Gestion Strategiques Des Ressources Humaine
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illicite
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LIENS
Code de la Proprit Intellectuelle. articles L 122. 4
Code de la Proprit Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10
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http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm
UNIVERSITE NANCY 2
INSTITUT DADMINISTRATION DES ENTREPRISES
Jury
Directeur de recherche :
Rapporteurs :
Suffragants :
UNIVERSITE NANCY 2
INSTITUT DADMINISTRATION DES ENTREPRISES
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Rapporteurs :
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Remerciements
Je tiens dabord remercier le Professeur Mohamed Bayad davoir accept de diriger cette
thse. A travers ses encouragements et ses conseils, il a montr mon gard beaucoup de
patience et un indfectible soutien. Je lui exprime ici toute ma reconnaissance pour la
confiance quil ma tmoign tout au long de ce travail.
Je tiens remercier tous ceux qui ont contribu, de prs ou de loin, la ralisation de ce
travail de thse. Je pense aux professeurs Jean-Claude Ray, Thierry Colin et Benoit Grasser
pour leur aide dans lexploitation de la base de donnes REPONSE et leurs conseils propos
du logiciel SAS. Je noublie pas de remercier le personnel et les collgues du laboratoire de
recherche CEREFIGE qui mont soutenu tout au long de cette recherche.
Vient le moment de remercier du fond du cur mes amis Delphine, Antoine, Carine, Mathieu,
Ralouka, Eve, Maria, Sophie, Mathilde, Sylvain et Claire pour les encouragements quils ont
su me prodiguer et surtout pour la chaleur de leur amiti.
Jadresse une pense particulire ma famille au Maroc, en France et en Grce pour leur
amour et leur confiance. Leur soutien ma permis daffronter la duret et les difficults dun
travail de thse.
Enfin, je tiens remercier profondment mon pouse Phnia qui je suis reconnaissant
davoir t prsente mes cots tout au long de cette recherche. Elle a su mencourager pour
faire certains choix stratgiques et mpauler pendant mes moments de doute. Mais je lui dois
plus que de simples remerciements.
A ma famille
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE6
Partie 1
Approche thorique de la relation
entre stratgie des ressources humaines et performance
vritable ressource.65
Section 2. Relation SRH-performance : fondements thoriques et empiriques...78
2.1. Les Fondement thoriques..79
2.2. La relation SRH-performance : multiplicit des approches empiriques96
Les
principes
fondamentaux
de
lapproche
configurationnelle ..115
1.2. Lapproche configurationnelle et la gestion stratgique des ressources
humaines..119
Section
2.
La
durabilit
de
la
relation
SRH-performance
et
lapproche
Partie 2
Approche empirique de la relation
entre stratgie des ressources humaines et performance
CONCLUSION GENERALE355
Apports de la recherche...355
Limites de la recherche...362
Prolongements de la recherche...365
Implication managriales369
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUES..371
Tome 2
Liste des tableaux, figures et encadrs
Table des matires
Annexes
Partie 1
INTRODUCTION GENERALE
plus
considrer
avant,
comme
mais
sont
dfinitivement
du XVIII sicle, cette vision avait commenc prendre une autre trajectoire, grce aux
travaux de certains thoriciens clbres comme lconomiste cossais Adam SMITH. Ce
dernier tait dun autre avis en considrant, notamment, que le capital humain, par ses talents
et ses comptences, est celui qui alimente lactivit conomique.
Les crits dAdam SMITH ont apport une nouvelle vision qui a influenc des travaux plus
rcents incarns par des auteurs comme les thoriciens de lcole de Chicago, dont G. Becker
(1962, 1964) et T.W. Schultz (1961). Les recherches de ces auteurs ont introduit lide
dinvestissement dans le capital humain pour amliorer la productivit des entreprises. En
effet, ils ont considr quune meilleure offre dducation pour les personnes est la seule
Introduction gnrale
condition de la croissance conomique. Selon Schultz (1961), la croissance repose, dans une
conomie moderne, sur lexistence dune population active ayant un bon niveau dducation,
gage de sa qualit.
Actuellement, Le dbat reste ouvert et suit la ligne des travaux antrieurs, toutefois avec des
enjeux nouveaux beaucoup plus pressants. La mondialisation, lmergence de nouvelles
puissances conomiques, la rvolution technologique dans le domaine de linformation, les
nouvelles exigences conomiques, sociales et cologiques poussent de hauts responsables
dans la sphre de la dcision apporter leur soutien un investissement accru dans les
comptences et les savoirs des individus pour se dmarquer par rapport la concurrence. Par
consquent, les discours sont de plus en plus dirigs vers la prise en compte du capital humain
dans la nouvelle donne mondiale.
Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont t prises. A titre dexemple, depuis 2001, la
stratgie de Lisbonne constitue pour lUnion Europenne une feuille de route qui doit
conduire ses pays membres devenir lconomie de la connaissance la plus comptitive et
la plus dynamique du monde (Bizet, 2006). La stratgie de Lisbonne rvise donne une
priorit dans le domaine de lemploi linvestissement dans le capital humain ainsi qu
ladaptation des systmes de formation pour crer de nouvelles comptences, considres
comme une source dinnovation et de comptitivit.
Introduction gnrale
Le message par rapport lindiscutable rle des ressources humaines dans le succs des
entreprises est dtermin au niveau du discours ; en revanche, au niveau de lentreprise, la
ralit est mitige. Certaines entreprises ont entirement adhr ce discours et lont
concrtis en mettant en place une gestion des ressources humaines (GRH) destine
dvelopper et valoriser leurs ressources humaines, dont la caractristique est dtre de
valeur, rares, inimitables et non substituables, contrairement des ressources financires,
technologiques, et autres, facilement acquises et copies par le march. Dautres entreprises,
loppos, sont restes au stade du discours et nont manifest que peu dintrt vis--vis de
leurs ressources humaines, puisquelles continuent de les traiter comme un cot administratif
rduire. Cette logique conduit une progression de toutes les formes dajustement dont le
capital humain fait les frais : plans sociaux, dlocalisations. La question qui se pose ce
niveau est pourquoi existe-t-il un dcalage entre les entreprises qui sengagent dans une GRH
innovante et dautres qui ne le font pas ?
des comptences et la
rcompense des performances. Selon des auteurs comme Peretti (2006), la gestion des
ressources humaines a connu un dveloppement considrable ces vingt dernires annes, mais
ce dveloppement reste insuffisant et ne concerne pas toutes les entreprises. Ce point sera
lune des proccupations de ce travail de thse.
Loin de cette ralit qui parait moins enthousiaste, le dbat acadmique est par ailleurs trs
anim. Au cours des deux dernires dcennies, une abondante littrature a entirement t
consacre au traitement de la place de la GRH dans limplication des ressources humaines
laccomplissement des objectifs stratgiques et lamlioration des performances des
Introduction gnrale
Dans une recherche effectue par Delery et Doty (1996), publie dans la revue Academy of
Management Journal, les auteurs ont relev lorigine de ces rsultats contradictoires qui serait
lexistence de trois approches empiriques : lapproche universaliste, lapproche de la
contingence et lapproche configurationnelle. Ces trois approches mobilisent des hypothses
et des mthodes diffrentes pour aborder la relation entre les pratiques de GRH et les rsultats
organisationnels. Ainsi, dans la logique de la perspective universaliste, le postulat dominant
est quil existe des pratiques de GRH meilleures que dautres et que toutes les organisations
amlioreraient leurs performances en les adoptant. Certains auteurs, tels que Becker et
Huselid (1998, 2006), dsignent ces pratiques de high performance work practices ou des
pratiques dites meilleures .
Enfin, dans la vision de lapproche configurationnnelle releve par Delery et Doty (1996),
lintrt est port sur un ensemble de variables indpendantes li une variable dpendante,
plutt quau lien individuel quentretiennent diverses variables indpendantes avec une
variable dpendante. En vertu de cette approche, non seulement les pratiques doivent tre
cohrentes verticalement avec les autres caractristiques de lorganisation, cohrence
Introduction gnrale
externe , mais galement horizontalement, cohrence interne , pour assurer une cohrence
entre les pratiques (Baird et Meshoulam, 1988; Delery, 1998).
Toutefois, si leffet des pratiques de GRH sur la performance des entreprises a fait couler
autant dencre toutes ces annes, la recherche dans ce domaine est reste muette sur une
question vitale qui est celle de la rsistance de cet effet dans le temps. Selon des auteurs
comme Purcell (2002) et Wright et al. (2005), actuellement linquitude des entreprises est de
savoir, compte tenu des risques encourus, comment maintenir le plus longtemps possible leur
performance. La durabilit de la performance devient donc une proccupation et un souci
majeurs pour les dirigeants.
Cette proccupation sera la notre et fera lobjet de ce travail doctoral. Ainsi, nous posons la
question suivante :
Dans quelle mesure les pratiques de GRH peuvent-elles prdire une performance
durable ?
Dmarche de la recherche
Une fois la problmatique de recherche pose, il reste concevoir une dmarche de recherche
susceptible dy apporter une rponse. En plus de sa finalit, qui est daboutir au but de la
recherche, la dmarche de recherche fournit les tapes qui y ont conduit. Selon Igalens et
Roussel (1998) :
10
Introduction gnrale
1. Dmarche mthodologique
Ainsi, dun point de vue mthodologique, les travaux qui nous ont prcd souffrent de la
limite dintervalle temporel dans lequel la relation entre la GRH et la performance est teste.
La majorit des recherches effectues dans des logiques cross-sectionnelles ne pouvaient
videmment pas prdire une performance de long terme par le biais des pratiques de GRH.
Notre travail de thse va dpasser cette limite en introduisant la dimension temporelle
travers des donnes longitudinales. Plusieurs chercheurs, dont Danny Miller et Peter Friesen
(1982), encouragent de prendre la voie longitudinale pour traiter ce type de problmatique.
Les auteurs estiment que les tudes longitudinales, contrairement aux tudes transversales,
sont capables de renseigner le chercheur sur les changements survenus dans le temps au
niveau de la relation entre les variables indpendantes et la variable dpendante, ainsi que sur
le sens de causalit de cette relation.
En effet, nous avons fait appel des donnes provenant de lenqute REPONSE (RElations
PrOfessionnelles et NgociationS dEntreprise) conduite par la DARES (Direction
d'Animation de la Recherche, des tudes et des statistiques) et linstitut BVA pour les annes
1997-1998 et 2004-2005. Cette enqute a t mene sur un chantillon reprsentatif de 2978
tablissements franais de plus de 20 salaris en 1998, et de 2930 tablissements galement
de plus de 20 salaris en 2005. Les entretiens en face face avec les responsables des
tablissements, une partie des salaris et les reprsentants des salaris ont t adopts. Pour
les fins de cette tude, nous navons retenu que le volet employeur en raison des biais
dinterprtation dus lexploitation du volet salaris (nombre de salaris interrogs
insuffisant, selon Coutrot et al. 2003) et de labsence des variables de notre tude dans le volet
reprsentants syndicaux , rserv principalement des questions sur la reprsentation
syndicale.
11
Introduction gnrale
2. Dmarche thorique
Du point de vue conceptuel, il importe de prciser que les trois approches, savoir lapproche
universaliste, lapproche de la contingence et lapproche configurationnelle, dont il a t
question dans la recherche de Delery et Doty (1996), ne rpondent pas toutes notre
problmatique. Plusieurs travaux en GRH postulent que le systme de pratiques de GRH peut
tre une source importante davantage comptitif durable lorsque ses composantes font
preuve dune certaine cohrence (Becker et Gerhart, 1996 ; Wright et al. 1994). Or,
lexception de lapproche configurationnelle qui soutient cette hypothse, les deux autres
approches ne le permettent pas. En sappuyant sur des pratiques prises individuellement, les
approches universaliste et contingente ne peuvent prdire durablement une meilleure
performance en raison du risque dimitation inhrent ces pratiques individuelles. Il serait
donc prjudiciable de compter sur ces deux approches pour rsoudre la problmatique de la
performance long terme. Comme le soulignent Dyer et Reeves (1995), la logique sousentend limplantation des pratiques en un systme cohrent de pratiques. Par exemple, si lon
considre que la performance des employs est fonction de leurs aptitudes et de leur
motivation (MacDuffie, 1995), il est logique dimplanter plusieurs pratiques susceptibles
dagir sur ces deux facteurs. De plus, cet ensemble de pratiques se renforant et se compltant
mutuellement est susceptible de maximiser la performance davantage que sil sen remettait
une seule pratique. Un systme cohrent de pratiques de GRH est davantage susceptible de
crer un avantage comptitif et davoir un impact substantiel sur la performance
organisationnelle que les pratiques individuelles (Becker et Huselid, 1998 ; Ichniowski et al.
1997) car les pratiques implantes en systme se compltent et se renforcent mutuellement
(Becker et Gerhart, 1996 ; Dyer et Reeves, 1995 ; Ichniowski et al. 1997).
Le choix port sur lapproche configurationnelle des ressources humaines peut tre justifi en
abordant la notion de cohrence ou de complmentarit des pratiques de GRH, selon les
termes de Milgrom et Roberts (1995), qui se trouve au cur dun nombre de thories,
notamment la thorie base sur les ressources (Barney, 1991) et la thorie bhavioriste
(Jackson et Schuler, 1995). Selon la thorie base sur les ressources (Barney, 1991), une
entreprise peut dvelopper un avantage comptitif durable seulement en crant de la valeur
partir dune ressource rare, difficile imiter par les concurrents (Becker et Huselid, 1998), en
loccurrence par le dveloppement optimal des ressources humaines de lentreprise.
12
Introduction gnrale
Largument principal en faveur des ressources humaines est que les autres ressources sont
plus faciles imiter, comparativement une structure sociale complexe comme un systme de
GRH. En se basant sur ce principe, on prend pour acquis que la GRH constitue un facteur
important pour dvelopper durablement la performance.
De lautre ct, la thorie bhavioriste dfendue par Jackson et Schuler (1995) soutient que si
la complmentarit interne des pratiques de GRH est ncessaire, elle nest cependant pas
suffisante pour constituer un avantage comptitif durable. Selon les adeptes de cette thorie,
la complmentarit des pratiques de GRH en externe avec les lments de lenvironnements
notamment la stratgie globale permettra une meilleure performance des entreprises.
Lide selon laquelle on doit tudier le systme de pratiques plutt que les pratiques
individuelles repose donc sur les hypothses de complmentarits interne et externe provenant
de lapproche configurationnelle, appuye par les thories des ressources et bhavioriste.
13
Figure
Plan de la thse
Partie 2
Partie 1
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 1
Chapitre 2
Concepts fondamentaux
Lien SRH-performance
Mthodologie de recherche
Chapitre 3
Test des hypothses de recherche
Chapitre 3
Problmatique de recherche, hypothses et
modle de recherche
Analyse statique
Analyse dynamique
14
Introduction gnrale
La seconde partie de cette thse sera essentiellement empirique. Elle sera consacre aux tests
des hypothses issues de la premire partie. Le premier chapitre traitera de lapproche
mthodologique. Celle-ci sera divise en deux tapes. Le contexte et la description de
lchantillon seront prsents dans une premire tape. Dans une deuxime tape, nous
expliciterons la dmarche mthodologique suivie pour vrifier nos hypothses. Le second
chapitre portera sur lanalyse de lvolution de la GRH en France au cours des dix dernires
annes. Le troisime chapitre fournira la rponse notre question de recherche. Dans ce
chapitre, la confrontation des hypothses aux donnes issues de lenqute REPONSE sera
effectue selon deux types danalyse : le premier type danalyse va porter sur ltude en
statique de la relation SRH-performance. Le second type danalyse fera lobjet dune tude en
dynamique de cette relation.
15
Chapitre 1.
LES BASES CONCEPTUELLES
DE LA RECHERCHE
un
portefeuille
de
comptences.
G. Hamel et C.K. Prahalad
La conqute du futur
Nous aborderons dans ce chapitre les bases conceptuelles relatives aux deux notions cls de
notre recherche. Dans un premier temps, nous verrons ce que lon entend par stratgie des
ressources humaines. La dfinition de la notion de stratgie des ressources humaines (SRH)
sera prcde par un survol historique et un rappel des facteurs dapparition et des
caractristiques de la gestion stratgique des ressources humaines. Ce point est important dans
la mesure o il va permettre dasseoir notre dfinition de la SRH.
Dans un deuxime temps, nous procderons par une revue critique des diffrentes
modlisations dont la notion de performance a fait objet avant de revenir sur son caractre
multidimensionnelle qui en fera notre conception.
16
Or, cette nouvelle vision suscite quelques questionnements et pousse certains considrer que
lhypothse liant la stratgie et la GRH est intrigante, compte tenu, selon eux, de l'cart qui
existe entre les discours et la ralit de la GRH dans les organisations (Besseyre des Horts,
2004 ; Legge, 1995 ; Storey, 1995, 2001). Plusieurs vnements actuels appuient les thses
des sceptiques : mouvements sociaux, rythme acclr des licenciements, progression des
dlocalisations. A ce sujet, Besseyre des Horts (2004) souligne que :
En lisant les travaux de ces auteurs, il semble difficile dimaginer lintgration des ressources
humaines la stratgie des entreprises.
17
Pourtant, la volont d'associer la stratgie aux ressources humaines n'a jamais cess et peut
s'expliquer par la ncessit, dans les organisations, d'avoir une vision globale de la gestion des
ressources humaines et de l'intgrer aux principaux enjeux organisationnels. Des auteurs
comme Dave Ulrich (1997) dfendent limportance de cette vision globale de la GRH afin de
raliser les objectifs conomiques sans que cela fasse lobjet de dbats striles qui ne peuvent
servir lintrt gnral des entreprises et des salaris. Dave Ulrich (1997) est all plus loin
dans un numro spcial de Human Resource Management en dnonant avec force les thses
du dclin de la fonction de GRH et en qualifiant cette dernire de source de valeur
(Sire et Gurin, 1999).
En suivant les traces des adeptes de la nouvelle vision de la GRH dite aussi gestion
stratgique des ressources humaines, nous avons, travers une lecture critique de la
littrature en gestion des ressources humaines, relev la nature du renouvellement peru au
niveau de la GRH, les conditions de ce renouvellement et les caractristiques de la GRH qui
en rsulte (sous-section 1), ainsi que la conception de la GRH que nous retenons pour les fins
de cette thse, qui consiste une articulation entre la gestion des ressources humaines et la
stratgie des entreprises (sous-section 2).
Drucker va plus loin en considrant que les ressources humaines, de par leur nature, sont
18
Une seconde contribution lvolution du concept de GRH, selon Marciano, serait luvre de
Bakke (1958), qui a fait de la GRH une fonction de gestion au mme titre que les fonctions de
marketing, financire, de comptabilit et de production. La fonction de GRH, selon Bakke,
intgrerait la fois les activits de gestion du personnel, de relations humaines, de relations
industrielles, dorganisation du travail et de formation des dirigeants.
Selon Marciano, Bakke a encore pouss la rflexion plus loin en considrant que la tche du
gestionnaire serait de permettre lutilisation efficace des ressources de faon atteindre les
objectifs de lorganisation. Lobjectif de la GRH, selon Bakke, serait de crer les conditions
pour un travail productif et les opportunits permettant tous les employs de mobiliser leurs
comptences en vue justement damliorer la productivit. Les efforts des RH, ajoute Bakke,
doivent converger vers la satisfaction des intrts des gestionnaires et des salaris eux-mmes.
La combinaison des travaux de Drucker et de Bakke a donn, selon Marciano, lintressante
contribution de Miles en 1965 pour le dveloppement du domaine des ressources humaines.
Dans son article Human Relations or Human Resources, Miles aurait distingu deux modles,
celui des relations humaines Human Relations et celui des ressources humaines Human
Resources .
Le modle des relations humaines, tel que dcrit par Miles, est bas sur la communication
soutenue et la reconnaissance de leffort par les superviseurs. Encourager les employs se
sentir utiles est lune des priorits du modle. Le modle des ressources humaines, quant lui,
stipule que lexprience et les savoirs des salaris sont une grande richesse pour lentreprise.
Suivant ce modle, la participation des employs et lutilisation optimale de leurs
comptences peuvent produire de meilleures dcisions et susciter chez eux un sentiment
dauto contrle, ce qui, en retour augmente leur productivit et leur satisfaction.
19
Malgr lintrt port lindividu par ces travaux, qui sinspiraient dans leur majorit pendant
cette priode du dveloppement de lcole des relations humaines, leurs thses restent
prisonnires de lancrage taylorien. La diffrence entre les recommandations de ces travaux et
lorganisation scientifique du travail (OST) rside dans le principe du travailleur heureux
plutt que le travailleur qui fait vite et bien (Leclair, 2004). En dautres termes, pousser le
travailleur tre plus productif mais en le rendant plus satisfait.
Selon Marciano (1995), il faut attendre les annes 1980 pour que la dimension largie de la
GRH conue par Drucker et Blakke refasse surface. On sefforce alors de dvelopper une
thorie qui intgre les RH la stratgie des organisations. Cest ainsi qua t introduit le
terme de gestion stratgique des ressources humaines pour le distinguer de celui de
gestion des RH traditionnelle ou gestion du personnel (Marciano, 1995).
Parmi les contributions qui ont constitu les bases de la gestion stratgique des ressources
humaines, pendant les annes 1980, on peut citer le livre de Walker (1980) Human Resource
Planning et larticle de Devenna et al (1981) Human Resource Management : A Strategic
Perspective. Dans ces uvres, les auteurs ont fortement appel penser les stratgies
daffaires en dveloppant un plan ressources humaines. En outre, les auteurs ont tent
daligner les activits de GRH sur des typologies de stratgie daffaires existantes telle la
typologie de Miles et Snow (1978). Cet alignement est dsign d ajustement vertical ou
vertical fit (Baird et Meshoulam, 1988 ; Wright et McMahan, 1992).
Dautre part, Beer, Spector, Lawrence, Mills et Walton (1984) ont propos une alternative aux
sous-fonctions RH individuelles. Ils ont propos une approche plus gnraliste de la gestion
des ressources humaines qui focalise sur le systme entier des RH plutt que des pratiques
ressources humaines spares. Ceci a men une concentration sur la faon dont les
diffrentes sous-fonctions RH pourraient tre alignes et travailles ensemble pour accomplir
les objectifs de la GRH. Cet alignement des fonctions RH les unes avec les autres est souvent
dsign sous le nom d ajustement horizontal ou horizontal fit (Baird et Meshoulam,
1988).
20
objectifs stratgiques. Cependant, tant donn lintrt port lajustement vertical par la
littrature du management stratgique ce moment-l, les ressources humaines ne pouvaient
jouer quun rle secondaire dans l'accomplissement de la stratgie avec une emphase sur le
rle de la GRH dans l'excution de la stratgie daffaires, mais pas sur la formulation de cette
dernire. En ce sens, Lengnick-Hall et Lengnick- Hall (1988) ont soulign que :
De mme, dans son ouvrage Vers une gestion stratgique des ressources humaines Besseyre
des Horts (1988), croyant soutenir le rle stratgique de la fonction RH, la fin de son livre,
exprime le sentiment de navoir dcrit quun tat idal vers lequel peuvent tendre certaines
entreprises pour faire sortir la fonction sociale du ghetto social ou de lhumanisme dans
lequel on la trop longtemps maintenue .
Cette conception de la GRH a continu danimer les dbats au cours des annes 1990. Le
dbut des annes 2000 marque une priode de remise en question et de rflexions sur le rle
des RH. Pendant cette priode, on trouve des postures trs contrastes mais qui sont unanimes
sur la nouvelle position stratgique des ressources humaines. Ainsi, dun cot des auteurs
comme Baron et Kreps (1999) soulignent que dans la perception de la fonction RH par les
managers, les tches administratives (paie, gestion des dossiers du personnel, traitement des
problmes juridiques, etc.) restent plus importantes que les tches stratgiques. Dun autre
cot, des auteurs comme Bayad (2001), Peretti (1990, 2006) et Jackson et Schuler (1995,
2005) se placent dans une perspective nouvelle dans laquelle les pratiques de GRH ne sont
pas seulement le rsultat des orientations stratgiques de lentreprise, puisquelles peuvent
aussi les dterminer en partie. Les pratiques de GRH sont notamment des atouts lorigine du
dveloppement de comptences spcifiques qui, par consquent, contribuent la dfinition
mme des stratgies dentreprise.
21
Cette allusion aux comptences internes des entreprises marque lvolution des courants de
recherche en stratgie avec notamment la contribution de la thorie des ressources
(dArcimoles, 2001 ; Barney, 1991; Barney, Wright et Ketchen, 2001). Ces rflexions ont t
enfin renforces par les travaux portant sur les comptences centrales ou core
competences (Hamel et Prahalad, 1994) et sur les meilleures pratiques RH ou best
practices , sources d'avantage concurrentiel (Pfeffer, 1998 ; O'Reilly et Pfeffer, 2000).
L'volution du champ de la stratgie montre donc le basculement progressif qui s'est opr,
depuis une dizaine d'annes, d'une reprsentation externe de l'avantage concurrentiel vers une
analyse interne des comptences, des capacits et plus gnralement des ressources
difficilement construites et imitables (Bartlett et Ghoshal, 2002).
Tyson et Fell (1991) ont dress une sorte de typologie des diffrents DRH, en fonction des
tches dominantes de lorganisation quils mettent en place pour cette fonction. Les auteurs
identifient trois grands types de DRH :
- Lexcutant : son dpartement comprend un effectif relativement important, essentiellement
ddi la ralisation de tches administratives rcurrentes.
- Ladministrateur de contrats : il travaille en lien avec les line managers et les partenaires
sociaux. Il incarne la connaissance de la doctrine et fait rfrence dans ce domaine.
- Larchitecte : il vise adapter les comptences des salaris la stratgie de lentreprise. Il
dispose dune quipe de petite taille et limite son activit dfinir des politiques RH qui sont
mises en oeuvre par les oprationnels.
22
Cette premire typologie est approfondie et enrichie par les travaux de Dave Ulrich (1996) et
de Dave Ulrich et Wayne Brockbank (2005) qui ont identifi, de leur ct, les principaux
rles que doit jouer le DRH pour pouvoir simpliquer au niveau de la stratgie :
- Lavocat des employs : soccupe des problmatiques de salaris malgr les progrs des
systmes dinformation. Il slve contre les partisans du DRH exclusivement business
partner . Largument mobilis rside dans le postulat de dpart selon lequel ce sont les
hommes, la ressource humaine, qui sont le premier actif crateur de valeur dune entreprise.
Par consquent, le DRH sinstalle comme le dfenseur des intrts des salaris face aux
exigences des clients et des actionnaires ainsi que le garant dune relation gagnant-gagnant
entre lentreprise et les salaris.
- Le dveloppeur de capital humain : Si lon considre les Ressources Humaines comme un
actif de lentreprise, au mme titre que ses capitaux, il convient de les faire crotre et
fructifier. Dans ce cadre, les professionnels des RH se concentrent sur le futur et sur chaque
individu, permettant chacun de dvelopper les comptences dont lorganisation aura besoin
demain, mais galement dont lindividu aura besoin pour exercer son mtier.
- Lexpert fonctionnel : Lexercice des RH ncessite la matrise dun certain nombre de
connaissances. Laspect fonctionnel des RH sopre plusieurs niveaux :
- crer des solutions pour optimiser la gestion des tches rcurrentes,
- dvelopper des programmes et des process RH,
- adapter les process RH aux contraintes business,
- dfinir la politique gnrale et les orientations des pratiques RH au sein dun domaine de
spcialit.
- Le partenaire stratgique : Cela implique pour le DRH de comprendre le business et de
crer un partenariat avec les managers oprationnels pour les aider atteindre leurs objectifs.
Les professionnels des RH sont alors des membres de lquipe de management, avec une
expertise dans la comprhension des gens et des organisations. Cela implique galement le
dploiement du savoir dans lorganisation.
- Le leader RH : Les leaders en RH doivent valoriser leur propre fonction, afin de pouvoir
prtendre tre entendus dans le dbat stratgique. Les leaders RH doivent tablir un
programme RH pour leur entreprise, dune part sur la faon dont les gens et lorganisation
travaillent ensemble pour crer le succs de lentreprise et dautre part sur la faon dont la
23
fonction RH elle-mme doit oprer. Cela implique que les activits RH (le recrutement, la
formation, le management de la performance et la communication) doivent tre parfaitement
grs et structurs.
Aprs ce bref historique qui trace lvolution de la place des ressources humaines travers la
transformation de la gestion des ressources humaines et du rle de la DRH, dsormais au
cur du dveloppement des organisations, nous verrons les facteurs qui ont conduit au
dveloppement de cette vision stratgique des RH.
24
culturelle).
- L'augmentation du niveau d'instruction de la population par le biais du niveau de
connaissance plus lev et le professionnalisme des travailleurs.
25
Figure 1
Facteurs du renouvellement de la gestion des ressources humaines
Changements
technologiques
Transformation de la
main duvre
Rythme accru
Emergence des nouvelles
technologies
Vieillissement
Fminisation
Minorits visibles
Scolarisation accrue
Fonction
personnel
Valeurs socitales
Changements
conomiques
Faible croissance
Augmentation de lincertitude
Concurrence accrue
Institutions
Lois sociales
Syndicalisation en dclin
26
que Legge (1995), la distinction entre la gestion du personnel et la gestion des ressources
humaines est juge inutile. Leur argument consiste dire quil ny a rellement pas de
diffrence puisquon assiste uniquement au passage dune vieille approche normative de
la gestion du personnel vers une nouvelle approche normative de la gestion des ressources
humaines (Legge, 1995). Legge souligne, dans cette perspective, que la diffrence la plus
vidente rside seulement dans les discours ou la rhtorique.
A ce propos, Legge cite plusieurs sources qui sont trs sceptiques lide de distinction entre
la gestion du personnel et la gestion des ressources humaines. La citation dArmstrong (1987)
est rvlatrice dans ce domaine :
[HRM] could indeed be no more and no less than another name for
personnel management, but...at least it has the virtue of emphasising
the need to treat people as a key resource, the management of which is
the direct concern of top management as part of the strategic planning
processes of the enterprise. Although there is nothing new in the idea,
insufficient attention has been paid to it in many organizations. The
new bottle or label can help to overcome this deficiency
Cependant, dans une revue de la littrature, Legge (1995) produit une distinction intressante
entre la gestion du personnel et la GRH. En effet, elle mentionne trois grandes diffrences qui
les sparent :
- La gestion du personnel est base sur la gestion et le contrle des subordonns, la GRH se
proccupe du management d'quipe et de la coopration ;
- La gestion du personnel ne concerne pas l'ensemble de l'encadrement, la GRH fait du
partage de la fonction RH une priorit ncessaire la coordination des ressources ;
- La gestion du personnel est oriente vers les aspects techniques, la GRH se donne une
orientation globale en intgrant le management culturel et les dimensions psychosociologiques de l'organisation.
27
pratiques de gestion des ressources humaines aux objectifs stratgiques des entreprises. Selon
Legge (1995) :
It is through an integrated and internally consistent set of HR
policies in relation to recruitment, selection, training, development,
rewarding and communications, that the organization's core values
can best be conveyed, according to normative models of HRM
Plusieurs auteurs ont soutenu ce dernier lment distinctif de la GRH renouvele et ont
soulign lintrt du concept dintgration des ressources humaines qui peut constituer
llment crucial dans lavancement de la discipline de GRH (ex. Mabey et Salaman, 1995 ;
Storey, 1995 ; Guest, 1997).
Si l'on se penche sur cette distinction effectue par Legge entre la gestion du personnel et la
GRH, on peut relever quelques lments de vocabulaire qui renvoient dj un
renouvellement dans la philosophie de la gestion de l'humain. Par exemple, la coopration et
le management des quipes ou encore la coordination ainsi que l'intgration de l'aspect
culturel.
Dans un nouvel ouvrage de John Storey (2001), Human Resource Management: A Critical
Text, celui-ci appuie ce renouvellement en notant que la gestion des ressources humaines
devient une faon nouvelle et bien prcise de penser et dagir en ce qui concerne la gestion
des hommes. La GRH, selon Storey, continue se distinguer de la vision traditionnelle du
personnel travers quatre caractristiques essentielles : les croyances et les hypothses, le
degr dintention stratgique, la conception du management oprationnel, les mthodes
utiliser. Le tableau suivant rsume cette distinction.
28
Tableau 1
Gestion des ressources humaines vs Fonction personnel
Dimension
Fonction personnel
Croyances et conjectures
Contrat
Dpasser le contrat
Rgles
Prcises
Globales
Procdure
Besoins de lactivit
Contrle
Accompagnement
Pluralistes
Unitaristes
Conflits
Institutionnaliss
Minimisation/contournement
Rfrence
managriale
pour
laction
Aspects stratgiques
Relations cls
Gestion travail
Orientation client
Initiatives
Limites
Intgres
Marginale
Centrale
Rapidit dcider
Faible
Forte
Management oprationnel
Rle du management
Transactionnel
Transformationnel
Managers-cls
Spcialistes de la GP
Managers oprationnels
Communication
Indirecte
Directe
Standardisation
Eleve
Faible
29
Tableau 1
Gestion des ressources humaines vs Fonction personnel (suite)
Dimension
Fonction personnel
Ngociation
Facilitation
Leviers-cls
Slection
Isole
Intgre
Paie
Evaluation du poste
Ngociation collective
Ngociation individualise
Beaucoup
Peu
Communication
Faible
Forte
Organisation du travail
Division du travail
Travail en quipe
Formation et dveloppement
Organisation apprenante
Elments de contrle
Procdures
personnel
de
gestion
du
Stratgies
personnelles,
culturelles et structurelles
larges
Dans la mme veine, Gurin et Wils (1992), dans leur livre gestion des ressources humaines :
du modle traditionnel au modle renouvel, ont soulign que l'volution de la GRH sest
effectue sur plusieurs niveaux : les attitudes des gestionnaires l'gard du personnel, les
rles, missions et activits de la fonction RH. A cela sajoute, selon Gurin et Wils, la nature
de la gestion qui devient intgre et stratgique, contingente et culturelle, anthropogne et
mobilisante, proactive et proccupe dvaluation (cf. tableau 2).
30
Tableau 2
Evolution des caractristiques de la gestion des ressources humaines
Modle traditionnel
Modle renouvel
Eparpill
Intgr et stratgique
Bureaucratique et universel
Contingent et culturel
Technicit
Anthropogne et mobilisant
Ractif
Proactif
Difficile justifier
Proccup dvaluation
Source : Gurin et Wils (1992), gestion des ressources humaines : du modle traditionnel au modle renouvel,
Canada, Les Presses de l'Universit de Montral
A regarder les conclusions de ces auteurs et bien dautres (ex. Walton, 1985 ; Guest, 1987),
nous pouvons dire que la gestion des ressources humaines est dpasse le simple contrle du
personnel. Les auteurs quon vient de citer sont unanimes sur le rle de plus en plus central
que la gestion des ressources humaines doit jouer dans la dcision stratgique pour permettre
aux entreprises de croire en leur avenir.
31
dveloppement connu par la GRH. Certains auteurs, comme Ansoff (1981), pensent que le
changement de la gestion des ressources humaines ne fait qu'accompagner celui du
management stratgique des organisations et que sans les derniers dveloppements dans
les dbats autour de la stratgie, ce changement naurait jamais eu lieu.
Dornavant, une direction des ressources humaines qui voudrait tre lgitime auprs des
dirigeants doit tre capable de se positionner comme partenaire dans laction stratgique en
mettant notamment en place une stratgie des ressources humaines claire et admise par tous
les acteurs, capable de permettre des rsultats suprieurs. A ce niveau, certaines questions
semblent simposer : quest ce quon entend par une stratgie des ressources humaines ?
Comment se conoit-elle ?
Le terme de stratgie a connu une importante volution au cours du vingtime sicle. Pour
commencer, selon le dictionnaire le Petit Robert, le mot " stratgie " est :
Cette dfinition est drive du mot en grec stratgos, qui signifie le " commandant en chef ".
Le dveloppement et l'utilisation du mot suggre qu'il se compose de stratos (arme) et
d'agein (mener).
32
Si lon regarde lvolution de cette dfinition dans le temps, il est intressant de constater que
vers les annes 40, le champ de la stratgie slargit et que le terme est employ dans la
thorie des jeux pour dsigner la squence de coups prvus ou effectus par les joueurs. Puis,
tout au long des annes 60, lusage de la stratgie se confirme en conomie, par lapplication
de dcisions prises dans les entreprises expliquant des choix fondamentaux. Enfin, on assiste
partir des annes 80 une vulgarisation du terme o tout ou presque devient stratgie et o
celle-ci se place au cur de la comptitivit des entreprises. Selon Hill et Jones (2001), la
stratgie est vue comme une action qu'une entreprise mne pour atteindre les meilleures
performances.
Certains auteurs tels que Klarsfeld et al (2002), qui dsignent la stratgie externe dapproche
mergente ou contraignante dite stratgie traditionnelle et la stratgie interne
dapproche volontariste (voir aussi Ansoff, 1981 et Porter, 1980), pensent que les deux
approches sont complmentaires et non exclusive lune de lautre.
Dans le mme sens, Helfer, Kalika et Orsoni (2006) soulignent quaujourdhui ces
orientations de lanalyse stratgique sont devenues indissociables et complmentaires. La
dfinition de la stratgie doit intgrer aujourdhui les diffrentes perspectives, avec des poids
diffrents en fonction des alas auxquels elle doit faire face. En effet, une entreprise qui
surveille les lments de son environnement doit galement chercher une meilleure allocation
de ses ressources pour amliorer ses rsultats.
33
Tableau 3
Perspective externe ou perspective interne de la stratgie
Caractre
Perspective externe
Perspective interne
Principes inspirant la
stratgie
Origine de la dmarche
Le march
Dcision
Impose de lextrieur
Choisie de lintrieur
Contenu
Un portefeuille dactivits
Un bouquet de comptences
Orientation
Diversification
Recentrage
Source : Helfer, Kalika et Orsoni, (2006), Management, stratgie et organisation, Paris, Vuibert -- DL 2006
A ce niveau, Besseyre des Horts (1988) propose un schma qui permet de visualiser
lvolution entre les deux approches traditionnelle et rnove du cadre de la stratgie
dentreprise : la partie hachure du cube reprsente lapproche traditionnelle, lensemble du
cube, lapproche rnove.
34
Dans cette dernire vision de la stratgie, laction de raliser les objectifs attendus par les
entreprises ne peut aboutir sans la mobilisation des ressources dont celles-ci disposent.
Plusieurs dfinitions de la notion de stratgie, releves de la littrature en management
stratgique, appuient cette tendance mettre les ressources au cur de la dcision stratgique.
Ces dfinitions de la stratgie sont tout aussi riches et diverses quelles saccordent galement
sur la capacit de celle-ci de diriger les ressources dans le bon sens (cf. encadr 1).
Encadr 1
Quelques exemples de dfinition du concept de stratgie
- La stratgie est lensemble des actions dcides par une entreprise en fonction dune situation particulire
(Von Neumann et Morgenstern).
- La stratgie dsigne lensemble des critres de dcision, choisi par le noyau pour orienter, de faon
dterminante et sur la dure, les activits et la configuration de lentreprise (Martinet).
- La stratgie est lanalyse de la situation actuelle et son changement si ncessaire. Cela inclut linventaire de ce
que sont les ressources et de ce quelles devraient tre (Drucker).
- La stratgie est lensemble des dcisions et des actions relatives au choix des moyens et larticulation des
ressources en vue datteindre un objectif (Thitart).
- La stratgie est lensemble des modalits de dfinition, dutilisation et dallocation des ressources grables par
lentreprise (Joffre et Koenig).
- La stratgie est une rgle pour prendre des dcisions, dtermine par ltendue produit / march, le vecteur de
croissance, lavantage concurrentiel et la synergie (Ansoff).
- La stratgie est la dtermination des buts long terme de lentreprise et le choix des actions et de lallocation
des ressources ncessaires leur atteinte (Chandler).
35
A la lecture de ces dfinitions, on retrouve le mot ressources : la stratgie alloue et articule les
ressources de lentreprise. A partir du moment o les hommes de lentreprise sont considrs
comme faisant partie de lensemble des ressources, la stratgie devient intimement lie aux
Ressources Humaines.
Par ailleurs, pour se concrtiser, la stratgie doit passer par un processus la menant vers les
rsultats de l'organisation. Selon Desreumaux et al (2006), le management stratgique permet
de guider les dcisions et les actions des gestionnaires qui dterminent la performance de
longue dure.
Selon Bratton (2002), le processus de management stratgique se divise en cinq tapes (cf.
figure 2) :
1. Mission et objectifs
2. Analyse de l'environnement
3. Formulation de la stratgie
4. Mise en oeuvre de la stratgie
5. Evaluation de la stratgie
La premire tape dans le modle de management stratgique commence par les cadres
suprieurs qui valuent leur position par rapport la mission et aux objectifs de l'organisation.
La mission sinscrit dans le pourquoi de lactivit de lentreprise. Elle dcrit les valeurs et
les aspirations organisationnelles ; cela indique la raison d'tre et oriente les dirigeants. Les
objectifs sont les finalits recherches travers les modes opratoires rels de
l'organisation et dcrivent typiquement des rsultats mesurables court terme (Daft, 2001).
36
Figure 2
Modle de management stratgique
Etape 1
Etape 2
Etape 3
Etape 4
Etape 5
Mission et objectifs
Analyse environnement
Interne
Externe
Formulation stratgique
Implantation stratgique
Evaluation stratgique
37
Dautre part, le terme de choix stratgique soulve la question de qui prend les dcisions et de
pourquoi elles sont prises. La notion du choix stratgique met galement l'attention sur le
management stratgique comme processus politique par lequel des dcisions et des
mesures soient prises par le groupe dominant parmi les dirigeants dans l'organisation.
Dans un modle politique de management stratgique, il est ncessaire de considrer la
distribution du pouvoir dans l'organisation. Selon Purcell et Ahlstrand (1994), nous devons
considrer :
La perspective du choix stratgique sur la prise de dcision dans l'organisation donne une
vision concrte sur la stratgie et fournit des enseignements importants sur la faon dont le
rapport d'emploi est gr.
La mise en uvre de la stratgie se concentre sur les techniques employes par des
dirigeants pour mettre en application leurs stratgies. En particulier, elle se rapporte aux
activits qui traitent le modle de leadership, de la structure de l'organisation, de l'information
et des systmes de contrle, et la gestion des ressources humaines (cf. figure 2 ci-dessus).
Les thoriciens comme les praticiens saccordent et soulignent que le leadership est la partie
la plus importante et la plus difficile du processus stratgique de mise en oeuvre. La mise en
38
Lvaluation stratgique consiste dterminer les carts entre les objectifs atteints et
ceux fixs. Selon Besseyre des Horts, cette tape de contrle et dvaluation de la stratgie
sintresse au niveau de russite de lentreprise par rapport un certain nombre de critres
globaux choisis en cohrence avec lensemble de la dmarche suivie. Lvaluation consiste
donc valuer les consquences dcoulant de la formulation et de la mise en oeuvre de la
stratgie ainsi que les ractions des divers intervenants, et de dcider des mesures correctives
prendre ou, le cas chant, dtablir un nouveau plan daction (Kaplan et Norton, 2003,
2007).
Le modle de management stratgique, ci-dessus, dcrit les cinq activits principales qui
forment un processus rationnel et linaire. Nous avons pris le soin den dvelopper le
processus dans la mesure o cela permettra de mieux cerner le concept de stratgie des
ressources humaines, largement inspir de cette dmarche stratgique (Besseyre des
Horts, 1988). Il est, cependant, important de noter que la notion de stratgie que nous
voudrions mobiliser pour les fins de cette recherche ne porterait pas sur tout le processus
stratgique. Nous aborderons un concept de stratgie des ressources humaines largement
normatif, en montrant comment la stratgie RH devrait tre faite plutt quen dcrivant ce qui
est fait rellement par les dirigeants. Nous ne nous intresserons qu la phase dvaluation de
cette stratgie pour dterminer la contribution des ressources humaines la performance
organisationnelle.
39
Dans cet objectif, certains auteurs prconisent la mise en place dune dmarche
processuelle sur le modle de la dmarche du management stratgique. Selon Gurin et
Wils (2003), lapproche processus des ressources humaines, comme tout processus de
management stratgique, se dcompose en trois tapes : la formulation stratgique RH,
limplantation stratgique RH et lvaluation stratgique RH.
40
Bien que les trois tapes soient tout aussi importantes, ltape de lvaluation des ressources
humaines attire de plus en plus lattention des chercheurs. Peu dveloppe par le pass,
lvaluation des ressources humaines semble bnficier aujourdhui dune attention accrue
suite son implication dans lanalyse des motifs dune performance efficiente (Gurin et
Wils, 2003 ; Schuler et al, 2002). Lors de cette tape, on sintresse la mesure (Human
Resources Metrics) de la contribution des ressources humaines aux rsultats des
organisations.
Lorsque des lacunes sont mises en vidence, la fonction RH doit trouver lorigine de ce
mauvais rsultat. Pour Schuler et al (2002), il serait utile de remonter la source, c'est--dire,
vrifier si le dysfonctionnement ne provient pas des tapes de mise en uvre ou de
formulation elle-mme. Selon Le Louarn et Wils (2001), cette tape est cruciale en ce sens
quelle permet damorcer un processus continu dapprentissage et damlioration. Ainsi, cette
tape permet de prouver que lintgration stratgique des ressources humaines peut apporter
de la valeur.
Dans notre travail de recherche, nous navons pas la prtention de retenir tout le processus
stratgique des ressources humaines. Nous allons nous limiter lvaluation de la stratgie
des ressources humaines. Par consquent, nous allons nous inscrire dans la ligne des travaux
raliss actuellement en France ou en Amrique du Nord sur la problmatique de lvaluation
de la performance des ressources humaines, afin de pouvoir mettre en vidence la ncessit
dintgrer les ressources humaines aux proccupations stratgiques des entreprises.
Des auteurs tels que Drucker ont estim, ds les annes 1970, que cette intgration des
ressources humaines au domaine de la stratgie est devenue une ncessit car il ne suffit plus
de faire bien les choses , en amliorant l'efficience (ou productivit) mais il faut aussi
41
faire les bonnes choses , c'est--dire augmenter l'efficacit. Plus rcemment, dautres
comme Galambaud (2003) affirment que ladjonction du qualificatif stratgique
lappellation gestion des ressources humaines ne peut que souligner lexistence dune pense
qui articule la ressource humaine la performance des entreprises ; pour Galambaud (2003),
il sagit de lessence mme de la gestion. En outre, sappuyant sur Le Moigne (1990),
Galambaud ajoute que la finalit et lobjet de la gestion des ressources humaines sont
latteinte la performance. Toutefois, les responsables des ressources humaines doivent fournir
une stratgie RH susceptible de produire les rsultats attendus. Selon Cadin et al (2007), la
fonction RH doit rendre des comptes et dmontrer par quelles voies les ressources humaines
conduisent au succs des organisations.
Dans la littrature de gestion stratgique des ressources humaines, il semble que la stratgie
RH est majoritairement dfinit comme un ensemble de pratiques cohrentes, destines la
qute de la meilleure performance long terme (cf. encadr 2). Cette conception de la
stratgie RH se dgage comme une vision consensuelle parmi les chercheurs malgr
lexistence dautres positions. En effet, la littrature est partage entre des auteurs qui tudient
l'efficacit du dpartement RH (Truss et al,. 2005), d'autres qui focalisent sur la valeur du
capital humain en termes de connaissances, de qualifications et de comptences (Hitt et al,
2001, 2006; Lepak et Snell, 1999, 2002 ; Nodofor et al, 2004 ; Sirmon et al, 2007 ; Zarifian,
2004) et, enfin, ceux qui dfinissent la gestion des ressources humaines en termes de pratiques
individuelles (Batt, 2002 ; Chrtien et al, 2005 ; Tzafrir, 2006 ; Wood et al, 2006) ou de
systmes ou bundles de pratiques (Capelli et Neumark, 2001 ; MacDuffie, 1995).
Pour notre part, nous nous inscrivons dans la ligne de dfinition de la stratgie des ressources
humaines comme un ensemble de pratiques de GRH cohrentes en interne et en externe
avec la stratgie globale de lentreprise, afin dobtenir des meilleures performances
long terme.
42
Encadr 2
Dfinitions de la stratgie RH
Auteurs
Dfinitions
Beer et al (1984)
Boselie (2002)
Bouchez (2005)
Boxall (1994)
Bratton (2002)
La stratgie RH est le processus qui lie les pratiques ressources humaines aux
objectifs stratgiques de l'organisation afin d'amliorer la performance.
Dyer (1984)
Guest (1987)
43
Encadr 2
Dfinitions de la stratgie RH (suite)
Auteurs
Mah de Boislandelle (1998)
Dfinitions
La stratgie RH est lensemble des oprations effectues dans une entreprise
dans le but de constituer et de dvelopper un potentiel humain capable de
produire, de senrichir et de sadapter aux changements auxquels lentreprise est
soumise.
La stratgie RH regroupe, dans une organisation, lensemble des activits
dacquisition (slection, recrutement,), dadaptation qualitative (formation,
gestion des comptences,), de rtribution (rmunration, avantages sociaux,
promotion, gestion de carrire,), de recherche de confort (condition de travail,
scurit, contenu du travail, organisation du travail,), de stimulation
(participation,
dynamisation,
animation,
reconnaissance,
favorisant
limplication,), et dajustement (rduction deffectif, externalisation /
internalisation, adaptations contractuelles,) du personnel, dcides par la
direction, dans le but datteindre court, moyen et / ou long terme des
objectifs technico-conomiques et socio-politiques.
