INTEGRATION AGRICULTURE ELEVAGE

COURS POUR LA PREPARATION DE MASTER EN AGROECOLOGIE

INTRODUCTION :

Généralement la problématique menaçant les pays en développement est la baisse

de la fertilité des sols et la diminution des disponibles fourragers qui entraînent des problèmes
de productivité et de durabilité des systèmes agropastoraux. Les pratiques de la jachère de
longue durée, la culture continue, le recours aux engrais minéraux, particulièrement
l’agriculture intensive est source de dégradation de l’environnement.

Actuellement, le défis est de continuer à augmenter la production pour satisfaire

les besoins en nourriture, tout en réduisant le plus possible les impacts environnementaux
sur :

- La qualité des sols

- La qualité des eaux et de l’air
- L’érosion de la biodiversité

L’intégration agriculture-élevage est donc un enjeu mondial pour concilier

production agricole et environnement.

DEFINITION DE L’INTEGRATION AGRICULTURE ELEVAGE :

L’intégration agriculture élevage est aussi appelé relations agriculture élevage

ou association agriculture élevage. Cette association, on peut aussi la qualifier de
polyculture-élevage.

Par définition, l’intégration agriculture élevage est un modèle agronomique proposé

par les agronomes pour intensifier les systèmes agricoles et d’élevage. Il propose d’utiliser les
sous –produits fournis par l’un des systèmes comme intrants pour l’autre. Il s’appuie sur
l’utilisation de la traction animale, la production de fumure organique, et de fourrage.
(Landais et Lhoste, 1990).
 A Madagascar, c’est l’usage bivalent des cultures fourragères en tant que plante
de couverture et en tant qu’aliment pour le cheptel, visant à protéger les bassins versants de
l’érosion et restaurer la fertilité des collines les plus dégradées.
Donc, dans un contexte climatique et économique difficile, l’intégration agriculture élevage
permet de faire évoluer les pratiques de gestion de la fertilité des sols et l’alimentation des
animaux pour renforcer les systèmes de production. C’est une voie d’intensification durable
des systèmes de production.

OBJECTIF DE L’INTEGRATION AGRICULTURE ELEVAGE

L’objectif est de concevoir de nouveaux systèmes agricoles permettant une

production à haute valeur socio-économique et des impacts environnementaux acceptables.
Ce couplage entre agriculture et élevage devra être conçu et réalisé à tous les niveaux
d’organisation : parcelle, exploitation, paysage et région. Les pratiques d’intégration
agriculture élevage permettent donc d’assurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.

OBJECTIFS DU COURS

- Faire apparaître certaines caractéristiques des relations agriculture-élevage.

- Compréhension des impacts des pratiques d’intégration agriculture élevage sur
l’environnement et le domaine social, et notamment compréhension de la contribution de ces
pratiques aux processus d’intensification écologique.

QUELQUES DEFINITIONS A SAVOIR

La productivité : représente la production agricole rapportée aux facteurs de productions

investis : productivité du travail (production rapporté au nombre d’actif), productivité de la
terre (rendement), taux d’exploitation des troupeaux (nombre d’animaux vendus moins le
nombre d’animaux achetés rapporté à la taille du troupeau).

L’intensification : correspond au niveau d’utilisation des facteurs de production par unité de

surface cultivée ou par animaux (Couty, 1991 ; Dugué, 1985).

La durabilité : se définit à travers les trois pôles du développement durable : économie,

social et environnement.
Une exploitation agricole est durable si elle est « viable, vivable, transmissible et
reproductible » (Landais, 1998)
Une agriculture est durable si elle est écologiquement saine, économiquement viable,
socialement juste et humaine. (Francis et Youngberg, 1990 in bonny 1994)

L’intensification écologique : est défini comme une intensification des systèmes de

production permettant une augmentation des rendements et une protection de l’environnement
et des ressources par le renforcement du recours aux processus écologiques. (Chaumet et
Al., 2009), (Casman, 1999).

