TY Ce Coeur À Conquérir 1
TY Ce Coeur À Conquérir 1
TY Ce Coeur À Conquérir 1
Y :
CE COEUR À
CONQUÉRIR
Trisha COMOÉ, jeune fille battante et bagarreuse, s’éprend de cet homme contre son
gré. Elle lutte contre cette force qui la tire à cet homme mais finit par flancher. Sachant
bien que jamais il ne l’aimera, elle prend le risque de l’approcher. Elle jure accomplir
une mission impossible quel qu’en soit les inconvénients : Conquérir le cœur de Terry
YOUL.
Episode 1
TERRY YOUL
Mon esprit commence à me quitter et les bruits autour de moi me semblent lointains.
Je ne vois plus personne. Je n’entends plus rien. J’entends son rire à elle, je l’entends
me dire qu’elle m’aime, je la vois s’accrocher à mon cou pour ne pas qu’on se sépare.
Je nous vois rigoler, jouer, manger du gâteau au chocolat devant un film comique. Je
baisse les yeux sur mes mains rougies par son sang. Il y a son sang sur ma chemise.
Son sang. Des flashs défilent sous mes yeux. Des flashs de nos habitudes, des
habitudes qu’elle m’a obligé à avoir.
Je lui lance un oreiller par surprise ce qui a le don de calmer ses sauts. Elle en prend
un et là commence une bataille de polochon. Au moment où elle s’y attend le moins je
lui fais un tacle puis quand elle tombe sur le lit, je me place sur elle et commence à lui
faire des guilis.
Ensemble nous faisons mine de cracher dans nos mains et nous nous saluons pour
signer l’accord.
– À la douche maintenant.
Nous nous rendons ensemble dans nos cabines. Quand nous finissons, nos tailles
entourées de serviette, nous nous rendons chacun devant son lavabo où nous nous
brossons les dents. Quand nous finissons nous nous faisons face pour une inspection.
– Langue !
– Dents !
Nous montrons nos dents. Je me baisse pour taper sur ses dents et elle fait de même.
– Haleine !
Chacun souffle pour que l’autre sente son haleine. Tout est ok. Je sors en premier de
la salle de bain pour enfiler mon pantalon et vais toquer à la porte de la salle de bain.
Elle me rejoint dans la chambre et nous finissons de nous habiller avant de descendre.
– C’est moi qui fais le petit déjeuner. S’écrit-elle en dévalant les escaliers.
Inès et moi enfilons nos tabliers et commençons à faire la cuisine. Du moins c’est elle
qui le fait et moi je l’aide en faisant les choses qu’elle ne peut pas faire ou prendre des
choses qui sont plus hauts qu’elle. Quand nous finissons nous allons nous mettre à
table chacun devant son assiette.
– Mon bacon !
– Rêve toujours Teyo.
Elle me tend son assiette et j’y pique une tranche de bacon. Je lui fais un clin d’œil et
elle tire sa bouche pour me faire un bisou. C’est toujours une joie pour moi de passer
du temps avec elle. Le petit déjeuner terminé chacun prend son sac et nous sortons de
la maison retrouver Rico mon chauffeur, garde et bras droit près de la voiture.
Ils se tapent dans les mains avant de tous monter dans la voiture. » » »
C’était ça notre quotidien. Quand je reviens à moi et que je vois le docteur là en face
de moi une colère me monte au nez. Je lui envoie direct mon poing dans sa gueule. Il
s’écroule et je le relève par les colles.
– Comment a-t-elle pu mourir dans vos mains alors que vous êtes un docteur ?
– Monsieur YOUL…
– FERMEZ-LA !!! Vous n’êtes qu’une bande d’incapable. Je vais faire fermer ce
putain d’hôpital et on verra à qui vous ôterez la vie.
Je le jette par terre et me dirige dans la salle d’opération. Tout le monde s’écarte à mon
passage. Quand j’entre dans la salle tous ceux qui s’y trouvent sortent me laissant seul
avec le corps. Mes mains se mettent à trembler de nouveau. J’avance un pas après
l’autre. Quand je vois son petit visage si innocent je serre les dents pour ne pas
craquer. Mais quand la scène de son accident me revient je craque. Je laisse mes
larmes couler à flot sur mes joues. Je la prends dans mes bras puis au contact de son
corps frigide et inerte, je me mets à hurler toute ma haine. Je hurle à m’en casser les
cordes vocales avant d’éclater en sanglots.
– Réveille-toi mon amour je t’en supplie. J’ai besoin de toi. Je t’en prie ne me laisse
pas ! Je vais t’acheter autant de bacon que tu veux mais ouvre les yeux mon amour je
t’en conjure. Ne me laisse pas chérie !
Je pleure et pleure et pleure toujours en la serrant dans mes bras. Je veux lui
communiquer la vie. Je veux qu’elle se réveille. Elle ne peut pas partir aussi
subitement. Ce n’est pas possible. Je sens quelqu’un poser ses mains sur moi.
– Boss, dit Rico avec un peu d’hésitation dans la voix, vous devez être fort… pour
elle.
Je la redépose tout doucement après l’avoir serré encore quelque minute contre mon
cœur. Je pose sur ses lèvres un baiser et sors comme un automate. Je continue de
marcher jusqu’à l’extérieur de l’hôpital sans vraiment voir les gens autour de moi. Il
pleut des cordes et c’est de ça dont j’ai besoin, de sentir l’eau sur moi pour enlever
cette sensation d’échec, de nullité que j’aie sur le corps. Je continue de marcher sous
cette pluie sans savoir où je vais. Je suis trempé jusqu’aux os mais ça ne me dérange
pas moi qui aie une sainte horreur de ne pas être présentable. Je me sens vide,
complètement vide. Je viens de perdre l’autre moitié de mon cœur. La première moitié
je l’ai perdu il y 7 ans et aujourd’hui je perds l’autre. Que vais-je faire maintenant
qu’elle n’est plus là ? C’était pour elle que je vivais, c’était pour elle que je me battais
jour et nuit pour être le meilleur afin qu’elle soit fière, c’est pour elle que je suis en
train de construire ce putain de palace pour qu’elle y vive comme la princesse qu’elle
est, ou qu’elle… était. J’étais son Teyo à elle toute seule et elle était mon poussin à
moi. Je ne débutais jamais la journée sans son câlin et ne la terminais pas sans.
« « « – Ta journée s’est bien passé ? Me demande Inès alors que je monte le drap sur
elle.
– Oui. Et la tienne ?
– Super. Tu as été gentil ? Tu as souri ?
– Oui.
– Oui pour quoi ?
– Les deux mon poussin.
– C’est vrai ?
– Bon un tout petit peu.
– Tu devrais sourire et être plus gentil souvent. Je n’aime pas quand tu te fâche.
– Je ne me fâcherai plus.
– Promis juré craché ?
– Promis juré craché.
– Je t’aime Teyo.
– Je t’aime poussin. Allez dors maintenant.
– Notre tchèck-bisou-câlin.
Nous nous cognons les poings, faisons un smack sur les lèvres et nous enlaçons. Elle
se recouche et je me dirige vers la porte
– Teyo ?
– Hum ?
– Je t’aime. » » »
– TERRY !
Ce matin encore elle me disait que j’étais le meilleur et qu’elle avait de la chance de
m’avoir. Mais c’est faux, c’est elle qui était la meilleure et j’avais de la chance de
l’avoir. Moi je suis nul. Je ne suis qu’un pauvre type. Je n’ai pas pu la protéger, je n’ai
pas pu empêcher ce chauffard de la renverser et de lui rouler dessus. J’ai failli à mon
rôle, j’ai failli à ma mission.
– Terry ! Chéri !
Ma mère se poste devant moi et me tient les épaules pour m’obliger à m’arrêter. Je la
regarde sans vraiment la voir, elle me regarde aussi. Malgré la pluie qui s’abat sur
nous je peux voir ses larmes couler.
Là je craque à nouveau et tombe dans ses bras. Tous les deux sommes submergés
d’émotions et nous nous retrouvons à genoux par terre dans une flaque d’eau. Elle me
tient serrer dans ses bras comme si elle voulait m’empêcher de fuir.
Episode 2
TERRY
Assis devant le cercueil je ne cesse de me demander si tout ceci est vrai. C’est peut-
être un rêve et je vais bientôt me réveiller. Ma fille ne peut pas m’avoir quitté comme
ça. Mon bébé, mon cœur, ma joie, ma motivation, mon inspiration. Je ne sais pas
pourquoi la vie me fout autant d’évènement merdique. Est-ce parce que je suis un
homme intimidant ? Un homme qui impose sa loi partout où il passe ? Un homme
intransigeant ? Un homme qui écrase ses adversaires sans pitié ? D’abord l’amour de
ma vie, ma femme. J’ai perdu Perla il y a 7 ans alors qu’elle donnait la vie à notre
premier bébé. Cet enfant nous l’avions désiré au plus profond de notre être. Elle avait
tellement fait de fausse couche que lorsqu’elle est tombée enceinte d’Inès, nous n’y
avons pas trop mis notre attention. C’est seulement quand elle a entamé le 5e mois que
nous l’avons annoncé à nos proches et y avons consacré toute notre attention. Nous
étions impatients de votre notre princesse et tellement heureux de pouvoir enfin être
parents. Le jour de l’accouchement j’étais en pleine négociation d’affaire et je n’ai pas
vite vu ses appels et ceux de ma mère. Quand ce fut le cas j’ai filé comme si j’étais en
pleine course de Rallye. Maman n’était pas dans la salle d’attente parce qu’elle était
dans la salle d’accouchement avec Perla. C’était normalement moi qui devais y être
avec elle mais vue le moment auquel je suis arrivé ça n’a pas été possible. Après
plusieurs heures d’attentes ma mère m’a rejoint avec un air inquiet. Elle m’a rassuré
que Perla avait mis au monde notre fille mais qu’après elle avait commencé à perdre
du sang. Ils ont dû lui demander de sortir pour s’occuper d’elle. J’étais angoissé, je
tremblais de tout mon être et je ne pensais plus au bébé, juste à ma femme. Je voulais
certes avoir un enfant mais je voulais encore plus ma femme. Un enfant sans elle à
mes côtés ne m’intéressait pas. C’était elle ma priorité pas le bébé. Des enfants on
pourrait en adopter ça ne me dérangeait pas. Une trentaine de minute plus tard on nous
annonçait la tragédie. Ils n’ont pas pu arrêter le sang. Mon monde s’était écroulé et
j’étais comme fou. Je ne voulais pas la laisser partir. Je me suis hâté dans la salle où
était allongé son corps et j’ai pleuré comme un gamin. Les jours qui ont suivi je ne
voulais pas du bébé donc elle était restée avec ma mère. Si ça n’avait été que moi je
l’aurais donné dans un orphelinat. Je ne la haïssais pas mais je ne voulais pas d’elle
non plus. Qu’allais-je faire avec un enfant sans sa mère ?
Elle est aussi présente et inconsolable. Nous sommes à Ivosep à la levée du corps et
toutes les personnes présentent sont toutes autant choquées que moi. C’est Inès qui est
couché dans ce cercueil, mon bébé. La directrice de son école et quelques enseignants
sont présents. Il y a aussi Mimie sa meilleure amie qui est là avec ses parents. Elle
passait souvent les week-ends à la maison quand ce n’était pas Inès qui allait chez elle.
Quand ses parents et elles sont venus présenter leurs condoléances j’ai craqué quand je
l’ai vu pleurer son amie. Nous avons tous craqué. Maman me tient la main pendant
que je lutte avec mes larmes sous mes lunettes de soleil. C’est le moment de partir et
tout le monde fait le tour du cercueil pour voir le corps qui y est couché. Moi je sors
directement attendre dans ma voiture. Ma mère vient me rejoindre et Rico démarre en
même temps que le corbillard. D’autres voitures nous suivent en l’occurrence celles
d’André DASYLVA et de sa fratrie avec à leurs côtés leurs épouses. Il y a aussi mon
protégé Jamal qui est avec moi depuis le jour où je lui ai annoncé la nouvelle. Maman
ne lâche pas ma main jusqu’à ce que nous arrivions au Cimetière de Williamsville.
Quand je vois l’énorme et beau caveau qui lui est destiné je me dis qu’en réalité
l’argent n’est pas tout dans la vie. Je suis milliardaire mais je ne peux pas acheter des
vies supplémentaires à ma fille. Jamal, André, Léo et Max sont ceux qui font entrer le
cercueil dans le caveau. Une fois fait les gens se retirent. Moi je reste sur place
incapable de bouger. Je suis comme bloqué devant la photo de ma fille qui sourit à
pleine dent. Putain c’est ma fille qu’on vient d’enterrer. Non c’est faux, non ce n’est
pas possible. Je ne vais donc plus voir son sourire tous les matins ? Je ne vais donc
plus faire ces trucs amusants qui sont devenus comme un rituel pour tous les deux ? Je
ne vais donc plus l’entendre m’appeler Teyo ? Je ne vais donc plus acheter des
cadeaux pour elle en rentrant du boulot ? Je ne vais donc plus…
– Oh putain Inès ne me fait pas ça. Ma princesse je t’en supplie réveille-toi. Papa a
encore besoin de toi.
Alors que je me laisse tomber sur mes genoux en pleurant ma douleur, je sens des
mains m’attraper et m’aider à me mettre sur mes genoux délicatement.
– Sois fort frangin, me dis André en me serrant dans ses bras. Je suis là, nous sommes
tous là.
– Nous serons toujours là pour toi. Appuie Léo.
Je sens d’autres mains autres que celles d’André et Léo se poser sur moi, je crois que
ce sont celles de Max. Je me libère encore et encore entouré d’eux et quand je suis plus
calme, André me tend un mouchoir avec lequel je me nettoie le visage. Ils m’aident à
me relever et nous partons vers nos voitures. Nous arrivons chez moi où sera servi un
cocktail pour remercier ceux qui ont effectué le déplacement. Ce sont Tina, Cassie et
Béca qui se sont chargées d’organiser tout pour pouvoir aider ma mère. Les gens
discutent, boivent et dégustent les petits amuse-bouche. Moi je reste sur la terrasse
avec la fratrie et Jamal. Ils essayent de me faire changer de tête avec différents sujets
de conversation. À 15h tout le monde est déjà parti, c’est maintenant autour de la
fratrie. Leurs femmes viennent m’enlacer à tour de rôle. Je les remercie pour le service
rendu et dis au revoir à mes potes. Le moment le plus difficile est arrivé. Se retrouve
seul. C’est là que toutes les douleurs et tous les souvenirs font surfaces. Une fois tous
partis je tourne les talons.
Elles prennent congés de moi toutes les deux après que maman m’ait embrassé pour la
dernière fois. Je parcoure du regard toute la pièce avant de me rendre dans la chambre
d’Inès. Depuis l’annonce de sa mort il y a deux semaines, je ne m’y suis pas rendu.
Très lentement j’ouvre la porte et quand celle-ci s’ouvre totalement me donnant ainsi
une vue sur l’intérieur mon cœur se comprime. Je glisse mes mains dans mes poches
en pénétrant la pièce. Son parfum y est encore. Je balade mon regard pour inspecter
chaque endroit. Tout est à sa place. Son étagère plein de nounours de tout genre, de
toute taille et de toute couleur. Sa table à dessin et bricolage. Son bureau avec son
ordinateur posé dessus. Son lit couvert de son énorme drap la Reine des neiges et d’un
autre lot de nounours. Je m’avance encore vers son bureau et prends le cadre photo.
Nous y figurons tous les deux souriant tout notre bonheur. Je regarde la photo en me
rappelant de ce jour où nous l’avons prise. C’était un jour ordinaire et Inès n’a cessé
d’insister pour qu’on prenne des photos ensemble. J’ai donc pris mon petit appareil
photo et nous avons commencé à nous photographier. C’est celle-là qui fut notre coup
de cœur et nous l’avons faite encadrer. Je sens une présence derrière moi et quand je
me retourne je vois Mickael, mon meilleur ami.
Nous nous regardons sans que je ne puisse lui répondre. Il me connait et sait que
quand j’ai mal je garde le silence. Il fait un pas vers moi avec un air compatissant.
Je me masse les tempes sans répondre. Je n’ai pas envie de m’éloigner des souvenirs
de ma fille. Je veux rester près de ses affaires, de sa tombe et de tout ce qui pourrait
me la rappeler.
*Mona
*LYS
Depuis deux heures de temps que je suis assis devant mon ordi à essayer de travailler
que je n’y arrive pas. Mon esprit vole vers d’autres cieux dès que je lis une phrase ou
un chiffre. Il me faut pourtant m’occuper l’esprit pour ne plus penser à Inès. Elle me
manque. Si elle était là elle serait venue me sortir du bureau pour que nous passions la
journée à regarder la télé. Elle trouvait que je travaillais trop ce qui nous empêchait des
fois de passer du temps ensemble. Pour elle je mettais de côté une affaire qui pourrait
me rapporter des millions et je ne le regrettais pas. Tous les millions du monde ne
valaient rien face aux moments que je passais avec ma princesse.
Je lève les yeux de mon ordi sur la porte lorsqu’on toque. La porte s’ouvre par la suite
sur ma mère.
Elle vient s’asseoir sur le bord de mon bureau et prend ma main qui était sur ma
bouche dans la sienne.
Je soupire et me couche dans mon siège. Je sens que je ne vais tarder à capituler.
– Chéri tu dois t’éloigner un peu. Vas au Maroc avec Mike. Ça va te faire bien. À
chaque fois que tu es allé là-bas tu es revenu en forme. Faut faire un an même pour
mieux récupérer.
– Il y a le boulot.
– Ton adjoint va gérer comme toujours. Si tu veux moi-même je vais passer là-bas
souvent pour voir même si je ne comprends pas ce que vous faites.
Tenant toujours ma main dans la sienne, elle me caresse le visage avec son autre main.
– Ok.
Episode 3
NATHALIE YOUL
Je regarde la photo de ma petite fille et puis j’ai mal au cœur. Elle me manque oh. Ça
fait un an qu’elle est morte mais on dirait que ça fait hier. C’est elle qui venait
ambiancer ma maison. Je me suis jouée les fortes devant mon fils mais vrai vrai j’avais
mal. C’est elle qui avait commencé à transformer mon fils en un homme plus gentil lui
qui ne souriait jamais avec les gens. Ce comportement m’a toujours fatigué mais il ne
m’écoutait pas. Il a fallu Inès pour le faire changer un peu. Un peu seulement. Ça m’a
vraiment fait mal de voir mon fils aussi triste. Mon fils, mon unique fils. Dieu seul sait
à quel point je l’aime. Je ne vois même pas ma vie sans lui. Je dépose la photo d’Inès
et décroche mon portable. Quand je vois le numéro de mon fils je me mets à sourire.
Je raccroche et m’en vais vite dans la cuisine. Je retrouve mes servantes. J’ai deux
servantes, enfin mon fils m’a donné deux servantes sans me demander ma permission
et j’ai moi-même prise Matou pour ne pas qu’elle reste au chômage après la mort
d’Inès. Donc j’ai trois maintenant. Je ne sais même pas ce que je fais avec les trois
mais mon fils dit qu’il ne veut pas que je fasse quelque chose.
– Bonjour ici. Mon fils revient aujourd’hui. Matou tu vas m’aider à préparer tout ce
qu’il aime et vous les deux-là je veux que vous va chez lui pour nettoyer.
Elles disent oui et je demande à Matou de prendre une feuille pour écrire ce qu’on va
acheter pour préparer.
Nous rions et sortons faire les courses. Nous montons dans ma voiture et mon
chauffeur nous conduit jusqu’au super marché. Ma voiture est suivie par une autre
voiture. Mon fils a mis deux gardes de corps derrière moi avant de partie. Mon fils est
mon plus grand bonheur et malgré sa richesse il n’a pas honte de moi. Je ne sais pas
lire et écrire. Bon maintenant ça va, je peux lire un peu un peu. C’est pour écrire-là qui
est un peu compliqué. Mes parents ne m’ont pas mis à l’école. C’est quand mon fils a
eu l’argent qu’il a voulu que j’apprenne. Il a pris des maitres de maison pour moi et
l’année passée je passais au CM2 mais à cause de la mort de ma petite fille j’ai arrêté.
Je vais reprendre cette année. Nous rentrons à la maison après avoir fait toutes les
courses pour recevoir mon bébé. Je vais lui préparer tout ce qu’il aime. Je suis
tellement pressée de le voir.
Enfin mon fils revient au pays. Je suis vraiment contente. Depuis le matin je chante
seulement. Un an qu’il est parti que je me sentais vide à l’intérieur de moi. Terry est
mon seul enfant ce qui fait qu’on est vraiment proche. Nous avons traversé les pires
moments ensemble. Nous n’avons pas toujours été riches. Loin de là. Terry et moi
venons de l’un des quartiers les plus bas d’Abidjan précisément d’Andokoi situé dans
la commune de Yopougon. On habitait près de la décharge. La vie n’était pas facile
que même des fois pour manger c’était problème. Mais comme toutes les mamans qui
aiment leur enfant je donnais petit nourriture qu’on gagnait à mon fils pour que lui au
moins soit rassasié. J’ai fait de petits boulots comme servante, commerçante, fanico
(les femmes qui lavent les vêtements à domicile) et même femme de ménage
journalière. C’est-à-dire que si quelqu’un a sa maison sale ou ses toilettes et qu’il n’a
pas le temps voire même n’a pas envie de les laver c’est moi qui m’en charge et à la
fin on me paye. Le problème était que ce n’était pas tous les jours que je gagnais pour
faire. Je pouvais faire deux à trois jours sans rien avoir. Mais quand je gagne, je
pouvais avoir 5 mille en un jour ou quand la journée était bonne 10 mille mais ça ne
suffisait pas vraiment parce qu’à chaque fois on avait toujours de quoi à acheter pour
les cours de Terry. Oui malgré notre pauvreté je voulais à tout prix que mon fils soit
instruit. Moi je n’ai pas eu la chance donc je voulais forcément que mon fils parte. Je
me suis dit que si lui est instruit, il pourra trouver plus tard un travail pour nous sortir
de la misère même si ce n’était pas des millions.
Ma joie a été grande d’apprendre que mon fils était un surdoué ce qui lui donnait
beaucoup plus de chance de réussir dans la vie. Je me rappelle du jour où il s’est lancé
dans l’architecture, il est venu à la maison et il m’a dit : Maman je veux devenir
architecte pour te construire toutes les belles et grandes maisons que tu veux pour ne
plus que tu vives dans des maisons en bois et près des ordures. J’ai pleuré tellement
j’étais fière. Il n’avait que 15 ans et il rêvait déjà grand. C’est d’ailleurs à cet âge qu’il
a obtenu son BAC chose qui a surpris beaucoup d’homme. Il a été honoré dans son
école et l’Etat lui a donné une bourse pour continuer ses cours et suivre les cours
d’architecture aux Etats-Unis. Quand il est revenu, je ne sais pas ce qu’il avait mais il
était devenu très audacieux et prenait des risques qui moi-même me faisaient peur. Je
ne sais pas comment il a fait et puis au Nigéria une femme lui a donné beaucoup
d’argent pour construire son hôtel. Il a bataillé tout seul pour être le Terry YOUL que
tout le monde connait aujourd’hui et qui dirige la plus grande maison d’architecture
dans ce pays et le deuxième en Afrique.
Aujourd’hui mon fils revient après une année passée loin de moi et je suis la plus
heureuse. Je ne suis pas allée le voir tout ce temps parce que j’ai peur des avions avec
tous ces crashs. Mieux je reste sur terre. Je vais trouver Rico, le garde de Terry dehors
qui va me conduire là où son avion va atterrir. Il m’a dit que ça n’était pas la peine que
je me déplace mais il était hors de question que je reste chez moi à l’attendre. Je reste
dans la voiture en regardant son jet atterrir et quand c’est fait je descends lorsque je
vois la porte de l’avion s’ouvrir. Mon fils apparait tout beau dans un ensemble
costume avec des lunettes de soleil sur les yeux. Je le regarde avec le sourire aux
lèvres mais quelque chose dans sa façon d’être m’inquiète. Je ne m’attarde pas dessus
et vais vers lui pour le prendre dans mes bras.
En guise de réponse il me serre juste dans ses bras. Il sent même mes cheveux avant de
me laisser.
Il dessine un léger sourire sur ses lèvres sans me regarder. J’ai peur que ce à quoi je
pense soit réel. Rico va prendre les affaires de mon fils avec un autre garde pour les
ranger dans le coffre de la voiture pendant que nous montons. Rico monte ensuite et
démarre. J’essaie de causer avec mon fils mais je ne reçois qu’en réponse des petits
mots. Oui, bien, ouais, non, uhum.
– Chéri qu’est-ce qu’il y a ? Ton voyage au Maroc ne t’a pas fait de bien ?
– Je vais bien maman. Rico conduis-nous au commissariat proche du lieu où Inès a eu
son accident.
Il ne me répond pas ce qui m’inquiète encore plus. Alors je tourne sa tête vers moi en
lui attrapant le menton et je lui retire ses lunettes de soleil. Je comprends tout.
Rico freine un coup et je fais monter la vitre qui nous sépare de lui. Je me retourne
vers mon fils qui est devenu l’homme le plus froid.
Il m’arrache ses lunettes et les reporte. Il fait redescendre la vitre et demande à Rico de
démarrer. Je n’aime pas du tout ce qui est en train de se passer. Terry est en train de
ramener cet homme qu’il était avant. Il était un homme froid, intimidant, colérique
mais surtout autoritaire mais Inès lui a demandé un jour d’être plus gentil avec les gens
ce qui a fait qu’il a diminué un peu son côté trop sérieux mais aujourd’hui ce même
homme revient et je le redis encore une fois je n’aime pas ça. Il descend avec Rico
pour entrer dans le commissariat. Moi je préfère l’attendre dans la voiture parce que je
ne veux pas avoir mal au cœur en voyant mon fils à l’œuvre. Il me faut trouver des
arguments pour le faire renoncer à ce qu’il a en tête.
Une fois chez lui je constate que tous ses gardes sont présents. Ils nous suivent jusque
dans le salon. Ses hommes s’arrêtent attendant surement les ordres de mon fils mais je
leur ordonne de nous laisser seuls. Ils s’exécutent aussitôt. Terry reste debout en face
de moi ses mains dans ses poches.
Il se tait et s’assoit en retirant ses lunettes pour les poser sur la petite table. Je m’assois
aussi en face de lui.
– Je disais que tu ne dois pas faire ça. Laisse tomber cette histoire et vas de l’avant. Si
tu mets dans affaire de police tu vas ouvrir la plaie et puis l’aggraver.
– Les plaies n’ont jamais été fermées.
– Terry…
– Maman non.
– Ne redeviens pas cet homme.
– Déjà fait.
– Chéri.
– Ca suffit maman !
Il se lève d’un coup et fait un tour sur lui-même avant de se placer devant alors que je
me lève aussi pour lui faire face.
– J’avais mis de côté cet homme dont tu parles et voici ce qui est arrivé.
– Mais ce n’est pas de ta faute.
– Si ça l’est. Si je n’étais pas devenu un homme pacifique et ouvert tout ceci n’allait
jamais arriver.
– Si j’étais resté le même homme même cette voiture aurait refusé de percuter ma fille
parce qu’elle saurait que quiconque s’en prend à Terry YOUL d’une manière ou d’une
autre le paye très cher. Aujourd’hui mon seul but dans la vie c’est de rendre justice à
MA FILLE et ce peu importe les retombés. Maintenant excuse-moi je dois aller me
reposer. À ce soir.
*Mona
*LYS
Je suis déjà assise à table à attendre mon fils. Depuis ce qu’il m’a dit chez lui je ne suis
pas tranquille. Si mon fils dit qu’il veut retrouver celui qui a renversé Inès ce n’est pas
bon. Dieu seul sait ce qu’il va lui faire s’il le retrouve. Je connais mon fils et sa colère
n’est jamais bonne. Je reviens à moi quand il pose un bisou sur mon front avant de
s’asseoir à côté de moi. Je nous serre et nous commençons à manger.
Dès que je finis ma phrase mon fils reverse tout ce qui est sur la table par terre. Je me
lève en criant. Il est gonflé de colère. Quand je me reprends je lui donne une gifle.
Tout mon corps tremble tellement j’ai eu peur.
Il a parlé doucement mais avec tellement de colère que j’ai peur. Mais c’est moi sa
mère et je sais comment réagir quand il est comme ça.
– Tu penses que ton gros cœur-là tu vas faire ça sur moi ? Je suis Nathalie YOUL TA
MÈRE, j’ai vu ton kiki jusqu’à tes 15 ans avant que tu ne partes en Amérique donc tes
conneries de bêtises tu ne fais pas sur moi. Je suis peut-être analphabète mais si tu es
Terry YOUL aujourd’hui c’est grâce à moi donc tu te calme avec moi hein. Ton garde
du corps je ne veux pas et je te conseille de laisser tomber cette histoire de tu veux
retrouver la personne qui a cogné Inès. C’est le passé donc c’est fini. Faut laisser la
petite reposer en paix.
Il se lève doucement et arrange sa veste. Il me regarde ensuite droit dans les yeux.
L’enfant là va me tuer avec sa colère.
– Lorsque je t’ai dit que je t’offrirai des dizaines de maison pour que plus jamais tu ne
vives dans des maisons en bois près des décharges j’ai tenu ma parole. Et aujourd’hui
tu as trois maisons et trois immeubles en ton nom. Et tu en auras encore d’autres. Alors
lorsque je dis que j’irai jusqu’au bout de cette histoire, maman je tiendrai encore
parole. Tu me connais et tu sais que ça n’en vaut pas la peine d’insister. Demain ton
nouveau garde viendra. (Il sort des billets) Tiens c’est pour la nourriture.
Il pose les billets sur la table, m’embrasse sur le front et sors. Mon cœur de mère se
serre en regardant tant de colère remplie dans les yeux de mon fils. Je le regarde partir
et je commence à faire une prière intérieure. Je ne veux pas que mon fils gâche sa vie
pour cette histoire. Mon fils n’aime pas parler beaucoup, il dit ça le fatigue mais c’est
seulement quand il est trop fâché qu’il parle beaucoup. Je ne sais pas où il a enlevé ce
gros cœur mais quand ça commence à se manifester mieux vaut ne pas être sur son
chemin. Quand il est fâché il gâte tout et puis il s’en fou. Je ne veux vraiment pas voir
mon fils redevenir cet être froid qui ne sourit jamais. Seigneur il faut que tu viennes au
secours de mon fils sinon ce n’est pas bon.
Episode 4
TERRY
Je gare et descends de la voiture avec Inès qui traverse de l’autre côté de la voie pour
faire pipi dans la broussaille. Alors que je l’attends mon portable se met à sonner dans
ma poche. Je décroche et commence à discuter avec un futur client. Le réseau est
instable dans la zone alors je m’éloigne un peu pour mieux capter et discuter. Je ne
prête plus attention à Inès. Un moment j’entends un crissement de pneu puis…
– Teyooo.
Le temps de me retourner je vois Inès projetée par une voiture et quand elle tombe la
voiture lui roule dessus avant de continuer sa route toujours à grande vitesse. Je jette
mon portable et coure vers elle. Je la prends dans mes bras et ce que je vois me glace
le sang. Elle pousse un soupir en me regardant.
Je me réveille en sursaut tout paniqué et me rends compte que ce n’était qu’un rêve. Le
même que je fais depuis maintenant un an. Inès ne cesse de me tenir pour coupable de
son accident et me demande de lui rendre justice. Je ne cesse de la voir partout et à
n’importe quel moment. Elle me tourmente et je sens que tant que je ne lui aurais pas
rendu justice je ne serai pas tranquille. C’est pour cette raison que je suis devenu le
Terry YOUL d’avant parce qu’il le faut pour obtenir ce que je veux. Je ne peux plus
être cet homme cool et sympathique. De toutes les façons je ne l’aie jamais été. Je
faisais juste l’effort en présence d’Inès. Maintenant je n’ai plus de raison de faire
d’effort. Il faut que je retrouve ce chauffard qui a renversé ma fille. Ma plainte a déjà
été déposée, il ne reste plus que l’enquête.
J’enfile un tee-shirt sur mon pantalon et descends retrouver mon staff en bas, au salon.
