Manuel Dagriculture Contractuelle Vol1
Manuel Dagriculture Contractuelle Vol1
Manuel Dagriculture Contractuelle Vol1
Volume I – Manuel
Publié par
Manuel d‘agriculture
contractuelle
Guide pratique de mise en relation entre les petits producteurs/
productrices et les entreprises acheteuses à travers l‘innovation
de modèles d’affaires
Margret Will
MANUEL D‘AGRICULTURE CONTRACTUELLE 5
C.2/ La structure du processus : Les trois phases pour développer des systèmes d’AC . . . ...... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Etape 3/ Développement d’un plan d’affaires d’AC – esquisser des solutions pour le démarrage
et la mise en œuvre de l’AC . . ................................................................................................................................................................................................................................... 69
Activité 3.1/ Scruter des dispositions d’AC alternatives et sélectionner un modèle d’affaires d’AC approprié ..................... ... 71
Activité 3.2/ Esquisser une structure et un plan de gestion probables du modèle d’affaires d’AC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Activité 3.3/ Esquisser les détails du contrat (la 1ère ébauche reflétant uniquement la perspective de l’acheteur) . . . . . . . . . . . . . 75
Activité 3.4/ Ebaucher un plan d’affaires de l’AC (y compris les retours potentiels sur investissement,
l’évaluation des risques, les exigences techniques et financières, etc.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................................................................ 82
Etape 4/ Négociation et acceptation du contrat d’AC – instaurer des relations de travail et créer la confiance .....................87
Activité 4.1/ Préparer le contrat d’AC et amener les producteurs à prendre des décisions en connaissance de cause ......... 89
Activité 4.2/ Proposer le contrat d’AC et expliquer les spécifications aux producteurs/ productrices ............................................... 91
Activité 4.3/ Accepter le contrat d’AC après des négociations équitables et transparentes . . ........................................................................... 93
Etape 5/ Démarrage des activités d’AC sur le terrain – mettre au point un système efficace de gestion
du réseau des fournisseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................................................................................................................................................................................................. 94
Activité 5.1/ Finaliser les plans d’affaires et de gestion d’AC et esquisser un budget saisonnier .............................................................. 96
Activité 5.2/ Mettre en place les infrastructures et la gestion de l’AC pour les opérations sur le terrain .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Activité 5.3/ Développer les capacités d’AC des producteurs, des groupements paysans
et du personnel de terrain et de gestion . . . . . . . ........................................................................................................................................................................... 100
Etape 6/ Suivi, feed-back et apprentissage – générer des données pertinentes à la gestion de l’AC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Activité 6.1/ Mettre en place un système d’informations
pour la gestion de l’interface exploitation agricole-entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... 103
Activité 6.2/ Etablir des routines de feed-back aux producteurs/ productrices ainsi qu’au personnel
de terrain et de gestion ................................................................................................................................................................................................................................. 104
Etape 7/ Amélioration continue vers la durabilité – renforcer encore l’AC pour atteindre le seuil de rentabilité ................... 110
Etape 8/ Croissance générique à travers la mise à l’échelle –
innover le modèle d’affaires d’AC pour intégrer plus de producteurs/ productrices .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Abréviations
AC Agriculture Contractuelle
ACA African Cashew Alliance
ACi African Cashew Initiative
AF Assistance Financière
AFD Agence Française de Développement
AFOM Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces
AISP II Agricultural Input Supply Project II
AT Assistance Technique
BMZ Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement
(Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung)
BoP Bas de la Pyramide (Bottom of the Pyramid)
BPA Bonnes Pratiques Agricoles
CBZ Cotton Board of Zambia
CdC Code de Conduite
CdP Code de Pratique
CmiA Cotton made in Africa
COMPACI Competitive African Cotton Initiative
CV Chaîne de Valeur
CVP Création de Valeur Partagée (Creating Shared Value/ CSV)
DCED The Donor Committee for Enterprise Development
EABC East African Business Council
EAGC East African Grain Council
EnRD Environment and Rural Development
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(Food and Agriculture Organization of the United Nations)
FPEAK Fresh Produce Exporters Association of Kenya
GGC Ghana Grains Council
GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
GTZ Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH (maintenant: GIZ)
HCDA Horticultural Crops Development Authority
IMF Institutions de micro-finance
IFAD International Fund for Agricultural Development
IVLA International ValueLinks Association e.V.
KENFAP Kenya National Federation of Agricultural Producers
PDDAA Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine
PMD Pays les Moins Développés
PPP Partenariat Public-Privé
RCI Rendement sur le Capital Investi
RFLC Rural Finance Learning Center
RSE Responsabilité Sociale des Entreprises
TIC Technologies de l’Information et de la Communication
USAID United States Agency for International Development
UNIDO United Nations Industrial Development Organization
MANUEL D‘AGRICULTURE CONTRACTUELLE 9
Remerciements
Le présent manuel est le fruit des efforts conjugués L’auteure remercie en particulier Frans Grey/ Cargill
de trois projets financés par le Ministère fédéral de en Zambie ; Charles Hayward et Graham Chilimina/
la Coopération économique et du Développement Dunavant en Zambie et les Dunavant lead farmers
(Bundesministerium für wirtschaftliche Zusam- M. Kandesha, M. Muene et M. Chidenda ; Dafulin
menarbeit und Entwicklung/ BMZ) de la Répub- Kaonga/ Cotton Board of Zambia ; Dr Stephen
lique Fédérale d’Allemagne et mis en œuvre par la Mbithi et Francis Wario/ Fresh Produce Exporters
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusam- Association of Kenya (FPEAK) ; Boris Binnewerg/
menarbeit (GIZ) GmbH ; il s’agit en l’occurrence Indu-Farm (EPZ) Ltd. au Kenya ; Booker Owuor/
du programme sectoriel Politiques Agricoles et Kenya Small Scale Cereal Growers Association ;
Sécurité Alimentaire, de l’Initiative pour un Coton Stanley Guantai/ ACDI VOCA Kenya Maize Develop-
Africain Compétitif (COMPACI) et du Projet Appro- ment Programme ; Harun N. Baiya/ SITE Enter-
visionnement en Intrants Agricoles II (AISP II) au prise Promotion au Kenya ; Sean Johnson, Brendan
Zimbabwe. L’auteure tient à exprimer ses sincères Smith et Masimba Kanyepi/ Prime Seed et le
remerciements aux responsables des projets, groupement de producteurs contractuels dans le
M. Ingo Melchers, M. Wolfgang Bertenbreiter et district de Mutasa au Zimbabwe ; Tafadzwa Ma-
Dr. Ulrich Weyl pour la confiance placée en elle en dondo/ Consultant AISP II Zimbabwe ; Theresa E.
lui confiant ce sujet fortement passionnant. Makomva and Prince J.T. Kuipa/ Zimbabwe Farm-
ers Union ; Thomas Gardiner et Kudzai Mariga/
Ce manuel d’agriculture contractuelle est très USAID Zimbabwe Agricultural Income & Employ-
proche du terrain grâce au soutien d’un nombre de ment Development Program ; Helmut Anschuetz/
personnes. L’auteur exprime toute sa gratitude à GIZ Advisor Zimbabwe Farmers Union ; et Chris
l’ensemble des partenaires interviewés pour leurs Masara/ SNV Zimbabwe.
contributions précieuses à propos de leurs activi-
tés en cours et des programmes à venir, lors de sa L’auteure a apprécié spécialement les discussions
visite au Kenya, en Zambie et au Zimbabwe. Ce fut enrichissantes sur tous les aspects de l’agriculture
un grand plaisir et une aide inestimable d’avoir pu contractuelle avec Dr Ulrich Weyl et Christoph
échanger des idées et partager la grande expérience Pannhausen lors de son séjour au Zimbabwe, ainsi
des représentants des sociétés, organisations des que leurs recommandations relatives à la structura-
secteurs public et privé ainsi que des programmes tion du présent guide. Enfin, des remerciements
des bailleurs de fonds. particuliers vont à l’endroit de Max Baumann/
GIZ Environment and Rural Development (EnRD)
Program Philippines, Christoph Pannhausen/ GIZ
AISP II Zimbabwe, Till Rockenbauch/ GIZ Sector
project Agricultural Policy and Food Security et
Leonard Efison Munjanganja/ Zimbabwe pour leurs
commentaires constructifs lors de la rédaction du
présent guide.
Margret Will
10
A PROPOS DE CE GUIDE 11
Headline
A/
Perçue comme un moyen puissant pour lier les adaptée aux besoins des parties contractantes. Des
producteurs aux acheteurs dans un secteur agroali- problèmes surgissent également lorsque la pro-
mentaire caractérisé par une concentration accrue motion de l’AC est principalement portée par des
du marché d’une part, et des acheteurs aux sources tiers facilitateurs (partenaires gouvernementaux ou
d’approvisionnement sur des marchés agricoles de non-gouvernementaux et partenaires au dévelop-
plus en plus compétitifs d’autre part, l’agriculture pement ou consultants). Davantage préoccupés par
contractuelle (AC) connait un regain de popularité. les objectifs de développement, ils négligent sou-
Toutefois, l’AC ne constitue ni une panacée pour le vent que l’AC est d’abord et avant tout une disposi-
développement rural, ni existe-t-il un plan clé- tion entrepreneuriale, où agriculteurs et acheteurs
en-main pour l’élaboration et la mise en œuvre courent le risque d’investissements dans la terre, le
des dispositions d’une AC prospère et pérenne. Au travail et le capital et doivent prendre des décisions
contraire, chaque système contractuel requiert une indépendantes en connaissance de cause quand il
conception spécifique en fonction des opportuni- s’agit de s’engager ou non dans ce modèle d’affaire
tés de marché, des caractéristiques des produits, (voir encadré) innovateur. Dans le même temps, les
des capacités des fournisseurs et des acheteurs, agriculteurs et les acheteurs ont tendance à dormir
des capacités des prestataires de services de déve- sur leurs lauriers : les acheteurs sont plus portés
loppement entrepreneurial, ainsi que du contexte à laisser la tâche difficile du renforcement des
local, national, régional et international pour les capacités d’un grand nombre de petits producteurs
investissements privés dans le développement de aux mains d’agents externes ; et on croit souvent
l’agro-business, le long de la chaîne de valeur (CV). que les producteurs ne peuvent pas défendre leurs
intérêts dans les négociations contractuelles sans
L’histoire de l’AC, aussi bien dans les pays dévelop- assistance externe. On finit par se retrouver dans
pés que dans les pays en voie de développement, une situation où personne ne joue son rôle spéci-
présente des résultats mitigés. Tandis que dans les fique et ne parvient à se servir de ses compétences
pays développés, les contrats portent davantage fondamentales en matière de gestion ou de soutien
sur les exploitations à grande échelle, dans les pays des relations d’affaires durables.
en développement on trouve des cas de réussites
également auprès des petits exploitants, surtout avec Un modèle d’affaires est caractérisé par la logique
les produits à forte valeur ajoutée qui sont destinés et les dispositions suivant comment une société
à l’exportation et/ ou à la transformation à l’étran- (exploitation agricole ou entreprise) peut créer,
ger ou au pays. Pourtant, on trouve également des délivrer et capter de la valeur.
exemples de réussite, souvent méconnus, sur les
soi-disant marchés traditionnels où des contrats Il est évident que des leçons doivent être tirées
informels servent de lien entre les petits produc- des expériences passées dans le but d’orienter les
teurs et les micro, petits ou moyens commerçants ou acteurs dans le développement de dispositions
transformateurs. On dispose de peu d’informations d’AC profitables aux producteurs et aux acheteurs,
sur la portée, l’échelle ainsi que les facteurs de réus- permettant ainsi de couvrir les risques liés à l’enga-
site ou d’échec relatifs à ces dispositions contrac- gement dans une telle entreprise commune. Pour
tuelles. Toutefois, les méthodes de communication donner plus de légitimité à l’assistance du gouver-
et de coordination traditionnelles, ainsi que les ré- nement et des partenaires au développement, les
seaux locaux, pourraient bien inspirer l’élaboration systèmes d’AC soutenus doivent également contri-
de nouveaux systèmes ou servir de point de départ buer à l’atteinte des objectifs de développement
pour améliorer et répandre ceux qui existent déjà. macro-économiques globaux (p.ex. la croissance
au profit des pauvres, la sécurité alimentaire, la
Par ailleurs, il existe plusieurs raisons à l’origine de protection des ressources naturelles et l’adaptation
l’échec de nombreux systèmes contractuels dans le au changement climatique).
passé. Dans les pays en voie de développement, il
manque souvent une bonne analyse de la situation Objectif du manuel
de départ, une évaluation des différentes options de Dans le contexte actuel, l’objectif de ce manuel est
dispositions contractuelles, la conception de solu- de mettre à la disposition des acteurs une approche
tions viables, l’élaboration de plans commerciaux pratique et tournée vers les processus, en vue d’une
réalistes et réalisables, une gestion compétente des bonne planification et mise en œuvre des systèmes
relations contractuelles et une assistance externe d’AC. Ce manuel, dont l’objectif est d’assister les
A PROPOS DE CE GUIDE 13
B/B.1/
B.1/
systèmes d’AC peuvent assumer diverses formes et sans liens. Les aspects suivants donnent un aperçu
impliquer différents acteurs, le contrat formel entre sur les différents modèles d’affaire d’AC ainsi que
une exploitation agricole et une société agroali- sur les caractéristiques respectives des contrats
mentaire reste une constante de tous les systèmes, (Tableau 1 et Figure 1) et sur les types de contrat
faisant ainsi une différence notable aux relations (Tableau 2).
commerciales sur le marché au comptant/ relations
(Adapté/ complété par l‘auteure à partir de Eaton et Shepherd, 2001, p 44f ; van Gent, s.d., p.4f)
Modèle informel
« Ce modèle est le plus transitoire et spéculatif de II Le succès dépend souvent de la disponibilité et la
tous les modèles d’agriculture contractuelle, avec qualité des services de vulgarisation externes.
un risque de non respect de la part du promoteur et II La prestation de services intégrés, au cas où il
de l’agriculteur » (van Gent, s.d. p.5). Toutefois, cela y en aurait, se limite à l’approvisionnement en
dépend de la situation : intrants de base, parfois à crédit ; l’assistance en
l’interdépendance des parties contractantes ou une appui-conseil se limite généralement à la classifi-
relation de confiance à long terme peuvent aider cation et au contrôle de qualité.
à réduire les risques relatifs aux comportements II Produits typiques : nécessitant un traitement/
opportunistes. Les principales caractéristiques de ce conditionnement/ coordination verticale mini-
modèle d’affaire d’AC sont les suivants : maux; p.ex. : fruits/ légumes frais pour les marchés
II Des petites entreprises passent des contrats de locaux, et parfois les denrées de base.
production saisonniers simples et informels avec
des petits producteurs.
Modèle intermédiaire
Dans ce modèle, l’acheteur sous-traite avec un II Ce modèle peut présenter des inconvénients
intermédiaire (collecteur, courtier ou organisation pour la coordination verticale et la motivation des
paysanne) qui passe de manière formelle ou infor- producteurs (les acheteurs courent le risque de
melle des contrats avec les producteurs (combinaison perdre le contrôle des processus de production,
des modèles centralisés/ informels). Les principales d’assurance de qualité et de la régularité des ap-
caractéristiques de ce modèle d’AC sont : provisionnements ; les producteurs risquent de ne
II L’intermédiaire rend des services intégrés pas tirer un profit du transfert de technologie ; il y
(généralement en passant des services fournis par a aussi le risque de distorsion des prix et de baisse
les acheteurs contre paiement des frais de service) de revenus pour les producteurs).
et achète la récolte.
II Ce modèle peut fonctionner, s’il est bien conçu, s’il
existe un système de motivation adéquat et si les
mécanismes de contrôle sont assurés.
18
Modèle multipartite
Ce modèle peut provenir des modèles centralisés ou II Ce modèle peut également se présenter sous
de la plantation nucleus, p.ex. suite à la privatisation forme d’accords entre des exploitations agricoles
des entreprises parapubliques. Il implique des orga- et une entreprise, complétés par des accords avec
nisations diverses telles que les organes statutaires des fournisseurs de services tiers (p.ex. vulgarisa-
du gouvernement aux côtés des entreprises privées tion, formation, crédits, intrants ou logistique).
et parfois des institutions financières. Les princi- II Certaines organisations distinctes (p.ex. coopéra-
pales caractéristiques sont : tives) peuvent organiser les producteurs et fournir
II Ce modèle peut se présenter sous forme de des services intégrés (p.ex. crédits, vulgarisation,
coentreprise de sociétés parapubliques/entreprises commercialisation et parfois aussi transformation).
communautaires avec des investisseurs nationaux/ II Ce modèle peut impliquer des systèmes de parts
étrangers pour la transformation. La coordination du capital pour les producteurs.
verticale est laissée à la discrétion des entreprises.
Une attention particulière doit être accordée aux
interférences politiques possibles.
Modèle centralisé
Dans ce modèle, l’implication des acheteurs peut II Les conditionnalités liées à la quantité (quotas), la
aller de la fourniture minimale d’intrants (p.ex. des qualité et la livraison sont déterminées en début
variétés spécifiques) au contrôle de la majeure par- de saison.
tie de la production (p.ex. de la préparation du sol à II Le processus de production et de récolte ainsi que
la récolte). C’est le modèle le plus courant dans l’AC la qualité subissent un contrôle minutieux, parfois
et qui peut être caractérisé comme suit : par le personnel même de l’acheteur.
II L’acheteur s’approvisionne auprès de nombreux II Produits typiques : de grands volumes de qualité
(Technoserve and ou
petits, moyens IFAD, 2011,
grands p.3)
producteurs et leur four- homogène habituellement destinés à la transfor-
nit des services. mation ; p.ex. la canne à sucre, le tabac, le thé, le
II La relation/ coordination entre les producteurs et café, le coton, les produits arboricoles, les légumes,
les entrepreneurs est strictement verticale. les produits laitiers et la volaille.
B.1/
L’illustration ci-dessous donne une idée claire des cinq modèles d’affaires d’AC appropriés à partir d’une ana-
modèles de base susceptibles de guider le choix de lyse rigoureuse de la situation spécifique sur le terrain.
IMF/
banques rurales
ONG/
agences gouver-
nementales
acheteur acheteur
acheteur acheteur
Fournisseurs
d’intrants
Modèle informel Modèle intermédiaire Modèle multipartite Modèle centralisé Modèle de plantation
nucleus
Intrant/ crédit
Services
de vulgarisation
Utilisation de contrats
Regroupement
de producteurs
Gestion de producteurs
Production/
transformation
centralisée
Logistique post-récolte
(emballage, transport)
En vue de la description faite des différents Quant aux différents types de contrats, Bijman
modèles d’AC dans l’illustration précédente, il con- (2008, p.5) remarque ce qui suit : « Une typologie
vient de noter que : classique des contrats agricoles a été faite par
II les intersections entre les modèles sont fluides Mighell et Jones (1963) qui font une distinction
vis-à-vis de leurs structures organisationnelles et entre les contrats de commercialisation, les con-
leurs modalités de fonctionnement ; trats de gestion de la production et les contrats de
II les modèles choisis pour le démarrage d’un fourniture de ressources. Ces contrats diffèrent
système d’AC sont susceptibles d’évoluer avec dans leurs objectifs principaux, dans le transfert
le temps du fait des leçons apprises (« essais & du droit de prise de décision (du producteur à
erreurs »), de changement de comportements et l’entrepreneur) et dans le transfert des risques. » Les
de l’adoption de nouvelles technologies ; et caractéristiques spécifiques des différents types de
II un modèle qui s’était avéré approprié à la phase contrats sont expliquées dans le tableau ci-après.
de démarrage peut nécessiter une adaptation,
voire un changement, respectivement au cours
des phases de consolidation et d’expansion.
(Bijman, 2008)
Contrat de commercialisation
II Accord/ contrat pré-récolte entre le producteur et II Les producteurs conservent la plupart des droits
l’acheteur portant des conditions de livraison (p.ex. de décision sur les activités agricoles et les actifs
les variétés, les qualités, les quantités/ quotas, les de l’exploitation.
délais de livraison) déterminantes pour la prise de II Les producteurs portent le risque lié à la produc-
décisions sur la production par les producteurs. tion ; le risque lié à la commercialisation est en
partie transféré à l‘acheteur.
B.1/
1.2 Eléments clés et tendances
Comme illustré par la citation de Mighell et Jones et la transformation structurelle des marchés
(1963, cité dans Bijman 2008, p.5) dans la Section agro-alimentaires (supermarchés, fast-food) ;
précédente, l’AC n’est pas un concept nouveau. Au II les effets négatifs des défaillances des marchés
contraire, ils existent des preuves de sa pratique qui peuvent être éventuellement atténués grâce
déjà au 19ème siècle en Asie et en Amérique latine. aux accords d‘AC (p.ex. l’approvisionnement
Au 20ème siècle, le concept s’est répandu aux États en intrants, les services non financiers tels que
-Unis et en Europe et a été par la suite introduit la vulgarisation, la formation et l’information
en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. et l’accès aux marchés ainsi que les services
Selon da Silva (s.d., diapositive 5), le niveau d’inté- financiers tels les systèmes de transfert bancaire,
rêt et d’adoption a augmenté ces dernières années l’épargne, les crédits et l’assurance) ;
comme le démontrent les exemples suivants : II les conflits croissants sur les acquisitions de terre
II aux États-Unis, l’AC a monté de 12 % de la pro- à grande échelle par des investisseurs globaux,
duction agricole en 1969 à 36% en 2004 ; régionaux ou locaux (mot clé « accaparement
II au Brésil, 75 % de la production de volaille est des terres - land grabbing ») et la recherche à des
contractuelle ; et alternatives politiquement et socialement irré-
II en Inde, au Vietnam, au Maroc, en Thaïlande et prochables et économiquement viables comme
dans d’autres pays, des politiques ont été élabo- les coopérations formalisées avec les petits agri-
rées pour promouvoir l’AC. culteurs (p.ex. en forme d’AC) ;
II les exigences croissantes en matière de confor-
Il convient toutefois de noter que, même dans les mité aux normes de sécurité sanitaire et qualité
pays industrialisés, l’AC n’est pas aussi habituelle des aliments et aux besoins de traçabilité sur
qu’on pourrait le croire au regard des avantages les marchés internationaux principaux, mais de
certains ou supposés qu’elle présente, hormis plus en plus aussi ceux des marchés locaux et
certains produits régis par des contrats (p.ex. la régionaux (p.ex. l’approvisionnement des super-
betterave à sucre, les matières premières pour les marchés en produits frais ou les aliments de base
bio-carburants, les matières premières pour les échangés à travers les bourses) ;
aliments pour bébés). Les principales raisons sont le II la demande croissante de certification de la du-
manque de confiance entre les partenaires com- rabilité (normes sociales et environnementales)
merciaux potentiels et la possibilité d’obtenir des des cultures de rente telles que l’huile de palme,
prix similaires à travers d’autres canaux de distribu- le caoutchouc, le café, le thé, le cacao et les pro-
tion sur des marchés en général assez stables. duits de spécialité (certification biologique, les
labels d’origine etc.), ne donnant pas nécessaire-
L’intérêt croissant des investisseurs privés, des dé- ment droit à des primes de certification ;
cideurs et des partenaires de développement pour II le prix exorbitant du carburant et son impact sur
l’AC dans les pays en voie de développement est dû le coût de transport (local, exportation, impor-
aux changements récents dans les systèmes agro- tation) pour l’approvisionnement des intrants,
alimentaires : la distribution des produits et sur les coûts
II les prix élevés des produits agro-alimentaires et de production d’intrants (engrais, matériel de
l’amélioration des termes du commerce offrent conditionnement) ;
de nouvelles opportunités au secteur agricole, II les besoins urgents d’adopter des technologies
longtemps négligé ; à condition toutefois que les appropriées pour l’adaptation ou l’atténuement
effets positifs fassent profiter l’agriculture et le du changement climatique pour prévenir ou mi-
commerce en contribuant à accroître les inves- nimiser les dégâts que le climat peut causer ou
tissements dans les technologies pour aider à profiter des opportunités qui peuvent survenir ;
augmenter les rendements, améliorer la qualité II les récentes sécheresses dans la Corne de
et réduire les pertes post-récolte ; l’Afrique et au Sahel qui mènent à des politiques
II la croissance de la population mondiale, les ha- nationales d’autosuffisance ou à la constitution
bitudes changeantes de consommation urbaines, de réserves alimentaires au niveau des commu-
l’augmentation du pouvoir d’achat des classes nautés économiques régionales respectives ;
moyennes émergentes dans les économies II les discussions émergentes sur le rôle du secteur
émergentes et dans les pays en voie de dévelop- privé dans l’amélioration de la sécurité alimen-
pement, ainsi que la croissance liée des marchés taire à travers la promotion des CV pour mieux
22
connecter zones de surplus de production avec à un mouvement graduel vers le concept de « création
zones de consommation déficitaire ; de valeur partagée » (CVP).Ce concept soutient que les
II défis divers : la nécessité d’ assurer la sécurité partenariats ne pourront réussir et se maintenir que
alimentaire sans augmenter la pression sur les si les partenaires, agriculteurs et acheteurs, en tirent
ressources naturelles ; la nécessité d’équilibrer les profit. Porter et Kramer (2011) qui sont les parti-
investissements directs étrangers et nationaux et sans par excellence de ce concept, voient de réelles
les droits des petits producteurs (la concurrence opportunités dans la « création de valeur partagée»
pour les ressources foncières limitées couram- susceptible de contribuer à « déclencher une vague
ment appelée « accaparement des terres ») ; d’innovation et de croissance », deux objectifs qui
et enfin, la nécessité de rétablir la réputation de encouragent la renaissance de l’AC.
