Supervision Transfrontalière Doit-2014
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L
’activité bancaire transfrontalière s’est rapidement développée
ces dernières années sur le continent africain, en raison notam-
ment de l’augmentation du nombre des prêteurs régionaux 305
basés en Afrique. À l’heure actuelle, environ 104 banques africaines ont
au moins une succursale ou une filiale à l’extérieur de leur propre pays.
Ces banques sont originaires de nombreux pays africains et pas seule-
ment des « locomotives » économiques du continent, comme l’Afrique
du Sud. Outre les quatre plus importantes banques privées d’Afrique
du Sud, on peut mentionner des établissements comme Ecobank, dans
laquelle Nedbank d’Afrique du Sud détient des parts, et United Bank
for Africa. Entre 2000 et 2013, Ecobank qui a son siège au Togo a triplé
son réseau de filiales en Afrique (elle est désormais présente dans
32 pays, contre 11 auparavant), United Bank for Africa (Nigeria) a
étendu son empreinte de 1 à 19 pays, Attijariwafa Bank (Maroc) de 1
à 12 pays et BMCE Bank (Maroc) de 2 à 18 pays. En ce qui concerne
l’Afrique du Sud, Standard Bank a élargi ses opérations à 9 pays,
Barclays Africa Group à 12 pays et First National Bank à 4 pays. Dans
certains pays, la présence de banques régionales africaines est impor-
tante, ces banques détenant plus de 30 % des actifs du système bancaire
du pays d’accueil.
L’arrivée de banques régionales africaines a amélioré l’efficacité du
secteur bancaire des pays d’accueil. En effet, elles stimulent la concur-
rence, améliorent les pratiques de marché et augmentent la diversité des
Historiquement, ces marchés ont été dominés par les titres des admi-
nistrations publiques et ne fournissent donc qu’une source de finan-
cement limitée au secteur privé. À l’exception de l’Afrique du Sud, les
marchés de titres se caractérisent par des capitalisations relativement
faibles, chacun d’eux ne disposant que d’un petit nombre de sociétés
cotées. Dans ce contexte caractérisé par une quasi-exclusivité du secteur
bancaire dans l’offre de financement, les banques africaines effectuant
des opérations transfrontalières jouent un rôle important de dévelop-
pement puisqu’elles contribuent au renforcement de la concurrence
pour l’offre de financement et à l’approfondissement financier de leur
pays d’accueil. Leur croissance a également des répercussions positives
sur les marchés de leur pays d’origine, aussi bien pour le secteur
financier de ce pays que par le soutien qu’elles peuvent apporter aux
sociétés non financières cherchant à se développer sur un plan régional.
Il est désormais clairement reconnu que l’inclusion financière a une
incidence positive sur la croissance économique et sur la création
d’emplois. L’intégration des acteurs actuellement exclus du système
financier permet d’accroître à la fois la demande de services financiers
et le montant des ressources susceptibles d’être mobilisées par le secteur
financier. Cette incidence est probablement importante : le rapport sur
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le développement financier de la Banque mondiale pour 2014 estime
que plus de 2,5 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas
d’un compte auprès d’un établissement financier officiel, ce qui prive
le système de leur épargne et limite leurs propres capacités à investir
pour améliorer leur vie et celle de leur famille (Banque mondiale,
2014). Les responsables politiques (notamment les États membres du
G20), les instances de normalisation, comme le Comité de Bâle pour
le contrôle bancaire, les organisations internationales, comme la Ban-
que mondiale et le FMI (Fonds monétaire international), et les orga-
nisations non gouvernementales, comme la Global Alliance for Finan-
cial Inclusion, ainsi que les autorités nationales de réglementation et de
supervision ont un rôle à jouer pour créer un environnement favorable
à l’inclusion financière. Ils peuvent contribuer à garantir que le cadre
juridique et réglementaire applicable facilite l’inclusion financière, en
lançant des actions telles que la promotion de l’éducation des consom-
mateurs et l’amélioration de la transparence des pratiques relatives aux
services bancaires et financiers. Nombre de banques et d’établissements
financiers du continent africain commencent à reconnaître que la
responsabilité leur incombe (et qu’il est aussi dans leur intérêt) d’élargir
leurs modèles d’activité, afin de prendre en compte les besoins des
personnes à faibles revenus et les petites entreprises.
L’Afrique du Sud illustre bien le cas d’un pays qui œuvre en faveur
de l’inclusion financière. Comme l’indique l’enquête annuelle FinScope
CONCLUSION
Les banques africaines qui ont développé leur activité au-delà des
frontières de leur pays d’origine peuvent apporter une contribution
importante au développement de leur pays d’origine et de leurs pays
d’accueil. Toutefois, maximiser cette contribution requiert des mesures
de la part de leur gouvernement d’origine et des gouvernements hôtes,
ainsi que des autorités de réglementation et de supervision financière.
Les gouvernements doivent mettre en œuvre les réformes structurelles
nécessaires au soutien de l’intégration régionale, qui rend l’activité
bancaire transfrontalière attrayante pour les banques et les institutions
financières de la région. Les autorités de réglementation et de super-
vision africaines compétentes doivent accepter de coopérer les unes avec
les autres en partageant les informations et en coordonnant leur régle-
mentation et la supervision de certains groupes bancaires. Elles doivent
également être prêtes à travailler ensemble afin de développer des plans
de gestion des crises crédibles et réalisables pour les banques opérant
entre et dans plusieurs juridictions. Si les gouvernements et les régu- 313
lateurs ne prennent pas ces mesures, le continent risque de perdre les
bénéfices considérables en termes d’approfondissement financier et de
renforcement de l’efficacité des systèmes financiers qui pourraient
découler de l’activité bancaire transfrontalière en Afrique.
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