J’ai fait appel à eux pour tout renouveler après une année d’absence. Tout le monde
doit reprendre son service. Je retrouve en bas ma chargée de communication. Elle
s’occupe de mon image sur les réseaux sociaux et me prépare lorsque j’ai des
interviews ou des émissions télé. Ma styliste et son adjoint qui se chargent de
m’apporter le même nombre de costume que de jours dans le mois. Je ne porte jamais
le même costume deux fois dans le même mois. Les costumes d’un mois sont
récupérés par eux et nettoyé avant de me les rapporter plus tard. Mon assistante
personnelle en dehors du travail qui travaille généralement avec ma chargée de
communication. Et mes 6 gardes. Trois qui gardent l’immeuble et mon appart, c’est-à-
dire, deux dehors et deux qui gèrent les caméras de surveillance. Les deux autres, y
compris Rico assurent ma sécurité. J’ai demandé à un septième de venir pour lui
donner des instructions pour ma mère. Quand ils me voient, ils se lèvent tous pour me
saluer. Je leur fait signe de s’asseoir et je reste debout en face deux.
– Ok. Après une année de pause, les activités reprennent. Vous savez tous comment je
travaille. Je ne vais pas vous faire un exposé. Que celui qui n’est pas sûr de supporter
le retour de Terry YOUL se lève et dégage de ma maison.
Ils se lancent des regards dans le silence. Je me tourne vers mes gardes.
– Vous pouvez aller à vos postes et qu’une mouche n’entre dans mon immeuble sinon
vous vous en irez avec elle.
Ils sortent tous sauf Rico qui reste toujours derrière moi. Je reporte mon attention sur
Safi ma chargé de communication.
– Je vous écoute.
– Il n’y a pas grande chose à dire pour l’instant. Les spéculations sur la mort d’Inès ont
cessé. Personne ne sait encore que vous êtes de retour au pays sinon les pages en
auraient parlé.
– Ok. J’ai demandé à ce qu’on lance une enquête sur l’accident d’Inès.
– Vous voulez que je fasse une annonce sur ça ?
– Pas besoin. Laissez couler. Vous pouvez disposer.
– Merci monsieur.
Elle s’en va et quand je reste avec mes stylistes, ils ouvrent une valise contenant des
costumes.
– Monsieur, ce sont les costumes pour ce mois. Nous prendrons avec votre permission
vos mesures pour vérifier si elles ont changées et en faire de nouveaux.
Je fais oui de la tête. Elle place une petite estrade sur lequel je m’arrête. Chose faite, ils
s’en vont à leur tour. Rico apporte la valise dans ma chambre où je me prépare pour le
boulot. Je suis de retour et je compte le faire savoir. Je retrouve Rico et les autres
gardes dans mon parking personnel. Je me fais escorter jusqu’à mon Building. Mon
empire. L’un des gardes m’ouvre la porte et je descends. Je ferme le seul bouton de
mon costume en regardant à travers mes lunettes de gauche à droite. Rien n’a vraiment
changé. Tant mieux. J’entre à pas rassurés dans mon immeuble. Tout le monde comme
toujours se tient droit sur mon passage. L’ascenseur s’ouvre sur l’étage où se trouve
moi seul mon bureau. Mon assistante m’y attend avec une fiche.
J’entre dans mon bureau et inspecte la pièce du regard. Rico est toujours avec moi.
– Oui monsieur.
– Pourquoi mon bureau n’a pas été nettoyé ?
– Je l’ai nettoyé ce matin monsieur.
– Désolé monsieur je le nettoie tout de suite. Vous pouvez vous asseoir dans le salon
en attendant. Il a été livré tôt ce matin.
Je vais m’asseoir derrière mon bureau et retire enfin mes lunettes de soleil. Je lève la
tête et vois encore Rama.
Elle s’en va. Je parcoure mon ordinateur en lisant les derniers rapports que j’ai reçu de
mon adjoint. Bien qu’absent, j’avais l’œil ici et je suivais tout. Deux coups sont
donnés sur mon bureau et j’ordonne d’entrer.
– Bonjour monsieur, dit Maya une fois devant moi. Bienvenue à vous.
– Asseyez–vous et dites-moi ce que j’ai envie d’entendre.
Elle commence son rapport que j’écoute attentivement. Je sais déjà tout ce qu’elle me
dit. J’ai demandé qu’elle me refasse le rapport pour m’assurer qu’il n’y ait pas de
magouille quelque part.
– Voilà c’est tout.
– Ok. Vous pouvez disposer.
– Monsieur il y a…
– J’ai dit vous pouvez disposer. C’est moi qui vous ai appelé donc allez et si vous avez
quelque chose à me dire vous revenez.
– D’accord monsieur.
Elle s’en va. Je reste encore une dizaine de minute avant de prendre le chemin pour la
salle de réunion. J’emploie plus 300 personnes ici et ailleurs d’autres centaines. En
gros ça peut me faire plus de mille employés. Mais pour les réunions seuls les
responsables s’y rendent pour ensuite faire le briefing à leurs subordonnés. Tout le
monde se lève quand j’entre.
– Vous pouvez vous asseoir, j’ordonne en restant débout à les regarder s’asseoir. Ok
vous avez eue une année de congé j’espère que vous en avez profité. Je suis de retour
ce qui veut dire que le boulot reprend. Avant de commencer, Monsieur Jules KOFFI
prenez vos affaires et dégagez de ma boite. Vous êtes venus en retard plus de 5 fois
sans donner d’excuse valable. Je ne bosse pas avec les paresseux.
– Monsieur…
– Vous n’aimeriez pas que je me répète.
– Mademoiselle Aminata TOURE vous aurez 30 000 FCFA de moins sur votre salaire
ce mois-ci pour avoir refusé d’aller superviser les travaux sur un chantier. Les 30 000
FCFA seront versés sur le compte de Mademoiselle Maya AMESSAN qui s’est vue
obligée d’y aller à votre place.
– Mais…
– Vous avez quelque chose à dire Mademoiselle TOURE ? Je demande en la fixant.
– Non monsieur.
– Revenons donc à l’ordre du jour. JE suis de retour. LE Terry YOUL est de retour. Je
ne tolérai pas les retards ni les absences sans de véritables justificatifs. Je ne tolérai pas
des erreurs même des plus minimes. Celui ou celle qui s’amuse avec mon empire
finira au chômage et en prison. Faites attention à vos rapports parce que des points qui
manqueront sur des i et des chiffres qui seront oubliés vous porteront préjudices. Je
travaille avec rigueurs ce qui me vaut la place de meilleur architecte de ce pays donc
quiconque jouera avec m’aura sur son chemin. Que ceux qui ne sont pas sûrs de
vouloir continuer à travailler ici déposent leurs lettres de démission chez
Mademoiselle Maya. Elle vous donnera vos chèques. Sinon faites attention à comment
vous respirer quand je passe.
Je finis ma phrase et sors de la salle pour mon bureau. Qu’ils comprennent que je ne
suis pas là pour rigoler mais pour travailler. On cogne de nouveau à mon bureau et
quand je demande d’entrer je vois Rama qui vient avec hésitation.
Je m’enferme dans mon bureau à travailler sur une nouvelle maquette jusqu’à ce qu’il
soit l’heure de la descente. Rico vient prendre mes affaires pour les ranger dans la
voiture. Je lui demande de ma conduire au cimetière. Depuis son enterrement je ne suis
plus allé sur la tombe d’Inès. Je récupère le bouquet de fleur dans la voiture que je vais
déposer sur sa tombe. À la vue de sa photo mon cœur se met à palpiter. Ma fille me
manque. La scène de son accident me revient et mes mains se mettent à trembler. Je
ferme les yeux et souffle pour faire passer l’angoisse. Je fixe intensément sa photo et
une rage me monte à la tête.
– Je viens sur ta tombe mon poussin pour te faire une promesse. Je ne sais pas qui t’a
arraché à moi MAIS je jure aujourd’hui sur ta tombe que je vais retrouver cette
personne et lui faire payer jusqu’aux os. Ta mort ne restera impunie. Que la personne
qui t’a fait ça s’apprête à me recevoir. Qu’elle s’apprête à recevoir Terry YOUL.
Episode 5
TRISHA COMOÉ
Ça va faire la millième fois que j’appelle Carine mais toujours aucune réponse. Je vais
tuer cette fille. Je jure que je vais la tuer. Elle n’arrête pas de se comporter comme une
gamine alors qu’elle a 28 ans. J’ai l’impression de vivre avec ma fille alors que c’est
elle la grande sœur. Bon c’est vrai qu’elle a juste deux ans de plus que moi mais c’est
quand même elle la grande. Et puis merde où est-elle ? À chaque fois que je reviens du
travail je dois la chercher partout dans la ville avec la peur qu’il ne lui soit rien arriver
de grave ou qu’elle n’ait rien fait de grave.
– « Allô ! »
– Carine ? Bonté divine enfin tu réponds. Où es-tu ?
– « Je… je suis hic… »
– Tu es encore saoule !? Merde Carine jusqu’à quand ? Bref tu es où ?
– « Chez Jamal. »
– Ok j’arrive.
Je raccroche et me rends dans le bar de Jamal. C’est là-bas qu’elle va des fois pour se
saouler la gueule. Cette fille me donne du fil à retordre. Je ne sais pas comment ni
pourquoi elle est devenue alcoolique. Elle boit de jour comme de nuit et ça me fatigue.
Elle est ma meilleure amie mais refuse de se confier à moi. Elle ne veut pas me dire
pourquoi elle en est arrivée là. Dès que j’arrive je la vois devant la boite en train de se
disputer avec deux filles. À voir l’accoutrement des filles ça se sent qu’elles sont là
pour se chopper des mecs. J’attrape le bras de mon amie pour l’éloigner des autres
mais elles continuent de se disputer sans prêter attention à moi. J’essaie tant bien que
mal de la calmer pour que nous rentrions mais madame est trop à fond.
– CARINE CA SUFFIT !
Elle lance un long tchip aux filles puis me laisse la tirer loin des filles.
– Oh mais qui est cette pimbêche qui vient nous interrompre dans notre discours ?
Lance l’une des filles à mon égard.
– Ce doit être sa femme, continue la deuxième. Regardez-moi des lesbiennes comme
ça. Toutes des putes de premières classes.
Carine et moi nous arrêtons. Elle et moi nous communiquons en esprit. Oui nous
savons nous communiquer en esprit.
– Tu prends celle de gauche ? Je demande à Carine alors que nous sommes toujours de
dos.
– Oui et toi celle de droite.
En symbiose, nous nous retournons et fonçons sur les filles. Chacune prend sa cliente
et là commence la bastonnade. Oui mon amie et moi sommes de bagarreuses.
Seulement quand on nous provoque. Leurs perruques sont les premières choses qui
s’envolent sur elles. Les gifles et les coups de poings pleuvent en désordre sur leurs
têtes de macaque. Nous les mettons par terre et nous asseyons sur elles. Personnes
n’essayent de nous séparer et c’est tant mieux.
– Tu dis que moi je suis une lesbienne ? Je demande à la fille que je bastonne sous
moi. Si je roule les reins sur ton gars je te jure qu’il va te laisser.
– Laisse-moi ! Laisse-moi me lever tu vas voir de quoi je suis capable.
– Ko de quoi je suis capable. Attends je vais gifler ta bouche même.
Je lui donne plusieurs bonnes gifles jusqu’à ce que les gros bras du bar ayant marre
viennent nous séparer.
Carine laisse celle qu’elle bastonnait et nous nous en allons. Quand nous montons dans
le taxi, nous éclatons de rire.
– Trisha tu es grave.
– Pardon laisse-moi. C’est toi qui m’as mise dans ça. Mtchrr.
– C’est à cause de ça je t’aime.
– Ouais c’est ça. Je me suis même cassé un ongle.
– Je te remplace ça demain.
Quand le taxi arrive devant l’immeuble où nous habitons, je tapote la joue de Carine
pour la réveiller. Elle ouvre les yeux mais est toujours endormie. Je règle le taxi et
l’aide à marcher jusque chez nous. Je lui fais prendre sa douche alors qu’elle dandine
de sommeil. Je vais ensuite la faire coucher dans son lit.
– Tu as faim ?
– Non j’ai sommeil. Peut-être que j’irai manger au milieu de la nuit.
– Je n’aime pas te voir comme ça.
– Pardon !
– Pourquoi tu ne me parles pas Carine ? Nous sommes amies.
– Je sais. Je n’ai pas envie de t’emmerder avec tout ça. Mais je te promets qu’un jour
je t’en parlerai.
– Ok. Je suis dans ma chambre si tu as besoin de moi.
– Ok.
Je la laisse se reposer et vais m’enfermer dans ma chambre avec mon diner. Je dine en
travaillant sur mon ordinateur portable de fonction. On nous donne tous des
ordinateurs quand on nous embauche mais quand on quitte la boite on les laisse. Je
cherche de nouveaux modèles de décoration du style américain et j’adore ce que je
vois. Je suis déco-designer mais aussi peintre. Je suis capable de transformer une pièce
en passant de la peinture à la décoration rien qu’à moi toute seule. Je peux transformer
des objets sans aucune utilité en objet décoratif. Comme par exemple transformer un
simple pneu en pouffe très confortable sur lequel s’asseoir. Je décore avec tout et
n’importe quoi et je fais de la calligraphie. Dessiner des fleurs, des papillons, des
étoiles et autres sur le mur ça me connait. Je n’ai pas appris tout ça, je n’ai pas fait
d’école de calligraphie, de toutes les façons je n’en avais pas les moyens. C’est un
talent inné.
Je suis en retard merde ! Hier nuit je n’ai pas vite dormi parce que Carine qui s’est
réveillée au milieu de la nuit m’a aussi réveillée pour que je lui tienne compagnie.
Nous avons causé de tout et n’importe quoi et regardé un film d’horreur avant d’aller
nous coucher. En voilà maintenant les conséquences. Quand je pense que nous avons
une salle de cérémonie à décorer j’ai envie de me maudire. Je travaille dans une boite
qui est dans l’évènementiel. Mais nous notre tâche c’est juste pour décorer. Nous
sommes partenaires avec plusieurs boite d’évènementiel qui nous préviennent quand il
y a des cérémonies ci et là. Nous faisons aussi la décoration des hôtels, des maisons,
des suites et autres. En gros nous faisons tout ce qui est décoration peu importe
l’endroit. Je suis la seule dans la boite à ne pas avoir de gros diplôme mais je suis la
plus compétente et la seule à ramener de grosses opportunités. C’est grâce à mon
audace que j’en suis là. La patronne n’avait pas voulu de moi quand je m’étais
présenté à elle parce que je n’avais aucune expérience. Mais un jour je me suis
incrustée dans la boite, j’ai menti à son assistante que c’était sa patronne qui m’avait
envoyé refaire la déco de son bureau. Sans lui laisser le temps de vérifier si c’était vrai,
je suis entrée dans le bureau et j’ai bricolé un petit truc rapide avec le peu d’outils que
j’avais. Quand elle est rentrée dans son bureau, elle est restée sur le cul un bon
moment. Elle m’a regardé longuement et m’a dit : « Je t’embauche. ». Voilà comment
j’ai intégré son équipe et je suis devenue la meilleure de ses employés.
Le rire qui s’échappe de la bouche de Clarisse me fait tourner la tête vers elle. Cette
fille fait toujours tout pour me piquer mes offres et comme elle couche avec le patron
il les lui donne. Lui c’est le patron, le mari de la patronne. Les deux dirigent cette boite
même si à la base elle appartient à la femme. L’homme lui gère le côté financier mais
n’empêche qu’il intervient dans les programmes de déco surtout quand ses maitresses
y sont concernées. Tout le monde sait qu’il se tape les filles de la boite sauf sa femme
bien-sûr et maintenant c’est avec Clarisse qu’il fait ses infidélités. Elle, elle est
nouvelle. Ca fait juste deux mois qu’elle est là et de toutes les filles présentes dans
cette entreprise c’est moi qu’elle a choisi comme rivale. Elle ne supporte pas que j’aie
les grosses opportunités. Mais moi je ne m’occupe pas tellement d’elle et je crois que
ça la met en rogne.
C’est toute découragée que je vais dans le bureau que je partage avec les filles de mon
groupe. La patronne a instaurée une politique pour emmener les gens à travailler. Il y a
plusieurs groupes et chaque groupe doit se trouver des marchés et le groupe qui en
aura gagné plus aura une récompense en nature. Moi je suis la chef de mon groupe et
je m’entends supers bien avec les filles. Nous sommes 4 au total.
– Bonjour les filles. Je suis désolée mais le patron a confié notre affaire à Clarisse et
son groupe.
– Je comprends maintenant pourquoi depuis hier elle défilait dans son bureau. Répond
Rita en tirant sa bouche.
– Fhum quand la patronne va savoir qu’elle couche avec son mari ça va chauffer.
Ajoute Nadine.
– Elle va faire même je vais aller tout lui dire. Dit Céline.
– Pardonnez les filles restons en dehors de ça. Cherchons notre argent.
– Tu as raison Trisha. Approuve Nadine.
Nous avons finalement passée la journée à chercher des marchés et à visiter des sites
de décoration. Alors que nous nous apprêtions à partir, le patron nous fait savoir que
nous devons faire 100 nœuds en ruban à garder pour demain. Cet homme, je sens que
je vais finir par le tuer. Oh oui je vais bientôt commettre un meurtre sur sa personne.
C’est donc à 18h30 que nous finissons le travail. J’arrive à la maison et constate que je
n’ai pas prises mes clés ce matin à cause de la précipitation. Sale journée ! J’appelle
Carine qui me demande de la retrouver dans un bar pour me remettre ses clés à elle. Je
m’y rends une trentaine de minute plus tard et je suis surprise de la voir en ténue
légère.
Elle me donne les clés en me faisant un sourire timide comme pour me rassurer qu’elle
ne fait rien de grave. Une fois hors du bars avec les clés de l’appart je remarque une
silhouette marcher difficilement vers une voiture. La personne tanguote légèrement. Je
l’observe attentivement pour m’assurer qu’elle va bien. C’est un homme avec une
casquette sur la tête et sur lui un jeans et un tee-shirt. Une fois installé dans la voiture
il démarre mais n’arrive pas à conduire normalement. Il fait deux trois zigzag avant de
se garer. Je me décide donc d’aller l’aider. Je sais que ce n’est pas bon de laisser une
personne saoule conduire une voiture peu importe si on la connait ou pas. Arrivée près
de sa voiture je cogne la vitre qu’il baisse par la suite. Je n’arrive pas à bien voir son
visage à cause de la pénombre.
– Dites-moi juste où vous allez et je vous y conduis. Je ne peux pas vous laisser
conduire dans votre état. Je m’en voudrai si jamais j’apprenais que vous aviez fait un
accident.
Il ramène sa tête en arrière sur son siège en fermant les yeux. Je vois son visage et il
m’a l’air familier seulement je n’arrive pas à savoir où je l’ai déjà vu. Je remarque sa
couronne qui est très bien taillée d’ailleurs. Il se décide enfin à sortir de son véhicule
pour me céder la place derrière le volant. Quand nous échangeons nos places son
parfum me chicote les narines bien que mélangé à l’odeur de l’alcool. Je le regarde
marcher vers le côté passager et remarque son élégance. Même étant saoule il est
élégant. Une fois tout le monde installé je démarre. Lui se couche dans son siège en
abaissant sa casquette de sorte à couvrir son visage.
– Où je vous dépose ?
– Hôtel YOUL Cocody Angré.
– Vous vivez à l’hôtel ? Vous n’avez pas de maison ?
– Je ne vous connais pas.
– Vous pensez que je vais vous cambrioler ou quoi ?
– Fermez-là et conduisez !
– Je vois que vous êtes très aimable.
– Rico. Vient m’attendre devant l’hôtel à Angré. Je me fais conduire par une inconnue.
Il raccroche et se détend dans son siège. C’est dans ce silence qui suit que je remarque
dans quel genre de voiture je suis. Cette voiture peut m’acheter et acheter même mes
futurs enfants. Je glisse mon regard sur lui et malgré qu’il ne porte rien d’extra je peux
affirmer avec ma connaissance que ce n’est pas n’importe quoi. Il y a les initiales TY
sur sa casquette ainsi que sur le tableau de bord de sa voiture et les sièges. Ce type doit
être riche. Nous arrivons devant le dit Hôtel qui me laisse sans voix tellement c’est
gigantesque et beau.
Il descend sans même me dire merci ce que je trouve très mal poli alors je descends à
mon tour pour le lui faire savoir. Mais plutôt que de venir prendre les clés de sa
voiture, il se dirige vers une autre garée en face dans laquelle il monte. Un homme à la
carrure d’un garde du corps vient me prendre les clés des mains. Il me tend ensuite un
billet de 10 000 FCFA.
Il me pousse presque de la voiture dont il donne les clés à un autre qui s’y installe.
Quant à lui il retourne dans la deuxième voiture où l’autre impoli est monté et tous
s’en vont. Vraiment les riches là se la pètent. J’aurai dû le laisser se démerder tout
seul. Mtchrr. J’emprunte mon taxi et quitte aussi les lieux. J’ai mieux à faire que de
m’occuper des humeurs des gens sans vergogne.
Episode 6
TERRY
Je me réveille avec une migraine atroce. L’alcool et moi ça n’a jamais fait bon ménage
mais je persiste quand même à en consommer. J’avais besoin de boire pour oublier. Ça
faisait un an hier qu’elle est partie. Que ma fille est partie. J’ai donc décidé d’aller
boire pour faire passer mon amertume. J’avais besoin d’oublier ne serait-ce que pour
une journée. Je me lève difficilement pour me rendre à la douche. Je reste là à regarder
les deux cabines de douche. J’en avais faites construire deux pour qu’Inès et moi
puissions nous laver ensemble. Il y a aussi deux lavabos. Nous aimions tout faire
ensemble. C’était notre rituel de nous laver, nous brosser les dents et nous préparer
ensemble. C’était notre rituel.
« – Teyo. »
Je commence à trembler et sa voix ne cesse de sonner dans ma tête. Je ferme les yeux
en me tenant la tête entre les mains. Quand j’ouvre les yeux je ne la vois plus mais sa
voix résonne toujours dans ma tête. Je tourne sur moi-même ma tête toujours entre
mes mains.
Je cogne mon poing dans la vitre de sa cabine de douche. Elle se brise et ma main se
met à pisser sang. Je ne m’arrête pas là. Je continue de donner des coups dans la vitre
jusqu’à ce qu’elle se brise totalement. Je ne m’occupe pas de ma main qui est pleine de
sang. Je me mets maintenant à cogner dans le mur avec toujours la même main. Je
ressens le besoin de me faire mal. Je ne suis qu’un incapable. Un incapable ! Je n’ai
pas su sauver ma fille et je ne l’avais pas su avec ma femme. Je suis nul. Je cogne
encore et encore à m’en péter la main. Je m’assois ensuite sur le carrelage en me
tenant la tête. Là je commence à pleurer. Je demande pardon à Inès et à sa mère. Je
leur demande pardon d’avoir été un mauvais mari et un mauvais père. Je ne les
méritais pas. Pas du tout. Quand je ressors de la douche il est 11h. Il faut que j’aille
prendre l’air avant d’aller travailler.
Les lunettes de soleil plaqué sur mon visage plus une casquette pour cacher ma
mauvaise mine, je bois lentement mon café noir dans un petit café non loin de ma
maison. J’avais besoin de sortir un peu de ma maison. Il me faut réfléchir à la suite des
évènements. Trouver comment faire pour retrouver plus rapidement ce chauffard.
Alors que je suis plongé dans mes pensées une ombre vient me couvrir mais je n’y
prête pas attention.
– Bonjour monsieur.
Je lève à peine la tête pour voir qui me dérange ce matin. Je vois une jeune fille dont le
visage ne me dit absolument rien du tout. Je la regarde attendant la suite de sa phrase.
Je n’ai pas l’intention de répondre à sa salutation.
– C’est bien vous je ne me trompe pas. C’est moi qui vous ai raccompagné hier.
– Vous vous trompée de personne.
– Non c’est bien vous. Je vous ai reconnu grâce à votre casquette avec les initiales.
Vous la portiez hier.
Faux. Je ne portais pas cette casquette hier mais une autre qui a à peu près la même
couleur. Et puis bref j’en n’ai rien à foutre de qui elle est et de ce qu’elle a fait. Je ne
lui réponds toujours pas et sirote mon café.
– Je vois que vous êtes toujours aussi mal poli. J’étais juste venu m’assurer que vous
alliez bien vu l’état dans lequel vous étiez hier.
– Vous voulez un oscar ?
Elle ouvre grand les yeux et la bouche choquée par ma réponse. Cette fille vient de me
gâcher mon moment de méditation. Je laisse quelque billet sur la table et sors. Alors
que je m’apprête à monter dans ma voiture je sens une main se poser sur mon bras.
– Bonjour maman.
– « Bonjour chéri. S’il te plait tu peux m’acheter poulets formés avec cauchisson. »
– Saucissons. Tu veux des saucissons ? Je croyais que tu n’aimais pas ?
– « Oui mais j’ai vu ça à la télé et j’ai envie de gouter encore pour bien voir le goût. »
– Pourquoi tu ne demandes pas à l’une de tes servantes d’aller te les acheter ?
– « Ah je veux que mon fils m’envoie quelque chose c’est mauvais ? Ou bien parce que
tu es boss tu ne… »
– Ça va maman, c’est compris j’arrive.
Je raccroche et me lève.
Je vais faire les courses de ma mère comme prévue et les rapporte chez elle. Cette
femme a toujours eu le don de me ramener les pieds sur terre. Malgré mon nouveau
statut elle continue de me traiter comme le gamin que j’étais. Mais ça ne me dérange
pas de la servir. Elle est ma mère et l’être le plus cher à mes yeux. Je la trouve assise
sur la moquette dans son salon en train de manger du placali avec je ne sais quelle
sauce. Je n’ai jamais maitrisés tous les noms des sauces. Il y en a trop. Je donne les
courses à sa servante qui va les ranger. Je l’embrasse sur le front et m’assois dans le
fauteuil.
C’est moi qui vais salir sa moquette alors que c’est elle qui mange une sauce gluante
là-dessus ? Ma mère ! Je fais comme elle a dit et m’assois près d’elle.
Elle me regarde en souriant et je lui pose un baiser sur la tempe. Matou apporte mon
plat que je déguste. C’est d’ailleurs chez ma mère que je mange convenablement parce
que de toutes les façons elle m’y obligera. C’est à 13h30 que ma mère me libère enfin.
Je retourne au travail continuer ma maquette. Il n’y a que l’architecture qui puisse me
faire déstresser. Quand je commence à dessiner un croquis ou façonner une maquette,
j’oublie tout. Absolument tout et je peux travailler 24h d’affiler sans m’arrêter.
Je prends enfin la route de la maison après une dure journée de travail. Il pleut et bien
que la pluie n’étant pas forte les rues sont désertes. Alors que Rico me conduit à la
maison je vois de loin une jeune fille qui marche seule sous cette pluie. Je me dis
qu’avec ce genre de comportement comment se plaindre après de viol. Elle pouvait
tout simplement s’abriter plutôt que de se la jouer aquwawoman non !? Nous
l’éclaboussons en passant près d’elle puis quand elle se met à hurler contre notre
voiture je reconnais la voix. Enfin je l’ai déjà entendu. Je regarde en arrière et je
reconnais le même vêtement quoi que trempé de la jeune fille du restau et qui m’a aidé
hier nuit. Bof rien à foutre de toutes les façons. Ce n’est pas moi qui ai dit à la pluie de
tomber donc je ne vais pas l’aider. Je n’ai pas non plus besoin qu’elle vienne mouiller
ma voiture. Mais j’ai bien envie de lui faire payer son insolence.
– Boss, je crois c’est la jeune fille qui vous a ramené hier nuit.
– Rien à foutre.
TRISHA
Alors que je continue de rouspéter contre la voiture qui m’a de nouveau éclabousser je
la vois faire marche arrière jusqu’à mon niveau. J’ai peur aussitôt. Et s’il venait me
frapper ? J’ai envie de me cacher mais où ? Je prends mon courage à deux mains et
reste sur place. Si je dois mourir aujourd’hui je veux mourir dignement. La tête levée
et les narines ouvertes. Quand la vitre arrière descend à moitié je reconnais aussitôt cet
homme. Le même d’hier nuit et de ce matin. Celui-là il mérite les injures les plus
distinguées je le jure.
Il remonte la vitre comme s’il venait de faire un exploit. Je veux refuser mais quand je
regarde l’heure qu’il fait, le temps qu’il fait et le fait que je suis toute seule dans cette
rue je ne bronche pas et monte à l’avant comme il a dit.
Personne ne répond et le chauffeur démarre mais plutôt que de prendre le chemin pour
Yopougon le chauffeur conduit vers le Plateau.
J’ouvre encore la bouche face à son impolitesse. Mais je me tais en me disant qu’il ne
me veut certainement pas de mal. Enfin je l’espère. La voiture rentre dans un
immeuble de haut standing. Je descends en voyant les autres le faire sans dire un mot.
Je les suis comme leur queue jusque dans l’ascenseur qui nous emmène dans un
appartement à deux niveaux vraiment qui coupe le souffle. J’avais raison de dire qu’il
était riche. L’homme monte sans même me dire un mot. Je reste donc là à attendre que
quelqu’un me dise ce que je fais ici. Le chauffeur m’apporte une grande serviette avec
laquelle je me mets à m’essuyer puis m’enroule dedans.
Plutôt que de m’asseoir je parcoure toute la pièce. Je vois une grande photo de lui qui
est d’ailleurs la seule dans la pièce. Toutes les autres sont celles d’une petite fille et
d’une femme. Il est donc marié. Je continue de marcher dans toute la pièce lorsque je
vois des magazines posés sur une table. J’en prends une et c’est là que je le reconnais.
Il est en affiche sur tous les magazines. Monsieur Terry YOUL. J’ai entendu parler de
lui et je l’ai même vu à la une des journaux et même des sites internet mais bon je ne
suis pas vraiment son actualité.
– Ne touchez à rien !
Je me retourne en sursaut et le vois arrêté juste en chemise blanche dont les manches
sont retroussées jusque sur l’avant-bras. Je le parcoure du regard et je le remarque
véritable. Seigneur quel homme ! Sa posture renferme de l’assurance, du charisme, de
la fougue, de l’autorité et pour finir de la crainte. Il pose ce qu’il a en main et range ses
mains dans les poches de son pantalon noir cousu sur mesure.
– Que faites-vous là ?
Sa voix me fait revenir à la réalité. J’ai envie de rester là à le regarder toute la nuit.
– Le chauffeur m’a dit que je pouvais me faire à manger donc j’en ai fait pour nous
deux.
– Vous pouvez retourner avec.
– Mais…
– N’oubliez pas de tout nettoyer avant de partir.
Son indifférence et son insolence me tuent. Moi j’essaye juste d’être gentille mais
apparemment lui n’en a rien à foutre. Je ressors donc avec mon plat que je vais
déguster toute seule.
– OH MON DIEU !
Le spectacle que je vois me glace le sang. Terry en train de fracasser le mur avec ses
poings qui sont tout en sang. Il y a même du sang par terre. Mon crie le fait se
retourner vers moi.
Une bousculade s’en suit jusqu’à ce que maladroitement la chemise que je porte laisse
apparaitre un de mes seins qui sont nus parce que je n’ai pas porté de soutien. Je n’en
porte pas pour dormir. En plus il était tout trempé. Nous restons figés face à ce qui
vient d’arriver avec nos respirations qui sont saccadés. Il passe son regard de mon sein
à moi tandis que moi je ne peux détacher mon regard de lui. De ses lèvres. Une envie
subite de les sentir contre les miennes m’anime suivie d’une chaleur dans le bas
ventre. Comme s’il ressentait la même chose il se jette sur mes lèvres qu’il saisit. Je
m’agrippe à lui sans ménagement en répondant à son baiser. Nous nous embrassons de
façon désordonnée. Il déchire d’un coup la chemise qui est devenu rouge de sang et
englouti mes seins à tour de rôle dans sa bouche. C’est tellement bon que je ne peux
retenir mes gémissements. Il me soulève pour ensuite me jeter sur son lit avant de
retirer son pantalon qui d’ailleurs était la seule chose sur lui. Cet homme est bien
sculpté. Quand il revient se jeter sur moi après s’être protégé il me possède direct.
D’un premier coup c’est douloureux mais la douleur laisse place au plaisir. Je ne suis
plus que gémissement et lui grognement. Il n’est pas du tout doux mais ça me plait. Je
ne fais que le griffer et le mordre tellement c’est intense. Moi je prends sacrément mon
pied mais lui j’ai plutôt l’impression qu’il veut évacuer une rage, une douleur qui le
ronge.
Je me réveille toute courbaturée mais heureuse de la nuit que j’ai passé. C’était super
génial et là présentement mon corps en redemande. Je ne le trouve pas dans la chambre
mais alors que je veux me lever pour aller prendre une douche il apparait.
– Attendez !
– Quoi ?
– C’est en rapport avec ce qui s’est passé hier.
– Il n’y a rien à dire.
