Supervision Transfrontalière Doit-2014

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Association d'économie financière

Quelles formes doit prendre l’activité bancaire transfrontalière en Afrique ?


Author(s): Aaron Daniel MMINELE
Source: Revue d'économie financière , No. 116, LA FINANCE AFRICAINE EN MUTATION
(DÉCEMBRE 2014), pp. 305-314
Published by: Association d'économie financière
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/10.2307/26493346

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QUELLES FORMES DOIT PRENDRE


L’ACTIVITÉ BANCAIRE
TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE ?
AARON DANIEL MMINELE*

L
’activité bancaire transfrontalière s’est rapidement développée
ces dernières années sur le continent africain, en raison notam-
ment de l’augmentation du nombre des prêteurs régionaux 305
basés en Afrique. À l’heure actuelle, environ 104 banques africaines ont
au moins une succursale ou une filiale à l’extérieur de leur propre pays.
Ces banques sont originaires de nombreux pays africains et pas seule-
ment des « locomotives » économiques du continent, comme l’Afrique
du Sud. Outre les quatre plus importantes banques privées d’Afrique
du Sud, on peut mentionner des établissements comme Ecobank, dans
laquelle Nedbank d’Afrique du Sud détient des parts, et United Bank
for Africa. Entre 2000 et 2013, Ecobank qui a son siège au Togo a triplé
son réseau de filiales en Afrique (elle est désormais présente dans
32 pays, contre 11 auparavant), United Bank for Africa (Nigeria) a
étendu son empreinte de 1 à 19 pays, Attijariwafa Bank (Maroc) de 1
à 12 pays et BMCE Bank (Maroc) de 2 à 18 pays. En ce qui concerne
l’Afrique du Sud, Standard Bank a élargi ses opérations à 9 pays,
Barclays Africa Group à 12 pays et First National Bank à 4 pays. Dans
certains pays, la présence de banques régionales africaines est impor-
tante, ces banques détenant plus de 30 % des actifs du système bancaire
du pays d’accueil.
L’arrivée de banques régionales africaines a amélioré l’efficacité du
secteur bancaire des pays d’accueil. En effet, elles stimulent la concur-
rence, améliorent les pratiques de marché et augmentent la diversité des

* Sous-gouverneur, Banque centrale d’Afrique du Sud. Contact : daniel.mminelesresbank.co.za.

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services et des produits financiers disponibles, offrant généralement des


coûts de transaction plus faibles, une meilleure qualité et, potentielle-
ment, des taux d’intérêt sur les prêts moins élevés. Les avantages qui en
découlent pour les parties prenantes au système financier africain sont
importants : les administrations publiques, le secteur privé et les mé-
nages ont accès à une offre de financement plus vaste et à une plus
grande diversité de produits financiers, tandis que les investisseurs et le
secteur privé bénéficient d’opportunités plus intéressantes pour investir
leurs fonds. Les banques régionales africaines contribuent également à
promouvoir une culture d’épargne et d’entrepreneuriat qui présente
des avantages évidents pour la croissance économique, l’accès des
entreprises au crédit, l’inclusion financière, la consommation, la créa-
tion d’emplois, le financement des infrastructures et d’autres investis-
sements à long terme, y compris l’amélioration du niveau de vie. De
plus, l’intégration transfrontalière oblige les systèmes de réglementa-
tion et de supervision des banques du pays d’accueil à se moderniser,
puisque l’augmentation des flux de capitaux au sein d’un pays rend
nécessaires l’amélioration des cadres réglementaires, l’adoption de nor-
mes internationales et de pratiques de référence, l’innovation techno-
logique et le fonctionnement efficace des systèmes de paiement.
306
Cet article traite des bénéfices et des défis que l’activité bancaire
transfrontalière entraîne pour l’Afrique. Il est divisé en quatre parties.
La première partie fait brièvement le point sur les évolutions macro-
économiques en Afrique, tout particulièrement dans la zone subsaha-
rienne. La deuxième partie étudie certains facteurs et avantages de
l’activité bancaire transfrontalière en Afrique subsaharienne. La troi-
sième partie examine les défis de l’intégration sur le plan réglementaire,
tandis que la quatrième partie analyse le rôle des régulateurs bancaires
des pays d’origine et des pays d’accueil en vue de préserver la stabilité
financière.

