Abouda - 2017 - Cahiers de Lexicologie

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 16

LE CONDITIONNEL EN FRANÇAIS : Statut,

typologie des emplois et signifié en langue


Lotfi Abouda

To cite this version:


Lotfi Abouda. LE CONDITIONNEL EN FRANÇAIS : Statut, typologie des emplois et signifié en
langue. Cahiers de Lexicologie, 2017, 2017-2 (111), pp.11-28. �halshs-03021024�

HAL Id: halshs-03021024


https://shs.hal.science/halshs-03021024
Submitted on 24 Nov 2020

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Copyright
LE CONDITIONNEL EN FRANÇAIS :
Statut, typologie des emplois et signifié en langue

Lotfi Abouda

[email protected]

LLL-UMR 7270, Université d’Orléans

Article paru dans Cahiers de lexicologie, n° 111, 2017 - 2, La sémantique en


France : un état des lieux (II), p. 11-28.

Eu égard à la complexité des questions que son étude soulève, on peut penser que le
conditionnel en français, comparé à d’autres formes verbales, reste relativement peu
étudié. Cela a certainement été le cas jusqu’aux années 1990, durant lesquelles nous
avons assisté à une véritable session de rattrapage (entre autres, Haillet 1995 &
1998, Abouda 1997, Gosselin 1999…), couronnée par l’apparition en 2001 d’un
ouvrage édité par Dendale & Tasmowski, qui, réunissant une vingtaine d’auteurs,
avait pour ambition d’offrir un panorama représentatif et actualisé des recherches
portant sur le sujet. Depuis, beaucoup d’autres études ont vu le jour (essentiellement
des articles ou chapitres d’ouvrages, mais aussi une monographie (Haillet 2002), et
de nombreuses thèses de doctorat).

Ce foisonnement, qui comportait son lot de redites, sans totalement faire


disparaître les points de désaccords, a permis des avancées descriptives et
explicatives, et contribué à structurer le débat autour de trois problématiques
essentielles, que la présente contribution cherchera à détailler, en présentant un état
des lieux des recherches sur le conditionnel qui se voudrait actuel sans ignorer les
contributeurs les plus marquants dans ce débat multiséculaire.

La première question concerne le statut grammatical lui-même du


conditionnel : s’agit-il d’une forme de l’indicatif ou d’un mode à part ? Si la quasi-
totalité des linguistes, suivis désormais par les grammaires de référence et les
institutions scolaires, considèrent aujourd’hui le conditionnel comme une forme de
l’indicatif, un retour sur cette question n’est pas inutile s’il permet de restituer les
failles méthodologiques passées, et dessiner les perspectives que son intégration au
sein de l’indicatif devrait désormais permettre (Abouda, 2016). L’inscription de
cette forme verbale dans son paradigme naturel, duquel elle tire une partie de ses
propriétés différentielles, joue en effet un rôle essentiel dans la description de ses
emplois et de leur articulation mutuelle et avec le signifié en langue.

Classique dans le champ de la temporalité, la deuxième question qui sera


abordée ici concerne les différents emplois (ou valeurs particulières) que peut
prendre contextuellement le conditionnel. Cette forme verbale, à l’instar de la
plupart des formes temporelles, est susceptible d’exprimer une multitude d’emplois
qu’il est question non seulement d’identifier, mais aussi de décrire à l’aide de
critères linguistiques, et de regrouper au sein d’un nombre réduit de classes
d’emplois partageant des propriétés linguistiques communes.

Or, la taxinomie des emplois aboutit à la question, tout aussi classique, qui
sera abordée à la fin de cette présentation, de leurs rapports mutuels, et du signifié en
langue supposé les subsumer. La recherche de ce signifié en langue, qui constitue la
quête de tous les modèles théoriques dans le champ de la temporalité et le terrain
privilégié de leur affrontement, représente désormais le défi actuel majeur.

1. Temps ou mode ?

Le terme conditionnel, dont on trouve les premières traces dans les


grammaires du XVIe siècle, s’est imposé face à une multitude d’étiquettes
concurrentes (optatif, suppositif, forme en –rais, forme en –rait, toncal futur…).
Consacré par la nomenclature scolaire de 1910, qui l’érigea par la même en mode à
part entière1, il figurera encore, malgré l’opposition de plusieurs générations de
grammairiens et linguistes, dans la liste des modes verbaux (en plus de l’indicatif,
du subjonctif et de l’impératif) dans la circulaire du 25 juillet 1975. Ce n’est que
dans la Terminologie grammaticale de 1997 (rééditée en 1998) qu’il apparaitra dans
la liste des temps de l’indicatif, sans autres commentaires. Discutée et tardive,
l’admission officielle du conditionnel au sein de l’indicatif s’est ainsi opérée sans
fanfare, à l’image du Bon Usage qui, édition après édition, envisageait de plus en
plus sérieusement l’idée, jusqu’à la 11e édition (1980) qui se contenta d’avouer son
peu de conviction2 à traiter le conditionnel comme un mode, avant d’admettre dans
la 13e édition :

Le conditionnel a longtemps été considéré comme un mode […]. Les linguistes


s’accordent aujourd’hui pour le ranger dans les temps de l’indicatif (1993 : § 859).