– Et si je ne veux pas me limiter qu’à cette nuit ?
– Vous ne m’intéressez pas.
– Mais vous si. J’en veux pus. Je ne sais pas pourquoi je dis ça mais je me suis sentie
bien avec vous.
– Vous me draguez ?
– Oui mais je tiens à signifier que je ne l’avais jamais fait avant.
– Ça signifie plutôt que vous êtes une femme légère.
– Quoi ?
– Attendez ce n’est pas parce que je vous ai dit que je voulais être avec vous que vous
allez me manquer de respect. Je ne sais pas pourquoi je vous ai dit ça. Ça m’est venu
comme ça et comme je ne cache jamais ce que je ressens eh bien je vous l’ai dit.
– Ca ne regarde que vous.
Il jette une liasse de billet sur le lit et sort de la chambre. Qu’est-ce qui m’a pris de lui
dire ça d’ailleurs ? Je le regrette. Comment en suis-je arrivée là moi qui n’ai jamais fait
la cour à un homme ? Pour éviter de me faire humilier encore je me prépare à la va
vite et prends ma route sans prendre l’argent. Il me prend pour une pute et je veux lui
monter que je ne le suis pas. Durant tout le trajet je ne fais que me frapper la tête en
me demandant ce qui m’a pris de lui faire la cour. Je suis une conne. Je retrouve
Carine couchée dans le fauteuil devant la télé. Je me laisse tomber dans le fauteuil près
d’elle avec toujours ce regret qui me serre à la gorge.
– Tu as fait quoi ?
– Je le regrette je te le jure.
– Il était si bon que ça ?
– Ca n’a rien à avoir avec le sexe. Bon à 20% mais pour le reste je ne sais pas. Il est
attirant, sacrément attirant et malgré son air intimidant et hautain il est séduisant.
– Waho tout ça pour un seul homme ? Et qu’est-ce qu’il a dit ?
– Il m’a pris pour une pute. Je ne suis qu’une conne.
– Oui tu l’es.
– Merci beaucoup.
– Tu as pris ton petit déjeuner ? J’ai fait de l’avocat avec des œufs.
– Merci. Je meure de faim.
Elle apporte mon assiette d’avocat que je mange.
Je vais laver mon assiette et me rends dans ma chambre. Plutôt que de dormir comme
prévu, je prends mon ordinateur et commence à faire des recherches sur mon homme
d’une nuit. Terry YOUL. Cet homme me perturbe. Ca fait juste trois fois que je le vois
et il me perturbe. Faire l’amour avec lui n’arrange pas non plus les choses. J’ai couché
avec homme que je ne connais. Oh bon sang Trisha ! Comme tu peux être conne des
fois. Je n’avais jamais fait ça avant et depuis ma rupture d’avec Roger je n’ai plus
connu d’homme. Pas parce que je ne le voulais pas, mais j’ai préféré me concentrer sur
mon travail avant de chercher l’homme de ma vie. Je voulais d’abord être une femme
indépendante.
Terry YOUL !
Mon corps frissonne quand je me rappelle comment il m’a fait l’amour hier. C’était
sauvage mais tellement intense. Et ses lèvres, ses lèvres. Merde Trisha réveille-toi ! Il
a dit que tu étais une femme facile, ce qui veut dire qu’il t’a déjà catalogué. Je regarde
enfin les informations sur lui via Google. Terry YOUL. 32 ans. Enfin il aura 32 ans
cette année. Meilleur architecte en Côte d’Ivoire, deuxième en Afrique et cinquième
dans le monde. Wahoo ! J’ai couché avec une fortune. Il est veuf et a perdu son unique
fille l’année passée dans un accident de voiture. C’est peut-être pour ça qu’il a l’air
sombre. C’est un solitaire. Je regarde ses photos et je tombe encore plus sous son
charme. Est-ce qu’un homme comme lui peut s’intéresser à une fille comme moi ?
Qui suis-je même d’ailleurs ? Une fille dont les parents n’ont pas voulu et l’ont
abandonné bébé devant un orphelinat. Une fille qui a vécu d’orphelinat à orphelinat,
qui a fini mendiante dans la rue à l’âge de 15 ans et qui n’a juste qu’un niveau BAC.
Et comment j’ai réussi même à payer mes cours ? En vivant aux crochets des hommes.
Coucher de gauche à droite pour pouvoir avoir de quoi me nourrir et payer mes cours
parce que je voulais coûte que coûte être instruite. Est-ce qu’un homme tel lui pourra
s’intéresser à une fille comme moi ?
TRISHA
– Trisha tu viens avec moi. Je dois te confier la décoration d’une grande salle dans un
nouvel hôtel qui doit faire son inauguration ce soir. Nous avons été contactés et c’est à
toi que je veux confier ce travail.
– Oh merci madame. J’en suis ravie.
– Mais pourquoi c’est à elle que vous donnez ce gros contrat alors que vous nous
donnez à nous des petits. Se plaint Clarisse.
– Et de quel droit te permets-tu de me contredire ?
– Désolé madame.
– Que ce soit la dernière fois ou je vous fous à la porte. Que chacune retourne à ses
activités. Trisha on y va maintenant.
C’est le cœur rempli de joie que je la suis après avoir pris avec moi mes effets dont
j’aurai besoin. J’adore trop décorer, j’en suis même dingue. J’aime rendre les endroits
beaux et chics. Ma patronne durant tout le trajet me briefe un peu sur les attentes du
patron de l’hôtel. Apparemment il y aura de grandes personnalités à cette soirée
d’ouverture. L’une des choses que j’aime dans ce boulot c’est que ça nous permet de
côtoyer les grosses têtes du pays puisque ce sont eux généralement qui organisent de
grands évènements et puisque la boite dans laquelle je travaille a aussi une grande
réputation elle est tout le temps sollicitée. Nous retrouvons deux hommes sur le lieu,
l’un qui est le patron de l’hôtel et l’autre son employé. Ils nous expliquent un peu leurs
attentes et me présentent à des gens qui me serviront de mains d’œuvre puisque je ne
peux pas tout faire seule. Les filles de mon groupe sont sur un autre travail. J’ai donc
pour mission de superviser la décoration mais comme j’aime mettre la main à la patte
je me débarrasse de tout ce qui pourrait me gêner et rejoins les autres. Ma veste retirée
de par-dessus mon débardeur bras mince que j’ai attaché sous mes seins je m’active
avec les autres. J’aime être à l’aise quand je travaille donc je ne m’embrouille pas à
porter des robes longues comme courtes. Je préfère donc les jeans tout en restant
féminine. Je n’ai pas honte d’exposer une partie de mon corps de toutes les façons
quand je suis plongée dans la déco j’y suis à fond. C’est aussi pareil quand je peins.
Nous avons bien avancé dans la déco et je suis pour l’instant ravie du résultat que je
vois. J’espère que le patron va aimer. Concentrée à poser des fleurs çà et là je ne me
rends pas compte de la présence du patron. On me fait signe qu’il me demande. Je me
relève du sol et quand je me retourne dans la direction du patron de l’hôtel je beugue
directe quand je le vois discuter avec M Terry YOUL. Qu’est-ce qu’il fout là ?
Avançant lentement vers eux je prends le temps de le détailler du regard. L’élégance
connait ce monsieur et il a cette posture qui l’impose à coup sûr. Les deux mains dans
ses poches il me regarde avancer vers eux enfin je suppose puisqu’il regarde dans ma
direction avec ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil. Je ne sais pas s’il est
surpris ou pas de toutes les façons il n’y a jamais d’autres expressions sur son visage à
part le sérieux.
Je lui tends la main mais celle-ci reste suspendue. Il me répond juste en hochant la tête.
Je rabaisse ma main toute honteuse et reporte mon attention sur le patron de l’hôtel.
Je prends congé des deux hommes sans m’empêcher de lancer un dernier regard à ce
Terry. Je ne sais pas pourquoi mais cet homme m’attire vraiment. C’est peut-être parce
qu’il est l’homme le plus hautain que je connaisse. C’est bizarre mais j’aime ça. Je suis
sans doute mazo. Je m’absente un moment pour aller me soulager lorsque je vois M
Terry sortir de l’hôtel avec son chauffeur derrière lui. Je me décide d’aller l’embêter
un peu. Oui je sais qu’il n’est pas très bavard et je veux le faire chier pour son
humiliation de tout à l’heure. J’arrive à son niveau au même moment que son
chauffeur lui ouvre la portière.
Yeuch !! Il me tourne dos et monte dans sa voiture. Au moins j’ai pu lui soutirer trois
phrases même si elles ne sont pas très agréables.
*Mona
*LYS
La première personne sur qui mon regard tombe quand nous entrons dans la salle où a
lieu la réception c’est Terry. Nos regards se sont croisés mais il a aussitôt détourné le
sien comme s’il ne m’avait pas vu. Il discute avec des hommes autour d’une table et
comme à son habitude l’élégance lui a souri. Durant toute la soirée je ne fais que le
regarder de temps à autre. J’ai remarqué une chose, il n’a pas souri une seule fois
même quand les gens l’ont ovationné pour avoir été celui qui a été l’architecte de cet
somptueux hôtel. Cet homme a quel problème ? La soirée bat son plein lorsque
subitement je le vois qui commence à s’agiter. Il desserre sa cravate et enchaine coupe
sur coupe. Je le sens bizarre. Un moment il se lève et sort de la pièce. Je reste donc là à
profiter de cette soirée qui m’ennuie lorsque mon portable se met à vibrer dans ma
pochette. Je me rends donc vers les toilettes pour mieux communiquer.
– Allô ?
– « Trisha bébé c’est moi. S’il te plait ne raccroche pas. »
– Que me veux-tu Roger ? Je croyais que j’avais été claire ?
– « Oui mais je veux qu’on arrange les choses. »
– Roger non ! Tu as fait ton choix donc assume et oublie-moi. Maintenant au revoir.
Je raccroche et m’apprête à retourner dans la salle lorsqu’un bruit se fait entendre dans
les toilettes des hommes. On aurait dit un verre qui s’est brisé. Un deuxième se fait
encore entendre. Je fonce alors dans les toilettes et rentre directement mais je me fige
lorsque je vois le spectacle. Terry YOUL qui brise le miroir des toilettes à main nue.
Sa main est en sang et lui ne fait que tourner sur lui-même en marmonnant des
excuses.
Il continue de parler quand encore il brise une autre partie du miroir avec sa même
main qui est déjà ensanglantée. C’est mon cri qui lui fait remarquer ma présence. Il
fonce sur moi et me plaque au mur en me saisissant le cou.
Il fracasse le mur près de mon visage avec toujours sa main en sang. Je pousse encore
un cri en fermant les yeux.
– Monsieur laissez-moi…
– DEHORS.
C’est toute tremblante que je sors de là. Je tiens toujours à ma vie donc mieux je le
laisse dans ses problèmes.
*Mona
*LYS
Je suis inquiète pour cet homme. Hier je ne l’ai plus vu le reste de la soirée ce qui m’a
vraiment inquiété. Je ne sais pas comment il va et là je meure d’envie de le savoir. Je
ne suis même pas concentrée sur ma conversation avec Carine. Je ne peux m’empêcher
de penser qu’il va beaucoup mal. D’abord je l’ai rencontré tout saoule dans la rue et
deux fois maintenant en train de se faire du mal à lui-même volontairement. Il dit ne
pas avoir besoin d’aide mais je sens qu’il en a.
– Eh ho tu m’écoutes ?
– Désolée Carine je suis distraite. Excuse-moi mais je dois sortir.
– Où vas-tu ?
– Je t’en parlerai à mon retour.
Je file troquer ma culotte pour un jeans et mon petit haut par un body et sors prendre
un taxi direction chez M YOUL. J’y suis allée une fois mais je peux reconnaitre son
immeuble. Une fois arrivée je discute avec le chauffeur qui lui à son tour appelle son
patron pour l’informer de ma présence. Après une longue discussion j’ai enfin pour
permission de monter. J’en suis même surprise. L’ascenseur s’ouvre directement dans
sa maison. Il est arrêté les mains dans ses poches à me regarder m’approcher. Si son
regard contenait des balles j’en serais criblée actuellement. Il me fixe tellement que je
baisse les yeux. Il a un regard perçant, si perçant que ça intimide. Quand j’arrive à son
niveau il me fait signe de la tête de m’asseoir chose qui me surprend encore.
– Bonjour.
– Dites-moi une bonne fois pour toute ce que vous me voulez pour enfin libérer ma
vie.
– Je suis venue voir comment vous alliez. Hier vous étiez…
– Hier je n’étais rien du tout. Que puis-je faire pour vous ?
– Depuis la nuit que nous avons passée ensemble je me sens attirée par vous.
– Ce n’est pas mon cas donc vous pouvez retourner d’où vous venez.
– Monsieur…
Il soupire ce qui me fait taire instantanément. Il retire ses mains de ses poches et
s’assoit en face de moi. Il prend le verre qui contient une boisson qu’il boit une gorgée.
– Combien voulez-vous ?
– je ne comprends pas.
– Il n’y a que l’argent qui puisse pousser une personne à se ridiculiser autant.
– Je ne veux pas de votre argent.
– Dans ce cas levez vos fesses de mon canapé, quittez mon immeuble et surtout que je
ne vous vois plus jamais de ma vie.
– Je…
Je ravale ma phrase quand je vois le regard qu’il me lance. J’aime son regard.
J’abdique et quitte les lieux après m’être excusée. Je me sens toute ridicule de lui
courir après de la sorte. Ça ne m’était jamais arrivé et là je suis complètement
dépassée. Mais il a été claire, je ne dois plus l’emmerder. Heureusement que je ne suis
pas amoureuse de lui, enfin pas totalement sinon je me serais tapé un énorme chagrin.
Episode 9
TERRY
– Maman.
– « Mon enfant je dis tu ne m’invites pas à manger ce soir ? Je dois aussi te dire ça ? »
– Pardon maman c’est le boulot. Où veux-tu aller manger ?
– « Je veux manger nourriture des chinois là. »
– Maman tu n’as jamais aimé autre chose que la nourriture africaine.
– « Oui mais je veux goûter pour voir. »
– D’accord je viens te chercher.
– « Viens sans tes gorilles. Je veux rester seule avec mon fils. »
– C’est compris maman. Sois prête.
Arrivé à la maison je monte rapidement me changer. Je porte juste une chemise dont je
retrousse les manches. Je descends dans mon parking prendre ma Rolls Royce et
direction chez ma mère. Grâce au ciel elle est déjà prête. Je lui ouvre la portière pour
qu’elle s’installe et nous prenons la route pour un restaurant chinois. Je ne sais
d’ailleurs pas d’où elle sort encore cette histoire de manger chinois. J’espère juste
qu’elle va aimer parce que moi je ne mange pas ces conneries. Nous prenons place
dans le restaurant et une serveuse s’approche de nous. Je commande un verre de
Whisky alors qu’elle nous tend les menus. Elle repart chercher ma boisson.
– Chéri tu peux pas voir en même temps si une chinois te plait. Regarde comment elles
sont jolies.
– Arrête maman !
– Humm mais elles n’ont pas bôtchô (fesse) dèh. C’est bon faut laisser. (Regardant la
carte) Je dis tu comprends quelque chose sur carte là ? Moi-même français je ne sais
pas lire c’est chinois on m’envoie.
La femme chinoise lui dit des choses en chinois et les deux se tournent vers moi.
Je sors des billets de mon porte-monnaie et jette 80 000 FCFA sur la jeune fille.
– Je viens de la payer. Demain je passerai ici et si je la revois vous saurez que Terry
YOUL ne blague jamais.
Je vois leurs yeux s’agrandir à l’entente de mon nom. Je me dirige vers la sortie sans
prêter attention aux regards des personnes présentes dans le restaurant. Avant d’arriver
à ma voiture la femme chinoise m’accoste.
– Monsieur YOUL. Nous allons la renvoyer ce soir même mais svp ne mettez pas vos
menaces à exécution.
– Tout dépendra de vous.
– C’était nécessaire ?
– Personne ne te manque de respect.
À peine je démarre que le patron du restaurant m’arrête d’un signe de la main. Je fais
descendre la vitre du côté de ma mère.
– Monsieur, nous vous avons emballé la spécialité de la maison. C’est pour vous
présenter nos excuses.
– Merci monsieur.
Le reste du trajet se fait dans un silence. Ou du moins c’est ma mère qui mène la
conversation. Moi je me contente d’écouter. Ma mère je l’adore. C’est la femme la
plus courageuse que je connaisse. Dieu seul sait combien d’humiliation elle a subit à
cause de moi. Quand j’étais enfant, je ne parlais pas. J’étais muet et ‘‘bizarre’’. C’est
ainsi qu’on me qualifiait. On me traitait d’enfant sorcier et ma mère en a bavé. Mais
jamais elle ne m’a abandonné. Je la dépose chez elle et reprend la route pour chez moi.
Arrivé à un feu, je remarque cette silhouette qui m’est familière maintenant. Elle
discute avec un chauffeur de taxi qui s’en va sans la prendre. Pourquoi faut-il toujours
qu’elle soit sur mon chemin ? Je la regarde en pesant le pour et le contre de la prendre
comme pute personnel. Je reste un homme malgré mon statut et entant qu’un homme
j’ai des besoins à satisfaire. Si je ne me trompe pas elle m’a déjà faire la cour. Je ne le
suis donc pas indifférent. Je gare juste devant elle et baisse la vitre.
– Montez !
– Pardon ? Non mais ça vous coûterait de dire bonsoir et puis qu’est-ce qui vous fait
croire que j’ai envie de monter dans votre voiture ?
Cette fille parle trop et ça m’agace. Je descends de la voiture que je contourne pour
m’arrêter face à elle.
– L’une des choses que vous devez savoir sur moi c’est que je ne répète jamais mes
ordres. Je les donne qu’une seule fois alors soit vous obéissez soit vous refusez mais
quel que soit votre décision soyez sûre de pouvoir aller jusqu’au bout.
Je retourne sur mes pas et avant que je ne monte dans ma voiture je la vois y monter.
C’est bien elle comprend vite. Il ne nous faut pas plus de 15 minutes pour arriver à
mon appart.
– Asseyez-vous !
– Vous êtes tout le temps aussi autoritaire ?
– J’ai une proposition à vous faire. Je commence en m’asseyant.
– Vous ne me proposez pas à boire ?
– Puisque vous voulez continuer à coucher avec moi depuis notre première nuit je vais
vous faire cette faveur mais en échange je ne veux vous voir avec aucun autre. Je ne
rentre pas dans le même trou que tout le monde.
– Pourquoi le vouloir maintenant ?
– Parce que je reste un homme malgré ma fortune. Je ne satisfais pas ma libido en
regardant mes comptes bancaires ou en construisant des maisons.
– Et qu’est-ce que j’ai en retour ?
– Le privilège de coucher avec Terry YOUL. Vous aurez aussi de l’argent.
– Je ne suis pas une pute.
– Ne me faites pas perdre mon temps.
– Si je n’étais pas autant attirée par vous je vous aurez dit non parce que vous êtes
vraiment hautain.
Je l’entends marmonner des choses pour ensuite me suivre dans les escaliers en
courant. Elle se jette à nouveau sur moi une fois dans la chambre. Faut croire qu’elle
en rêvait. La dernière fois je n’avais pas fait attention mais elle a de belles formes. Elle
s’assoit sur moi une fois m’avoir obligé à me coucher mais je la renverse et me
retrouve au-dessus.
Je l’ai pénétré un coup sec après m’être protégé. Elle grimace d’abord de douleur mais
finit par se mettre à gémir.
*Mona
*LYS
Je balade mon regard dans la chambre sans voir cette fille. Où est-ce qu’elle est encore
passée ? Je récupère mon portable sur le guéridon près du lit et active la connexion aux
caméras de surveillance. Je défile dans toutes les pièces et la vois en train de faire la
cuisine. Non mais elle est folle ? Je saute du lit et la rejoins en bas.
– Héé !!
– Non mais vous êtes malade de mettre de la musique chez moi ?
– Il est où le problème ?
– Il est dans le fait que je n’écoute jamais de musique. J’aime le calme. Tu sais ce que
s’est ?
– Vous m’avez tutoyé donc je peux…
– Non toi tu restes dans le vous.
– Ok bon il faut qu’on mette les choses au clair, fait-elle en mettant les mains sur ses
hanches. Vous faites de moi votre ‘‘pute personnelle’’ bien que je ne sois pas une pute.
Alors en retour je voudrais que vous me permettiez de me mettre à l’aise chez vous.
De cuisiner pour moi vu que vous ne vouliez jamais manger avec moi, d’écouter de la
musique, de regarder de la télé et autre chose qui me fera plaisir.
Je glisse mes mains dans mes poches en la fixant. Je la fixe tellement qu’elle baisse les
yeux. A la grande bouche mais ne peut soutenir mon regard.
– Ok tu fais ce que tu veux mais dans le silence et surtout, ne touche jamais à mes
affaires.
– C’est compris.
Je tourne à nouveau le dos alors qu’elle prend la télécommande. Elle remet la musique
mais cette fois avec un volume plus bas. J’espère avoir la patience de supporter son
comportement de fille insouciante. Sinon je la vire par les cheveux de chez moi.
Episode 10
NATHALIE
Ce matin je me rends chez mon fils pour lui parler de mes cours. Je suis prête à
reprendre maintenant. Je m’ennuie à la maison. Terry dit qu’il ne veut pas que je
travaille donc il a ouvert plusieurs magasins pour moi et il paye des gens pour gérer à
ma place. Je reçois chaque fin de mois de l’argent. Quand l’ascenseur s’ouvre dans la
maison de mon fils je tique lorsque j’entends de la musique. Mon fils n’écoute pas de
musique. Je regarde partout dans le salon pour voir qui a mis la musique lorsque je
vois une jeune fille venir vers moi en chantant. Quand elle me voit elle sursaute et tire
sur la chemise de mon fils qu’elle porte. Le fait qu’elle porte la chemise de Terry me
fait sourire. C’est peut-être une bonne nouvelle.
Je lui fais atouh (une accolade) en souriant de toutes mes dents. Mon fils fréquente
enfin quelqu’un d’autre qu’il emmène même chez lui après 8 ans de célibat.
Je lève les yeux vers mon fils qui descend les escaliers.
Il ne m’écoute pas et m’embrasse sur mon front avant de s’asseoir. Je fais aussi la
même chose.
– Pourquoi ?
– Je veux étudier avec d’autres personnes qui sont comme moi. Ça m’ennuie d’être
seule avec les professeurs là. Hier j’ai vu à la télé une femme qui parlait d’une école
qui enseigne les gens comme moi. Genre nous on n’a pas fait école là. Mais c’est la
nuit ils font cours.
– C’est ce que tu veux ?
– Oui. Si je suis avec d’autres femmes comme moi, ça va beaucoup m’aider.
– Ok. Tu as déjà pris tous les renseignements ?
– Oui. Je leur ai même dit que je passais au CM2 et ils m’ont donné la liste de
fournitures. Je peux même commencer ce soir.
– Ok. Rico va t’accompagner ce soir pour régler les frais de scolarité.
– Non ça va je peux régler moi-même.
– Tu as payé mes cours, aujourd’hui je paye les tiens.
– Ca ne va pas salir ton image si les gens apprennent que ta maman ne sait pas lire et
écrire.
– C’est le contraire qui salirait mon image. Je passerai pour quelqu’un qui a honte de
sa mère. Moi je suis fier d’être ton fils que tu saches lire ou pas. J’ai voulu que tu sois
instruite pour toi-même. Pour que ça t’aide dans tes affaires, rien de plus.
– Tu es trop gentil. Maintenant parle-moi de la fille-là. C’est qui ?
– Personne maman.
*Mona
*LYS
Comme j’ai dit je commence l’école. Je suis même déjà assise dans la classe avec les
autres personnes. Il y a seulement 3 hommes, le reste c’est les femmes. Le maitre
rentre et après nous avoir salué me demande dans me présenter comme je suis la
nouvelle.
Le maitre fait son visage façon et les gens commencent à chuchoter façon.
Tout le monde se met à parler encore façon façon et le maitre met le silence pour
commencer le cours. Je suis un peu perdue parce que j’ai fait un an sans étudier mais
ça va aller. Avec mon écriture gauche je copie ce que le maitre écrit au tableau.
J’arrive à lire un peu Dieu merci. J’espère qu’avant les examens je pourrai lire bien
bien. On finit l’école à 20h. Je monte dans ma voiture et mon chauffeur nous met en
route. Arriver sur la grande voie je ne sais pas ce qui se passe mais une voiture vient
passer devant nous un coup et malheureusement on le cogne. Je suis un peu secouée
mais ça va. Mon chauffeur et mon garde Cèd qui nous suivait derrière dans une autre
voiture vont coir ce qui se passe après m’avoir demandé si je vais bien. Je descends
aussi. Le garde me dit de remonter mais je ne l’écoute pas. Un monsieur descend de la
voiture qu’on a cognée avec aussi son chauffeur.
– Je dis hein, votre chauffeur-là ne sait pas conduire ? Ça c’est quelle façon de venir
couper la route devant les gens ça ?
– Toutes mes excuses Madame, s’excuse le monsieur. Je ne sais pas ce qui a pris mon
chauffeur d’agir ainsi. Ne vous inquiétez pas je vais faire réparer votre voiture.
– Parce que qui allait faire ? Mtchrrr.
Je retourne monter dans ma voiture pendant que le monsieur cause avec mon
chauffeur. Regardez son visage même on dirait accident. Mtchrrr. Tout le monde
remonte dans sa voiture et nous partons. Le chauffeur dit qu’il va envoyer la voiture
demain chez le mécanicien du monsieur. Quand nous arrivons chez moi je vois la
voiture de mon bébé. Je marche vite pour rentrer dans la maison. J’aime trop mon fils
là. Il est assis en train de maniculer son portable.
*Mona
*LYS
C’est mon portable qui me réveille. Qui peut appeler l’homme matin comme ça ?
Mtchrrr. Je ne connais même pas le numéro.
– Allô.
– « Bonjour Madame YOUL, c’est M Fulgence KOUASSI l’homme avec qui vous avez
eu un accident hier nuit. »
– Comment vous avez eu mon numéro et puis vous me dérangez matin bonheur
comme ça ?
– « Je répondrez à toutes vos questions quand nous nous verrons. Mon chauffeur est
en route pour chercher votre voiture mais je voudrais qu’on se rencontre dans un petit
café pour parler des détails de la réparation. »
– Est-ce que je suis garagiste ?
– « Je sais mais c’est juste pour des formalités. Si nous ne les réglons pas ça va être
compliqué plus tard. »
– D’accord j’ai compris. À quelle heure et où ?
Il me donne le lieu et l’heure. Je vais me préparer pour aller le voir. Je vais dans la
voiture de mon garde parce que mon chauffeur est parti avec ma voiture. Le monsieur
m’attendait déjà dans sa veste plaqué on dirait plaqueman. Quand il me voit il se lève
et m’aide à m’asseoir.
Il rit.
J’ouvre mes yeux. Il dit il veut faire plus quoi connaissance ? L’homme-là il est
normal ? Mtchrr. C’est parce que je suis assise là je l’écoute il pense que je suis sa
camarade. Ko plus fion connaissance. Je prends mon sac et m’en vais. L’homme
cherche à savoir parler français toi tu veux me mettre dans ample connaissance. Tes
ancêtres. Mtchrrr.
Episode 11
TERRY
Je raccroche mon portable après près d’une heure à parler boulot avec un client. Je
dois lui vendre un croquis d’hôtel qu’il va faire construire en France. Je reconcentre
mon attention sur mon ordi lorsque deux coups sont données sur la porte. Je n’ai pas le
temps de donner l’ordre d’entrer qu’elle s’ouvre.
– Bonjour.
– Qu’est-ce que tu fais ici ?
– Je n’avais rien à faire à la maison. J’ai alors décidé de venir ici vous tenir
compagnie.
– Je ne suis pas malade.
– Oui mais vous êtes un solitaire. Vous savez que ce n’est pas bon de rester…
– Ok restez mais fermez la.
– Je peux rester ici ?
Comme je ne lui réponds pas elle s’assoit. Je continue de travailler et elle manipule
son portable.
Elle sort de mon bureau après avoir attendu ma réponse un moment. La porte s’ouvre à
nouveau sur elle. Je ne prête pas attention mais je lève les yeux sur elle lorsqu’elle
pose une assiette devant moi.
Elle ne m’écoute pas et continue. N’en pouvant plus je me lève de mon siège et lui
empoigne le bras.
– Mais…
– Bonne journée. Dis-je alors que les portes se referment.
Je suis réveillé de ma sieste par la sonnerie de mon portable. Je jette un coup d’œil
vers le réveille. Il est 18h. J’ai longtemps dormi dis donc. Je regarde l’appelant sur
mon portable et décroche.
– Bonsoir Mike.
– « Nous sommes chez toi. On s’apprête à monter l’ascenseur. »
– On ?
– « Kim et moi. »
– Ok.
Je fonce me laver le visage et troquer mes vêtements avant de descendre recevoir Mike
et sa femme. Mike est si je peux le dire ainsi mon meilleur ami. Il s’appelle Mickael
mais on l’appelle Mike. Lui et moi sommes rencontrés il y a 4 ans sur un chantier. Il a
demandé mes services pour faire construire leur maison à lui et sa femme ici au pays
pour quand ils viendront séjourner. Ils vivent au Maroc d’où il est le prince. Le prince
Mickael Karim BENTALA. Son épouse Tina KALOU BENTALA est aussi une bonne
amie. Le courant est aussi vite passé avec elle comme avec son époux.
Je les retrouve déjà installés au salon. J’embrasse Kim et cogne le poing de son mari.
– Je vous serre ?
– Non ça va, décline Kim. Alors comment tu vas ?
– Bof ça va. Je ne savais pas que vous veniez. J’aurai appelé mon chef cuisinier pour
vous préparer un repas.
– C’était imprévu, répond Mike. Nous sommes passés chez ta mère avant de venir
chez toi. Elle nous a déjà obligés à manger.
– Tu devrais être habitué maintenant, dis-je en mimant un sourire.
Mes amis sont les seuls personnes avec qui je me permets de sourire. Je discute avec
Mike et Kim quand l’ascenseur s’ouvre à nouveau. Je me tourne vers et vois sortir
Tina, Cassie, Béca suivies de leurs maris. Je me lève surpris. Elles tiennent de grandes
assiettes couvertes de papiers aluminiums. Je ne m’attendais pas à eux. Elles saluent à
la volée et se dirigent vers la table à manger. C’est André qui me salut en premier.
Ils saluent aussi Mike et font les bises à Kim. Les femmes reviennent nous saluer
convenablement en commençant par leur copine Kim.
– Je suis surpris de vous voir ici. Dis-je en glissant mes mains dans mes poches
– On savait que si on ne venait pas ici jamais tu n’allais venir nous voir, répond
Cassie. Toi tu es quel genre d’ami ?
– Tu as raison. Je me rends.
Je sens que ce soir ma maison sera bruyante avec Cassie, Béca, Léo et Max. Tina et
son mari ne sont pas très bavard mais les autres, y a pas moyen que tout soit calme
quand ils sont présents.
– Je suis heureuse que vous soyez là les filles, dit Kim. Je ne serai plus la seule femme
dans la pièce.
– Bon on se met à table avant que tout ne refroidisse. Lance Tina.
Nous nous retrouvons tous autour de la table. C’est vrai que je n’avais pas prévu cela
mais leur présence me fait du bien. Ce sont là les seules personnes avec qui je ne suis
pas LE Terry YOUL. Les seules avec qui je suis plus relaxe, plus ouvert, les seules à
qui je fais des accolades et les seules avec qui je souris. Ce sont les affaires qui nous
ont fait nous rencontrer et aujourd’hui nous sommes tous de bons amis. Je suis
beaucoup plus proche de Mike mais je suis aussi très proche des autres. Les femmes
nous servent et Léo comme à son habitude emmène un sujet de conversation délirant.
Je souris de temps en temps à leurs blagues. Je ne suis toujours pas bavard même avec
eux mais je suis plus à l’aise.
« Euh bonsoir tout le monde. »
Je tourne la tête vivement vers la voix de Trisha. Cette fille a quoi à taper l’incruste à
chaque fois ? Je me lève d’un coup et l’emmène vers l’ascenseur en lui empoignant le
bras.
Je lance un juron après la phrase de Cassie. Je n’ai pas envie de présenter Trisha à mes
amis surtout qu’elle n’est rien qu’une pute pour toi. Cassie et Béca font leur apparition.
J’ai envie de jeter cette fille par le balcon. Je sens déjà que si je la fous dehors ces deux
femmes vont me casser les oreilles. Je laisse tomber et nous retournons près des autres.
