieillissement était accompagné d’importants
changements, et que la conception d’environnements ou d’équipements devait les prendre en
compte, et les inclure dans leurs processus.
Pourtant, les concepteurs de technologies ont ignoré trop souvent les exigences de la
population âgée (e.g. habilités motrices et perceptives, sociales, etc.). Les raisons de ce
manquement sont diverses : manque de connaissance au sujet des possibilités de conception
centrée utilisateur, idées préconçues au sujet des adultes âgés, et particulièrement un manque
d’évaluation des besoins spécifiques des seniors et des personnes souffrant de handicaps
(Aissaoui, Barcenilla, & Tijus, 2012 ; Haddon & Paul, 2001). Il est alors important de clarifier
certaines questions au sujet de notre public.
Comme nous l’avons vue dans les chapitres précédents, le vieillissement, qu’il soit normal
ou pathologique, va produire des changements, et des situations de fragilité, de déficit, voire de
handicap. Nous avons également constaté, dans notre chapitre concernant le handicap, que
l’environnement (OMS, 2001), en présentant des facilités ou des obstacles (i.e. enabling
environments/disabling environments), est en partie responsable de difficultés physiques (Preiser
& Ostroff, 2001) ou cognitives (Sears et al., 2003), ou à l’inverse de leur diminution ou de leur
disparition. Il est alors important d’évaluer les habilités et les déficits, et de concevoir des
environnements qui soient « aidants et facilitateurs », et qui permettent aux populations les plus
âgées d’accéder, ou de participer aux différents aspects de la vie quotidienne. Il convient
également de noter que la notion d’environnement doit être prise dans un sens large : physique
ou virtuel (e.g. lieux, produits, procédés, services, information, etc.).
Différentes approches théoriques ont été élaborées sur les méthodes de conception des
environnements qui répondent au besoin d’inclure un maximum de personnes, dont celles qui ont
des difficultés, des handicaps ou qui se trouvent dans un processus de vieillissement avancé. Il
existe actuellement une pléthore de méthodes et d’approches pour les concepteurs, qui leurs
permettent de mieux connaître leurs utilisateurs, et de mieux définir leurs besoins.
Nous verrons dans ce chapitre les méthodes de conception dites « centrées utilisateurs »,
parmi lesquelles la conception universelle ou encore la conception inclusive sensible à
l’utilisateur. L’objectif de cette partie est de faire un état des lieux des approches et des méthodes
de conception, et de considérer leur pertinence pour les personnes vieillissantes.
208
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
d’améliorer non seulement la conception, mais aussi l’utilisation des environnements physiques
comme virtuels. Ce type d’approche est regroupé sous le terme générique d’approche de
Conception Centrée Utilisateur.
La Conception Centrée Utilisateur (i.e. CCU) est une approche fondamentale pour
l’ergonomie. En effet, l’objectif de la discipline est d’adapter les systèmes et les environnements
et, en ce sens, de concevoir autour de l’utilisateur, de ses besoins, de ses facultés, de ses
possibilités, et de ses limites.
En effet, afin d’améliorer les procédés d’élaboration des systèmes et des environnements, les
méthodes de fabrication ont repositionné l’utilisateur final dans le processus de conception, en le
faisant passer du statut de consommateur, à celui de sujet d’expérience, puis de conseiller. Lors
de la conception pour la personne âgée, il faut le plus souvent prendre en considération deux
types d’utilisateurs :
- les bénéficiaires, c’est-à-dire les seniors, qui sont les utilisateurs primaires du système et
qui représentent naturellement les intervenants principaux ;
- les intervenants, qui sont les utilisateurs secondaires, qui interagissent avec le système
ou en tirent un quelconque bénéfice (e.g. informations, aide, assistance, etc.).
Ensuite, la norme ISO 9241-210 (2010) vient enrichir cette notion et donne la définition
suivante de la démarche :
209
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Cette norme met l’accent non plus sur les besoins et les attentes, mais sur l’utilisation et
l’interaction avec le système. Ainsi, la complémentarité de ces deux définitions (i.e. temps de
l’expérience et norme ISO) montre que la démarche peut être réfléchie sur deux périodes, avec
d’abord une analyse des trois temps de l’expérience qui donne accès aux besoins, aux limites et
aux représentations, et ensuite une phase d’interaction avec le système – qui nécessite une phase
de prototypage – qui permet d’observer et d’améliorer l’utilisabilité. Il y a donc une certaine
complémentarité entre l’analyse des besoins, qui peut être considérée comme le diagnostic ou la
théorie, et l’utilisation du système qui en serait la pratique. Cette complémentarité est essentielle
dans une optique de conception, d’ailleurs selon Kant (1803), dans toutes sciences il faut
considérer que « la pratique sans la théorie est aveugle, et que la théorie sans la pratique est
impuissante ».
Par ailleurs, la « Conception Centrée Utilisateur » a deux objectifs, qui rejoignent aussi
l’idée d’une analyse dans un premier temps, et d’une pratique dans un second. D’ailleurs des
auteurs (Barcenilla & Bastien, 2009 ; Brangier & Barcenilla, 2003 ; Karat & Bennett, 1991 ;
Norman & Draper, 1986) préconisent de mettre en place une méthode en deux temps :
1. le recueil et l’analyse des besoins des utilisateurs et de leurs caractéristiques
différentielles (i.e. capacités cognitives et physiques, mémoire, perception, expérience,
etc.), dès le début de la conception d’un produit. Concernant le vieillissement, cette
analyse des caractéristiques doit se faire dans la pluridisciplinarité en considérant des
aspects esthétiques (i.e. design, etc.), techniques (i.e. ingénierie, ergonomie, etc.),
technologiques (i.e. informatique, ingénierie), mais aussi, médicaux (i.e. gériatrie,
psychiatrie, etc.) et paramédicaux (i.e. psychologie, sciences infirmières, physiothérapie,
etc.)
2. l’implication et la participation active de l’utilisateur final au cours des différentes phases
de développement du produit, tout au long du processus de développement (i.e.
préconception, maquettage, prototypage, production.). On ne crée plus pour, mais avec
l’utilisateur final
210
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
En résumé, la conception centrée utilisateur est une approche globale qui permet de donner
une place centrale à l’utilisateur dans le processus de conception. Elle a été déclinée dans des
approches de conception plus spécifiques destinées à améliorer l’utilisabilité et l’accessibilité des
produits, pour les personnes âgées ou les personnes handicapées :
- des approches qui considèrent que toute conception d’un produit doit être destinée à la
fois aux personnes bien portantes et aux personnes ayant des déficits, il s’agit des
approches dites universelles et holistiques. Ces démarches peuvent recevoir plusieurs
dénominations (cf. Figure 59).
211
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
- des approches de conception des aides destinées spécifiquement aux personnes ayant
des déficits ou difficultés particulières, démarches dites inclusives sensibles à
l’utilisateur (cf. Figure 60).
Figure 60. Formalisation des différentes approches de conception inclusive sensible à l'utilisateur
Nous verrons quelques-unes de ces approches et nous discuterons de leurs intérêts dans la
conception pour la personne âgée.
La conception universelle est d’abord une approche philosophique, qui dans un but
universaliste, souhaite éradiquer l’exclusion et la discrimination, en particulier sociale, qui
provient de la conception et / ou de l’environnement. Néanmoins, l’intérêt n’est pas seulement
guidé par des principes humanistes ou éthiques, mais aussi économiques et politiques. La finalité
de la conception universelle est de proposer des standards de fabrication, afin que tout soit conçu
et adapté selon des critères bien définis pour éviter l’exclusion et faciliter l’accès.
Pour répondre à la volonté d’inclure les personnes qui ont des déficits dans le processus de
conception des environnements, de nombreuses approches se sont intéressées à une conception
dite « universelle ». Ces dernières ont souligné la nécessité de prendre en compte les besoins de
certaines catégories de la population qui ont des déficits, dès les premières phases de la
conception des produits et des services, afin qu’ils soient adaptés pour tous.
212
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
La première définition est celle qui a introduit la notion de conception universelle (Mace,
1985, p. 8) :
Cette première définition a donné un cadre à la notion, mais elle reste large concernant le
terme d’environnement et d’individu. Pour compenser les manques de cette dernière, une autre
définition ajoute certaines spécificités (Aragall, 2002, p. 5):
« Intervention sur les environnements, les produits et les services visant à ce que tous, y
compris les générations suivantes, et sans égard à l’âge, aux capacités ou aux origines
culturelles, puissent participer pleinement à la vie de nos sociétés ».
Cette seconde définition suggère que cette approche a dépassé le simple intérêt pour la
conception d’objets, et s’intéresse à l’environnement au sens large, y compris social. Dans un
même temps, le terme d’individu se précise, et il est décliné selon certaines variables comme
l’âge et la culture.
Enfin, une dernière définition résulte d’une revue de la littérature (Rocque, Langevin,
Chalghoumi, & Ghorayeb, 2011, p. 12) qui a recensé 23 définitions et a tenté de les synthétiser
dans l’optique d’obtenir un consensus :
Cette dernière définition reprend le terme de design inclusif – que nous aborderons dans la
prochaine partie – afin de rendre compte du contexte d’utilisation et des spécificités des
différents groupes au sein d’une même population. Elle évoque également deux notions
importantes pour les seniors : l’autonomie et une égalité de principe, par l’obtention de résultats
équivalents aux personnes en bonne santé.
Cette notion d’égalité est fondamentale, et va donner lieu à deux autres définitions guidées
par une volonté juridique et législative. La première est celle du Conseil de l’Europe (2001) :
213
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Pour conclure, la notion de Conception Universelle a un intérêt à la fois scientifique dans les
domaines de la conception, du handicap et du vieillissement, mais aussi un intérêt économique,
politique et sociétal, dans un but d’inclusion.
214
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
L’avantage de ces recommandations est de fournir une check-list et une méthodologie qui
permettent de standardiser la conception. D’ailleurs, ils sont souvent considérés comme les sept
principes « clés » par les concepteurs. Ces recommandations ont dépassé le simple fait de
concevoir des objets ou des systèmes, puisque qu’en France, la loi de 2015 (cf. section 1.2.3)
s’en inspire pour définir l’accessibilité à tous les aspects de la société : bâtis, transports, voiries
et espaces publics, mais aussi pour l’éducation, les loisirs, l’informatique et les technologies, etc.
De plus, cette logique de conception suppose que « ce qui est indispensable à quelques
personnes handicapées est nécessaire pour beaucoup plus et confortable pour tous » (Devailly,
2010, p. 93). On remarque effectivement que certains objets, environnements ou technologies du
registre de la conception universelle conçus initialement pour des personnes ayant des déficits
sont utilisés par tous. On peut citer à titre d’exemple des objets du quotidien conçus pour
compenser des déficits physiques et qui ont réussi ce pari de l’utilisation universelle (e.g. la
télécommande, le robinet thermostatique, la douche italienne, etc.). On observe également que
l’adaptation de l’environnement urbain, comme les entrées plus larges ou les rampes de seuil de
porte et de trottoir (i.e. loi de 2015) permet aux personnes en fauteuil roulant ou aux personnes
âgées avec des aides à la marche (e.g. canne, déambulateur, etc.) d’accéder aux lieux, mais
facilite également le passage aux personnes en bonne santé avec une poussette ou avec des
chariots (e.g. travaux, charges lourdes, etc.). On constate encore que le développement plus
récent de solutions technologiques pour les personnes souffrant de limitations cognitives suit
cette même logique. Par exemple, les sous-titrages ou les SMS qui permettent aux personnes
malentendantes de suivre une information, sont autant utiles aux personnes qui souhaitent
regarder un film ou communiquer dans un environnement bruyant ou sans faire de bruit (e.g.
parents avec enfants, ou regarder une vidéo dans les transports en commun, etc.), ou encore
pour ceux qui souhaitent apprendre ou se perfectionner dans une autre langue (e.g. Version
Original Sous-Titrée : VOST). Enfin, on relève également les solutions proposées pour les
personnes âgées, par exemple avec les smartphones (e.g. SMS, commandes vocales, etc.), ou la
domotique (e.g. volets, éclairage et chauffage automatiques, etc.), qui sont autant de
technologies utilisées pour améliorer le confort de personnes en « bonne santé ».
En revanche, on peut reprocher à ces sept principes d’être compliqués à mettre en place de
manière exhaustive, et parfois d’entrer en conflit entre eux. A titre d’exemple, concernant
l’accessibilité aux lieux publics qui nécessitent un escalier, proposer une autre entrée ou un
chemin différent pour les personnes à mobilité réduite peut être considéré comme stigmatisant et
non égalitaire. De surcroit, on remarque que le principe (1a) est en contradiction avec la
définition de la conception universelle qui préconise d’éviter de recourir à l’adaptation
particulière ou à la conception spécialisée, alors que cette ligne directrice propose des « moyens
équivalents ». La conception universelle considère que la compensation des systèmes par l’ajout
d’aides techniques complémentaires et additionnelles, ou la présence de réglages de type
« préférences », peuvent rapidement diminuer la facilité d’usage. Elle rendra soit le système plus
lourd ou plus encombrant, avec le risque d’exclure les personnes qui ont des difficultés
215
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
physiques, soit plus complexe et diminuera l’utilisabilité pour les personnes avec des déficits
cognitifs. Par ailleurs, ces principes ne prennent en compte que les aspects pratiques et peu les
aspects psychosociaux, émotionnels et hédoniques. Enfin, les propositions sont très générales et
concernent en majorité les environnements physiques. On peut remarquer que le principe (6)
« niveau d’effort physique minimum » n’évoque pas l’effort mental et cognitif, et que le principe
(7) « des dimensions et des espaces libres pour l’approche et l’utilisation » ne considère pas la
manipulation des objets technologiques (e.g. touches, boutons, etc.) ou encore que le principe (4)
« respect des capacités sensorielles » n’envisage pas les contraintes des affichages (e.g. taille,
couleurs, etc.).
Cette dernière limite est importante pour une conception qui se revendique universelle, car
de plus en plus de services sont aujourd’hui informatisés, et le Web devient incontournable. En
effet, l’accessibilité des lieux publics n’est plus seulement physique, mais elle est aussi virtuelle
par l’utilisation fréquente des services d’internet (i.e. bureau de vote, banque, mairie, inscription
ou réservation, etc.). Il faut donc pouvoir réfléchir à une conception universelle informatique qui
diminue ou empêche l’exclusion dans ce domaine.
1. les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG) concernent les contenus Web
accessibles sur un ordinateur. Il contient douze guidelines, sous-divisées en 61 sous-
sections, regroupées en quatre principes qui doivent être respectés
- perception, l’information et les composantes doivent avoir une présentation qui
soit perceptible par tous les utilisateurs (e.g. équivalence perceptuelle,
audiodescription, sous-titrage, contenu sensoriel, contraste, taille, son, etc.) ;
28
Web Accessibility Initiative : (WAI), s. d.) https://www.w3.org/WAI/Technical/Activity
216
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Concernant l’application des normes « MWBP et MWABP », chaque item contient deux
parties : « qu'est-ce que cela signifie ? » qui définit l’item évalué, et « comment le faire ? » qui
donne les lignes directrices à mettre en pratique.
217
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
d’autres technologies qui utilisent des affichages par écran. En effet, l’évolution de la
technologie au service des seniors ne se limite plus à l’ordinateur et à internet mais balaie un
ensemble de plus en plus complexe (e.g. réalité virtuelle, smart-thing connecté, équipement
automobile, etc.), qui sont autant de nouveaux environnements d’interaction pouvant utiliser un
écran comme périphérique d’interface (Stephanidis, 2009).
La conception transgénérationnelle
Une autre approche au sein du courant de la conception universelle considère que l’on doit
concevoir des environnements et des systèmes qui transcendent l’âge et les générations, c’est-à-
dire qui soient accessibles par des personnes de tout âge : la conception transgénérationnelle.
Dans ce cadre certains auteurs (Farage, Miller, Ajayi, & Hutchins, 2012 ; Vanderheiden,
2009) ont mis en relation les propriétés du design universel et les spécificités des personnes
âgées. Les auteurs ont classé les problématiques du vieillissement (cf. section 1.1) en neuf
dimensions (i.e. auditif, visuel cognitif, etc.), et ont tenté d’y répondre par des guidelines et des
propositions de pistes d’améliorations en lien avec chaque difficulté. A titre d’exemple, les
changements relatifs à la vision sont déclinés par Farage et al. (2012) en trois thèmes, qui sont
respectivement : 1. les changements dans la fonction visuelle ; 2. la description et les causes et 3.
l’impact (cf. Tableau 39).
Changement dans la
Description des causes Impact
fonction visuelle
Ne peut pas distinguer des
objets proches
Besoin de lunette ou de correction
Trouble de la vision de
Baisse de l’élasticité du bifocale. Le point focal proche est de
près (presbytie)
cristallin 10 cm à 20 ans, 100 cm à 70 ans.
218
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
En parallèle de cette classification, des pistes de conception sont proposées sur le fond et sur
la forme, afin de rendre le produit le plus efficient possible, et utilisable par tous. On peut relever
des améliorations demandées concernant l’éclairement, l’éblouissement, le texte, les contrastes,
etc. (cf. Tableau 40).
Tableau 40. Guideline de conception pour les troubles visuels dus à l'âge par Farage et al. (2012) [traduction libre].
Les auteurs concluent que l’application de ces prescriptions relatives aux personnes âgées
(i.e. neuf tableaux de prescriptions) sera bénéfique pour tous les utilisateurs. Cependant, les
recommandations sont décrites de manière linéaire et ne considèrent pas les interactions des
difficultés d’un public âgé (e.g. traitement médicamenteux, acceptabilité, etc.). La mise en
pratique de cette approche prend alors le risque de fournir une superposition de
recommandations, qui peut parfois manquer d’efficience. Il faut alors de nouveau être capable de
diagnostiquer de manière précise les déficits en amont, afin de pouvoir appliquer les
recommandations les plus pertinentes.
219
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
La majorité des approches universelles utilisent des guidelines, et des lignes directrices.
Néanmoins, même si elles sont utiles dans la conception pour les seniors, elles ont certaines
limites. Petrie et Bevan (2009) en relèvent trois concernant les seniors. D’abord, elles sont
chronophages (e.g. W3C), ce qui limite souvent leur mise en pratique sur le terrain. Ensuite, elles
entrent souvent en conflit lors de cas spécifiques, ce qui est la particularité des sujets en
vieillissement (i.e. polypathologie, polyhandicap, etc.) qui ont souvent, par un effet de
complémentarité, des superpositions de déficits, et des tableaux cliniques atypiques. Enfin, le
manque d’expérience et de connaissance des concepteurs concernant les besoins particuliers peut
rendre l’application des guidelines compliquée à appliquer, voire amener des résultats contre-
productifs (e.g. application sans compréhension).
Pour Newell et Gregor (2000, p. 4), la conception universelle tient plus à « un état d'esprit
plutôt qu’à une simple application mécanique d’un ensemble de directives ». Nous considérons
alors que proposer des guidelines et des principes conducteurs pour les concepteurs n’est pas
suffisant (Lewis, 2009 ; Lim, 2010 ; Milne et al., 2005), et qu’il faut concevoir en partenariat
avec les seniors, et avoir des possibilités d’analyse des besoins et de diagnostics autour de quatre
plans : (1) physico-sensoriel, (2) cognitif, (3) social et (4) possibilité de maîtrise des instruments
technologiques.
Dans ce processus l’utilisateur est considéré sous deux aspects. Premièrement, comme
faisant partie d’un tout, alors même que certaines différences fondamentales sont importantes,
comme l’âge, le sexe, les capacités physiques et cognitives, etc., et deuxièmement comme un
sujet statique, alors qu’il existe un processus de vieillissement permanent et un état de santé qui
n’est pas linéaire mais fluctuant. De ce fait, cette philosophie de conception est difficilement
envisageable si l’on prend en compte les différences interindividuelles des aînés. En effet, il y a
une diversité de ce public en termes de santé et de capacités physiques et cognitives, mais aussi
en termes de facteurs sociétaux, culturels, linguistiques, d'âge et de genre qui doivent tous être
pris en compte lors de la conception universelle. Par ailleurs, ce processus se concentre
uniquement sur les fonctions. Pourtant, les réactions affectives et psychosociales envers
220
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
l’environnement et les produits sont tout aussi importantes (Jordan, 1999 ; Norman & Draper,
1986).
D’autre part, on peut retrouver dans les littératures trois critiques récurrentes des approches
basées sur la conception pour tous :
1. Face à une hétérogénéité trop importante, vouloir satisfaire tout le monde peut finir par
ne satisfaire personne. D’ailleurs, il faut parfois chercher davantage la spécificité que
l’homogénéité chez les adultes âgés. Effectivement, on remarque qu’au vu de
l’hétérogénéité de la population âgée, et des difficultés qui sont diverses, il devient
presque idyllique de vouloir concevoir pour tous. Par ailleurs, l’amélioration d’un
système pour un type d’utilisateur pourra être synonyme d’une baisse d’utilisation pour
un autre. Par exemple, ajouter des formes en reliefs sur les trottoirs, afin de permettre à
une personne malvoyante de se déplacer, pourra ajouter des difficultés supplémentaires
à une personne à mobilité réduite en fauteuil roulant ou augmenter le risque de chute
chez les personnes âgées (e.g. diminution de la hauteur des pas, baisse de l’attention,
etc.).
2. Concevoir pour les personnes ayant des handicaps importants peut amener à être
simpliste ou non adapté (e.g. perte d’efficience, d’efficacité, de vitesse, de pertinence,
etc.) pour d’autres catégories d’utilisateurs (e.g. intermédiaire ou expert). La facilitation
de l’accès aux technologies numériques par certains pourrait la freiner pour d’autres
(e.g. manque de certaines fonctionnalités dans un souci de simplification de
l’utilisation, etc.). L’objectif des concepteurs devient alors la conception non pas pour
tous, mais pour le plus grand nombre.
3. Enfin, concevoir pour tous, en considérant les déficits les plus importants, pourrait
freiner l’innovation à long terme.
Cette dernière limite (i.e. 3) est à prendre avec précaution car l’effet inverse peut également
être vrai, et l’innovation peut être amenée par la conception pour le handicap (e.g. SMS,
télécommande, domotique, etc.) et pour les personnes âgées (e.g. technologies développées dans
le cadre de la Silver Economie).
Après ce constat sur la nature de la diversité et des besoins particuliers des seniors, nous
pensons qu’une prise en compte et une compréhension globale de divers problèmes allant des
221
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
C’est pourquoi il est possible de préférer, dans le cadre du vieillissement, une conception
d’aide particulière pour certaines personnes qui ont des besoins spécifiques. Certains auteurs
(Higbee, Katz, & Schultz, 2010 ; McAdams & Kostovich, 2011 ; Newell & Gregor, 2000 ;
Rébola & Jones, 2011 ; Schelly, Davies, & Spooner, 2011) proposent la terminologie « design
inclusif sensible à l’utilisateur » (i.e. user sensitive inclusive design) qui est complémentaire à la
conception universelle, mais qui souligne l’importance d’inclure des populations spécifiques par
des aménagements particuliers.
Pour Newell et Gregor (2000, p. 4), le design universel a été très utile pour obtenir les
profils des utilisateurs souffrant de handicap, et pour définir certains principes généraux de
conception. Néanmoins, ces auteurs relèvent, que, hormis pour une petite part des produits,
l’utilisation de cette approche universelle amène certaines limites, et que :
« Fournir un accès au produit à des personnes avec certains types de handicap peut
rendre le produit significativement plus difficile à utiliser par les personnes sans handicap et
souvent impossible à utiliser pour une personne avec un autre type de handicap » [traduction
libre].
Pour développer leur approche, Newell et Gregor (2000) vont mélanger des approches «
européennes » (i.e. plus holistiques, qualitatives et avec une sensibilité aux caractéristiques
sociales), à des méthodes nord-américaines (i.e. plus quantitatives et plus formelles). Le résultat
est une démarche de conception centrée utilisateur, où des besoins spécifiques sont considérés et
mesurés, et dans laquelle le sujet doit participer au processus de conception, mais pas seulement
en tant que sujet d’expérience (i.e. observé, interviewé et analysé), mais aussi en tant que
consultant (i.e. considéré comme un expert dans la connaissance de ses besoins et de sa situation
222
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
de vie). Cette approche oblige les concepteurs à rechercher la diversité au sein de leurs
populations d’utilisateurs.
Lim et Newell (2016, p. 215) décrivent les avantages de suivre une conception inclusive
sensible à l’utilisateur, comme la possibilité de prendre en compte :
Ainsi la conception est évolutive, adaptative et permet de suivre les changements qui
peuvent être rapides chez la personne âgée (Gregor, Newell, & Zajicek, 2002), contrairement à la
conception universelle.
La méthodologie consiste en une matrice qui utilise l’analogie de la maison. Ainsi, le mur
droit représente les besoins ou les attentes du public cible (i.e. le Quoi ?), recueillis le plus
souvent par des méthodes d’entretiens, d’enquêtes, etc. La charpente reprend quant à elle, les
solutions techniques ou technologiques envisageables (i.e. le Comment ?) qui sont souvent
répertoriées par du benchmarking ou par une veille technologique. Une fois que ces deux
éléments (i.e. le quoi et le comment) ont été recueillis, on attribue aux solutions des valeurs
cibles et des unités de mesure (e.g. mètres, secondes, kilogrammes, etc.), ainsi qu’une possibilité
de les pondérer, afin d’instaurer une capacité de quantification et de comparaison. Ensuite, cette
matrice croise le « quoi » et le « comment », et note la relation entre le besoin et la solution
proposée sur une échelle de likert en trois points selon qu’elle répond : faiblement (i.e. cercle
blanc), modérément (i.e. cercle blanc avec un point noir au centre) ou fortement (i.e. cercle
223
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
noir) aux attentes du public cible. Enfin, le toit, représente une demi-matrice qui fournit des
corrélations (i.e. fortement négative, négative, positive et fortement positive) entre les différentes
solutions proposées, afin de les rendre les plus efficientes possible et d’éviter d’obtenir des
conflits entre elles ou des redondances dans les propositions (cf. Tableau 41).
Tableau 41. Exemple de construction d'une matrice sur le modèle du QFD (Quality Function Deployment).
http://chohmann.free.fr/qualite/qfd.htm.
224
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Cependant, on note que ce modèle fournit très peu d’informations sur les méthodes de
recueil de données afin d’effectuer le diagnostic des attentes et des besoins. Ce manque
d’information peut conduire à des résultats disparates lorsque plusieurs évaluateurs procèdent à
l’évaluation d’une même situation.
Une autre approche, cette fois développée par l’ergonomie, propose des phases de
conception adaptées aux seniors et répond aux critiques précédemment formulées à propos du
QFD. Il s’agit de la méthodologie de conception « Usability, Safety, Attractiveness
Participatory » (USAP) (Demirbilek & Demirkan, 2004). Cette méthode a été proposée dans
l’optique de développer et de concevoir des produits et des technologies sécures et fonctionnelles
pour le maintien de l’autonomie à domicile des seniors. Cette approche propose un ensemble de
méthodes pour comprendre les besoins et regrouper les solutions. Elle se décompose en cinq
phases de développement du produit (cf. Figure 61).
Figure 61. Formalisation des 5 phases du modèle de conception USAP tiré de Demirbilek et Demirkan 2004[traduction
libre]
225
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Dans la partie « échange », les personnes âgées sont impliquées et consultées dans des
sessions composées de petits groupes, où l’on utilise des techniques comme la construction de
scenarii, des brainstormings, des entretiens ou des questionnaires. Lors de cette première étape,
le but est de faire ressortir les besoins ainsi que les préférences des seniors. Les concepteurs sont
des modérateurs et ne doivent pas orienter ou créer de biais par leur intervention. Ensuite, ils ne
doivent pas faire de recommandations aux personnes âgées, seuls ces dernières sont force de
propositions. Enfin, lors de cette étape, les échanges sont enregistrés et filmés afin de pouvoir
visionner les détails comme le faciès, les gestes, les postures et les verbalisations.
Dans la deuxième phase, l’« amélioration du concept », on retrouve à nouveau deux étapes
(i.e. échange et présentation). Les concepteurs mettent en place une nouvelle session de
discussion avec les personnes âgées qui sont invitées à porter une critique sur les propositions de
conception retenues lors de la phase 1. Cette étape permet de discuter et de corriger les
potentielles interprétations des concepteurs face aux besoins et aux propositions. Cette
redéfinition avec les utilisateurs va permettre de s’assurer de la bonne compréhension des
besoins et de leur bonne traduction dans le langage technologique, ou dans le cas inverse, de
redéfinir la conception. En parallèle de l’expertise des seniors, le concepteur fait appel lors de
cette étape aux sciences de l’ingénierie et à l’ergonomie.
La quatrième phase, les « sessions d’essais utilisateurs », est une phase de test par le public
cible. A ce stade, il est nécessaire de faire utiliser le prototype à la personne âgée, en lui donnant
une tâche à réaliser, et en lui demandant de verbaliser ses émotions, critiques, problèmes ou
satisfactions. De nouveau, cette étape doit être filmée et enregistrée pour les mêmes raisons que
dans la phase 1.
Enfin, la cinquième et dernière étape, est celle de « production ». Il s’agit de la phase finale
du processus de développement, et de la mise sur le marché. Les observations peuvent aller au-
226
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
delà de cette phase et utiliser les retours des utilisateurs, ou des questionnaires de satisfaction,
etc.
Pour conclure, l’apport de ce type de méthodologie est important et vise à approcher une
utilisabilité par le plus de personnes âgées possible, en intégrant leurs spécificités au sens large :
physiques grâce à la manipulation du prototype, et psychocognitives et sociales grâce à leurs
remarques, leurs critiques et leurs participations à toutes les étapes de la conception. Ce
processus encourage les concepteurs à penser aux seniors ayant des fonctions sensorielles,
physiques et cognitives diminuées, à les comprendre et à ne pas interpréter leurs besoins, mais à
les constater.
En revanche, cette approche ne met pas à la disposition des concepteurs des grilles pour les
entretiens ou les questionnaires, ce qui peut nuire à la standardisation. Par ailleurs, certaines
difficultés peuvent être ignorées par les sujets vieillissants (e.g. anosognosie ou phénomène de
surestimation des capacités.), ou diminuées par un phénomène de désirabilité sociale, en
particulier lors de séances en groupe.
Les sujets âgés disposent d’un ensemble d’expériences et de souvenirs qui vont composer un
vaste répertoire de représentations de la technologie et qui influenceront leur intention
d’utilisation et leur compréhension de l’outil. Il s’agit souvent de représentations bien ancrées et
difficiles à modifier, qui amènent des résistances aux changements lorsque les technologies font
l’objet d’un renouvellement rapide ou lorsque les sujets considèrent qu’ils peuvent s’en passer
pour réaliser leurs activités, ne voyant pas les avantages qu’elles apportent (e.g. gestion bancaire
en ligne, caisse de supermarché automatique, etc.). Le sentiment d'être « forcés » de s'adapter à
la technologie ajoute encore de l’importance au phénomène de résistance (Ashok & Jacko,
2009).
Dans ce sens, Lim (2010) propose une méthodologie, le « Generation Timeline Tool »
(GTT) qui permet une aide à la réflexion autour des connaissances, des souvenirs et des
représentations à propos des technologies. Cette démarche prend en compte les outils que les
personnes âgées connaissent, maîtrisent, et qu’ils ont utilisés toute leur vie.
227
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Le GTT repose sur une démarche comportant quatre types d’indicateurs (de A à D) :
A. un questionnement sur les technologies rencontrées au cours de leur formation (période
de 10 à 30 ans)
B. une référence aux différentes époques technologiques vécues par le sujet (e.g. mécanique,
électromécanique, numérique, etc.)
C. un récapitulatif des produits proches ou similaires du produit en développement, que les
utilisateurs potentiels ont rencontrés dans leurs vies
D. une représentation graphique (i.e. une frise) de 1930 jusqu’à 2010 des principaux
changements technologiques et sociaux-culturels
Tous les sujets sont ainsi interrogés sur la base de ces quatre outils. Cette consultation prend
en compte ce qu’ils connaissent, ce qu’ils maîtrisent, ce qu’ils désirent ou non, ce qu’ils
craignent, etc. Le fait de tenir compte des expériences passées et des représentations permet aux
produits destinés aux seniors d’être reconnaissables avec une forme familière, d’être simples en
réutilisant des mécanismes déjà connus (e.g. types de bouton, symboles, couleurs, matière, etc.),
d’être intuitifs et de prendre en compte leurs préférences (e.g. en termes de forme, de matériel,
de disposition, etc.), et au final d’être mieux acceptés et de diminuer l’effet de conservatisme.
Lim et Newell (2016) donnent l’exemple de la conception d’un lecteur CD ayant suivi cette
démarche de conception. Le concepteur Fukasawa, après avoir utilisé le GTT a observé que
beaucoup d’utilisateurs avaient utilisé un ventilateur qui équipait les fenêtres des cuisines pour
servir d’aération. Ce ventilateur a une forme carrée avec un cercle en son centre et il dispose
d’un fil qui permet la fonction marche et arrêt. Fukasawa a donc conçu l’objet sous cette forme
et a rencontré beaucoup de succès (cf. Figure 62), non seulement au Japon, mais aussi à
l’international.
228
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Cette méthode est intéressante car elle prend en considération les expériences passées et les
savoirs des personnes âgées, et en ce sens, elle ne considère pas seulement le vieillissement
comme une accumulation de déficits, mais aussi comme l’empilement de savoirs, et de capacités.
Elle permet également d’augmenter l’acceptation des technologies en faisant de l’utilisateur un
conseiller en termes de design, d’apparence, et de fonctionnalité du produit.
Néanmoins, ces approches ne considèrent pas assez de nouveaux impératifs, qui paraissaient
secondaires, et qui sont maintenant primordiaux pour assurer une haute utilisabilité comme : la
désirabilité sociale, l’esthétique, le plaisir, ou l’émotion, etc. (Jordan, 1999 ; MacDonald, 1998).
Ces aspects peuvent être d’autant plus importants chez des personnes vieillissantes ou en
situation de handicap, soucieuses de leur intégration sociale, et ne voulant pas que le système
leur donne un aspect diminué, ou ne les stigmatise. Ce sont des concepts pris en compte dans la
conception inclusive holistique.
229
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
l’exemple de l’aide technique la plus utilisée par les personnes âgées (Ankri &
Mormiche, 2002) : la canne. Le design des cannes pour personnes âgées le plus répandu
est celui vendu dans les lieux qui sont spécialisés (e.g. pharmacie, site de vente de
système ergonomique, etc.). Le design est souvent basé sur un aspect pratique (cf.
Figure 63) et renvoie souvent à un statut social de fragilité, et de faiblesse.
Figure 63. Canne et déambulateur les plus utilisés en France. Tiré de http://www.vivreenaidant.fr/aider-au-
quotidien/amenager-cadre-vie/accessoires-pratiques/canne-deambulateur.
Pourtant, au début du 20ème siècle, les hommes utilisaient des cannes qui renvoyaient à
un aspect plus hédonique, à une idée de luxe, d’élégance et de raffinement (cf. Figure
64). Ce qui faisait dire à Balzac (1863, p. 1113) que « l'esprit d'un homme se devine à la
manière dont il porte sa canne ».
Figure 64. Photo de Salvator Dali et de Maurice Chevalier ainsi que les cannes de personnes connues, tiré du site la
rose couverte, article La Canne et la Mode - 19e / 20e siècle. http://la-rose-couverte.over-
blog.com/pages/La_Canne_et_la_Mode_19e_20e_siecle-28695
230
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
3. Le plaisir psychologique, est en lien avec notre personnalité, nos sentiments et nos
émotions. Un système a potentiellement le pouvoir de nous rendre heureux et joyeux ou
à l’inverse tendu et stressé. Ce plaisir est fortement et positivement corrélé à la notion
d’utilisabilité. Cet aspect est d’autant plus important pour un produit dont nous sommes
dépendants pour une activité, comme un outil de travail, ou, dans le cas des personnes
âgées, pour des technologies d’aide et d’assistance. Dans ce cas, la difficulté
d’utilisation pourra être un facteur de stress important, et occasionner une perte de
temps considérable. A l’inverse, la facilité amplifiera le plaisir et augmentera l’intention
d’utilisation.
4. Le plaisir idéologique, renvoie aux valeurs de la personne et peut être en lien avec le
plaisir social. Il correspond souvent à des perceptions morales ou spirituelles. Par
exemple, des produits peuvent être très efficients, performants et esthétiquement
soignés, mais être fabriqués dans des conditions ne respectant pas des aspects
écologiques ou encore des valeurs universelles reconnues à l’homme (e.g. campagne
BDS : Boycott Désinvestissement Sanction, travail des enfants, exploitation d’animaux,
écologie, etc.), ce qui empêchera certains individus de les utiliser. D’ailleurs, les
personnes âgées semblent fonctionner davantage sur un aspect de valeurs et de principes
que les plus jeunes (Caradec & Eve, 2002).
C’est pourquoi, afin de concevoir des produits adaptés au vieillissement, les approches
doivent à la fois utiliser des facteurs d’accessibilité « fonctionnels », c’est-à-dire qui prennent en
compte les besoins en termes de capacités physiques et cognitives, mais aussi tout son
environnement socio-culturel et familial (Plos, Buisine, Dupin, Aoussat, & Dumas, 2007) : traits
de personnalité, caractéristiques sociales et culturelles, ainsi que les caractéristiques globales des
produits (e.g. esthétique, plaisir, personne aidante, etc.).
Les méthodes de conceptions inclusives sont intéressantes, car elles intègrent un processus
pluridisciplinaire et tentent d’avoir une vision globale du sujet, en tenant compte de besoins
particuliers.
En revanche, on peut relever certaines limites. En effet, on note encore des difficultés du
point de vue de la collaboration entre différentes disciplines (i.e. médicales versus concepteurs),
et une absence de consensus dans le choix des méthodes de conception qui manquent d’outils de
partage et de collaboration.
Enfin, dans le cadre du vieillissement pathologique, les troubles cognitifs majeurs sont une
limite importante à la conception. Déjà, parce qu’ils risquent de rendre non utilisables les phases
d’entretiens, de fausser les réponses aux questionnaires, etc. Ensuite, parce qu’ils limitent la
possibilité d’un consentement libre et éclairé pour participer au processus de conception.
231
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Néanmoins, des auteurs (Brangier & Barcenilla, 2003; Petrie & Bevan, 2009) notent
certaines limites à la conception inclusive sensible à l’utilisateur, comme le recrutement des
sujets (e.g. déplacement difficile, accès aux locaux, état de santé, etc.) ; ou encore des conflits
d’intérêts entre les personnes souffrant de différents handicaps (e.g. physiques, cognitifs,
sociaux, etc.).
Ces mêmes auteurs mettent en avant des difficultés d’ordre méthodologique et éthique,
comme :
- l’incapacité de certains (e.g. aphasiques, tétraplégiques, etc.) à communiquer leurs
pensées et leurs besoins ;
232
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
De plus, on observe que souvent, malgré l’implication de personnes âgées, l’un des partis
finit par prendre le dessus sur la conception ; et souvent au bénéfice des concepteurs.
Pour conclure, contrairement aux idées reçues – que les méthodes de conceptions adaptées
aux personnes âgées ne concernent qu’une génération ou deux, et que la génération 2.0 qui a
grandi et travaillé avec la technologie pourra s’en passer – nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un
travail de recherche éphémère et qu’il est important de créer spécifiquement pour ce groupe.
En effet, la problématique n’est pas uniquement en lien avec la notion de familiarité avec les
technologies, mais aussi avec l’évolution rapide de ces dernières, et avec les changements dans
les fonctions physiques et cognitives. D’ailleurs, à ce sujet, Couglin, Pope et Leedle (2006)
donnent un exemple judicieux. Ils expliquent que la population qui nous intéresse a bien connu
dans ses jeunes années le téléphone fixe, et en a une bonne maîtrise, mais elle rencontre des
difficultés avec le téléphone mobile, qui est son évolution. Le même constat pourrait être fait
avec la voiture du début du XXème siècle et celle du début du XXIème, avec toutes les
technologies embarquées (e.g. GPS, réglages de conduite, options comme caméra, ordinateur de
bord, écran projeté sur pare-brise, stationnement autonome, etc.).
Nous considérons alors que les technologies maîtrisées par les plus jeunes aujourd’hui
évoluent rapidement et, dans un même temps, que ces jeunes finiront par devenir vieux – avec
les diminutions physiques et cognitives s’y afférant. C’est pourquoi, les modèles de conception
spécifiques aux personnes âgées doivent se développer et devenir performants. Dans le cas
contraire, de nombreuses personnes âgées pourraient ne pas bénéficier des progrès
technologiques, et des produits qui leur seraient utiles, ou encore les sous-utiliser.