l’agriculture pour attirer les générations futures
à s’y adonner ou à accepter les opportunités C’est ainsi que le potentiel inexploité du marché qui
d’emploi dans les zones rurales, vu l’exode rural occupe le bas de la pyramide (BoP) est de plus en plus
des jeunes causant le vieillissement de la main reconnu : les consommateurs pauvres offrent des
-d’œuvre agricole dans de nombreux pays en possibilités côté demande, tandis que les producteurs
voie de développement. avec peu de ressources offrent des opportunités côté
offre. En conséquence, il y a une prise de conscience
Dans un tel contexte, l’accès aux biens de production croissante par les commerçants et les transformateurs
qui se font toujours plus rares (en premier lieu la terre en aval et les distributeurs d’intrants en amont, sur
et la main d’œuvre qualifiée et abordable et en deu- le fait que des modèles d’affaire inclusifs peuvent
xième lieu seulement le capital) apparaît comme un ouvrir des perspectives d’affaires intéressantes sur des
élément clef de la compétitivité entre les entreprises marchés de plus en plus concurrentiels et exigeants.
de transformation et de commercialisation, qu’elles Au même moment, les gouvernements et les parte-
soient petites, moyennes ou grandes, nationales ou naires du développement commencent à reconnaître
internationales. En même temps et pour des pro- les modèles d’affaire inclusifs comme moteur d’une
duits divers destinés aux marchés locaux, régionaux croissance économique inclusive au plan social.
ou internationaux, les petits producteurs peuvent Contrairement à la «responsabilité sociale des entre-
présenter des avantages compétitifs (p.ex. donnant prises» (RSE/ CSR) dont l’objectif principal est d’amé-
accès à des ressources foncières de plus en plus rares ; liorer l’image de l’entreprise à travers des œuvres
assurant une main d’œuvre familiale dévouée pour sociales et la philanthropie, les modèles d’affaire in-
de meilleurs soins aux cultures ; fournissant la clusifs visent avant tout à intégrer les couches pauvres
main-d’œuvre familiale pour une production plus de la population, soit en tant que clients, soit en tant
rentable ; possédant des connaissances traditionnelles que fournisseurs, dans des modèles d’affaire viables.
locales nécessaires pour l’adaptation au changement Et ce faisant, augmenter les bénéfices économiques
climatique par exemple). et sociaux pour tous les partenaires commerciaux
concernés (voir Etape 2, activité 2.1 pour la sélection
Devenir et rester compétitif sur les marchés agro-ali- de producteurs/ groupements de producteurs).
mentaires de plus en plus mondialisés constitue un
défi particulier pour les acteurs de la CV dans les pays 1.3 Incitations (avantages) et dissuasions (désavan-
de l’Afrique subsaharienne qui sont (en large majo- tages) en matière d’AC
rité) des importateurs nets de produits alimentaires. Pour la planification de modèles d’affaires d’AC viables
Sinon, les agriculteurs, les commerçants et les trans- et durables, il est nécessaire de comprendre ce qui
formateurs courent le risque d’être évincés du marché pousse les producteurs et des acheteurs à conclure ou
national et régional par des importations plus com- à ne pas conclure des contrats agricoles. Tout compte
pétitives en termes de prix et qualité. Cette situation fait, la confiance mutuelle se posant comme la raison
provoque une prise de conscience accrue au sein des fondamentale pour laquelle les contrats réussissent
sociétés acheteuses sur la nécessité d’une meilleure ou échouent, un surplus du coût-bénéfice (profit)
collaboration avec les petits producteurs pour assurer réaliste et faisable est crucial pour la création d’une
un accès pérenne aux produits agricoles. Si dans le entreprise viable capable de se maintenir. Ce profit
passé, les liens entre les acteurs mondiaux, les grands qui constitue une motivation amenant les produc-
investisseurs nationaux et les communautés locales teurs et les acheteurs à conclure des contrats peut être
ont été largement inspirés par la « responsabilité très varié et se présenter très différemment selon la
sociale des entreprises » (RSE), l’on assiste aujourd’hui perspective des producteurs et des acheteurs.
AGRICULTURE CONTRACTUELLE (AC) : REVUE DES PRINCIPES FONDAMENTAUX 23
B.1/
Les incitations (ou avantages) se définissent comme Prowse (2012, p.5) en est arrivé à conclure que: « Les
des « facteurs qui motivent le comportement humain. petites exploitations sont souvent les producteurs
Ils peuvent se révéler positifs et donner lieu à un agricoles les plus efficients et ont les avantages sur les
comportement positif ; ils peuvent également avoir un grandes exploitations au niveau des coûts de tran-
impact dissuasif et donc empêcher d’agir. » (Fischer et saction (voir encadré) liés à la main-d’œuvre, mais
al. 2004, p.9). Le succès des efforts visant à promouvoir aussi à la supervision et à la motivation. » Toutefois,
l’AC dépend largement de la volonté et de la disposi- contractualiser des petits producteurs contient
tion des acteurs à engager des ressources, renforcer également des risques car « cependant, les petites
leurs capacités et à unir leurs forces. Il est souvent exploitations souffrent souvent de contraintes de
dit que les personnes les moins nanties ne sont pas capital et ont une capacité insuffisante pour adopter
capables d’investir dans de nouvelles entreprises. Mais, les innovations technologiques. De plus, … les petits
cela dépend (Will 2008, p.97 ; citation verbatim) : exploitants n’ont pas les moyens de respecter les
II du type de capital qui doit être investi et qui n’est normes rigoureuses imposées par les intervenants
pas forcement d’ordre financier (p.ex. l’épargne, en aval de la chaîne de valeur. L’agriculture contrac-
l’accès aux crédits), mais peut également être du tuelle peut surmonter ces contraintes : elle peut
capital humain (p.ex. les savoirs locaux, les com- apporter les avantages liés à l’échelle généralement
pétences et les aptitudes requises pour le travail), associés aux systèmes de production des grandes
du capital naturel (p.ex. l’accès à la terre pour la exploitations. Les économies d’échelle obtenues par
production ), du capital physique (p.ex. l’accès l’intermédiaire de l’entreprise diminuent le coût des
aux transports, l’eau, l’énergie ) ou du capital intrants et du transport. De plus, les entreprises ont
social (p.ex. les réseaux, la confiance, l’accès aux un avantage comparatif en termes de commercia-
services) ; et lisation, de connaissances techniques et de traça-
II de la possibilité de réduire les risques liés aux bilité et de qualité des produits. Du point de vue de
investissements dans de nouveaux projets afin la lutte contre la pauvreté, travailler avec de petits
de minimiser les impacts négatifs éventuels producteurs peut être très intéressant : les petites
sur la subsistance et de surmonter l’aversion exploitations appartiennent généralement à des
aux risques généraux des petits producteurs, en pauvres et sont exploitées par des pauvres, faisant
identifiant les avantages réalistes et réalisables à souvent appel à de la main-d’oeuvre locale ; elles
travers l’utilisation de ressources. dépensent leurs revenus localement, ce qui a un
effet démultiplicateur (Hazell et al., 2006). Dans l’en-
Cela nécessite une analyse approfondie du cadre de semble, de solides éléments favorisent la réussite de
vie et des avantages concrets, avant tout lancement ces dispositifs avec de petits exploitants. » (Prowse
de projets relatifs à l’AC. Au regard du rôle crucial que 2012, p.25,26)
jouent les liens commerciaux pour assurer l’accès des Le tableau suivant donne un aperçu sur les mesures
producteurs au marché, les avantages doivent aussi incitatives et dissuasives possibles, susceptibles de
être accumulés en amont et en aval tout le long de jouer un rôle crucial dans la prise de décisions par
la CV pour assurer l’engagement collectif de tous les les agriculteurs et des acheteurs.
partenaires commerciaux. La simple raison est que
les investissements dans les intrants, l’agriculture, le
commerce en gros, la transformation et le commerce Les coûts de transaction sont associés à l’échange
en détail ne pourront se traduire en revenus pour les de biens à chaque noeud de la CV : p.ex. les coûts liés
acteurs de la CV que si le produit final est commercia- à la recherche de fournisseurs ou d’acheteurs, des
lisable et suffisamment compétitif pour être vendu. informations de marché et prix ; les coûts liés au suivi
des producteurs et au contrôle de qualité, de la lo-
Les principales raisons qui poussent les petits gistique et de la distribution, des services de sécurité
producteurs à passer des contrats agricoles sont: pour les paiements au comptant, la corruption et la
des revenus plus élevés et plus stables, l’accès aux gestion de rupture de contrat.
marchés, l’accès aux crédits et intrants plus abor-
dables, l’accès aux nouvelles technologies, à la
vulgarisation, à la formation et l’information ainsi
que la réduction des risques liés à la production et à
la commercialisation. Au regard des avantages pour
les acheteurs à travailler avec les petits producteurs,
24
Tableau 3/ Incitations et dissuasions en matière d‘AC pour les producteurs et les acheteurs
Incitations potentielles
dans le cas idéal de programmes d’AC bien élaborés/ bien gérés et de termes de contrat mutuellement avantageux
B.1/
Dissuasions potentielles
en cas de mauvais accords contractuels, de relations non transparentes et de pratiques commerciales illicites
B.1/
Afin d’atténuer les imperfections du marché, six
conditions essentielles pour une AC efficace ont été
identifiées, qui intègrent les critères de Vermeulen et
Cotula (2010) relatifs à l’évaluation du partage de la
valeur entre partenaires dans des différents modèles
d’affaire (voir encadré), tout en adoptant une vision
plus large des conditions relatives à l’élaboration de Les quatre critères de Vermeulen and Cotula (2010,
bons contrats agricoles (les critères de Vermeulen et p.5) pour évaluer le partage de la valeur entre les
Cotula sont en italique ) : partenaires (partiellement citation verbatim) :
II confiance et portée de la négociation : l’apprécia- Appropriation : cela comprend la propriété de l’entre-
tion que la confiance est primordiale pour la réus- prise (action du capital) et des ressources clés comme
site et qu’elle repose sur des relations d’échanges la terre et les infrastructures de transformation.
équitables et de voix égales dans la négociation Voix : concerne la capacité d’influencer les décisions
des contrats et le règlement des conflits ; fondamentales de l’entreprise, y compris le poids
II viabilité économique et motivations : la recon- dans la prise de décision, le dispositif de révision et
naissance que les contrats agricoles sont des ac- les mécanismes de traiter l’asymétrie dans l’accès à
cords commerciaux bien distincts qui ne peuvent l’information.
être viables et durables que si les producteurs et Risque : il s’agit des risques commerciaux (produc-
les acheteurs arrivent à une adéquation coût-bé- tion, approvisionnement et marché), mais aussi de
néfices «positive» (profit/ gain) qui amène les risques plus larges liés aux politiques et à la réputation.
deux parties à respecter leurs engagements (voir la Gain : concerne le partage des coûts et des bénéfices,
Section B.1.3) ; la fixation des prix et les accords financiers.
II dispositions AC et risques : la réalisation que l’AC
comporte des risques nécessitant des dispositions Climat des affaires : implique le cadre réglemen-
relatives au partage de l’appropriation ainsi que taire et l’existence de l’Etat de droit ; la qualité des
la distribution et la minimisation des risques liés infrastructures, les systèmes de santé et d’éducation ;
aux investissements communs en fonction des la sécurité et la stabilité politique, le fonctionnement
capacités assez divergentes des parties au contrat ; des marchés financiers ; la libéralisation du com-
II transfert de technologie et innovation : l’appré- merce, les règles et normes internationales. Le climat
ciation que l’adoption de technologies et innova- des affaires représente les « circonstances de lieu
tions appropriées peut stimuler l’augmentation spécifiques qui constituent des opportunités et des
de la productivité agricole et l’efficacité de la incitations pour que les entreprises investissent de fa-
chaîne, à condition que les services intégrés ou çon productive, créent des emplois et se développent
externes contribuent à renforcer les capacités (Banque Mondiale, 2004) » (adaptée de UNIDO et
requises ; GTZ, 2008, p.6f)
II climat des affaires et soutien d’une tierce partie :
la conscience que des conditions cadres poli-
tiques, juridiques, administratives et d’infrastruc-
ture favorables sont essentielles pour la mise
en place de systèmes d’AC compétitifs au plan
national régional et international ;
II analyse et planification solides : reconnaissance
qu’une analyse bien fondée et une élaboration
du modèle prenant en compte les situations Le tableau suivant fournit une liste des facteurs de
spécifiques sont des préalables pour le succès, car réussite liés à chacune de ces conditions clés pour
les dispositions d’AC doivent être adaptées aux une AC efficace. Comme les dispositions d’AC sont
opportunités du marché, aux caractéristiques des aussi diverses que les conditions spécifiques sur le
produits, aux capacités des producteurs et des terrain, la liste des facteurs de réussite ne saurait
acheteurs, aux services existants et aux conditions s’appliquer en détail à tous les modèles d’affaire
cadres. d’AC ; de plus, elle est loin d’être exhaustive. Les
approches et outils pour traduire les facteurs de
réussite en AC réelle seront examinés dans la partie
C du guide.
28
Tableau 4/ Les six conditions clés pour réussir en AC et les facteurs de réussite liés sélectionnés
B.1/
Transfert de technologie et innovation
Les contrats agricoles prospères fixent les conditions II combiner des services financiers et d’autres pres-
qui contribuent à : tations intégrés/ externes dans le but de faciliter
II accélérer l’adoption de nouvelles technologies et l’adoption des innovations et de renforcer des ca-
innovations à travers des prestations intégrées/ pacités en matière d’utilisation efficace des crédits.
externes dans le but de stimuler la productivité II aligner le processus de la CV en vue d’améliorer la
des exploitations et la performance de la chaîne de qualité/ introduire des normes et la certification
valeur. afin d’avoir accès à des marchés plus lucratifs.
En somme, toute personne impliquée doit être plus. Suffisament de temps et de ressources pour
consciente que le démarrage d’un programme d’AC la formation, le démarrage et la vulgarisation des
exige des différents partenaires un engagement programmes d’AC (y compris les investissements
sérieux concernant le temps requis, les efforts et les nécessaires pour le renforcement des capacités, pour
ressources pour la réussite de l’engagement commun. la construction de structures et de systèmes de ges-
Force est de comprendre clairement que les systèmes tion de l’AC, les facilités logistiques, les opérations
d’AC n’atteignent pas habituellement le seuil de ren- etc.) doivent alors être pris en compte dans l’étude
tabilité dès la première année et que très souvent, ils de faisabilité, dans l’évaluation des risques et enfin
ne le feront qu’au bout de trois à cinq ans ou même dans la planification commerciale de l’AC.
30
De plus, étant donné que les petits producteurs investissements de moyen à long terme. Autre-
pauvres en ressources doivent être payés pour leur ment, les petits producteurs ne pourront pas hono-
fourniture dès le début, des dispositions appro- rer leurs contrats.
priées doivent être incluses dans les dispositions
d’AC pour combler l’écart de financement entre les L’illustration ci-après donne un aperçu facile à
paiements à court terme des approvisionnements retenir sur des idées similaires de facteurs clés de
et les investissements dans la qualification et les réussite en ce qui concerne les modèles d’affaire
infrastructures ainsi que les retours sur inclusifs et les dispositions d’AC.
1. Collaboration le 2. Des nouveaux liens 3. Gouvernance équi- 4. Accès équitable 5. Innovation 6. Mesure des
long de la chaîne de marché table et transparente aux services inclusive effets directs
La résolution des Pour les producteurs La gouvernance équi- L’un des défis parti- Les nouveaux modèles L’axiome des affaires
problèmes de la et leurs organisations table et transparente culiers auxquels font d’affaire promeuvent constate qu’on ne
performance com- respectives, des liens se réfère à l’établisse- face les petits pro- l’innovation par une peut pas gérer ce
merciale et sociale des de marché devraient ment et l‘imposition ducteurs est l’accès multitude d’acteurs qu’on ne mesure pas.
nouveaux modèles fournir des marchés de catégories de aux services tels que le long de la chaîne Notre 6ème principe
d’affaire requiert stables avec des qualité et normes financiers, informa- concernant produits est d’incorporer des
de tous ou presque signaux clairs de clairs et cohérents, tions sur les marchés, et services mais aussi indicateurs faits sur
tous les acteurs de la qualité, volume et d’engagements clairs et les meilleures des processus qui les mesure et des plans
chaîne de fixer des prix ainsi que l’accès à acheter et vendre pratiques agricoles qui soutiennent. Les inno- de suivi pour apprécier
objectifs communs à des services clés. certaines quantités de peuvent améliorer la vations devraient être la santé d’une relation
pour la collaboration. (Principe 4). certaines qualités à qualité, les rende- faits plutôt « avec » commerciale en cours
Le développement Ces liens doivent con- des moments définis ments, la sécurité les petits produc- comme celle d’une
d’un point de vue sys- tribuer à des cadres ainsi que de processus sanitaire des aliments teurs que « pour » affaire rentable et
témique de la chaîne de vie améliorés. Du d’une gestion et la performance en- eux. L’accès inclusif aussi son efficacité
reconnait et apprécie côté des acheteurs, équitable des risques. vironnementale. Des à l’innovation fournit comme véhicule pour
l’interdépendance des les solutions doivent L’interdépendance solutions éprouvées un moyen de rester le développement
acteurs. Organiser et fournir un approvi- mutuellement permettent aux petits compétitif dans des communautaire.
mettre en œuvre des sionnement stable reconnue entre les producteurs d’accéder marchés dynamiques ; Un suivi constant de
accords implique sou- de produits salubres acteurs de la chaîne aux crédits, connais- de créer la valeur la santé de cette
vent l’identification et de qualité à des est un critère clé. Le sances, technologies commerciale de biens relation commerciale
d’un ou plusieurs prix compétitifs. partage des risques et de développer des et services ; et de réduit le risque que des
champions le long de L’atteinte des objectifs commerciaux et des incitations qui les partager les bénéfices problèmes mineurs
la chaîne pour guider des acheteurs et des assurances contre encouragent à investir des innovations parmi viennent détruire cette
le processus. producteurs requiert l‘échec sont souvent dans leur propre les partenaires, tout affaire.
ainsi la fourniture vus comme le production basée sur cela développant la
d’une valeur sociale « ciment » des rela- les besoins du marché. durabilité commer-
et commerciale en tions réussies. ciale.
amont et en aval de la
chaîne.
AGRICULTURE CONTRACTUELLE (AC) : REVUE DES PRINCIPES FONDAMENTAUX 31
B.1/
A l’inverse, il est permis de conclure que l’agricul- proposent de meilleurs prix, sans aucune
ture contractuelle échoue là où les conditions ou conscience des avantages du long terme liés à un
facteurs de réussite ne sont pas réunis. Les raisons accès fiable au marché, surtout quand il s’agit de
les plus fréquentes d’échec sont les suivantes : produits sujets à la fluctuation des prix) ;
II l’absence de prise de décision informée concer- II l’incapacité d’instaurer des solutions aux dé-
nant les investissements aussi bien du côté des faillances contractuelles dans les contrats (p.ex.
acheteurs que des producteurs, étant donné un l’inclusion de clauses contractuelles comme les
appât du gain facile et la faible prise de cons- assurances contre les intempéries ou des mé-
cience du risque élevé lié au lancement hâtif canismes pour le règlement des différends qui
d’un programme AC sans analyse bien fondée et s’appliqueront en cas de défaillance des produc-
une planification adéquate ; teurs ou des acheteurs ou de risques extérieurs
II les gouvernements/ partenaires au développe- comme les cas de force majeure) ;
ment/ ONG qui font la promotion de l’AC aux II la concurrence déloyale instaurée par les gou-
fins des objectifs de développement sans tenir vernements/ les partenaires au développement/
compte de la viabilité de la proposition d’affaire, les ONG à travers la création des sociétés pa-
des capacités requises, de l’aversion au risque raétatiques ou de type ONG qui sont censées
des producteurs, des capacités d’investissement/ faciliter aux producteurs l’accès au marché, mais
de gestion des acheteurs ou les spécificités des qui, à vrai dire, ne constituent pas une solution
cultures/ localités ; viable et durable ; et
II des acheteurs comptant sur les gouvernements/ II une prise de conscience insuffisante de la
les partenaires au développement/ les ONG pour complexité de l’engagement à travers toutes les
le choix des localités et des producteurs sans phases de développement de l’AC (démarrage,
prendre en compte que les critères devront être mise en œuvre, consolidation et expansion) et
orientés par l’esprit entrepreneurial et non par par conséquent, une mauvaise appréciation du
des considérations de localités et les objectifs de temps, des efforts et des ressources requis des
développement de parties tierces; parties contractantes et des tierces parties.
II la faible productivité et le compromis entre
la sécurité alimentaire et les cultures de rente
contractuelles, surtout quand il s’agit de la
concurrence pour les maigres ressources des
petits producteurs (coûts d’opportunité pour
l’utilisation de la terre, main-d’œuvre, capital
d’exploitation pour la production agricole;
même la main-d’œuvre se fait souvent plus rare Le cas de Force majeure se rapporte à des événe-
qu’on pourrait s’imaginer) ; ments imprévisibles qui surviennent après la signa-
II l’absence de portée de négociation/ voix des ture d’un contrat et qui sont indépendants de la
producteurs au cours de l’élaboration des dis- volonté des producteurs et des acheteurs. En AC, un
positions d’AC et de la prise de décision sur les cas de force majeure peut être lié, entre autres, à une
termes de contrat à cause du déséquilibre entre situation de guerre, à la grève, aux troubles sociaux,
les forces (absence d’organisations paysannes et à une invasion d’insectes/ des épidémies et catas-
d’information sur le marché, les prix et les tech- trophes naturelles telles les sécheresses, les inon-
nologies), communication non transparente de dations, la grêle, les tempêtes et la foudre. A cause
la part des acheteurs et l’absence de facilitation/ de cette situation imprévisible et exceptionnelle, les
médiation par une tierce partie ; producteurs et les acheteurs seront exempts de toute
II la défaillance/ non-respect des contrats soit par responsabilité liée à la non-exécution des obligations
les acheteurs (retards de paiement ou non-paie- contractuelles et ne pourront être tenus pour respon-
ment, rejets injustifiés) soit par les producteurs sables de rupture de contrat (partiellement citation
(vente parallèle, livraisons de mauvaise qualité) verbatim de Pultrone, s.d. p.2).
dû au manque de confiance, à des termes de
contrat non transparents, à l’opportunisme et
la préférence pour le gain à court terme sur les
avantages à long terme (p.ex. ventes parallèles
par les producteurs lorsque d’autres acheteurs
32
B.1/
Goldsmith (1985; cité dans Baumann, 2000, p.20) liés à la formation et aux compétences), (v) à
a identifié cinq conditions techniques susceptibles l’investissement dans la logistique de l’AC et (vi) à
de favoriser le développement d’un système la gestion d’un système d’AC ;
contractuel : II quand les produits sont périssables, (i) le besoin
II le caractère périssable : les cultures avec une de coordonner le timing de la récolte et de la
capacité de stockage limitée devant être vendues livraison entre producteurs et acheteurs devient
rapidement ont plus de chance de faire l’objet de essentiel pour réduire les pertes post-récolte
contrat que celles qui peuvent être conservées ainsi que la perte de revenus qui s’ensuit ; (ii) le
plus longtemps ; pouvoir de négociation des producteurs sur le
II le volume : tandis que les cultures à haute va- marché au comptant se réduit après les récoltes,
leur par unité de poids ou de volume sont plus ce qui amène les agriculteurs à proposer des
viables pour l’AC, les cultures plus volumineuses produits périssables quand l’accès au marché est
et à moindre valeur unitaire conviennent moins mieux garanti à travers des contrats agricoles ;
quand leur transport exige des longues distances ; II quand les technologies requises pour la pro-
II la permanence : les cultures pérennes (p.ex. les duction de certains produits sont exigeantes et
cultures arboricoles) conviennent mieux puisque lorsque les producteurs manquent des compé-
les producteurs ne peuvent s’en séparer aussi tences techniques nécessaires, d’intrants spéci-
facilement au regard des investissements en fiques et d’accès au financement pour investir
amont qui ne se rentabilisent qu’après plusieurs dans des infrastructures et équipements agricoles
années ; spécifiques, les dispositions d’AC peuvent com-
II la transformation : les cultures destinées à la penser à travers des services financiers et non
transformation se prêtent plus facilement à l’AC -financiers intégrés.
étant donné que les acheteurs comptent sur un
approvisionnement fiable pour faire un usage ef-
ficace des capacités de transformation installées ;
II la qualité : des cultures de qualités variables ou
destinées pour les marchés nécessitant normes
et certification d’une certaine sécurité sanitaire
des aliments, qualité ou durabilité conviennent
mieux à l’AC que les produits de qualité homo-
gène.