Cassie installe Trisha juste à côté de moi.
– Ma belle moi c’est Kimberly BENTALA mais tu peux m’appeler Kim et lui c’est
mon mari Mike BENTALA.
– BENTALA ? Vous avez le même nom que le Roi du Maroc.
– C’est mon père. Répond Mike.
– Seigneur donc je suis assise sur la même table qu’un prince. En plus il y a les riches
de mon pays. C’est aujourd’hui je crois au verset de la Bible qui dit je t’enlèverai de la
boue pour te faire asseoir à la table des Rois. Et puis regardez comment je suis
habillée. J’ai honte.
Les autres se mettent rire. Il n’y a vraiment rien de drôle. Cette fille me sort par les
pores. Je sens que je vais bientôt mettre fin à cette idylle entre nous. Je déteste les
filles qui parlent beaucoup. Ça me saoule. La soirée se déroule entre les questions de
tout genre à Trisha et les regards moqueur envers moi.
– Ty tu…
– Tu as intérêt à ne rien dire Max.
Ils se moquent tous de moi cette fois. J’ignore la fille durant tout le diner. C’est pour
toutes ces bêtises que je préfère demeurer seul. Je souffle quand ils prennent tous
congé. Je ne prête toujours pas attention à Trisha qui est restée et je décide d’aller
travailler.
– Ty…
– Tu ne m’appelles pas comme ça. Je tranche en me tournant vers elle.
– Pourquoi ? Vos amis vous appellent ainsi non.
– Tu n’es pas mon amie.
– Mais j’aime bien ce surnom.
– Ty !
– Quoi ? Je hurle presque en me retournant.
– Rien, répond-t-elle en souriant. Je voulais juste voir si vous alliez répondre.
Je soupire d’exaspération et reprends encore une fois le chemin jusqu’à mon bureau.
J’ai l’impression qu’elle prend un malin plaisir à m’emmerder. Je travaille sans prêter
attention à l’heure lorsqu’on me prévient que le Commissaire en charge de l’enquête
d’Inès est en bas. J’ordonne qu’on le fasse monter.
Je balance mon portable contre le mur derrière lui. Il sursaut et sort à grande vitesse. Je
récupère dans mon tiroir mon paquet de cigarette. J’en allume une et me ressers du
Whisky. Je bois et fume beaucoup seulement quand je suis en colère. Cet enfoiré ose
venir se pointer devant moi et me dire qu’ils n’ont rien trouvé. Ces espèces d’enculés !
La porte s’ouvre sur Trisha.
Je vois rouge et lui lance mon verre. Par reflexe elle se baisse et le verre se brise contre
le mur.
– Vous avez…
– Oui et la prochaine fois que tu prononces le nom de ma fille dans ta bouche ou que
tu m’interromps quand je parle le verre tu le recevras en plein visage. Ça c’était juste
un avertissement.
– Vous avez voulu me taper !? Se choque-t-elle. Vous m’avez lancé un verre au
visage !? Vous savez quoi ? Je suis peut-être attirée par vous mais jamais, au grand
jamais je ne vous permettrai de me traiter de la sorte. Ce n’est pas parce que j’ai
accepté d’être votre pute de service que vous allez me traiter comme de la merde.
– Oh baisse d’un ton avec moi. Si tu es en colère, saute, danse, nage, roule mais jamais
tu ne lèves le ton sur moi.
– Vous n’allez plus m’entendre lever le ton sur vous. Je m’en vais. Trouvez-vous une
autre pute et esclave de vos humeurs.
Elle ressort et claque la porte. Bon débarras. J’ai en horreur les filles qui se mêlent de
ce qui ne les regarde pas.
*Mona
*LYS
Je rentre du boulot et trouve ma mère dans ma cuisine. Elle m’avait déjà prévenue de
sa présence.
– C’est comme a je t’ai éduqué ? Lancer un verre sur une fille. J’espère que tu lui as
excusé ?
–…
– Héé toi l’enfant-là tu es grave. Ça fait combien de jours ?
– Deux semaines.
– Vraiment j’ai envie de te gifler. Même si tu ne l’aimes pas et que tu ne veux pas faire
sérieux avec elle tu ne dois la traiter comme ça. Moi je l’ai vu et je sais qu’elle est
gentille. Faut faire doucement doucement avec elle.
– J’ai compris.
– Bon je m’en vais. Je t’aime.
– Je t’aime maman.
TRISHA
Encore un autre jour où je me lève toute morose. Je regarde mon portable en espérant
y voir des appels en absence de lui. Lui ! Terry YOUL ! Comme il me manque. J’ai
même pas envie de me lever du lit pour aller au travail. Pourquoi est-ce qu’il ne
m’appelle pas ? C’est lui qui est en tort donc c’est lui qui devrait m’appeler. Mais du
peu que j’ai su sur lui, il n’est pas du genre à s’excuser. Donc je crois que c’est mort
entre lui et moi. Je ne vais pas aller vers lui. Je n’ai pas envie de paraitre comme une
fille désespérée qui lui coure après. Il finira même par croire que je suis intéressée par
son argent.
– Tu es encore au lit alors qu’il est l’heure d’aller au travail. Tu seras en retard.
– Je sais.
– Tu es toujours dans ton goumin ?
– Je n’ai pas de goumin.
– Donc comment on appelle le fait que tu te morfondes tous les jours depuis ta dispute
avec ton gars ?
– Ce n’est pas mon gars.
– Donc pourquoi tu l’aimes s’il n’est pas ton gars ?
– Carine pardon laisse-moi.
– Appelle-le sinon tu vas finir par mourir de chagrin.
– Non ça va, ça va passer.
– C’est vraiment difficile d’aimer un homme qui ne ressent rien pour toi.
– Hééé Carine c’est quoi ?
– Pardon ! Dit-elle en riant en douce.
– Bon je vais me préparer pour aller au travail.
Chose dite chose faite. Je finis de me préparer, prends rapidement mon petit déjeuner
et fonce au travail. Travailler m’aide toujours à oublier. À ne pas penser à lui. Je crois
que je suis pour de vrai amoureuse de lui. Pff c’est n’importe quoi ! Ma patronne fait
son entrée dans notre bureau. Nous nous levons pour la recevoir.
– Trisha !
– Oui madame.
– Il y a un client qui demande à ce que vous alliez décorer son nouvel appartement.
– Moi ?
– Oui. Il a dit qu’il voulait que ce soit uniquement vous. C’est un nouvel immeuble.
– D’accord madame.
Elle me tend un bout de papier sur lequel est inscrite l’adresse. C’est en trainant les
pieds que je me mets en route avec mes outils. Depuis un mois que je suis partie de
chez Terry et je ne suis plus dans mon assiette. Je ne savais pas qu’il me manquerait à
ce point, pire que je m’étais autant attachée à lui. C’est vrai que dès le début j’avais
craqué pour lui mais je m’étais dit que ça allait vite me passer. Mais quand je me
souviens que pour lui je ne suis rien d’autre qu’une pute j’ai mal. Un mois et j’ai
l’impression que ça fait une année. Le taxi que j’ai emprunté gare devant l’immeuble
en question. Je remarque qu’effectivement il est nouveau. Des gens sont en train de
placer un grand tableau sur lequel est inscrit le nom qui sera attribué à l’immeuble. Je
n’ai pas le temps de regarder et je m’approche du gardien. Après présentation, il me
conduit au dernier étage par l’ascenseur. Il m’ouvre la porte et s’en va en me disant
que le proprio m’attendait à l’intérieur. Quand je ferme la porte et lève la tête, mon
cœur fait un bond dans ma poitrine. Terry est là, juste devant moi. Il est appuyé sur
une grande commode, les mains dans les poches et les pieds croisés aux chevilles. Il
porte juste un ensemble jogging. Pourquoi cet homme est si élégant ? Il me regarde
intensément et comme à chaque fois son regard me déstabilise. Mais quand je me
rappelle de notre dispute je me la joue toujours fâchée.
– Que faites-vous là ?
– C’est mon immeuble et ça c’est mon appartement. Bonjour.
– Ma patronne a dit que vous vouliez que je décore votre appartement. Quel style
voulez-vous ?
– Comment tu vas ?
Un léger, mais vraiment un léger sourire étire ses lèvres. C’est la première fois que je
vois un semblant de sourire sur ses lèvres. Je sens sa main se poser délicatement sur
ma hanche et alors que je me remets de l’effet qu’a créé ce contact en moi, je sens ses
lèvres se poser sur les miennes. C’est la première fois qu’il m’embrasse en premier.
D’habitude c’est moi qui prends l’initiative et lui se laisse juste faire. Son baiser est
doux, très doux. Je suis surprise d’autant de douceur venant de cet homme si froid.
J’oublie toute ma frustration et après avoir laissé tomber mon sac, j’enroule mes bras
autour de son cou. Je m’attends à ce qu’il les retire comme il le fait à chaque fois mais
non, il approfondit le baiser en me collant plus à lui. Punaise je vais devenir folle à
cause de ce baiser. Il libère enfin mes lèvres et je peux enfin respirer. Je me mordille la
lèvre en souriant.
– Vous avez une belle manière de vous excuser. Dis-je en essuyant mon maquillage
sur ses lèvres.
– Ce n’était pas ça mon excuse.
– Ah bon ? Et c’est quoi ?
– Prépare-toi ce soir. Rico viendra te chercher. Je dois y aller.
– Ok. Vous voulez quoi pour la déco ?
– Ce que tu veux. Mais ça peut attendre le week-end. Tiens pour ta commission.
Il recule et prend des billets dans sa poche qu’il me tend. Nous sortons ensemble de
l’immeuble mais par derrière où sont garées ses voitures. Il me met dans l’une avec un
de ses gardes et lui monte dans la sienne.
*Mona
*LYS
– Ce matin tu étais toute morose et ce soir tu te fais pimpante avec ce sourire ridicule
sur les lèvres. Je suppose donc que tout s’est arrangé avec ton type-là.
– Oui Carine. Tu crois que cette robe est bien ? Elle ne fait pas trop aguicheuse ?
– Non elle est parfaite. Sexy mais pas vulgaire.
– Bonsoir Ty !
– Comment tu vas ?
– Très bien. C’est très beau ici.
– Merci !
Il tire ma chaise pour que je m’y asseye. Il prend aussi place en face de moi. Je
remarque la présence de celui que je suppose être le chef que lorsqu’il s’approche de la
table pour nous servir la nourriture et le champagne avant de disparaitre totalement des
lieux.
– J’aime vraiment cet endroit. Je sens que j’y passerai mes journées. Tu as… excusez-
moi, vous avez…
–Tu peux me tutoyer.
– Ok, fais-je en souriant. Tu as toujours un appartement dans tous tes immeubles ?
– Oui.
– Et tu en as combien d’immeuble ?
– Une quinzaine. Je n’ai pas envie de parler de moi.
– De quoi veux-tu qu’on parle donc ?
– J’sais pas. Parle-moi de toi. Tes parents, ta famille.
– Bof si c’est ça, y a pas grande chose à dire. Je n’ai ni parents ni famille.
– Comment ça se fait ?
– J’ai été abandonné devant un orphelinat. J’ai donc vécu d’orphelinat en orphelinat
jusqu’à ce qu’à 15 ans je prenne mon envol. Ma seule famille c’est ma meilleure amie
Carine.
– Qui a payé tes cours ?
– On faisait les cours dans les orphelinats et après mes 15 ans quand j’ai quitté
l’orphelinat je me suis débrouillée seule entre les petits travaux. Mais j’ai arrêté après
le BAC pour chercher du travail.
– Comment as-tu appris la décoration et la peinture alors ?
– Oh disons que c’est un don. J’ai commencé à peindre des papillons et autres sur des
papiers quand j’étais petite, après ce fut sur les murs de l’orphelinat. Je salissais les
murs avec les stylos et je me faisais fesser à chaque fois. Mais ça ne me décourageait
pas. Des fois dans la chambre que nous les filles occupions, je bricolais avec ce que
j’avais sous la main et la décorais. Les gens aimaient.
Les yeux brillants de mille feux et le sourire grand sur les lèvres, je parle de mon
amour pour la décoration et la peinture et lui m’écoute avec attention en continuant à
manger. Tout le reste de la soirée c’est moi seule qui parle. Je parle de ma vie et de
mes rêves ou plutôt mon rêve qui est le plus grand d’ailleurs. Celui d’être une superbe
décoratrice d’intérieur reconnue dans l’Afrique voire même dans le monde pourquoi
pas. Terry lui n’aligne que des monosyllabes. Je prends la dernière bouchée de ma
crème chantilly qui m’a été servi comme dessert.
– Tu as aimé ?
– J’ai adoré. Si c’est comme ça que tu t’excuses, je crois que je vais créer des disputes
tous les jours.
Il mime un sourire.
– Tu devrais sourire plus souvent, fais-je en lui caressant la joue. Tu es beau quand tu
mime un sourire et je crois que tu serais encore plus beau si tu souriais vraiment.
Il pose sa serviette de table, se lève et me tend sa main. J’y pose ma main et il me fait
lever. Nous redescendons dans son appartement et toujours ma main dans la sienne il
me conduit dans sa chambre. Sachant déjà ce qui va se passer je retire mes talons et
alors que je veux faire descendre ma fermeture éclair, Terry m’arrête.
– Laisse-moi faire.
Je suis surprise parce qu’il n’a jamais pris le temps de me déshabiller. Avec lui c’était
uniquement le sexe. Je me déshabille, il me fait l’amour, je me rhabille, point c’est
fini. Il me tourne dos à lui et avec lenteur fait descendre ma fermeture. Ma robe
tombée à mes pieds, il pose de petits baisers sur mon épaule. Je me mords la lèvre en
frissonnant. Je suis en train de découvrir une autre facette de Terry. Ses baisers passent
d’une épaule à une autre avant qu’il ne me retourne pour prendre possession de mes
lèvres. Il me laisse déboutonner sa chemine et même la retirer. C’est pareil pour son
pantalon. Nos lèvres scellées, nous nous couchons délicatement sur le lit. Je me rends
compte de sa douceur lorsqu’il prend possession de mon corps. Je découvre un autre
homme sous cet air intimidant, rigoureux, colérique et très sérieux. Je ne savais pas
qu’il pouvait être autant doux. Sa manière de me faire l’amour est carrément différente
de toutes les autres fois passées. Je viens de tomber amoureuse de cet homme doux
qu’il me fait découvrir cette nuit. Je ne sais pas comment ça sera mais je souhaite de
tout mon être que notre relation fonctionne. J’aime cet homme.
Episode 13
CARINE TUO
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Je
n’en ai aucune idée. Je ne sais pas ce que je vais devenir dans la vie et je ne l’ai jamais
su. J’ai passé toute mon enfance à entendre que je devais me marier à un homme hyper
riche qui assurerait mon avenir. Je n’aurai donc pas ainsi l’obligation de travailler. Je
n’ai donc jamais pensé à ce que je ferai comme travail. Aujourd’hui je paye les
conséquences de ces conseils. Qui me donnait ces conseils ? Eh bien ma mère. Je ne
sais même pas s’il faille que je l’appelle ainsi. Une mère qui n’a jamais été une. Mieux
je ne pense plus à elle. Je sors enfin du lit et après avoir prise une douche je vais
rejoindre Trisha dans sa chambre. Trisha, c’est ma petite sœur de cœur. Je l’ai
rencontré par hasard il y a deux ans alors qu’elle cherchait une maison. Disons un petit
studio. Ma colocataire de l’époque avait déménagé parce qu’elle ne supportait plus
mon alcoolisme. Je ne lui en veux pas d’ailleurs. Il m’était donc devenu difficile voire
même impossible de payer le loyer, surtout que je n’avais pas d’emploi stable dû à ce
même alcoolisme. J’ai donc fait la proposition à Trisha qui a accepté aussitôt surtout
que l’appartement était beau et spacieux. Nous avons donc fini par devenir meilleures
amies malgré mon sale comportement. Je m’attendais à ce qu’elle parte aussi mais
non, elle est restée et me soutient du mieux qu’elle peut. Pour finir, depuis près d’un
an c’est elle seule qui paye le loyer parce que moi j’ai perdu mon travail, une fois de
plus à cause de l’alcool. J’arrivais toujours en retard au travail et des fois même
saoule.
Elle a posé devant elle des enveloppes pour différentes tâches. Elle a donc reçu son
salaire.
– Alors ça c’est pour le loyer, pour ce mois et le mois passé que je n’avais pas payé.
Ça pour la nourriture, ça pour le courant et l’eau et le reste c’est pour se faire plaisir.
– Tu as eu plus ce mois on dirait ?
– Oui j’ai eu un petit bonus. Disons que j’ai bien travaillé. Alors ça te dit qu’on sorte
manger ce midi dans l’un de ces restaurants classes ? Me demande-t-elle avec le
sourire.
– Bien-sûr que oui. Moi je n’ai pas encore reçu ma paye mais je te promets que…
– Rhorr arrête avec ça. Va te préparer qu’on sorte.
Elle va ranger les enveloppes dans son placard avant de disparaitre dans la salle de
bain. Je retourne aussi dans ma chambre me préparer. Nous nous rendons dans un
restaurant à Cocody Vallon pour changer un peu. Nous avons assez visité les
restaurants de Yopougon. Nous prenons place et aussitôt recevons les menus.
J’éclate de rire en oubliant dans quel endroit je suis. Des têtes se tournent vers nous.
Prise de honte je plonge mon visage dans le menu.
– Si on nous chasse je brule ta tête. Menace Trisha en faisant mine d’être fâchée.
– Pardon maman.
Nous passons nos commandes et je prends mon temps pour contempler la beauté du
lieu où nous sommes. La table même où nous sommes ne donne pas envie de la salir.
Le proprio a dû mettre le paquet. Je remarque des initiales et sur la table et sur les
serviettes de table. T.Y. J’essaye de deviner ce que peut signifier ces initiales pendant
que Trisha discute au téléphone avec sa patronne. Nos commandes arrivent après juste
10 minutes d’attente. Ils sont compétents dis donc. Trisha raccroche et nous
commençons à manger.
– Toi qui ne voulais pas manger voilà que tu as vidé ton assiette. Dit Trisha me sortant
de mes pensées.
– C’était vraiment bon. La prochaine fois c’est moi qui invite.
– Sans faute. Bon je vais régler et on s’en va.
– Il n’y a pas dessert ? Je demande pour la chahuter.
– C’est dessert tu cherches ? Faut t’asseoir ça va venir. Mtchrrr.
Elle fait signe au serveur en riant. Celui-ci venait déjà vers nous avec en main ce qui
ressemble à de la glace et un autre gâteau au chocolat.
– Nous n’avons pas commandé ça. Lance Trisha en fronçant les sourcils.
– Je sais madame. C’est de la part du patron. Il a aussi pris en compte votre facture.
– Le patron ? Je demande encore surprise. Trisha tu le connais ?
Comme pour vérifier quelque chose elle regarde sa serviette de table. Le serveur s’en
va aussitôt.
Alors qu’elle regarde avec toutes ses dents dehors son dessert, moi je tourne pour voir
le type en question. Il est assis un peu dans le fond avec un autre homme. Il porte des
lunettes de soleil. Il est frais ce type. Trisha a vraiment de la chance.
*Mona
*LYS
Il est 18h et je suis seule à maison. Trisha est finalement partie chez son type. Je
m’ennuie grave. Je suis de repos aujourd’hui au bar. Je veux sortir mais je sais que je
risque de faire n’importe quoi. J’ai promis à Trisha de ne pas boire aujourd’hui. Je
zappe la télé et il n’y a rien de bon. Bon je vais faire les 100 pas. Je descends de
l’immeuble mais à peine j’arrive au rez-de-chaussée que l’odeur de la bière
m’accueille. Il y a une fête chez dans l’un des apparts. Je lance un juron et remonte. Je
fonce dans la chambre de Trisha et prends l’argent dans une enveloppe. Je prends
30 000 FCFA en tout et fonce dans une boite de nuit.
Je lève la tête et vois celle qui était autrefois ma meilleure amie. Elle aussi m’a tourné
le dos tout en sachant parfaitement la raison pour laquelle je suis devenue celle que je
suis aujourd’hui. Elle sait tout mais ça ne l’a pas empêché de partir. Je ne lui prête pas
attention et rentre dans les toilettes mais elle se place devant moi.
Une bagarre commence et je la laisse ma taper le temps pour moi de retirer mes
chaussures. J’aime être à l’aise quand je me bats.
– Tu prétends être meilleure que moi alors que tu n’as pas été capable d’empêcher ton
fiancé de fuir avec ta pute de mère le jour de votre mariage. Mère prostituée, fille
prostituée.
– Hoor c’est bon, fais-je en me soulageant. Voilà de quoi est capable la fille de
prostituée.
Je finis et la laisse là. Elle n’aura pas le courage de sortir avec cette odeur de pipi sur
elle. À peine je sors de la boite que je me mets à vomir. Je reprends ensuite ma route à
pieds et encore une fois je me mets à vomir sur le pneu d’une voiture.
Je lève la tête et vois un homme. Je ne lui prête pas attention et continue mon chemin
mais il m’empoigne le bras.
– Vous me faites pitié. J’espère que vous n’avez pas d’enfant sinon ce serait une
véritable honte pour eux d’avoir une mère comme vous.
Et il s’en va. Sa phrase me fait court-circuite. Si j’avais des enfants je serai une honte
pour eux. Je suis en train de faire exactement comme ma mère. Elle est une honte pour
moi et le sera toujours. C’est en pleurant que j’entre à la maison. Je serai une honte
pour mes enfants. Quand j’ouvre la porte je tombe sur Trisha qui tourne sur elle-même
une enveloppe en main. Dès que je referme la porte elle s’arrête de tourner et me
regarde.
– Carine dis-moi s’il te plait que ce n’est pas toi qui a pris l’argent du loyer pour aller
boire.
–…
– Carine s’il te plait !
– Je suis désolée. Dis-je en baissant la tête.
– Fais chier ! Carine jusqu’à quand ? Tu vas t’arrêter quand on va nous foutre à la
porte ? Comment tu peux prendre l’argent du loyer pour aller te saouler la gueule ? J’ai
fait exprès de ne pas te laisser de l’argent justement pour ne pas que tu sois tentée
d’aller boire mais non madame a quand même trouvé un moyen. C’est le vol
maintenant que tu veux faire ?
– Je te demande pardon.
– Je commence à en avoir marre Carine. Je t’aime beaucoup mais si tu ne changes pas
Carine je vais te laisser seule dans ta merde.
Elle me plante et pars dans sa chambre. Elle ressort quelques minutes plus tard avec un
petit sac.
– Où vas-tu ?
– Passer le reste du week-end chez Terry.
Et bam elle claque la porte. Je me laisse tomber dans le fauteuil toute découragée. Je
suis en train de décourager la seule personne qui est restée avec moi malgré ma
mauvaise position. Tout ça à cause d’une seule femme. Ma mère. Je te hais maman.
Où que tu sois je te hais de toute mon âme.
Episode 14
TRISHA
Il se met à tout saccager dans la chambre et cogne son poing dans le mur. Il hurle de
douleur, pas de douleur physique, mais intérieur et ça me fend le cœur. Je vais
l’attraper malgré son agitation et l’oblige à me regarder mais il se débat. Je ne me
laisse pas faire et continue.
Il se laisse tomber au sol en répétant qu’il est désolé. Je me baisse en face de lui et
prend son visage en coupe. Son regard est plein d’amertume.
– Je n’ai pas pu protéger ma fille. Je l’ai laissé mourir alors que j’étais là, juste à côté.
Ma petite fille est partie par ma faute.
– Ce n’est pas de ta faute.
– Ça l’est.
Il veut parler mais se rétracte.
– Je suis un incapable.
– Non tu ne l’es pas. Un incapable n’aurait pas réalisé tout ce que tu as réalisé.
– Mais où en suis-je aujourd’hui ? Je n’ai pas su garder dans ma vie ma femme et ma
fille. Et…
Je capture ses lèvres pour le faire taire. Il doit arrêter de s’accuser et je sais que tant
qu’on discutera il continuera. Il répond à mon baiser et m’attire contre lui. Il nous fait
lever sans libérer mes lèvres et me soulève en tenant fermement mes fesses sous sa
chemise que je porte. Il nous emmène dans sa chambre et nous fait coucher sur le lit. Il
ouvre la chemise que je porte pour avoir un accès directe à mon corps. C’est avec
toujours autant de douceur qu’il me fait l’amour.
J’ouvre les yeux petit à petit et vois Terry qui enfile sa chemise. Je regarde l’heure et il
est 6h.
Je suis déçu qu’il voyage. C’est vrai que c’est pour le boulot mais il va me manquer. Je
me suis habituée à le voir tous les jours et là je vais faire une semaine sans lui.
– Tu peux rester ici. Les gardes seront là. Je t’ai aussi laissé de l’argent dans ce tiroir si
tu en as besoin.
– Ok. Tu vas me manquer.
– J’ai donné ton numéro à ma mère. Elle a besoin d’une nouvelle déco chez elle.
– D’accord.
Je me lève pour m’assurer que la bande que je lui ai mise hier nuit sur la main est bien
attachée. Chose faite, je lui fais un smack avant qu’il s’en aille.
Ça fait une semaine que Terry est parti et il ne m’a pas appelé une seule fois. À croire
que je ne compte pas plus que ça. Moi je suis là bêtement à guetter son appel mais
rien. Je ne fais que regarder mon portable en imaginant que son numéro apparaisse
mais aucun miracle. Il me manque. Couchée sur le lit en train de peindre sur un papier
canson un style de peinture décorative mon portable se met à sonner. C’est un numéro
inconnu. Je décroche toute excitée en pensant que ça pourrait être lui.
– Allô !?
– « Allô Tisha c’est maman YOUL. »
– Ah bonjour maman.
– « Ça va ? Est-ce que tu peux venir chez moi pour faire la décoration là ? »
– D’accord maman. Tu habites où ?
– « Je ne suis pas trop loin de la maison de Terry. Dis-moi où tu es mon chauffeur va
venir te chercher. »
Je lui donne un point de rencontre avec son chauffeur après quoi je vais prendre une
autre douche. Ce sont les bosses, faudrait pas que sente dans leur maison. Je sors
ensuite attendre le chauffeur. Une heure de temps plus tard il est là. Une quarantaine
de minute plus tard nous entrons dans une immense maison. Seigneur c’est la maison
d’une seule personne qui est là ? Quand j’entre je suis encore plus subjuguée par la
beauté de la maison. Une servante me conduit dans un salon. J’ai même peur de
m’asseoir dans le fauteuil tellement ça brille. Moi qui croyais avoir vu le luxe chez
Terry je vois que je n’avais encore rien vu. La servante m’apporte de l’eau que je lui
avais demandée en m’asseyant. C’est pendant que je bois que Madame YOUL apparait
toute magnifique dans un long boubou et un attaché foulard de la même couleur. Cette
femme est belle. Terry n’a pas volé son élégance.
Elle veut dire vouvoyé ? Mon tique ne lui est passé inaperçu.
– Oh ma fille moi je ne suis pas allée à l’école oh donc français là c’est pas pour moi.
– Oh !
– Ça te choque hein !?
– Euh, c’est juste que je ne m’y attendais pas. Ça fait un peu bizarre de savoir que la
mère d’un homme aussi influent que Terry ne soit pas instruite. Sans vouloir
t’offenser.
– Oh tu n’offenses pas. Les gens pensent qu’il faut forcément avoir tous les diplômes
du monde pour pouvoir faire réussir son enfant. Je suis la preuve que non. Je ne sais
pas bien lire ni bien écrire mais mon fils est le meilleur akichècte du pays.
– Architecte.
– Hum c’est ça. Ce n’est pas le niveau de l’intelligence d’une mère qui détermine le
lendemain de son enfant. C’est son amour et sa détermination. Mon fils n’a pas honte
de moi et ça me suffit.
– Je suis désolée si je vous ai…
– Han han tu n’as rien fait. Bon pour la décoration là faut voir ce qui est jolie.
Elle me fait visiter les deux grands salons et sa chambre après quoi nous revenons
prendre place au salon. Je lui demande si elle a des préférences et autres. Ce petit
gombo m’aidera à avoir un d’argent sur moi pour mes petites dépenses. Bien entendu
je lui fais une réduction parce que c’est la maman de l’homme dont je suis amoureuse.
– Bon ça va. Ce n’est pas vraiment une relation. Disons qu’on se tient compagnie.
– Tu l’aimes ?
– Euh en fait…
– Je suis ta maman faut pas avoir honte de moi.
– Ok. Oui je crois que j’ai des sentiments pour lui mais… c’est un peu compliqué.
– Tu sais tu me plais bien donc je vais te donner un petit secret pour avoir le cœur de
mon fils. Tu connais patience ?
– Patience ? La patience ?
– C’est ça. Tu dois être patience. Beaucoup patience. Terry ne montre jamais ses
sentiments mais il fait toujours de petits signes. Exemple quand sa colère monte là il
passe son pouce sur sa bouche.
– J’avais un peu remarqué ça.
– Ah d’accord, c’est que tu le regarde vraiment. Maintenant, pour son caractère. Mon
fils n’est pas méchant hein, hum hum. Il est juste fermé sur lui-même. C’est d’ailleurs
la première fois depuis 8 ans que je le vois avec une fille depuis la mort de sa femme.
Terry n’a plus aimé de femme et je me demande si ça arrivera un jour. Mais c’est déjà
une bonne chose s’il t’a emmené jusqu’à chez lui, jusqu’à même tu as porté son habit.
Ma fille tu es sur la bonne chemin. Attrape seulement le cœur si tu veux qu’il t’aime
parce que ça ne sera pas facile. Il ne parle pas beaucoup donc c’est à toi de lui faire
parler. Faut faire doucement doucement pour qu’il te parle. Ne le (elle secoue les
bras), comment on appelle ça même ? Faut pas le chauffer chauffer.
– Le brusquer ?
– C’est ça. S’il dit non laisse-le. Tu attends un peu, peut-être le demain pour revenir
encore. Même s’il t’aime il ne va pas te dire mais toi dis-lui. Il y a beaucoup de chose
à dire sur lui mais toi-même tu vas voir ça un peu un peu. Je vais te demander
seulement, est-ce que tu es prête ? Parce que Terry donne les maux de cœur oh. Même
moi sa maman il me donne des crises carniaques.
J’éclate de rire. Bon sang cette femme me plait. Elle est très simple pour une grande
dame.
Je souris et son portable se met à sonner. Elle se met à sourire à pleine dent en me
disant que c’était lui. Elle discute avec une grande joie sur son visage. Ça se voit
qu’elle aime son fils. J’aurais aimé connaitre ça aussi, l’amour d’une mère. Elle
raccroche et se tourne vers moi.
– Il rentre ce soir.
– Tu as honte pour quoi ? Je dis je suis ta maman donc faut pas avoir honte. Je suis née
avant vous. Fais toi minnin minnin (chic), tu prépares et quand il rentre, mets toutes tes
dents dehors pour qu’il voit comment tu es jolie quand tu souris. Bon je dois sortir.
– Merci beaucoup madame…
– Hé ma fille tu aimes gros français hein. Je dis je suis ta maman non. Ah est-ce qu’un
enfant appelle sa maman madame ?
– Non, maman. Merci encore pour tout.
Il me fait une bise à laquelle je ne m’attendais pas et ensemble nous sortons. Je prends
acte de tout ce qu’elle m’a dit et je commence à avoir un peu peur. Elle a dit qu’il était
difficile, j’espère que je pourrai supporter. Je me sens trop attirée par lui pour renoncer
maintenant à le conquérir.
J’ai suivi les conseils de maman YOUL. Je suis chez Terry toute belle dans une robe
sexy, les cheveux attachés en chignon et arrêtée vers la table à manger. J’ai demandé
au garde qui s’occupe des caméras de surveillance de me prévenir s’il arrivait et là il
vient de le faire. Mon cœur se met à battre la chamade quand j’entends l’ascenseur
s’ouvrir. Ses pas se rapprochent et quand il apparait devant les escaliers qu’il s’apprête
à monter, il se fige quand il me voit. La main droite dans la poche, il fronce les
sourcils en me regardant. Rico monte les escaliers avec un petit sac. Je lui montre
toutes mes dents comme l’a dit maman YOUL.
– Bonne arrivée.
Rico redescend et s’en va. C’est à ce moment que Terry s’avance vers moi.
Il tourne les yeux vers la table bien garnis. Je sais qu’il n’aime pas que je cuisine chez
lui. J’espère qu’il ne va pas s’énerver.
– Un peu oui !
Je souris face à sa réponse. Je suis sur la bonne voie. Je m’approche de lui et
l’embrasse. Il y répond en passant un bras autour de ma taille pour me serrer contre lui.