Milkovich et al (1985)
Miller (1989)
Schuler (1992)
Sisson (1990)
Walker (1992)
44
Aprs avoir cern la dfinition de la stratgie des ressources humaines, nous consacrerons la
prochaine section la notion de performance. Nous essaierons de relever les ambiguts
relatives cette notion et aborder les diffrentes modlisations dont elle a fait objet pour nous
guider dans la dfinition que nous voudrions en retenir.
45
Le point de dpart pour valuer la performance dune organisation est son efficacit. Selon la
dfinition du dictionnaire (le Petit Robert), lefficacit, qui sapparente au sens efficace,
revoie :
" Qui produit leffet quon en attend. "
Dans ce sens, lefficacit est associe au rapport entre les objectifs et les rsultats souvent
mentionn par les chercheurs. Cette dfinition nest que le reflet dune vision classique de
lorganisation telle quelle est dfinie par des auteurs comme Etzioni (1964). Cette vision
dcrit les organisations comme des instruments au service dune finalit. Daprs cette
description classique (Etzioni, 1964), chaque organisation est mise en place pour remplir une
fonction prcise qui est rendue plus claire par ses buts. Ces derniers se manifestent dans les
rsultats de son travail et de ses activits mises en uvres pour les atteindre. Cette dfinition
semble trouver un cho auprs de plusieurs auteurs. Ainsi, pour des auteurs comme Martory
et Crozet (2003), lefficacit se dfinit comme :
46
La relation nest plus entre les objectifs et les rsultats mais plutt
entre ces derniers et les moyens mis en uvre pour les atteindre.
Cette conception renvoie une logique de moyens plutt qu une logique de buts, logique
caractristique de lefficacit. Le rapport ci-dessous tabli par Martory et Crozet (2003)
permet de rsumer le concept defficience :
47
Daprs ce ratio, on peut dire que lefficience suppose que pour tre performante, une
organisation doit produire le plus possible avec les ressources quelle consacre son activit.
Est galement efficiente celle qui utilise le moins de ressources possibles pour atteindre ses
cibles en matire de production ou, encore, ses objectifs.
Pour rcapituler cette distinction terminologique, nous pouvons dire, au mme titre que
Donnadieu (2005), que la performance relative une action mene peut tre value travers
deux critres diffrents mais complmentaires : la pertinence du rapport rsultats / objectifs
(efficacit) et du rapport rsultats / moyens (efficience). Tel quexprim par Simons (2000)
(cit par St-Onge et Magnan, 2007), lvaluation de la performance doit sinscrire dans un
quilibre entre la recherche de lefficience et de lefficacit. A cet gard, St-Onge et Magnan
(2007) estiment que :
absentisme,
roulement
du
personnel)
et
le
Lide de favoriser lefficience sur lefficacit ou vis-versa peut tre source de risque dans
lvaluation de la performance des organisations. A ce propos, St-Onge et Magnan (2007)
croient que :
Une
recherche
exagre
de
lefficience
peut
mener
au
48
Figure 3
Performance globale
Objectifs
Efficacit
Rsultats
Action
Efficience
Moyens
Source : adapt de Donnadieu in Weiss D., 2005, Ressources Humaines, ditions dOrganisation
Dans cette recherche, nous prsenterons quatre types de modlisation de la performance, qui
sont largement abords dans la littrature en sciences de gestion. Il sagit, des plus rcents au
plus anciens, des modles de Kaplan et Norton (2003), de Wright et Rogers (1998), de
Bourguignon (1996), de Morin et alii (1994) et de Quinn et de Rohrbaugh (1983). Chacun de
ces modles apporte une vision diffrente de la performance qui conduit toutefois une
meilleure comprhension de ce concept polysmique (Louart, 1996). Dailleurs, Louart a
crit que :
49
sur
comptitivit),
lesquelles
juridiques
sappuyer :
conomiques
(conformit
lgale,
(rentabilit,
solvabilit),
Kaplan et Norton (2003) ont dvelopp travers leur modle de balanced scorcard ou
Tableau de Bord Prospectif (TBP) une approche globale et multicritre de la performance. La
finalit du TBP est de traduire la stratgie globale de lentreprise partir de quatre dimensions
ou axes (financier, clients, processus internes, apprentissage organisationnel) correspondant
quatre objectifs de performance.
Lapport du Tableau de Bord Prospectif est de montrer, dune part, linterdpendance entre
lensemble des indicateurs et que dautre part, il convient dquilibrer la performance
financire court terme avec les vecteurs dopportunits de croissance long terme pour
leur performance financire future (Kaplan et Norton, 2003).
Les indicateurs de performance de laxe clients sarticulent ainsi autour de quatre notions :
le temps (dlais), la qualit (des produits, des services), le cot et la valeur procure au client.
La satisfaction de la clientle se traduit donc en termes de comptitivit et de rentabilit pour
lentreprise. Latteinte des objectifs externes viss par lorganisation (satisfaction de
lactionnaire et du client) requiert la mise en place de processus internes combinant des
ressources, des capacits et des comptences. Parmi ces processus figure le processus de
production . Ce dernier sentend dans une acception large car il concerne lensemble de
lentreprise travers ses flux physiques principaux (approvisionnement, production,
distribution). Par consquent, la performance de ce processus est apprhende depuis le
traitement des commandes jusqu la livraison du produit final existant. Les indicateurs de
performance de ce processus sarticulent autour des concepts de comptitivit-prix
(efficience productive, cots, rendements, productivit, rentabilit) et hors-prix (dlais
dapprovisionnement, de production, de livraison, qualit, ractivit).
50
Enfin laxe apprentissage organisationnel traduit les moyens - essentiellement humains mis en oeuvre pour atteindre les objectifs de performance des trois autres axes.
Kaplan et Norton (2003) ont voulu montrer travers le TBP quil y a une chane causale qui
lie les intrts de plusieurs acteurs de lorganisation. Dans cette chane, les intrts de trois
types majeurs de donneurs dordres ou Stakeholders (employs, actionnaires, clients) sont
intimement lis (voir le modle de Wright et Rogers ci-dessous). Selon Kaplan et Norton, la
cohrence entre ces trois antagonistes est la seule susceptible de maximiser la performance
globale de lorganisation.
Wright et Rogers (1998) ont apport dans leur article Measuring Organizational Performance
in Strategic Human Resource Management: Problems and Prospects une lecture critique de la
mesure effectue jusqualors au niveau de la performance. Cette mesure tait, selon les
auteurs, base uniquement sur les indicateurs financiers, tels que la rentabilit conomique
(rsultat conomique rapport aux actifs conomiques, quivalent anglo-saxon ROA : return
on assets), la rentabilit des capitaux propres (rsutat sur capitaux propres, ROE chez les
anglo-saxons : return on equity), le taux de marge conomique (rsultat conomique rapport
au chiffre daffaires, quivalent anglo-saxon ROS : return on sales), le prix des actions ou le
Q de Tobin. Cette conception financire de la performance est juge par ces auteurs, et
dautres tels que Venkatraman & Ramanujam (1986), simpliste et rductrice de la ralit des
organisations. Ces derniers pensent que lorganisation est un ensemble complexe o les
acteurs sont multiples et o les intrts sont divergents. Par consquent, elle ne peut pas se
permettre de favoriser les uns par rapport aux autres au risque de compromettre ses chances
de survie.
51
L'originalit de la thorie des stakeholders est qu'elle s'appuie sur les notions de pouvoir et
d'intrts, ncessaires d'une part pour comprendre les rapports de force entre les diffrents
donneurs d'ordres, permettant d'autre part, contrairement l'approche de Shareholder
(actionnaires), de limiter la porte de la logique purement financire veillant satisfaire
uniquement les attentes des seules actionnaires. Plusieurs chercheurs en stratgie ont
revendiqu d'inclure le concept d'intrts et d'expliquer les multiples attentes des parties
prenantes (MacDuffie, 1995; Venkatraman & Ramanujam, 1986).
Une autre approche lie la thorie des stakeholders est le systme de Performance
Information Market (PIM) (Wright et Rogers, 1998). Le PIM permet aux organisations
d'tre valus sur leurs objectifs indiqus et permet des donneurs dordres d'valuer euxmmes les objectifs de l'organisation ainsi que le degr de leur ralisation. Quatre PIM sont
distinguer :
1) le march financier ;
2) le march du travail ;
3) le march du consommateur (produit) ;
4) le march (social) politique.
La figure 4 rsume le lien entre les attentes des diffrents acteurs internes et externes
lorganisation et les objectifs que celle-ci sest fixe datteindre.
52
Figure 4
Performance Information Market (PIM)
Actionnaires
Politiques
Objectifs
organisationnels
Employs
Objectifs des
stakeholders
Clients
Source: adapt de Wright et Rogers, 1998, Measuring Organizational Performance in Strategic Human
Resource Management: Problems, Prospects, and Performance Information Markets, Human Resource
Management Review, Vol.8, no3
Rcemment, Paauwe (2004) a attir l'attention sur les notions de lgitimit et d'quit comme
principes de mesure de la performance lie aux stakeholders. Selon l'auteur, la survie d'une
organisation dpend non seulement de la comptitivit financire, mais galement de sa
capacit de lgitimer son existence envers les parties prenantes de l'organisation (ex :
employs, clients, syndicats, gouvernement). La lgitimit est un concept important pour la
prennit organisationnelle, comme lest galement le rle de l'organisation envers l'employ
et ses valeurs morales : ces lments composent le concept de l'quit. Si le rapport entre
l'employeur et l'employ n'est pas quilibr - par exemple, dans le cas de pressions accrues de
performance sans salaire juste - les employs peuvent se sentir exploits, ce qui impliquerait
des niveaux faibles en termes d'engagement vers l'organisation.
Dans la mme veine, l'emploi de la thorie des Stakeholders implique que certains auteurs tels
que Truss (2001) et Guest et Peccei(1994) sont partisans d'une mesure multiple de la
performance afin d'quilibrer le processus qui mne celle-ci sans crer des conflits entre les
53
diffrents acteurs internes et externes de l'organisation. Ainsi, d'une part il y a l'aspect plus
stratgique de la performance (base sur la rationalit conomique) qui souligne des rsultats
tels que la productivit de travail, innovation, qualit, gains d'efficacit et flexibilit (Boselie
et autres, 2005), d'autre part, l'aspect plus social de la performance soulignant la lgitimit et
l'quit (Paauwe, 2004). L'aspect social peut tre valu par des indicateurs comme
l'engagement, la confiance, la scurit d'emploi et l'quit perue.
Modle de Bourguignon :
Bourguignon (1996) propose une dfinition de la performance partir de trois sens gnraux :
la performance rsultat, la performance action et la performance succs.
La performance rsultat est mesure en comparant le rsultat obtenu lobjectif fix. Cette
approche est celle retenue jusqualors en contrle de gestion. La performance financire de
lorganisation est mesure partir de critres tels que la rentabilit, la profitabilit, la
productivit, le rendement des actifs et lefficacit.
54
2) L'cole des relations humaines pose en particulier le problme de l'intgration des objectifs
individuels et des objectifs organisationnels. Cette cole, dirige par des auteurs connus tels
que Maslow, Mayo ou MacGregor, prone une vision sociale de la performance. Lapproche
sociale de la performance met essentiellement laccent sur limportance des caractristiques
comportementales des individus dans latteinte des meilleurs rsultats organisationnels ;
3) L'approche systmique qui dfinit, quant elle, l'organisation comme un systme dont la
finalit est la survie. Fortement lie la notion de temps, la survie de lorganisation repose sur
la protection et le dveloppement des ressources financires (rentabilit), du march
(comptitivit) et de la qualit des produits et des services ;
Quinn et Rohrbaugh (1983) ont donn dans leur modlisation de la performance une
importance majeure la distinction entre un construit et un concept . Ils ont tent
dlucider certaines confusions en considrant la performance comme un construit et non pas
comme un concept. Pour Quinn et Rohrbaugh, un concept est une abstraction de faits
observables lesquels sont soit directement observables, soit aisment mesurables.
Toutefois, certains concepts sont difficiles rattacher aux phnomnes qu'ils sont censs
reprsenter. Ils sont infrs un plus haut niveau d'abstraction partir des vnements
55
observs, et leur signification ne peut tre facilement explique partir de faits particuliers.
De telles abstractions sont parfois appeles construits , ceux-ci tant labors partir de
concepts moins abstraits.
Scott (1977) suggre de rduire la multiplicit des indicateurs trois grands modles : le
modle rationnel, le modle naturel et le modle systmique. L'approche rationnelle tend
mettre l'accent sur le nombre d'units produites pour une priode donne (productivit) et
pour le nombre d'units de facteur de production (efficience). Le modle naturel ne considre
pas seulement la fonction de production mais aussi les activits de soutien, ce qui justifie
l'intrt port la cohsion et au moral des employs. Il convient de remarquer l'opposition
entre l'approche mcaniste du modle rationnel et l'approche organique du modle naturel.
Enfin, les lments mis en avant dans le modle systmique sont l'acquisition des ressources
et l'adaptabilit.
Seashore (1979) distingue aussi trois modles. Son modle des objectifs est trs similaire au
modle rationnel de Scott, alors que son modle naturel pour englobe les modles naturel et
systmique dcrit par Scott. Son troisime modle est le modle appel du processus de
dcision selon lequel l'organisation efficace est celle qui a un processus permettant de
recueillir, stocker, retrouver, allouer, manipuler et dtruire l'information de manire optimale.
Cameron (1978) a identifi quatre approches qui sont les objectifs, les ressources, le
processus interne et la satisfaction des acteurs. Le modle des objectifs est trs proche du
56
modle rationnel ou du modle des objectifs dcrits par Scott et Seashore. Le modle des
ressources est trs similaire au modle systmique de Scott, alors que le modle du processus
interne est mettre en parallle avec le modle du processus de dcision de Seashore. Enfin,
le dernier modle de satisfaction des acteurs peut tre considr comme un constituant du
modle naturel voqu par Scott et Seashore. Dans le cadre de cette approche, l'organisation
est considre comme un ensemble de coalitions dynamiques ayant un rseau complexe de
transactions dvelopp par ses composantes. L'organisation efficace doit satisfaire de manire
suffisante chacun des lments de manire ce que les transactions puissent se poursuivre.
57
Figure 5
Les dimensions de la performance organisationnelle selon Quinn et Rohrbaugh (1983)
Orientation
gnrale
Orientation
intermdiaire
Orientation
conceptuelle
Objectifs
Productivit, Efficience
Objectifs rationnels
Vision externe
Moyens
Modle rationnel
Intgration, formalisation
Contrle
Vision interne
Objectifs
Acquisition de ressources
Systme ouvert
Vision externe
Moyens
Modle du systme naturel
Diffrenciation,
spontanit
flexibilit
Cohsion, Morale
Cette classification des critres de performance est cohrente avec les diffrents modles de
l'efficacit organisationnelle utiliss auparavant. Il convient de remarquer que les conclusions
de Quinn et Rohrbaugh ne sont pas particulirement novatrices par rapport aux travaux qui
avaient dj t raliss par Scott, par Seashore et en particulier par rapport la proposition
de Cameron. Toutefois, cette recherche permet de synthtiser ces diffrentes propositions et,
dans le cas de la recherche de Cameron, de dcrire de manire plus complte les diffrents
modles. C'est la raison pour laquelle cette recherche sert de rfrence dans la dfinition de la
performance.
58
Conclusion du chapitre 1
Ce chapitre tait consacr la prcision des quelques concepts cls de cette recherche. Nous
avons abord en premier les notions de stratgie et de stratgie ressources humaines. Notre
revue de littrature nous a permis larticulation entre la stratgie et les ressources humaines
qui est souvent absente des travaux en sciences de gestion.
Lintgration des ressources humaines la stratgie globale, comme nous lavons vu, est
devenue une ncessit pour lavenir comptitif des entreprises. Dans ce domaine, on ne peut
ignorer les appels de certains auteurs comme Ulrich et Lake (1990) et Becker et al. (2001) qui
considrent que l'tablissement des stratgies d'affaires ne peut se faire sans les capacits
internes ou organisationnelles, notamment les ressources humaines. La participation de la
GRH l'laboration de la stratgie constitue donc l'atout de sa concrtisation en meilleures
actions pour raliser les objectifs fixs.
Dautre part, notre revue de littrature a galement permis dlargir la mesure de la notion de
performance de la seule dimension financire. Nous avons vu que la performance peut
renvoyer dautres domaines, lis lindividu et lorganisation. Ainsi, nous envisageons le
concept de performance dans une logique multidimensionnelle plutt quunidimensionnelle.
Nous verrons dans la partie consacre la mthodologie de quelle manire nous comptons
oprationnaliser ces concepts travers la mesure de nos variables.
59
Chapitre 2.
STRATEGIE DES RESSOURCES HUMAINES ET
PERFORMANCE DES ENTREPRISES
Chaque fois que vous voyez une
entreprise qui russit, dites-vous que
c'est parce qu'un jour quelqu'un a
pris une dcision courageuse.
P. Drucker
Dans le cadre de ce chapitre, nous verrons travers une lecture critique de la littrature de
gestion stratgique des ressources humaines pourquoi et comment la gestion des ressources
humaines est devenue une source de performance (section 1), ainsi que les fondements
thoriques et empirique de la relation GRH-Performance (section 2).
Pour rpondre ces auteurs, nous pensons que lintrt grandissant lgard des ressources
humaines comme un facteur damlioration de la performance peut sexpliquer de plusieurs
faons et par le biais de plusieurs approches thoriques. Mais avant cela, il serait judicieux de
rappeler les sources complmentaires de la performance des entreprises.
60
- La stratgie comme facteur dterminant dune meilleure performance : cette vision est ne
en raison des checs de lcole de lorganisation du travail. Parmi les grandes critiques qui ont
t adress cette dernire, on relve son incapacit dadaptation au changement de
lenvironnement (Donnadieu, 2005).
La vision de la stratgie comme facteur de performance sinspire des travaux des cabinets de
conseil clbres tels que Boston Consulting Group et MacKinsey, ainsi que les coles de
management telles que lcole dHarvard. Elle prne une prise en compte imprative des
volutions de lenvironnement et la formulation dune stratgie pour les contrer. Selon
Donnadieu, cette approche stratgique permet lentreprise, en dterminant les moyens,
dtre ractive et capable dagir.
61
Dautres auteurs ont essay de dterminer des sources de performance. Plus rcemment,
Lepak et ses collaborateurs (2007) ont identifi trois origines la performance. Les auteurs
ont li la performance des entreprises la capacit de celles-ci crer de la valeur travers
leur organisation et leur modle sociale.
En premier, la cration par linnovation est un domaine qui a t analys par des auteurs tels
que Porter. Se plaant au niveau organisationnel, dans son livre Competitive advantage:
Creating and sustaining superior performance, Porter (1985) affirme que la nouvelle valeur
est cre quand les entreprises dveloppent et inventent de nouvelles manires de faire les
choses, en utilisant de nouvelles mthodes, de nouvelles technologies, et/ou de nouvelles
matires premires. De mme, Damanpour (1995) propose que les organisations innovantes
introduisent de nouveaux produits et services, ou des nouvelles pratiques de gestion lies aux
produits ou aux services. Les nouveaux produits et services ou les nouvelles pratiques de
gestion rsultent du processus d'innovation, celui-ci consiste selon Van de Ven, Polley,
Garud, et Venkataraman (1999) en un effort intentionnel de dvelopper une ide nouvelle,
dimpliquer significativement le march, la technique et lambigut organisationnelle.
Cette focalisation sur linnovation au niveau des produits, des services et des procds
montre, comme le disent Lepak et al (2007), que les organisations expriment une volont de
se dmarquer par rapport la concurrence. Pour cela, elles sappuient sur linnovation pour
crer de la valeur pour leurs clients, en rendant ceux-ci plus satisfaits (Priem, 2007).
62
Les partisans des capacits dynamiques ont galement commenc identifier empiriquement
les facteurs qui mnent la cration de nouveaux avantages, y compris le dveloppement de
produit et de processus (Helfat, 1997), lvolution organisationnelle (Brown et Eisenhardt,
1997 ; Rindova et Kotha, 2001), et les capacits et cognitions des gestionnaires (Adner et
Helfat, 2003 ; Tripsas et Gavetti, 2000). Une grande partie de cette littrature sintresse aux
facteurs internes de lentreprise et focalise sur la cration de la connaissance, lapprentissage,
et l'esprit d'entreprise dans la cration de nouveaux avantages.
Enfin, la cration dune nouvelle connaissance est aussi une source de performance mise en
vidence par Lepak et ses collaborateurs. En particulier, Nahapiet et Ghoshal (1998)
proposent que les rapports sociaux entre les individus au sein de la firme fournissent les plus
grandes informations et connaissances. Ces dernires peuvent tre combines et changes
par les membres de l'organisation permettant ainsi de produire une nouvelle connaissance
organisationnelle.
La force des rseaux sociaux ou Social Networks (Smith et al, 2005) dans la cration de la
valeur rside dans cette nouvelle connaissance qui permet de dtecter les besoins des clients.
Linformation qui sera ensuite partage permet doffrir une innovation approprie de produits
et de services.
63
Ce propos nest pas nouveau puisque Joseph Schumpeter (1934) avait dj accentu la nature
interdpendante du march, argumentant quil est le rsultat de l'innovation continue et du
progrs technique. Si les entreprises n'innovent pas, leurs positions sont rodes par les
concurrents qui offrent de nouvelles innovations demandes sur le march. Schumpeter avait
pens que pour viter cette rosion, les entreprises doivent continuellement introduire de
nouveaux produits et prendre des initiatives.
Par ailleurs, Porter (1990) pense que la socit et le gouvernement peuvent prendre un certain
nombre dinitiatives pour inspirer l'innovation et l'esprit d'entreprendre qui aide la cration
de la valeur :
Dans cette citation, Porter veut montrer comment l'Etat et la politique macro-conomique
peuvent affecter l'innovation dans une socit. En effet, le gouvernement cre de la valeur par
des lois et des rglements et par les services qui fournissent la structure, la stabilit, ainsi que
les garanties de la qualit et du comportement lgal. Porter (1990) propose aussi que
l'invention et l'esprit d'entreprise soient au coeur de n'importe quel avantage national. Pour
appuyer cette proposition, il dcrit comment les tats-Unis ont cre un environnement
conomique favorable pour l'industrie mdicale de produits, en encourageant la demande, en
investissant dans linfrastructure mdicale (support des coles et des hpitaux mdicaux), en
aidant financirement les innovations mdicales. Toutes ces mesures ont conduit au
dveloppement des entreprises de lindustrie mdicale et la cration de plusieurs nouvelles
entreprises dans le mme domaine.
64
En outre, le rle des ressources humaines a connu une volution et a chang selon
limportance que celles-ci ont acquise en raison des volutions conomiques et
technologiques de lenvironnement. Avant daborder lvolution de ce rle dans le temps, il
convient de se pencher sur la signification des ressources humaines ou du capital humain
gnralement.
Le capital humain a reu plusieurs dfinitions commencer par celle dun actif de production,
dun ensemble de savoirs, de comportement, de comptences, etc. Le tableau suivant rsume
de manire non exhaustive les principales dfinitions que nous avons pu relever partir dune
revue de littrature.
65
Tableau 1
Dfinitions du capital humain
Auteurs
Banque mondiale (2006)
Becker (1964)
Bounfour (2000)
Galunic et Anderson
(2000)
Gratton et Ghoshal (2003)
Mayo (2001)
66
Tableau 1
Dfinitions du capital humain(suite)
Auteurs
OCDE (2001)
Parnes (1984)
Les capacits et le savoir-faire des hommes et des femmes qui ont t acquis un
certain cot et qui peuvent commander un prix sur le march du travail parce
qu'ils sont utiles dans le processus productif.
Rastogi (2000)
Ulrich (1998)
Weatherly (2003)
A la lumire de ces dfinitions, nous constatons une diffrence notable entre les conceptions,
selon quelles sont de sensibilit conomique ou organisationnelle. Bien que la thorie du
capital humain se dveloppe l'origine comme une contribution aux thories de la croissance
conomique, un certain nombre de thoriciens de l'organisation ont employ des principes de
capital humain pour expliquer comment les entreprises peuvent crer l'avantage concurrentiel
par leur capital humain incarn par lindividu (Bartlett et Ghoshal, 2002 ; Pfeffer, 1998, 2005;
Ulrich, 1997, 2007).
67
Lapproche conomique :
Dans la premire moiti du sicle dernier, marque par des besoins industriels accrus,
l'lment humain n'a occup qu'une place marginale dans les organisations. En raison de la
rvolution industrielle dans plusieurs domaines (chemin de fer, automobile, acier, etc.), les
priorits stratgiques taient orientes vers la production de masse et l'intgration verticale. Le
dfi consistait de maximiser l'efficience pour obtenir un meilleur rsultat face aux
concurrents. Dans ce contexte, les RH sont regardes comme une source de cots
incontrlables (Chandler, 1962).
Durant cette priode, les organisations et les systmes de travail ont t influencs par les
principes administratifs et par l organisation mcaniste (Morgan, 1999) de Weber, Fayol,
et Taylor qui ont focalis sur la rationalit et l'autorit impersonnelle de gestion. La
performance productive s'identifie ses cots et non pas la valeur offerte par l'entreprise,
puisque cette dernire est stable et certaine. Les chercheurs dfinissent alors la performance
par la productivit (rapport dune quantit aux moyens mis en oeuvre pour la produire) et ne
fondent leur raisonnement que sur les cots de ces moyens de production. Dans les grandes
organisations, le fardeau administratif s'est associ la location, l'organisation de travail,
la formation, la compensation et aux relations d'emploi.
La ressource humaine est loin de constituer un lment de la stratgie des entreprises. Cette
dernire a t centre sur l'ajustement des personnes au travail effectuer. Des modles
traditionnels d'emploi ont t orients vers la stabilit d'emploi, efficacit, et productivit par
la division du travail, spcialisation, et standardisation du travail (Becker, 1976; Cappelli,
1995; Hirschhorn, 1984).
Les premiers crits sur le capital humain des conomistes de l'ducation tels que Schultz
(1961), Mincer (1962) et Becker (1964, 1976) - prix Nobel pour son travail sur le capital
humain, se sont concentrs sur les avantages conomiques des investissements dans la
formation gnrale et spcifique. Ce travail, fond sur lanalyse empirique dtaille, a modr
lide dominante selon laquelle la croissance des quipements productifs est primordiale dans
le succs conomique. En ralit, les quipements productifs expliquent seulement une partie
68
relativement faible de la croissance du revenu dans la plupart des pays (Becker, 1964). Le
rapport entre l'ducation et la croissance conomique (Psacharopoulos, 1973), productivit
(Denison, 1967, 1962) et croissance de revenus (Schultz, 1961 ; Becker, 1964) a eu un fort
appui empirique.
Le capital humain prend une place centrale en expliquant les diffrences de revenus. Les
employs qui profitent d'un investissement dans l'ducation et la formation ont un niveau de
comptence et de productivit plus lev que ceux qui nen bnficient pas. Selon Becker
(1964), cette mesure peut justifier des revenus plus levs pour les entreprises en raison de
leur investissement dans leur capital humain.
Dautre part, lvaluation des savoirs acquis par la formation est ncessaire tant donn le
cot engendr par de telles actions. Dans leur thorie du capital humain, Schultz (1961),
Mincer (1962) et Becker (1964, 1976) prsentent lducation et la formation professionnelle
comme un investissement dont la valeur est gale au cot montaire direct de lducation
(frais de scolarit...) auquel sajoute la valeur des gains non perus pendant le temps
dducation.
Dautre part, en considrant que le salaire peru reflte la productivit marginale du travail,
les auteurs avancent que cet investissement immatriel procure un rendement avantageux
pour lentreprise quil est possible de mesurer.
Le rapport de lOCDE sur linvestissement en capital humain (OCDE, 1998, 2001) montre
que cette thorie oriente les mesures sur le stock de capital humain. Trois approches sont
utilises pour estimer le stock de capital humain de la population en ge de travailler. La
premire porte sur le niveau de formation, la deuxime vise mesurer les qualifications
directes par des tests ou des entretiens, la troisime, enfin, estime la valeur de ce capital sur le
march au regard des niveaux de rmunration. Nous les prsentons dans le tableau 2 ciaprs.
69
Tableau 2
Les mesures du stock de capital humain selon lOCDE
Mesures - Approximations
Niveau de formation des 25-64 ans
Caractristiques
Pourcentage de formation du
Limites
Ne teste pas les connaissances ni
les
secondaire et du suprieur
qualifications, ni lexprience
Nombre dannes de scolarit
Ne prend pas en compte les
volutions (formation des adultes)
Qualification initiale
de lecture et dcriture)
Niveau de revenu
Source : OCDE, Linvestissement dans le capital humain. Une comparaison internationale ,1998.
Du cot des entreprises et des gestionnaires, les premiers travaux appliquant la thorie du
capital humain portent sur lvaluation comptable des ressources humaines. Le capital humain
y est prsent comme productif de revenu et ayant trois caractristiques (Simon, Tezenas Du
Montcel, 1978) :
70
Cette approche par les cots consiste tendre aux ressources humaines les principes et les
procdures comptables qui sont gnralement appliqus la gestion des ressources
financires et physiques. Selon Bayad (2001), les comptables des ressources humaines ont
voulu expliquer comment les contributions des employs se sont ajoutes la valeur des
autres actifs de la firme, et ont tabli des techniques valides et fiables pour la mesure du cot
et de la valeur des employs. L'hypothse fondamentale de la comptabilit des ressources
humaines est que le capital humain, la diffrence des autres capitaux, a une dure de vie
en grande partie incertaine. Le lien incertain entre la formation initiale et le revenu peru par
le salari conduisent certains conomistes (Blaug, 1985 ; Eliasson, 1996) invalider une
partie de cette thorie du capital humain, fonde sur les hypothses de stabilit et de simplicit
des marchs.
Dautres auteurs, tels que Likert (1961, 1973), Flamholtz (1971, 1972) et Pyle (1976),
recommandent aux entreprises de traiter certaines dpenses comme des dpenses de capital et
d'en faire un lment d'actif amortissable sur plusieurs annes. Cette mthode rtrospective
consiste valuer les cots historiques des ressources humaines et constitue en effet le
troisime modle dvaluation de la valeur des RH propos par les tenants de la comptabilit
des ressources humaines. Cette mthode dvaluation fait apparatre la ressource humaine au
bilan, dans un compte investissements nets en ressources humaines l'actif immobilis.
71
Souhaitant respecter le principe de la comptabilit qui est d'enregistrer les lments ayant
donn naissance des flux financiers et pouvant tre ngocis en termes montaires, les
auteurs conseillent d'valuer les dpenses effectives de production que le personnel a
ncessites, en cumulant les cots engendrs par sa prsence dans l'entreprise. L'ensemble de
ces cots est reprsent dans le tableau 3.
Tableau 3
valuation des cots historiques
(Peretti, 2006, Martory et Crozet, 2003)
Particularits
Cots
Evaluation
chiffre
par
activit
Cots de recrutement
Cots de formation
Agents
de
matrise
cot
de recrutement
pour
hirarchiques.
72
Deux remarques notables sont retenir au sujet de cette priode. Dune part, l'analyse
systmatique du travail, des individus et de la performance produit un regard plus restreint
vis--vis des ressources humaines. Les dcisions prises dans ce sens relvent de la perfection
des systmes de mesure susceptibles d'valuer l'efficacit administrative des salaris et leur
efficacit dans l'atteinte des objectifs tracs (exemple, absentisme, turnover, etc.). Dautre
part, la rigueur et la prcision soutenues dans cette vision taient la norme de l'excellence par
les ressources humaines.
En outre, les nouveaux dfis qui vont marquer les annes 1970 et qui se sont accentus ds le
dbut des annes 1980 en termes de globalisation, de diversification et de qualit totale ont
engendr un intrt croissant des dirigeants envers le capital humain en tant que ressource
et non plus comme un cot minimiser. Dautant plus que l'accs des concurrents aux sources
traditionnelles d'avantage comptitif que sont la technologie et les moyens financiers a
galement accentu cet intrt (Pfeffer, 1994; Schuler et MacMillan, 1984). Comme l'ont dit
Toffler et Toffler (1994), les entreprises modernes peuvent facilement se procurer les
avantages traditionnels. Le capital est disponible sur tous les grands marchs financiers
mondiaux. La technologie est pratiquement de disponibilit gale toutes les entreprises.
L'ouverture des marchs fait en sorte que les barrires au commerce, notamment les barrires
tarifaires, diminuent dans les pays signataires des accords de l'Organisation Mondiale de
Commerce (OMC).
73
Lapproche organisationnelle :
Plusieurs innovations au niveau du management et des pratiques, avec des implications claires
sur la performance organisationnelle, ont prcipit le changement de regard envers les
ressources humaines. Les coles des relations humaines et socio-techniques, par exemple,
taient parmi les premires avoir appel une prise en compte des ressources humaines
dans les processus de dcision. Les partisans de ces coles avaient soulign l'impact du
facteur humain sur la productivit (Herzberg, 1957; McGregor, 1960; Trist, 1963). Ces
thoriciens avaient soutenu l'ide que l'amlioration des conditions de travail des individus
tait l'argument pour augmenter la production. Ces travaux plus humanistes ont t soutenus
lencontre des acceptions de la gestion scientifique du travail.
Dautres coles ont pu soutenir la place centrale que doivent revtir les ressources humaines
dans le choix de lavenir des organisations. Dans ce domaine mergent progressivement les
coles des ressources et des comptences.
Selon les adeptes de cette approche, connue sous le nom de thorie base sur les ressources ou
Resource Based View (Penrose, 1959 ; Barney, 1991 ; Wernerfelt, 1984), laccent doit
tre mis sur les ressources internes des entreprises. Ces ressources sont tangibles, intangibles
et humaines.
Les ressources tangibles : elles sont dordres physique ou financier. Les ressources
physiques sont les plus visibles : localisation, taille, sophistication et flexibilit des usines,
rserves minires et forestires, quipements de transport, de transformation ou de
communication, ou immeubles de bureau spcialiss. Les ressources financires sont trs
vites identifies par les banquiers, comptables et financiers : taille des fonds propres et
rserves, capacit demprunter sur le long et moyen terme ou sujettes apprciation comme
les rserves de marges brutes dautofinancement pour les annes futures.
74
Les ressources humaines : elles sapprcient par la formation initiale des ingnieurs,
commerciaux et dirigeants de lentreprise ainsi que par la formation continue de ses quipes
sur les plans techniques et managriaux. La personnalit, la loyaut, lengagement des salaris
font galement partie de cette ressource.
Concernant la cration de la valeur par les ressources humaines, Boxall (1996) prcise que le
rapport entre les employs de noyau intrieurs (c.--d. directeurs, stratges, spcialistes
techniques) et les employs de noyau externes (c.--d. employs engags pour leurs
qualifications industrielles appropries) est critique un succs de la firme. La capacit
adaptative des employs de noyau intrieurs et la capacit oprationnelle des employs de
noyau externes doivent tre orchestres pour produire de la valeur :
All firms must build and defend a satisfactory inner and outer core
to secure viability with acceptable profit performance in any
environment subject to alternating periods of crisis [when the
adaptive learning of the inner core is critical] and stable growth
75
A propos de la raret, Wright et al (1994) pense que les ressources humaines sont rares parce
qu'il est difficile de trouver les personnes qui peuvent produire et maintenir des niveaux de
rendement lev dans une organisation compte tenu de l'htrognit du march de travail :
If the types and levels of skills are not equally distributed, such that
some firms can acquire the talent they need and others can not, then
(ceteris paribus) that form of human capital can be a source of
sustained competitive advantage. (Snell et al, 1996)
Enfin, concernant la non substituabilit des ressources humaines, Barney (1991, 1995)
souligne quil est difficile de remplacer les ressources humaines parce qu'elles possdent des
capacits diverses de s'adapter diffrents environnements et parce que celles-ci peuvent
crer la valeur dans un contexte o dautres ne peuvent pas le faire. Comme laffirment
Wright et al (1994) :
Inspire de la thorie des ressources, lapproche des comptences (Kochan et al, 2001 ; Grant,
1996) met plus laccent sur les comptences individuelles et organisationnelles. Alors que la
RBV semble adopter une dfinition statique des comptences du capital humain en les voyant
comme un stock, la thorie base sur les comptences sinscrit dans une dmarche dynamique
et daction. En ce sens, elle focalise spcifiquement sur la capacit des employs daccrotre
76
de
donnes
d'organisation
(capital
organisationnel).
(traduction libre)
Lapproche des comptences implique que des ressources humaines ne sont pas de valeur si
elles n'acquirent pas et n'exploitent pas leurs connaissances dans le lieu du travail (Kamoche,
1996). Dans ce cas, la firme ne devrait pas compter seulement sur les ressources humaines
pour crer l'avantage concurrentiel.
Cette logique, qui vise mettre en action les comptences et les connaissances, semble
dautant plus pertinente que les systmes de production sont de plus en plus imprvisibles et
que le concept d opration ne semble plus adquat et cde la place l vnement
(Veltz et Zarifian, 1994). Ce type actionnaliste (Micaelli et Perrin, 1997) des comptences
cherche comprendre les changements dans les situations de travail en intgrant lindividu,
les groupes auxquels il appartient et les rseaux de connaissances, de savoirs et de
comptences.
Pour Veltz et Zarifian (1994), la performance nat dsormais de l'interaction individuorganisation : c'est une performance organisationnelle d'interface. A partir de l merge un
77
nouveau modle fond non plus sur le rsultat, mais sur le processus cognitif qui conduit
laction (ECOSIP, 1996). Ce processus contextuel est celui des comptences et des
connaissances explicites et tacites.
Cependant, malgr la capacit des comptences du capital humain fournir les meilleures
performances pour les entreprises, certains auteurs considrent quelles sont insuffisantes en
dterminer le niveau (Donnadieu, 2005). Donnadieu pense qu comptences gales, les
entreprises peuvent avoir des performances diffrentes. Des mcanismes intermdiaires entre
les comptences et la performance sont ncessaires pour combler ce quon appel la boite
noire (Becker et Gerhart, 1996). Car si les comptences sont le savoir-faire, la performance
prsuppose toujours lexistence dun vouloir-faire, ou motivation. Comment rendre donc ces
comptences une source durable des performances ? Selon Becker et Gerhart (1996), une des
solutions consisterait ce que lentreprise russisse mettre en place une stratgie de GRH
originale et adapte, qui permettrait de tirer le meilleur parti des comptences du capital
humain.
Pour Le Louarn et Wils (2001), lindividu produit de la valeur de deux manires : la premire,
appele valeur naturelle ou directe, est due aux qualits des comptences dtenues par
lindividu. La seconde, appele valeur indirecte , est le rsultat de la mise en place dune
stratgie de GRH qui conduit une utilisation optimale des comptences. Autrement dit, des
ressources humaines bien gres peuvent aider lentreprise distancer les concurrents et
raliser une performance organisationnelle suprieure. Quel est donc lapport de la gestion
des ressources humaines au succs des organisations ?
78
Nous tablirons, dans un premier temps, les fondements thoriques de la relation SRHperformance. Dans un deuxime temps, nous aborderons les approches empiriques de cette
relation.
79
cette thorie voudraient que le niveau dducation des travailleurs ait pour effet daccrotre
leurs comptences. Ces dernires tant elles-mmes source de meilleure productivit, loption
pour un salaire plus lev simpose. Ainsi, leffort consenti par le travailleur pour dvelopper
son niveau de comptence sera justement rmunr par le march de lemploi (dArcimoles,
1995).
Toutefois, la contribution des comptences dtenues par le capital humain ne peut avoir lieu
que lorsquelles sont mobilises et valorises. En dautres termes, lengagement et la
coopration du capital humain sont une condition majeure pour lobtention des rsultats
escompts. Par exemple, Jackson et Schuler notent que plusieurs cots peuvent tre engendrs
par des comportements de dmotivation. Ainsi, pour obtenir ladhsion aux objectifs de
lorganisation, les entreprises sont amenes investir dans leur capital humain (Flamholtz et
Tacey, 1981, cit par Jackson et Schuler) en mettant en place certaines pratiques de GRH.
Youndt et al (1996) considrent, dans ce sens, que des pratiques de dveloppement des
comptences constituent un moyen privilgi daccrotre la valeur du capital humain et par
consquent daugmenter lefficacit organisationnelle.
80
lui ont t fixs. Ces pratiques de GRH se rapprochent de celles du modle de contrle
identifi par Walton (1985) ou du modle industriel labor par Osterman (1988), o la
gestion des ressources humaines est limite grer le capital humain comme une source de
cot.
Toutefois, selon Tsui et al (1997), les entreprises qui veulent faire face la concurrence et au
changement devront associer et concilier lconomique et le social. Cela signifie que, pendant
que lentreprise ralise des bnfices grce ses employs, elle peut veiller sur le bien-tre de
ces derniers. Dans la logique de lchange inscrit dans le long terme et ouvert, selon les
termes de Tsui et al (1997), les salaris accepteront dexcuter des tches diverses, dtre plus
mobiles et de dvelopper leurs comptences.
Reprenant une dfinition de Kenneth Arrow (1970), Williamson dfinit les cots de
transactions comme les cots de fonctionnement du systme conomique . Williamson
entend dgager lide simple que dans nimporte quelle activit conomique de lentreprise, il
existe des cots automatiquement associs. La thorie de Williamson base sur lentreprise,
avant tout, postule quil faut minimiser ces cots afin que lentreprise puisse produire de
manire optimale. Quels sont alors ces cots ? Et quelle est leur nature ?
Williamson distingue deux catgories de cots de transactions : les cots de transactions ex
ante et les cots de transactions ex post .
81
Soit un contrat exhaustif qui prvoit la rpartition des cots aprs les avoirs valus et
modliss. Toutefois, ce type de contrat est trs rare car lvaluation des cots est difficile
faire puisque les parties ne se rvlent pas toute linformation quelles possdent (asymtrie
dinformation). De plus, la prise en compte des cots du seul point de vue comptable est
insuffisante, car cela occulte les cots qui ne sont pas matriels, comme les prfrences des
individus.
Soit un contrat cadre (non exhaustif) qui nenvisage pas tous les cas de figure, laissant la
discrtion des parties la possibilit de voir comment elles rpartissent les cots et la solution
trouver en cas de litige, avec les problmes de risque moral que cette solution implique.
- Les cots de transactions ex post : Williamson les dfinis comme des cots
dexcution du contrat . Il fait trois remarques ce sujet :
1) Par cots ex post , il est fait allusion aux cots de mise en place et de bonne
marche du systme ;
2) Ceux-ci prennent gnralement la forme de cots de marchandage, bargaining
costs lorsque des efforts bilatraux sont entrepris pour corriger les mauvais alignements
contractuels ex ante ;
3) Les cots survenant assurent le respect des obligations prises par les parties au
pralable (de fait, elles se trouvent lies par le contrat initial et par la ncessit de trouver une
solution commune aux cots ex post survenant en dpit de leur volont).
82
Or, il faut remarquer que les cots ex post et ex ante sont interdpendants. Des cots
ex ante importants signifient que la ngociation du contrat a t pre, mais les cots ex
post seront logiquement rduits car laccord trouv l'aura t la satisfaction des deux
parties.
Toutefois, il se peut galement que des cots de transactions ex post apparaissent car la
conclusion du contrat a t laborieuse et que des points de litige initialement prsents
persistent la conclusion du contrat. Il ny a donc pas de solution toute prte.
Par ailleurs, lenjeu de produire un moindre cot a pouss la thorie des cots de transaction
postuler que les entreprises doivent choisir les structures de gouvernance qui
conomisent des cots de transaction associs la ngociation, la surveillance
monitoring , lvaluation et la mise en application enforcing des changes
survenant entre deux parties (Williamson 1979, 1981). Ce choix oppose deux modles de
gouvernance qui sont le march et lorganisation. Ceci suppose, comme le prconise
Williamson (1979, 1981), de comparer les cots de transaction inhrents au march et la
mise en place dune structure administrative.
Seulement, dans cet arbitrage entre le march et la firme, Williamson indique quil faut tenir
compte dune autre variable dans lvaluation de la situation, le postulat comportemental
des individus au sein de la firme et sur le march. Reprenant les ides dHerbert Simon
(1983), Williamson souligne que les individus sont :
1. Dots dune rationalit limite bounded rationality ;
2. Sujets lopportunisme.
83
Dans cette perspective, Jones et Wright (1992) expliquent que la gestion des ressources
humaines peut constituer un moyen de rgulation et de contrle des cots encourus par
lorganisation lorsquelle transige avec lemploy. Selon ces auteurs, les entreprises qui
structurent et dveloppent leurs systmes de GRH se trouvent marchander les bnfices de
sa mise en place contre les cots bureaucratiques quil a engendr. Par exemple, une
organisation qui exige des comptences spcifiques, les dveloppe en interne et par
consquent permet de satisfaire les employs opportunistes ; alors quune entreprise qui ne
lexige pas gagne en termes defficience, en jouant sur lopportunisme et la rationalit limite
des candidats ayant les comptences dont elle a besoin sur le march. Il sagit entre autres de
larbitrage entre linternalisation et lexternalisation du travail (Lepak et Snell, 1999).
Le champ du risque a t ensuite largi par la thorie de lAgence labore par Jensen et
Meckling (1976). En effet, la thorie dAgence a ajout la relation dagence qui survient
lorsquun acteur, dit le principal , engage et dlgue lexcution dun travail l agent
(Eisenhardt, 1989). Toutefois, les relations d'agence sont problmatiques au degr que (a) le
principal et l'agent ont des intrts contradictoires et que (b) il est difficile ou coteux pour le
principal de surveiller la performance de l'agent (Eisenhardt, 1989).
Pour rsoudre ces problmes, la thorie de lAgence cherche tablir les rgles les plus
appropries pour encadrer la relation entre le principal et lagent, compte tenu de
lopportunisme et de la rationalit limite de lindividu, ainsi que de la recherche defficience
et dasymtrie dinformation lies lorganisation (Eisenhardt, 1989).
84
comprhension de la relation entre lemployeur et ses employs, souvent mise lpreuve des
conflits et des dsaccords. Selon Jackson et Schuler (1995), des contrats sont utiliss pour
rgir de telles relations. Les contrats efficaces alignent les intrts du principal et de lagent au
cot le plus bas possible. Les cots peuvent rsulter des incitations offertes et de l'obtention
de l'information. La thorie de lAgence semble tre particulirement utile pour la
comprhension des politiques de rmunration ou de compensation, qui sont vues comme des
moyens d'aligner les intrts des propritaires d'une entreprise (c.--d. les principaux) avec
ceux des gestionnaires (c.--d. les agents). Par exemple, la thorie de lAgence suggre
plusieurs conditions dans lesquelles les contrats interviennent pour surveiller le comportement
(par exemple, les systmes de salaire au mrite) et/ou les rsultats (par exemple, les
commissions) (Conlon et Parks, 1990 ; Eisenhardt, 1988, 1989 ; Milkovich et al, 1991 ; Tosi
et Gomez-Mejia, 1989).
Les thories de lAgence et des cots de transaction semblent partager beaucoup dhypothses
semblables au sujet du comportement humain (Eisenhardt, 1989) et peuvent tre encore plus
utiles une fois combines. Par exemple, en utilisant ces deux thories, Jones et de Wright
(1992) offrent une interprtation pertinente de la littrature de GRH, en se concentrant sur les
implications de la perspective conomique sur lvaluation de la fonction RH.
85
Maslow (1954) :
La thorie des besoins d'Abraham Maslow est une des plus clbres. Elle propose une
conception systmatique des besoins de l'homme au travail et hirarchise diffrents niveaux
selon une pyramide . Maslow pense que la motivation de lindividu est dicte par la
satisfaction des besoins. Cinq groupes de besoins sont distingus : (a) les besoins
physiologiques : le gte, le couvert, la survie ; (b) le besoin de scurit ; (c) les besoins
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sociaux : avoir des amis ; (d) le besoin d'estime ; (e) le besoin de se raliser, de devenir tout
ce que lindividu est capable d'tre.
Tout comportement est dtermin par la recherche de satisfaction dun de ces besoins
fondamentaux. La recherche des besoins est hirarchise. L'homme cherche d'abord
satisfaire les besoins fondamentaux pour s'lever ensuite. Toutefois les besoins du premier
niveau sont absolus : la ralisation de soi n'est pas possible si en premier lieu les besoins
physiologiques ne sont pas satisfaits. De plus, le besoin de ralisation de soi est le plus large
et suppos insatiable.
Herzberg (1971) :
Sa thorie met en relation les motivations et les satisfactions au travail et utilise un postulat
commun toutes les thories du besoin :
En soutenant ce postulat, Herzberg affirme que la motivation est suscite par la recherche
dune satisfaction optimale de certains besoins. Dans son analyse de la satisfaction au travail,
Herzberg dduit de ses recherches lexistence de deux ensembles de facteurs, do le nom de la
thorie des deux facteurs (Roussel, 2001). Dans sa pense, la satisfaction et linsatisfaction se
situent chacune sur un continuum spcifique. En effet, son modle thorique distingue, dune
part, un premier ensemble de facteurs lis au contenu mme de la tche. Ces derniers, qui
rejoignent les besoins les plus levs - besoins de dveloppement, sont des facteurs dont
labsence laisse les travailleurs dans un tat neutre, alors que leur prsence gnre un
sentiment de satisfaction au travail. Nomms par Herzberg comme facteurs intrinsques ou
facteurs motivateurs, ils comprennent la ralisation, les responsabilits, la reconnaissance,
lavancement, la croissance et la nature de la tche elle-mme.