LES GRANDS PRINCIPES DE L’INTENSIFICATION ECOLOGIQUE

Ce sont l’utilisation raisonnée des intrants (engrais, pesticides, aliment bétail),

et le renforcement des processus écologiques, avec une gestion rationnelle de la fertilité
des sols (mobilisation de la matière organique), et une gestion intégrée des cycles
biogéochimiques. (Chaumet etAl., 2009)
Le concept d’intensification écologique propose d’inventer des systèmes plus
productifs et plus durables. (Griffon, 2009).

LES SYNERGIES ET LES INTERACTIONS POSITIVES ENTRE AGRICULTURE

ET ELEVAGE

On considère que l’association permet des interactions et des synergies positives,

notamment en favorisant différents flux favorables entre les activités de cultures et d’élevage
au sein d’une unité de production donnée :

- De l’énergie développé par les animaux de traits et de bât en faveur des

cultures, par la culture attelée (divers travaux culturaux : labour, semis, sarclage, buttage…) et
par le transport des biens (intrants agricoles, fumier, fourrage, récoltes…)

- Des aliments destinés aux animaux et provenant en partie du système de

culture (fourrages, résidus de récoltes…)

- Des éléments fertilisants produits par les animaux (la fumure animale,
déjections, fumier) et permettant de fertiliser les champs.
 Ce sont les trois piliers biotechniques de l’association de l’agriculture et de
l’élevage. Mais, il faut bien y ajouter les flux économiques comme : les revenus des ventes
des cultures permettant d’acquérir des animaux ou le vente d’animaux finançant le matériel
agricole.

Mais il serait intéressant aussi de voir d’autres considérations complémentaires :

- L’intensification raisonnée des productions agricoles :

L’association permet une intensification simultanée et synergique des
productions végétales et animales répondant aux objectifs d’accroissement de production, des
revenus de ménages agricoles et d’usages plus efficace des ressources. Ces synergies
concernent les flux de matières, les cycles de nutriments, le fonctionnement biophysique
des sols, la valorisation du travail, la gestion des facteurs de production (équipements et
intrants). Chez les plus pauvres, cette forme d’intensification relative présente l’intérêt
majeur d’une réelle autonomie (peu d’intrants à acquérir à l’extérieur).

- Diversification de la production et réduction des risques économiques :

La diversification de la production agricole est une façon de sécuriser économiquement par
rapport à l’aléa climatique ou aux fluctuations des prix des produits agricoles. Le petit élevage
peut jouer un rôle économique plus important (espèces à cycle court). Les herbivores ont aussi
une fonction multiple en apportant souvent une source d’énergie essentielle mais aussi du
fumier.

- Optimisation et réduction de la pénibilité du travail :

L’introduction d’animaux pour les travaux est une forme importante de l’association
agriculture-élevage. Elle se traduit par une nouvelle combinaison du travail humain et animal
et par une forte réduction de la pénibilité du travail manuel. Il permet en effet une meilleure
efficacité et qualité du travail, une plus grande rapidité d’intervention et un meilleur
rendement.

- Amélioration de l’économie familiale, de la trésorerie et de la sécurité

alimentaire :
 Les animaux permettent souvent de diversifier dans le temps les revenus de
l’exploitation. C’est parfois la trésorerie au quotidien qui peut être notablement amélioré
avec les produits animaux tels que les œufs, les poulets, le lait…. L’autoconsommation des
produits animaux (lait) contribue qualitativement (protéines à haute valeur biologique) à
l’alimentation et à la sécurité alimentaire de la famille.
Les produits animaux permettent de sécuriser l’économie et de réguler la
trésorerie.
La multifonctionnalité des animaux est un atout important.

