Analyse de Chanson Douce

2021 )‫ (يناير‬1 ‫ ع‬،13 ‫مج‬ )‫(اللغىيات والثقافات المقارنة‬ ‫مجلة كلية اآلداب جامعة الفيىم‬
La Sociopathie
de « Louise »
dans Chanson Douce
par
Dr. Abir Chéhata
Chanson Douce de Leila Slimani S’ouvre sur un choc terrible, celui du
meurtre de deux enfants en bas-âge Milan et Adam par leur nourrice
Louise et sa tentative de se suicider.
Dans notre recherche , nous analysons de plus près le personage de la
nourrice Louise. Elle est sociopathe, c’est à dire une personne affectée
par des troubles de la personnalité manifestant un comportement
antisocial. Ce personage complexe et ambigu dissimule un caractère
mélancolique.Or cette mélancolique accompagnée d’une solitude
déchirante qui s’allonge de plus en plus de façon à devenir une sorte
d’escapade des problèmes familiaux et financiers pesant sur sa vie
avec le couple.
Des idées absurdes, incongrues la hantent, elle se laisse descendre , peu
à peu aux abîmes, dans les méandres de la folie.
Chanson Douce est une histoire réaliste tellement comtemporaine
parce qu’elle aborde le statut des nourrices, ébranle les parents et fera
vivre d’une autre vision leurs relations avec leurs enfants.

Maître de conférences -Département de langue et de littérature
françaises -Université de Damiette
(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

311
«(…)Nous ne serons heureux (…) que lorsque nous

n’aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous
pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous
appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand
nous serons libres.»
Slimani (Leila), Chanson Douce,

Éditions Gallimard 2016, p.49.
Introduction
Leila Slimani est L’ un des esprits génétiques jalonnant le
parcours créatif dans le monde littéraire maghrébin.
Elle est née le 3 octobre 1981 dans une famille marocaine
appartenant à un milieu aisé. Son père est un haut
fonctionnaire marocain , sa mère, franco-marocaine, est
médecin. Fournie de son baccalauréat obtenu au lycée
français de Rabat, elle rejoint Paris et le lycée Fénelon pour
commencer une classe préparatoire littéraire. Diplômée de
l’Institut d’Études Politiques de Paris et après s’être essayée
au métier de comédienne, elle se forme au journalisme à
l’Express, avant d’être engagée au journal Jeune Afrique en
2008. En2012, elle décide de se consacrer à l’écriture
littéraire.
Elle a publié ses deux romans aux éditions Gallimard. Le
premier intitulé Dans le jardin de l’ogre, publié en 2014,
récompensé du prix littéraire de la Mamounia 2015 et le
second, Chanson Douce, publié en 2016, récompensé du prix
Goncourt 2016, du prix des lecteurs Gallimard 2016, du

312
Grand prix des lectrices de Elle 2017 et du Grand prix des

lyciennes de Elle 2017.
« (…) Ce deuxième roman a été
désigné dès le premier tour par les
jurés du Goncourt, par six voix sur
dix. Étaient également en lice l’autre
qu’on adorait de Catherine Cusset
(Gallimard), Petit Pays de Gaël
Faye (Grasset) et Cannibales de
Régis Jauffret (Seuil). (…)
Avec deux nommés sur quatre,
Gallimard avait mathématiquement
une chance sur deux de
(1)
l’importer»
Notre choix du corpus sera porté sur le second roman
Chanson Douce de Leila Slimani qui s’ouvre sur un choc
terrible, celui du meurtre de deux enfants en bas âge, Mila et
Adam, par leur nourrice Louise et sa tentative de se suicider.
«(…)Chanson Douce s’inscrit dans la lignée
cruelle de ces récits - des bonnes, de Jean-
Genet (1947) à Cérémonie de Claude
Chabrol (1995)- inspirés par l’affaire des
sœurs Papin, deux servantes qui avaient
assassiné leurs patronnes en 1933 …»(2)
Tiré d’un fait-divers, un double infanticide dans l’un des
superbes quartiers de New York en 2012, Chanson Douce
saisit les lecteurs avec une force surprenante tenant autant à
la perfection de sa narration qu’ à son style précis.

313
«(…)Yoselyn Ortega, la "nounou tueuse",

comme l’ont renommée les médias anglo-
saxons, a été reconnue coupable par la
justice (…) et devrait être condamnée à la
prison à perpétuité.»(3)
Ce fait divers indigne a inspiré à l’auteure Leila Slimani la
trame de son roman à succès "Chanson Douce". Dans un
entretien, la romancière déclare
«(…)c’est le fait divers qui m’a permis
de décoller du réel. J’avais une idée
théorique mais je n’arrivais pas à trouver
l’enclencheur concret qui me permettrait de
trouver le rythme narratif. J’ai lu ce drame
dans Paris Match. Il entrait en résonance
avec d’autres obsessions ……………. »(4)
En plus elle ajoute
« Je me souviens très bien, dans le journal, de
sa photo dans la bibliothèque de
l’appartement, avec les parents qui
disaient : " Elle faisait partie de la
famille !" Et puis, un jour, la mère a trouvé
les pièces plongées dans le noir et les
enfants assassinés par le nounou qui avait
tenté de se donner la mort. L’écriture est
partie de là »(5)
Le titre du roman Chanson Douce est un titre accrocheur. Au
premier contact avec ce titre, nous lecteurs, nous nous
attendons à un conte magique ou à une histoire paisible ou
plutôt à la mélodie d’Henri Salvador , la berceuse dans

314
Chanson Douce n’est pas celle que toutes les mères chantent
, elle suscite au contraire la terreur et laisse en l’âme une
impression funèbre et triste.
Il en est ainsi la définition qu’ en propose Charles
Grivel :
« Si lire le roman est réellement le
déchiffrement d’un fictif secret constitué puis
résorbé par le récit même, alors le titre,
toujours équivoque et mystérieux, est ce
signe par lequel le livre s’ouvre : la question
romanesque se trouve dès lors posée,
l’horizon de lecture désigné, la réponse
promise. Dès le titre l’ignorance et
l’exigence de son résorbement
(6)
simultanément s’impose. »
Nous lecteurs, nous sommes embarrassés par la non
correspondance du contenu du roman au titre. D’après
Gérard Genette, il est question d’un titre antiphrastique. Or «
les titres antiphrastiques, enfin, présentent ironiquement le
contenu du texte. La joie de vivre, dont la protagoniste est
obsédée par la hantise de la mort, est le titre d’un des
romans les plus noirs de Zola.»(7)
Chanson Douce, est donc un titre antiphrastique vu l’évidente
contradiction entre le titre et le contenu dramatique dans
lequel s’inscrit le roman de Leila Slimani. L’incipit met les
lecteurs immédiatement au sein de l’action ainsi que les
événements, à cet égard, on peut déclarer que l’incipit est ce
qu’on appelle un «incipit in medias-res» qui est défini comme
tel « incipit narratif qui réalise une entrée directe dans