87
Pour motiver les salaris s'appliquer vraiment, Herzberg propose de leur donner un travail
qui leur permette de se raliser, qui offre donc la possibilit de faire une exprience
enrichissante (varie, assez difficile, importante) et qui comporte une certaine autonomie et
des responsabilits. Autrement, ils n'chappent pas au cercle vicieux : quand ils ont peu
d'intrt pour leur travail, ils le font mal, ce qui diminue encore son intrt etc. Il pense qu'il
faut accorder plus de pouvoirs et plus de libert aux employs dans l'accomplissement de leur
travail, faire le point avec eux, introduire des tches nouvelles et proposer d'acqurir une
expertise, ceci en termes de responsabilisation.
MacGrgor (1960) :
La thorie de MacGregor oppose les caractristiques des individus dmotivs celles des
individus motivs. Les premiers caractrisent la thorie X , qui stipule que les individus
nadhrent pas leur travail mais y sont contraints. Ils vitent les responsabilits, n'ont pas
d'ambition, ils n'aiment pas le changement. Ils ne prennent pas d'initiatives et ont donc besoin
de consignes strictes, de contrles et de sanctions. Dans ces conditions, l'organisation doit tre
contraignante et mettre en place des procdures dtailles, une parcellisation des tches, une
slection rigide et un management autoritaire.
88
Vroom (1964) :
La thorie des attentes tablie par Vroom est la suite des travaux sur les concepts de
valence et d expectation initis par Lewin (1936), Peak (1955), Rotter (1955) et
Tolman (1932) (Roussel, 2001). Cette thorie rend compte des interactions entre l'entreprise
et les salaris. Selon cette thorie, lindividu travail pour le futur parce quil attend un rsultat.
Elle fait appel la notion d' expectation c'est dire : que puis-je attendre, quel niveau
puis-je atteindre, que suis-je capable de raliser ? Cette perception de soi, cette confiance est
dterminante dans la motivation.
La deuxime approche est l' instrumentalit qui rpond la question : que vais-je obtenir
par ma performance ? Le travail reprsente alors un moyen d'obtenir une rtribution
correspondant l'effort. C'est--dire la perception de la rcompense que lindividu peut
obtenir en fonction de sa performance.
La troisime composante est la valence ou la valeur effective: quelle valeur accorder aux
avantages obtenus ? Il faut que les satisfactions retires aient une relle valeur aux yeux de la
personne considre.
Ces trois composantes sont essentielles la motivation et ces notions subjectives varient d'un
individu l'autre. Elles constituent des axes directeurs pour le management.
Adams (1965) :
La thorie de lquit dAdams stipule que les mmes rcompenses nont pas les mmes
effets sur la motivation. Tout employ a une ide bien prcise de ce qui constitue une juste
rcompense pour son travail. Il dtermine ce qui est juste en comparant ce qu'il apporte
(qualification, effort, exprience) et ce qu'il reoit (statut, salaire) ce que d'autres apportent
et reoivent. Quand il ressent une inquation (en plus ou en moins) entre ses contributions par
rapport ses rcompenses et celles de ceux qui il se compare, il essaie de la rduire car elle
produit un sentiment, que ce soit de frustration ou de culpabilit. Ces apprciations sont trs
89
subjectives et le point partir duquel une inadquation est ressentie est trs personnel. De
mme, la faon de ragir des inquations est trs diffrente d'un individu l'autre, avec le
degr d'estime de soi comme variable la plus importante.
Mais cette thorie reste incomplte puisquelle noffre, selon Roussel, quun sentiment de
justice distributive . Cependant, la notion de justice procdurale est apparue en
complment la justice distributive. Celle-ci concerne, selon Roussel qui cite Greenberg
(1987, 1990), essentiellement des processus mis en place pour prendre les dcisions
dattribution de rcompenses telles que le systme d'valuation des performances, le
processus d'avancement, les procdures dappel des dcisions et processus de participation
aux prises de dcisions. Selon la place qui est rserve l'individu dans ces processus, il se
sentira quitablement ou inquitablement trait.
Leurs travaux insistent sur le caractre dynamique des tendances motivationnelles manifestes
par l'individu qui oriente lensemble de ses actions. Selon Roussel, le principe de la thorie
des dynamiques de l'action repose sur lopposition de deux forces motivationnelles qui
dtermineraient le comportement : les forces consommatrices et les forces incitatrices. Les
forces incitatrices sont lorigine de certains comportements orients vers une activit
particulire un moment donn, alors que les forces consommatrices entrent en action
ultrieurement afin de diminuer la motivation pour cette activit.
Sappuyant sur le principe de valence port par la thorie des attentes, la thorie des forces
dynamiques prsente l'intrt d'expliquer comment des personnes peuvent travailler des
tches auxquelles elles accordent une faible valence. Cette dynamique peut aussi expliquer la
stabilit dans le temps du comportement dune personne dans un emploi.
La thorie de Kanfer prsente un ensemble de thories dont les dveloppements sont les plus
rcents au sein du paradigme de lautorgulation mtacognition (Roussel, 2001). Ces
90
thories sont, selon Roussel, celles qui analysent comment les attributs cognitifs et affectifs de
l'individu permettent datteindre des objectifs. Ces thories proposent dexpliquer davantage
les processus qui dterminent leffet des objectifs sur le comportement, que les processus qui
dterminent le choix des objectifs poursuivis par lindividu. Trois groupes de thories
dominent cette approche : la thorie de la fixation des objectifs (Locke, 1968, Locke et al,
1981), la thorie socio-cognitive (Bandura, 1986, 1991) et la thorie du contrle (Carver et
Sheier, 1981).
Spcifiquement, les thoriciens de l'change social (par exemple, Gouldner, 1960) examinent
les changes qui se produisent entre les employeurs et leurs employs concernant des
perceptions de rciprocit un niveau individuel d'analyse. L'essence de la thorie de
lchange social est la notion de la norme de la rciprocit qui se dveloppe et provoque un
sentiment de devoir chez lemploy. Autrement dit, en raison de lquit de traitement,
lemploy adopte en contrepartie un comportement favorable. Comme Wayne, Shore, et
Liden (1997) lont remarqu :
91
Par ailleurs, bien que le centre dintrt des partisans de la thorie de lchange social varie,
limplication sur la performance de l'quilibre peru entre les incitations fournis par les
employeurs et les contributions des employs constitue la proccupation qui les runie.
Dans ce domaine, la gestion des ressources humaines pourrait tre utilise comme un fort
engagement de lorganisation en faveur de lobtention de comportements favorables la
performance. Par exemple, l'utilisation de pratiques de GHR dveloppes est positivement
associe l'engagement affectif et organisationnel (Eisenberger, Fasolo, et Davis-LaMastro,
1990), aux suggestions constructives (Eisenberger et al, 1990), et aux comportements de
citoyennet (Wayne et al., 1997). En outre, lengagement incitatif de lorganisation est
ngativement associ l'absentisme (Eisenberger et al, 1990) et au turnover (Guzzo,
Noonan, et Elron, 1994).
Or, le caractre prilleux du risque se trouve relativis par la notion de probabilit. Cette
dernire, selon Schmidt (2003) qui cite Knight (1921), distingue le risque de certaines notions
voisines, comme lincertitude, qui ne sont pas probabilisables. Selon le cas, la probabilit ou
92
Dans la sphre financire, lvaluation du risque li aux ressources humaines tait loin de
constituer une proccupation. Si lon croit dArcimoles (2003), il semble que, dans la thorie
financire, la notion de risque social a longtemps t ignore en raison de deux lments
relatifs la conception mme de la notion de risque. En premier lieu, le risque social est li
lapparition de conflits sociaux et de sanctions lgales. En second lieu, le risque social rsulte
de la dperdition du capital humain, avec ses consquences sur les comptences et
linnovation.
En effet, comme lexplique dArcimoles (2003), les lments lis au risque social sont
loigns des rfrentiels des analystes financiers. Ces derniers sont plutt habitus
concevoir le risque humain travers dventuels drapages de la masse salariale et linflation
des cots fixes. En outre, la focalisation des financiers sur les variables macro-conomiques et
le risque de march accentue la non intgration des ressources humaines au diagnostic
financier (dArcimoles, 2003).
Toutefois, les pertes relles lies aux ressources humaines et leur gestion ont remis le risque
social au cur de lanalyse financire. Selon Igalens et Perreti (1988), ces pertes sont lies
quatre types de risques : (a) risque de non-respect des textes ; (b) risque dinadaptation des
politiques aux attentes du personnel ; (c) risque dinadquation des besoins aux ressources
humaines ; (d) risque denvahissement des proccupations sociales.
Dautres types de risques lis au facteur humain ont t relevs par la littrature. Pour SaintPierre (1999), le facteur humain constitue un lment considrable du risque daffaires ,
notamment en ce qui concerne sa gestion. Le risque de gestion des ressources humaines figure
parmi la liste des trois composantes du risque daffaires tabli par lauteur, savoir : (a) le
risque de gestion ; (b) le risque commercial ; (c) le risque technologique. Le risque de gestion
tel que dfinit par Saint-Pierre concerne le manque de connaissances en gestion de lquipe de
direction, linsuffisance des ressources consacres la fonction gestion et linadquation des
outils utiliss.
93
En lien avec ces problmes de gestion du facteur humain, Coff (1997) souligne que pour
constituer une source de performance, la GRH doit rsoudre certains dilemmes, notamment en
terme dinformation information dilemmas et de roulement volontaire threat of
turnover . En sinspirant des travaux de Simon (1957), Coff distingue trois dilemmes lis
linformation : (a) linformation asymtrique ; (b) la rationalit limite ; (c) la tendance
lopportunisme. Quant au roulement volontaire, Coff met en garde contre tout risque de
laisser partir un salari qui dtient des connaissances accumules pendant des annes. Sauf
que celui-ci, dfaut dune bonne gestion des ressources humaines, risque de quitter
lentreprise pour une autre afin de tirer profit de ses connaissances.
Dans le mme esprit, Schmidt (2003) a relev trois risques majeurs qui sont lie la gestion
du facteur humain. Il sagit des risques lis au cycle de vie du salari dans lentreprise, des
risques dobsolescence des comptences et enfin des risques de dgradation du climat social.
Un autre type de risque li aux ressources humaines est la coopration (Beer et Eisenstat,
2000). Selon Beer et Eisenstat, latteinte des objectifs fixs par lentreprise peut tre entrave
par la divergence des intrts et le manque de coopration des diffrents acteurs de
lorganisation.
Au regard de ces risques encourus par les entreprises, qui doivent assurer une meilleure
gestion sociale et de bons rsultats conomiques et financiers, les financiers ont commencer
considrer que les pratiques de gestion des ressources humaines peuvent tre analyses
comme de multiples stratgies assurant une coordination optimale des individus, permettant
lentreprise de contrler son risque daffaires et dobtenir le rendement attendu de ses actifs.
Par exemple, Schmidt (2003) souligne que la gestion prvisionnelle des ressources humaines
peut constituer un moyen pour rduire le risque en quilibrant les besoins en comptences et
les comptences disponibles.
Plusieurs travaux ont dailleurs dmontr quune gestion des ressources humaines adapte la
ralit des entreprises peut avoir de bons rsultats financiers. Gerhart et Milkovich (1990), par
exemple, ont vrifi si un changement dans la politique de rmunration des entreprises
saccompagne dun changement dans les rsultats financiers. Aprs examen des rsultats de
219 firmes, ils concluent que laugmentation des bonus destins aux cadres de 10 % a conduit
94
laugmentation du bnfice moyen denviron un tiers (varie de 5,2 % 7,4 %). Une autre
tude mene par Terpstra et Rozell (1993) auprs de 140 entreprises a mis en vidence un lien
positif entre un indice bas sur la qualit du systme de recrutement et de slection du
personnel et le profit annuel, dune part, laugmentation des profits sur cinq ans, dautre part.
Dautres recherches ont trouv des liens significatifs entre la mise en place de certaines
pratiques de GRH et la performance financires des entreprises. Ltude de Delery et Doty
(1996), qui a t mene auprs de 192 banques amricaines, les conduit conclure que
linvestissement dans des pratiques telles que le partage des profits et lvaluation du
rendement procure des rsultats financiers importants par rapport aux concurrents en termes
de retour sur lactif ROA (plus de 23 %), de retour sur lavoir des actionnaires ROE (plus de
23 %). De leur ct Huselid et al, 1997 ont trouv dans une recherche auprs de 293 grandes
firmes amricaines que lapplication de certaines pratiques de GRH dites stratgiques est
capable de soutenir la performance financire des entreprises (augmentation de 6 % du niveau
de Tobins Q).
Plus rcemment, Magnan et Saint-Onge (2005) ont dmontr travers une recherche sur un
chantillon compos de banques coopratives appartenant la Fdration des caisses
populaires Desjardins de Montral et de lOuest du Qubec que ladoption des pratiques de
partage de profits permet damliorer la rentabilit mesure en cross-sectionnel et en
longitudinale.
95
D'ailleurs, les travaux de recherche ayant cherchs les meilleurs pratiques de GRH, comme le
96
De ce point de vue, la performance des organisations est une affaire de pratiques de GRH
prises de manire isole (Arcand et al, 2004). Dans certains cas, plus d'une meilleure pratique
est dfinie, construisant ce qui peut s'appeler les systmes de travail de rendement lev
High Performance Work Systems (Becker et Huselid, 1998, 2006). Malgr cela, en
opposition la perspective de contingence qui sera analyse ci-dessous, l'approche
universaliste ne considre ni l'interdpendance synergique, ni l'interaction des diffrentes
pratiques. Elle adopte une vision plutt additive (Pfeffer, 1994; Osterman, 1994; Becker &
Gerhart, 1996). Par consquent, la perspective universaliste nie, implicitement, l'existence de
diffrentes combinaisons de pratiques, qui constituent le systme de ressources humaines et
qui peuvent tre efficaces pour l'organisation.
Dans un premier temps, nous pouvons observer que cette perspective se focalise
principalement sur l'importance des pratiques destines renforcer les qualifications de la
main d'oeuvre, par exemple par la rmunration variable (Gerhart et Milkovich, 1990 ;
Magnan et Saint-Onge, 2005 ; Saint-Onge et al, 2005 ), par certaines pratiques de recrutement
et de slection (Boudreau, 1991 ; Koch et McGrath, 1996 ; Terpstra et Rozell, 1993), la
formation gnrale (Barrett et OConnell, 2001 ; Russell, Terborg et Powers, 1985 ; Youndt et
Snell, 2004), ou l'valuation du rendement (Barette et Ouellette, 2000 ; Guzzo et al, 1985).
Dans un deuxime temps, des travaux plus rcents ont considr l'importance des aspects lis
l'engagement et la participation de la main d'oeuvre, par exemple, la capacit de rsoudre
97
un problme, le travail d'quipe, les incitations de groupe, la dfinition des tches ou les
nouveaux mcanismes de compensation (Arthur, 1992, 1994 ; Huselid, 1995 ; Youndt et al,
1996).
Parmi les cadres thoriques sur lesquelles se sont rigs les hypothses des travaux
universalistes, les thories de cots d'agence et de transaction semblent avoir une importance
particulire. Ces deux cadres thoriques ont t utiliss pour dmontrer l'influence de
certaines politiques telles que l'valuation du rendement. La supriorit de ces pratiques est
justifie par leur capacit de contrler l'opportunisme et de rduire des cots internes (Delery
et Doty, 1996).
Comme il a t voqu plus haut, d'un point de vue mthodologique, l'application rigoureuse
de la logique dductive a permis aux chercheurs de la perspective universaliste de raliser une
meilleure signification statistique dans le test de leurs hypothses (Brewster, 1999),
principalement au moyen des techniques quantitatives.
Comme nous lavons expliqu, la vision universaliste offre une valuation de la contribution
du facteur humain la performance de l'organisation. Adopter la logique dductive dans
98
Cependant, l'approche universaliste n'est pas labri de srieuses critique qui sont mises en
vidence par la littrature. Plus particulirement, la perspective universaliste se caractrise par
une logique simpliste de la ralit des organisations tant donn qu'elle dfend une relation
dterministe entre les pratiques de GRH et la performance organisationnelle (Jackson et al,
1989; Delery et Doty, 1996; Marchington et Grugulis, 2000). Cappelli et Neumark (2001) ont
galement prcis des limites conceptuelles importantes dans l'tablissement des rapports
causals. Dans ce sens, la dfinition de la variable dpendante (performance de l'organisation)
a t particulirement critique.
99
Ce changement de vision s'inspire des travaux prcurseurs tels que le livre de Chandler (1962)
Strategy and Structure : chapters in the history of the industrial enterprise et les modles de
la thorie de contingence proposs par des auteurs comme Woodward (1965), Van de Ven et
Drazin (1985) ou Venkatraman (1989).
L'application de cette logique l'analyse de la stratgie ressources humaines est amorce par
des auteurs tels que Galbraith et Nathanson (1978). Ces auteurs remettent en cause l'existence
des meilleures pratiques qui ont des rsultats identiques dans n'importe quel contexte : ils
supposent que l'influence de la performance organisationnelle est toujours conditionne par
une troisime variable laquelle les pratiques de GRH doivent tre adaptes.
Toutefois, le niveau d'analyse adopt par les partisans de l'approche de contingence ne diffre
pas entirement de celui de l'approche universaliste. Il est courant de constater que les travaux
ont souvent nglig l'aspect systmique auquel ils ont fait allusion dans leurs hypothses.
Dans ce cas, ces recherches n'analysent ni l'intgration de diffrentes pratiques, ni les effets
synergiques qui en rsultent. En effet, la focalisation se fait uniquement sur la faon dont les
diffrentes pratiques affectent individuellement les performances des organisations (Delery et
Doty, 1996).
En dpit de l'htrognit des approches, nous pouvons grouper les rapports de contingence
dans trois catgories gnriques :
En outre, d'autres articles proposent que les ressources humaines aient galement un effet
important sur la formulation des stratgies gnriques. Dans ce sens, la stratgie de gestion de
100
ressource humaine n'est plus comprise d'une manire continue et ractive, mais comme
lment interagissant avec la stratgie. Cette pertinence stratgique du facteur humain,
prsente dans les premiers travaux comme ceux de Lengnick-Hall et Lengnick-Hall (1988), a
t explique principalement dans des modles plus rcents, tels que ceux prsents par
Becker et Huselid (2006), Lado et Wilson (1994), Richard et Johnson (2001), Wright,
McMahan et McWilliams (1994) et Wright et al (2001) ;
Les explications de la perspective contingente constituent un corpus thorique plus solide que
l'approche universaliste, bien que statistiquement ils n'atteignent pas des niveaux de
signification comparables lors du test des hypothses. Fondamentalement, deux cadres
thoriques ont fond les hypothses de la thorie de contingence : il s'agit de la thorie
comportementale (Schuler et Jackson, 1987) et de la thorie base sur les ressources (Barney,
1991, Wernerfelt, 1984).
En utilisant la premire thorie, plusieurs propositions relatives au lien entre la stratgie et les
ressources humaines ont t dveloppes (Miles et Snow, 1984; Schuler, 1987; Schuler et
Jackson, 1987). La thorie comportementale a galement servi tudier l'incidence d'autres
variables d'organisation et externes, comme celles prsents par Jackson et Schuler (1995).
La perspective base sur les ressources s'est principalement concentre sur l'ajustement
stratgique, c'est--dire la prise en considration dun lien rciproque entre le facteur humain
et les dcisions stratgiques. Comme les capitaux de l'organisation sont caractriss par leur
haute valeur, leur raret et leur inimitabilit, ils doivent tre considrs comme une ressource
principale de la configuration stratgique de l'organisation (Wright et McMahan, 1992;
Barney et Wright, 1998; Hitt et al, 2001; Richard et Johnson, 2001; Wright et al, 2001).
101
Comme dans la perspective universaliste, l'analyse empirique contingente est guide par la
logique dductive. Sa mthodologie est galement caractrise par une analyse quantitative,
bien que dans ce cas-ci, nous constatons que les mthodes statistiques utilises sont beaucoup
plus variables, ce qui permet une analyse plus complexe de la ralit de l'organisation. D'une
faon gnrale, nous pouvons mentionner les travaux qui utilisent des techniques de
rgression (Koch et McGrath, 1996; Youndt et al., 1996; Huselid, Jackson et Schuler, 1997;
Khatri, 2000; Way Kwong et al., 2001), bien que beaucoup d'hypothses de la thorie de
contingence aient t galement values par d'autres outils statistiques tels que l'analyse
factorielle (Ackerman, 1986), la classification hirarchique (Romero et Valle, 2001) ou les
techniques mta-analytiques (Tubre et Collins, 2001).
Mme peu signifiants, nous pouvons galement observer quelques articles qui tudient
l'influence des variables contingentes par des mthodes qualitatives, bas principalement sur
des tudes de cas (Boxall et Steeneveld, 1999; Shafer et al, 2001).
Becker et Gerhart (1996), par exemple, ont prcis que la mthodologie applique par les
travaux contingents pour tester leurs hypothses les mne des conclusions universalistes. La
raison en est la large utilisation des techniques de rgression, dont on dduit que l'effet d'un
changement d'une variable de GRH, mesur par la performance organisationnelle, soit
toujours le mme, et peut tre considr comme universel, sous un certain niveau de la
variable de contingence (Becker et Gerhart, 1996; Sherer et Leblevici, 2001).
D'autres auteurs comme Boudreau et Ramstad (1999) ou Wright et Sherman (1999) croient
que la recherche contingente doit amliorer ses mesures de gestion des ressources humaines.
Le problme apparat fondamentalement quand la variable de contingence analyse est la
102
stratgie d'affaires. Dans ces cas, les modles contingents appliquent principalement des
typologies gnriques, comme celle de Miles et Snow (1978). Selon Chadwick et Cappelli
(1999), il est ncessaire de dfinir des typologies conues spcifiquement pour la recherche en
gestion des ressources humaines, capables de cerner toute la complexit de cet objet de
recherche, bien que les stratgies gnriques restent unanimement retenues en raison de la
facilit de leur mesure.
En outre, la perspective contingente a t galement critique en raison de son orientation
micro. Dans ce sens, nous pouvons observer le dsaccord dune large littrature par rapport
certaines prescriptions de la thorie contingente, notamment en ce qui concerne la supriorit
de la performance obtenue par l'ajustement des pratiques de GRH sur la stratgie. Plusieurs
auteurs, comme Becker et Gerhart (1996), croient que la conception des systmes de gestion
adapts mne une structure trop rigide et inflexible qui ne rpond pas au besoin d'adaptation
l'environnement conomique actuel.
Tableau 4
Limites
Contributions
Approche de contingence
la relation GRH-performance
solides
Orientation micro
Objectifs rduits
Dterminisme
103
Conclusion du chapitre 2
Dans le chapitre qui vient dtre achev, nous nous sommes efforcs dapprhender et de
comprendre pourquoi et comment les ressources humaines sont devenues une source de
meilleure performance.
Dans la premire section de ce chapitre, nous nous sommes poss la question du pourquoi du
lien entre la gestion des ressources humaines et la performance. Nous avons vu que malgr
lexistence de plusieurs sources de performance (organisation, socit) qui sont dfendables
par la littrature, les ressources humaines se rvlent dans une large littrature gestionnaire,
conomiste et autres, comme un facteur incontournable de lamlioration durable des
performances des entreprises.
Dans la seconde section de ce chapitre, nous nous sommes efforcs de chercher un appui
thorique lhypothse dun lien entre la gestion des ressources humaines et la performance
organisationnelle. Nous nous sommes rendu compte, en avanant dans notre revue de
littrature, que le rle des ressources humaines et la manire dont elles sont gres bnficient
dun large soutien thorique travers divers courants relevant la fois des thories
conomiques (thorie du capital humain, thorie des cots de transactions, thorie de
lagence), des thories psychosociologiques (thorie de la motivation, thorie de lchange
social) et des thories financires. Lensemble des thories conomiques soutient la gestion
des ressources humaines comme un facteur de dveloppement des comptences et des
attitudes ncessaires la croissance des entreprises. Les thories psychosociologiques
adhrent, de leur part, lhypothse quune bonne gestion des ressources humaines
permettrait de stimuler les bons comportements et lengagement ncessaires lamlioration
de la performance. Enfin, la thorie financire soutient la GRH dans la mesure o elle permet
de rduire la part du risque li aux ressources humaines.
Dans la troisime et dernire section de ce chapitre, la revue de littrature tait consacre aux
approches empiriques qui soutiennent le rle positif des ressources humaines dans latteinte
dun avantage comptitif. Or, nous avons vu que la gestion des ressources humaines est
conue diffremment selon quil sagisse de lapproche universaliste ou de lapproche de
104
Tableau 5
Comparaison des approches empiriques
Hypothses de base
niveau
variables
danalyse
Simple pratique
Mthodologie
Plusieurs
Approche universaliste
pratiques
Une seule
Un certain
Logique
Existence des
Relation linaire et
pratique permet
nombre de
dductive ;
meilleures pratiques
universelle
une meilleure
pratique prises
Rgression
performance
isolment
de GRH
maximisent la
performance ;
Pas de liens
dinteraction
Simple pratique
Plusieurs
Approche de contingence
pratiques
Plusieurs
Trs peu de
Rgression ;
Nexiste pas de
travaux
travaux
Analyse
meilleures pratiques ;
variable explicative
focalisent sur
slectionnent
factorielle ;
et une variable
une pratique
plusieurs
Classification
simple
pratiques, quand
hirarchique
Existence de
variables
linaire ;
intermdiaires
cest le cas, le
choix est fait de
comme la stratgie,
Existence de
lenvironnement etc.
variables
manire additive
contingentes
Aprs nous tre attards au cours de ce chapitre sur les fondements thoriques et empiriques
de la relation GRH-performance, nous dvelopperons la problmatique de recherche qui se
veut un approfondissement des recherches en gestion stratgique des ressources humaines.
105
Chapitre 3.
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
La
meilleure
faon
de
Au cours des deux premiers chapitres de cette thse, nous avons pu apporter une riche revue
de littrature sur ce quest la gestion stratgique des ressources humaines, ses volutions et
ses implications sur le regard vis--vis des ressources humaines.
Nous rappelons dans cette vision stratgique, dune part, limportance accorde aux
ressources humaines, qui deviennent un lment incontournable du succs des entreprises au
lieu dun simple facteur dajustement. Ainsi, les comptences de lindividu comptent
dsormais parmi les comptences cls des entreprises, que Prahalad et Hamel (1994) voient
comme un vritable avantage comptitif au mme titre que les autres ressources
organisationnelles. Dautre part, la valeur du capital humain est consolide par une stratgie
de GRH adapte, cest--dire celle qui vise dvelopper les comptences, stimuler les
comportements positifs et rcompenser les efforts. Nous parlons ici de la stratgie des
ressources humaines qui recourt un ensemble de pratiques de GRH lorigine de
lamlioration des performances des organisations. Cette dfinition de la stratgie RH
concorde avec celle de Wright et McMahan (1992). Ces derniers ont dfinit la stratgie RH
comme :
Nous avons galement pu voir que leffet positif de la stratgie des ressources humaines sur la
performance organisationnelle est largement soutenue par un ensemble de thories qui
106
Bien que la relation positive entre les pratiques de GRH et la performance soit largement
reconnue et vrifie par la littrature, la durabilit de cette relation dans le temps na fait,
notre connaissance, lobjet daucune recherche. Les recherches actuelles dans le domaine de
la gestion stratgique des ressources humaines se sont contentes de constater leffet
instantan des pratiques de GRH et ne se sont pas tendues la capacit de celles-ci prdire
la performance long terme.
Certains auteurs amricains ont point du doigt linsuffisance des tudes prdictives en
gestion des ressources humaines. Parmi ces auteurs, Wright et al (2005) ont list 67 tudes
empiriques qui se sont intresses ltude du lien SRH-performance. Ils les ont rparties en
quatre catgories distinctes : post-prdictives, rtrospectives, contemporaines et prdictives.
En lien avec la dimension temporelle, Wright et al. ont remarqu quil y a seulement 9 tudes
parmi les 67 qui avaient une caractristique prdictive. Sur la base de ce faible bilan, ils ont
men une recherche sur un chantillon de 45 tablissements d'une grande entreprise-traiteur
reprsente aux Etats-Unis et au Canada. Les donnes ont t rassembles sur deux exercices
fiscaux (1998-2000). Ils ont test la pertinence de chacune des situations (post-prdictives,
rtrospectives, contemporaines et prdictives) consolider le lien causal entre les pratiques de
GRH et la performance. Leurs rsultats soutiennent que les pratiques de GRH slectionnes
107
sont lies la performance financire actuelle et future. Ce rsultat leur a galement permis de
conclure que les tudes prdictives peuvent tre un ventuel dterminant de la causalit.
Lobjet de notre recherche, soit la problmatique laquelle nous nous efforons de rpondre,
peut sinscrire, en accord avec Wright et al (2005), dans une logique prdictive de la
performance par les pratiques de GRH. Notre problmatique se rsume donc par la question
gnrale suivante :
Dans quelle mesure les pratiques de GRH peuvent-elles prdire une performance
durable ?
Comme Purcell (2002) la rcemment reconnu, la question nest plus de savoir si la SRH a un
effet sur la performance. En ces temps difficiles pour les entreprises, la premire
proccupation doit tre de savoir comment maintenir cette performance le plus longtemps
possible. En dautres termes, il est dsormais indispensable de trouver les mcanismes qui
permettent aux entreprises de maximiser leur performance actuelle et prtendre une
meilleure performance future.
108
A ce niveau, une revue de littrature en sciences de gestion nous a orient vers un cadre
thorique peu explor dans le domaine des ressources humaines, qui toutefois fait lunanimit
des chercheurs. Nous
Cette vision systmique, tendue au domaine de la gestion des ressources humaines travers
les concepts dajustements ou de fit interne et externe), est partage par les auteurs de la
gestion stratgique des ressources humaines (Baird et Meshoulam, 1988 ; Becker et Huselid,
1998 ; Delery, 1998 ; Wright et Snell, 1998. Selon Gurin et Wils (1992) :
aussi
form
de
sous-systmes
en
interaction
(ces
109
Lobjectif de cette recherche relve de notre volont dlargir les rsultats dtudes
antrieures. A travers la question de recherche que nous posons propos de la durabilit du
lien entre la SRH et la performance, nous souhaitons apporter un clairage supplmentaire au
courant de gestion stratgique des ressources humaines.
Dans ce troisime chapitre, nous aborderons en premire section les principes de lapproche
configurationnelle et ses liens avec la gestion stratgique des ressources humaines. En
seconde section, nous engagerons un dbat sur les fondements thoriques des hypothses
relevant de cette approche quant la prdiction des performances de long terme par la
stratgie de GRH. A ce sujet, nous verrons que lapproche configurationnelle est soutenue par
la thorie fonde sur les ressources (Barney, 1991), notamment par le caractre complexe et
ambigu des liens dans le systme de GRH, et la thorie bhavioriste (Jackson et Schuler,
1995 ; Jackson et al, 1989) par rapport au lien indirect entre ces systmes et les performances
des entreprises. En troisime et dernire section, nous noncerons notre modle de recherche
et mettrons nos hypothses vrifier.
110
Toute
constellation
conceptuellement
multidimensionnelle
distinctes
qui
se
de
caractristiques
produisent
gnralement
Lapproche configurationnelle a occup une place centrale dans la recherche en thorie des
organisations et en stratgie (ex. Bensaou et Venkatraman, 1995; Dess et Davis, 1984; Doty et
Glick, 1994; Ketchen et al, 1997; Miller, 1986; Miller et Friesen, 1984; Mintzberg, 1999).
Elle est perue comme une alternative lapproche traditionnelle de contingence et
luniversalit des phnomnes en gestion stratgique, dans la mesure o elle adopte une vision
systmique ou holistique qui permet lidentification dun certain nombre de
configurations qui sont lorigine dune efficacit maximale. Autrement dit, ce sont des
patterns ou des profils plutt que des variables indpendantes individuelles qui sont lis
la performance (Becker et Gerhart, 1996 ; Delery et Doty, 1996).
Une telle vision systmique repose sur lalignement ou le fit , selon lexpression anglosaxonne, des lments de lorganisation sous des formes synergiques sappuyant sur des
relations multivaries plutt quunivaries. En ce sens, Paillot (1999) dfinit la configuration
comme :
Cette conception de lalignement est diffrente de celle propose par les approches
111
theory
trois
perspectives
dalignement
appliques
la
structure
organisationnelle : slective, interactive et systmique. Cette dernire a conduit dans les faits
lapproche configurationnelle.
L'approche slective :
Sur un plan thorique, l'interprtation la plus courante de l'ajustement, dans une perspective
slective, est qu'une organisation doit s'adapter aux caractristiques de son contexte en faisant
voluer certaines de ses variables de structure si elle souhaite survivre ou tre efficace. En
d'autres termes, on pose l'hypothse que le contexte organisationnel va conditionner la
conception de l'organisation.
Dans une perspective slective de fit, les chercheurs ont tent par le pass de mettre en
vidence limpact de facteurs de contingence sur la structure organisationnelle : analyse de
limpact de lge de lorganisation (Pugh et al, 1968), de sa taille (Pugh et al, 1968 ; Blau et
al, 1976), de son environnement (Lawrence et Lorsch, 1967), de sa technologie (Woodward,
1965), de sa stratgie (Chandler, 1962).
L'approche interactive :
Une seconde approche de lalignement repose sur leffet dinteraction entre la structure et le
contexte sur la performance. Contrairement lapproche slective, qui se focalise sur la
corrlation de la structure et du contexte, lapproche interactive essaie dexpliquer les
variations du niveau de performance lies linteraction entre le contexte et la structure
organisationnelle.
Afin de tester leffet dinteraction, plusieurs chercheurs ont propos la mthode du score idal
(Miller, 1981). Plutt que de tester un effet d'interaction classique, ces chercheurs ont analys
limpact de la dviation de la structure adopte par rapport un idal de la relation structure-
112
contexte fix. Plus ces dviations sont grandes, plus elles peuvent tre lorigine de rsultats
moins satisfaisants.
Dans cette perspective interactive dajustement, lobjectif est plutt de rechercher
lorganisation la plus performante dans un contexte environnemental donn. travers le
temps, plusieurs idaux-types organisationnels ont t mis en avant par la littrature.
Plus rcemment, pour tre performante dans un environnement o la seule certitude est
lincertitude (Ansoff, 1981), une entreprise devrait disposer de capacits dapprentissage
afin dtre en mesure de ragir rapidement lvolution imprvisible des marchs. Les
organisations apprenantes de Senge et Gauthier (1991) ou de Nonaka et Takeuchi (1997) sont
devenues les modles de rfrence de la nouvelle entreprise performante.
En fait, nous pouvons observer travers ces exemples que les chercheurs nont pas cess de
prospecter les meilleures combinaisons ou one best way structurelles.
L'approche systmique :
Les tudes qui ont adopt les deux premires perspectives (slective et interactive) du fit ont
tendance privilgier une vision unique des facteurs environnementaux qui agissent sur la
structure organisationnelle, et par l sur la performance. Cette vision est considre comme
dterministe par les partisans de lapproche systmique dans la mesure o elle prend les
lments de lorganisation indpendamment de la complexit organisationnelle. Autrement
dit, les approches slective et interactive supposent que lorganisation peut tre dcompose
en plusieurs lments que lon peut traiter indpendamment.
113
Dautre part, l'approche systmique est base en particulier sur l'apport du concept
d' quifinalit emprunt la thorie des systmes. Le principe dquifinalit est contraire
au principe d unifinalit issu des deux approches prcdentes. Il suppose que plusieurs
configurations peuvent conduire la mme efficacit (Gresov et Drazin, 1997). Ce concept
d'quifinalit relativise l'hypothse d'un "one-best-way" implicite dans les approches slective
et interactive de l'ajustement.
Nous avons remarqu, travers cette distinction entre lapproche configurationnelle et les
autres perspectives dalignement, lmergence de certains concepts tels les notions didaltype et dquifinalit. Ces deux concepts prennent une place centrale dans la dfinition de
lapproche configurationnelle. Deux questions se posent cet gard :
Comment un idal-type se peroit-il ?
Comment modlise-t-on lquifinalit ?
114
Tandis que lidal-type, considr comme une drive conceptuelle qui relve dune
typologie, suit la notion de rsultats qui lui sont fixs. Autrement dit, cest la dviation par
rapport lidal-type et non lappartenance une catgorie qui maximisera les rsultats
organisationnels. Ainsi, Mintzberg (1999) a identifi cinq types de structures d'organisation
qui sont prsumes davoir comme consquence l'efficacit maximale. De mme, Porter
(1980, 1985) a identifi trois idaux-types de stratgies qui sont prsums de maximiser
l'avantage concurrentiel.
La modlisation des idaux-types nest pas une tche aise. Selon Doty et Glik (1994), la
difficult de modlisation de lidal-type est du son caractre verbal. Cela signifie que la
formalisation initiale du modle thorique sous forme de typologie ne permet pas un test
empirique de la thorie. Pour rsoudre cette difficult, Venkatraman (1989) a propos de
transformer ce modle thorique en un modle quantitatif, qui soit le plus fidle possible
loriginal.
Plusieurs mthodes permettent de modliser les profils types en donnant une valeur aux
facteurs qui les reprsentent. Pour Doty et Glik (1994), il sagit de la mthode dite des
experts et de la mthode du continuum .
115
En ce qui concerne la mthode des experts, elle consiste confier la dtermination des
idaux-types un groupe dexperts partir de la thorie initiale. Chacun des experts accorde
une note un facteur de premier ordre quil convient dutiliser pour dcrire au mieux lidaltype. La valeur globale de ce facteur est gale la moyenne des notes attribues par tous les
experts mobiliss pour cette fin. Cette mthode a t utilise par des auteurs comme Doty et al
(1993) et Segev (1989).
La mthode du continuum, quant elle, consiste attribuer des scores aux facteurs qui
reprsentent les profils types qui se trouvent au niveau des extrmits. En effet, les scores
maximums sont attribus aux facteurs dun des profils, des scores minimums sont attribus
aux mmes facteurs sur lautre profil type du continuum. Les autres profils se placent par
rfrence aux profils des extrmits du continuum.
Aucune de ces mthodes nest a priori suprieure aux autres, tout dpend de lusage que le
chercheur compte en faire. Le choix de lune ou de lautre mthode doit, sans aucun doute,
tre explicit et argument.
Sinspirant des travaux de Von Bertalonffy, certains auteurs comme Katz et Kahn (1978) ont
116
Lensemble de ces dfinitions saccorde sur le fait quune libert de choix des configurations
pour atteindre les performances souhaites est plausible. Ce qui nest pas le cas des approches
contingentes traditionnelles o les choix stratgiques sont limits et dtermins.
Une premire contrainte rside dans le nombre didaux-types identifis par la thorie. Toutes
les thories configurationnelles dterminent initialement un nombre fini didaux-types. Mais
de nombreuses approches configurationnelles sont compliques par lhypothse selon laquelle
des profils hybrides sont possibles et conduiraient des rsultats maximums. Cette
hybridation est dfendue par des auteurs tels que Mintzberg (1999) qui pense que les
organisations ont tendance adopter des formes hybrides lorsquelles doivent rpondre des
contingentes contradictoires.
Une seconde contrainte rside dans lexistence de facteurs de contingence qui dterminent
lidal-type auquel lorganisation doit ressembler pour maximiser la performance. Quand
aucun facteur de contingence nest dtermin, les organisations peuvent choisir leur idal-type
et maximiser leur performance. Au contraire, quand un facteur de contingence est identifi,
les organisations sont tenues le prendre en compte dans le choix de leur idal type qui leur
permettra de maximiser leur performance.
Selon Doty et al (1993), le croisement des deux contraintes, ainsi que leur intgration au
modle systmique dajustement, dterminent quatre cas de figure de lapproche
configurationnelle : modle de profils idaux, modle de profils idaux contingents, modle
hybride contingent, modle de profil hybride.
117
Modle didaux types : dans ce modle, les organisations peuvent faire le choix de
lidal type qui maximise leurs performances. Seuls ces idaux types sont performants. Les
modles hybrides sont synonymes de contre-performance. La performance dpend de la
dviation entre le modle thorique et le modle existant dans les entreprises.
Modle de profil hybride : il est le moins restrictif des modles prsents. Ce modle
considre une infinit de modles hybrides qui sont galement performants. Les facteurs de
contingence nont aucune influence dans le choix de profil hybride pour maximiser les
rsultats.
Le choix dun modle plutt quun autre nest pas exclusif. La performance dune
organisation dpend de sa proximit dun type hybride ou dun type idal se situant aux
extrmits.
118
1.2.
humaines
1.2.1. Cadre conceptuel
Les auteurs de gestion stratgique des ressources humaines ont dploy l'approche
configurationnelle des RH (Miller, 1987; Meyer et al, 1993) par souci d' intgration des
ressources, des pratiques et des possibilits organisationnelles qui peuvent mener l'avantage
concurrentiel durable. Pour comprendre cette intgration, les chercheurs ont employ les
notions de complmentarit interne ou horizontale et de complmentarit externe ou verticale
(Baird et Meshoulam, 1988; Delery 1998 ; Ferris et al, 1999). Selon les adeptes de cette
approche, la gestion des ressources humaines doit tre suffisamment cohrente pour faciliter
l'apprentissage et l'adaptation des organisations. En outre, une GRH cohrente en interne
permet galement d'obtenir les comportements ncessaires l'accomplissement de la stratgie
globale des organisations (Schuler et Jackson, 1987).
La complmentarit interne est dcrite comme une ncessit de raliser des synergies entre les
pratiques de GRH seules susceptibles de brouiller les pistes aux concurrents. En effet, cette
cohrence offre un meilleur atout de distinction ncessaire l'amlioration des performances.
Ichniowski et al. (1997) expliquent que lorsque des pratiques de GRH sont combines dans
diffrentes formes, les effets sur la performance sont beaucoup plus grands que lorsqu'elles
sont utilises individuellement.
Dans le mme sens, Marchington et Grugulis (2000) soutiennent que les pratiques en matire
de GRH ne peuvent pas tre mis en oeuvre efficacement en isolation et que c'est la
combinaison de ces pratiques dans un paquet logique qui importe. En outre, Perry-Smith et
Blum (2000) ajoutent :
119
Inversement, une entreprise qui opte pour la diffrenciation sera amene proposer des
nouveaux produits et services par l'intensification de l'innovation dans ce domaine. Dans cet
objectif, la GRH se verra plus proactive et flexible. Elle peut reposer sur une large autonomie,
120
une gestion des comptences, une rmunration lie aux objectifs individuels, etc.
Enfin, l'entreprise qui poursuit une stratgie de focus adoptera une formule intermdiaire
qui mlange les atouts des deux stratgies prcdentes. Ce type d'entreprise optera, comme
l'avait propos Walton (1985), pour un systme de GRH plutt hybride qui puise la fois
dans les deux systmes de GRH ports par les entreprises dont la stratgie est base sur la
diffrenciation ou la baisse des cots.
De leur ct Miles et Snow (1984) croient aussi aux avantages d'une complmentarit entre
les pratiques de GRH et les options stratgiques des entreprises. Selon ces auteurs, la stratgie
de GRH dpend de sa propension suivre des stratgies de prospecteur , de dfenseur
et d' analyste .
Les dfenseurs, quant eux, sont des entreprises qui tablent sur le contrle des cots pour se
diffrencier de leurs concurrents. Ces derniers sont gnralement moins agressifs que dans le
cas des prospecteurs, puisque l'entreprise type dfenseur opre dans des environnements
plutt calmes. En effet, ce type d'entreprise a besoin d'une organisation formelle et stable. Les
enjeux de changement tant faibles, ils incitent ces entreprises choisir des pratiques de GRH
plutt techniques (Huselid et al, 1997 ; Youndt et al, 1996). Enfin, le type analyste forme un
mixte entre les prospecteurs et les dfenseurs (Miles et Snow, 1984).
Un changement fondamental dans les rapports au sein des organisations est introduit par ce
nouveau point de vue. En effet, les liens supposs entre les variables modifient la mise en
place des stratgies de gestion des ressources humaines. La linarit est casse avec
l'introduction du concept de la synergie. L'interdpendance des pratiques fait que certaines
combinaisons pourraient multiplier ou diviser l'effet du systme entier. Ce fait permet aux
121
systmes de travail de rendement lev ou High Performance Work Systems , soutenus par
l'approche universaliste, de gagner en termes de complexit. D'autre part, la perspective
configurationnelle n'carte pas la pertinence des rapports contingents, et adopte explicitement
le principe de l' equifinalit . Ce dernier suppose que les mmes objectifs d'affaires
peuvent tre atteints par diffrents systmes de pratiques, de sorte que l'efficacit reste
identique (Delery et Doty, 1996). De ce point de vue, l'approche configurationnelle rejette la
fois la supriorit des systmes de GRH et l'ide des meilleures pratiques en matire de
ressources humaines.
Par ailleurs, un certain nombre de chercheurs ont men des analyses sur la pertinence de
l'approche configurationnelle des ressources humaines. Ils en ont test les hypothses
principales et fourni des rsultats statistiquement significatifs. Nous verrons successivement
les tudes les plus cites par la littrature en gestion stratgique des ressources humaines :
celles de Arthur (1994), de Huselid (1995), de MacDuffie (1995), de Delaney et Huselid
(1996), de Delery et Doty (1996) et de Ichniowski et al (1997). Dautres tudes dans ce
domaine sont rsumes, des plus rcentes au plus anciennes, dans le tableau 1.
Pour raliser son tude, Arthur a cibl un panel de 30 gestionnaires des ressources humaines
dans des usines d'acier. Il s'est intress en premier lidentification de deux profils types de
ressources humaines, appels systmes de contrle et d' engagement , en se basant sur
les modles tablis par Walton (1985). Il sest interrog ensuite sur les mesures de
performance existantes dans les usines tudies.
Les rsultats de cette tude ont permis de dmontrer que les usines ayant des systmes
d'engagement, c'est--dire une combinaison de pratiques complmentaires, avaient une plus
122
grande productivit, un taux de rejet des produits plus bas et un taux de roulement plus faible
que celles qui utilisaient des pratiques simples de contrle des ressources humaines qui ne
sont pas complmentaires.
L'auteur conclut en soulignant les limites de l'tude, associes principalement la petite taille
de l'chantillon d'usines utilis, ainsi qu' la spcificit du secteur tudi. Nanmoins, cette
tude aura dmontr qu'il existe un besoin d'approfondir la combinaison de certaines
politiques et certaines pratiques qui mnent des attitudes et des comportements spcifiques
chez les employs, rendant ainsi le climat plus propice l'atteinte des objectifs de
l'organisation.
Huselid (1995) a tent, quant lui, d'valuer les liens entre les pratiques de travail de haute
performance ou High Performance Work Practices et la performance de l'organisation.
Ces pratiques dites de haute performance comprennent, entre autres, des procdures de
slection et de recrutement rigoureuses, un programme de rcompenses, un programme de
gestion et d'valuation de la performance extensif, un programme de formation et de
dveloppement, ainsi qu'un programme de participation totale des employs (US Department
of Labour, 1993).
Huselid (1995) s'est donc bas sur les rsultats de plusieurs tudes ayant dmontr que
l'utilisation de ces pratiques pouvait amliorer les connaissances et les habilets des employs
actuels et potentiels d'une firme, renforcer leur motivation, favoriser la rtention des employs
performants et le dpart des employs non performants (Jones et Wright, 1992, U.S
Department of Labour, 1993). Ce chercheur s'est attard plus particulirement sur la notion de
complmentarit entre les pratiques ressources humaines.
Huselid (1995) a employ deux mesures exploratoires pour vrifier lhypothse relative la
complmentarit interne. En premier lieu, l' interaction entre deux indices de GRH appels
123
Cette tude a permis de conclure que les pratiques dites de haute performance ont un effet
positif significatif la fois sur le taux de roulement et la productivit des employs, ainsi que
sur les mesures court terme et long terme de la performance financire des entreprises.
Toutefois, la complmentarit interne na produit que des effets modestes. Cet tat mitig des
rsultats a pouss Huselid reconnatre la nature prliminaire de son tude.
Les rsultats de cette tude soutiennent l'effet positif d'une grappe de GRH d'engagement,
que l'auteur a constitu en crant un indice additif (alpha de Cronbach = 0.70), sur la
productivit et la qualit. Il en ressort aussi leffet contingent de la grappe de GRH
innovatrice adapte au systme de production qui lui est compatible.
Delaney et Huselid (1996) se sont bass, quant eux, sur les rsultats obtenus notamment par
les recherches de Arthur (1994) de Huselid (1995) et de MacDuffie (1995). Mais leur volont
124
tait dapprofondir ces recherches et de tenter de dterminer pourquoi les pratiques ressources
humaines ont une influence sur la performance de l'entreprise.
Ces auteurs ont ralis une tude partir des donnes obtenues lors du National Organisation
Survey (NOS) ralis en 1991 auprs de 590 organisations avec ou sans but lucratif.