- Valorisation des ressources du terroir :

L’introduction des animaux dans l’exploitation permet une meilleure valorisation d’un
ensemble de production ou de coproduits tels que : les résidus de récolte, les sous-produits
domestiques, artisanaux et agro-industriels. Les herbivores jouent un rôle spécifique dans
cette valorisation car ils sont capables d’utiliser des fourrages pauvres provenant des jachères,
des résidus et des sous-produits.
On peut dire que l’association agriculture-élevage contribue à l’allègement de la pauvreté et à
la durabilité des systèmes de production agricoles dans les pays en développement.

- Energie et fumure animale :

Les deux aspects importants de l’intégration agriculture-élevage sont l’entretien de la fertilité
du sol et l’utilisation de l’énergie animale. Dans le système à polyculture-élevage, la
diversification et la rotation des cultures et l’introduction des cultures fourragères peuvent
favoriser grandement l’entretien de la fertilité des sols, mais l’utilisation raisonnée de la
fumure animale peut aussi y contribuer significativement. Les systèmes de cultures sous
couverture végétale (vivante ou morte) vont aussi dans le sens d’une gestion agro écologique
durable des ressources.
Les aspects favorables de l’apport de matières organiques (fumier, compost) aux
sols tropicaux sont divers :
- Apports d’éléments fertilisants
- Amélioration de la capacité de fixation et d’échange d’éléments nutritifs
- Amélioration des caractères physiques des sols et de la résilience des sols
fragiles par amélioration de leur structure et augmentation de leur stabilité et
de leur croissance.
- Stimulation de la vie biologique du sol (microflore et microfaune)
- Amélioration des capacités de rétention
Ce sont des solutions peu coûteuses qui permettent aux paysans pauvres de valoriser leurs
maigres ressources
EXEMPLE DE SYSTEME D’INTEGRATION AGRICULTURE-ELEVAGE :
LE SYSTEME PRAIRIE

La prairie est un système intégré agriculture-élevage qui peut réduire les impacts
environnementaux par leur fonctionnement propre :
Dans les écosystèmes naturels (prairies et forêts), la permanence des végétaux et ses
interactions avec les communautés microbiennes du sol permet un couplage très étroit entre
les cycles du Carbone et de l’Azote, et des autres minéraux qui en résultent, du fait de la
diversité des communautés de plantes et de microbes du sol qu’elles hébergent et des réseaux
trophiques qui s’y développent. Elles doivent être considérées aussi comme ressources
fourragères pour la production animale, mais aussi comme sources de services éco
systémiques à l’échelle du paysage ayant une capacité de résorber certains des impacts
environnementaux négatifs engendrés par l’intensification de la production agricole.

La forte valeur environnementale des prairies est donc marquée par :

- Une forte capacité de séquestration de carbone atmosphérique dans les sols
- La régulation et la stabilité des fonctions de couplage C-N

L’intensification des prairies est la résultante de deux processus :

- Une augmentation de la production d’herbe grâce à des apports d’éléments fertilisants N et P
-Une augmentation du chargement animal permettant d’utiliser l’efficience d’utilisation de
l’herbe produite
L’augmentation de la production d’herbes par des apports d’N et ou de P permet d’accroître
l’interception de la lumière, la photosynthèse et donc l’entrée de carbone dans le système,
respectant ainsi le couplage C-N.
Le système prairie est donc très conservateur.

CONCLUSION

L’association agriculture-élevage est un modèle qui est appelé à évoluer.

Parfois ses limites sont favorisées par la dégradation des ressources naturelles, la forte
augmentation démographique et la paupérisation dramatique des familles rurales.
SUJET D’EXAMEN :

Expliquer éco les services systémiques fournis par les systèmes d’intégration agriculture-
élevage dans :
- L’amélioration de la structure du sol
- Régulation de la circulation de l’eau/ de l’air/ ou des éléments nutritifs
- La séquestration du carbone atmosphérique
- La diversité biologique des sols
- Le contrôle des populations d’adventices, des insectes et des maladies

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