Nous nous asseyons à table et je le serre. Le diner se fait presqu’en silence. Quand
nous finissons je range tout et le rejoins en haut. Il est sous la douche. Je l’y rejoins
après m’être déshabillée. Il m’a tellement manqué que je lui saute dessus. C’est contre
la cabine qu’il me fait l’amour. Je pense que je lui ai aussi manqué à voir la manière
dont il s’enfonce avec vigueur en moi. De retour dans la chambre, il enfile un bas de
jogging et un tee-shirt blanc. Moi je porte un ses tricots. Il porte ses tongs et se dirige
vers la porte.
– Où vas-tu ?
– Travailler.
– Tu as travaillé toute la semaine. Reste avec moi.
Il me regarde sans rien dire. Je vais vers lui et le tire jusque sur la moquette en peau
d’ourse. Je m’y assois mais lui reste debout.
– Assieds-toi s’il te plait. Je veux juste qu’on passe un peu de temps ensemble.
– J’ai du boulot.
– S’il te plait !
Il soupire et s’assois en face de moi sur la moquette en s’adossant sur le bois du lit. Je
progresse.
– Comment ça a été ?
– Bien.
– Tu étais où précisément ?
– Londres.
– Je voudrais qu’on ait une conversation.
– Une vraie conversation je veux dire. Tu t’exprimes peu et quand tu le fais, c’est en
monosyllabes. Tu enchaines plusieurs mots seulement quand tu es sur les nerfs.
– Je parle quand c’est nécessaire.
– C’est nécessaire maintenant. Je veux qu’on ait une conversation. Je veux qu’on
cause.
– Ok.
Il ne dit plus rien. Je suppose que c’est à moi d’envoyer un sujet de conversation.
Il a fait une longue phrase alors qu’il n’est pas en colère. C’est bon signe.
– C’est vrai. C’est donc pour elle que tu as voulu être architecte ?
– Rien qu’elle seule.
– C’est quoi ton deuxième rêve alors ?
– Je l’ai réalisé quand ce même homme qui l’a humilié est devenu son locataire à elle.
– Comment ?
– Longue histoire.
– Raconte-la-moi.
– S’il te plait !
Il soupire.
– Il voulait vendre le terrain sur lequel étaient construites les maisons en bois et sa
maison à lui pour rembourser ses nombreuses dettes. Je l’ai racheté et ai donné le
terrain à ma mère. J’ai remplacées les maisons en bois en durs et je lui ai même acheté
sa propre maison à lui. Tout est pour ma mère aujourd’hui et quand il l’a su, il a failli
s’étouffer avec sa respiration. Ma mère n’était pas vraiment pour parce qu’elle a plutôt
vu cela comme une vengeance. Mais elle a fini par accepter. Il sait qu’il n’a pas droit à
l’erreur.
Wahoo ! Il a beaucoup parlé. Je suis supers contente. Il regarde sa montre sur son
poignet. Je pense que je vais abréger la conversation sinon il finira par s’ennuyer.
– Et si on allait regarder la télé ?
– Je ne regarde pas la télé.
– Comment ça ? Tu dois pourtant suivre les informations et autres surtout que tu es un
homme d’affaire.
– J’ai des employés pour ça.
– Pour quoi ? Regarder la télé ?
– Oui.
– Tu as employés des gens pour regarder la télé à ta place ?
– Ouais. Ils regardent et s’il y a quelque chose qui est censé m’intéresser ils viennent
me faire le point.
– Waho ! Fais-je dépassé. Dis est-ce que tu as une vie en dehors de ton travail ?
– Ma mère. C’est elle ma vie.
Cette phrase est juste trop mignonne. Je me lève et le tire pour le faire lever. Je le tire
ensuite hors de la chambre jusqu’au salon en bas. Il se laisse faire. Je cherche un film à
regarder et le met. Je me couche sur sa poitrine et nous regardons le film. Bon je ne
sais pas s’il regarde mais au moins il est assis là. Je le vois qui regarde sa montre de
temps en temps. Je commence à me sentir partir. Le sommeil est en train de me
gagner. Je crois qu’il l’a aussi remarqué parce que les yeux fermés, je l’entends
éteindre la télé. Je me sens soulever par la suite puis quelques instants plus tard être
posée délicatement sur le lit douillet. À peine il me lâche que j’ouvre les yeux. Je me
retourne et le vois qui s’apprête à sortir.
– Terry.
– Hum ?
– Reste avec moi s’il te plait. Tu m’as tellement manqué.
TERRY
Perla. Ma perla. La seule et unique femme que je n’ai jamais cessé d’aimer. Même 8
ans après sa mort, je l’aime toujours. Ma femme, mon amour. Elle fut mon premier
amour et demeure le dernier. Mon cœur n’a battu que pour une seule femme durant
toute ma vie sur cette terre. Je me rappelle de notre histoire comme si elle datait d’hier.
Notre rencontre s’est faite de la pire des manières. Elle et moi étions des concurrents
sur un appel d’offre. Moi je luttais pour faire connaitre mes compétences afin de faire
grandir ma petite boite d’architecture et elle luttait pour la boite dans laquelle elle
travaillait. Nous nous faisions presque la guerre à tel point que nous nous sommes
rapprochés sans nous en rendre compte. C’est elle qui a obtenue l’offre et en
compassion m’a invité à diner. Je lui ai posé un lapin intentionnellement parce que je
n’avais pas de temps à perdre dans ce que je considérais comme des bêtises. Des mois
après nous nous sommes rencontrés à une soirée de gala. Moi j’y étais allé pour
chercher un parrain pour financer ma boite. Je ne voulais travailler pour personne. J’ai
fait comme si je ne l’avais pas vu mais elle est venue me parler. Elle a commencé par
me harceler jusqu’à ce que lors de notre premier baiser qui m’a d’ailleurs surpris je
sente un truc en moi. J’étais en train de tomber amoureux d’elle ou du moins je l’étais
mais ma soif de réussite m’avait empêché de le voir. Elle a insisté et j’ai succombé. Je
n’ai jamais vraiment fait la cour à une femme jusqu’à aujourd’hui. C’est perla qui m’a
épaulé et m’a soutenu pendant que je cherchais à me donner un nom. Perla était là et
elle a perdu son job parce que je devenais un concurrent pour son patron. Elle devait
choisir entre moi et son travail. Elle m’a choisi. Mais quand ma fortune m’a explosé au
visage il y a 5 ans de cela après un gros contrat avec Mme Lizzie ELIOT autrefois
Lizzie DANIELS, elle n’était plus là. C’est elle qui m’avait montré comment gérer le
peu d’argent que je gagnais. C’est en partie grâce à elle si je suis devenu LE Terry
YOUL. Mais dommage elle n’a pas profité de cette gloire avec moi. Elle a juste vu le
début mais n’y a pas plongé.
Aujourd’hui c’est son anniversaire. Elle aurait eu 32 ans. Si elle était là tout serait si
différent. Inès serait aussi là et aujourd’hui ne serions en train de célébrer son
anniversaire. Ma femme ! Je vide mon verre cul sec et continue de regarder sa photo
dans mon bureau. Son sourire, il était magnifique. Elle était magnifique. La plus belle
femme que je n’ai jamais vue. Elle savait me parler sans des mots. Elle me connaissait
à la lettre. Je me serre un autre verre et assis dans mon siège donne dos à la porte en
tenant toujours la photo de ma Perla en main. Quand je lui ai demandé pourquoi elle
m’avait choisi plutôt que son travail, elle m’a répondu « J’ai le plus beau travail dont
j’ai jamais rêvé. T’aimer. ». Mon cœur se comprime et je serre les dents pour ne pas
craquer. J’ai envie de casser quelque chose pour faire passer cette douleur que j’aie au
cœur. J’entends la porte de mon bureau s’ouvrir après que deux coups aient été
donnés. Je ne me retourne pas.
– Terry !
Un sentiment amer me traverse le cœur quand j’entends la voix de Trisha. Elle est la
dernière personne que j’ai envie de voir encore moins d’entendre. Tout ce que je veux
c’est ma femme. Je ne veux entendre aucune autre voix que la sienne ni voir aucun
autre visage que le sien. Il faut qu’elle s’en aille.
Mauvais timing Trisha, mauvais timing. Je n’ai pas envie de voir ta face bien qu’elle
soit belle. Je tourne mon siège face à elle et pose la photo sur le bureau.
– Va-t’en !
– Pardon ?
Je lève les yeux vers elle et passe mon pouce sur ma lèvre inférieur. Bon sang je
déteste me répéter et cette fille fait exprès de tout le temps vouloir me faire redire mes
ordres. Elle pose son sac et fais un pas mais au deuxième je la stop.
Je ne dis rien et commence à tapoter mon laptop. Je passe à nouveau mon pouce sur
ma lèvre.
– Ty parle-moi. Je t’ai dit que je suis là pour toi. Tu peux tout me dire.
– Evite de me mettre en colère.
– Ty…
– (Tapant du poing) BON SANG JE T’AI DIT DE NE PAS ME METTRE EN
COLÈRE. SORS DE MA MAISON !
– Pourquoi tu es si froid avec moi Terry ? Je croyais qu’on s’était rapproché toi et moi.
– Nuance. Je t’avais lancé un verre au visage chose que je n’aurai pas dû faire. En
compassion j’ai été cool avec toi donc c’est fini. (Appuyant sur les mots lentement)
Plus jamais, tu ne viens chez moi par surprise. Plus jamais tu ne touches aux ustensiles
de cuisine de MA femme. Tu ne te pointe que lorsque je t’appelle. On baise et tu
dégages de ma maison. Là je ne t’ai pas appelé alors, tu dégages.
Elle me regarde sidérée. Je déteste qu’on se tape l’intrus dans ma maison. Je ne suis
pas dans mon état normal alors qui conque me cherche, me trouvera de la mauvaise
des manières. Elle s’excuse et s’en va. Je me serre un autre verre et le bois cul sec.
Mon portable sonne, c’est ma mère. Je le prends et décroche.
Je raccroche. Elle n’insistera pas. Elle, elle sait qu’il ne faut jamais insister avec moi
quand je ne suis pas d’humeur. Il faut que je travaille pour me changer les idées. Je me
change et fonce au bureau. Je n’avais pas prévu venir bosser aujourd’hui mais j’en ai
follement besoin. Je ressens trop son absence en ce jour de son anniversaire. À 17h je
demande à Rico de me ramener ma Bugatti. J’ai envie de vitesse. Je fais de la vitesse
quand je suis en colère, quand je suis perturbé, quand je suis mal comme là
maintenant. Ma femme me manque. J’ai besoin d’elle dans ma vie. Je monte dans ma
voiture et me rends sur l’un de mes terrains que j’ai spécialement acheté pour faire du
Rallye. Rico me suit et reste loin à me surveiller faire des tours de folies. Si ma mère
me voyait elle piquerait une crise. Elle a toujours peur quand je fais du Rallye. Je fais
plusieurs tours en soulevant la poussière. J’entends les rires de Perla dans ma tête et
j’appuie sur l’accélérateur. J’ai besoin de ses caresses. Je veux l’entendre me dire
qu’elle m’aime. Après un énième tour je prends la route pour la maison. Je suis plus
calme mais mon chagrin est toujours là. Je me sens vide maintenant. Je prends une
douche et reviens m’installer au salon. Je connecte une clé USB à la télé et les photos
de Perla défilent sur l’écran. J’allume une cigarette pour évacuer toute cette douleur.
D’une main je tiens la cigarette et de l’autre mon verre de cognac. Je regarde les
photos défiler jusqu’à sombrer. Je ne dors pas, juste que je me suis plongé dans mes
souvenirs. Je la vois danser devant moi avec sa belle touffe afro. Elle était du style
naturel même si elle portait des fois des perruques et se faisait des tresses.
– Terry !
Cette voix ne vient pas de ma tête. Elle est réelle. J’ouvre les yeux je sens une
présence derrière moi. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agit de
Trisha. Qu’est-ce qu’elle me veut encore ? Elle va finir par me faire sortir de mes
gongs.
– Terry s’il te plait laisse-moi rester avec toi. Tu n’as pas l’air bien. Je resterai
silencieuse si tu le veux et je ne te toucherai pas mais laisse-moi être avec toi. Je veux
juste être là pour toi. Ces derniers temps nous nous sommes rapprochés et je ne veux
pas que ça cesse. Je veux que tu continues de me voir comme il y a quelque jour.
Cette fille est folle. Si elle savait comme je la voyais elle n’aurait plus envie d’exister.
Au fait, je ne la voyais même pas. Oui j’ai été sympa avec elle mais sans plus. Je tire
un dernier coup sur ma cigarette, la jette dans le cendrier et me lève mais vraiment
énervé.
– J’ai besoin de ma femme. J’ai besoin de Perla. Et tu n’es pas elle. Tu ne le seras
jamais d’ailleurs. Ce n’est pas parce que je t’ai permise certaine chose que ça te
procure des pouvoirs dans cette maison et dans ma vie. Ce n’est pas parce que tu m’as
vu vulnérable et que je t’ai permis de m’approcher que ça fait de toi la femme de ma
vie. D’ailleurs plus jamais tu ne m’approches quand je suis dans cet état. Trisha, je n’ai
pas besoin de toi et si j’avais besoin d’aide sois sûre que tu ne fais même pas partie de
la liste des personnes vers qui je me tournerai. J’en ai plus que marre d’entendre ta
voix.
– Mais…
Merde comme cette fille peut être chiante. Je lance mon portable contre le mur et alors
qu’elle est encore effrayée je fonce sur elle. Je lui agrippe le bras et la jette dans
l’ascenseur. J’appuie sur le bouton et tourne le dos. Il faut que je dorme avant que je
ne me mette à tout casser dans cette maison. J’ai mal au crâne et cette fille commence
sérieusement à m’énerver.
Episode 16
TRISHA
Ça fait trois jours que je ne dors pas bien après ce qui s’est passé chez Terry. Oui je
voulais le laisser seul mais je n’en ai pas eu la force. Je l’aime et je veux l’aider. Je
n’aime pas le voir mal. Je sais que j’ai mal fait mais c’était plus fort que moi. Sa mère
m’a dit que c’était l’anniversaire de sa défunte femme raison pour laquelle il n’était de
bonne humeur. J’ai merdé. Vraiment merdé et maintenant je ne sais pas comment
réparer ma faute. Je veux arranger les choses mais si je vais encore chez lui je risque
de me prendre cette fois un verre en plein visage. Alors que je réfléchis à comment me
rattraper, Carine rentre dans ma chambre. Elle depuis l’épisode de l’autre jour je ne lui
ai plus adressée la parole. Elle m’a trop énervé.
– Je peux ?
– Tu es déjà rentrée Carine.
– Trisha je voudrais te demander pardon pour la dernière fois. Je sais que j’ai merdé et
j’en suis désolée. Je te promets de faire des efforts pour ne plus recommencer.
– Tu m’as déjà fait ce discours plus d’une fois. Je veux des actes concrets.
– Je t’en montrerai des actes mais pardon reparle-moi. Ça me tue que tu me boude de
la sorte. Nos conversations me manquent.
– J’ai compris.
– Tu n’es pas très convaincante.
J’arrive chez maman YOUL pour continuer la décoration que j’ai commencée hier. Il
n’y a pas trop grande chose à faire donc je crois que d’ici demain j’aurai terminé. Je
dois refaire carrément la déco du bas. Les deux salons, la terrasse et la cuisine. Je dois
aussi refaire celle de sa chambre à coucher. C’est avant-hier que les peintures ont
séchées. J’ai montré aux peintres comment peindre et quelles couleurs peindre pour
que ça se marie à ma décoration. J’ai même aidé à peindre. Comme il ne reste pas
grande chose à faire, maman YOUL m’aide et là nous sommes en train de fixer les
nouveaux rideaux. Comme à chaque fois que je décore, je n’ai porté qu’un jeans
déchiré un peu partout le long des jambes et un haut qui laisse paraitre mon nombril.
Mais je ne suis pas venue habillée comme ça. Je ne veux pas faire mauvaise
impression à la maman de l’homme que j’aime.
Elle s’en va en criant le nom de l’une de ses servantes. Mon cœur se met à battre
quand j’entends la voix de Terry. Je suis dans le deuxième salon et eux dans le
principal. Je les entends discuter et j’ai peur de me montrer. Comment est-ce qu’il va
prendre s’il me voit ? Est-ce qu’il va m’ignorer ? Je termine de mettre le grand rideau
et à pas lents me rends dans l’autre salon. Quand je vois Terry arrêté en train de
regarder la nouvelle déco mon cœur palpite. Il est juste en tee-shirt sur un pantalon
mais son élégance me fait tellement d’effet.
– Bonjour Terry.
– Bonjour.
Il reporte son attention sur la déco. Je m’apprête à retourner d’où je suis venue lorsque
sa mère vient nous demander de la rejoindre à table. Je n’ai pas envie de me mettre à
table avec lui alors qu’il m’ignore complètement. Sa mère me tire presque et nous
nous installons. Moi qui m’attendais à voir de la nourriture de blanc, je suis surprise de
voir du foutou avec la sauce graine et du riz. Je ne pensais pas qu’il mangeait encore
ça. Sa mère lui serre un petit pain de foutou et c’est encore avec surprise que je le vois
manger avec appétit, lui qui grignote quand nous mangeons ensemble. Sa mère fait la
causette avec lui et essaye de temps en temps de m’y intégrer mais je suis tellement
intimidée par lui que je parle à peine. Il ne termine pas son foutou qu’il demande un
peu de riz. Sa mère le serre encore et nous continuons à manger. Il ne me lance même
pas ne serait-ce qu’un tout petit regard. Il n’y a que sa mère qui compte. Nous
terminons et il s’en va après avoir embrassé sa mère. Je me lève dans l’intention de
débarrasser.
– Tu fais quoi ?
– Je débarrasse.
– Débarrasse quoi ? Vas lui parler avant qu’il ne s’en va.
– Mais il ne m’a même pas…
– Horr sors là-bas. Fion fion.
Elle me pousse carrément et je continue jusque dehors où je vois Terry qui s’apprête à
monter dans sa voiture. Je l’appelle et il s’arrête. C’est le cœur battant que je me
rapproche de lui.
– Euh, au fait, je voulais, m’excuser pour la dernière fois. Je… suis désolée.
– Ok.
– Tu me manques !
Il s’arrête un moment puis sans même se retourner monte dans sa voiture. Rico
démarre et ils quittent les lieux. Bon cette fois je crois que c’est clair. Notre aventure
est terminée. Je retourne à l’intérieur faire le rapport à sa mère qui m’encourage à ne
pas me décourager et qu’il reviendra à de meilleurs sentiments. Pff, pourquoi est-ce
que je ne mets à une croix sur lui une bonne fois pour toute ? Comment le puis-je
quand je l’aie déjà dans la peau ? Je suis tombée sous son charme la deuxième fois que
nous nous sommes vus. La première fois, j’ai été séduite par son élégance mais le coup
de foudre s’est produit chez lui dans son bureau quand j’étais allée lui rapporter des
pattes. L’assurance et le charisme qu’il dégageait assis derrière son bureau a tout de
suite bouleversé quelque chose en moi si bien qu’il m’est difficile de m’éloigner de
lui.
*Mona
*LYS
Je finis le boulot toute épuisée et range mes affaires. Je regarde encore mon portable
mais pas d’appel de Terry. Depuis hier que j’attends qu’il m’appelle en espérant que
notre rencontre chez sa mère n’ait pas été fortuite. Je veux être dans ses bras. J’ai juste
envie d’être dans ses bras et sentir son parfum toute la nuit. Cet homme me fait tourner
la tête. Je dis au revoir aux autres filles qui sont encore en train de ranger leurs affaires
et descends. Je sors des locaux et la première chose que je remarque c’est une voiture
luxueuse garée devant. Le temps que je me demande pour qui ça pourrait bien être, je
vois Rico en sortir et venir vers moi. Mon cœur se met à sautiller mais je ne laisse rien
paraitre. Il me salut et m’ouvre la portière arrière. Sans demander quoi que ce soit je
m’y installe et une fois qu’il l’a aussi fait nous quittons les lieux. Il y a encore les
initiales de Terry sur les sièges. Je suis supers heureuse qu’il ait envoyé son garde
venir me chercher. Je ne sais pas encore ce qu’il va me dire mais le simple fait de
savoir que je le verrai ce soir me remplit de joie. Arrivés à son appart, Rico me conduit
vers la table à manger. Terry est là, assis à un bout de table avec devant lui un verre de
vin. Je le salut et il me répond en hochant juste la tête. Il pointe ensuite l’autre bout de
table pour que je m’asseye. Il y avait déjà posée des rafraîchissements mais je n’y
touche pas. Le seul rafraîchissement que je veux ce sont ses lèvres sur les miennes. Il
reste là silencieux à tourner son verre sur la table. Il ne me regarde pas.
Je l’ai dit sans réfléchir et maintenant je me mords la lèvre. Il ne dit rien. Il continue de
jouer avec son verre sans me regarder.
– Laisse-moi essayer. Laisse-moi t’approcher, faire partie de ta vie. Je veux être avec
toi. Je sais que tu ne m’aimes pas mais je veux te conquérir.
– C’est une mission impossible.
– Je veux quand même essayer.
Je prends le risque de me lever et d’aller m’asseoir sur la chaise juste à côté de lui. Il
ne lève toujours pas les yeux vers moi.
C’est à ce moment qu’il lève les yeux sur moi. Je veux détourner les miens mais je
supporte son regard. Nous nous regardons, moi attendant une réponse et lui cherchant
à déchiffrer je ne sais quoi sur mon visage. Il se lève son verre à la main et va s’asseoir
dans son salon. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais je prends encore le risque de le
suivre. Je reste débout attendant qu’il dise quelque chose. Il vide son verre et le pose
sur la table en verre.
– Euh ok. Ça veut dire que nous… sommes ensemble, pour de vrai ?
– Si ça peut te faire plaisir de le dire.
Je souris encore plus et prend possession de ses lèvres. Cette fois je crois que c’est la
bonne. C’est sorti de sa bouche donc je suis sa petite amie. Je commence à ouvrir son
jeans.
– Les caméras.
– Je sais Ty.
Je prends son portable posé près de lui et coupe les caméras. Il veut prendre les rênes
mais je le bloque.
Il me regarde puis prend lui-même possession de mes lèvres. Le goût de ses lèvres m’a
grave manqué. C’est ensemble que nous nous jouissons. Je me repose un peu sur lui
avant de monter dans sa salle de bain avaler une pilule. Je les garde ici pour les
prendre après nos rapports. Une heure de temps plus tard, nous sommes allongés dans
sa chambre. Je me réveille et vais prendre une douche après quoi je me prépare à
partir.
– Où vas-tu ?
– Je dois rentrer. Il doit y avoir une promotion au bureau et c’est la personne qui
apporte plus de client qui l’obtiendra. Je suis déjà en tête mais je dois en rapporter
plus.
– Ok.
Il se lève à son tour pour se rendre sous la douche et reviens s’habiller de façon
décontractée. Nous descendons jusque devant l’ascenseur. Il appuie sur le bouton et je
me retourne face à lui.
– Merci de me donner une chance Ty.
– Hum. Rico va te déposer.
Je m’approche et l’embrasse.
– Je t’aime.
Il ne répond rien. J’entre dans l’ascenseur et m’en vais. Rico me dépose devant mon
immeuble et s’en va. Je me mets aussitôt au lit. Pendant que je dors, j’entends sonner.
Je regarde l’heure, il est 1h du matin. Je vais regarder dans la chambre de Carine et
elle n’est pas là. Elle a dû oublier ses clés. Mais quand j’ouvre c’est un Roger tout
saoule qui se présente devant moi. Il ne tient même pas sur ses jambes.
J’ai envie de lui claquer la porte au nez tant il m’énerve mais il est complètement
bourré et s’il erre seul dans la rue il risque de se faire agresser. Il tombe direct sur le
canapé et se met à ronfler. Je le laisse comme ça et vais m’enfermer dans ma chambre.
Je me réveille très tôt ce matin pour chercher des offres de décoration. Je vais voir
comment Roger va et il m’informe qu’il s’en va. Comme il connait la maison je le
laisse et retourne dans ma chambre prendre une douche. Ma serviette autour de ma
poitrine je me mets à me passer la pommade sur le corps. J’entends soudainement la
porte de ma chambre s’ouvrir d’un seul coup. Je me retourne et vois Roger me
déshabillant du regard.
Au lieu de sortir il rentre en laissant la porte ouverte et fonce sur moi pour
m’embrasser. Je retiens fermement ma serviette qui n’est pas bien attachée et tente de
le repousser.
– Je t’aime ma Trisha.
Je m’apprête à lui foutre mon poing dans sa gueule quand un raclement se fait
entendre. Nous sursautons et je manque de tomber à la renverse quand je vois Terry.
Seigneur que fait-il là ? Roger passe son regard de lui à moi tandis de Terry, les mains
dans ses poches garde son regard sur moi comme s’il ne voyait pas Roger.
– Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? Demande avec insolence Roger à Terry.
– Habille-toi et suis-moi !
Terry me l’ordonne sans toujours prêter attention à Roger. Seigneur dans quoi Roger
m’a mis ? Son habille-toi et suis-moi ça veut dire habille-toi et suis-moi tu vas sentir
ma colère passer ou habille-toi et suis-moi parce que je n’en ai rien à foutre de vous
deux ? Dans tous les cas ce n’est pas bon pour moi.
Episode 17
TRISHA
Je retrouve Terry en bas dans sa voiture après avoir foutu à la porte Roger sans
répondre à une de ses questions. J’ai mon cœur qui bat la chamade tant j’ai peur de ce
qui va suivre. Dès que je monte Rico démarre. J’ai même peur d’embrasser Terry. Je
ne prête même pas attention au trajet tellement préoccupée à trouver une excuse pour
ce qui vient de se passer. Je me tais donc jusqu’à ce que nous arrivions chez lui.
– Terry…
– Fais le petit déjeuner.
Oh ! Mon frère tu as les milliards, laisse-moi aller chercher pour moi aussi non. Il
prend la route de son bureau sans rien me dire de plus. Je vais donc dans la cuisine
faire le petit déjeuner. Je décide d’appeler le bureau pour leur dire que je serai en
retard. Mais à peine la secrétaire décroche qu’elle me demande comment se passe mon
rendez-vous. Je suis surprise mais joue le jeu. Elle m’informe qu’un client a appelé
pour lui signifier qu’il avait loués services pour la décoration de son bureau. C’est
toute perturbé que je raccroche. Terry me rejoins au moment même où je dispose le
petit déjeuner sur la table. Nous nous installons et je décide de briser ce silence.
Ahii laisse-moi terminer mes phrases non ! Je ravale ma phrase et change de sujet.
Wahoo ! Je n’arrive pas à le croire. Terry m’a trouvé tous ces rendez-vous pour
m’aider à avoir cette promotion. Je me lève et l’embrasse par surprise en m’asseyant
sur lui.
Plutôt que de retourner à ma place, je reste sur ses jambes et tire mon assiette devant
lui pour manger. Il ne s’en plaint pas.
J’ai bien envie de lui dire de m’appeler de temps en temps étant là-bas mais je me tais
au risque de gâcher ce moment. Avec lui il faut faire attention à tout. Paroles comme
gestes.
Il est 17h et je suis à mon dernier rendez-vous de la journée dans la résidence que la
boite de Terry a faite construire. La femme de la maison m’a parlé de ce qu’elle
voulait comme déco dans le salon principal, le salon des enfants ainsi que leurs
chambres, dans sa chambre conjugale et pour les chambres d’amis juste quelque chose
de simple et beau. Pour les chambres des enfants je lui ai proposé de faire des dessins
sur les murs comme des papillons, des étoiles qui auront l’air d’être allumées dans le
noir. Je sais aussi peindre comme je l’ai dit. Je suis calligraphe et décoratrice. Comme
le travail est plus grand, j’ai fait appel à mon staff. Si j’ai la promotion, toute mon
équipe aura une augmentation. C’est donc une bataille d’équipe. Pendant que je
montre aux filles comment le travail se fera dans les jours à venir parce que ça ne se
fera pas en un seul jour, une voix loin derrière réveille mes sens. Je me retourne et vois
Terry qui discute avec la propriétaire. Je me mords la lèvre pour camoufler ce sourire
ridicule qui s’est dessiné sur mes lèvres. Je me retourne vers les filles qui ont déjà
commencé à s’activer. J’ai envie d’aller vers lui mais je sais qu’il n’aime pas s’afficher
donc je reste sur place jusqu’à ce que je le voie sortir. Je me précipite dehors mais je
suis surprise de le voir s’agripper à sa voiture la tête baissée.
– Terry ça va ?
– Retourne travailler. M’ordonne-t-il en desserrant sa cravate.
– Bébé…
Il contourne sa voiture sans m’écouter et demande à Rico de lui laisser le volant. Il ne
peut pas conduire alors qu’il n’est pas bien. Rico rejoint la deuxième voiture et ils
sortent. La manière dont Terry démarre en trombe me fait peur. Malgré moi je retourne
travailler. Une trentaine de minute après je ne suis toujours pas tranquille. Alors que je
m’apprête à appeler Terry, mon portable sonne.
– Allô !
– « Allô mademoiselle Trisha c’est Rico. Il y a un problème. »
– Qu’est-ce qui se passe ? Je demande la peur dans le ventre.
– « Le boss a bloquée la voiture au milieu de la route. Il n’arrive plus à conduire et
refuse qu’on le touche. »
– Où êtes-vous ?
– « Sur la grande voie à la sortir du quartier. »
– D’accord j’arrive.
Sans prendre mes affaires, je sors de la maison en prétextant une urgence. J’ai du mal à
courir avec la robe que je porte. Je vois la voiture des gardes venir vers moi. Le garde
qui la conduire me fait signe et j’y monte. En moins de deux minutes nous arrivons.
Effectivement, la voiture de Terry est garée en plein milieu de la voix ralentissant les
autres véhicules et créant un petit embouteillage. Je vais vers Rico qui régule la
sécurité.
Je me dirige vers la voiture le cœur battant. Il m’a dit de ne plus l’approcher quand il
est dans cet état mais je ne peux pas rester là sans rien faire. J’ouvre la portière du côté
conducteur où il est assis. Il ne fait que répéter cette même phrase ‘‘pardonne-moi
Inès’’. Il n’est pas dans son état normal et il est tout en sueur alors qu’il y a la clim
dans la voiture. Je referme sa portière, repasse vers le côté passager et monte. Je casse
son siège pour le faire reculer et m’assois en califourchon sur lui. Je mets les phares de
détresse avant de prendre sa tête en coupe pour le forcer à me regarder mais il a l’air
ailleurs.
– Bébé, je suis là !
– Inès.
– Non c’est Trisha. C’est moi Trisha.
– Inès, poussin.
– Inès n’est pas là. C’est moi Trisha. Il n’y a que moi.
– Pardonne-moi mon poussin. Implore-t-il en éclatant en sanglot.
– Non, non regarde-moi Ty, dis-je en relevant sa tête. Regarde-moi.
Il me regarde mais j’ai l’impression qu’il ne me voit pas. Son regard est vide.
Il ferme les yeux un moment la tête ramenée en arrière puis quand il les ouvre à
nouveau, je retrouve mon homme. Il me regarde en respirant fortement. Je colle mon
front au sien pour ensuite prendre possession de ses lèvres. Il passe ses bras autour de
moi et me colle contre lui. Les vitres sont fumées même la parebrise donc nous
sommes à l’abri de tous les regards. Sans tarder j’ouvre son pantalon et m’empale sur
lui. Je bouge très lentement pour ne pas faire remuer la voiture. Il se lâche et plonge
son regard dans le mien.
– Je t’aime Ty.
– On rentre !
– D’accord.
À peine nous arrivons que Terry se met au lit. Je vais dans la salle de bain me nettoyer
et prendre une pilule. J’appelle mes collègues pour leur dire de prendre mes affaires et
les garder. Je rejoins ensuite Terry qui dort à poing fermé. Je me couche en face de lui
et le regarde dormir. Il a l’air si paisible. Je lui caresse la joue du bout des doigts en me
rendant compte d’à quel point je l’aime. Il ouvre ses magnifiques petits yeux qui
croisent les miens. Il se tourne sur son dos et me tire dans ses bras avant de replonger
dans le sommeil. Je finis aussi par m’en dormir.
Quand j’ouvre les yeux je vois Terry qui se dirige dans son dressing pour s’habiller. Il
est 20h. Il se prépare surement pour aller prendre l’avion. En me levant pour le
rejoindre je vois un paquet sur le lit mais je n’y prête pas attention. Il ferme le bouton
de son pantalon quand j’entre derrière lui.