A cette fin, Delaney et Huselid (1996) ont mis deux hypothses qui sont les suivantes :
(a) les pratiques de gestion des ressources humaines progressives (celles affectant
particulirement les habilets des employs, leur motivation et la structure de travail) sont
relies positivement la performance organisationnelle et,
(b) la complmentarit ou la synergie entre les pratiques progressives de gestion des
ressources humaines est lie positivement la performance organisationnelle.
Les conclusions de cette tude indiquent que la premire hypothse a t vrifie. Il semble en
effet que les pratiques progressives de gestion des ressources humaines, incluant la dotation
slective, la formation et les programmes de rcompenses, sont relies positivement et de
manire significative aux mesures de la perception de la performance organisationnelle. Par
contre, la seconde hypothse a t rvoque puisque les rsultats n'ont pas permis de conclure
que la complmentarit entre les pratiques de GRH ait amlior la performance de
l'organisation.
Les auteurs ont soulign plusieurs facteurs qui seraient lorigine de la non validation de la
seconde hypothse. Il pourrait sagir notamment des donnes du NOS qui n'offraient qu'un
portrait incomplet des pratiques de GRH. On indique, entre autres, que des renseignements
dtaills sur les systmes de gestion de la performance utiliss dans les diffrentes entreprises
auraient permis de construire une grille de mesure des pratiques de gestion beaucoup plus
complte. Ces chercheurs indiquent galement que pour permettre de tirer des liens clairs
entre la gestion des ressources humaines et la performance de l'entreprise, il est essentiel de
dvelopper des outils de mesure valides et constants pour valuer les diffrents programmes
et les diffrents systmes.
125
Dans le mme esprit, Delery et Doty (1996) ont confront les hypothses de trois approches
de la relation entre les pratiques de GRH et la performance de 192 banques amricaines.
Parmi ces approches, on retrouve lapproche configurationnelle.
Sinspirant des travaux de Arthur (1994), de MacDuffie (1995) et de Walton (1985), ces
auteurs ont mis, dune part, une hypothse qui postule que plus la cohrence entre les
pratiques de GRH est grande, plus la performance est grande ; dautre part, une hypothse
selon laquelle plus le systme de GRH est cohrent en interne, et plus celui-ci est cohrent en
externe avec les choix stratgiques, plus la performance est grande.
Tout comme lavait dmontr MacDuffie (1995), les travaux de Delery et Doty (1996)
montrent que les effets combins de certaines pratiques RH, notamment celles de nature
mobilisatrice (les autres types de regroupements nayant peu ou pas deffets sur le niveau de
performance organisationnelle), semblent permettre aux organisations daccrotre leur niveau
defficacit et ce, davantage que ne laurait fait la somme des effets individuels que chaque
pratique aurait autrement engendrs. Poussant plus loin lanalyse, ces chercheurs rvlent
aussi que les effets combins des pratiques de GRH taient dautant plus significatifs lorsque
les regroupements de pratiques taient correctement aligns sur la stratgie de lentreprise.
L'tude de Ichniowski et al., (1997), mene auprs de 36 aciries amricaines, est l'une des
rares tudes longitudinales a avoir t ralise sur le sujet. Ces auteurs ont utilis des mesures
mensuelles des variables de performance.
Ichniowski et al., (1997) ont bas leurs recherches sur les modles thoriques rcents qui
mettent l'accent sur l'importance de la complmentarit des pratiques de travail et de gestion
l'intrieur des organisations (Kandel et Lazear, 1992; Baker, Gibbons et Murphy, 1994;
MiIgrom et Roberts, 1995). Ils se sont plus particulirement penchs sur la question de leffet
de l'adoption d'un ensemble de pratiques ressources humaines cohrentes sur la productivit
des employs.
Ichniowski et al, (1997) ont fait lhypothse que la combinaison de pratiques de gestion des
ressources humaines produit des rsultats meilleurs que ceux produits par des pratiques
126
individuelles. Plus prcisment, ces auteurs posent l'hypothse que l'interaction des effets
produits par un ensemble de pratiques de gestion des ressources humaines est un lment
dterminant de la productivit.
Leurs rsultats ont montr que l'adoption d'un systme de GRH complmentaires, constitu de
pratiques ressources humaines tels que les quipes de travail, l'assignement de tches
flexibles, la scurit d'emploi, la formation des taches multiples et la confiance envers les
programmes de rcompenses, est positivement et significativement lie des niveaux de
productivit
substantiellement
plus
levs
comparativement
aux
pratiques
prises
Tableau 1
Synthse des principales tudes empiriques portant sur leffet des systmes de GRH sur
la performance des entreprises
Etude
Anne
Niveau
danalyse
Echantillon
Indicateur de
performance
Rsultat
Doucouliagos H. et
Laroche P.
2007
Firme : enqute
REPONSE
2978
Productivit
Significatif
Khatri N. et al
2006
Firme : hpitaux
Etude
qualitative
dans deux
hpitaux
Significatif
Batt R. et
Moynihan L.
2006
Firme : centre
dappel
64
Collins C. et
Allen M.
2006
Firme : PME
323
Performance
financire
Significatif
2006
Firme : PME
22
Innovation
Significatif
Katou A. et
Budhwar P.
2006
Firme:
Manufactures
178
Performance
organisationnelle
Significatif
Temps moyen
de manipulation
d'appel, satisfaction
clients, rentabilit
Significatif
127
Tableau 1
Synthse des principales tudes empiriques portant sur leffet des systmes de GRH sur
la performance des entreprises (suite)
Etude
Anne
Niveau
danalyse
Echantillon
Indicateur de
performance
Rsultat
2006
Firme:
Manufactures
269
Satisfaction au
travail, engagement
organisationnel,
Performance
financire
Significatif
2005
Firme : services
45
Engagement
organisationnel,
qualit, productivit,
rentabilit
Significatif
2005
Firme : secteurs
primaire,
secondaire et
tertiaire
175
2005
Firme :
manufacture
132
Productivit
Significatif
2005
Firme : telecom
349
Turnover,
absentisme
Significatif
2005
Firme :
multinationales
600
Performance
financire
Significatif
2004
Firme :
manufacture
131
Productivit,
Performance
financire, turnover
Significatif
Guerrero S. et
Barraud-Didier V.
2004
Firme : industrie,
services
180-182
Climat social,
productivit, qualit
des produits et des
services, rentabilit
Significatif
Bartel A.
2004
Firme : banque
330
Performance
financire
Significatif
Productivit,
efficience,
positionnement
concurrentiel,
acquisition
de clientle,
croissance
Significatif
128
Tableau 1
Synthse des principales tudes empiriques portant sur leffet des systmes de GRH sur
la performance des entreprises (suite)
Etude
Anne
Niveau
danalyse
Echantillon
Indicateur de
performance
Rsultat
2004
Firme : industrie,
transport, telecom
160
Productivit
Significatif
Chnevert D. et
Tremblay M.
2003
Firme : secteur
marchand non
agricole
252
Mobilisation,
turnover
Significatif
2003
Firme : enqute
REPONSE98,
enqute WERS98
2086 en
France
Innovation
Significatif
1165 en UK
Panayotopoulou L.,
Bourantas D.
2003
Firme
104
Performance
financire
Significatif
2003
Firme :
manufactures et
socits de
services
366
Productivit, qualit,
turnover,
absentisme,
Performance
financire
Significatif
2003
Firme
102
Performance
organisationnelle
Significatif
Laursen K. et Foss
N.
2003
Firme
1884
Innovation
Significatif
Michie J. et
Sheehan M.
2003
Firme :
manufactures et
socits de
services
361
Innovation
Significatif
Guthrie J.
2001
Firme
164
Productivit,
rtention
Significatif
Guest D. et Peccei
2001
Associations
54
Productivit, attitude
des employs
Significatif
Ouelette R. et
Barette J.
2000
Firme : secteur
public et priv
177
Comptitivit,
positionnement
concurrentiel,
prennit
Significatif
et Papalexandris N.
129
Tableau 1
Synthse des principales tudes empiriques portant sur leffet des systmes de GRH sur
la performance des entreprises (suite)
Etude
Anne
Niveau
danalyse
Echantillon
Indicateur de
performance
Rsultat
2000
Firme :
manufactures et
socits de
services
101
Performance
financire
Significatif
Applebaum E.,
Bailey T., Berg P.
et Kalleberg A.
2000
Usine et individu
40 usines et
4374
employs
Qualit, productivit,
cots du travail
Significatif
Khatri N.
2000
Firme : industrie,
services, banques,
manufactures
194
Performance
financire
Modeste
Black S. et Lynch
L.
2000
Etablissements
privs
1621
Productivit
Significatif
Hoque K.
1999
Firme : htels
209
Engagement,
productivit,
satisfaction au
travail, qualit
Significatif
Becker B. et
Huselid M.
1998
Firme
548
Performance
financire
Significatif
130
La thorie fonde sur les ressources propose une rupture avec la logique de la domination du
march en accordant un rle privilgi aux ressources internes dans le dveloppement de
lavantage concurrentiel (Barney, 2002 ; Dierickx et Cool, 1989 ; Grant, 1991 ; Koenig,
1999 ; Wernerfelt, 1984). Selon les partisans de cette thorie, dans un contexte marqu par la
mondialisation qui conduit la disparition des barrires concurrentielles, le rle des capacits
internes devient primordial dans la survie des entreprises. En effet, les diffrences de
131
performance entre les entreprises sexpliqueront plus par la qualit des actifs stratgiques
internes et leur mode de coordination que par la position sur le march.
Dans ce contexte, les auteurs du courant de management stratgique des ressources humaines
considrent que les ressources humaines et particulirement les systmes de GRH peuvent
tre une source davantage comptitif (Barney et Wright, 1998 ; Schuler et MacMillan, 1984 ;
Wright et al, 1994). Ces derniers permettent non seulement de baisser les cots, de dvelopper
le capital humain et de maximiser la production des produits et des services (Becker et
Huselid, 2003 ; Porter, 1980), mais ils forment un avantage durable par leur inimitabilit.
Pour mieux comprendre comment les systmes de GRH sont une source davantage
comptitif durable, nous allons dabord expliquer la conception de lavantage comptitif par
les ressources internes de la thorie fonde sur les ressources.
A ce propos, Barney (1991) dfinit lavantage comptitif comme une stratgie de valeur
unique une entreprise :
Limportance acquise par les ressources internes des organisations a suscit un intrt de
dfinition chez les auteurs de la thorie des ressources. Ces derniers savaient quil est
important de dterminer la nature de ces ressources dites aussi actifs stratgiques afin
132
daider les entreprises dans la qute de meilleurs rsultats. Quest-ce quon entend donc par
ressources internes des firmes ?
Avec lapparition de lapproche des ressources, ses partisans proposent de dfinir la firme
partir de ce quelle est capable de faire (Grant, 1991). Dans cette perspective, Koenig (1999)
pense, son tour, que lon peut envisager une firme comme larticulation dun systme
doffre et dun ensemble de prestations reposant sur la mise en uvre de ressources.
Tout ce qui peut tre conu comme une force ou une faiblesse dune
firme donne. Plus formellement, la ressource dune firme un instant
t peut tre dfinie comme un actif (tangible et intangible) associ de
manire semi permanente la firme
Dans son article Firm resources and sustained competitive advantage, Barney (1991) dfinit
les ressources comme :
informations,
connaissances,
etc.
qui
permettent
aux
133
travers ces dfinitions, les ressources interne sont divises en trois catgories : les
ressources en capital physiques, les ressources en capital organisationnelles et les ressources
en capital humaines (Barney, 1991).
- Les ressources en capital physique ou quipements productifs se rapportent aux actifs qui
sont tangibles et incluent la technologie utilise, une usine et les quipements, lendroit
gographique, et les matires premires.
- Les ressources en capital organisationnel sont les actifs intangibles dont la structure, la
planification formelle et informelle, les systmes de coordination et de contrle aussi que des
relations informelles parmi des groupes au sein d'une firme et entre une firme et autres firmes
de son environnement.
Bien que les ressources internes soient reconnues comme une source davantage comptitif,
les auteurs de la thorie des ressources mettent certaines conditions pour que celui-ci soit
durable. En fait, la durabilit de lavantage comptitif est acquise quand cet avantage nest pas
reproduit par les concurrents.
Les thoriciens de lapproche par les ressources sont unanimes pour dire que lessentiel des
conditions de lavantage concurrentiel durable se rapporte : la valeur des ressources, la
raret, limitation difficile et la non substitution des ressources.
134
- La valeur : la ressource ne peut offrir un avantage durable que si elle cre de la valeur pour
la firme. Comme nous lavons vu prcdemment, une ressource a de la valeur quand elle
permet lentreprise de concevoir et dexcuter une stratgie efficace et efficiente. Ceci ne
peut se raliser que si les ressources permettent : premirement, de tirer parti dopportunits
du march ou de neutraliser une menace de lenvironnement (Barney, 1991), deuximement,
davoir un accs un grand nombre de marchs et de reprsenter une contribution
significative la valeur du produit final pour le client (Hamel, 1994), et enfin, dexploiter une
rente (Collis et Montgomery, 1995).
- La raret: si la valeur cre par les ressources est une condition ncessaire, elle nest pas
suffisante. Ces ressources doivent tre rares pour devenir une source davantage soutenable.
Par dfinition, la raret dune ressource signifie quun nombre limit seulement de firmes
peuvent y avoir accs, idalement une seule (Barney, 1991). Si la ressource nest pas unique,
mais que son transfert est incertain (marchs imparfaits/incomplets) alors sa raret est
renforce (Grant, 1991).
- Limitation difficile : la ressource doit tre difficilement imitable afin dempcher les
concurrents de rpliquer la stratgie. Selon Lippmann & Rumelt (1982), les processus de
production dune firme sont imparfaitement imitables par ses concurrents lorsque les facteurs
permettant dobtenir une performance suprieure ne sont pas clairement identifiables et
lorsque la mobilit des facteurs de production est imparfaite en raison de lexistence dactifs
spcifiques auxquels sont associs des savoir-faire tacites ou bien des droits de proprit
exclusifs.
- La non substitution : enfin pour tre une source davantage comptitif durable, une ressource
ne doit pas tre facilement remplaable par dautres ressources (Barney, 1991).
Ce nest que lorsque ces quatre conditions sont runies que les ressources peuvent permettre
dobtenir un avantage concurrentiel durable.
Dautres conditions, dordre complmentaire, sont souvent cites par les chercheurs. Selon
Peteraf (1993), il semble que les ressources doivent remplir quatre conditions. La premire se
135
rapporte au principe dhtrognit des ressources entre les entreprises qui sont en
concurrence, contrairement la stratgie bas sur lenvironnement o les ressources sont
homognes entre les firmes dans une industrie (Rumelt, 1984). Pour Penrose (1959),
lhtrognit des services productifs disponibles ou potentiellement disponibles partir de
ses ressources donne chaque firme son caractre unique. Cette htrognit des ressources
signifie que la dotation de lentreprise en facteurs diffrents pour assurer son activit est la
seule capable de gnrer des rentes ricardiennes ou dobtenir une position de march
avantageuse.
La seconde condition renvoie aux limites ex post (Rumelt, 1984). Ces limites sont des
mcanismes isolants qui empchent les concurrents de reproduire la stratgie gagnante ou
den liminer les gains.
Enfin, les ressources permettant lavantage ne doivent pas tre connues priori. Le principe
des limites ex ante sapplique dans ce cas (Rumelt, 1984).
La figure ci-dessous rsume les diffrentes relations entre les concepts thoriques de la
perspective base sur les ressources. Ce modle permet d'analyser le potentiel que possde
une ressource pour crer un avantage concurrentiel durable.
136
Figure 1
La Resource Based View
Caractristiques
essentielles
Hypothses :
-Htrognit des ressources
-Immobilit des ressources
Valeur
Raret
Imitabilit imparfaite
-dpendance historique
-ambigut causale
-complexit sociale
-Non-substituabilit
Avantage concurrentiel
durable
Source: adapt de Barney (1991), Firm resources and sustained competitive advantage, Journal of Management
Aprs ce survol des principaux de la thorie fonde sur les ressources, il convient dexpliquer
comment les systmes de GRH, faisant partie des ressources organisationnelles des
entreprises, sont lorigine de lavantage concurrentiel et sinterroger sil y a une
compatibilit entre ces systmes et les conditions de durabilit de cet avantage.
137
Dans ces conditions, la gestion des ressources humaines savre comme un moyen efficace
pour maintenir la fuite et la dprciation des comptences travers leur dveloppement et leur
valorisation. Une approche qui saccommode avec celle de la thorie des ressources qui voit
dans le management stratgique une faon didentifier, de protger, dexploiter et de crer des
ressources rares de lentreprise.
Pour ce faire, les auteurs de la gestion stratgique des ressources humaines appellent adopter
des systmes de GRH plutt que des pratiques individuelles. La raison est que ces dernires
sont facilement reproduites par les concurrents et ne permettent pas un avantage durable.
Comment devient-il difficile dimiter un systme de GRH ?
Selon Becker et Gerhart (1996), plusieurs lments favorisent lmergence des systmes de
GRH comme une ressource inimitable. Premirement, les systmes de GRH font partie des
actifs stratgiques pour dsigner :
ou des actifs invisibles (Itami, 1987) qui travers linteraction, se construit une confiance
rciproque qui agit comme un puissant et conomique mcanisme de coordination entre les
partenaires qui peut aussi, ventuellement, dboucher sur des valeurs, des habitudes et des
croyances communes, vritable culture organisationnelle de laccord qui conduit un langage
commun (Hall, 1992).
138
(1982) soutiennent que si un concurrent narrive pas identifier correctement les actifs
stratgiques de lentreprise, il aura de grandes difficults les imiter.
De ce point de vue, les systmes de GRH se trouvent renforcs parce quils bnficient de
trois caractristiques essentielles de lambigut causale (Reed et De Filippi, 1990) :
- Un caractre tacite lequel rend dlicat pour les concurrents de dtecter le fonctionnement et
lutilisation de ces systmes.
- Enfin, les systmes de GRH tirent leur inimitabilit du principe de dpendance de sentier
(Collis et Montgomery, 1995). Ce principe est une dimension importante de la thorie base
sur les ressources double titre. Il introduit une perspective dynamique et une dimension
temporelle (Nelson et Winter, 1982). En ce sens, les conditions historiques uniques
rendent difficiles pour les concurrents dobtenir les mmes actifs ou systmes de GRH. Si les
concurrents se rendent compte quun systme de GRH produit de la valeur, ils ne peuvent pas
pour autant le reproduire parce quils vont mettre du temps pour le comprendre et le mettre en
place (Becker et Gerhart, 1996). A ce titre, Dierickx et Cool (1989) soulignent que quand les
concurrents voudront rattraper leur retard sur une entreprise qui a un systme de GRH dont la
mise en place a mis plusieurs annes, ils ne pourront obtenir le mme rsultat en allouant les
mmes investissements sans attendre le mme laps de temps. En effet, toute tentative pour
rduire la dure de mise en place entrane des rsultats infrieurs ceux obtenus par
lentreprise cible.
139
Pour aborder la thorie bhavioriste, nous faisons appel deux contributions fondamentales
de la thorie des organisations. La premire concerne la thorie bhavioriste vue par Cyert et
March (1970) comme un ensemble dattentes opposes. La seconde est lie lapproche de
systme de rles de lorganisation fonde par Katz et Kahn (1978).
La thorie bhavioriste sest dveloppe depuis le dbut des annes 1960 grce aux travaux de
Cyert et March (1970) pour se dmarquer par rapport aux thories no-classiques. Ces auteurs
ont eu recourt la notion de rationalit limite telle qu'elle a t formule par Herbert Simon
(1957) qui prne la substitution de l'objectif de satisfaction ou satisficing celui de
maximisation.
Rappelons que la notion de rationalit limite des individus est lie aux capacits limites des
individus dans la rception, le stockage et le traitement de l'information et dans la
communication. La notion de satisficing est, quant elle, associe celle de niveau
d'aspiration, emprunte la psychologie.
140
Si lapproche de Cyert et March (1970) vis--vis des comportements (coalitions) adopts par
les individus procure une marge de manoeuvre ces derniers, Katz et Kahn (1978)
considrent que les individus ragissent en fonction de leur environnement. Pour illustrer la
thorie bhavioriste inspire par Katz et Kahn (1978), il est important de faire appel la
notion de systme de rles .
Les auteurs ont conu lorganisation comme un systme de rles prvus et sanctionns par des
normes, elles-mmes prenant leurs sources dans des valeurs. Ces deux derniers concepts
constituent les fondamentaux de la psychologie sociale des organisations fonde par Katz et
Kahn (1978).
Le principe de systme de rles implique que chaque individu de lorganisation est attribu
une place ou office dfinie comme un point donn dans lespace organisationnel. Cet
espace organisationnel est lui-mme lensemble des places en interaction. Chaque place est
associe un ensemble dactivit ou de comportements attendus. Lesquels devront tre
excuter par tout occupant de la place.
Les comportements dans le rle sont constitus des actions rptitives dun individu
interrelies avec les actions rptitives dautres afin dobtenir un rsultat prvisible. Ces
actions sont transformes en un ensemble dattentes des titulaires de rle qui sont transmises
celui qui occupe le rle. La transmission du rle est accomplie par le titulaire du rle selon sa
perception des comportements attendus. Cest ce rle reu et non seulement le rle transmis
qui va influencer son comportement dans laccomplissement des activits du rle.
Afin de rpondre aux aspirations des individus, dans le cas de lapproche de Cyert et March
(1970), et influencer les comportements des titulaires du rle, dans le cas Katz et Kahn
(1978), les auteurs du gestion stratgique des ressources humaines proposent un lien entre les
comportements des ressources humaines et les pratiques de GRH. Cette articulation entre les
comportements et la GRH est luvre de certains auteurs tels que Jackson et Schuler (1995)
et Jackson et al (1989).
141
satisfaction des individus, par ladoption de pratiques de GRH appropries, peut tre la source
dune meilleure performance. Dans ce domaine, les systmes de GRH jouent un rle
stratgique en permettant surtout dobtenir les comportements ncessaires limplmentation
de la stratgie des organisations.
Cependant, lexcution de la stratgie ne peut mener des rsultats durables que si les
systmes de GRH correspondent au type de stratgie choisi par lorganisation. Pour cela,
Schuler et Jackson (1987) ont dfinis certains systmes de GRH qui, selon eux, peuvent
conduire une meilleure mise en uvre des stratgies concurrentielles correspondantes.
Ainsi, ils dfinissent trois systmes de GRH en fonction de trois types de stratgie daffaires
(Porter, 1980).
Le premier systme de GRH adapt la stratgie dinnovation est compos des pratiques
suivantes :
- Lorganisation de travail est base sur la diffrenciation des tches et la coordination ;
- Lvaluation est base sur les objectifs de long terme et collectifs ;
- La rmunration est lie lquit interne plutt qu lquit externe ;
- La gestion de carrires est flexible.
Le second systme de GRH adopt dans le cas de la stratgie de cot est linverse du
premier :
- Lorganisation de travail est base sur la fixation des tches ;
- Lvaluation est base sur les rsultats de court terme ;
- La rmunration est lie lquit externe plutt qu lquit interne;
Ce systme adopt dans un souci de rduction des cots est moins stimulant que le premier et
incite adopter certains comportements marqu par la frustration. Mais celui-ci reste le mieux
142
Ce dernier systme de GRH est stimulant pour les comportements des individus qui le
peroivent comme un modle dintgration aux processus dcisionnel.
Les prmisses de la thorie bhavioriste, dfinit ci-dessus par Jackson et ses collaborateurs,
ont permis un nombre dauteurs de vrifier leffet de lassociation entre les stratgies
concurrentielles et les systmes de GRH sur la performance organisationnelle. Parmi ces
tudes, on peut citer les recherches de Youndt et al (1996) et de MacDuffie (1995).
Dans leur tude sur un chantillon de 97 tablissements, Youndt et al (1996) se sont intresss
au lien entre la stratgie de fabrication base sur la baisse des cots, dune part, et la qualit,
dautre part et le choix des systmes de GRH (systme administratif et systme de
dveloppement du capital humain).
Les rsultats de cette recherche sont significatifs et les deux hypothses sont valides.
Particulirement, lajustement de la stratgie de cot sur le systme de GRH administrative
143
MacDuffie (1995) est un des auteurs les plus cits au niveau de la perspective bhavioriste.
Celui-ci admet que des pratiques de GRH appropries induiraient un certain nombre de
comportements fortement valoriss et ceux-ci sont ncessaires la performance
organisationnelle.
Selon MacDuffy (1995) les pratiques de GRH ont pour effet de susciter la motivation des
employs adopter des comportements discrtionnaires qui sont en ligne avec les intrts de
lorganisation. Ces comportements, considrs aujourdhui comme un lment cl de
lefficacit organisationnelle, ont t qualifis dans la littrature sous plusieurs vocables : hors
rle, pro-sociaux, de citoyennet organisationnelle, de mobilisation (Wils et al, 1999; Igalens
et Barraud, 1997).
Dans son tude, MacDuffy (1995) a profil un ajustement entre des grappes de pratiques de
GRH et la logique de production des entreprises tudies. Selon lauteur, dans cet ajustement
vertical, les grappes GRH se distinguent en fonction de la logique de production. Dans une
144
logique de production de masse, selon lauteur, les pratiques de GRH sont caractrises par
des tches prcises et une autonomie restreinte. Tandis que dans une logique de production
dite flexible, lautonomie des employs est encourage et leurs comptences sont centrales, on
essaye de stimuler leur engagement.
Les rsultats de cette tude montrent que lajustement vertical produit des effets significatifs
sur les niveaux de performance en termes de productivit et de qualit.
145
Plusieurs chercheurs ont particulirement tudi le rle des pratiques de GRH dans
lamlioration des rsultats organisationnels. En Amrique du nord, ces recherches
connaissent une grande diffusion tous les niveaux chez les acadmiciens que chez les
praticiens. En France, quelques chercheurs tels que Arcimoles (d) (1995, 1997), Bayad
(2001), Bayad et al (2001, 2004, 2007), Besseyre des Horts (1988, 2004), Laroche (2002,
2004, 2007), Sire et Wils (1999), Peretti (1990, 2006) accordent un intrt grandissant cette
problmatique.
Cependant, si les tudes effectues ce jour ont pu dmontrer que les pratiques de GRH ont
un effet positif sur les performances des organisations, leurs rsultats restent muets sur la
validit de cet effet dans le temps. Dit autrement, les effets constats par lensemble des
tudes en GSRH concernent un instant (t) et la dimension temporelle semble absente dans
leurs analyses.
Lobjectif de notre recherche est de palier cette lacune qui peut tre prjudiciable toute
affirmation dun lien entre les pratiques de GRH et la performance. Pour cela, nous nous
sommes poss la question par rapport la durabilit de cette relation et le pouvoir prdictif
des systmes de GRH.
146
recommandes.
Rappelons que la complmentarit interne concerne la cohrence entre les pratiques de GRH
en interne, c'est--dire que celles-ci se soutiennent entre elles. Plutt quun simple alignement
entre la performance et une pratique individuelle qui est le plus souvent imit par les
concurrents, le principe de complmentarit interne permet des rsultats durables grce la
complexit des liens entre les pratiques de GRH. Selon Baron et Kreps (1999a, 1999b), cette
complmentarit de pratiques RH permettrait la firme de bnficier deffets dits
techniques capables dinfluencer le niveau de performance de lorganisation.
La complmentarit externe est, quant elle, concerne lalignement entre les systmes de
GRH et la stratgie de lorganisation. Selon Jackson et Schuler (1995), qui sappuient sur les
travaux de Katz et Khan (1978) dans le domaine de la psychologie sociale de lorganisation,
plus un systme de GRH est cohrent et compatible la stratgie globale de lentreprise, plus
cette complmentarit permettrait de meilleurs rsultats en stimulant des comportements qui y
sont favorables. Dans le mme sens, Baron et Kreps (1999a, 1999b) soutiennent que :
Avant dnoncer nos hypothses de recherche, nous pouvons travers une large littrature
dans le domaine de la GSRH tablir notre modle prdictif de la performance durable par les
principes de complmentarits interne et externe.
147
systmes thoriques pour servir didals types est le rsultat du choix mthodologique que
nous expliciterons plus tard dans le chapitre consacr la mthodologie de travail.
Cette mthode est inspire des travaux de Doty et al (1994) et de Bayad et al (2004). Celle-ci
consiste identifier des modles de GRH thoriquement valids pour guider le choix des
systmes de GRH sur lesquels se fondera notre tude.
Dans une large revue de la littrature de gestion stratgique des ressources humaines, nous
avons pu relev trois systmes qui sont largement valids par les chercheurs (Arthur, 1994;
Delery et doty, 1996; Walton, 1985; Youndt et al, 1996) avec quelques diffrences dans les
appellations, mais aussi reprsentatifs des pratiques de GRH retrouvs dans les entreprises
franaises de notre enqute.
Le premier systme de GRH sera nomm GRH stratgique. Ce systme de GRH est
essentiellement compos d'activits de gestion des ressources humaines que la littrature
qualifie de mobilisatrices. Dautres chercheurs dsignent ces pratiques dites mobilisatrices
par pratiques dengagement (Arthur, 1994) ou Human-Capital-Enhancing (Youndt,
Snell, Dean & Lepak, 1996). Comme le veut leur nom, les pratiques qui constituent le
systme stratgique de GRH visent linvestissement dans le dveloppement du capital
humain.
Le deuxime systme de GRH sera appel GRH administrative. Comme son nom lindique,
ce systme regroupe un ensemble d'activits RH qualifies de traditionnelles par les
thoriciens des sciences de gestion. Ce systme est galement qualifi de contrle (Arthur,
1994) ou technique (Huselid, Jackson & Schuler, 1997). Ce systme vise essentiellement le
contrle des employs considrs comme un cot minimiser.
Le troisime systme de GRH, que lon nomme GRH hybride, reprsentera, quant lui, un
systme mixte puisant la fois dans les deux autres systmes.
148
Tableau 2
Regroupement de pratiques de GRH associes la configuration stratgique et la
configuration administrative
GRH administrative
GRH stratgique
Autonomie
accessoire
important
important
accessoire
Contrle
important
accessoire
Formation
accessoire
important
Entretiens annuels
accessoire
important
accessoire
important
accessoire
important
Augmentations collectives
important
accessoire
Augmentations individuelles
accessoire
important
Incitatifs
accessoire
important
Participation
accessoire
important
Information
accessoire
important
Communication
accessoire
important
Organisation de travail
Rmunration
Animation
A travers ce tableau descriptif, on peut constater que les pratiques de GRH se situent sur un
continuum. Les deux extrmits de ce continuum sont reprsentes par les systmes
stratgique et administratif de GRH. Limportance dune pratique penche celle-ci vers un
systme plutt quun autre. Par exemple, une organisation de travail, caractrise par une
autonomie importante accorde aux salaris, se verra comme une activit de GRH
stratgique ; au contraire, si elle est moins flexible, celle-ci se verra affecte au systme
administratif de GRH.
149
Le choix des pratiques de GRH ci-dessus nest pas le fait du hasard. Plusieurs travaux dots
dune validit reconnue ont servis pour cette fin. Parmi les principales recherches en GSRH
consacres lanalyse de lapproche configurationnelle des ressources humaines qui nous ont
inspir, nous pouvons citer Arthur (1992, 1994), Bayad et al (2004), Huselid (1995),
MacDuffie (1995), Ichniowski et al (1996), Delery et Doty (1996) et Youndt et al (1996). La
slection par ces auteurs des pratiques de GRH, qui constituent leurs systmes de GRH, est
faite avec un grand soin et dpend du rle dterminant de celles-ci dans lamlioration de la
performance des organisations.
Dans les pages qui suivent, nous allons dfinir brivement les pratiques de GRH qui sont
retenues pour les fins de notre tude et expliquer en quoi elles sont importantes pour lavenir
des entreprises.
Lorganisation du travail
Lorganisation du travail est dautant plus importante pour la performance des organisations
quelle a suscit lintrt de plusieurs chercheurs depuis longtemps. Le premier stre
intress lorganisation du travail est lingnieur Frdric Taylor, qui a formalis sa
rflexion en nonant les grandes lignes de lorganisation scientifique du travail (OST) ds le
dbut du sicle dernier.
Convaincu de lide que lefficacit de lorganisation tait plus grande lorsquelle adopte une
spcialisation plus pousse, Taylor a propos les principes de rationalisation des activits
productives autour de deux principes majeurs:
- Le dcoupage du processus productif en oprations distinctes sur la base dune analyse
scientifique des mouvements et des temps.
- La spcialisation des fonctions entre concepteurs et excutants.
150
De ce point de vue, Herzberg a appel ds le dbut des annes 1960 prendre en compte la
satisfaction des individus dans lexcution de leurs tches. Pour cet auteur, la motivation
dpend du degr de satisfaction de lindividu. Il a propos, pour ce faire, denrichir les tches,
de rcompenser le travail en minimisant les divisions horizontale et verticale et de redonner
aux individus des responsabilits et une large autonomie.
Reprenant leur compte les propositions denrichissement des tches, inities par Herzberg,
lcole socio-technique (Emery et Trist, 1964), le courant du toyotisme (Ouchi, 1981) et plus
rcemment lorganisation qualifiante (Argyris, 2002 ; Zarifian, 2004) ont chacune enrichie le
dbat sur lorganisation du travail.
Lapproche japonaise, reprsente par le toyotisme, a, quant elle, marqu les annes 1980
surtout aprs les checs successifs du modle amricain import par les entreprises
japonaises. Ces dernires ont accs leur organisation du travail sur les principe des quipes
autonomes et du juste temps pour la recherche de la qualit totale et lefficacit
conomique. Lefficacit selon le modle japonais nest possible que lorsque lorganisation
du travail favorise le dveloppement des comptences et de lesprit dinitiative.
La mme ide est dfendue par lorganisation qualifiante en prconisant notamment de mettre
en place dune organisation de travail qui veille accrotre lautonomie, dvelopper les
comptences par lencouragement des apprentissages organisationnels et formaliser les
modes opratoires pour capitaliser et transfrer les comptences. Le but de cette rflexion est
151
de rendre lorganisation de travail la plus flexible et la plus volutive possible pour rpondre
aux dfis de lenvironnement concurrentiel mondialis.
En sappuyant sur lensemble de cette littrature, plusieurs chercheurs en gestion stratgique
des ressources humaines ont argu que ladoption dun type particulier dorganisation de
travail peut tre un lment cl capable de contribuer la performance des organisations
(Dyer et Reeves, 1995 ; Osterman, 1995, 2006 ; Pfeffer et Veiga, 1999). Suivant les
recommandations de ces auteurs en GSRH, nous avons slectionn un certain nombre
dlments relevant de lorganisation du travail. Ces lments sont en particulier lis aux
modes dautonomie et de contrle exerc par la hirarchie.
La prsente revue de littrature par rapport la gestion des comptences vise montrer
lintrt que les chercheurs et divers analystes ont consacr, tant dans le monde francophone
que dans les pays anglo-saxons, aux pratiques de gestion des comptences mises en oeuvre
dans les organisations. Lobjectif tant denrichir notre connaissance quant la contribution
de ces pratiques aux rsultats organisationnels.
Nous avons donc dlibrment cart les publications portant exclusivement sur les
diffrentes dfinitions et dclinaisons du concept de comptence (comptences individuelles,
comptences collectives, comptences stratgiques,) et sur les raisons historiques de son
mergence en tant quoutil de gestion des ressources humaines, que des auteurs comme
Philippe Zarifian (1999, 2001, 2004) ont largement abord.
Dans la littrature de gestion des ressources humaines, les individus sont considrs comme
un atout du succs comptitif. Ainsi, les comptences de ces derniers sont devenues une
source critique pour la survie des organisations (Pfeffer, 1994). Les organisations sont
amenes, dans ce contexte, de veiller sur lacquisition des meilleurs candidats dots des
comptences manquantes, le dveloppement et la valorisation en interne des comptences
existantes.
152
Dans une dfinition de la gestion des comptences, Deflix (2003) soutient ce propos o un
certain changement de vision envers les comptences des individus est en train de gagner du
terrain. Lauteur pense :
Dans cette perspective, une organisation qui offre des possibilits de formation et de
dveloppement ses employs contribue lvolution de leurs connaissances et de leur
expertise, mais aussi de sa comptitivit (Lawler, 1986).
De mme, Bartel (2004) soutient que les programmes de formation mnent une
augmentation des gains lis la productivit. De plus, Meyer et Smith (2000) ont tabli que le
dveloppement de carrire tait li lengagement, tandis que Tremblay et ses collgues
(2000) ont dmontr quune relation positive existe entre la gestion des comptences et les
comportements de mobilisation. Les organisations peuvent donc amliorer la qualit du
travail de leurs employs en fournissant des activits de formation et de dveloppement
(Delaney et Huselid, 1996).
La formation est certes une pratique importante en matire de gestion des comptences, mais
elle demeure insuffisante. Lvaluation du rendement individuel reprsente galement une
variable pouvant aider les organisation amliorer leurs comptences et par l leurs
performances.
Telle quelle est traite par la littrature, on peut relever plusieurs approches dvaluation.
Globalement, ces approches semblent majoritairement porter un intrt sur lvaluation des
rsultats quantifiables, dune part, et sur les besoins des individus, dautre part. Dans leur
ouvrage, Skiou et al (2001) dfinissent lvaluation des ressources humaines comme une
dmarche qui :
153
Comme on peut le constater, cette dfinition est lexemple typique de lvaluation focalise
sur les rsultats. Or, si lvaluation de la performance de lindividu est ncessaire, elle reste
rductrice du rle que doit porte une telle mission. Plusieurs auteurs ont attir lattention sur
effets pervers de la dmarche quantitative de lvaluation et insistent sur des aspects plus
qualitatifs.
Dans une contribution ce domaine, Dolan et Schuler (1995) ont attribu lvaluation le
double rle dinformer les employs de leur contribution aux rsultats de lorganisation et
dorienter ceux qui prouvent des difficults afin quils puissent samliorer.
Dans le mme sens, Cleveland et Murphy (1992) ont considr que lvaluation doit rpondre
trois objectifs selon quil sagit de lvalu, de lvaluateur ou de lorganisation. Tandis que
lvalu cherchera par exemple obtenir de bons scores et un feed-back favorables,
lvaluateur pourra, de son ct, user de lvaluation pour rcompenser, sensibiliser et
motiver les employs. Enfin, lorganisation pourra utiliser lvaluation des fins de mobilit,
de promotion, de formation ou encore de communication.
En sinspirant des tudes de ces auteurs, nous abordons, dans notre recherche, la gestion des
comptences travers ses pratiques de formation et dvaluation. Cette dernire est faite sous
forme dentretiens annuels lis au rendement, dune part, la formation et la promotion
dautre part.
La rmunration
Au mme titre que la gestion des comptences, la rmunration se voit, depuis une vingtaine
dannes, assigne un rle plus stratgique. Initialement, la rmunration tait perue, dans la
perspective conomique, comme une contrepartie de la force de travail (Becker, 1964). Cette
154
approche est rsume par Milkovich, Newman et Cole (2005) lorsquils dfinissent la
rmunration comme :
Toutefois, cette vision a chang en raison des dveloppements connus, depuis les annes
1960, par la perspective stratgique de la rmunration. Cette dernire confre la
rmunration une dimension qui prtend concilier le social (notion dquit) et lconomique
(notion dalignement stratgique). Les ouvrages de Lawler (1981, 1990) Pay and
organization development et Strategic pay : aligning organizational strategy and pay systems
tmoignent de cette volution.
Elle est galement un moyen de signaler les comportements attendus. Comme le prcise
Lawler (1990) :
155
La gestion de la rmunration est ainsi un systme complexe de pratiques qui visent orienter
les attitudes et les comportements des employs. Par exemple, la manire dont ils sont
rmunrs influence la qualit de leur travail, leur engagement lgard de lorganisation
ainsi que la qualit du service quils offrent aux clients. Dans la mme veine, les dirigeants
dentreprises peuvent influencer la culture de lorganisation en adoptant un mode de
rmunration qui appuie ces valeurs, et valorise les attitudes ou les comportements souhaits
(Kerr et Slocum, 2005).
Les travaux de Werner et Ward (2004) rvlent que la rmunration variable favorise la
satisfaction au travail, une rduction du roulement de personnel, ainsi quune manifestation
plus soutenue des comportements de citoyennet organisationnelle.
Arthur et Jelf (1999), de leur ct, observent que limplantation des programmes de partage
des gains de productivit permet une rduction de 20% de labsentisme et de 50% du nombre
de griefs. Dans la mme veine, la littrature indique que cette pratique amliore
substantiellement la qualit des produits (Chnevert et Tremblay, 2000; Welbourne et GomezMejia, 1995). cet gard, Arthur et Aiman-Smith, (2001) ont observ que, sur un total de
1000 produits, le nombre danomalies passe de 20,93 2,31.
Dautres chercheurs tels que Gerhart et Rynes (2003) trouvent que la participation aux
bnfices entrane une hausse de 3.4% 17% de la productivit. De mme, Magnan et StOnge (2005) soulignent que la participation aux bnfices permettrait galement daccrotre
les profits, dans une mesure oscillant autour de 11%.
Coyle-Shapiro et coll. (2002) rvlent galement que la participation aux bnfices stimule
lengagement organisationnel ainsi que la confiance lendroit de la direction, condition
156
quil subsiste une perception positive des employs lgard du programme, une perception
de justice organisationnelle ainsi quun soutien organisationnel.
Les bonis dquipe semblent peu rpandus. laide dun chantillon de 140 entreprises
amricaines, Newton McClurg (2001) remarque que seulement 25% (n=35) ont adopt cette
composante de la rmunration variable. Il est pourtant tabli que ces bonis augmentent la
productivit (de lordre de 6% 20%, selon Gerhart et Rynes, 2003).
Toutes ces tudes attestent de lefficacit de la rmunration incitative. Des auteurs comme
Roussel et al (2007), Peretti et Roussel (2000) et Sire et Tremblay (2000) ont constat que
lindividualisation de la rmunration, au ct de la rmunration gnrale, est de plus en plus
prsente et utilise par les entreprises. Nous ferons comme lensemble de ces auteurs en
slectionnant deux famille de rmunration : les rmunrations gnrales et individuelles.
Lanimation
Les thoriciens soutiennent depuis longtemps que la participation des employs est en soi
intrinsquement valorisante et dsire. Cette rcompense non-montaire (Simard et al, 2004)
trouverait principalement sa source dans un sentiment de responsabilit plus lev, une
meilleure utilisation des comptences et des connaissances et dans une meilleure
comprhension de lensemble des oprations de lorganisation (Buch et Spangler, 1990;
Leana et Florkowsky, 1992). En outre, la participation motiveraient les salaris prendre des
157
initiatives et faire des efforts pour accomplir les objectifs de lorganisation (Cook, 1994;
Pfeffer et Veiga, 1999). Selon Tsui et al., (1995) les rcompenses non-montaires, en
comparaison celles qui sont montaires, peuvent satisfaire une gamme plus varie de
besoins et favoriser un contexte dchanges davantage relationnel que contractuel. Cela serait
peru, comme le soulignent Fiorito et al., (1997), comme une marque de confiance et de
support organisationnel qui amnerait les employs sidentifier davantage leur
organisation.
Plusieurs moyens de communication ont t dvelopps par les organisations pour diffuser et
mettre en place des mcanismes de communication. Parfois simples, tantt sophistiqus, ces
mcanismes couvrent un large spectre de moyens de communication (ex : porte ouverte,
sances dinformation, journal dentreprise, survey-feedback, systme de suggestions, hot
line) et dinformations diffuses (ex : sur la mission, la performance financire, la
productivit, les changements majeurs, les problmes au travail).
Il existe un certain nombre dtudes qui ont trouv un lien significatif entre les pratiques de
communication et la performance organisationnelle. Selon Pfeffer et Veiga (1999), la
justification et lexplication des dcisions permettraient daccrotre le sentiment de respect, de
considration et de confiance mutuelle au sein de lorganisation.
158
Les rsultats dune tude conduite par Morishima (1991), auprs de 97 entreprises japonaises,
ont rvl que linformation tait positivement relie au rendement financier et la
productivit, et ngativement relie aux cots du travail. Rodwell et al. (1998) ont constat
quil existe une relation positive entre la communication et lengagement organisationnel.
Selon ces mmes auteurs, le partage dinformation participerait lmergence dun climat de
confiance et de respect mutuel susceptibles de favoriser lattachement affectif.
Une recherche ralise par Igalens et Barraud (1997) auprs dune centaine dentreprises en
France a permis galement de mettre en vidence le rle central des pratiques de partage
dinformation dans la mobilisation des salaris. Une autre recherche, celle-ci ralise dans un
autre contexte culturel auprs de 325 organisations qubcoises par Tremblay et al., (1998), a
permis de trouver une relation significative entre certaines pratiques dinformations et la
mobilisation de salaris.
Dans notre recherche, lactivit danimation sera apprhende travers les pratiques de
communication telles le partage dinformation et la discussion, et de participation composes
par exemple de groupes de qualit, de groupes dexpression, de laction qualit, etc.
Plusieurs typologies stratgiques sont utilises par les chercheurs pour vrifier lhypothse de
contingence impliquant lalignement des pratiques de GRH sur la stratgie des organisations.
Par exemple, les typologies de Miles et Snow (1978) et de Porter (1980) sont parmi les
159
Bien que la typologie de Miles et Snow (1978) soit juge prometteuse pour constituer une
base intressante la recherche dun alignement entre la stratgie et les systmes de GRH
(Delery et Doty, 1996 ; Rajagopalan, 1997 ; Schuler et Jackson, 1987), le nombre des travaux
dans le domaine de limpact de cet alignement sur la performance sont peu nombreux.
La typologie de Michael Porter (1980) est, quant elle, soutient lexistence de trois groupes
de stratgie : stratgie de diffrenciation, stratgie de prix, stratgie de focalisation ou focus.
La stratgie de diffrenciation rfre une situation o les entreprises cherchent une position
de domination par une offre distincte de celle des concurrents. Cette diffrenciation se fait
galement au niveau de linnovation et de la qualit et procure aux produits le caractre
davantage comptitif.
Dautre part, la stratgie de prix focalise essentiellement sur la baisse des cots. La
domination par les cots passe souvent par une augmentation du volume des produits et la
conqute de nouveaux marchs, selon le principe de la courbe dexprience. Dans ce cas,
lentreprise bnficie des conomies dchelles et deffets dapprentissages qui lui permettent
160
Enfin, la stratgie de focalisation ou focus repose sur lide que la rentabilit de lentreprise
sur un segment dun march niche sera suprieure celle des concurrents qui sont
prsents sur lensemble des segments du march. Cette stratgie constitue une forme hybride
o les entreprises essayent de bnficier des avantages offerts par les stratgies de
diffrenciation et de prix en se situant au milieu de ces deux extrmes. De ce fait, la stratgie
focus permet lentreprise dviter les assauts des gros concurrents. Dans ce cas, il ne sagit
pas seulement de comprimer les cots mais se doter de moyens dinvestissements notamment
pur offrir un produit le plus diffrencier possible afin dattirer une clientle spcifique.
La typologie de Porter demeure de loin celle qui retient lattention des chercheurs en sciences
de gestion. Plusieurs tudes en GSRH ont adopt cette typologie comme variable modratrice
de la relation GRH-performance. Pour se rendre compte de sa popularit, il suffit de citer les
tudes dArthur (1992, 1994), de Youndt et al (1996), de Huselid (1995) et de Bayad et al
(2004).
A titre dexemple, Youndt et al (1996) sappuient sur une mthodologie quantitative pour
dterminer les pratiques de GRH qui agissent positivement sur la performance de 512
mtallurgies amricaines, selon que celles-ci adoptent une stratgie de cots, de qualit ou de
flexibilit. Ils distinguent deux configurations de GRH : la premire est qualifie de systme
administratif et la seconde de valorisation du capital humain .
Le systme administratif de GRH est le mieux adapt aux entreprises qui ont adopt une
stratgie de baisse des cots. A loppos, le systme de valorisation du capital humain,
caractris par des pratiques de GRH visant le dveloppement et la mobilisation des
ressources humaines, conduit une meilleure performance quand il est align une stratgie
de qualit et de flexibilit.
Malgr une large utilisation des stratgies de Porter, certains auteurs comme Segev (1989)
pense que cette typologie nest peut tre pas dissociable des autres typologies notamment
celle de Miles et Snow (1978). Lauteur estime que ces typologies sont complmentaires voir
161
similaires. Pour cela, il a effectu un parallle entre la typologie de Porter et celle de Miles et
Snow. Il a trouv quil y a une correspondance entre la stratgie de dfenseur de Miles et
Snow et la stratgie de prix dfendue par Porter ; en mme temps, il a relev un lien entre la
stratgie de prospecteur de Miles et Snow (1978) et la stratgie de diffrenciation de Porter.
Pour cette raison releve par Segev (1989), nous choisissons pour le compte de cette
recherche la typologie de Porter. Ce choix est galement impos par les donnes dont nous
disposons qui manent dune enqute quon a pas effectu par nos soins.
Le profil des stratgies retrouv dans les entreprises de l'enqute, nous a pouss donc faire le
choix des orientations stratgiques fixes par la typologie de Porter (1980, 1985). Utilisant la
mme appellation que Porter, il s'agit en premier de la stratgie d'innovation et de qualit des
produits et des services nomme stratgie de diffrenciation , de la stratgie prix que l'on
nomme stratgie de cot et enfin de la stratgie de focus.