233
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Nous avons montré dans les parties précédentes que les gérontotechnologies semblent
permettre une prise en charge de certaines difficultés de la personne âgée et qu’elles bénéficient
de méthodes de conception adaptées. Il faut maintenant pouvoir mesurer le niveau
d’amélioration qu’elles amènent, ainsi que leur niveau d’utilisabilité et d’acceptabilité.
En utilisant une analogie médicale, nous pourrions imaginer une mesure du bénéfice / risque
de l’utilisation des technologies pour le vieillissement. En effet, la HAS (i.e. Haute Autorité de
Santé) mesure pour chaque thérapie médicale (e.g. thérapie physiologique, médicaments, prise
en charge thérapeutique relative à une maladie, etc.), le niveau de service rendu. Il s’agit du
ratio entre le bénéfice amené et le risque lié à l’utilisation. De la même manière, nous pourrions
avoir ce type de mesures concernant des technologies, qui devrait idéalement pouvoir être fait
sur trois niveaux :
- un niveau objectif, en mesurant le niveau d’augmentation des performances et de
l’autonomie. Dans ce cas, il faut avoir une mesure initiale sans système, puis une
évaluation avec le dispositif. Ce système de mesure doit être valide et standardisé ;
- un niveau plus subjectif, en utilisant le « retour » de l’utilisateur par l’utilisation de
l’observation et l’auto-déclaratif. Par exemple, pour constater si la technologie est
utilisée, dans quelles conditions et avec quelles limites. De nouveau des outils validés
(e.g. observation armée et guide d’entretien) pourraient être utiles
- un niveau mixte (i.e.objectif et subjectif) en évaluant la charge de travail (i.e. physique
et mentale) par des tests de performance.
La conclusion pourra être un ratio entre ces trois mesures, afin de déduire les avantages, et
les limites de la mise en place de la technologie.
Pour obtenir la mesure objective, il faudrait une évaluation quantitative des besoins sous
forme d’un diagnostic, afin de savoir s’ils sont ensuite comblés par le moyen technique mis en
place. Il serait alors nécessaire de bénéficier d’un outil de mesure validé et standardisé, qui soit
capable d’évaluer un sujet sans technologie, de relever ses déficits, et ensuite permettre de
mesurer le sujet avec une technologie et ainsi relever les différences. Ainsi le ratio, qui
correspondrait à la différence « avec et sans » technologie, pourrait être un début de preuve pour
l’évaluation du système. Par ailleurs, si cet outil d’évaluation est lui-même fourni sous forme
technologique, il permettrait alors un important recueil de données (e.g. test de la même
technologie sur un échantillon important). Sur cette base, nous pourrions effectuer certaines
analyses statistiques, qui fourniraient une preuve de la performance ou non du dispositif à
234
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
l’étude. Cette évaluation pourrait mener à une prescription technologique sur la base de
l’ « evidence base pratice29 » (Sackett, Rosenberg, Gray, Haynes, & Richardson, 1996).
Pour les mesures subjectives du service rendu par les gérontotechnologies, nous pouvons
utiliser des notions développées par l’ergonomie dans le cadre de l’interaction et du couplage
homme/machine : l’utilisabilité, l’utilité et l’acceptabilité.
Pour autant, une définition fait office de consensus, et nous baserons notre analyse sur celle-
ci. Il s’agit de la norme ISO 9241-11(ISO, 1998) :
« Degré selon lequel un produit peut être utilisé, par des utilisateurs identifiés, pour
atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte
d’utilisation spécifié ».
Pour autant, cette définition reste vaste et ne donne pas d’indications pratiques pour la mise
en place de l’évaluation de cette notion. Par ailleurs, les trois indicateurs proposés peuvent poser
problème dans le cas des gérontotechnologies (i.e. utilisateurs identifiés, efficacité, efficience et
satisfaction). Déjà, nos utilisateurs font partie d’un groupe hétérogène et il est donc difficile
d’avoir un échantillon représentatif, d’autant plus que les tests avec une partie d’entre-eux est
complexe, voire impossible (e.g. trouble neurocognitif majeur). Ensuite, concernant l’efficacité
et l’efficience, nous avons vu avec le modèle SOC (Baltes & Baltes, 1990 ; Freund & Baltes,
2003) que les sujets plus âgés peuvent considérer qu’ils ont plus de temps, et donc en consacrer
davantage pour obtenir un résultat satisfaisant. Enfin, à propos de la satisfaction, elle peut être
faussée par des variables parasites comme la désirabilité sociale, ou lors des expériences par
l’effet de halo, etc.
29
Evidence Base Practice est fortement inspirée de l’Evidence Base Medecine qui est « La médecine fondée
sur des données probantes est l'utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures données probantes
actuelles dans la prise de décisions concernant les soins aux patients. »
235
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Il est aussi important d’ajouter deux notions fondamentales à l’utilisabilité qui ne sont pas
considérées dans cette définition, il s’agit de l’apprenabilité et la mémorisation qui sont
essentielles pour notre population.
Nous allons alors tenter de savoir comment mesurer les différentes notions de l’utilisabilité
pour notre public.
« Elle correspond à une réaction affective qui concerne l’acte d’usage d’un dispositif et
qui peut être associée au plaisir que l’utilisateur reçoit en échange de son acte ».
Sa mesure correspond alors à un ratio entre l’effort fourni et le plaisir obtenu. Cette fois
encore, notre public peut avoir certaines spécificités, comme le fait de considérer qu’il faut faire
des efforts supplémentaires, ou encore être satisfait sur le fond (i.e. service rendu), mais pas sur
la forme (i.e. esthétique), car socialement stigmatisant ou renvoyant une idée de faiblesse, de
fragilité, etc. Par ailleurs, cette évaluation, comme toutes les mesures subjectives, sera fortement
reliée à des aspects singuliers, aux besoins, à la culture, à la catégorie sociale, ou encore à
d’autres variables comme la désirabilité sociale, la mémoire, le coût, etc. Il faudra alors être
attentif à l’échantillonnage et le tester précisément et statistiquement. Enfin, il ne faut pas choisir
le produit pour la personne âgée – comme c’est souvent le cas avec les médecins, les institutions
qui sont les premiers prescripteurs de technologies ou encore la famille – car la satisfaction est
une clé de l’acceptabilité, et donc de l’utilisation effective du système. Il faut alors intégrer le
senior dans le processus de choix de la technologie et, bien entendu, dans la mise en place, afin
de s’assurer d’un haut niveau de satisfaction.
236
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Nous remarquons que ces critères sont parfois compliqués à mesurer pour la personne âgée,
en effet, ils ont été conçus à la base pour un contexte de travail ou pour la mesure de l’utilisation
de technologies, mais pas forcément pour le handicap et le vieillissement.
Afin, d’obtenir une mesure de l’utilisabilité, nous pourrions mettre en place une
méthodologie qui mesure à la fois le déficit, mais aussi le niveau nécessaire pour utiliser le
système. Suite à cette mesure, nous pourrions proposer une technologie adaptée au sujet et
mesurer l’activité avec celle-ci. Cette démarche pourrait également permettre d’avoir des
mesures à comparer entre T1 et ses réévaluations à T2, T3, etc., qui donneraient une idée de
l’apprenabilité et de la mémorisation, etc. (e.g. réussite de la tâche, amélioration du
comportement, temps, niveau d’augmentation des capacités, etc.). Ces valeurs objectives prenant
en considération l’environnement pourraient être d’une grande richesse pour les ergonomes et les
concepteurs, non seulement par l’aspect quantitatif que permet l’évaluation (i.e. inter et intra-
individuel), mais aussi pour l’aspect de la standardisation.
Les données récoltées permettraient de déduire les représentations mentales et les processus
intellectuels de nos utilisateurs (i.e. même type d’erreurs, rencontre des mêmes difficultés,
incidents systématiques, etc.).
Ainsi, nous pourrions avoir une mesure de la technologie, qui pourra être bénéfique pour
tester de manière plus spécifique les gérontotechnologies.
Pour conclure, il n’est pas suffisant d’obtenir une bonne mesure de ces indicateurs dans les
gérontotechnologies (i.e. efficience, efficacité, satisfaction, apprenabilité et mémorisation) pour
s’assurer de leur utilisation. Le concept d’utilisabilité ne prend pas en compte un certain nombre
de variables. D’autres part, même si les personnes âgées utilisent de plus en plus les
technologies, elles restent le groupe qui est le moins familier avec ces systèmes (Ashok & Jacko,
2009). Par ailleurs, ce constat est difficile à faire puisqu’au sein de cette population il y a une
237
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Enfin, notre public avec ses particularités pourra ne pas utiliser le produit malgré une
évaluation positive de ces critères. En effet, on peut relever des systèmes performants, efficaces,
qui répondent à des critères de sécurité et permettent de maintenir l’autonomie, et ils sont
pourtant boudés par les seniors. C’est à ce moment qu’interviennent les notions d’utilité et
d’acceptabilité.
Concernant la personne âgée, le contexte d’intégration aussi bien physique que social est un
facteur fondamental car celui-ci se trouve modifié par les possibilités motrices, cognitives et
relationnelles des personnes en question. Par ailleurs, le degré d’appropriation va être très
dépendant du contexte social dans lequel la personne évolue et de la possibilité ou pas de
pouvoir faire appel à un entourage (i.e. présence ou absence d’aidants).
238
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
effectuer les tâches dans la vie quotidienne, et d’un autre côté, une proposition croissante des
aides techniques destinées aux personnes âgées. Du point de vue de la recherche sur
l’acceptation technologique par les personnes âgées, la question est de savoir dans quelles
mesures les nouvelles propositions d’aide technique sont acceptées par cette catégorie
d’utilisateurs et quelles pourraient être les conditions de leur acceptation, afin d’anticiper les
demandes, les besoins et l’utilisation des dispositifs conçus.
Plusieurs modèles généraux ont été proposés pour rendre compte des facteurs ou des
déterminants multiples de l’acceptabilité des systèmes techniques. Ces modèles tentent
d’expliquer principalement les comportements des populations adultes « normales ». Mais
compte tenu des spécificités des seniors, certains chercheurs se sont attachés à adapter ces
modèles aux personnes âgées en rajoutant ou en enlevant certaines composantes.
Après avoir commenté les modèles considérés comme étant les plus aboutis, nous essaierons
de voir la pertinence de ceux-ci pour rendre compte des interactions des personnes âgées avec les
systèmes techniques.
La plupart des modèles existants sur l’acceptabilité des systèmes techniques sont basés sur
des théories psychologiques qui visent à montrer comment nos croyances et nos attitudes
influencent nos comportements. Ces théories ont principalement été développées par Fishbein
and Ajzen (1975) qui proposent la Théorie de l’Action Raisonnée (TRA) et par Ajzen (1991) qui
a proposé par la suite un prolongement théorique : la Théorie du Comportement Planifié (TPB).
Plutôt que parler de modèle d’acceptabilité, il s’agit plutôt de catégories de modèles qui ont
été modifiés progressivement pour intégrer les différents résultats issus des recherches
successives. Parmi ces modèles, on peut citer la catégorie TAM (Modèle d’Acceptation
Technologique), et une autre variante, le modèle UTAUT (Théorie Unifiée de l’Acceptation
Technologique).
Le modèle TAM a été proposé au départ par Davis, Bagozzi, et Warshaw (1989) et il a fait
l’objet par la suite de plusieurs révisions : TAM2 (Venkatesh & Davis, 2000) et TAM3
(Venkatesh & Bala, 2008). Nous présentons ici la dernière variante car elle intègre les versions
précédentes.
Le Modèle d'Acceptation repose au départ sur deux systèmes de croyances qui ne tiennent
pas à proprement parler de l’utilisation du produit, mais de la perception que l’utilisateur projette
sur lui :
239
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Si ces deux conditions sont remplies, alors l’utilisateur aura une attitude positive envers le
système, ce qui augmentera son intention de l’utiliser et par conséquent son utilisation.
Les dernières versions du modèle se sont attachées à préciser comment ces deux systèmes de
croyances pouvaient être influencés par toute une série de variables « externes » qui n’étaient pas
précisées dans le modèle d’origine (i.e. déterminants de nature cognitive et affective) et par
certaines variables dites modératrices (cf. Figure 65).
Figure 65. Le modèle d’acceptation des technologies, TAM 3 (d’après Venkatesh et Bala, 2008)
Dans ce modèle, les déterminants de l’utilité perçue et de la facilité d’usage ont été classés
en quatre grandes catégories, certaines agissant directement sur l’utilité perçue, d’autres sur la
facilité d’usage perçue.
240
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Les deux premières catégories, l’influence sociale et les processus cognitifs instrumentaux
influencent directement l’utilité perçue, c’est à dire le fait de s’engager dans une tâche
uniquement si elle est considérée comme utile et pertinente.
L’influence sociale renvoie à l’impact exercé sur un individu par son groupe d’appartenance
et le contexte familial et social dans lequel il évolue, pour l’amener à utiliser une technologie.
Cette influence sociale a été opérationnalisée à son tour par deux types de mécanismes. D’abord,
l’élaboration de normes subjectives définies, comme la perception subjective qu’a un individu
vis à vis des conseils donnés par les personnes importantes pour lui à propos d’un comportement
qui doit être adopté ou pas (Fishbein & Ajzen, 1975). Ensuite, par un deuxième mécanisme, qui
renvoie clairement à l’adoption d’un comportement dans un contexte social normatif, et
l’utilisation d’une technologie dans la mesure où ce comportement renvoie une image positive et
valorisante de l’individu au groupe social, ce qui facilite de ce fait son intégration et
l’amélioration de son statut à l’intérieur du groupe.
Les déterminants de la facilité perçue ont été classés également dans deux grandes
catégories. Des processus de base appelés « ancres » car il s’agit des croyances plus ou moins
stables sur une technologie et sa facilité d’usage, et des processus appelés « d’ajustement » car
ils permettent de modifier la représentation du sujet au cours des apprentissages.
241
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
d’auto-efficacité positif), ou du contrôle externe, qui renvoie dans le cas de l’utilisation d’un
système technique aux conditions facilitatrices offertes par l’environnement. Enfin, un dernier
déterminant de la facilité d’usage est le plaisir obtenu au cours de l’interaction (e.g. caractère
ludique) qui renforce la motivation intrinsèque.
Les processus d’ajustement permettent de moduler les premières perceptions au cours des
confrontations successives avec un système technique. En fonction de l’échec ou de la réussite
dans l’interaction, ils peuvent contribuer à augmenter ou diminuer le plaisir (et donc la
motivation intrinsèque) et permettent d’évaluer objectivement les caractéristiques liées à
l’utilisabilité d’un système technique.
Le modèle introduit enfin deux déterminants modérateurs : l’expérience préalable avec une
catégorie de systèmes techniques et le caractère volontaire ou obligatoire de l’interaction.
L’expérience agit à la fois sur les normes subjectives –celles-ci ayant une moindre influence
lorsqu’on est plus expérimenté – mais surtout sur l’ensemble des déterminants agissant sur la
perception de la facilité d’usage. Enfin, le niveau d’expérience agit directement sur l’intention
d’usage. Le deuxième déterminant modérateur est le caractère volontaire ou non, agissant à la
fois lorsque l’interaction est obligatoire sur l’intention d’utilisation et en renfonçant les normes
subjectives.
On reviendra un peu plus tard sur les remarques que l’on peut adresser à ce modèle.
Le modèle UTAUT proposé par Venkatesh, Morris, Davis et Davis (2003) et modifié par
Venkatesh, Thong et Xu (2012) a pour objectif de proposer une théorie unifiée concernant
l’acceptation technologique après avoir passé en revue l’ensemble de modèles existants (i.e.
intégration de facteurs issus de huit autres modèles).
Dans ce modèle (cf. Figure 66) l’intention d’utilisation d’un système technique et par la
suite, son usage effectif, dépendent d’un ensemble d’évaluations (i.e. attentes) portant sur :
- l’attente de la performance, qui renvoie à l’utilité et l’efficacité du système technique
pour l’accomplissement d’une tâche; « degré avec lequel un individu croit que l’usage
d’un système peut l’aider à atteindre un bénéfice dans sa performance au travail »
(Venkatesh et al., 2003, p. 447) ;
- l’estimation de l’effort à fournir, qui renvoie à la notion d’efficience du système
technique (i.e. facilité à l’utiliser) ;
- l’influence sociale qui renvoie au « degré avec lequel un individu » perçoit que les
personnes importantes pour lui (e.g. famille, amis, etc.), pensent qu’il devrait utiliser un
système » (Venkatesh et al., 2003, p. 451) ;
242
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Ces quatre déterminants (cités ci-dessus) étaient les seuls dans le modèle élaboré en 2003.
Par la suite les auteurs ont rajouté trois autres facteurs :
- la motivation hédonique ou plaisir perçu (i.e. motivation intrinsèque) ;
- le coût d’acquisition ;
- l’habitude, opérationnalisée par les auteurs comme le degré d’acquisition de conduites
automatisées.
Les auteurs ont par ailleurs introduit trois variables modératrices : l’âge, le genre et
l’expérience (dans le modèle d’origine figurait également le caractère volontaire ou pas de
l’usage).
243
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
pour envisager les motifs de la résistance aux technologies et essayer d’y pallier. Selon lui, il y a
deux types d’acceptabilité : « sociale » ou « pratique ». La première (i.e. sociale) doit répondre à
des besoins sociaux, alors que la seconde (i.e. pratique) dépend de différentes dimensions telles
que la fiabilité, la compatibilité, le coût ou encore l’utilisabilité. Cette dernière a fait l’objet
d’une norme ISO 9241-11(1998, p. 2) prenant en compte des dimensions comme : la facilité
d’apprentissage, les performances possibles, le maintien en mémoire des fonctions, la prévention
des erreurs, et la satisfaction.
Ce modèle (cf. Figure 67) reprend des critères de l’utilisabilité comme l’efficience ou
l’apprenabilité qui sont fondamentaux chez un sujet ayant des déficits cognitifs, physiques ou
sensoriels, car l’acceptabilité pratique va dépendre de la manière dont les assistances techniques
sont adaptées ou pas pour combler les besoins spécifiques qui apparaissent à cause des
incapacités. Par ailleurs, l’acceptabilité sociale nous semble aussi fondamentale, car la personne
âgée est souvent très isolée, a besoin d’outils adaptés pour maintenir les liens sociaux et ne pas
se trouver dans une situation de techno-exclusion.
La pertinence de ces modèles pour expliquer l’acceptation technologique par les personnes
âgées
Les modèles de l’acceptabilité ont été élaborés sur des bases psychologiques solides et ont
connu un grand succès, comme le montre la quantité de recherches et de publications se
rapportant à ceux-ci. Cependant, ils ont du mal à la fois à prédire suffisamment les
comportements des individus face aux nouvelles technologies – surtout lorsqu’il s’agit des
personnes à besoins spécifiques – et à rendre compte de la multiplicité des contextes dans
lesquelles celles-ci sont utilisées.
244
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
- Tout d’abord, la validation de ces modèles repose essentiellement sur une approche
quantitative où le recueil des données portant sur les différents construits se fait presque
exclusivement en utilisant des échelles de likert. Or, pour rendre compte des croyances,
des représentations et d’une manière plus générale de l’ensemble des difficultés
rencontrées par les sujets il faudrait adopter également des démarches qualitatives ou
mixtes.
- Deuxièmement, ils prennent insuffisamment en compte le contexte d’usage, à la fois
individuel, physique et social comme variable explicative ; cependant on sait, comme
c’est le cas pour les personnes âgées, que la prise en compte du contexte (i.e.
environnement) est fondamentale pour rendre compte des besoins multiples de certaines
catégories de la population et pour rendre compte des difficultés d’intégration des
nouvelles technologies dans un contexte d’usage.
- Troisièmement, certaines variables modératrices, qui pourtant jouent un rôle essentiel,
sont insuffisamment définies, comme c’est le cas de la variable âge. En ce qui concerne
les personnes âgées et l’usage des gérontotechnologies, la variable âge a peu d’intérêt
en soi tant qu’on n’a pas défini ce qui caractérise un groupe d’âge en termes de déficits,
de capacités et de besoins.
- Ensuite, bien que le modèle UTAUT introduit des variables d’ajustement, la plupart des
modèles ne prennent pas en compte la variable temporelle pour expliquer des
changements dans l’acceptabilité, et donc dans les croyances, au cours des différentes
confrontations de l’utilisateur avec un système technique (e.g. première confrontation,
premier usage, usages sporadiques, usages réguliers).
- Finalement, ce qui manque d’une manière générale dans ces modèles est de préciser le
type de technologie en lien avec les besoins des utilisateurs, les caractéristiques du
contexte d’usage et les caractéristiques des utilisateurs.
Comme nous venons de l’évoquer, une des principales critiques des modèles de
l’acceptabilité est de ne pas prendre en compte les spécificités des personnes âgées et de ne pas
définir assez précisément ce qu’on entend par « âge ». Cela peut conduire parfois à des
conclusions des recherches complètement opposées en ce qui concerne le ressenti, l’utilisation et
le rapport qu’entretient la personne âgée avec des technologies. Les différences observées
peuvent être dues à la manière dont les chercheurs définissent la personne âgée. Selon
l’appellation, « personne âgée », « senior », ou « aînés », les conclusions des études peuvent être
très contrastées voire même contradictoires.
Ainsi, une étude déjà ancienne de Caradec et Eve (2002) met en évidence que les personnes
âgées développeraient une résistance au changement et que seulement 13% d’entre elles
245
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
déclareraient avoir des compétences pour utiliser un ordinateur, 7 % en posséder un, et moins de
2 % utiliser internet. Cependant, une étude de la même période réalisée par l’INSEE (Dumartin
& Taché, 2001) évoquant cette fois les «seniors» concluait qu’ils étaient intéressés et
enthousiastes envers les nouvelles technologies, et tout particulièrement concernant Internet. Par
ailleurs, ces mêmes auteurs relevaient que 47% des seniors avaient un téléphone portable, 29 %
un ordinateur et 11 % étaient connectés à internet. Ce chiffre paraît faible, et pourtant à cette
période, il était proche voire supérieur aux données observées dans la population générale, soit
respectivement 44, 27 et 12%. Cette divergence entre les résultats des recherches peut être
considérée comme un biais d’échantillonnage, et comme un manque de cadrage théorique de la
recherche.
Contrairement aux idées reçues, les personnes âgées ne sont pas forcément « technophobes »
et réticentes à l’utilisation de technologies. Des études montrent qu’elles sont curieuses et tout à
fait ouvertes à leur utilisation (Czaja & Lee, 2007), qu’elles utilisent de plus en plus
fréquemment des médias sociaux, et que cette pratique est en continuelle croissance, avec un
tiers de la communauté d’internautes âgés de 65 ans ou plus. Malgré cette adhésion aux
nouvelles technologies, on observe une diminution significative de l’utilisation après 75 ans
(Zickuhr & Madden, 2012).
Bien que certains modèles généraux de l’acceptabilité intègrent l’âge comme variable
modératrice pouvant modifier l’attitude des personnes âgées à l’égard des technologies et leur
utilisation (Arning & Ziefle, 2007; Czaja et al., 2006; Tacken, Marcellini, Mollenkopf, Ruoppila,
& Szeman, 2005), des études comme celle de Serrière (2011) portant sur l’usage des
gérontotechnologies par les personnes âgées (enquête auprès d’un échantillon de 2146 personnes
de 50 à 80 ans) montre qu’il existe des fortes disparités générationnelles à l’intérieur de la
catégorie des seniors, qui se traduisent à la fois en termes d’expérience et de connaissances des
systèmes techniques et en termes de besoins particuliers en fonction de l’appartenance
générationnelle.
Pour pallier aux problèmes de l’acceptabilité posés par les modèles classiques, un certain
nombre de chercheurs ont proposé des modèles de l’acceptabilité spécifiques aux personnes
âgées. Certains de ces modèles reprennent des déterminants qui figurent déjà dans les modèles
généraux, mais en modifiant leur structure ou leur influence.
Ce modèle est une adaptation d’une des premières versions du modèle TAM (Davis et al.,
1989) qui a été adapté par Oppenauer (2009) pour rendre compte de la spécificité de
l’acceptation technologique de la part des personnes âgées (cf. Figure 68).
246
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Figure 68 .schéma original du modèle TAM (Davis, 1989) enrichit avec les besoins de santé et psychologique et avec le
modèle SOC (Oppenauer, 2009)
Le point de départ de ce modèle est la perception qu’ont les seniors de leurs besoins de santé
et psychologiques dus à une diminution de leurs capacités. Ces besoins sont évolutifs et leur
satisfaction permet de limiter la perte d’autonomie et d’améliorer leur participation à la vie
quotidienne. Les besoins psychologiques sont intimement liés aux aspects motivationnels de la
personne, ils peuvent être intrinsèques (e.g. maintien de l’autonomie, recherche de compétences,
etc.), ou extrinsèques (e.g. obtenir un résultat immédiat dans la réalisation des tâches). D’une
manière générale, plusieurs études montrent qu’il y a une diminution de la motivation avec
l’avancement de l’âge.
La deuxième porte d’entrée de ce modèle est la prise en compte des stratégies individuelles
adoptées par les personnes âgées pour satisfaire leurs besoins et pour maintenir un équilibre qui
peut être compromis par le processus de vieillissement. Pour ce faire, ce modèle se réfère à la
théorie SOC, qui avance que la personne âgée adopte trois types de stratégies pour minimiser la
perte d’autonomie : la sélection des activités et des objectifs connexes, l’optimisation des
ressources pour atteindre les objectifs sélectionnés, et la compensation dans des domaines
sélectionnés si les ressources sont limitées (cf. section 2.2.2.3.1).
Dans ce modèle, l’utilité perçue, c’est à dire les avantages que la personne âgée pourrait tirer
de l’usage de la technologie, dépend de ce qu’elle recherche (i.e. les différents aspects
motivationnels qui sont le moteur de tout usage) mais aussi de la priorité qu’elle accorde aux
tâches et à la manière de les réaliser (i.e. les stratégies SOC). De la même manière, la perception
de la facilité d’usage dépend à la fois de la vision qu’elle a de ses déficits et des variables
externes telles que la perception de la complexité de l’assistance technique et de son sentiment
d’auto efficacité.
247
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Renaud & Van Biljon (2008) ont réalisé une recherche sur l’usage des téléphones mobiles
par les personnes âgées afin de vérifier les prédictions du modèle d’acceptation technologique
(TAM) de Davis (1989), et voir s’il pourrait y avoir d’autres variables impliquées. Suite à cette
expérience les auteurs ont proposé un modèle de l’acceptation : Senior Technology Acceptance
& Adoption Model (STAM) qui évalue les huit variables qui conduisent à l’acceptation ou au
rejet chez la personne âgée (cf. Figure 69) :
Figure 69. Formalisation du modèle STAM tiré de Renaud & Van Biljon (2008)
Le point de départ de ce modèle, l’intention d’utilisation, est à la fois influencée par l’utilité
perçue et par le contexte d’usage (i.e. physique ou social). Le contexte physique est directement
lié au mode d’habitat et à ses caractéristiques (e.g. maison, appartement, maison de retraite,
appartement thérapeutique) et au contexte social qui lui-même agit sous différentes formes
d’influence sociale (e.g. par la famille, par les aidants, par les assistants médico-sociaux, etc.).
Dans ce modèle, l’influence sociale joue surtout un rôle de catalyseur en proposant un cadre
structurant pour l’exploration et l’expérimentation des technologies.
248
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Ce modèle est intéressant car il pose comme présupposé que pour prédire l’acceptabilité il
faut des phases de manipulation concrète de l’outil, et pas seulement des attentes ou des
projections. En effet, les personnes âgées sont beaucoup plus anxieuses concernant leur capacité
de réussite et d’apprentissage et manquent de confiance en leur performance (i.e. auto-efficacité
perçue), et cela pourrait être à l’origine de leur moindre utilisation de technologies (Marquié et
al., 2002). Le fait de permettre aux personnes âgées d’explorer et d’expérimenter sans peur de
l’échec peut accroître leur sentiment d’efficacité personnelle et faciliter l’utilisation des
assistances technologiques. Des résultats des recherches vont dans ce sens. Par exemple, Broady,
Chan et Caputi (2010) ont montré que les différences d’utilisation de technologies entre les
« jeunes » et les « seniors » peuvent être réduites voire annulées s’ils reçoivent une formation
adéquate et suffisamment de temps pour exécuter les actions. D’ailleurs, le besoin en formation
est vrai pour toute personne vieillissante et ce dès 30 ans, où l'adaptation naturelle aux
environnements technologiques est remplacée par un apprentissage explicite (Lawton, 1998).
D’autres conclusions (Oppenauer, 2009) semblent aller dans le même sens, et suggérer que les
compétences, le temps disponible et le niveau de maîtrise de l’informatique semblent être des
variables pouvant pondérer les effets de l’âge des sujets, voire même avoir plus d'influence sur la
performance que l'âge dans le cadre de l’utilisation de technologie.
Une étude récente de Chen et Chan (2014) a testé ce modèle et leur conclusion est que le
modèle STAM n’explique que 68 % de la variance liée à l’intention d’utilisation alors que
d’autres variables avaient une valeur prédictive plus importante, comme les caractéristiques
personnelles (i.e. l’âge, le niveau socio-culturel, le revenu, le niveau d’anxiété), le type et la
qualité du support (i.e. ergonomie, accessibilité, assistance, etc.).
Un dernier modèle (cf. Figure 70) est celui issu d’une recherche de McCreadie et Tinker
(2005) auprès d’une population de 67 personnes âgées de plus de 70 ans, et conduite à partir
d’entretiens semi-structurés portant sur l’acquisition et l’usage des assistances technologiques. Il
s’agit surtout d’une étude qualitative dont l’objectif est d’appréhender les besoins, les ressentis et
les difficultés des seniors. Comme il peut être apprécié dans la figure ci-dessous. Ce modèle se
centre principalement sur l’acceptabilité des technologies ayant comme fonction de pallier les
problèmes liés à la perte d’autonomie dans le contexte matériel du logement (e.g. rampes
d'accès, les monte-escaliers, alarmes sociales, commandes à distance, etc.).
Dans ce modèle, l’acceptabilité finale d’un système technique dépend des interactions
complexes – que le modèle ne précise pas – entre « le sentiment d’avoir un besoin », la qualité
du produit en ce qui concerne ses différents aspects liés à l’utilisabilité (e.g. efficience, fiabilité,
249
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
etc.), mais aussi le fait d’avoir accès ou non à la technologie (d’un point de vue informationnel,
mais aussi pratique et des moyens de distribution), ainsi que le prix. L’importance des trois
derniers facteurs (i.e. qualité ergonomique, manque d’information et coût) a été déjà signalée
dans des nombreux rapports portant sur les aides techniques, comme pouvant constituer des
freins à leur acquisition et à leur usage.
Figure 70. Modèle de l’acceptabilité des assistances technologiques par les personnes âgées (McCreadie et Tinker,
2005)
Quant aux déterminants qui sont à l’origine « d’un sentiment de besoin », les auteurs en ont
retenu quatre :
- le handicap de la personne âgée : les assistances technologiques servent dans ce
contexte à réduire l’écart entre la perte d’autonomie (i.e. motrice et sensorielle) et les
contraintes imposées par l’environnement physique en fonction des caractéristiques du
logement. Les auteurs n’abordent pas les besoins qui peuvent naître des déficits
cognitifs ou les besoins hédoniques
- les conditions de vie : qui se rapportent principalement aux besoins sociaux et aux
différentes formes d’entourage, qui peuvent agir soit en termes d’influence sociale dans
250
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Conclusion sur les modèles de l’acceptation technologique chez les personnes âgées
Contrairement aux modèles généraux de l’acceptabilité technologique qui ont fait l’objet des
nombreuses recherches et de métaanalyses, il existe encore très peu d’études portant sur
l’acceptabilité technologique chez la personne âgée.
Comme on l’a vu dans les quelques modèles qui ont été présentés, une des constantes est
qu’ils essaient d’intégrer les spécificités de cette population – en termes de déficits et de besoins
– comme facteurs explicatifs de l’acceptabilité. On retrouve dans ces modèles d’autres
constantes : l’utilité perçue et le sentiment de besoin souvent en lien avec les connaissances et les
représentations que les seniors ont des technologies ; l’utilisabilité et la perception de la facilité
d’usage ; l’influence sociale, etc.
Une revue de la littérature systématique réalisée par Peek et al. (2014) portant sur les
facteurs d’acceptation technologique chez les personnes âgées montre six thèmes récurrents
(avec 27 sous-thèmes) qui permettent de prédire l’acceptation et l’utilisation des technologies par
les seniors :
- les préoccupations au sujet de la technologie (e.g. aspect, esthétique, coût, etc.) ;
- les avantage attendus (e.g. amélioration des capacités, etc.) ;
- le besoin perçu en technologie (e.g. besoin d’aide ou d’assistance, etc.) ;
- l’alternative aux technologies et autres types d’aide, souvent une tierce personne (e.g.
aidant naturelle, famille, époux, etc.) ;
251
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
- l’influence sociale (e.g. publicité, le groupe de référence, les pairs, la famille, les amis,
etc.) ;
- les caractéristiques personnelles (e.g. l'éducation, la catégorie socio-professionnelle, le
statut socio-économique etc.) ;
Pour conclure, la population de personnes âgées est aussi diversifiée dans ses utilisateurs
que celle des populations plus jeunes. Il serait simpliste, réducteur voire erroné de les considérer
comme un ensemble homogène. En effet, ils disposent d’un éventail de comportements,
d’habilités, de freins, de représentations des technologies, etc. dépendant de facteurs extrinsèques
(e.g. l’environnement physique, social, etc.) et de facteurs intrinsèques (e.g. vieillissement
normal ou pathologique, etc.) qu’il est difficile de généraliser sans prendre un risque
considérable d’être dans la simplification et le stéréotype. De plus, comme le font remarquer,
Eisma et al., (2003), les capacités des seniors restent très dépendantes de facteurs comme la
fatigue et la maladie. Ces auteurs expliquent que les difficultés épidémiologiquement élevées –
physiques, cognitives et sociales – donnent des combinaisons multiples et qui se superposent, qui
sont compliquées à opérationnaliser et à anticiper. C’est pourquoi, d’autres variables doivent être
prises en compte comme l’état de santé général, le niveau de maîtrise et d’expérience avec les
technologies, les représentations et l'attitude envers ces dernières, les moyens financiers, le mode
de vie, le réseau social, la motivation, etc. Cet ensemble d’observations oblige les concepteurs de
tout bord à utiliser la contribution des personnes âgées au processus de conception et à ne surtout
pas faire de projection, d’inférence, ou d’anticipation, même si celles-ci peuvent paraître
évidentes. Ainsi les technologies pourront être utilisées par les personnes âgées et permettre de
les aider. C’est l’objectif principal des gérontotechnologies.
252
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Les technologies ayant pour objet le recueil de données à des fins de diagnostic ont
d’importants avantages, mais elles soulèvent aussi plusieurs problématiques en matière de
protection des données et de respect de la vie privée.
Afin de pallier à cette situation, et de poser un cadre protecteur, le législateur est intervenu
très tôt en France, par la loi n°78-17 du 6 janvier 1978, relative à l’informatique, aux fichiers et
aux libertés. Plus tard, elle sera modifiée par la loi de 2004, justifiée par l’essor et le
développement à cette époque des systèmes informatiques et à leur intégration dans de nombreux
domaines comme les entreprises, les administrations, les hôpitaux et les écoles, etc.
Néanmoins, les idées de protection des données et du droit au respect de la vie privée ne
sont pas nées avec l’informatique, et un cadre juridique existait auparavant pour protéger
l’individu des atteintes qui pouvaient être portées sous certains aspects comme :
- la violation du secret des correspondances qui était déjà pénalement sanctionnée (e.g.
article 8 de la convention européénne des droit de l’homme, directive européenne 97/66
de 1997) ;
- le droit pour un fonctionnaire d’avoir accès à son dossier avant toute mesure
disciplinaire était imposé (loi du 22 avril 1905) ;
- le « droit à l’oubli » qui était posé et encadré ;
- etc.
Dès lors, afin d’encadrer ces pratiques et de permettre à chaque citoyen d’exercer un droit de
contrôle, d’accès et de rectification des données le concernant, la loi relative à l’informatique,
aux fichiers et aux libertés a été promulguée (1978 et 2004), créant par là-même l’organe
régulateur du monde numérique : la Commission Nationale Informatique et Liberté (i.e. CNIL).
La CNIL est un organe ayant, autorité sur les concepteurs et les utilisateurs. En effet, elle
aide les professionnels à se mettre en conformité avec les dispositions légales et réglementaires
en matière de collecte, d’utilisation et de conservation des données, mais elle soutient également
253
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
les particuliers à assurer la maîtrise et la protection de leurs données personnelles. Les missions
remplies se déclinent en quatre axes :
1. informer et protéger
2. accompagner et conseiller
3. contrôler et sanctionner
4. anticiper et innover
Lorsqu’un traitement de données à caractère personnel est mis en œuvre, il est alors soumis
aux règles impératives de la CNIL. Il existe quatre conditions cumulatives qui rendent
obligatoire la déclaration de traitement des données à la CNIL (2013, p. 6) :
1. Des données à caractère personnel, qui correspondent à l’utilisation d’informations en
lien avec une personne identifiée ou identifiable (e.g. numéro, caractéristiques,
coordonnées, nom, photos, etc.).
2. Des activités de traitement de ces données, qui relèvent de toutes activités d’analyse,
d’organisation, de comparaison, de statistiques, etc.
3. Le traitement de ces données (i.e. 2et 3) qui est réalisé dans le cadre non privé. Par
exemple, se créer un répertoire téléphonique ou un album photo numérique correspond à
des activités privées, tant qu’ils ne sont pas diffusés par voix de média, ou vendus, etc.
elles ne sont pas soumises à la CNIL.
4. Le responsable du traitement et / ou les moyens de traitement sont situés sur le territoire
français. En effet, la loi française n’a pas force d’application et de restriction hors de ses
frontières, et le numérique permet justement de traiter à distance, ce qui rend le travail de
la CNIL compliqué, voire parfois impossible.
La CNIL a mis en place un arbre décisionnel assez efficient sur son site web (cf. Figure 71)
afin de savoir si la collecte de données à effectuer doit être soumise à son autorité au regard des
quatre conditions cumulatives précédemment citées.
Figure 71. Schéma des questions à se poser pour savoir si la loi informatique et libertés s'applique au système
envisagé. https://www.cnil.fr/fr/informatique-et-libertes-suis-je-concerne
254
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Les conditions de la loi de 1978 ont érigé plusieurs principes qu’il y a lieu de respecter dans
le processus de traitement des données en France :
1. Le principe de la « finalité » de la collecte des données. Le recueil et l’analyse doivent
correspondre à la finalité déclarée.
2. Le principe de « pertinence et de minimisation » de la collecte. Les données recueillies
doivent être strictement nécessaires à la finalité poursuivie.
3. Le principe de la « limite de conservation » des données. Les données collectées ne
peuvent être conservées que pendant un temps déterminé et justifié (i.e. droit à l’oubli).
4. Le principe du « droit d'information » des personnes impliquées. Les sujets concernés
doivent être informés de l’objectif de la collecte, du temps de conservation, et en cas de
transfert des données, du type de données partagées et du destinataire. Ces explications
doivent être fournies de manière claire, simple et accessible (e.g. consentement libre et
éclairés). Les utilisateurs gardent un droit d'accès et de rectification aux données qui les
concernent.
5. Le principe de « sécurité et de confidentialité ». Le responsable doit garantir la sécurité et
la confidentialité des données collectées en utilisant tous moyens physiques et
informatiques nécessaires. Le législateur considère que les données de santé constituent
des informations « sensibles » nécessitant un degré de protection élevé. Le responsable
doit alors s'assurer de la sécurité des données collectées. Pour ce faire, des
recommandations particulières, qui ne sont pas directement liées au recueil et au
traitement doivent être mises en place :
- sécurité physique des locaux ;
- sécurité informatique et antivirus ;
- sécurité de la messagerie informatique et de la télécopie ;
- mise en place d’une procédure d'habilitation pour l'accès aux données ;
- rédaction d'une charte informatique ;
- journalisation des connexion.
Les principes énoncés se heurtent à deux difficultés majeures et souffrent aujourd’hui d’un
manque de pragmatisme et d’efficacité.
