La Géopolitique de La Santé2
La Géopolitique de La Santé2
La Géopolitique de La Santé2
Introduction
• Ne perdons pas de temps à plaider en faveur de la santé : « Ceux qui se posent la question de
savoir si une meilleure santé est un bon instrument de développement négligent peut -être l’aspect
le plus fondamental de la question, à savoir que santé et développement sont
indissociables, insiste Amartya Sen. Il n’est pas nécessaire d’instrumentaliser la santé pour en
établir la valeur, c’est-à-dire d’essayer de montrer qu’une bonne santé peut également contribuer à
stimuler la croissance économique. » Privilégions, pour chacun sur la planète, l’idée d’une santé
durable, plutôt que le seul mécanisme de financement qu’incarne la couverture sanitaire
universelle, désormais présentée comme un objectif de développement durable.
• Gérard Salem et Zoé Vaillant rappellent qu’il existe 5 déterminants de la santé :
l’alimentation, l’éducation, l’accès à l’eau, les dépenses de santé ainsi que l ’offre de soins.
• La notion de la santé renvoie à l’échelle biologique ou individuelle. Elle est restée, jusqu’au
début du XXè siècle analysée sous cet angle. La santé est devenue un enjeu du débat public
national et international que récemment.
L’expression même de « géopolitique de la santé » peut paraître mal appropriée, tant il est vrai
que la « géopolitique » s’est longtemps désintéressée des questions sanitaires. Le processus de la
mondialisation et de l’interdépendance entre les Etats ont cependant contribué à faire de la santé
un enjeu géopolitique majeur, ou au moins un élément des relations internationales.
La relation entre mondialisation et épidémies fonctionne à double sens. D’un côté, le processus
de mondialisation a permis aux maladies transmissibles de se diffuser à des vitesses et sur des
échelles inédites. D’un autre côté, le risqué global que représentent des épidémi es comme le
VIH/Sida, le SRAS, la grippe aviaire ou coronavirus et pour lesquelles l’intervention nationale ou
internationale n’est plus suffisante, contribué à faire émerger une scène politique mondiale dont les
acteurs ne sont plus seulement les Etats
On peut, schématiquement, distinguer trois ères géopolitiques en matière de santé:
La première ère correspond précisément à celle des pandémies : Aujourd’hui, la mondialisation
des transports rend possible l’accélération de la diffusion des pandémies à l’échelle planétaire et à
une très grande vitesse.
La deuxième ère de la géopolitique de la santé est celle des organisations : organisations de
santé, des hospices aux pharmacies ; organisations marchandes, avec les grandes entreprises
pharmaceutiques, produit du développement de la chimie au XIXe siècle ; organisations
internationales, des premières conférences sanitaires mondiales du milieu du XIXe siècle
jusqu’aux grandes fondations philanthropiques.
L’IA inaugure une troisième ère de la géopolitique de santé. Elle ouvre la possibilité d’un marché
global pour de nouvelles solutions proposées, d’une capacité de prédiction accrue des évoluti ons
sanitaires, ainsi que d’une révolution dans le pilotage des données de santé.
Dans le cas du Coronavirus, c’est précisément la rencontre de ces trois ères : une pandémie
moderne, cherchant une réponse dans les organisations de santé et les technologies
d’intelligence artificielle.
Questionnement
Problématiques
La faiblesse de la ration alimentaire – environ 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le
monde, surtout en Afrique et dans le monde indien – et la malnutrition qualitative (carences, déséquilibres
et excès touchent 30 % de la population mondiale) sont des facteurs d’affaiblissement des hommes face
aux maladies, voire des facteurs de maladie comme le diabète. L’école est le lieu du changement sanitaire
comme vecteur de l’éducation à l’hygiène et de la compréhension des maladies ; l’inégal accès à
l’enseignement primaire entre pays, entre villes et campagnes et entre garçons et filles explique en partie
les différents états de santé. Pasteur avait dit « Nous buvons 90 % de nos maladies ».
La qualité de l’eau est essentielle et nécessite non seulement une adduction saine mais aussi un système
de toilettes améliorées, c’est-à-dire qui ne favorisent pas la dispersion des germes pathogènes. On note
une corrélation entre les populations ne disposant pas d’un assainissement et la surmortalité des enfants
de moins de 5 ans due à des affections diarrhéiques, qui constituent la deuxième cause de mortalité de
cette tranche d’âge. La mauvaise qualité de l’eau serait la seconde cause de mortalité en Afrique
subsaharienne et en Inde. Les dépenses de santé sont directement reliées à la richesse des pays.