Etonnante sobriété, qui fait ostensiblement abstraction de l’opposition précoce de


nombreux linguistes au traitement du conditionnel comme un mode : Damourette &
Pichon (1911-1940), G. Guillaume (1929), R.-L. Wagner (1939)…), pour ne citer ici
que quelques-uns des plus illustres parmi les anciens. A l’appui du traitement du

1
Ainsi que le rappelle Wilmet (2001), l’adoption du terme conditionnel n’est pas neutre : elle
aboutira souvent, y compris pour les emplois les plus récalcitrants, à une quête éperdue d’une
supposée condition sous-jacente, et donc à affirmer la nature modale de la forme.
2
« C’est par tradition que l’on considère ici le conditionnel comme un mode. » (1980, § 1798, NB).
Cela n’empêchera pas Grevisse de reproduire en 1980 la même phrase que dans la 1 ère édition (1936 :
§ 599, p. 336) : « On distingue en français quatre modes proprement dits : l’indicatif, le conditionnel,
l’impératif et le subjonctif ».
conditionnel comme un temps de l’indicatif on dénombre essentiellement trois
types d’arguments : diachroniques, morphologiques et syntaxiques.

1.1. Arguments diachroniques

L’argumentation diachronique a concerné d’une part la genèse du


conditionnel, et, de l’autre, les configurations syntaxiques dans lesquelles il est
d’abord apparu.

Concernant le premier point, si, à quelques exceptions près, les historiens de la


langue s’accordent sur l’origine étymologique du conditionnel3, ils divergent sur la
manière d’interpréter la genèse de cette forme et sur le rôle qu’il conviendrait de lui
attribuer dans l’identification du statut catégoriel du conditionnel. Pour certains, le
conditionnel serait un temps de l’indicatif, au même titre que le futur, puisque les
deux formes sont issues selon un mécanisme morphologique similaire. Sauf que la
similitude des mécanismes de génération peut ne pas suffire à garantir
l’appartenance du conditionnel à l’indicatif, ne serait-ce que parce qu’on peut, à
l’instar d’Yvon (1951), regrouper futur et conditionnel au sein d’un mode qu’on
baptise suppositif…

Pour d’autres, la question ne pouvait être tranchée diachroniquement qu’au


niveau des emplois. S’ensuivit un débat opposant deux groupes de grammairiens,
cherchant chacun à identifier les attestations historiques les plus anciennes qui
viendraient appuyer ses vues. Ainsi, pour les uns, le conditionnel serait un temps
parce qu'il serait d'abord apparu dans les propositions subordonnées dans la
dépendance d'un verbe employé au passé. Il servirait à l'origine uniquement à
engager l'avenir par rapport à un moment du passé choisi comme repère et serait
initialement dépourvue de toute valeur modale. Ce n'est qu'à un stade plus avancé
qu'à cette valeur temporelle primitive se serait surajoutée une valeur modale,
d’abord hypothétique. Pour d’autres, au contraire, le conditionnel doit être considéré
comme un mode parce qu’il serait d'abord apparu dans les principales des phrases
hypothétiques avec une nuance modale, nette, de nécessité dans le passé. Pour eux,
l'emploi temporel ne serait apparu que plus tard, lorsque la nuance modale,
s'affaiblissant progressivement, aurait cédé la place à un résidu simplement
temporel, rendant ainsi possible l'apparition du conditionnel dans les subordonnées
dépendantes d'un verbe principal au passé.

Discutant en détail les arguments de chacune des deux approches, Wagner


finira par les renvoyer dos à dos, en refusant les termes du débat, voire la pertinence
elle-même de l’apport diachronique :

3
Le conditionnel est issu en roman de la périphrase du latin populaire composée de l’infinitif d’un
verbe et de l’auxiliaire avoir à l’imparfait (legere habebam = 'j'avais à lire').
Mais qu'on pose le type Se + impft indicatif.... forme en -rais comme contemporain
des origines de la langue, c'est-à-dire comme aussi ancien que l'emploi de la forme en
-rais en complétive dépendant d'un verbe principal au passé, et le problème change
dans sa donnée même. On n'a plus, en effet, à considérer la forme en -rais (forme de
création romane) comme le sujet d'une des plus étonnantes évolutions (de temps en
mode ou inversement) qui soit ; elle s'impose à nous, au contraire, sous les traits d'une
forme qui contenait en elle, de par sa nature même, la possibilité de deux emplois
parallèles. (1939 : 42)

Si le champ de la grammaticalisation – où l’on identifie la recatégorisation comme


l’un des mécanismes majeurs du changement grammatical – ne donnera pas raison à
Wagner, il nous semble nécessaire, à l’heure même où la numérisation de manuscrits
anciens remet au gout du jour la question de la datation des emplois du
conditionnel4, de nuancer comme lui l’importance de l’argumentation diachronique
dans l’identification du statut grammatical d’une forme.

1.2. Arguments morphologiques

Obnubilé par la morphophonologie de la défectivité et de la supplétion, le


champ de la morphologie post-structurale francophone, n’a pas contribué au débat
pourtant central sur le statut grammatical du conditionnel5. L’argumentation
morphologique avancée à l’appui de la nature temporelle de cette forme verbale est
en revanche omniprésente dans les grammaires et dans les études de sémantique
temporelle. On y défend une approche par ajout, qui consiste à voir dans la marque
du conditionnel la combinaison des morphèmes d’imparfait et de futur.