LES ÉVOLUTIONS MACROÉCONOMIQUES EN AFRIQUE


ET DANS LA RÉGION D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Les perspectives de croissance de l’Afrique sont robustes dans le
contexte des perspectives économiques mondiales et le continent attire
de plus en plus les investissements et l’activité bancaire. Selon les
Perspectives économiques en Afrique 2014 (BAD, 2014), le taux de
croissance moyen de l’Afrique s’est maintenu autour de 4 % en 2013.
En Afrique subsaharienne, la croissance s’est établie à 5 % en 2013 et
devrait ressortir à 5,8 % en 2014. L’Afrique de l’Est et l’Afrique de
l’Ouest ont enregistré la progression la plus rapide en 2013, au-dessus
de 6 %. Ce résultat est à comparer aux 3 % enregistrés pour l’économie

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QUELLES FORMES DOIT PRENDRE L’ACTIVITÉ BANCAIRE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE ?

mondiale et souligne encore la résilience du continent face aux turbu-


lences internationales et régionales.
La croissance moyenne pour l’Afrique devrait se situer autour de 5 %
à 6 % en 2015, niveau comparable à ceux observés avant le début de
la récession mondiale en 2009. Cette prévision table sur un redresse-
ment progressif de l’économie mondiale, mais aussi sur une stabilisa-
tion de la situation politique et sociale dans les pays africains actuel-
lement en proie à des conflits. À long terme, la croissance de l’Afrique
devrait être influencée par les tendances affectant la demande de ma-
tières premières, l’accès aux capitaux internationaux, de nouveaux
partenariats économiques avec des investisseurs étrangers, les évolu-
tions sociales et démographiques (accroissement de la population ac-
tive, progression de l’urbanisation et émergence d’une classe moyenne),
l’essor des industries de consommation (télécommunications et acti-
vités bancaires, par exemple) et les évolutions liées aux infrastructures
et à l’intégration régionale.
En 2013, l’Afrique subsaharienne a enregistré des entrées de capitaux
pour un total de 30 Md$, notamment au Ghana, au Nigeria et en
Zambie. Il convient cependant de noter qu’au deuxième semestre
2013, certains signes d’un possible resserrement de liquidité sur les
marchés financiers mondiaux ont été observés, entraînant des sorties 307
nettes de capitaux. La région a également enregistré une robuste de-
mande de prêts selon l’enquête de l’Institute of International Finance
(Collyns et al., 2014) sur les conditions de distribution du crédit
bancaire dans les marchés émergents. Par ailleurs, la baisse de l’inflation
dans certains pays et la libéralisation partielle de leurs comptes de
capital ont permis aux pays d’Afrique subsaharienne d’attirer des flux
de capitaux plus importants et d’approfondir leurs marchés financiers.

FACTEURS ET AVANTAGES DE L’ACTIVITÉ BANCAIRE


TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
De nombreux facteurs favorisent les activités bancaires transfronta-
lières en Afrique. Il s’agit notamment des perspectives positives de
croissance macroéconomique du continent et, en particulier, de la
région subsaharienne, qui ont amélioré le sentiment des investisseurs
vis-à-vis de l’Afrique, des efforts de promotion de l’intégration régio-
nale, ainsi que des réformes structurelles qui créent un environnement
de plus en plus favorable pour les emprunteurs et les entreprises dans
la région de l’Afrique subsaharienne.
L’activité bancaire transfrontalière bénéficie également du fait que,
dans l’ensemble, le développement des marchés de capitaux de la région
est encore embryonnaire, leur profondeur et leur liquidité faibles.

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Historiquement, ces marchés ont été dominés par les titres des admi-
nistrations publiques et ne fournissent donc qu’une source de finan-
cement limitée au secteur privé. À l’exception de l’Afrique du Sud, les
marchés de titres se caractérisent par des capitalisations relativement
faibles, chacun d’eux ne disposant que d’un petit nombre de sociétés
cotées. Dans ce contexte caractérisé par une quasi-exclusivité du secteur
bancaire dans l’offre de financement, les banques africaines effectuant
des opérations transfrontalières jouent un rôle important de dévelop-
pement puisqu’elles contribuent au renforcement de la concurrence
pour l’offre de financement et à l’approfondissement financier de leur
pays d’accueil. Leur croissance a également des répercussions positives
sur les marchés de leur pays d’origine, aussi bien pour le secteur
financier de ce pays que par le soutien qu’elles peuvent apporter aux
sociétés non financières cherchant à se développer sur un plan régional.
Il est désormais clairement reconnu que l’inclusion financière a une
incidence positive sur la croissance économique et sur la création
d’emplois. L’intégration des acteurs actuellement exclus du système
financier permet d’accroître à la fois la demande de services financiers
et le montant des ressources susceptibles d’être mobilisées par le secteur
financier. Cette incidence est probablement importante : le rapport sur
308
le développement financier de la Banque mondiale pour 2014 estime
que plus de 2,5 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas
d’un compte auprès d’un établissement financier officiel, ce qui prive
le système de leur épargne et limite leurs propres capacités à investir
pour améliorer leur vie et celle de leur famille (Banque mondiale,
2014). Les responsables politiques (notamment les États membres du
G20), les instances de normalisation, comme le Comité de Bâle pour
le contrôle bancaire, les organisations internationales, comme la Ban-
que mondiale et le FMI (Fonds monétaire international), et les orga-
nisations non gouvernementales, comme la Global Alliance for Finan-
cial Inclusion, ainsi que les autorités nationales de réglementation et de
supervision ont un rôle à jouer pour créer un environnement favorable
à l’inclusion financière. Ils peuvent contribuer à garantir que le cadre
juridique et réglementaire applicable facilite l’inclusion financière, en
lançant des actions telles que la promotion de l’éducation des consom-
mateurs et l’amélioration de la transparence des pratiques relatives aux
services bancaires et financiers. Nombre de banques et d’établissements
financiers du continent africain commencent à reconnaître que la
responsabilité leur incombe (et qu’il est aussi dans leur intérêt) d’élargir
leurs modèles d’activité, afin de prendre en compte les besoins des
personnes à faibles revenus et les petites entreprises.
L’Afrique du Sud illustre bien le cas d’un pays qui œuvre en faveur
de l’inclusion financière. Comme l’indique l’enquête annuelle FinScope