315
l’histoire sans aucun élément introductif explicite et qui

produit un effet de dramatisation.» (8)
À travers ce titre, la romancière saisit l’attention des lecteurs

dès le début du roman jusqu’à son point final, les
bouleversant par l’effet de proximité de ce qu’elle raconte.
À partir du dénouement « Le bébé est mort »( 9 ) l’auteure
remonte le temps et explore le personnage de la nounou
apparemment idéale dont le trouble grandit tout au long du
roman, nourri par un sentiment d’inaptitude et de rancune à
l’égard de la vie.
Myriam Massé est une femme épuisée par une vie trop
étriquée, qui ne lui convient pas. Avec ses deux enfants, cette
vie est devenue de plus en plus compliquée : faire les
courses, faire le ménage, donner le bain et aller chez le
médecin. Myriam en a assez de continuer, elle s’est sentie
enfermée dans son rôle de mère au foyer qu’elle détestait. De
même, elle s’est sentie mourir dans « Ce bonheur simple,
muet ,carcéral, [qui] ne suffisait pas à la consoler »(10)
Quant à Paul Massé, il est engagé comme producteur
d’artistes dans un studio célèbre où il passait ses matinées et
ses nuits.
«Cette vie de cocon, loin du monde et des
autres, les protégeait de tout.»(11)
Soudainement, Myriam décide de reprendre sa carrière au
sein d’un cabinet d’avocats dirigé par son ancien camarade
de la faculté de droit.

316
Alors, le jeune couple parisien s’est mis à la recherche en

urgence d’une nounou parfaite à domicile. Tâche qui
s’annonce compliquée à Paris.
Le couple Paul et Myriam ne veut pas d’une nounou ayant
encore de petits enfants, elle doit être disponible. Les
auditions se poursuivent : une nourrice Philippine "Gigi" est
arrivée en retard en murmurant des excuses, elle s’exprimait
très mal en français, ce qui mène alors Paul à lui parler en
anglais. Une nourrice Ivoirienne "Caroline", sans papiers
passant l’entretien à se plaindre de son mal de dos et de ses
problèmes de circulation et une nourrice marocaine "Malika"
qui se mettait à parler en arabe avec Myriam, craignant par là
de créer une complicité sous-entendue au nom « de la
solidarité d’immigrés ».
Mais Myriam s’ appuie sur le fait de refuser les nounous
sans papiers en focalisant les dangers d’embaucher une
personne de ce type.
À ce propos, la romancière dit :
«Pas de sans- papiers, on est d’accord ! Pour la
femme de ménage ou le peintre , ça ne me
dérange pas. Il faut bien que ces gens
travaillent, mais pour garder les petits, c’est trop
dangereux. » (12)
Après ce casting ferme, le couple engage Louise qui, à son

tour, conquiert rapidement l’affection des petits enfants,
captive les parents et occupe peu à peu, une place
primordiale dans le foyer en comblant leurs fantasmes :

317
enfants bien peignés, dîner préparé et ménage «tenu au

cordeau»(13).
Petit à petit, un fossé s’élargit entre le couple et la nounou à
cause de petits incidents successifs : par exemple quand elle
maquille à l’excès Milla, fille de quatre ans ou quand elle
refuse le gaspillage des aliments périmés au point d’en faire
nourrir les enfants.
Par conséquent, le réconfort senti auparavant s’anéantit et
perd sa vigueur.
De moins en moins à l’aise, le couple ne parvient pas à se
débarrasser d’elle jusqu’au jour du crime.
« Bien sûr, il suffirait d’y mettre fin, de
tout arrêter là. Mais Louise a les clés de
chez eux, elle sait tout, elle s’est incrustée
dans leur vie si profondément qu’elle
semble maintenant impossible à
(14)
déloger…»
Par ailleurs, notre écrivaine s’est inspirée identiquement de
son expérience personnelle. Lors d’un entretien, elle
proclame :
« J’ai toujours été fascinée par la relation
très étrange, très ambiguë qui se noue
avec les nourrices […]. Quand j’étais
petite, nous avions des nounous à la
maison et j’étais déjà sensible à la
position assez cruelle de ces femmes qui
nous élevaient comme des secondes mères
qui restaient, invariablement, des
étrangères. Et puis, j’ai moi-même

318
engagé une nounou pour s’occuper de

mon fils, et j’ai découvert ce monde de
la "garde d’enfant" et son organisation
économique et sociologique. »(15)
D’après Xavier Garnier, le personnage dans le roman
possède le rôle de «faire avancer l’intrigue, révéler un
monde ou [ne servir] à rien»( 16 ). Selon son intérêt , le
personnage se définit donc comme « un moteur, une
conscience ou un parasite»(17).
Plus le personnage est trange, mystérieux plus il captive,
attire l’attention en suscitant la curiosité . cela nous presse à
nous concerner de plus près du cas de la nounou Louise en
expliquant sa sociopathie et en le reliant à des figures
mythiques.
Portrait de la nounou "Louise"
Le portrait est un aspect particulier de la description
permettant à l’écrivain de présenter ses personnages.
Selon Philippe Hamon, le personnage représente la somme
de ses caractéristiques à savoir son nom, le portrait physique,
son identité ainsi que les différentes apparences que la
romancière lui accorde. Elle nous renseigne donc sur son
passé, sa vie et son rang social.
De même, en se rapportant à l’analyse faite par Philippe
Hamon à propos du portrait physique du personnage, Vincent
Jouve note :
« Le portrait du personnage passe d’abord par
la référence au corps. Ce dernier peut être beau,
laid, déformé, humain, non-humain. Le portrait,
instrument essentiel de la caractérisation du

319
personnage, participe logiquement à son

évolution. »(18)
Nous remarquons que Leila Slimani a exposé longuement le
style vestimentaire de la nounou . Elle décrit son chemisier à
col claudine , sa longue jupe dont Louise prend un grand
soin, ce qui révèle un caractère strict. De plus, l’ écrivaine
détaille les chaussures de la nounou en se préparant pour
aller chez les Massé, le premier jour du travail. Louise
s’intéresse souvent à son apparence, elle veut se montrer
élégante malgré le peu d’argent qu’elle possède or, l’usage
habituel des choses démodées manifeste la vie économe et
rude de Louise.
« Elle a délicatement étalé sur le canapé sa jupe
longue et son chemisier. Elle attrape les
ballerines qu’elle a posées par terre, un modèle
acheté il y a plus de dix ans (….)(….) elle a fait
teindre ses cheveux chez le coiffeur. (…) elle se
maquille et le fard à paupières bleu la vieillit,
elle dont la silhouette est si frêle, si menue, que
de loin on lui donnerait à peine vingt ans. »(19)
Le physique peut nous renseigner sur l’ âge de la personne,
mais il n’est pas certain. Aussi, le corps humain peut-t-il
avoir une apparence qui apparaît bien plus jeune ou plus
vieux que la vérité selon son état physique ou son style de
vie.
Louise rassure les Massé par ses apparences. Ils admirent sa
bonté qui masque derrière elle une figure mystérieuse.
« (…) Elle a le regard d’une femme qui peut tout