Au-delà de l’épineuse question du découpage morphologique des formes du


futur/conditionnel, qui divise les tenants de l’hypothèse compositionnelle et aboutira
à des conceptions irréconciliables du système verbal français6, l’argumentation
compositionnelle, aussi répandue soit-elle, n’est pas irréprochable. Non seulement,
contrairement à ce qui est souvent affirmé7, elle n’est pas déterminante (elle ne
garantit pas, ainsi que nous l’avons vu ci-dessus avec Yvon (1951), l’appartenance
du conditionnel à l’indicatif), mais en plus elle semble poser deux types de

4
Entre autres, Dendale (2014), Patard, Grabar & De Mulder (2015)…
5
Cette situation, qui pénalise tout autant le champ de la morphologie flexionnelle que celui de la
sémantique de la temporalité, est d’autant plus regrettable qu’il existe de nombreuses études portant
sur le système flexionnel du verbe français, mais, l’agencement des paradigmes y étant
essentiellement dicté par les variations de forme qui affectent le radical verbal, elles ne cherchent ni à
s’appuyer sur des hypothèses grammaticales existantes, ni à contribuer à en formuler de nouvelles.
Voir Abouda (2016).
6
L’enjeu est de déterminer le statut du /R/ : si tout le monde s’accorde à voir en lui une marque
commune au futur et au conditionnel, la question divise de savoir s’il s’agit du même /r/ que
l’infinitif. Voir Abouda (2016) pour quelques arguments en faveur de l’hypothèse d’un morphème
/R/ commun au futur et au conditionnel et distinct de celui de l’infinitif.
7
Ainsi Touratier (1996 : 38) « ne voit pas comment la combinaison de ces deux temps de l’indicatif
pourrait ne pas appartenir aussi au mode indicatif. »
problèmes. D’abord, le simple fait de voir dans le conditionnel la combinaison de
deux morphèmes temporels l’exclut paradoxalement du paradigme disjonctif de
l’indicatif, dans lequel sont censées s’opposer directement8 les différentes formes
temporelles appartenant à ce mode. Ensuite, considérer la marque du conditionnel
comme un morphème tout en y voyant la combinaison de deux autres morphèmes,
en plus d’interroger la notion elle-même de morphème (ne serait-il plus la plus
petite unité linguistique porteuse de sens ?), reviendrait à attribuer à cette forme
deux structures internes concurrentes. La plupart des traitements9 se satisfont de la
contradiction, en mettant en avant l’hypothèse de la compositionnalité quand il est
question du statut catégoriel du conditionnel mais sans la réinvestir au niveau
notionnel. Pourtant, il nous semble que l’hypothèse de la compositionnalité du
conditionnel n’est tenable que si elle est réellement prise au sérieux et que toutes ses
conséquences soient tirées sur les plans morphologique et sémantique10.

1.3. Arguments syntaxiques

Même si elle n’est pas totalement inédite, l’idée de rechercher des liens entre
structures syntaxiques et mode verbal n’a jamais, à notre connaissance, constitué une
véritable piste globale et systématique. Présente dans l’étude de l’impératif dont
l’absence de sujet phonologique a souvent été considérée comme un marquage
syntaxique, de celle de l’infinitif, notamment dans le paradigme génératif qui oppose
les phrases infinitives aux phrases « tensées », la piste syntaxique a surtout été
explorée à propos du subjonctif. Mais, loin de pousser à l’examen des paramètres
syntaxiques qui régissent l’apparition des autres modes, les contraintes formelles à
l’œuvre dans l’apparition du subjonctif ont très largement été vues comme un
handicap : depuis le XVIIIe siècle, la question, posée par de nombreux auteurs que
nous ne pouvons pas tous ici rappeler, était de savoir si le subjonctif, dont
l’apparition était jugé mécanique, pouvait encore être considéré comme un « vrai
mode »11. Or il suffirait d’opter pour une approche globale (examen de tous les
modes) et descriptive (et en tout cas sans présupposé sur les rapports mode-modalité
et forme-sens) pour se rendre compte que le lien entre structures syntaxiques et
mode verbal, loin de constituer une particularité du subjonctif, est une propriété
générale de tous les modes verbaux : il n’y a pas que le subjonctif qui soit

8
A moins d’élaborer une hypothèse supplémentaire, comme la bipartition des formes de l’indicatif…
Voir par exemple Damourette & Pichon et leur subdivision des temps noncaux et toncaux.
9
Avec des exceptions notables, en particulier Damourette & Pichon.
10
« D’un autre côté, ainsi que le note Dendale (2001 : 12), vouloir […] « annexer » [le conditionnel]
aux tiroirs de l’indicatif n’est pas non plus sans conséquences pour la conceptualisation du système
entier des temps verbaux. » Pour une proposition, voir Abouda (2016).
11
« Le subjonctif, écrira par exemple Lyons (1970 : 239), est rare en dehors des propositions
subordonnées, dans lesquelles son occurrence est en grande partie déterminée par le type de phrase
dont la proposition subordonnée est un constituant, par le choix d'un verbe principal particulier, par la
négation et par d'autres facteurs. [...] La question qui se pose alors est de savoir s'il est correct de
décrire le subjonctif français comme un mode.
obligatoire dans un certain nombre de structures syntaxiques ; les quatre autres
modes, y compris l’indicatif, possèdent également des structures syntaxiques
exclusives. L’hypothèse de la visibilité syntaxique des modes, qui prend
particulièrement son sens comparée à l’invisibilité des temps en syntaxe, nous a
ainsi permis (Abouda 1997) de réexaminer la question du statut grammatical du
conditionnel sur la base de critères syntaxiques. Or les données nous semblent
particulièrement parlantes : non seulement le conditionnel ne possède aucune
structure syntaxique exclusive, mais en plus il est systématiquement remplaçable par
au moins une autre forme de l’indicatif. En bref, le conditionnel n’apparaît que dans
les structures qui admettent l’indicatif, et ne peut donc pas être considéré comme un
mode distinct.