Comme nous l'avons vu prcdemment, il devrait avoir une complmentarit entre une
stratgie de diffrenciation et un systme de GRH bas sur l'engagement et la mobilisation des
salaris, en d'autres termes notre systme de GRH stratgique. Nous devrions galement
retrouver une complmentarit entre un systme de GRH administrative et une stratgie axe
sur la baisse des cots. Finalement, une complmentarit entre un systme de GRH hybride et
une stratgie de focus devrait avoir lieu.
Par ailleurs, si les notions de complmentarit interne et externe sont des maillons fort de la
chane causale de notre modle de recherche, la variable dpendante mesurer, n'en ai pas la
moindre, doit galement tre explicite. Notre variable dpendante tant la performance des
organisations ncessite un intrt et un clairage avant de lintgrer dans notre modle.
162
revue de la littrature. Ils indiquent que parmi les 80 variables dpendantes utilises par les
tudes en gestion stratgique des ressources humaines, les indicateurs financiers, tels que les
la rentabilit conomique, la rentabilit des fonds propres, la mesure des profits, le prix des
actions ou Tobins Q ont t employes dans plus de la moiti de la recherche. Bien que le
lien dans la majorit des tudes est effectu entre les pratiques de GRH et les rsultats en
termes de performances financires, cette logique est toutefois conteste notamment par son
caractre rducteur des indicateurs de performance au regard de la diversit des intrts au
sein de lorganisation (Becker et Gerhart, 1996; Cook et Ferris, 1986; Devanna et al, 1984;
Rogers et Wright, 1998; Tichy et al, 1982).
L'originalit de l'approche des stakeholders est qu'elle s'appuie sur les notions de pouvoir et
d'intrts, ncessaires d'une part pour comprendre les rapports de force entre les diffrents
donneurs d'ordres, d'autre part permettent, contrairement l'approche de Shareholder
(actionnaires), de limiter la porte de cette dernire, qui est fonde sur une logique purement
financire veillant satisfaire uniquement les attentes des seules actionnaires. Plusieurs
chercheurs en stratgie ont rclam d'inclure le concept d'intrts et d'expliquer les multiples
attentes des parties prenantes (Cowherd et Levine, 1992; MacDuffie, 1995; Venkatraman &
Ramanujam, 1986).
Dans cette perspective, Dyer et Reeves (1995) ont propos diffrents types de mesures de la
performance lesquels sont les plus employs dans la recherche en GSRH. Ils ont propos
quatre indicateurs :
1) les rsultats ressources humaines tels que l'absentisme, le turnover, la satisfaction au
travail et la performance de l'individu et du groupe ;
2) les rsultats organisationnels tels que la productivit et la qualit des produits et des
163
services;
3) les rsultats financiers tels que le rendement de l'actif (RAO) et les retours sur
investissement ;
4) l'efficacit du march (prix des actions ou Q de Tobin qui est le ratio de la valeur de
march dune firme sur le cot de remplacement de ses actifs ).
Dautres auteurs, tels que Bayad et Liouville (1998), en sappuyant sur des tudes de Tsui et
al (1997), de Youndt et al (1996) et de Arthur (1994), ont distingu trois dimensions pour
mesurer la performance des organisations. Premirement, la dimension sociale de la
performance qui se dcompose en quatre indicateurs : rendement au travail, temps de travail,
capacit du personnel effectuer les tches et absentisme. Deuximement, la dimension
organisationnelle de la performance est constitue de trois indices : productivit, innovation et
qualit. Troisimement, la dimension conomique de la performance est mesure laide de
quatre items : rentabilit, croissance des ventes, parts de march et fidlisation des clients.
A partir de cette revue de la littrature sur le concept de performance, nous penchons pour la
mesure multidimensionnelle de la performance. Ainsi, nous choisissons d'valuer trois
dimensions de la notion de performance des organisations : performance conomique,
performance organisationnelle, performance sociale. Ces trois dimensions seront mesures
travers quatre indicateurs : labsentisme et le climat social pour la performance sociale,
linnovation pour valuer la performance organisationnelle et enfin la rentabilit des
entreprises comme mesure de la performance conomique. Lindicateur de climat social a t
slectionn dans la mesure o il constitue un facteur dterminant de la performance sociale
des entreprises. En outre, il fait, ces dernires annes, objet de plusieurs travaux en tant que
mesure, par exemple, de la relation employeur-employ (Laroche, 2002, 2004, 2007), ou des
comportements et attitudes des salaris au travail (Gelade et Ivery, 2003 ; Rogg et al, 2001 ;
Van Veldhoven, 2005).
Aprs avoir dtaill les constituantes de notre modle de recherche et les diffrents liens qui
peuvent les associer, la figure 1 ci-dessous en rsume la proposition.
164
Figure 2
Proposition d'un modle de recherche
Stratgies daffaires
Cots
Diffrenciation
Focus
Systmes de GRH
GRH stratgique
GRH administrative
GRH hybride
Performances
Absentisme
Climat social
Innovation
Rentabilit
En lien avec cette nouvelle dfinition de la complmentarit, nous proposons deux grandes
hypothses pour valider cette approche thorique (Doty et Glick, 1994).
165
Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
166
Conclusion du chapitre 3
Ce chapitre tait consacr aux diffrentes thories qui pourront nous permettre de rpondre
la question pose par notre problmatique : Dans quelle mesure les pratiques de GRH
peuvent-elles prdire une performance durable ?
Nous avons envisag cette question sous langle de lapproche configurationnelle des
ressources humaines. La revue de littrature consacre cette approche nous a permis de
concevoir une rponse la question de durabilit des performances organisationnelles
travers des systmes de GRH cohrents en interne et en externe. Ces systmes reprsentent la
stratgie des ressources humaines que le DRH devrait mettre en place afin de rpondre aux
impratifs de la comptitivit et justifier le caractre stratgique des ressources humaines.
Les hypothses dfendues par lapproche configurationnelle se trouvent confortes par deux
courants thoriques reconnus, savoir la thorie fonde sur les ressources et la thorie
bhavioriste. Ces deux thories soutiennent respectivement les deux principes de
complmentarit des pratiques de GRH en interne et en externe avec la stratgie daffaire.
Par ailleurs, la deuxime partie de cette thse sera destine rpondre la question de
recherche releve au cours de la premire partie consacre la revue de littrature. Cette
partie, qui sera empirique, nous lavons devis en trois chapitres. Dans le premier chapitre,
nous apporterons un clairage sur la dmarche mthodologique poursuivie pour le compte de
cette tude. Dans le second chapitre, nous nous efforcerons danalyser lvolution de la
gestion des ressources humaines en France au cours de la priode 1998-2005. Enfin dans le
troisime chapitre, nous confronterons nos hypothses de recherche aux donnes provenant de
lenqute REPONSE afin de vrifier si des systmes de GRH cohrents en interne et en
externe avec la stratgie daffaire adquate est capable de prdire et maintenir la performance
dans le long terme.
La figure suivante rsume le plan de la seconde partie empirique de cette thse. Ce plan sera
repris en fin de chaque chapitre pour faciliter le suivi de la seconde partie riche en termes de
rsultats empiriques. Les chapitres dj ou pas encore abords vont tre ombrags.
167
Figure
Plan de la seconde partie de la thse
Partie 2
Cadre empirique de la
recherche
Chapitre 1
Chapitre 2
Mthodologie de recherche
Chapitre 3
Test des hypothses de
recherche
168
Partie 2
169
Chapitre 1
Mthodologie de la recherche
La dmarche mthodologique suivie par cette recherche sera divise en deux parties : la
premire partie va porter sur la mesure de nos variables indpendantes et dpendante. La
seconde sera consacre la mthode danalyse. Mais avant daborder les deux parties, nous
ferons un point sur la notion de complmentarit ou de fit pour mieux comprendre la mthode
qui sera utilise pour mesurer les variables de GRH et de stratgie ainsi que la mthode qui
sera utilise pour expliquer la performance.
Nous divisons par consquent cette premire sous-section en deux paragraphes. Le premier
paragraphe sera consacr dcrire les diffrentes sources de donnes et justifier le pourquoi
170
de notre choix de lune de ces sources. Le second paragraphe abordera comment nous avons
recueillis nos donnes.
Les donnes primaires manent dun processus dans lequel le chercheur sengage entirement
dans la cration de sa propre source de donnes. Il cre par l sa propre ralit des
phnomnes quil envisage dtudier en se prenant une position pistmologique bien dfinit.
Alors que les donnes secondaires se caractrisent par leur facile accessibilit puisquelles
sont plutt disponibles et nengagent pas le chercheur dans le processus de recueil de donnes
comme pour les donnes primaires.
Pour notre part, nous avons procd selon la deuxime approche c'est--dire lapproche des
donnes secondaires. Pourquoi choisir cette voie alors quelle est srieusement critique par
certains chercheurs ?
La rponse cette question peut se faire en trois points. Le premier point concerne leur
capacit fournir des donnes dont le chercheur a besoin. Ce point est contest par les
adeptes des donnes primaires qui considrent quil y a l un manque dontologie par
labsence de preuve par rapport au phnomne tudier. Cependant, selon Baumard et Ibert
(2003), les donnes secondaires vite au chercheur leffet du syndrome de Saint Thomas ,
o celui-ci entre en excs de confiance. Lexcs de confiance que lui accorde son appui sur
des donnes quil a lui-mme construit, entrane une certaine subjectivit du chercheur qui
peut avoir de lourdes consquences sur le caractre objectif de la recherche.
171
Le deuxime point renvoie la capacit des donnes secondaires doffrir une validit interne
et externe. Contrairement aux donnes primaires qui donnent une sret quant la fiabilit
des construits, les donnes secondaires poussent le chercheur tre plus attentif aux
explications rivales et ne pas ignorer les variables intermdiaires ainsi qu chercher une
validation externe par des travaux antrieurs sur ces donnes.
Le tableau suivant rsume les avantages des donnes secondaires par rapport aux donnes
primaires.
Tableau 1
Recourir aux donnes secondaires pour corriger les dfauts des donnes primaires
Ides reues
Statut ontologique
Validit interne
Validit externe
Lutilisation
de
donnes
essentiellement
primaires diminue la validit externe des rsultats
Accessibilit
Les donnes
accessibles.
Flexibilit
primaires
sont
difficilement
Source : adapt de Baumard et Ibert (2003), Quelles approches avec quelles donnes ? In : R.A. Thitart (Ed),
Mthodologie de la recherche en gestion, Nathan.
172
Lintrt de cet appel doffre est multiple. En premier lieu, la thmatique de recherche nous
intresse du point de vue de lvolution des pratiques de GRH quon peut inscrire dans
lanalyse des rapports entre les employeurs et les employs. En second lieu, la richesse de
lenqute REPONSE (RElations PrOfessionnelles et NgociationS dEntreprise) propose par
la DARES nous garantissait un gisement considrable en termes de donnes concernant les
diffrentes variables de GRH et de performance relevant de lobjet de notre recherche.
Ds la rception de lappel doffre, nous avons engag des dmarches au nom du Groupe de
Recherche en Economie Financire et Gestion des Entreprise (GREFIGE), en collaboration
avec des chercheurs du Groupe de Recherche sur lEducation et lEmploi (GREE), en
envoyant une proposition qui sintitule Individualisation des pratiques de GRH et Gestion
des comptences : une logique dynamique . Notre projet a t valid et les donnes ont t
mises notre disposition partir du dbut de lanne 2006.
Une fois les donnes entre nos mains, nous avons immdiatement procder leur exploitation
dans le but de rpondre la question majeure du contrat de recherche qui concerne les
relations professionnelles en France, quon a galement intgr dans une partie de notre
travail de thse en sinterrogeant notamment sur les variations survenues au niveau des
pratiques de GRH dans les tablissements franais au cours de la priode 1998-2005. Nous
dvelopperons ce dernier point plus tard dans lanalyse descriptive des donnes au niveau de
la partie rsultats.
173
174
salaris slectionn de manire alatoire, ce qui pourrait alors introduire des problmes
d'interprtation. Ainsi, pour viter ces biais d'interprtation, nous avons opt uniquement pour
lutilisation du volet employeur.
Etant donn la problmatique de notre recherche, qui sinscrit dans la volont dtudier la
relation entre la GRH et la performance des entreprises franaises dans le temps, lchantillon
slectionn est fond sur des donnes de panel. Lutilisation des donnes de panel permet
daccder une quantit dinformations considrable. Ces donnes permettent non seulement
dobserver les situations des pratiques de gestion des ressources humaines des tablissements
franais, mais aussi de connatre les tapes de leurs parcours. Pour reprendre une mtaphore
trs souvent utilise, l o les analyses transversales fournissent une photographie assez nette
des situations un instant t lapproche longitudinale offre la possibilit dobtenir, certes de
manire assez fruste, le film des trajectoires des tablissements.
Par rapport aux donnes transversales, les grands avantages des donnes panel se rsument
comme suit :
- Identifier et mesurer les effets dynamiques que les donnes transversales ne peuvent pas
dtecter ;
- Rduire (sans toutefois les liminer) les difficults lies aux problmes de mmoire. Les
changements de systme de GRH sont ainsi dcrits au moment o ils se produisent. Il en va
de mme pour leur environnement socio-conomique qui est lun des facteurs expliquant
les trajectoires ;
- Contrler l'htrognit des individus. Aussi, interroger rptition les diffrents individus
permet d'avoir une base de donnes plus informative et contenant des informations diverses.
Par contre, plusieurs inconvnients relis aux donnes longitudinales limitent leur
disponibilit dans la pratique. Le premier inconvnient est celui du suivi des personnes
chantillonnes et est associ au problme de la non rponse.
Le tableau ci-dessous recense les principaux avantages, mais aussi les inconvnients associs
lutilisation des donnes de panel.
175
Tableau 2
Avantages et inconvnients associs lutilisation des donnes de panel
Inconvnients
Avantages
Caractristiques
Donnes plus
nombreuses et plus
variables
Consquences
Caractristiques
Rsultats asymptotiques
et estimations plus
prcises.
Consquences
Biais frquents de
variables omises ou
derreurs de mesure sur
les variables pour les
estimations de type
dynamique (intraindividuelles).
Information au niveau
Echantillons non
microconomique
reprsentatifs.
comportements.
Importance de la
Subjectivit importante
dimension coupe
certaines estimations.
constitution des
chantillons.
points aberrants.
Difficults de reprage
des points aberrants.
Possibilit de mener,
Lexploitation
conomtrique de la
estimes.
dans diffrentes
dimensions
Source : adapt de Dormont B. 1989, Petite apologie des donnes de panel, Economie et Prvision n87, p.23.
176
Disposant du numro SIRET de chaque tablissement franais des deux enqutes REPONSE
98 et REPONSE 05, nous avons procd un tri par rapport cette variable. Puis, nous avons
retenus les rponses communes aux deux fichiers. Aprs appariement, nous disposons
simultanment des donnes qui proviennent des deux sources. Lchantillon reprsente un
panel de 962 tablissements, tous ayant rpondu aux deux Enqutes REPONSE 98 et
REPONSE 05, bien reprsentatif des populations mres. Des statistiques descriptives
concernant la taille et le secteur dactivit sont rsums dans le tableau 3.
Tableau 3
Reprsentativit de l'chantillon de la recherche
Taille
Rponse 2005
Panel (%)
Entre 20 et 49 salaris
17,98
22,56
De 50 99 salaris
18,50
15,09
20,58
18,23
24,64
18,50
11,33
16,42
1000 et plus
6,96
8,84
Panel (%)
6.03
5.41
IND.BIENS CONSO
5.61
6.45
IND. AUTOMOBILE
1.87
2.01
Secteur
Rponse 2005
BIENS EQUIPEMENT
9.15
8.26
BIENS INTERMED.
18.50
15.92
IND. ENERGETIQUE
1.14
1.21
CONSTRUCTION
5.20
5.51
COMMERCE
12.58
14.54
TRANSPORTS
7.48
7.29
ACT. FINANCIERES
3.64
3.43
ACT. IMMOBILIERE
1.77
1.38
9.15
10.71
SERV. PARTICUL
4.47
4.40
EDUC.SANTE SOC
12.99
12.19
ADMINISTRATIONS
0.42
1.31
177
Cependant, ces travaux ont fait lobjet de certaines critiques manant des chercheurs, tels que
Drazin et Van de Ven (1985) et Venkatraman (1987, 1989), qui leur reprochent notamment la
simplicit des liens entre les variables organisationnelles et environnementales. Ces auteurs
considrent que les liens entre les lments interne et externe de lorganisation sont tellement
complexes quil serait rducteur de les apprhender uniquement par des relations bivaries. A
linstar de ces derniers chercheurs, nous considrons dans notre recherche que la relation
GRH-performance doit rpondre plutt une logique multivarie que bivarie.
Pour asseoir le choix de la mthode statistique quon utilisera pendant notre tude, nous nous
appuyons sur les crits de Drazin et Van de Ven (1985), Venkatraman (1987, 1989), Doty et
al (1993) et Doty et Glick (1994). Nous passerons en revue les principales mthodes
statistiques bivaries (2.1.1), avant de justifier notre choix port plutt sur les mthodes
multivaries (2.1.2).
178
Il est noter quil nest pas ncessaire que les coefficients de rgressions a et b soient
significatifs pour quil existe un effet significatif de la variable modratrice. Il faut toutefois
que le coefficient c soit diffrent de zro pour affirmer quun effet modrateur de la variable Z
existe.
179
En dautres termes, une variable mdiatrice peut tre perue comme un pont entre une
variable indpendante et une variable dpendante. La chane causale de cette approche
suppose deux types deffets : direct et indirect. On peut reprsenter ces effets dans lapproche
de la relation mdiatrice par le schma suivant :
Schma
La complmentarit comme relation mdiatrice
Z : variable mdiatrice
a
X : variable indpendante
Y : variable dpendante
c
c = effet direct
ab = effet mdiateur
c + ab = effet total
Lorsque le chercheur dcide de tester la relation mdiatrice travers les deux modles de
rgression suivant :
(1) Y = + cX + bZ +
180
(2) Z = + aX +
un ensemble de conditions doit tre rempli (Evrard et al, 2003) :
- Les variation de la variable explicative (coefficient = a) entranent des variations
significatives de la variable mdiatrice.
- Les variations de la variable mdiatrice (coefficient = b) impliquent des variations
significatives de la variable expliquer.
- Lorsque la relation entre X et Z ainsi que la relation entre Z et Y sont contrles, la relation
entre Y (variable dpendante) et X (variable indpendante) est moins significative que lorsque
le coefficient c est valu de faon isole. Dans ce cas, la mdiation est dite partielle. Elle ne
peut tre totale ou complte que lorsquil y a nullit du coefficient c.
Selon Venkatraman (1989), plusieurs mthodes statistiques peuvent tre mobilises pour
vrifier une telle approche : lanalyse de variance (ANOVA), lanalyse des rsidus, lanalyse
de scores de dviation, lanalyse de corrlation entre les variables.
Malgr la simplicit de cette approche de fit, elle demeure la plus utilise par les chercheurs
en sciences de gestion.
Aprs ce premier aperu sur les mthodes bivaries de la complmentarit, nous passerons en
revue dans le point suivant les mthodes multivaries.
181
Bien que les mthodes bivaries, recenses ci-dessus, prsentent des qualits en termes de
traitement des donnes, elles sont toutefois inadaptes et souffrent de certaines limites
lorsquil sagit de rpondre des problmatiques plus complexes qui dpassent les simples
relations dinteraction. Parmi les limites des analyses bivaries, nous pouvons dire que :
1) elles ne permettent dintgrer dans lanalyse quun tout petit nombre de variables la fois
(3 tout au plus), ce qui oblige le chercheur oprer un choix a priori de ces variables ;
2) elles ne permettent pas dextraire de linformation synthtique des variables traites.
Lapproche de gestlats demande dutiliser des mthodes de classification pour dterminer des
groupes homognes. Toutefois, cette mthode constitue une des faiblesses de cette approche
parce quelle ne permet pas de construire des configurations entires. Do lappel aux
mthodes de profil type ou didal-type.
182
Cet idal-type est dtermin par le chercheur soit partir de la thorie soit partir du terrain.
Lapproche empirique, en dfinissant un profil moyen des entreprises les plus performantes,
semble la plus utilis tant donne la difficult de dterminer le poids des variables et de les
chiffrer partir de considrations des auteurs. Le niveau de dviation par rapport ce profil
moyen dtermine si lentreprise est performante ou pas.
183
En lien avec notre modle de recherche, nous montrerons dans les paragraphes qui suivent
comment nous avons mesur nos variables indpendantes et dpendantes.
Rappelons que ces construits thoriques ne sont pas uniquement des catgories d'entreprises,
184
mais des idals-types. Pour les dfendre, nous focalisons, comme Van de Ven et Drazin
(1984), sur les effets dynamiques qui existent l'intrieur des systmes, qui dpassent les
simples effets additifs impliqus par l'interaction.
Afin de construire nos systmes de GRH et de stratgie d'affaires, nous avons, en premier,
slectionn les variables de GRH et de stratgie (cf. tableau 4) les plus cites par les
chercheurs de gestion stratgique des ressources humaines (Bayad et al, 2004 ; Becker et
Huselid, 2006 ; Delery et Doty, 1996 ; Huselid, 1995 ; Lepak et Snell, 1999, 2002 ; Wright et
al, 2005).
Les variables de gestion des ressources humaines sont le rsultat dune recherche approfondie
sur quatre thmes savoir : lorganisation de travail, la gestion des comptences, la
rmunration, lanimation. Alors que les items relatifs la stratgie organisationnelle, ils
concernent essentiellement, selon les crits de Porter (1980, 1985), les variables dinnovation,
de qualit et de prix.
Avant de montrer comment nous avons construit nos idaux-types, nous prsenterons dans un
premier temps les variables de GRH et les items relatifs la stratgie.
185
Organisation du travail
Le contrle dans les tablissements franais est apprhend travers les rapports entre la
hirarchie et ses subordonns. La question pose est la suivante :
Q. 5.9 en 1998 et Q. 5.10 en 2005 : Le contrle du travail sexerce-t-il de faon
Trois rponses devraient tre indiques par les rpondants : permanente, intermittente,
occasionnelle.
La question relative aux tches excutes par les salaris a, quant elle, t pose de la
manire suivante :
Q. 5.5 en 1998 et Q. 5.6 en 2005 : travail accomplir est-il dfini plutt par
Les rpondants avaient le choix de rpondre par trois modalits :
Une description de tches prcises excuter
La fixation dobjectifs globaux
NSP
186
Tableau 4
Variables actives : pratiques de GRH et variables de stratgie slectionnes dans les
questionnaires reprsentants de la direction des enqutes Rponse 1998 et Rponse
2005
Activits
Pratiques
Organisation de travail
Ordre
Contrle
Autonomie
Dpenses de formation
Entretien valuation non cadres
Entretien valuation cadres
Lien valuation et formation
Lien valuation et promotion
Rmunration
Salaires
Incitatifs
Salaires
Incitatifs
Incitatifs
Incitatifs
Incitatifs
Incitatifs
Animation
Information
Information Formation
Information Stratgie Economique
Information Situation Economique
Information Evolution Emploi
Information Evolution Salaires
Participation
Stratgie
communication
Groupes de qualit
Action qualit
Discussion changement individuel
Discussion changement collectif
Discussion pour informer
Stratgie daffaires
Critres de stratgie
187
En conformit avec notre problmatique et en cohrence avec les travaux dj effectus dans
ce domaine (Colin et Grasser, 2003; Defelix, 2004), nous avons considr la gestion des
comptences sous sa forme la plus classique. C'est--dire comme une dmarche instrumentale
(Defelix, 2004) base sur des pratiques d'valuation annuelle et sur des pratiques de
dveloppement des comptences (dpenses de formation).
Par rapport l'valuation, les entretiens entre le salari et son suprieur hirarchique semble
tre le point d'ajustement entre les comptences acquises (qualifications) et les comptences
requises par l'entreprise. Ce rapprochement entre les deux niveaux de comptences constitue
l'lment fondateur de la dmarche comptence et son succs compte dans la russite de la
dynamique comptence (Brochier, 2002 ; Colin et Grasser, 2003).
Dans ce contexte, les rpondants de lenqute REPONSE devaient rpondre aux questions
relatives lvaluation du rendement :
Q. 6.11a en 1998 et Q. 6.10a en 2005 : Les salaris NON CADRES sont-ils reus
priodiquement par leur suprieur hirarchique pour un entretien (ex : valuation, bilan,
perspective,...) ?
Q. 6.11b en 1998 et Q. 6.10b en 2005 : Les salaris NON CADRES sont-ils reus
priodiquement par leur suprieur hirarchique pour un entretien (ex : valuation, bilan,
perspective,...) ?
La rponse cette question contient quatre possibilits :
Oui, tous
Oui, certains
Non
NSP
188
Q. 6.12 en 1998 et Q. 6.11 en 2005 : Y a-t-il un lien entre les rsultats de lvaluation
priodique dun salari et...
Les rpondants avaient le choix entre quatre rponses possibles pour lvaluation lie la
formation et la promotion :
Liens directs
Liens indirects
Pas de liens
NSP
Le dveloppement des comptences, source d'avantage comptitif, est galement crucial. Pour
rendre les comptences plus accessibles et plus disponibles, les entreprises sont contraintes
dvelopper les savoirs et connaissances de leurs salaris travers des programmes de
formation. A l'instar des chercheurs prcits, nous avons retenue les dpenses destines aux
programmes de formation (Q. 5.4 en 1998 et en 2005) comme mesure de la formation au sein
des tablissements de lenqute. Les rpondants cette question devaient rpondre par sept
modalits : moins de 1,5%, de 1,5 2%, de 2,1 3%, de 3,1 4%, de 4,1 6%, plus de 6%,
NSP.
Rmunration
La politique de rtribution est apprhende travers les salaires et la politique incitative. Les
salaires se composent, comme le veut la littrature (Gomez-Mejia, 1992 ; Henninger-Vacher,
2000 ; Peretti et Roussel, 2000), des augmentations gnrales pour les cadres et non cadres.
Les incitatifs se rfrent, quant eux, aux augmentations individuelles et les primes
individuelles et collectives pour les cadres et non cadres.
La question pose ce sujet englobe les deux dimensions de la rmunration, cest--dire, les
salaires et les incitatifs. Cette question est la suivante :
Q. 6.7a en 1998 et Q. 6.6a en 2005 : avez-vous fais bnficier vos salaris cadres et non
cadres des augmentations gnrales, augmentations individuelles, des primes individuelles,
189
Animation
Plusieurs variables de la politique danimation nous ont permis de mesurer les dimensions
relatives la participation et la communication au sein des tablissements de lenqute
REPONSE.
La participation des salaris aux groupes qualits, aux groupes dexpression, aux runions
rgulires, et leur pourcentages ainsi que lexistence daction qualit, de boite ide et de
journal dentreprise sont les principales variables qui mesurent la participation des salaris
la vie dcisionnelle des tablissements de lenqute. Pour les dirigeants, il sagit de rpondre
par oui, non ou NSP aux questions (Q. 3.2, 3.3 et 3.4 en 1998 et Q. 3.3a, 3.3b et 3.4a en 2005)
qui se rapportent ces diffrentes variables.
La communication est mesure surtout, comme cest le cas de la plupart de la littrature, par
les variables de partage dinformation (Q. 3.1 en 1998 et Q. 3.2 en 2005) et de discussion (Q.
5.19 en 1998 et Q. 5.18a en 2005). Les rponses aux questions poses ce sujet sont
mesures par les modalits : oui, non, NSP.
190
- La typologie de Porter est de loin la plus utilise par les recherche en gestion stratgique des
ressources humaines (ex. Guest, 1997 ; Bayad et al, 2004 ; Youndt et al, 1996).
- La typologie de Porter semble facile interprter.
- La typologie de Porter comporte des lments qui relvent de plusieurs autres typologies.
Par exemple, elle fait rfrence la diversification quon retrouve dans la typologie de
Rumelt (1974, 1982), ou encore des dimensions comme linnovation, la qualit et les cots
quon retrouve dans la typologie de Miles et Snow (1978).
Pour rendre compte de la stratgie au sein des tablissements de lenqute REPONSE, la
question qui a t pose aux dirigeants de ces tablissements renvoie la typologie de Porter.
Les dirigeants devaient placer la stratgie adopte selon trois critres dimportance.
En lien avec notre choix mthodologique par rapport la GRH et la stratgie, nous sommes
amens effectuer des analyses typologiques sur ces deux types de variables explicatives. Ces
analyses typologiques vont pouvoir nous permettre de dgager des groupes partir de leur
proximit sur lensemble des variables de GRH ou de stratgie.
Mais avant cette tape, nous avons utilis des analyses factorielles afin de dgager des
191
Le premier objectif correspond une vision empirique. La vision empirique est vue comme
une dmarche purement statistique de structuration des donnes o lanalyse factorielle
consiste rsumer linformation provenant de la base des donnes. Cette phase comprend le
remplacement des donnes initiales ou brutes par un nombre moins volumineux de variables
dites composites ou facteurs.
Le deuxime objectif est, quant lui, relatif une vision thorique. La vision thorique
correspond la dmarche psychomtrique de mesure de concepts non observables. Dans ce
cas, lanalyse factorielle sert de rvlateur un cadre thorique sous-jacent masqu par le
bruit des mesures. Ce point de vue peut tre divis en deux types de dmarches : exploratoire
ou confirmatoire. La premire sert identifier les facteurs partir des variables observables.
Alors que la seconde, elle aide sassurer que les donnes recueillies vrifient une structure
dfinie priori, en fonction dhypothses thoriques ou partir des rsultats dtudes
prcdentes.
Etant donne le volume de notre base de donnes et la densit des informations concernant
nos variables initiales de GRH, nous avons fait appel aux analyses factorielles, suivant les
objectifs de celles-ci. Mais, le type danalyse factorielle choisie doit correspondre la nature
des donnes dont nous disposons. La littrature distingue deux types danalyses factorielles :
lanalyse des composantes principales (ACP) et lanalyse factorielle des correspondances
(AFC).
Lanalyse des composantes est une mthode purement descriptive qui consiste rsumer
linformation en rduisant le nombre de dimensions. Les dimensions privilgies sont les
composantes principales qui reprsentent les combinaisons linaires des variables initiales.
192
Deux objectifs sont viss par lACP : le premier vise mettre en vidence des liaisons
existant entre les variables, ou encore faire apparatre la structuration des variables. Le
second concerne lvaluation des ressemblances et les diffrences entre les individus de
lchantillon.
Lanalyse des correspondances est trs rpondue dans la recherche en sciences de gestion en
France. Les travaux de Jean-Paul Benzcri (1980) ont rendue celle-ci populaire lorsquil
sagit essentiellement de traiter des donnes catgorielles ou qualitatives, qui sont
gnralement nominales ou ordinales. Rappelons quune variable nominale est mesure sur
une chelle nominale, laquelle exprime une caractristique qui distingue lobjet tudi des
autres en lui donnant un nom. Cela veut dire que chaque objet ou sujet ne peut tre assign
plus dune catgorie et il doit pouvoir tre class dans au moins une catgorie. Un exemple de
ce type dchelle serait le sexe : un sujet sera soit masculin ou fminin, mais il ne peut tre les
deux. Lorsque les variables sont ainsi classes dans diffrentes catgories, on dit
habituellement quelles sont catgorises plutt que mesures.
Alors quune variable ordinale signifie que ces modalits sont ordonnes. Les modalits
peuvent ou non correspondre un continuum sous-jacent. titre dexemple, la question
suivante pourrait tre pose un dirigeant (Enqute REPONSE 1998) :
Selon vous, quel a t le plus important de ces changements ?
Changement important
Ordre dimportance
Un changement de propritaire
service
(NSP)
193
Une des limites de cette chelle est quil nest pas possible dvaluer lcart entre chacun des
niveaux de prfrence indiqus par le rpondant. Ainsi, dans lexemple prcdent, bien que le
chercheur sache que lnonc 1 constitue une motivation plus importante que lnonc 2 pour
le rpondant, il ne peut savoir jusqu quel point ce dernier estime que lnonc auquel il a
attribu le premier rang est suprieur au deuxime, et ainsi de suite.
Lanalyse des correspondances peut tre simple ou multiple. Le premier cas sapplique des
situations o les individus statistiques sont dcrits par deux variables nominales. Mais, il est
frquent de disposer dindividus dcrits par plusieurs variables nominales ou ordinales. Ce
dernier cas correspond une extension de lAFC simple qui est gnralement appele
Analyse des Correspondances Multiples ou ACM.
Dans notre cas, nous tions confronts un nombre important de variables initiales de GRH
de nature qualitative. Selon la revue de littrature, une analyse des correspondances multiples
(ACM) nous parait plus approprie pour extraire les axes factoriels qui constitueront nos
dimensions de GRH. Cette mthode nous aide galement sassurer de lunidimensionnalit
des indicateurs de GRH.
Nous avons pu identifier, grce plusieurs ACM, sept axes factoriels de GRH (cf. encadr 1)
reprsentant les activits d'organisation de travail, de gestion des comptences, de
rmunration et d'animation. Les rsultats dtaills des analyses des correspondances
multiples sont intgrs aux annexes de cette thse. Nous pouvons galement observer les
contributions des axes factoriels et leurs modalits explicatives travers les tableaux 5 et 6.
194
Encadr 1
Variables actives ou axes factoriels
A partir du volet employeur des deux Enqutes 1998 et 2005, nous avons retenu un
nombre important de variables de GRH dites actives. Pour agrger l'information fournie par
ces variables, une analyse factorielle par correspondances multiples (ACM) a t effectue sur
chacune des activits de GRH suivante : organisation de travail, gestion des comptences,
rmunration et animation. Le rsultat de ces ACM nous donne les sept axes factoriels cidessous :
Organisation de travail
Organisation de travail (Axe1) : fixation des tches, nature du contrle, en cas d'incident
mineur
Gestion des comptences
Gest_compet (Axe2) : entretien avec les salaris non cadres et cadres, liens avec la formation
et la promotion, dpenses de formation
Rmunration
Salaire (Axe3) : augmentations gnrales (cadres et non cadres)
Incitatifs (Axe4) : augmentations individuelles, primes (cadres et non cadres)
Animation
Participation (Axe5) : action qualit, groupe de qualit
Information (Axe6) : Diffusion informations sur la situation conomique, sur l'volution de
l'emploi, sur la formation, sur la stratgie
Communication (Axe7) : Discussion collective, discussion d'information
195
Tableau 5
Contributions des axes factoriels et leurs modalits explicatives
Rponse 98
Dimensions
Coordonnes ngatives
Coordonnes positives
Organisation du travail
Orga (22.34)
Taches prcises
Objectifs globaux
Rfrer la hirarchie
Contrle permanent
Contrle occasionnel
Entretien cadre
Lien formation
Lien promotion
Suprieur ou gal 4%
Information Formation
Groupe qualit
Action qualit
Rtribution
Incitatifs (32.85) (invers)
Animation
Information (29.16) (invers)
196
Tableau 6
Contributions des axes factoriels et leurs modalits explicatives
Rponse 05
Dimensions
Coordonnes ngatives
Coordonnes positives
Organisation du travail
Orga (20.98)
Taches prcises
Objectifs globaux
Rfrer la hirarchie
Contrle permanent
Contrle occasionnel
Entretien cadre
Lien formation
Lien promotion
Suprieur ou gal 4%
Information Formation
Groupe qualit
Action qualit
Rtribution
Incitatifs (33.91) (invers)
Animation
Information (24.84) (invers)
Communication (18.98)
Aprs ltape danalyse factorielle, nous avons effectu une analyse typologique, dune part,
pour dterminer les classes de stratgie adopte par les tablissements de notre panel. Dautre
197
part, nous nous sommes appuys sur les axes factoriels qui reprsentent nos dimensions de
GRH pour classifier ces tablissements selon leur proximit.
198
Deuximement, valuer ensuite la proximit relative des classes elles-mmes, afin de les
regrouper en classes de classes, et de substituer ainsi lensemble de dpart un ensemble
hirarchiquement structur.
Ces problmes constituent des limites pour les mthodes descendantes qui perdent du terrain
au profit des mthodes ascendantes. En outre selon Roux (1985), les mthodes ascendantes
sont gnralement plus fiables que les mthodes descendantes et moins coteuses en
hypothses.
199
Le choix de la classification est justifi galement par un ensemble dtudes ayant fait appel
des mthodes typologiques, notamment les tudes dArthur (1992 ; 1994).
A linstar des auteurs en GSRH, nous avons choisie deffectuer une classification
hirarchique ascendante laide de la mthode Ward. Cette dernire permet de maximiser la
variance intergroupe et minimiser la variance intragroupe. Dit autrement, la mthode Ward
consiste regrouper les individus lintrieur dun petit nombre de groupes, prsentant des
niveaux identiques sur une ou plusieurs variables prslectionnes (par exemple. les pratiques
de GRH) ; les diffrences entre les individus situs dans un mme groupe doivent tre
minimes, tandis que les diffrences entre les individus situs dans des groupes diffrents
doivent tre au contraire les plus grandes possibles.
200
est utilis en croisant les groupes avec les pratiques de GRH initiales (cf. encadr) et les
variables de stratgie (cf. encadr ). Cette tape est prconise par Evrard et al (2003) dans la
mesure o elle permet la description des classes obtenues. Les auteurs notent que :
La typologie, valable pour REPONSE 98 et REPONSE 05, peut tre lue partir des variables
qui sont particulirement discriminantes. Nous verrons, dans un premier temps, les groupes de
GRH dont la description sera succinct parce quelle sera dtaille dans le chapitre des
rsultats. Dans un deuxime temps, nous ferons un descriptif des groupes de stratgie.
Comme le montrent les rsultats de lanalyse bivarie de lencadr, nous comparons les
pourcentages des pratiques dans chaque groupe ou classe avec les pourcentages globaux de
celles-ci. Le groupe 2 en 1998 et en 2005 a des pourcentages levs pour toutes les pratiques
de GRH. Au contraire, le groupe 3 en 1998 et le groupe 1 en 2005 ont des pourcentages
faibles pour toutes les pratiques de GRH. Enfin dans le groupe 1 en 1998 et le groupe 3 en
2005, les tablissements sengagent la fois sur des pratiques dites stratgiques et des
pratiques dites administratives.
201
A l'issue de cette analyse bivarie, trois systmes de GRH sont mis en vidence : systme
stratgique, systme administratif et systme hybride. Ce rsultat relatif la typologie de
GRH concorde avec notre modle thorique.
202
Encadr 2
Discrimination des classes dtablissements selon leurs pratiques de GRH
Pour dcrire et diffrencier les classes d'tablissements issues de la typologie selon leurs politiques de GRH, des tableaux croiss sont effectus entre les classes et les
diffrentes variables relatives aux pratiques de GRH slectionnes. Nous indiquons dans le tableau ci-dessous le % d'tablissements qui ont rpondu positivement (par
exemple pour Autonomie : le % correspond aux rpondants qui offrent une large autonomie dans la prise de dcisions) pour chacune des classes.
Rponse Organisation de travail
1998
% Oui
Autonomie
Ordre
contrle
Centretien
Formation
Rmunration
% Oui
NSAlAIR
CSAlAIR
NAUGI
CAUGI
NPRIM
Animation
% Oui
CPRIM
NPRIMC
CPRIMC
grquali
AXQUALI
DISCOLL
INFORMA
Global
73.28
68.19
58.21
66.74
69.85
40.12
72.56
48.13
77.03
68.71
48.34
56.34
38.98
34.82
56.34
67.36
39.81
59.36
Classe 1
74.94
73.54
61.36
89.70
90.40
44.50
74.71
47.78
83.14
74.94
52.93
62.06
42.62
37.00
63.23
76.35
14.29
41.45
Classe 2
76.74
56.25
47.22
87.85
95.49
46.53
74.31
49.31
82.29
80.21
53.82
66.67
45.14
44.79
62.15
69.79
79.86
93.75
Classe 3
66.40
72.87
65.59
2.43
4.45
25.10
66.80
47.37
60.32
44.53
34.01
34.41
25.51
19.43
37.65
48.99
37.25
50.20
Test Khi-2
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
n.s
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
Lecture : * voir dictionnaire des variables Rponse utilises dans cette recherche aux annexes
Ordre
contrle
Centretien
Formation
Rmunration
% Oui
NSAlAIR
CSAlAIR
NAUGI
CAUGI
NPRIM
Animation
% Oui
CPRIM
NPRIMC
CPRIMC
grquali
AXQUALI
DISCOLL
INFORMA
Global
54.37
69.65
65.18
76.09
78.48
38.25
82.85
52.70
76.82
72.25
47.09
62.37
59.15
56.86
61.75
59.98
31.81
54.47
Classe 1
44.59
66.22
62.16
0.00
0.00
20.27
77.03
56.08
54.73
37.84
30.41
28.38
31.76
28.38
43.92
44.59
23.65
47.30
Classe 2
78.34
54.91
49.37
93.70
95.97
47.61
76.57
45.09
87.66
85.64
54.41
76.32
71.28
71.54
70.53
69.77
49.37
74.56
Classe 3
35.01
84.89
81.29
86.33
89.69
35.73
90.89
58.75
74.34
71.70
46.04
61.15
57.31
53.00
59.71
56.12
17.99
37.89
Test Khi-2
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
0.0003
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
<.0001
Lecture : * voir dictionnaire des variables Rponse utilises dans cette recherche aux annexes
203
Dans le cas de notre panel, les tablissements qui se trouvent dans le groupe 1 ont tendance
adopter une stratgie dinnovation et de qualit pour se dmarquer par rapport leurs
concurrents. Alors quen mme temps, ils accentuent moins leur attention sur les politiques de
prix.
Dans les tableaux croiss ci-dessous (cf. encadr 3), on peut constater respectivement que
76.16 % en 1998, 60.41 % en 2005 et 84.21 % en 1998, 74.37 % en 2005 des tablissements
qui appartiennent la classe de la stratgie de diffrenciation rpondent favorablement
ladoption de linnovation et de la qualit comme premier choix avant de choisir les autres
stratgies qui leur sont proposes.
Ce rsultat correspond dautres rsultats dj vrifis par plusieurs auteurs tels que Rojot et
al (2004), Johnson et al (2005), Bayad et al (2004). Ce premier groupe correspond selon la
littrature une stratgie de diffrenciation.
204
- Mettre moins loption sur les stratgies dinnovation, de qualit et autres. Ces stratgies sont
considres par ce type dtablissements comme ayant un second rle. Dailleurs le tableau
descriptif montre de faibles pourcentages concernant ces stratgies.
Selon les caractristiques souleves ci-dessus, nous pouvons dire que ce groupe correspond
bien une stratgie de Prix.
Ce type de stratgie est adapt des tablissements qui doivent la fois rpondre aux besoins
de leurs clients et raliser les baisses des cots. Selon Johnson et al (2005), la stratgie de
focus consiste proposer simultanment un surcrot de valeur et une rduction de prix par
rapport aux offres concurrentes. Par exemple, dans les annes 1980 et 1990, les constructeurs
automobiles japonais ont t contraints dadopter une stratgie qui leur permettait doffrir une
meilleure satisfaction leur clientle (produits innovant et de qualit) et en mme temps
rduire les cots de production (effet dexprience avec une production leve). Ce qui leur a
permis de pntrer le march europen en pratiquant des prix bas et en offrant des produits
qualit gale aux produits europen.
205
Encadr 3
Discrimination des classes dtablissements selon leurs stratgies
Pour dcrire et diffrencier les classes d'tablissements issues de la typologie selon leurs
stratgies adoptes, des tableaux croiss sont effectus entre les classes et les diffrentes
variables initiales relatives aux stratgies daffaires slectionnes. Nous indiquons dans le
tableau ci-dessous le % d'tablissements qui ont rpondu positivement au premier choix de la
stratgie en question (par exemple pour Prix : le % correspond aux rpondants qui adoptent la
stratgie de prix en premier choix parmi les trois choix disponibles) pour chacune des classes.
Rponse
1998
Prix
Innovation
Qualit
Autres
% 1er choix
% 1er choix
% 1er choix
% 1er choix
Groupe 1
Groupe 2
Groupe 3
Test Khi-2
9.75
97.52
95.48
<.0001
76.16
2.48
94.19
<.0001
84.21
22.36
54.19
<.0001
35.76
12.42
100.00
<.0001
Rponse
2005
Prix
Innovation
Qualit
Autres
% 1er choix*
% 1er choix
% 1er choix
% 1er choix
Groupe 1
Groupe 2
Groupe 3
Test Khi-2
8.16
100.00
83.20
<.0001
60.41
12.56
91.31
<.0001
74.37
25.63
56.73
<.0001
4.90
13.07
63.27
<.0001
Enfin les analyses typologiques effectues, il convient maintenant de dterminer nos idauxtypes. Les typologies que nous venons de raliser au niveau des pratiques de GRH et de
stratgie globale, vont nous permettre dextraire nos profils types.
Comme nous venons de le voir, nous avons pu identifier, conformment notre modle
thorique, trois groupes de pratiques de GRH (stratgique, hybride, administratif) et trois
groupes de stratgie globale (stratgie de diffrenciation, stratgie de prix, stratgie de
focalisation ou focus). Pour approcher nos idaux-types, nous avons calcul la moyenne des
classes pour chacune des variables indpendantes ou explicatives. Ces moyennes seront
ensuite considres comme une estimation des scores thoriques de nos systmes de GRH et
de nos configurations stratgiques.
206
Les principales variables relevant des quatre indicateurs de performance des tablissements de
notre chantillon sont rsumes dans le tableau ci-dessous.
207
Tableau 7
Variables dpendantes slectionnes dans les questionnaires reprsentants de la
direction des enqutes Rponse 1998 et Rponse 2005
Innovation
Rentabilit
Absentisme
Climat social
Variables
Intituls
Modalits
Climat social
Climat social
Absentisme
Absentisme
Absentisme
Absentisme
Absentisme ouvriers
Absentisme employs
Absentisme techniciens
Absentisme cadres
Rentabilit
Niveau de rentabilit
Innovation
organisationnelle
Innovation
organisationnelle
Innovation
organisationnelle
Innovation
organisationnelle
Innovation
organisationnelle
Innovation
organisationnelle
Innovation Produit
Innovation technologique
Innovation technologique
Innovation technologique
Innovation technologique
Innovation technologique
Innovation technologique
208
A partir des informations lmentaires fournies par le questionnaire destin aux dirigeants de
l'enqute REPONSE, on construit un indicateur synthtique dinnovation. Celui-ci contient
des variables qui relvent de linnovation technologique, organisationnelle et de produit.
Comme Coutrot lavait fait, la construction de notre indicateur rsulte d'une dmarche
raisonne de ttonnement, o l'on s'est assur dune part que les variables mobilises jouaient
bien un rle discriminant dans la description des comportements d'entreprise, et dautre part
que notre indicateur synthtique n'associait pas des pratiques innovantes ngativement
corrles entre elles (auquel cas la somme des variables indicatrices correspondant aux
pratiques n'aurait aucun pouvoir descriptif de l'intensit de l'innovation).
209
Les variables Team, Reso et Tronic sont cernes par la question pose est :
<5%
De 5 De 20
50% (Non
(NSP)
19%
49% ou plus
utilise)
Internet ...............................................................
Les variables Lean, Chantec, Chanorg et Chanprod sont apprhendes par les deux questions
suivantes :
210
NON
(NSP)
dusinage................................................................................
f.
Q. 5.17 en 1998 et Q. 5.16 en 2005. Toujours au cours des trois dernires annes, votre
tablissement a-t-il connu...
OUI
NON
(NSP)
f.
i.
j.
l.
a. Un changement de propritaire
(si mono-tablissement 0.6 = 1) .........................................
b. Un changement de propritaire de lentreprise
(si multi-tablissement 0.6 = 2) ..........................................
c. Un changement de direction
(si mono-tablissement 0.6 = 1) .........................................
d. Un changement de direction de ltablissement
211
Q. 4.11 en 1998 et Q. 4.12 en 2005. Par rapport vos principaux concurrents, votre niveau
de rentabilit est-il ?
Trs suprieur .........................................................................
Plutt suprieur.......................................................................
Equivalent ...............................................................................
Trs infrieur...........................................................................
212
Q. 8.1 en 1998 et Q. 8.1 en 2005. Comment qualifieriez-vous ce jour le climat social dans
votre E ?
Calme ......................................................................................
Tendu.......................................................................................
Q. 6.3 en 1998 et Q. 6.3 en 2005. En 2004, dans votre E, labsentisme a-t-il reprsent
pour vous un problme chez
(Modalits poses en fonction des catgories de salari prsentes dans ltablissement en
0.1a.)
OUI
NON
(NSP)
Les commerciaux.....................................................................
Les ouvriers.............................................................................
213
I__I__I__I
La structure est dcrite par lappartenance de ltablissement une entreprise mono ou multitablissements (Q.0.7en 1998 et Q.0.6 en 2005).
214
Dans cette partie, nous aborderons respectivement ces deux types danalyses. Nous
commenons par la mesure de la dviation et ensuite abordons linstrument statistique de
lanalyse explicative.
Dautres approches danalyse sont utilises par les chercheurs, notamment la mthode des
experts. Dans notre tude, la mthode du continuum (Delery et Doty, 1996 ; Doty et al, 1993)
est la plus privilgie.