D’une part, cette règlementation est limitée dans son application et doit tenir compte de la
situation géographique du responsable et / ou des moyens de traitement. Sur le plan législatif et
normatif pur, la protection de la CNIL n’a pas de vocation internationale. Il y a lieu de rappeler
qu’à l’inverse des dispositions européennes, au sommet de la hiérarchie des normes, qui
s’appliquent de façon impérative dans les droits internes des états membres, les dispositions du
droit international n’ont en soi aucune force contraignante en droit national (e.g. résolution de
255
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
l’ONU). Or, à l’ère de la globalisation, les décideurs, les exploitants, les systèmes d’exploitation,
les cibles / clients et les supports d’informations peuvent être respectivement situés dans des
états différents et / ou transférer les données de la même manière. Le meilleur exemple est celui
des « géants du net » tels que les GAFA, qui collectent des données en France mais les traitent
dans d’autres endroits. Les compétences d’un organe tel que la CNIL sont donc limitées
matériellement (i.e. compétence « rationae materiae ») et territorialement (i.e. compétence
« rationa territoriae »), et ses prérogatives ne paraissent plus adaptées à nos sociétés actuelles,
même si la loi de 2004 a procédé à un renforcement de ses compétences.
D’autre part, il est difficile de protéger les sujets contre eux-mêmes. En effet, la majorité des
données utilisées par ces « géants » sont des données que les utilisateurs diffusent de leur plein
gré (i.e. photo, vidéo, information concernant la vie privée, etc.) ou par leur négligence, agréant
trop facilement aux conditions générales des contrats d’adhésion.
256
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Ce règlement Européen (i.e. RGPD : règlement général sur la protection des données)
renforce les droits et la protection de l’utilisateur.
L’analyse des données de santé collectées – qui nous concerne plus particulièrement – est
par principe interdit par la loi française. Cependant, la loi de 1978 l'autorise par exception, et
énumère les cas dans lesquels ce traitement est possible :
- dans le cas d’un « accord exprès » de la personne concernée ;
- à la condition que les données soient anonymisées dans un bref délai ; à l'exception des
données qui sont utilisées et communiquées, dans certains cas déterminées par la loi,
dans l'intérêt des patients ou pour les besoins de la Santé Publique (e.g. épidémiologie,
recherche, soins, etc.).
Dans ces deux cas, la personne concernée garde malgré tout un droit d'accès aux données et
un droit de rectification (e.g. dossier médical, etc.). Lorsque la personne exerce ce droit, il doit
lui être répondu dans un délai maximum de huit jours ; sauf si l'information concernée remonte à
une date antérieure à plus de cinq ans, dans ce cas, le délai maximal de réponse est porté à deux
mois.
La personne concernée doit pouvoir consulter sur place (i.e. lieu de conservation des
données) ou par correspondance. En matière de données de santé, le patient a accès à l'ensemble
des informations le concernant, ainsi qu’à toutes les informations formalisées ou qui ont
contribué à l'élaboration et au suivi du diagnostic et du traitement :
- les échanges écrits entre professionnels de santé ;
- les comptes rendus de consultation ;
- les protocoles et prescriptions thérapeutiques mis en œuvre ;
257
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Il est important de noter que les ayants droits de la personne concernée jouissent
automatiquement des mêmes droits d'accès que cette dernière, sauf si la personne concernée en a
exprimé la volonté contraire.
Ces différentes lois posent le cadre législatif, pour autant certaines questions morales restent
en suspens et doivent être encadrées.
On remarque un intérêt éthique important pour les questions en lien avec les
gérontotechnologies. D’ailleurs, une des raisons de la résistance aux technologies qui revient de
manière systématique lors des enquêtes auprès des utilisateurs primaires (i.e. personnes âgées ou
en situation de handicap, etc.), mais aussi secondaires (i.e. professionnels de santé, aidants, etc.)
est la question éthique. Concernant l’utilisation de technologie, elle est souvent en lien avec les
données personnelles, et au sujet de la co-conception, en rapport avec la propriété intellectuelle.
Pour tenter de répondre à ces questions, Barcenilla et Tijus (2012) ont proposé une série de
sept principes éthiques en lien avec la conception centrée utilisateurs, qui doivent être respectés
dans une démarche de co-conception :
1. Jouer le jeu de l’expérience utilisateur. Pour les auteurs, les différents protagonistes
doivent respecter certaines règles, afin que les tests se déroulent dans un
environnement sain et sécure, et ainsi permettre une co-participation sincère et
équilibrée.
258
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
2. Informer les utilisateurs sur les innovations en cours. Les participants doivent être
renseignés sur la nature et les résultats des recherches. Cependant, il est parfois difficile
pour les concepteurs de donner trop d’informations sur les travaux en cours, surtout s’il
s’agit de développer une idée originale et novatrice. En effet, les accords de
confidentialité peuvent être plus ou moins difficiles à mettre en place lors de
conception centrée utilisateur.
3. Informer les utilisateurs au sujet de leur droit de rétractation permanent. Ce droit doit pouvoir
être effectif malgré la réception d’une compensation financière ou d'autres avantages.
Par ailleurs, l’utilisateur doit être informé s’il pourra ou non garder le système évalué
après le test. En effet, certains utilisateurs peuvent être déçus, surtout dans les cas où le
dispositif a été intégré à la vie quotidienne de personne ayant des déficits.
4. La propriété intellectuelle d’une solution innovante apportée par un utilisateur. C’est sans doute
la question juridique la plus complexe, et celle qui amène le plus conflit. En effet, les
tests peuvent faire appel à l’innovation, à la créativité et amener des gains pour le
concepteur. Lorsque les utilisateurs deviennent des sources d’innovations et des
réservoirs d’idées, il faut autant que possible adapter la rémunération. Ce problème va
de pair avec le droit d’auteur des idées émises lors de session de co-conception.
6. L’innovation d'assistance pour des soins particuliers. Les personnes souffrant de déficits
doivent avoir plus d’attention lors des tests. En effet, en fonction du type de déficit
(e.g. physique, cognitif, etc.), il faut s’assurer que l’utilisateur ait bien compris, qu’il ait
donné son consentement éclairé, et qu’il ait accès à tout ce dont il a besoin, etc.
259
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
propos, une étude (Nemery, Brangier, & Kopp, 2009) propose plusieurs critères
éthiques à suivre pour la co-conception sur ce type de technologie, comme une
motivation éthique qui sous-tend la conception (e.g. promotion à la santé, mise en
place d’éducation thérapeutique, amélioration du comportement, etc.), ne pas tromper
afin d'obtenir une persuasion finale non avouée ou non déclarée, etc.
Nous aborderons nos questions éthiques par rapport aux caractéristiques intrusives des
systèmes et au méliorisme. Nous resterons sur la base des résultats des travaux actuellement
réalisés, et nous ne ferons pas de prospective ou de projection (e.g. lire dans les pensées,
transhumanisme, etc.) (Dehaene et al., 2009).
Par exemple, l’utilisation de certaines technologies, telles que les systèmes de surveillance,
mènent à une préoccupation majeure de respect de la vie privée chez les aînés. Des études ont
alors cherché à expliquer ce phénomène (Charness & Boot, 2009 ; Fisk et al., 2009). Dans ces
recherches, les seniors devaient faire une visite d’un logement intelligent, doté de technologies
de surveillance et donner une note sur leurs préoccupations en matière de protection de la vie
privée. Les résultats montrent une meilleure acceptation de l’intrusivité technologique dans deux
cas. Le premier est celui dans lequel l’image de surveillance est floutée ou montre une forme
plutôt qu’une image nette, et le second représente les situations où la personne a un état de santé
plus précaire, ou une situation de handicap et de fragilité. Ces résultats sont appuyés par une
autre recherche (Beach et al., 2009), conduite par le biais d’un questionnaire sur internet auprès
d’une population d’adultes âgés et de personnes en situation de handicap. Les résultats sont
similaires et concluent que les sujets acceptent de sacrifier un peu de leur vie privée au profit de
plus de sécurité. On observe effectivement une corrélation forte et négative entre l’état de santé
et la notion de protection de la vie privée.
Parra et son équipe (2013) évoquent quatre axes à prendre en considération, et à évaluer lors
de la conception de gérontotechnologies, afin de diminuer l’inquiétude pour le respect de
l’espace privée et ainsi améliorer l’acceptabilité :
260
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Les auteurs suggèrent alors que le niveau de ces quatre axes est inversement proportionnel à
l’intention d’utilisation de la technologie, et qu’ils doivent être mesurés et maîtrisés d’un point
de vue éthique.
Pour autant, certaines études donnent une limite à ces observations et démontrent une sorte
« d’hypocrisie induite30 », car les sujets âgés semblent voir les avantages de ces technologies
pour les autres, et accepter ou comprendre qu’ils puissent être surveillés, mais pas pour eux-
mêmes (Cuddy et al., 2005; Phillips & Zhao, 1993; Wittich & Gagné, 2016).
Dans son rapport, Rialle (2007) amène des problématiques éthiques importantes. Pour
l’auteur, deux grands dangers peuvent être causés par la technologie. A la fois un risque
économique, en considérant le vieillissement comme une opportunité commerciale et non
comme un problème de santé publique, les entreprises privées pourraient demander des tarifs
exorbitants, et ainsi exclure les personnes avec les revenus les plus modestes ou mettre en
difficulté financière d’autres. Mais aussi un risque que la géolocalisation soit utilisée de manière
abusive et ne porte ainsi atteinte à des libertés fondamentales comme celles de la vie privée ou de
liberté de circulation. Le moyen proposé par ce chercheur, pour lutter contre cette dérive, serait
le pouvoir médical, qui, comme pour les traitements pharmaceutiques, pourrait être prescripteur
et garant des bonnes pratiques en matière d’utilisation des technologies.
30
Hypocrisie induite : paradigme de psychologie sociale qui explique l’écart que l’on peut observer entre une
norme acceptée et un comportement effectif qui est l’inverse.
261
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
Au sujet des utilisateurs secondaires, la peur est souvent celle du grand remplacement, où les
machines remplaceront les soignants dans leurs fonctions, en étant plus efficientes, en
commettant moins d’erreurs, et en déshumanisant tous les aspects des soins. Cependant, tout
laisse à penser que les compétences humaines restent indispensables dans la prise en charge du
vieillissement, et des situations handicap.
Résumé
Dans ce chapitre, nous avons passé en revue les différentes méthodes de conception en
ergonomie autour du handicap et du vieillissement, et nous avons discuté de la difficulté de
concevoir pour les personnes âgées.
Enfin nous avons traité les aspects juridiques, éthiques et déontologiques dans l’application,
la conception et la mise en place des gérontotechnologies, et les controverses qu’elles pouvaient
soulever.
262
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
3.3 Problématique
Comme nous avons pu mettre en évidence dans notre état de l’art, le domaine du
vieillissement est complexe et sa population très hétérogène. Par ailleurs, nous avons pu
observer, que les différents champs qui s’intéressent au vieillissement et à ses conséquences – en
particulier les disciplines biologiques et médicales – se dotent d’outils de mesure et de méthodes
d’évaluation, afin de comprendre et d’agir avec rigueur et consensus auprès de ce public ; mais
ces outils sont souvent incomplets.
D’un autre côté, on voit se développer un marché à destination des personnes âgées soutenu
par les pouvoirs publics, dénommé « silver économie » qui vise à proposer des aides techniques
aux personnes âgées, sans que le monde du diagnostic et le monde de la conception ne se
rencontrent.
Peu à peu nos sociétés occidentales prennent conscience du défi que représente la prise en
charge des personnes âgées dans des sociétés de plus en plus vieillissantes. Certains pays tels que
le japon sont déjà confrontés à ce défi. L’allongement de l’espérance de vie, le manque de
moyens financiers, et le manque de structures d’accueil nécessitent une réflexion profonde, mais
aussi sans délai, sur le type de réponse que la société peut apporter à cette question.
Une des réponses sociétales à la prise en charge des personnes âgées est de trouver des
solutions pour leur maintien à domicile et pour les aider à remplir les tâches de la vie quotidienne
lorsqu’ils perdent leur autonomie ou qu’ils se trouvent en situation de handicap. Les systèmes
techniques pourraient alors tenir ce rôle.
Cette recherche est née de plusieurs constats. La gamme des problèmes qui ont une
incidence sur la conception des dispositifs et des services technologiques pour le vieillissement
des personnes âgées est vaste :
- méconnaissance de ce qu’est une personne âgée ;
- représentations stéréotypées des personnes âgées ;
- réduction des besoins des personnes âgées à des problèmes de mobilité ;
- manque fréquent chez les concepteurs de méthodes et d'informations pour établir un
diagnostic des besoins finaux de l’utilisateur / de la personne âgée ;
- inadaptation de nombreuses aides techniques existantes par rapport aux besoins de ce
groupe d’âge ;
- adoption fréquente chez les concepteurs d’une approche réactive dans la conception :
correction après la conception (i.e. produits non spécifiquement conçus pour les
personnes vieillissantes) ;
- nécessité d’une approche plus proactive dans le processus de conception.
263
Chapitre 3 - La conception de gérontotechnologies acceptables et utilisables
- conception des aides techniques pour les seniors qui fait appel à de compétences
multiples et à une démarche pluridisciplinaire qui intègre à la fois les disciplines
médicales et techniques ;
- besoin d’une démarche globale qui relie le diagnostic des déficits et des besoins, aux
solutions ergonomiques disponibles.
« Il est important que les besoins de la population des utilisateurs finaux les plus étendus
soient pris en compte dans les premières phases de conception de nouveaux produits et
services ».
A partir de ces constats, nous avons entamé une recherche qui ne suit pas une démarche
hypothético-déductive, mais qui vise plutôt à répondre à un certain nombre de questionnements
issus des constats précédents. Nous nous sommes principalement intéréssés à la
pluridisciplinarité des acteurs autour du vieillissement, à la connaissance de la personne âgée (i.e
déficits, capacités, besoins, etc.) et à l’aide que l’on peut apporter pour pallier les déficits et
satisfaire les besoins ; notamment par la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits et
des besoins de la personne âgée.
Pour atteindre notre objectif, nous intègrerons dans notre démarche l’ensemble des experts
(i.e. utilisateurs primaires), comme les médecins, gériatres, ergonomes, psychologues,
infirmiers, chercheurs, informaticiens, kinésithérapeutes, mais également les personnes
concernées par ce diagnostic (i.e. utilisateurs secondaires), c’est-à-dire les personnes âgées.
264
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Chapitre 4
Cette partie décrit la méthodologie que nous avons mise en place afin :
- d’analyser et de comprendre les besoins ;
- d’analyser et de discuter à propos de nos résultats.
Nous avons construit un questionnaire composé d’une partie quantitative avec des
questions fermées, et d’une autre qualitative avec des questions ouvertes.
L’analyse de la partie quantitative du recueil de données a été effectuée avec une analyse
descriptive, puis une analyse factorielle pour créer des scores et enfin une régression.
Ces données nous ont permis de recueillir des informations importantes concernant notre
population.
4.1 Méthodologie
Nous avons effectué une enquête de terrain auprès des seniors pour connaître leur niveau de
déficits et pour identifier leurs besoins. Pour ce faire nous avons constitué un questionnaire que
nous avons administré à un échantillon de personnes âgées.
265
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
4.1.1 Matériel
Le questionnaire que nous avons élaboré était composé de questions fermées et ouvertes. La
première partie (i.e. questions fermées) a fait l’objet d’une analyse statistique avec le logiciel
IBM SPSS version 23®, et la seconde (i.e. questions ouvertes) d’une étude avec le logiciel
d’analyse lexicométrique Alceste 8®.
Pour construire notre questionnaire nous avons dressé une liste des difficultés rencontrées
par nos sujets suite à notre analyse de la littérature. Nous avons ensuite choisi de les organiser en
quatre grands thèmes subdivisés en 22 sous-thèmes. Les trois premiers thèmes relevaient des
déficits récurrents chez les personnes âgées, et le dernier, reprenait le rapport entretenu avec les
technologies :
1. le premier thème concernait la catégorie des « déficits moteurs », et explorait la
mobilité, les praxis, les déplacements, les auto-transferts, ainsi que les soins d'hygiène
et du quotidien
2. le second était relatif aux « déficits cognitifs et perceptifs », et comprenait une
évaluation en termes de vision, d’audition, de langage, de communication, de vigilance
et d'attention, de mémoire et d’orientation visuospatiale
3. le troisième relevait du « réseau social et familial », et abordait des sous thèmes comme,
rendre visite, en recevoir, avoir des discussions, la présence d’un réseau social et
familial, les activités en groupe et la fréquence de ces activités
4. le dernier traitait de « l’accès et l’utilisation» et des « représentations des
technologies ». Il explorait le mode d'acquisition, les raisons de la non utilisation, les
difficultés d'utilisation, la participation d’une tierce personne en cas de difficultés
d’utilisation ou pour l’apprentissage, et enfin la perception des technologies et ce
qu’elles renvoient au sujet.
Les questions ouvertes étaient basées sur les mêmes items que celles fermées. Il s’agissait
donc des quatre thèmes auxquels nous en avions ajouté deux, en fin d’entretien, qui étaient
exclusivement qualitatifs :
1. les besoins et les attentes, afin de comprendre ce que notre public espère des
technologies, et ainsi éviter tout risque de « projection »
2. les réactions, sentiments et émotions : pour comprendre les représentations internes, les
craintes et les émotions que produisent les technologies
266
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Nous avons été sensibles aux spécificités de notre public et nous avons proposé chaque
question sous une forme simple, claire et courte. Pour nous en assurer nous avons effectué des
pré-tests auprès de quelques répondants (n = 10), afin de vérifier si nos demandes étaient claires,
sans ambigüités, et si le vocabulaire était compréhensible. Une fois les données redondantes nous
avons amené les modifications nécessaires (cf. Annexe 1).
4.1.2 Echantillonnage
Pour minimiser un biais d’échantillonnage, nous avons décidé de ne pas seulement utiliser
une population cible vivant à domicile, car le danger que nos répondants soient seulement issus
de sujets en bonne santé faisait courir un risque de biais de sélection et de représentativité. Le
choix d’une population qui présentait des signes de difficultés et de fragilité, des antécédents
particuliers, des sujets atteints de maladies chroniques, résidant en institution, et montrant une
perte d’autonomie, etc. avait un intérêt important pour l’étude. C’est pourquoi, nous avons
effectué un échantillonnage non probabiliste accidentel et par choix raisonné, avec des sélections
aléatoires dans la rue, à domicile, par le biais de connaissances, dans des associations et au sein
de maisons de retraite et d’appartements thérapeutiques (i.e. fondations AMAPA en France et
Silo en Suisse).
267
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Tableau 42. Répartition de notre échantillon selon le genre, le pays, le mode de vie et la CSP
Notre échantillon final contient une majorité de femmes 71.8 % contre 28.2 % d’hommes ;
55.1 % de notre échantillon vit en France et 44.9 % en Suisse ; et enfin l’âge moyen est de 79 ans
(m = 79.85, ET = 8.92 [min 65 ; max 97]).
Concernant le mode de vie, l’institution (i.e. maison de retraite) occupe la place la plus
important dans notre échantillon (41 %), les autres participants se répartissent entre les modalités
en couple (21.8 %), en appartement thérapeutique (21.8 %), « seul » (12.8 %), et en famille (2.6
%). Enfin, les catégories socio-professionnelles se répartissent par ordre croissant de la manière
suivante : cadres et professions intellectuelles et supérieures (5.1 %), agriculteurs (6.4 %),
ouvriers (7.7 %), artisans commerçants et chefs d'entreprises (10.3 %), professions
intermédiaires (16.7 %), autres personnes sans activité professionnelle (24.4 %) et employés
(29.5 %).
Pour fournir davantage de confort à nos répondants et pour s’assurer de la possibilité pour
tous de répondre (e.g. difficulté de vue, d’écriture, de lecture, de compréhension, de
mémorisation, etc.) nos questionnaires étaient administrés sous la forme d’un entretien
standardisé.
Du point de vue du recueil des données, les sous-items de la première partie (i.e. questions
fermées) étaient mesurés de différentes manières : sous la forme d’échelles de likert en 3, 4 ou 5
points, et de présence ou absence de la variable évaluée.
268
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Concernant les questions ouvertes, après chaque question fermée, le sujet devait approfondir
sa réponse en l’argumentant. Nous utilisions des relances afin d’avoir suffisamment
d’informations. Une fois que le sujet traité devenait redondant, nous passions à l’item suivant.
Par exemple, après les questions sur le niveau de difficultés (e.g. moteurs, cognitif, etc.), nous
interrogions nos sujets pour savoir s’ils utilisaient des stratégies ou des méthodes de
compensation pour corriger leurs déficits, ou encore nous leur demandions de nous décrire une
situation difficile à gérer en lien avec le déficit en question, etc.
Les questionnaires étaient administrés dans un lieu calme, le plus souvent sur le lieu de vie
du sujet.
Nous avons fait le choix diviser notre échantillon, afin d’être plus pertinent dans l’analyse,
et de connaitre les déficits en fonction de l’âge. Nous avons opté pour la sous-division utilisée
par la gérontologie (Bee & Boyd, 2011) qui considèrent trois sous-groupes de seniors (cf. section
1.1.2) :
- le troisième âge, de 65 à 75 ans
- le quatrième âge, de 76 à 85 ans
- le cinquième âge, à partir de 86 ans
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
3ème âge 24,00 30,80 30,80 30,80
4ème âge 29,00 37,20 37,20 67,90
5ème âge 25 32,10 32,10 100
Total 78 100 100
Tableau 43. Statistiques descriptives de la population divisée par catégorie d’âge.
Nous avons ensuite réparti la population en fonction de l’âge et des items évalués. Pour
chaque catégorie, nous exposerons une analyse globale (i.e. de tout notre échantillon), puis une
analyse en prenant en compte le groupe d’âge.
269
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Praxie
Lorsqu’on analyse les données en fonction des catégories d’âge (cf. Tableau 45), on
s’aperçoit qu’en terme de « praxie » les difficultés importantes sont davantage évoquées par la
classe des « 76-85 ans » (37.93 %), les difficultés relatives par les sujets de « 86-97ans » (36 %),
et enfin ceux qui déclarent avoir une absence de problématique sont aussi majoritairement les
« 76-85 ans » (41.38 %).
270
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Déplacement
Comme attendu, on trouve des différences pour cette dimension en fonction de l’âge. Les
difficultés liées au déplacement augmentent avec l’âge, et c’est la tranche la plus âgée « 86-97
ans » qui souffre le plus de difficultés motrices importantes (68 %) ou des difficultés relatives
(16%). Uniquement 16% de cette classe d’âge déclare ne pas avoir de problèmes de
déplacement. Le déplacement reste le déficit le plus important en matière d’autonomie pour cette
population (Ankri & Mormiche, 2002).
271
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Auto-transfert
L’évaluation de la catégorie
Difficulté « auto-transfert » semble démontrer
importante
des capacités mieux conservées que les
19.23% habilités précédentes. Effectivement,
Difficulté
relative plus de la moitié de nos répondants
52.56% 28.21%
(52.6 %) expriment une absence de
Absence de problème pour l’évaluation de cet item.
problématiqu
e
Cependant, un peu moins d’un tiers
(28.2 %) révèlent avoir des difficultés
relatives et une minorité des difficultés
importantes (19.2 %).
On remarque que les difficultés les plus importantes (28 %) concernant la catégorie « auto-
transferts » ainsi que les difficultés relatives (32%) se retrouvent majoritairement pour la classe
la plus âgée « 86-97 ans ». Cette capacité est importante concernant les possibilités
d’indépendance de notre population.
272
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
L’analyse des résultats montre des difficultés importantes concernant les plus âgés « 86-97
ans » (40 %) et l’absence de problématique pour les plus jeunes « 65-75 ans » (70.83 %).
Dans l’ensemble, l’analyse de nos résultats en matière de catégories d’âge suggère un lien
entre l’âge et les déficits moteurs. Cependant, nos mesures sont basées sur de l’auto-déclaratif et
non sur des faits, et elles portent sur le ressenti et l’état d’autonomie perçu par nos répondants.
C’est pourquoi, il faut pouvoir comprendre les subtilités des différences que l’on peut observer.
Par exemple pour l’item « praxie», on peut trouver étonnant que la classe qui évoque le plus de
difficultés ne soit pas celle la plus âgée. Néanmoins, en observant la partie d’analyse de nos
entretiens (cf. section suivant), on comprend que les répondants les plus âgés ont déjà connu ces
difficultés et ont trouvé des moyens de compensation (e.g. médicaux, personnels, techniques ou
technologiques, etc.), ou considèrent ces déficits comme « normaux » (i.e. acceptation) ; c’est
pourquoi, ils sont parfois considérés comme étant non-problématiques. De même, l’absence de
problématique au niveau de la réalisation des soins, même chez les personnes très âgées, pourrait
être interprétée, non pas comme une absence de déficit, mais par le fait, que les soins en maison
de retraite sont pris en charge par le personnel de santé. Cependant, dans l’ensemble, les items
évalués sont conformes aux données de la littérature.
Analyse de la perception des déficits en lien avec les capacités perceptives et cognitives
Les difficultés concernant les « capacités perceptives et cognitives » ont été évaluées dans
notre questionnaire à partir de cinq dimensions (i.e. vision, audition, langage / communication,
capacités attentionnelles, mémoire et orientation visuospatiale). Le tableau ci-dessous présente
les difficultés ressenties / perçues par rapport à ces dimensions en fonction de l’âge (cf. Tableau
49)
273
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Difficulté Absence de
Difficulté relative
importante problématique
Age 65-75 76-85 86-97 65-75 76-85 86-97 65-75 76-85 86-97
Vue 29,17 41,38 48,00 54,17 51,72 44,00 16,67 6,90 8,00
Ouïe 16,67 31,03 36,00 20,83 31,03 12,00 62,50 37,93 52,00
Langage / communication 8,33 6,90 12,00 20,83 13,79 8,00 70,83 79,31 80,00
Vigilance / attention 12,50 13,79 16,00 41,67 17,24 28,00 45,83 68,97 56,00
Mémoire 25,00 24,14 24,00 33,33 31,03 52,00 41,67 44,83 24,00
Orientation visuospatiale 12,50 6,90 20,00 16,67 0,00 12,00 70,83 93,10 68,00
Tableau 49. Résumé des difficultés des capacités cognitives déclarées en pourcentage en fonction des catégories d’âge.
Vision
Les données du tableau ci-dessus, concordent avec le pic d’incidence observé par
l’épidémiologie (cf. section 1.1.2) en ce qui concerne les problématiques de la vision (e.g.
cataracte, presbytie, baisse de la vision, éblouissement, etc.). On voit clairement que les
problèmes de vison évoluent avec l’âge, et qu’ils constituent une difficulté importante pour
presque la moitié des sujets (48%) de 86 ans et plus. A partir de 76 ans, peu de sujets déclarent
ne pas avoir de problèmes de vision. Ces différences entre les groupes d’âge se traduisent surtout
par des moindres difficultés perceptives dans le groupe 65-75 ans.
274
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Audition
On observe que la tranche d’âge « 86-97 ans » est celle qui évoque le plus des difficultés
importantes en termes d’audition (36 %), et que, dans l’ensemble, les seniors les plus jeunes
déclarent le moins de difficultés (17%).
Pour autant, on remarque dans un même temps que les seniors les plus âgés déclarent
majoritairement ne pas être concernés par cette problématique (52 %), ce qui peut sembler
étrange. Cependant, on ne dispose pas de données pour savoir si ces réponses ne sont pas dues au
fait que cette capacité perceptive a été compensée par un dispositif ou une aide technique ou
naturelle.
Langage et communication :
275
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Nous relevons que la classe des « 86-97 ans » est celle qui déclare des difficultés
importantes (12 %) pour la dimension du langage et de la communication. Cependant, les
données relevées ne démontrent pas un lien clair entre les problèmes de langage /
communication et l’âge des sujets. En effet, un certain nombre de commentaires issus des
entretiens laissent comprendre que certaines difficultés ressenties peuvent être rattachées à
d’autres sources dans notre échantillon. Le plus souvent, il était question de séquelles post-AVC
ou de difficultés liés aux prothèses dentaires, mal adaptées ou désadaptées suite à une perte ou
une prise de poids, et elles n’étaient donc pas en rapport direct avec l’âge des sujets (cf. Analyse
qualitative).
Vigilance et attention
276
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Mémoire
277
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Les problèmes de mémoire est une autre spécificité qui caractérise le vieillissement cognitif
normal, comme le montre aussi l’augmentation des plaintes mnésiques et les consultations pour
ce motif. Il s’agit souvent de problème de mémoire prospective et de mémoire de travail en lien
avec les problèmes attentionnels. On peut surtout constater que c’est le groupe des seniors le plus
âgé qui déclare rencontrer le plus de difficultés de mémoire (pour les plus de 76 ans : 24% de
difficultés importantes et 52 % des difficultés relatives). Ces problèmes de mémoire (i.e.
difficultés relative et importantes) sont aussi présents à peu près de manière équivalente dans les
deux autres catégories d’âge (58% pour les 65-75 ans et 55% pour les 76-85 ans). On remarque
alors que les difficultés de mémoire sont déclarées problématiques à partir de 65 ans.
Orientation visuospatiale
Les données du tableau ci-dessus (cf. Tableau 55), nous montrent que la catégorie du
cinquième âge rapporte le plus de difficultés importantes (20%). Pour autant, nous retrouvons la
plus grande part de nos sujets (tout âge confondu) dans la catégorie « absence de
problématique » pour cette dimension.
278
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Le lien entre l’âge et le niveau de difficultés déclarées est moins net pour les résultats
obtenus pour la dimension cognitive que pour les réponses relevées pour la dimension physique.
Par ailleurs, nous observons que les fréquences de difficultés déclarées que nous avons
recueillies semblent parfois faibles au regard de ce que nous avons relevé dans la littérature.
Plusieurs raisons semblent pouvoir expliquer ces résultats :
Ensuite, nous notons que les dimensions cognitives sont plus difficiles à autoévaluation. Par
exemple concernant l’évaluation du « langage / communication », et de « vigilance / attention »
et d’« orientation visuo-spatiale », les faibles fréquences déclarées peuvent être expliquées selon
différentes hypothèses :
- du fait de nos critères d’inclusion / exclusion dans la sélection des sujets qui écartaient de
l’échantillon les personnes présentant des troubles cognitifs majeurs, car ils auraient eu
des difficultés à répondre à notre questionnaire ;
- par un « biais de désirabilité sociale », car les problèmes cognitifs renvoient à une image
de sujet diminué voir de « démence et de folie », ce qui aurait pu pousser les sujets à
adapter leurs réponses ou à minimiser leurs déficits ;
- par le fait que les difficultés sont davantage déclarées lors de l’apparition des premiers
symptômes (pic épidémiologique) et que par la suite il y a une sorte d’habituation ou
compensation qui est mise en place pour s’adapter.
Analyse de la perception des difficultés en lien avec le réseau social et les activités
Pour apprécier les difficultés en lien avec le « réseau social et les activités » nous avons
relevé quatre dimensions (i.e. rendre visite, recevoir de la visite, avoir des discussions et les
activités de groupe) que nous avons évaluées sur une échelle en quatre points. Le tableau ci-
dessous présente le récapitulatif des difficultés ressenties / perçues en fonction de l’âge et des
dimensions.
279
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Age 65-75 76-85 86-97 65-75 76-85 86-97 65-75 76-85 86-97 65-75 76-85 86-97
Rendre
8,33 27,59 52,00 20,83 31,03 28,00 29,17 10,34 12,00 41,67 31,03 8,00
visite
Réseau Recevoir 8,33 13,79 8,00 25,00 27,59 40,00 29,17 37,93 28,00 37,50 20,69 24,00
social et visite
activités Discussion 0,00 0,00 8,00 29,17 27,59 12,00 25,00 34,48 36,00 45,83 37,93 44,00
Activité en
25,00 31,03 24,00 41,67 24,14 20,00 29,17 27,59 48,00 4,17 17,24 8,00
groupe
Tableau 56. Résumé de la dimension réseau social et activités déclarés en pourcentage en fonction des catégories
d’âge.
En ce qui concerne l’item « rendre visite » on peut constater que les personnes les plus âgées
« 86-97 ans » ne le font jamais ou rarement (au total 80%) et à l’inverse, la classe la plus jeune «
65-75 ans » exprime souvent ou très souvent rendre visite aux autres (au total ± 71%).
Ces données peuvent être expliquées par les déficits évoqués précédemment concernant les
classes plus âgées qui limitent leur mobilité (e.g. déplacement, mobilité et praxie, etc.), et se
matérialisant par le fait de ne plus avoir le permis de conduire, par le manque de moyens de
280
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
transport adaptés, ou par les difficultés de déplacement à l’extérieur, etc. Ces difficultés
pourraient être aussi reliées à la qualité de leur réseau social.
Recevoir de la visite
10.26%
Concernant le fait de recevoir de la
visite, 26.80 % déclarent recevoir très
Jamais
26.92% souvent de la visite et 32.10 % en
Rarement reçoivent souvent. Ils sont 30.8 % à
30.77%
Souvent déclarer en recevoir rarement, et.10.30
32.05% Très souvent % à ne jamais en recevoir
D’une manière générale, on peut observer que les seniors les plus âgés reçoivent moins de
visites, comparativement aux seniors plus jeunes. En effet, si nous considérons nos résultats de
façon dichotomique avec le fait d’avoir de la visite ou pas, nous observons alors que les plus
âgés reçoivent de la visite dans 52 % des cas, la catégorie intermédiaire dans 58,62 % des cas et
les seniors les plus jeunes dans 68.67 % des cas.
281
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Pour ce qui concerne cet item, il faut souligner que le besoin de discuter augmente avec
l’âge. En effet, 70,83 % (i.e. 25%et 45.8%) des seniors les plus jeunes déclarent avoir des
discussions contre 80 % (i.e. 36% et 44%) des seniors les plus âgés. Cela pourrait être dû au fait
de la nécessité de sortir de l’isolement, car la catégorie des « 86-97ans » est celle qui a le plus de
chance d’être isolée pour des raisons de veuvage ou de difficultés physiques et cognitives
importantes (e.g. déplacement, communication, etc.).
282
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Activités en groupe
10.3%
La majorité de notre
échantillon déclare n’avoir jamais
Jamais
26.9% ou rarement d’activités en groupe
Rarement
(respectivement 26.90 % et 28.20
34.6% Souvent %). Cependant, 34.60 % déclarent
28.2% Très souvent en avoir souvent et 10.30 % très
souvent.
Les données que nous relevons dans le tableau ci-dessus semblent paradoxales. Néanmoins,
si nous reprenons les données en cumulant les fréquences pour les réponses « avoir souvent et
très souvent des activités en groupe », on observe que les seniors de « 86-97ans » déclarent avoir
des activités en groupe à hauteur de 56 %. Comparativement la catégorie des « 76-85 ans » dit
pratiquer des activités pour 44.83% et les seniors de 65 à 75 ans déclarent en avoir pour 33.34%
d’entre-eux. La classe la plus âgée semble donc être celle qui déclare le plus d’activités en
groupe.
Pour autant, ces données peuvent être justifiées par un biais d’échantillonnage. En effet, la
majorité de notre échantillon vit en maison de retraite (41%) ou en appartement thérapeutique
(21.8%). Cette population correspond aussi à celle la plus âgée. Par ailleurs, dans ces lieux de vie
les activités en groupe sont organisées par le personnel soignant, et la vie en communauté facilite
les occupations collectives. D’autre part, la classe des jeunes seniors passent par une étape de
réorganisation sociale, avec l’autonomie des enfants ou la retraite, qui l’oblige à réaménager son
temps et ses loisirs.
C’est pourquoi nous pouvons retrouver la classe la plus âgée qui déclare le plus d’activités
alors que la plus jeune en déclare le moins.
283
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Dans l’analyse de cette dimension (i.e. réseau social et activités) le lien entre l’isolement
social et l’avancée en âge nous révèle certaines divergences qui peuvent être expliquées.
Dans un premier temps, on peut constater que les activités sociales « rendre et recevoir des
visites » diminuent avec l’évolution de l’âge. Cela pourrait être expliqué soit par une diminution
du réseau social à partir de 65 ans (Robichaud, Maltais, & Larouche, 2000), qui représente un
remaniement social important avec le passage à la retraite, le processus d’indépendance des
enfants, la diminution du cercle amical, etc., soit, par une diminution des capacités cognitives et
motrices qui entravent la mobilité.
Au contraire les deux autres items de cette dimension : « discussions et activités en groupe »
augmentent avec l’âge, mais comme nous l’avons déjà souligné, cela pourrait être dû à un biais
d’échantillonnage, car les personnes les plus âgées sont souvent institutionnalisées (i.e. en
maison de retraite ou en appartement thérapeutique) avec des activités en groupe organisées et
plus de possibilités de discussion avec les autres (i.e. présence d’autre résidents, professionnels,
personnels de l’institution, etc. mais aussi passage de bénévoles). On pourrait alors de nouveau
relever le fait que l’adaptation (cette fois organisationnelle) permet de compenser certaines
difficultés sociales.
4%
Concernant le mode d’acquisition des
Famille technologies, la majorité (46.2 %) a fait
40% Institution un achat personnel, ensuite vient un achat
46% Achat personnel effectué par la famille (39.7 %) et enfin
10% Autre par l’institution (10.3 %).
284
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
La moitié de la catégorie des jeunes seniors déclare avoir reçu des technologies numériques
par leur famille. L’achat par l’institution concerne plutôt les « 86-97 ans » (20 %), car ils sont
souvent en maison de retraite ou en appartement thérapeutique. Par ailleurs, une part importante
de chacune des trois classes dit avoir acquis les technologies par un achat personnel. Les données
« autres » concernaient majoritairement ceux qui n’avaient pas accès aux technologies.
Les difficultés d’utilisation sont davantage ressenties par les classes les plus âgées (27.6% et
16%) que par la catégorie la plus jeune (12.5%). Le même constat peut être fait pour le sentiment
d’inutilité de la technologie qui est ressentie par les « 86-97 ans » à 44 %, et par les 65-75 ans à
28.8 %.
Néanmoins la peur n’est pas un sentiment très présent dans notre échantillon avec environ 4
% pour les classes « 65-75 ans » et « 86-97 ans ».
285
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Difficulté d’utilisation
4% Très simple
La majorité de nos sujets
11% Simple considèrent la technologie comme très
31% compliqué (30.80%), compliqué
Moyennement (23.10%) ou moyennement simple
simple
31% (30.80%). Enfin, une minorité estime
Compliqué
qu’elle est simple (11.50%) ou très
23%
Très compliqué simple (3.80%) d’utilisation.
Difficultés d'utilisation
Moyennement Très Total
Très simple Simple Compliqué
simple compliqué
Effectif 2 3 7 6 6 24
3ème âge
Pourcentage 8,30% 12,50% 29,20% 25,00% 25,00% 100%
Effectif 1 2 8 7 11 29
4ème âge
Pourcentage 3,40% 6,90% 27,60% 24,10% 37,90% 100%
Effectif 0 4 9 5 7 25
5ème âge
Pourcentage 0,00% 16,00% 36,00% 20,00% 28,00% 100%
Effectif 3 9 24 18 24 78
Total
Pourcentage 3,80% 11,50% 30,80% 23,10% 30,80% 100%
Tableau 63. Résumé de « la difficulté d’utilisation » des technologies déclarée en pourcentage en fonction des
catégories d’âge.
On peut noter qu’aucun des sujets de la catégorie des « 86-97 ans » ne considère la
technologie comme très simple d’utilisation. On remarque aussi que les sujets de « 65-75 ans »
sont ceux qui évoquent la technologie comme très simple ou simple (8.33% et 12.5%).
Cependant, il est à noter que les scores les plus élevés concernent, les items « compliqué » et
« très compliqué ».
Personne aidante
4%
Les personnes aidantes sont
5%
15% Personne issues en majorité de la famille (52.6
23% Professionnel %), suivi par les professionnels (23.1
Famille %) et l’institution (15.4 %). Ils sont
Institution 5.1 % à déclarer ne recevoir d’aide de
Autre personne.
53%
286
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Le groupe des « 65-75 ans » est le plus représenté en ce qui concerne l’aide fourni par la
famille (75 %). Le groupe le plus âgé, et donc, le plus institutionnalisé, déclare quant à lui avoir
davantage recours à l’institution (36 %).
Pour conclure, la majorité des observations recueillies sur le terrain sont en adéquation avec
celles retenues dans la théorie. Pour autant, certaines de nos données divergent, c’est pourquoi, il
est important de pouvoir faire suite à cette étude descriptive par une étude exploratoire
multivariée, afin d’approfondir notre analyse.
Méthodologie
Après notre étude descriptive des résultats obtenus par nos seniors, nous avons utilisé la
méthode d’analyse factorielle pour connaître le nombre de dimensions sous-jacentes à notre
questionnaire au sujet des items de déficiences déclarées, et des aspects sociaux. Cette étape est
essentielle pour construire par la suite des scores à partir des items saturant une même
dimension.