2. Les emplois du conditionnel et leur classement

2.1. Relevé des emplois

2.1.1. Le conditionnel en emploi temporel

Avec cet emploi, on assiste à « la représentation du procès comme ultérieur à


un repère passé, à un moment antérieur au « maintenant » du locuteur » (Haillet,
2002 : 19). Le repère passé apparaît généralement dans une principale (dont le verbe
est conjugué à un temps du passé) régissant une subordonnée au conditionnel, très
souvent à la forme simple (dit conditionnel présent), plus rarement12 à la forme
complexe (dit conditionnel passé) :

(1) Elle avait dix-huit ans, j'en avais onze. Et on me disait que je finirais comme
elle.

(2) Je me disais que j’aurais fini ce travail avant la fin de la semaine.

Le conditionnel temporel peut également se rencontrer dans une phrase


syntaxiquement indépendante, mais le contexte permet de restituer le repère passé à
partir duquel le procès est envisagé (cas typique du discours indirect libre) :

(3) Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun, elle l'appellerait Georges.

Ce futur envisagé depuis un point du passé reste, propriété souvent soulignée dans
les différents travaux, indéterminé par rapport au présent du locuteur, qu’il peut
précéder, suivre ou lui être concomitant13.

12
Abouda (1997a) et Haillet (2002) pointent la rareté des exemples attestés au conditionnel composé
en emploi temporel.
13
C’est, selon Wilmet (2001 : 33), cette indétermination chronologique du procès au conditionnel par
rapport à t0, qui a privilégié la prolifération de modalités et « la tentation consécutive d’ériger le
COND en mode… »
2.1.2. L’emploi hypothétique

Dans cet emploi, le procès au conditionnel est représenté « comme imaginé en


corrélation avec un cadre hypothétique » (Haillet, 2002 : 12), qui donne ce procès
comme « non intégré à la réalité du locuteur » (ibid.). En plus du contexte
syntaxique privilégié de phrases hypothétiques en si p, q, ce type d’emploi se
rencontre dans de nombreux autres contextes (voir Abouda 1997a : 432 sq. pour un
relevé sur corpus) :

(4) Si notre concurrent se retirait, tout le monde comprendrait qu'il préfère l'abandon
à la défaite.

(5) Si les musulmans nous avaient donné leurs filles en mariage, le Maghreb serait
devenu un autre Brésil.

2.1.3. L’emploi « journalistique »

Ce type d’emploi peut être illustré ici par les énoncés suivants :

(6) Selon ces témoignages, le nombre des victimes se situerait entre cinq mille et
sept mille personnes [...].

(7) Ils sont soupçonnés de complicité dans l'attentat. Ils auraient tenté de tuer
l'officier le 15 décembre dernier.

Confondant la valeur d’une forme avec son contexte d’apparition, l’étiquette


grammaticale journalistique a souvent été critiquée par les linguistes, qui lui ont
préféré différentes appellations alternatives (conditionnel de la rumeur, de
l'information incertaine, de l'information empruntée, de l’altérité énonciative, de
non-prise en charge, de citation…). Ces divergences terminologiques reflètent des
désaccords de hiérarchisation entre les différentes propriétés typiques que la plupart
des travaux s’accordent à attribuer à ce type d’emploi, et que Gosselin (2005 : 175)
synthétise ainsi :

a) on le rencontre dans des discours assertifs visant à transmettre de l’information ;

b) l’information assertée est empruntée à une source différente du locuteur ;

c) elle n’est pas prise en charge par le locuteur ;

d) elle est présentée comme incertaine ;

e) le caractère incertain de l’information est tenu pour provisoire (on en attend une
confirmation).
Pour Haillet, ces emplois sont paraphrasables par un présent (pour le conditionnel
simple) ou un passé composé (pour le conditionnel composé) auxquels il convient
d’adjoindre un marqueur de non-prise en charge de type « paraît-il » ou « dit-on ».

2.1.4. L’emploi atténuatif

Conditionnel de politesse, selon l’expression de nombreux grammairiens, cet


emploi permet au locuteur d’affirmer avec « moins de brutalité » une proposition
qu’il prend en charge. Il se rencontre souvent à la première personne du singulier des
verbes volitifs ou déclaratifs (notamment dire) :

(8) J'aimerais que l'on honore un peu plus les enseignants plutôt que toujours les
morigéner.

(9) Il y a aussi un parti pris esthétique : je voudrais pouvoir exercer ma profession


hors du temps, de la mode, des courants.

(10) L'Express : - Seriez-vous, finalement, optimiste ?


Léotard : - Je dirais plutôt confiant, car je n'aime pas le mot optimisme.

Les linguistes, qui s’accordent généralement à refuser à l’emploi atténuatif le statut


de classe d’emploi autonome, divergent concernant la classe appropriée d’emploi à
laquelle il convient de le rattacher. Ainsi, dans le cadre d’une approche
polyphonique assez comparable, Abouda (2001) et Haillet (2002) le rattachent à
l’emploi « journalistique », tandis que Korzen & Nolke (2001) proposent de le
rattacher à la classe des emplois hypothétiques (hypothèse qui concerne en
l’occurrence l’énonciation ou le dire).