Indice de similarit
La technique utilise par Doty et Glick (1994) pour mesurer la similarit entre les modles de
travail thoriques et les modles de travail empiriques, est base sur le calcul de la distance
euclidienne reprsente par la formule suivante :
(quation A)
O
Dio = distance entre le systme de GRH thorique i et le systme de GRH trouv dans
lorganisation o.
215
Complmentarit interne
Pour mesurer le niveau de complmentarit interne, nous utiliserons, cette fois-ci, une autre
formule mathmatique (Doty et Glick, 1994; Doty, Glick et Huber, 1993). La
complmentarit interne (FitIT) constitue simplement linverse additif de lcart entre le
systme de GRH retrouv dans lorganisation et le systme de GRH thorique ressemblant le
plus celui retrouv dans la firme. Lquation mathmatique correspondante la
complmentarit interne scrit comme le veut la formule suivante :
I
FitIT=-(Min Dio)
(quation B)
i=1
O
Dio est dtermine par lquation A
I
-(Min Dio)
i=1
Prend la valeur minimum du vecteur Dio parmi tous les systmes de GRH
thoriques i pour chacune des valeurs prises par le systme de GRH de
lorganisation o.
216
Pour mesurer le modle complet, cest--dire les complmentarits interne et externe, nous
utiliserons une troisime quation mathmatique. Ce modle complet (FitCIT) reprsente
linverse additif de lcart entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation et le systme
de GRH thorique en tenant compte, cette fois-ci, des carts des systmes stratgiques, cest- dire thoriques et organisationnels.
FitCIT = - Dio
(quation C)
O
i est dtermine par
-(Min Dcio)
i=1
Dcio = distance entre les attributs contextuels du systme de GRH thoriques i et les
attributs contextuels du systme de GRH de lorganisation o.
I
-(Min Dcio)
i=1
217
nous tenons galement compte de la somme des carts entre les valeurs stratgiques
thoriques et les valeurs stratgiques retrouves dans les 962 tablissements tudis (cf.
quation C).
Selon la nature des variables, la rgression peut prendre deux formes : linaire ou nonlinaire. La rgression linaire est adapte des variables continues, alors que le modle de
rgression non-linaire concerne plutt des variables non-continues.
Le modle de rgression linaire est sans doute le plus connu et le plus utilis par la recherche
en sciences de gestion. Ce succs relve de la simplicit de son utilisation ainsi quil offre des
possibilits de prvision. Toutefois pour son application, la rgression linaire suppose
quelques conditions contraignantes (Evrard et al, 2003).
Il sagit en premier de la nature des variables qui doivent tre quantitatives ou mtriques,
c'est--dire mesure sur des chelles de proportion ou dintervalle. Cette premire condition
constitue un obstacle devant les recherches en sciences de gestion qui disposent dans la
majorit des cas de donnes qualitatives.
218
Enfin, une troisime condition est galement importante mentionner. Elle sapparente aux
erreurs ou rsidus. Ces derniers doivent tre distribus selon une loi normale de moyenne 0 et
de variance constante. Les erreurs doivent galement tre indpendants des variables
explicatives.
Ces conditions ne sont que rarement runies dans les chantillons fournis pas les enqutes en
sciences de gestion. Pour pallier ces problmes, il est possible de procder des analyses
factorielles (ACP ou ACM) pour obtenir des axes capables dtre traits comme des variables
quantitatives. Il est galement possible dans le cas de multicolinarit de procder par une
rgression pas pas en utilisant que les variables indpendantes qui ne sont pas corrles
entre elles.
Ces solutions sont aussi valables dans le cas de la rgression non-linaire qui constitue la
deuxime catgorie de rgression. Celle-ci est, contrairement au modle de rgression
linaire, adapte lutilisation des donnes plutt qualitatives ou catgorielles. Ces donnes
qualitatives peuvent tre sous forme de variables nominales ou ordinales, c'est--dire des
variables qui prennent des attributs et non des valeurs numriques : par exemple la variable
sexe prend les modalits male ou femelle .
Le modle de rgression non-linaire consiste analyser des liens entre une ou plusieurs
variables dpendantes et une ou plusieurs variables indpendantes. La variable dpendante ou
expliquer peut tre dichotomique (prend deux modalits oui/non) ou polytomique (prend
plusieurs attributs, ex. niveau de productivit hausse , stabilit , baisse ).
Cette variable suit une distribution de probabilit dans la mesure o elle nadmet pas de
valeurs numriques naturelles. Lhypothse de normalit, gnralement plausible dans le cas
dune variable quantitative, nest pas approprie dans le cas dune variable qualitative. Une
variable alatoire qualitative est dcrite par les probabilits des diffrents attributs quelle peut
prendre et pour valuer linfluence de diffrents facteurs sur cette variable, il est dusage de
modliser les probabilits des diffrents attributs.
219
Log [p(x)/1-p(x)] = + X
Le modle logistique est de type multiplicatif (ou log-additif) : le coefficient mesure en
terme additif le changement dans le logarithme de la cote des risques pour chaque unit de
changement dans la variable X. Dans le cas dune variable X dichotomique, le coefficient
correspond au logarithme du rapport de cotes.
Dans le cas de plusieurs variables explicatives, le modle Logit utilise une liaison de type
logistique o Log (P/1-P) est une fonction des variables retenues, ce qui revient :
P (Y = 1) = 1 / ( e-( + X) + 1)
o Y est la variable dichotomique tudie, dite variable rponse , est la constante du
modle, X le vecteur des variables explicatives du modle, et le vecteur des coefficients
associs ces variables.
Etant donne que la plupart de nos variables sont qualitatives, le dernier modle de rgression
parait le plus appropri. Nous avons donc fait le choix deffectuer une rgression logistique
pour vrifier la relation entre nos variables explicatives (GRH et stratgie) et expliquer
(innovation et rentabilit).
220
Conclusion du chapitre 1
Dans le chapitre qui vient dtre achev, nous nous sommes efforcs de dcrire la
mthodologie suivie pour la ralisation de cette recherche. Nous avons commenc par une
phase prliminaire qui a t consacre la justification du choix de la source des donnes et la
description de lchantillon de notre tude. Cette tude qui va reposer sur des donnes
secondaires plutt que primaires comme nous lavons souhait au dbut de ce travail doctoral.
La dimension temporelle de notre chantillon a t galement mise en vidence compte tenu
de notre problmatique qui demande une analyse en longitudinal de la relation entre la gestion
des ressources humaines et la performance des tablissements franais.
Lensemble des traitements statistiques a t effectu laide du logiciel SAS version 9.1.
221
Figure
Plan de la seconde partie de la thse
Partie 2
Cadre empirique de la
recherche
Chapitre 1
Chapitre 2
Mthodologie de recherche
Chapitre 3
Test des hypothses de
recherche
222
Chapitre 2
Evolution des pratiques de GRH en France entre 1998 et 2005
On peut penser que le dveloppement de la gestion des hommes et des femmes na jamais
cess. La preuve est les importantes volutions qui sont survenues tous les niveaux de la
gestion du capital humain depuis le monde antique jusqu notre re (pour un historique de la
gestion des ressources humaines, lire J. Fombonne, Personnel et DRH, France 1830-1990,
Vuibert, Paris, 2001 et J-P Bouchez, la gestion des ressources humaines, histoire et
perspectives, de lre industrielle lre de la mondialisation, in D. Weiss, 2005). Par
exemple, dune utilisation dun grand nombre de main duvre non spcialise, on est pass
faire appel des ressources humaines de plus en plus spcialises dotes de hautes
qualifications. Aussi, on a depuis toujours considr lhumain comme un simple facteur de
production. Or, aujourdhui, le facteur humain est vu plutt comme une ressource part
entire dont lutilit est grande pour la survie et le dveloppement des entreprises.
Bien que lvolution de la gestion des ressources humaines a connu des rythmes diffrents
selon les contextes, les trajectoires prises par celle-ci sont presque similaires. Plusieurs
auteurs en Amrique du nord ou en Europe sont daccord que la fonction ressources humaines
a fait, traditionnellement, rfrence toutes les activits destines minimiser le cot de la
main duvre en soccupant notamment de la paie et confies le plus souvent des
comptables ou des financiers (Cadin et al, 2007 ; Gurin et Wils, 1991 ; Guest, 1987 ; Peretti,
2006 ; Weiss, 2005). Ces activits entrent dans ce qui sappelle la gestion administrative des
ressources humaines. Mais, depuis les annes 1980, les nouveaux dfis en termes dvolutions
technologiques, conomiques (concurrence, activit conomique) et sociaux (dmographie,
ducation) ont chang la donne en faisant des ressources humaines un atout stratgique
pour lavenir des entreprises (Besseyres des Horts, 2001 ; Peretti, 2001, 2006).
En France, plusieurs auteurs tels que J-M. Peretti (2006) sont largement unanimes que
limportance accorde la gestion des ressources humaines est relativement rcente. Ils
considrent que la fonction a merg lentement dans la premire moiti du vingtime sicle,
sest professionnalise dans la seconde moiti, est devenue fonction ressources humaines et
223
Cependant, des auteurs comme Besseyres des Horts (2004) sont sceptiques par rapport la
ralit de cette volution vers un modle o la GRH devient un lment stratgique. Ce
scepticisme est justifi par le dcalage qui existe entre le discours des acadmiciens et mme
de certains praticiens et la ralit dans les entreprises.
Au niveau du discours, Besseyres des Horts remarque que les travaux ont t nombreux au
cours de la dernire dcennie prciser le positionnement stratgique de la fonction RH. Il
ajoute que :
Quant la ralit, Besseyres des Horts sinterroge sur le vritable statut stratgique de la
fonction RH. Pour justifier ses rticences lide dune ressource humaine stratgique,
lauteur remarque :
224
Loin de ce discours sceptique, dautres chercheurs peroivent depuis une dizaine danne,
peut tre un peu plus, une volution vers un rle croissant des ressources humaines dans la
russite des entreprises (Bayad, 2001 ; Sire et Gurin, 1999). Ces auteurs constatent que le
changement du regard vis--vis des ressources humaines est li volution au niveau des
pratiques de gestion des ressources humaines. On peut en mentionner certaines tendances, par
exemple, vers lindividualisation des politiques de rmunration (Eustache, 1986; GrandJean,
1987; Lamotte, 1993 ; Roussel et al, 2007) ou vers le dveloppement de la gestion des
comptences au lieu de la gestion selon le poste (Deflix et al. 2006 ; Gilbert et al, 2005 ;
Zarifian, 2004).
Sil apparat que la gestion des ressources humaines volue vers une dimension plus
stratgique de ses pratiques, quelle est la place de cette GRH stratgique dans le tissu
conomique franais ? Est-ce vrai que la GRH dite technique ou administrative recule ou est
en dclin ?
225
Pour sen rappeler, ltude de laction des employeurs en matire de gestion des ressources
humaines est structure autour des axes suivants :
- Organisation de travail : fixation des tches, nature du contrle, en cas d'incident mineur ;
- Gestion des comptences : entretien avec les salaris non cadres et cadres, liens avec la
formation et la promotion, dpenses de formation ;
- Salaire : augmentations gnrales (cadres et non cadres) ;
- Incitatifs : augmentations individuelles et primes (cadres et non cadres) ;
- Participation : action qualit, groupe de qualit ;
226
Tableau 1
Rpartition des tablissements de lenqute Rponse 1998
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
25.68
44.39
29.94
Pour mieux comprendre cette rpartition, nous avons fait appel une analyse discriminante
des diffrentes classes ou groupes de GRH (cf. encadr 2 page 202). Cette analyse est
effectue partir des variables de GRH cites ci-dessus, mais galement sur la base des
variables structurelles et dactivits (secteur, taille) (cf. encadr 1).
227
Encadr 1
Caractristiques conomiques, financires et structurelles des classes de GRH en 1998
Secteur
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
Industrie Manufacturire
35.22
43.33
21.87
Construction et Energie
3.64
7.49
6.95
Commerce
12.15
11.48
14.58
Transport
7.29
7.26
7.99
Activits financires
1.62
3.98
4.86
6.48
10.77
9.03
2.83
6.32
3.13
Service public
30.00
6.79
9.03
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
80.57
54.34
47.22
13.77
26.23
29.86
5.66
19.44
22.91
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
Local et Rgional
55.87
40.99
40.28
National
17.81
18.03
16.67
Mondial (Europen et
26.32
40.71
43.05
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
Mono-tablissements
54.44
40.52
33.68
Multi-tablissements
46.56
59.48
66.32
% tablissements
Classe 3
Classe 1
Classe 2
Oui
14.17
35.36
41.32
Non
85.83
64.64
58.68
Taille
March
International)
Structure
Bourse
228
Les tablissements de cette classe appartiennent des entreprises de petites tailles. Ils se
trouvent dans des secteurs de la sant et de lducation ainsi que dans le secteur manufacturier
et dans une moindre mesure dans le commerce.
Du ct des pratiques de GRH, elles semblent trs peu dveloppes dans cette classe.
Les tablissements font trs peu defforts en matire de dveloppement de leurs salaris. Les
dpenses consacres la formation sont trop faibles comparativement aux deux autres classes
hybride et stratgique. Les entretiens annuels et les liens de ceux-ci avec la formation ou la
promotion sont quasiment absents.
Lorganisation de travail reste rigide et rgie par un contrle permanent, une autonomie
limite et une description prcise des tches.
Cette deuxime classe regroupe des tablissements qui sont plutt de moyenne et grande
taille. Ces tablissements appartiennent des entreprises de structure multi-tablissements.
Leur march est dune grande envergure car il est largement orient vers ltranger.
229
Lorganisation de travail est trs active et innovante et des actions de formation sont souvent
engages dans les tablissements de cette classe. Les augmentations des salaires et les
incitatifs sont galement prsentes. Elles se font plutt de manire individualisante.
La prsence des entretiens individuels est une pratique courante dans ce type
dtablissements. Elle sert valuer les besoins en formation et en dveloppement des
carrires. Cette caractristique est confirme par les scores des liens avec la formation et la
promotion qui sont trs significatifs.
Les tablissements qui adoptent cette configuration stratgique de GRH engagent galement
leurs salaris en leur offrant une communication active et une participation la prise de
dcisions plus dveloppe.
Les rsultats relatifs cette classe ne penchent pas vraiment pour un modle administratif ou
un modle stratgique de GRH. Il semble que cette classe forme un mlange des pratiques de
GRH flexibles et techniques. Si des pratiques comme lorganisation de travail, les liens avec
la formation ou la promotion et les salaires (augmentations gnrales) y sont trs peu
dveloppes, les tablissements de cette catgorie pratiquent, toutefois, des entretiens annuels,
de lindividualisation de la rmunration travers les incitatifs et la participation ainsi que la
communication.
230
Tableau 2
Synthse des pratiques discriminantes des systmes de GRH en 1998
GRH administrative
Organisation de travail
Rmunration
Animation
GRH hybride
GRH stratgique
Tches prcises
Tches prcises
Objectifs globaux
Contrle permanent
Contrle permanent
Contrle occasionnel
Se rfrer la hirarchie
Se grer soi-mme
Se grer soi-mme
Entretien cadres
Entretien cadres
Pas formation
Formation
Formation
Augmentations collectives
cadres et non cadres
Augmentations collectives
non cadres
Augmentations collectives
non cadres
Faibles Augmentations
individuelles cadres et non
cadres
Augmentations
individuelles cadres
Augmentations
individuelles cadres
Pas de primes
Faible participation la
prise de dcisions
Participation importante
dans la prise de dcision
Faible information
Communication limite
231
Comme pour le premier volet de lenqute Rponse 1998, nous avons retenu les mmes axes
sur lesquelles sest base notre typologie des pratiques de GRH. Il sagit essentiellement des
activits suivantes :
- Organisation de travail : fixation des tches, nature du contrle, en cas d'incident mineur ;
- Gestion des comptences : entretien avec les salaris non cadres et cadres, liens avec la
formation et la promotion, dpenses de formation ;
- Salaire : augmentations gnrales (cadres et non cadres) ;
- Incitatifs : augmentations individuelles et primes (cadres et non cadres) ;
- Participation : action qualit, groupe de qualit ;
- Information : Diffusion informations sur la situation conomique, sur l'volution de l'emploi,
sur la formation, sur la stratgie ;
- Communication : Discussion collective, discussion d'information.
Lanalyse typologique base sur une classification hirarchique ascendante (CAH) permet
dobtenir une rpartition des tablissements franais semblable celle de lanne 1998. Le
nombre de classe est de trois : dun ct, la classe 2 qui met fortement laccent sur les
pratiques de GRH, en opposition la classe 1 o les pratiques de GRH sont moins
dveloppes, de lautre ct la classe 3 qui regroupe des tablissements avec des pratiques de
GRH mixtes (cf. tableau 3).
232
Tableau 3
Rpartition des tablissements de lenqute Rponse 2005
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
15.38
43.35
41.27
Nous reprendrons successivement les trois classes retrouves en 2005. Lanalyse descriptive
des comportements dengagement des employeurs en matire de gestion des ressources
humaines se fonde videmment sur les axes de GRH cits prcdemment (cf. encadr 1 page
194) mais galement sur les variables illustratives (secteur, taille) (cf. encadr 2).
233
Encadr 2
Caractristiques conomiques, financires et structurelles des classes de GRH en 2005
Secteur
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
Industrie Manufacturire
34.45
40.53
23.43
Construction et Energie
4.73
5.76
7.56
Commerce
8.78
13.91
12.59
Transport
6.76
9.83
5.29
Activits financires
0.68
2.40
6.05
6.76
7.19
12.09
3.38
6.00
3.27
Service public
33.11
12.71
6.80
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
82.43
59.23
45.34
14.19
25.18
27.96
3.38
15.59
26.70
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
Local et Rgional
56.85
44.13
32.50
National
19.18
21.34
18.39
Mondial (Europen et
23.97
34.53
49.11
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
Mono-tablissements
52.70
43.41
37.03
Multi-tablissements
47.30
56.59
62.97
% tablissements
Classe 1
Classe 3
Classe 2
Oui
10.14
33.33
45.59
Non
89.86
66.67
54.41
Taille
March
International)
Structure
Bourse
234
On distingue un premier groupe, 15.38 % des tablissements en 2005 contre 25.68 % en 1998,
constitu pour plus de la moiti dans des secteurs de services publiques (sant et ducation),
de commerce et en moindres mesures dans lindustrie manufacturire. Les secteurs de
transport et de services aux entreprises sont galement surreprsents mais moins que les
premiers.
Les tablissements de cette classe se caractrisent par leurs petites tailles. Plus de la moiti
des tablissements de la classe emploient moins de 200 salaris.
Le march de ces tablissements est souvent local ou rgional au plus national. Les
tablissements de cette classe appartiennent des entreprises mono-tablissements.
Lintroduction en bourse ne semble pas tre la priorit de ce type dtablissement.
Du ct des pratiques de GRH, elles semblent rester trs peu dveloppes dans cette classe.
Les tablissements font encore trs peu defforts en matire de formation de leurs salaris.
Les dpenses consacres la formation sont trop faibles et ne dpasse pas les 4 % fix comme
seuil respectable dengagement daction de dveloppement des employs.
Aucune amlioration au cours de lanne 2005 nest enregistre au niveau des pratiques
dvaluation. Les entretiens annuels et les liens de ceux-ci avec la formation ou la promotion
sont quasiment absents.
Lorganisation de travail son tour est reste rigide et rgie par un contrle permanent, une
autonomie limite et une description prcise des tches.
235
tablissements qui sont taille importante. Plus de la moiti de ces tablissements emploient
plus de 200 salaris.
Les tablissements de ce groupe appartiennent des entreprises de structure multitablissements. Leur march est dune grande envergure car il est souvent ouvert sur le
march international (europen ou mondial).
Les secteurs dactivit les plus reprsents sont particulirement le secteur financier et les
services aux entreprises. Le secteur de commerce est galement reprsent mais avec une
moindre envergure.
Au niveau des pratiques de GRH, ce groupe semble contenir des tablissements dont les
employeurs affichent une politique volontariste en matire de gestion des ressources
humaines. Les pratiques de GRH semblent particulirement dveloppes.
Lorganisation de travail est trs active et innovante. La politique de formation est dune
grande importance. Les dpenses destines ce volet dpassent souvent les 4 % de la masse
salariale.
Pour engager une politique de gestion des comptences, les tablissements de ce groupe
semblent accords un intrt particulier aux pratiques dvaluation bases sur les entretiens
annuels et la dtermination des besoins en formation et en gestion de carrire.
Les augmentations des salaires et les incitatifs sont galement prsentes. Elles se font plutt
de manire individualisante.
Les tablissements qui adoptent cette classe stratgique de GRH engagent galement leurs
salaris en leur offrant une communication active et une participation la prise de dcisions
plus dveloppe.
236
Les tablissements de ce groupe semblent appartenir entreprises mono et multitablissements avec une lgre domination de ces dernires. La taille de ces tablissements
reflte la structure puisque on trouve des tablissements de grande et moyenne tailles mais
aussi des tablissements de taille moins importante.
Au niveau de la gestion des ressources humaines, les tablissements de cette classe continuent
tre un mixte entre les pratiques dites stratgiques et les pratiques administratives. Les
rsultats relatifs cette classe ne penchent pas vraiment pour un modle administratif ou un
modle stratgique de GRH.
Si des pratiques comme lorganisation de travail, les liens avec la formation ou la promotion
et les salaires (augmentations gnrales) y sont trs peu dveloppes, les tablissements de
cette catgorie pratiquent, toutefois, des entretiens annuels, de lindividualisation de la
rmunration travers les incitatifs et la participation ainsi que la communication.
237
Tableau 4
Synthse des pratiques discriminantes des systmes de GRH en 2005
GRH administrative
Organisation de travail
Rmunration
Animation
GRH hybride
GRH stratgique
Tches prcises
Tches prcises
Objectifs globaux
Contrle permanent
Contrle permanent
Contrle occasionnel
Se rfrer la hirarchie
Se grer soi-mme
Se grer soi-mme
Entretien cadres
Entretien cadres
Pas formation
Formation
Formation
Augmentations collectives
cadres et non cadres
Augmentations collectives
non cadres
Augmentations collectives
non cadres
Faibles Augmentations
individuelles cadres et non
cadres
Augmentations
individuelles cadres
Augmentations
individuelles cadres
Pas de primes
Faible participation la
prise de dcisions
Participation importante
dans la prise de dcision
Faible information
Communication limite
238
En dfinitive, le rsultat de notre typologie effectue en 1998 et en 2005 offre une stabilit
des classes avec des comportements diffrents des employeurs. Ces derniers semblent prendre
de plus en plus la dcision de renforcer leurs investissements en matire de gestion des
ressources humaines. Comme on a pu le constater travers les rsultats de lanalyse
typologique, la gestion stratgique des ressources humaines est en progression et ce au
dtriment des pratiques plus administrative qui elles ont lgrement recul.
Nous observons un changement radical des pratiques de GRH l'gard des salaris dans les
deux trajectoires. Au moment du glissement des configuration de GRH administrative vers la
configuration stratgique, les tablissements adoptent une organisation de travail plus flexible
base sur une large autonomie, un contrle moins frquent et une description globale des
tches.
La rmunration passe d'une logique plus collective vers une logique plus individuelle. La
preuve est que les tablissements adoptent une politique salariale base sur les augmentations
individuelles et les incitatifs (primes).
Ces rsultats confirment que les tablissements, qui modifient leurs systmes de GRH
administratif par un systme plus stratgique, changent l'ensemble des pratiques qui
composent le systme en question et non seulement une pratique unique, comme l'ont
longtemps prtendu les recherches universalistes. En outre, conformment notre hypothse,
ce rsultat peut tre li au souci de complmentarit recherche par les entreprises entre les
pratiques de GRH. Cette complmentarit tant une source des meilleures performances.
Dautre part, ce rsultat rvle l'existence non pas d'une dichotomie des systmes de gestion
des ressources humaines, comme lont longtemps soutenue des auteurs en gestion des
239
ressources humaines, mais l'apparition d'une troisime classe qui regroupe un ensemble
d'tablissements GRH mixte. La prsence de cette classe hybride peut signifier que les
tablissements franais ont besoin d'une tape transitoire avant de passer au stade de
flexibilisation totale de leur GRH. Ceci peut galement dire que la GRH stratgique est loin
de constituer la logique dominante en France. Ce rsultat concorde bien avec notre modle
thorique.
Cette analyse reste toutefois trop statique pour en tirer des conclusions sur lvolution de la
gestion des ressources humaines en France au cours des deux dernires dcennies. Une
analyse en dynamique de la GRH pourrait nous renseigner plus sur lvolution des pratiques
de GRH dans les tablissements franais.
Nous avons observ que la gestion des ressources humaines a connu diffrents niveaux
dvolution selon la nature des pratiques de GRH qui la compose. Dans le tableau 5 et le
graphique qui lui associ, nous pouvons constater de manire globale, dun ct, la gestion
des ressources humaines administrative est en net recul entre 1998 et 2005 : rgression de
10.30 points au cours de cette priode. De lautre ct, la GRH stratgique connat une nette
amlioration puisquon note la progression des tablissements qui lont adopte de presque
240
11.33 points. Alors quon note une certaine stabilit dans lvolution de la gestion des RH
hybride.
Tableau 5
Evolution de la GRH entre 1998 et 2005
% tablissements
Anne
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
1998
25.68
44.39
29.94
2005
15.38
43.35
41.27
Evolution
- 10.30 points
- 1.04 points
+ 11.33 points
% d'tablissements
44,39
43,35
41,27
29,94
25,68
1998
2005
15,38
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
Systmes de GRH
Les premiers rsultats de cette tude dynamique confirment en quelque sorte les observations
des auteurs qui se sont intresss lvolution des pratiques de gestion des ressources
humaines en France au cours des dernires dcennies. Ces auteurs ont constat que la gestion
des ressources humaines est en train de passer dun modle de GRH o les pratiques sont
241
techniques ou administratives vers un modle de GRH plus flexible o les pratiques de GRH
sont plutt stratgiques.
Toutefois, une analyse plus fine de lvolution de la GRH au cours de la priode 1998-2005
montre quil y a eu un changement moins radical que les rsultats globaux peuvent laisser
prtendre. On entend par changement radical toute volution accrue vers une GRH
stratgique.
En voulant voir les logiques de changements qui se sont produits ces deux dernires
dcennies, nous avons effectu un croisement des deux typologies de GRH ralises dans le
premier paragraphe de cette section. Nous avons appel ce tableau crois une matrice de
transition du fait quon raisonne en terme de logique dynamique, celle-ci rsume toutes les
trajectoires prises par les tablissements de lenqute REPONSE (cf. tableau 6).
Globalement, on observe que plus de la moiti des tablissements ont chang de gestion des
ressources humaines. Cette proportion est dtermine partir du nombre des tablissements
qui ont gliss dun modle de GRH en 1998 vers un autre en 2005. 437 des tablissements sur
962 sont rests dans leur groupe initial (diagonale de la matrice de transition).
La GRH stratgique s'est nettement consolide. Elle est passe en nombre d'tablissements
qui l'ont adopt de 288 tablissements en 1998 397 tablissements en 2005, soit une
augmentation d'environ 40 %. En parallle, la GRH administrative a accus une forte
rgression de prs de 40 %. En valeur absolue, la rgression se confirme puisque le nombre
des tablissements adoptant ce type de systme de GRH est pass de 247 en 1998 148 en
2005. En revanche, cette volution n'a pas concerne la GRH hybride. Cette dernire est
reste compact et n'a subi qu'une trs lgre baisse en nombre d'tablissements (427
tablissements en 1998 contre 417 tablissements en 2005).
242
Tableau 6
Lvolution des modles de GRH entre 1998 et 2005
(Matrice de transition)
NB tab
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
Ensemble
% tab
2005
2005
2005
GRH administrative
93*
96
58
247
1998
9.67**
9.98
6.03
25.68
37.65***
38.87
23.48
62.84****
23.02
14.61
GRH hybride
38
197
192
427
1998
3.95
20.48
19.96
44.39
8.90
46.14
44.96
25.68
47.24
48.36
GRH stratgique
17
124
147
288
1998
1.77
12.89
15.28
29.94
5.90
43.06
51.04
11.49
29.74
37.03
148
417
397
962
15.38
43.35
41.27
100.00
% ligne
% colonne
Ensemble
Lecture : *93 tablissements (sur les 962 interrogs) ont maintenu leurs pratiques de GRH administratives entre
1998 et 2005, ce qui reprsente **9.67% des tablissements interrogs parmi les tablissements qui en 1998
adoptaient des pratiques de GRH administratives, ***37.65% (93/247), avaient dj adopt ces pratiques en
1998. ****62.84% (93/148) ont adopt ces mmes pratiques en 2005; parmi les tablissements qui en 1998 nont
pas chang leurs pratiques administratives.
Champ : 962 tablissements de plus de 20 salaris appartenant des entreprises de plus de 50 salaris, ayant
particip aux enqutes REPONSE de 1998 et 2005.
243
Dans 192 tablissements la formule des pratiques mixtes a t abandonne au profit dune
formule de pratiques stratgiques. Ce qui constituait prs de 45 % de l'ensemble des
tablissements de ce systme hybride en 1998.
Si la tendance est plutt favorable la GRH stratgique, en revanche, elle lest moins
lorsquil sagit de la GRH administrative. Les taux dirrversibilit qui sont enregistrs,
5,90% seulement des tablissements quitte une GRH stratgique pour une GRH
administrative et 8,90 % dans le cas de la GRH hybride, attestent dune sorte de recul du
modle traditionnel de GRH savoir la gestion des ressources humaines de nature
administrative. Cette rgression ne signifie en aucun cas un dclin de la GRH traditionnelle,
bien au contraire, le taux dinertie de 62.84 % affich par le modle administratif de GRH en
2005 ne peut que montrer la rsistance de celui-ci malgr la rnovation engage par les
entreprises en France dans le domaine de la GRH.
Dautre part, bien que les rsultats de la matrice de transition laisse entendre que la gestion
des ressources humaines est en train de se renforcer, ils sont en revanche nuancs par un autre
rsultat concernant lapparition dune classe moyenne entre cette GRH et la GRH
traditionnelle ou administrative. Appele ici GRH hybride, celle-ci parait comme le modle
dominant en terme absolu (427 tablissements en 1998 contre 417 en 2005).
La matrice de transition montre quil y a, peu prs, autant dtablissements qui ont
abandonn la GRH hybride au profit de la GRH stratgique (44.96 %) lont fait dans lautre
sens (43.06 %). Mais les tablissements, qui ont chang leurs pratiques de GRH
administrative par des pratiques de GRH mixte, sont plus nombreux que ceux qui lont fait
pour des pratiques stratgiques (39 % pour la GRH hybride contre 24 % seulement pour la
GRH stratgique).
Ce rsultat peut signifier que le modle de GRH hybride est particulirement important dans
lanalyse de lvolution de la GRH dans le cas franais, puisquil parait comme une classe
intermdiaire entre la GRH rnove ou stratgique et la GRH traditionnelle ou administrative.
On peut galement nuancer la logique de changement qui caractrise la dimension RH dans
les entreprises franaise en prtendant quil y a dsormais un changement en douceur et non
244
Tableau 7
Intensit dvolution de la GRH entre 1998 et 2005
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
2005
2005
2005
++
GRH administrative
1998
GRH hybride
++
1998
GRH stratgique
++
1998
Lecture : les cases ombrages de faon fonce signalent la diagonale de la matrice de transition. Le
double signe reprsente un changement plus important dune classe vers une autre par rapport aux
autres. Par exemple, le pourcentage des tablissements qui sont passs dune GRH administrative vers
une GRH hybride est plus important que le pourcentage des tablissements qui ont choisi une GRH
stratgique (39 % pour la GRH hybride contre 24 % seulement pour la GRH stratgique).
Cette logique de changement peut sinscrire dans une interprtation de changement apporte
par Kurt Lewin. Lauteur a mis au point une mthode dexamen du changement : lanalyse du
champ de forces. Le changement nest plus considr comme un vnement, mais comme un
quilibre dynamique de forces agissant dans des directions opposes. Deux sries de forces
existent ; celles qui poussent en faveur du changement et celles qui agissent en faveur du statu
quo en raison de leur rsistance au changement. Selon le principe de laction immdiate, la
situation rsulte alors de leffet combin de ces deux sries de pressions.
Le jeu de ces forces pour ou contre le changement, amne lorganisation dans un processus
plus ou moins long dvolution, que Lewin dcrit comme le passage par trois phases:
1ere phase : la dcristallisation (unfreezing) de lexistant. Les forces motrices dplacent les
barrires, modifient les schmas de perception, dstabilisent les croyances. Les
245
Aprs avoir tudi la dynamique de changement des modles de gestion des ressources
humaines, nous allons analyser, dans le dernier paragraphe de cette section consacre
lvolution de la GRH au cours de la priode 1998 2005, les facteurs explicatifs de cette
volution. Comme nous lavons constat dans la matrice de transition, les tablissements de
246
lenqute REPONSE ont pris diffrentes trajectoires dans le choix de leur systme de GRH.
La question qui se pose ce niveau est pourquoi de telles variations dans les systmes de
GRH ?
Les trajectoires traduisent ici un glissement de choix entre la GRH administrative, stratgique
et hybride effectu par les tablissements franais de notre panel. En effet, on compte analyser
cinq trajectoires :
Lanalyse explicative est base sur des logits. Le phnomne tudi est la probabilit quun
tablissement appartienne une classe de GRH plutt qu une autre. Le type de trajectoire,
prise par les tablissements, traduit en quelque sorte cette volution. La variable dpendante
du modle est alors qualitative. Le cas des variables explicatives mrite aussi une prcision.
Les donnes dont nous disposons contiennent des variables indpendantes dichotomiques et
polytomiques plusieurs modalits. Une variable polytomique nominale ne peut pas tre
utilise dans un modle comme l'est une variable quantitative. Les nombres utiliss la
codification pour dsigner ses valeurs n'ont pas, proprement parler, de signification
numrique. Ils ne sont que de simples tiquettes servant identifier les catgories. Toutefois,
247
une variable polytomique peut tre entre dans le modle en utilisant des variables auxiliaires,
dites variables indicatrices, l'aide desquelles chacune des catgories de la variable
nominale est reprsente. Diffrentes mthodes peuvent tre utilises pour crer un ensemble
de variables indicatrices. La mthode la plus courante en gestion est celle d'utiliser autant de
variables indicatrices dichotomiques (de valeurs 0 et 1) qu'il y a de catgories moins un.
Ainsi, pour dcrire les 3 catgories de la variable polytomique, on utilisera deux variables
indicatrices dichotomiques. La valeur 1 de chacune de ces variables indique lappartenance
une catgorie spcifique de la variable dcrire. Seule la catgorie de rfrence est dcrite par
dfaut : elle est dtermine par la mise 0 de toutes les variables indicatrices.
Pour mener bien cette analyse explicative, plusieurs sous-chantillons ont t crs partir
de notre panel de 962 tablissements pour tudier chacune des trajectoires de GRH. Ainsi,
nous nous sommes servis de la matrice de transition (cf. tableau 6) pour slectionner nos
sous-chantillons. On dispose finalement des cinq sous-chantillons suivants :
Les facteurs dterminants de la variation des systmes de GRH qui ont t slectionns sont
tirs de lenqute REPONSE. Rappelons que ces variables explicatives constituent un
ensemble disjoint de celui ayant fond notre typologie des systmes de GRH (la dmarche
globale est illustre par la figure 1).
248
Figure 1
Logique dexploitation de lenqute REPONSE pour lanalyse de lvolution de la
Analyse
typologique
Trois niveaux
d'interprtation des
probabilits
d'appartenance
aux classes dfinies
Le modle logit dichotomique permet destimer les facteurs dappartenance une classe de
gestion des ressources humaines plutt qu une autre. Ainsi, on pourra en dduire les facteurs
qui influent sur le glissement dun tablissement dun groupe vers un autre en changeant son
systme de GRH.
Se fondant sur les rsultats de lanalyse conomtrique, nous prsentons dans le tableau 8
une synthse des poids de chacun des types de facteurs dinfluence dans les diffrentes
analyses effectues (les rsultats dtailles sont dans le tableau 9). La suite de ce paragraphe
sattache prciser le rle de chacun des variables explicatives.
249
Tableau 8
Tableau synthtique de linfluence des variables explicatives dans la mise en place dun
modle de gestion des ressources humaines
GRH administrative
GRH
administrative
GRH hybride
GRH stratgique
Stratgie
Secteur
Stratgie
Secteur
Cotation en
Taille
Cotation en
Taille
bourse
Structure
GRH hybride
bourse
Structure
Taille du march
Stratgie
Secteur
Taille du march
Stratgie
Secteur
Cotation en
Taille
Cotation en
Taille
bourse
Structure
bourse
Structure
Taille du march
GRH
stratgique
Stratgie
Secteur
Cotation en
Taille
Taille du march
bourse
Structure
Taille du march
Lecture : les cases ombrages de faon fonce signalent la diagonale de la matrice de transition. La case orange
signifie que lon na pas pu exploiter la trajectoire en raison du faible nombre dtablissements ayant quitts la
GRH stratgique pour adopter une GRH administrative (17 tablissements). Pratiquement, toutes les variables
testes ont un effet significatif dans la variation des systmes de GRH.
250
Le choix dune stratgie daffaires est ainsi cens influencer de faon consquente la politique
de GRH. Porter sinscrit dans la tradition amricaine des thses dterministes (Woodward,
1965) o la gestion des ressources humaines est considre comme la consquence des choix
stratgiques de lentreprise. Le questionnaire de lenqute REPONSE, comprenant une
question justement construite partir de la catgorisation de Porter (1980, 1985), permet
dtudier linfluence effective des choix en termes de stratgie sur le type de GRH mis en
oeuvre.
Les rsultats de lanalyse conomtrique valident les hypothses des auteurs par rapport au
rle de la stratgie dans le choix des systmes de gestion des ressources humaines. Cette
variable parait comme le facteur dinfluence priori le plus manifeste. Si lon se rfre aux
rsultats des estimations, nous constaterons que les tablissements qui changent de trajectoires
sont en fait ceux qui changent de stratgie daffaires. Les coefficients associs aux modalits
de la variable caractrisant la stratgie sont en effet frquemment significatifs.
Au niveau des trajectoires, analyses par des logits dichotomiques, on constate par exemple
que les tablissements qui basculent, dune classe o les systmes de GRH sont administratifs
vers une classe o la GRH est plutt stratgique, sont les mmes qui changent de stratgie
daffaires en optant pour une stratgie de diffrenciation au lieu dune stratgie base sur le
prix ou la baisse des cots en juger des coefficients fournis par lestimation du modle nonlinaire traject 1. Ces derniers sont ngatifs lorsquil sagit de la stratgie de prix et de la
stratgie de focalisation ou focus. Ce rsultat est conforme notre modle thorique qui veut
que les entreprises qui utilisent des systmes de GRH stratgiques soient celles qui salignent
sur une stratgie de diffrenciation base sur linnovation et la qualit, et ceci dans le but
doffrir les meilleures performances.
La pertinence de ce rsultat relatif traject 1 peut tre tendue dautres trajectoires. Les
rsultats de lanalyse conomtrique montrent que pour adopter un systme de GRH hybride
les tablissements des traject 2 et traject 5 ont d chang leur stratgie daffaires en adoptant
une stratgie de focalisation. Plus prcisment, les tablissements qui abandonnent un
systme de GRH administratif pour un systme de GRH hybride renoncent leur stratgie qui
tait fonde sur la baisse des cots. Enfin, pour adopter un systme hybride au lieu dun
251
Tableau 9
Estimation du modle logistique dichotomique
Dterminants
Traject 1
GRHA
GRHS
Traject 2
GRHA
GRHI
Traject 3
GRHI
GRHS
Traject 4
GRHI
GRHA
Traject 5
GRHS
GRHI
-1.7067***
-1.8561***
-1.1920***
-0.3318***
1.5190***
-0.6605
-0.2635
n.s
0.7429
-0.9331
(48.47***)
(18.74***)
(84.41***)
(169.81***)
-1.2643
1.1666
-0.9032
n.s
0.9609
(54.63***)
(72.00***)
(108.13***)
Rf
Rf
Rf
Rf
Rf
20 49 salaris
Rf
Rf
Rf
Rf
Rf
50 199 salaris
0.9504
0.5665
-0.7007
-1.8159
0.5979
(229.62***)
(128.59***)
(214.56***)
(444.85***)
(58.53***)
1.1117
1.1563
0.1615
-1.6407
0.1985
(79.42***)
(120.12***)
(6.99***)
(200.48***)
(6.52***)
2.9690
2.9270
1.9404
-2.0024
-0.6316
(11.37***)
(15.20***)
(221.97***)
(23.89***)
(18.34***)
n.s
2.3550
1.4665
3.1887
3.0366
(250.30***)
(82.88***)
(43.07***)
(239.96***)
Constante
Stratgie
Prix
Focus
Diffrenciation
(94.67***)
Taille
Secteur
Industrie
Manufacturire
Construction et
1.9604
1.5031
2.1735
1.1751
1.2732
Energie
(90.62***)
(122.24***)
(183.94***)
(16.82***)
(48.58***)
Commerce
1.2027
0.7431
2.1624
-2.1412
1.7919
(47.00***)
(40.49***)
(196.59***)
(34.58***)
(151.36***)
n.s
n.s
1.1035
1.2974
1.4423
Transport
252
Activits financires
2.5545
n.s
(222.33***)
Services marchands
Service public
(48.59***)
(20.24***)
(65.47***)
0.9500
-1.1953
-2.3602
(24.55***)
(16.28***)
(183.10***)
2.0503
1.5322
2.6936
0.8253
1.6777
(131.00***)
(145.62***)
(298.02***)
(8.35***)
(115.50***)
Rf
Rf
Rf
Rf
Rf
-0.9931
0.3630
-0.9609
0.8669
0.8717
(97.43***)
(24.33***)
(290.21***)
(67.22***)
(99.71***)
-0.8295
0.9758
-0.5282
n.s
0.5016
(61.68***)
(189.72***)
(89.25***)
Rf
Rf
Rf
Rf
Rf
-0.5649
-0.2236
-0.4069
1.0664
-0.3778
(86.08***)
(20.17***)
(104.85***)
(166.75***)
(40.31***)
Rf
Rf
Rf
Rf
Rf
1.0137
1.2154
-0.0853
-1.8756
n.s
(86.09***)
(225.40***)
(3.42***)
(318.78***)
Rf
Rf
Rf
Rf
March
Local et Rgional
National
Mondial (Europen
(33.35***)
et International)
Structure
Mono-tablissement
Multi-tablissements
Bourse
Oui
Non
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du 2 sont mises entre parenthses.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact dun certain
nombre de caractristiques sur la probabilit quun tablissement change de systme de GRH, en isolant leffet
propre chaque variable explicative, compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables
explicatives intgres dans le modle). La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. monotablissements / multi-tablissements).
253
Lanalyse des statistiques descriptives soutient lhypothse dun rle dterminant du contexte
structurel comme facteur discriminant les modes de gestion des ressources humaines (cf.
encadr 3). Si lon commence par le secteur dactivit, on constate que les tablissements qui
adoptent un systme de GRH stratgique se situent dans les activits financires et de services
marchands de faon plus importante que les tablissements qui choisissent de pratiquer une
GRH administrative ou hybride. Ces dernires catgories de modles de GRH sont
respectivement prsentent dans des secteurs surtout de services non-marchands ou publics et
de commerce pour les tablissements GRH administrative, dans des secteurs dindustrie
manufacturires, de commerce et de transport lorsquils adoptent des pratiques de GRH
mixtes.
La taille des tablissements semble galement tre un facteur qui distingue de manire
significative les groupes de GRH. Selon les rsultats de lanalyse descriptive, le systme de
GRH administratif est luvre des tablissements de petite taille, alors que les systmes
stratgique et hybride sont adopts par des tablissements de moyennes et grandes tailles.
Dautres variables tels que ltendue du march et la structure de lentreprise sont galement
discriminants des tablissements GRH administrative, hybride et stratgiques. Les premiers
sont gnralement des tablissements qui oeuvrent dans des marchs locaux et rgionaux ;
lactivit des seconds est base surtout sur des marchs nationaux ; enfin, les activits des
tablissements GRH stratgique sont plutt destines vers des marchs internationaux
(Europe et hors Europe).
Ainsi, on peut constater travers les estimations concernant le secteur dactivit que les
tablissements qui changent leur systme de GRH administrative par un systme de GRH
254
stratgique (traject 1) sont ceux qui appartiennent des secteurs essentiellement de finance,
de services marchands et dans une moindre mesure de commerce. Ce rsultat a t dj vrifi
par lanalyse descriptive et ne peut qutre confirm par lanalyse conomtrique. Dans la
mme ligne, les tablissements qui adoptent des systmes de GRH hybride au lieu des
systmes de GRH administrative (traject 2) viennent tous de secteur dindustrie
manufacturire, de commerce et de transport. Dans le sens inverse (traject 4), lorigine
sectorielle des tablissements qui reviennent sur leurs pratiques de GRH mixtes au profit
dune GRH traditionnelle se rfre essentiellement des secteurs de services publics, de
commerce, de transport et de BTP (construction). Enfin, lanalyse conomtrique, toutes
choses gales par ailleurs, montrent que les tablissements des trajectoires 3 et 5 proviennent
de diffrents secteurs dactivits. En ce qui concerne la traject 3, les tablissements
abandonnent leur systme de GRH hybride au profit du systme de GRH stratgique. Ces
derniers sont particulirement issus des secteurs de finance, des services marchands et dans
une moindre mesure des secteurs de commerce et dindustrie manufacturire. Alors que la
traject 5, elle regroupe des tablissements qui appartiennent des secteurs dindustrie
manufacturire, de transport, de BTP, de commerce mais pas dactivits financires.
Dans le tableau 9 rsumant les rsultats de lanalyse explicative, on peut constater, par
exemple, que lestimation du modle logit de traject 1 montre un abandon de la GRH
administrative au profit de la GRH stratgique essentiellement par des tablissements de
moyenne et grande tailles. Le cas inverse na pas t test du faible nombre dtablissements
qui ont gliss de la GRH stratgique vers la GRH administrative, mais on peut faire un
255
rapprochement travers la traject 4 o les tablissements GRH hybride sont revenus sur leur
pratiques mixtes au profit de la GRH traditionnelle sont la plupart de petite taille. Les
coefficients de rgression logistique lis la variable taille sont ngatifs et significatifs
lorsque celle-ci est moyenne ou grande.
Les politiques peu actives en matire de gestion des ressources humaines sont par ailleurs plus
souvent le fait dentreprises mono-tablissement lies un march local et rgional. On peut
alors lier lactivisme des modes de gestion aux recommandations ou attentes dune maison
mre. Lexistence dune entit extrieure qui ltablissement doit rendre des comptes et
lexposition une concurrence accrue linciterait mettre en oeuvre des outils de GRH plus
dvelopps.
Lanalyse des rsultats de lestimation conomtrique, toutes choses gales par ailleurs,
apporte ce propos largument que la concurrence et la structure des entreprises sont deux
facteurs cl dans le choix dun systme de GRH au lieu dun autre. En regardant de prs la
traject 1, par exemple, on remarque que les tablissements, qui quittent le groupe o la GRH
est administrative pour une GRH plus stratgique, appartiennent des entreprises multitablissements dont lactivit est ouverte sur le march international. Pour se rendre compte
de linverse de cette situation, lanalyse de la traject 4 montre que les tablissements qui
adoptent une GRH administrative au dtriment de la GRH hybride, qui est cense tre proche
de la GRH stratgique dans ces domaines, manent des entreprises mono-tablissements et
qui oeuvrent dans un march local et rgional.
256
Encadr 3
Rpartition des groupes de GRH selon les secteurs dactivits, la taille, la structure et
ltendue du march
Secteur :
Groupes de GRH selon le secteur d'activit
% d'tablissements
50
40
30
20
10
0
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
Industrie Manufacturire
Construction et Energie
Commerce
Transport
Activits financires
Service public
Taille :
Groupes de GRH selon la taille
% d'tablissements
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
GRH administrative
GRH hybride
GRH stratgique
257
Encadr 3
Rpartition des groupes de GRH selon les secteurs dactivits, la taille, la structure et
ltendue du march (suite)
March :
GRH hybride
Local et Rgional
National
GRH stratgique
Structure :
GRH hybride
Mono-tablissements
GRH stratgique
Multi-tablissements
258
De manire plus prcise, des auteurs tels que Shleifer et Vishny (1997) pensent que
limportance croissante de la gouvernance dentreprise dans les dbats sur les transformations
du secteur productif nest que le rsultat de laccroissement de lensemble des dispositions
permettant aux actionnaires de sassurer un retour maximal sur leur investissement. Cette
dfinition est intimement lie une reprsentation particulire de la firme, la Valeur
actionnariale (Shareholder value), o lintrt des porteurs de fonds propres devient
lobjectif premier, sinon exclusif, de lentreprise. Ce glissement smantique reflte un
mouvement profond, la croissance du poids des marchs financiers dans les conomies
occidentales.
Dans cette perspective, linfluence de la sphre financire sur le mode de gestion des
ressources humaines est aujourdhui un thme rcurrent. Aglietta (2005) dfend notamment
lhypothse de linstauration dun mode de rgulation patrimonial du capitalisme o le
march financier prendrait un rle premier. Le rapport salarial serait surdtermin par le
rapport financier (Hoang-Ngoc, 2002). Le modle conomtrique utilis ce sujet donne
loccasion dvaluer cette hypothse. Le march financier sera approch ici par la cotation en
bourse.
