Texte 2, La Trahison
Texte 2, La Trahison
Texte 2, La Trahison
La Trahison
Intro + contexte :
- Texte tiré du début du roman.
Après leur rencontre à Amiens, les amants vivent une vie idyllique jusqu’à ce que l’argent
vienne à manquer. Dans la rue dans laquelle ils habitent, vit un fermier général, Mr de B. Peu
avant cet extrait, DG revient mais la servante tarde à ouvrir pour laisser Mr de B partir. Donc
DG a des soupçons mais reste aveuglé par l’amour. Il décide de revenir mais n’aborde par le
sujet avec M, malgré qu’il soit vu juste. C’est la première trahison de M, non remarqué par
DG.
Problématique :
Dans quelles mesures, le récit rétrospectif conduit non pas à une restitution brute des
faits mais à leurs reconstitutions théâtrales ?
Mouvements :
1) Mouvement de tension et d’inquiétude
2) La crise
3) Le dénouement en forme de coup de théâtre
Mouvement 1 :
- “air fort gai” : c’est un air forcé, car il a quand même eu des soupçons
- Le fait que la lumière est faible : Manon => pas nette, confirmé par les jeux
de regards
- “si”, et “peut être” = Trace de l’incapacité de DG à expliquer sa tristesse
- Adj “perfides” (trompeur) : mot clé du texte, ce mot n’a de sens que pour le
narrateur informé
Mouvement 2 :
- Scène larmoyante :
Champ lexical de la peine : “pleurer”, “soupirs”
Ponctuation expressive, interjection (“Ah Dieux !”)
- La crise de larmes et interrompu par un bruit (les gens qui montent dans l’escalier)
Mouvement 3 :
- Le dénouement se réalise par un coup de théâtre, marqué par la rapidité des actions
- Chute de ses hauteurs amoureuses caractérisé par la descente de son appart au sol
: “m’attendait en bas”
Conclusion :
Bien que l’extrait s’arrête ici, cet aveuglement amoureux va aller très loin, jusqu’à blâmer
Tiberge.
C’était la 1 des 3 trahisons de Manon et à chaque fois l’adjectif, “perfides” est utilisé
Dans cet extrait, on a bien remarqué les indécisions sur les pensées de Manon qui vont suivre
pendant tout le roman
TEXTE :
On nous servit à souper. Je me mis à table d’un air fort gai ; mais à la lumière de la
chandelle, qui était entre elle et moi, je crus apercevoir de la tristesse sur le visage et dans les
yeux de ma chère maîtresse. Cette pensée m’en inspira aussi. Je remarquai que ses regards
s’attachaient sur moi d’une autre façon qu’ils n’avaient accoutumé. Je ne pouvais démêler si
c’était de l’amour ou de la compassion, quoiqu’il me parût que c’était un sentiment doux et
languissant. Je la regardai avec la même attention ; et peut-être n’avait-elle pas moins de
peine à juger de la situation de mon cœur par mes regards. Nous ne pensions ni à parler ni à
manger. Enfin je vis tomber des larmes de ses beaux yeux : perfides larmes ! « Ah Dieux !
m’écriai-je, vous pleurez, ma chère Manon : vous êtes affligée jusqu’à pleurer, et vous ne me
dites pas un seul mot de vos peines ! » Elle ne me répondit que par quelques soupirs, qui
augmentèrent mon inquiétude. Je me levai en tremblant ; je la conjurai avec tous les
empressements de l’amour de me découvrir le sujet de ses pleurs ; j’en versai moi-même en
essuyant les siens ; j’étais plus mort que vif. Un barbare aurait été attendri des témoignages
de ma douleur et de ma crainte. Dans le temps que j’étais ainsi tout occupé d’elle, j’entendis
le bruit de plusieurs personnes qui montaient l’escalier. On frappa doucement à la porte.
Manon me donna un baiser ; et, s’échappant de mes bras, elle entra rapidement dans le
cabinet, qu’elle ferma aussitôt sur elle. Je me figurais qu’étant un peu en désordre, elle
voulait se cacher aux yeux des étrangers qui avaient frappé. J’allai leur ouvrir moi-même. À
peine avais-je ouvert, que je me vis saisir par trois hommes que je reconnus pour les laquais
de mon père. Ils ne me firent point de violence ; mais deux d’entre eux m’ayant pris par le
bras, le troisième visita mes poches, dont il tira un petit couteau, qui était le seul fer que
j’eusse sur moi. Ils me demandèrent pardon de la nécessité où ils étaient de me manquer de
respect ; ils me dirent naturellement qu’ils agissaient par l’ordre de mon père, et que mon
frère aîné m’attendait en bas dans un carrosse.