2.1.5. Autres emplois

Plus marginaux et donc moins systématiquement relevés, de nombreux autres


emplois sont répertoriés dans les grammaires, dont nous ne ferons ici, faute de place,
qu’illustrer certains :

(11) Emploi polémique


Le ministre de l'intérieur feint de comprendre que j'aurais attaqué le comportement
de la police comme institution et mis en cause d'une manière générale les policiers
eux-mêmes.

(12) Emploi ludique


Si tu veux, on va jouer au mari et à la femme. Alors, comme ça s'rait l'samedi, je
rentrerais saoul.

(13) Conditionnel de l'illusion


On se serait cru au fond de la Chine.
(14) Conditionnel de l'interrogation rhétorique
Quelle étrange idée ! je n'ai pas envie de me remarier. Jacques non plus. Alors
pourquoi divorcerions-nous ?

Lorsqu’ils sont identifiés sur plan strictement descriptif, la plupart de ces emplois
sont rattachés à l’un ou l’autre des emplois canoniques présentés ci-dessus14.

2.2. Typologies des emplois du conditionnel

Le travail descriptif qui consiste à relever scrupuleusement les emplois, « au


ras de leur effet », s’il est nécessaire, ne peut constituer chez le linguiste qu’une
simple étape dans un processus complexe visant à identifier la valeur en langue d’un
marqueur donné. Ainsi que l’écrit Dendale (2001 : 12-13),

[e]ntre la petite dizaine d’effets de sens auxquels se prête le conditionnel et son sens
unique en langue il y a un nombre limité d’emplois qu’on pourrait qualifier de
canoniques. Il s’agit en fait de classes d’emplois qui constituent une première
abstraction à partir des nombreux effets de sens que le conditionnel peut générer.

Dans ce processus, le regroupement typologique entre différents emplois est une


question aussi bien pratique que théorique : s’il est évident que les différentes
occurrences d’un même emploi doivent avoir des traits communs, la pertinence elle-
même de ces traits doit être constamment interrogée, non seulement par rapport aux
emplois et leurs occurrences, mais aussi par rapport à la valeur en langue de la forme
en question. On comprend mieux ainsi que le débat soit ici particulièrement animé.

Les emplois du conditionnel ont connu différents regroupements typologiques,


dont le plus ancien, et sans doute le plus répandu, oppose l’emploi temporel à la
grande famille des emplois dits modaux. Cette bipartition a abouti, nous l’avons vu,
au questionnement concernant le statut grammatical lui-même du conditionnel. En
cause la richesse sémantique de ses emplois et leur ambivalence vis-à-vis du dogme
de la dichotomie exclusive Temps/Mode, selon laquelle « ce qui est temporel ne
saurait être modal, et réciproquement » (Gosselin, 2010 : 73). Mais, vestige d’un
débat ancien, cette bipartition traditionnelle sera abandonnée par les linguistes, qui
lui préféreront différentes répartitions alternatives. Le cadre ne permettant pas de
toutes les exposer, nous faisons le choix de présenter ici brièvement deux exemples
de classification, illustrant chacun un type de démarche, i.e. la bipartition
onomasiologique de R. Martin (1983) et la tripartition sémasiologique de P. Haillet
(2002).

14
Par exemple, Abouda (2001) rapproche l’emploi polémique de l’emploi journalistique, et Haillet
(2002) rapproche le conditionnel de l’interrogation rhétorique du conditionnel d’altérité
énonciative…
La subdivision bipartite proposée par R. Martin (1983) est fondée sur les deux
notions qu’il a forgées d'univers de croyance et de mondes possibles. « On appellera
"univers de croyance" ou "univers", écrit-il (1983 : 36-37), l'ensemble indéfini des
propositions que le locuteur, au moment où il s'exprime, tient pour vraies ou qu'il
veut accréditer comme telles. » Quant à la notion de mondes possibles, elle est
définie (op. cit. : 32) comme « l'ensemble des mondes alternatifs du monde m0 de ce
qui est, ces mondes ne différant de m0 que par une proposition ou un ensemble de
propositions qui s'y trouvent non vérifiées. »
A l'aide de ces notions, il distingue pour le conditionnel, qu’il considère comme un
temps systématiquement corrélatif, deux grandes classes d'emplois : (i) le
conditionnel des mondes possibles (noté cond.m) qui se rencontre dans la corrélation
avec si hypothétique, explicite ou non, ou dans des structures équivalentes, et (ii) le
conditionnel de changement d’univers (noté cond.U) qui correspond aux cas où le
locuteur ne prend pas (ou pas entièrement) en charge ce qu’il dit. C’est dans cette
dernière classe que se trouvent rangés tous les emplois non-hypothétiques du
conditionnel, et notamment le conditionnel temporel (lié à l'emploi de la conjonction
que ou au si interrogatif « éventuellement effacé[e]s » dans le DIL) et le
conditionnel de l'information incertaine dans lequel le passage de U à U' (un autre
univers de croyance) « s'opère soit par une mention explicite (Selon l'AFP ..., pour
l'Agence Reuter...), soit par le simple fait qu'on se trouve en contexte
journalistique » (op.cit. : 137).
Au-delà des difficultés classiques, liées à toute classification, a fortiori lorsque
celle-ci est onomasiologique15, les propositions de Martin semblent poser deux types
de problèmes théoriques. D’abord, les deux notions de mondes possibles et
d’univers de croyance, même si elles ont été appliquées à d’autres phénomènes
linguistiques, nous paraissent, sinon ad hoc, du moins un peu trop spécifiques à
certains phénomènes, sans liens systémiques, là où les formes verbales font système.
Ensuite, l’exercice qui consiste à chercher une condition sous le conditionnel, en
plus de reprendre avec des termes nouveaux l’essentiel d’une argumentation
grammaticale classique, peut paraître artificiel, incontrôlable, et dénué de tout
pouvoir descriptif. Or la restitution de la supposée condition sous-jacente joue un
rôle central dans le modèle de Martin. C’est par ce biais que le cond.m héritera de
l’emploi atténuatif comme dans Je voudrais parler à M. le directeur (via la
restitution d’une hypothétique sous-jacente de type s’il m’était permis…), du
conditionnel de l’illusion comme dans On dirait mon grand-père (si on ne savait
pas), du conditionnel de demande ou de mise en garde comme dans Tu pourrais être
poli (si tu le voulais)…