Thoriquement, la cration de valeur de la firme sur le march des valeurs mobilires sest
progressivement impose comme le critre conventionnel de russite dune entreprise. Ainsi,
une valuation financire ngative affectera les carrires et la rputation des cadres dirigeants.
259
Bref, un cours boursier dprci attire les regards, et contribue faonner les jugements sur la
gestion de la firme. Comme le note Orlan (1999) :
Dans un premier temps, la statistique descriptive montre la plus forte proportion dentreprises
cotes en Bourse parmi celles de type GRH stratgique et hybride (cf. figure 2), alors que
cette proportion est faible lorsquil sagit dentreprises GRH traditionnelle ou
administrative.
Figure 2
Rpartition des groupes de GRH selon la cotation en bourse
GRH hybride
Oui
GRH stratgique
Non
Lanalyse conomtrique montre, toutes choses gales par ailleurs, que la cotation en Bourse
augmente la probabilit davoir mis en place une politique de gestion des ressources humaines
stratgique ou hybride (plutt quune politique de GRH administrative). En ce sens,
260
lactivisme des modes de GRH en cause peut tre lu comme une normalisation des pratiques
correspondant aux attentes des actionnaires.
261
Conclusion du chapitre 2
Au dbut de ce chapitre, nous avons expos deux points de vue diffrents par rapport au
dveloppement connu par la gestion des ressources humaines au cours de ces dix dernires
annes. Lun est partisan dune volution vers un renouvellement des pratiques de GRH.
Lautre reste sceptique lide de renouvellement, argumentant quil sagit plus de la
rhtorique que de la ralit. Or, les rsultats de nos analyses typologiques montrent que le
renouvellement de la GRH est une ralit dans une partie importante des tablissements
franais. A ce propos, nous avons trouv que la GRH dite stratgique est en augmentation de
11,33 points en 2005 par rapport 1998. Cette progression de la GRH est accompagne dun
net recul des pratiques dites administratives, qui elles caractrisent la GRH traditionnelle, de
10,30 points en 2005 par rapport 1998. Ce rsultat va dans le mme sens que celui trouv
par Petit et al. (2001) dans une analyse du march du travail. En sappuyant sur les donnes
de lenqute REPONSE de 1992 et de 1998, lauteur a conclu que le march de travail
franais a connu une transformation des politiques de gestion de lemploi. Ces dernires
deviennent plus actives en prnant des pratiques de GRH plus flexibles et en dlaissant les
pratiques les moins actives.
Dautre part, si cette volution dun modle de GRH traditionnel vers un modle plus
stratgique semble se confirmer, les rsultats de nos analyses typologiques indiquent
lexistence dune troisime catgorie dtablissements qui adoptent des pratiques de GRH
mixtes. Bien que lapparition de la GRH hybride concorde avec notre modle de recherche
inspir essentiellement des travaux anglo-saxons, son interprtation dans le contexte franais
mrite une certaine prudence. Dabord, il est rare que des travaux en France fassent tat dun
tel modle de GRH. Ensuite, les variables explicatives slectionnes dans notre recherche
nexpliquent que partiellement le choix de ce modle par les tablissements franais. En
revanche, lexistence de cette GRH hybride peut tre lorigine des thses sceptiques par
rapport la ralit du renouvellement de la GRH en France.
Par ailleurs, il est galement important de signaler que les variations de la GRH sont
diffrentes selon certaines caractristiques qui concernent les tablissements mais aussi leur
environnement. Au terme de lanalyse conomtrique, nous avons pu tudier les dterminants
262
de la dynamique dvolution des systmes de gestion des ressources humaines dans les
tablissements franais entre 1998 et 2005. Les principaux rsultats sont synthtiss en
quelques points.
- Les causalits sont varies et non exclusives. Les facteurs dterminants de cette dynamique
sont divers et ont des effets simultans. Une lecture dterministe associant de manire stricte
la politique de gestion des ressources humaines un lment causal unique, que ce soit la
taille ou la stratgie est insuffisante.
- La stratgie daffaires se distingue comme un facteur majeur dans la dtermination des choix
des employeurs en matire de politique de GRH. Ce rsultat valide les hypothses du courant
de management stratgique des ressources humaines pour qui la GRH saligne sur les
orientations stratgiques des organisations dans le but damliorer leurs performances (Becker
et Huselid, 2006 ; Lepak et Snell, 1999, 2002).
- Les facteurs structurels tels que la taille, le secteur dactivit, la structure et ltendue du
march, ainsi que financiers ont tous des formes dinfluence sur la dynamique dvolution de
la gestion des ressources humaines qui sont varies mais relles.
263
GRH administrative
GRH stratgique
Stratgie daffaires :
Stratgie daffaires :
Stratgie de diffrenciation
Facteurs structurels :
Facteurs structurels :
Petite taille
Grande taille
marchands
March international
Structure : mono-tablissements
Structure : multi-tablissements
Financiarisation :
Financiarisation :
GRH hybride
Stratgie daffaires :
Stratgie de focalisation
Facteurs structurels :
Taille moyenne et grande
Secteur dactivit : industrie manufacturire, BTP, transport, service marchands, commerce
March local et rgional, national
Structure : mono et multi-tablissements
Financiarisation :
Cotation en bourse : oui
Le troisime et dernier chapitre de cette partie empirique sera consacr la vrification des
hypothses de notre recherche quil convient de rappeler. La premire hypothse tentera de
valider la logique associe la complmentarit interne des pratiques de GRH. Si les
systmes de GRH que nous avons drivs de la littrature constituent rellement des
regroupements cohrents de pratiques RH capables d'accrotre la performance des
264
organisations, alors:
Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
265
Figure
Plan de la seconde partie de la thse
Partie 2
Cadre empirique de la
recherche
Chapitre 1
Chapitre 2
Mthodologie de recherche
Chapitre 3
Test des hypothses de
recherche
266
Chapitre 3
Tests dans le temps de performance
en fonction des systmes de GRH cohrents
Au dbut de ce chapitre, il convient de rappeler que lobjectif de cette recherche nest pas de
tester, de manire trs globale, limportance de limpact des ressources humaines sur la
performance des entreprises. Plusieurs chercheurs lont trs bien dmontr avant cette
recherche et leurs rsultats font plutt lunanimit au sein de la communaut scientifique.
Cependant, la majorit des tudes antrieures la notre ne se sont jamais penchs sur la
question de la durabilit des associations simultanes entre la gestion des ressources humaines
et la performance. Pour nous, la problmatique de durabilit est trs importante dans ltude
de la relation GRH-performance. La ngligence de celle-ci peut remettre en question la
validit des tudes antrieures non pas par rapport leffet simultan, qui est largement
dmontr, mais il sagit de vrifier que cet effet est durable dans le temps.
Dans le cas de notre recherche, nous avons donc essay de vrifier que les pratiques de GRH
peuvent, non seulement permettre des performances de court terme, tre lorigine de
performance de long terme. Pour ce faire, nous avons mis lhypothse que des systmes de
GRH sont susceptibles de maximiser les rsultats des entreprises tant que ces dernires
veillent sur la cohrence interne des pratiques qui composent ces systmes et la cohrence
externe de ces systmes avec leurs choix stratgiques. Autrement formule, lhypothse
globale tester est :
Plus la complmentarit interne et externe des systmes de GRH est grande dans le temps,
plus la performance est meilleure.
267
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
- Un systme de GRH est ici entendu comme efficace si il dtermine de manire significative
la performance de lentreprise. Ainsi la thorie configurationnelle prsente au chapitre 3 de
la premire partie considre que les systmes de GRH permettent damliorer les
performances plutt que des pratiques individuelles.
- Une relation de long terme entre les pratiques de GRH et la performance permet de dire que
ces pratiques sont la source davantage comptitif durable. Ainsi selon les modles
thoriques, la thorie base sur les ressources ou la thorie bhavioriste, les systmes de GRH
cohrents en interne et en externe, qui forment une capacit organisationnelle complexe et
difficile imiter par les concurrents, permettent la durabilit de lavantage comptitif.
- Une relation de long terme entre les systmes de GRH et la performance organisationnelle
peut tmoigner dune relation de causalit implicite. Cette dernire constitue galement une
proccupation majeure de la littrature en gestion stratgique des ressources humaines (Le
Louarn, 2004 ; Wright et al, 2005).
Pour traiter notre problmatique concernant la durabilit de lassociation entre les systmes de
GRH et la performance des tablissements de notre panel, nous avons adopt un protocole
statistique rigoureux. Ce protocole statistique est rparti en deux tapes :
268
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Conformment cette rgle, on identifie les associations significatives entre les donnes de
GRH et de stratgie de 1998 et les donnes de performance de 2005. La figure suivante
rsume ces deux parties danalyse.
Donnes performances
1998
Donnes performances
2005
On entend ici par variation des systmes de GRH tout changement de systme de GRH par
une entreprise en raison dun changement dorientation stratgique. Cette tape sera effectue
travers une analyse en dynamique des trajectoires de la GRH.
Le plan du chapitre des rsultats est donc rparti en deux sections. La premire section sera
consacre lanalyse explicative dans le temps de la performance par les systmes de GRH
dans une logique statique. La seconde section sintressera lanalyse en dynamique de la
relation entre la performance et les systmes de GRH suivant les trajectoires de GRH
dtermines lors du second chapitre consacr lanalyse de lvolution de la GRH en France
dans la priode 1998-2005.
269
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Pour faciliter la lecture des rsultats relatifs la validation des hypothses de notre recherche,
nous reprenons la figure qui reprsente le plan de la seconde partie empirique, mais cette foisci en dveloppant plus le chapitre 3. La figure ci-dessous rsume le plan de ce chapitre.
Figure
Plan de la seconde partie de la thse
Partie 2
Cadre empirique de la recherche
Chapitre 1
Chapitre 2
Mthodologie de recherche
Chapitre 3
Test des hypothses de recherche
Section 1
Section 2
Analyse statique
Analyse dynamique
270
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
1.1. Analyse des effets simultans des systmes de GRH sur la performance
des tablissements franais
Dans ce paragraphe, notre objectif est de mettre en vidence les liens qui existent entre les
systmes de GRH et la performance pendant lanne 1998. Selon la thorie configurationnelle
des ressources humaines, un systme constitu de pratiques de GRH complmentaires entre
elles, dune part, align une stratgie daffaires adquate, dautre part, est lui seul capable
doffrir des meilleurs rsultats.
Pour mesurer la complmentarit interne et externe, nous avons fais appel la mthode de la
distance par rapport lidal-type (cf. 2.3.1. Mthode de dviation, chapitre 3 page). En
fait, plus la distance entre le systme de GRH ou de stratgie retrouv dans ltablissement et
le systme thorique de GRH ou de stratgie est grande moins importante sera la
271
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 1. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
H 1.1 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
H 1.2 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des tablissements
franais.
H 1.3 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
H 1.4 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
272
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
H 2.1. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
H 2.2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
H 2.3. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements
franais.
H 2.4. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
La dclinaison des deux hypothses initiales en plusieurs hypothses relve de notre volont
de tester le lien entre la performance en tant que variable multidimensionnelle et la GRH.
Cette premire srie dhypothses sera teste au moyen dune rgression non-linaire par le
biais dun modle logit en raison de la nature qualitative de nos variables dpendantes que
sont la rentabilit, linnovation, labsentisme et le climat social. En outre, La non-continuit
des variables implique limpossibilit de raliser des analyses de rgression avec les mthodes
destimation traditionnelle (moindres carrs ordinaires) car les hypothses sur rsidus (termes
derreur relatifs leffet des variables non prises en compte dans le modle) ne sont plus
respectes (Evrard et al, 2003).
273
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Ces quatre variables de performance sont donc recodes sous forme de dichotomiques, c'est-dire quelles prennent les valeurs 0 et 1. Le recodage de ces variables se prsente comme
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 1
Recodage des variables de performance expliquer
Dfinition
1 : par rapport aux concurrents le niveau de
rentabilit est jug trs suprieur et suprieur
Innovation
Absentisme
Climat social
Rappelons que toutes les rgressions sont faites laide du logiciel SAS version 9.1.
274
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
1.1.1.1.
Complmentarit
interne
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
La relation entre la rentabilit et la complmentarit interne des pratiques de GRH est
analyse en introduisant dans une procdure de rgression logistique non-linaire le minimum
de lcart entre nos systmes de GRH thoriques (idaux-types) et les systmes retrouvs dans
les tablissements de notre chantillon, en mme temps que les variables de contrle. Les
rsultats que nous prsentons dans le tableau 2a concernent la vrification de lhypothse H
1.1 ci-dessous :
H 1.1 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
Les
rsultats
de
cette
analyse
semblent
soutenir
les
prmisses
de
l'approche
275
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 2a
Effet de la complmentarit interne sur la rentabilit des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit interne
0.4938
138.77***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.2152
22.20***
0.3890
36.33***
0.5312
18.89***
Industrie Manufacturire
0.7760
47.13***
Construction et Energie
n.s
Commerce
1.3684
196.46***
Transport
0.5123
22.95***
Activits financires
2.4959
483.05***
Services marchands
1.0223
102.83***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
n.s
n.s
National
-0.2638
34.72***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2967
103.50***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.5206
202.17***
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement maximise sa rentabilit conomique, en isolant leffet propre chaque variable explicative,
compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle).
La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
276
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Les rsultats de lanalyse conomtrique qui sont rsums dans le tableau 2b ci-dessous
montrent clairement quil existe un lien significatif entre la complmentarit interne des
pratiques de GRH et linnovation (1998 = 0.57, p<0.01). En fait, plus lcart entre le systme
de GRH empirique et thorique est petit plus linnovation sera importante.
Les caractristiques des tablissements jouent galement un rle dans la perception des
employeurs quant lintensit de linnovation. La taille semble tre la variable la plus
discriminante. Il semble, selon les rsultats, que plus celle-ci est moyenne ou grande plus
linnovation est importante. Le secteur est galement une variable influente. Il semble quil y
a plus dinnovation dans les secteurs de services, dactivits financires et galement
dindustrie manufacturire. Ces secteurs correspondent souvent des tablissements de
moyenne et grande taille ainsi qu des tablissements ouverts sur le march international,
introduits la bourse et appartenants des entreprises de structure multi-tablissements.
277
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 2b
Effet de la complmentarit interne sur linnovation des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit interne
0.5650
97.03***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.4830
119.82***
0.7845
113.63***
1.6218
76.92***
Industrie Manufacturire
1.9629
11.51***
Construction et Energie
n.s
Commerce
n.s
Transport
-0.7735
85.21***
Activits financires
2.2586
222.11***
Services marchands
0.6018
53.92***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-1.1558
851.02***
National
-0.3710
68.45***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.0599
4.68**
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.6699
305.15***
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son innovation, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu
des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit
de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
278
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 1.3 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements
franais.
Les rsultats de lanalyse logistique (cf. tableau 2c) montrent, toutes choses gales par
ailleurs, que la complmentarit interne des pratiques de GRH augmente la probabilit de
rduire labsentisme dans les tablissements franais. Le coefficient de rgression tant
significatif et ngatif (1998 = -0.95, p<0.01) indique que plus lcart entre le systme de
GRH des tablissements et le systme de GRH idal est petit, plus labsentisme baissera.
Toutefois, le rsultat de lanalyse conomtrique ne peut tre le m^me pour tous les
tablissements de ltude. Diffrentes caractristiques structurelles des tablissements
conduisent le temprer. Nous pouvons remarquer ce propos que plus la taille est grande
plus labsentisme est important. Les tablissements de petite taille, par contre, sont moins
sujettes au problme dabsentisme. Cette caractristique est appuye par la dimension du
march car plus celui est grand, plus les tablissements connaissent des absences fortes. Ceci
peut tre du lintensit de la pression sur les salaris qui engendre notamment des stress
accompagns de priodes de fatigue. Le secteur dactivit est galement une dimension qui
influe sur la variance de labsentisme. Les coefficients lis une grande majorit des
secteurs sont positifs, ce qui signifie que labsentisme est fort dans les tablissements de ces
secteurs sauf pour lindustrie manufacturire.
279
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 2c
Effet de la complmentarit interne sur labsentisme des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit interne
-0.9484
433.34***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
n.s
0.0743
3.50*
0.1318
5.47**
Industrie Manufacturire
-0.4349
32.06***
Construction et Energie
0.9113
142.54***
Commerce
0.3676
27.29***
Transport
n.s
Activits financires
0.1909
4.37**
Services marchands
0.9656
161.96***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.3157
76.12***
National
-0.2201
30.96***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.1266
24.08***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.0791
5.36**
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement baisse labsentisme, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu des
hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit de
rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
280
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Dans la mesure o le climat social est un indicateur de la qualit des relations de travail entre
les employeurs et leurs employs, nous avons fais le choix danalyser limpact des pratiques
de GRH cohrente sur lamlioration du climat au travail. En effet, lhypothse de travail
vrifier se prsente comme suit :
H 1.4 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
Daprs les rsultats rsums dans le tableau 2d, nous constatons que la relation entre la
complmentarit interne et le climat social est significative. La variance du climat social
explique par la complmentarit interne des pratiques de GRH nest pas ngligeable (1998 =
0.19, p<0.01). On peut donc dire que plus la similarit entre le systme de GRH empirique et
le systme de GRH thorique est grande, plus il rgne un bon climat social dans les
tablissements franais, en juger du signe du coefficient de rgression qui parait positif.
Plusieurs caractristiques relatives aux tablissements semblent associes leur climat social.
Le secteur dactivit et la taille de ltablissement jouent un rle prpondrant dans les
rsultats obtenus. Ainsi, une analyse plus fine de leffet sectoriel montre que le climat social
peru est meilleur dans le commerce, les services marchands et le BTP. Ces secteurs
dactivits, notamment le commerce et les services, correspondent le plus souvent des
structures de petites tailles, celles-l mme qui sont fortement associs un climat social trs
favorable.
281
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 2d
Effet de la complmentarit interne sur le climat social des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit interne
0.1887
7.55***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
-0.4847
76.11***
-0.1412
3.11*
-0.5764
19.21***
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
1.3868
47.87***
Commerce
0.2451
3.13*
Transport
-0.5941
16.90
Activits financires
-2.0069
195.10***
Services marchands
0.8503
38.86***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
0.1157
4.46**
National
-0.2687
22.98***
Rf
Rf
Mono-tablissement
0.3037
56.39***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.1917
11.93***
Non
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son climat social, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte
tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La
modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
282
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 1. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
Rentabilit conomique :
H 1.1 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
Hypothse valide
Les tablissements qui minimisent lcart entre leur systme de GRH et le systme de GRH
thorique sont ceux qui maximisent leur rentabilit conomique (1998 = 0.49, p<0.01).
Innovation :
H 1.2 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des tablissements
franais.
Hypothse valide
Les tablissements qui innovent le plus sont ceux qui ralisent une complmentarit interne
leve entre leurs pratiques de GRH (1998 = 0.57, p<0.01).
283
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Absentisme :
H 1.3 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
Hypothse valide
Plus les tablissements veillent la complmentarit interne de leurs pratiques de GRH, plus
ils russissent rduire leurs problmes dabsentisme (1998 = -0.95, p<0.01).
Climat social :
H 1.4 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Hypothse valide
Le climat social est amlior lorsque les tablissements franais russissent rduire la
distance entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH thoriques qui runissent des
pratiques de GRH complmentaires entre elles (1998 = 0.19, p<0.01).
284
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Une revue de littrature, prsente au chapitre 3, nous a conduit mettre lhypothse de base
suivante :
Hypothse 2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
1.1.2.1.
Complmentarit
externe
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
Pour vrifier le lien entre la complmentarit externe et la rentabilit conomique des
tablissements franais, nous avons procd de la mme faon que pour la complmentarit
interne. Pour ce faire, une rgression logistique non-linaire a t effectue sur lindicateur de
rentabilit, qui est recod 1 pour un niveau de rentabilit trs suprieur ou suprieur celui
des concurrents, et 0 pour un niveau de rentabilit infrieur ou trs infrieur par rapport
celui des concurrents. La sous-hypothse issue de lhypothse de base se prsente donc
comme ci-dessous :
285
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.1. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation et
le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
Les rsultats de cette analyse semblent soutenir les hypothses des tenants de l'approche
configurationnelle des ressources humaines. Selon les rsultats du tableau 3a, la
complmentarit externe semble tre capable de produire un effet significatif dans
l'amlioration de la rentabilit conomique des tablissements (1998 = 0.52, p<0.01). Le
signe positif du coefficient de rgression nous amne prtendre que les tablissements qui
minimiseront l'cart entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH thoriques (idals
types) en plus de lcart entre leurs orientations stratgiques et les orientations thoriques
seront ceux qui maximiseront leurs rentabilits.
286
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 3a
Effet de la complmentarit externe sur la rentabilit des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit externe
0.5238
159.93***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.1645
12.93***
0.3269
25.76***
0.4331
12.56***
Industrie Manufacturire
0.7711
46.79***
Construction et Energie
0.2029
3.64*
Commerce
1.3872
202.94***
Transport
0.4358
16.66***
Activits financires
2.3664
440.69***
Services marchands
0.9378
87.39***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
n.s
n.s
National
-0.2580
33.40***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2966
103.03***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.5198
201.55***
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement maximise sa rentabilit conomique, en isolant leffet propre chaque variable explicative,
compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle).
La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
287
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation et
le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
Les rsultats de lanalyse conomtrique qui sont rsums dans le tableau ci-dessous montrent
lexistence dun lien significatif entre la complmentarit externe des pratiques de GRH et
linnovation (1998 = 0.45, p<0.01). Ainsi, on remarque, selon le signe positif du coefficient
de rgression logit, que plus un tablissement est en mesure de rduire la distance entre les
valeurs RH thoriques et les valeurs RH organisationnelles ou empiriques, et plus ce dernier
voluera dans un cadre stratgique cohrent, meilleur sera le niveau dinnovation.
Les caractristiques des tablissements jouent un rle galement dans la perception des
employeurs quant lintensit de linnovation. La taille semble tre la variable la plus
discriminante. Il semble, selon les rsultats, que plus celle-ci est moyenne ou grande plus
linnovation est importante. Le secteur est galement une variable influente. Il semble quil y
a plus dinnovation dans les secteurs de services, dactivits financires et galement
dindustrie manufacturire. Ces secteurs correspondent souvent des tablissements de
moyenne et grande taille ainsi qu des tablissements ouverts sur le march international,
introduits la bourse et appartenants des entreprises de structure multi-tablissements.
288
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 3b
Effet de la complmentarit externe sur linnovation des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit externe
0.4493
155.18***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.4908
123.29***
0.7561
105.26***
1.6277
77.96***
Industrie Manufacturire
1.3618
180.95***
Construction et Energie
0.1483
3.28*
Commerce
n.s
Transport
-0.8072
92.52***
Activits financires
2.3123
233.33***
Services marchands
0.6170
56.72***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-1.1564
854.92***
National
-0.4289
91.21***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.0525
3.59*
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.6246
267.36***
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son innovation, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu
des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit
de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
289
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.3. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation et
le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements franais.
Les rsultats de lanalyse logistique (cf. tableau 3c) montrent, toutes choses gales par
ailleurs, que la complmentarit externe des pratiques de GRH a un effet significatif sur
labsentisme dans les tablissements franais. Le coefficient de rgression tant ngatif
(1998 = -0.25, p<0.01) indique que plus lcart entre le systme de GRH des tablissements et
le systme de GRH est rduit, et plus ceux-ci feront un choix adquat en terme de stratgie
daffaires (c--d minimisant lcart entre les valeurs stratgiques thoriques et les valeurs
stratgiques organisationnelles), plus labsentisme sera faible.
Du point de vue des caractristiques structurelles des tablissements, il est noter que plus la
taille est grande plus labsentisme est prsent. Ceci peut dire que les tablissements de petite
taille sont ceux qui ne souffrent pas de taux levs dabsentisme. Les rsultats confirment
ceci en regardant les coefficients lis ce type de taille. Ce dernier rsultat est consolid par
un autre concernant ltendue du march et la structure des entreprises auxquelles
appartiennent ces tablissements de petite taille. En fait, ces tablissements se trouvent
engags dans des marchs rduits une concurrence local et rgional ou nationale au plus
grande chelle, et appartiennent des entreprises mono-tablissments. Ces caractristiques
font que labsentisme est moins fort dans ce type dtablissements, contrairement aux
290
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
tablissements de grande taille qui oeuvrent dans des marchs extrmement concurrentiels et
qui se trouvent dans des secteurs o linnovation est synonyme dexcellence (ex. finance,
services marchands).
Tableau 3c
Effet de la complmentarit externe sur labsentisme des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit externe
-0.2468
54.07***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.1101
7.82***
0.2172
15.27***
0.4317
18.23***
Industrie Manufacturire
-0.3692
23.35***
Construction et Energie
0.9919
169.10***
Commerce
0.4308
37.74***
Transport
n.s
Activits financires
0.3374
13.88***
Services marchands
1.0298
187.89***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.3350
86.58***
National
0.2704
47.34***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.1347
27.65***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Oui
n.s
Non
Rf
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et * pour 10% ; n.s.
signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la complmentarit externe
des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit quun tablissement baisse labsentisme,
en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des
variables explicatives intgres dans le modle). La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. monotablissements / multi-tablissements).
291
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.4. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation et
le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
La mthode danalyse utilise pour tudier la relation entre la GRH et le climat social est la
mme que pour les autres dimensions que sont la rentabilit conomique, linnovation et
labsentisme. Nous avons procd en intgrant dans un modle probabiliste de type logit la
distance minimum entre les orientations stratgiques thoriques et les orientations stratgiques
des tablissements de notre chantillon.
Daprs les rsultats rsums dans le tableau 3d, nous constatons que la relation entre la
complmentarit externe des pratiques de GRH et le climat social est significative. La
variance du climat social explique par la complmentarit externe est importante (1998 =
0.59, p<0.01). en outre, selon le signe positif du coefficient de rgression, on peut dire que
plus la similarit entre le systme de GRH empirique et le systme de GRH thorique est
grande, et plus les tablissements volueront dans un cadre stratgique cohrents, plus ils
pourront obtenir un bon climat social.
292
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
structures de petites tailles, celles-l mme qui sont fortement associs un climat social trs
favorable.
Tableau 3d
Effet de la complmentarit externe sur le climat social des tablissements en 1998
Synthse de l'association simultane
Dterminants
Coefficient 1998
Valeur du 21998
Complmentarit externe
0.5935
82.80***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
-0.4910
77.95***
n.s
-0.6177
Taille
22.00***
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
1.2851
41.04***
Commerce
0.3113
5.06**
Transport
-0.5536
14.63
Activits financires
-2.0219
199.34***
Services marchands
0.8527
39.16***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
0.0951
3.01*
National
-0.2427
18.65***
Rf
Rf
Mono-tablissement
0.3225
63.22***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.2087
14.11**
Non
Rf
March
Structure
Bourse
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son climat social, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte
tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La
modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
2
293
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
Rentabilit conomique :
H 2.1. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
Hypothse valide
Plus un tablissement est en mesure de rduire la distance entre les valeurs RH thoriques et
les valeurs RH organisationnelles ou empiriques, et plus ce dernier voluera dans un cadre
stratgique cohrent, meilleur sera rentabilit conomique (1998 = 0.52, p<0.01).
Innovation :
H 2.2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
294
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse valide
Les tablissements qui minimisent lcart entre leur systme de GRH et le systme de GRH
thorique, en plus adopteront des stratgies adquates, seront ceux qui maximiseront leur
niveau dinnovation (1998 = 0.57, p<0.01).
Absentisme :
H 2.3. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements
franais.
Hypothse valide
Plus les tablissements veillent la complmentarit externe de leurs pratiques de GRH, plus
ils russiront rduire leurs problmes dabsentisme (1998 = -0.25, p<0.01).
Climat social :
H 2.4. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
Hypothse valide
Le climat social est amlior lorsque les tablissements franais russiront rduire la
distance entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH thoriques, en plus de la
minimisation de lcart entre les valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques
organisationnelles (1998 = 0.59, p<0.01).
295
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Figure
Analyse longitudinale 1998
2005
Complmentarit externe
Donnes stratgie
1998
Donnes GRH
1998
Complmentarit interne
Donnes performances
2005
II
Dans ce cadre, la premire hypothse de cette deuxime tape, aprs ltape des analyses des
effets synchrones, tentera de valider la durabilit associe la complmentarit interne des
296
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
pratiques de GRH (1.2.1). Si les systmes de GRH que nous avons drivs de la littrature
(systme de GRH administrative, systme de GRH stratgique, systme de GRH hybride)
constituent des regroupements cohrents de pratiques de GRH capables de maximiser la
performance durablement, alors :
Hypothse 3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
H 3.1 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
H 3.2 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des
tablissements franais.
H 3.3 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme
des tablissements franais.
H 3.4 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
297
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
H 4.1. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
H 4.2. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
H 4.3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie
daffaires
correspondante,
meilleur
sera
lindicateur
dabsentisme
des
tablissements franais.
H 4.4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
Cette deuxime srie dhypothses sera teste au moyen dune rgression non-linaire de type
logit en raison de la non-continuit de nos variables dpendantes que sont la rentabilit,
linnovation, labsentisme et le climat social. Les variables de performance expliquer sont
dans cette perspective recodes sous forme de variables dichotomiques (cf. tableau 1 page
273).
Rappelons que toutes les rgressions logits sont faites laide du logiciel SAS version 9.1.
298
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
1.2.1.1.
Complmentarit
interne
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
Pour analyser la relation en longitudinale entre la complmentarit interne des pratiques de
GRH et la rentabilit conomique des tablissements franais, nous avons introduis dans une
procdure de rgression logistique non-linaire le minimum de lcart entre nos systmes de
GRH thoriques (idaux-types) et les systmes retrouvs dans les tablissements de notre
chantillon, en mme temps que les variables de contrle. Les rsultats que nous prsentons
dans le tableau 4a concernent la vrification de lhypothse H 3.1 rappele ci-dessous :
H 3.1 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
Les rsultats de cette analyse semblent soutenir les prmisses de l'approche configurationnelle
des ressources humaines et de la thorie base sur les ressources par rapport la durabilit de
la performance procure par les systmes de GRH. Selon ces deux fondements thoriques, les
systmes de GRH sont la source davantage comptitif durable, seul capable de produire des
performances de long terme. L'amlioration de la rentabilit conomique des tablissements
semble tre soutenue mme en introduisant un dcalage temporel. Le signe positif du
coefficient li la complmentarit interne (2005 = 0.49, p<0.01) signifie que les
tablissements qui sont en mesure de minimiser l'cart entre leurs systmes de GRH et les
systmes de GRH thoriques dans le temps (idals types) seront capables de maximiser leurs
rentabilits conomiques durablement.
299
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 4a
Effet de la complmentarit interne sur la rentabilit des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit interne
0.4897
97.03***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.1134
22.20***
0.3469
36.33***
n.s
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
0.7551
80.05***
Construction et Energie
n.s
Commerce
0.9262
137.36***
Transport
0.6510
61.89***
Activits financires
2.4959
483.05***
Services marchands
0.2957
12.40***
Service public
Rf
Rf
March
Local et Rgional
n.s
National
-0.2117
30.69***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2187
60.46***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.2430
54.78***
Non
Rf
Rf
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement maximise sa rentabilit conomique, en isolant leffet propre chaque variable explicative,
compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle).
La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
300
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Les rsultats de lanalyse conomtrique qui sont rsums dans le tableau 4b ci-dessous
montrent quil existe un lien significatif entre la complmentarit interne des pratiques de
GRH et linnovation (2005 = 0.68, p<0.01). Ce rsultat signifie que lassociation synchrone
trouve prcdemment a rsist lintroduction de la dimension temporelle. En effet, plus
lcart entre le systme de GRH empirique et thorique est petit dans le temps plus
linnovation est importante.
Les caractristiques des tablissements jouent un rle galement dans la perception des
employeurs quant lintensit de linnovation. La taille semble tre la variable la plus
discriminante. Il semble, selon les rsultats, que plus celle-ci est moyenne ou grande plus
linnovation est importante. Le secteur est galement une variable influente. Il semble quil y
a plus dinnovation dans les secteurs de services, dactivits financires et galement
dindustrie manufacturire. Ces secteurs correspondent souvent des tablissements de
moyenne et grande taille ainsi qu des tablissements ouverts sur le march international,
introduits la bourse et appartenants des entreprises de structure multi-tablissements.
301
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 4b
Effet de la complmentarit interne sur linnovation des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit interne
0.6752
264.98***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.3912
102.65***
0.5668
31.86***
1.2327
47.45***
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
0.4211
24.71***
Commerce
0.8728
138.13***
Transport
-1.8066
539.73***
Activits financires
1.7914
136.26***
Services marchands
0.1737
4.74**
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.6347
290.49***
National
0.2934
57.04***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.1491
34.35***
Multi-tablissements
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Oui
n.s
Non
Rf
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son innovation, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu
des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit
de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
302
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 3.3 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
Les rsultats de lanalyse logistique (cf. tableau 4c) montrent, toutes choses gales par
ailleurs, que la complmentarit interne des pratiques de GRH augmente la probabilit de
rduire labsentisme dans les tablissements franais. Le coefficient de rgression tant
significatif et ngatif (2005 = -0.63, p<0.01) indique que plus un tablissement est susceptible
de minimiser la distance entre l'idal type de GRH et son systme de GRH dans le temps, plus
sa performance en termes dabsentisme est meilleure.
303
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 4c
Effet de la complmentarit interne sur labsentisme des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit interne
-0.6270
246.76***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.7751
525.60***
0.5884
245.09***
0.8851
112.38***
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
-1.4686
399.41***
Commerce
0.5737
83.51***
Transport
n.s
Activits financires
n.s
Services marchands
0.7889
142.19***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.1243
13.79***
National
-0.4477
193.26***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2556
127.22***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.1806
39.57***
Non
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement baisse labsentisme, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu des
hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit de
rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
304
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Dans la mesure o le climat social est un indicateur de la qualit des relations entre les
employeurs et leurs employs, nous avons fais le choix danalyser limpact des pratiques de
GRH cohrente dans le temps sur lamlioration du climat du travail. En effet, lhypothse de
travail vrifier se prsente comme suit :
H 3.4 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Daprs les rsultats rsums dans le tableau 4d, nous constatons que la relation entre la
complmentarit interne et le climat social nest pas significative. Ceci signifie que
lassociation simultane prcdemment enregistre entre la similarit du systme de GRH
empirique et du systme de GRH thorique et le climat social dans les tablissements franais
nest pas durable. La complmentarit interne est par consquent nest pas prdictive dun
bon climat social long terme.
Toutefois, les variables de contrle semblent associes au climat social. Le secteur dactivit
et la taille de ltablissement jouent un rle prpondrant dans les rsultats obtenus. Ainsi, une
analyse plus fine de leffet sectoriel montre que le climat social peru est meilleur dans le
commerce, les services marchands et le BTP. Ces secteurs dactivits, notamment le
commerce et les services, correspondent le plus souvent des structures de petites tailles,
celles-l mme qui sont fortement associs un climat social trs favorable.
305
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 4d
Effet de la complmentarit interne sur le climat social des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Complmentarit interne
n.s
Valeur du 22005
Taille
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
-0.4242
123.79***
-0.1008
3.48*
-0.7664
235.95***
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
0.6842
28.14***
Commerce
0.6624
34.15***
Transport
1.6096
205.45***
Activits financires
-0.4653
6.45**
Services marchands
1.0954
93.55***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
0.4898
100.63***
National
-0.1722
15.21***
Rf
Rf
Mono-tablissement
0.2175
56.39***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.3017
50.65***
Non
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit interne des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son climat social, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte
tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La
modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
306
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
Rentabilit conomique :
H 3.1 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
Hypothse valide
Les tablissements qui minimisent lcart dans le temps entre leur systme de GRH et le
systme de GRH thorique sont ceux qui maximisent leur rentabilit conomique (2005 =
0.49, p<0.01).
Innovation :
H 3.2 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des
tablissements franais.
Hypothse valide
Les tablissements qui innovent le plus sont ceux qui ralisent une complmentarit interne
307
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
leve dans le temps entre leurs pratiques de GRH (2005 = 0.68, p<0.01).
Absentisme :
H 3.3 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme
des tablissements franais.
Hypothse valide
Plus les tablissements veillent la complmentarit interne dans le temps de leurs pratiques
de GRH, plus ils russissent rduire leurs problmes dabsentisme (2005 = -0.63, p<0.01).
Climat social :
H 3.4 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Hypothse non valide
Le climat social ne semble pas tre amlior long terme lorsque les tablissements franais
russissent rduire la distance entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH
thoriques qui runissent des pratiques de GRH complmentaires entre elles. Ce rsultat peut
sexpliquer par la difficult de prdire un meilleur climat social par lunique complmentarit
interne des pratiques de GRH, il existe certainement dautres facteurs plus influents. Si lon
croit Laroche (2002), la prsence syndicale et la ngociation collective peuvent tre parmi les
facteurs qui amliorent sensiblement le climat social dans les entreprises.
308
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Une revue de littrature, prsente au chapitre 3, nous a conduit mettre lhypothse de base
suivante :
Hypothse 4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
1.2.2.1.
Complmentarit
externe
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
Pour vrifier le lien entre la complmentarit externe et la rentabilit conomique des
tablissements franais, une rgression logistique non-linaire a t effectue. Lindicateur de
rentabilit est recod 1 pour un niveau de rentabilit trs suprieur ou suprieur celui des
concurrents, et 0 pour un niveau de rentabilit infrieur ou trs infrieur par rapport celui
des concurrents. La sous-hypothse, issue de lhypothse de base, tester se prsente comme
ci-dessous :
309
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 4.1. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
Les rsultats de cette analyse semblent soutenir les gains durables dus la complmentarit
externe des pratiques de GRH. Selon les rsultats du tableau 5a, la complmentarit externe
est significativement lie l'amlioration de la rentabilit conomique des tablissements
(2005 = 0.63, p<0.01). Le signe positif du coefficient de rgression nous amne prtendre
que les tablissements qui minimisent l'cart dans le temps entre leurs systmes de GRH et les
systmes de GRH thoriques (idals types) en plus de lcart entre leurs orientations
stratgiques et les orientations thoriques seront ceux qui maximisent leurs rentabilits.
310
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 5a
Effet de la complmentarit externe sur la rentabilit des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit externe
0.6341
287.01***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.1095
11.59***
0.3750
78.23***
0.1814
3.85**
Industrie Manufacturire
0.7458
77.80***
Construction et Energie
n.s
Commerce
0.9725
149.01***
Transport
0.7360
78.24***
Activits financires
2.3664
440.69***
Services marchands
0.3514
17.29***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
n.s
n.s
National
-0.2224
33.39***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.1804
41.10***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.3095
89.17***
Non
Rf
Rf
Taille
Secteur
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement maximise sa rentabilit conomique, en isolant leffet propre chaque variable explicative,
compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle).
La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
311
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 4.2. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
Les rsultats de lanalyse conomtrique qui sont rsums dans le tableau 5b ci-dessous
montrent lexistence dun lien non significatif entre la complmentarit externe des pratiques
de GRH et linnovation. Ainsi, on peut infirmer lhypothse que plus un tablissement est en
mesure de rduire dans le temps la distance entre les valeurs RH thoriques et les valeurs RH
organisationnelles ou empiriques, et plus ce dernier voluera dans un cadre stratgique
cohrent, meilleur sera le niveau dinnovation.
Les caractristiques des tablissements jouent un rle dans la perception des employeurs
quant lintensit de linnovation. La taille semble tre la variable la plus discriminante. Il
semble, selon les rsultats, que plus celle-ci est moyenne ou grande plus linnovation est
importante. Le secteur est galement une variable influente. Il semble quil y a plus
dinnovation dans les secteurs de services, dactivits financires et galement dindustrie
manufacturire. Ces secteurs correspondent souvent des tablissements de moyenne et
grande taille ainsi qu des tablissements ouverts sur le march international, introduits la
bourse et appartenants des entreprises de structure multi-tablissements.
312
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 5b
Effet de la complmentarit externe sur linnovation des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Complmentarit externe
n.s
Valeur du 22005
Taille
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.4257
122.60***
0.5992
35.56***
1.1898
44.73***
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
0.3985
22.24***
Commerce
-0.8664
137.07***
Transport
-1.7602
515.89***
Activits financires
1.7257
127.36***
Services marchands
0.2014
6.41**
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.6278
284.50***
National
0.2982
59.00***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.1114
19.24***
Multi-tablissements
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Oui
n.s
Non
Rf
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son innovation, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu
des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La modalit
de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
313
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 4.3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements
franais.
Les rsultats de lanalyse logistique (cf. tableau 5c) montrent, toutes choses gales par
ailleurs, que la complmentarit externe des pratiques de GRH a un effet significatif sur
labsentisme dans les tablissements franais. Le coefficient de rgression tant ngatif
(2005 = -0.20, p<0.01) indique que plus lcart entre le systme de GRH des tablissements et
le systme de GRH est rduit long terme, et plus ceux-ci feront un choix adquat en terme
de stratgie daffaires (c--d minimisant lcart entre les valeurs stratgiques thoriques et les
valeurs stratgiques organisationnelles), plus labsentisme sera faible.
Du point de vue des caractristiques structurelles des tablissements, il est noter que plus la
taille est grande plus labsentisme est prsent. Ceci peut dire que les tablissements de petite
taille sont ceux qui ne souffrent pas de taux levs dabsentisme. Les rsultats confirment
ceci en regardant les coefficients lis ce type de taille. Ce dernier rsultat est consolid par
un autre concernant ltendue du march et la structure des entreprises auxquelles
appartiennent ces tablissements de petite taille. En fait, ces tablissements se trouvent
engags dans des espaces de concurrence rduits aux cadres local et rgional ou national
plus grande chelle, et appartiennent des entreprises mono-tablissments. Ces
caractristiques font que labsentisme est moins fort dans ce type dtablissements,
314
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
contrairement aux tablissements de grande taille qui oeuvrent dans des marchs extrmement
concurrentiels et qui se trouvent dans des secteurs o linnovation est synonyme dexcellence
(ex. BTP, services marchands).
Tableau 5c
Effet de la complmentarit externe sur labsentisme des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit externe
-0.2037
41.01***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
0.7873
545.96***
0.6441
298.63***
0.9151
121.38***
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
1.4855
409.98***
Commerce
0.6009
92.31***
Transport
n.s
Activits financires
n.s
Services marchands
0.8768
178.26***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
-0.1566
22.16***
National
0.4084
163.33***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2522
124.15***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.1493
27.42***
Non
Rf
Rf
March
Structure
Bourse
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et * pour 10% ; n.s.
signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la complmentarit externe
des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit quun tablissement baisse labsentisme,
en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des
variables explicatives intgres dans le modle). La modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. monotablissements / multi-tablissements).
315
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 4.4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
La mthode danalyse utilise pour tudier la relation entre la GRH et le climat social est la
mme que pour les autres dimensions que sont la rentabilit conomique, linnovation et
labsentisme. Nous avons procd en intgrant dans un modle probabiliste type logit la
distance minimum entre les orientations stratgiques thoriques et les orientations stratgiques
des tablissements de notre chantillon.
Daprs les rsultats rsums dans le tableau 5d, nous constatons que la relation entre la
complmentarit externe des pratiques de GRH et le climat social est significative. La
variance du climat social explique par la complmentarit externe est importante (2005 =
0.43, p<0.01). En outre, selon le signe positif du coefficient de rgression, on peut dire que
plus la similarit dans le temps entre le systme de GRH empirique et le systme de GRH
thorique est grande, et plus les tablissements volueront dans un cadre stratgique
cohrents, plus ils pourront obtenir un bon climat social.
316
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
structures de petites tailles, celles-l mme qui sont fortement associs un climat social trs
favorable.
Tableau 5d
Effet de la complmentarit externe sur le climat social des tablissements en 2005
Synthse de l'association longitudinale
Dterminants
Coefficient 2005
Valeur du 22005
Complmentarit externe
0.4269
88.33***
20 49 salaris
Rf
Rf
50 199 salaris
-0.4384
132.23***
-0.1152
4.52**
-0.7738
239.41***
Taille
Secteur
Industrie Manufacturire
n.s
Construction et Energie
1.6350
210.50***
Commerce
0.6935
37.18***
Transport
0.7623
34.69***
Activits financires
-2.0219
199.34***
Services marchands
1.1270
98.13***
Service public
Rf
Rf
Local et Rgional
0.4966
101.58***
National
-0.1559
12.31***
Rf
Rf
Mono-tablissement
-0.2010
36.72***
Multi-tablissements
Rf
Rf
Oui
0.2897
46.86**
Non
Rf
March
Structure
Bourse
Rf
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif.
Ce modle conomtrique (modle de rgression non linaire de type logit) contrle limpact de la
complmentarit externe des pratiques de GRH et dun certain nombre de caractristiques sur la probabilit
quun tablissement amliore son climat social, en isolant leffet propre chaque variable explicative, compte
tenu des hypothses retenues (c--d de lensemble des variables explicatives intgres dans le modle). La
modalit de rfrence est linverse de la modalit teste (ex. mono-tablissements / multi-tablissements).
2
317
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
Rentabilit conomique :
H 4.1. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
Hypothse valide
Plus un tablissement est en mesure de rduire dans le temps la distance entre les valeurs RH
thoriques et les valeurs RH organisationnelles ou empiriques, et plus ce dernier voluera
dans un cadre stratgique cohrent, meilleur sera rentabilit conomique (2005 = 0.63,
p<0.01).
Innovation :
H 4.2. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
318
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Les rsultats obtenus ne permettent pas daffirmer lhypothse qui veut que les tablissements
qui minimisent dans le temps lcart entre leur systme de GRH et le systme de GRH
thorique, en plus adopteront des stratgies adquates, seront ceux qui maximiseront leur
niveau dinnovation.
Absentisme :
H 4.3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie
daffaires
correspondante,
meilleur
sera
lindicateur
dabsentisme
des
tablissements franais.
Hypothse valide
Plus les tablissements veillent la complmentarit externe dans le temps de leurs pratiques
de GRH, plus ils russiront rduire leurs problmes dabsentisme (2005 = -0.20, p<0.01).
Climat social :
H 4.4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
Hypothse valide
Le climat social est amlior lorsque les tablissements franais russiront rduire dans le
temps la distance entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH thoriques, en plus de
la minimisation de lcart entre les valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques
organisationnelles (2005 = 0.43, p<0.01).
319
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
1.3. tude de la durabilit des associations entre les systmes de GRH et les
performances des tablissements franais : quelle causalit ?
Dans cette section, notre objectif sera de vrifier la causalit entre la GRH et la performance.
Bien que nous ayons dmontr quil existe un lien entre les systmes de GRH cohrents en
interne et en externe et la majorit des dimensions de la notion de performance slectionnes
pour les fins de cette recherche, la durabilit de certaines corrlations ne suffit pas pour
affirmer lexistence dune relation causale entre les variables sociales et conomiques.
Selon Wright et Gardner (2003), trois raisons peuvent tre lorigine de la remise en question
de la simple corrlation.
- La causalit inverse : la performance des entreprises pourrait bien tre la cause de la GRH.
Ainsi, une meilleure performance en (t) pourrait tre lorigine dune meilleure GRH qui
conduit une meilleure performance en (t+1). En effet, ce nest pas la qualit de la GRH qui
gnre de la valeur mais le surplus de valeur conomique qui permet la firme dinvestir dans
son systme de GRH (Le Louarn, 2004).
- Le rapport indirect entre la GRH et la performance : leffet direct entre les pratiques de GRH
et la performance est souvent contest par les chercheurs. Il se peut quil existe dautres
variables intermdiaires qui sont lorigine de la performance plutt que la GRH. Selon
Becker et Gerhart (1996), la chane causale des modles en gestion stratgique des ressources
humaines constitue encore une boit noire ou Black Box quil faut lucider.
320
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Pour vrifier le degr derreur ou de vrit du discours tenu par les chercheurs en GSRH
pendant plus dune dcennie, nous allons analyser dans ce qui suit la causalit entre la
complmentarit interne et externe des pratiques de GRH et les quatre indicateurs de
performance : rentabilit, innovation, absentisme, climat social. Nous nous intresserons plus
prcisment au phnomne de causalit inverse. La mthode utilise pour cette fin est
inspire des travaux de Wright et al (2005) et de Guest et al (2003) et de DArcimoles (1995).
Les auteurs proposent une mthode dcompose en trois tapes successives. Premirement,
procder par lidentification dune association statistique. Deuximement, tablir une analyse
chronologique par la prise en compte du dcalage temporel. Enfin, tester lhypothse rivale,
c'est--dire la primaut de la performance organisationnelle. Pour notre part, les deux
premires tapes ont t dj vrifies au cours de la premire section pour les effets
simultans et de la seconde section pour les effets longitudinaux. En revanche, la troisime
tape concernant ltude du lien de causalit inverse entre les pratiques de GRH et la
performance reste analyser. Pour cela, nous introduirons, comme Wright et al (2005) et
Guest et al (2003) lont dj fait, dans nos modles de rgression, la performance du pass
comme variable de contrle.