Le nombre d’axes à traiter pour l’analyse factorielle a été retenu en fonction du test parallèle
de Horn (1965). Ce test exploite une logique différente de celle utilisée par les critères
habituellement employés pour une analyse factorielle (i.e. critère de Kaiser et scree test de
Cattell), et considère que l’on peut trouver une dimension qui explique une part de la variance
qui soit due au hasard, et qui n’existe pas dans la réalité. Le test de Horn va donc construire un
287
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
certain nombre d’analyses parallèles (i.e. de 1 à 1000) dont le résultat va ensuite servir de
comparateur, afin de décider si la variance des dimensions retenues (valeur propre) est
significativement plus importante que celle relevée dans une matrice de données de même rang
que la matrice de données observées mais générées de façon aléatoire. Nous avons alors choisi
les composantes à retenir dans notre analyse quand leurs valeurs propres associées étaient
significativement plus grandes que celles obtenues au hasard (i.e. Eigen value). Pour obtenir une
matrice de valeurs aléatoires, nous avons utilisé le logiciel « Monte Carlo PCA for Parallel
Analysis »(Watkins, 2000).
Nous avons commencé par une analyse factorielle des déficits globaux (i.e. 10 items) afin de
vérifier le nombre de dimensions que comprenait la catégorie cognitivo-perceptive et motrice.
Tableau 65. Tableau récapitulatif de la variance totale expliquée de l'ensemble des déficits, tiré du logiciel IBM SPSS
L’analyse parallèle de Horn nous a montré que nous ne pouvions retenir que les deux
premiers axes pour effectuer notre analyse, car les valeurs propres de l’ACP (i.e. analyse en
composantes principales) produites au hasard sur 1000 matrices de corrélations de même rang
(Watkins, 2000) étaient supérieures aux valeurs propres observées à partir du troisième axe
(Tableau 65).
288
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Au vu de ces résultats, nous avons réalisé une nouvelle analyse factorielle en ne considérant
que les deux premiers facteurs, et en effectuant une méthode de rotation (i.e. Varimax). Cette
méthode permet de maximiser l’appartenance des items à un axe tout en diminuant son
appartenance aux autres axes.
Rotation de la matrice des composantes
Composante
1 2
déficit moteur
.843 .141
déplacement
déficit moteur praxie .784 .126
déficit moteur auto-
.783 .112
transfert
déficit moteur soins
.743 .194
d'hygiène et du quotidien
déficit perceptif vue .342 -.249
déficit cognitif vigilance
.155 .795
/attention
déficit cognitif orientation
.118 .771
visuospatiale
déficit cognitif mémoire .325 .653
déficit cognitif
.104 .495
langage/communication
déficit perceptif audition -.008 .031
Tableau 66. Résultats de l'analyse en composantes principales avec une méthode de rotation Varimax
Nous avons fait le choix d’adopter une saturation à r ≥ .40. Nous considérons alors deux
scores possibles avec d’un côté les déficits moteurs qui sont fortement saturés avec premier axe
(i.e. en gras et rouge), et de l’autre les déficits cognitifs qui sont eux saturés avec le deuxième
axe (i.e. en gras et bleu) (cf. Tableau 66)
Nous remarquons que les deux items perceptifs (i.e. vision et audition) ne sont pas liés aux
deux axes, et nous les traiterons comme deux scores à part entière.
Par ailleurs, les quatre items retenus concernant la dimension motrice ont une bonne fiabilité
(α = .83), ainsi que les quatre items retenus pour la dimension cognitive (α = .70).
Nous avons observé la même démarche que précédemment pour la dimension du réseau
social et des activités (i.e. quatre items).
Variance totale expliquée
Valeurs propres obtenues au hasard
Valeurs propres initiales sur 1000 matrices
valeur propre Moyenne des
% de la valeurs propres
Composante (variance) variance % cumulé aléatoires Ecart-type
1 2.113 52.813 52.813 1.2577 .0881
2 .964 24.101 76.914 1.0657 .0547
3 .529 13.229 90.143 0.9213 .0556
4 .394 9.857 100.000 0.7553 .0733
Tableau 67. Tableau récapitulatif de la variance totale expliquée de la dimension sociale, tiré du logiciel IBM SPSS
289
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Le test en analyse parallèle nous a mené à ne retenir que le premier axe pour l’analyse des
items sociaux (2.11>1.26) (cf. Tableau 67).
Matrice des composantes
Composante
1
réseau social et familial
rendre visite aux autres .769
Les quatre items relatifs à l’évaluation du réseau social de la personne saturent fortement
cette composante pour trois d’entre eux, et concernant la fréquence des activités, elle est un peu
plus en retrait avec une saturation de .41 (cf. Tableau 68).
L’analyse par alpha de cronbach montre une homogénéité acceptable de ces items pour
permettre le calcul d’un score (α=.67).
Conclusion
Grâce à ces résultats, nous avons créé des scores qui regroupent les ensembles d’items que
nous avons évalués. Cette étape nous a permis de réduire l’ensemble de nos variables globales
(i.e. quatorze items) en cinq scores. Nous disposions ainsi :
- d’un score moteur, composé de quatre items (i.e. déficit moteur déplacement, déficit
moteur praxie, déficit moteur auto-transfert, déficit moteur soins d'hygiène et du
quotidien)
- d’un score cognitif, qui représente quatre items (i.e. déficit cognitif vigilance /attention,
déficit cognitif orientation visuospatiale, déficit cognitif mémoire, déficit cognitif de
langage/communication)
- d’un score visuel, avec un item (i.e. déficit perceptif vue)
- d’un score auditif, avec un seul item (i.e. déficit perceptif audition)
- d’un score social qui comprend quatre items (i.e. réseau social et familial rendre visite
aux autres ; réseau social et familial recevoir de la visite des autres ; réseau social et
familial discussion avec les autres ; et fréquence des activités)
290
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Suite à l’obtention des résultats de l’analyse factorielle, nous avons utilisé une méthode de
régression multiple afin d’établir une relation entre les quatre scores de déficits (i.e. moteurs,
cognitifs, visuels, auditifs), les variables sociales, et l’utilisation des technologies (i.e. fréquence
d’utilisation des technologies et difficultés d’utilisation rencontrées).
L’âge et le mode d’habitation sont des facteurs aggravants (cf. section 4.1.4.1) qui
augmentent les déficits chez les seniors. Nous avons fait le choix de garder ces deux variables
afin de vérifier l’effet des variables relatives aux déficits cognitifs sur les relations sociales et la
fréquence / difficultés d’utilisation en leur présence (cf. Figure 72).
Figure 72. Modèle des effets entre âge, mode d’habitation, déficits, réseau social et usage des TIC
Afin d’avoir une bonne lecture de nos résultats (cf. Tableau 69), nous rappelons le sens de
notation de nos déficits déclarés. Plus la note est basse, plus le sujet évoque un déficit important,
et au contraire, plus elle est élevée, plus le répondant se considère en bonne santé pour l’item
évalué. Nous avons considéré un niveau de signification à p≤.05, et les valeurs de p comprises
entre 0,051 et 0,10 ont été envisagées comme des tendances.
Scores Déficits Moteurs Déficits cognitifs Déficits visuels Déficits auditifs
Âge ß= .14 ß= .21 ß= -.23 ß= -.30*
Mode
ß= -.43** ß= -.29* ß= -.00 ß= .17
d'habitation
coefficient de
R²=0.126 R²= 0.051 R²= 0.052 R²= 0.052
détermination
Tableau 69. Résultat de l'effet de l'âge et du mode d'habitation sur les scores de déficits
** significativité < .01, * significativité < .05, + tendance < .10
291
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Dans la première régression, on note que l’âge et le mode d’habitation expliquent 12.6% des
déficits moteurs déclarés (R²=0.126). Néanmoins, seul le mode d’habitation a un effet
significatif : les sujets qui sont en institution tendent à déclarer moins de déficits moteurs que
ceux qui n’y sont pas (ß= -.43, p< .01). Cette donnée peut sembler étonnante, pour autant, il
s’agit de déficits déclarés, et les sujets institutionnalisés ont plus d’aides techniques,
organisationnelles, et humaines qui leurs permettent de moins ressentir de difficultés et de
limitations dans leurs activités. A l’inverse, les personnes qui vieillissent à domicile, disposent
de moins d’aide (e.g. ils reçoivent moins de visite) et le logement n’est souvent pas adapté par
des aides, etc. ce qui les amènent à ressentir, et donc à déclarer des difficultés et des déficits (e.g.
faire sa toilette, les achats, les déplacements, etc.).
Dans la seconde régression, qui concerne les déficits cognitifs, on relève de nouveau que les
sujets institutionnalisés déclarent significativement moins de problèmes que ceux qui ne le sont
pas (ß= -.29, p<.05). On pourrait suggérer que l’explication est similaire à celle du « score
moteur », et que les stratégies d’adaptation mises en place en institution sont satisfaisantes pour
le sujet. Pour autant, nos deux variables (i.e. âge et mode d’habitation) expliquent peu de
variances des réponses : 5.1% (R²= 0.051).
Concernant la régression en lien avec les déficits visuels, on ne peut pas conclure à une
influence significative de nos variables. Néanmoins, on peut noter que dans notre échantillon,
l’âge a une influence, et que, plus les répondants sont âgés, plus ils déclarent de difficultés
visuelles, indépendamment du lieu de vie.
Enfin, pour les déficits auditifs, on relève que plus les sujets sont âgés, et plus ils disent
avoir des problèmes d’audition (ß= -.30, p<.05), mais que le lieu de vie n’amène aucune
différence.
Pour conclure, nous pouvons observer que les déficits peuvent être expliqués par l’âge,
seulement pour notre variable audition, et que le mode d’habitation semble mieux prédire les
déficits moteurs et cognitifs déclarés. Effectivement, les personnes en institution sont
généralement celles qui déclarent le moins de difficultés sous ces deux aspects. Ces données
doivent être approfondies par une étude des verbalisations des sujets afin de comprendre
pourquoi ces sujets, qui devraient avoir davantage de difficultés en expriment moins. A cette
étape nous relevons déjà que les établissements spécialisés pour les personnes âgées mettent en
place des solutions de compensation médicale, organisationnelle, technique et humaine, qui
pourraient être responsables de nos résultats.
Régression de la variable « réseau social et activités » sur l’âge, le mode d’habitation et les déficits
Nous avons effectué une régression pour observer l’impact des déficits sur le réseau social et
les activités, en tenant compte de l’effet de l’âge et du mode d’habitation. Cette fois, un résultat
élevé au score de « réseau social » signifie que le sujet déclare un réseau dont il est satisfait.
292
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Pour cette analyse, nous avons réalisé une régression en deux étapes (Tableau 70).
- d’abord, nous avons entré les deux variables : âge et mode d’habitation ;
- ensuite, nous avons ajouté les déficits moteurs, cognitifs, visuels et auditifs.
Tableau 70. Résultats de l'analyse en régression en deux étapes sur le score "réseau social"
** significativité < .01, * significativité < .05, + tendance < .10
On relève dans cette analyse que la première étape, qui ne prend en considération que l’âge
et le mode d’habitation, explique 17% du modèle (R2=0.173), et qu’il évolue à 25% (R2=0.248)
lorsque l’on ajoute les déficits. Les déficits ont donc un rôle dans la qualité du réseau social
déclarée.
Par ailleurs, le mode d’habitation reste prioritairement le facteur le plus prédictif, et les
personnes en institution ont un réseau moins diversifié et des contacts moins importants que les
autres (ß= -.36, p<.01). Contrairement à nos données descriptives qui nous montraient que pour
certains items (e.g. fréquence des activités et discussion), les plus âgés – et donc les plus
déficitaires – avaient plus de contacts, lorsque l’on réalise l’analyse sur un score global, les
résultats sont différents, et suggèrent un isolement des personnes institutionnalisées.
Concernant les scores de déficits, nos données ne nous montrent pas de résultats
significatifs. Néanmoins, on observe deux tendances à p< .10. Il semblerait que les sujets qui
déclarent un déficit cognitif tendent à évoquer un meilleur réseau social (ß=0.21). Ceci est
certainement dû au fait qu’ils soient suivis et encadrés par des aidants et des professionnels pour
leurs activités quotidiennes. D’autre part, on note aussi que ceux qui expriment un déficit auditif
tendent à avoir un réseau moins important (ß =-0.19). Effectivement, l’audition est le récepteur
sensoriel principal pour la communication et les échanges sociaux.
293
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Nous nous intéressons cette fois à l’impact des déficits sur la fréquence d’utilisation des
technologies. Pour cette évaluation, un score élevé à l’item « fréquence d’utilisation » signifie
que l’on utilise peu les technologies.
fréquence Ux fréquence Ux
étape 1 étape 2
Tableau 71. Résultats de l'analyse en régression en deux étapes sur le score "fréquence d’utilisation"
** significativité < .01, * significativité < .05, + tendance < .10
Notre modèle donne peu d’explication 1.5% (R2=.015) de la variance à l’étape 1, et 5.9%
(R2=.059) à l’étape 2 (cf. Tableau 71).
On relève deux tendances, d’abord que ceux qui ne vivent pas en institution semblent moins
utiliser les technologies (ß=-.10, p<.10). On note à ce sujet dans notre analyse précédente que
les répondants en institution sont mieux formés à l’utilisation des technologies, qu’ils sont
accompagnés et que les technologies sont proposées et prescrites en maison de retraite et en
appartement thérapeutique (e.g. tablette, système anti-chute, etc.).
Ensuite, on remarque que les personnes souffrant de troubles cognitifs ont tendance à plus
utiliser de technologie (ß=-.23, p<.10). Cette observation pourrait être en lien avec celle faite ci-
dessus. En effet, en sachant que les déficits cognitifs sont la première cause
d’institutionnalisation, les sujets qui souffrent de ces troubles auraient plus de prescription de
système technologique pour faciliter certaines tâches du quotidien et certains besoins (e.g.
cuisiner, four micro-ondes, voir, système d’éclairage ou d’agrandisseur, communiquer, système
de réseau sociaux, bracelet anti chute, etc.).
294
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Régression de la variable « difficulté d’utilisation des technologies » sur l’âge, le mode d’habitation et
les déficits
Difficultés Ux Difficultés Ux
étape 1 étape 2
Tableau 72. Résultats de l'analyse en régression en deux étapes sur le score "difficultés d’utilisation"
** significativité < .01, * significativité < .05, + tendance < .10
Le modèle avec l’âge et le mode d’habitation, explique peu la variance 1.5% (R2=.015) à
l’étape 1, et 6% (R2=.06) à l’étape 2. On note que les déficits semblent mieux expliquer
l’utilisation de technologie, mais on ne relève aucune variable significative (cf. Tableau 72).
- d’abord, que les déficits moteurs apportent davantage d’informations. En effet, notre
recueil de données a été fait sur un mode auto-déclaratif, et il semble que les aspects en
lien avec les déficits moteurs soient plus simples à évaluer par le sujet ;
- ensuite que la variable cognitive donne des tendances, néanmoins, elle est plus difficile à
autoévaluer, et les résultats ne sont donc pas suffisamment significatifs ;
- enfin, que les aspects en lien avec les technologies sont aussi moins évidents à relever et
montrent que les aspects d’utilisation pourraient dépendre à la fois de l’accompagnement
et de l’apprentissage, mais aussi de l’aspect cognitif et donc de la facilité d’usage.
Pour effectuer l’analyse des verbalisations de nos sujets, nous avons choisi d’utiliser une
méthodologie d’analyse lexicométrique avec le logiciel Alceste 8® (Reinert, 2008). Il s'agit
d'une méthode d’analyse statistique de données textuelles qui aide à effectuer l’interprétation
d’un corpus de texte (e.g. entretiens, questions ouvertes, articles, œuvre littéraire, etc.), par
l’étude des lois de distribution du vocabulaire utilisé (Dalud-Vincent, 2011).
295
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
structures signifiantes les plus fortes (i.e. « classes » ou « univers lexicaux »), afin d’en dégager
l'information essentielle. Ces classes lexicales sont des structures liées à la distribution des mots
dans le texte (Reinert, 2008).
Le vocabulaire spécifique à Alceste comprend différents éléments qui sont à distinguer, mais
qui sont complémentaires :
- le premier concerne les Unités de Contexte Initiales (UCI) qui sont des parties
caractéristiques du corpus (e.g. chapitres d’un texte, différentes questions d’un
entretien, etc.) auxquelles sont affectées les variables particulières à l’étude (e.g. sexe,
âge, mode de vie, etc.), qui indiquent les caractéristiques des répondants qui sont
représentées dans la classe
- le second reprend les Unités de Contexte Elémentaires (UCE) qui sont composées de
plusieurs lignes consécutives de textes tirées du corpus. Il s’agit de l’unité statistique de
base d’Alceste qui va être classée en fonction de la distribution du vocabulaire et des
variables observées
- la troisième correspond à l’Unité de Contexte (UC) c’est-à-dire au choix des phrases
qui sont calculées en fonction des UCE. Elles vont permettre de grouper ensemble des
UCE qui formeront les différentes classes
- enfin, le logiciel utilise différentes catégories de mots pour effectuer son analyse: les «
mots pleins » qui sont les noms, les verbes, les adjectifs, les adverbes, et qui donnent le
sens général de la phrase ; les « mots outils » qui sont des prépositions, des pronoms,
des conjonctions, des verbes modaux, des marqueurs spatiaux, d’intensités, temporels,
etc. qui permettent d’analyser le contexte du discours ; et des « formes réduites » (i.e.
lemmatisation), par exemple, l’utilisation d’une base « accus+ » qui regroupera toutes
les formes qui prennent cette racine (e.g. accuser, accusation, accusatif, accusable,
accusé, etc)
Une fois que cette opération d’organisation des unités de contexte et des formes est
terminée, Alceste opère une classification descendante hiérarchique et repère ainsi les
oppositions les plus fortes entre les mots du texte et extrait ensuite des classes d'énoncés
représentatifs.
Pour fournir des indicateurs statistiques qui reflètent le lien ou la différence, le système
utilise une distance du Chi2 pour comparer chaque couple d’UC. Il est cependant à noter qu’il
s’agit ici d’un Chi2 d’association « signé » qui fournit deux informations sur le lien de la forme
296
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
et de la classe. D’une part par son signe (i.e. positif / attraction ou négatif / répulsion), il donne
l’indication du sens de ce lien, et d’autre part, il donne une indication de la force de ce lien (i.e.
plus le score est important plus le lien du mot avec la classe est fort).
Les résultats donnent également le pourcentage d’UCE classées (prises en compte dans
l’analyse) ce qui ajoute une indication sur le poids de la classe par rapport à l’ensemble des UCE
classées. Cette information peut permettre de pondérer les résultats et de connaitre l’importance
des classes, ce qui ajoute une subtilité à l’analyse.
Enfin le logiciel fournit aussi les phrases (UCE) d’où ont été extraits les mots
(accompagnées de dièses) afin de ne pas interpréter hors contexte et de pouvoir vérifier si le
vocabulaire a le même sens pour tous les sujets ou s’il dépend d’une variable particulière, etc.
En fonction de nos objectifs d’analyse, nous avons codé notre corpus selon plusieurs
variables étudiées dans notre questionnaire : le numéro du sujet, son âge, son sexe, son pays
d’appartenance, son mode de vie, sa profession, ses déficits cognitifs et moteurs, son réseau
social, puis des variables en lien avec les technologies, son type d’accès, ses besoins, ses
attentes, et enfin les émotions et les sentiments que les systèmes techniques renvoient à nos
répondants.
Suite à cela, nous avons obtenu une classification de notre corpus en fonction de la
distribution statistique du vocabulaire avec les liens ou les oppositions entre nos variables.
L’étude statistique de cette distribution nous a permis de mettre en lumière des traces des
représentations mentales de nos sujets (Marpsat, 2010).
Dans notre corpus, l’analyse Alceste a identifié six classes distinctes (cf. figure 73) qui
correspondent aux contextes lexicaux (ou mondes lexicaux) et qui déclinent les thèmes sur les
difficultés quotidiennes des seniors et leurs représentations vis-à-vis des technologies (cf.
Annexe 2) :
- Classe 1 avec 145 UCE (13.22 % du corpus) : adaptation ergonomique de
l’environnement et aide technique pour compenser leurs déficits.
- Classe 2 avec 172 UCE (18.47 % du corpus) : bilan des capacités perceptivo-cognitives.
- Classe 3 avec 97 UCE (9.49 % du corpus) : réseau familial, social et activités
occupationnelles.
- Classe 4 avec 220 UCE (24.07 % du corpus) : adaptations consécutives à une limitation
dans le quotidien.
- Classe 5 avec 226 UCE (21.49 % du corpus) : attitudes et sentiments envers les
technologies.
- Classe 6 avec 150 UCE (13.24 % du corpus) : mode d’utilisation des technologies.
297
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Le dendrogramme suivant nous montre comment les classes sont reliées par une
classification descendant hiérarchique.
Figure 73. Classification Descendante Hiérarchique, dendrogramme des classes stables pour le corpus franco-suisse.
Les six classes relèvent globalement de trois grands aspects : (1) l’auto-évaluation des
déficits physiques, cognitifs et des stratégies d’adaptation et de compensation (55.76%) ; (2) les
sentiments envers les technologies et leur utilisation (34.73%) ; (3) le réseau social et les
activités occupationnelles (9.49%).
Nous retrouvons une proximité entre les « attitudes et sentiments envers les technologies »
(classe 5) et le « mode d’utilisation des technologies » (classe 6). Ces deux classes abordent des
aspects complémentaires des nouvelles technologies : leur usage et leur représentation
(sentiments, émotions).
On observe ensuite que les autres classes sont toutes en opposition les unes avec les autres.
Cependant, on remarque que :
- deux classes concernent les stratégies et modes d’adaptations :« adaptation consécutive à
une limitation dans le quotidien » (classe 4 ) et « adaptation ergonomique de
l’environnement et aide technique » (classe 1)
- une classe traite du réseau familial et social et des activités occupationnelles (classe 3), ce
qui nous indique que la qualité du réseau a une incidence sur les activités des personnes
âgées
- une classe s’attache à la perception qu’ont les sujets sur leurs capacités perceptivo-
cognitives (classe 2)
298
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Afin de comprendre l’analyse, nous fournissons ci-dessous (cf. Tableau 73) un tableau
récapitulatif des résultats des Chi 2 (signés) pour les six classes ainsi que l’explication des clés
(i.e. mots pleins) et leurs poids en pourcentage.
Classes 1 2 3 4 5 6
Clés Poids 2766 3882 2039 5091 4467 2742
A. Adjectifs et adverbes 803 17 6 -7 -6 0 -7
B. Adverbes en "ment" 92 -3 -7 -1 23 0 0
D. Mois/jours 9 0 -2 21 0 -2 0
E. Epoques/ Mesures 4 0 0 0 5 -1 0
F. Famille 25 0 -5 9 0 -1 4
G. Lieux, pays 4 0 0 1 0 0 0
I. Interjections 170 -9 -8 -2 131 -11 -7
J. Nombres 68 4 2 6 -4 -11 0
M. Nombres en chiffre 496 13 11 0 -50 -1 13
N. Noms 3518 128 38 1 -75 -48 0
V. Verbes 2741 0 0 2 -8 0 8
W. Formes non reconnues et fréquentes 2 0 1 0 0 0 0
Y. Formes reconnues mais non codées 1150 -2 -8 7 -47 39 12
0. Mots outils non classés 380 3 -5 4 4 0 -6
1. Verbes modaux (ou susceptibles de l'être) 452 -9 0 -18 16 11 -1
2. Marqueurs d'une modalisation (mots outils) 1108 -30 -2 -3 41 0 0
3. Marqueurs d'une relation spatiale (mots outils) 425 0 8 6 0 -1 -5
4. Marqueurs d'une relation temporelle (mots outils) 457 -2 -1 22 2 0 -3
5. Marqueurs d'une intensité (mots outils) 834 -11 11 3 1 0 -7
6. Marqueurs d'une relation discursive (mots outils) 2630 1 -1 -1 0 0 0
7. Marqueurs de la personne (mots outils) 2105 0 0 12 2 -11 0
8. Démonstratifs, indéfinis et relatifs (mots outils) 1993 -102 -20 -12 66 52 0
9. Auxiliaires être et avoir (mots outils) 1521 0 -1 -31 1 9 0
Tableau 73. Tableau des Chi 2 (signés) des six classes avec l’explication des clés et leurs poids en pourcentage
Nous allons voir le contenu de chacune de ces classes en détail afin de mieux les
comprendre et les analyser.
Le vocabulaire spécifique de la classe 1 (cf. Encadré 1) est composé, pour les scores les plus
élevés (i.e. occurrences), de mots relatifs à des lieux, des objets et des parties du corps. Cet
univers renvoie à la fois aux limites corporelles dues au vieillissement normal [main (22), jambe
(13), dos (14), équilibre (21)] et pathologique [chuter (14), arthrose (16), douleur (25)], mais
aussi aux possibilités techniques existantes qui sont mises en place et utilisées [aide (22), douche
(italienne) (34), canne (26), fauteuil (12), lit (20), déambulateur (20), rampe (25), rehausser
(16)]. Les problèmes énoncés sont liés à des difficultés de type physique et moteur. On retrouve
dans cette classe l’explication des difficultés vécues par les répondants et ce qui a été mis en
place pour les minimiser ou les pallier.
299
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Encadré 1. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe 1 analysé par Alceste (les
chiffres entre parenthèses correspondent aux nombre d’UCE où apparait chaque terme)
Les répondants les plus représentés dans cette classe sont octogénaires (X2 = 4.26) ou
nonagénaires (X2 = 10.85), et vivent pour la plupart en Suisse (X2 = 9.90), en maison de retraite
(X2 = 20.64) ou en appartement thérapeutique (X2 = 8.85).
Les marqueurs du discours [sur-représentation des noms (X2 = 128) et des adjectifs (X2 =
17)] amènent un style clairement descriptif avec des quantifications, ce qui renvoie à une posture
de témoin (cf. Tableau. 73). Cette posture est utilisée lorsque le sujet décrit une situation comme
une image, souvent sans avoir de pouvoir dessus, ou de possibilité d’action ou d’engagement
(Reinert, 2008). Cette posture peut témoigner que le sujet n’a pas de prise sur les propositions
qui sont faites, et les applique sans forcément en avoir le choix.
Le vieillissement est abordé à travers les limitations physiques qu’il engendre, mais surtout
par les compensations utilisées pour pallier ces pertes et difficultés. Les sujets témoignent de
leurs déficits et des stratégies ou des systèmes d’aide qui sont mis en place pour rester au
maximum fonctionnels et autonomes. En effet, ils évoquent des aides techniques les plus
communes, étant celles recommandées par les critères standards (e.g. ergonomie de
l’environnement, etc.) ; c’est là que se manifeste leur position de « témoin ». [douche+ (X2 =
200.33) ; toilette+ (X2 = 154.76) ; canne+ (X2 = 150.13) ; rampe+ (X2 = 136.85) ; deambulat+
(X2 = 113.06) ; rehauss+er (X2 = 96.10) ; lit+ (X2 = 88.97) ; siege+ (X2 = 47.66), etc.](cf.
Encadré 2).
Sujet 81 : En plus avec mon essoufflement, c’est difficile de me déplacer. J’utilise une canne
et je fais régulièrement des pauses. Parfois si le siège est trop bas j’ai besoin d’aide pour
me relever. La salle de bain et les toilettes sont adaptées, avec des rampes, des toilettes
rehaussées et une douche italienne.
Sujet73 : J’ai des mains d’horloger, mes ancêtres l’étant. Pour me lever du lit j’utilise cet
outil (potence), j’ai un lit électrique. Je me lave seul, mais la salle de bain est équipée de
rampes et d’une douche à l’italienne.
Sujet 67 : On s’aide mutuellement avec mon mari et j’ai un déambulateur et une canne.
Pour la douche on s’aide mutuellement avec mon mari.
300
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Cependant, dans cette partie du corpus, on ne remarque pas de techniques ou des stratégies
plus individuelles d’adaptation, comme par exemple un aménagement personnel de
l’environnement, ne plus utiliser les parties hautes des meubles pour le rangement, ou ne plus
accéder aux étages supérieurs. En effet, les problèmes évoqués dans cette classe sont en majorité
physiques et somatiques, et les systèmes de compensation sont le plus souvent proposés par des
professionnels, ce qui diminue les catachrèses – au sens ergonomique – c’est-à-dire de détourner
l’objectif d’un objet, d’un outil ou d’action pour d’autres usages que ceux prévus initialement
(e.g. utiliser le téléphone portable pour faire une liste, pour des rendez-vous, etc.). Ce constat
pourrait aussi expliquer la posture descriptive de témoin.
Nous pouvons encore constater que les modes de vie, en maison de retraite et en
appartement thérapeutique, sont automatiquement mis aux normes ergonomiques puisque les
législations françaises et suisses fixent cette obligation. Cette spécificité fait que les aides sont
présentes et donc connues et utilisées. On remarque également que ces systèmes d’aide
correspondent aux lieux de la salle de bain, des toilettes ou de la chambre [bain+ (X2 = 156.36) ;
salle+ (X2 = 136.42) ; etablissement+ (X2 = 8.41) ; chambre+ (X2 = 7.31)], c’est-à-dire des
lieux ou la personne fait ses auto-soins (i.e. faire sa toilette, se doucher, se changer, éliminer,
etc.) et qui sont des actes qui attestent de l’autonomie ou pas de la personne. Enfin, comme nous
l’avons relevé, la majorité de nos répondants sont en maison de retraite ou en appartement
thérapeutique, et ne préparent donc pas leur repas (acte fortement relié à l’autonomie). C’est
peut-être pour cette raison que nous n’observons pas d’aménagement d’autres parties de
l’habitat, comme la cuisine :
Sujet 68 : Il y a une aide-soignante qui m’aide un peu pour ma douche. La salle de bain et
les toilettes sont adaptées avec des rampes, des toilettes rehaussées et une douche italienne.
Sujet 66 : Pour me lever j’ai besoin de la potence, c’est plus facile. J’ai un lit électrique. On
m’aide pour la douche.
Sujet 54 : La salle de bains et les toilettes ont des rampes et ils ont mis une douche à
l’italienne.
Enfin, les problèmes en lien avec les parties du corps énoncés sont similaires aux difficultés
trouvées dans l’étude de la littérature scientifique (cf. Cadre théorique). En effet, les parties du
corps qui sont évoquées [ jambe+ (X2 = 77.84) ; dos (X2 = 64.36) ; main+ (X2 = 60.19) ;
hanche+ (X2 = 46.55) ; genou+ (X2= 25.16) ; epaule+ (X2 = 23.87)], ainsi que les problèmes
afférents [douleur+ (X2 = 151.56); equilibre+ (X2 = 105.97) ; lev+er (X2 = 77.06) ; chut+er
(X2= 54.87) ; tremblement+ (X2 = 35.67) ; perte+ (X2 = 35.26) ; force+ (X2 = 34.75) ; faible+
(X2 = 17.78) ; essouffl+er (X2 = 11.89) ; vertige+ (X2 = 8.41) ; difficile+ (X2 = 8.28) ; lave+ (X2
= 3.70)] sont en lien avec les pathologies relevées dans la partie théorique [arthrose (X2 =
82.02) ; accident+ (X2 = 21.72) ; rhumatisme+ (X2 = 17.78) ; parkinson+ (X2 = 13.28) ;
fracture+ (X2 = 11.89) ; vasculaire+ (X2 = 8.41) ; cerebra+l (X2 = 8.41)]. D’ailleurs, les verbes
301
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
d’actions semblent être les conséquences de ces deux éléments (i.e. partie du corps et problèmes
rencontrés) cités précédemment [lev+er (X2 = 77.06) ; chut+er (X2= 54.87) ; ramass+er (X2 =
28.90) ; deplac+er (X2 = 25.50) ; asseoir. (X2 = 23.73) ; reper+er (X2 = 23.12) ; ecrire. (X2 =
18.06) ; utilis+er (X2 = 14.88) ; soign+er (X2 = 13.96) ; souffrir. (X2 = 11.89) ; deplace+(X2 =
34.75) ; marche+ (X2 = 31.43) ; risqué+ (X2 = 29.70)].
73 J ai des #mains #d horloger, mes ancetres l etant. #pour #me #lever du #lit j
utilise cet #outil, potence, j ai un #lit #electrique. je #me lave #seul, mais la
#salle de #bain est equipee, de #rampes #et d une #douche à l#italienne.
67 On s #aide mutuellement avec mon mari #et j ai un #deambulateur #et une #canne.
#pour la #douche on s #aide mutuellement avec mon mari.
Cette première classe nous montre que les sujets connaissent certaines aides techniques
mises en place dans leur environnement et qu’ils en sont globalement satisfaits. Par ailleurs, on
remarque qu’ils évoquent souvent leurs déficits à travers les activités quotidiennes qu’ils
effectuent (e.g. se laver, marcher, etc.). Ces informations semblent importantes pour pouvoir
effectuer un diagnostic de leurs difficultés.
302
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Encadré 3. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe 2 analysé par Alceste (les
chiffres entre parenthèses correspondent aux occurrences de chaque terme)
Cette classe est en majorité représentée par les répondants de plus de 90 ans – lorsqu’il y a
une vraie perte de ces capacités (X2 = 2.78) et par les personnes vivant en Suisse (X2 = 7.22). Les
marqueurs du discours [je (X2 = 22.42) ; me (X2 = 10.14) ; mes (X2 = 9.61)] montre une
réflexion personnalisée, où le sujet énumère ses difficultés. Par ailleurs, comme pour la classe 1,
on retrouve un discours avec une sur-représentation des noms (X2 = 38) et des adjectifs (X2 = 6),
donc de nouveau une posture descriptive de témoin (cf Tableau 73).
Dans cette classe, on relève que les interviewés abordent encore le vieillissement sous
l’aspect des difficultés et des modes de compensation. Ils évoquent un sujet très sensible et
source de beaucoup d’angoisses : les capacités cognitivo-perceptives et leurs éventuelles
détériorations [lecture+ (X2 = 67.28) ; mémoire+ (X2 = 65.25) ; audit< (X2= 62.97) ; pres (X2 =
55.42) ; lis (X2 = 50.81) ; souvenir+ (X2 = 50.81) ; lire+ (X2= 46.08) ; difficulte+ (X2 = 48.17) ;
lecture+ (X2 = 46.08) ; vue+ (X2= 41.51) ; date+ (X2 = 32.45) ; oubli+e (X2 =32.10) ; fil (X2 =
27.53) ; problem< (X2 = 23.82); bruit+ (X2 = 23.67); oubli+ (X2 = 19.05) ; loin (X2 = 16.69) ;
baisse+ (X2= 14.28) ; attenti+f (X2= 9.19) ; perdu+ (X2 = 6.34) ; mauvais+ (X2 = 3.59)]. Cette
fois, on retrouve des liens avec des stratégies de compensation, mais à deux niveaux (cf. Encadré
4) :
- un premier concerne comme dans la classe 1, des interventions médicales ou des aides
fonctionnelles « standards » [lunette+ (X2 = 367.18) ; loupe+ (X2 = 65.92) ; operat< (X2
= 32.75) ; casque+ (X2= 19.05) ; prothese+ (X2 = 18.68) ; foyer+ (X2 = 18.60) ; paire+
(X2 = 14.28) ; oper+er (X2 = 8.97) ; traitement+ (X2 = 5.08) ].
Sujet 48 : Je ne vois que d’un seul œil et j’ai une dégénérescence maculaire, je porte des
lunettes à double foyers. Je lis des articles que je comprends bien.
303
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Sujet 43 : J’ai eu une opération de la cataracte d’un œil, qui est bien rétabli. Mais l’autre
œil est défaillant et inopérable.
Sujet 52 : J’ai des difficultés pour les choses récentes alors j’ai un agenda et un tableau
pour les noter.
Sujet 37 : J’ai toujours du papier et un crayon dans mon sac s’il faut que je note des choses
importantes au cas où, pour pas oublier.
Cependant, malgré l’angoisse engendrée par les pertes cognitives, il n’y a pas de trace de
sentiments, d’émotions, et d’affects négatifs. Les sujets ont tendance à dresser la liste de leurs
pertes de manière assez neutre, voire positive comme pour expliquer ou prouver qu’ils s’y
adaptaient. Il est toutefois probable qu’ici nous ayons affaire à un effet de « désirabilité
sociale 31», car les difficultés cognitives renvoient habituellement à une vision de « sénilité »
voire de « folie ».
Enfin, les parties du corps [oreille+ (X2 = 52.77) ; œil (X2 = 41.80) ; yeux (X2 = 41.50) ;
retine (X2 = 19.05)] et les pathologies associées [cataracte (X2 = 96.84) ; elocution (X2 = 33.45) ;
degenerescence (X2 = 23.84) ; maculaire(X2 = 23.84)] sont en lien avec les résultats
épidémiologiques relevés dans notre analyse de la littérature concernant les difficultés
perceptives (cf. Cadre théorique).
31
La désirabilité sociale : biais qui consiste à se présenter sous un bon aspect à ses interlocuteurs ou à avoir un
comportement que l’on pense en lien avec leurs attentes.
304
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
45 #J #ai des #lunettes mais #je #vois sans et #je peux #lire sans. #J #ai #deux
#protheses #auditives. #je #perds #parfois le #fil du discours dans des #longues
#conversations.
43 #J #ai les deux #yeux #operes de la #cataracte, ça a #bien joue. #je #porte des
#lunettes. #J #ai aussi deux #protheses #auditives.
42 #J #entends #moins #bien, #je #mets un #casque pour la television. #je #parle
#francais, italien et #anglais. #je #lis des romans policiers sans #difficultes. ma
#memoire ça va, #j #ai un peu de #difficultes pour me #souvenir mais ça va. #je #note
mes #rendez-vous sur un #calendrier. #je #conduis et #je ne me #perds pas, #je fais
des longs trajets d une #heure trente.
33 #J #ai des #problemes pour #voir de #pres et de #loin mais avec mes #lunettes
ca va. ma #vue #baisse a-cause du diabete. tous les 6 #mois, #j #ai un rendez-vous
chez l ophtalmologue pour un #controle.
Comme pour la première classe, on note que les déficits sont amenés directement par les
activités de la vie quotidienne comme la lecture, ou les activités de divertissement (e.g. la
télévision, les sorties, etc.). On relève également que deux déficits semblent revenir de manière
récurrente chez les sujets de cette classe, les problèmes liés à la mémoire et à la vision. On
comprend facilement la place centrale de ces deux capacités pour le maintien de l’autonomie qui
est important pour ce public.
Cette classe (cf. Encadré 5) est majoritairement constituée par des figures profanes
[ami+(33), famille+(44), voisin<(12), enf+ant(23), locataire+(5), frere+(6), etc.], mais aucun
professionnel de la santé n’apparait. Effectivement, on observe l’émergence de l’univers du
quotidien des personnes interviewées (i.e. réseaux amical et familial, objets, temporalités, lieux,
activités routinières) qu’elles se sont appropriées en dehors de toute référence à des figures
d’experts et notamment des professionnels de santé.
Encadré 5. Exemple du vocabulaire spécifique avec les scores les plus élevés de la classe 3 analysé par Alceste
305
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Cette catégorie est représentée en majorité par les répondants qui ont la soixantaine (X2 =
2.12) et il n’y a pas de différence significative entre Français et Suisses. Les marqueurs du
discours [ma (X2 = 56.41) ; mes (X2 = 38.44) ; leur (X2 = 7.59) ; nos (X2 = 6.98) ; mon (X2 =
6.38) ; se (X2 = 5.43) ; eux (X2 = 4.65)] montre l’appropriation du réseau et aussi sa
construction.
En effet, l’univers familial (suggéré par la catégorie F (famille), X2 = 1) est fortement inscrit
dans le temps (sur-représentation des catégories D : mois/jours ; et 4 : marqueurs de relations
temporelles : X2 = 21 ; X2 = 22) et secondairement dans l’espace (catégorie 3 : marqueurs d’une
relation spatiale ; et G : lieux, pays, X2 = 6 ; X2 = 1). Cet univers est personnalisé (catégorie 7 :
marqueurs de la personne, X2 = 12) et montre des pronoms possessifs en première personne
suggérant des appropriations, et un discours jalonné de quantifications (catégorie 5 : marqueurs
d’intensité ; et J : nombre, X2 = 3 ; X2 = 6), révélant de nouveau une posture principale de
témoin (cf. Tableau 73).
Cette classe est dominée par les figures profanes dont la famille et les amis restent les chefs
de file [ami+ (X2 = 248.73) ; famille (X2 = 218.74) ; residents (X2 = 74.15) locataire+ (X2 =
46.16) ; frere+ (X2 = 45.87); enf+ant (X2 = 44.04); sœur+ (X2 = 32.28) ; gens (X2 = 28.59) ;
monde+ (X2 = 22.85) ; fille+ (X2 = 21.16) ; mari+ (X2 = 12.30) ; collegue+ (X2 = 10.98) ;
personne+ (X2 = 7.50) ; chien+ (X2 = 6.45) ; femme+ (X2 = 5.17) ; femme (X2 = 4.13) ; maman+
(X2 = 4.95) ; fils (X2 = 4.61)].
