Acte 3 Scène 3 + LL Guidée
Acte 3 Scène 3 + LL Guidée
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ARGAN.- Ouais ! Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien
qu’il y eût ici quelqu’un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et
rabaisser votre caquet.
ARGAN.- C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le
trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins.
BÉRALDE.- Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine.
ARGAN.- C’est bien à lui à faire de se mêler de contrôler la médecine ; voilà un bon
nigaud, un bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de
s’attaquer au corps des médecins, et d’aller mettre sur son théâtre des personnes
vénérables comme ces Messieurs-là.
BÉRALDE.- Que voulez-vous qu’il y mette, que les diverses professions des
hommes ? On y met bien tous les jours les princes et les rois, qui sont d’aussi bonne
maison que les médecins.
ARGAN.- Par la mort non de diable, si j’étais que des médecins je me vengerais de
son impertinence, et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il
aurait beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le
moindre petit lavement ; et je lui dirais : "crève, crève, cela t’apprendra une autre fois
à te jouer à la Faculté".
ARGAN.- Oui, c’est un malavisé, et si les médecins sont sages, ils feront ce que je
dis.
BÉRALDE.- Il sera encore plus sage que vos médecins, car il ne leur demandera
point de secours.
ARGAN.- Tant pis pour lui s’il n’a point recours aux remèdes.
BÉRALDE.- Il a ses raisons pour n’en point vouloir, et il soutient que cela n’est
permis qu’aux gens
vigoureux et robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec la
maladie ; mais que pour lui il n’a justement de la force, que pour porter son mal.
ARGAN.- Les sottes raisons que voilà. Tenez, mon frère, ne parlons point de cet
homme-là davantage, car cela m’échauffe la bile, et vous me donneriez mon mal.
BÉRALDE.- Je le veux bien, mon frère, et pour changer de discours, je vous dirai
que sur une petite répugnance que vous témoigne votre fille, vous ne devez point
prendre les résolutions violentes de la mettre dans un couvent. Que pour le choix
d’un gendre, il ne vous faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte, et
qu’on doit sur cette matière s’accommoder un peu à l’inclination d’une fille, puisque
c’est pour toute la vie, et que de là dépend tout le bonheur d’un mariage.