321
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Nos rsultats vont dans le mme sens que ceux de certains auteurs tels que Koys (2001) et
DArcimoles (1995). Le premier, par exemple, a examin le lien entre les rsultats en matire
de ressources humaines (satisfaction, turnover) et les rsultats organisationnels (satisfaction
des clients) dans un chantillon de 28 filiales dune chane de restauration. Il a constat que la
satisfaction des salaris et la rduction du turnover de lanne (t1) ont permis une meilleure
satisfaction des clients en anne (t2). Alors que la satisfaction des clients de lanne (t1) na
aucun effet sur les rsultats RH de lanne (t2).
Un autre rsultat intressant allant dans le mme sens que le notre a t trouv par la
multinationale du conseil en GRH Watson Wyatt (Le Louarn, 2004 ; Wright et al, 2005).
Lessentiel de la recherche mene par les chercheurs de Watson Wyatt sintresse lanalyse
des corrlations entre un indice des ressources humaines nomm ICH (Indice du Capital
Humain) et la performance financire de 51 entreprises nord-amricaines. Les donnes
concernant les pratiques de GRH et la performance ont t recueillies en 1999 et en 2001. Les
rsultats de cette recherche ont montr que les pratiques de GRH de 1999 sont corrles de
manire trs significative la performance financire de 2001 (coefficient de corrlation =
0,41), alors que la corrlation entre la performance financire de 1999 et les pratiques de
GRH de 2001 nest que de 0,19. Ces rsultats les ont conduit conclure que les pratiques de
GRH taient le principal indicateur de la performance financire future.
322
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 6
Analyse de causalit entre les systmes de GRH et les performances des tablissements franais
Rentabilit2005
Innovation2005
Absentisme2005
Climat social2005
Sans
Rentabilit1998
Avec
Rentabilit 1998
Sans
Innovation1998
Avec
Innovation1998
Sans
Absentisme1998
Avec
Absentisme1998
Sans Climat
social1998
Avec Climat
social1998
Complmentarit
interne
0.4897***
0.4967***
0.6752***
0.7252***
-0.6270***
-0.4851***
n.s
n.s
Complmentarit
externe
0.6341***
0.4478***
n.s
n.s
-0.2037***
-0.1539***
0.4269***
0.4159***
323
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Bien que ce rsultat soit extrmement important, son caractre statique ne prend pas en
compte la dynamique de la relation qui lie les pratiques de GRH et la performance. Ainsi,
pour complter lanalyse statique de la relation GRH-performance, nous aurons besoin de
comprendre comment celle-ci varie suite la variation de la gestion des ressources humaines
en place dans les entreprises. Comme nous avons pu voir dans la section 1, consacre
lvolution de la GRH en France au cours de la priode 1998-2005, les tablissements
franais peuvent changer leurs systmes de GRH. Ce changement est du, comme on a pu le
constater dans les rsultats de lanalyse explicative des trajectoires de GRH (cf. section 3. les
facteurs explicatifs page 246), linfluence de diffrents facteurs de contingence
(stratgie, taille, secteur, etc.).
324
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
A ce niveau danalyse, nous tudierons successivement, cette fois dans une logique
dynamique, le lien entre la complmentarit interne et externe et les quatre dimensions de
performance : rentabilit, innovation, absentisme, climat social. Cette logique dynamique va
consister analyser cinq trajectoires de GRH. Les trajectoires traduisent ici un glissement de
choix entre la GRH administrative, stratgique et hybride effectu par les tablissements
franais de notre panel. Nous rappelons ci-dessous ces cinq trajectoires :
Lanalyse explicative sera base sur des modles probabilistes de type logit. Le phnomne
tudier sera la probabilit que le nouveau systme de GRH adopt en 2005 permet dobtenir
une amlioration de la performance au mme titre que le systme de GRH initialement test
en 1998. En dautres termes, on cherchera de vrifier que le lien entre le systme de GRH en
2005 et la performance est aussi significatif que celui obtenu en 1998.
Pour mener bien cette analyse explicative, plusieurs sous-chantillons ont t crs partir
de notre panel de 962 tablissements afin dtudier chacune des trajectoires de GRH. Ainsi,
nous nous sommes servis de la matrice de transition (cf. tableau 6 page 242) pour
slectionner nos sous-chantillons. On dispose finalement des sous-chantillons suivants :
325
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 1D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la performance.
H 1.1 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
H 1.2 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des tablissements
franais.
H 1.3 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
H 1.4 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
326
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
2.1.1.
Complmentarit
interne
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
Ce sous-paragraphe est consacr au test de lhypothse H 3.1 dont lintitul est :
H 1.1 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera la rentabilit des
tablissements franais.
La mthode utilise pour tester cette hypothse sappuie sur une rgression non-linaire type
logit. La variable indpendante des diffrends modles logits effectus se rapporte lcart
minimum entre les valeurs dun systme de GRH retrouv dans les tablissements et les
valeurs thoriques de ce systme. La variable dpendante, c'est--dire la rentabilit
conomique, est recode 0 dans le cas o elle est dclare par lemployeur comme infrieure
ou trs infrieure celle des concurrents, 1 lorsquelle est juge suprieure ou trs suprieure
celle des concurrents.
La vrification de cette hypothse dans une logique dynamique fournis des rsultats trs
intressants. Daprs les rsultats du tableau 7a, nous remarquons que les liens entre les
diffrents systmes de GRH et la rentabilit conomique des tablissements dans les cinq
sous-chantillons sont significatifs. Pratiquement toutes les trajectoires prises par les
tablissements affichent des coefficients positifs. Ceci soutient les assumptions de lapproche
configurationnelle par rapport la capacit dobtenir des performances maximums travers
diffrents systmes de GRH tant quils sont composs de pratiques de GRH complmentaires
entre elles.
327
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 7a
Effet de la complmentarit interne sur la rentabilit conomique des tablissements
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHI
Coefficient 2005
GRHA
0.4515
GRHS
0.9889
(4.08**)
GRHA
GRHI
1.6898
(21.57***)
GRHI
(182.83***)
GRHI
0.2258
GRHI
2.7477
GRHS
2.4007
0.2647
(4.97**)
GRHA
(280.09***)
GRHS
2.6546
(345.06***)
(3.18*)
GRHA
Traject 5
GRHS
Systme de GRH
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHA
0.8386
(12.74***)
GRHI
(147.39***)
0.8550
(73.28***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
2
328
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 1.2 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des tablissements
franais.
Les rsultats qui figurent dans le tableau 7b ci-dessous indiquent que le niveau de
linnovation est maintenu quelque soit le systme de GRH adopt. Dit autrement, le lien dans
les diffrentes trajectoires entre les systmes de GRH et linnovation est significatif en 1998
aussi bien quen 2005, ceci malgr les variations subies par les pratiques de GRH au cours de
la priode 1998-2005.
Tableau 7b
Effet de la complmentarit interne sur linnovation des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHI
Coefficient 2005
GRHA
2.4889
GRHS
3.1433
(65.27***)
GRHA
GRHI
1.3448
(177.30***)
GRHI
(169.59***)
GRHI
0.5078
GRHI
1.7078
GRHS
1.9730
0.8097
(33.12***)
GRHA
(165.45***)
GRHS
2.7830
(763.47***)
(8.97***)
GRHA
Traject 5
GRHS
Systme de GRH
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHA
1.7030
(96.23***)
GRHI
n.s
(163.24***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
329
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 1.3 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
Lanalyse conomtrique, dont les rsultats sont rsums dans le tableau 7c, indique, toutes
choses gales par ailleurs, une association significative entre les systmes de GRH et
labsentisme dans les tablissements des cinq sous-chantillons. Les coefficients de
rgression lis aux diffrents systmes sont ngatifs au niveau de toutes les trajectoires en
1998 ainsi quen 2005. Ce rsultat montre que, quelque soit le systme de GRH adopt, les
employeurs qui minimisent l'cart entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH
thoriques (idals types) pourront baisser de manire significative labsentisme au sein de
leurs tablissements.
330
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 7c
Effet de la complmentarit interne sur labsentisme des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHI
Coefficient 2005
GRHA
-3.0136
GRHS
-1.1399
(110.04***)
GRHA
GRHI
-0.3234
(38.86***)
GRHI
(10.40***)
GRHI
-3.0428
GRHI
-2.7920
-0.6800
(63.99***)
GRHS
(418.20***)
GRHA
Traject 5
GRHS
Systme de GRH
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHA
-0.6309
(31.28***)
GRHA
n.s
GRHI
-0.8849
(339.65***)
GRHS
-1.2010
(54.26***)
(93.79***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
2
331
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
GRH retrouvs dans les tablissements et les valeurs thoriques de ces systmes comme
variables indpendantes. Dautre part, nous avons introduit dans les mmes modles le climat
social comme variable dpendante recode 0 dans le cas o les employeurs le dclarent
comme pas calme, 1 lorsquils le jugent calme ou trs calme.
H 1.4 D : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Lestimation conomtrique, dont les rsultats sont rsums dans le tableau 7d, indique,
toutes choses gales par ailleurs, une association significative entre les systmes de GRH et le
climat social dans les tablissements franais. Les coefficients de rgression lis aux
diffrents systmes sont positifs au niveau de toutes les trajectoires en 1998 ainsi quen 2005.
Ce rsultat montre que, quelque soit le systme de GRH adopt, les employeurs qui
minimisent l'cart entre leurs systmes de GRH et les systmes de GRH thoriques (idals
types) seront ceux qui baisseront de manire significative les conflits sociaux au sein de leurs
tablissements.
332
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 7d
Effet de la complmentarit interne sur le climat social des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHA
Systme de GRH
Coefficient 2005
GRHA
2.1385
GRHS
1.4523
(53.20***)
GRHA
1.6965
(21.21***)
GRHI
(104.57***)
GRHI
n.s
GRHS
Traject 5
GRHI
0.2782*
(3.19)
GRHI
GRHA
GRHS
1.2626
(86.01***)
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHI
1.5708
GRHA
(43.60***)
GRHS
0.4828
0.8947
(34.48***)
GRHI
(4.44**)
0.5419
(22.16***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
2
333
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Hypothse 2D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie
daffaires correspondante, meilleure sera la performance.
H 2.1 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
H 2.2 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
H 2.3 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements franais.
H 2.4 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
334
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
2.2.1.
Complmentarit
externe
et
rentabilit
conomique
des
tablissements franais
Dans ce sous-paragraphe, nous tenterons de vrifier, dans une logique dynamique,
lhypothse H 4.1 dont lintitul est :
H 2.1 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera la rentabilit des tablissements franais.
La mthode utilise pour tester cette hypothse sappuie sur une rgression non-linaire type
logit. La variable indpendante des diffrends modles logits effectus se rapporte, en plus de
la somme des carts entre les valeurs des systmes de GRH retrouvs dans les tablissements
et les valeurs thoriques de ces systmes, la prise en compte de la somme des carts entre
les valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques organisationnelles. La variable
dpendante, c'est--dire la rentabilit conomique, est une variable binaire recode 0 lorsque
son niveau infrieur ou trs infrieur celui des concurrents, 1 lorsquil est jug suprieur ou
trs suprieur celui des concurrents.
La vrification de cette hypothse dans une logique dynamique fournis des rsultats pas
satisfaisants. Daprs les rsultats du tableau 8a, nous remarquons que les liens entre la
complmentarit externe des pratiques de GRH composant diffrents systmes de GRH et la
rentabilit conomique des tablissements dans les cinq sous-chantillons ne sont pas toujours
significatifs. Une minorit des trajectoires prises par les tablissements affichent des
coefficients significatifs et positifs en 1998 et en 2005. On constate dans beaucoup de
trajectoires que les associations significatives sont soit retardes, cas par exemple du passage
dune systme de GRH administrative vers une GRH stratgique, soit affaiblie par
lintroduction de la dimension temporelle, cas par exemple de la traject 3 o les
tablissements adoptent en 2005 un systme de GRH stratgique, adapt une stratgie de
diffrenciation, la place dun systme hybride accord une stratgie de focalisation. Par
consquent, on ne peut pas affirmer que, quelque soit le systme de GRH adapt une
stratgie daffaires adquate, plus les tablissements sont en mesure de rduire les carts entre
335
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 8a
Effet de la complmentarit externe sur la rentabilit conomique des tablissements franais
Trajectoires
Traject 1
GRHA
Systme de GRH
Coefficient 2005
GRHA
n.s
GRHS
2.5454
(100.89***)
GRHA
3.4413
GRHI
(141.67***)
GRHI
1.7118
GRHI
4.8514
(54.46***)
GRHS
n.s
GRHA
0.6399
(87.47***)
GRHI
n.s
GRHA
Traject 5
GRHS
Coefficient 1998
GRHS
Traject 4
GRHI
Systme de GRH
GRHI
Traject 3
GRHI
GRHS
Traject 2
GRHA
(11.41***)
GRHS
0.4889
GRHI
n.s
(28.82***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
336
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.2 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements franais.
Les rsultats qui figurent dans le tableau 8b ci-dessous indiquent que le lien dans la majorit
des diffrentes trajectoires entre la somme des carts entre les valeurs des systmes de GRH
retrouvs dans les tablissements et les valeurs thoriques de ces systmes, en plus de la prise
en compte de la somme des carts entre les valeurs stratgiques thoriques et les valeurs
stratgiques organisationnelles et linnovation est majoritairement significatif en 1998 aussi
bien quen 2005, ceci malgr les variations subies par les pratiques de GRH au cours de la
priode 1998-2005. Le niveau de linnovation est donc maintenu quelque soit le systme de
GRH adopt tant que celui-ci est adapt une stratgie daffaires adquate. Ceci soutient la
pertinence de lapproche configurationnelle par rapport la possibilit dobtenir des
performances maximums travers diffrents systmes de GRH tant quils sont composs de
pratiques de GRH complmentaires entre elles et avec les choix stratgiques des
tablissements.
337
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 8b
Effet de la complmentarit externe sur linnovation des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHI
Coefficient 2005
GRHA
1.0469
GRHS
0.4935
(25.37***)
GRHA
0.4129
(3.62*)
GRHI
n.s
GRHS
0.9200
(38.60***)
GRHI
0.7895
(13.29***)
GRHI
GRHA
Traject 5
GRHS
Systme de GRH
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHA
0.7440
(21.82**)
GRHA
(43.49***)
GRHS
n.s
0.9330
(94.30***)
GRHI
n.s
GRHI
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
338
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
H 2.3 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des tablissements franais.
A linstar de lindicateur dinnovation, les rsultats qui figurent dans le tableau 8c indiquent
que labsentisme est rduit quelque soit le systme de GRH adopt tant que celui-ci est
cohrent une stratgie daffaires adquate. On peut remarquer selon les rsultats de lanalyse
conomtrique que le lien dans la majorit des diffrentes trajectoires entre la somme des
carts entre les valeurs des systmes de GRH retrouvs dans les tablissements et les valeurs
thoriques de ces systmes, en plus de la prise en compte de la somme des carts entre les
valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques organisationnelles et labsentisme
est significatif en 1998 aussi bien quen 2005, ceci malgr les variations subies par les
pratiques de GRH au cours de la priode 1998-2005. Ce rsultat intressant soutient, toutes
choses gales par ailleurs, la pertinence de lapproche configurationnelle par rapport la
possibilit de baisser labsentisme travers diffrents systmes de GRH tant quils sont
composs de pratiques de GRH complmentaires entre elles et avec les choix stratgiques des
tablissements.
339
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 8c
Effet de la complmentarit externe sur labsentisme des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
GRHI
Coefficient 2005
GRHA
-0.4201
GRHS
-0.9792
(3.83*)
GRHA
-0.4021
(15.09***)
GRHI
(36.27***)
GRHI
-0.5283
GRHI
-0.8194
-0.6283
(92.10***)
GRHS
(16.43***)
GRHA
Traject 5
GRHS
Systme de GRH
GRHS
Traject 4
GRHI
Coefficient 1998
GRHI
Traject 3
Systme de GRH
GRHS
Traject 2
GRHA
-0.7248
(39.86***)
GRHA
n.s
GRHI
-0.4023
(49.13***)
GRHS
n.s
GRHI
(36.71***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de : *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
2
340
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
retrouvs dans les tablissements et les valeurs thoriques de ces systmes. Dautre part, nous
avons intgr ces modles conomtriques le climat social comme variable dpendante
recode 0 dans le cas o il est peru comme pas calme, 1 lorsquil est jug calme ou trs
calme.
H 2.4 D. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans lorganisation
et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une stratgie daffaires
correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements franais.
Les rsultats de lanalyse conomtrique (cf. tableau 8d) indiquent, toutes choses gales par
ailleurs, que le climat social nest pas toujours amlior quelque soit le systme de GRH
adopt tant que celui-ci est adapt une stratgie daffaires adquate. On peut remarquer
selon les rsultats que le lien dans la majorit des diffrentes trajectoires entre la somme des
carts entre les valeurs des systmes de GRH retrouvs dans les tablissements et les valeurs
thoriques de ces systmes, en plus de la prise en compte de la somme des carts entre les
valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques organisationnelles et le climat social
nest pas significatif en 1998 aussi bien quen 2005, ceci malgr les variations subies par les
pratiques de GRH au cours de la priode 1998-2005. Ce rsultat ne permet donc pas de
soutenir les hypothses de lapproche configurationnelle par rapport la possibilit de rendre
le climat social plus calme dans les tablissements franais travers diffrents systmes de
GRH tant quils sont composs de pratiques de GRH complmentaires entre elles et avec les
choix stratgiques.
341
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Tableau 8d
Effet de la complmentarit externe sur le climat social des tablissements franais
Synthse de l'association dynamique
Trajectoires
Traject 1
GRHA
Systme de GRH
Coefficient 2005
GRHA
n.s
GRHS
1.6589
(51.18***)
GRHA
n.s
GRHI
n.s
GRHI
1.0721
GRHS
n.s
GRHA
1.5210
(33.63***)
GRHI
GRHA
Traject 5
GRHS
Coefficient 1998
GRHS
Traject 4
GRHI
Systme de GRH
GRHI
Traject 3
GRHI
GRHS
Traject 2
GRHA
GRHI
2.4963
(213.45***)
GRHS
n.s
(119.40***)
GRHI
1.9711
(168.48***)
Lecture : les toiles correspondent aux seuils de significativit du test de 2: *** pour 1 %, ** pour 5 % et *
pour 10% ; n.s. signifie que le coefficient est non significatif. Les valeurs du test de 2 sont mises entre
parenthses.
342
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Ces deux hypothses ont t ensuite dclines en un jeu dhypothses en raison du caractre
multidimensionnel retenu pour la notion de performance (cf. 3.3. Conceptualisation de la
performance, page 161). Les indicateurs de la performance qui ont t retenus pour les fins
343
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
de cette recherche refltent notre volont, qui sinscrit dans celle des chercheurs en gestion
stratgique des ressources humaines (GSRH), de dpasser les seules mesures financires de
celle-ci. Pour les rappeler, nous avons veill de slectionner trois dimensions de la
performance telles quelles sont nonces dans la littrature. Il sagit de labsentisme et du
climat social en tant quindicateurs de la performance sociale, de linnovation en tant
quindicateur de la performance organisationnelle et enfin de la rentabilit en tant
quindicateur de la performance conomique.
344
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
345
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Test
Valide
H 1.2 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera linnovation des
tablissements franais.
Valide
H 1.3 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera lindicateur
dabsentisme des tablissements franais.
Valide
H 1.4 : Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Valide
Valide
H 2.2. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des tablissements
franais.
Valide
H 2.3. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
Valide
H 2.4. Plus grande sera la similarit entre le systme de GRH retrouv dans
lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie une
stratgie daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des tablissements
franais.
Valide
346
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
A lissue des rsultats de cette premire tape consacre la vrification des effets simultans
des systmes de GRH sur la performance des tablissements de notre chantillon, nous
pouvons dire que ces rsultats soutiennent les prmisses de lapproche configurationnelle des
ressources humaines et confortent les rsultats des autres recherches dans ce domaine.
Bien que ces rsultats sont importants, ils demeurent nanmoins fragiles lintroduction de la
dimension temporelle. Le besoin de procder par une analyse longitudinale de la relation
GRH-performance a t exprim par les auteurs de la GSRH et constitue une critique majeure
des tudes antrieures dans ce domaine. La prochaine tape consiste rsumer les principaux
rsultats trouvs dans notre tude suivant une logique longitudinale.
Le but de cette tape danalyse explicative de la performance par les systmes de GRH tait
de vrifier si les associations synchrones dj dtermines au terme de lanalyse crosssectionnelle rsistent dans temps. Selon les rsultats de lanalyse conomtriques, les effets
des systmes de GRH sur les indicateurs de performance sont, toutes choses gales par
ailleurs, significatifs et durables dans le temps.
Les rsultats concernant la complmentarit interne des pratiques de GRH ont montr que
plus les tablissements franais veillent sur la cohrence des systmes de GRH dans le temps,
plus les effets sur la performance sont rsistants. En effet, Les tablissements qui minimisent
lcart dans le temps entre leur systme de GRH et le systme de GRH thorique sont ceux
qui maximiseront leur rentabilit conomique (2005 = 0.49, p<0.01). En mme temps, les
tablissements qui russissent minimiser dans le temps la distance entre lidal-type et leur
systme de GRH seront capables damliorer leur niveau dinnovation de manire durable
(2005 = 0.68, p<0.01).
En revanche, les hypothses relatives la performance sociale sont partiellement valides. Si
les rsultats ont indiqu que les tablissements qui veillent sur la complmentarit interne
dans le temps de leurs pratiques de GRH russiront rduire leurs problmes dabsentisme
347
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
(2005 = -0.63, p<0.01), ils nont montr aucun effet significatif durable des systmes de GRH
sur le climat social. Le climat social ne semble pas tre amlior long terme lorsque les
tablissements franais russissent rduire la distance entre leurs systmes de GRH et les
systmes de GRH thoriques. Ce rsultat peut sexpliquer par la difficult de prdire un
meilleur climat social par lunique complmentarit interne des pratiques de GRH, il existe
certainement dautres facteurs plus influents. Par exemple, la prsence syndicale et la
ngociation collective peuvent tre parmi les facteurs qui amliorent durablement le climat
social dans les entreprises (Laroche, 2002, 2004).
Dautre part, lestimation des liens longitudinaux entre la complmentarit externe des
pratiques de GRH et les indicateurs de performance a indiqu des rsultats significatifs sauf
pour linnovation. Ainsi, la performance conomique mesure par la rentabilit des
tablissements est durablement maintenue par des systmes de GRH cohrents en externe
avec la stratgie daffaire adopte. En effet, plus un tablissement est en mesure de rduire
dans le temps la distance entre les valeurs RH thoriques et les valeurs RH organisationnelles
ou empiriques, et plus ce dernier voluera dans un cadre stratgique cohrent, meilleur sera sa
rentabilit conomique (2005 = 0.63, p<0.01).
Les rsultats obtenus nont pas permis daffirmer lhypothse qui veut que les tablissements
qui minimisent dans le temps lcart entre leur systme de GRH et le systme de GRH
thorique, en plus adopteront des stratgies adquates, seront ceux qui maximiseront leur
niveau dinnovation. Lassociation simultane qui a t releve dans le cadre de lanalyse
cross-sectionnelle entre les systmes de GRH et linnovation na pas rsist lintroduction
de la dimension temporelle.
348
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
GRH et les systmes de GRH thoriques, en plus de la minimisation de lcart entre les
valeurs stratgiques thoriques et les valeurs stratgiques organisationnelles (2005 = 0.43,
p<0.01).
Au terme de cette seconde tape et compte tenu des rsultats de notre tude qui valident une
majorit des hypothses de recherche confronter aux donnes provenant des tablissements
franais (cf. tableau 10), nous pouvons soutenir que des systmes de GRH cohrents en
interne et en externe ont la capacit offrir une performance durablement soutenue. Ces
rsultats sont conformes aux prmisses des fondements thoriques mobiliss pour rpondre
notre problmatique. En effet, selon la thorie des ressources (Barney, 1991), des systmes de
GRH cohrents en interne sont porteur dun message ambigu que les concurrents ne peuvent
pas imiter. Dautant plus, selon Barney (1991), lavantage cre par un systme de GRH est le
fruit de long efforts, accumuls dans le temps. Autrement dit, les systmes de GRH sont
marqus par une forte dpendance de sentier , ne pouvant tre simplement copis ou
achets sur le march.
Dun autre ct, la complmentarit externe des pratiques de GRH avec la stratgie globale
des entreprises vue comme une source de performance durable est laboutissement de la
rflexion dans le domaine du comportement humain travers les travaux des thoriciens
bhavioristes (Schuler et Jackson, 1995, 2005). Selon ces auteurs, plus les entreprises veillent
sur la cohrence de leur stratgie RH avec la stratgie daffaire, plus cette cohrence permet
des comportements favorables soutenir dans le temps les rsultats conomiques de celles-ci.
Par ailleurs, nos rsultats convergent avec ceux des rares tudes dj effectues dans ce
domaine. Nous pouvons citer notamment les tudes de dArcimoles (1994, 1997), de Guest et
al. (2003) et de Wright et al. (2005). Les rsultats de ces tudes longitudinales ont soutenu la
capacit des systmes de GRH prdire des performances long terme. Seulement, il existe
un lger bmol dans la comparaison de leurs rsultats et ceux de notre tude. Si notre tude a
pouss au bout la vrification des hypothses de lapproche configurationnelle, en sappuyant
sur la mthode de lidal-type et en prenant en compte de la complmentarit interne et
externe des pratiques de GRH, les auteurs prcits nont fourni que des analyses partielles de
lapproche configurationelle en adoptant notamment la mthode des indices additifs de GRH
349
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
dans le cas de ltude de Wright et al. (2005), la mthode danalyse factorielle par Guest et al.
(2003), et des pratiques individuelles pour le cas de dArcimoles (1994, 1997).
Tableau 10
Synthse du test des hypothses de lanalyse longitudinale
Hypothses
Test
Valide
H 3.2 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH
retrouv dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleure sera
linnovation des tablissements franais.
Valide
H 3.3 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH
retrouv dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera
lindicateur dabsentisme des tablissements franais.
Valide
H 3.4 : Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH
retrouv dans lorganisation et le systme de GRH thorique, meilleur sera le climat
social des tablissements franais.
Non valide
Valide
H 4.2. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie
une stratgie daffaires correspondante, meilleure sera linnovation des
tablissements franais.
Non valide
H 4.3. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie
une stratgie daffaires correspondante, meilleur sera lindicateur dabsentisme des
tablissements franais.
Valide
H 4.4. Plus grande sera la similarit dans le temps entre le systme de GRH retrouv
dans lorganisation et le systme de GRH thorique, et plus cette dernire sera lie
une stratgie daffaires correspondante, meilleur sera le climat social des
tablissements franais.
Valide
350
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Causalit inverse
Selon plusieurs auteurs, tels que dArcimoles (1995), Le Louarn (2004), Guest et al. (2003) et
Wright et al. (2005), le maintien de la relation entre les systmes de GRH et la performance
pourrait rsulter dune causalit inverse o les entreprises les plus performantes disposent de
meilleurs indicateurs sociaux (systmes de GRH) qui conduisent par la suite une meilleure
performance future.
Cette hypothse a t vrifie par un certain nombre dtudes empiriques dont celle de Hiltrop
(1999) ainsi que celle de Paauwe et Richardson (1997). Ces auteurs ont trouv que le succs
des entreprises en termes de rsultats financiers levs et de croissance significative des parts
de march, a un effet positif sur la volont dinvestir dans les pratiques de GRH.
Deux autres recheches plus rcentes ont abouti des rsultats similaires. Il sagit des tudes
de Den Hartog, Boselie et Paauwe (2004) et de Schneider, Hanges, Smith et Salvaggio
(2003). Les premiers ont trouv que la rentabilit et la croissance des parts de march
produisent un effet positif sur la satisfaction et sur lengagement des salaris. Ces derniers
semblent adhrer aux objectifs de lentreprise et mieux percevoir la scurit de lemploi
permis par la bonne sant conomique et financire de lentreprise. Les seconds ont conclu
par les mmes propos que Den Hartog, Boselie et Paauwe (2004). Leurs rsultats ont indiqu
quune meilleure rentabilit des entreprises tudies a permi damliorer la satisfaction des
employs plus que cette dernire permet une amlioration de la rentabilit.
Toutefois, dans le cas de notre recherche et pour rpondre aux inquitudes des auteurs
351
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
soucieux au sujet de la causalit inverse, nos rsultats ont indiqu quune relation causale
existe entre les systmes de GRH et les quatre indicateurs de performance retenus pour les
fins de notre tude. Le sens de causalit a pu partiellement tre dtermin, comme nous
pouvons le voir dans le tableau 6, puisque le contrle de la performance de lanne 1998,
conformment la mthode prconise par Wright et al. (2005) et Guest et al. (2003), na pas
conduit leffritement en 2005 des corrlations entre les systmes de GRH et les
performances conomique (rentabilit), organisationnelle (innovation) et sociale (absentisme
et climat social).
La validit de nos rsultats est tire de leur cohrence avec dautres rsultats dj trouvs par
certains thoriciens tels que Koys (2001) et dArcimoles (1995), et praticiens tels que la
multinationale du conseil en GRH Watson Wyatt (2002), ceci malgr lexistence dun nombre
dtudes qui nont trouv aucun lien de causalit entre la gestion des ressources humaines et
la performance (voir dans ce domaine les tudes de Wright et al. (2005) et de Guest et al.
(2003)).
Bien que nos rsultats apportent une lumire dans la comprhension de la question de
causalit, ils nen constituent nanmoins quune rponse partielle. Ainsi, il est ncessaire de
rester modeste et relativiser la porte de nos rsultats au regard de la complexit de la
question. Selon Le Louarn et Wils (2001), le grand nombre dtudes qui continuent danalyser
le lien entre les pratiques de GRH et la performance sous langle des mthodes de corrlation
le font en tat de conscience que la corrlation ne signifie en aucun cas causalit. Cette
corrlation tablit au mieux des relations de covariance entre deux phnomnes, cest--dire,
quelle permet de remarquer quune variation de la GRH est associe une variation de tel
rsultats sans que lon puisse dire que lune cause lautre. Pourquoi donc ces chercheurs
continuent-ils dutiliser la corrlation en connaissant ses limites ? Le Louarn et Wils (2001)
estiment que la rponse cette question nest pas simple et ncessite une dmarche
mthodologique pour le moins complexe et impossible dans beaucoup dentreprise. En effet,
ces auteurs pensent que :
352
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
Au terme de cette premire partie des rsultats, nous pouvons constater que lensemble des
hypothses de ltude confrontes aux donnes de lenqute REPONSE a t valid. Ainsi,
nous pouvons affirmer que les systmes de GRH constituent un indicateur viable pour prdire
la performance durablement.
Toutefois, cette affirmation nest que partielle dans la mesure o lensemble des rsultats
fournis par la premire partie de lanalyse explicative relve dune dmarche statique et ne
prend pas en compte la dynamique des pratiques de GRH. Pour cela, nous avons apprhend
cette dynamique par une analyse des trajectoires de GRH prises par les tablissements de
notre panel entre 1998 et 2005. Ci-dessous un rappel de ces trajectoires :
353
Chapitre 3.Tests dans le temps de performance en fonction des systmes de GRH cohrents
savoir
la
performance
conomique
(rentabilit),
la
performance
354
CONCLUSION GENERALE
Le principal objectif de ce travail doctoral est dapporter une rponse aux divers
questionnements relatifs la capacit de la gestion des ressources humaines (GRH)
constituer un avantage comptitif durable pour les entreprises. Pour ce faire, nous avons
cherch tout au long de la phase explicative de notre recherche dvaluer les liens de long
terme qui existent entre la mise en place dune stratgie des ressources humaines, dfinie
comme un ensemble de pratiques de GRH complmentaires entre elles dune part, avec la
stratgie globale ou daffaires dautre part, et la performance des entreprises dans le contexte
franais. Un contexte o le regard envers le rle des ressources humaines est encore hsitant
car il nest pas compris. Ceci peut sexpliquer entre autres par la faiblesse du nombre des
travaux empiriques mens en France, comparativement nos voisins anglo-saxons. Ces
derniers approuvent lefficacit de la prise en compte des ressources humaines dans la prise
de dcisions stratgiques.
Au cours de cette conclusion gnrale, nous aborderons, dans un premier temps, les forces de
cette thse sous forme dapports thoriques et mthodologiques. Dans un deuxime temps,
nous dgagerons les faiblesses de la thse en relevant les limites la fois conceptuelles et
mthodologiques. Dans un troisimes temps, nous envisagerons, suite aux limites de la
recherche, certaines pistes dapprofondissement. Enfin, nous expliciterons les implications
managriales de notre travail.
Apports de la recherche
1. Apports conceptuels
355
Conclusion gnrale
littrature en gestion stratgique des ressources humaines (GSRH) et dviter une critique
assez frquente concernant labsence de rigueur dans la dfinition des concepts en gestion des
ressources humaines. Cependant, nous sommes certains que notre travail ne fait pas
lexception en la matire, mais nous insistons sur limportance accorde ce point.
Pour donner une consistance conceptuelle notre recherche, nous avons list en premier les
coles thoriques principales qui soutiennent la place centrale des ressources humaines dans
la vie des entreprises et la capacit de celles-ci fournir un avantage comptitif durable. Nous
nous sommes appuys ensuite sur les fondements de certaines de ces thories, en loccurrence
la thorie des ressources et la thorie bhavioriste, pour rpondre notre question de
recherche. Cela nous a permis de passer au-del des seules approches empiriques qui
reviennent dans la majorit des travaux en GSRH pour expliquer la relation SRHperformance.
356
Conclusion gnrale
Si la thorie base sur les ressources, retenue en tant que fondement de lapproche
configurationnelle des ressources humaines, est valide par nos rsultats, elle nest pas la
seule tre confronte aux donnes de notre recherche. Lhypothse relevant de la thorie
bhavioriste a galement t vrifie. Cette dernire soutient leffet positif des pratiques de
GRH cohrentes avec la stratgie daffaire sur la performance des organisations en permettant
notamment de mobiliser des comportements de la part des salaris qui seront favorables la
ralisation des objectifs fixs.
Les deux principes de complmentarit ou cohrence interne et externe ont t mobiliss dans
cette recherche non seulement pour valider les hypothses de lapproche configrationnelle et
ces fondements thoriques, mais aussi pour permettre douvrir la boite noire constitu par
la relation GRH-performance (Becker et Gerhart, 1996). Contrairement aux travaux
universalistes qui prnent un lien direct entre les pratiques de GRH individuelles et la
performance, lapproche configurationnelle indique que ce lien est indirect et obit la
logique de fit ou de complmentarit des pratiques de GRH entre elles et avec la stratgie
globale des entreprises.
Par rapport au renouvellement de la GRH, nous avons vu, travers lanalyse de son volution
dans le contexte franais, que les pratiques de GRH dite stratgique sont en progression. A
loppos, les pratiques de GRH dite administrative, parce quelle relve dune vision
traditionnelle de la gestion des hommes et des femmes, ont affich un net recul au cours de
ces dix dernires annes. Ce rsultat annonce, en effet, un renouvellement de la GRH, tel quil
est soulign par plusieurs auteurs anglo-saxons (Beer et al. 1984 ; Fombrun et al. 1984 ;
Guest, 1987, Ulrich, 1997) et francophones (Bayad, 2001 ; Gurin et Wils, 1991;
Fombonne, 2001; Peretti, 1990, 2006), dans une ralit qui dpasse la logique du discours.
Le seul bmol dans cette optique est lapparition dun troisime type de GRH dit hybride.
Cette nouvelle catgorie constitue le mixte des deux modles qui se situent au niveau des
deux extrmits du continuum. Selon les interprtations trouves dans la littrature, nous
pouvons dire que le modle de GRH hybride peut reprsenter une phase de transition o les
dirigeants et les responsables de RH sont ports sur des logiques de climat social, dquit et
de justice interne. Par consquent, ils nintroduisent le modle stratgique des ressources
357
Conclusion gnrale
humaines que de manire progressive. Une autre explication peut se former autour du
contexte de mise en place de cette GRH hybride. Selon une rcente tude de cas effectue par
Bichon (2006) sur Cap Gemini, le modle hybride de GRH peut tre adopt dans le cas des
entreprises faisant par exemple de la gestion des quipes de projets leur priorit
organisationnelle, en associant personnalisation de la relation demploi et travail collectif.
Au mme titre que Bichon (2006), nous pensons que le modle hybride peut associer des
pratiques de GRH qui visent la gestion des comptences, lindividualisation de la
rmunration mais galement la participation et le partage de linformation.
Nous considrons que les rsultats de notre recherche offrent une premire lumire sur cette
question en montrant que dans la relation SRH-performance, les systmes de GRH sont la
cause et la performance constitue leffet. Toutefois, il serait prtentieux de notre part
daffirmer rsoudre entirement la problmatique de causalit compte tenu de sa complexit.
358
Conclusion gnrale
A ce propos, certains auteurs, tels que dAveni (1994) et Lepak et Snell (1999, 2002), pensent
que lhypothse de systmes de GRH et de combinaison stratgie daffaires-systme de GRH
uniques comme source de performance est remise en question notamment par la dynamique
de lenvironnement. Autrement dit, bien que la cohrence interne dun systme de GRH et la
cohrence entre ce systme et la stratgie daffaires soient la source davantage comptitif,
celles-ci peuvent devenir un dsavantage si lentreprise continu les entretenir dans des
conditions changeantes (dAveni, 1994, Prahalad et Hamel, 1994). En effet, lentreprise ne
peut anticiper, par exemple, lobsolescence des comptences de ses salaris.
359
Conclusion gnrale
Pour contrer les variations environnementales, les auteurs prconisent aux entreprises dagir
sur leurs choix stratgiques qui influent sur le choix de la stratgie de GRH. La cohrence de
la stratgie de RH et de la stratgie daffaires doit conduire dvelopper la valeur des
comptences (Dierickx et Cool, 1989) et leur unicit (Prahalad et Hamel, 1994) pour
maintenir durablement lavantage comptitif et augmenter par consquent la performance.
360
Conclusion gnrale
Figure
La gestion des ressources humaines : vision dynamique
GRH administrative
GRH stratgique
Stratgie daffaires :
Gestion par les cots
Stratgie daffaires :
Stratgie de
diffrenciation
Facteurs structurels :
Petite taille
Secteur dactivit :
Industrie manufacturire
BTP, Transport
Services publics
Structure :
Mono-tablissements
Facteurs structurels :
Grande taille
Secteur dactivit :
Finance, Commerce
Services marchands
Structure :
Multi-tablissements
Environnement :
March local et rgional
Cotation en bourse : non
Environnement:
March international
Cotation la bourse : oui
GRH hybride
Stratgie daffaires :
Stratgie de focalisation
Facteurs structurels :
Taille moyenne et grande
Secteur dactivit :
Industrie manufacturire
BTP, Transport
Services marchands
Commerce
Structure :
Mono et multitablissements
Environnement:
March local et rgional,
national
Cotation la bourse : oui
361
Conclusion gnrale
2. Apport mthodologique
Dun point de vue mthodologique, nous avons pris le soin de choisir la mthode de lidaltype (cf. pages 178-183) considre comme la plus adapte aux concepts provenant de
lapproche configurationnelle. Par rapport aux mthodes frquemment utilises par les
chercheurs (grappes ou bundles, interaction,), la mthode des idaux types bnficie dun
certain nombre davantages que nous numrons ci-dessous :
- Lapproche de lidal-type suppose des effets synergiques dun pattern de variables
indpendantes sur la variable dpendante plutt que des effets additifs dfendus par les autres
approches multivaries.
- La relation entre les variables explicatives et la variable expliquer est plutt nonlinaire
que linaire (hypothse dfendue surtout par les approches bivaries).
- Lexistence de plusieurs possibilits pour atteindre le mme rsultat. Cest le principe
dquifinalit qui est oppos au principe dunifinalit suppos par les approches bivaries.
- La dviation par rapport un idal-type plutt quune simple classification qui ne permet
pas de distinguer les entreprises performantes de celles qui ne le sont pas.
Toutefois, cette mthode des idaux types non seulement elle est complexe, mais elle ne nous
permet de distinguer quune vision des choses. En outre, bien quelle puisse nous permettre
une investigation thorique pousse (Doty et Glick, 1994), elle prend moins en compte les
combinaisons non stratgiques (c--d prsentant un dcalage entre la stratgie daffaires et la
gestion des ressources humaines) qui se veulent, dans certains cas, trs efficaces (Bayad,
2001).
Limites de la recherche
Malgr les apports de cette recherche, qui sont dune aide prcieuse aux thoriciens des
sciences de gestion ainsi quaux praticiens, notamment les professionnelles de gestion des
ressources humaines dans la comprhension de la relation SRH-performance, elle nest pas
exempte dun certain nombre de limites.
362
Conclusion gnrale
363
Conclusion gnrale
perception. En outre, faire usage dchelles de mesure qualitatives suppose une homognit
de perception des rpondants. Or, quelles que soient les qualits pdagogiques de lenquteur
et du support, cette homognit nest pas garantie.
Ce constat peut cependant tre relativis lorsquil sagit des variables de GRH. Il est presque
impossible de demander le niveau exact dimplantation dune pratique de GRH. Les
rpondants lenqute REPONSE ont t donc amens prciser si une pratique de GRH est
implante chez eux ou pas. Bien que lutilisation dune mesure perceptuelle dans le cas de la
GRH soit justifiable, cette dmarche est peu fiable lorsquil sagit dindicateurs de
performance objectifs. Nous pouvons proposer un appariement de lenqute REPONSE avec
dautres enqutes contenant des donnes quantifiables dans les prochaines tudes (ex. base de
donnes DIANE), tout en tant conscients des difficults de cette opration qui peuvent
rsulter de la diffrence des niveaux danalyse.
364
Conclusion gnrale
au terrain par ltude qualitative peut lucider les points qui suscitent des soupons de la part
du chercheur. Selon Arcand (2000), une telle dmarche inductive ne peut que mener une
meilleure comprhension de la relation SRH-performance.
Prolongements de la recherche
En dpit des limites dont notre recherche souffre, celle-ci mrite un certain nombre de
prolongements, compte tenu de ses apports non ngligeables. Ces approfondissements sont
dordre thorique et mthodologique.
1. Prolongements thoriques
Dun point de vue conceptuel, il nous parait que les thories, choisies pour analyser le lien
dans la dure entre les systmes de GRH et la performance, en loccurrence la thorie des
ressources et la thorie bhavioriste, ne sont pas suffisantes. Leurs fondements sont jugs trop
statiques pour rendre compte de la dynamique de la relation entre les systmes de GRH et la
performance. La thorie des ressources, par exemple, tout en stant considrablement
dveloppe partir des annes 1990 (Koenig, 1999 ; Acedo et al. 2006), a laiss place de
nombreuses critiques et dbats acadmiques (Porter, 1991 ; Williamson, 1999) autour de son
caractre tautologique (Priem et Buthler, 2001), et de son oprationnalisation
mthodologique (Rouse et Daellenbach, 1999, 2002 ; Levitas et Chi, 2002, Gibbert, 2006 ;
Levitas et Ndofor, 2006 ; Spender, 2006).
Pour cela, nous envisagerons, dans la suite de cette recherche, de mobiliser des thories qui
peuvent renseigner sur la durabilit de la performance en lien avec lvolution des pratiques
de GRH. Parmi les courants thoriques qui nous inspirent, nous pouvons citer les thories
volutionniste (Nelson et Winter, 1982) et cologique (Hannan et Freeman, 1977). Ces
thories pourront nous expliquer comment la performance volue en fonction de la variation
de la GRH ; pourquoi il existe des entreprises avec une forte inertie de leurs pratiques de
GRH alors que leur environnement est en pleine mutation ; enfin, pourquoi il existe en
parallle dautres entreprises qui changent leurs systmes de GRH.
365
Conclusion gnrale
Dautre part, malgr que les tests de la relation SRH-performance taient bass sur des liens
indirectes et multivaries, en faisant appel, notamment, aux principes de complmentarit
interne des pratiques de GRH et de complmentarit externe entre ces pratiques et la stratgie
daffaires, pouvons-nous dire que lon a rsolu lnigme de la boite noire ? Il serait risqu
de notre part de prtendre avoir rpondu toutes les questions releves dernirement par les
auteurs de gestion stratgique des ressources humaines en disant que la question de la boite
noire est rsolue par notre seule tude. Parmi les approfondissements qui sont proposs dans
la littrature, et que nous adopterons dans nos prochaines recherches, nous retenons la
ncessit dintroduire des variables dites mdiatrices afin de comprendre les mcanismes
intermdiaires qui interviennent dans le lien SRH-performance (Becker et Gerhart, 1996). Il
existe un nombre important dauteurs qui appellent vrifier le rle des comportements, des
comptences des salaris, du capital social, des relations de travail, des groupes de salaris,
des contrats psychologiques, etc. (Batt et Moynihan, 2006 ; Collins et Smith, 2006 ; Datta et
al. 2005 ; Gardner et al. 2001 ; Guest et al. 2005 ; Lepak et Snell, 1999, 2002; Paauwe et al.
2001 ; Schuler et Jackson, 2005 ; Takeuchi, 2003 ; Wright et al. 2005, 2007).
Enfin, il semble que la gestion stratgique des ressources humaines constitue, dans les dbats
actuels, une nouvelle issue vers le dveloppement durable des entreprises. Plusieurs
ouvrages rcents ont dfendu le rle central dune gestion des ressources humaines
responsable dans le maintien long terme des performances organisationnelles
(dArcimoles et al. 2001 ; Igalens, 2004). En effet, la responsabilit sociale en matire de
gestion des ressources humaines dpendra de la capacit de la stratgie RH :
- Accrotre la productivit des organisations travers la comptence accrue des employs,
leur engagement et leur mobilisation,
- Rduire les cots associs aux mauvaises pratiques de gestion des ressources humaines, par
exemple les cots engendrs par le roulement de personnel, labsentisme, les problmes de
sant et de scurit et la dmotivation.
Ainsi, la responsabilit sociale en matire de GRH trouverait sa voie travers les modles de
gestion haute performance (high-involvement management practices, high-commitment
practices : appellation anglo-saxonne) ou aussi gestion mobilisatrice (dsignation
366
Conclusion gnrale
francophone). Ces modles de gestion des ressources humaines par lengagement misent
sur le dveloppement des comptences, le leadership, la motivation et la mobilisation du
personnel en vue doptimiser la flexibilit et la performance financire des organisations.
2. Prolongements mthodologiques
367
Conclusion gnrale
Deuximement, dans le souci de complter notre tude quantitative, il nous parait judicieux
de mener une tude qualitative. Une telle tude pourrait donner une profondeur aux rsultats
de lapproche quantitative. A ce propos, Chanal, Lesca et Martinet (1997), mais aussi
Mvellec (2000) (cits par Schmitt, 2007), soulignent que :
En effet, ltude qualitative aurait comme objectif de cerner de manire plus fine et
contextualise les lments du processus de prise de dcision stratgique. La comprhension
de ce processus pourrait nous renseigner sur le processus de mise en place dune stratgie des
ressources humaines depuis sa conception jusqu sa mise en oeuvre. Plusieurs auteurs dont
Wright et Haggerty (2005), Dyer et al. (1999) ont appel suivre cette dmarche pour
comprendre la contribution des systmes de GRH au succs des entreprises. Dans ce domaine,
certains chercheurs ont apport des arguments empiriques relatifs limportance du temps
dans la validation du rle des ressources humaines dans les performances des organisations.
Dans une tude internationale mene auprs de 70 directeurs de GRH, Dyer et al. (1999) se
sont interrogs sur le laps de temps quil faut pour mettre en oeuvre une politique de GRH. Ils
ont demand ces directeurs de supposer quun changement stratgique a eu lieu, et destimer
(a) le temps ncessaire pour la conception dune nouvelle stratgie de GRH et (b) le temps
ncessaire la mise en application de cette stratgie RH. Ces cadres ont fourni une valuation
moyenne de 9 10 mois pour la conception, et de 10 12 mois supplmentaires pour la mise
en oeuvre de la stratgie de GRH.
Il serait, notamment, intressant de procder pour complter nos rsultats par des
monographies qui replaceraient les choix des entreprises dans une perspective historique.
368
Conclusion gnrale
Implications managriales
Le dernier point de cette conclusion gnrale est consacr aux apports managriaux de notre
thse. Nous inscrivons ces apports managriaux dans l actionnabilit souhaite (Schmitt,
2007) des savoirs fournis par une recherche comme la notre.
Les rsultats de notre tude permettent aux responsables RH de soutenir auprs de leurs
dirigeants la capacit des politiques de GRH fournir un avantage comptitif durable aux
entreprises. En effet, les politiques de GRH, en formant une stratgie cohrente o celles-ci
agissent en complmentarit avec dautres, permettent de maintenir la performance des
entreprises le plus longtemps possible. Ainsi, le choix des entreprises ne sera plus limit des
systmes de GRH uniques, mais dpendra dune architecture de GRH.
Ainsi, il nest plus suffisant davoir des pratiques de GRH dites meilleures que celles des
concurrents pour aspirer une performance durable. Il suffit quun concurrent, qui na pas les
mmes pratiques supposes meilleures, arrive homogniser son action RH et la rendre plus
cohrente avec sa stratgie globale pour atteindre des rsultats conomiques meilleurs.
Par ailleurs, en dmontrant que la stratgie des ressources humaines permet damliorer la
performance des entreprises plusieurs niveaux, conomique, organisationnel et social, les
rsultats de notre recherche donnent aux directeurs des ressources humaines les moyens de
369
Conclusion gnrale
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