Comme nous l’avons constaté, nous ne retrouvons pas de professionnel de la santé dans le
réseau social, et ce constat est le même pour les personnes vivant en maison de retraite ou en
appartement thérapeutique. De plus, les répondants peuvent parfois citer de nombreuses
personnes dans leur réseau, mais sans avoir pour autant de conversations intéressantes ou de
sorties avec elles (cf. Analyse du questionnaire).
On relève aussi que les personnes qui sont citées par nos répondants correspondent à celles
qui sont relevées par d’autres enquêtes sur les « aidant naturels » (i.e. femme, fille, famille, frère,
sœur, enfants, mari, fils, etc.), et qui assurent et organisent souvent les activités de la personne
âgée (Secall & Thomas, 2005).
Il est notable que la seule aide technologique qui ressorte dans cette classe soit le lave-
vaisselle [vaisselle+ (X2 = 16.36) ; lave+ (X2 = 10.85)], ce qui suggère que les rencontres se
font souvent autour du repas, et ce qui est d’ailleurs corroboré par la temporalité [repas (X2 =
38.70) ; dimanche+ (X2 = 27.96) ; regulier+ (X2 = 21.46)] (cf. Encadré 6). On peut encore
relever que les marqueurs de l’intensité et de nombre montrent que les seniors font le bilan de la
qualité de leur réseau social et relève la fréquence des visites et des rencontres (i.e. souvent,
rarement, jamais, etc.).
306
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Sujet 33 : je vais très souvent voir une autre locataire ou chez des amis pour diner ou chez
mes enfants.
Sujet 44 : je rends très souvent visite à mon frère et à mon fils et on va au restaurant tous
les dimanches.
Les émotions suscitées par le réseau social et les activités ont une valence très positive,
attestant de l’importance que nos sujets portent à leur réseau social [satisfait+ (X2 = 13.01) ;
heur+eux (X2 = 9.13) ; plaisir+ (X2 = 6.45) ; ador+er (X2 = 3.43)]. Cependant, on note une
diminution des visites à l’extérieur et une préférence pour recevoir les visites à domicile comme
nous l’avons d’ailleurs constaté lors de l’analyse quantitative. Les difficultés de déplacement et
la nécessaire adaptation ergonomique du domicile pourraient expliquer ce fait (classe 1 : en
particulier les toilettes et la salle de bain).
Sujet 41 : je rends rarement de visites car je dois être transportée dans un véhicule spécial,
mais je téléphone tous les jours à ma belle-sœur. Je reçois souvent la visite de ma famille et
d’amis.
Sujet 39 : je vais rarement chez les autres et je reçois peu. Parfois j’invite un locataire pour
manger. Je discute souvent avec le jardinier et je téléphone à la famille.
Sujet33 : Je ne rends jamais de visite à l’extérieur, je ne sors plus. Tous les deux jours je
reçois la visite de mes filles et souvent mes petits-enfants viennent.
39 je #vais #rarement #chez les #gens, 2 fois #par #semaine je #vais voir #ma
#voisine et je vois #ma #famille. je ne #recois que de la #petite #visite.
Pour cette classe, on relève que le réseau social est important pour les personnes âgées, et
que celui-ci est surtout construit autour de la famille, des amis, des voisins, etc., mais que les
307
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
professionnels de santé sont absents. Ce constat peut soulever un questionnement à deux niveaux
concernant la prise en charge médico-sociale :
- d’abord, que la prise en charge des différentes problématiques de santé des seniors, ne
sera pas précoce si le suivi n’est pas régulier ;
- ensuite, un questionnement autour de la cause de cette absence, qui peut-être due à une
mauvaise coordination du système de santé, ou à une pénurie de professionnels de santé
pour cette population.
La classe 4 (cf. Encadré 7) contient principalement des verbes d’action [laver(24) ; dire
(18), arriver (35), mettre (23), marcher (12), monter (9), repasser(5)] ainsi que des lieux
difficiles d’accès [escalier (7), étage (5), rue (4)] . Les personnes évoquent des difficultés pour
effectuer des actes, ou pour accéder à des lieux spécifiques.
Encadré 7. Exemple du vocabulaire spécifique avec les scores les plus élevés de la classe 4 analysé par Alceste
Cette classe est surreprésentée par les répondants septuagénaires (X2 = 15.17), vivant en
France (X2 = 69.39) et en famille (X2 = 123.52) comme nous l’avons constaté dans l’analyse des
questionnaires (i.e. classe surreprésentée dans les difficultés physiques et le déplacement).
L’univers lexical est marqué à la fois par de nombreuses hésitations, surprises ou émotions
(sur-représentation des interjections de la catégorie I : hein, ben, euh, ouais, ah, oh, bah, X2 =
123), des précisions (sur-représentation des adverbes en -ment de la catégorie B, X2 = 23), des
impératifs/contraintes (sur-représentation des verbes modaux de la catégorie 1 : falloir, dire, X2 =
16), et des modalisations (sur-représentation de la catégorie 2 : non, oui, ne pas, quand même,
qui amène des idées de nuances, de limitations, d’affirmation, X2 = 41), ainsi que de
démonstratifs indéfinis et relatifs (catégorie 8 qui introduit des pronoms relatifs amenant l’idée
d’une construction lexicale argumentative, X2 = 66) (cf.
Tableau 73). Cette analyse constitue autant de révélateurs d’une posture réflexive de
« patient ». La posture du patient, pour reprendre la terminologie de Reinert (2008), conduit au
raisonnement, à la réflexion, à la prévision et à la compréhension.
308
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Les problèmes énoncés [mal (X2 = 13.63) ; fatigu + (X2 = 9.98) ; lourd+ (X2 = 9.68) ;
tomb+er (X2 = 4.95)] évoquent des limitations et des difficultés. Il y a dans cette classe la
présence de marqueurs de temporalité [frequ+ent (X2 = 13.01), quand (X2 = 10.89) ; avant (X2 =
9.12) ; habitu< (X2 = 8.31) ; après (X2X2 = 5.34)] qui marquent le bilan « avant et maintenant »,
qui note l’adaptation consécutive à une limitation dans le quotidien (cf. Encadré 8).
Sujet 31 : Mais l’année dernière je le faisais encore bon si je monte plus à l’échelle et
l’escalier, je marche sans contraintes dans ma maison.
Sujet 20 : Avant je marchais avec une canne, maintenant je marche sans canne alors
j’essaye de faire. Mon médecin m’a dit de marcher tout doucement et ça va aller, hein.
Sujet 16 : Quand ils étaient petits, mes petits fils, on partait euh on faisait dix, quinze
kilomètres avec maman, avec leur poussette, on passait dans les bois, dans les chemins pour
pousser la poussette et on les soulevait.
L’aspect émotionnel relié à la perte [plaisir (X2 = 5.45), souci+ (X2 = 4.95) ; satisfait+ (X2
= 13.01) ; plaisir+ (X2 = 6.45)] relève souvent de la satisfaction des capacités restantes ou
fonctionnelles. Cette fois encore le biais de désirabilité sociale semble amener nos répondants à
se montrer très autonomes, mais les difficultés évoquées dans cette classe suggèrent des
limitations importantes vécues par ce public.
Sujet 18 : Ce-que je faisais, comme pour laver le par terre, quand je finis de laver, j’en ai
marre, je suis fatiguée, alors qu’avant je faisais des kilomètres pour ranger.
Sujet 17 : l’hygiène, non de ce côté-là, non tout va bien, on se lave, on fait ce qu’il-y-a à
faire non puis on n’est pas… non tout va bien.
Enfin, cette classe montre de nouveau un lien entre les capacités d’adaptation mises en place
et l’analyse de la littérature scientifique, comme prendre plus de temps, utiliser une personne
aidante ou faire preuve d’ingéniosité et de catachrèse pour individualiser la compensation.
Sujet 18 : je mets plus de temps qu’avant et encore, là j’appelle mon beau-fils pour remettre
le matelas.
Sujet 20 : j’ai eu du plaisir quand je ne pouvais plus tirer ma bétonnière pour la mettre
dans le chalet et que j’ai fait un attelage pour le mettre derrière le motoculteur, alors là, j’ai
eu du plaisir, j’ai même fait deux fois le tour du verger avant de rentrer.
309
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
18 je mets plus-de temps #qu #avant et #encore, la j appelle mon beau-fils pour
#remettre le matelas. #D #habitude, ce-que je #faisais, #comme pour #laver le par
terre, #quand je #finis de #laver, j #en ai #marre, je #suis #fatiguee, #alors #qu
#avant je #faisais des #kilometres pour ranger.
#non je monte tres #facilement les #escaliers. j’ai du #mal #a #soulever des
objets #lourds a-cause de mon epaule #qui me #fait #mal. ca me #gene dans 80 %de
mes #taches. je #dois #toujours penser #a mon epaule #quand je #fais quelque-chose.
je #dois #pas #y aller trop fort #sinon ca me #fera #mal.
17 J #arrive mieux #a l #oral #qu #a l #ecrit. C est trouver les #mots justes !
trouver les # mots justes. je ne serais #pas #quoi #mettre #a l #ecrit #tandis #qu
#a l #oral #bon #ben ca passer ai beaucoup mieux.
Encadré 8. Exemples de verbalisation concernant l’ « Adaptation consécutive à une limitation dans le quotidien »
(classe 4)
Cette classe nous montre deux aspects que nous avions relevés dans notre état de l’art.
D’abord que ce public souffre de difficultés diverses et importantes dans le quotidien, ensuite
qu’il a une capacité et une volonté d’adaptation. Cet élément est important du point de vue des
gérontotechnologies, puisque si elles sont perçues comme utiles et utilisables en répondant à un
besoin (e.g. déficits, etc.), elles auront sans doute plus de chance d’être acceptées et utilisées.
Cette classe reprend des verbes d’action [aider (25), apporter (13), trouver (28), dépendre
(8), expliquer (6), importer (4), intéresser(7)], ainsi que des sentiments et des ressentis ambigus
et paradoxaux, mais qui restent plutôt positifs dans l’ensemble [facilité (13), utile (14),
content(16), compliqué(20), positif(5), simple(12), peur(12), sentiment(7), bonne(15), génial (2),
énerver (4), inspirer (3), améliorer (4)] contrairement à ce qui aurait pu être attendu concernant
la relation de cette population aux technologies.
Encadré 9. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe 5 analysée par Alceste
310
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Cette classe est personnifiée par les répondants vivant en Suisse (X2 = 3.75), par le mode de
vie en maison de retraite (X2 = 9.36) et par les professions intermédiaires (X2 = 7.68).
On relève l’expérience, le bilan ainsi que le consensus (moi, on, nous, ils). L’univers lexical
montre une sur-représentation des catégories Y et 8 (démonstratifs, indéfinis et relatifs) qui
soulignent un aspect descriptif du discours (X2 = 39, X2 = 52), mais la présence de la catégorie 1
(adjectif et adverbe : pouvoir > vouloir) montre l’ambivalence entre les possibilités et les
capacités (X2 = 11). Enfin, la sur-représentation de la catégorie 9 (auxiliaires être/avoir employés
surtout au présent et – dans une moindre mesure – à l’imparfait (X2 =9)) montre le temps de la
narration (cf. Tableau 73). Ces marqueurs du discours montrent une posture de patient. Cette
posture est souvent synonyme de soumission pour le sujet qui la tient, et l’oblige à adopter des
habitudes ou des façons de penser qui ne sont pas les siennes, mais qu’ils s’approprient pour
former un nouvel imaginaire (Reinert, 2007). On remarque ainsi que les représentations des
technologies sont souvent imposées aux sujets par les médias, la famille, etc. et que le patient se
les approprie.
Il y a une forte présence de vocabulaire en lien avec les émotions, dans lequel, il ressort dans
l’ensemble avec une valence positive [util+e (X2 = 38.54) ; facilite+ (X2 = 31.41) ; content+ (X2
= 29.10); sentiment+ (X2 = 19.09) ; interess+er (X2 = X2 = 12.72) ; positi+f (X2 = 12.51) ;
interet+ (X2 = 7.18) ; curi+eux (X2 = 6.19) ; aim+er (X2 = 3.90)] (cf. Encadré 10). Cette classe
suggère une vision positive des nouvelles technologies car elles peuvent satisfaire différents
types de besoins en permettant la compensation de certains déficits liés à l’avancement dans
l’âge : besoins fonctionnels (e.g. achats par internet, réchauffer un plat, etc.), cognitifs (e.g.
apprendre, se renseigner, etc.), hédoniques (e.g. se divertir, jouer, se détendre, etc.), sociaux
(e.g. communiquer, etc.) :
Sujet 36 : Y’a des améliorations flagrantes de la vie quotidienne. Surtout pour certaines
personnes, comme les jeunes car ils ont l’habitude de ces technologies et peuvent les
utiliser. Je suis sûr que certaines personnes âgées seraient contentes comme par exemple
pour des robots électroménagers.
Sujet 27 : C’est utile, c’est un gain de temps, une facilité de certaines choses. Je les utilise
avec parcimonie. Les nouvelles technologies dans le milieu médical par exemple, et dans les
domaines de la santé pour aider par exemple les gens handicapés c’est génial.
Sujet 23 : Je l’ai fait justement au service informatique des handicapés et j’ai trouvé cela
hyper intéressant car il y a des tas de choses pour les malentendants, pour les gens qui ont
des problèmes de mobilité, enfin tout ce qui est à reconnaissance vocale dans ces domaines
là je trouve que c’est génial.
Sujet 22 : je pense que c’est magique, le fait de pouvoir revoir les images en touchant, par
exemple ce qu’on a filmé. Certaines technologies soulagent la vie, le travail par exemple.
311
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Cependant les émotions restent mitigées face aux aides [peur+ (X2 = 15.95), enerv+er (X2 =
6.56), cher+(X2 = 9.30), emploi+ (X2 = 12.51), securite+ (X2 = 25.17), compliqu+er (X2 =
25.17)]. Lors des questions fermées, les sujets interrogés ont peu évoqué la peur vis-à-vis des
technologies (2.6%), mais lors de la verbalisation, ce sentiment a souvent été évoqué. Ce double
mouvement émotionnel est aussi dû à la peur de déshumanisation de la société et à l’idée que les
technologies puissent remplacer l’homme dans des activités comme le travail. Certains des
répondants – pour les plus jeunes – ont vécu le remplacement des employés par des robots dans
l’industrie. Enfin le prix (i.e. catégorie « autre » dans l’analyse des « raison de la non utilisation
dans le questionnaire) et la complexité des technologies restent un frein à l’utilisation souvent
évoqué.
Sujet 36 : Oui cela serait très pratique, mais les nouvelles technologies coûtent très cher.
Sujet 35 : Ca dépend des situations. J’aime bien quand c'est pour communiquer, rapprocher
les gens ou pour aider quand on ne peut plus faire quelque chose. Mais je n'aime pas quand
ça réduit les emplois. Quand les gens sont remplacés par des robots. Par exemple, je n'aime
pas les caisses automatiques dans les supermarchés.
Sujet 34 : J’aime ce qui est nouveau, je suis curieuse. C’est bon, mais tant qu’elle nous sert
et qu’elle est utile. Mais si elle devient dominatrice et que l’on ne dépend que de ça, c’est
dommage.
Sujet 22 : C’est moderne et ça peut aider les personnes âgées. C’est le progrès, par exemple
les machines à laver ou à sécher le linge et c’est la facilité, avant on avait un fourneau à
bois et maintenant le chauffage électrique.
On observe que contrairement à nos attentes, les personnes sont très bien renseignées et
guidées – le plus souvent par la famille – concernant les possibilités technologiques, les réseaux
sociaux, etc. ; même s’ils ne souhaitent pas les utiliser souvent par peur de ne pas réussir, ou en
pensant que c’est trop compliqué [peur+ (X2 = 15.95) ; simple+ (X2 = 14.28) ; isole + (X2 =
9.30) ; enerv+er (X2 = 6.56].
312
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Sujet 28 : C’est bien parce que ça apporte des facilités de communication, de gestion, et de
compréhension de ce qui se passe autour de nous. Le bracelet antichute et la téléalarme
donnent de la sécurité.
Sujet 22 : Les technologies sont difficiles, compliquées, pas pour les jeunes, mais nous. J’ai
peur de l’avenir avec les technologies.
Cependant, même si les personnes âgées restent généralement positives par rapport aux
technologies, elles ne sont pas non plus dans une intention d’utilisation élevée, et voient plutôt
les avantages pour autrui (Cuddy, Norton, & Fiske, 2005). Effectivement, les répondants sont
paradoxaux, car ils sont capables de voir l’intérêt d’une aide pour une personne plus jeune ou de
leur âge, rencontrant les mêmes problématiques, mais ne pas considérer les mêmes avantages
pour eux-mêmes. D’ailleurs la temporalité amène ce même constat selon lequel la
« technologie » est plus facile pour les jeunes que pour les personnes âgées pour lesquelles
l’apprentissage est trop complexe [jeune+ (X2 = 35.98) ; rapid+e (X2 = 9.42) ; age+ (X2 = 8.31)
; vite (X2 = 4.40) ; tard (X2= 2.49)].
Sujet 28 : la technologie c’est l’évolution, les choses changent. Ça peut aider et diminuer la
dureté du travail. Je suis vieille maintenant c’est pour les jeunes.
Sujet 23 : Je trouve que c’est une très bonne chose et que ça facilite la vie. Par exemple le
Sécutel, c’est une excellente chose, mais pour moi, ça ne changerait pas grand-chose, à part
déranger mes petits enfants pour m’expliquer.
Sujet 22 : J’ai un sentiment positif, c’est toujours de mieux en mieux, mais je ne me sens pas
concerné. Je ne me sens pas concerné à cause de mon handicap et je ne m’y intéresse pas.
Sujet 20 : Ce n’est pas à mon âge que je vais apprendre ça. C’est un peu compliqué pour
moi. Les jeunes eux c’est automatique, moi ma télévision c’est encore compliqué, mon fils
m’a expliqué.
Sujet 19 : D’un côté c’est bien pour les jeunes, mais quand on arrive à un certain âge, on
n’est plus attiré par ça, en tout cas pour moi. Ça apporte des bonnes et des mauvaises
choses. Ce n’est pas très bon pour les jeunes, mais d’autres disent que c’est indispensable
pour leur travail.
313
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
26 je #n’aime #vraiment pas les #robots. la #technologie #ca devrait #aider l'
#homme. je vois aucun #interet a envoyer toutes #ces #choses dans l'espace. #ca #sert
a rien. bah je viens de #repondre. c'-est bien pour chercher des informations #sur les
voyages, rester en #communication.
22 les #technologies sont difficiles, #compliquees, pas pour les #jeunes mais
#nous. J ai #peur de l avenir avec les #technologies.
Encadré 10. Exemples de verbalisation concernant l’« Attitudes et sentiments envers les technologies » (classe 5)
Cette classe vient confirmer nos conclusions précédentes, et montre des seniors intéressés et
curieux vis-à-vis de la technologie. Cependant, elle amène aussi l’idée que la technologie doit
être présentée, et qu’il doit y avoir un accompagnement dans l’apprentissage et l’utilisation, aussi
bien pour le senior que pour l’aidant, puisque ce dernier a aussi un rôle dans l’acceptation du
système proposé. Lorsque la technologie est connue, et considérée comme utile, l’émotion et les
représentations deviennent plus positives et à l’inverse, lorsqu’elle est fantasmée, elle devient
source d’angoisse et de rejet.
Enfin, dans cette dernière classe (cf. Encadré 11), les sujets font l’inventaire des
technologies qu’ils possèdent et expliquent l’utilisation qu’ils en font. Le vocabulaire dominant
est donc de celui des types technologies [lecteur (24), dvd (17), ordinateur (28), télévision (42),
téléphone (60), micro-onde (10)] et on remarque une présence de verbes d’action concernant
l’utilisation [porter (54), appeler (22), divertir (5), rechercher (6), utiliser (41), regarder (14),
apprécier (2), réchauffer (5)].
Encadré 11. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe 6, analysé par Alceste
Cette classe est globalement dominée par le discours des hommes (X2 = 2.11) qui vivent en
couple (X2 = 2.19). Les marqueurs du discours sont peu nombreux [lui (X2 = 4.33), ces (X2 =
2.64), sa (X2 = 2.51)] et montrent une posture d’acteur qui amène généralement un engagement
(Reinert, 2008), ce qui montre l’implication du sujet dans l’utilisation des technologies. Cette
posture reste présente tout au long de cette classe où les répondants voient l’utilité des aides
314
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
technologiques pour des sujets qui ont les mêmes problématiques qu’eux, mais pas pour eux-
mêmes (cf. classe précédente). C’est la seule classe avec cette posture d’acteur où les personnes
peuvent évoquer des engagements et agir. L’univers lexical montre l’aspect descriptif du
discours (X2 = 13 ; X2 = 12) et les catégories F (Famille) et V (verbe) (X2 = 4 ; X2 = 8) suggèrent
des actions faites avec la famille, sans doute la partie relative à l’aide ou à l’apprentissage avec
les technologies (cf. Tableau 73
Dans cette classe, il s’agit d’un passage en revue des objets technologiques qu’ont les
répondants, et on remarque qu’une part importante (chi2 les plus élevés) sont des technologies
numériques [telephon+16 (X2 = 152) ; lecteur+ (X2 = 146.40) ; DVD (X2 = 114.16) ;
television+ (X2 = 79.56) ; ordinateur+ (X2 = 62.77) ; Ipad (X2 = 32.48) ; chaine+ (X2= 28.57) ;
cd (X2 = 26.51) ; photo+ (X2 = 20.95) ; tablette (X2 = 12) ; appareil+ (X2 = 5.95) ; radio+ (X2 =
7.17]). Par ailleurs, cette classe semble montrer qu’ils savent les utiliser car ils évoquent
comment et pourquoi ils les utilisent [aid+er (X2= 48.49) ; trouv+er (X2 = 39.48) ; apporter (X2
= 39.42) ; servir (X2 = 25.70) ; expliqu+er (X2 = 15.78) ; communiqu+er (X2 = 13.80) ;
import+er (X2 = 13.54) ; détendre (X2 = 13.20) ; pouvoir : (X2 = 12.14) ; pouvoir+ (X2 = 9.87) ;
donn+er (X2 = 8.86) ; appel+er (X2 = 8.62) ; amélior+er (X2= 6.56) ; apprendre (X2= 5.73) ;
vouloir (X2 = 4.19) ; achet+er (X2= 4.02)].
Sujet 48 : J’ai un téléphone portable, une télévision, une radio cd et un four micro-ondes.
Le micro-onde me permet de réchauffer rapidement et ça cuit en deux minutes, sans
beaucoup de vaisselle.
Sujet 33 : j’ai une télévision, un téléphone portable, et une chaine hifi. La télévision c’est
pour me mettre au courant, elle permet de me divertir, j’aime les jeux comme questions pour
un champion.
Sujet 32 : j’ai un téléphone portable, une télévision, un lecteur dvd et deux ordinateurs
portables. Par exemple, on fait des achats par internet, on fait des recherches, mais pas très
souvent.
Sujet 27 : j’ai un téléphone portable et la télévision. C’est mon fils qui m’a donné son
ancien téléphone. Je peux téléphoner quand je rentre tard du loto.
315
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Sujet 26 : les prothèses auditives, j’apprécie dehors pour pouvoir entendre les oiseaux. Le
micro-onde, ça fait gagner du temps si je veux réchauffer les restes. Le téléphone portable,
c’est surtout à l’extérieur pour appeler s'il y a un problème.
Dans la continuité des deux classes présentées précédemment, cette classe suggère que les seniors
sont capables d’avoir une bonne expertise des technologies, qu’ils connaissent, et surtout qu’ils utilisent, et
donc, qu’ils pourraient également être de bons utilisateurs des gérontotechnologies si la conception et la
présentation du produit étaient bien faites, et qu’ils puissent l’utiliser avant de le choisir.
316
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Encadré 13. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe Suisse, analysé par
Alceste
Puis celui de la classe France (760 uce classées soit 60.95 % du corpus) (cf. Encadré 14).
Encadré 14. Exemple du vocabulaire spécifique avec les termes les plus fréquents de la classe France analysé par
Alceste
Dans un second temps, nous nous sommes intéressés aux spécificités des représentants de
ces deux classes. Nous avons alors remarqué que la classe Suisse était représentée par les
répondants octogénaires (X2 = 237), et nonagénaires (X2 = 81), et qu’ils vivaient majoritairement
en appartement thérapeutique (X2 = 244) ou en maison de retraite (X2 = 168).
Pour la classe France les répondants étaient sexagénaires (X2 = 195) et septuagénaires (X2=
251) et constitués majoritairement par la catégorie des déficiences cognitives (X2 = 197). Les
modes de vie les plus présents étaient en couple (X2 = 298), en famille (X2 = 115), en foyer (X2 =
20), ou seul (X2 = 140).
Comparaison en tris croisés concernant la présence des professionnels de santé, les pathologies, et
les déficits chez les classes de Français et de Suisses
Nous remarquons que la classe composée des répondants Suisses évoque des pathologies en
employant des termes médicaux précis [cataracte (X2 = 8.18), arthrose (X2 = 6.99),
dégénérescence maculaire (X2 = 3.54)] contrairement à la classe composée des Français. Cette
observation est aussi présente pour la catégorie « déficits » où il y a plus de précisions et un
vocabulaire plus technique dans la classe Suisse [ peine+ (X2 = 9.98), risque+ (X2 = 7.83),
equilibre+ (X2 = 4.73), lumiere+ (X2 = 3.54), mémoire (X2 = 3.16), maladie+ (X2 = 2.80),
bruit+ (X2 = 2.82)] alors qu’à l’inverse la classe des Français emploie un vocabulaire très
317
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
généraliste [difficulte+ (X2 = 7.54), repere+ (X2 = 5.16), attenti+f (X2 = 4.80)] (cf. Tableau 74).
Cette spécificité pourrait s’expliquer en partie par le fait que les Français de notre échantillon
vivent en majorité seuls, et sont surreprésentés par des répondants évoquant des difficultés
cognitives, alors que le groupe Suisse est majoritairement en appartement thérapeutique et en
maison de retraite, de ce fait, ils ont accès à de l’éducation thérapeutique et ont aussi un discours
imprégné par celui des professionnels qu’ils côtoient au quotidien [personnel+ (X2 = 3.59)].
Sujet 20 (Suisse) : je fais des exercices pour l’équilibre que le kinésithérapeute m’a donné.
Pour la toilette, je fais tout toute seule.
Sujet 24 (France) : je fais du tricot et du jardinage. Par contre, j’ai des difficultés
pulmonaires et j’ai beaucoup de difficultés quand je me déplace, j’utilise un déambulateur.
Comparaison en tris croisés concernant les objets du quotidien/ technologies, dans les classes de
Français et de Suisses
318
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Tableau 75. Comparaison (tri croisé) entre la Suisse et la France « mondes lexicaux » selon différents thèmes
Sujet 11 (France) : quand j’achète un appareil je demande qu’il soit très simple. Malgré la
fonction répertoire du téléphone portable, j’utilise un répertoire papier.
Concernant cette catégorie, on peut également supposer une raison culturelle aux différences
observées. En effet, la vision des technologies semble plus positive pour notre groupe Suisse
[extraordinaire< (X2 = 7.83)] que pour celui Français [mal (X2 = 16.96) (cf. Tableau 76). Mais
nous pouvons difficilement avancer d’explication à cette étape de l’analyse.
319
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Sujet 12 (France) : ce genre de choses, je ne pense pas, car comme je viens de le dire, je
n'aime pas beaucoup les robots. Je préfère faire les choses moi-même.
Sujet 18 (suisse) : je trouve que c’est extraordinaire, mais il y a un grand mais, dans les
familles où les enfants ont ça du matin au soir, ils s’abrutissent. Ça prive du contact humain
personnel. Quand on est vieux, quand on reste à la maison, on peut avoir un ordinateur ou
tout cela.
Pour conclure, nous avons remarqué lors de notre analyse lexicométrique par classe qu’il y
avait une différence intergroupe dans notre population et qu’il fallait la considérer comme
hétérogène. Nous constatons par l’analyse en tris-croisés que cette différence est d’autant plus
complexe car elle ne peut pas être généralisable sous certains aspects, en dehors d’un contexte
national. En effet, concernant les aspects de compensation médicale ou technique (e.g. aide,
intervention technique ou médicale, etc.), nous relevons des différences, ce qui aura ensuite une
influence concernant la représentation des technologies, le ressenti émotionnel et donc
l’utilisation. Il faut prendre en considération les aspects économiques et culturels dans ces
notions (i.e. représentation, émotion, utilisation). Par exemple, concernant les émotions en lien
avec les technologies, on remarque la présence d’un vocabulaire plus positif pour la classe
Suisse, certainement du fait qu’ils utilisent davantage les systèmes technologiques, qu’ils sont
formés (e.g. ils peuvent les citer avec plus de précision) et donc qu’ils constatent les avantages
pour eux-mêmes. Néanmoins, pour les aspects physiques et cognitifs, ces différences
interculturelles et internationales sont moins importantes.
Nous avons relevé dans notre travail que la connaissance et l’analyse des déficits de la
personne âgée étaient essentielles afin d’en déduire ses besoins. Notre analyse de la littérature et
la consultation d’un échantillon de seniors, nous a amenés à questionner plusieurs points en
rapport avec leurs déficits et leurs niveaux d’autonomie. D’une part, au sujet de la perception et
320
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
de la représentation de leurs déficits moteurs et cognitifs, et d’autre part, au sujet de leur réseau
social et des technologies.
Notre enquête de terrain nous a permis de relever que la perception des besoins des
personnes âgées est en lien avec ses déficits. Nous avons ainsi pu mettre en avant plusieurs
tendances :
1. d’abord que la perception des déficits est liée à l’âge et à la dimension mesurée (Bee &
Boyd, 2011 ; Vellas, 2015) et qu’elle est exprimée directement par rapport à l’autonomie
ou aux AVQ et AIVQ (Dagneaux, Vercruysse, Degryse, & Périno, 2009 ; Felix et al.,
2014 ; Lawton, 1998 ; Soubeyran et al., 2011)
2. ensuite, que les besoins peuvent être en lien avec différents aspects relatifs à
l’environnement du sujet
3. enfin, que les personnes âgées ne sont pas technophobes ou techno-exclues et que ces
notions stéréotypées cachent une réalité plus complexe
Par ailleurs, nous avons pu observer que le vieillissement n’était pas similaire en fonction
des dimensions et des capacités mesurées (i.e. physiques, cognitives ou sociales), même si, pour
autant, ces trois aspects sont interdépendants et complémentaires (Benaim et al., 2005 ; Felix et
al., 2014 ; Le Deun & Gentric, 2004 ; Stuck et al., 1993). Par exemple, nous notons, concernant
les aspects sociaux, que les sujets les plus âgés déclarent davantage d’activités ou de discussions
que les plus jeunes. Ou encore que certains déficits cognitifs déclarés étaient faibles par rapport
321
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Pour autant nos données suggèrent dans l’ensemble, que la classe de seniors la plus âgée est
celle qui déclare le plus de déficits et donc, celle qui a les besoins les plus importants.
Enfin, on note que les sujets évoquent leurs difficultés non pas en termes techniques ou
médicaux, mais comme des restrictions dans leurs activités quotidiennes et des limites dans leur
autonomie. On peut relever par exemple que le vocabulaire dominant de la classe 4 (i.e.
adaptation consécutive à une limitation dans le quotidien) est composé de verbes d’action dont
les scores les plus hauts reprennent les termes : « faire, laver, repasser, marcher, monter, etc. »,
ainsi que la forte présence de lieux difficiles d’accès : « la rue, les étages, les escaliers, etc. ».
Ainsi, la façon d’aborder les difficultés est davantage évoquée par des limitations dans les
activités (e.g. « je monte plus à l’échelle et l’escalier », « j’ai besoin de beaucoup de lumière »,
« c’est difficile de faire les courses », etc.). Cette même remarque peut être formulée pour la
classe 2 (i.e. auto-évaluation des capacités perceptivo-cognitives), où les difficultés sont
amenées soit dans les AVQ (e.g. lire, prendre, noter, etc.), soit dans les AIVQ (e.g. conduire,
écrire, etc.).
322
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Cette dernière remarque est importante en termes de diagnostic des capacités de cette
population, car elle souligne l’importance d’une évaluation écologique. En effet, pour déduire les
déficits des seniors, il faut pouvoir les mesurer dans leurs activités quotidiennes et sur le terrain
(e.g. lieu de vie, lieu d’activité, etc.). Il faut alors bénéficier d’épreuves proches de leur besoins
réels, et moins d’aspects théoriques complexes et incompréhensibles pour le sujet.
Nous relevons dans nos données deux aspects importants par rapport aux besoins physiques,
cognitifs et sociaux qui sont en lien direct avec l’environnement.
Les résultats de notre analyse des scores (i.e. en régression) pour les déficits physiques et
cognitifs montrent qu’à domicile, les sujets déclarent plus de difficultés que les sujets en
établissement adapté. Ces sujets (i.e. à domicile) correspondent aux répondants les plus jeunes
(i.e. 38.8% des sujets du 4ème âge, et 51 % du 5ème âge vivent en institution et aucun sujet du
5ème âge ne vit à domicile). Nous pouvons alors tirer deux conclusions de ce résultat :
- d’abord qu’à domicile les sujets bénéficient de moins d’aide humaine et technique. Par
exemple, les plus jeunes déclarent recevoir moins de visites, et avoir moins de
discussions, etc. (cf. analyse descriptive.), et, l’analyse lexicométrique (classe1 :
adaptation ergonomique de l’environnement et aides techniques pour compenser leurs
déficits) suggère que des aides sont mises en place dans les institutions, et que de ce fait,
les personnes les plus âgées ressentent moins de déficits.
- Ensuite, que les aides techniques mises en place semblent être bénéfiques puisque les
réponses des sujets institutionnalisés suggèrent que l’aide apportée permet d’avoir une
meilleure qualité de vie et moins de déficits ressentis.
323
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
seulement dans la richesse, mais aussi dans la diversité, car les seniors doivent avoir un
suivi de santé régulier afin de détecter prématurement les déficits pour qu’ils soient
mieux pris en charge. D’ailleurs, d’autres études (Koleck et al., 2014; Prouteau et al.,
2012) arrivent à la même conclusion à propos du réseau social des aînés et de l’absence
des professionnels de santé
- ensuite, nous avons remarqué – dans les résultats de notre analyse en régression – que le
mode d’habitation en institution amenait finalement un réseau social moins important.
En effet, même si les sujets institutionnalisés déclarent plus de discussion et plus de
visites, dès que le score est global et multivarié cette observation disparait, et les sujets
les plus âgés sont les plus isolés
Le réseau social semble être une mesure complexe, car il dépend à la fois de critères
quantitatifs (i.e. réseau social réel, effectif, etc.) et qualitatifs (i.e. réseau social perçu).
D’ailleurs, à titre d’exemple, on note dans nos résultats une absence de relation entre le fait de
rendre visite et d’avoir des conversations et / ou des activités.
Par ailleurs, nous avons également pu observer dans notre enquête que le réseau social n’est
pas un bloc homogène et qu’il dépend de plusieurs facteurs.
Déjà, il est en lien avec l’âge du sujet et son environnement physique. En effet, il y a une
convergence entre nos données (i.e. analyse statistique et analyse lexicométrique). Nous
remarquons que plus le sujet est âgé, plus il préfère recevoir de la visite plutôt que de rendre
visite (52 % du cinquième âge déclarent ne jamais rendre visite aux autres contre 8.33 % du
troisième âge). On s’aperçoit que les raisons énoncées sont le plus souvent en lien avec
l’environnement et relèvent d’un besoin d’adaptation des lieux (e.g. salle de bain, escalier,
chambre, etc.) ou d’un besoin de transport adapté, etc.
D’autre part, nous avons aussi remarqué que le réseau social avait un lien avec l’utilisation
et l’acceptation des technologies (e.g. aide, apprentissage, motivation, statut social, etc.). On
souligne par exemple, dans nos statistiques descriptives que la famille est le deuxième mode
d’acquisition de technologie (39.70 %) juste après l’achat personnel (46.20 %), et que la
personne aidante en cas de difficulté d’utilisation est aussi majoritairement la famille (52.60 %),
même pour les sujets institutionnalisés.
324
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
Nos données nous révèlent que l’utilisation des systèmes techniques n’a pas de lien
significatif avec l’âge, mais plutôt avec le mode de vie. Nous voyons de nouveau l’importance de
l’aspect social, puisque les sujets qui sont dans des établissements spécialisés déclarent une
utilisation plus importante et des difficultés d’utilisations moindres. En effet, ces derniers sont
formés et accompagnés dans la mise en place des technologies, ce qui leur permet d’être mieux
acceptées et appréciées. L’âge pourrait alors être un biais de confusion et la formation serait une
variable plus pertinente en ce qui concerne l’utilisation de la technologie.
Malgré cela, nous avons pu observer des sentiments ambigus et ambivalents au sujet des
technologies (e.g. facilité, compliqué, simple, content, énervé, etc.), même si une valence
positive est plus marquée. On note alors un double mouvement de curiosité et de rejet.
Effectivement, les résultats de notre enquête de terrain par questionnaire convergent avec
certaines recherches (Cuddy et al., 2005; Kwon, 2016; Phillips & Zhao, 1993) et suggèrent que
les utilisateurs âgés ne sont pas technophobes, et peuvent même être enthousiastes à l’égard des
technologies. Néanmoins, nous observons trois aspects récurrents :
- d’abord qu’ils conçoivent aisément les avantages pour autrui, et moins pour eux-mêmes,
alors qu’elles pourraient tout autant leur être utile
- ensuite, qu’ils utilisent un vocabulaire positif à l’égard des systèmes lors de l’inventaire
des technologies qu’ils possèdent, mais moins lors de l’intention d’utilisation (cf.
Analyse lexicométrique : classe 6)
- enfin, que cet état d’esprit techno-sceptique est présent pour l’item « raison de la non
utilisation des technologies », où la majorité des sujets interrogés disent ne pas voir
l’utilité des systèmes proposés (44 % pour le cinquième âge, 31 % pour le quatrième et
28.8 % pour le troisième)
Par ailleurs, nous relevons un vocabulaire positif concernant les technologies utilisées, mais
il devient plus négatif dès qu’il s’agit de systèmes fantasmés (e.g. télé surveillance, robot
d’assistance, etc.). On voit que les sujets âgés sont capables d’évoquer des technologies, leur
mode d’emploi, et leurs avantages, surtout lorsqu’il s’agit de technologies qui répondent à un
besoin, comme se divertir, assurer sa sécurité, communiquer, etc. (e.g. IPad, téléphone,
télévision, four-micro-ondes, etc.).
De plus, on retrouve de nouveau des différences en fonction des dimensions observées. Les
sujets disent plus facilement utiliser les technologies quand il s’agit de compenser des difficultés
physiques, que pour compenser les difficultés cognitives. Cette différence peut être due au fait
que les aides techniques pour les difficultés physiques sont davantage connues et donc
demandées et prescrites, alors que les aides pour les déficits cognitifs sont méconnues.
D’ailleurs, on constate dans notre cadre théorique que les lois d’adaptation de la société aux
handicaps sont plus axées sur la compensation physique. Il est intéressant à ce propos de
remarquer que l’absence de prescription des aides pour la dimension cognitive pousse les seniors
325
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
à faire preuve d’adaptation et à trouver des moyens de compensation (e.g. téléphone portable,
papier crayon, tableau, carnet, etc.).
Nous pouvons encore remarquer un effet générationnel concernant l’intérêt porté aux
technologies. En effet, les différentes techniques d’aide non technologiques (e.g. douche
italienne, canne, toilettes rehaussées, etc.) semblent appréciées par les plus âgés (e.g.
surreprésentation des octogénaires ou nonagénaires, et un vocabulaire à valence positif). Ce
lien semble s’inverser lorsque les aides sont technologiques (e.g. tablette tactile, robot
d’assistance social, etc.), et cette fois ce sont les moins âgés qui semblent les apprécier (i.e.
représentation majoritaire des sexagénaires). Nous relevons que lorsque nos sujets évoquent des
aides technologiques, même si les verbes d’action utilisés montrent une attitude positive et un
intérêt (e.g. aider, apporter, trouver, dépendre, expliquer, importer, intéresser), les émotions
sont plus mitigées et soulignent certaines difficultés et frustrations (e.g. peur, énerver, cher,
emploi, sécurité, compliquer). Ils semblent que les technologies soient considérées sous plusieurs
aspects par les seniors, et elles les intéressent si elles peuvent aider à conserver l’autonomie (e.g.
objectif à atteindre), si elles ne sont pas stigmatisantes (e.g. aspect) et enfin si elles ne sont pas
difficiles à utiliser (e.g. fonctionnalité).