320
entendre et tout pardonner. Son visage est

comme une mer paisible, dont personne ne
pourrait soupçonner les abysses. » (20)
De plus, le nom du personnage joue un rôle primordial, il
porte une signification particulière c’est pourquoi quelques
patronymes donnent un indice tantôt sur le caractère tantôt
sur la condition sociale du personnage.
"Louise" est un prénom d’origine
allemande « Hlodowig »,dont la signification divisée en deux
morphèmes « hold » un adjectif qualificatif
signifiant «glorieux » ou « illustre » et « wig » un nom
désignant « bataille » ou « combattant ». Il résulte que Louise
représente une femme combattante et glorieuse comme
l’assure Leila Slimani
« Elle observe chaque pièce avec l’aplomb

d’un général devant une terre à
conquérir.»(21)
Dans les semaines qui ont suivi son arrivée au foyer du
couple Parisien, elle se montre une femme de ménage
perfectionniste imposant ses manières ainsi que « son goût
pour la perfection.»(22) . Louise recoud les boutons de leurs
vestes ; elle refait les ourlets des jupes et des pantalons, elle
accroche des sachets de lavande entre les manteaux.
Quant aux enfants, Louise note les horaires de la danse, des
sorties à l école, des rendez-vous chez le pédiatre. De même,
elle copie le nom des médicaments que prennent les petits.
Le personnage de Louise apparaît très mystifié, Leila Slimani
nous peint une nounou parfaite en disant :

321
« Le couple rit, incrédule, de cette nouvelle

vie qui est la leur. Ils ont le sentiment d’avoir
trouvé la perle rare, d’être bénis. »(23)
Aussi, elle est comparée à une fée, un ȇtre formidable qui ne
s’arrȇte pas de lutter pour vivre. Elle cherche à gagner
l’attention et l’admiration en vue de garantir son salaire.
Voulant être à la hauteur de l’image d’une vie exemplaire, le
couple superficiel est devenu complètement dévoré par
l’ambition professionnelle. Nous trouvons Myriam, très
occupée par son travail, elle a plus de conversations entre
collègues, elle a plus de dossiers, entre les mains à étudier
par cœur et elle passe des journées au tribunal à défendre ses
clients avec flamme.
Quant à Paul, il est dans son studio en train de travailler sur
ses propres sons. À la connaissance d’un chanteur connu :
tous les deux parlent pendant des heures et des heures de
leurs goûts communs, des arrangements qu’ils souhaitent et
le chanteur finit par lui proposer de réaliser son prochain
disque.
Mais comme affirme Leila Slimani
« Une famille c’est l’ensemble uni que forment
les parents et leur enfant. […] On est
simultanément parent et enfant. Le parent
produit l’enfant, l’enfant produit le parent, pas
l’un sans l’autre ! On « est » famille parce qu’on
« naît » ensemble. La famille est chargée de
mystère parce que c’est « là qu’on naît », avant
d’y grandir.

322
Cette définition [représentant] la famille

comme une matrice (…) d’où sortirait chacun
de ses membres. »(24)
Rapidement, Louise est devenue indispensable. Elle ne
compte plus ses heures et fait beaucoup plus que ce qu’on
attendait d’elle. Le couple trouve qu’en plus d’ être une
bonne nourrice, Louise est également cuisinière. Il
commence à inviter des amis qui demandaient des banquettes
de veau, des pots-au-feu, des jarrets à la sauge et de légumes
croquants que fait mitonner Louise. Alors, Myriam avoue
souvent : « C’est ma nounou qui a tout fait.» (25)
Pierre Daco définit le perfectionnisme de Louise comme « un
besoin permanent poussant l’infériorité à rechercher une
apparence de perfection; cette recherche s’accompagne
d’obsession diffuse, ou forte, ou angoissée » (26)
Leila signale le complexe d’infériorité dont la nounou souffre
cela traduit son obsession pour la perfection. Louise donne
souvent plus pour combler ce sentiment.
« (…) Louise fait de cet appartement brouillon un
parfait intérieur bourgeois.Elle impose ses
manières désuètes, son goût pour la
perfection.»(27)
Derrière cette apparence se cache quelque chose de terrible.
Louise paraît être tendre et docile mais si on la contrarie, elle
peut exhiber ses griffes en changeant le visage. Or,il faut se
méfier des personnes qui réclament trop de bien , cela
implique de savoir lire entre les lignes pour découvrir le
problème.

323
La Sociopathie de la nounou "Louise"

Selon Liliane Holstein « sous [le] masque de normalité [ des
sociopathes], [ils sont] incapables de fonder une famille , de
s’ entourer d’amis solides, ils seraient désespérément
isolés sur le plan affectif. » (28)
La nounou Louise est une sociopathe c’est-à-dire une
personne affectée par des troubles de la personnalité
manifestant un comportement antisocial, irritable et dépourvu
de culpabilité.
La romancière signale que Louise s’échappe de tout le
monde, elle n’a ni voisins, ni amis. Dans le jardin, elle tient à
mettre de la distance avec les autres nourrices en refusant
tout lien avec autrui.
« Face à Louise et à son silence, Wafa parle
comme on se confie à un prêtre ou à la
police »(29)
D’après la définition de Larousse « La sociopathie est un
trouble de la personnalité, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un
ensemble de troubles dont les symptômes sont des traits de
personnalité stables et permanents . Ce caractère rigide et "
mal adapté " induit des comportements dysfonctionnels dans
la vie en société ainsi qu’une souffrance pour la
(30)
personne »
La romancière Leila Slimani mentionne de petits éléments
sur la personnalité de Louise qui conduiront peu à peu au
doute et au soupçon. Elle nous indique que qu’elle est un
personnage troublé, complexe et ambigu dissimulant un
caractère mélancolique par exemple, la couche de fard mauve
mise sur ses yeux sert à cacher ses défauts et son choix de la
couleur violette signifie son sentiment de mélancolie.