Rockenbauch, Will et Vielhaber à paraître se S’appuyant sur ces considérations, les auteurs font
servent des critères suivants pour illustrer le la distinction entre trois segments de marché pour
caractère adaptable des produits agricoles pour les les modèles d’affaires inclusifs (cf. le graphique
modèles d’affaire inclusifs entre petits producteurs ci-dessous) :
et acheteurs : II les matières premières (p.ex. la canne à sucre,
II les caractéristiques des produits, les étapes de le coton, l’huile de palme)
transformation et les infrastructures requises ; II les produits de haute qualité (p.ex. le café,
II le niveau d’organisation des producteurs et le le cacao, les légumes frais) ; et
rôle des entreprises leaders ; II les cultures de base (p.ex. les céréales, les légumi-
II la structure de la CV (formalisation et niveau de neuses, les tubercules).
coopération/ intégration) ; ainsi que
II la disponibilité de services techniques et
financiers et des conditions cadres en général.
B.1/
Abordant la question sous un angle différent, Tech- II la production à petite échelle n‘a aucun avantage
noserve et IFAD (2011, p.10) font une distinction sur la production à grande échelle ;
de l’aptitude des cultures à l’AC suivant les critères II le faible potentiel concernant les écarts des prix
ci-après (citation verbatim) : (p.ex. qualité, certification) ; et
II le haut risque lié au marché parallèle dû à un II les cultures sont en relation étroite avec la sécu-
marché local bien développé/ marché d’expor- rité alimentaire.
tation ;
II l‘expertise/ assistance technique n’est pas requise Chaque étape d’intensité décroissante de la couleur
pour répondre aux exigences du marché ; dans le graphique ci-dessous représente un des cri-
II les variétés spécifiques ne sont pas nécessaires tères susmentionnés. La sommation des critères par
pour satisfaire les spécifications du marché ; série de cultures indique le niveau de convenance
II les produits ne nécessitent pas une utilisation de cette variété de culture pour l’AC.
intense d‘intrants ;
Cultures de base
(mil, sorgho, blé, maïs, riz, orge,
petit mil etc.)
Légumineuses
(haricots, arachide, soja,
niébé etc.)
Tubercules
(patate douce, manioc,
canne à sucre etc.)
Oléagineuses
(sésame, colza, tournesol,
ricin etc.)
Cultures arboricoles
(café, thé, cacao, noix de cajou,
mangue, banane, orange etc.)
Cultures horticoles
(fraises, tomates, ail, oignon,
piment, poivre, paprika etc.)
haut risque lié au marché parallèle dû à un marché local bien développé/marché d’exportation
Cultures de rente une expertise/ assistance technique n’est pas requise pour répondre aux exigences du marché
(tabac, coton etc.) des variétés spécifiques ne sont pas nécessaires pour satisfaire les besoins du marché
les produits ne nécessitent pas une utilisation intense d‘intrants
Elevage, volaille, aquaculture la production à petite échelle n‘a aucun avantage sur la production à grande échelle
(porc, poule, faible potentiel concernant les écarts des prix (p.ex. qualité, certification)
poisson, crevettes etc.) cultures en relation étroite avec la sécurité alimentaire
36
Comme précédemment indiqué, il n’y pas de II le sens éthique des sociétés qui sont capables
typologie unique de cultures adaptées. Bien au et motivées à investir dans les projets de déve-
contraire, dans certains cas, les conditions spéci- loppement communautaire, au profit des petits
fiques de lieu pourraient compenser les facteurs producteurs en vertu de la responsabilité sociale
limitant l’adaptabilité des cultures pour l’AC ; des entreprises (RSE) ;
dans d’autres cas, la situation sur le terrain pour- II les approches orientées vers les affaires des
rait empêcher les parties contractantes à saisir les sociétés qui sont capables et motivées à investir
opportunités offertes par des cultures autrement dans le renforcement des capacités et l’intégra-
adaptées. Considérer le pourquoi et le comment qui tion au marché des petits producteurs à travers
pourrait transformer des situations peu propices en des modèles d’affaires inclusifs ; et
opportunités et vice-versa, la liste ci-dessous, qui II des conditions cadres propices en matière de
n’est pas exhaustive, donne quelques idées : politiques, de législation et de respect des lois
II les ressources limitées des petites exploitations, de l’AC, ainsi que de subventions intelligentes,
en l’occurrence la terre, la main-d’œuvre, le l’accès aux services d’appui financiers et non
capital (tandis que les contraintes liées au capital financiers qui renforcent les capacités des parties
peuvent être résolues grâce aux services finan- contractantes et renforcent l‘engagement à res-
ciers internes et externes, la concurrence entre pecter les contrats.
les cultures de rente pour une AC et les cultures
de subsistance pour la terre, la main-d’œuvre Il va de soi qu’une évaluation de chaque situation
tend à réduire fréquemment le potentiel de l’AC) ; s’impose : quelles circonstances de lieu spécifiques
II des infrastructures et systèmes de transport contribuent ou entravent la réussite potentielle
faibles peuvent se révéler comme un avantage recherchée pour un système d’AC planifié ? Les ré-
pour la pratique de l’AC en lieu et place d’autres flexions menées dans cette section donne une idée
cultures moins aptes, dans la mesure où la mise de la complexité des facteurs qui doivent être pris
en place des systèmes logistiques peut créer de en compte avant de s’engager dans une disposition
nouvelles opportunités au profit des producteurs d’AC.
éloignés, pourvu que les solutions logistiques
soient viables en dépit des contraintes rencon-
trées ;
II la bonne collaboration dans le passé entre
producteurs et acheteurs dans d’autres entre-
prises peut compenser les caractéristiques des
cultures moins aptes (p.ex. le récent passage des
contrats de coton au démarrage de l’AC relative
aux cultures de base, dans le but d’améliorer la
sécurité alimentaire des ménages/ les revenus
additionnels des exploitations) ;
II les petits producteurs bien organisés et bé-
néficiant de leur affiliation aux organisations
paysannes opérationnelles (groupes, associa-
tions, coopératives) et des prestations de services
adéquates (p.ex. la vulgarisation, les prêts, la
collecte de produits) ou les jeunes producteurs
bien formés émergeants ;
II les investissements qui lient des entreprises et
des producteurs et qui créent une forte inter-
dépendance peuvent contribuer à garantir le
respect des contrats ;
AGRICULTURE CONTRACTUELLE (AC) : REVUE DES PRINCIPES FONDAMENTAUX 37
B.1/
Autres lectures Section B.1
Bijman, Jos (2008): Contract farming in developing countries: an overview;
Working Paper; Wageningen University; available online at:
http://edepot.wur.nl/1763
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http://www.fao.org/docrep/014/y0937e/y0937e00.pdf
DCED [The Donor Committee for Enterprise Development] (2001):
Business Development Services for Small Enterprises: Guiding Princi-
ples for Donor Intervention; available online at:
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LINK methodology: A participatoy guide to business models that link
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Supplier Credit to Farmers: Do Donors have a Role to Play? available
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développement : Une revue de littérature; Institute of Development
Policy and Management, University of Antwerp; Agence Française de
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www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/
Scientifiques/A-savoir/12-A-Savoir.pdf
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available online at:
http://www.fao.org/ag/ags/contract-farming/toolkit/briefs-list/en/
Rockenbauch, Till, Margret Will and Burkhard Vielhaber (2013): Inklusive
Geschäftsmodelle in der Agrarwirtschaft – Anknüpfungspunkte für die
Internationale Zusammenarbeit (Inclusive Business Models in Agri-
culture – Entry Points for International Cooperation); edited by Federal
Ministry for Economic Cooperation and Development (BMZ); forthcoming;
available at: [email protected]
Silva, Carlos Arthur B. da (n.d.): Critical Issues in Contract Farming; FAO
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http://www.unidroit.org/english/meeting/papers/19-dasilva.pdf
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(2011): Outgrower Schemes – Enhancing Profitability; Technical Brief
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http://www.ifad.org/ruralfinance/pub/technoserve.pdf
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smallholders; IIED/FAO/IFAD/SDC; London/ Rome/ Bern;
ISBN: 978-1-84369-774-9; available online at:
http://www.ifad.org/pub/land/agri_investment.pdf
Headline
B/B.2/
40
B.2/
L’aperçu ci-après sur les types de facilitation en l’investissement initial dans la formation et les
matière d’AC donne une vue d’ensemble, bien infrastructures d’AC d’une part, et d’autre part
qu’incomplète, des besoins éventuels en termes les retours sur les investissements qui, de façon
d’appui (pour plus de détails cf. Section C.3, Phase 1, générale, ne se concrétisent que sur le moyen et
Etape 2) : le long terme. Même si les subventions ne sont
II L’assistance en termes de modération dans pas exclues, priorité doit être accordée au déve-
le processus du développement d‘AC pourrait loppement de services financiers adaptés, plutôt
comprendre une gamme variée d’activités telles que d’accorder des subventions qui n‘engendrent
que la facilitation de l’identification et du choix pas tant de fois des solutions durables.
des partenaires potentiels, de l’intermédiation
de contacts, de la modération des rencontres Il est évident que le développement de l’AC requiert
et négociations, de la gestion des conflits ou la un fort soutien à la base (niveau micro) pour le ren-
coordination du soutien extérieur. Il faut ac- forcement des capacités des producteurs, le renfor-
corder une grande importance à la capacité des cement de groupements paysans, la mise en relation
facilitateurs en tant que « médiateurs honnêtes » des producteurs et des acheteurs, la facilitation d’un
(parfois appelés « agents éthiques »). Il doivent climat de confiance entre fournisseurs et acheteurs,
être capables de faciliter la création de confiance la construction d’infrastructures de collecte, ainsi
entre les petits producteurs et les acheteurs (p.ex. que la mise à disposition de services financiers
en soutenant le développement de solutions et non financiers intégrés ou autonomes. Visant
communes pour les questions de transparence, le développement de structures durables pour la
de participation, d’égalité de voix, d‘avantages promotion de l’AC, l’assistance technique est autant
réciproques et du partage équitable des risques). nécessaire pour le développement d’un secteur de
II L’assistance technique pourrait prendre la forme services plus efficace et efficient (niveau méso) et
d’appui à l’analyse des CV, de mise en œuvre de pour l’amélioration du climat général des affaires
recherche relative à l‘AC et de transfert de tech- et des investissements (niveau macro). En somme,
nologies (p.ex. les variétés améliorées, l’intégra- l’essor de l’AC exige une approche systémique qui
tion des produits de l’AC aux systèmes agricoles intègre des mesures aux niveaux micro, méso et
prédominants, production, solutions innovantes macro et aussi au niveau méta. Celui-ci est souvent
de technologies de la logistique et de transfor- le secteur le plus vital pour la facilitation, lorsqu’il
mation et le développement de bonnes pra- s’agit de changement dans les attitudes commer-
tiques), de formation des formateurs/ du person- ciales, la collaboration au sein des groupements
nel externe ou interne chargé de la vulgarisation, paysans et l’instauration d’un climat de confiance,
d’élaboration de plan d‘affaire d’AC, de rédaction qui peut être perçu comme le facteur le plus impor-
de modèle de contrats, d’élaboration de sys- tant pour la réussite de l’AC.
tèmes d’assurance de qualité, d’appui au déve-
loppement organisationnel des groupements/ Dans beaucoup de cas, les organisations d’appui
associations/ coopératives de producteurs, de travaillent avec des équipes de facilitateurs opé-
formation des prestataires de service, d’assistan- rant aux niveaux géographiques différents (p.ex. au
ce aux décideurs en matière de politique dans les niveau du district, régional, national) et assumant
champs respectifs ou equivalent). différentes tâches. Les rôles et les responsabilités
II L’assistance financière pourrait prendre la forme peuvent alors être repartis selon les compétences et
d‘aide au développement de services financiers les expériences des membres de l’équipe (p.ex. vul-
(p.ex. des produits adéquats de crédit, d‘épargne garisation, formation, développement de services,
et d‘assurance), à la révision du cadre légal (p.ex. planification d’affaires, appui-conseil en matière
règlements de leasing) ou à l’élaboration d‘un de politiques). Afin d’éviter toute confusion et de
système d‘incitations publiques (p.ex. régime plutôt créer la confiance aux équipes, les rôles et
d‘allègements fiscaux, garantie de crédit ou responsabilités des différents membres doivent être
subventions intelligentes). Il se révèle d’une communiqués aux producteurs, acheteurs et autres
importance particulière pour la réussite et la services d’appui.
pérennisation des systèmes d’AC de trouver des
solutions pour combler les écarts financiers Comme les réflexions précédentes suggèrent, il
entre les paiements à court terme aux produc- existe une grande diversité d’individus et organi-
teurs, nécessaires pour soutenir leur famille, et sations du secteur public et privé, du public-privé,
42
B.2/
2.3 Facilitation en matière d’AC dans les pays les Autre lecture Section B.2
moins développés (PMD) ou dans des environne- Curtis, Lisa et.al. (2010): Private Sector Development in Conflict-Affected
Environments: Key Resources for Practitioners; edited by The Donor
ments fragiles
Committee for Enterprise Development (DCED); available online at:
L’idée répandue selon laquelle il est plus difficile de http://www.enterprise-development.org/page/download?id=1627
promouvoir l’AC dans les PMD ou dans des environ- Fowler,Ben and Adam Kessler (2013): Measuring Achievements in Private
nements fragiles que dans les pays en voie de déve- Sector Development in Conflict-Affected Environments: Practical
Guidelines for Implementing the DCED Standard; edited by The Donor
loppement, Prowse (2012, p.6), mène à la conclusion Committee for Enterprise Development (DCED); available online at:
suivante: « Il faut remarquer que la comparaison des http://www.enterprise-development.org/page/download?id=2098
« réussites » et des « échecs » indique que l’agri- Grossmann, Helmut et.al. (2009): Sustainable Economic Development in
Conflict-Affected Environments: A Guidebook; edited by Daniel Bagwitz,
culture contractuelle peut être fructueuse dans des Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ; now GIZ);
conditions socioéconomiques extrêmement diverses, available online at:
http://www.enterprise-development.org/page/download?id=1282
y compris dans les pays en proie à des conflits, dans
UNIDROIT [International Institute for the Unification of Private Law](2013a):
des États fragiles et dans les pays les moins avancés Preparation of a Legal Guide on Contract Farming – A preliminary
(car elle permet de surmonter les coûts de transac- outline of issues;
http://www.unidroit.org/english/documents/2012/study80a/wg01/s-
tion élevés sur les marchés peu actifs et imparfaits 80a-01rev-e.pdf
qui caractérisent fréquemment ces contextes). » UNIDROIT (2013b): Report on the First Meeting of the UNIDROIT Working
Group for the preparation of a Legal Guide on Contract Farming,
Rome, January 2013; available online at:
Etant donné que les facteurs qui entravent l’AC sont http://www.unidroit.org/english/documents/2012/study80a/wg01/s-
un peu partout les mêmes (allant de l’adversité aux 80a-02-e.pdf
risques des petits producteurs pauvres en ressources, For a selection of related papers:
de la méfiance prédominante entre producteurs et DCED [The Donor Committee for Enterprise Development]: PSD in Conflict-
entreprises, à l’inexistence ou l’insuffisance de ser- Affected Environments; available online at:
http://www.enterprise-development.org/page/cae
vices et un climat général des affaires peu propice),
FAO [Food and Agriculture Organization of the United Nations] (n.d.):
les éventuelles solutions sont largement compatibles. Contract Farming Resource Centre; available online at:
Cependant, vu la situation spécifique des PMD et des http://www.fao.org/ag/ags/contract-farming/en/
environnements fragiles, la facilitation en AC doit te- Prowse, Martin (2012): Contract Farming in developing Countries:
Appendices; available online at:
nir compte des conflits et pourrait nécessiter plus de http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/
ressources et de temps que dans d’autres contextes. Scientifiques/A-savoir/12-VA-A-Savoir-Appendices.pdf
Puisqu’il n’existe pas de modèle pour la réussite qui
donne une réponse à la question de savoir quel type
et quelle intensité d’assistance technique et finan-
cière sont appropriés, tout dépendra de l’analyse des
besoins spécifiques en matière de renforcement de
capacités et de services des producteurs et des entre-
prises dans leur environnement respectif. Il va sans
dire qu’on doit prêter plus d’attention à la qualité de
l’analyse, surtout en ce qui concerne les structures
sociales et les relations de confiance/ méfiance ainsi
que l’identification et l’intégration des leaders d’opi-
nions communément respectés.
C/C.1/
Note:
The gender aspect in Contract Farming
Although supplying much of the work force under
contract farming arrangements, women are largely
excluded from signing contracts themselves since
most female farmers lack control over land and
labour, they lack access to financial and other
resources as well as to adequate information and
advice. However, with women playing a crucial
role as farmers, family workforce and labourers in
agriculture in many developing countries, promoting
gender equality in CF may not only prove to be good
for women but also for the performance of contract
farming schemes.
∙ Modèle informel
∙ Modèle intermédiaire
∙ Modèle multipartite
∙ Modèle centralisé
∙ Modèle de plantation nucleus
(ainsi que les modèles intermédiaires et formes d‘opérations)
Les bases conceptuelles dans cette première partie II les incitations et dissuasions en AC dans la Sec-
du guide donnent des informations essentielles tion B.1.3 (Tableau 3);
pour aider le choix des modèles d’affaires appro- II les facteurs de succès et d’échec dans la Section
priés : B.1.4 et
II la description des modèles d’affaires d’AC dans la II la discussion sur l’aptitude des produits à l’AC
Section B.1.1 (Tableau 1 et Figure 1); dans la Section B.1.5.
48
LA STRUCTURE DU PROCESSUS 49
LES TROIS PHASES POUR DEVELOPPER DES SYSTEMES D’AGRICULTURE CONTRACTUELLE
C/C.2/
50
C.2/
Figure 7/ Vue globale de la structure du processus : phases, étapes et activités
pour le développement de systèmes d’AC
Imprimée, la figure pourrait jouer un rôle clé lorsqu’on navigue dans cette partie du guide.
Activité 1.1
Clarifier l’intérêt et les capacités de l’entreprise P. 57
........... .............................................................................................................................................................................................
pour initier un modèle d’affaires d’AC
Etape 1 Activité 1.2
Décision de développer Prospecter rapidement les zones potentielles P. 58
un système d‘AC de production et les systèmes d’exploitation
Activité 1.3
Faire une cartographie de la CV P. 59
(acteurs, économie, besoins en matière de mise à niveau)
Activité 2.1
(Pré) sélectionner les zones de production et les producteurs/ P. 64
groupements de producteurs pour la phase de démarrage
Etape 2
Activité 2.2
Elaboration d’un plan
Evaluer les besoins des producteurs/ groupements de pro- P. 66
Phase 1 de renforcement des ducteurs et des acheteurs en renforcement de capacité et en services
Initier & capacités d‘AC
Activité 2.3
planifier Ebaucher un plan de prestations pour l’AC P. 68
(services intégrés et externes)
Activité 3.1
Etudier des dispositions d’AC alternatives et P. 71
sélectionner un modèle d’affaires d’AC approprié
Activité 3.2
Esquisser une structure et un plan de gestion probables P. 73
Etape 3 du modèle d’affaires d’AC
Développement d’un
plan d’affaires d’AC Activité 3.3
Esquisser les détails du contrat (la 1ère ébauche reflétant P. 75
uniquement la perspective de l’acheteur)
Activité 3.4
Ebaucher un plan d’affaires de l’AC (y compris les retours P. 82
potentiels sur investissement, l‘évaluation des risques, etc.)
Activité 4.1
Préparer l‘accord d’AC et amener les producteurs à prendre P. 89
des décisions en connaissance de cause
Etape 4
Activité 4.2
Négociation et Proposer le contrat d’AC et expliquer les spécifications P. 91
acceptation du aux producteurs
contrat d‘AC
Activité 4.3
Accepter le contrat d’AC après des négociations équitables P. 92
et transparentes
Activité 5.1
Finaliser les plans d’affaires et de gestion d‘AC P. 96
Phase 2 et esquisser un budget saisonnier
Réaliser & Etape 5
Activité 5.2
apprendre Démarrage Mettre en place les infrastructures et la gestion de l’AC P. 98
des activités d‘AC pour les opérations sur le terrain
sur le terrain
Activité 5.3
Développer les capacités d’AC des producteurs, des groupe- P. 100
ments paysans et du personnel de terrain et de gestion
Activité 6.1
Mettre en place un système d’informations P. 103
Etape 6 pour la gestion de l’interface exploitation agricole-entreprise
Suivi, feed-back et
Activité 6.2
apprentissage Etablir des routines de feed-back aux producteurs P. 104
ainsi qu‘au personnel de terrain et de gestion
Etape 7
Amélioration continue
Phase 3 vers la durabilité
Maintenir &
croître Etape 8
Croissance générique à
travers la mise à l‘échelle
52
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 53
Headline
C/C.3/
54
Figure 8/ Analyse de la chaîne de valeur (CV) comme base de sélection d’un modèle d’affaires,
la création des plans d’affaires et de gestion et la négociation des contrats AC
C.3/
Figure 9/ Les trois étapes et les activités liées de la phase 1 « initier & planifier »
Etape 1/ Décision de développer un système d’AC – identifier les opportunités et les risques,
les coûts et les bénéfices
En analysant les systèmes d’AC qui ont réussi et ceux qui décision de haut niveau de la direction de l’entreprise est ab-
ont échoué, on reconnaît que le moment et la façon de solument nécessaire au regard des investissements qu’il faut
concevoir sont déterminants pour les résultats. S’agissant pour la création et le fonctionnement des systèmes d’AC.
du bon timing, procéder à des changements sous pression
pour des raisons internes et externes (p.ex. la pression due à Afin de réduire les risques liés à l’échec et les coûts associés,
la concurrence) se pose comme un critère crucial pour réus- le succès doit être garanti par la façon même de le concevoir,
sir. S’agissant de la planification, une analyse bien structu- plutôt que par défaut. Investir suffisamment de temps et
rée et compétente est vitale pour la réussite. d’argent dans l’évaluation de la faisabilité, des opportunités
et risques, des coûts et des avantages potentiels sera rem-
Qu’elle soit introduite par des entreprises de transforma- boursé par un retour plus sûr et suffisant sur les investisse-
tion ou par des entreprises de commercialisation, des ments pour soutenir la durabilité et la rentabilité de l’AC.
sociétés paraétatiques ou des coopératives, la décision de
s’engager ou non dans l’AC est une décision commerciale
stratégique. Un engagement sérieux et une prise de
Jalon de référence
Un bon modèle d’affaire est choisi et présenté dans ses
grandes lignes.
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 57
C.3/
Activité 1.1/ Clarifier l’intérêt et les capacités de l‘entreprise pour initier
un modèle d’affaires d‘AC
Comme les investissements en amont dans un modèle d’approvisionnement des entreprises, les structures du
d’affaires innovant d’AC ne porteront leurs fruits que si les côté de l’offre, de même que les capacités techniques et
produits se vendent à la fin, les entreprises doivent avoir managériales des entreprises doivent être prises en compte.
une connaissance des marchés et leurs conditions d’accès. Enfin, une décision stratégique sur les retours sur les inves-
En outre, les caractéristiques des produits, les exigences tissements projetés doit être prise.
Tableau 6/ Activité 1.1 – Clarifier l’intérêt et les capacités de l‘entreprise pour initier
un modèle d’affaires d‘AC
Objectif
L’objectif de cette activité est de clarifier l’intérêt et
les capacités de l’entreprise à initier et développer un
modèle d’affaires d’AC.
Questions sélectionnées
Les questions suivantes suggèrent des idées visant à II L’entreprise a-t-elle suffisamment de ressources finan-
clarifier l’intérêt et les capacités de l’entreprise à initier cières/ humaines pour entreprendre l’AC et assurer
un modèle d’affaires d’AC (la liste des questions doit être des services intégrés/ sa présence sur le terrain dans
complétée sur la base de la réalité sur le terrain) : le but de créer la confiance et assurer le suivi ?
II Y a-t-il une opportunité de marché viable sur le long II Est-ce qu’un système d’AC présente suffisamment
terme ? Quelles sont les tendances/ fluctuations du d’avantages par rapport au modèle d’approvisionne-
marché et des prix qui ont une influence sur la via- ment actuel, de sorte à pouvoir justifier les investis-
bilité de l’AC (p.ex. les prix sur le marché mondial, les sements en amont et les coûts de fonctionnement
fluctuations saisonnières des prix) ? récurrents d’un modèle d’affaires agricole contractuel ?
II Quelles sont les exigences d’accès au marché à satisfaire II En conclusion : Quel intérêt et quelles capacités a
(p.ex. la sécurité sanitaire et la qualité alimentaire, la l’entreprise pour initier un modèle d’affaires d’AC ?
traçabilité, la certification de la durabilité, le condition- Sous réserve d’une analyse plus approfondie : Quels
nement, l’étiquetage) ? sont les avantages de la production à petite échelle
II Quelles sont les caractéristiques des produits qui comparés à la production à grande échelle ? Quelles
se prêtent à une agriculture contractuelle (p.ex. les sont les stades de production et de transformation
conditions d’accès au marché, des intrants spécifiques, (p.ex. 1ère transformation) qui pourraient vraisembla-
la complexité de la technologie, l’externalisation de la blement être externalisées avec un bon rapport coûts
première transformation) ? -bénéfices pour les parties contractantes ?