Je l’aide à s’habiller et je retourne m’asseoir sur le lit pendant qu’il enfile sa montre. Il
réapparait 2 minutes plus tard.
– Tu vas me manquer.
– Je sais. Regarde dans le paquet.
Je récupère et paquet et une fois ouvert j’y vois un nouveau mac Apple.
– Je t’aime.
*Mona
*LYS
– « Je suis en route pour la maison. »
– D’accord. Je passe te voir ce soir. Tu m’as tellement manqué.
– « À ce soir. »
Il coupe et je reste là à sourire bêtement. Enfin il est de retour. Après une semaine
d’absence Terry est de retour. C’est dingue comme il m’a manqué. Il est déjà l’heure
de la descente et j’ai hâte de le retrouver. Alors que je continue de sourire débilement,
on vient me prévenir que le boss convoque tout le monde dans la salle de réunion.
Enfin il va annoncer la promotion. Sa femme a dû aller en voyage d’affaire donc c’est
lui qui donnera la promotion. Nous nous rassemblons tous dans la plus grande salle de
réunion. Il prend la parole aussitôt.
– Bon je ne vais pas être long parce qu’il est déjà l’heure de rentrer. Depuis un certain
moment, mon épouse et moi avions décidé d’attribuer une promotion pour le poste de
directrice du département des décorations. Ce poste inclus que la personne choisie aura
pour charge de gérer toutes les équipes de décorations et attribuer les missions aux
équipes. En gros elle sera notre adjointe à madame et moi donc elle dirigera la boite en
notre absence. Bien entendu les membres de son équipe verront leurs salaires
augmenter parce que c’est aussi un travail d’équipe. Les critères pour cette promotion
sont énumérés comme suite : avoir une grande expérience dans la décoration, avoir été
une véritable responsable pour son équipe, avoir aussi envoyé à la boite plusieurs
contrats juteux. Bref. La personne que j’ai choisie pour ce poste est…
Il se tait pour mettre le suspense mais tous regards se tournent vers moi parce qu’ils
sont tous d’accord que c’est à moi que doit revenir ce poste. Je suis la plus ancienne de
tous et je remplie largement tous les critères. Je vois même certains me faire des clins
d’œil accompagnés de sourire pour me féliciter.
Des murmurent s’élèvent dans la salle pendant que Clarisse et sa clique sautent de joie.
– Monsieur, comment pouvez-vous lui donner une promotion qui doit me revenir
normalement ? Je me plains toute rouge de colère.
– C’est toi qui va me dire comment gérer ma boite Trisha ?
– Mais monsieur…
– Tu veux me contredire Trisha ? Tu ouvres encore la bouche et je te renvoie.
Les larmes me montent aux yeux mais je les refoule. Je le regarde féliciter Clarisse le
cœur en lambeau. Celle-ci se met à me narguer. En dehors de la bande de Clarisse,
personne d’autre ne jubile. Le boss pète le champagne et j’en profite pour m’en aller.
Il a osé donner ma promotion à une autre. Je prends mon sac toujours en retenant mes
larmes et je quitte les lieux. Une fois dans le taxi je me mets à pleurer jusqu’à ce qu’on
arrive devant l’immeuble de Terry. Je m’essuie le visage et monte chez lui. Il est assis
au salon devant son ordi.
Je le vois froncer les sourcils mais je ne m’y attarde pas et monte dans sa chambre. Je
pose mon sac sur le lit et vais m’asseoir dans le bain vide. Là sans plus me retenir
j’éclate en sanglot. J’ai mal de voir que tous mes efforts pendant ces 5 années ont été
vaines. Tous mes sacrifices, toute mon énergie gaspillée. Je me suis tuée à la tâche
pour cette boite et comment on me remercie ? En donnant ma promotion à une autre.
Je pleure tellement que je me rends compte de la présence de Terry seulement quand il
s’assoit derrière moi dans la baignoire.
Terry me tire contre lui et me serre. Je pleure dans ses bras encore et encore pendant
qu’il me caresse les cheveux. C’est cette position que je finis par m’endormir.
Je me rends au boulot ce matin toute morose. Je n’avais pas envie de venir travailler ce
matin mais si je ne viens pas on coupera sur mon salaire. Je n’ai pas envie de voir la
tête de Clarisse encore dans son rôle de directrice adjointe. Je vais retrouver mon
équipe dans notre bureau et je me mets au travail. Les autres me regardent sans rien
dire mais je sens de la compassion dans leurs regards. Je leur dis que ça va et nous
nous plongeons dans nos ordinateurs. J’essaye de me concentrer lorsque Terry
m’appelle.
– Allô Ty !
– « Tu seras convoquée par ton patron. Dis oui et tu claques la porte de son bureau en
sortant. Rico t’attend en bas. »
– Hein ? Que quoi ? Allô ?
Il avait raccroché. Je n’ai rien compris à ce qu’il a dit. Mon patron va me convoquer
dans son bureau, de dire oui et de claquer la porte en sortant. Qu’est-ce que ça voulait
dire ? Je regarde en bas et vois effectivement la voiture de Terry. C’est quoi ça ? Je
réfléchis à la signification de ses mots lorsque l’assistante du patron me fait savoir
qu’il me demande urgemment dans son bureau. Les filles me regardent bizarrement. Je
vais dans le bureau et trouve un patron en colère.
– Monsieur…
– Donc c’est ça ? Gueule-t-il. Donc à cause d’une promotion tu démissionnes.
– Hein ?
– Quoi hein ? N’est-ce pas toi qui as envoyé cette fichue lettre de démission ?
Il me jette la feuille et je la ramasse pour la lire. Ahii, depuis quand j’ai démissionné ?
Les mots de Terry me reviennent aussitôt. Seigneur dans quoi Terry est en train de me
mettre ?
Episode 18
TERRY
– Terry tu m’expliques ?
– Tu as fait ce que j’ai dit ?
– Oui même si je ne crois pas avoir été convaincante. Alors tu m’expliques ?
– Assieds-toi !
Elle s’assoit et je demande à mon assistante d’apporter des amuses bouches pour
Trisha. Elle s’exécute et ressors.
– Terry je veux que tu m’expliques ? C’est le seul travail que j’aie et tu viens de me
faire démissionner sans même que moi je sois informée.
– Soit l’homme soit la femme va te rappeler.
– Ca n’explique rien.
– D’après ce que tu m’as dit tu leur es précieuse. Alors ils vont te rappeler.
– Le patron avait l’air en colère et il m’a même dit qu’il n’en avait rien à foutre de
mon départ.
– Ce n’est pas ce qu’il pense. Il est trop fier pour te dire ce que tu représentes.
– Mais…
Elle est interrompue par la sonnerie de son portable. C’est son patron. Elle veut
décrocher mais je l’en disconviens. Elle s’entête alors je lui prends son portable.
– Mais Ty.
– Fais-toi désirer.
– Allô monsieur.
– « Reviens au bureau qu’on trouve un arrangement. Tu ne peux pas quitter la boite
comme ça surtout que ma femme n’est pas là. Elle n’appréciera pas que tu sois partie
sans l’avertir. »
– Elle le sait déjà.
– Mais…
– Il rappellera et tu lui diras non.
– Terry c’est mon travail.
– Tu me fais confiance ?
– Euh oui. Répond-t-elle alors que son portable se remet à sonner.
– Ok. Décroche et dis non.
Elle décroche.
– Que me vaut l’honneur de votre visite monsieur YOUL ? Vous avez besoin de nos
services ?
– Non, je réponds sèchement les yeux cachés derrière mes lunettes de soleil. Je vais
être bref.
Je pose devant lui le dossier avec lequel je suis venu. Il le prend et commence à
l’inspecter.
Je sors en lui laissant les photos de lui et cette jeune fille qu’il a promue à la place de
Trisha. On les y voit s’embrasser et entrer dans un hôtel accroché l’un à l’autre. J’ai
fait mes recherches sur lui et sa boite et ce que j’ai découvert n’a rien à avoir avec les
dires de Trisha. La boite gagne plus qu’il ne le fait croire à sa femme et aux employés.
Sa femme l’ignore parce que c’est lui qui gère le côté financier de leur boite. Il
escroque sa propre femme, c’est donc normal qu’il malmène les employés. Je retrouve
dans mon bureau Trisha assise dans mon siège derrière mon bureau. Quand elle me
voit elle me fixe attendant ma réaction. Je referme la porte et vais m’asseoir dans le
salon.
Je la tire devant moi et commence à l’embrasser. Je la soulève contre la vitre pour lui
faire l’amour. Elle n’est plus que gémissement. Quand nous finissons elle sort la
première après avoir pris sa pilule. Je la rejoins dans la chambre en conversation
téléphonique. Elle raccroche complètement perdue et heureuse à la fois. Je regarde
l’heure sur la veilleuse, il est à peine 18h.
*Mona
*LYS
Il est 23h maintenant et je suis plongé dans le travail dans mon bureau. Trisha s’est
endormie après avoir passée toute la soirée devant la télé. J’ai bloquée la caméra de la
chambre sur elle pour la surveiller. Disons que j’ai pris pour habitude de la regarder
dormir. Je dessine un nouveau croquis d’hôtel qu’un partenaire vivant en France veut
faire construire ici. Malgré que j’aie des employés pour ce travail, j’aime aussi
dessiner les croquis. Je suis architecte et il n’y a rien de plus normal. Un cri de Trisha
me provient subitement me faisant lever la tête pour mieux prêter l’oreille. Je
n’entends plus rien mais je regarde quand même la caméra dans mon portable. Mon
sang se glace quand je vois une personne en noir lutter avec elle sur le lit. J’appuie sur
le bouton en dessous de mon bureau pour alerter mes gardes et fonce en haut en
sautant les marches 4 par 4. Quand j’arrive dans la chambre je vois la personne sur elle
le pantalon descendu sous les fesses. Il lui tient la bouche pour l’empêcher de crier
alors qu’il fait des vas et viens entre ses cuisses. Sans réfléchir, je bondis sur lui. Nous
tombons tous les deux par terre de l’autre côté du lit. Je me mets à le cogner avec rage
après lui avoir retiré sa cagoule. Voir son sexe à l’air me fait péter encore plus les
câbles. Il a osé toucher Trisha. Bordel, je risque de le tuer si personne ne vient. Trisha
continue de pleurer sur le lit. Le visage du type est à sang lorsque Rico apparait avec
deux gardes. Rico me fait lever sur le type et les autres le font sortir. Je les suis
jusqu’en bas. J’ai la rage. Il a osé s’introduire chez moi.
Je me retourne vers la voix derrière moi pour voir Trisha qui apparemment s’est
reprise.
– C’est moi qui ai oublié de mettre les codes après être sortie me chercher des unités.
– Quoi ?
– Je suis désolée, j’avais oublié.
– Oublié ? Tu te rends comptes que tu as mis nos vies en danger à cause de tes
satanées unités ?
– Je suis…
– TU NE RÉPONDS PAS QUAND JE PARLE ! (Elle sursaute) Je t’ai dit de ne pas
toucher à mes affaires, de ne rien déplacer ni placer mais toi comme toujours tu me
désobéis. Pour qui tu te prends à la fin ? Par ta faute quelqu’un s’est incrusté chez moi
chose qui n’était jamais arrivé. JAMAIS !
Je ne l’écoute pas et vais monter dans l’ascenseur avec mes gardes et le bandit. Nous
arrivons devant l’appartement où il vit et dès qu’une femme ouvre Rico le jette à
l’intérieur.
– Vous avez 48h pour dégager de mon immeuble. N’espérez pas que je vous donne 5
FCFA. Estimez-vous même heureux que je ne fasse pas enfermer votre fils.
Je remonte chez moi au même moment que Trisha descend les escaliers avec son sac à
main. Elle a le visage rempli de larme. Je la dépasse sans un regard et vais m’asseoir
dans le salon. Il faut que je me calme. Un jeune s’est introduit chez moi et le pire c’est
qu’il a touché Trisha. Il l’a surement violée. Ça me rend malade de repenser à
comment il bougeait entre ses jambes. Putain qu’est-ce que je viens de faire ? Elle
s’est peut-être faite violer et moi tout ce que je trouve à faire c’est de lui crier dessus et
de la foutre à la porte de chez à une heure tardive. Quel con je peux être souvent ! Quel
parfait con je suis ! Je me précipite dans l’ascenseur pour aller la retrouver. Ils doivent
encore être dans mon packing. Je vois effectivement quand j’arrive en bas Rico qui
referme sa portière après qu’elle se soit installée dans la voiture. Quand celui-ci me
voit il s’éloigne. J’ouvre la portière d’une main en glissant l’autre dans ma poche. Elle
pleure toujours. Je me maudis à ce moment. Je la fais ressortir en lui prenant la main.
Je la serre contre moi pour la calmer et elle s’agrippe à moi comme sa vie dépendait de
ce câlin. Elle continue de pleurer et je me maudis à nouveau. Quel con tu peux être
Terry ! Je relève sa tête et pose délicatement un baiser sur ses lèvres. Ça a pour don de
la calmer directe. Je la soulève telle une nouvelle mariée et remonte avec elle jusque
dans ma chambre. Je la pose encore délicatement sur le lit et reste couché sur elle. Etre
dans cette position me rappelle que ce fils de merde y était il n’y a pas si longtemps. Je
ferme les yeux et baisse la tête. Elle la relève et m’oblige à la regarder.
– Bébé il ne m’a rien fait. Il y avait le drap entre nous et tu es venu avant qu’il ne
l’enlève.
– Mais il t’a touché.
– Ca n’a pas d’importance. Je suis à toi Ty. Mon corps est à toi. Marque-moi bébé.
Enlève ses empruntes sur moi et mets les tiennes.
Elle tend son bras vers le tiroir et en sort le paquet de préservatif. Elle sort un qu’elle
m’enfile sans me quitter des yeux.
– Marque-moi Ty.
Une larme perle de son œil à son oreille. Avec mon pousse je l’essuie et prends
possession de ses lèvres tendrement. Je me surprends à chaque fois à être tendre avec
elle sans vraiment l’avoir programmé. Elle retrousse elle-même sa robe en me disant
sans cesse de la marquer. Je saute les préliminaires et la pénètre. Je la regarde en lui
faisant l’amour lentement mais vigoureusement. Cet échange de regard pendant que
nos corps s’unissent change quelque chose en moi.
À force de tout le temps l’entendre me dire qu’elle m’aime, je finis par apprécier cette
phrase. Elle continue de répéter cette phrase entre deux gémissements les yeux dans
les yeux jusqu’à ce qu’ensemble nous atteignions le sommet du plaisir.
– Ton corps m’appartient Trish. Il m’appartient.
Episode 19
TRISHA
Je suis heureuse. Super heureuse. Depuis cette nuit il y a deux semaines, Terry est
devenu plus doux avec moi. Il est plus détendu, plus à l’aise et se plaint moins. Il me
laisse faire des choses qu’il ne me permettait pas avant. Je peux même lui demander
d’arrêter de travailler pour qu’on passe du temps ensemble et il le fait. Mais bon je
continue de faire attention à ce que je fais et dis. Faudrait pas que je dépasse les
limites. Je suis heureuse et quand j’ai informé maman YOUL de cette évolution, elle a
jubilé. Elle rêve que son fils refasse sa vie. J’aime cet homme et même si ça me fait
peur, je veux passer le restant de ma vie avec lui. Je veux devenir sa femme. Pas à
cause de sa fortune, pas à cause du prestige, mais parce que je l’aie dans la peau. Je
prends dans mon dossier deux petits post-it de couleurs différentes et rentre dans le
bureau de Terry qui travaille depuis ce matin.
– Bébé tu préfères jaune poussin ou jaune soleil ? Je demande en lui montrant les deux
post-it.
– Trish prends celle que tu veux. Toutes les façons c’est la même couleur.
– Non ce n’est pas la même. Regarde bien.
– Trisha !
– Ok d’accord jaune poussin. J’espère que la mère va aimer.
– Tu ne m’as toujours pas donné ton business plan. Fait-il savoir toujours concentré
sur son ordi.
– Je sais, c’est juste que je n’ai pas envie de faire un business alors que je n’ai pas les
fonds nécessaire.
– Qu’as-tu fait des 1,5 millions ?
– J’avais des dettes. Dis-je en baissant les yeux.
– Les dettes de ton amie ou les tiennes ?
– Elle n’a personne Ty et je me dois de l’épauler comme elle l’a fait avec moi.
– Ok. Mais tu devrais lui faire prendre conscience qu’elle n’est plus une gamine pour
enchainer bêtise sur bêtise. Elle est alcoolique et elle a besoin de se faire soigner dans
un centre.
– Je sais mais quand on aura les moyens pour ça je l’y obligerai.
– Je peux le faire.
– Je ne veux pas dépendre de toi.
– Ok. Bon combien tu as maintenant avec le contrat que tu as eu cette semaine ? Me
pose-t-il la question en s’adossant dans son siège.
– Euh disons 300.
– Avec 300 000 FCFA tu peux te louer un local.
– Pour quoi faire ?
– Créer ta propre boite de déco.
– Quoi ? Moi ? Non je n’en suis pas capable. Ça demande trop de responsabilité et je
ne me sens pas prête.
– Donc tu as prévu rester comme ça à attendre les petits contrats ?
– Non, j’ai déposé des dossiers un peu partout et j’ai fait des annonces sur Facebook
pour proposer mes services.
– Et moi je te dis qu’avoir une adresse rendra tes annonces plus professionnels
contrairement à si tu restes chez toi à attendre qu’on t’appelle. Tu ne feras jamais
connaitre si tu restes dans l’ombre. Loue une salle, installe ton bureau et continue de
faire tes annonces. Tu attireras plus de client.
– Tu n’as pas tort mais je ne peux pas installer mon bureau avec seulement 300 000
FCFA. Ça c’est une caution.
– Allons que je te trouve un bon local à un bon prix.
– Terry !
– Ce n’est pas moi qui vais payer.
Il veut se lever mais je bondis de mon siège et vais m’asseoir en califourchon sur lui.
Je possède à nouveau ses lèvres et m’empale sur lui. C’est partie pour un tour au
septième ciel.
Nous entrons dans un local pas très grand mais qui je pense fera l’affaire. Mais j’ai
peur pour la caution et le loyer. L’endroit est vraiment très beau.
Je me tais quand je vois qu’il ne cesse de regarder Terry. Je regarde la porte et le style
me fait comprendre une chose. Je me tourne face à Terry.
Il termine sa phrase avec un baiser sur mes lèvres avant d’aller rejoindre le type. Je me
mordille la lèvre en souriant. Argh j’adore quand il m’appelle Trish. C’est comme ça
depuis l’autre nuit. Terry discute avec le type pendant que moi j’inspecte la salle pour
voir comment je vais disposer les choses. Terry vient me faire signe que tout est bon.
Pendant ce temps je discute au téléphone avec une cliente qui veut me voir
aujourd’hui. Elle m’informe qu’elle a appelé à la boite pour demander mes services
mais on lui a fait savoir que j’avais démissionné. Comme elle avait mon numéro elle
m’appelle pour que je vienne décorer la chambre de son bébé à venir. Terry me dépose
chez elle et s’en va. Je travaille en solo comme me l’a conseillé Terry. Ma patronne,
ou du moins mon ex patronne m’a appelé pour me demander de revenir mais j’ai
refusé. Je préfère être indépendante.
Je retourne chez Terry en taxi et dès que j’arrive j’entends un bruit provenant de son
bureau. J’y coure et quand j’entre, je vois un grand désordre. Son ordi jeté par terre
avec des dossiers, des verres brisés et lui qui tourne en rond dans une colère sans nom.
Je me rends compte de la présence du même policier de l’autre jour quand Terry fonce
sur lui avec son arme en main. Rapidement je me place devant lui et le policier prend
ses jambes à son cou.
Et il fracasse son portable contre le mur. Je fais un pas vers lui au même moment il fait
volteface et projette d’un revêt de la main le verre qu’il avait posé sur son bureau. Je
sursaute en hurlant. Je crois que c’est à ce moment qu’il se rend compte de ma
présence.
– Terry…
– Toi tu dégages de mon bureau.
– Bébé…
– MERDE TU VEUX AUSSI SENTIR MA COLÈRE ?
Il prend une bouteille et la fracasse contre le mur. Je prends peur et sors. Je l’entends
hurler et casser encore quelque chose. À cette allure il va finir par se faire mal. Une
lutte commence à l’intérieur de moi. Je veux rentrer essayer de l’apaiser mais en même
temps je sais que lorsqu’il est en colère mieux vaut le laisser digérer seul. Mais je ne
veux pas qu’il se fasse mal. Il faut qu’il apprenne à se maitriser. Il faut que j’essaie de
le maitriser. J’ai réussi avec ses hallucinations donc je le peux aussi avec ses crises de
colère. Bon c’est vrai que c’est différent mais je dois quand même essayer. Je compte
jusqu’à trois, souffle et retourne dans son bureau mais je vois direct un verre voler
dans ma direction. Je passe sur le côté en poussant un cri. Je le regarde avec peur. Il est
vraiment déchainé. Je vois du sang couler sur ses poings. Il faut que j’essaie. Je me
souviens qu’il n’aime pas être contredit alors je joue la carte du silence. Je le vois
soudainement se diriger vers la commode où sont disposés les verres surement pour en
prendre d’autres à casser. J’en profite pour aller vers lui rapidement en évitant les
éclats de verres par terre et par surprise serre son dos contre mon torse. Je ferme les
yeux, serre les dents ainsi que mes mains comme une ceinture sur son buste.
Il essaye de dégager mes bras mais je les serre encore plus fort. Mes seins me font mal
tant ils font pression sur son dos. Je ne desserre pas mon emprise pour autant. S’il
réussit à les enlevés je suis foutue donc là je joue le tout pour le tout. Ça passe ou ça
passe. Il n’y a pas de ça casse ici. J’ai qu’une seule option, réussir à faire passer sa
colère. À la base c’est censé être un câlin pour lui dire que je suis là pour lui. J’espère
qu’il le comprendra. Plus il lutte pour séparer mes bras plus je les serre et me colle à
son dos. Il est supers fort mais mon amour pour lui est encore plus fort que sa colère.
Alors que je suis toujours serrer contre lui à lutter, je sens ses épaules s’affaisser d’un
coup. C’est fini ? Ou c’est un piège ? Je ne desserre pas mes bras autour de lui.
J’attends qu’il fasse quelque chose. Il fait un pas vers son bureau et s’y appui les deux
bras posés dessus. Sa respiration commence à avoir une cadence normale au fur et à
mesure.
J’ai gagné ? Je ne pensais même pas y arriver. Je desserre mes bras très lentement et
les passes le long de son corps en faisant de petites caresses. Il soupire d’aise et j’ai
l’impression qu’il lâche toute sa résistance, sa colère. Lentement il se retourne face à
moi et me regarde avec douceur. Il n’est plus en colère. J’appuie sur son cou pour
l’inciter à baisser sa tête et je colle nos fronts.
– Je suis là Terry.
Il passe ses bras autour de moi et me serre contre lui en fondant ses lèvres sur les
miennes. Je le pousse lentement jusqu’au divan dans le petit salon et l’y faire asseoir.
Nos fronts se collent à nouveau après que je me sois assise sur lui.
Nous nous embrassons pendant un bon moment avant de faire l’amour dans cette
même position. J’ai réussi à dompter sa colère. C’est un autre grand pas vers son cœur.
Nous sommes maintenant à table pour le diner. J’ai voulu rentrer à la maison mais
Terry m’a demandé de passer la nuit ici. Ça m’a fait plaisir.
– Tu as un autre contrat. Cassie, la femme de mon ami Léo veut que tu refasses la déco
de leur chambre conjugale et ceux de leurs enfants.
– Ok. Où est-ce qu’ils vivent. ?
– Quand vous aurez fixé un rendez-vous fais-moi signe pour que Rico aille te déposer.
– D’accord.
Chose dite chose faite. Rico revient avec une femme alors que nous nous rendons au
salon. Dès que les yeux de Terry tombent sur la femme il se crispe. On aurait dit qu’il
a vu un fantôme. Je tourne la tête vers la femme et quelque chose me frappe. Elle
ressemble comme deux gouttes d’eau à la défunte femme de Terry. Je vois tellement
ses photos dans cette maison qu’il m’ait difficile de ne pas remarquer la ressemblance.
Elle reste là à regarder Terry qui lui ne bouge toujours pas.
– Perla ?
Episode 20
TERRY
Sa sœur jumelle. Oui je savais que Perla avait une sœur jumelle mais elle avait perdu
tout contact pour une raison qu’elle-même ignorait. Comme je ne dis toujours rien,
Trisha invite Carla à prendre place au salon. Elle lui offre même à boire avant de
s’asseoir près de moi.
– Bon, commence Trisha, je pense qu’il se fait tard. Mieux vaut se reposer et reparler
de tout demain.
– D’accord, approuve Carla. Je vais donc aller me chercher un hôtel.
– Je pense qu’il est préférable de passer la nuit ici et demain je te conduirai à l’un de
mes hôtels.
Je me lève pour me rendre dans ma chambre. J’entends Trisha demander à Carla de la
suivre. Je reste arrêté au milieu de ma chambre à réfléchir. Je me sens troublé par la
présence de Carla. Elle est la copie conforme de ma femme et la voir me la rappelle.
J’aime toujours ma femme et je crains retourner ce sentiment sur elle. Non je ne crois
pas que ça puisse arriver. Je n’étais jamais tombé amoureux avant Perla et je ne suis
plus tombé amoureux après elle. Je crois que je suis juste sous le choc.
– Terry tu m’écoutes ?
Je me rends compte de la présence de Trisha derrière moi. Sans lui répondre me rends
dans mon dressing pour me changer. Elle m’y suit.
– Ça va ?
– Oui !
– Tu veux parler ?
– Non !
– Ok.
Elle ne dit rien jusqu’à ce que nous nous mettions au lit. Alors que mon esprit est
encore troublé je sens le baiser sensuel de Trisha sur mes lèvres. Sa main glisse dans
ma culotte. Je la repousse.
*Mona
*LYS
Je descends après m’être préparé à sortir. Trisha est partie très tôt pour un rendez-vous.
Je retrouve Carla qui prend son petit déjeuner. Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit. Je
n’ai fait que penser à ma femme. Revois sa sœur a réveillés tous mes souvenirs avec
elle.
– Bonjour, dit-elle en se levant. C’est Trisha qui m’a permise de prendre le petit
déjeuner.
– Ce n’est pas grave.
– Vous sortez ?
– Oui. Attendez mon retour avant de vous en aller.
– D’accord.
Je me rends chez ma mère pour lui parler. Elle est la seule à qui je me confie
réellement. À elle je peux tout dire même si je ne le fais pas constamment. Elle pourra
me dire comment réagir face à cette situation. Je me sens un peu à la ramasse et je
n’aime pas ça. J’aime avoir le contrôle sur tout.
Je soupire et me lance dans un récit en évitant d’être long. Je déteste parler beaucoup.
– Mais tu es comme ça pour quoi ? Terry faut pas me dire que tu aimes la jumelle-là
hein ?
– Non ce n’est pas ça. C’est juste que je suis un peu bizarre de voir la photocopie de
ma femme.
– Perla n’est plus ta femme Terry. Tant que tu n’as pas accepte ça tu peux pas aller à
l’avant. Tu as bloqué dans ta tête que Perla est ta femme c’est à cause de ça tu ne veux
pas sortir avec une autre femme. Et Isha ?
– Quoi Trisha ?
– Comment ça quoi Tisha ? Tu sors avec elle non ?
– Je n’ai pas envie de parler d’elle pour le moment. Ce n’est rien de vraiment
important.
– Eh YOUL faut pas me faire pleurer la fille-là ici hein. Si tu sais que tu ne veux pas
aller loin avec elle dépose-là tout près ici en même temps. Elle t’aime oh.
– Maman je te parle de Carla.
– Mais moi je m’en fou de Carla. Eugueuleu je la connaisse où ? Moi je te parle de ma
Isha. Faut tout faire mais faut pas casser son petit cœur. Elle est fagilise.
– Fragile.
– Han tu as compris. La Carla ou Sara là elle est la sœur de ta femme qui est morte
point c’est fini. Elle t’a vu elle naka retourner chez elle.
– Pourquoi tu te braque contre elle ?
– Je n’ai pas braqué contre elle. Façon tu es venu avec ton visage façon-là je sais que
ça va créer palabre entre toi et ma fille.
Je soupire. Ma mère a déjà pris son partie à ce que je vois. Moi je viens lui demander
une solution et elle me menace carrément de ne pas faire de mal à SA fille. Je la laisse
parler encore une trentaine de minute et rentre à la maison. Je vois Carla assise au
salon avec des photos en mains.
– Oh tu es rentré ? Je regardais les photos de moi et Perla.
En une phrase je lui dis le nécessaire sur comment était Perla avant de changer de
sujet.
*Mona
* LYS
L’alcool commence à faire son effet. Je crois même que j’y suis allé un peu fort.
J’étais en train de travailler lorsque plein de souvenirs ont refait surface tout d’un
coup. Parler de Perla avec sa sœur ne m’a pas vraiment aidé. Elle me manque encore
plus. Je pose le verre sur le guéridon et entreprends d’aller dans ma chambre dormir.
Mais dès que je sors de mon bureau je manque de tomber et des bras me retiennent. Je
lève les yeux vers ce visage qui me rappelle tant ma femme. Non je crois que c’est elle
là devant moi.
Je m’agrippe à elle jusqu’à ma chambre où je me laisse tomber sur mon lit. Elle me
déchausse et m’aide à bien m’allonger.
C’est sa voix. C’est la voix de ma Perla. J’ouvre les yeux et vois son visage au-dessus
du mien.
– Perla !
– Oui !
– Tu me manques !
– Je suis là !
Je ne sais ni comment ni à quel moment nos lèvres se sont rencontrées. Nous nous
embrassons avidement et tous mes moments avec elle passent en boucle dans ma tête.
Je la serre encore plus contre moi et approfondis le baiser. Elle gémit. Comme ça m’a
manqué de l’entendre gémir. Mes doigts parcourent son corps. Il m’a aussi manqué ce
corps. Je veux la renverser pour prendre le dessus mais elle m’en empêche.
Je sens mes habits me quitter puis mon corps nu être parcouru de baisers. Après 8 ans
je vais faire l’amour à ma femme. Ma femme ! Ma perla ! Comme elle m’a manqué.
J’ouvre les yeux un à un avec une atroce migraine. Je grimace et en me levant mon
bras touche un corps près de moi. Je me tourne espérant voir Trisha mais je tique
quand je vois Carla couchée toute nue. De petits flashs de la nuit me reviennent et je
lance en juron. J’ai couché avec elle ? Merde comment cela a pu arriver ? Je
commence à me maudire. Il faut qu’elle sorte de ma chambre avant que Trisha ne
vienne. Je déteste les crises de jalousie et pour ça je dois éviter qu’elle tombe sur cette
scène. Je m’habille et descends. Rico fait aussitôt son entrée.
– Bonjour Boss.
– Bonjour Rico.
– Il y a monsieur BENTALA qui a appelé pour vous informer que son détective sera là
ce soir.
– Ok quoi d’autre ?
– Euh, il y a mademoiselle Trisha qui était là ce matin. Elle est partie aussitôt qu’elle
est montée.
– Elle est montée ?
– Oui monsieur.
– Ok tu peux t’en aller.
Je me passe la main sur la tête. Est-ce qu’elle nous a vus ? Je vais dans mon bureau
regarder l’enregistrement des caméras de surveillance. Je rembobine et vois
effectivement qu’elle était là. Elle est même arrivée dans la chambre mais est repartie
quand elle nous a vus dans le lit. Je retrouve Carla qui est maintenant debout.
Je vais prendre ma douche sans lui répondre. Je m’habille dans mon dressing alors
qu’elle est toujours dans la chambre. Quand je l’y retrouve elle est encore assise dans
le lit.
– Terry…
– N’oublie pas de prendre les draps et les coussins pour t’en aller. Je ne veux aucune
trace de toi.
Je sors en la laissant la bouche ouverte. Ce qui s’est passé est une grave erreur et ça ne
se reproduira plus. Rico me conduit chez Trisha qui ne décroche à aucun de mes
appels. Je cogne à sa porte et c’est son amie qui vient ouvrir.
– Bonjour.
– Bonjour. Répond-t-elle un tournant un regard neutre sur moi.
Je reste là silencieux sans savoir quoi lui dire. Je n’ai pas pour habitude de m’excuser
encore moins envers une femme. Elle se lève et se place devant moi.
