V Espaces Euclidiens

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Agrégation interne

UFR MATHÉMATIQUES

Espaces euclidiens

Soit E un espace euclidien de dimension finie n > 0. On note ϕ(u, v) le produit scalaire de
u et v, kuk la norme de u et (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de E pour ϕ.

1. Adjoint d’un endomorphisme

Théorème 1 – Pour tout endomorphisme f ∈ L (E), il existe un unique endomorphisme


f ∗ de E tel que

ϕ f (x), y = ϕ x, f ∗ (y) .
 
∀x ∈ E,

L’endomorphisme f ∗ s’appelle l’adjoint de f .


Démonstration : comme ϕ est un produit scalaire, il est clair que si f ∗ existe, il est unique.
Si f ∗ existe, on a, pour tout i ∈ {1, . . . , n} et pour tout y ∈ E, ϕ f (ei ), y) = ϕ(ei , f ∗ (y) .

Xn
Donc f ∗ est défini par f ∗ (y) = ϕ f (ei ), y)ei pour tout y ∈ E.
i=1

Proposition 2 – L’application f 7→ f ∗ est un endomorphisme involutif de L (E) et on a

• pour tout (f, g) ∈ L (E)2 , (f ◦ g)∗ = g ∗ ◦ f ∗


• pour tout f ∈GL(E), (f −1 )∗ = (f ∗ )−1
⊥ ⊥
Proposition 3 – Pour tout f ∈ L (E), Ker(f ∗ ) = Im(f ) et Im(f ∗ ) = Ker(f ) .
⊥
Démonstration : soit x ∈ Ker(f ∗ ). Montrons que x ∈ Im(f ) , c’est-à-dire que, pour
tout y ∈ Im(f ), ϕ(x, y) = 0. Comme y ∈ Im f , il existe x′ ∈ E tel que y = f (x). On
a alors ϕ(x, y) = ϕ x, f (x′ ) = ϕ f ∗ (x), x′ ) = ϕ(0, x′ ) = 0. On a donc prouvé que
⊥
Ker(f ∗ ) ⊂ Im(f ) .
⊥
Soit x ∈ Im(f ) . Montrons que x ∈ Ker(f ∗ ). Comme ϕ est un produit scalaire, il suffit
 de
′ ∗ ′
 ∗ ′ ′
vérifier que, pour tout x ∈ E, on a ϕ f (x), x = 0. Or ϕ f (x), x = ϕ x, f (x ) = 0
⊥ ⊥
car f (x′ ) ∈ Im(f ) et x ∈ Im(f ) . On a donc Im(f ) ⊂ Ker(f ∗ ).
On procédera de même pour la deuxième égalité.

Proposition 4 – Soient f ∈ L (E), g ∈ L (E) et B une base orthonormale de E.


g = f ∗ si et seulement si Mat(f, B) = t Mat(g, B).
Démonstration : en effet, Mat(f, B)ij = ϕ(f (ei ), ej ) et t Mat(g, B)ij = ϕ(ei , g(ej )).

Corollaire 5 – Un endomorphisme et son adjoint ont le même polynôme caractéristique.


Ils ont donc les mêmes valeurs propres et si l’un est diagonalisable, l’autre aussi.
Préparation à l’agrégation interne UFR maths, Université de Rennes I

2. Endomorphismes orthogonaux

2.1. Définition
Définition 6 – Un automorphisme f de E est dit orthogonal si f ∗ = f −1 .

Proposition 7 – L’ensemble des automorphismes orthogonaux d’un espace euclidien E est


un sous-groupe de GL(E), appelé groupe orthogonal de E et noté O(E).
L’ensemble des des automorphismes orthogonaux de déterminant 1 est
un sous-groupe de O(E), appelé groupe spécial orthogonal de E et noté
SO(E).

2.2. Propriétés

Proposition 8 – Soit f un endomorphisme de E, les assertions suivantes sont équivalentes

i) ∀(x, y) ∈ E 2 , ϕ f (x), f (y) = ϕ(x, y)




ii) ∀x ∈ E, kf (x)k = kxk


iii) f ∈ O(E)

Corollaire 9 – Un endomorphisme f de E est orthogonal si et seulement si l’image par f


d’une base orthonormale de E est une base orthonormale.