Les pays de l’OCDE représentent 90 % des dépenses de santé dans le monde alors qu’ils ne
supportent que 10 % de la morbidité. Ainsi, le Luxembourg dépense en matière de santé environ 9000$
par habitant en 2015 contre 11 $ pour l’Érythrée. Il n’y a pas forcément de corrélation exacte entre
Les politiques nationales et les traditions culturelles jouent un rôle dans l’encadrement sanitaire :
vitalité de la médecine chinoise ou choix du Costa Rica de ne pas avoir d’armée pour favoriser le
développement humain. Se pose aussi la question des maladies émergentes, nouvelles maladies
transmissibles que l’homme contracte au fur et à mesure de l’occupation de nouvelles régions comme les
forêts équatoriales (fièvre Ebola). La pandémie du sida se caractérise par une géographie contrastée :
c’est notamment cette maladie qui explique la position défavorable des pays d’Afrique australe sur le
schéma de la transition sanitaire. La pandémie de coronavirus (COVID-19) est une maladie infectieuse
provoquée par un nouveau virus qui n'avait encore jamais été identifié chez l'être humain. Ce virus
provoque une maladie respiratoire (analogue à la grippe) avec des symptômes comme la toux, la fièvre et,
dans les cas les plus sévères, une pneumonie.
Dès 1997, l’Institut de médecine, instance de référence scientifique américaine, publie un rapport
expliquant que la santé mondiale est « d’un intérêt vital pour les Etats-Unis ». Pour la première fois
apparaît l’expression global health, que nous traduisons par santé mondiale : « Les pays du monde ont
trop en commun pour que la santé soit considérée comme une question relevant du niveau national. Un
nouveau concept de “santé mondiale” est nécessaire pour traiter des problèmes de santé qui
transcendent les frontières, qui peuvent être influencés par des événements se produisant dans d’autres
pays, et auxquels de meilleures solutions pourraient être envisagées par la coopération.
De nombreuses études et recherches montrent que l'allocation de l'aide mondiale ne repose pas seulement
sur des critères épidémiologiques, de population, ou de charge de maladie, mais aussi sur ces puissants
La relecture de l'histoire de la santé indique que la tenue des premières conférences internationales sur le
sujet, au XIXe siècle, était moins motivée par le désir de vaincre la propagation de la peste, du choléra ou
de la fièvre jaune que par la volonté de réduire au minimum les mesures de quarantaine, qui s'avéraient
coûteuses pour le commerce ... Ces tensions entre la médecine, la santé, les intérêts marchands et le
pouvoir politique forment les termes d'une équation paradoxale inhérente à la question de la santé
publique mondiale. L'accès des populations pauvres aux médicaments dans le cadre des accords sur
les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (Adpic) exprime bien ces tensions,
qui, dans le monde contemporain, peuvent aller jusqu'au bras de fer.
La mondialisation des questions de santé : Les frontières n’arrêtent pas le développement des
maladies, qui peuvent dès lors causer des dommages immenses aux personnes et aux économies
nationales. Des solutions transnationales ont dû être imaginées pour faire face à ces problèmes, faisant de
la santé une question publique, voire de relations internationales. Les pandémies ont aussi contribué à la
prise de conscience de la dimension publique des questions de la santé.
Si les causes de l’apparition de ce nouveau coronavirus 2019 sont encore floues, il est cependant évident
que la mondialisation, et plus particulièrement les voyages en avion, est l’une des raisons de sa
propagation hors de l’Asie. « On vit dans un monde qui est communicant, donc les déplacements des
gens entraînent un déplacement des microbes qui sont avec eux, dit à Reporterre le Pr Didier Raoult,
chef de service à l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Marseille, spécialisé dans les maladies
infectieuses. Toutes les étapes de la mondialisation vont avec le risque de transmettre des maladies inter-
humaines
Guerre, conflit et santé : La guerre est à la fois un domaine de la géopolitique, elle est aussi un
composant de la santé publique. En posant les règles pour faire la guerre, les Etats ont pris les premières
mesures sanitaires transnationales : règles sur les armes, protection de la santé des militaires et des civils
en temps de guerre, etc.