15
Outre les emplois intermédiaires, qui pourraient indifféremment appartenir à l’une ou l’autre des
deux classes, certains emplois n’entrent naturellement dans aucune d’entre elles, malgré leur « grande
banalité », ainsi que le reconnaît Martin lui-même (1983 : 147).
Frappé par la fréquence de l’emploi du conditionnel dans le discours
journalistique, Haillet propose d’en faire une classe d’emplois distincte, au même
titre que le conditionnel temporel et le conditionnel hypothétique. Basant son étude
sur un corpus conséquent, il s’emploie à repérer les caractéristiques linguistiques des
occurrences observées, et parvient à proposer une division tripartite des emplois,

fondée sur l’application, à l’ensemble des exemples du corpus témoin, de procédures


formelles visant à décrire – en termes de substitutions possibles – l’interprétation de
chaque occurrence attestée du conditionnel, et à esquisser une typologie des
circonstances (contexte et/ou situation) qui favorisent l’attribution, à chaque emploi
du conditionnel, d’un sens donné. (1995 : 239).

Rigoureuse sur le plan théorique (il s’agit de classer les contextes d’apparition d’un
marqueur identique dont seule l’interaction avec le contexte permet à l’une de ses
trois valeurs d’émerger), la tripartition proposée par Haillet est fondée sur des tests
formels clairement explicités, qui prennent la forme de paraphrases qu’autorisent ou
excluent les occurrences du conditionnel :

- le conditionnel temporel est paraphrasable par allait + infinitif ;


- le conditionnel de l’altérité énonciative est paraphrasable par un présent ou
un passé composé, auquel on adjoint un marqueur de distance de type
paraît-il ;
- présence (ou possibilité de reconstruction) d’un cadre hypothétique en si ou
même si pour le conditionnel d’hypothèse.

La division tripartite défendue par Haillet, et admise depuis chez la plupart des
auteurs, constitue sans conteste une avancée descriptive qui permet d’aborder sur
des bases solides la question de l’invariant en langue.

3. Vers l’identification d’un signifié en langue

Une fois admise la tripartition des emplois du conditionnel – et le rattachement


qu’elle implique de chaque emploi à l’une des trois classes établies – s’ouvre la
perspective de l’identification de son invariant sémantique. Il s’agit d’une question
particulièrement délicate en ce qu’elle doit satisfaire à des exigences a priori
contradictoires : donner au conditionnel une signification suffisamment abstraite qui
subsume tous les emplois identifiés, tout en évitant de le « vider presque
intégralement de [sa] signification » (Gosselin, 2010 : 114) pour pouvoir calculer ses
effets de sens en contexte et lui laisser une valeur oppositive qui le distingue des
autres marqueurs aspectuo-temporels. Cette dernière exigence cristallise l’essentiel
du débat actuel parce qu’elle est directement tributaire à la fois du modèle théorique
défendu et de la vision globale du système verbal (en particulier de l’indicatif)
qu’elle sous-tend. Au risque de schématiser quelque peu, ne serait-ce que parce que
de nombreux auteurs combinent plusieurs démarches, nous suivrons ici Brès (2010)
pour ranger les travaux actuels sur le conditionnel en trois grandes familles
d’approches : modale, aspectuo-temporelle et polyphonique (dialogique pour
certains).
Pouvant qualifier toute démarche qui privilégie l’emploi hypothétique du
conditionnel au détriment des autres emplois qu’elle cherche à les lui rattacher via
des mécanismes de restitution de conditionnelles sous-jacentes, l’approche modale,
discutée à plusieurs reprises dans les sections précédentes, semble aujourd’hui en
perte de vitesse, en dépit de certaines tentatives récentes.
Plus explorée, la piste temporaliste tente, dans le prolongement du débat concernant
le statut grammatical du conditionnel, de tirer les conséquences de son intégration
dans le système indicatif en fondant ses analyses sur la composition morphologique
de cette forme qui associe la marque du futur à celle de l’imparfait. Mais là s’arrête
le consensus, puisqu’on peut identifier au sein de cette famille au moins trois types
de paradigmes explicatifs : en plus de l’approche guillaumienne où le conditionnel
est vu comme un futur hypothétique, qui semble actuellement délaissée (y compris
par nombre de guillaumiens… voir, pour une présentation critique, Brès 2010), il
existe deux autres types d’approches ayant en commun d’attribuer un rôle explicatif
central à l’imparfait. Sauf que les uns (entre autres Gosselin et Wilmet), y voyant un
temps de passé, considèrent le conditionnel comme un ultérieur du passé (approche
A), et tentent de calculer ses différents emplois à partir de ses propriétés aspectuo-
temporelles, tandis que les autres (entre autres Abouda et Vetters), considérant dans
le sillage de Damourette & Pichon que l’imparfait est le temps du non-actuel, voient
le conditionnel comme l’ultérieur d’un espace énonciatif autre, qui se distingue, par
l’une au moins de ses coordonnées, de la deixis <Moi, Ici, Maintenant> (approche
B).