Nos résultats ont également mis en lumière une donnée importante concernant l’ancrage
culturel du besoin. En effet, même si nous pouvons considérer que les besoins physiques et
cognitifs des seniors sont les mêmes indépendamment du pays et de la culture, nous devons aussi
envisager une relation culturelle dans la perception des besoins.
Ainsi, on remarque par exemple, dans l’analyse de nos résultats que les seniors suisses
peuvent évoquer davantage les technologies, avec un vocabulaire plus précis et plus avantageux.
D’ailleurs, il y a une surreprésentation des Suisses dans la classe 1 (i.e. adaptation ergonomique,
environnementale et aides techniques), ainsi qu’un vocabulaire plus fourni, plus positif, et une
intention d’utilisation plus élevée par rapport aux répondants français. En effet, on relève des
différences significatives entre la Suisse et la France. Par exemple, les répondants suisses,
lorsqu’ils évoquent les technologies citent de nombreux systèmes contrairement aux répondants
Français, qui eux, ont un vocabulaire plus pauvre. D’ailleurs ce constat est appuyé par l’analyse
de la classe 5 (i.e. attitudes et sentiments envers les technologies), où l’on retrouve des termes
majoritairement positifs chez les seniors suisses (e.g. extraordinaire, fantastique, intéressé, etc.),
alors que les Français semblent plus mesurés (e.g. mal, bien, rire, etc.).
Il est cependant difficile de déduire des causes exactes à cette tendance. Toutefois, on
remarque qu’en Suisse les lois sur l’adaptation de la société aux handicaps : loi fédérale sur
l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (R.S 151.3, 2002) sont plus
anciennes et datent de 2002 alors qu’en France la loi sur l’égalité des droits date de 2005, et celle
sur l’adaptation de la société au vieillissement et au handicap de 2015. De ce fait, la Suisse
semble plus avancée concernant la mise en place des aides techniques, et des moyens plus
326
Chapitre 4 - Expérimentation pour le recueil des représentations liées aux déficits et aux besoins des personnes âgées
importants sont débloqués (i.e. humains et financiers) à la fois pour mettre en place les
technologies, mais aussi pour former les professionnels et les seniors à leur utilisation.
Il nous semble alors que le pays d’appartenance influence non seulement l’utilisation des
technologies d’aide, mais aussi leur acceptabilité et leurs représentations (i.e. puisque les
technologies sont utilisées et pas fantasmées). D’ailleurs les recherches montrent que la
formation est importante ainsi que la manipulation des technologies afin de se familiariser et de
ne pas être effrayé (Renaud & Van Biljon, 2008).
Pour conclure, nous pouvons considérer que deux points importants ressortent de nos
analyses :
- premièrement, que nous disposons d’un groupe (i.e. seniors) qu’il faut considérer
comme hétérogène sous plusieurs variables (e.g. âge, représentations, culture, etc.),
sous différentes dimensions (e.g. physique, cognitive, sociale, d’acceptabilité, etc.) et en
lien avec son environnement. Il est donc à la fois important de disposer d’une évaluation
individuelle, mais aussi de pouvoir analyser les composantes de l’environnement
- deuxièmement, nous pensons qu’il est important d’agir pour former les familles, les
seniors et les professionnels aux technologies, et pour permettre aux aînésde manipuler,
d’essayer, et de choisir leurs technologies
327
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Chapitre 5
Cette partie décrit la méthodologie que nous avons mise en place afin :
- de concevoir un prototype de notre outil et de le tester ;
- de concevoir le logiciel informatique et de le tester sur le terrain ;
- d’analyser et de discuter à propos de nos résultats.
L’objectif de ce chapitre est d’expliquer la méthodologie que nous avons utilisée pour mettre
en place notre système, que nous avons nommé DAD (i.e. Design for Adapted Devices : DAD) et
de décrire les résultats que nous avons observés.
Cet outil se présente sous la forme d’un dispositif informatique pour aider les
professionnels de la gérontologie – en particulier les concepteurs de technologies numériques – à
trois niveaux :
- pour réaliser un diagnostic des besoins des aînés qui tienne compte des spécificités de
leurs déficits
- pour évaluer les nécessités de l’environnement (i.e. physique, virtuel ou social), de la
tâche, ou de l’activité
- pour prendre des décisions (e..g. conception, prescription, etc.) pour la mise en place de
moyen d’assistance, de remédiation de suppléance, et pouvoir évaluer le résultat des
actions préconisées
Afin de réaliser ce travail de recherche, nous avons utilisé une méthodologie en cinq étapes,
ème
la 6 étape restant en cours de développement ultérieur.
Cette démarche nous a permis une conception centrée utilisateurs (i.e. seniors et
professionnels du vieillissement). Nous avons ainsi pris en compte la demande de nos utilisateurs
primaires et secondaires, et tenté d’y répondre par un système technique.
329
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous allons décrire brièvement nos cinq étapes, afin de comprendre notre méthodologie, et
nous reviendrons plus en détail sur chacune d’elles dans les chapitres qui leurs sont dédiés.
Notre démarche s’inspire des étapes de conception d’outils d’évaluation, proposée par
Waltz, Stickland & Lenz (2005) (cf. Figure 74).
Figure 74. Schéma des étapes de conception d’un outil d’évaluation selon la démarche décrite par Waltz, Stickland et
Lenz (2005).
330
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
RP pro®, que nous avons soumis à des experts du diagnostic. Cette étape nous a aidée à
confirmer le choix des items, des échelles de notations et leurs pertinences. Nous avons
ensuite amené les changements nécessaires.
4. Évaluation de la validité : nous avons continué à tester la validité de notre outil par
différents tests et avec d’autres experts. Une fois les résultats attendus obtenus (i.e. suite
aux révisions de l’outil), nous avons programmé notre outil dans sa version finale.
5. Test de l’outil en situation réelle : à la suite de ces étapes, nous avons testé notre outil
en situation réelle d’usage auprès de nos utilisateurs primaires et secondaires afin de
valider sa performance sur le terrain.
Ainsi, ces cinq étapes pouvaient se décliner sous la forme du schéma ci-dessous, que nous
avons suivi pour construire notre outil d’évaluation des besoins des personnes âgées.
Figure 75. Méthode appliquée pour la validation des dimensions du système de diagnostic DAD.
Nous avons fait le choix de construire notre outil d’évaluation et de l’organiser en fonction
de la confrontation de notre questionnaire (i.e. analyse qualitative et quantitative) et de notre
analyse de la littérature (i.e. méthode de diagnostic, déficits liés au vieillissement, etc.). Cette
étape nous a permis de mettre en place une première grille et de l’organiser (cf. Tableau 77).
331
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Expression écrite
phrases à l'écrit
D5. Orientation temporelle Aptitude à se repérer dans le temps
Orientation
temporo - Aptitude à analyser, se représenter et se repérer
Orientation visuospatiale
spatiale dans l’espace
Aptitude à combiner plusieurs informations afin
Raisonnement de formuler des règles ou des conclusions
générales
être capable de changer de tâche ou de
stratégies mentales de manière plus ou moins
Flexibilité mentale rapide dans le traitement de l'information ou
D6. pour effectuer une tâche afin de s'adapter au
Planification et contexte et à l'environnement.
résolution de Capacité à identifier que quelque chose ne va
Identification de problèmes
problèmes pas
Etre capable d’anticiper et de prévoir des actions
Planification en émettant des hypothèses sur le résultat
attendu
Capacité à supprimer et contrôler des actions ou
Inhibition cognitions qui ne sont pas ou plus adaptées
pour l’action en cours
Tableau 77. Tableau récapitulatif des dimensions "physiques et cognitives" avec leurs sous-dimensions et leurs
définitions
Cependant, nous avons observé que d’autres notions devaient être évaluées, tels que
l’acceptabilité et la maîtrise des systèmes technologiques, et les traitements thérapeutiques.
L’absence de prise en charge de ces indicateurs est d’ailleurs une des limites que nous avons
soulignée à propos des grilles d’évaluation actuellement disponibles.
En effet, la perception des difficultés et des besoins des aînés ne doit pas être considérée
uniquement sous le prisme des déficits physiques et cognitifs mais également sous différents
aspects dépendant de l’environnement physique, social et virtuel. D’ailleurs, l’ergonomie
considère l’environnement – au sens large – comme un point essentiel de son intervention.
332
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous avons constaté que l’environnement (e.g. physique, virtuel, social, etc.) a un effet
pondérateur sur les déficits (i.e. physique et cognitif) lors du processus de vieillissement. Nous
avons relevé certains indicateurs pertinents à évaluer au sein de notre population afin de prendre
en considération différents aspects modulants les difficultés perçues par les seniors.
Concernant ce dernier point (i.e. les effets des médicaments sur l'activité), nous avons relevé
une importante problématique en lien avec les traitements médicamenteux (Campanelli, 2012;
Dalleur et al., 2016; Felix et al., 2014; Gallagher et al., 2008; O’mahony et al., 2015; Sourdet,
2014; Wotquenne et al., 2006). En effet, certaines substances peuvent interférer avec l’utilisation
d’un système ou la réalisation d’une tâche. Le domaine pharmacologique est vaste et complexe,
et il correspond davantage au domaine de la gériatrie qu’à celui de la gérontologie. Pour autant,
nous le considérons comme essentiel dans l’évaluation du groupe senior. Notre méthodologie
propose donc de reprendre certains aspects du traitement médicamenteux dans l’analyse globale
des capacités des seniors comme étant une dimension importante pour la conception ou
l’utilisation de gérontotechnologies.
Nous avons relevé que les psychotropes sont la principale source de difficultés chez le sujet
âgé en lien avec l’utilisation d’un système ou la réalisation d’une tâche. Nous avons utilisé les
trois classes de psychotropes dans notre analyse (i.e. les psycholeptiques les psychoanaleptiques
et les psychodysleptiques). Elles visent à rechercher les effets cognitifs et physiques (e.g.
excitants, sédatifs ou perturbants la réflexion, etc.) des traitements médicamenteux.
Ces effets sont gênants dans les activités diurnes ou pour l’utilisation d’un système, et sont
donc à prendre en considération lors de la conception ou de la prescription de dispositifs
techniques.
333
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
L’analyse de la dimension des « facteurs modulants » nous a permis de rendre notre grille
d’évaluation plus pertinente et plus complète (cf. Tableau 78). Ainsi, à cette étape, nous
disposions d’une grille d’évaluation des déficits des personnes âgées qui comprenait trois
dimensions (i.e. physique, cognitive et les facteurs modulants).
Capacités / aptitudes Tâches / besoins
Etre dans un environnement favorisant les
Environnement social
échanges sociaux et le soutien
D7.
Importance du réseau social et des
Psycho-social Importance du réseau social
échanges
Etre dans un environnement favorisant les
Soutien social perçu
échanges sociaux et le soutien
Facteurs modulant l’activité
Afin de structurer nos tests nous avons mis en place différents prototypes. Nous allons
décrire leurs conceptions, leurs possibilités, les résultats, etc.
334
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Afin de valider la force de représentation des différentes parties de notre grille, nous avons
mis en place des tests utilisateurs. L’objectif de cette étape était d’évaluer la valeur et
l’adéquation de nos différents choix, en simulation d’utilisation.
Prototypage
Pour rendre le test plus efficient et convivial, nous avons fait le choix de le présenter sous la
forme d’un prototype informatique.
Pour réaliser ce prototype, nous avons utilisé le programme Axure Rp Pro® (cf. Figure 76)
qui est un logiciel de prototypage et de développement de projet web ou logiciel.
Figure 76. 1er prototype du logiciel DAD en cours de réalisation sur le logiciel Axure RP pro®
Nous avons fourni notre système sous format html afin qu’il soit complétement interactif.
Ainsi, les utilisateurs pouvaient naviguer de manière autonome, revenir en arrière, etc.
335
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
1. dans sa partie supérieure gauche, on trouvait la définition des sous-items, ainsi que
des exemples de questions et d’épreuves
2. dans sa partie supérieure droite nous proposions des tests supplémentaires qui
permettaient d’approfondir la notion évaluée
3. Dans la partie centrale inférieure se trouvaient la notation sous la forme d’une
échelle de likert, avec des définitions pour chaque niveau, ainsi qu’une partie
« remarques » qui permettait d’ajouter du contenu
Figure 77. Premier prototype informatisé de la grille DAD réalisé avec Axure RP pro®
Concernant les échelles d’évaluation, chaque compétence ou habileté est évaluée sur une
échelle de Likert en cinq points ; 5 correspond à une autonomie maximale pour l’item évalué, et
à l’inverse, 1 au degré de perte d’autonomie le plus important, voire à la perte de la fonction.
Pour une standardisation maximale – pour chacun des sous items – lors de la notation des
niveaux des échelles, une / des phrase(s) explique(nt) à quoi il correspond. Ainsi, chaque sous-
item dispose d’une échelle personnalisée.
336
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
son. Ils disposaient enfin d’une partie « recherche » qui donnait la possibilité d’utiliser un mot
clé pour accéder directement à un élément ou à une partie de la grille.
La méthode de validité nominale – que nous utilisons dans cette partie – suggère d’avoir
recours à des experts représentatifs de la population cible (Contandriopoulos, Champagne,
Potvin, Denis, et Boyle, 1990), choisis en fonctions des différents items évalués. Nous avons
sélectionné notre panel d’experts en France et en Suisse.
Les critères d’inclusions retenus étaient les suivants : être un professionnel de santé, expert
dans au moins une des catégories retenues (i.e. capacités physiques, capacités cognitives,
facteurs modulant l’activité) et ayant au minimum trois ans d’expérience dans la prise en charge
de personnes âgées de plus de 65 ans.
Aucun critère d’exclusion n’a été ajouté aux critères d’inclusion cités précédemment.
Chacun des participants signait un formulaire de consentement après avoir obtenu une
explication de la recherche et du protocole en cours (cf. Annexe 4).
Au total, quatorze experts (n=14) ont été sollicités pour cette première phase de passation :
- un médecin gériatre chef d’une unité d’hospitalisation à domicile ;
- un ergothérapeute en centre mémoire ;
- un ergothérapeute en centre de rééducation et réadaptation fonctionnelle ;
- deux neuropsychologues de centre mémoire ;
- une psychologue clinicienne en centre mémoire ;
- un kinésithérapeute et interne en médecine de rééducation et réadaptation fonctionnelle ;
- un professeur d’ergonomie en Haute Ecole Spécialisée ;
- trois infirmiers en gériatrie ;
- une infirmière évaluatrice certifiée Plaisir ;
- un ergonome ;
- une infirmière chef d’unité de soins (i.e. ICUS) directrice d’un Etablissement Médico-
Social en gériatrie.
337
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Méthodologie
Pour analyser les propriétés métrologiques de notre instrument de mesure, nous avons
évalué sa « validité ». Nous avons utilisé une validation de contenu qui est essentielle dans un
processus d’objectivité, car à cette étape nous ne pouvions pas encore recourir à des « indices
statistiques ». Nous avons donc mis en place un processus de validité nominale, qui nous
permettait de connaître le caractère représentatif du contenu de notre outil (i.e. dimension,
définition, questions, épreuves, échelle). Ce type de validité est considéré comme un bon indice
pour vérifier si une mesure est acceptable pour ceux qui l’utilisent et se serviront des résultats
(Fortin & Gagnon, 2010).
Nous avons procédé de la manière suivante. Le prototype a été soumis au jugement des
professionnels. Ils devaient apprécier la pertinence des items en imaginant un cas (i.e. patients de
plus de 65 ans avec polypathologie) rencontré dans leur pratique, ou en s’appuyant sur un
persona que nous proposions (cf. Figure 78), et ensuite porter un diagnostic avec les items de
DAD.
Figure 78. Persona fictif utilisé comme base de validation des items DAD pour l’étape 2.
Pour chaque item, nous demandions de faire des critiques à haute voix, ainsi que des
propositions pour savoir ce qu’ils changeraient et comment ils amèneraient ce changement.
Les tests ainsi que les données (i.e. vidéo, son et action) ont été recueillis et enregistrés grâce
au système Bb flash player® (cf. Figure79). Il s’agit d’un logiciel qui permet d’obtenir différents
338
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
enregistrements en temps réel (e.g. vidéo, sujets, écran, touches et mouvements de souris) et ainsi
d’utiliser des séquences pour effectuer diverses analyses.
Les tests ont été réalisés sur les lieux d’activités des professionnels ou à domicile. Nous
fournissions un ordinateur avec le prototype du logiciel, ainsi que le persona sous format papier.
Après une explication standardisée du test que nous leur proposions et une rapide présentation de
notre outil, nous laissions les utilisateurs effectuer le diagnostic. Les tests duraient en moyenne
1h12 (m = 71.57 [min 56 ; max 132]).
Figure 79. Test utilisateurs de la première version DAD sur Axure Rp Pro® avec enregistrement audio et vidéo par le
logiciel BB Flash Player® réalisé auprès d’experts du diagnostic de la personne âgée.
Nous avons retranscrit les verbalisations des experts, et nous les avons analysés et organisés
(cf. Tableau 79). Après un premier classement, les critiques les plus récurrentes furent classées
en cinq catégories :
1. la redondance de questions ou les éléments déjà disponibles et mesurés dans le cadre
d’une prise en charge standard
2. le manque d’information sur les items mesurés
339
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Tableau 79. Exemple des verbalisations des experts et regroupements par énoncés
Les résultats obtenus lors de cette étape de vérification de la validité nominale étaient
insuffisants pour déterminer la validité de contenu d’une mesure à des fins scientifiques.
Néanmoins, ils furent un bon indice pour vérifier que notre méthodologie correspondait aux
usages de la pratique sur le terrain et aux besoins de nos utilisateurs secondaires. Par ailleurs,
cette étape nous a servi à améliorer notre grille et à affiner notre méthode (Green et Lewis,
1986). Nous avons ainsi amené des changements dans notre grille et nous avons refait notre
prototype toujours avec Axure Rp pro®.
Les experts nous ont amené à faire de nombreux changements au sein de notre grille et de
notre méthodologie d’administration. Il serait trop long d’exposer l’intégralité des modifications
opérées, car il s’agissait parfois de mots, de tournures, de simplification de phrases ou au
contraire d’ajouts d’informations comme des propositions de questions ou d’épreuves, etc.
Pour autant, nous relevons dans cette partie les changements généraux qui ont été effectués.
Déjà, les experts, nous ont conduits à supprimer l’item « inhibition » car il était trop proche
de celui d’attention sélective et ne fournissait pas de distinction pertinente pour notre mesure.
340
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Ensuite, ils nous ont permis d’affiner les questions de l’entretien et les exemples d’épreuves
que nous proposions. Ils nous ont d’ailleurs conseillé de séparer ces deux parties et de regrouper
les informations dans chacune d’elles (i.e. questions et épreuves). Enfin, concernant les tests
supplémentaires, chaque sujet, en fonction de son appartenance disciplinaire, nous a fourni ses
tests de référence, ce qui nous a procuré une base de données que nous avons ajoutée à notre
système. Par ailleurs, chaque spécialité (i.e. médecine, sciences infirmière, physiologie, etc.)
nous a proposé des épreuves qui leur sont spécifiques et des questions qui leur permettaient de
faire leur évaluation des personnes âgées. Ces expertises nous ont inspirés pour améliorer et
affiner notre méthodologie.
Enfin, les experts nous ont proposé de réunir « l’expérience et l’expertise » en un seul sous-
item pour ne pas alourdir les résultats obtenus.
A la fin de ces étapes, la grille d'évaluation DAD comportait dix dimensions, divisées en 35
sous-dimensions pour plus de spécificité (cf. Tableau 80) :
- six dimensions mesurent les déficits liés aux fonctions physiques et sensorielles (e.g.
habiletés motrices et résistance physique, équilibre corporel, dextérité manuelle,
fatigabilité, modalités perceptives, etc.) et aux fonctions cognitives (e.g. mémoire,
attention, langage, praxie, orientation temporo-spatiale, fonctions exécutives, etc.)
- quatre dimensions évaluent les facteurs modulant la performance (e.g. soutien et
environnement social, niveau d’expérience et expertise dans l’utilisation des
technologies, attitudes et intérêt pour les systèmes techniques, effets des médicaments
sur l’activité, etc.)
Mémoire et Mémoire de travail Retenir et restituer une information sur une courte période
attention Retenir et restituer une information sur une longue période
Mémoire à long terme
(épisodique / sémantique / procédurale)
Compréhension orale Aptitude à comprendre le langage parlé
D4. Compréhension écrite Aptitude à comprendre le langage écrit
Langage
Expression orale Aptitude à utiliser les mots et produire des phrases oralement
Expression écrite Aptitude à utiliser les mots et produire des phrases à l'écrit
341
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
D8.
Expertise et
Novice / Intermédiaire / Niveau de maîtrise des systèmes techniques
expérience
Expert
antérieure
avec les TIC
D9. Support Porter un intérêt au support technologique
Intérêt et
Fonctionnalité Porter un intérêt aux fonctionnalités technologiques
acceptabilité
pour les TIC Objectif Porter un intérêt au but du système
D10. Psycholeptique Prendre un traitement à effet sédatif
Effets des
médicament Psychoanaleptique Prendre un traitement à effet stimulant et excitant
s
sur l'activité Psychodysleptique Prendre un traitement qui modifie l’activité mentale
Tableau 80. Items finaux des capacités et difficultés mesurées par DAD
Après avoir effectué les changements énoncés dans cette partie, nous avons procédé au
prototypage d’une nouvelle version de notre outil.
L’objectif de cette étape était de constater la validité de contenu de DAD, et elle a été
réalisée selon les étapes de la démarche proposée par Rubio, Berg-Weger, Tebb, Lee, et Rauch,
(2003) (cf. Figure 80). Cette étape est complémentaire de la validité nominale, mais apporte un
supplément statistique. Nous allons détailler chacune des parties.
Figure 80. Etapes d’évaluation de la validité de contenu telle que proposées par Rubio et collaborateurs (2003)
342
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Les critères d’inclusions retenus étaient les mêmes qu’à l’étape précédente, c’est à dire :
professionnels de santé, français et suisse, experts dans au moins une des catégories retenues (i.e.
capacités physiques, capacités cognitives, facteurs modulant l’activité) et ayant au minimum
trois ans d’expérience dans la prise en charge de personnes âgées de plus de 65 ans. Cependant,
pour être sélectionnés nous leur demandions également de pouvoir être disponibles pour une
deuxième phase de tests.
Au total, douze experts (n = 12) ont été sollicités pour cette phase de passation : un infirmier
évaluateur Plaisir ; deux infirmiers en gériatrie ; deux neuropsychologues ; un ergonome ; un
gériatre ; un ergothérapeute ; un professeur HES de gérontologie ; un kinésithérapeute ; un
médecin généraliste ; un médecin du sport.
Nous avons de nouveau fourni à nos experts un formulaire de consentement après avoir
donné une explication de la recherche et du protocole en cours.
Nous avons élaboré un formulaire contenant les éléments de notre grille d’évaluation, et
nous l’avons testé sur le modèle proposé par Rubio et collaborateurs (2003).
Pour construire le formulaire, nous avons décomposé chacune des phrases (i.e. entretiens,
épreuves, définitions, et niveaux des échelles de mesure) qui composaient notre grille issue de
l’étape 1, puis nous les avons toutes soumises au jugement des experts. Ils étaient invités à noter
la « représentativité » et la « clarté » de tous les énoncés de notre système. La représentativité
jugeait du fond, c’est-à-dire de l’importance et de la pertinence de l’énoncé en regard de la
fonction évaluée, et la clarté concernait la forme, c’est-à-dire la compréhension de ce qui était
demandé pour les utilisateurs primaires et secondaires.
Les experts notaient chaque énoncé sur une échelle qui se présentait sous quatre points : 1.
correspondait à un énoncé qui n’était pas représentatif /clair ; 2. un énoncé qui nécessitait des
révisions majeures pour être représentatif/clair ; 3. un énoncé qui nécessitait des révisions
mineures pour être représentatif /clair ; et enfin 4. un énoncé qui était représentatif /clair.
343
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Le formulaire de réponse a été créé avec le logiciel InfoPath® (cf. Annexe 5), qui permet de
créer des questionnaires informatisés en langage xml. L’utilisateur pouvait ainsi cocher les cases
correspondant à ses choix et ajouter librement ses propositions et critiques (cf. Tableau 81).
Tableau 81. Exemple de l'évaluation de l'IVC pour une question de la grille d'évaluation de l'item « capacités
physiques et sensorielles » sur le logiciel InfoPath®.
Le test a été standardisé et les réponses ont été enregistrées et filmées (i.e. pour garder la
verbalisation et les résultats) grâce au logiciel bb flash-back player® (cf. Figure 81).
Les experts étaient également incités à ajouter des commentaires après chaque notation afin
d’expliquer leur note et de donner leurs avis sur les changements à amener.
344
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 81. Test d’Indice de Validation de Contenu (T1) réalisé sur Infopath® et filmé et enregistré sur
BBflashPlayer®.
Nous avons utilisé un IVC (i.e. Indice de Validation de Contenu) comme modèle statistique.
Selon Waltz et al. (2005), l’IVC représente la proportion des énoncés auxquels les experts ont
attribué des cotes de 3 et de 4, les autres sont systématiquement éliminés à T1. Les items ayant
obtenu 3 sont changés selon les propositions des experts et le test est repassé avec les
modifications à T2.
Selon ces auteurs, un indice de validité est acceptable s’il est égal ou supérieur à 0,80. Par
ailleurs, le nombre d’experts consultés était supérieur à dix (n = 10), l’erreur standard de
proportion n’avait donc pas à être prise en compte (Lynn, 1986).
Le test a été passé deux fois avec les mêmes professionnels jusqu’à obtention d’un
consensus pluridisciplinaire concernant tous les items et pour toutes les phrases explicatives des
échelles de notation.
La durée des tests à T1 était en moyenne de 2H57 [m = 172.90 (min 88 ; max 375), et à T2
de 38 min (m = 38.38, (min18 ; max80)].
345
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Les résultats obtenus aux IVC étaient élevés à T1 grâce à la méthodologie déjà mise en
place en amont (i.e. utilisation de la littérature, du terrain, et validité nominale.), nous avons
alors choisi de placer la zone d’acceptation à 0.90 (cf. Tabeau 82).
Tableau 82. Extrait des résultats des cotes attribuées par les experts en fonction de la représentativité et de la clarté de
chacun des énoncés de la version préliminaire (T1).
Cependant, nous avons dû apporter de nombreux changements à la fois sur le fond et sur la
forme. Les experts amenaient des critiques, et des propositions de changement.
Après la mise en place des modifications nous avons de nouveau proposé une version qui
prenait en compte les changements et propositions préconisés par nos experts. Tous nos résultats
étaient alors supérieurs ou égal à .90 (cf. Tableau 83) après la deuxième phase de test (i.e. T2).
346
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Tableau 83. Extrait des cotes attribuées par les experts en fonction de la représentativité et de la clarté de chacun des
énoncés de la version modifiée (T2).
Nous avons également calculé dans un tableau récapitulatif les moyennes à T1 et T2, ainsi
que les IVC, les variations de la moyenne entre les deux passations et le pourcentage
d’évolution. Par exemple, l’item II.8 obtient dans la « représentativité » à T1 m = 3.45 et à T2 m
= 3.91, ce qui représente respectivement un IVC à T1 de .91 et qui évolue à 1 (i.e. score
maximum), ce qui fournit une variation de la moyenne de 13.16 %, et une variation de l’IVC de
10 %. (cf. Tableau 84).
Tableau 84. Cotes attribuées par les experts en fonction de la représentativité et de la clarté de chacun des énoncés de
la version préliminaire (moyenne par IVC, moyenne général et variation en pourcentage)
347
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Parallèlement, les commentaires ajoutés par les experts ont été traités de façon qualitative
par une analyse de contenu (Robert & Bouillaguet, 2002). Dans ce but nous avons procédé à un
codage manuel des données recueillies, et nous avons répertorié les commentaires de nos
experts, puis nous les avons comparés entre eux item par item (cf. Encadré 15). Cette analyse
nous a permis d’optimiser la présentation des grilles de questionnaires, et de tests. Ensuite, une
fois reformulées, elles étaient reproposées à l’intégralité des experts jusqu’à obtention d’un
consensus.
Expert 4 : Trop subtile. Les histoires absurdes font appel au raisonnement social.
Expert 5 : peu discriminatif.
Item XIX. 1. Clarté :
Expert 4 : dans quelle tâche le patient a besoin d'une aide.
Encadré 15. Exemple de verbalisations des experts pour les tests IVC
Pour donner un exemple concret de l’analyse des résultats, nous proposons d’étudier le cas
d’une des questions concernant l’item « mobilité et équilibre corporel ». Les critiques et les
propositions de changement sont regroupées avec les différents experts et nous gardions la
proposition la plus représentative
« Avez-vous chuté au cours des douze derniers mois ? Est-ce que ce chiffre a augmenté par
rapport à l'année précédente ? »
348
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Expert 10 : en médecine on relève les chutes sur les six derniers mois, douze mois c'est
trop !
Expert 3,10 : il faut savoir si la personne est restée au sol et si quelqu’un a dû la relever ou si
elle s’est relevée seule.
Tableau 85. Exemples de verbalisations des experts en fonction de la représentativité et de la clarté de chacun des
énoncées de la version préliminaire.
« Avez-vous chuté au cours de ces six derniers mois ? Si oui, combien de fois, et dans
quelles circonstances (ex : trébucher dans un objet, perte d’équilibre, traitements médicaux, etc.).
Ces chutes sont-elles plus fréquentes qu’avant ? Comment vous êtes-vous relevé (seul ou avec
l’aide d’une tierce personne) ? ».
La même méthodologie susmentionnée fut utilisée pour les échelles de mesure, et nous
donnons ici l’exemple de l’échelle de mesure de l’item « force physique des membres
supérieures » (cf. Tableau 86).
349
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
- Sévère : grande(s) difficulté(s) pour soulever et/ou déplacer des objets du quotidien,
et/ou douleurs chroniques importantes.
- Impossibilité : ne peut pas soulever et/ou déplacer des objets légers, et/ou souffre de
douleurs chroniques importantes et invalidantes.
Expert 1 : Faut-il rajouter le fait qu'il n'y a pas de douleur significative à prendre en
compte ?
Expert 4 : Préciser si présence de difficultés légères.
Expert 6 : séquencer les gestes, prendre, soulever, et déplacer.
Expert 6 : "avec" douleurs chroniques légères, sinon c'est pareil qu’"adapté".
Expert 5, 6 : avec la référence de l'échelle numérique verbale, ce serait plus clair.
Expert 7 : il faut ajouter la référence de l'échelle analogique verbale.
Tableau 86. Exemples de verbalisation des experts en fonction de la représentativité et de la clarté de chacun des
énoncés de la version préliminaire
Reformulation de l’échelle « force physique des membres supérieures » à T2 qui obtient le consensus
- Adapté : Prend, soulève et déplace les objets du quotidien sans difficulté, et absence de
douleur significative.
350
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
- Léger : a des difficultés légères pour effectuer au moins un des gestes suivants :
prendre, soulever, déplacer, des objets jusqu’à l’objectif voulu, et/ou présence de
douleurs chroniques légères (ENV32 de 2 à 3/10).
- Modéré : a des difficultés moyennes pour effectuer au moins l’un des gestes suivants :
prendre, soulever, déplacer des objets jusqu’à l’objectif voulu, et/ou présence de
douleurs chroniques modérées (ENV de 4 à 5 /10).
- Sévère : a de grandes difficultés pour effectuer au moins l’un des gestes suivant :
prendre, soulever, déplacer des objets jusqu’à l’objectif voulu, et/ou présence de
douleurs chroniques importantes (ENV de 6 à 8/10).
- Impossibilité : ne peut pas effectuer au moins l’un des gestes suivants : prendre,
soulever, déplacer des objets jusqu’à l’objectif voulu, et/ou présence de douleurs
chroniques importantes et invalidantes (ENV >8/10).
Pour conclure, l’IVC nous a encore permis d’affiner l’analyse fournie par notre
méthodologie et de l’adapter au caractère pluridisciplinaire de nos utilisateurs secondaires.
Cependant l’IVC, est évalué par un pourcentage d’accord entre les scores et par un coefficient de
corrélation. Mais cette évaluation ne tient pas compte du pourcentage d’accord dû à la chance,
c’est pourquoi nous avons ensuite effectué d’autres tests sur le terrain. Néanmoins, il fallait avant
tout concevoir le logiciel dans sa version finale.
Suite aux précédentes analyses, nous avons programmé le logiciel DAD dans sa version
finale, avec tous les changements préconisés, afin de passer à l’évaluation sur le terrain face à un
patient.
Pour cette phase nous avons collaboré avec un informaticien, nous lui avons soumis une
charte graphique, les informations concernant le comportement de l’interface ainsi que le
prototype html final. Nous avons passé quatre mois autour de la programmation informatique,
durant lesquels, nous avons testé l’outil, amélioré son fonctionnement, son design, placé les
informations, etc. Une fois ce travail effectué, nous pouvions passer aux phases de tests finales.
Nous allons dans la prochaine partie décrire notre système informatique, ses possibilités,
ainsi que son fonctionnement.
32
ENV : Echelle Numérique Verbale est une échelle d’auto-évaluation de la douleur utilisée par la majorité des
professionnels de santé.
351
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
La première partie (cf. Figure 82) consiste en un système qui fournit une aide à l’évaluation
des déficits des seniors. Il permet de mettre en place notre méthodologie, et d'obtenir un recueil
de données nécessaire pour effectuer le diagnostic.
Cette section relative à l’évaluation d’un sujet, comporte deux parties. La première collecte
trois types de données (cf. Figure 83) :
1. des informations personnelles dans lesquelles on retrouve les caractéristiques
sociodémographiques du sujet (i.e. l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, le
niveau de formation, le mode de vie, etc.), ainsi que les noms et coordonnées complètes
du médecin traitant et de la personne ressource.
352
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 83. Interface de la fonction de prise « d’informations essentielles » du sujet par le logiciel DAD.
Concernant les informations médicales, les problèmes sont explorés sous plusieurs aspects.
D’abord, par une anamnèse qui reprend les antécédents médicaux et chirurgicaux, les difficultés
psychologiques et psychiatriques. Ensuite, une autre partie relève les traitements médicaux.
Enfin, une section prend le poids et la taille, et fournit une alerte automatique en cas de problème
(i.e. perte ou prise de poids importante), selon les références médicales (cf. Figure 84). Le
système doit être renseigné avec des informations venant du répondant, de l’aidant, mais aussi
353
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
des comptes rendus antérieurs, ou du médecin traitant dont les coordonnées sont enregistrées par
DAD.
Figure 84. Interface de la partie du système DAD dédiée au recueil des informations médiales.
Par ailleurs, afin de permettre aux profils non médicaux ou paramédicaux de comprendre les
effets des traitements, notre système permet un lien automatique vers le corpus Vidal® dans sa
version patient (i.e. simplifiée) ou professionnelle (i.e. plus complète) dans le but de connaître les
effets recherchés et les effets secondaires possibles des traitements ou des substances (cf. Figure
85). Pour autant, il ne s’agit pas d’intervenir sur le traitement, mais de le comprendre et de le
prendre en compte dans l’analyse.
Figure 85. Interface de la partie gestion du traitement médicamenteux avec lien vers la base de données de
prescription médicale Vidal, tiré de https://www.vidal.fr/recherche/index/q:Cordarone+/
354
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 86. Interface de la partie du système DAD la partie évaluation avec la sélection de la partie dédiée aux autres
tests disponibles en regard de la dimension évaluée.
Ensuite, chaque catégorie (i.e. capacités physiques, cognitives et facteurs modulants) est
composée de plusieurs sous-items, afin de permettre une exhaustivité maximale. Il est important
d'administrer les sous-items dans l’ordre dans lequel ils sont présentés, si la grille est administrée
entièrement. En effet, afin d’être le plus efficient possible, le sens de présentation permet de
prendre des informations qui seront utiles au fur et à mesure de l’évaluation (e.g. les
informations sur les catégories perceptives permettront d’être plus perspicace pour l’évaluation
ultérieure de l’attention et ainsi de ne pas confondre une diminution de l’attention avec une
diminution auditive). Les catégories peuvent cependant être passées séparément, mais il est
355
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
conseillé de faire passer l’intégralité d’une dimension afin de pouvoir obtenir des statistiques
valables.
Pour coter la grille, il faut utiliser la complémentarité des méthodes : données recueillies par
l’entretien, différents documents disponibles (i.e. comptes rendus médicaux, prescription, etc.),
ainsi que l’observation (i.e. épreuves, tests et manipulation du système évalué, etc.). Ensuite, il
suffit de choisir l'une des cinq propositions en sélectionnant la case d'option correspondante (cf.
Figure 85). Une moyenne sera automatiquement calculée pour chaque catégorie, ce qui permettra
de mettre en avant les points forts et les faiblesses du sujet, afin d'adapter au mieux et de manière
individuelle les propositions d'aide et / ou de compensation. Cependant, si un item demande un
approfondissement spécifique, des tests supplémentaires sont proposés selon leur pertinence. Les
tests proposés sont standardisés et validés pour mener plus loin l’exploration d’une fonction
particulière (i.e. sous-items). En cas de doute ou de complexité dans l’évaluation d’une situation
singulière, le passateur peut s’y référer. Les tests utilisés dans notre méthode sont ceux validés,
étalonnés, et les plus utilisés pour évaluer les différentes dimensions que nous avons
sélectionnées dans notre grille (e.g. fonctionnement mnésique, instrumental, exécutif,
attentionnel, physique ou encore les aspects sociaux, l’utilisation de technologie, la iatrogénie,
etc.).
Enfin, une liste exhaustive n’étant pas envisageable du fait de la singularité de chaque
situation, une partie « Remarque(s) » permet un recueil d’informations qualitatives
supplémentaires et personnalisées.
Figure 87. Interface de la page d’évaluation du sujet de l’outil DAD pour la mesure de l’item « force physique des
membres supérieurs ».
356
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
La deuxième partie concerne les experts (i.e. spécialistes du domaine concerné pour
l’évaluation), et permet de noter les performances minimales qu'un sujet doit avoir afin d’être
autonome pour mener à bien son activité, ses tâches ou pour l’utilisation d’une technologie (cf.
Figure 88).
La méthode d’évaluation est similaire à celle du diagnostic. L’expert doit cocher l’une des
cinq propositions correspondant au niveau de performance minimale nécessaire pour utiliser le
système évalué ou pour réaliser la tâche ou l’activité. Pour chaque item, il dispose d'une
définition de ce qu’il évalue, et d'une échelle likert sur cinq points. Pour chaque item, des
exemples sont donnés pour chaque niveau de l’échelle. Nous proposons de nouveau une partie «
Remarque(s) » qui permet un recueil d’informations qualitatives supplémentaires et
personnalisées (cf. Figure 89).
357
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 89.Page d’évaluation de l’expert de l’outil DAD pour l’évaluation de la force physique
Notre système ainsi finalisé et fonctionnel, nous pouvions passer à des tests sur le terrain en
situation réelle d’utilisation auprès de nos utilisateurs.
La méthode que nous avons utilisée est celle d’une conception centrée utilisateurs. Nous
avons sollicité nos utilisateurs primaires et secondaires dès le début de notre processus de
conception et tout au long de celui-ci.
Les résultats nous ont permis d’améliorer notre système et de le faire correspondre aux
besoins de notre public.
Pour discuter de la démarche de conception de notre système DAD, nous prenons en compte
les trois points majeurs évoqués par Laila (2009) qui visent à garantir la pertinence d’un outil
d’évaluation des seniors :
1. correspondre à la population visée
2. être efficient pour les utilisateurs
3. avoir de bonnes propriétés psychométriques
358
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Avant d’effectuer une conception centrée utilisateurs, il est essentiel de repérer précisément
ses utilisateurs, afin de correspondre à leurs besoins, à leurs attentes et in fine que l’outil conçu
soit pertinent, accepté et utilisé.
Par rapport à la conception de notre outil, nous avons détecté deux grandes catégories
d’utilisateurs :
- les primaires, qui correspondent aux seniors ;
- les secondaires, qui concernent les experts de la gérontologie.
La première étape de notre méthodologie s’est affairée à explorer les besoins de nos
utilisateurs primaires, et nos utilisateurs secondaires étaient davantage pris en considération dans
les étapes de validation du système.
Concernant nos utilisateurs primaires ; même si par extension notre outil peut être utilisé –
sous certaines conditions – pour l’évaluation du handicap général, il est d’abord spécifique à la
personne âgée. Notre système a été conçu spécialement, avec et pour les aînés, en prenant en
compte leurs spécificités, par une analyse de la littérature et une évaluation sur le terrain auprès
de cette population (cf. section 4.1.3).