Corollaire 10 – Un endomorphisme f de E est orthogonal si et seulement si sa matrice


M dans une base orthonormale vérifie tM M = In .

Définition 11 – Une matrice M de Mn (R) est dite orthogonale si elle est inversible et si
t
M = M −1 .

3. Endomorphismes symétriques

3.1. Définitions
Définition 12 – Un endomorphisme f de E est dit symétrique (respectivement anti-
symétrique) s’il vérifie, pour tout (x, y) ∈ E 2 ,
ϕ(f (x), y) = ϕ(x, f (y)) (respectivement ϕ(f (x), y) = −ϕ(x, f (y)) ).
Remarque - Une application f : E → E qui vérifie
pour tout (x, y) ∈ E 2 , ϕ(f (x), y) = ϕ(x, f (y))
est un endomorphisme. En effet, pour tout (x, x′ , y) ∈ E 3 et (a, a′ ) ∈ K2 , on a

ϕ f (ax + a′ x′ ), y = ϕ ax + a′ x′ , f (y)
 

= aϕ x, f (y) + a′ ϕ x′ , f (y)
 

= aϕ f (x), y + a′ ϕ f (x′ ), y
 

= ϕ af (x) + a′ f (x′ ), y


On note S (E) l’ensemble des endomorphismes symétriques de E. C’est un sous-espace


vectoriel de L (E).
Exemples - Les homothéties, les projections orthogonales et les symétries orthogonales de
E sont des endomorphismes symétriques.

Proposition 13 – L’ensemble E est somme directe de S (E) et de A (E) l’ensemble des


endomorphismes antisymétriques.

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ESPACES EUCLIDIENS

3.2. Propriétés
Soit f ∈ S (E), alors
− si F est un sous-espace vectoriel stable par f , alors F ⊥ est stable par F .
− Im f et Ker f sont supplémentaires et orthogonaux dans E.
− Les sous-espaces propres de f sont supplémentaires et orthogonaux.
− Le polynôme caractéristique de f est scindé sur R.
− L’endomorphisme f est diagonalisable dans une base orthonormale (ou encore il existe une
base orthonormée de E formée de vecteurs propres de f ).

3.3. Caractérisation matricielle

Proposition 14 – Un endomorphisme de E est symétrique si et seulement si sa matrice


dans une base orthonormale quelconque de E est symétrique.
Soit B une base orthonormale de E. L’application de S (E) dans l’ensemble des matrices
symétriques réelles carrées d’ordre n qui associe à f sa matrice dans la base B est un
isomorphisme. On en déduit que
1
Proposition 15 – dim S (E) = n(n + 1) où n = dim E.
2

Corollaire 16 – Toute matrice symétrique réelle M est diagonalisable et il existe une


matrice P orthogonale telle que P −1 M P soit diagonale.

3.4. Caractérisation des valeurs propres

Théorème 17 – Soit f un endomorphisme symétrique de E et


ρ = max{|λ| ; λ ∈ Spectre(f )}. On a
 
|ϕ(f (x), x)|
kf k = ρ = sup ; x ∈ E, x =
6 0 .
kxk2

Démonstration : l’endomorphisme f étant symétrique, il est diagonalisable dans une base


orthonormale de E. Notons (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de vecteurs propres de f et
(λ1 , . . . , λn ) les valeurs propres associées.
Xn
Soit x 6= 0 avec x = ei . On a alors
i=1
 Pn
ϕ f (x), x λi x2i
2
= Pi=1
n 2 .
kxk i=1 xi

On a donc 
ϕ f (x), x
≤ ρ.
kxk2
Il suffit ensuite de prendre pour x un vecteur propre associé à la valeur propre λk telle que
|λk | = ρ pour obtenir le résultat.

Corollaire 18 – Soit f un endomorphisme symétrique de E de valeurs propres λ1 ≤ . . . ≤


λn et (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de E formée de vecteurs propres
de f .
Soit Vk = Vect(e1 , . . . , ek ). Alors
 
|ϕ(f (x), x)|
λk = sup ; x ∈ Vk , x 6= 0
kxk2

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Préparation à l’agrégation interne UFR maths, Université de Rennes I

Démonstration : on fait de même qu’à la proposition précédente sur l’espace Vk .