Le débat se trouve ainsi déplacé vers l’imparfait, et engage en réalité la


conception sous-jacente que les uns et les autres se font du système temporel dans
son ensemble, ce qui rendrait extrêmement périlleux toute tentative de bilan critique
précis de ces approches. Contentons-nous de préciser que si ces deux approches se
heurtent à des problèmes descriptifs comparables souvent liés à la difficulté à
proposer pour chaque emploi une combinaison naturelle et économique entre le trait
d’ultériorité et celui, respectivement, de passé ou de non-actualité, leur adéquation
descriptive varie en fonction des emplois. Par exemple si l’approche A a du mal à
conserver le trait [+passé] pour le conditionnel ludique, l’approche B a du mal à
justifier l’ultériorité du conditionnel journalistique16

16
Seul moyen de distinguer les emplois du conditionnel de ceux de l’imparfait, le trait d’ultériorité
est fondamental pour cette approche. Des solutions empruntées à l’approche concurrente sont
Mais les problèmes rencontrés par ces deux approches sont également théoriques.
On a pu ainsi reprocher à l’approche B sa trop forte puissance et son caractère non-
falsifiable, sans oublier la critique émise par Brès qui rappelle (2010 : 213) que le
conditionnel italien s’est construit non sur l’imparfait mais sur le prétérit « qui n’a
rien de toncal et ne saurait être dépourvu de l’instruction [+ passé] »… Concernant
l’approche A, s’il convient, dans ce bilan rapide, de réserver une place à part au
modèle de Gosselin, qui nous semble actuellement le mieux armé pour intégrer, avec
un coup raisonnable et au sein d’un modèle global cohérent, la plupart des emplois,
nous rappelons que le conditionnel demeure dans ce modèle la seule forme
temporelle simple de l’indicatif qui nécessite le recours à deux intervalles de
référence distincts. Nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette singularité
est, sur le plan théorique, problématique, et ne permet pas en tout cas d’écarter avec
sérénité l’hypothèse adverse selon laquelle la structure du conditionnel n’aurait de
spécifique que le double marquage phonologique de deux morphèmes qui coexistent
dans tout le paradigme de l’indicatif. Ce qui relance à nouveau le débat concernant
la conception globale du système temporel de l’indicatif…

Vu le nombre d’études initiées dans le cadre de la théorie polyphonique (Korzen et


Nølke, Haillet, Abouda, Kronning… sans compter les dialogistes17 qui, après avoir
étendu leur investigation à l’intérieur de l’énoncé, finiront par reconnaître
l’existence de marqueurs dialogiques grammaticaux), on peut croire que quand on
travaille sur le conditionnel, la polyphonie vient comme une panacée. Malgré la
diversité de ces travaux, qui combinent souvent l’approche polyphonique avec
l’approche modale et/ou l’approche temporelle, ils ont pour point commun
d’admettre l’existence d’un énonciateur (ou point de vue) distinct du locuteur à
partir duquel le procès au conditionnel est envisagé. Si la piste polyphonique offre
de nombreux avantages (en plus de s’insérer dans un cadre théorique qui a fait ses
preuves dans l’étude d’autres phénomènes linguistiques, le calcul des différents
emplois s’opèrent aisément et avec élégance), nous ne pouvons qu’être d’accord
avec Brès (2010 : 216) quand il affirme à propos de ces approches qu’elles « ne
s’appuient pas (ou très peu) sur la morphologie, et donc ne disposent pas le
conditionnel par rapport aux autres temps de l’indicatif ». Nous avions émis ce type
de critique à propos des notions de mondes possibles et d’univers de croyance, et
rien ne permet de penser qu’elle serait moins pertinente ici.

envisageables. Par exemple, pour le conditionnel journalistique, la solution peut venir de Gosselin,
qui, insistant sur le caractère provisoire de l’incertitude liée à l’information (en attente de
confirmation), note (2005 : 185) que « ce n’est pas son actualisation elle-même qui se trouve retardée,
mais sa confirmation (qui constitue le passage, envisagé d’un point de vue épistémique, du possible
à l’irrévocable) ».
17
Brès (2009) & (2014).
En rupture avec des conflits antérieurs entre écoles théoriques, le débat initié depuis
les années 2000, en plus d’avoir permis des avancées certaines (une quasi-unanimité
concernant le statut grammatical du conditionnel, un large consensus sur la
tripartition de ses emplois avec de nombreux travaux qui cherchent à rattacher les
autre emplois à l’une ou l’autre des trois classes…), prend la forme d’un échange
technique et apaisé autour d’un nombre réduit de problématiques, même si elles
s’avèrent particulièrement difficiles (en particulier autour de l’imparfait). Il nous
semble qu’une solution est à portée de main, qui articule l’approche polyphonique à
une vision globale et cohérente du système temporel de l’indicatif.