– Je vais te faciliter la tâche Terry. Tu peux rester avec l’autre et tu n’as pas besoin de
me donner d’explication. De toutes les façons tu ne m’as jamais dit que tu voulais
qu’on sorte ensemble. C’est moi qui aie forcé la chose et aujourd’hui je me retire. Tu
n’auras plus à me supporter. (Ses larmes se mettent à couler) Tu as couché avec elle
alors que nous sommes censés être ensemble. Pourquoi tu as fait ça Terry ? Parce
qu’elle ressemble à ta défunte femme ? Donc tu coucheras avec toutes celles qui lui
ressembleront ? Tu as fait l’amour dans ce même lit où toi et moi partageons nos
moments chaque jour. J’ai décidé de supporter ton caractère avec toutes les crises qui
vont avec. J’ai ravalé ma fierté en te laissant me crier dessus quand l’envie t’en
prenait. J’ai supporté tout ça et j’étais prête à le supporter encore mais te voir coucher
avec une autre, ça je ne le peux pas. C’est au-dessus de mes forces. Ça m’a mis le
cœur en miette de vous voir tous les deux dans ce lit. (Elle essuie ses larmes) Je crois
que j’ai assez supportés les infidélités des hommes comme ça. J’ai atteint mon quota
avec Roger donc là c’est bon. Tu m’as permise de faire partie de ta vie et maintenant je
te laisse tranquille. J’en ressors comme j’en suis rentrée. Ne t’inquiète pas, je n’ai pas
l’intention de salir ton image en divulguant des informations privées sur toi. Tu peux
maintenant t’en aller.
Elle finit son monologue et reste devant moi à me fixer. Je ne sais toujours pas quoi lui
dire. J’affaisse mes épaules et dans le silence sors de chez elle. Ses paroles m’ont un
peu fait mal je vais l’avouer. Elle a dit qu’elle me laissait tranquille mais moi je n’ai
pas envie qu’elle me laisse tranquille. Surtout pas maintenant que je me suis habitué à
sa présence dans ma vie.
Episode 21
TRISHA
Il ne faut pas que je pense à Terry. Il ne faut pas que je pense à Terry. Je ne cesse de
me répéter cette phrase depuis trois jours maintenant. Trois jours que j’ai mis fin à
notre ‘‘relation’’. Je me demande si c’était la meilleure décision. Peut-être que j’aurais
dû juste fermer les yeux sur ce que j’ai vue. Non je n’aurais pas pu. J’ai senti quelque
chose se briser en moi quand je les ai vus les deux couchés dans le lit. Ils avaient
dormis ensemble ce qui veut dire qu’ils ont couché ensemble. Elle avait même les
seins à l’air. J’ai eu tellement mal que je n’ai fait que pleurer tout le trajet retour pour
chez moi. Il a couché avec une autre, tout simplement parce qu’elle ressemble à sa
défunte femme. Peut-être qu’il l’aime aussi vu comment il est toujours autant
tourmenté par sa femme. Peut-être que maintenant que j’ai dégagé le planché ils se
sont mis ensemble. Je ne veux même pas y penser. Cette image des deux m’a rappelé
celle que j’avais vue de Roger avec mon ancienne meilleure amie. Je les ai trouvés en
train de faire plus que du porno dans ce qui était ma cuisine autrefois puisque je vivais
avec lui. Ils ne m’avaient pas vite vu donc j’ai passé près de 5 minutes à regarder leur
ébat. On dirait que je regardais un film porno tellement ils prenaient des positions que
moi-même je n’avais jamais faites. Je ne regardais pas pour le plaisir. J’étais juste dans
un état second si bien que je n’arrivais plus à bouger. C’est le bruit qu’a fait mon sac
en tombant par terre qui m’a fait voir. C’est même à ce moment que je suis revenue à
moi. J’ai fait la première chose qui m’était passée par la tête. J’ai fui comme si c’est
moi qui étais en erreur. Bref je ne veux plus y penser.
J’ai rendez-vous aujourd’hui avec Cassie. J’arrive chez elle avec le chauffeur qu’elle a
envoyé me chercher. Sa maison est waho. De quelle déco a-t-elle encore besoin ? Tout
est magnifique. Je la rejoins au salon et constate qu’elle n’est pas seule. Elle est avec
Béca si je ne me trompe pas. Je salut et c’est avec le plus grand des sourires qu’elles
me répondent. Ça me relaxe un coup. Cassie m’apporte un rafraîchissement.
– Ko grande dame, réussi à dire Béca entre ses rires. Tu penses que nous sommes
riches ? Ce sont nos maris les bosses. Nous ils nous ont juste ramassées dans la boue
par amour. De la manière Ty t’a pris c’est comme ça qu’ils nous ont pris. Nous avons
juste eue la grâce d’être tombées sur eux.
– Mais ça ne nous empêche pas de savoir d’où nous venons. Ajoute Cassie. Bref avant
de commencer le travail, dis-nous comment tu as fait ?
– Quoi ?
– Pour avoir Ty ? Complète Béca.
– Disons que je ne l’ai pas. C’est juste pour… vous voyez un peu. Enfin c’était juste
pour ça.
– Vous n’êtes plus ensemble ?
– Non Cassie.
– Et puis tu vas le laisser partir comme ça ? S’étonne Béca. Tu sais combien de fille
rêve de ne serait-ce même mettre les pieds chez lui ? Toi tu vas chez lui, tu touches à
tout, tu le touches même lui et tu dors dans son lit. Mamie tu es dans le livre des
records. En 8 années depuis la morte de Perla c’est la première fois que ça arrive.
– Et je suis prête à parier que si tu t’en vas ça n’arrivera plus, termine Cassie. Ty aime
qu’on le force. Il ne te dira jamais qu’il t’aime ou qu’il a besoin de toi dans sa vie.
C’est donc à toi de savoir lire entre ses faits et gestes. Nous même au début il ne
voulait pas qu’on le touche, genre je ne salut pas les gens. Est-ce qu’on l’a calculé
même. Quand on le voyait net on lui faisait des accolades. Il se tendait au début mais il
a fini par s’habituer et aujourd’hui nous sommes les seules femmes à part sa mère dans
le monde entier à lui faire des accolades. Ma chérie fait toujours le premier pas avec
lui ça ne va pas te tuer.
– Aka tu as eu un bon morceau et tu veux le laisser à cause de la jumelle pacotille ?
– Comment vous le savez ? Je demande surprise.
– Donc toi tu ne sais toujours pas qu’il fait partie de la bande de nos maris et qui dit
nos maris dit nous, répond Cassie. Ma chérie attache ton kéïwa (corde au rein) et
agrippe-toi à ta chose. En tout cas nous on a déjà accepté ta candidature dans notre
bande.
– Mercie. Dis-je en souriant.
– Bon on va commencer le travail sinon on ne va pas quitter ici. Je veux que tu
refasses la déco des chambres de mes 3 enfants et notre chambre conjugale. Quels sont
tes modèles ?
*Mona
*LYS
Je suis réveillée en sursaut par la sonnerie de la maison qui ne fait que retentir. Il est
23h bon sang ! Je vais voir dans la chambre de Carine si elle est là. Elle dort aussi. Je
me demande bien qui peut venir à cette heure chez les gens. J’espère que ce n’est pas
Roger qui veut me faire le même coup de l’autre jour. Je regarde pas le juda et vois le
gabarit de Rico devant la porte. Je suis surprise en même temps inquiète. S’il est là
c’est que c’est en rapport avec Terry.
Hallucination. Il n’ose pas le dire. Je lui demande de patienter que j’aille me changer.
J’enfile une longue robe et rejoins Rico. Nous nous mettons tout de suite en route.
Quand nous arrivons, c’est un grand bruit venant du bureau de Terry qui nous
accueille. Pauvre bureau. Il est détruit puis arrangé puis détruit puis encore arrangé.
J’entre doucement dans le bureau et vois Terry tourner sur lui-même. Ses mains sont
en sang. Je tique quand je l’entends murmurer mon nom. C’est moi qu’il appelle ? Il se
tourne subitement et cogne dans le mur en hurlant. Je me retiens de hurler. Je dois
prendre une voix rassurante.
Il se tourne direct vers moi. Plusieurs expressions traversent ses yeux. La surprise de
me voir, l’apaisement puis le soulagement. Il me fixe sans rien dire mais je le sens plus
calme. Je m’approche lentement de lui et prends son visage en coupe.
Il glisse aussitôt ses mains sous ma robe et retire mon dessous. Sans perdre de temps, il
commence à me faire l’amour.
*Mona
*LYS
Je termine de m’habiller en même temps que Terry qui porte à son poignet sa Rolex.
Ce soir nous devons sortir diner avec ses amis. C’est la première fois depuis que nous
sortons ensemble qu’il m’invite à diner dehors et en plus avec ses proches. Au moins
ça montre qu’entre nous c’est du sérieux. Je suis heureuse de sortir diner avec lui mais
j’ai un petit souci.
Nous arrivons enfin vers ses amis qui étaient apparemment en pleine discussion. Ils
nous accueillent chaleureusement et nous prenons place.
Cette conversation me détend. C’est dans cette bonne ambiance que le diner se
déroule. Tout le monde parle et rigole sauf Terry. Je le sens d’ailleurs tendu depuis la
maison quand nous nous préparions à venir.
Je vois les autres rigoler aussi et j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose que je
ne sais pas. J’ai l’impression qu’ils se parlent en code. Je regarde Terry qui est encore
plus tendu. Ça n’a rien à avoir avec ses hallucinations. Je décide d’arrêter de me poser
des questions et bois un coup. Terry se racle la gorge en cherchant quelque chose dans
sa poche. Les autres se mettent subitement à sourire encore plus. Qu’est-ce qui se
passe ? Je m’apprête à pose la question parce que ça m’énerve que je ne sache pas ce
qui se passe lorsque Terry pose une petite boite devant moi sans rien dire. Je regarde la
boite puis le regarde. Il est encore plus tendu. Je ne comprends rien.
– Kiéé Terry toi aussi, s’exclame Béca, c’est comme ça tu vas lui faire la demande en
mariage ?
J’avale de travers ma boisson que j’étais en train de boire quand j’entends les mots
demande en mariage. Qui demande qui en mariage ? Je tourne vers Terry et le vois se
lever de sa chaise. Le temps que je lui demande où il va il met un genou par terre.
Non ! Ce n’est pas ça ! Ça ne peut pas être ça ! Les autres se mettent à filmer aussitôt
et Terry récupère la boite sur la table. Quand il ouvre…
– Oh mon Dieu !
– Je ne suis pas parfait Trish. Mais toi, tu me complète. J’ai besoin de toi pour
continuer à paraitre parfait aux yeux du monde.
Punaise ! Mes larmes ont coulé sans que je ne m’en rende compte. Terry est en train de
me demander en mariage. TERRY YOUL ME DEMANDE EN MARIAGE ! Moi
Trisha ? Non je suis en train de rêver. C’est ça c’est un rêve. Ça ne peut qu’être qu’un
rêve. C’est vrai que je rêvais qu’il fasse de moi sa femme mais je ne m’imaginais pas
que ça se ferait maintenant vu son caractère renfermé. Je pensais que j’allais devoir
passer par toutes sortes d’épreuves, supporter des centaines et des milliers de crises de
colère avant que ça n’arrive. Mais non, il est là à genou devant moi avec cette bague
qui vaut sans doute des millions à me demander en mariage. Je sens que je vais
m’évanouir d’un moment à l’autre.
Episode 22
TRISHA
J’ai dit oui. J’ai dit un grand oui avec le visage inondé de larme. Nos amis nous ont
félicités et j’ai tellement pleuré qu’ils se sont mis à se moquer de moi. Les autres dans
le restaurant ont pris des photos et ont même filmés. Oh bon sang je suis aux anges.
Quand nous sommes revenus à la maison, nous avons fait l’amour toute la nuit. Je n’ai
pas voulu le lâcher tellement j’étais heureuse. Je suis fiancée à Terry YOUL. LE Terry
YOUL. Un instant, et si c’était un rêve ? Je touche la place à côté de moi sans ouvrir
les yeux. Elle est vide. Je suis chez moi ? Je me touche direct l’annuaire gauche pour
vérifier. Je soupir de soulagement lorsque je touche ma bague. J’ouvre les yeux et
constate qu’effectivement je suis dans la chambre de Terry. Ce n’était pas un rêve. Je
suis belle et bien fiancée à Terry. Je vais me marier !? Oh purée c’est maintenant je me
rends compte de cette réalité. S’il m’a demandé en mariage, c’est qu’on va se marier.
Punaise ! Ça c’est un autre défi. Etre marié à lui c’est encore un challenge. C’est vrai
qu’il m’a demandé en mariage mais il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait, il est toujours
aussi froid et je crains toujours ses réactions. Les paroles de sa mère me reviennent.
« Il ne te dira jamais ce qu’il ressent. Même s’il t’aime il ne te le dira pas. ». Est-ce
qu’il m’aime ? Merde je ne dois pas me focaliser sur ça. Terry n’est pas expressif mais
s’il m’a demandé en mariage c’est qu’il veut rester avec moi et qu’il m’aime.
Je vais me brosser les dents et descends le retrouver dans son bureau après avoir enfilé
la chemise qu’il portait hier. Je toque une fois et entre. Il est au téléphone avec un
partenaire je suppose. En silence je vais m’asseoir sur ses jambes. J’ouvre un tiroir et y
vois une dizaine de portable. Des IPhone. Il raccroche à ce moment.
Il ne répond rien. Je comprends. Il a cette facilité de casser ses portables quand il est
sur les nerfs donc il en achète plusieurs pour remplacer à chaque fois.
Je me retourne et l’embrasse.
Je retourne dans la chambre et j’en profite pour jeter un coup d’œil sur Facebook. Ce
que je vois me sidère. La photo de la demande en mariage défile sur toutes les pages.
Apparemment les gens du restaurant ont tout balancés. Mêmes les vidéos. Je vois
même une page qui a écrit « Notre architecte préféré s’est enfin décidé à refaire sa vie.
Elle est chanceuse cette fille. ». Je souris en me mordant la lèvre. Nos photos sont
partout et je vois aussi mes photos personnelles qui défilent avec en légende « Voici
celle qui a eu le jackpot. » Là j’éclate de rire. Je lis les commentaires et certains disent
que c’est une fake news parce que LE Terry YOUL que tout le monde connait est un
éternel célibataire et qu’aucune femme n’oserait même s’approcher de lui. On me
qualifie de chanceuse, d’autre de sorcière. Ça me fait marrer. Bon je vais me laver
avant que Terry ne vienne me crier dessus.
C’est en prenant mon petit déjeuner dans le salon que j’écoute celle qui s’occupe de
l’image de Terry sur les réseaux sociaux parler. Terry lui est arrêté les mains dans les
poches.
Ok ça commence bien. Voici que je vais devoir être une autre femme.
– Vous allez devoir faire le tri parmi vos amies et garder ceux dont vous êtes le plus
proches et en qui vous avez confiance. Vous ne pouvez plus marcher avec n’importe
qui.
– Pour ça ce n’est pas un problème. Je n’ai pas assez d’amies.
– Ok je dois vous poser une question importante. Nous avons tous un passé et avons
tous fait des choses dont nous ne sommes pas fiers alors je vous le demande. S’il y a
quelque chose de compromettant, disons très très compromettant dans votre passé
faites-le moi savoir pour qu’on puisse être préparé au cas où ou même si nécessaire les
supprimer. Vous voyez de quoi je parle.
Elle veut parler des sexe-tapes et photos bizarres. Ou encore si j’ai fumé ou me suis
drogué ou autre truc de ce genre. Oui j’ai eu à faire des choses bizarres avec Roger
mais il les a tous supprimé dans le même temps et ça remonte à longtemps.
Pendant qu’elle me parle, Rico sort de l’ascenseur avec un homme blanc aux cheveux
bouclés. C’est le nouveau détective qui a repris l’enquête d’Inès. Terry s’excuse et va
vers l’homme. Les deux disparaissent dans le couloir qui mène au bureau de Terry. Je
me reconcentre à nouveau sur tout le gros français que me parle Safi la chargé de
communication de Terry. L’ascenseur s’ouvre encore une trentaine de minute plus tard
mais cette fois sur ma belle-mère. J’ai dit ma belle-mère ? Ça sonne joli.
– Wééé ma fille. Mon fils m’a annoncé la nouvelle. C’est vrai vrai ?
– Oui maman. Je réponds en souriant.
– Bon je vais vous laisser. Dit Safi avant de s’en aller en même temps que le détective.
Je me tords de rire en faisant mine de monter sur son dos. Terry s’assoit en regardant
sa mère danser. À peine il s’assoit qu’elle lui saute dessus pour lui faire des bisous
partout.
Elle se met à rire en regardant son fils s’en aller. Quand il disparait elle reporte son
attention sur moi.
– Ma fille tu as réussi.
– Un peu seulement maman. Je sens que j’ai encore du boulot à faire. Il ne m’a jamais
dit qu’il m’aimait.
– Ca va venir ma fille. Faut te patienter seulement. Humm regarde comme bague là est
jolie. Horr je suis trop contente pour vous.
– Merci maman.
*Mona
*LYS
Je regarde mon portable sonner à nouveau et je raccroche. Ça fait une semaine depuis
la nouvelle de mes fiançailles avec Terry que Roger me harcèle. Il ne fait que
m’appeler et m’envoyer des messages pour me dire qu’il veut me voir. Je sais qu’il
veut juste me parler de mes fiançailles mais je l’emmerde dis donc. Il pensait que
j’allais rester là à le regarder me tromper ou à attendre qu’il change pour revenir
m’épouser ? N’importe quoi ! Mon portable sonne à nouveau.
Je rejoins mes copines, mes anciennes collègues. Je suis tellement contente de les voir.
Depuis que j’ai quitté la boite je n’ai plus vraiment eu de nouvelles d’elles. Après les
accolades par ci par là je prends place.
– Ko on a eu la tort.
– Mais Rita dit la vérité hein, renchérit Nadine. Depuis là même on tourne dans la ville
pour trouver du travail. Comme toi tu es fiancée à un boss là peut-être que tu peux
nous aider.
– En parlant de ça oui j’ai quelque chose pour vous. Je suis en train de mettre sur pieds
ma boite de décoration et j’ai besoin de bras disponible.
– Nous sommes là en même temps. Dit Céline directement.
– Vraiment merci Trisha. Tu es la meilleure responsable qu’on connaisse. Fait Rita.
– Horrr il n’y a pas de ça entre nous.
– Bon maintenant dis-nous comment tu as fait pour t’attraper un aussi gros poisson.
Ah Rita et la curiosité. Nous passons plus d’une heure à papoter puis je me décide de
rentrer chez moi. Terry veut que je vienne vivre avec lui mais je lui ai demandé de me
laisser un peu de temps parce que je ne veux pas laisser Carine seule. Si elle reste seule
elle risque de faire n’importe quoi. Le chauffeur-garde que Terry m’a collé gare devant
mon immeuble et vient m’ouvrir la porte.
Non il ne va pas oser. Il est ce qu’il est mais je ne crois pas qu’il puisse aller jusque-là.
Mais n’empêche que j’ai peur. Et s’il était sérieux ? Non il ne le fera pas. Il reviendra
encore me supplier donc il faut que je trouve comment le convaincre de supprimer ces
choses. Personnes ne doit les voir, encore moins Ty. Il faut que je dorme d’abord,
après je trouverai une solution.
Je me réveille en sursaut et voir l’heure sur la veilleuse. Il est 8h. Hier nuit j’étais
tellement plongée dans mes réflexion que je me suis endormie sans m’en rendre
compte. Je vais prendre ma douche rapidement pour me rendre chez une cliente qui
veut que je donne du beau à son jardin. Alors que je me lave j’entends mon portable
sonner. C’est la sonnerie que j’ai attribué à Terry. Je me lave rapidement et sors même
si l’appel a déjà coupé. Je tique quand je vois plusieurs appels en absence. Il m’a
même appelé quand je dormais. Alors que je veux m’apprête à le rappeler, il appel.
– Al…
– « Ramène-toi chez moi immédiatement. »
Il raccroche. Qu’est-ce qui se passe ? Il était vraiment énervé à en déduire par le ton de
sa voix. C’est vrai qu’il déteste appeler sans avoir de réponse. Ce doit être ça. Je finis
de me préparer et trouve Carine au salon qui prend son petit déjeuner. Je la salut et
sors. Mon chauffeur est déjà là. Pendant le trajet je regarde le model de décoration que
je vais proposer à ma cliente pour son jardin. Nous arrivons enfin et une fois dans
l’appartement de Terry, je trouve Safi assise avec devant elle son ordinateur. Terry lui
est arrêté les mains dans les poches à me regarder venir vers eux. Il a un regard noir. Je
veux bien l’embrasser mais sa posture et le regard qu’il me lance m’en dissuade.
– Bonjour.
– Montre-lui. Ordonne Terry à Safi sans me quitter des yeux.
Elle tape un coup sur son ordi et le tourne vers moi. Avant même que mes yeux ne
tombent sur l’écran, le son me fait comprendre de quoi il s’agit. C’est la vidéo de moi
gémissant sous Roger. Je vois les mâchoires de Terry se contracter. Roger m’a tué.
– Trisha, dans « si vous avez des choses compromettantes dans votre passé faites-le
nous savoir pour qu’on le règle si possible » quelle partie tu n’as pas comprise ?
Je ferme les yeux et soupire. Je crains de devoir dire adieux à mon mariage.
Episode 23
TERRY
S’il y a une chose que je ne supporte pas, ce sont les mensonges. Et s’il y a une autre
que je ne supporte pas par-dessus tout c’est d’être pris au dépourvu. J’ai tendance à
tout contrôler et à être informé de tout avant que ça n’arrive mais là, là, Trisha me met
dans une position mais vraiment très désagréable. J’essaye de toutes mes forces de me
maitriser, de maitriser cette colère qui bouillonne en moi. À chaque fois que je fais un
pas en avant vers elle, elle fout le bordel. Si elle ne fait pas gaffe je vais l’éjecter de ma
vie.
– Terry je t’en prie excuse-moi. Je ne savais pas qu’il allait publier les vidéos. Nous
étions plus jeunes et immatures et au nom de l’amour on a fait des bêtises Je n’en suis
pas fière c’est vrai. Il les avait supprimés devant moi mais apparemment il les avait
enregistrés quelque part. Hier soir il est venu chez moi et m’a fait du chantage. Sois je
couchais avec lui et lui redonnait une autre chance soit il publiait les vidéos. Bien
entendu j’ai refusé parce qu’il n’y a qu’un seul homme avec qui je veux être, toi. Je
pensais aussi qu’il bluffait mais apparemment non. Je te demande pardon Terry si cela
t’a porté préjudice. Je ne l’ai pas fait intentionnellement.
– Ok. Je n’ai pas un passé glorieux, je n’en suis pas non plus fière. Je ne suis pas la
femme parfaite. J’ai commencé à me prendre en charge à l’âge de 15 ans lorsque je
suis partie de mon propre chef de l’orphelinat. J’ai mendié et j’ai fait des petits
travaux. J’ai fini par m’accrocher aux hommes pour survivre et pour payer mes cours.
Je voulais coûte que coûte avoir des diplômes mais j’ai dû m’arrêter en terminal pour
chercher du travail parce que je ne voulais plus dépendre de quelqu’un. C’est là que
j’ai rencontré Roger. Nous avons fait des folies entre autre ces vidéos. Mais avec lui au
moins j’étais un peu stable. Oui j’ai couché avec différents hommes pour de l’argent,
oui j’ai travaillé dans des bars et acceptait d’être tripoté tant que ça me permettait
d’avoir de quoi vivre. Mais tu sais pourquoi ? Parce que je n’avais pas de parent. Mes
parents m’ont trouvé trop indigne d’être leur fille alors ils m’ont abandonné devant un
orphelinat. Terry contrairement à toi je n’ai pas eue une mère pour se battre pour moi,
je n’ai pas eue une mère pour me recadrer quand je faisais des bêtises. Alors je te le
redis je suis désolée.
– Tu crois que tu vas faire ton speech et nous laisser gérer ta merde ?
– Je…
– Safi que pouvons-nous faire ?
– J’ai reçu un message de mon équipe disant qu’ils avaient réussi à retirer la vidéo sur
toutes les plateformes. Elle a été certes visionnée par des personnes mais pas un grand
nombre. Il n’y a donc plus de risque que d’autres la voit. Les gens en parleront peut-
être mais ça restera une rumeur. Nous veillerons sur les réseaux sociaux et si
quelqu’un la republie nous piraterons son compte pour l’effacer.
– Ok.
– Que madame ne fasse aucune publication à ce sujet et qu’elle n’entre plus en contact
avec son ami. Evitez toute conversation avec lui. Il pourrait vous tendre un piège.
– Ok. Vous pouvez disposer et s’il y a du nouveau contactez-moi.
Je la regarde s’en aller et une fois disparu de ma vue, je prends aussi la direction de
mon bureau.
– Terry !
– Dégage de chez moi. Je lance en continuant mon chemin.
Assis dans mon bureau, je regarde Trisha s’en aller. Je préfère ne pas parler de ce
qu’elle a fait pour éviter de prendre des décisions drastiques.
Une semaine après la publication de cette vidéo et tout est rentré dans l’ordre. Mon
équipe a été performante sur ce coup. Seul un petit nombre a vu la vidéo. Uniquement
ceux qui se connectent la nuit. Le lendemain et les jours qui ont suivis, les gens ont
juste posées des questions si c’était vrai ou faux et comme il n’y avait pas la vidéo
pour confirmer la rumeur, elle est passée sous silence. Une autre actualité a occupés
les esprits. Je n’ai toujours pas digéré ce scandale qui a failli nuire à mon image. Je
déteste être au cœur d’un scandale et jusque-là ça n’était jamais encore arrivé. Ma
mère est une femme très discrète et d’ailleurs on ne le connait pas vraiment. Dans la
vie active oui mais sur les réseaux sociaux elle n’a pas encore été affichée. Je n’ai pas
honte d’elle, juste que je préfère la protéger de certaines méchanceté humaine. Depuis
le jour où j’ai chassé Trisha, je ne lui ai pas encore permise d’y revenir. Je l’ai dit, je
préfère qu’elle reste loin de moi le temps que je digère tout ça.
Pourquoi j’ai décidé de la prendre pour femme ? Je ne sais pas. Je sais juste que sa
présence me fait du bien. Elle réussit à chaque fois à me dompter quand je pique une
crise de colère et elle réussit à me faire revenir à moi quand j’hallucine. Je me sens
apaisé quand je suis dans ses bras surtout quand elle me dit des paroles des douces. À
chaque fois qu’elle me dit qu’elle m’aime et qu’elle est là pour moi, je sens comme un
fardeau me quitter. J’aime l’entendre me dire qu’elle m’aime et d’ailleurs elle ne s’en
prive pas. Mon portable me signale un appel. C’est elle. Je ne décroche pas. C’est ainsi
depuis une semaine. Je ne prends pas ses appels et je ne les prendrai que lorsque j’en
aurais l’envie. Je reçois un message d’elle « Je sais que tu es fâché bébé et je te
demande encore pardon. Ça ne se reproduira plus. Reparle-moi s’il te plait, tu me
manques. Je t’aime. » Je n’y réponds pas et continue de travailler. J’ouvre le dossier
devant moi et le parcours. J’appuie un bouton sur mon téléphone.
Cet enculé va savoir qu’on ne s’attaque pas à Terry YOUL impunément. Dans notre
milieu, il nous arrive de nous rendre ce genre de service. C’est monnaie courante. Il
n’aura plus jamais de travail ni dans ce pays ni en dehors. Il ne pourra non plus jamais
demander de prêt dans des banques. À moins que quelqu’un ne lui donne de quoi
investir, ce merdeux restera chômeur à vie. Je me replonge dans le travail jusqu’à 18h,
heure à laquelle je prends le chemin de ma maison. Qu’est-ce que je vais pouvoir bien
faire ? J’ai fini par m’habituer aux bruits et aux bavardages de Trisha. Mais un peu de
silence ne me fait de mal. Dès que l’ascenseur s’ouvre dans mon appartement je suis
accueilli par des sifflements et des confettis me sont jetés dessus. Je vois aussitôt
Cassie et Béca qui ont des mini vuvuzelas dans leur bouche. Je fronce les sourcils.
Je lui fais un petit sourire. Je vais vers les autres à qui je fais des accolades en les
remerciant. J’ignore Trisha et m’assois en même temps que tout le monde après avoir
retiré ma veste.
Je lève les yeux vers elle. Une larme lui échappe alors qu’elle évite mon regard. Elle
l’essuie et se lève pour se rendre dans la cuisine.
Je me rends dans la cuisine où Trisha est toujours. Elle est de dos appuyée sur le plan
de travail la tête baissée. Je l’entends renifler. Je crois que je l’ai assez puni comme ça.
Je m’approche silencieusement d’elle et passe mon bras autour de sa taille. Elle
sursaute. Quand elle me fait face son visage est mouillé de larme.
Je la fais taire en l’embrassant. Elle soupire et passe ses bras autour de mon cou. Je
mets fin au baiser.
– Tu m’as tellement manqué bébé.
– Merci pour la surprise. Dis-je en essuyant ses larmes avec un doigt.
– De rien. Ne me puni plus de la sorte Ty je t’en supplie.
– Ok.
– Joyeux anniversaire.
– Merci.
– Je t’aime Ty. Je t’aime.
Quand les autres nous voient arriver la main dans la main, ils se mettent à sourire. Je
vois maman faire des gros yeux à Trisha. Elle lui cède ensuite sa place pour s’installer
à une autre. Le diner peut enfin commencer. Comme toujours c’est à mes amis
d’animer avec des sujets de conversation gais. Trisha glisse ses doigts entre les miens
et nous continuons à écouter les autres. Léo et sa femme Cassie se sont vraiment bien
choisis. Ils sont pareils. Bavards et drôles. Un moment, je tape ma cuillère sur ma
coupe. Le silence s’installe.
– Je voudrais vous remercier d’avance d’être là en ce jour. C’est mon tout premier
anniversaire en 32 ans.
– Regardez-moi un vieux gars comme ça, m’interrompt Léo.
– Vas te faire voir Léo. Dis-je en mimant un sourire.
– Hé YOUL faut pas faire mon mari et moi on va grouper sur toi hein, me menace
Cassie.
– Toutes mes excuses votre majesté Cassie.
– Y a intérêt.
– Est-ce que je peux continuer ?
– Oui je t’en donne la permission.
Je secoue la tête et continue. Cette femme a aussi ce dont de me faire parler quand je
ne le veux pas.
– Comme je disais merci encore. Je voulais en profiter pour tous vous inviter à notre
mariage à Trisha et à moi, le mois prochain à Paris.
Elle pose un smack sur mes lèvres avant qu’on ne se reconcentre sur les autres. Je vois
ma mère sourire de bonheur. Elle est même émue. Mike me lève son verre comme
pour me féliciter. Je hoche légèrement la tête.
– Mais oh Terry, entame ma mère, tu oublies que moi ta vielle mère j’ai peur de votre
avion là. Je fais comment ?
– La maman t’inquiète, lui répond Béca, je vais t’attacher avec moi comme ça tu seras
en sécurité. C’est ton pied mon pied.
– Ah ma fille faut être là dèh. Faut pas avion là va me laisser en haut là-bas pour s’en
va.
Ca pouffe de rire autour de la table. Pas parce qu’elle s’est mal exprimé, mais plutôt à
cause du sens de la phrase. Depuis quand est-ce qu’un avion laisse quelqu’un dans les
airs pour s’en aller ? Ma mère et son imagination. Mes amis ne sont pas gênés par
l’illettrisme de ma mère. C’est d’ailleurs Béca, Cassie et Tina qui ont commencé à lui
donner cours mais vu leurs emplois du temps chargés elles ont arrêté et m’ont proposé
de lui trouver des professeurs particuliers pour aller plus vite.
J’ouvre l’ascenseur et quand il se referme sur elle je rejoins les autres. Je pose un
baiser sur la tempe de Trisha avant de m’asseoir. Elle sourit. Mike prends aussitôt la
parole.
Termine Mike avant d’appuie sur la télécommande de la télé accroché au mur. Nous la
fixons tous, moi en me demandant ce que peut bien être cette surprise. Une image
s’affiche sur l’écran accompagnée d’une musique douce. Je la reconnais. C’est une
photo de moi bébé. Je regarde aussitôt ma mère surpris. Elle me sourit. Les photos de
mon enfance défilent les unes après les autres. Nous n’avions certes pas d’argent mais
maman tenait à garder des souvenirs de chaque moment donc elle appelait des
photographes nous photographier. Elle le faisait à chaque fois qu’elle avait un peu plus
de sous. Voir les photos de moi enfant me fait remonter des souvenirs. Tant
douloureux qu’heureux. Des souvenirs où les parents interdisaient à leurs enfants de
m’approcher parce que serais un enfant sorcier tout simplement parce que je ne parlais
et je passais mon temps à fixer tout et tous. Ils disaient qu’un enfant muet ça fait
normalement des gestes pour s’exprimer mais ce n’était mon cas. Aucun son ne sortait
de ma bouche et je ne faisais aucun geste. Je ne voulais même pas essayer. Je passais
mes journées assis dehors à tout regarder. À la maison ma mère était obligée de tout le
temps deviner les choses dont j’avais besoin. Elle me posait des questions sans cesses.