324
La plupart des gens mélancoliques prétendent dissimuler

leur souffrance et préfèrent l’intérioriser plutôt que la
montrer aux autres , ce qui ne mène qu’ajouter ce défi.
Quant aux caractéristiques de la mélancolie ,Freud
marque : « Psychiquement, mélancolie se caractérise par une
humeur profondément douloureuse, un désintérêt pour le
monde extérieur, la perte de la faculté d’amour[et]
l’inhibition de toute activité… »(31)
Ces symptômes n’apparaissent pas souvent en même temps,
Freud pense qu’ils se manifestent tous à un moment précis au
cours d’un état mélancolique.
Notre protagoniste Louise porte en elle un côté noir, obscur
cela se traduit par les histoires qu’elle raconte sans aucun
effort aux enfants, ces histories horribles dont les
personnages se répètent le plus souvent en répandant de la
frayeur.
« Des orphelins, des petites filles perdues, des
princesses prisonnières et des châteaux que des ogres
terribles laissent à l’abandon.(..) D’où viennent ces
histoires ? Elles émanent d’elle, en flot continu… »(32)
Toujours, la nounou se révèle plongée dans la tristesse et la
mélancolie comme la déclare cette phrase
« la matinée est gachée par la mélancolie de
louise et à table, sur la terrasse de la petite
taverne, personne ne parle. »(33)
Pierre Daco nous livre d’autres signes identifiant ce caractère
mélancolique en déclarant qu’« Il se présente chez le
médecin avec un tas de "petits papiers" où il a noté des
multiples troubles qui le font souffrir. »(34)

325
En plus
« (…) la mélancolie que nous connaissons tous à
des moments divers de l’existence peut
s’installer durablement et gravement.
Elle prend alors la forme d’une dépression
maladive. Sa victime éprouve une douleur
morale intense, (…) un sentiment de culpabilité et
d’autodépréciation. (…)Des troubles
physiologiques : ralentissement psychomoteur
pouvant atteindre l’inertie, insomnies (…)
aggravent souvent son mal. »(35)
Selon cette définition, la mélancolie représente une double
sensation forte de tristesse et de dépression morale. Tel est le
cas de la nounou Louise qui a noté dans un petit carnet à la
couverture fleurie le terme « Mélancolie délirante »(36) utilisé
par un médecin lors de son séjour à l’hôpital Henri-
Mondor Comme l’annonce la romancière « une brutale
mélancolie étreint Louise…. »( 37 ) . Or, Cette mélancolie
accompagnée d’une solitude déchirante qui s’allonge de plus
en plus de façon à devenir une sorte d’escapade des
problèmes familiaux et financiers pesant sur sa vie avec le
couple.
« Mélancolie délirante ».
Louise avait trouvé ça beau et dans sa tristesse
s’était subitement introduite une touche de
poésie, une évasion. »(38)
La solitude dévore Louise dans un petit studio pitoyable de
Créteil, en périphérie de la ville qu’elle n’arrive jamais à
payer après la mort de son mari Jaques lui laissant un tas de
dettes ainsi que la fuite de sa fille illégitime

326
Stéphanie. Seule, elle n’a qu’à regarder l’émission Enquȇtes

criminelles devant sa télévision qui lui tient compte.
Solitude se définit «État de quelqu’un qui est seul
momentanément ou habituellement»(39)
D’après cette définition, la solitude signifie n’avoir aucun
rapport social avec autrui. Elle ne représente pas seulement
une sensation d’isolement mais c’est le fait de sentir qu’il
n’existe personne proche or voici quelques paragraphes du
récit reprenant ce thème de la solitude de Louise.
«La solitude agissait comme une drogue
dont elle n’était pas sûre de vouloir se
passer.»(40)
Ici la nounou sent la solitude comme une drogue telle
qu’une dose nécessaire qu’elle est obligée à prendre au fil
des mois passés chez le couple et qu’elle ne peut s’en
dépasser.
De même, Louise reste constamment retirée au square
où les enfants Mila et Adam jouent, ne laissant
personne l’atteindre. C’est comme si elle portait sur
elle un voile qui la couvre et la préserve de l’avidité des
gens .Elle ne leur donne aucune chance de la pénétrer.
« (..) les regards appuyés(..) la gênent. Elle
déteste cette sensation d’être épiée, prise au
piège. » (41)
En outre, cette solitude
« qui collait à sa chair, à ses vêtements, a
commencé à modeler ses traits et lui a
donné des gestes de petite vieille »(42)

327
Même avant la mort de son mari, Louise n’a jamais compté

sur lui, en plus, il n’a cessé de l’humilier en disant
«Je ne suis pas comme toi, (…) je n’ai pas une
âme de carpette, à ramasser la merde et le vomi
des mioches. Il n’y a plus que les négresses pour
faire un travail pareil.»(43)
Quant à sa fille Stéphanie, elle sort toute la nuit et ne rentre
qu’au matin, se jette sur le frigidaire sans s’asseoir. Une
fois, elle s’est teinte les cheveux en rouge. «Elle s’est mise
à disparaître, des week-ends entiers. Et puis un jour, elle
n’est pas revenue. Plus rien ne la retenait.
(…) Ni le lycée, qu’elle avait quitté depuis
longtemps. Ni Louise.»(44)
Louise éprouve toujours une solitude perçante, poignante
qui a laissé son empreinte sur son comportement bizarre,
singulier et étonnant surtout après la mort de Jacques et la
fugue de sa fille Stéphanie. Ainsi, elle est devenue seule
sans personne autour d’elle.
Dans une confession, la romancière déclare que son
adolescence est imprégnée d’une solitude hibernale pendant
son séjour à Paris pour les études.
«Cela a été très dur, j’avais 17 ans. Je ne me
rendais pas compte que j’allais connaître une
telle solitude. Je me souviens de semaines
entières où je ne parlais à personne en dehors des
cours. Les Parisiens prennent un café le soir
ensemble et, après, chacun rentre dîner chez soi.
C’est inimaginable au Maroc, où on invite les

328
gens qu’on sait seuls. Le premier hiver a été

interminable, ……………………»(45)
Avec toutes ces pires circonstances secrètes de Louise, celle
ci est au courant de tout ce qui concerne le couple Mariam et
Paul mais le couple, au contraire ignore tout d’elle.
Ajoutons encore que la romancière ne détermine pas la
nounou par un nom bien propre à elle. Celle-ci est connue
sous le prénom de Louise. L’auteure n’annonce ni sa famille
ni ses origines. Cet être demeure si ambigu et si étrange. À
cet égard, les antécédents de Louise sont presque inconnus,
son passé est ignoré cela explique son mystère.
«Paul et Myriam sont séduits par Louise, par ses
traits lisses, son sourire franc, ses lèvres qui ne
tremblent pas. Elle semble imperturbable. Elle a le
regard d’une femme qui peut tout entendre et tout
pardonner.»(46)
Cette chère Louise, à toute force, indispensable faisant partie
de la famille, mais qui, réellement, demeure une étrangère
malgré son dévouement corps et âme sans intérêt dans le
quotidien des Massé.
Malgré l’intelligence et l’ouverture d’esprit du couple, il
exagère de plus en plus à épuiser Louise par plus de tâches
sans penser au moins résoudre l’ un de ses problèmes infinis
qui la rend une femme effacée.
« (…) Elle bosse pour qu’on
puisse bosser. » (47)
L’arrivée d’une lettre du Trésor Public au couple lui
demandant de saisir sur le salaire de Louise la somme qu’elle