II Quelles sont les options d’approvisionnement alter-
natives entrant en concurrence avec la petite agri-
culture contractuelle (p.ex. le marché au comptant,
AC avec des exploitations agricoles à grande échelle,
l’intégration en amont ou en aval sur des plantations
propres) ?
Questions sélectionnées
Les questions suivantes suggèrent des idées pour réaliser II Est-ce que les producteurs ont déjà l’habitude de
une prospection rapide des zones de production poten- collaborer au sein d‘organisations paysannes (impor-
tielles et des systèmes agricoles (la liste des questions tant pour des économies d’échelle, l’apprentissage par
doit être complétée suivant les besoins spécifiques de les pairs, le contrôle conjoint, p.ex. pour les prêts en
l’entreprise et la réalité sur le terrain ; certaines ques- groupe/ la certification) ?
tions pourraient ne pas trouver réponse dès la première II Est-ce que les producteurs montrent des compétences
évaluation, mais nécessiter une analyse plus approfondie ou capacités (p.ex. les savoirs traditionnels) et de l’en-
et des visites de terrain) : gagement nécessaires ?
II Quelles sont les zones de production qui sont appro- II Quelles sont les performances des producteurs (p.ex.
priées au regard des conditions agro-écologiques et la productivité, le coût unitaire de la production, la
climatiques, de la propriété foncière pour les produc- qualité) ?
teurs, des antécédents culturaux, de la proximité des II Est-ce possible d’accroître la productivité, de réduire
centres de collecte de l’entreprise, du cadre commu- le coût unitaire de production, d’améliorer la qualité ?
nautaire (p.ex. les routes, les services d’utilité publique, II Est-ce que les producteurs vendent déjà sur le marché/
le soutien communautaire, les impôts) ? approvisionnent d’autres entreprises/ collaborent
II Est-ce que les systèmes d’exploitation et familiaux qui avec un système d’AC ?
prévalent favorisent l’intégration de cultures contrac- II Est-il possible de regrouper plusieurs organisations
tuelles ou y a-t-il un risque de concurrence pour la paysannes autour des centres de collecte ?
terre, la main-d’œuvre et les capitaux en quantité II Les producteurs sont-ils capables d’effectuer la pre-
limitée ? Faut-il considérer des solutions pour l‘assu- mière phase de la transformation (p.ex. le calibrage, le
rance d‘alimentation équilibrée dans la promotion de décorticage, le séchage) ?
cultures de rente ? II En résumé: Quelles conclusions peuvent être tirées
II Est-ce que les conditions socioculturelles favorisent la de la prospection des zones de production potentielles
collaboration avec l’entreprise (p.ex. les réseaux exis- et de la présélection des zones semblant prometteuses
tants/ les conflits liés à l’origine/ à la langue, les rôles pour lancer un système d’AC ?
et conflits de genre, les chefferies traditionnelles) ?
Outils sélectionnés
II Concertations avec des personnes ressources internes Sources (cf. Bibliographie) :
ou externes (experts clés) II Check-list of issues to address when developing linka-
II Revue littéraire ges; in: Shepherd, 2007, p.57
II Méthodologie LINK; dans : Lundy et.al., 2012
II Question Guides #3 and #4; in: Action for Enterprise
and Match Makers Ltd., 2009, p.13f
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 59
C.3/
Activité 1.3/ Faire une cartographie de la chaîne de valeur (acteurs, économie,
besoins en matière de mise à niveau)
Comme solution spéciale pour lier les producteurs aux mar- II de la performance des services d’appui non-financiers et
chés, l’AC se situe à l’interface offre agricole-approvision- financiers du public et du privé ;
nement des entreprises. De toute évidence, la CV dans son II du cadre entrepreneurial/ du climat des investisse-
ensemble exerce une influence sur les opportunités et les ments ; et
risques relatifs à l’élaboration d’un modèle d’affaires d’AC, II du comportement/ des attitudes des acteurs qui favo-
et pour ce faire, doit être prise en compte dans la décision risent ou entravent la collaboration au sein du système
de développer un système AC. Il va falloir, en ce sens, faire d’AC.
une cartographie de la chaîne donnant une image suffisam-
ment claire : La cartographie de la CV n’est pas une fin en soi, mais
II des acteurs impliqués, de l’approvisionnement en intrants, doit plutôt permettre de mieux appréhender la réalité de
en passant par les producteurs aux transformateurs, com- l’entreprenariat et l’environnement extérieur susceptibles
merçants, sociétés paraétatiques et coopératives, avec les de servir de base pour l’élaboration de solutions commer-
quatre derniers potentiellement étant des concurrents ; ciales/ d’un modèle d’affaires d’AC viable. Si une bonne
II des fonctions de la chaîne, i.e. le flux et les processus de analyse s’impose, il faudra tout de même qu’elle s’en tienne
production, d’information et de paiements ; strictement à ‘autant que nécessaire, mais aussi peu que
II de coûts de production, de transformation, et de tran- possible’ afin d’économiser de l’argent et de gagner en
saction tout au long de la CV ; temps dans la mise en œuvre.
Questions sélectionnées
Les questions suivantes suggèrent quelques idées pour influencent les coûts de transaction et quels sont les
l’élaboration de la cartographie de la CV (la liste des coûts de transaction encourus le long des différents
questions doit être complétée en fonction de la réalité du canaux d’approvisionnement ?
terrain) : II Concernant spécialement le volet approvisionnement
II Comment est organisé la CV ? Qui sont les acteurs de la CV : quelles sont les caractéristiques spécifiques
clés ? Quelles sont leurs principales fonctions ? Quels aux niveaux des intrants agricoles et de l‘agriculture
sont les services financiers et non-financiers essentiels de la CV, qui nécessitent une analyse plus approfondie
disponibles ? Quels sont les services essentiels qui font pour enrichir les réponses aux questions au niveau de
défaut ? Quelles conditions cadres (climat des investis- l’activité 1.2 ?
sements) influencent la compétitivité de la CV ? II Existe-t-il des organisations de producteurs (grou-
II Comment fonctionnent les différents canaux d’appro- pements paysans, associations, coopératives) ? Si oui,
visionnement (capacités des opérateurs de la chaîne, quel rôle jouent-elles dans la prestation des services
économie de la CV) ? Quelle première étape de la au profit des producteurs (vulgarisation, formation,
transformation (p.ex. le calibrage, le triage, le séchage) collecte, commercialisation, transformation, gestion des
est mise en œuvre par quels acteurs ? Existe-t-il des contrats, négociation des prix, lobbying) ? Quel est le
opportunités pour des revenus additionnels au profit niveau de leur efficacité ?
des ménages paysans (les jeunes, les femmes) ? II Combien d’entreprises/ commerçants rivalisent dans
II Puisque les coûts de transaction constituent un facteur quelles zones de production et pour quels marchés pour
déterminant dans la décision de produire ou d’acheter, l’approvisionnement auprès des mêmes petits produc-
ainsi que la question du lieu et de la personne auprès de teurs ? Quelle est la possibilité des risques de défaillance
qui se procurer un produit, la question qui se pose est la auprès des paysans due à une compétition déloyale des
suivante : quels sont les facteurs qui acheteurs/ des ventes parallèles des producteurs ?
60
II Existe-t-il une organisation du secteur (association, II Quelles tierces organisations d’appui (gouvernements,
fédération, interprofession, conseil) ? Quel rôle joue- partenaires au développement, ONG) travaillent déjà
t-elle ? (p.ex. services d’information sur le marché, avec les producteurs ou sont prêts à soutenir le déve-
plate-forme pour la négociation des prix saisonniers loppement de l’AC ?
ou annuels entre organisations des producteurs et des II En résumé : Quelles conclusions peuvent être tirées
acheteurs, code de déontologie agricole d’AC, dialogue de la cartographie de la CV ? Est-ce que la CV est
politique) ? compétitive ? Quelles sont les forces, les faiblesses, les
II Le cadre national/ local est-il favorable/défavorable possibilités et les menaces (SWOT FFPM) qu’il convient
(p.ex. le droit des sociétés ou de l’AC en particulier, de prendre en compte lors de l’élaboration du modèle
enregistrement des sociétés, les infrastructures éco- d’affaires d’AC et du plan d’affaires ? Quels sont les
nomiques et sociales et la corruption) ? Quelles sont besoins en termes d’innovation et de mise à niveau qui
les risques d’interférence du gouvernement (p.ex. en sont cruciaux pour la réussite de l’AC ? Quels risques
matière de cultures de subsistance stratégiques) ? relatifs aux politiques, à la production, à la commercia-
lisation, au crédit etc. méritent d’être pris en compte
C.3/
Etape 2/ Elaboration d’un plan de renforcement des capacités d’AC – identifier les besoins
en services non-financiers et financiers
La réussite et la pérennité des systèmes d’AC dépendent L’acheteur à son tour exige l’accès aux banques ou les
largement de la volonté et des capacités des petits exploi- autres services financiers pour refinancer les crédits oc-
tants et de leurs organisations, des acheteurs et de leurs troyés aux producteurs, à coté de leurs propres investisse-
équipes et probablement des intermédiaires (p.ex. les ments dans les opérations de l’AC et la logistique, ainsi que
producteurs principaux (nucleus) ou un centre de collecte les infrastructures de la commercialisation ou de trans-
sous-traité, ou les agents de vulgarisation externes, parfois formation. La disponibilité et l’accès aux autres services
les ONG) quand il s’agit d’acquérir de nouvelles compé- financiers appuieront le développement de l’AC : p.ex. le
tences et des technologies innovatrices, en particulier : transfert d’argent (important pour réduire les risques de
II Capacités techniques (p.ex. Bonnes Pratiques Agricoles/ manipuler de grosses sommes d’argent pour les paiements
BPA pour les cultures connues ou nouvelles, les bonnes des producteurs dans les centres de collecte), épargne (p.ex.
pratiques de traitement post-récolte et peut-être la des comptes individuels pour les réinvestissements dans les
valeur ajoutée/ 1er stade de transformation). exploitations ou l’épargne collective), le leasing (p.ex. pour
II Capacités managériales (p.ex. l’agriculture comme une la mécanisation agricole et l’équipement) et l’assurance
entreprise, la tenue de dossiers, la négociation des (p.ex. l’assurance agricole indexée sur les consitions météo-
contrats, logistique pour les intrants, la gestion des rologiques). En plus, les gouvernements ou les partenaires
centres de collecte/ de zone, la gestion des opérations de au développement pourraient fournir l’assistance financière
l’AC) ; et en vue de promouvoir le développement agricole ou des CV
II Capacités organisationnelles (p.ex. développement de en général et le développement de l’AC en particulier (p.ex.
groupements paysans/ associations/ coopératives forts, cofinancement des investissements initiaux, les garanties
communication et coordination efficientes entre les de crédit, les garanties du risque de défaillance ‘première
producteurs et les acheteurs). perte’, intrant ou les autres subventions).
La disponibilité et l’accès aux services financiers pour les Enfin, le renforcement de capacités en général et l’offre
producteurs et les acheteurs sont également importants, de services intégrés en particulier contribuent à changer
aussi bien pour les investissements à moyen et long terme les attitudes nécessaires pour construire des relations à
que pour les coûts opérationnels à court terme. Comme les long terme et fiables dans l’AC et réduire ainsi les risques
services financiers en milieu rural dans un grand nombre de défaillance des deux côtés. Le changement d’attitude
de pays en voie de développement ne sont pas réellement sous-entend la confiance mutuelle, le respect des propres
fonctionnels (même si ça émerge lentement), des crédits obligations contractuelles et des droits des cocontractants,
intégrés octroyés par les acheteurs (ou les fournisseurs le partage d’informations de façon transparente, l’accord
d’intrants) sont parfois la seule source de financement pour sur des relations contractuelles et une voix dans les négo-
les petits exploitants. Le financement intégré est princi- ciations équitables et autres pour le bénéfice mutuel des
palement rendu disponible en nature, en facilitant l’accès deux partenaires de l’AC.
aux intrants appropriés (p.ex. les semences des variétés
améliorées, les engrais, les produits pour la protection des
plantes) et parfois pour l’achat d’équipement des exploi-
tations agricoles/ du groupement paysan requis pour la
culture spécifique à l’AC (p.ex. les herses, les charrues à
bœufs, les tracteurs éventuellement) et installations (p.ex.
stockage, hangar de classement, 1er stade de transforma-
tion). Comme mesure de renforcement de la confiance, le
préfinancement peut également être prévu pour les frais
scolaires, les besoins de base des producteurs ou pour les
obligations sociales.
62
Tableau 9/ Etape 2 – Elaboration d’un plan de renforcement des capacités d’AC – identifier
les besoins en services non-financiers et financiers
Activités
2.1 (Pré) Sélectionner les zone(s) de production et les pro- 2.3 Ebaucher un plan de prestations pour l’AC (services
ducteurs/ groupements de producteurs pour la phase intégrés et externes).
de démarrage ;
2.2 E valuer les besoins des producteurs/ groupements
de producteurs et des acheteurs en renforcement de
capacité et en services ;
C.3/
les capacités de prestataires de services potentiels, des II En revanche, en considérant les besoins parfois im-
services non financiers peuvent être fournis comme portants de services financiers et non financiers pour
des services intégrés à travers le personnel de l’en- intégrer les petits exploitants dans l’AC ayant une
treprise, les producteurs nucleus, les autres intermé- incidence sur les actifs/ la liquidité de l’entreprise et à
diaires, les organisations paysannes ou les prestataires sa compétitivité, les gouvernements ou les partenaires
de services externes, tels que les associations des au développement peuvent décider d’appuyer le
chaînes de valeur, les services gouvernementaux de développement de l’AC à travers l’assistance technique
vulgarisation ou les ONG. ou financière (voir Section B.2). Alors que le temps et
II Etant donné l’intérêt spécifique de l’acheteur et les les ressources suffisants doivent être fournis pour
exigences du produit, pour lequel les producteurs appuyer l’émergence de systèmes durables, les parte-
doivent acquérir des capacités et des compétences naires externes doivent prévoir une stratégie de sortie
distinctes, il est de la responsabilité de l’entreprise claire dès le début.
d’organiser et de financer des systèmes de formation II Puisque l’objectif des gouvernements et des orga-
et de conseil nécessaires. nisations de développement est d’assister comme
II La relation entre l’offre de service intégrée de l’ache- d’habitude les producteurs dénués de ressources et
teur et le service gouvernemental de vulgarisation marginalisés en vue de favoriser la croissance écono-
doit être clarifiée et les approches alignés. Pendant que mique rurale et de réduire l’insécurité alimentaire,
le service public de vulgarisation met habituellement priorité est ici de ne pas laisser les objectifs de déve-
l’accent sur les messages fondamentaux, les tech- loppement l’emporter sur le raisonnement commer-
nologies spécifiques de l’AC sont mieux vulgarisées cial (p.ex. dans la sélection des zones de production et
à travers les structures de l’AC, étant donné l’intérêt des producteurs). C’est un facteur crucial de réussite,
économique de l’acheteur dans les exploitations amé- puisque les producteurs et les acheteurs assument les
liorées et la performance de l’AC. risques commerciaux et d’investissements et doivent
soutenir le système de l’AC dans le futur sans assistan-
ce externe.
Jalon de référence
Un plan de renforcement de capacité et de service de l’AC
est élaboré.
64
Activité 2.1/ (Pré) Sélectionner les zone(s) de production et les producteurs/ groupements de
producteurs pour la phase de démarrage
La (pré) sélection des sites et des producteurs/ groupe- Note:
ments pour la phase de démarrage (habituellement utilisée Puisque des coûts et un temps considérables sont engagés
pour piloter le modèle de l’AC) s’inspire des résultats de pour identifier, sélectionner et qualifier les fournisseurs, il
l’Etape 1. Si la prospection rapide des zones potentielles est raisonnable pour les acheteurs d’investir suffisamment
de production et des systèmes agricoles (voir Activité 1.2) de temps et d’argent dans la sélection initiale des sites et des
et l’élaboration de la carte des CV (voir Activité 1.3) ne four- producteurs. Plus forte sera la probabilité de retenir des pro-
nissent pas d’informations suffisantes pour une sélection ducteurs formés et expérimentés dans le système, moindres
finale des sites et des fournisseurs, l’évaluation des besoins seront les coûts et le temps nécessaires pour la recherche/
en renforcement de capacités doit être réalisée dans les formation dans le futur et plus facile sera la montée en
zones de production et parmi les producteurs/ groupe- échelle du système d’AC (p.ex. grâce à l’enregistrement de
ments paysans présélectionnés. Les informations générées paysan à paysan).
dans l’Etape 2 serviront pour la décision finale sur les sites
et les fournisseurs pour la phase de démarrage.
Tableau 10/ A
ctivity 2.1 – (Pré) Sélectionner les zone(s) de production et les producteurs/
groupements de producteurs pour la phase de démarrage
Objectif
Etant donné l’importance fondamentale de la sélection la durabilité d’une entreprise conjointe de l’AC, l’objectif
des sites appropriés et des producteurs/ groupements est d’appuyer la prise de décision des acheteurs en toute
capables et volontiers de contribuer à la réussite et connaissance de cause.
Questions sélectionnées
Les questions suivantes fournissent des idées pour la (pré) II Si la société a l’intention d‘étaler l‘approvisionnement
sélection des sites et des fournisseurs : suivant les saisons de récoltes dans les différentes
II Quels sites sont appropriés en ce qui concerne les zones agro-écologiques ou de répartir le risque poten-
conditions agro-écologiques et climatiques, le régime tiel de perte des récoltes due aux conditions clima-
foncier, les superficies des exploitations et le potentiel tiques : quels sont les sites qui se complètent dans un
du rendement, le nombre suffisant de producteurs pays ou dans la sous-région ?
potentiels d’AC, dans les zones dont les espaces sont II Y a-t-il des services de vulgarisation, des programmes
limités (pour réduire les coûts de transaction), la des bailleurs de fonds ou des ONG qui connaissent les
disponibilité des travailleurs, le soutien du gouverne- fournisseurs potentiels et peuvent servir d’intermé-
ment local et la chefferie traditionnelle, les infrastruc- diaires pour initier des relations ?
tures (les routes, la communication, l’eau, l’électricité Une attention particulière doit être prêtée à l’appli-
etc.) et la prévalence de l’insécurité (risque de perte cation des critères clairs de sélection de fournisseurs,
du produit ou de l’argent liquide à travers le vol ou la guidée par un raisonnement d’affaires et non de déve-
corruption) ? loppement, des relations claniques ou autres.
II Lesquels de ces sites sont proches du site de la société II Y a-t-il des groupements paysans/ associations/ coopé-
ou les sites éventuels pour les centres de collecte ratives avec des membres et un leadership engagés, des
et/ ou de service (important concernant les coûts expériences dans les activités économiques conjointes
de transport/ transaction, la visibilité sur le terrain/ et/ ou l’apprentissage par les pairs ? Est-ce que le con-
proximité des services et la manutention rapide des texte socioculturel favorise ou compromet la coopé-
intrants et des produits périssables) ? ration horizontale dans les organisations paysannes ?
II Si les conditions agro-écologiques requises sont loin- II Est-ce que les producteurs ont des droits usufruitiers
taines, les systèmes agricoles appropriés sont dans les ou de propriété sur les exploitations agricoles ? Ont
zones moins peuplées et le risque de commercialisation -ils accès aux animaux pour la culture attelée ou aux
parallèle/ braconnage est élevé dans les zones qui sont machines et à l’équipement (propre ou location) ? Si
facilement accessibles : est-ce que le ratio coût-bénéfice nécessaire, est-ce que les producteurs ont accès à la
favorise la sélection des zones plus reculées ? main-d’œuvre externe à des coûts raisonnables ?
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 65
C.3/
II Quelles activités sont couramment mises en œuvre II Y a-t-il des intermédiaires déjà connus par les produc-
par les femmes ou les jeunes et quelle influence le sys- teurs ou les membres des groupements paysans qui
tème de l’AC aura sur leurs rôles, leur charge de travail sont des leaders d’opinion respectés, capables de de-
et leur inclusion ? Quelles barrières doivent être sur- venir des producteurs nucleus ? Y a-t-il des commer-
montées et quelles mesures doivent être prises pour çants engagés capables de gérer les centres de collecte,
assurer leur inclusion dans les conditions d’égalité ? soit de façon indépendante ou en tant que personnel
II Est-ce que la culture cultivée dans l’AC convient au de l’entreprise ?
système agricole/ familial sans compromettre les II Y a-t-il des prestataires de service de proximité pour
besoins de subsistance ? Ou y a-t-il un risque de com- renforcer les capacités (p.ex. la formation, la vulgari-
promettre la sécurité alimentaire des ménages par le sation, la recherche, les champs d’expérimentation),
système de l’AC concernant les rares ressources des pour les services opérationnels (p.ex. fourniture
petits exploitants (terre, main-d’œuvre, capitaux) ? d’intrants, transport, conservation) et pour les besoins
II La main-d’œuvre est parfois plus rare que ce qui est de financement (p.ex. crédits et épargne, transfert
supposé : quels sont les coûts d’opportunité pour d’argent, assurance) ?
l’utilisation de la main d’œuvre familiale quant au II Y a-t-il une opportunité de marché ou de transfor-
système de l’AC ? Est-ce que l’exploitation agricole a mation à coté pour les produits de seconde catégorie/
une main d’œuvre familiale suffisante, au cas où la qualité inférieure en vue de fournir des revenus sup-
culture de l’AC exige un traitement en même temps plémentaires pour les producteurs/ fournir peut-être
que les cultures vivrières ? Peut-on employer une des revenus pour les femmes qui vendent dans le
main d’œuvre externe à un coût raisonnable ? marché ou qui transforment ?
II Est-ce que les producteurs ont des capacités agricoles Ceci peut aussi contribuer à réduire le risque de com-
suffisantes ou même des connaissances spécifiques mercialisation parallèle.
sur la culture de l’AC ? Pourraient-ils obtenir les com- II Si le produit de l’AC se prête à créer une valeur ajoutée/
pétences nécessaires pour satisfaire les exigences de 1ère transformation à côté des champs des produc-
qualité de l’acheteur en temps rapide et à des moyens teurs (p.ex. pour améliorer la durée de conservation
raisonnables ? ou réduire les volumes de transport) : est-ce que les
II Y a-t-il des petits exploitants « recommandés » ayant groupements paysans/ les personnes au niveau des
une expérience documentée dans l’AC ou comme villages, spécialement les femmes, sont intéressés à se
fournisseurs fiables aux commerçants/ transforma- lancer dans ces activités ?
teurs ou s’étant acquittés de leurs obligations de rem- Tandis que de telles activités offrent des opportu-
boursement de crédit dans les programmes traitant nités de revenus additionnels, il convient de veiller
des questions d’intrants ? Est-ce que des producteurs dûment à considerer les coûts d’opportunité pour les
plus innovateurs font des propositions de façon producteurs/ femmes, étant donné que l’engagement
proactive à l’acheteur ? Y a-t-il des producteurs de de l’actif (terres, main-d’œuvre, capitaux) ne sera pas
nouvelle génération qui sont mieux qualifiés et mieux disponible pour les autres activités (p.ex. les activités
informés ? principales et les compétences telles que la production
II Dans beaucoup de pays en voie de développement, des produits vivriers).
la population agricole est vieillissante en raison de la II En vue d’éviter des ressentiments contre l’acheteur,
migration rurale-urbaine. En cas d’investissements des tensions/ conflits dans la communauté paysanne
à long terme (p.ex. l’irrigation, les cultures pérennes/ et les défaillances des paysans (p.ex. la vente extra-
permanentes), est-ce que les producteurs ont un plan contractuelle) : quels producteurs, collecteurs, com-
de succession ou est-ce que les producteurs peuvent merçants sont présentement impliqués dans la CV et
vendre/ mettre la terre en location ? risquent d’être poussés dehors par le système de l’AC ?
Outils sélectionnés
II Outils pour une évaluation rapide II Firm choice of a procurement location; in: Barrett
Sources (voir Bibliographie) : et.al. (2011), p.8
II Contract farming checklist; in: Wageningen et.al. (n.d.) II Identifying production areas/ selecting farmers; in:
Eaton and Shepherd/ FAO (2001), p.86f
66
Activité 2.2/ Evaluer les besoins des producteurs/ groupements de producteurs et des acheteurs
en renforcement de capacité et en services
Pour améliorer la productivité et réduire les coûts unitaires intégrés. La disponibilité, l’accès et les coûts de service
de production agricole et de transaction et par conséquent ainsi que les propres besoins en renforcement de capacité
améliorer la rentabilité de l’AC, les producteurs et le person- des prestataires de service privés et publics doivent être
nel de l’acheteur doivent développer de nouvelles capacités évalués. Ceci facilitera une décision sur comment ces ser-
techniques, managériales et organisationnelles. Puisque les vices peuvent être exécutés par les partenaires externes ou
intrants, les machines agricoles, la récolte, le transport et doivent être fournis en tant que services intégrés.
le stockage, le classement et l’emballage (services opéra-
tionnels) sont fréquemment fournis par les commerçants En général, les services non-financiers et financiers peuvent
privés, partiellement par les organisations paysannes ou être requis par tout acteur à l’intérieur et à l’extérieur (les
par l’entreprise de collecte, ils doivent aussi être considérés prestataires de service externes) du système de l’AC : les
dans le plan de service de l’AC. De plus, les exigences de producteurs et leurs organisations ; les intermédiaires tels
financement pour les investissements initiaux (installations, que les producteurs nucleus ou le personnel de l’entreprise
mise en place de structures de gestion, formation et ap- qui est sur le terrain ou les agents externes de vulgarisation
pui-conseil etc.) et les coûts opérationnels récurrents ainsi contractés ou les collecteurs ; le personnel managérial de
que les besoins de réinvestissement doivent être relevés. l’AC tels que les représentants des groupements paysans,
la société ou le centre de collecte externe contracté/ les
Les services non-financiers et financiers peuvent être offerts responsables de zone ; le personnel de l’entreprise et parfois
par les prestataires de service privés (p.ex. sociétés, associa- aussi les prestataires de service externes (les services gou-
tions), les organisations gouvernementales ou non-gou- vernementaux de vulgarisation, les ONG, les prestataires de
vernementales ou par l’acheteur sous forme de services service privés).