Concernant nos utilisateurs secondaires, la grille issue de la première étape a été adaptée
sous la forme de prototypes que nous avons soumis à l’expertise de 26 professionnels spécialisés
dans la prise en charge des aînés. Ces étapes nous ont permis d’adapter notre évaluation en
fonction des demandes, des choix et des besoins des experts ; et surtout de bénéficier de leurs
connaissances ainsi que de leurs expériences pratiques et théoriques pour affiner et améliorer
notre méthodologie.
Les deux premières étapes de notre méthodologie nous ont donc permis de prendre en
considération l’intégralité de nos utilisateurs (i.e. étape 1 : personnes âgées ; et étapes 2 : les
professionnels). En ce sens, notre outil correspond aux populations visées.
Par ailleurs, nous relevons que nos étapes (i.e. analyse de la littérature, confrontation au
terrain et conception centrée utilisateurs) semblent particulièrement bien adaptées à la mise en
place d’outils d’évaluation efficients comme par exemple les systèmes POCT, et pour des
disciplines, comme la gérontologie, qui sont composées de plusieurs spécialités. En effet, cela
permet d’une part, un partage de connaissances, de méthodes et de pratiques, et d’obtenir un
consensus indispensable à la collaboration pluridisciplinaire (Epstein et al., 1990; Oliver, 2008;
Schmidt & Wahl, 2016; Welsh et al., 2014). Et d’autre part, cela permet aussi d’être une source
d’inspiration, d’ajustement et d’amélioration autant sur le fond (e.g. items, épreuves, choix de
359
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
tests, vocabulaire, etc.), que sur la forme (e.g. esthétisme, ergonomie, présentation des
informations, etc.).
Après avoir évaluées les demandes et les besoins de nos utilisateurs, nous devions proposer
un outil efficient, qui soit plus avantageux en termes de temps et d’efficacité qu’une méthode
traditionnelle. C’est-à-dire, pour l’utilisateur primaire en respectant ses capacités d’attention, de
concentration et de fatigabilité, et pour l’utilisateur secondaire en diminuant sa charge de travail,
et en améliorant les résultats obtenus, etc.
Pour les professionnels, le système est facile à apprendre et à manipuler. Par ailleurs, il
exige les mêmes temps de passation que les tests d’évaluation gérontologique de référence :
- Rai : plus d’une heure pour un utilisateur formé (Felix et al., 2014)
- PLaisir : plus d’une heure pour un utilisateur confirmé et formé (Felix et al., 2014;
Seematter-Bagnoud et al., 2012)
- MIF : supérieur à 45 minutes pour administrer et coter et plus de 17 minutes pour le
recueil de données (Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. wwwstrokengine.ca)
- DAD : moyenne 1h25 (m = 85.32, min = 71, max = 117). Néanmoins, cette moyenne
correspond à la phase de test et de découverte de l’outil, et elle inclut les pauses et le
temps de changement de vidéos entre chaque dimension mesurée. On peut penser
raisonnablement qu’une fois l’outil pris en main, les temps de passation seront plus
courts
D’autre part, le logiciel permet aussi de protéger contre les erreurs et les oublis en
fournissant des check-lists et des systèmes de calcul de certains indicateurs pertinents (e.g. perte
de poids, corpus Vidal, liens vers d’autres tests, etc.). Enfin, le test est standardisé et donne accès
à des statistiques intra et interindividuelles, ce qui améliore l’évaluation et la comparabilité.
360
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Notre outil est donc efficient pour les utilisateurs primaires puisqu’il respecte leur
spécificités (e.g. fatigue, attention, etc.), et pour nos utilisateurs secondaires car il augmente leur
capacité de diagnostic, le standardise, évite l’erreur, etc., et donc diminue la charge de travail
Les qualités psychométriques peuvent être considérées sous trois aspects (Kirshner &
Guyatt, 1985) :
1. le diagnostic (i.e. discrimination intra et interindividuelle)
2. le pronostic (i.e. anticiper l’évolution de la situation)
3. l’intervention (i.e. avoir des indicateurs pertinents et pouvoir les surveiller dans un
processus de manière efficiente )
Les résultats des tests effectués sur nos prototypes suggèrent une certaine fiabilité sur ces
trois aspects :
Les résultats diagnostics montrent une bonne validité lors des tests utilisateurs sur nos
prototypes, et nos résultats sont encourageants. Déjà, l’étude de la validité nominale sur notre
premier prototype nous a permis d’être proche des demandes des experts et donc de leurs
pratiques. Ensuite, la validité de contenu, que nous avons mesurée par un IVC (i.e. Indice de
Validation de Contenu) est supérieure aux normes exigées par cet indice (i.e. >.80), et se situe
pour toutes nos sous-dimensions, ainsi que pour toutes nos échelles de mesure à un niveau
supérieur à .90. Enfin, DAD ne fournit pas de note globale qui pourrait cacher certaines
difficultés en submergeant les notes les plus faibles dans celui d’un résultat général (Granger,
Deutsch, & Linn, 1998 ; Linacre, Heinemann, Wright, Granger, & Hamilton, 1994). D’ailleurs
dans les possibilités de comparaisons intergroupes, tous nos résultats quantitatifs sont fournis par
dimension et avec des moyennes, des écarts types et des pourcentages, afin de diminuer les biais
d’interprétation. Néanmoins, il faudra prendre en compte les résultats des tests inter-juges pour
valider plus précisément la fiabilité de notre évaluation (cf. prochain chapitre).
L’aspect prédictif, quant à lui, peut être obtenu par la comparaison des résultats de groupe,
qui permet de tirer des profils et d’anticiper certaines difficultés. En effet, notre outil donne des
possibilités de recueil de données de type épidémiologique et de comparaison, avec et sans
technologies. Cette faculté rend possible le pronostic, en classant les sujets et en anticipant par
exemple les besoins à venir. Cet aspect est aussi intéressant en termes de recherche pour
effectuer des statistiques sur des échantillons importants et de manière longitudinale (e.g.
évaluation à T1, T2,…Tn). Nous pouvons, par exemple, faire de la statistique descriptive et
observer qu’à domicile, les personnes âgées déclarent à 80 % avoir un bon environnement social,
alors qu’une fois en institution, elle le déclare seulement pour 40 %. On distingue ainsi de
manière descriptive des évolutions, et on peut tirer certaines conclusions, avec bien entendu les
361
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Cette étape a permis de faire évoluer le système, de le rendre plus pertinent et d’améliorer
l’acceptabilité. La consultation de nos utilisateurs primaires (n = 78), et l’analyse de l’existant
nous ont permis de sélectionner les items à évaluer, et la consultation de nos utilisateurs
secondaires (n = 26) nous a permis de les valider.
Les critères d’inclusion des professionnels restaient les mêmes qu’aux étapes précédentes, à
savoir des professionnels de santé, français et suisses, experts dans au moins une des catégories
retenues (i.e. capacités physiques, capacités cognitives, facteurs modulant l’activité) et ayant au
minimum trois ans d’expérience dans la prise en charge de personnes âgées de plus de 65 ans.
362
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
ce faire nous avons utilisé des statistiques inter-juges afin de mesurer l’outil dans la
pluridisciplinarité. Tous nos tests statistiques sont effectués au risque de première espèce de 5 %,
et les résultats sont donnés avec leur degré de significativité p.
Pour assurer la standardisation et la comparabilité de nos tests inter-juges, nous avons décidé
de filmer un cas pratique pour contrôler que l’état de santé et les réponses n’évoluent pas et ne
changent au cours de la passation du test. Les vidéos comprenaient strictement la méthodologie
d’évaluation de la grille de passation de DAD, ainsi que les tests qu’elle propose (cf. Figure 90).
Figure 90. Vidéo test DAD présentées lors des tests inter-juges
363
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Concernant nos modèles statistiques, nous avons choisi une technique basée sur la fidélité
inter-juges au moyen des outils statistiques Kappa, d’un PRL (i.e. Proportional Reduction of
Loss), ainsi que de corrélations.
L’analyse des résultats s’effectue de la façon suivante, un kappa supérieur à .80 (80 %)
correspond à un excellent accord, un kappa supérieur à .60 (60 %) à un accord important, un
kappa compris entre .40 et .60 (40 % à 60 %) à un accord modéré, et enfin s’il est inférieur à .40
(40 %) il représente un accord faible (cf. Tableau 87). Cependant, ces valeurs de références
peuvent être légèrement différentes selon les auteurs et selon les besoins du protocole mis en
place par les chercheurs. Nous utiliserons deux types de Kappa ; le Kappa de Fleiss qui permet
d’observer l’accord entre trois juges et plus, et le Kappa de Cohen qui représente l’accord entre
deux juges.
Kappa Interprétation
<0 Pauvre concordance / désaccord
0.01 - 0.20 Faible concordance/ accord très faible
0.21 - 0.40 Légère concordance / accord faible
0.41 - 0.60 Concordance moyenne / accord modéré
0.61 - 0.80 Concordance importante / accord fort
0.81 -1.00 Concordance presque parfaite / accord presque parfait
Tableau 87. Normes choisies pour les résultats Kappa
Enfin, nous avons effectué une corrélation générale qui permet de vérifier la force du lien
entre nos experts et le sens de leurs observations.
364
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous présentions, à nos experts, un écran de télévision et nous passions les vidéos, nous leur
fournissions également le dossier médical du patient (anonymysé). Ils devaient ainsi trouver et
fournir les informations demandées, puis évaluer notre patient type sur notre logiciel, présenté
sur un ordinateur (cf. Figure 91).
Figure 91. Passation des tests inter-juges avec les vidéos et présentation d’une installation type de notre matériel
d’expérimental.
Les réponses des professionnels étaient portées sur le logiciel DAD dans sa version finale, et
toujours filmées et enregistrées avec le logiciel BB Flash Back Player® (cf. Figure 92).
Figure 92. Tests inter-juges en centre de rééducation et de réadaptation filmé et enregistré par le logiciel BB Flash
Back Player®.
365
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Les experts devaient visionner une vidéo pour chaque item et évaluer le niveau du sujet. Ils
portaient ensuite leurs réponses directement sur le logiciel (cf. Figure 93).
Pour l'analyse de nos résultats, nous avons utilisé dans un premier temps un Kappa de Fleiss,
afin de comparer les résultats pour tous les professionnels confondus.
Lower 95 % Upper 95 %
Asymptotic
Kappa Z P Value Asymptotic CI Asymptotic CI
Standard Error
Bound Bound
Overall .625 .008 77.740 .000 .609 .641
366
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous avons ensuite voulu comparer les Kappa de Fleiss afin de déterminer s’il y avait une
différence pour les groupes de pairs occupant la même fonction.
- Pour le groupe kinésithérapeute (n = 7), nous observons une concordance importante (K
= .675 [IC = .622 -.727, P = .00]) (cf. Tableau 89).
Lower 95 % Upper 95 %
Asymptotic
Kappa Z P Value Asymptotic CI Asymptotic CI
Standard Error
Bound Bound
Overall .675 .027 25.245 .000 .622 .727
Tableau 90. Résultats des analyses Kappa pour le groupe « infirmier en gériatrie ».
Nous avons dans un second temps observé les Kappa de Cohen pour les binômes occupant
la même fonction.
- Le groupe médecin généraliste (n = 2) montre un accord fort (K = .680 et p = .000) (cf.
Tableau 92).
Erreur Signification
Valeur asymptotique T approximatifb approximative
standarda
.000
Kappa .680 .102 5.950
Mesure d'accord
35
N d'observations valides
Tableau 92. Résultats des analyses Kappa pour le groupe « médecin généraliste ».
367
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
- Le groupe gériatre (n = 2) montre lui aussi un accord fort (k = .717 et p = .000) (cf.
Tableau 93).
Erreur Signification
Valeur asymptotique T approximatifb approximative
standarda
.000
Kappa .717 .105 5.577
Mesure d'accord
35
N d'observations valides
- Enfin, le groupe informaticien montre également un accord fort (k = .671 et p = .000) (cf.
Tableau 95).
Erreur Signification
Valeur asymptotique T approximatifb approximative
standarda
.000
Kappa .671 .106 5.385
Mesure d'accord
35
N d'observations valides
Les résultats sont encourageants puisqu’ils sont compris pour tous les items mesurés entre K
= .717 avec un accord fort et k = 488 avec un accord moyen. Aucun de nos résultats n’obtient de
concordance légère ou pauvre.
Ces résultats suggèrent que les différents professionnels sont arrivés au même diagnostic sur
notre patient, et ce, indépendamment de l’aspect disciplinaire.
368
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous avons également fait une analyse par une corrélation générale entre les résultats de
réponses inter-juges observés chez nos experts (cf. Graphique 1). Nous constatons que les
observations ont une corrélation forte et positive, et que 85 % de nos résultats sont supérieurs à r
= .90 (r = .909 [ET = .07])
Cette corrélation forte et positive suggère une fois de plus de l’accord entre nos
observateurs, et semble montrer que malgré des fonctions, et des expertises différentes, DAD
permet d’obtenir un consensus dans l’observation des déficits du patient.
Tableau 96). Comme pour la méthodologie précédente nous observons une analyse générale
(i.e. tous les professionnels confondus), puis nous affinons l’analyse par fonctions (i.e. entre
pair) (cf. Annexe 6).
Concernant le résultat général avec tous les professionnels confondus, nous relevons un PRL
à .790, ce qui, ramené à la table, montre une proportion d’agrément inter-juges de 100 %.
369
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
La majorité de nos mesures de PRL obtient 100 % ce qui suggère que nos résultats ne sont
pas aléatoires (cf. Tableau 96). Cependant, le groupe des professeurs obtient un score moins
élevé que les autres (89 %), ce qui peut être en parti expliqué par le fait que les disciplines
d’enseignement et de recherche ne sont pas les mêmes pour chaque expert (i.e. ergonomie,
gérontologie et psychogériatrie). On remarque que pour deux d’entre eux il s’agit de disciplines
médico-sociales et pour l’autre, d’une discipline orientée vers la conception. Pour autant ce score
reste bon et fort.
Tableau 96. Exemple du traitement par PRL le la catégorie kinésithérapeute de notre échantillon
L’analyse par Kappa nous permet d’observer des accords forts entre nos experts. Par ailleurs
ce constat est appuyé par nos PRL qui suggèrent que nos résultats ont peu de chance d’être
hasardeux ou soumis aux fluctuations d’échantillonnage.
Par ailleurs, les résultats obtenus par le biais de notre outil DAD nous permettent aussi
d’observer que les accords entre les juges sont bons puisque nos moyennes sont élevées et nos
écarts-types sont proches. On observe également que les résultats sont homogènes sur l’échelle
de likert (i.e. adapté, léger, modéré, sévère et impossibilité) (cf.Tableau 97) de notre outil, ce qui
montre que les experts ont reporté des observations similaires.
370
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Tableau 97. Résultats des évaluations réalisées par nos experts fournis par le logiciel DAD.
Nos résultats suggèrent que notre outil est fiable, et qu’il permet un diagnostic valide. Par
ailleurs, nous remarquons par les données inter-juges, que notre méthodologie permet un
consensus pluridisciplinaire entre différents experts médico-sociaux de la gériatrie, et que cet
accord est aussi valable pour les concepteurs (i.e. informaticiens) qui non seulement ont pu
porter le diagnostic, mais ont été cohérents dans le diagnostic, entre eux et avec les autres.
371
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Cette étape de notre méthodologie, nous a permis d’élaborer la phase finale de notre système
et de faire une dernière étape de validation de la fidélité de notre méthodologie par une
reproductibilité inter-juges.
Notre système fournit plusieurs types de résultats : (1) individuels, (2) d’évolution, (3)
différentiels, (4) de groupes, et ils sont fournis sous plusieurs formes (i.e. qualitatives et
quantitatives : graphiques et tableaux).
Le testeur peut recevoir un bilan, sous format PDF, du sujet qu’il a évalué concernant ses
habilités et ses limites. L’évaluation se présente sous forme d’un diagramme radar et donne le
profil du sujet sous forme visuelle (cf. Figure 95).
372
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 95. Graphique radar fourni par le logiciel DAD lors de l'analyse "individuel" du sujet.
Cette première analyse va être une base de travail importante pour la suite des possibilités de
résultats de notre système.
373
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 96. Interface du logiciel DAD pour l'analyse de « l’évolution » du sujet évalué
374
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 97. Graphique radar fourni par le logiciel DAD lors de l'analyse de l’"évolution" du sujet à un an d’intervalle.
375
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 98. Interface du logiciel DAD pour l'analyse « différentielle » du sujet évalué
DAD à l’avantage de permettre une double évaluation ; d’une part de la personne âgée en
termes de déficits (1 et 2) et, d’autre part, en termes de capacités nécessaires pour accomplir
certaines tâches dans l’environnement. La confrontation (i.e. écart) entre ces deux évaluations
donne lieu à un diagnostic différentiel apportant aux professionnels des indications sur la nature
de l’aide à dispenser pour combler cet écart (cf. Figure 99).
376
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 99. Graphique radar fourni par le logiciel DAD lors de l'analyse "différentielle" du sujet et d’un système.
Dans l’exemple ci-dessus, un professionnel a évalué un sujet avec ses déficits et ses
capacités résiduelles (trait en bleu). Le même expert, ou un autre, a mesuré – avec le même outil
– les capacités minimales nécessaires pour assurer une tâche, accomplir une fonction ou utiliser
un système. DAD a alors calculé la différence entre les deux évaluations et a fourni un ratio
positif ou négatif. L’appréciation entre les deux données (i.e. évaluation des déficits et des
besoins) que nous nommons « note différentielle », peut-être un indicateur précieux pour la
gérontologie. Elle permet de mettre en avant les besoins en cas de ratio négatif, et fournit des
pistes pour les soins ou les compensations à mettre en œuvre. Dans l’exemple ci-dessus, on
remarque que trois dimensions évaluées ont un ratio négatif en termes de déficits vis-à-vis des
capacités requises pour réaliser certaines tâches (i.e. cercle rouge). Il faudra alors trouver des
solutions compensatrices (e.g. humaines, thérapeutiques, ou technologiques), afin que le sujet ne
soit pas en situation de limitation d’activités face à l’environnement. C’est en cela que l’outil que
nous proposons vient appuyer la résolution du handicap, tel que défini par la CIF.
377
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Afin de démontrer l’utilisation de DAD, nous pouvons prendre l’exemple d’une technologie
déjà présente chez les sujets âgés : le pilulier connecté. En effet, l’organisation mondiale de la
santé (Sabate, 2003) affirme que l’amélioration de la compliance médicamenteuse chez les
malades chroniques – dont la prévalence est haute chez les personnes âgées – serait plus efficace
que n’importe quel progrès médical. Nous ajoutons que l’on peut encore améliorer ce progrès
médical si on le couple à des gérontotechnologies comme le pilulier connecté.
Figure 100. Évaluation différentielle entre le système technique de pilulier Imédipac et le sujet Z 01 mesurée avec le
logiciel DAD.
On remarque dans notre exemple que l’utilisation de ce système impose des demandes peu
élevées (i.e. trait en rouge sur la figure) hormis pour les dimensions :
378
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
- de mémoire à long terme procédurale, pour acquerir, retenir et appliquer une procédure
minimale, avec une note de 2 sur une échelle de 5
- d’attention sélective, pour reconnaître et selectionner les alarmes visuelles et sonores,
évalué à 3 sur 5
- de dextérité manuelle, pour prendre les pilules, noté à 2 sur 5
En parallèle, l’évaluation des capacités résiduelles du sujet vis-à-vis des dimensions citées
est :
- pour la mémoire à long terme procédurale, de 4 sur 5
- pour l’attention sélective, de 5 sur 5
- pour la dextérité manuelle, de 2 sur 5
Par rapport aux capacités résiduelles (i.e. trait bleu), on peut observer sur le graphique
qu’elles n’ont pas besoin d’être compensées pour utiliser le dispositif technique (i.e. trait rouge),
car ses capacités résiduelles sont supérieures aux demandes exigées pour utiliser le système
Imédipac®.
Par ailleurs, en tant que variables modulatrices pouvant avoir un effet sur la tâche en cours ,
on peut constater que cette personne prend des psycholeptiques, mais que leur effet sédatif est
compatible avec l’utilisation de ce système technique.
on note encore que le niveau d’expertise et l’intérêt porté aux technologies (i.e. support,
fonctionnalité et objectif) sont également supérieurs à ceux qu’exigent l’utilisation du système.
On peut alors conclure que le système répond aux besoins du sujet et qu’il est compatible en
termesd’utilisabilité et d’acceptabilité.
Par contre, en comparant un autre profil, on pourrait s’apercevoir que les demandes en
attention sélective ou concernant le réseau social sont trop élevées vis-à-vis du niveau
d’aptitudes du sujet. Il faudrait alors ajuster d’autres paramètres dans la prise en charge pour
rendre l’environnement et le profil compatibles et que le système puisse être utilisé.
DAD fournit également l’information concernant la note différentielle sous la forme d’un
tableau (cf. Tableau 98). L’évaluation du résultat se lit de : +5 à -5, et s’interprète de la manière
suivante :
379
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Tableau 98. Exemple de présentation des résultats pour la note différentielle tirée du système DAD
Ces résultats quantitatifs permettent aussi de faire des réévaluations suite à la mise en place
des compensations (i.e. de la même façon que l’évaluation T1, T2, etc.), ou encore de surveiller
l’évolution du sujet dans son environnement (e.g. domicile, ou dans un lieu public, etc.) pour
adapter celui-ci et le mettre aux normes (e.g. loi de 2005, ISO, etc.). On peut alors évaluer, par
exemple, si les prescriptions gérontotechnologiques ont bien rempli leur rôle (e.g. compensation
de la mémoire de travail, facilitation de la préhension, etc.), et qu’elles n’amènent pas de
problèmes collatéraux. Nous savons par exemple, que l’attention divisée est problématique chez
les aînés (Kramer et al., 1999; Kray et al., 2002; Perry et al., 2000), il faudra donc pouvoir
vérifier que la mise en place d’un système n’augmente pas la charge de travail pour cet aspect,
ou encore que l’utilisation de la technologie n’accroît pas la fatigue, ne diminue pas la vigilance
(i.e. attention sélective, soutenue, et divisée) ou n’entraîne pas de difficultés en termes
380
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
d’équilibre (e.g. augmentation du risque de chute, etc.). En ce sens, il nous semble que
l’évaluation des systèmes doit être globale, de la même façon que celles des sujets.
Figure 101. Interface du logiciel DAD pour l'analyse « intergroupe » des sujets évalués
Cette comparaison peut être intéressante pour un travail d’épidémiologie concernant les
personnes âgées, ou encore pour comparer un groupe de sujets face à un environnement (e.g.
salle de bain aménagée, bâtiments publics mis aux normes législatives, etc.) (cf. Figure 102).
381
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Figure 102. Graphique radar fourni par le logiciel DAD lors de l'analyse de "groupe".
Tous nos résultats sont fournis avec un tableau récapitulatif qui fournit des résultats
quantitatifs et qualitatifs dans lesquels on retrouve différents indicateurs statistiques comme la
moyenne arithmétique, l’écart-type, le pourcentage de diagnostic (i.e. la répartition des
diagnostics), le nombre de sujets évalués, ainsi que les remarques écrites des professionnels (cf.
Tableau 99 et tableau 100).
382
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Tableau 99. Rapport de résultats PDF fourni par l'analyse de "groupe" par DAD
Tableau 100. Rapport de résultats PDF fourni par l'analyse de "individuelle » par DAD
383
Chapitre 5 - Expérimentation pour la conception d’un outil d’aide au diagnostic des déficits des personnes âgées et de leurs besoins
Nous relevons que nous obtenons des résultats significativement bons en regard des tests
inter-juges avec un kappa de Fleiss élevé pour l’analyse pluridisciplinaire (K = .625 [IC = .609 -
.641, p = .00]) et qui augmente encore si l’on observe les résultats par discipline, avec un kappa
de Cohen (e.g. pour le groupe gériatre : k = .717 et p = .000), et aucune de nos comparaisons
(i.e. tous professionnels confondus, par discipline ou par binôme) n’obtient de concordance
faible, pauvre ou de désaccord. En outre, on relève que les informaticiens – qui sont davantage
orientés vers la conception – obtiennent un accord fort (k = .671 et p = .000). D’ailleurs une
corrélation générale vient appuyer ces résultats et montre que les accords entre nos experts ont
un lien fort et positif, et que 85 % de nos résultats sont supérieurs à r = .90 (r = .909 [ET = .07]).
Notre outil semble donc fiable et valide et parait être une bonne solution pour améliorer
l’aspect pluridisciplinaire de la gérontologie.
Résumé :
Dans ce chapitre, nous avons exposé la méthodologie de développement de notre outil, ainsi
que sa mise en place et son évaluation auprès de nos utilisateurs primaires et secondaires. Nous
avons également exposé nos choix d’analyses statistiques et discuté des résultats.
384
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Chapitre 6
Ce chapitre est dédié à une discussion et une réflexion concernant notre recherche. Nous
y évoquerons les capacités de l’outil DAD, ses possibilités de mesures, sa validité et son
apport dans les champs de l’ergonomie et de la gérontologie. Nous discuterons également des
apports et des limites de notre méthodologie de diagnostic.
Nous avons relevé dans notre travail que les différentes recherches en gérontologie (Benaim
et al., 2005; Felix et al., 2014; Le Deun & Gentric, 2004; Stuck et al., 1993) ont mis en avant
l’intérêt d’une évaluation globale de la personne âgée (i.e. physique, cognitive et sociale). Les
méthodologies comme la CGA ou l’ EGS (Epstein et al., 1990; Kuo et al., 2004; Rolland et al.,
2002; Stuck et al., 1993) démontrent l’importance d’évaluer des indicateurs spécifiques au sujet
âgé, et d’en déduire l’état fonctionnel, afin de mieux comprendre ses besoins, ses capacités et ses
limites, dans le cadre de sa prise en charge gériatrique.
Nous considérons qu’il est important de promouvoir cette même méthodologie, et de mettre
en place une évaluation précise de l’utilisateur, en fonction de son âge, de ses capacités (i.e.
déficitaires ou préservées), de ses besoins et de son environnement avant toute conception ou
prescription de gérontotechnologies. Notre méthodologie pourrait être une réponse afin
d’améliorer la correspondance entre les besoins des personnes âgées, et les possibilités
technologiques disponibles ou à créer.
385
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
DAD semble répondre aux exigences et aux attentes des définitions de référence de
l’évaluation gériatrique (Collège National des Enseignants de Gériatrie, 2014; Collins et al.,
1989).
Même si notre outil n’avait pas pour objectif initial la mesure du vieillissement
pathologique et de la fragilité, l’utilisation de nos indicateurs (i.e. médicaux, sociaux et
psychologiques) en lien avec la gérontologie nous permettent d’avoir une approche de ces
symptômes.
En effet, les prodromes de la fragilité sont discrets, et les mesures proposées sont souvent
insuffisantes (cf. section 1.1.2.2). Les conclusions des travaux de recherches de Felix et al.
(2014) relèvent cinq aspects importants qui doivent être pris en compte et évalués lors de la
mesure de la fragilité :
1. les problèmes médicaux (i.e. pathologie, iatrogénie, etc.)
2. les problèmes fonctionnels physiques (i.e. mauvais score aux AVQ, AIVQ, risque de
chute, etc.)
3. les problèmes fonctionnels psychiques altérant le bon fonctionnement quotidien, etc.
4. les problèmes fonctionnels cognitifs (i.e. perte d’autonomie, mauvaise adaptation à
l’environnement, etc.)
5. les problèmes fonctionnels sociaux (i.e. difficultés de trouver des soignants qualifiés,
liens sociaux, etc.)
DAD reprend ces aspects, et pourrait en ce sens être une aide pour la détection de cet état, et
une source d’informations précises et importantes pour l’évaluation clinique.
Concernant le point 1, DAD permet d’établir une anamnèse des antécédents médicaux,
chirurgicaux et psychiatriques, ainsi que des indicateurs à propos des traitements médicamenteux
(i.e. psychotropes et lien automatique vers le corpus pharmacologique Vidal©).
386
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
surveiller l’évolution du sujet et de relever rapidement et précisément (i.e. item par item) une
altération ou une péjoration de l’état général (i.e. analyse des résultats de l’évolution), et cette
réactivité est primordiale dans la détection et la prise en charge de la fragilité. Ces aspects
peuvent être à l’avantage de DAD en regard des autres grilles d’évaluation.
Par ailleurs, nous avons pu constater dans notre travail de recherche que les méthodes
d’évaluation de type CGA (i.e. Comprehensive Geriatrics Assessment) ou EGS (i.e. Evaluation
Gériatrique Standardisée) obtiennent de bons résultats concernant la prise en charge et la
surveillance de l’état de santé des aînés (Kuo et al., 2004; Rolland et al., 2002; Stuck et al.,
1993). En revanche, on remarque dans un même temps qu’elles perdent leurs propriétés
lorsqu’elles sont administrées en dehors des institutions hospitalières (Ellis et al., 2011; Stuck et
al., 1993). Une des principales causes est la difficulté d’effectuer une prise en charge
pluridisciplinaire impliquant différents acteurs de la prise en charge de la personne âgée en
dehors de l’hôpital. En ce sens, notre outil propose une évaluation globale de type CGA, mais
couplée aux avantages des TIC (e.g. portabilité, interopérabilité, etc.) et permet ainsi d’être
utilisé par les différents professionnels et de partager leurs données indépendamment du lieu de
vie du sujet, ou du lieu de pratique du professionnel.
De plus, DAD est aussi couplé aux avantages des systèmes POCT (i.e. Point of Care Test).
En effet, notre système s’apparente aux tests POCT, qui sont appréciés et demandés par les
professionnels (Howick, et al., 2014; Kost, 2002) pour leur qualité d’efficience, de simplicité, et
de protection contre les erreurs.
DAD dispose des trois qualités requises par ces systèmes (i.e. nécessiter peu de matériel,
être utilisable dans une multitude de lieux, avoir des résultats immédiat avec une lecture et une
interprétation simples) :
- peu de matériel, le système peut- être intégré sur une tablette tactile ou sur un
smartphone. Par ailleurs, tous nos tests sont écologiques (cf. figure 103) et ne
demandent pas de matériel médical ou biologique spécifique (e.g. bouteille d’eau,
casserole, scotch, chaise,papier/crayon, etc.) ;
387
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Enfin, l’outil permet de constituer des profils de groupes de personnes âgées. Cela peut être
avantageux lorsqu’on s’intéresse aux caractéristiques d’une population globale, comme celle
d’une maison de retraite ou d’un EHPAD.
Pour conclure, notre outil semble pouvoir être un bon indicateur de la fragilité et de
l’évaluation clinique d’un sujet vieillissant. Néanmoins, bien qu’il soit validé, nous devrions –
concernant l’évaluation de la fragilité et du vieillissement pathologique – mettre en place une
démarche de validation supplémentaire, sous la forme d’une étude comparative, avec des
statistiques de fidélité des formes parallèles et équivalentes. Nous pourrions ainsi confronter les
résultats de DAD à des outils de référence comme les grilles MIF, Plaisir, AGGIR, au phénotype
de Fried, etc. avec une méthodologie intra ou inter-juges.
388
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
La démarche globale d’évaluation que nous proposons à travers notre système DAD (cf.
Figure 106) permet, comme nous l’avons montré, d’avoir deux types de mesures qui sont
complémentaires :
- une mesure déficits / capacités résiduelles individuelles et / ou de groupe (selon
l’objectif de l’évaluation). Cette évaluation est importante pour la conception et la
prescription de technologies, car elle donne la possibilité de connaître à la fois notre
sujet et notre population (e.g. différences intra et inter groupes) ;
- une évaluation des capacités nécessaires pour réaliser les tâches / activités de la vie
quotidienne, et éventuellement utiliser un outil ou un système technique dans un
environnement spécifique.
Figure 104. Design for Adapted Device" (DAD) : démarche globale d’évaluation et de conception d’aide au
diagnostic.
Selon le modèle de la CIF (2001) et les recherches de plusieurs auteurs (Brangier &
Barcenilla, 2003; Steinfeld, 2010; Vanderheiden, 2000), les environnements (i.e. physiques,
virtuels ou sociaux) amènent une pondération à l’évaluation de l’état général de la personne
âgée, dans le sens où ils peuvent être des facilitateurs de l’activité ou au contraire constituer un
frein (Koleck et al., 2014; Preiser & Ostroff, 2001b; Prouteau et al., 2012; Sears et al., 2003).
389
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
En effet, tant que la demande de l’environnement reste inférieure aux capacités résiduelles,
la situation diagnostiquée restera positive. Cet élément permet de ne pas voir le vieillissement
normal comme une difficulté, car il est convenu que les seniors soient moins rapides, moins
forts, etc. mais ce n’est pas problématique pour autant.
Figure 105. Formalisation de la méthode d’évaluation par la comparaison entre l’environnement et les capacités.
390
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Dans son rapport concernant les gérontotechnologies, Rialle (2007, p. 56) souligne plusieurs
objectifs à court, moyen et long terme, qui visent à améliorer la conception, l’organisation, la
visibilité et la prescription des gérontotechnologies dans le champ du handicap et du
vieillissement. Il constate, à juste titre, que la conception est au centre de la problématique et
qu’elle dysfonctionne car les connaissances des concepteurs, concernant les besoins spécifiques
sont insuffisantes, et que l’enseignement des méthodes de conceptions est parfois inadapté :
« Les gérontechnologies ont du mal à atteindre leur but faute de proximité des jeunes
chercheurs ou étudiants en ingénierie avec les besoins réels des personnes âgées en situation
de handicap : ils partent alors dans des directions qui ne sont pas forcément les plus
judicieuses. À l’inverse, nombre de besoins vécus quotidiennement par les gérontologues au
sens le plus large du terme sont totalement ignorés des écoles et universités, où pourtant sont
enseignées les méthodes de conception les plus avancées ».
D’ailleurs, l’inverse est aussi vrai, et les profils médico-sociaux ont souvent une bonne
évaluation biopsychosociale, mais sont limités dans la prescription de technologies par un
manque de connaissance de l’existant, et restreints dans la prospective, car insuffisamment
informés sur l’évolution des technologies, sur leurs possibilités et leurs performances (Lecomte,
2003). Ces deux types de conception (i.e. techno push et social pull) sont insuffisantes et doivent
pouvoir se compléter afin d’être efficaces et efficientes.
Il relève également que la conception peine à aller vers l’utilisateur final en début du
processus, et que les professionnels de la santé, associatifs ou aidants, peuvent être une force de
proposition, mais qu’il n’y a pas de transfert de leurs connaissances et de leurs pratiques vers les
milieux académiques, de conception ou industriels. Il propose alors des pistes de solutions telles
que la présence de professionnels de la santé qui fassent le lien, ou la mise en place de lieux
spécifiques pour discuter, imaginer, et travailler autour de la conception des gérontotechnologies.
Lecomte (2003, p. 123) considère quant à lui que la difficulté principale vient de l’absence
de pluridisciplinarité dans la prise en charge et l’évaluation des seniors et qu’elle doit passer par
l’utilisation d’outils et de méthodes communes afin de standardiser la prise en charge et la
prescription de technologie, et d’effacer toutes les inégalités dans les traitements :
391
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Nous partageons ces constats, et nous pensons que notre méthodologie peut représenter un
cadre intégrateur pour remédier à ces difficultés.
Enfin, un des constats au niveau de la conception des systèmes destinés aux personnes
âgées, c’est le manque de connaissances sur celles-ci. Il est admis que dans une démarche de co-
392
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
conception participative centrée utilisateur, il faut inclure la personne âgée à toutes étapes de la
conception, mais pour cela il faut choisir d’abord un échantillon pertinent. DAD permet de
constituer des profils de personnes âgées avec des caractéristiques particulières pouvant être
choisis en tant que groupes expérimentaux pour les différentes étapes de la conception.
De nombreux auteurs (Gondo, 2006; Laila, 2009; Lecomte, 2003; Rialle, 2007) soulignent
l’importance d’un classement des gérontotechnologies, afin de favoriser leur utilisation à bon
escient. Nous partageons ce constat, et nous pensons qu’il est important d’avoir un classement
clair et consensuel des technologies pour plusieurs raisons :
- bénéficier d’une aide à la décision ;
- avoir une vision claire de l’existant, des capacités et des possibilités des technologies ;
- améliorer le travail interdisciplinaire de la gérontologie (e.g. patients, prescripteurs,
concepteurs, industriels, etc.) ;
- améliorer la recherche d’informations pour les utilisateurs, les professionnels, les
familles, les aidants, etc.
Nous avons relevé que les classements actuellement disponibles ont certaines lacunes, et
rendent difficiles un accord interdisciplinaire. Nous observons aussi que l’absence
d’organisation, de consensus et de clarté amènent des erreurs de prescription ou des difficultés à
relier les déficits aux possibilités technologiques, et qu’enfin beaucoup de technologies n’ont pas
fait la preuve de leur capacité et ne bénéficient pas d’une évaluation objective, et donc
d’évidences scientifiques suffisantes pour leur prescription (Virgili et al., 2013). On peut
considérer que la conception en pâtit également, puisqu’elle ne peut pas faire une analyse
correcte en préconception, avec par exemple une bonne étude de l’existant, un benchmarking
complet, etc., ou encore de post conception, avec une veille technologique exhaustive.
Certains auteurs (Laila, 2009; Lecomte, 2003; Rialle, 2007) ont fourni des pistes de
solutions pertinentes afin d’améliorer les classements existants et les rendre plus efficients :
1. améliorer l’information sur les besoins des personnes en situation de handicap par une
approche globale et une évaluation personnalisée
2. rendre possible le suivi des sujets après la mise en place de la technologie
3. améliorer l’évaluation de la fiabilité des matériels
4. fournir des conseils compétents et structurer la distribution
5. organiser le financement et le remboursement des produits
393
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Nous avons considéré dans notre travail que le classement des gérontotechnologies pouvait
être envisagé autour de trois grands axes : les besoins à satisfaire, le domaine d’activité dans
lequel le besoin vient s’insérer, et enfin selon les objectifs de l’aide (cf. section 2.1). Cette
organisation contribue aux classements des technologies en répondant à la majorité des pistes de
solution (i.e. (1), (2), (3) et (4)) énoncées ci-dessus :
- Le premier axe considère les besoins spécifiques liés aux déficits. En effet, avant de
penser à une technologie, il faut connaître le profil exact du sujet, afin d’anticiper le
bénéfice attendu. Mais, il faut également avoir en parallèle une image précise de la
capacité du système à augmenter certaines habilités, et son « coût », c’est-à-dire les
capacités minimales dont le senior doit disposer pour l’utiliser (1 et 3).
- La deuxième dimension prend en compte le domaine et / ou l’activité, et s’attache aux
exigences de l’environnement dans lequel doit être utilisée la technologie. En effet, le
domaine d’activité peut instaurer des contraintes à prendre en considération (e.g.
temporelles, physiques et /ou sociales, etc.) afin d’augmenter l’utilisabilité et
l’acceptabilité qui sont fondamentales pour l’utilisation du système par les seniors (2 et
3).
- Le troisième axe (i.e. l’objectif) mesure le niveau d’aide apportée par la technologie. Il
est rendu possible par deux fonctionnalités proposées par DAD, d’abord celles
d’évaluation des profils individuels ou de groupe (1), et ensuite celle de l’évolution (i.e.
T1, T2, …Tn) suite à la mise en place du système (2). On pourra ainsi déduire
précisément le niveau d’aide fourni au sujet (i.e. note différentielle).
394
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Figure 106. Fiche signalétique de l'évaluation du système Imédipac effectué sur le logiciel DAD
On relève que l’utilisation de ce système, telle qu’il pourrait être évalué par l’outil DAD,
impose un certain nombre de demandes (cf. Figure 107) :
- élevées pour le réseau social (i.e. importance et environnement), puisqu’il nécessite
l’envoi des messages à différents acteurs ;
- moyennes en termes d’attention sélective, car il faut que le sujet puisse capter les
stimuli auditifs et visuels ;
- moyennes pour le traitement (i.e. sédatif), en effet le patient ne doit pas être trop sédaté
pour pouvoir faire la tâche qu’exige le système.
- faibles concernant la mémoire à long terme procédurale et la dextérité manuelle. Le
sujet doit pouvoir apprendre et manipuler l’outil
395
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Le second système de pilulier DO-Pill® (cf. Figure 108) a les mêmes objectifs que le
dispositif précédent, seulement il présente une fonction supplémentaire qui permet de lire des
messages sur un cadran (e.g. prendre les médicaments, contacter votre pharmacien, etc.).
Figure 108. Fiche signalétique de l'évaluation du système Do-Pill effectué sur le logiciel DAD
396
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Cette fonction supplémentaire est bien présente dans l’évaluation, et elle augmente le niveau
de demandes des items « fatigabilité » et « compréhension d’un message écrit ». Malgré cela, le
message présenté sur le cadran reste simple et court, et donc ces dimensions possèdent une
demande faible (cf. figure 109).