La fin de la guerre froide avait fait espérer une nouvelle ère pour l'Afrique. Mais le génocide rwandais et
l'implosion du Congo-Zaïre ont brouillé les cartes. Les zones de conflits sont aussi celles des famines, des
concentrations de personnes déplacées ou réfugiées et, souvent, de malnutrition et de pénuries
alimentaires.
Système de santé : Il existe de nombreux systèmes de santé à travers le monde. Chaque pays a
progressivement construit son système de santé en tenant compte des choix de financement, d’histoire
nationale et de décisions politiques. Les choix ne reflètent pas seulement diverses conceptions nationales
de la santé, mais aussi la capacité des Etats à traiter efficacement les questions qui se posent à lui.
Les inégalités de santé s'inscrivent dans le sillage des inégalités économiques et sociales. Les systèmes
d'assurance - maladie et de protection sociale se mettent en place trop lentement et inégalement d'une
Signé numériquement par elkhanchoufi mostafa
région à l'autre. La « couverture sanitaire universelle » serait utile aux populations pauvres si elle était
un moyen au service d'une politique fondée sur les priorités nationales, et en particulier sur la prévention.
Santé et commerce : Les maladies, tout comme les produits voyagent. C’est dans ce cadre que les
Etats ont progressivement érigés des mesures de protection.
Exemple, l’épidémie de peste et le trafic des navires sur l’espace méditerranéen, Coronavirus et le
commerce international dans le contexte actuel .Une question s’impose : c’est l’équilibré entre libre
échange et légitime protection de la santé est-il toujours assuré ?
• Les grandes pandémies (peste, grippe ou variole) ont eu des répercussions notables sur la puissance
des Etats, leur manière de gouverner ainsi que sur les sociétés elles-mêmes. La peste noire (1347-1352) a
eu des conséquences désastreuses pour la population européenne, emportant entre 30 et 50% de sa
population, de même que la peste (165-190) correspond à un affaiblissement de l’Empire romain.
• La gestion des populations est une réponse aux risques de pandémies, sous forme de mise en
quarantaine.
En matière de gestion sanitaire, l’IA a son rôle à jouer, que ce soit en matière de contrôle des populations
ou de pilotage des soins. A ce titre, elle constitue à la fois un enjeu de souveraineté, de préservation de
systèmes politiques et de préférences sociales. En effet, le traitement de données de masse que permet
l’IA devient un instrument de pouvoir, avec des risques inhérents concernant les données de santé, leur
Conclusion
Les épidémies sont un moyen original d’observer et de comprendre le processus de la mondialisation.
D’un côté, la mondialisation favorise la diffusion d’épidémies à l’échelle mondiale. L’émergence des
premières pandémies que sont le VIH/Sida, le SRAS ou les grippes récentes n’a été possible qu’avec
l’augmentation et l’accélération des interactions entre sociétés à l’échelle du monde. D’un autre côté,
l’enjeu que représentent les grandes épidémies entraine l’émergence de nouveaux acteurs dont les
interactions contribuent à la construction d’une scène politique de dimension mondiale, démontrant que la
mondialisation n’a pas qu’une dimension économique.
A l'aube du XXIe siècle, la santé mondiale a connu une petite révolution : les traitements contre le VIH
sont devenus accessibles à certaines des populations les plus vulnérables au monde.
Depuis, en défendant l'idée qu'une gamme d'actes médicaux permettant d'améliorer et de sauver des vies
peut et doit être accessible aux personnes pauvres, les tenants de l'idée d'universalité des soins ont fait
entrer la santé publique mondiale dans une nouvelle ère, celle du meilleur des mondes. Dans les années
1980, la Banque mondiale et le FMI sont venus en aide aux pays endettés à condition qu'ils adoptent des
politiques nécessitant de privatiser et de déréglementer leurs économies, et de réduire leurs dépenses
sociales. Ces institutions ont élaboré pour les pays à bas revenus un plan axé sur l'idée de dépenser le
moins possible pour la santé. Les populations estiment de plus en plus que la santé constitue une partie
du contrat social qu'elles peuvent faire valoir légalement et que nos institutions publiques mondiales,
doivent rendre davantage de comptes
Il existe de nombreux systèmes de santé à travers le monde. Chaque pays a Progressivement construit son
système de santé en tenant compte des choix de Financement, d’histoire nationale et des décisions
politiqués. Les choix ne reflètent pas seulement diverses conceptions nationales de la santé, mais aussi la
capacité des Etats à traiter efficacement les questions qui se posent à lui.