Tableau 11/ A
ctivité 2.2 – Evaluer les besoins des producteurs/ groupements de producteurs et
des acheteurs en renforcement de capacité et en services
Objectif
Pour mieux comprendre les besoins de service non en renforcement de capacités et en services est évidente
-financiers et financiers de tous les acteurs impliqués pour finaliser le modèle d’affaires de l’AC et développer
dans le système de l’AC, une évaluation rapide des besoins un plan d’affaires viable de l’AC.
Questions sélectionnées
Les questions suivantes donnent des idées pour l’évaluation II De quels conseils techniques les producteurs/ tra-
des besoins en renforcement de capacités et en services des vailleurs ont-ils besoin pour produire les cultures
producteurs et de l’entreprise : traditionnelles ou nouvelles selon les spécifications
II Quelles conclusions peut-on déjà tirer des résultats de de l’acheteur (p.ex. intégration de la culture de l’AC
l’Etape 1 et de l’Activité 2.1 en ce qui concerne les be- dans les systèmes agricoles actuels, bonnes pratiques
soins en renforcement de capacités et en services, requis agricoles, éventuellement les normes internationales de
par tous les acteurs internes et aussi potentiellement les qualité ou durabilité/ certification) ?
acteurs externes impliqués ? Quelles questions restent II Comment et par qui, où et à quels coût la vulgarisation/
à répondre ? formation respectives peuvent-elles être organisées,
II Quelles compétences spécifiques et autres capacités les contenus spécifiques peuvent-ils être développés
pertinentes nécessitent une amélioration au niveau de (au mieux les institutions externes de formation, les
l’exploitation, en ce qui concerne les systèmes agricoles unions paysannes, les services gouvernementaux de
prévalents et la répartition de travail entre les hommes, vulgarisation, les sociétés d’appui-conseil, le personnel
les femmes et les jeunes d’une part et la famille et la de l’acheteur) ?
main-d’œuvre employée d’autre part ? II Comment et par qui, où et à quels coût l’appui-conseil/
II De quelles capacités entrepreneuriales les producteurs suivi proches peuvent-ils être réalisés (au mieux groupe-
ont-ils besoin pour devenir des partenaires compétents ments paysans, producteurs nucleus proches des sites,
dans le système de l’AC (mots clés : l’agriculture comme personnel de l’entreprise, conseillers de terrain employés,
une entreprise (« Farming as a Business »), écoles pay- services publics de vulgarisation, conseillers des ONG) ?
sannes d’affaires (« Farmer Business School »), la planifica- II Est-ce qu’il y a des sites disponibles dédiés aux champs
tion de la production et la gestion du coût, compréhension d’expérimentation qui sont proches des producteurs
des contenus du contrat, et les capacités de négociation) ? (p.ex. les champs des producteurs nucleus, des services
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 67
C.3/
publics de vulgarisation/ formation ou des sites du les règles de travail quotidien ; il est indispensable
centre de collecte de la société) qui peuvent être utilisés d’assurer l’appui-conseil post-formation et les forma-
pour expérimenter les pratiques agricoles selon le pro- tions régulières de rattrapage/ recyclage. Comment
gramme saisonnier de travail ? Où et à quels coûts ? ceci peut être organisé ?
II Est-ce que les producteurs sont déjà organisés en II De quels appuis en intrants ont besoin les producteurs
groupements, associations ou coopératives ? Est-ce que pour réaliser les croissances de rendement attendues/
ces organisations sont assez fortes pour les activités pour respecter les exigences liées à la qualité ? Qui a
communes dans le système de l’AC ? Quel genre de un système de distribution suffisamment développé
développement organisationnel est nécessaire pour les pour livrer les intrants à temps (intégrés/ externes) ?
renforcer ? Qui peut le faire et à quel coût ? Quels coûts sont impliqués ?
II Quels sont les autres besoins en renforcement de II Quels autres services opérationnels sont nécessaires
capacités dont les producteurs, femmes du ménage, (services machines pour la préparation de la terre, la
ou les jeunes entrepreneurs vivant dans les villages protection végétale, la récolte, la collecte, la conser-
ont besoin dans les domaines correspondants, tels vation, le transport) ? Est-ce que les prestataires de
que la prestation des services opérationnels, à savoir service privés sont disponibles/ accessibles ou est-il
la multiplication de semences, la protection végétale, plus souhaitable d’utiliser les services intégrés pour
l’agrégation ou la 1ère transformation, etc. ? une meilleure visibilité de l’acheteur sur le terrain ?
II Quels autres moyens pour véhiculer les capacités tech- Comment les coûts et les bénéfices se comparent-ils ?
niques, transférer des nouvelles technologies, partager II Quels sont les besoins de financement des produc-
les expériences sur les bonnes pratiques organisation- teurs ? Est-ce que les prestataires de services finan-
nelles dans les organisations paysannes, pour motiver ciers sont disponibles pour les producteurs (banques,
les producteurs peuvent être utilisés (p.ex. visites banque mobile, institutions de micro-finance,
d’échange avec les autres groupements, visites dans la assurances) ? Si oui, est-ce que les conditions pour le
société/ l’usine de transformation) ? crédit/ assurance sont abordables pour les produc-
II Quelles compétences et capacités techniques et ma- teurs par rapport aux recettes prévues ?
nagériales doivent développer les autres acteurs du II Quelles options alternatives existent pour un finan-
système de l’AC, tels que les producteurs nucleus, les cement à court, moyen et long terme ? A quelles
responsables des centres de collecte, les transporteurs conditions les acheteurs peuvent-ils refinancer s’ils
(p.ex. assurance de qualité du champ à l’usine, audit doivent octroyer des prêts intégrés ? Est-ce que les
au niveau de l’exploitation, gestion de la distribution producteurs ou les acheteurs peuvent avoir accès à
d’intrants et la collecte du produit) ? une assistance financière offerte par les gouverne-
II Quels sont les besoins en renforcement de capacités ments, les bailleurs de fonds ou les ONG ?
des prestataires internes/ externes susceptibles de leur II En général, quelles solutions innovatrices venant des
permettre de servir l’AC de façon efficace et profes- services de prestation peuvent être utilisées pour at-
sionnelle (les producteurs principaux, les organisations teindre un grand nombre d’agriculteurs et réduire les
paysannes, les gestionnaires de l’AC, les centres de coûts de transaction des prestations (p.ex. les techno-
formation, les agents de vulgarisation etc.) ? logies de l’information et communication (TIC) pour
II Le renforcement de capacités n’est pas l’affaire d’une une large gamme de messages liés à l’information/
journée ; plutôt, il faut permettre aux producteurs et messages de vulgarisation/ banque mobile) ?
aux autres acteurs de l’AC de traduire la théorie dans
Outils sélectionnés
II Outils pour évaluer les besoins en renforcement des II Rural Extension/ Vol. 1: Basic Issues & Concepts; in:
capacités Hoffmann et.al., 2009
Sources (voir bibliographie) : II Rural Extension/ Vol. 2: Examples & Background
II Business development services/ financial services; in: Material; in Hoffmann et.al., 2009
Will, 2008, p. 55ff/ 64ff II Rural Extension/ Vol. 3: Training Concepts & Tools; in:
II Check-list of issues to address when developing linka- Gerster-Bentaya, Hoffmann, 2009
ges; in: Shepherd, 2007, p.57 II Rural Finance decision tools; in IFAD, 2010
II Developing the capacities of target groups; in: Will II Rural Finance Learning Centre (RFLC); RFLC website
et.al., 2008 II Supporting institutions; in: Dawes et.al. (2007), p.18ff
II Question Guides #6, #7, #8; in: Action for Enterprise-
and Match Makers Ltd., 2009, p.21ff
68
Activité 2.3/ Ebaucher un plan de prestations pour l’AC (services intégrés et externes)
Faisant un résumé des résultats de l’Activité 2.2, l’acheteur des décisions peuvent être prises au sujet des services requis
peut tirer des conclusions sur les efforts et les ressources pouvant être mieux fournis à travers des services intégrés ou
engagés pour fournir les services non-financiers et financiers des prestataires de service externes.
pour démarrer et faire marcher le système de l’AC. De plus,
Tableau 12/ A
ctivité 2.3 – Ebaucher un plan de prestations pour l’AC
(services intégrés et externes)
Objectif
Le plan de services de l’AC qui en découle donne un contributions potentielles émanant des tierces parties
aperçu général sur les services vitaux sur le court, moyen (p.ex. le gouvernement, les projets financés par les
et long terme, les partenaires potentiels privés et publics bailleurs de fonds, ONG). Le plan de services de l’AC fait
de mise en œuvre, les ressources impliquées et les partie du plan d’affaire de l’AC (voir Activité 3.4).
Questions sélectionnées
Le plan de services de l’AC fait un résumé des résultats II Y a-t-il des approches institutionnelles qui appuient le
de l’Activité 2.2 et donne des informations importantes renforcement des capacités qui peuvent être impli-
pour développer le plan d’affaires AC (voir Activité 3.4) en quées ?
répondant aux questions suivantes : Pour en mentionner quelques-unes : initiatives au
II Quels sont les besoins en renforcement de capacité niveau national qui associent les acteurs tout au long
non-financière et financière et en services pour les de la CV (p.ex. le Cotton Board of Zambia/ CBZ ou
opérateurs de l’AC et les prestataires de service à court, le Ghana Grains Council/ GGC) ; les fédérations ou
moyen et long terme tout au long de la CV ? tables rondes au niveau régional et international (p.ex.
II Quels services non-financiers et financiers doivent être le East African Grain Council/ EAGC, East African
fournis à travers les services intégrés et lesquels à tra- Business Council/ EABC ou l’Alliance Africaine de
vers de prestataires de service externes (dans le dernier l’Anacarde/ ACA) ou les projets régionaux soutenus
cas : considérer les éventuelles implications néfastes à par des bailleurs de fonds (p.ex. l’Initiative Africaine
l’instauration de la confiance dû à une visibilité réduite pour un Coton Compétitif/ COMPACI, l’Initiative
de l’entreprise au niveau des exploitations) ? du Cajou Africain/ ACi ou la Trade and Global Value
II Quels acteurs peuvent être impliqués dans les services Chains initiative/ TGVC).
intégrés (p.ex. le personnel de l’entreprise elle-même, II Y a-t-il des initiatives institutionnelles qui appuient le
les organisations paysannes, les producteurs nucleus) financement de l’AC ?
et pour les services externes (privés, publics, projets, Pour mentionner juste quelques-unes : le Burkina
ONG) ? Faso a mis en place un fonds de lissage pour le coton
II Quels sont les investissements requis dans les instal- qui est supposé principalement aplanir la volatilité
lations de service (p.ex. stockage et distribution des des prix sur le marché mondial et sauvegarder les re-
intrants, centres de collecte, les lieux de formation, venus des producteurs ; le Zimbabwe a lancé un fonds
les sites d’expérimentation au champ ou proches des de 12 millions de dollars pour l’agriculture en 2012,
centres de collecte) ? entre autres pour stimuler le développement de l’AC;
II Est-ce que le gouvernement/ les bailleurs de fonds et la table ronde sur l’Huile de Palme Durable (RSPO)
sont intéressés à mettre en œuvre les projets de parte- a annoncé récemment l’introduction d’un fonds d’ap-
nariat public-privé avec l’acheteur ? Si oui, pour quels pui pour permettre aux petits agriculteurs d’obtenir
types d’investissements/ d’activités (investissements la certification et de réduire le risque d’être exclus des
dans les infrastructures/ renforcement de capacités) ? marchés standardisés et normés.
Outils sélectionnés
II Voir activités 2.1 et 2.2
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 69
C.3/
Etape 3/ Développement d’un plan d’affaires d’AC – esquisser des solutions
pour le démarrage et la mise en œuvre de l‘AC
Comme indiqué dans la figure 8, le développement du plan la vente parallèle (celle-ci parfois en réponse au braconnage
d’affaires de l’AC est basé sur la cartographie de la CV (voir par les acheteurs en compétition), le pouvoir de négociation
Activité 1.3), l’évaluation des besoins en renforcement trop déséquilibré, les pratiques de refus faussées, les retards
des capacités et services (voir Etape 2) et la décision sur le ou les arriérés de paiement. Reconnaissant l’impact de
modèle d’affaires de l’AC (voir Activité 3.1) en donnant des ces réalités sur le succès de l’AC (et donc sur le retour sur
informations aussi bien au plan de gestion de l’AC qu’à l’éla- investissement de l’AC pour les producteurs et les ache-
boration du contrat agricole. Il est évident que l’AC demande teurs), beaucoup de soin doit être accordé à l’examen des
une planification minutieuse, puisqu’il s’agit de la gestion dispositions alternatives de l’AC, à la sélection d’un modèle
de l’interface souvent délicate offre agricole-approvisionne- d’affaires approprié de l’AC, à la discussion des détails
ment des entreprises (voir C.1, Figure 5). Mettre en relation pertinents du contrat et à l’élaboration d’un plan d’affaires
un grand nombre de petits agriculteurs (même s’ils sont réaliste et réalisable de l’AC.
organisés en organisations paysannes) avec un seul acheteur,
rend la gestion d’une telle affaire conjointe un véritable défi.
La raison principale est que des capacités largement diffé- Note
rentes et des intérêts partiellement divergents doivent être II En élaborant le plan d’affaires de l’AC, priorité doit
suffisamment alignés pour permettre de créer et de soutenir être accordée à la prise en considération d’un modèle
une entreprise mutuellement bénéfique. réaliste de croissance pour le système de l’AC et à une
estimation réaliste de la taille maximale pour laquelle le
Dans ce cadre, les contrats agricoles sont destinés à fournir plan est toujours gérable et compétitif quant au rapport
la base nécessaire pour le partage juste et équitable des coûts-bénéfices avec d’autres modèles d’affaires (voir
risques et des bénéfices entre les producteurs et les ache- Phase 3, introduction).
teurs. Mais l’expérience montre qu’un contrat agricole est II Le plan d’affaires et le plan de gestion de l’AC ne restent
sans valeur s’il n’y a pas de confiance entre les producteurs que des brouillons, tant qu’aucun accord n’a été conclu
et les acheteurs. La CONFIANCE est décisive pour la volon- avec les producteurs puisque les plans définitifs doivent
té d’honorer les accords et pour réduire les problèmes liés refléter les idées et les préoccupations des producteurs
aux aléas moraux, tels que le détournement des intrants ou (voir Phase 2, Etape 4).
70
Tableau 13/ Etape 3 – Développement d’un plan d’affaires d’AC – esquisser des solutions pour
le démarrage et la mise en œuvre de l‘AC
Activités
3.1 Etudier des dispositions d’AC alternatives et sélec- 3.3 Esquisser les détails du contrat (la 1ère ébauche reflé-
tionner un modèle d’affaires d’AC approprié tant uniquement la perspective de l’acheteur)
3.2 Esquisser une structure et un plan de gestion pro- 3.4 Ebaucher un plan d’affaires de l’AC (y compris les
bables du modèle d’affaires d’AC retours potentiels sur investissement, etc.)
Jalon de référence
Le plan d’affaires décrit le système de l’AC et donne une
évaluation réaliste de sa viabilité.
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 71
C.3/
Activité 3.1/ Etudier des dispositions d’AC alternatives et sélectionner un modèle
d’affaires d’AC approprié
Puisque les dispositions de l’AC (particulièrement la II Les frontières entre un modèle et un autre sont fluides
visibilité et l’accessibilité de l’acheteur/ le personnel de en ce qui concerne les structures organisationnelles et
l’acheteur ou les représentants sur le terrain et la qualité les dispositions opérationnelles ;
des services intégrés/ externes) ont une influence im- II Les modèles choisis pour démarrer un système
portante sur la pérennité de la relation, les options d’un peuvent (et ils le font habituellement) changer avec le
modèle d’AC doivent être examinées soigneusement. temps, à travers l’intégration des expériences et change-
Au mieux le modèle de l’AC est planifié au début, moins ments de comportements ou dûs à l’émergence de nou-
coûteuse et exigeante en temps sera l’adaptation néces- velles technologies ou le changement des conditions
saire à un stade ultérieur. En ce qui concerne les différents externes (marchés, règlementations, politiques) ; et
modèles d’AC (voir Section B.1.1,Tableau 1 et Figure 1), il II Un modèle qui s’avère être approprié pour la phase de
faut noter que : démarrage peut avoir besoin d’être adapté et possible-
ment d’être changé pour la phase de consolidation et
de mise à l‘échelle.
Tableau 14/ Activité 3.1 – Etudier des dispositions d’AC alternatives et sélectionner
un modèle d’affaires d’AC approprié
Objectif
L’objectif de cette activité est d’examiner les dispositions acheteurs et des producteurs) et le cadre externe
alternatives de l’AC, d’identifier le modèle d’affaires de (marchés, services de soutien, conditions cadres) et pour
l’AC le plus approprié pour la situation interne donnée décrire le modèle d’affaires en détail.
(les motivations, les attitudes et les capacités des
Questions sélectionnées
Les questions suivantes donnent des idées pour examiner Cette décision est largement influencée par les caracté-
les dispositions alternatives de l’AC et sélectionner un ristiques du produit (p.ex. la périssabilité) et les exigences
modèle d’affaires approprié de l’AC (basé sur les résultats en ce qui concerne assurance de la qualité/ normes de
de l’Etape 1 et Etape 2 ainsi que la description des modèles sécurité sanitaire des aliments.
d’AC dans la Section B.1.1, les délibérations sur les motiva- II Quels investissements initiaux et coûts récurrents expli-
tions et obstacles dans la Section B.1.3, les conditions pour cites sont impliqués relativement aux normes spécifiques
le succès et l’échec dans la Section B.1.4 et l’aptitude de de qualité ou de durabilité ?
la culture dans la Section B.1.5 ; puis éventuellement des II Si la 1ère transformation/ la plus-value au niveau des
questions sous l’Activité 3.2) : champs, du groupement agricole ou au niveau du village
II Comment les fonctions/ routines de travail doivent être est une opportunité (selon les caractéristiques du produit
réparties entre les producteurs et le personnel de l’ache- et vraisemblablement dans le moyen terme seulement):
teur en premier lieu et les éventuels intermédiaires en qui investira dans cette entreprise et comment cette acti-
second lieu (les producteurs nucleus, les organisations vité peut être intégrée au mieux dans les flux de commu-
paysannes, les collecteurs, ou les commerçants engagés) ? nication, du produit et de paiement ?
II Comment les opérateurs de l’AC doivent interagir entre II Quels services l’acheteur doit ou peut offrir comme
eux en ce qui concerne la communication et la coordi- services intégrés (dépendant p.ex. des compétences et
nation (p.ex. de la planification de la culture saisonnière des connaissances requises et les capacités du personnel
et négociations du contrat/ prix à travers l‘échange sur de l’acheteur, l’existence, la performance et les coûts des
le développement de la culture/ les prévisions de récolte prestataires de services externes, les besoins et sources de
pendant la saison jusqu‘aux conclusions à la fin de la financement) ?
saison) ? II Quelles dispositions de l’AC sont appropriées pour : l’ac-
II Comment le flux de produit doit être organisé (de la cès aux semences améliorées (p.ex. la multiplication au
distribution en temps/ probablement les services de champ du producteur) ; la formation et la vulgarisation
mécanisation et d’appui technique jusqu’aux récoltes et la (y compris les champs d’expérimentation) ; les prêts pour
collecte du produit et en temps le traitement post-récolte les intrants et les systèmes de distribution des intrants ;
approprié ? la logistique de collecte et d’approvisionnement ; la
72
tenue de dossiers, l’assurance de qualité et la traçabilité des rendements, réduction des coûts de production) et
du champ à l’usine ; et enfin la réduction du risque de les gains d’efficacité tout au long de la CV (réduction des
commercialisation extra-contrat (le marché parallèle/ le coûts de transaction et des pertes post-récoltes); et gé-
braconnage) ? néralement les coûts-bénéfices attendus pour l’acheteur
En ce qui concerne ce dernier point, il est recommandé et les producteurs ?
d’organiser la pesée, la classification et la décision sur Pour ne pas susciter des attentes trop ambitieuses, des
les rejets de façon proche aux producteurs. Idéale- hypothèses prudentes doivent être faites sur les hausses
ment, la classification est faite par les producteurs des rendements/ de la productivité, l’efficacité de la
eux-mêmes ou au moins en leur présence (ou d’une chaîne et aussi les taux de défaillance pendant la phase
personne neutre) en vue d’éviter que les producteurs se initiale.
sentent trompés. Ceci permettra aussi aux producteurs II Comment comparer les différents modèles de l’AC par
de vendre des produits de qualité inférieure (toujours rapport aux avantages ou aux risques tels que : la facilité
sains) aux marchés locaux. Au lieu de gaspiller les de transfert des technologies innovatrices pour amélio-
produits de second choix, les producteurs peuvent ainsi rer les pratiques agricoles des cultures traditionnelles
faire des recettes, améliorer la marge brute et réduire ou pour introduire les nouvelles cultures/ variétés,
les coûts unitaires de production. augmenter la productivité et améliorer la qualité ; la su-
II Quel modèle d’affaires de l’AC (voir Section B.1.1 pervision des pratiques de la production et de la récolte ;
Tableau 1 et Figure 1) convient le mieux aux situations le contrôle des quantités, des qualités et la ponctualité de
spécifiques ? la livraison ; l’organisation du traitement post-récolte ;
D’autres critères importants : les capacités de gestion le contrôle de l’exécution du contrat ; et la prévention
et financières de la société de l‘acheteur ; la dispersion contre la défaillance soit du côté des producteurs ou du
spatiale des sites de production ; les exigences mini- côté de l’acheteur ?
males pour le groupement agricole d’atteindre les éco- II En conclusion : quel est le modèle d’AC le plus approprié
nomies d’échelle nécessaires et l’efficience de la chaîne ; selon l‘examen des dispositions alternatives de l’AC ?
la disponibilité/ non disponibilité et les besoins de ca- Comment le modèle d‘AC doit être élaboré pour se
pacités/ qualifications des intermédiaires externes, tels conformer : (i) à la stratégie d’affaires à moyen et à long
que les producteurs nucleus/ organisations paysannes/ terme de l’acheteur ; (ii) aux systèmes d‘exploitation et
prestataires de services contractés. Si nécessaire, un les besoins des ménages des producteurs ; (iii) aux capa-
modèle tripartite de l’AC peut être considéré, qui im- cités existantes (la terre, la main-d’œuvre, les capitaux)
plique une banque qui accepte le contrat ou le produit et les besoins de renforcement de capacités à court,
livré comme garantie pour préfinancer les besoins de moyen et long terme des deux contractants ; (iv) aux
l’exploitation/ du ménage. conditions aux niveaux local, national et international
II Comment comparer la faisabilité (probable à tra- (y compris les tendances potentielles du marché dans le
vers l’estimation approximative du coût-bénéfice) futur/ les fluctuations des prix) ; (v) ainsi qu’au besoin de
des différents modèles d‘AC en ce qui concerne : les réduire/ atténuer les risques (production, commerciali-
investissements nécessaires et le retour sur investisse- sation, politiques, crédit etc.) pour les deux partenaires
ment attendu; la complexité opérationnelle et les coûts d’affaires et la manière de partager les risques en fonc-
opérationnels ; la productivité attendue (augmentation tion des capacités divergentes des deux partenaires ?