329
lui doit car elle n’a jamais répondu « à aucune lettre de

relance »(48)
invoquant l’histoire de changement d’adresse, rejetant la
faute sur son mari qui était si prudent, Louise a nié la réalité.
«(…) elle devait faire la morte, elle qui de
toute façon ne représente rien, ne possède
rien. Qu’est-ce que ça peut leur faire ?
Qu’ont-ils besoin de la traquer ?»(49)
Nous lecteurs, nous sommes témoins des cas de mélancolie,
de solitude dans la vie de Louise. Elle a indéfiniment accepté
d’exécuter tous les ordres proposés par le couple pour
combler le vide de sa vie.
La toile du roman se tisse, saignante et aveuglante : du
simple secours de nounou, Louise devient utile, dynamique
ensuite indispensable.
Myriam a senti que la présence de cette nounou devenait
gênante, elle a pris trop de place, elle s’est permis des
ingérences.
De gênante à pesante, l’existence de Louise bouleverse
l’équilibre du couple mais sans guère l’agiter. Le couple
commence à regarder Louise de travers. Ses gestes les
indisposent de plus en plus.
« le couple passe d’une adoration enthousiaste à
une antipathie viscérale –sans jamais- par
confort, gêne et faiblesse – oser licencier
Louise»(50)
Après avoir passé deux nuits d’angoisse, couchée, malade
dans son appartement aux vitres sales « [Louise] se sent
prête à reprendre le travail.»( 51 )comme le prouve

330
Freud « l’angoisse est un affect. C’est dans le corps qu’elle

est ressentie (…) elle est un quantum d’énergie libidinale
qui n’a pu parvenir à la décharge faute d’avoir pu trouver
une voie libératrice. À défaut de pouvoir se lier à une
représentation acceptable pour se frayer un passage vers la
satisfaction, cette énergie s’accumule et procuré un
désagrément ressenti dans le corps. »(52)
Notons aussi que cette angoisse accompagnée
«d’une vieille morbide, (..) est devenu[e] une
obsession.»(53)
Or l’angoisse
«est un état psychologique voisin de l’anxiété.
L’angoisse est une manifestation profonde
d’inquiétude.
Elle peut survenir de manière

(54)
ponctuelle………»
De même, la romancière a souffert, elle aussi, d’une
mélancolie et d’une angoisse depuis son adolescence dans sa
ville natale , Rabat, elle avoue :
«A quinze ans, je broie du noir. La vie n’a
pas de sens, je suis jeune et déjà lasse. Je
m’apitoie sur mon sort, j’écoute des
chansons tristes, je pleure dans ma glace.
Ma mère me demande ce que j’ai. Je lui
réponds que je n’ en sais rien, que j’ai des
angoisses, que j’ai peur. « Mais peur de
quoi ? », me questionne-t-elle. C’est bien le
problème, je ne sais pas. (…) Au milieu

331
d’une conversation, elle glisse le nom du

mal dont je souffre. Elle le prononce
doucement, avec tendresse et ironie; elle dit
que c’est de la mélancolie.»(55)
Louise nourrit de profonds ressentiments contre Myriam, la
mère des deux enfants et le style de vie aisé du couple qui
contrarie avec la pauvreté dans laquelle elle a vécu
longtemps.
« Une haine monte en elle. (…) une haine qui
brouille tout. Elle est absorbée dans un rêve
triste et confus.»(56)
Louise éprouve le sentiment d’être rejetée de cette famille,
d’avoir éprouvé qu’elle est sur le bord de perdre le peu
qu’elle possède : une famille d’adoption et de suite une
raison d’exister.
Chaque personne semble avoir une demeure où se rendre,
Louise, n’a jamais eu ni une maison ni même une chambre à
elle.
« Elle marchait dans la rue comme un décor
de cinéma dont elle aurait été absente,
spectatrice invisible du mouvement des
hommes. Tout le monde semblait avoir
quelque part où aller.»(57)
En effet, Louise n’a qu’une envie : Trouver un toit, s’y loger,
creuser un nid chaud, faire partie d’une famille et ainsi
appartenir à quelqu’un. Or, la vue d’un homme qui chie sans
honte dans la rue devant la porte de son étroit appartement
miteux où la douche pourrie s’est effondrée la fait penser à
son propre avenir inquiétant.

332
la seule solution de Louise consiste à avoir un nouveau-né

c’est-à-dire que Myriam tombe enceinte pour la troisième
fois.
« Un nourrisson qui les tiendrait tout près les uns
des autres ,qui les lierait tout près les uns des
autres, qui lierait dans un même élan de
tendresse »(58)
Cette nouvelle grossesse est son dernier espoir pour garder sa
place chez le quotidien bourgeois. Elle a une persuasion
brûlante, torride que son bonheur leur concerne. Qu’elle est à
eux et qu’ ils sont à elle.
«Le lendemain, elle fait avec plus de soin
que d’habitude le lit de Paul et de Myriam.
Elle passe sa main sur les draps, elle
cherche une trace de leurs étreintes, une
trace de l’enfant dont elle est sûre à
présent qu’il est à venir »(59)
Un jour, Louise pousse Mila à demander à Myriam si elle
porte un bébé dans son ventre. « oh non, plutôt mourir»(60) a
répondu Myriam en riant. À chaque tentative de la part de
Louise, un mur épais s’élève devant elle l’empêchant à tout
jamais de vivre comme n’importe quel être humain sans
besoin.
« (…) L’inégalité ressemble à une bombe à
retardement . Les petits déclencheurs de terrorisme
agitent cet esprit délirant ,que l’insécurité, masquée
sous sa méticulosité, exhibera en accéléré.»(61)

333
L’atmosphère au sein du quotidien des Massé est devenue de

plus en plus pesante, Leila Slimani nous entraîne dans une
progression dramatique si inévitable. Des idées absurdes,
incongrues la hantent or elle se laisse, descendre, peu à peu
aux abîmes, dans les méandres de la folie.
«Enfermée dans l’appartement des Massé,
elle a parfois l’impression de devenir
folle.»(62)
Il est temps d’évoquer « par exemple, M .Plaza cité par
J.P Baranger[qui] définit(…) la folie comme
le « rapport d’antagonisme qui se noue entre les
positions d’un individu et le système d’intelligibilité du
groupe auquel il
appartient »(63)
Nous pouvons conclure que Louise est frappée par les
symptômes de la schizophrénie puisqu’ elle souffre de
trouble de comportement comme le montre en
évidence l’incident où Myriam lui annonce qu’ils vont
partir en vacances à la montagne chez les parents de
Paul , celle-ci ne se fâche plus pour montrer sa
frustration.
En outre
«La folie est un terme très général englobant un
ensemble de troubles mentaux distincts. La
schizophrénie, les troubles bipolaires ou encore
la paranoïa en font par exemple partie.
La folie peut ainsi prendre de multiples formes et
s’exprimer de bien de façons. Globalement, on
considère qu’il s’agit d’un comportement