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QUELLES FORMES DOIT PRENDRE L’ACTIVITÉ BANCAIRE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE ?

South Africa 2013, le taux de bancarisation officiel a augmenté, passant


de 48 % en 2004 (13 millions d’adultes ayant un compte bancaire) à
75 % en 2013 (26 millions). C’est désormais le pays dont le taux de
bancarisation est le plus élevé du continent africain et il cherche à
progresser davantage. Dans le Plan de développement national 2030,
le ministre des Finances sud-africain a fixé l’objectif de parvenir à 90 %
de la population adulte disposant d’un compte bancaire à la fin
de 2030.
La progression de l’activité bancaire transfrontalière, notamment en
Afrique, s’explique également par le vaste programme international de
réformes relatives à la réglementation financière adopté après la crise
financière mondiale. Les nouvelles exigences réglementaires strictes
imposées à leurs banques par les juridictions telles que les États-Unis et
l’Union européenne ont entraîné une baisse relative de l’activité de ces
banques en Afrique. Cette évolution a permis aux grandes banques
africaines de pénétrer de nouveaux marchés africains, ce qui a égale-
ment entraîné de nouveaux défis en matière de réglementation pour les
régulateurs des pays d’origine et des pays d’accueil.
LES DÉFIS RÉGLEMENTAIRES DE L’INTÉGRATION
Si l’activité bancaire transfrontalière présente des avantages signifi- 309
catifs, elle pose également des défis, en particulier sur le plan régle-
mentaire. Nombre de ces défis résultent du fait que les juridictions
africaines, à la différence de beaucoup d’autres régions du monde, se
situent à des étapes nettement différentes de mise en œuvre des diverses
normes internationales. Par exemple, certains pays en sont encore au
stade de la mise en œuvre des normes de fonds propres Bâle I, d’autres
de celles de Bâle II, tandis que dans d’autres pays encore, tels que
l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud, la mise en œuvre du dispositif
de fonds propres Bâle III est en cours ou finalisée. Ces défis sont
examinés ci-après.
Le premier défi est que les banques actives dans plusieurs pays
africains doivent effectuer des déclarations à la fois auprès des super-
viseurs de leur pays d’origine et auprès de ceux des pays d’accueil, qui
imposent souvent des normes réglementaires différentes (répondant à
des normes de fonds propres émanant de Bâle I, Bâle II ou Bâle III).
Les défis qui en résultent pour les banques en matière de déclaration se
compliquent encore lorsqu’on prend en compte les implications des
différentes normes en termes opérationnels et d’activité. Ainsi, les
banques doivent former du personnel à la compréhension et au respect
des diverses exigences des différents dispositifs de Bâle sur les fonds
propres et mettre en place des systèmes ayant la capacité de satisfaire à
l’ensemble des exigences réglementaires et de déclaration. Pour une