Outils sélectionnés
II L’équipe de gestion de l’acheteur, en impliquant Sources (voir Bibliographie) :
au moins partiellement les représentants des pro- II CF arrangements and challenges for buyers and farmers;
ducteurs/ des organisations paysannes ainsi que in: Holmes, 2012, p.3
peut-être les intermédiaires, les experts externes et les II CF arrangements for reducing the risk of side-selling;
facilitateurs in: Holmes, 2012, p.3
II Description et le pour et contre des modèles d’affaires II FATE methodology; in: Match Makers Ltd., 2008
de l’AC dans la Section B.1.1 (Tableau 1 et Figure 1) II Institutional arrangements in the Zambian cotton
II Incitations et dissuasions pour l’AC dans la Section sector; in: Tschirley & Kabwe, 2009, p.18
B.1.3 (Tableau 3) II Organisation of production; in: Lundy et.al., 2012, p.160ff
II Conditions pour réussite et échec dans la Section B.1.4 II Question Guide #1; in: Action for Enterprise and Match
II Discussion sur l‘aptitude des produits dans la Section Makers Ltd., 2009, p.3f
B.1.5 II Types of contract farming; in: Eaton and Shepherd/
FAO, 2001, p.43ff
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 73
C.3/
Activité 3.2/ Esquisser une structure et un plan de gestion probables du modèle d‘affaires d‘AC
La visibilité de l’entreprise sur le terrain, la confiance des Cette activité concerne les structures et les procédures
fournisseurs en la gestion de l’AC et le contrôle des risques pour la coordination et la communication interne de l’AC
potentiels (inducteurs de coût, sécurité sanitaire des nécessaires pour réduire les incertitudes et les risques de
aliments et qualité, défaillance) par les deux partenaires l’offre/ approvisionnement, augmenter les efficiences de
sont vitaux pour la durabilité du système de l’AC. Cela la chaîne d’approvisionnement (et par conséquent la réduc-
nécessite une structure physique spécifique à la situation et tion des coûts unitaires de transaction) et accroître la valeur
un système de conseil/ suivi approprié. Par conséquent, la ajoutée pour les producteurs et les acheteurs (à travers le
structure organisationnelle et le système de gestion de l’AC transfert de technologie et le changement d’attitudes et de
doivent fournir des solutions efficientes pour une coordina- relations commerciales). Les structures et les procédures
tion et une communication en temps, transparente et loyale dépendent des caractéristiques du produit, des capacités
entre les producteurs et l’acheteur. des producteurs et des systèmes agricoles, des infrastruc-
tures existantes, des compétences du personnel et de la
disponibilité d’intermédiaires compétents et de la gestion
et des ressources financières de l’entreprise. L’Etape 2 et
l’Activité 3.1 donnent des informations essentielles pour
l’élaboration de solutions pour la structure organisation-
nelle et le système de gestion.
Tableau 15/ Activité 3.2 – Esquisser une structure et un plan de gestion probables du
modèle d‘affaires d‘AC
Objectif
L’objectif de cette activité est de démontrer des solutions La disposition finale de la structure organisationnelle
pour une gestion fluide, efficace et efficiente de l’interface et la mise en œuvre du système de gestion dépendent des
de l’offre agricole-approvisionnement de l’entreprise, en résultats des négociations avec les fournisseurs.
fonction du modèle d’affaires sélectionné de l’AC. (voir Etape 4).
Questions sélectionnées
II Quels structures organisationnelles et systèmes de II Puisque les systèmes dépendent du type, de la qua-
gestion sont appropriés pour assurer la distribution lification, de la dispersion spatiale et du nombre des
des intrants à temps, le transfert de technologies ap- producteurs/ groupements paysans et des intermé-
propriées, la programmation de la récolte et la collecte diaires impliqués : combien de fournisseurs doivent
du produit, l’organisation de la logistique post-récolte être intégrés pour satisfaire les exigences de l’acheteur
et finalement le règlement à temps et en transparence en ce qui concerne les capacités de transformation
des paiements et le prélèvement des prêts pour le installées/ les opportunités de vente ?
préfinancement ? A considérer : mieux les fournisseurs sont déjà connus
II Quels systèmes et procédures de l’AC seront vraisem- (de l’acheteur, des intermédiaires, des soutiens tiers),
blablement requis dans le moyen et long termes ? moins leurs sites sont dispersés et plus proches sont
Pour réduire les investissements initiaux à l’essentiel les liens entre les producteurs et le personnel de l’ache-
et les risques de pertes en cas d’échec au minimum : teur/ les intermédiaires à travers l’appui-conseil/ suivi
est-il possible d’adopter une approche graduelle et moindre le nombre des fournisseurs à contracter.
pour développer la structure organisationnelle et le Dans le cas contraire, il est nécessaire de contracter
système de gestion ? beaucoup plus pour sécuriser les provisions minimales
II Quels sont les éléments indispensables pour la phase requises pour satisfaire les besoins de l’acheteur.
de démarrage ? II Quelles dispositions de l’AC sont requises pour impul-
A considérer : mieux le système est géré depuis le ser l‘augmentation de la productivité et l‘amélioration
début, plus proches sont les relations entre les produc- de l’assurance qualité, l‘efficience des coûts de tran-
teurs et l’acheteur et plus bas le taux de défaillance saction et la réduction des risques de défaillance, ainsi
ainsi que le risque d’échec et de perte des investisse- que probablement la 1ère étape de la transformation au
ments initiaux. niveau du producteur ou au niveau du village et/ ou
les ventes aux marchés ruraux/ transformateurs des
produits rejetés de qualité inférieure ?
74
Eventuelles solutions : (i) se fonder sur les relations II Puisque la compétence et l’engagement de tout le
existantes et les références pour la sélection de four- personnel impliqué dans la gestion de l’AC sont vitaux
nisseurs ; (ii) mettre en place une structure multidi- pour le succès et l’échec : quelles capacités de coor-
mensionnelle facilitant des conseils aux producteurs dination/ gestion doivent être renforcées et quels
tout au long du cycle du production/ visibilité de l’en- systèmes de motivation établis aux différents niveaux
treprise sur le terrain (p.ex. mise en place d’un appren- du système multidimensionnel de gestion ?
tissage/ de l’appui-conseil/ d’un système de contrôle II Quels groupements/ associations/ coopératives
en cascade impliquant les producteurs individuels/ paysans existent déjà ? Quelles sont leurs forces ? De
10-15 producteurs organisés en groupements pay- quel appui organisationnel ont-ils besoin pour assurer
sans/ producteurs nucleus/ conseiller terrain/ centre l‘orientation vers les membres/ services/ affaires
de collecte/ responsables de zone ; (iii) connaitre les et devenir aptes à assumer les tâches de l’AC (p.ex.
systèmes agricoles et les exploitations et développer planification concertée de la culture, distribution des
un système de quota qui prend en compte la capacité intrants, application/ contrôle de l’utilisation de la
d’approvisionnement des producteurs individuels ; protection végétale selon les normes, audit interne
(iv) la protection végétale est une question sensible pour la certification en groupe, prêts collectifs, ap-
due aux besoins de respect/ certification des normes ; prentissage par les pairs, négociation de contrat ?)
(v) développer des structures et procédures d’appli- Notez que certaines coopératives ont produit des
cation et de contrôle (services externes ou externes), résultats mitigés dans de nombreux pays en voie de
introduire des systèmes de prévisions des récoltes développement, particulièrement quand elles sont di-
permettant de suivre les quantités et les périodes po- rigées/ influencées par le gouvernement ou les ONG.
tentielles de récolte des producteurs individuels ; (vi) II En conclusion, quels investissements initiaux et quels
créer un système de motivation pour améliorer l’en- réinvestissements et coûts opérationnels à court/
gagement à l’appui-conseil et au suivi aux différents moyen/ long terme sont engagés pour mettre en
niveaux de la chaine (p.ex. primes au volume et à la œuvre/ maintenir les structures et gérer le système
part de première qualité approvisionnée ; récompense de l’AC (prendre en compte aussi les éventuels coûts
pour les taux de remboursement élevés) ; (vii) per- externes tels que pour les mesures de sécurité dues à
mettre aux producteurs de vendre une certaine part la prévalence du vol et de la corruption) ?
du produit aux autres acheteurs ou de l’utiliser pour
la subsistance du ménage ; (viii) impliquer les leaders
traditionnels et prendre en compte la visibilité/ les
contributions au développement communautaire etc.
Il faut noter que plus le volume du préfinancement
est élevé pour l’entreprise (principalement les crédits
des intrants), mieux les structures et les procédures
doivent être établies, impliquant parfois des coûts
considérables de transaction.
Outils sélectionnés
II Equipe de direction de l’entreprise, impliquant au Sources (voir Bibliographie) :
moins partiellement les représentants des producteurs/ II CF arrangements and challenges for buyers and far-
des organisations paysannes ainsi que peut-être les mers; in: Holmes, 2012, p.3
intermédiaires, les experts externes et les facilitateurs. II CF arrangements for reducing the risk of side-selling;
II Conditions pour la réussite et l’échec dans la Section in: Holmes, 2012, p.3
B.1.4 II Basic models and key characteristics; in: Technoserve
II Discussion sur l‘aptitude de la culture dans la Section and IFAD (2011), p.2ff
B.1.5 II Institutional arrangements in the Zambian cotton
sector; in: Tschirley & Kabwe, 2009, p.18
II Question Guides #5-8; in: Action for Enterprise and
Match Makers Ltd., 2009, p.19ff
II Managing the project; in: Eaton and Shepherd/ FAO,
2001, p.83ff
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 75
C.3/
Activité 3.3/ Esquisser les détails du contrat (la 1ère ébauche reflétant uniquement
la perspective de l’acheteur)
Le contrat agricole précise les obligations des vendeurs d’aléa moral des deux côtés. Ceci est particulièrement vrai
(producteurs) pour fournir les quantités et les qualités dans des environnements où les contrats sont difficiles
spécifiées et les obligations de l’acheteur (du transfor- à exécuter à cause du système judiciaire défaillant ; mais
mateur/ du commerçant) de fournir des services intégrés, même si le système judiciaire fonctionne, ceci est quasi
d’écouler la marchandise comme spécifié et de régler les inaccessible pour les petits agriculteurs en raison des coûts
paiements comme convenu. impliqués.
Tableau 16/ Activité 3.3 – Esquisser les détails du contrat (la 1ère ébauche reflétant
uniquement la perspective de l’acheteur)
Objectif
L’objectif principal de cette activité est de développer un
projet de contrat qui servira de base pour les discussions/
négociations avec les producteurs (voir Phase 2, Etape 4).
Questions sélectionnées
II Quel type de contrat convient le mieux pour les dis- en une intention honnête des deux parties de ne pas
positions de l’AC (voir types de contrats dans la Section causer des dommages l’un à l’autre) ; (iii) cessation du
B.1.1 Tableau 2) : contrat de commercialisation, contrat contrat (spécifications sur les conditions d’échéance
de gestion de la production ou contrat de fourniture de du contrat) ; (iv) force majeure (éventuelle exemption
ressources ? de la responsabilité en cas de situations imprévisibles/
II Quel fond et forme de contrat conviennent mieux pour exceptionnelles) ; (v) performance (les deux parties
les dispositions de l’AC (voir Section B.1.1): (i) informel du contrat sont obligées de réaliser leurs obligations
ou formel, verbal ou écrit; (ii) conclu avec les produc- comme il est indiqué) ; (vi) défaillance/ compensation
teurs individuels ou les groupements paysans ; (iii) obli- (conséquences pour le non respect des obligations
gations décrites de façon vague ou plutôt spécifique ; d’une des deux côtés) ; (vii) règlement de litiges (ac-
(iv) accord renouvelable chaque saison ou à long terme ; cord sur les manières de régler les litiges de contrat
(v) spécifications basées sur des négociations au cas par à travers la médiation, l’arbitrage ou les poursuites
cas ou sur un code de conduite du sous-secteur ? judiciaires).
Pour les spécifications typiques du contrat : voir Ta- II Au cas où des intermédiaires externes sont contrac-
bleau 17 ci-dessous. tés dans une disposition multidimensionnelle de
II Y a-t-il déjà des contrats qui peuvent servir de base l’AC (voir Activité 3.1) : quels partenaires d’affaires
pour l’AC planifiée, puisqu’ils se sont révélés capables concluent des contrats, avec qui ? Comment l’ache-
de satisfaire les exigences des producteurs et des ache- teur peut dans cette situation assurer la transparence/
teurs ? cohérence et la visibilité sur le terrain ?
Soyez conscient qu’il n’y a pas de plan de contrat unifié, II Au cas où les femmes font les travaux champêtres
mais des modèles peuvent être utilisés pourvu qu’ils (en majeure partie) mais n’ont ni les droits à la terre
soient adaptés au cas spécifique. ni la voix de l’autorité pour signer un contrat d’AC :
II Quelles dispositions règlementaires (gouvernement) ou comment le contrat peut-il être spécifié pour refléter
auto-règlementaires (code de conduite de l’industrie/ les droits et les exigences des femmes ?
du secteur) peuvent guider l’élaboration du contrat ou II Comment réduire le risque moral/ de défaillance ?
sont obligatoires (p.ex. concernant les droits du contrat, Puisque la vente parallèle par les producteurs/ le
la fixation du prix, le règlement des conflits) ? braconnage par les concurrents acheteurs est une
II Quels éléments légaux du contrat doivent être observés ? réelle menace au succès de l’AC, les contractants
Les éléments légaux suivants du contrat doivent doivent essayer d’atténuer les risques en adoptant des
être observés : (i) la liberté de contracter (les produc- spécifications appropriées du contrat (voir Tableau 18
teurs/ acheteurs décident librement de négocier et de ci-dessous).
conclure un contrat) ; (ii) la bonne foi (confiance
Outils sélectionnés
II Groupe de travail sur l’AC de l’acheteur impliquant si Sources (voir Bibliographie) :
possible les représentants des producteurs et, si néces- II Question Guide #9; in: Action for Enterprise and
saire, des facilitateurs tiers/ experts. Match Makers Ltd., 2009, p.32ff
II Contracts and their specifications; in: Eaton and
Shepherd/ FAO, 2001, p.58ff
II European Commission Green Paper on unfair trading
practices; see CTA, 2013
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 77
C.3/
Tableau 17/ Spécifications typiques du contrat
Parties contractantes
II Du côté des fournisseurs, le contrat peut être signé par ou l’absence d’un titre foncier empêchent les femmes
les producteurs individuels ou les représentants du de signer les contrats agricoles.
groupement paysan. II En cas de dispositions multidimensionnelles de l’AC,
II Une attention particulière doit être accordée pour les contrats sont signés entre les différents partenaires
assurer les droits des productrices si les conventions aux différents niveaux de la chaîne (il est important
d’assurer la cohérence le long de celle-ci).
Durée du contrat
Selon les caractéristiques de la culture : II Contrats à long-terme avec des prévisions pour
II Contrats saisonniers pour les cultures annuelles (pos- la renégociation/ amendements pour les cultures
sibilité de renouvellement/ renégociation) ; pérennes.
C.3/
Spécifications des services intégrés
II Spécification de la prestation (et timing) des services II Spécification des services intégrés financiers (semences,
intégrés non-financiers et opérationnels (p.ex. livraison engrais et/ ou produits phyto-sanitaires sur crédit,
des intrants, services de conseil, formation, prépara- éventuellement crédits au comptant ou assurances) y
tion du sol, protection végétale, récolte, transport et compris les modalités de crédit (particulièrement les
logistique) et les coûts liés. taux d’intérêt) et les mesures pour atténuer les risques
de crédit.
II Redressement du coût (voir les conditions de paie-
ment ci-dessus).
Enregistrement
II Dans certains pays, les contrats agricoles doivent être
enregistrés avec les organes statutaires pour vérifier
p.ex. si l’acheteur est autorisé ou a une réputation en
tant que partie contractante d’AC (l’objectif est d’évi-
ter que les producteurs soient soumis à des pratiques
abusives dans les contrats).
80
Tableau 18/ Possibilités de réduction des problèmes d‘aléa moral/ risques de défaillance
Négociations contractuelles
II Assurer des négociations de prix équitables et transpa- II Expliquer les avantages du respect de contrat en clari-
rentes, y compris un développement de la formule de fiant les sanctions pour non-conformité – (p.ex. refus
prix et un calcul conjoint des prix (assurer au moins la de renouvellement de contrat d’où une exclusion des
compréhension des producteurs). approvisionnements en intrants).
II S’assurer que les producteurs réalisent un ratio coût- II Ne pas faire de promesse que l’acheteur ne peut pas
bénéfice positif (incitation) et expliquer que les meil- tenir, ne pas attendre plus des producteurs qu’ils ne
leurs bénéfices peuvent seulement être réalisés dans le peuvent réellement accomplir.
moyen et long terme.
Spécifications contractuelles
II Spécifier clairement les obligations de l’acheteur (p.ex. II Prendre en compte les formules de prix pour les
prestation des services intégrés, délais de paiement) et produits de qualité inférieure (les produits de second
droits (p.ex. le contrôle de la qualité) et les éventuelles choix rejetés) si enlevés par l’acheteur et vendus à
sanctions en cas de défaillance. d’autres points de vente.
II Spécifier clairement les obligations des producteurs II Offrir aux paysans l’opportunité de trier les produits
(p.ex. qualité, quantité, temps de livraison) et droits eux-mêmes et le droit de vendre les produits rejetés
(p.ex. présence pendant le contrôle de qualité) et les aux marchés ruraux.
éventuelles sanctions en cas de défaillance. II Spécifier une quantité du produit contracté qui doit
II Développer une formule de prix basée sur un prix être vendue à l’acheteur (p.ex. 70%) et laisser une
minimum raisonnable et un plafond flexible pour partie aux producteurs qu’ils peuvent utiliser pour des
refléter les fluctuations du prix de marché (cependant, besoins de subsistance ou vendre sur le marché libre.
dans les marchés fortement volatiles, ce système n’est II Offrir un ensemble convainquant de services intégrés
faisable pour les acheteurs que si un prix minimum à des conditions raisonnables comparées aux services
réaliste est calculé et accepté par les producteurs). externes.
II Offrir des primes sur les prix pour l’exécution du II S’accorder sur une tierce partie mutuellement respec-
contrat concernant les qualités, les quantités (quotas) et tée pour le mécanisme de règlement de litiges, basé
le calendrier de remboursement. sur une résolution de conflit à l’amiable à travers la
II S’accorder sur l’échelonnement de paiements selon les médiation/ l’arbitrage (voir ci-dessus).
exigences de la liquidité des producteurs (une attention
particulière doit être faite à la capacité de l’acheteur en
termes de cash-flow et les possibilités de préfinancement).
C.3/
II Développer des opportunités pour augmenter les nant aux coopératives) ou des parts dans la 1ère étape
revenus du producteur/ du ménage (p.ex. ouverture de transformation si mise en place initialement par
des marchés pour les autres cultures qui conviennent l’acheteur.
au système de l’AC p.ex. pour les cultures intercalaires ; II Faire des contributions au bien-être des producteurs/
1ère étape de la transformation). au développement communautaire (p.ex. fonds pour
II Offrir des parts dans l’entreprise (principalement la santé et les funérailles, frais scolaires, construction
pratiquée dans les entreprises sociales ou apparte- et équipement des écoles).
Activité 3.4/ Ebaucher un plan d‘affaires de l’AC (y compris les retours potentiels sur investisse-
ment, l’évaluation des risques, les exigences techniques et financières, etc.)
Le plan d’affaires de l’AC décrit les objectifs stratégiques, Note
ainsi que les moyens opérationnels et financiers nécessaires Le plan d’affaires peut être utilisé pour les demandes de
pour le développement fructueux de l’AC. L’orientation crédit. Cependant, il n’est pas habituellement conseillé de
par un plan d’affaires bien approfondi est particulièrement s’endetter lourdement en démarrant un système d’AC, étant
importante pour une entreprise, dans laquelle la gestion donné que les risques d’insolvabilité sont assez fréquents.
complexe de l’interface offre paysans-approvisionnement Au contraire, pour augmenter la probabilité de réussite et
acheteur présente un vrai défi. Dans ce cadre, un plan réduire le risque d’échec, il est recommandé de commen-
d’affaires de l’AC peut servir plusieurs objectifs internes et cer petit à petit et d’adopter une approche graduelle pour
externes, à savoir : consolider et monter en échelle le système. Une fois une
II Comme un instrument de conception, le plan fournit des consolidation cruciale atteinte, le plan d’affaires (réactualisé)
informations vitales pour la prise de décision financière peut aussi satisfaire les besoins de demandes de crédit.
et managériale pour le démarrage de l’AC, la consolida-
tion et (si réactualisé) la phase de croissance. Même s’il est recommandé de commencer le système de
II Comme un instrument de gestion, le plan d’affaires de l’AC dans la mesure du possible avec des ressources propres
l’AC fournit une orientation stratégique et opération- (des producteurs et acheteurs), le plan d’affaires peut être
nelle pour gérer le système de l’AC. soumis à des facilitateurs tiers pour un appui technique ou
II Comme un instrument de suivi, le plan fournit les faits et financier. Présenter un concept approfondi contribuera à
les chiffres pour la prise de décision de l’AC (p.ex. spéci- adapter l’assistance externe aux besoins réels de l’AC (au lieu
fications du contrat, investissement) et pour l’évaluation de laisser les objectifs des tierces parties défier ceux de l’AC).
des résultats commerciaux. S’il est bien préparé, le plan d’affaires fournit aussi une base
II Comme un outil de gestion financière, le plan d’affaires de données pour le suivi des impacts requis par les facilita-
de l’AC fournit des informations détaillées qui peuvent teurs tiers (gouvernement ou organisations donatrices) pour
être utilisées comme des demandes de crédit ou l’appui documenter les impacts.
technique ou financier d’une partie tierce.
PHASE 1 : INITIER & PLANIFIER 83
C.3/
Tableau 19/ A
ctivity 3.4 – Ebaucher un plan d‘affaires de l’AC (y compris les retours potentiels sur
investissement, l’évaluation des risques, les exigences techniques et financières, etc.)
Objectif
L’objectif de cette activité est d’élaborer un plan d’affaires sera finalisé selon les discussions et les négociations avec
de l’AC fournissant des solutions praticables pour sa ges- les producteurs dans l’Etape 4 (les résultats qui seront
tion et son financement (à la fois la clé de la réussite ou intégrés dans le plan d’affaires final).
de l’échec de l’AC). Le brouillon du plan d’affaires d’AC
Questions sélectionnées
A partir des informations générées dans les Etapes 1 II Quels investissements minimum dans les infrastruc-
et 2 et les Activités 3.1 à 3.3, cette activité est supposée tures de production, de logistique et des équipements
répondre aux questions suivantes: et quels systèmes et coûts opérationnels sont impli-
II Quels éléments doivent être couverts dans le plan qués pour une gestion efficiente des services inté-
d’affaires de l’AC ? grés et une visibilité suffisante au niveau du terrain,
A part les grandes lignes de la vision, la mission et les nécessaires pour le renforcement de la confiance, de
objectifs, la description de l’appropriation, l’affaire (le l’appui-conseil et du suivi des producteurs ?
site, les ressources humaines, financières et naturelles, En ce qui concerne les coûts opérationnels, une
les structures organisationnelles et de gestion, l’in- attention particulière doit être accordée aux coûts de
frastructure et les processus, l’approvisionnement et le transaction spécifiques à l’AC puisqu’ils sont habituel-
marketing etc.), c’est la partie financière qui est d’une lement négligés ou sous-estimés (p.ex. les coûts liés à
importance majeure (seuil de rentabilité, liquidité et l’élaboration, à la négociation et l’application (à travers
analyse de rentabilité, analyse de flux de trésorerie et les moyens internes et externes) des contrats ; les coûts
retour sur investissements ainsi que les hypothèses de d’inadaptation en cas de défaillance des producteurs
risque, les besoins financiers et les sources de finance- ou de l’acheteur ; les coûts de la mise en place et les
ment). coûts opérationnels de l’AC liés à la gouvernance ;
II Quelle période doit être couverte par le plan d’affaires ? les coûts pour le renforcement de la confiance/ la créa-
Il est recommandé de suivre une stratégie de crois- tion de liens pour sécuriser les engagements).
sance générique saine pour le système de l’AC (assez II A quels moments approcher les banques ?
lent pour être financièrement abordable et permettre Même s’il n’est pas suggéré de faire une demande de
le développement de structures durables, assez rapide crédit et courir le risque d’endettement fort pour le
pour atteindre une échelle viable). L’expérience démarrage d’une AC (encore fragile), les institutions
montre qu’il faut 3 à 5 ans (parfois plus longtemps) de financement doivent être impliquées dans la phase
pour les systèmes pour atteindre le seuil de rentabilité. initiale pour construire des relations de travail fiables
II Sur quelles hypothèses doit être basé le plan d’affaires ? et, si nécessaire, développer conjointement les pro-
Etant donné l’environnement difficile dans la plupart duits financiers spécifiques de l’AC.
des pays en voie de développement, il est recommandé II Quelles mesures doivent être prises en compte dans
d’utiliser des estimations conservatrices (p.ex. l’adop- le plan d’affaires pour réduire les risques d’investis-
tion des nouvelles technologies et le rendement qui sements, qui sont particulièrement élevés au début
s’ensuit, la conformité aux obligations contractuelles du développement de l’AC, avant que les relations de
en ce qui concerne l’exécution du quota et la confor- confiance ne soient construites (risques de non-ap-
mité à la qualité etc.) et de considérer des efforts et des provisionnement/ risque des marchés, faible taux de
coûts de gestion relativement élevés pour la phase de redressement/ risque de crédit) ?
démarrage et de consolidation. II En prévoyant que le seuil de rentabilité soit seulement
atteint de façon réaliste après 3 à 5 ans : quelles solutions
peuvent être développées pour combler le gap de finan-
cement entre les coûts de l’investissement immédiat et
des opérations ainsi que les exigences de revenus des
producteurs et le retour sur investissement attendu ?