334
anormal, pouvant parfois être source de danger

pour le malade et/ou les autres personnes.»(64)
Des refrains funestes bercent Louise pendant sa marche. Des
phrases incompréhensives habitent son esprit.
« Il faut que quelqu’un meure. Il faut que
quelqu’un meure pour que nous soyons
heureux.»(65)
À ce stade, nous lecteurs, avons compris comment la vie de
Louise ainsi que ses problèmes interminables ont contribué à
l’effacer définitivement cette femme. C’est ce que Leila
Slimani explique clairement en disant :
« Son cœur s’est durci. Les années l’ont
recouvert d’une écorce épaisse et froide.
(…) Plus rien ne parvient à l’émouvoir
(…)Elle a épuisé tout ce que son cœur
contenait de tendresse. »(66)
Dans Le Petit Larousse illustré de 1998, la violence se

définit : «caractère de ce qui se manifeste, se produit ou
produit des effets avec une force intense, extrême,
brutale […] extrême véhémence, outrance des propos, du
comportement »( 67 ) Encore, d’après la philosophie de
Blandine Kriegel, la violence est « la force déréglée qui
porte atteinte à l’intégrité physique ou psychique pour mettre
en cause dans un but de domination ou de destruction
l’humanité de l’individu. » la violence est [donc] opposée à
un usage contrôlé, légitime et mesuré de la force. »(68)
Loin du regard du couple, nous lecteurs, avons assisté à cette
plongée abyssale vers une folie dont nous seuls connaissons

335
la fin : le meurtre des deux enfants. Cet acte ignoble et

impardonnable commis avec du sang froid.
Après deux mois d’enquête menée par le capitaine
Nina Dorval, celle-ci décide nettement de déguiser le rôle
de la nounou visant à obtenir plus d’informations et plus
d’explications.
« Nina a prévenu le juge d’instruction, le
procureur, les avocats. « C’est moi ,a-t-elle
dit, qui ferait la nounou. Personne
n’oserait la contredire. Le capitaine connaît
cette affaire mieux que personne. »(69)

336
Conclusion
Chanson Douce se classe parmi les œuvres modernes qui
palpent différents genres littéraires « polar, thriller,
psychologie….» ,à travers elle, la romancière témoigne
plusieurs thèmes actuels ainsi qu’universels dont la
maternité, l’ éducation, le rapport entre employeurs et
employés mais elle insiste en particulier sur l’ impact que
peut avoir le statut social et psychologique sur une personne.
Sans pathos, ce roman noir est écrit avec des mots crus,
abrupts mais dont émane une certaine douceur évoquant
l’histoire d’une mère qui culpabilise de retourner travailler,
de confier ses enfants à une inconnue et d’un père souvent
absent toujours occupé par son travail. Tous les deux sont
ambitieux et ceci les fait éloigner d’un quotidien qui s’englue
autour de la nounou Louise, dévouée, active, omniprésente
mais discrète.
La rapide dépendance du couple vis-à-vis de leur nounou est
dépeinte avec subtilité, les personnages ordinaires qui vivent
une vie simple se trouvent au prise avec une sociopathe.
Leila Slimani indique les attitudes complexes qui peuvent
provoquer des conséquences funestes, c’est-à-dire , elle
concrétise tous ces actes dans son personnage romanesque de
Louise . La romancière lui donne un rôle de nounou. Cette
dernière a une présence intime mais jamais familière.Dans ce
roman, Leila slimani pose la nounou au centre de l’ intérȇt.
Dans Chanson Douce , elle nous parle de la puissance
dévastatrice de cet exemple de réussite professionnelle qui
perd complètement son équilibre. Elle décrit aussi la relation

337
entre les parents Myriam et Paul et la baby-sitter, louise

durant laquelle il faudra mettre des limites.
Au fil des pages, nous ne pouvons pas nous empêcher de
juger que ces parents enchaînés dans un style de vie débordé
paraissent avoir éteint leurs pleurs intérieurs pour laisser
survenir le pire.
« (…) (...) on aimerait secouer Paul et
Myriam qui délèguent tout à Louise par
fainéantise. Crier à Myriam que ses doutes ne
sont pas infondés et qu’elle a raison de
trouver la personnalité de sa nounou
inquiétante. Renvoyer Louise chez elle
lorsqu’elle fait sournoise !»(70
Effectivement, nous assurons que ces parents profitent de
leur nounou tant qu’ils n’ont guère le temps de poser la
question s’ils ne lui en font plus faire trop. C’est vrai qu’elle
a accompli plus qu’on lui demandait dans l’annonce. De
même, elle était sous – payée (particulièrement en prenant
compte du nombre d’heures qu’elle travaille) si non elle
aurait pu payer au moins la location de son studio médiocre,
ne dissipant que très peu pour se nourrir et s’habiller. Louise
a accumulé tout un tas d’angoisses, de souffrances, de colères
refoulées pour arriver à un acte ignoble celui de tuer les
enfants qu’elle adorait. Myriam et Paul ne parviennent plus à
s’emparer de la dimension de la désintégration de leur
nounou, Louise, en lui confiant les êtres qui comptent les
plus chers pour eux .
Ă vrai dire ,plusieurs facteurs tels que : la misère, la pauvreté
et les dettes ont contribué au crime mais ces éléments ne

338
pardonnent guère l’ acte atroce qui est accompli. Nous

lecteurs, nous ne pouvons pas ȇtre insensibles au personnage
de Louise, nous ressentons de la pitié , de l’ amertume, de la
tristesse mais aussi nous sommes de mȇme choqués, révoltés,
nous ne parvenons pas à prendre un jugement précis.
Ce roman appelle toutes les mères ainsi que tous les pères
même si beaucoup de nourrices sont sans aucun doute des
personnes sensibles, responsables et professionnelles, il reste
souvent l’éternelle question posée sans réponse : que se
déroule-t-il une fois la porte refermée ?
Chanson Douce va plus loin de relater un drame, il expose
une réelle réflexion sociale ainsi que psychologique
complexes. Cette histoire est une histoire terrifiante,
haletante au style incisif telle qu’une lame à l’image de son
thème, une histoire réaliste tellement contemporaine parce
qu’elle aborde le statut des nourrices, ébranle les parents et
fera vivre d’une autre vision leurs relations avec leurs
enfants.

