LL7 Texte Acte III SC Ne 3

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Séquence 2

Lecture linéaire 7
Molière, Le Malade imaginaire, 1673.
Parcours associé, Spectacle et comédie.
5 Acte III, scène 3 (extrait)

ARGAN. — Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu'il y eût
ici quelqu'un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre
caquet.
10 BÉRALDE. — Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et
chacun à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu'il lui plaît. Ce que j'en dis n'est
qu'entre nous, et j'aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l'erreur où vous êtes ;
et pour vous divertir vous mener voir sur ce chapitre quelqu'une des comédies de
Molière.
15 ARGAN. — C'est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve
bien plaisant d'aller jouer d'honnêtes gens comme les médecins.
BÉRALDE. — Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine.
ARGAN. — C'est bien à lui à faire de se mêler de contrôler la médecine ; voilà un bon
nigaud, un bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de
20 s'attaquer au corps des médecins, et d'aller mettre sur son théâtre des personnes vénérables
comme ces Messieurs-là.
BÉRALDE. — Que voulez-vous qu'il y mette, que les diverses professions des hommes ? On
y met bien tous les jours les princes et les rois, qui sont d'aussi bonne maison que les
médecins.
25 ARGAN. — Par la mort non de diable, si j'étais que des médecins je me vengerais de son
impertinence, et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il aurait
beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit
lavement ; et je lui dirais : « crève, crève, cela t'apprendra une autre fois à te jouer à la
Faculté ».
30 BÉRALDE. — Vous voilà bien en colère contre lui.
ARGAN. — Oui, c'est un malavisé, et si les médecins sont sages, ils feront ce que je dis.
BÉRALDE. — Il sera encore plus sage que vos médecins, car il ne leur demandera point de
secours.
ARGAN. — Tant pis pour lui s'il n'a point recours aux remèdes.
35 BÉRALDE. — Il a ses raisons pour n'en point vouloir, et il soutient que cela n'est permis
qu'aux gens vigoureux et robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec
la maladie ; mais que pour lui il n'a justement de la force, que pour porter son mal.
ARGAN. — Les sottes raisons que voilà. Tenez, mon frère, ne parlons point de cet homme-là
davantage, car cela m'échauffe la bile, et vous me donneriez mon mal.
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