Victor Hugo Ecrit Après La Visite D'un Bagne
Victor Hugo Ecrit Après La Visite D'un Bagne
Victor Hugo Ecrit Après La Visite D'un Bagne
la littérature française. Sa vie est aussi un combat : engagé en tant que député puis pair de France,
exilé dans les îles anglo-normandes pour avoir contesté le coup d’Etat de Napoléon III, il
fait figure de défenseur du peuple. Il a lutté notamment pour l’éducation des enfants,
l’égalité hommes / femmes, l’abolition de la peine capitale. Son œuvre est marquée par l’idée
d’une grandeur sacrée et fondamentale de l’Homme : ce dernier peut toujours se racheter
et devenir meilleur, il n’est que le fruit d’une société à réformer constamment vers plus de
dignité,d’égalité, de respect. Notre société actuelle doit beaucoup à la réflexion et aux engagements
de cetauteur.
Présentation de l’œuvre :
L’œuvre que nous présentons a une dimension autobiographique : Hugo visite un bagne, une prison
et s’aperçoit que les bagnards qu’il croise sont plus victimes que réellement coupables. En effet,
faute d’une réelle éducation et parentale et scolaire, ces bagnards n’ont pas eu la chance de sortir de
leur misère et ont été entraînés malgré eux dans l’illégalité voire le crime.
Présentation de l’extrait :
Dans notre extrait, Hugo affirme que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture
permet àl’homme de devenir un véritable être humain, conscient du bien et du mal,
capable d’effectuer des choix moraux etciviques. IL relève donc de la société de permettre à
tous les individus d’avoir accès à l’éducation.
Problématique :
Comment Victor Hugo fait-il l’éloge de l’éducation ?
Dès le vers 8, Victor Hugo montre le caractère sacré de la lecture et de l'écriture avec la référence à
Dieu « Dieu, le premier créateur de tout ce qu'on écrit ». Il utilise également une métaphore
méliorative au vers 10 « les ailes de l'esprit ». Cette image qui est également développée aux
vers suivants (v11-12) montre que grâce à la lecture, les hommes peuvent s'élever
intellectuellement et moralement. Le vers 13, quant à lui, est une affirmation catégorique et
solennelle tout comme le premier vers. On remarque la sacralisation de l’école avec les deux
groupes nominaux « sanctuaire », « la chapelle ». Ces vers 8 à 13 vont donc s’inscrire en antithèse
avec les six vers précédents afin de montrer ce qu’apporte l’école et surtout l’alphabétisation des
individus.L’antithèse est marquée par l’emploi du vocabulaire de la lumière qui s’oppose au
vocabulaire de l’obscurité que nous avions relevé précédemment : « « s’éclaire », « humble lueur
», « la lampe en main ». On notera que ces références à la lumière évoluent en gradation montrant
ainsi l’évolution de l’enfant vers l’adulte éclairé et développé moralement et civiquement. Les
rimes sont par ailleurs éclairantes : « chapelle » / « épelle » montre le caractère sacré de
l’apprentissage de la lecture ; « cœur » / « lueur » fait un lien entre le développement affectif et la
lumière du savoir ; « livre » / « suivre »marque la voie qu’ouvre le livre dans la vie. Là encore on
retrouve les figures d’analogie, comme précédemment mais enopposition : on retrouve la métaphore
« l’alphabet contient sous chaque lettre une vertu ». C’est montrer que l’instruction n’est pas
simplement un assemblage de connaissances mais elle est morale « vertu », « humble
», « cœur ». Tous ces termes renvoient à la morale. L’instruction développe donc la
conscience morale de l’individu.Cette image est marquée aussi par l’innocence avec la
figure de l’enfant : « l’enfant », « au petit enfant », « le petitlivre ». Tout est marqué par
la petitesse, la fragilité, l’innocence. Il est le futur que l’on doit former et conduire. Victor Hugo en
appelle donc au lecteur et à la société avec l’emploi de l’impératif : « donnez », «
marchez ». Il montre que lasociété doit accompagner l’enfant dans sa scolarité et son éducation
morale. Elle en est responsable.
Victor Hugo reprend l’antithèse précédente en montrant à quoi conduit l’absence d’éducation. Au
champ lexical de la lumière, il oppose de nouveau l’allégorie de la nuit « La nuit
produit l’erreur ». A ceci s’ajoute un chiasme : le mot« erreur » est répété par deux fois
à la fin du premier hémistiche et à l’ouverture du deuxième, tandis que les mots « nuit »et «
attentat » se font écho à l’image du début de notre extrait où l’obscurité était associée au
crime. Hugo revient sur sa thèse selon laquelle c’est l’absence d’éducation qui est responsable de la
criminalité.Il montre ainsi que l’homme non éduqué n’est pas sorti de l’état de nature et
demeure une bête : « des hommes animaux », « tristes instincts ». Ce sont des êtres qui ne sont
pas devenus des hommes « têtes inachevées ». Il les compare à des aveugles avec le champ
lexical de la cécité « prunelles crevées », « aveugles effrayants » , « regard sépulcral » C e c h a m p
lexical évolue en gradation avec l’adjectif « sépulcral » qui renvoie à la
m o r t . L’ a b s e n c e d’éducation est la mort de l’homme. Notons la rime « inachevées » / « crevées
» qui renforce ce que nous venons de dire :l’individu non instruit est mort moralement,
psychologiquement et civiquement.Ces vers 14 à 19 développent tout un registre fantastique lié à
la peur et à l’effroi : c’est la présence de la « nuit », levocabulaire de la peur « effrayants » avec
une créature non humaine « des hommes animaux » présentant des problèmes physiques «
prunelles crevées » et étant liés à la mort « regard sépulcral
». Hugo cherche à faire peur en montrant comment on dénature les hommes quand on ne les
éduque pas. Comment on les envoie dans une mort symbolique qui préfigure leur mort
sociale et morale.
Conclusion
Victor Hugo montre ainsi tout ce que l’école peut apporter à l’individu quant à son épanouissement
intellectuel et moral.Il fait donc appel à la société pour faire de l’école une obligation,
une nécessité. Il montre ainsi que les individus non éduqués sont plus susceptibles de
s’écarter des voies de la citoyenneté et de la morale. Cette obligation de la
scolaritérelève d’une responsabilité de l’Etat, « c’est notre loi première ».Cette défense de
l’école sera constante dans l’œuvre de Victor Hugo.