339
1
) www.Lemonde.Mis à jour le 04 novembre2016
2
) www.Lemonde.Mis à jour le 04 novembre 2016
3
) www.huffpostmaghreb.com 8/9/2019
4
) https://www.letemps.ch/culture/2017/01/06leila-slimani-ne-realise-
toujours-jai-recu-goncourt , consulté le 26 mars 2017
5
) http://www.huffingtonpost.fr/2016/11/03/leila-slimani-goncourt-
2016-chanson-douce/, consulté le 6 février 2017.
6 )
Grivel (Charles), Production de l’intérêt, LaHaye-Paris,
Mouton,1973, P.173
7
)Genette (Gérard) cité par Vincent Jouve dans Poétique du roman,
Ed.SEdEs,1997, P.14
8)
Del LunGo Andrea, « Pour une poétique de l’incipit » in Poétique nᵒ
94 cité par Rullier – Theuret Françoise, Approche du roman, Hachette,
P.58
9)
Slimani (Leila), Chanson Douce, Éditions Gallimard 2016, P.13
10)
Ibid., P.24
11)
Ibid., P.19
12
) Slimani (Leila), Chanson Douce, op.cit., P.16.
13)
www.telerama.fr
14)
Slimani (Leila), Chanson Douce, Op.cit., P.191
15 )
http://www.glamourparis.com/culture/livre-a-lire/articles/chanson-
douce-pourquoi-faut-il-absolument-lire-leila-slimani-/47089, consulté
le 6 février 2017
16)
Xavier,(Garnier), L’éclat de la figure, Éditions P.I.E.-Peter Lang,
Bruxelles,2002,p.9
17)
Idem
18 )
Vincent (Jouve), La Poétique du roman, Armand Colin, 3ᵉ
édition,2010, p.85
19)
Slimani (Leila), Chanson Douce, Op.cit., pp.33-34
20
) Ibid.,p.30
21
) Ibid., P.37
22)
Ibid., P.38
23)
Idem.,
24)
https://www.Carin.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2006-1-
page154.htm.
25
) Slimani (Leila), Chanson Douce ,op.cit.,p.39

340
26
) Daco (Pierre), Les prodigieuses victoires de la psychologie
moderne, éditions Marbout,1960, p.79.
27
) Slimani ( Leila) , Chanson Douce, op.cit., pp.,37-38
28
) https://www.20minutes.fr/sante/1342 149-20140403-manipulation-
comment-reconnître- sociopathe
29
) Slimani ( Leila) , Chanson Douce, op.cit., p126.
30
) https://www.larousse.fr/dictionnaire/français/sociopathie/186766
31
) Sigmund(Freud),Deuil et mélancolie Paris (Payots et
Rivages,2011[1917]),p45.
32
) Slimani ( Leila) , Chanson Douce, op.cit., pp41-42.
33
) Ibid.,p81.
2)
Daco (Pierre), Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne,
op.cit., P.338
35)
https://www.psychologies.com/Daco-psycho/Melancolie
36)
Slimani (Leila), Chanson Douce, op.cit., P.171
37
)Ibid.,p226.
38)
39
) https:www.Larousse.fr/dictionnaires/francais solitude/73340
40
) Slimani (Leila), Chanson Douce, op.cit., P.112
41
) Ibid., P.157.
42)
Ibid., P.111
43)
Ibid., P.107
44)
Ibid., P.99
45)
http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/News/Leila-Slimani-rencontre-avec-
la-romanciere-de-l-ultramoderne-solitude-des-femmes-3142603 ,
consulté le 24 mars 2017
46)
47)
Ibid ., P.16
48)
Ibid., P.162
49)
Ibid., P.163
50)
http://www.revue-etudes.com 8/9/2019
51)
Slimani (Leila), Chanson Douce, op.cit., P. 172
52
) http://www..carin.info/revue-journal francais-de-psychiatrie-2006-
4 page-40.htm.
53)
Ibid., P.171

341
54)
https://sante-medecine.journaldesfemmes.fr/Faq/8092-angoisse-
definition
55)
https://www.franceculture.fr/litterature/journee-de-la-langue-
francaise-en-compagnie-de-leila-slimani, consulté le 22 mars 2017.
56)
57)
Ibid., P. 112
58
) Ibid., P. 200.
59)
Ibid., P.201
60)
Idem
61)
http://www.ledevoir.com/lire/483882/prix-goncourt-2016-une-
chanson-douce-qui-ne-l-est-pas
62)
63
)cf Baranger(J.P), « Revendiquer l’asile » dans J. Garrabe, J.c.Pascal et coll Images
de la psychiatrie,Paris,Frison-Roche,1996,pp373-377.
64
https://sante-medecine.journaldesfemmes.fr/Faq/17860-folie-
definition
65)
66)
Idem
67)
Le Petit La rousse Illustré, Paris, Editions Entièrement Nouvelle,
1998, P.1068
68)
https://psychologie.savoir.fr/definition-violence/
69
) Slimani (Leila), Chanson Douce, op.cit., P. 237.
70
https://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Prix-litteraire-des-
lectrices/Chanson-douce-de-Leila-Slimani-aux-editions-Gallimard-
3414394

342
Bibliographie
I. Corpus
Slimani (Leila), Chanson Douce, Gallimard, Paris, 2016
II. Ouvrages Généraux
- Barthes, Roland, Poétique du récit, Seuil, Paris, 1977.
- Brunel, Pierre, La mythocritique : Théorie et Parcours,
PuF, Paris, 1992.
- Daco, Pierre, Les Prodigieuses victoires de la psychologie
moderne. Editions Marabout, 1960.
- Durant, Guilbert, Introduction à la mythologie : Mythes et
sociétés, Éditions Albin Michel, Paris, 1996.
- Garnier, Xavier, L’éclat de la figure, Éditions P.I.E.- Peter
Lang, Bruxelles, 2002.
- Genette, Gérard, Figures Ⅲ, Seuil, Coll. poétique, Paris,
1972.
- Grivel, Charles, Production de l’intérêt, La Haye-Paris,
Mouton, 1973.
- Jouve, Vincent, L’effet-personnage dans le roman, PuF,
Paris, 1992.

343
- Poétique du roman, Paris, Armand Colin, 3ᵉ édition,

2010.
- LEONARD- Roques, Véronique, figures mythiques :
fabrique et métamorphoses, Presses université Blaise
Pascal, Paris, 2008.
III. Ouvrages psychanalytiques
- Baranger(J.P), « Revendiquer l’asile » dans J. Garrabe,
J.c.Pascal et coll Images de la psychiatrie,Paris,Frison-
Roche,1996
- Bukowski(c),contes de la folie
ordinaire,Paris,Grasset,1981.
-Duprat(G.L),Les causes Sociales de la folie,Paris
,Alcan,1900.
-Sicot(F),Maladie mentale et
pauvreté,Paris,L’Harmattan,2001.
- Sigmund(Freud),Deuil et mélancolie Paris (Payots et
Rivages,2011[1917])