Théorème 19 – (Courant-Fischer)
Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension n, f un endomorphisme
symétrique de E de valeurs propres λ1 ≤ λ2 ≤ · · · ≤ λn . Si k ∈ N∗n ,
on note Fk l’ensemble des sous-espaces vectoriels de E de dimension k.
Alors, pour 1 ≤ k ≤ n,
   
ϕ(f (x), x) ϕ(f (x), x)
λk = inf sup ; x ∈ L, x 6= 0 = sup inf ; x ∈ L, x =
6 0 .
L∈Fk kxk2 L∈Fn−k+1 kxk2

Démonstration : d’après le corollaire précédent,


   
|ϕ(f (x), x)| ϕ(f (x), x)
λk = sup ; x ∈ Vk , x 6= 0 ≥ inf sup ; x ∈ L, x 6= 0 .
kxk2 L∈Fk kxk2

Il reste à démontrer l’inégalité inverse, c’est-à-dire que


 
|ϕ(f (x), x)|
λk ≤ sup ; x ∈ L, x 6= 0 pour tout L ∈ Fk .
kxk2


Soit L ∈ Fk , alors L ∩ Vk−1 6= 0 (il suffit de considérer les dimensions de ces espaces pour

obtenir ce résultat). Or si v ∈ L ∩ Vk−1 avec v 6= 0, on a
 
ϕ(f (v), v) |ϕ(f (x), x)|
λk ≤ ≤ sup ; x ∈ L, x =
6 0 .
kvk2 kxk2

4. Formes quadratiques sur un espace euclidien

4.1. Endomorphisme associé à une forme quadratique


On note également Q(E) l’espace vectoriel des formes quadratiques définies sur E.
L (E) → Q(E)
Soit L : où q est définie par q(x) = ϕ(f (x), x).
f 7→ q

Proposition 20 – L est une application linéaire surjective. Son noyau est l’espace vectoriel
des endomorphismes antisymétriques. L induit un isomorphisme de
l’espace vectoriel des endomorphismes symétriques dans Q(E).

Définition 21 – On dit que f et q sont associés si L(f ) = q.

Proposition 22 – Si f et q sont associées, alors q et f sont représentées dans toute base


orthonormée par la même matrice.

4.2. Diagonalisation simultanée

Théorème 23 – Soit q : E → R une forme quadratique. Il existe une base orthonormée


de l’espace euclidien E qui est orthogonale pour la forme quadratique q.
Démonstration : soit f l’endomorphisme symétrique de E associée à q et ψ la forme
bilinéaire symétrique associée à q. Comme f est symétrique, il existe une base orthonormée
(e1 , . . . , en ) de E formée de vecteurs propres de f . Soient λ1 , . . . , λn les valeurs propres de
f avec f (ei ) = λi pour i ∈ {1, . . . , n}. Vérifions que cette base est orthogonale pour q.

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ESPACES EUCLIDIENS

On a, pour i 6= j, ψ(ei , ej ) = ϕ(f (ei ), ej ) = λi ϕ(ei , ej ) = 0 car c’est une base orthogonale
de E. La base (e1 , . . . , en ) est donc bien orthogonale pour q.

Corollaire 24 – Une forme quadratique q est positive (respectivement définie positive) si


et seulement si toutes les valeurs propres de l’endomorphisme symétrique
associé sont positives (respectivement strictement positives).
Démonstration : en reprenant les notations de la démonstration du théorème précédent, on
a:
q(x1 e1 + · · · + xn en ) = q(e1 )x21 + · · · + q(en )x2n = λ1 x21 + · · · + λn x2n .

Théorème 25 – Soit E un espace vectoriel de dimension finie. Soient q et q ′ deux formes


quadratiques sur E de matrices respectives, dans une base donnée de E,
A et B. On suppose que q est définie positive. On munit E du produit
scalaire ϕ associé à q.
Il existe une base orthonormée de (E, ϕ) qui est orthogonale pour q ′ .
Autrement dit, il existe une matrice P inversible telle que tP AP = In et
t
P BP soit diagonale.

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ESPACES EUCLIDIENS
1. Adjoint d’un endomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2. Endomorphismes orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2.1. Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2.2. Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3. Endomorphismes symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.1. Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.2. Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.3. Caractérisation matricielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.4. Caractérisation des valeurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
4. Formes quadratiques sur un espace euclidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
4.1. Endomorphisme associé à une forme quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
4.2. Diagonalisation simultanée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

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