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banque, ces procédures peuvent être longues et mobiliser d’importantes


ressources. Les banques peuvent également être amenées à informer les
régulateurs des pays d’accueil sur les obligations auxquelles elles sont
soumises dans leur pays d’origine. Il convient de noter que les régula-
teurs africains ont fourni des efforts considérables afin d’améliorer les
compétences techniques de leur personnel ainsi que sa compréhension
des règles prudentielles édictées par le Comité de Bâle.
D’autres défis peuvent résider dans le fait que les rôles et les
responsabilités des superviseurs sont différents dans le pays d’origine
et les pays d’accueil. Plus précisément, un superviseur du pays
d’origine est responsable de la solvabilité du groupe bancaire, tandis
que le rôle du superviseur d’un pays d’accueil est de garantir
l’existence de liquidités suffisantes pour respecter toutes les obligations
locales et protéger les déposants de sa juridiction. Ces responsabilités
différentes, lorsqu’elles sont conjuguées aux dispositifs réglementaires
qui diffèrent dans les pays d’origine et les pays d’accueil, peuvent
entraîner à la fois des chevauchements et des lacunes dans le cadre
réglementaire applicable à une banque en particulier, créant ainsi des
problèmes de coordination réglementaire. Cette situation accroît le
risque que les banques puissent devenir des mécanismes de trans-
310
mission des risques d’une juridiction à l’autre et de réduction du
contrôle réellement exercé par les autorités sur leurs économies. En
réponse à cette situation, les autorités de réglementation pourraient
décider d’introduire des réglementations nationales protectrices qui
rendraient plus complexes la supervision des banques transfrontalières
d’importance systémique en Afrique voire, dans le pire des cas, la
résolution des banques défaillantes.
Face à ces défis, comment définir les mesures permettant de réduire
les aspects négatifs de l’activité bancaire transfrontalière et en maximi-
ser les bénéfices ? À l’évidence, la première étape pour les autorités de
réglementation et de supervision africaines est de coopérer afin de créer
les dispositifs réglementaires et les cadres de politique financière né-
cessaires à la gestion du développement de l’activité bancaire trans-
frontalière et garantissant une intégration financière efficace et des
pratiques bancaires transfrontalières prudentes. Cette démarche re-
quiert l’amélioration de la communication et de la coordination au
niveau régional, la mise en place de groupes de gestion des crises et de
supervision transfrontalière pour les banques d’importance systémique
en Afrique, des exercices robustes de simulation de crise au niveau du
groupe et une amélioration des pratiques de gouvernance et de trans-
parence du secteur financier, notamment pour l’ensemble des groupes
bancaires importants dans le contexte africain. Elle nécessite également
une réglementation harmonisée fondée non seulement sur les normes

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QUELLES FORMES DOIT PRENDRE L’ACTIVITÉ BANCAIRE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE ?

de contrôle bancaire reconnues au niveau international, mais aussi sur


d’autres standards internationaux tels que les recommandations du
Groupe d’action financière (GAFI) et du Conseil des normes comp-
tables internationales.
Les instances de normalisation et les forums internationaux comme
le Conseil de stabilité financière ont également un rôle important à
jouer pour accroître leurs efforts de consultation et de communication
et l’aide qu’ils apportent aux pays et aux régions qui ne sont pas
représentés dans ces instances et ces forums, mais qui subissent les effets
de l’élaboration et de la mise en œuvre de leurs normes et leurs
pratiques de référence en matière de réglementation. Par conséquent,
l’Afrique du Sud participe activement aux comités dotés d’une appro-
che régionale élargie tels que l’Association des banques centrales afri-
caines, le Comité des gouverneurs des banques centrales de la Com-
munauté de développement d’Afrique australe, le groupe consultatif
régional du Conseil de stabilité financière pour l’Afrique subsaharienne
et la Communauté des superviseurs bancaires africains. Les travaux de
ces comités contribuent au développement et à la mise en œuvre d’un
cadre réglementaire efficace pour le secteur financier en Afrique.

LE RÔLE DES RÉGULATEURS BANCAIRES 311


DES PAYS D’ORIGINE ET DES PAYS D’ACCUEIL
DANS LA PRÉSERVATION DE LA STABILITÉ FINANCIÈRE
Les régulateurs ont un rôle particulier à jouer dans le processus
d’intégration financière. Il leur revient de garantir que toutes les entités
étrangères autorisées à opérer au sein de leur secteur financier satisfont
à l’ensemble des exigences pertinentes conditionnant l’accès à la juri-
diction concernée. Ils doivent examiner précisément les coûts et les
avantages résultant de l’autorisation accordée à une banque étrangère
(ou tout autre type d’institutions financières) d’opérer dans une juri-
diction donnée. Cet examen doit inclure l’évaluation de leur propre
capacité à assurer efficacement la surveillance de la banque étrangère et
à assurer une coordination avec l’autorité de contrôle du pays d’origine
de la banque. Afin d’être en mesure de procéder de façon adéquate à
cette évaluation :
– les autorités doivent maintenir à jour leur connaissance des évo-
lutions réglementaires internationales les plus récentes, cette nécessité
impose la responsabilité aux forums régionaux et aux régulateurs qui
font partie des instances internationales de normalisation financière de
jouer un rôle volontariste, d’utiliser leur position et de faire entendre
leur voix au sein de ces instances afin de s’assurer que les préoccupations
des pays qui ne sont pas représentés soient prises en considération ;