Lotfi ABOUDA
Université d’Orléans
[email protected]

Bibliographie

ABOUDA Lotfi (1997) : Recherches sur la syntaxe et la sémantique du conditionnel


en français moderne, Thèse de doctorat, Université Paris 7.
ABOUDA Lotfi (2001) : « Les emplois journalistique, polémique, et atténuatif du
conditionnel. Un traitement unitaire, in P. Dendale & L. Tasmowski (éds.), p.
277-294.
ABOUDA Lotfi (2016) : « Conséquences morphologiques du traitement du
conditionnel comme un temps de l'indicatif », Actes du 5e Congrès Mondial de
Linguistique Française, SHS Web of Conferences, 27 (2016) 15001.
BRES Jacques (2009) : « Dialogisme et temps verbaux de l'indicatif », Langue
française, 163, p. 21-39.
BRES Jacques (2010) : « Le conditionnel n’existerait pas, il faudrait l’inventer… »,
in Álvarez Castro, Camino / Bango de la Campa, Flor Mª / Donaire, María
Luisa (éds), Liens linguistiques. Etudes sur la combinatoire et la hiérarchie
des composants, Collection « Sciences pour la Communication », Vol. 90,
Peter Lang, p. 201-225.
BRES Jacques (2014) : « Dialogisme, médiativité : le jeu dialogique du futur et du
conditionnel français dans le marquage d’une source indirecte par ouï-dire et
par conjecture », in J.-C. Anscombre, E. Oppermann-Marsaux, A. Rodriguez
Somolinos (éds.), Médiativité, polyphonie et modalité en français : études
synchroniques et diachroniques, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, p. 19-34.
DAMOURETTE Jacques et PICHON Edouard (1911-1936) : Des Mots à la pensée :
essai de grammaire de la langue française, tome 5, Paris, éd. Artrey, 1970.
DENDALE Patrick (2001) : « Les problèmes linguistiques du conditionnel en
français », in P. Dendale & L. Tasmowski (éds.), p. 7-18.
DENDALE Patrick (2014) : « Le conditionnel de reprise : son apparition en français
et son traitement dans les grammaires du XVIe au XXe siècle », in
Oppermann-Marsaux, Rodriguez, Anscombre (éds.) : Médiativité, polyphonie
et modalité en français : études synchroniques et diachroniques, Presses
Sorbonne nouvelle, p.243-260.
DENDALE Patrick et TASMOWSKI Liliane (éds). (2001) : Le conditionnel en
français, Metz, Université de Metz / Paris, Klincksieck, Collection
'Recherches Linguistiques’, n° 25.
GOSSELIN Laurent (1999) : « La valeur de l’imparfait et du conditionnel dans les
systèmes hypothétiques », Cahiers Chronos, 4, p. 29-51.
GOSSELIN Laurent (2005) : Temporalité et modalité, Bruxelles, Duculot-de Boeck.
GOSSELIN Laurent (2010) : La validation des représentations. Les modalités en
français, Amsterdam-New York, Rodopi.
GREVISSE Maurice (1980/1993) : Le Bon Usage, 11e/13e éditions, Bruxelles, De
Boeck-Duculot.
GUILLAUME Gustave (1929) : Temps et verbe, Paris, Honoré Champion.
[Réimprimé en 1965].
HAILLET Pierre-Patrick (1995) : Le conditionnel dans le discours journalistique :
essai de linguistique descriptive, Neuville, Québec, Bref.
HAILLET Pierre-Patrick (2002) : Le conditionnel en français : une approche
polyphonique, Gap, Ophrys.
KORZEN Hanne et NØLKE Henning (2001) : « Le conditionnel : niveaux de
modalisation », in P. Dendale et L. Tasmowski (éds), p. 125-146.
KRONNING Hans (2005) : « Polyphonie, médiation et modalisation : le cas du
conditionnel épistémique », in Bres, J., Haillet, P. P., Mellet, S. Nølke, H. &
Rosier, L. (éds), Dialogisme et polyphonie : approches linguistiques,
Bruxelles, De Boeck Duculot, p. 297-312.
LYONS John (1970) : Linguistique générale, Paris, Larousse.
MARTIN Robert (1983) : Pour une logique du sens, Paris, PUF.
PATARD Adeline, GRABAR Natalia et DE MULDER Walter (2015) : « Etude
diachronique du conditionnel passé ou l'origine de la contrefactualité »,
Journal of French Language Studies, 25(2), p. 189-211
TOURATIER Christian (1996) : Le système verbal français, Paris, Armand Colin.
VETTERS Carl (2001) : « Le conditionnel : ultérieur du non-actuel », in P. Dendale
& L. Tasmowski (éds.), p. 169-207.
WAGNER Robert-Léon (1939) : Les Phrases hypothétiques introduites par si dans
la langue française des origines à la fin du XVIe siècle, Paris, Droz.
WILMET Marc (2001) : « L’architectonique du conditionnel », in P. Dendale & L.
Tasmowski (éds.), p. 21-44.
YVON Henri (1951) : « Convient-il de distinguer dans le verbe français des temps
relatifs et des temps absolus ? », Le français moderne, 19, 4, p. 265-276.

Vous aimerez peut-être aussi