Suite à ces deux analyses, notre logiciel permet encore de comparer les demandes des deux
outils sous forme d’un graphique (cf. Figure 110) et d’un tableau, afin de pouvoir rapidement
comparer la facilité d’usage des deux systèmes. La même démarche peut être employée pour
évaluer une tâche, une activité ainsi qu’un environnement plus complexe (e.g. cuisine, salle de
bain, etc.).
397
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Figure 110. Comparaison des systèmes de piluliers connectés Imédipac et Do-Pill réalisé par le logiciel DAD
Pour finir, l’évaluation d’une technologie (et le profil obtenu) peut être réalisée par un seul
expert ou par plusieurs (e.g. avec une méthodologie inter-juges). On peut ainsi créer une base de
données riche, et produire des sortes de patterns par produit ou classe de produits qui peuvent
être une sorte d’empreinte digitale du système évalué.
Une fois que l’on dispose de ces patterns de produits, les experts peuvent les superposer aux
profils de sujets (i.e. adéquation entre les capacités des sujets et les capacités nécessaires pour
utiliser le système technique) afin de sécuriser et contrôler la prescription en vérifiant si la
technologie compense bien les fonctions qu’elle doit pallier, et qu’elle ne crée pas de difficultés
additionnelles.
Nous allons maintenant nous intéresser aux profils de sujets et aux avantages apportées dans
le temps lorsqu’on leur propose une technologie pour pallier leurs déficits. Il s’agit d’évaluer
d’abord les capacités d’un individu, de mettre en place une technologie, puis repasser le test (i.e.
398
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
directement ou à distance) et observer les évolutions. On peut aussi de manière collective retenir
des profils similaires et tester la technologie sur un groupe (e.g. tremblement Parkinsonien,
difficultés de mémoire épisodique, etc.). On obtient ainsi des indicateurs qui montrent
objectivement non seulement le niveau d’aide fourni par le système, mais aussi l’apport d’une
technologie pour tel ou tel déficit.
Imaginons pour l’exemple, que l’on mette en place un système à la fois d’aide-mémoire et
de maintien des relations sociales chez un sujet âgé, qui permette par exemple de rappeler des
événements, et de discuter avec les proches.
Nous pourrions alors utiliser DAD pour faire une évaluation individuelle ou de groupe de
sujets qui ont des difficultés à T1, puis mettre en place le système technologique, et refaire une
évaluation de suivi à T2 (cf. Figure 111).
Figure 111. Résultats graphique d'une évaluation de suivi T1/T2 d'un sujet suite à la mise en place d'un système
technique, réalisé par le logiciel DAD.
399
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
On peut voir dans l’exemple ci-dessus, que le sujet évalué à T1 présente différentes
difficultés (i.e. trait bleu) et que certaines sont améliorées suite à la mise en place de la
technologie (i.e. cercle rouge) :
- l’attention sélective, la mémoire de travail, la planification et l’orientation visuo-spatiale
et temporelle passent de 3 à 4 sur 5
- L’environnement social, l’importance du réseau social et le soutien social perçu passe
de 3 à 5
On peut alors conclure que la gérontotechnologie fait la preuve de son utilité dans la
situation de ce sujet, puisqu’elle améliore la dimension sociale, ainsi que certaines fonctions
exécutives (i.e. attention, mémoire de travail et orientation visuo-spatiale et temporelle). On
peut encore remarquer que notre système fournit le sens (i.e. positif ou négatif) et la force du lien
(i.e. de 1 à 5). Ainsi on relève des améliorations, mais elles sont modérées (+1).
Par contre, certaines capacités sont diminuées à T2 (i.e. trait rouge) suite à la mise en place
de la technologie (i.e. cercle bleu) :
- la mobilité et l’équilibre corporel passe de 5 à 4 ;
- la fatigabilité passe de 4 à 3.
On en déduit que la technologie est exigeante sous certains aspects et qu’elle amène une
difficulté modérée (-1). Dans le cas de l’analyse de cette situation nous ne relevons pas de
problématique car le sujet a suffisamment de capacité résiduelle pour répondre aux coûts de
l’utilisation de ce système. Mais si ce n’était pas le cas, il faudrait alors trouver une autre
technologie, car celle proposée serait trop exigeante, et inadaptée pour le sujet.
Ainsi, le système DAD permet de calculer le bénéfice / risque des technologies et de choisir
la meilleure adéquation possible (comme la HAS pour les traitements thérapeutiques).
Bien que scientifiquement validé, DAD a des limites et n’est pas exempt de critiques.
400
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
Ensuite, même si les tests inter-juges sont considérés comme significativement bons, et que
notre logiciel se veut simple d’utilisation et efficient, l’utilisation pourrait être améliorée, non
seulement par une courte formation systématique, mais aussi par la lecture attentive de la
consigne de passation.
Une autre limite méthodologique est celle liée aux critères d’exclusion de notre échantillon.
En effet la validation a été faite en dehors de sujets avec des troubles neurocognitifs de type
démence à un stade avancé, et il serait nécessaire d’approfondir notre recherche par des tests sur
des patients ayant des troubles cognitifs plus importants. Nous avons à cet effet plusieurs lieux
où nous avons testé notre logiciel qui accepteraient la mise en place de celui-ci afin d’effectuer
des phases « d’essais diagnostics ».
Par ailleurs, l’évaluation des déficits et handicaps chez la personne âgée ne peut pas s’arrêter
à la mesure des limitations d’activités, mais doit être un complément des examens et soins
médicaux appropriés. En effet, notre méthode a pour but d’être une aide aux professionnels et
non de les remplacer. Il s’agit de les accompagner, et de diminuer le risque d’erreurs. D’ailleurs,
les résultats fournis (i.e. statistiques, graphiques, notes, etc.) nécessitent une analyse, et les
professionnels doivent être présents pour les traduire, les comprendre et les utiliser à bon escient.
Le temps de passation peut être considéré comme une limite également (temps moyen
1h20). Cependant, nous l’avons évalué durant les phases de test inter-juges où nous utilisions des
vidéos que nous stoppions régulièrement pour passer de l’une à l’autre, et ainsi avoir une
discussion critique avec les experts. Il serait donc intéressant de passer des tests supplémentaires,
afin de mesurer clairement une moyenne de passation sur le terrain, en situation réelle et avec
des sujets qui ont des problématiques différentes.
401
Chapitre 6 - Discussion générale : pertinence d’un outil de diagnostic des déficits et d’aide à la conception de systèmes adaptés
pour les seniors
pays (e.g. résolution de l’ONU). Malgré cela, certaines directives et réglementations européennes
sont applicables et peuvent déjà donner une légitimité européenne à notre système (cf. section
3.2.3).
402
Chapitre 7 - Conclusion et perspectives
Chapitre 7
7 Conclusion et perspectives
La plupart de ces barrières reflètent des lacunes dans les aspects ergonomiques des outils
technologiques qui peuvent avoir une utilité à la fois thérapeutique et diagnostic, mais aussi
l'absence d'une l’approche méthodologique qui soit coordonnée et cohérente au sein des
multiples partenaires (i.e. gérontologie) qui ne partagent pas les mêmes connaissances et cadres
de références.
Pour concevoir DAD, nous avons tenté d’apporter l’expertise de l’ergonomie, en tant que
discipline de la gérontologie, sous plusieurs axes :
- en termes d’organisation du travail (i.e. gestion de la pluridisciplinarité) ;
- de facteurs humains (i.e. évaluation des capacités et des difficultés) ;
- d’IHM (i.e. gestion de l’interaction entre le système et l’utilisateur, ainsi que l’
évaluation de ce couplage, etc.) ;
- et enfin d’analyse de l’environnement (i.e. analyse de la tâche, de l’activité, des
systèmes, etc.).
En effet, les rôles et les domaines d’application de l’ergonomie se sont diversifiés ces
dernières décennies (Anastassova, 2008 ; Brangier & Bastien, 2006 ; Fanchini, 1999). Loin de
l’origine de sa fonction première (i.e. amélioration des conditions de travail, diminution des
risques pour la santé, etc.), la discipline s’étend vers d’autres champs d’applications, et à des
secteurs d’activités variés (e.g. éducation, informatique, sport, transports, neurologie, médecine,
architecture, urbanisme, santé publique, écologie, etc.). Cette évolution conduit à travailler avec
403
Chapitre 7 - Conclusion et perspectives
des collaborateurs qui ont des profils de plus en plus diversifiés, mais aussi sur des
problématiques de recherche de plus en plus complexes.
Parallèlement, l’évaluation de la personne âgée doit, elle aussi, considérer une variété
importante de domaines aussi bien médicaux, que sociaux ou encore de conception, qui font
partie de la gérontologie.
Nous avons effectivement pu constater que la gérontologie est une science pluridisciplinaire
qui voit le sujet âgé dans sa complexité et ne le réduit pas à ses seuls aspects physiques et
cognitifs. Elle considère que la santé, la qualité de vie, et le bien-être dépendent autant d’aspects
physiques, biologiques et psychiques que de facteurs sociaux et environnementaux. Ce
consensus est bien établi au sein de la discipline. Pour autant, cette interdisciplinarité de façade
cache d’importantes disparités qui empêchent parfois, ou ralentissent d’autre fois le
développement de cette science interdisciplinaire.
Nous avons relevé dans notre travail qu’il y a une sorte de subdivision dans les champs de
recherche en gérontologie, avec d’un côté les branches médico-sociales et paramédicales, où l’on
retrouve la médecine, la psychologie, les sciences infirmières, la physiologie, la sociologie,
l’anthropologie, etc. ; et de l’autre, les profils de conception, avec l’ergonomie (bien que cette
discipline puisse se retrouver dans les deux groupes), l’informatique, l’ingénierie, la robotique,
l’architecture, le design, etc. Le partage d’outils, et le transfert de connaissances sont alors
difficiles entre ces deux pôles (Bouma et al., 2007; Stephanidis, 2009).
Il est difficile pour un seul professionnel, ou pour une seule spécialité, de pouvoir porter un
diagnostic complet du vieillissement et d’avoir une vision suffisamment exhaustive des
possibilités technologiques (Benaim et al., 2005; Bouma et al., 2007; Schmidt & Wahl, 2016;
Van Bronswijk et al., 2002). Le partage de connaissances et la collaboration sont alors essentiels
puisqu’ils permettent la mise en commun de savoirs et de méthodes. Enfin, il ne faut pas oublier
un expert du vieillissement, qui est le sujet vieillissant lui-même, qui est à l’avant-garde de la
recherche en gérontologie, et dont l’avis, les remarques et les propositions sont à intégrer
entièrement dans le champ de la discipline ; en particulier sur les sujets concernant la conception.
404
Chapitre 7 - Conclusion et perspectives
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428
ANNEXES
ANNEXES
429
Annexe 1 : Guide d’entretien
Prise de contact
Bonjour,
Je réalise actuellement un travail pour connaitre les difficultés des personnes âgées et savoir
comment elles utilisent et perçoivent les nouvelles technologies. Pour cela je voudrais vous
demander si vous pourriez m’accorder un peu de temps pour m’entretenir avec vous sur ce sujet.
Cet entretien restera confidentiel, vos données seront anonymes et exclusivement utilisées
pour cette étude. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, seul votre avis m’intéresse.
Acceptez-vous que j’enregistre cet entretien afin de pouvoir le reprendre plus facilement par
la suite ?
Je vais vous poser quelques questions sur les difficultés que vous ressentez et sur les
nouvelles technologies / systèmes techniques. (Possibilité de citer des exemples afin de clarifier
ce que l’on entend par nouvelles technologies).
1) Déficit/autonomie
_Vue :
• Avez-vous des difficultés dans vos activités quotidiennes à cause de votre vue (de loin/près, trop sombre, trop
petit, trop ou pas assez lumineux, contraste, etc.) ? Si oui, avec quelle intensité (un peu, beaucoup, énormément,
etc.) ? Et dans quelle mesure (pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ?
431
Annexe 1 : Guide d’entretien
_ Ouïe :
• Avez-vous des difficultés dans vos activités quotidiennes à cause de votre audition (trop ou pas assez fort,
sons douloureux, acouphène, etc.). Eprouver vous des difficultés à comprendre les gens dans certaines situations
comme un diner de famille, un centre commercial, etc. ? Est-ce que l'on vous dit souvent que vous écoutez la TV ou
la musique forte ? Si oui, avec quelle intensité (un peu, beaucoup, énormément, etc.) ? Et avec quelle fréquence (pas
souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ?
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_ Langage/communication
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour comprendre une conversation ou un texte à l’écrit ? Si oui, avec
quelle intensité (un peu, beaucoup, énormément) ? Et à quelle fréquence (pas souvent, quelques fois, très souvent,
en permanence, etc.) ?
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour vous exprimer à l’oral ou à l’écrit ? Si oui, avec quelle intensité
(un peu, beaucoup, énormément) ? Et à quelle fréquence (pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence,
etc.) ?
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Vigilance /attention
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour réussir une tâche motrice (ex : cuisiner, bricoler, faire votre
toilette, vous raser, etc.) tout en effectuant une tâche cognitive simultanément (ex : discuter, chanter, regarder,
suivre les informations télévisées, etc.). Ou lorsque l'on vous parle devez-vous obligatoirement arrêter ce que vous
faites ?
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour vous concentrer longtemps sur une activité sans perdre le fil (lire
un roman, avoir une longue conversation, regarder un reportage à la télévision, tricoter, etc.).
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour vous concentrer sur une personne qui parle s'il y a du bruit
autour, de la musique, de l'activité ou si quelqu'un fait autre chose, etc.
432
Annexe 1 : Guide d’entretien
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Mémoire
• Pouvez-vous me rappeler une ou plusieurs des question(s) précédente(s).
• Avez-vous des difficultés pour vous souvenir d'épisodes importants de votre vie ? ). Si oui, avec quelle
intensité (un peu, beaucoup, énormément, etc.) ? Si oui, avec quelle fréquence (pas souvent, quelques fois, très
souvent, en permanence, etc.) ?
• Quelle est la capitale de la France, l'Allemagne, l'Italie ? Si la personne est étrangère demander la capitale
de son pays d'origine et celles des pays frontaliers, ou 3 capitales de pays de son choix.
…………………………………………………………………………………………………
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_ Orientation visuo-spatiale
• Avez-vous plus de difficultés qu'avant pour savoir le jour, le mois, la saison, etc. ? Si oui, avec quelle
intensité (un peu, beaucoup, énormément, etc.) ? Si oui, avec quelle fréquence (pas souvent, quelques fois, très
souvent, en permanence, etc.) ?
• Arrivez-vous à vous repérer au quotidien dans endroit connus ? Dans des endroits inconnus ? Vous perdez-
vous d'avantage qu'avant chez vous, dans votre ville, chez le médecin, etc. Avez-vous d'avantage de difficultés pour
retrouver un itinéraire ou pour revenir sur vos pas ? Et si oui, avec quelle intensité (un peu, beaucoup,
énormément, etc.) ? Si oui, avec quelle fréquence (pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ?
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433
Annexe 1 : Guide d’entretien
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…………………………………………………………………………………………….………
Déficit moteur
_ Praxie
• Eprouvez-vous plus de difficultés qu'avant pour réaliser certains gestes du quotidien (ex : prendre des objets
de petites tailles, dessiner, écrire, coudre, tricoter, etc.). Si oui, pourquoi (douleurs, tremblements, mouvement des
mains non coordonnés, sensibilité, etc.). Avec quelle intensité (un peu, beaucoup, énormément, etc.) ? Et avec quelle
fréquence (pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
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_ Déplacement
• Pouvez-vous monter des marches d'escaliers ? Si oui, dans quelle mesure (très facilement, facilement,
moyennement facilement, difficilement, très difficilement) ? Si non pourquoi ?
• Pouvez-vous marcher sans contrainte dans votre maison ? A l'extérieur ? Y-a-t-il des endroits où vous ne
pouvez pas accéder ? Pourquoi ?
• Pouvez-vous monter des marches d'escaliers ? Si oui, dans quelle mesure (très facilement, facilement,
moyennement facilement, difficilement, très difficilement) ? Si non pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
• Avez-vous des pertes d'équilibre ou des douleurs dans les membres inférieurs ? Si oui, à quel(s) moment(s)
(ex : changement de positions coucher/assis/debout, le matin, l'après-midi, le soir, etc.) ? Avec quelle fréquence
(pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ? Et avec quelle intensité (un peu, beaucoup,
énormément, etc.) ?
434
Annexe 1 : Guide d’entretien
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….……
…………………………………………………………………………………………………….
435
Annexe 1 : Guide d’entretien
_ Avez-vous des discussions avec d’autres personnes (famille, amis, voisins, association,
etc.)
_ Avez-vous des activités que vous aimez faire avec d’autres personnes (famille, amis,
voisins, association, etc.).
3) Accès
OUI NON
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
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436
Annexe 1 : Guide d’entretien
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
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4) Utilisation
- Si vous utilisez ces appareils, en quoi ils vous facilitent les tâches de la vie quotidienne ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….…
…
- Si vous n’utilisez pas les nouvelles technologies, quelles peuvent être les raisons ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
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-Si vous rencontrez des difficultés, y a-t-il quelqu’un à qui vous faites appel pour vous
aider ?
437
Annexe 1 : Guide d’entretien
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
-Avez-vous eu des contacts avec les nouvelles technologies dans votre travail ?
NON
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
5) Besoin/Attentes
- Que pensez-vous, d’une manière générale, de l’évolution des technologies dans la vie
quotidienne ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……-
Selon vous, que peuvent nous apporter les nouvelles technologies dans la vie quotidienne ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……-
Plus particulièrement, en ce qui vous concerne, pensez-vous qu’elles peuvent vous aider à
réaliser certaines tâches dans la vie quotidienne ? Si oui, lesquelles et comment ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
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6) Réactions/ Sentiments/ Emotions
-Quels sont les sentiments que vous inspirent les nouvelles technologies, aussi bien en ce qui
concerne leur évolution que leur utilisation ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……-
Pouvez-vous me raconter une situation où vous avez-eu des difficultés à utiliser un système
technique dans la vie quotidienne ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
438
Annexe 1 : Guide d’entretien
- Pouvez-vous me raconter une situation où vous avez été heureux ou satisfait d’avoir
disposé d’un système technique dans la vie quotidienne ?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….…
……………………………………………………………………………………………….……
Fiche de renseignements :
- Nom :
- Prénom :
- Age :
- Sexe :
- Lieu d’habitation :
- Profession avant votre retraite :
- Mode de vie :
- Seul
- En couple
- Avec la famille
- En logement- foyer
- En maison de retraite
- En appartement thérapeutique
- Dans une unité de soins de longue durée d’un établissement de santé : long séjour
- Dans un établissement d’hébergement pour adultes handicapés
-Autre …………………………………………
439
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
440
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
441
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
- jeune+ (X24.88)
- quotidien+ (X22.38)
Verbe d’action - port+er (X2114.59) - lav+er (X273.22)
- appel+er (X2 62.19) - devenir (X220.34)
- achet+er (X239.52) - appu+yer (X215.77)
442
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
443
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
Problème - emploi+ (X212.51) - mal (X213.63) - panne+ (X216.36) - lecture+ (X267.28) - douleur+ (X2151.56)
- fatigu +( X29.98) - orientation+ - mémoire+ (X265.25) - equilibre+
- lourd+ (X29.68) (X216.17) - audit< (X262.97) (X2105.97)
- tomb+er - tomb+ (X26.70) - pres (X255.42) - lev+er (X277.06)
(X24.95) - souci+ (X24.95) - lis (X250.81) - chut+er (X254.87)
- souvenir+ (X250.81) - tremblement+
- lire+ (X246.08) (X235.67)
- difficulte+ (X248.17) - perte+ (X235.26)
- lecture+ (X246.08) - deplace+(X234.75)
- vue+ (X241.51) - force+ (X234.75)
- date+ (X232.45) - marche+ (X231.43)
- oubli+e (X232.10) - risqué+ (X229.70)
- fil (X227.53) - faible+ (X217.78)
- problem< (X223.82) - maladie+ (X214.48)
- bruit+ (X223.67) - essouffl+er
- oubli+ (X219.05) (X211.89)
- loin (X216.69) - fracture+ (X211.89)
- baisse+ (X214.28) - vertige+ (X28.41)
- attenti+f (X29.19) - difficile+ (X28.28)
- perdu+ (X26.34) - lave+ (X23.70)
- mauvais+ (X23.59)
444
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
445
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
446
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
(X212.72)
- positi+f (X2 12.51)
- isole + (X2 9.30)
- interet+ (X2 7.18)
- enerv+er (X26.56)
- curi+eux (X2 6.19)
- aim+er (X23.90)
Lieu / espace - travail< (X249.04) - cuisine+e (X26.32) - dedans (X26.88) - chez (X282.81) - environnement (X219.05) - bain+ (X2156.36)
- maison+ (X27.35) - dessus (X23.43) - association< - sous (X29.26) - salle+ (X2136.42)
- devant (X22.68) (X256.20) - devant (X24.46) - etablissement+
- dans (X22.34) - etage+ (X217.54) (X28.41)
- gym (X212.30) - escalier+ (X24.31)
- ici (X212.21) - en-haut (X24.09)
- escalier+ (X211)
- exterieur+
(X29.39)
- maison+ (X26.40)
- eglise (X25.32)
- chambre+
(X25.17)
- magasin+ (3
X2.43)
temporalité - jeune+ (X235.98) - soir+ (X212) - frequ+ent - repas (X238.70) - rendez-vous (X279.26) - semaine+ (X23.79)
- rapid+e (X29.42) - temps (X25.99) (X213.01) - dimanche+ - rec+ent (X29.26) - depuis (X22.98)
- age+ (X28.31) - semaine+ (X24.94) - quand (X210.89) (X227.96) - hier (X26.34)
- vite (X24.40) - vieill< (X24.77) - avant (X29.12) - regulier+ - mois (X26.09)
- tard (X22.49) - habitu< (X28.31) (X221.46) - depuis (X25.62)
- après (X25.34) - annee+ (X210.85) - aujourd-hui (X23.59)
- arrière (X24.13) - journee+ (X29.84) - quand (X22.21)
- toujours - semaine+ (X29.58)
(X23.34) - jour+ (X27.84)
- maintenant - temps (X25.39)
(X22.35) - ancien< (X24.65)
Verbe d’action - aid+er (X248.49) - port+er - lav+er - recevoir. - entendre. (X2135.21) - lev+er (X277.06)
- trouv+er (X2221.09) (X247.50) (X2234.96) - parl+er (X280.63) - chut+er (X254.87)
(X239.48) - appel+er - falloir. - visit+er - souvenir. (X274.41) - ramass+er (X228.90)
- apporter (X239.42) (X248.90) (X229.94) (X2231.91) - voir. (X235.46) - deplac+er (X225.50)
- devenir (X227.19) - utilis+er (X241.26) - dire (X227.28) - discut+er - retenir. (X233.45) - asseoir. (X223.73)
- servir (X225.70) - divert+ir - mettre. (X2206.64) - concentr+er (X232.45) - reper+er (X223.12)
- compliqu+er (X233.17) (X225.32) - rendre. (X2107.05) - perdre. (X230.14) - ecrire. (X218.06)
447
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
448
Annexe 2 : Résumé analyse lexicométrique
Individu - s_32 (X211.16) - s_5 (X222.76) - s_75 (X2156.14) - s_3 (X28.69) - s_7 (X22.97) - s_35 (X27.26)
surreprésenté - s_38 (X28.86) - s_1 (X213.44) - s78 (X263.11) - s_66 (X25.17) - s_33 (X26.97)
449
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
Classe france
Metaclasse Metaclasse
Classe 5 Classe 4 Classe2 Classe 3 Classe 1
Titre Bilan des capacités Bilan des Mode Attitude et Soutien social
motrices capacités d’utilisatio sentiment et familiale et
perceptivo- n des envers les activités
cognitives technologie technologies occupationnelle
s s
%age UCE cl 96 126 136 130 80
Professionnel de - medecin< (X224.70) - personnel+
santé (X224.64)
- infirm+e
(X213.79)
- psycholog+
(X212.30)
Pathologie - arthrose (X26.63) - cataracte - handicap+ - arthrose
- handicap+ (X24.90) X221.18) (X22.38) (X22.78)
- vasculaire+ (X23.12) - elocution
X217.62)
Problème - douleur+ (X248.18) - rendez-vous - panne+ - deplacement+
- equilibre+ (X239.73) (X226.99) (X216.92) (X24.82)
- marche+ (X236.90) - vue+
- perte+ (X233.59) (X226.42)
- tombe+ (X211.95) - mémoire+
- couche+ (X214.77) (X226.42)
- force+ (X214.23) - mot+
- mal (X212.68) (X226.30)
- accident+ (X29.67) - souvenir+
- deplace+ (X29.63) (X224.75)
- fatigu+ (X28.05) - lire+
- (X224.21)
deplacement+(X23.37) - audit<
- plat (X23.12) (X221.88)
- maladie+ (X23.12) - orientation+
(X221.18)
- problem<
(X218.91)
- oubli+e
(X217.62)
- pres
(X216.29)
- sens
(X213.04)
- lecture+
(X213.04)
- difficulté+
(X212.28)
- bruit+
(X210.53)
- rue+
(X210.53)
- fil (X29.72)
- loin
(X28.60)
- repere+
(X27.59)
- connu+
(X24.15)
450
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
- attenti+f
(X23.49)
- rappel+
(X23.44)
451
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
(X28.86)
- appareil+
(X25.30)
- ipad
(X23.08)
Aide technique - bequille+ (X219.72) - casque+ - machin+ - toilette+
et technologique - lit+ (X216.46) (X219.05) (X286.54) (X248.37)
- rampe+ (X26.63) - linge+ - deanbulat+
- prothese+ (X25.31) (X232.70) (X220.80)
- canne+ (X24.70) - vaisselle+ - fauteuil+
(X223.77) (X215.64)
- robot+ - siege+
(X220.34) (X28.74)
- micro+ - canne+
(X212.49) (X26.43)
- onde+ - rampe+
(X212.49) (X22.78)
- lave+ - lit+ (X22.47)
(X29.87)
452
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
- a-cote
(X212.30)
- atelier+
(X22.78)
- ici (X22.78)
temporalité - annee+ (X26.29) - date+ - soir+ - heure+ - regulier+
- quand (X25.57) (X223.46) (X211.94) (X29.27) (X223.93)
- ensuite (X23.12) - parfois - jeune+ - avant -
(X219.70) (X26.92) (X29.16) repas+(X218.03)
- hier - moment+ - puis - anniversaire+
(X214.07) (X24.51) (X27.72) (X26.43)
- en-meme- - semaine+ - temps+ - semaine+
temps< (X24.44) (X27.22) (X22.85)
(X214.07) - debut+ - maintenant
- aujourd-hui (X22.33) (X26.67)
(X213.04) - rapid+e
- quand (X26.16)
(X25.03) - jeune+
- moment+ (X24.88)
(X25.30) - quotidien+
- an+ (X22.38)
(X23.52)
- evenement+
(X23.44)
- toujours
(X22.13)
Verbe d’action - lev+er (X248.32) - entendre. - port+er - lav+er - rendre.
- mont+er (X224.77) (X289.90) (X2114.59) (X273.22) (X2127)
- asseoir. (X224.70) - perdre. - appel+er - devenir - recevoir.
- descendre (X224.70) (X229.89) (X2 62.19) (X220.34) (X2119.43)
- oper+er (X220.33) - concentr+er - achet+er - appu+yer - discut+er
- coucher (X219.72) (X228.34) (X239.52) (X215.77) (X273.88)
- rattrapp+er (X219.72) - rappel+er - utilis+er - - venir.
- march+er (X216.46) (X221.18) (X229.41) commuiqu+e (X223.73)
- recuper+er (X214.77) - revenir. - permettre. r (X215.77) - soign+er
- attendre (X214.77) (X219.61) (X227.05) - amelior+er (X222.65)
- tomb+er (X214.23) - souvenir - envoy+er (X213.51) - organis+er
- chut+er (X211.95) (X216.51) (X226.16) - racont+er (X218.03)
- remettre. (X210.64) - conduire. - (X213.51) - adapt+er
- tenir. (X210.64) (X217.62) telephon+er - mettre. (X213.79)
- soulev+er (X29.63) - repet+er (X222.85) (X28.28) - vivre.
- dire (X28.81) (X217.62) - regard+er - trouv+er (X213.79)
- arriv+er (X28.27) - parl+er (X219.59) (X27.49) - boire. (X26.86)
- faire. (X27.89) (X216.86) - joindre. - partir - habit+er
- falloir (X24.75) - arriv+er (X219.55) (X26.55) (X26.49)
(X214.11) - - je-pense - jardin+er
Voir. compliqu+e (X26.32) (X26.43)
(X212.82) r (X215.14) - gagn+er - deplac+er
- crois+er - divert+ir (X26.16) (X24.82)
(X29.72) (X212.99) - chang+er - aim+er
- comprendre. - offr+ir (X25.06) (X23.26)
(X29.05) (X212.99) - suivre.
- connaitre. - import+er (X25.06)
(X27.67) (X211.94) - falloir.
- oubli+er - servir. (X24.63)
(X26.47) (X210.56) - aid+er
- reflech+ir - appreci+er (X24.16)
(X26.47) (X29.72) - apport+er
- dire. - expliqu+er (X23.91)
(X25.98) (X26.20)
- aller. - aim+er
(X24.19) (X26.01)
- - apprendre.
accompagn+e (X24.70)
453
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
r (X23.44) -
- valoir. demand+er
(X23.44) (X24.67)
- apprendre. - pouvoir.
(X22.67) (X24.66)
- devoir. - depann+er
(X22.17) (X23.08)
- vouloir.
(X22.04)
Marqueurs du - me (X211.48) - me - mon - ca - ma (X255.89)
discours - vous (X211.25) (X215.99) (X215.08) (X211.27) - mes (X221.13)
- je (X26.11) - je (X220.45) - moi - euh - eux (X26.43)
- il (X22.91) - il (X23.19) (X22.11) (X29.13) - leurs (X24.27)
- lui (X23.37) - tu (X22.13) - nous - mon (X22.11)
- mon (X22.62) (X29.45)
- cela
(X29.27)
- bah
(X25.76)
- ce (X25.54)
- ces
(X24.89)
- ta (X23.26)
- moi
(X22.59)
- elles
(X22.50)
- nos
(X22.50)
Marqueur - peu (X28.14) - instant+ - tous - trop - souvent
d’intensité - ensuite (X23.12) (X219.96) (X25.38) (X28.18) (X279.21)
- plus-d< - quelqu+ - rien - rar+e
(X29.22) (X22.20) (X26.62) (X242.34)
- quelques - assez - moins - trois (X223.93)
(X26.38) (X22.18) (X25.34) - jamais
- fois - kilometr< (X210.43)
(X26.12) (X23.91) - deux (X29.19)
- depuis - de-plus-en- - toutes (X26.43)
(X25.45) plus (X23.91) - quatre
- aucun+ (X24.27)
(X25.30) - pas-mal-d<
- encore (X24.27)
(X24.47) - tous (X22.63)
- moins
(X24.03)
- plus
(X23.93)
- a-la-fois
(X23.44)
- deux
(X23.12)
Catégorie - defmoteur - defcognitif -
surreprésenté (X2267.97) (X2379.25) accestechno - sentimotion - resocial
- prof_employe - mode_seul (X2125.23) (X2105.27) (X2225.16)
(X23.65) (X29.80) - besattente - besattente - mod_ret
- mod_famille (X23.54) (X223.61) (X273.78) (X217.15)
- sex_m - sex_f - defmoteur
(X210.75) (X211.14) (X27.78)
- prof_cadre - - age_9 (X25.49)
(X27.13) mod_famille - prof_ouvrier
(X26.76) (X22.87)
- - age_8 (X22.42)
prof_employ
e (X23.29)
454
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
Classe suisse
Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Classe 6
Titre Adaptation de Bilan des Réseau social Mode Adaptation Attitude et
l’environneme capacités et familiale et d’utilisation des consécutive à sentiment
nt en lien avec perceptivo- activités technologies une limitation envers les
un déficit cognitives occupationnell dans le quotidien technologies
moteur es
%age UCE cl 65 58 57 29 50 81
Professionnel de - personne+ - personnel+
santé (X24.90) (X25.40)
Pathologie - arthrose - cataracte
(X 248.09) (X270.99)
- maladie+ -
(X 26.68) degenerescenc
- parkinson+ e-maculaire
(X 24.43) (19.68)
Problème - equilibre+ -difficulte+ - bruit+ - pouvoir+
(X 255.90) (X238.35) (X22.39) (X28.30)
- douleur+ - pres - panne+
(X 246.83) (X234.75) (X24.02)
- risque+ - audit<
(X 217.12) (X234.24)
- perte+ - mémoire
(X 29.97) (X233.71)
- marche+ - mets
(X 27.67) (X229.70)
- accident+ - prothese+
(X 25.49) (X222.06)
- souvenir+
(X219.68)
- lecture+
(X218.96)
- fil+
(X214.72)
- mal (X26.61)
- bruit+
(X25.26)
- film+
(X25.26)
- peine+
(X23.36)
- problem<
455
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
(X23.06)
- oubli+e
(X23.10)
- loin (X22.99)
- perte+
(X22.42)
- vue+
(X22.42)
Traitement/ - operat< - operat< - medica<
opération (X 25.99) (X227.69) (X211.92)
chirurgicale
Anatomie - main+ - yeux
(X 232.73) (X239.83)
- dos - œil
(X 229.10) (X234.75)
- hanche+ - oreille+
(X 221.47) (X223.81)
- jambe+
(X 221.47)
Figure profane - famille - personne - personne - fils
(X2115.22) (X23.68) (X24.52) (X214.83)
- ami+ - fille+
(X2111.13) (X28.93)
- locataire+ - enf+ant
(X235.48) (X25.38)
- residents
(X235.48)
- autre+
(X226.35)
- gens
(X220.92)
- sœur
(X210.90)
- enf+ant
(X24.63)
- mari+
(X23.09)
Objet du - article+ - telephon+ - lecteur+ - billet+ - ordinateur+
quotidien/ (X219.68) (X222.68) (X265.50) (X217.55) (X230.49)
technologie - voiture+ - skype - lecteur dvd - appareil+ - internet
(X26.28) (X29.84) (X232.46) (X210.66) (X222.85)
- television+ - lettre+ - television+ - voiture+ -
(X25.37) (X28.35) (X215.76) (X28.14) telecommand
- journa+l -email+ - telephon+ e+ (X222.85)
(X23.10) (X28.35) (X26.74) -
- sms (X26.49) - Ipad (X24.33) radiocassette
- table+ (X28.82)
(X23.20) - informat+
(X25.84)
- chose+
(X23.71)
- television+
(X23.12)
- ipad
(X22.18)
Aide technique et - douche+ - lunette+ - secutel - machin+ - technolog<
technologique (X 279.13) (X2164.46) (X254.58) (X2117.06) (X218.66)
- toilette+( - loupe+ - linge (X217.25)
X 278.40) (X265.72) - vaisselle+
- canne+ - porte+ (X26.51)
(X 271.04) (X235.12) - lessive+
- rampe+ - rendez-vous (X26.51)
(X 269.05) (X234.75) - technolog<
- - double+ (X24.87)
456
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
457
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
458
Annexe 3 : Analyse franco/suisse
(X23.30) (X22.91)
- peu (X23.17)
Catégorie - defmoteur - defcognitif - resocial - accestechno - sentimotion - accestechno
surreprésenté (X 2233.56) (X2260.99) (X2224.71) (X239.80) (X2107.52) (X248.43)
- mod_ret - prof_profint - mod-seul - mod_aptrt - besattente
(X 25.98) (X26.57) (X213.87) (X217.62) (X228.78)
- prof_aspa - age_6 - age_7 (X29.90) - age_8 - age_6
(X 22.26) (X24.38) - prof_cadre (X212.60) (X213.96)
- mod_seul (X24.82) - -
(X24.13) - prof_ouvrier prof_artcomchef mode_couple
(X23.17) (X29.89) (X28.02)
- besattente - besattente - sentimotion
(X23.28) (X28.32) (X22)
- prof_employe - sex_f (X24.70)
(X22.40)
Individu - s_62 - s_65 - s_40 - s_41 (X213.08) - s_55 (X210.23) - s_39
surreprésenté (X22.19) (X24.68) (X211.63) - s_43 (X211.11) - s_61 (X25.26) (X212.94)
- s_50 - s_60 (X24.82) - s_50 (X23.39) - s_38
(X22.42) - s_64 (X24.33) (X28.93)
- s_67
(X22.93)
459
Annexe 4 : Formulaire de consentement
Moi, Djamel Aissaoui m'engage à procéder à cette étude conformément à toutes les
normes éthiques qui s'appliquent aux projets comportant la participation de sujets
humains.
Consentement du participant
Nom : Nom :
Signature : Signature :
460
Annexe 5 : Exemple tiré du questionnaire IVC créé sur Infopath©
CAPACITES PHYSIQUES :
Motricité et résistance
1. Force physique des membres supérieurs : prendre, soulever et déplacer
des objets avec les membres supérieurs.
• Eprouvez-vous des difficultés pour réaliser certains gestes du quotidien que vous faisiez
avant sans difficultés à cause d'une perte de force (ex : soulever des charges légères, prendre
des objets en hauteur, manger, cuisiner, bricoler, etc.).Si oui, de quoi s'agit-il ? Avec quelle
intensité (un peu, beaucoup, énormément, etc.) ? Et à quelle fréquence (pas souvent, quelques
fois, très souvent, en permanence, etc.) ?
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………..……
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
461
Annexe 5 : Exemple tiré du questionnaire IVC créé sur Infopath©
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………..………
• Eprouvez-vous des douleurs ou des gènes au niveau des cervicales, du dos, des
épaules, des coudes, des poignets ? Si oui, sur une échelle de 1 à 10 ; 1 correspondant à
aucunes douleurs et 10 une douleur maximale et insupportable, à combien évaluez-vous votre
douleur.
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………..………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
• Avez-vous perdu du poids ces derniers temps ? Si oui combien de kilos (inférieur à 5 kg,
entre 5 et 8 kg, supérieur à 10 kg). Et sur combien de temps ?
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………….………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
• Demander au sujet de se lever de la chaise sans s'aider des mains (observer s'il y a des
oscillations).
462
Annexe 5 : Exemple tiré du questionnaire IVC créé sur Infopath©
• Faite une ligne droite d'environ 2 mètres (avec du scotch de couleur), et demander de
marcher par-dessus (observer s'il y a une diminution de la hauteur et de la longueur des pas, de
la vitesse, et du mouvement de balancier des bras).
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………..……………………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………..……………………
• Demander au sujet de tenir au minimum cinq secondes en équilibre sur le pied de son
choix et en gardant les yeux ouverts (s'il est incapable de tenir au moins 5 secondes, il présente
un risque de chute plus élevé).
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………..……………………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Demander au sujet de marcher et poser lui des questions : s'il s'arrête de marcher quand il
parle ou si la marche change (vitesse, longueur des pas, mouvement de balancier des bras) ou
est ralentie, il y a une augmentation du risque de chute.
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………..……………………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
463
Annexe 5 : Exemple tiré du questionnaire IVC créé sur Infopath©
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………..…
• Avez-vous chuté au cours des 12 derniers mois ? Est-ce que ce chiffre à augmenter par
rapport à l'année précédente ?
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
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• Avez-vous des pertes d'équilibre et/ou des douleurs et/ ou subi des interventions
chirurgicales dans les membres inférieurs ? Si oui, à quel(s) moment(s) (ex : changement de
positions coucher/assis/debout, le matin, l'après-midi, le soir, etc.) ? Avec quelle fréquence
(pas souvent, quelques fois, très souvent, en permanence, etc.) ? Et avec quelle intensité (un
peu, beaucoup, énormément, etc.) ?
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
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1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
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• Pouvez-vous marcher sans contrainte dans votre maison ? A l'extérieur ? Y-a-t-il des
endroits où vous ne pouvez pas accéder ? Si oui le(s)quel(s) et pourquoi ?
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Annexe 5 : Exemple tiré du questionnaire IVC créé sur Infopath©
• Pouvez-vous monter des marches d'escaliers ? Si oui, dans quelle mesure (très
facilement, facilement, moyennement facilement, difficilement, très difficilement) ? Si présence
de difficultés, lesquelles et pourquoi ?
1 : énoncé qui n’est pas représentatif
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être représentatif
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être représentatif
4 : énoncé représentatif
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1 : énoncé qui n’est pas clair
2 : énoncé nécessitant des révisions majeures pour être clair
3 : énoncé nécessitant des révisions mineures pour être clair
4 : énoncé clair
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465
Annexe 6 : Table de lecture de PRL
466