344
IV. Articles
- Del Lungo, Andrea, « Pour une poétique de l’incipit » in
poétique nᵒ 94, avril 1993.
V. Dictionnaires
- Brunel, Pierre, Dictionnaire des Mythes littéraires, Éditions
du Rocher, Paris, 2003.
- Chevalier, Jacques, Dictionnaire des symboles, Seghers,
Paris, 1973.
- Guirland, Félix, SCHMIDT, Joêl (dir),Mythes
Mythologie :Histoire et dictionnaire Larousse , Paris , 1996.
- Le petit La rousse Illustré , Paris ,Edition Entièrement
Nouvelle , 1998.
VI. Sitographie
- www.lemonde mis à jour le 04 novembre 2016
- www.hulfpostmaghreb.com le 08/9/2019
- www.telerama.fr
- https://www.20minutes.fr/sante/1342 149-
20140403-manipulation-comment-reconnître-
sociopathe

345
- www.letemps.ch/culture/2017/01/06leila _Slimani_ne
_realise_toujours_ jairecu_goncourt consulté le 26
mars 2017
- www.huffingtonpost.fr/2016/11/03/leila_slimani_gonco
urt_2016_ chanson-douce/ consulté le 6 février
2017
- http://www.glamourparis.com/culture/livre_a-
lire/articles/chanson-douce-pourquoi-faut-il-
absolument-lire-leila-slimani/147089 consulté le 6
février 2017
- http://www.carin.info _revue_vie_sociale_et_traitemen
ts_2006_1page_154htm .
- http://www..carin.info/revue-journal francais-de-
psychiatrie-2006-4 page-40.htm.
- https:/www.larousse.fr/dictionnaire/français/sociopath
e/186766.
- http://www.psychologies.com/daco_psycho/Melancoli
e

346
- https://www.larousse.fr/dictionnaire//francais.solitude/
73340
- https://www.sante_medecine.journaldesfemmes.fr/faq
/8092_angoisse_
defintion
- http://www.revue-etudes.com 8/9/2019
- https://sante_medecine.journaldesfemmes.fr/faq/1786
0_folie_defintion
- https://psychologie_savoir.fr/definition_violence/
- https://www.franceculture.fr|litterature/journee_de_la_l
angue_française_ en_compagnie_de_leila_slimani,
consulté le 22 mars 2017.
- https://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Prix-litteraire-des-
lectrices/Chanson-douce-de-Leila-Slimani-aux-
editions-Gallimard-3414394
- https:/www.ledevoir.com/lire/483882/prix-goncourt-
2016-une-chanson-douce-qui-ne-l-est-pas
- https://www.elle.fr/Loisirs/Livres/News/leila_slimani_r
encontre_avec_la_

347
romanciere_de_l_ultramoderne_solitude_des_femmes
_3142603, consulté le 24 mars 2017.

348
Table des matières
Introduction p.3
Portrait de la nounou "Louise" p.17
La sociopathie de la nounou Louise p.26
Conclusion p.52

349
‫مج ‪ ،13‬ع ‪( 1‬يناير) ‪2021‬‬ ‫(اللغىيات والثقافات المقارنة)‬ ‫مجلة كلية اآلداب جامعة الفيىم‬
‫االعتالل االجتماعي عند لىيز في األنشىده الهادئة‬

‫حبذأ رّايت األًشْدة الِادئت بصذهت هخيفت هرعبت ُّي هْث طفليي حذيثيي العِذ‬
‫هيالى ّ آدم علٔ يذ هربيخِن لْيس ّهحاّالحِا اإلًخحار‪.‬‬
‫حاّلٌا في بحثٌا أى ًحلل علي بلرخ يخصليت الوربيلت للْيس فِلي وارُلَ لْ ل ِا‬
‫اإلجخوللاعي ُّللعا يعٌللي أًِللا حعللاًي هللي ال ل راباث فللي الشخصلليت حي ل ح ِللر‬
‫حصرفاث هعاديلت للوتخول‪. .‬حخفلي ُلعٍ الشخصليت الوعالذة ّالطاهعلت طلاب‪ .‬و يل‬
‫ّحالللت البةبللت ُللعٍ هص ل حبت بْحللذة هحسًللت ّهوسبللت حوخللذ أوثللر ف ل وثر ب رياللت‬
‫جعلخِا وٌْع هي الِرّخ هي هشاولِا االجخواعيت ّالواليت الوثالت علٔ حياحِا هل‪.‬‬
‫السّجيي‪.‬‬
‫حالزم لْيس افبار هحالت غيلر هعاْللت ّغيلر الئالت فِلي حرولج ًفحلِا حٌحلذر يلي ا‬
‫فشي ا ًحْ الِاّيت في غياباث التٌْى‪.‬‬
‫األًشْدٍ الِادئت ُي بصت حايايت ّهعاصلرٍ أيعلا ألًِلا حخ لرا لحاللت الوربيلاث‬
‫ّحسعسع ثاَ اآلباء ّحتعلِن يايوْى عالباحِن ه‪ .‬أبٌائِن برؤٓ هخخلفت‪.‬‬
‫‪(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata‬‬

‫‪350‬‬

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2021 )‫ (يناير‬1 ‫ ع‬،13 ‫مج‬ )‫(اللغىيات والثقافات المقارنة‬ ‫مجلة كلية اآلداب جامعة الفيىم‬

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

«(…)Nous ne serons heureux (…) que lorsque nous

Slimani (Leila), Chanson Douce,

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

Grand prix des lectrices de Elle 2017 et du Grand prix des

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

«(…)Yoselyn Ortega, la "nounou tueuse",

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

l’histoire sans aucun élément introductif explicite et qui

À travers ce titre, la romancière saisit l’attention des lecteurs

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

Alors, le jeune couple parisien s’est mis à la recherche en

Après ce casting ferme, le couple engage Louise qui, à son

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

enfants bien peignés, dîner préparé et ménage «tenu au

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

engagé une nounou pour s’occuper de

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

personnage, participe logiquement à son

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

entendre et tout pardonner. Son visage est

« Elle observe chaque pièce avec l’aplomb

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

« Le couple rit, incrédule, de cette nouvelle

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

Cette définition [représentant] la famille

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

La Sociopathie de la nounou "Louise"

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

La plupart des gens mélancoliques prétendent dissimuler

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

Stéphanie. Seule, elle n’a qu’à regarder l’émission Enquȇtes

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

Même avant la mort de son mari, Louise n’a jamais compté

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

gens qu’on sait seuls. Le premier hiver a été

(La Sociopathie de « Louise » dans Chanson Douce) Dr. Abir Chéhata

lui doit car elle n’a jamais répondu « à aucune lettre de

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Freud « l’angoisse est un affect. C’est dans le corps qu’elle

Elle peut survenir de manière

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d’une conversation, elle glisse le nom du

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la seule solution de Louise consiste à avoir un nouveau-né

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L’atmosphère au sein du quotidien des Massé est devenue de

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anormal, pouvant parfois être source de danger

Dans Le Petit Larousse illustré de 1998, la violence se

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la fin : le meurtre des deux enfants. Cet acte ignoble et

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entre les parents Myriam et Paul et la baby-sitter, louise

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pardonnent guère l’ acte atroce qui est accompli. Nous