Outils sélectionnés
II Le groupe de travail de l’acheteur impliquant dans la Sources (voir Bibliographie) :
mesure du possible les représentants des producteurs II Agricultural business plan guidelines; in: Republic of
et, si possible, des facilitateurs/ experts tiers. South Africa, 2011
84
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 85
Headline
C/C.4/
86
Figure 10/ Les trois étapes et les activités liées de la Phase 2 « réaliser & apprendre »
C.4/
Etape 4/ Négociation et acceptation du contrat d’AC -
instaurer des relations de travail et créer la confiance
La responsabilité pour la performance et la durabilité du Note
système de l’AC repose sur l’acheteur et les producteurs. Par rapport à ce contexte, il est recommandé d’impliquer
Les deux doivent supporter les risques commerciaux pour les producteurs dès le début dans l’évaluation du poten-
leurs parts dans les investissements de terre, de main tiel de l’AC, le développement des dispositions de l’AC,
d’œuvre et de capital. En même temps, ils doivent récolter du contrat et du plan d’affaires de l’AC (voir Phase 1). Par
les fruits de façon équitable, juste et transparente. Partager conséquent, la Phase 1 et 2 fonctionnent en partie en
les risques et les récompenses dans ce sens demande la parallèle.
confiance et l’appropriation dans l’esprit de la volonté et la
capacité de porter la responsabilité de leurs propres affaires Il est aussi évident que les producteurs doivent être sou-
et des décisions prises ensemble pour l’AC, ainsi que de tenus pour développer des compétences fondamentales
l’exécution fiable et responsable de toutes les obligations pour comprendre et gérer leur part dans le système de
du contrat agricole. Dans une telle entreprise commune, l’AC comme une entreprise. Les producteurs doivent être
la confiance et l’appropriation sont fondamentales pour le capables d’évaluer les implications de l’AC sur leur système
succès. Cependant, la réalité se révèle souvent tout autre, agricole, de décider des investissements requis et de
donnant lieu à des comportements d’affaires mal informés, calculer les possibles retours sur investissements. Ce genre
à la méfiance et au non respect du contrat. Ceci peut être de compétences fondamentales doivent être renforcées,
du aux informations insuffisantes sur la réalité au niveau avant que l’acheteur offre le contrat et que les producteurs
du terrain (d’où l’importance de la Phase 1) et aussi parfois négocient et acceptent ou refusent l’accord.
à l’insuffisance des connaissances et des capacités pour
une prise de décision en connaissance de cause du côté des
producteurs. Même si ce n’est pas toujours reconnu, c’est
dans l’intérêt évident de l’acheteur que les producteurs dé-
veloppent leurs propres capacités entrepreneuriales, pour
devenir des partenaires commerciaux sérieux, capables de
conduire des négociations et de contribuer au développe-
ment de l’AC de façon compétente.
88
Jalon de référence
Un nombre critique de producteurs nécessaires pour
satisfaire les besoins en approvisionnement de l’acheteur
ont accepté le contrat AC mutuellement négocié et
convenu.
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 89
C.4/
Activité 4.1/ Préparer le contrat d’AC et amener les producteurs à prendre des décisions
en connaissance de cause
Comme déjà discuté, les décisions commerciales en et habituellement ne tiennent pas une documentation
connaissance de cause sont importantes pour le suc- fournissant des informations sur les coûts de production et
cès. Puisque les décisions d’investissement agricole et au les recettes des ventes. De plus, les producteurs avec des
niveau de l’entreprise sont largement basées sur les retours faibles ressources sont généralement réticents à prendre
d’investissements attendus (récompense), les évaluations des risques à cause d’une compréhension inadéquate et
coût-bénéfice et des risques sont nécessaires pour permet- de faibles capacités à estimer les risques commerciaux et à
tre la prise de décisions avisées. Cependant, la plupart des identifier les possibilités d’atténuer les risques.
petits exploitants manquent de capacités entrepreneuriales
Tableau 21/ Activité 4.1 – Préparer le contrat d’AC et amener les producteurs à prendre
des décisions en connaissance de cause
Objectif
Dans le but de permettre aux producteurs de prendre fondamentales à comprendre les dispositions de l’AC et
une décision avisée sur l’adhésion au système planifié de les coûts, les risques et les bénéfices probables.
l’AC ou non, l’objectif est de renforcer les capacités
Questions sélectionnées
S’appuyant sur les résultats de l’Activité 2.1 ((pré)sélection le leadership engagé, la gestion compétente et des
des zones de production et des producteurs/ groupe- bénéfices clairs pour leurs membres. Si ces conditions
ments paysans pour la phase de démarrage) et l’Activité n’existent pas, l’acheteur peut renforcer le développe-
2.2 (évaluation du développement des capacités et des ment organisationnel pour que les organisations pay-
besoins de service des producteurs/ groupements pay- sannes fassent partie des dispositions de l’AC. L’intérêt
sans et de l’acheteur), les questions suivantes donnent de principal est de réaliser des économies d’échelle par la
plus amples informations pour planifier les mesures ap- distribution d’intrants en gros et l’approvisionnement
propriées dans la préparation des négociations de l’AC : des membres, la facilitation de l’apprentissage par les
II Quelles sont les capacités élémentaires que les pro- pairs, la négociation collective et l’accès conjoint aux
ducteurs requièrent pour prendre des décisions sur services externes (p.ex. prêt collectif, transport) et, si
l’adhésion au système de l’AC ou non ? Quelles capaci- possible, la réduction du risque pour les producteurs
tés les producteurs nucleus requièrent-ils ? individuels. Si c’est bien géré, les économies d’échelle
Un cours introductif tels que l’Ecole d’entreprenariat émanant d’une action collective contribueront à
agricole (Farmer Business School) ou l’approche réduire les coûts unitaires de transaction, aussi bien
Agriculture comme entreprise (Farming as a Business) pour les producteurs que pour les acheteurs.
pourrait répondre aux besoins des producteurs et II En cas d’absence de groupements paysans forts : est-il
des producteurs nucleus s’il est adapté aux exigences possible de transformer les mouvements existants à
des négociations de l’AC. Ceci doit aussi permettre vocation plus sociale ou de créer de nouveaux groupe-
une compréhension basique des coûts et des marges ments paysans pour servir de partenaires contractuels
nécessaires en amont (les fournisseurs d’intrants) ou d‘intermédiaires entre les producteurs et l’acheteur ?
et en aval (l’acheteur) de la CV ainsi que les coûts de Par principe, les organisations paysannes ne doivent
transaction impliqués entre les exploitations agricoles pas être créées de façon hiérarchisée ou forcée par
et l’entreprise. Ceci permettra aux producteurs de des personnes externes pour initier un changement,
négocier comme un partenaire commercial compétent puisque la probabilité d’échec est élevée. S’il n’y a pas
pour évaluer l’économie agricole, pour considérer les de groupement paysan suffisamment fort, les efforts
opportunités d’investissement et les risques et pour de développement institutionnel ne porteront pas
comprendre sa propre position dans le système de l’AC. leurs fruits avant longtemps et donc pas pendant la
II Quel rôle les groupements paysans/ associations/ phase initiale du système de l’AC. Des ressources et du
coopératives existants peuvent-ils jouer à ce stade ? temps suffisants devront être disponibles pour former
Les organisations paysannes peuvent jouer un rôle des organisations paysannes de façon ascendante, ce
essentiel dans le développement de l’AC si elles sont qui est la seule manière pour assurer l’engagement,
assez fortes, p.ex. en ce qui concerne l’appropriation le leadership et la responsabilité nécessaires pour les
par les membres, les structures démocratiques, activités économiques communes.
90
II Comment les producteurs/ producteurs nucleus/ II Qui va mettre en œuvre la formation des producteurs
représentants des organisations paysannes peuvent- sur les capacités entrepreneuriales basiques ?
ils avoir une meilleure idée des exigences d’approvi- Cette question est laissée à la décision de l’acheteur.
sionnement de l’acheteur et par conséquent, mieux Cependant, dans beaucoup de cas, des facilitateurs
juger le défi de respecter ses spécifications ? externes prêtent volontiers leur assistance technique,
Pour faciliter une meilleure compréhension des en raison de leur intérêt à promouvoir l‘inclusion des
critères de respect habituellement assez stricts, les petits exploitants dans les CV/ AC, leur expérience et
représentants des producteurs peuvent être invités à leur compétence en ce qui concerne la formation pay-
visiter les infrastructures de l’acheteur où les exi- sanne et le développement institutionnel (cependant,
gences pour la transformation, la logistique et l’accès la qualité de la formation ne doit pas être prise pour
au marché peuvent être expliquées pendant qu’on acquise mais doit être vérifiée au cas par cas).
visite et observe le processus du travail.
Outils utilisés
II Les Ecoles d‘entreprenariat agricole (« Farmer Sources (voir Bibliographie) :
Business Schools »), l’Agriculture comme entreprise II Capacity development concept; in: Will et.al., 2008
(« Farming as a Business ») ou d’autres approches II Farmer Business Schools; in: Matthess, 2012
II Développement de posters décrivant les bases et les II Organisational development; in: Winkler et.al., 2006
principes de l’AC
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 91
C.4/
Activité 4.2/ Proposer le contrat d’AC et expliquer les spécifications
aux producteurs/ productrices
L’une des bases de la législation du contrat est la liberté de devenir juridiquement obligatoire. Dans la majorité
de contracter. Dans le cas de l’AC, ceci sous-entend que des cas, un acheteur propose un contrat aux producteurs/
les producteurs et les acheteurs ont la liberté de négocier organisations paysannes ; dans les cas exceptionnels, les
et de conclure un contrat. De plus, un contrat doit être organisations paysannes (fortes) peuvent offrir un contrat
proposé par une partie et accepté par l’autre partie avant aux acheteurs.
Tableau 22/ Activité 4.2 – Proposer le contrat d’AC et expliquer les spécifications
aux producteurs/ productrices
Objectif
Pour fournir une base solide de prise de décision, l’ache- temps aux producteurs pour évaluer l’offre du contrat
teur doit expliquer les détails du contrat, laisser place à la par la discussion avec d’autres producteurs ou les facilita-
discussion des préoccupations et donner suffisamment de teurs de confiance d’une tierce partie ou autres.
Questions sélectionnées
Les questions suivantes peuvent guider le processus de pro- niveaux de qualité) et les conditions de paiement, le par-
position d’un contrat d’AC aux producteurs intéressés : tage de risque et les potentiels coûts-bénéfices (selon la
II Avant de soumettre l’offre : est-ce que les termes du variation de la performance). Lors de la 3ème rencontre,
contrat ont été vérifiés en termes de compréhension une discussion sur les rôles et responsabilités des deux
par une communauté agricole fortement illettrée et si partenaires contractuels, ainsi que les possibilités d’ar-
nécessaire, traduit en langues vernaculaires (générale- bitrage et de résolution de conflits. D’autres sujets sont :
ment recommandé pour éviter les incompréhensions le rôle éventuel des organisations ou conseils sectoriels
et la crainte des producteurs d’être trompés) ? dans la fixation des prix plafonds ou d’autres formules
II Est-ce que des producteurs, des producteurs nucleus ou de fixation de prix (surtout pour les matières premières
des représentants de groupements paysans ont partici- telles que le cacao, le coton, parfois la noix de cajou ou
pé à l’élaboration du contrat de l’AC (voir Activité 3.3) ? pour les produits stratégiques de première nécessité). Il
Si oui, ces représentants peuvent être mieux placés pour peut être judicieux d’inviter un représentant des acteurs
expliquer le projet du contrat à leurs coproducteurs. concernés à l’une des rencontres.
II Quelle approche doit être mise en place pour s’assurer II Quel est le bénéfice de l’acheteur à suivre un processus
que les producteurs se sentent bien informés et traités aussi long ?
comme des partenaires commerciaux sérieux ? Dans un premier temps, les discussions offrent une
Il est recommandé de prendre suffisamment de temps plate-forme pour faire connaissance et commencer à
et d’organiser plusieurs rencontres pour permettre établir la confiance. Dans un second temps, les infor-
aux producteurs de poser des questions et leurs mations additionnelles générées (p.ex. sur les pours et
préoccupations et de réfléchir aux opportunités et aux les contres spécifiques du site, sur les connaissances
risques entre les rencontres. Les éventuels sujets : traditionnelles des producteurs, sur les activités des
lors de la 1ère rencontre la discussion des dispositions autres acheteurs ou les potentiels prestataires de ser-
de l’AC, des éventuels bénéfices et risques et des vice à proximité du site) ainsi que les préoccupations
possibilités d’atténuation des risques. Lors de la 2ème posées et les propositions faites par les producteurs,
rencontre, l’évaluation des services internes/ externes, fourniront une matière, des faits et des chiffres solides
la formule de fixation des prix (y compris les éventuels pour la finalisation du contrat d’AC, ainsi que pour les
paiements des primes ou les diminutions selon les plans d’affaires et de gestion de l’AC.
Outils sélectionnés
II Le groupe de travail de l’acheteur impliquant les repré- II European Commission Green Paper on unfair trading
sentants des producteurs et si nécessaire des experts tiers practices; see CTA, 2013
II Développement de posters expliquant les bases et les II Guiding principles for responsible contract farming
principes de l’AC operations; in: FAO, 2012
Sources (voir Bibliographie) : II Question Guide #9; in: Action for Enterprise and
II Contracts and their specifications; in: Eaton and She- Match Makers Ltd., 2009, p.32ff
pherd/ FAO, 2001, p.58ff II Stage 2: firm contract offer; in: Barrett et.al., 2011, p.4
92
Activité 4.3/ Accepter le contrat d’AC après des négociations équitables et transparentes
Comme une conséquence logique à la proposition du contrat Comme énoncé précédemment (sélection de producteurs,
de l’acheteur (voir Activité 4.2), les producteurs peuvent voir Activité 2.1), les producteurs les plus proactifs et
accepter ou pas le contrat (liberté liée au contrat) suivant les innovateurs (premiers adeptes) sont plus à même de re-
négociations des conditions offertes. Pour s’engager, il est joindre le système de l’AC au départ, pendant que les autres
indispensable que chaque producteur décide de son propre s’engageront seulement une fois que les bénéfices (« plus »
gré, s’il veut joindre l’AC ou non. Si la décision est basée sur coûts-bénéfices) sont prouvés, les structures mises en place
des considérations sans fondement ou de faux espoirs ou si et la gestion connue. La décision des producteurs doit être
elle repose sur des relations inégales de pouvoir, une pres- acceptée, même si ceci peut engendrer une faible participa-
sion sociale ou des conseillers externes (bien intentionnés tion au début. Il sera plus facile de créer une réussite rapide
mais pas nécessairement dans l’intérêt et selon l’état d’alerte avec les premiers adeptes. Les retardataires prendront part
de risque ou les priorités des producteurs), l’échec ou au une fois qu’ils auront vu les technologies améliorées, l’accès
moins la mauvaise performance est souvent inévitable. plus facile aux intrants et aux services opérationnels, les ren-
dements et revenus augmentés ou une réputation améliorée
de leurs voisins.
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 93
C.4/
Tableau 23/ Activité 4.3 – Accepter le contrat d’AC après des négociations équitables
et transparentes
Objectif
L’objectif est de développer une approche conjointe la confiance. Les résultats de négociation et les informa-
acheteur-producteur pour des négociations transparentes tions additionnelles collectées constituent la base pour
et équitables comme un pas de plus pour développer une la finalisation du contrat de l’AC, les plans d’affaires et de
communication efficiente et une coopération basée sur gestion.
Questions sélectionnées
II Comment les acheteurs peuvent-ils créer une plate-forme, II Quels autres aspects doivent être considérés qui ne
où les producteurs se sentent respectés comme parte- sont pas spécifiés dans le contrat de l’AC, mais qui
naires d’affaires importants et ne suspectent pas l’acheteur concernent la gestion du système de l’AC ?
de s’imposer par son pouvoir de négociation plus grand ? Les acheteurs et les producteurs doivent trouver un
Aspirant à développer un réseau de fournisseurs fiables, consensus sur leurs rôles et responsabilités respectifs,
l’acheteur (ou ses représentants) doit être intéressé à en maintenant une relation efficiente et de confiance,
créer un climat favorable aux négociations basées sur sur les structures et les aires de prise de décision com-
une position d’égalité. Les acheteurs peuvent inviter mune, sur l’échange régulier d’informations, sur les
un négociant honnête pour faciliter les négociations. mécanismes de résolution des problèmes avant que le
Cependant, une attention particulière doit être accordée règlement de litige ne devienne une nécessité, etc.
à ce que les facilitateurs ne parlent jamais au nom des II Quelles particularités doivent être prises en compte si des
producteurs, mais modèrent les discussions entre les intermédiaires sont impliqués dans le système de l’AC
producteurs et les acheteurs, qui doivent tous les deux et les relations contractuelles ne sont pas directement
parler pour eux-mêmes. Pour faciliter la compréhension négociées et signées entre les producteurs et l’acheteur ?
des questions juridiques assez complexes du contrat, les Dans ce cas, l’acheteur doit essayer de négocier les
acheteurs peuvent aussi faire appel à un conseiller juri- termes du contrat avec l’intermédiaire, ce qui l’oblige à
dique comme personne neutre pour expliquer les détails conclure des accords appropriés avec les producteurs,
du contrat aux producteurs. susceptibles de les motiver à respecter leurs obligations
II Quelles spécifications du contrat doivent être convenues de fourniture. Pour obtenir l’engagement de l’intermé-
avant la signature d’un contrat/ l’enregistrement des diaire, l’acheteur peut accorder des paiements de bo-
producteurs ? nus (p.ex. pour l’exécution du quota, des parts élevées
A part la formule de fixation de prix et les conditions de produits de première qualité ou des récompenses
de paiement, l’allocation du quota d’approvisionnement pour des taux élevés de recouvrement).
est parmi les spécifications les plus importantes à clarifier. II Est-ce que les règles d’enregistrement et de règlemen-
Les quotas peuvent être basés sur le volume, mais sont tation doivent être prises en compte ?
habituellement basés sur la superficie avec la quantité Dans certains pays et en général pour certains produits
d’approvisionnement calculée sur la base de rende- de base, les producteurs contractants doivent s’enre-
ments attendus. Les critères pour l’allocation du quota gistrer auprès des autorités et payer les frais d’enregis-
concernent généralement l’adéquation de la terre, la taille trement (parfois payés par l’acheteur pour les produc-
de l’exploitation, les capacités culturales du producteur, teurs). Parfois, des acheteurs obligent les producteurs
la préparation de la terre, les méthodes culturales, les à payer les frais d’enregistrement pour assurer leur en-
données historiques sur le rendement si disponibles, la gagement, augmenter la probabilité de recouvrement
disponibilité de la main d’œuvre familiale ou employée et des crédits pour les intrants et pour réduire le risque de
les exigences en termes de subsistance. De plus, les parties surcharge de la liquidité de préfinancement du côté de
contractantes doivent s’accorder sur le délai d’appro- l’acheteur pour les intrants, les services opérationnels
visionnement, les services à fournir et le règlement de et la gestion de l‘AC.
litige/ système d’arbitrage.
Outils sélectionnés
II Le groupe de travail de l’acheteur impliquant les repré- II Contracts and their specifications; in: Eaton and She-
sentants des producteurs et si nécessaire, des experts pherd/ FAO, 2001, p.58ff
externes. II European Commission Green Paper on unfair trading
Sources (voir Bibliographie ) : practices; see CTA, 2013
II Question Guide #9; in: Action for Enterprise and Match II Stage 3: smallholder contract acceptance; in: Barrett
Makers Ltd., 2009, p.32ff et.al., 2011, p.5
94
C.4/
Tableau 24/ Etape 5 – Démarrage des activités d’AC sur le terrain
– mettre au point un système efficace de gestion du réseau des fournisseurs
Activités
5.1 Finaliser les plans d’affaires et de gestion d’AC et 5.3 Développer les capacités d’AC des producteurs, des
esquisser un budget saisonnier groupements paysans et du personnel de terrain et
5.2 Mettre en place les infrastructures et la gestion de de gestion
l’AC pour les opérations sur le terrain
Jalon de référence
La structure opérationnelle et le système de gestion
de l’AC fournissent une base efficiente et efficace pour
l’organisation pratique du système d’AC.
96
Activité 5.1/ Finaliser les plans d’affaires et de gestion d’AC et esquisser un budget saisonnier
Comme mentionné précédemment, le plan d’affaires Une fois le plan d’affaires finalisé, un groupe de travail de
d’AC décrit les objectifs stratégiques, ainsi que les moyens l’AC (y compris l’acheteur, le personnel de gestion et de
opérationnels et financiers nécessaires pour développer le terrain, ainsi que les représentants des producteurs/ les
système de l’AC. Le plan d’affaires sert à la prise de décision intermédiaires) développe un plan de travail saisonnier/
financière et managériale, fournit une orientation stratégique annuel et un budget de l’AC. Le plan d’affaires et le budget
et opérationnelle pour la gestion de l‘AC et donne des faits de l’AC serviront d’outils de gestion à tous les niveaux depuis
et des chiffres pour l’évaluation des résultats commerciaux. l’exploitation jusqu’à l’entreprise.
Le plan d’affaires peut être utilisé également pour deman-
der des crédits ou un appui technique et financier à une
partie tierce. Le plan de gestion décrit les solutions pour une
gestion efficace et efficiente de l’interface offre agricole-ap-
provisionnement des entreprises, selon le modèle d’affaire
sélectionné du système de l’AC.
Tableau 25/ Activité 5.1 – Finaliser les plans d’affaires et de gestion d’AC et esquisser
un budget saisonnier
Objectif
L’objectif de cette activité est de poser les bases d’une ges-
tion efficiente de l’AC en complétant ses plans d’affaires et
de gestion et en développant un plan de travail acheteur-
producteurs conjoint et un budget de l’AC.
Questions sélectionnées
II Quelles considérations guident la finalisation des de la récolte, de la collecte et del’approvisionnement).
plans d’affaires et de gestion de l’AC ? De plus, les systèmes de bonus pour les producteurs, les
S’ils sont bien développés, les brouillons des plans producteurs nucleus, les intermédiaires et son propre
(voir Etape 3) donnent déjà une image claire sur le dé- personnel doivent être pris en compte pour améliorer
veloppement futur de l’AC sur les 3 à 5 années à venir, la performance (basée sur l’exécution du quota, la part
ainsi que sur les structures opérationnelles et le sys- de première qualité, les taux de recouvrement de crédit,
tème de gestion. Cependant, le dialogue intensif entre etc.). L’acheteur doit aussi revoir minutieusement le
les partenaires de l’AC de l’Etape 4 donne un aperçu niveau de préfinancement des producteurs, puisque
additionnel qui contribuera à élaborer des plans plus les risques de crédit sont autant élevés pour les deux
réalistes et réalisables. Pour les instructions addition- parties (risque de recouvrement pour les acheteurs et
nelles sur le développement des plans d’affaires et de surendettement pour les producteurs), spécialement
gestion (voir Activités 3.2 et 3.4). pendant la phase de démarrage.
II Quels facteurs critiques de succès et de risque doivent II Quels éléments doivent être pris en compte dans le
être réévalués avant de finaliser les plans ? plan de travail saisonnier de l’AC ?
D’abord et avant tout, l’acheteur doit réévaluer si les Le plan de travail concerne une planification
marges attendues seront suffisantes pour justifier et conjointe de la culture, y compris les délais et les
appuyer des investissements de départ significatifs responsabilités pour la distribution des semences et
(p.ex. centre de collecte et de service, solutions liées au des autres intrants, pour le parcours agricole (se-
déplacement pour les producteurs nucleus, le person- lon les principes de Bonnes Pratiques Agricoles ou
nel au niveau terrain ou autres intermédiaires) et les les normes explicites requises par l’acheteur), une
coûts opérationnels récurrents (personnel, logistique assurance de qualité, la récolte, la collecte, le tri, la
et services intégrés). Un facteur de coûts souvent logistique, le transport et la tenue de registre, etc. Le
sous-estimé est le temps et les ressources nécessaires plan de travail prend en compte aussi tous les services
pour créer de bonnes relations de travail (coordina- offerts dans les dispositions de l’AC, soit à travers les
tion, échange d’informations) et la visibilité des services intégrés, soit par les prestataires externes
représentants de l’acheteur sur le terrain (y compris (p.ex. les services opérationnels, la vulgarisation et la
le conseil et le contrôle/ suivi de la pratique agricole, formation, les crédits).
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 97
C.4/
II Qu’est-ce que concerne le budget de l’AC ? entre les producteurs (investissant dans la terre, la
Le budget de l’AC précise les coûts et les recettes at- main d’œuvre et parfois de petits montants p.ex. pour
tendues liées et les sources de financement (acheteur, l’enregistrement) et les acheteurs; avec une charge
producteurs ou sources externes comme les crédits élevée et un grand risque pour ces derniers, étant don-
bancaires, l’assistance technique ou financière). Le né les coûts habituellement importants de la mise en
budget de l’AC doit aussi présenter les calendriers des place du système de l’AC. Dans beaucoup de pays, le
dépenses et des recettes (la marge d‘autofinancement/ prêt bancaire n’est pas (encore) une solution, puisque
cash-flow) comme une base pour la planification les institutions financières considèrent toujours l’agri-
d’affaires au niveau de l’exploitation et au niveau de culture en général et l’agriculture paysanne en parti-
l’entreprise et pour les moyens de subsistance des culier, comme une entreprise à haut risque. Pendant
petits producteurs/ les exigences de liquidité (son que quelques produits financiers adéquats existent
importance pour réduire les risques moraux a été (p.ex. crédit de stock, assurance), les barrières pour les
expliqué dans le Tableau 18). investissements à long terme pour des installations de
II Etant donné que la phase de démarrage demande lancement sont toujours assez élevés. Dans ce cadre,
un engagement financier considérable (même si les les gouvernements et les partenaires de dévelop-
calculs sont plutôt conservateurs) : quelles solutions pement sont de plus en plus préparés à fournir de
optionnelles existent pour réaliser les investissements l’assistance financière au développement des systèmes
nécessaires pour le démarrage de l’AC ? d’AC. Pourtant, une attention particulière doit être
La question principale est de savoir comment combler prêtée à ce que les objectifs généraux de développe-
le déficit de financement entre les paiements à court ment ne neutralisent pas la stratégie commerciale de
terme pour les fournitures et les investissements de l‘AC, donc réduisent probablement les perspectives
départ dans la mise à niveau et les installations d’une de réussite. Dans ce contexte, le plan d’affaires fournit
part, et les retours sur investissement d’autre part, qui des informations pertinentes disponibles pour les
se matérialisent uniquement dans le moyen à long gouvernements/ les partenaires de développement
terme. A la base, le financement de départ est réparti pour la prise de décision sur un éventuel appui.