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REVUE D’ÉCONOMIE FINANCIÈRE

– elles doivent encourager les progrès dans la mise en œuvre des


normes internationales en matière de bonnes pratiques contribuant à la
stabilité financière, à la robustesse des systèmes financiers et à l’inclu-
sion financière. Toutefois, les forums et les instances de normalisation
doivent s’assurer que les exigences relatives à la mise en œuvre de ces
standards internationaux prennent en compte les particularités de
chaque pays et n’entraînent pas d’effets négatifs sur la stabilité du
système financier ;
– elles doivent maintenir l’accent sur l’échange d’informations et
tenir les pays d’accueil informés des évolutions : des efforts sont d’ores
et déjà fournis afin d’enrichir les mécanismes existants, tels que les
échanges d’informations et les protocoles d’accord entre les pays d’ac-
cueil et les pays d’origine. Les collèges de superviseurs se sont également
révélés des vecteurs efficaces de partage de l’information relative aux
résultats des simulations de crise et aux plans de redressement et de
résolution, et ils ont favorisé l’établissement de relations entre les
autorités responsables de la supervision des opérations nationales des
banques actives au niveau régional. Ces banques requièrent une super-
vision consolidée afin que les autorités de contrôle du pays d’origine et
des pays d’accueil aient une connaissance suffisamment approfondie
312
des opérations du groupe pour assumer efficacement leurs responsabi-
lités. Comme l’ont souligné les tables rondes du FMI relatives aux
banques régionales en Afrique, en avril 2014, la majorité des groupes
bancaires financiers panafricains opèrent au sein de communautés
économiques régionales (CER) qui peuvent jouer un rôle utile dans la
création d’une capacité de supervision et le renforcement de la régle-
mentation transfrontalière dans ces zones ;
– elles doivent créer des bases de données et des opportunités de
formations utiles et accessibles à tous les régulateurs africains. De telles
initiatives contribuent au développement des compétences et au par-
tage de l’information et offrent des opportunités de renforcer les
réseaux de régulateurs au niveau régional. Elles encouragent également
les autorités de surveillance à normaliser leurs méthodes de collecte, de
traitement et de diffusion des données ;
– elles doivent s’assurer que les plans de gestion et de résolution des
crises existants sont améliorés et mis en place pour faire face aux crises
financières : il est important de réagir de façon rapide et efficace afin
d’éviter de graves perturbations systémiques et de réduire autant que
possible le risque de défaillance du système bancaire et les coûts pour
les contribuables qui en résulteraient. Si elle n’est pas correctement
gérée, la coopération en matière de supervision peut s’effondrer au
cours d’une crise financière, lorsque la protection des actifs nationaux
devient très importante. La mise en place préalable de plans de gestion

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QUELLES FORMES DOIT PRENDRE L’ACTIVITÉ BANCAIRE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE ?

et de résolution des crises facilitera une coopération robuste sur le plan


de la supervision, qui devrait résister aux tensions résultant d’une crise
financière transfrontalière.

CONCLUSION
Les banques africaines qui ont développé leur activité au-delà des
frontières de leur pays d’origine peuvent apporter une contribution
importante au développement de leur pays d’origine et de leurs pays
d’accueil. Toutefois, maximiser cette contribution requiert des mesures
de la part de leur gouvernement d’origine et des gouvernements hôtes,
ainsi que des autorités de réglementation et de supervision financière.
Les gouvernements doivent mettre en œuvre les réformes structurelles
nécessaires au soutien de l’intégration régionale, qui rend l’activité
bancaire transfrontalière attrayante pour les banques et les institutions
financières de la région. Les autorités de réglementation et de super-
vision africaines compétentes doivent accepter de coopérer les unes avec
les autres en partageant les informations et en coordonnant leur régle-
mentation et la supervision de certains groupes bancaires. Elles doivent
également être prêtes à travailler ensemble afin de développer des plans
de gestion des crises crédibles et réalisables pour les banques opérant
entre et dans plusieurs juridictions. Si les gouvernements et les régu- 313
lateurs ne prennent pas ces mesures, le continent risque de perdre les
bénéfices considérables en termes d’approfondissement financier et de
renforcement de l’efficacité des systèmes financiers qui pourraient
découler de l’activité bancaire transfrontalière en Afrique.

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