Outils sélectionnés
II Le groupe de travail sur l’AC (personnel de gestion de II Managing the project; in: Eaton and Shepherd/ FAO,
l’acheteur, personnel de gestion sur le terrain, pro- 2001, p.83ff
ducteurs nucleus sélectionnés, et les autres représen- II Question Guides #5-8; in: Action for Enterprise and
tants des producteurs et les intermédiaires). Match Makers Ltd., 2009, p.19ff
Sources (voir Bibliographie) : II Voir aussi Activités 3.2 et 3.4
II Agricultural business plan guidelines; in: Republic of
South Africa, 2011
98
Activité 5.2/ Mettre en place les infrastructures et la gestion de l’AC pour les opérations
sur le terrain
Le plan de gestion, le plan de travail et le budget de l’AC II Veiller à passer les commandes et distribuer à temps
constituent le cadre pour la mise en place des opérations les intrants suffisants, ainsi qu’à coordonner la récolte
sur le terrain. Les principales fonctions de gestion de l’AC et la collecte, le contrôle de qualité, le transport et la
sont : logistique ;
II Assurer une présence suffisante de l’entreprise sur le II Identifier, communiquer et gérer les risques émer-
terrain (spécialement au niveau des exploitations/ gents possibles (les inducteurs de coût, la sécurité sani-
producteurs nucleus) pour instaurer la confiance des taire des aliments/ la qualité, les défaillances, etc.).
fournisseurs concernant l’engagement de l’acheteur et
ses capacités de gestion ; La gestion efficace des opérations sur le terrain exige des
II Sélectionner les producteurs et les producteurs ressources humaines et financières appropriées et des
nucleus, assurer leur enregistrement en temps, former approches pratiques et efficaces (concernant les coûts de
et conseiller les producteurs, suivre et contrôler l’ap- transaction), une structure physique spécifique à la situation
plication des pratiques agricoles convenues ; et un appui-conseil/ système de suivi convenable pour en-
gager un grand nombre de producteurs via des producteurs
nucleus, des intermédiaires et/ ou du personnel interne.
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 99
C.4/
Tableau 26/ Activity 5.2 – Mettre en place les infrastructures et la gestion de l’AC pour
les opérations sur le terrain
Objectif
La gestion du système de l’AC nécessite des priorités, rôles et
responsabilités clairement définis, un emplacement stra-
tégique des centres de collecte/ de service, ainsi qu’une coor-
dination et une communication en temps opportun, trans-
parentes et confiantes entre les producteurs et l’acheteur.
Questions sélectionnées
II Quelles structures physiques et dispositions logis- coordination) ; les gestionnaires des centres de col-
tiques répondent aux exigences pour la phase initiale ? lecte/ de service de l’AC (personnel propre ou inter-
D’une part, les structures opérationnelles et physiques médiaires ; responsables des tâches similaires mais au
doivent être à la hauteur des exigences pour gérer les niveau décentralisé) ; si la zone est assez grande ou les
petits exploitants, généralement dispersés dans les exploitations sont très dispersées des responsables de
sites sélectionnés. D’autre part, les coûts opération- zones peuvent être nécessaires (personnel de l‘entre-
nels et infrastructurels doivent être limités au strict prise ou sous contractants) ; les producteurs nucleus
minimum. Examiner les options est particulièrement ou les organisations paysannes sous contrat (respon-
difficile pendant la phase initiale, étant donné l’intérêt sables pour la coordination, l’appui-conseil et le suivi
d’avoir une réussite comme base de départ, pour la des groupements paysans de 10-15 personnes) ; et les
montée en échelle tout en essayant de réduire les petits producteurs sous contrat. A tous les niveaux de
risques d’investissement tant que l’approvisionne- la gestion, les rôles et les responsabilités et les routines
ment et le recouvrement de crédit ne sont pas sécuri- de travail doivent être clairement définis et les capa-
sés. Le site et la conception des infrastructures de l’AC cités renforcées pour la gestion de l’AC comme une
dépendent des caractéristiques du produit, des sites nouvelle façon de travailler.
et des capacités des producteurs, des infrastructures II Quelles sont les principales tâches de la gestion de l’AC ?
existantes (p.ex. les voies d’accès, les entrepôts), des La performance de la gestion de l’AC est décisive pour
exigences pour la distribution d’intrants, de la collecte le succès ou l’échec d’un système de l’AC. A chaque
du produit, du tri, du transport (parfois très important niveau de gestion de l’AC, le personnel ou l’inter-
pour le transport du produit du champ au point de médiaire externe contracté est responsable du bon
collecte en temps) ainsi que potentiellement des ser- fonctionnement : du transfert des connaissances (p.ex.
vices de mécanisation (p.ex. préparation de la terre). bonnes pratiques agricoles, assurance de la qualité, tra-
II Quelles structures opérationnelles et dispositions çabilité, tenue de registre) ; de l’approvisionnement et
de gestion sont appropriées pour une coordination la distribution d’intrants en gros ; du préfinancement
efficiente des activités de terrain, du transfert des et des recouvrements de crédit ; de la coordination des
pratiques agricoles améliorées et de l’échange d’in- services opérationnels, ainsi que l’organisation de la
formations comme base pour le développement des formation et de la vulgarisation, les services d’appui
relations producteur-entreprise fiables, de confiance et de suivi ; de la tenue de registre et la comptabilité
et à long terme ? etc. Les fonctions de la gestion sont décrites de façon
Pendant que la conception opérationnelle reste très approfondie par Eaton et Shepherd (2001) ainsi que
spécifique à la situation, il est évident qu’un système Action for Entreprise and Match Makers Ltd. (2009 ;
d’AC se construit généralement sur un système opéra- voir Bibliographie ci-dessous). Enfin, le personnel et les
tionnel multidimensionnel impliquant : la gestion de intermédiaires à tous les niveaux doivent être vigilants
l’entreprise (l’engagement de haut niveau est essentiel aux éventuels conflits, avant qu’ils deviennent un
pour la réussite) ; un département de l’AC au bureau problème sérieux, afin de prendre des mesures de
principal de l’entreprise (planification générale et redressement rapides.
Outils sélectionnés
Sources (voir Bibliographie): II Job description for field extension officers; in: Eaton
II Institutional arrangements in the Zambian cotton and Shepherd/ FAO, 2001, p.138
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Match Makers Ltd., 2009, p.70 II Question Guides #3-13; in: Action for Enterprise and
Match Makers Ltd., 2009, p.19ff
100
Activité 5.3/ Développer les capacités d’AC des producteurs/ productrices, des groupements
paysans et du personnel de terrain et de gestion
A côté de l’accès aux intrants, aux marchés et aux crédits, les cité de la chaîne d’approvisionnement et en réduisant les
producteurs apprécient explicitement l’assistance technique pertes post-récolte. Dans un partenariat juste et équitable,
par les acheteurs sous forme de formation, de vulgarisation l’acheteur et les producteurs augmenteront leurs profits à
et d’appui-conseil et le développement des groupements travers ces gains en efficacité. Au même moment, l’assistan-
des agriculteurs. Tous ces services constituent des mo- ce technique fournie par les acheteurs contribue à renforcer
tivations non-monétaires pour les producteurs de l’AC la confiance et à motiver les producteurs pour honorer leurs
(contrairement aux bénéfices monétaires comme expliqués contrats (risques de défaillance diminués).
dans le Tableau 3). L’objectif principal de l’acheteur, en ce
qui concerne le renforcement des capacités des producteurs
(et les autres opérateurs de la CV), est de réduire les coûts
unitaires de production, en augmentant les rendements et
la part de la production de première qualité et de réduire
les coûts unitaires de transaction, en augmentant l’effica-
Tableau 27/ Activité 5.3 – Développer les capacités d’AC des producteurs/ productrices, des
groupements paysans et du personnel de terrain et de gestion
Objectif
Pendant que le renforcement des capacités et les be- de planifier et de mettre en œuvre les activités de renfor-
soins en prestation des producteurs, des organisations cement des capacités et de développement organisation-
paysannes, des producteurs nucleus, du personnel de nel, à travers les services intégrés ou les prestataires de
l’acheteur (bureau et terrain) et des intermédiaires ont services externes contractés.
été évalués dans l’Etape 2, l’objectif de l’Activité 5.3 est
Questions sélectionnées
II Quelles sont les tâches dans la mise en œuvre des II Quels thèmes sont d’une importance spécifique ?
activités de renforcement de capacités ? En général, les besoins de renforcement des capa-
Dans une première étape, les besoins en services sont cités des producteurs se font sentir dans plusieurs
identifiés (voir Etape 2). La préparation, la mise en domaines, y compris les technologies spécifiques aux
œuvre et le suivi des formations sont décrits dans Will cultures (améliorer la productivité, assurer la qualité,
et al. (2008, p.17ff). Une décision importante pour les adopter de nouvelles cultures, produire selon les exi-
acheteurs est soit de renforcer les capacités de son gences de l’acheteur), les capacités entrepreneuriales
personnel propre pour les services intégrés, soit d’ex- et de gestion des affaires de l’AC (parmi d’autres la
ternaliser en faisant appel à des prestataires de ser- marge brute et l’analyse du cash-flow, la gestion finan-
vices. Cette décision ne se base pas seulement sur une cière en ce qui concerne les réinvestissements
simple évaluation coût-bénéfice, mais aussi en consi- requis dans les exploitations) et le développement des
dérant les effets secondaires non planifiés, à savoir groupements paysans et autres. De plus, de nouvelles
la visibilité au niveau du terrain et le renforcement compétences peuvent être requises pour atténuer les
de la confiance avec son propre personnel, contre le effets des changements climatiques ou pour lutter
risque de nuire aux relations producteur-acheteur en contre les nouveaux ravageurs et maladies (p.ex.
contractant des services externes. Si le gouvernement la mouche des fruits est une menace sérieuse aux
ou les partenaires de développement offrent de l’assis- producteurs africains d’arbres fruitiers dans les années
tance technique, il doit être assuré que les formations récentes) ou pour adopter des pratiques culturales
et la vulgarisation ou autres services sont basés sur plus durables (p.ex. l’agriculture de conservation/ le
les besoins réels (et pas tournés vers l’offre) et corres- labourage minimum).
pondent aux exigences de qualité du système d’AC.
Souvent, le risque de déconnexion entre l’acheteur et
les fournisseurs est distinctivement plus élevé quand
le gouvernement ou les partenaires de développement
interviennent en tant que facilitateurs, puisqu’ils ont
tendance à former directement les producteurs au lieu
de le faire à travers le système de l’AC.
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 101
C.4/
II Quelles approches s’avèrent être spécialement effi- rôle décisif pour améliorer les systèmes agricoles des
caces ? petits producteurs. Les formations sur l’agriculture
La démonstration des bonnes pratiques agricoles gérée comme une affaire (Farming as a business) ou
(jours de visite terrain, champs de démonstration, des Ecoles d’entreprenariat agricole (Farmer Bu-
visites d’échanges entre les groupements paysans) ou siness Schools) et le développement organisationnel
des exigences d’assurance qualité (visites au niveau contribuent à ouvrir les yeux quant à une meilleure
des stations de conditionnement de l’acheteur/ usine planification culturale, une action conjointe dans les
de transformation) s’avère très importante, puisque groupements paysans et les relations plus fiables avec
les producteurs peuvent eux-mêmes découvrir les dif- les acheteurs.
férences entre leurs pratiques actuelles et les bonnes II Quels sont les autres éléments à prendre en compte ?
pratiques requises. De telles approches sont spécia- Les rôles et les besoins spécifiques des producteurs et
lement efficaces quand elles sont élaborées selon les productrices et des travailleurs au champ doivent être
principales activités liées à la pratique agricole, en pris en compte pendant la planification et la mise en
commençant par la préparation de la terre en passant œuvre des formations, des programmes de vulgarisa-
par la maitrise des maladies et la protection végétale, tion, des journées champêtres et autres (p.ex. des for-
jusqu’à la récolte et la manutention post-récolte au mations pour les femmes devraient être organisées à
niveau de l’acheteur. Ensuite, les capacités entrepre- proximité des sites d’exploitation, car elles ne peuvent
neuriales/ de gestion de l’exploitation et les activités généralement pas se permettre d’être absentes du
conjointes dans les groupements paysans jouent un foyer plus que quelques heures).
Outils sélectionnés
II Organisation de formations/ formation des forma- II Intervention Brief #6; in: Action for Enterprise and
teurs, vulgarisation, jours de visite terrain, développe- Match Makers Ltd., 2009, p.74f
ment organisationnel etc. II Question Guides #6-8; in: Action for Enterprise and
Sources (voir Bibliographie) : Match Makers Ltd., 2009, p.21ff
II CF capacity development plan; see section C.3, Step 2 II Rural Extension/ Vol. 3: Training Concepts & Tools; in:
II Capacity development concept; in: Will et.al., 2008 Gerster-Bentaya, Hoffmann, 2009
II Farmer Business Schools; in: Matthess, 2012
102
Jalon de référence
Un système gérable de suivi, feed-back et d’apprentissage est
mis en place et intégré dans les modes de travail quotidien.
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 103
C.4/
Activité 6.1/ Mettre en place un système d’informations pour la gestion
de l’interface exploitation agricole-entreprise
Comme dans n’importe quelle affaire, la gestion et les fourniture d’intrants, la production, la récolte, la collecte, le
opérateurs de l’AC doivent générer les données nécessaires transport et la logistique et ainsi de suite jusqu’au point où
pour diriger le défi complexe de l’interface offre agricole- l’acheteur vend à ses clients) mais aussi à l’interconnexion
approvisionnement de l’entreprise, qui est l’affaire de l’AC. et l’interprétation efficientes et efficaces de ces données
Par conséquent, le suivi ne se rapporte pas seulement à une et la prise de décision et la gestion des opérations quoti-
tenue de registre crédible à chaque niveau opérationnel (la diennes correspondantes.
Questions sélectionnées
II Qu’est-ce qui peut et doit être mesuré ? II Quels sont les systèmes d’informations additionnels
Puisque le suivi servira seulement d’outil de gestion, ou complémentaires qui peuvent faciliter la trans-
s’il est intégré dans le travail quotidien des opéra- parence et la prise de décision de l’entreprenariat
teurs de l’AC, du champ à l’entreprise, les attentes sur agricole AC ?
les données mesurables doivent être réalistes et les En Zambie, l’association des égreneurs de coton, le
systèmes de suivi rester simples. Conseil Cotonnier de Zambie, le Projet de recherche
II Comment les petits exploitants peuvent-ils se sur la sécurité alimentaire et l’initiative Africaine du
conformer aux obligations de tenue de registre ? Coton Compétitif (COMPACI) ont conjointement
Les personnes illettrées peuvent généralement développé la Base de Données des Producteurs du
traiter les fiches de collecte de données simples et Coton, qui surveille la productivité du secteur et la
la collecte de données basées sur le message texte performance de revenus au niveau du ménage et au
(émergent). Si cela n’est pas possible (ou pas fiable), niveau national, ainsi que les informations sur les
les producteurs nucleus, les organisations pay- ventes parallèles et l’achat pirate basé sur les données
sannes, les agents externes de vulgarisation ou autres des champs individuels.
peuvent être impliqués dans la tenue des dossiers II Pour des informations supplémentaires voir les
au niveau du champ. sources ci-dessous.
Outils sélectionnés
Sources (voir Bibliographie) : II New Business Model Principles Scorecard; in: Lundy
II Cotton Producers’ Database Zambia; in: Zambia Cot- et.al., 2012, p. 97ff
ton Ginners Association et.al. n.d. II Question Guide #14; in: Action for Enterprise and
II Intervention Brief #14; in: Action for Enterprise and Match Makers Ltd., 2009, p.46ff
Match Makers Ltd., 2009, p.87f
II Monitoring performance; in: Eaton and Shepherd/
FAO, 2001, p.105ff
104
Activité 6.2/ Etablir des routines de feed-back aux producteurs/ productrices ainsi qu‘au personnel
de terrain et de gestion
Le système de gestion de l’AC doit fournir des flux bilaté- s’il faut des ajustements des quotas dus aux capacités
raux d’informations. Pendant que les données réunies sont d’approvisionnement changeantes (p.ex. l’introduction de
alimentées du champ au bureau, les informations générées nouvelles technologies ou les mauvaises récoltes dues au
en traitant ces données doivent être retournées au champ. climat), les représentants des producteurs et de l’acheteur
Si, p.ex. la direction de l’acheteur conclut que les termes doivent se rencontrer pour renégocier le contrat de l’AC ou
du contrat ou les plans de travail doivent être adaptés réajuster les plans de travail.
en raison du développement du marché ou des prix, ou
Tableau 30/ Activité 6.2 – Etablir des routines de feed-back aux producteurs/ productrices
ainsi qu‘au personnel de terrain et de gestion
Objectif
L’objectif de cette activité est de développer des systèmes
de communication transparente et efficiente pour
un retour en temps réel des informations générées par
le système d’informations, les propositions liées de
l’acheteur ou les décisions au niveau du terrain.
Questions sélectionnées
II Comment les systèmes de feed-back peuvent être II Quels niveaux de l’AC doivent être impliqués au cas
organisés ? où il faudrait re-négocier le contrat ?
L’information peut être acheminée au cours de Si la nécessité s‘annonce de rediscuter des questions
réunions régulières, qui sont de toute façon orga- pertinentes au contrat, des rencontres exceptionnelles
nisées entre les agriculteurs et les représentants de fermiers-direction doivent être organisées (similaires
l’acheteur sur le terrain (à l’occasion de la distribution aux Activités 4.2 et 4.3). Il est recommandé que des
des intrants, des formations, lors des encadrements thèmes aussi sensibles soient abordés avant de devenir
et du suivi etc.). Pour assurer la communication en un problème et soient résolus de façon transparente et
temps réel des questions urgentes à tous les niveaux équitable pour éviter les conflits.
de l’AC, un système en cascade pour la distribution de
l’information doit être établi (p.ex. via les téléphones
mobiles qui sont aussi de plus en plus utilisés pour
fournir des messages de vulgarisation, la tenue des
dossiers et des besoins de traçabilité).
Outils sélectionnés
II Intervention Brief #14; in: Action for Enterprise and II New Business Model Principles Scorecard; in: Lundy
Match Makers Ltd., 2009, p.87f et.al., 2012, p. 97ff
II Monitoring performance; in: Eaton and Shepherd/ II Question Guide #14; in: Action for Enterprise and
FAO, 2001, p.105ff Match Makers Ltd., 2009, p.46ff
PHASE 2 : REALISER & APPRENDRE 105
C.4/
106
PHASE 3 : MAINTENIR & CROÎTRE 107
Headline
C/C.5/
108
C.5/
Figure 11/ Les deux étapes de la phase 3 « maintenir & croître »
(pour les activités se référer aux Etapes 1 à 6)
Etape 7 Etape 8
Amélioration continue Croissance générique à travers
vers la durabilité la mise à l‘échelle
– renforcer encore l‘AC – innover le modèle d’affaires
pour atteindre de l’AC pour inclure plus de
le seuil de rentabilité producteurs
Recommandations
II Prêter attention au renforcement de la confiance II Si les gouvernements ou les partenaires de
et de la loyauté basées sur des relations fourni- développement décident d’appuyer le dévelop-
ture-achat mutuellement profitables (gagnant- pement de l’AC : fournir une stratégie de sortie
gagnant) pour éviter la non-satisfaction des claire dès le début tout en engageant assez de
quota et des pertes élevées de crédit. temps et de ressources ;
II Adapter les dispositions contractuelles si II Mais : éviter l’excès de dépendance du système
nécessaire et investir continuellement dans le de l’AC par rapport à des facilitateurs tiers pour
renforcement des capacités pour rester avec atteindre le seuil de rentabilité et la croissance,
les mêmes producteurs, puisque recommencer puisque ceci peut compromettre l’engagement
maintes fois avec de nouveaux producteurs est des producteurs et de l’acheteur.
trop coûteux.
II Assurer la transparence/ éviter la méfiance, en
impliquant les producteurs dans la prise de déci-
sion sur les ajustements nécessaires éventuels du
modèle et du plan d’affaires de l’AC (l’interface
offre agricole-approvisionnement entreprise).
110
C.5/
II Améliorer le traitement post-récolte des produits II Organiser des rencontres régulières impliquant les
(p.ex. le transport, le classement, l’emballage, la différents niveaux verticaux du système de l’AC ; p.ex.
conservation, la 1ère étape de la transformation) pour les producteurs, les producteurs nucleus, les respon-
réduire les pertes post-récolte et les coûts unitaires de sables des centres de collecte et les représentants de
transaction, pour améliorer la rentabilité du système l’acheteur du bureau central pour assurer la transpa-
de l’AC et accroître les revenus de toutes les parties rence et discuter des questions de gestion de l’inter-
contractantes. face de l’AC.
II Etablir les analyses de routine de l’économie des II Faire l’état des lieux des prestataires de services per-
exploitations agricoles et des systèmes de post-récolte tinents, évaluer leurs capacités et favoriser leur ins-
puisque les coûts unitaires de production et transac- tallation à proximité des sites de l’AC, pour créer des
tion et les évaluations de la trésorerie fournissent des clusters d’agro-business (les clusters sont des groupes
informations précieuses de gestion pour une amélio- de producteurs et entreprises alliés/ des organisations
ration continue, une action préventive et corrective. qui coopèrent pour atteindre des objectifs communs).
II Améliorer les capacités internes de l’AC pour réduire II Promouvoir les effets d’émulation de l’AC et appuyer
les risques de défaillance (p.ex. des critères et des l’intérêt émergent des communautés ou d’autres enti-
règles transparents et clairs pour les rejets, des sanc- tés, pour entreprendre des activités de développement
tions en cas de défaillance, pour la responsabilité de économique local (p.ex. la construction/ réhabilitation
son propre personnel ou les intermédiaires, pour les des routes d’accès/ places de marchés, la promotion
retards de paiement). du démarrage de systèmes d’AC/ des services com-
II Identifier les opportunités/ appuyer la création de merciaux).
revenus additionnels et les opportunités de main II Développer un système d’alerte précoce pour l’obser-
-d’œuvre hors exploitation pour les producteurs de vation des changements externes pertinents (p.ex. les
l’AC et leur famille ainsi que les autres membres de la tendances des marchés, les changements politiques
communauté (p.ex. identification des marchés pour ou réglementaires) pour faciliter une prise de décision
les produits rejetés, 1ère étape de la transformation, si rapide sur les ajustements nécessaires.
c’est raisonnable une 2ème culture d’AC).
II Organiser des visites d’échanges régulières à tous les
niveaux horizontaux de l’AC, p.ex. entre les pro-
ducteurs, entre les représentants des groupements
paysans, entre les producteurs nucleus, entre les ges-
tionnaires des centres de collecte/ centres de service,
pour discuter des opportunités d’amélioration de l’AC
et apprendre conjointement.
Jalon de référence
Le start-up AC est financièrement viable et suffisamment
durable pour faire face aux éventuels revers à venir.
112
C.5/
Tableau 32/ Etape 8 – Croissance générique à travers la mise à l‘échelle
– innover le modèle d’affaires d’AC pour intégrer plus de producteurs/ productrices
Activités
Se référer aux Etapes 1 à 6 et activités liées
Jalon de référence
Le système de l’AC suit une trajectoire de croissance et assez rapide pour devenir/ rester compétitif dans les
durable (assez lente pour être financièrement abordable principaux marchés ciblés).
et permettre un développement durable des structures
114
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Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
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Rédaction
Margret Will
Conception de la maquette
Agnes Weegen
Traduction
Matthias Bartholdi/ Claire Fabing/ Margret Will
Impression
PPPP Service & Verlag, Gladenbach
Imprimé sur du papier certifié FSC
Crédits photographiques
Cover: ©GIZ/ Dragan Vildović
Page 10/11, 46/47: ©GIZ/ Ursula Meissner
Page 14/15, 82/83, 104/105: ©GIZ/ Dragan Angelovski
Page 36/37, 42/43: ©GIZ/ Max Baumann
Page 50/51: ©GIZ/ Matthias Plewa
Situation
Mai 2014
Mandaté par
Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du
Développement (BMZ),
Division Développement Rural, Agriculture, Sécurité Alimentaire
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