Même elle a un moment a commencé à avoir peur de moi. C’était quoi cet enfant qui
ne parlait jamais et qui pouvais rester dans une même position toute une journée ? En
plus j’étais mongole. Mais son amour l’a poussé à me garder.
La soirée se termine toujours sur cette note. Je remercie mes amis et ma mère encore
une dernière fois avant qu’ils ne s’en aillent. Je monte dans ma chambre accompagné
de Trisha. Elle se positionne face à moi pour ouvrir les boutons de ma chemise
lentement.
Je la soulève sans répondre et nous conduis dans la douche. Nous y ferons tout ce que
nous devons faire. Et la douche, et l’amour.
Episode 24
CARINE
Il ne faut surtout pas que je boive. Il ne faut surtout pas que je boive. J’ai promis à
Trisha d’arrêter et je compte tenir ma parole. Il ne faut surtout pas que je boive. J’en ai
grave envie. Je suis à un doigt de craquer. Il ne faut surtout pas que je boive. Je ne fais
que me triturer les doigts assise devant cette télé dont les images me semblent floues.
Il faut que je boive. Non il ne le faut pas. Je suis sur le point de péter un câble. Quand
je meure d’envie de boire ainsi je me mets dans tous mes états. Je pique même une
crise d’hystérie. C’est tout comme avec ceux qui sont accro à la drogue. Quand ils
n’ont pas leur dose ils deviennent très nerveux. Et puis merde il faut que je boive. Je
prendrai juste un verre, juste un tout petit verre. Rien de plus.
Merde ! J’en suis à ma cinquième bouteille. J’avais dit juste un verre. Et maintenant je
suis saoule. Trisha va me tuer. Je m’étais pourtant promis de ne boire qu’un seul. Et
puis merde ! C’est en dandinant que je rentre à la maison. Trisha est là. Elle a passée la
nuit chez son fiancé. Dès qu’elle me voit son sourire disparait.
– Carine !
– Pas maintenant Trisha. Pas maintenant.
Je me dirige vers le couloir qui mène aux chambres quand elle me ramène en arrière.
Elle me regarde sans rien dire. Je suis saoule mais je peux voir dans son regard que je
l’ai offensée.
Elle prend son sac à main et sort de la maison. Je me laisse tomber dans le fauteuil.
J’ai sommeil.
– Carine !
Elle me plante là complètement déçue. Je viens encore de perdre un boulot. C’est vrai
que je ne l’aimais pas ce travail mais au moins il me permettait d’avoir de l’argent et
de participer aux dépenses de la maison. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Je
marche le long de la route en réfléchissant à comment trouver un autre travail. Je passe
devant un bar et suis tentée d’y rentrer. Bon mieux vaut profiter de ma dernière paie.
J’enchaine liqueur sur liqueur assise au bar. Le barman me regarde d’un œil mais je ne
le calcule pas.
– Que fais une jolie demoiselle assise toute seule dans un bar ?
Je tourne les yeux vers ce jeune qui me sourit. Je reporte mon attention sur mon verre
sans lui répondre.
– Je peux vous offrir mieux que ça si vous voulez. Je suis avec mes potes et nous
faisons l’enterrement de jeune garçon de l’un. Vous pouvez vous joindre à nous.
Je tourne la tête pour voir effectivement sa bande. Ils ont l’air chaud. Il y a aussi des
filles. Je me dis donc pourquoi pas m’amuser.
– Ok je vous suis.
Une heure de temps plus tard nous sommes en train de nous amuser comme des fous
dans une boite de nuit. L’alcool coule à flot exactement comme j’aime. Je fais toute
sorte de mélange. Du vin avec whisky, de la liqueur avec du scotch etc. Je prends une
bouteille de champagne que je bois directement. Je me sens bien.
– Tu veux quelque chose de plus fort ? Me demande l’un des jeunes présents.
– Oui qu’est-ce que tu as ?
Il met quelque chose dans un gobelet jetable qui contenait déjà une boisson puis me la
donne. Je bois un coup sec. J’y ajoute encore le champagne. Ma tête commence à
tourner. Enfin, encore plus qu’elle ne tournait déjà. Je me sens légère, à l’aise. Je
continue de boire encore et encore et encore. À 2h du matin je demande à rentrer. Je
me sens fatiguée et j’ai sommeil. Les autres annoncent aussi qu’ils rentrent. Je monte
dans la voiture de celui qui m’a invité avec deux autres personnes. Je lui dis où il doit
me déposer. Celui qui conduit est en plein. Il est saoul comme nous tous d’ailleurs. Il
appuie encore sur l’accélérateur et là je prends peur mais avant que je n’ouvre la
bouche pour lui dire de ralentir il rentre dans quelque chose. Il freine un coup ce qui
nous secoue tous et réveille ceux qui dormaient.
Avant même qu’on ne sorte de la voiture, une voiture de police gare devant nous. Des
policiers en sortent et nous demandent de sortir les mains en l’air. Je vois allonger un
peu derrière un corps. Dès qu’ils constatent que nous sommes saoules, ils nous
embarquent tous pour le commissariat et là ils nous jettent en cellule. Je ne sais à
quelle heure un officier vient se pointer devant notre cellule
– Si vous avez des parents qui peuvent vous aider c’est le moment de les appeler parce
que vous êtes dans de beaux draps. La personne que vous avez renversée est dans un
état critique.
Je suis dans la merde. Je suis dans de beaux draps et il faut que j’appelle un parent
pour venir m’aider. Mais qui ? Je reste là à réfléchir lorsque le nom de Trisha sonne
dans ma tête. Je me demande bien si elle voudra m’aider après la façon dont je lui ai
parlé. Mais bon ça ne coûte rien d’essayer. Je m’approche des barres et appelle un
policier qui arrive tout de suite.
J’entends une voix masculine derrière elle qui demande ce qui se passe. Elle lui répond
de se rendormir avant de revenir à moi.
– Je t’expliquerai quand tu seras là. Mais viens me sortir d’ici s’il te plait.
– « Ok j’arrive. Dis-moi dans quel commissariat tu es. »
Une quarantaine de minute plus tard on vient me faire sortir. Alors que je m’approche
en dandinant un peu de Trisha qui tourne en rond, je vois un homme qui discute avec
le commissaire. C’est Terry YOUL. Quand Trisha se tourne vers moi la colère a
déformée son visage.
Elle va rejoindre son homme qui finit de discuter avec le commissaire. Elle me fait
ensuite signe de les suivre. Je me réveille presqu’en sursaut quand Trisha me tapote le
bras. Je remarque que nous ne sommes pas dans notre immeuble mais je ne dis rien et
les suis toujours en dandinant de temps en temps. Quelques instants plus tard nous
débarquons dans un appartement. Un luxueux appartement. Je siffle.
– Trisha je vois que tu as tiré le gros lot.
– La ferme Carine.
– Je serai dans la chambre. Dit le boss avant de se diriger vers les escaliers.
Mais je me place devant lui et tente de l’embrasser. Il recule avant même que je ne le
touche. Trisha vient me saisir le bras.
Trisha me fait rentrer dans une chambre et me donne une gifle cinglante qui me fait
tomber sur le lit. Elle me tire encore par les cheveux et me trimballe dans la salle de
bain. Sans même me déshabiller elle me place sous la pompe et l’ouvre. Je hurle quand
l’eau brulante touche ma peau.
– Tu finis et tu me rejoins dans la chambre. Toi et moi aurions une discussion sérieuse
et cette fois crois-moi tu vas me dire ce qui ne tourne pas rond ta pauvre cervelle.
– Trisha…
– Non tu la ferme. Tu parleras autant que tu veux quand je te donnerai la parole.
Carine tu te rends compte dans quel pétrin tu étais ? Vous avez non seulement bu mais
vous avez aussi consommé de la drogue. Il y en avait plein dans la voiture et le pire,
bon sang le pire c’est que vous avez renversé quelqu’un qui est maintenant entre la vie
et la mort. Tu sais dans quelle position tu as mis Terry qui a intervenu pour une
alcoolique droguée et criminelle ? Tu sais dans quelle position ça m’a mise vis-à-vis
de lui ? Mais ça ce n’est pas grave, Terry pourra gérer. Mais pour toi Carine, pour toi.
Tu veux que je te rappelle que tu as déjà renversé quelqu’un dans le passé en
conduisant saoule et que par peur tu as pris la fuite plutôt que d’assumer ? Tu veux que
je te rappelle combien tu avais peur que la police ne vienne t’arrêter ? Tout ça pour
quoi ? À cause de l’alcool. Tu as fini avec l’alcool c’est maintenant sur la drogue tu es
arrivée ? MERDE C’EST-CE QUE TU COMPTE FAIRE TOUTE TA PUTAIN DE
VIE ?
Elle fait un tour sur elle et balance un des coussins au sol. Elle lance un juron avant de
se tourner vers moi.
– Carine pour la dernière fois dis-moi ce qui ne va pas. Qu’est-ce qui t’a poussé dans
cette vie ? Dans ce vice ? Tu m’as dit que c’était à cause de quelque chose que tu avais
vécu dans le passé alors je veux savoir.
– Raconte-moi s’il te plait. Peut-être que ça t’aidera de parler. (Me caressant le bras)
Bébé s’il te plait parle-moi. Je suis là pour toi et ça me tue de te voir te détruire de la
sorte. Je veux pouvoir t’aider.
Je regarde la seule personne qui soit restée avec moi malgré mes bêtises et je me dis
qu’à elle au moins je peux me confier. Je soupire.
– Il y a 4 ans j’étais sur le point de me marier. Mais mon fiancé n’est pas venu. Il a
juste envoyé son frère me dire qu’il s’excusait mais qu’il était amoureux d’une autre et
qu’ils allaient même avoir un enfant. Cette autre c’était ma mère.
Elle ouvre grand les yeux de surprise tandis que moi je ne peux empêcher une larme de
couler sur ma joue. Je l’essuie et me lance.
– Ma mère a toujours été une pute. J’ai grandi en la voyant ramener chaque soirs des
hommes à la maison. Je les entendais même faire leurs bêtises. Je l’ai même vu une
fois sucer un homme dans notre chambre alors que je dormais. Les grognements du
type m’ont réveillé. Elle m’a dit d’aller dormir dans le salon et les secondes qui ont
suivis la maison était transformée en salle de tournage de porno. Je n’envoyais jamais
mes amis chez moi de peur qu’ils n’assistent un jour à ça. L’alcool et le sexe m’ont
bercé toute mon enfance jusqu’à mon adolescence. Je maitrisais déjà tous les noms des
boissons à seulement 12 ans. Mais en ce moment je n’étais pas une alcoolique. Ma
mère me disait que l’amour c’était pour les nuls et que je devrais plutôt chercher
quelqu’un qui est nanti. C’est comme ça que j’ai rencontré Darius. Au début c’était
l’argent la motivation mais après l’amour s’est installé. J’étais dingue de lui tu peux
pas savoir et lui aussi. Enfin c’est ce que je croyais. Ma mère quand elle l’a vu m’a
demandé deux choses. Est-ce qu’il a de l’argent ? Et est-ce qu’il était bien au lit ?
C’était tout ce qui l’intéressait. Après elle a commencé à avoir des comportements
bizarres envers lui. Elle ne manquait jamais une occasion pour le toucher et un jour
elle a même empoigné son sexe sous prétexte qu’elle voulait voir s’il en possédait une
grosse. Ça l’a tellement choqué qu’il a voulu rompre mais je l’ai convaincu. Il m’a
ensuite demandé en mariage faisant de moi la femme la plus heureuse. Mais à 1 mois
du mariage, il a commencé à être distant. Il prenait toujours pour excuse le travail pour
ne pas qu’on se voit. Je l’ai cru et la bombe m’a explosé au visage. Quand son frère
m’a donné son message, n’en croyant pas un mot je suis montée dans ma voiture de
mariage pour me rendre chez lui, enfin chez nous. À la base je ne savais pas qui était
cette autre femme dont il était tombé amoureux. J’étais allée à la maison voir s’il y
était pour lui demander des comptes. J’ai défoncé la porte et ce sont des valises faites
que j’ai vu en premier. Ensuite des gémissements ont commencé à me parvenir de
notre chambre. Quand j’ai ouvert la chambre, wahoo, j’ai eu droit à du porno de pro.
J’ai eu le choc de ma vie en le voyant sodomiser ma mère. Ils étaient tellement à fond
qu’ils ne m’ont pas remarqué. C’est après ma mère a tourné la tête alors qu’elle le
chevauchait maintenant. Elle ne s’est pas sentie honteuse ou quoi que ce soit. Au
contraire elle m’a dit « Je suis désolée ma puce que tu assiste à ça mais ton gars, il est
trop bandant. »
Je marque une pause pour essuyer les larmes qui ont rempli mon visage.
– Quand il m’a vu, il a enlevé ma mère sur lui et est venu se poster devant moi. Il s’est
mis à me demander pardon pour tout et il a ajouté qu’il était tombé amoureux de ma
mère il y a un mois de cela. Et elle, elle ne s’est pas gênée de me dire qu’elle était
enceinte. J’étais tellement sous le choc que je n’ai rien fait, n’ai rien dit. Je suis sortie
lentement le visage inondé de larme. J’ai marché dans la rue avec ma robe sur moi et
c’est là que j’ai aperçu un bar. J’ai enchainé verre sur verre et le fait que ça m’ai fait
oublier le reste de la journée ce que je venais de vivre m’a poussé à continuer à boire.
Chaque jour je buvais pour oublier et c’est ainsi que je suis devenue une alcoolique.
J’ai appris qu’ils avaient quitté le pays pour les Etats-Unis où lui et moi devrions partir
vivre après notre mariage. Voilà tu sais tout.
Elle resserre son étreinte et ça me fait un bien fou. Elle se détache pour ensuite me
nettoyer le visage. Elle me caresse les cheveux avec douceur.
– Tu sais que jamais je ne t’abandonnerai n’est-ce pas ?
– Oui je le sais. Tu es d’ailleurs la seule à être restée près de moi malgré tout.
– Ok. Maintenant que tu m’as tout raconté je voudrais maintenant que tu prennes ta vie
en main. Je veux que tu deviennes une personne meilleure.
– Je sais. Je ferai l’effort je te le jure.
– Oui tu le feras. Terry m’a proposé de te faire interner dans un centre pour alcoolique.
– Non je n’ai pas besoin de ça.
– Si, tu en as besoin. Carine regarde où tu en es à cause l’alcool. Si Terry n’avait pas
intervenu tu serais déférée à la MACA et tu allais y rester des années. Tu dois te
relever, redevenir une autre personne. Tu dois montrer à ta mère et ce fils de pute
qu’ils n’ont pas réussi à gâcher ta vie. Et pour cela il te faut d’abord te soigner. Tu dois
vaincre l’alcoolisme.
– Non Trisha !
– C’est soit ça soit je t’abandonne dans ta vie de merde. Choisi.
– Tu ne peux pas me faire ça.
– Je le peux parce que je refuse de te voir te détruire encore plus. Carine tu as une
chance de tout reprendre à zéro. Saisi-la je t’en prie. Je serai bientôt la femme de Terry
et je veux entamer cette nouvelle vie avec toi, ma meilleure amie. S’il te plait Carine.
– C’est d’accord.
– Je t’aime ma puce.
– je t’aime Trisha.
*Mona
*LYS
C’est aujourd’hui mon départ pour la France. Oui c’est là-bas que je vais me faire
interner dans un centre pour alcoolique. Le fiancé de Trisha a tout gérer et ce matin je
prends l’avion. Quelqu’un viendra me chercher à l’aéroport pour m’y conduire. Après
que je me sois confiée à Trisha je me suis sentie plus légère. Parler ça fait du bien. Elle
a même passée la nuit avec moi. Son fiancé même s’il ne m’a pas vraiment adressée la
parole a été plutôt cool. Il n’a pas eu de regard ni de mots déplacés envers moi. En tout
cas je lui serai éternellement reconnaissante pour ce qu’il est en train de faire pour
moi. On nous annonce qu’il est l’heure de l’embarquement. Trisha et moi nous levons
pour nous faire face.
Nous nous prenons dans les bras et libérons ensemble nos larmes.
La voix se fait encore entendre dans le haut-parleur. Nous nous décidons à nous lâcher.
Après un dernier au revoir je m’en vais. Je prie de tout mon cœur que Dieu m’aide à
m’en sortir. Je ne veux pas décevoir ma meilleure amie. Elle a raison quand elle dit
que je dois montrer à ma mère et ce fils de pute que je suis plus forte. J’y vais et je
promets de revenir transformée. Ni ma mère ni personne ne me brisera de nouveau.
Episode 25
NATHALIE
Je fais aujourd’hui mes courses avec ma belle-fille. Isha a décidé de venir passer la
journée avec moi. J’aime beaucoup cette fille et je sais qu’elle fera le bonheur de mon
fils. Elle est courageuse et douce. En tout cas je lui ai dit que si elle n’est pas
courageuse elle ne pourra pas avoir mon fils parce que lui-là il est compliqué comme
français. Hé en tout cas pour moi c’est compliqué. Pour le mariage de mon fils-là
vraiment j’ai peur quoi avec leur affaire de prendre avion là. Moi j’ai peur de ça oh.
C’est quelle affaire de on va partir dans le ciel ? Sur la route ici si ça chauffe on peut
descendre pour se chercher mais en l’air là-bas tu vas fuu pour aller où ? Isha me dit de
l’attendre qu’elle va aller prendre quelque chose dans un autre couloir. Je commence à
chercher des choses pour ma douche lorsque quelqu’un s’arrête devant moi. Je lève les
yeux et vois Fulgence, le monsieur avec qui j’avais eu un accident il y a un peu
longtemps. Après le restaurant le monsieur-là n’a pas cessé de m’appeler et de
m’envoyer des fleurs. J’ai fini par accepter son amitié oh. Hé ça faisait longtemps
qu’un homme ne m’avait pas traité comme ça. Je ne dis pas que je l’aime hein, juste
que j’aime causer avec lui. En tout cas il est gentil.
Je souris et baisse les yeux. Ça faisait longtemps qu’un homme ne m’avait pas dit que
j’étais jolie.
– Merci !
– Allô.
– « Bon appétit si vous êtes à table. »
– Merci. Vous aussi.
– « Merci. Vous êtes bien rentrée j’espère ? »
– Oui oui.
– « Ok. Je voulais vous inviter ce soir à diner. En tête à tête. »
– Pour faire quoi ?
– « Faire encore plus connaissance. Je voudrais vous connaitre beaucoup plus. »
– Hum je ne sais pas oh.
– « Vous avez cours ce soir ? »
– Non non. C’est juste que je ne vous connais pas bien pour sortir avec vous.
– « C’est justement pour mieux se connaitre que je veux qu’on sorte diner ce soir. »
– Bon je vais, réfléchir et vous faire signe.
– « D’accord j’attends. J’espère avoir une réponse favorable. »
Quand je raccroche je vois les yeux de Isha sur moi. Elle sourit même.
– Yakoi ?
– Tu as un amoureux toi. Alors c’est qui ?
– Pardon laisse-moi avec tes histoires-là.
– C’est le monsieur du supermarché ?
– Oui.
– Qu’est-ce qu’il veut ?
– Hum il veut jouer à papa maman avec moi. Il pense que je suis dans ses bêtises là.
– Quoi il ne te plait pas ? Je l’ai trouvé beau en tout cas.
– Hum tu sais ma fille, je n’ai plus votre âge oh donc les choses d’amour-là ce n’est
plus pour moi. J’ai 60 ans, c’est quel amour je vais faire encore ?
– Tu as 60 ans et tu restes une très belle femme. On ne te donnerait même l’âge que tu
as. Toi aussi tu as droit à l’amour. Il n’y a pas d’âge pour aimer.
– Hum je ne sais pas oh ma chérie.
– Ou bien tu aimes encore le papa de Terry ? Ton ex-mari ?
– Astafroulaye ! Si moi j’aime encore cet homme je naka devenir kplo (peau de bœuf).
Un salaud comme ça. Pardon ce n’est pas le papa de mon fils.
– C’est qui ? Elle me demande en plissant ses yeux.
– Pardon parlons d’autre chose.
– Bon le monsieur t’a invité à diner ce soir ?
– Oui mais je ne pense pas que je vais aller.
– Pourquoi ? Il ne t’a rien dit de mauvais donc va voir ce qu’il veut.
– Hum je ne sais pas.
– Bon voici ce qu’on va faire, tu vas au rendez-vous et s’il ne te convainc pas tu le
laisses.
– Hum j’ai compris. Mais pardon faut pas ton mari va savoir oh. Lui-là il pense que
moi je suis sa femme donc ça-là s’il sait là c’est pas petit palabre il va me faire.
– J’ai compris maman. Répond-t-elle en riant.
*Mona
*LYS
Sur les conseils de ma fille, je suis venue au rendez-vous. Elle m’a aidé à m’habiller et
à me maquiller. Mon cœur bat comme ça on dirait je m’en vais croiser Dieu. Moi où je
suis là je ne veux plus me mettre dans affaire d’amour oh. Ce que Firmin mon ancien
mari m’a montré là, atoh c’est pas petit chagrin j’ai eu. Il est parti me chercher au
village qui est aussi son village pour m’emmener en ville. D’après lui il dit les femmes
du village respectent plus que les femmes de la ville. Comme moi-même ma famille
voulait me jeter là, ils ont vite accepté quand il a demandé ma main. Sans même me
doter il est venu me déposer dans sa maison à Abidjan. Il travaillait dans un petit coin
mais ils l’ont renvoyé 1 an après que je sois venue habiter avec lui. On a galéré
ensemble, on est même parti habité dans un bas quartier à côté d’une grande décharge.
Je l’ai soutenu, je priais pour lui et j’ai même pris crédit avec quelqu’un pour faire une
activité. C’est avec l’argent de mes fruits qu’il partait chercher travail. C’est avec ça
on mangeait et on payait la maison même si des fois on devait. Mais le jour Firmin
avec sa grosse tête là a eu travail c’est fini. Il a changé. Il a eu un bon travail dans une
grande entreprise donc il dit qu’il ne peut pas rester avec moi parce que je suis
illettrée. Monsieur a pris ça comme excuse pour me quitter parce que j’allais lui faire
honte. Je lui ai demandé pardon pendant des mois mais zéro il n’est pas revenu. Il s’est
marié légalement avec une autre femme qu’il avait déjà enceinté quand il était encore
avec. Mon nom était devenu chanson dans bouche des gens au village. Ko moi je suis
bête c’est pourquoi jamais je ne vais me marier. Ils m’ont dit de ne plus mettre mes
pieds au village parce que j’étais bannie de ma famille. Je suis donc restée seule dans
la maison à pleurer jusqu’à je suis tombée malade. Ma vie a repris quand j’ai eu Terry.
– Vous êtes tout en beauté ma belle dame. Me dit Fulgence en m’aidant à m’asseoir.
– Merci !
Il s’assoit aussi sans cesser de me regarder. Un serveur vient et je lui dis de m’envoyer
frite avec poulet. Ca au moins je connais bien. Fulgence commande aussi avant que le
serveur ne parte.
– Je suis heureux que vous ayez accepté de venir.
– Hum. Voilà moi maintenant. Tu voulais quoi ?
– Nous avons toute la soirée pour parler. Alors parlez-moi de vous.
– De dire quoi ?
– Tout. Votre nom, ce que vous faites dans la vie, si vous avez des enfants. Bon moi je
commence. Je suis Fulgence KOUASSI, chef d’entreprise, père de deux enfants qui
vivent en France et veuf. Ma femme est morte il y a 5 ans.
– Hum. Moi c’est Nathalie YOUL, femme à la retraite parce que mon fils dit faut plus
je vais travailler. J’ai un fils et je ne suis pas mariée.
– Nathalie YOUL ! Comme Terry YOUL ?
– Oui c’est mon fils.
– Oh j’ai donc une très grande dame devant moi. En tout cas chapeau pour le travail
que vous avez fait pour votre fils.
– Merci !
– Pas de quoi. Je sais maintenant d’où il sort son élégance. Tu es vraiment charmante.
Il caresse ma main en me regardant droit dans les yeux. Je retire ma main. Nous
passons le reste de la soirée à parler de n’importe quoi. Bon c’est lui qui parle hein et
moi j’écoute. Ça fait 32 ans je n’ai pas causé avec un homme donc je ne sais pas quoi
dire. En tout cas au moins je peux me concentrer sur leur frite poulet là. C’est bien
doux. Je regarde l’heure et il est déjà 20h45.
– Je vais rentrer. Mon fils m’appelle toujours à 21h avant que je ne dorme. Je veux être
à la maison quand il va m’appeler.
– Je vois que vous êtes très proches tous les deux.
– Oui. C’est nous deux seulement on est dans le monde. Je n’ai personne à part lui et
lui aussi.
– Parle-moi un peu de lui. Tout ce que je sais c’est qu’il est très intimidant.
– Oui c’est vrai mais il est gentil. Il va bientôt se marier donc la semaine prochaine je
vais en France. C’est là-bas qu’on va faire le mariage.
J’aime tellement mon fils que je me mets à parler de lui. J’oublie même l’heure. Il
m’écoute parler avec mon français gauche. On finit enfin la soirée et on sort du
restaurant. Nous nous arrêtons près de ma voiture.
Il se rapproche de moi.
– Je te ferai sortir autant que tu le voudras si tu me donnes une chance.
Il parle de quelle chance ? Sortir avec lui ? Pardon je m’en vais à la maison. Je lui dis
au revoir et je monte dans ma voiture après que le chauffeur a ouvert la porte. Dès que
le chauffeur démarre mon portable sonne. Mon cœur saute un coup. Ca là je suis sûr
que son gros bras kpakpato là lui a dit quelque chose.
– Allô chéri.
– « Où es-tu ? »
– Hein ? Je suis… Ah tu me surveille maintenant ? Je suis ta maman hein ne l’oublie
pas.
– « Appelle-moi si tu rentres. »
Il a coupé. Hum mon fils là dèh. Mais j’aime quand il prend soin de moi comme ça.
Ya personne pour le faire donc je profite bien. Mais des fois il exagère. Quand j’arrive
je l’appelle. Dieu merci il ne me demande pas où j’étais. Il me souhaite juste bonne
nuit.
Enfin nous avons terminé le cours d’aujourd’hui. Le maitre là même je ne sais pas
pourquoi il parle trop comme ça on dirait moustique dans oreille des gens. Mais
comme il enseigne bien et qu’il est gentil ce n’est pas grave. Quand je sors de l’école
la première chose que je vois c’est Fulgence arrêté sur sa voiture. Il est joli quand
même hein. C’est en souriant que je vais vers lui. Oh je souris même déjà en le voyant.
Je souris encore. Aah le sourire-là ne veut pas me laisser hein. Il s’approche de moi et
caresse ma joue.
Mon cœur fait bim bam boum quand j’entends la voix de mon fils. Je me retourne et je
le vois arrêter les deux mains dans ses poches. Il ne me regarde pas mais plutôt
Fulgence. On dirait qu’il va tuer avec ses yeux. Yeuch ça va chauffer.
Et il lève sa main pour saluer Terry. Vraiment Fulgence là même il est comment
même ? Lui il ne sait pas que l’homme qui est arrêté devant lui-là ne salut pas les gens
dans la main ? Je ferme mes yeux et veux prier pour que pour une fois de sa vie mon
fils prend sa main. Mais moi-même je sais que prière ça là Dieu va pas exaucer même
si je fais trois jours de jeune sec. Je regarde mon fils qui regarde toujours Fulgence.
– On rentre.
Je regarde mon fils partir monter dans sa voiture et j’ai honte. Je me tourne vers
Fulgence qui a abaissée sa main.
Je vais rejoindre mon fils dans sa voiture. Rico démarre et mon chauffeur nous suit
avec ma voiture.
– Terry…
– On en parlera à la maison.
Il se met à manipuler son portable sans me regarder. Moi aussi je me mets à manipuler
pour moi. Euheu chacun à son IPhone kèh. Arrivé à la maison il déboutonne sa veste.
– Chéri…
– Je ne veux plus te voir avec lui.
– Euh c’est comment ? Tu ne le connais même pas.
– Et je m’en contrefiche de qui il est.
– Terry je suis une femme hein, donc les hommes vont me drague.
– Et tu les repousseras parce que tu n’as pas besoin d’eux.
Je le regarde et je m’assois.
Je le regarde partir et puis j’ai envie de le gifler. Pourquoi son cœur est dur comme ça
même ? En tout cas moi je veux bien essayer avec Fulgence. Terry va se fâcher mais il
ne va pas me tuer.
Episode 26
TERRY
Les coups donnés sur la porte de ma chambre me font revenir à moi. Je regarde à
nouveau le visage de Perla sur la photo que je tiens depuis ce matin et me retourne
face à la porte. Je vois la tête de ma mère apparaitre après que j’ai fait entendre
d’entrer.
Je mime un sourire en réponse à son grand sourire. Elle vient arranger ma cravate et
elle remarque la photo de Perla dans ma main.
– Je sais mais je n’arrête pas de pense que je la trahis. C’est plus fort que moi.
– Dis-moi pourquoi tu veux te marie à Tisha ? Me demande-t-elle en s’asseyant.
– Je ne sais pas maman. Je n’en sais rien.
– Moi je sais. C’est parce que tu l’aimes.
– Je ne peux te le confirmer maman. Je ne me suis jamais posé cette question.
Je soupire à nouveau. Je me lève pour aller ranger la photo de Perla dans un tiroir. Je
me retourne ensuite face à ma mère et glisse mes mains dans les poches de mon
pantalon.
– Je sais juste que sa présence me fait du bien. Elle a su touché là où aucune autre n’a
pu.
– Don c’est la bonne chéri. Ne te pose plus beaucoup de question. Vous allez vous
marier aujourd’hui et je suis sûre que tu vas finir par vraiment l’aimer. C’est une fille
bien.
– Je sais maman.
– Donc arrête de douter.
– Ok.
Ma mère m’aide à enfiler ma veste et tous les trois sortons de la chambre pour nous
rendre sur la partie supérieure du Yacht. J’ai voulu qu’on se marie sur un bateau pour
changer un peu des mariages ordinaires dans les salles. Nous sommes sur la mer à
Paris. Je sens le bateau bouger, signe qu’elle est maintenant à bord. J’avais dit à Rico
de le mettre en marche une fois que Trisha serait montée. Je rejoins tous les autres en
haut. Il y a mes amis, les seuls amis que j’aie et leurs épouses. Du côté de Trisha il y a
ses trois amies avec lesquelles elle travaillait et Carine. J’ai demandé une permission
dans son centre pour qu’elle puisse assister au mariage de sa meilleure amie. Je vais
rejoindre le prête qui est arrêté sous l’arche de mariage. Je commence à me sentir
bizarre. Je vais me marier. Je vais de nouveau vivre avec une femme, partager ma vie
avec elle, la laisser envahir mon intimité. Tout ce que j’ai toujours détesté. J’ai
toujours aimé la solitude et j’ai toujours eu horreur qu’on connaisse mon intimité. Je
vais me marier. Tout le monde se lève en même temps que la musique nuptiale sonne à
l’apparition des jumelles de Max et Béca qui jouent le rôle de page. Elles versent des
confettis par terre en avançant. Trisha apparait enfin avec son bouquet en main. Mon
cœur se met à battre à tout rompre alors que je la regarde avancer. Cette fille a réussi à
me faire aller contre mes principes. Elle est d’abord venue chez moi, a ensuite fait la
cuisine, a dormi avec moi dans mon lit, a touché à mes choses personnelles, a réussi à
m’habitué à sa présence, a réussi à me faire sentir dépendant d’elle quand je suis en
colère ou dans mes moments d’hallucination. Elle a réussi à me pousser à la demander
en mariage et aujourd’hui je vais faire d’elle ma femme.
Tout le monde l’acclame alors qu’elle vient vers moi. Je peux voir à travers son voile
qu’elle sourit grandement. Elle est heureuse. Sa robe lui va à merveille. Elle arrive
enfin devant moi. Ça me fait bizarre de l’admettre mais… elle m’a manqué. Nous ne
nous sommes pas vus depuis deux semaines. Deux semaines durant lesquelles elle était
ici avec ma mère et ses copines tandis moi je gérais quelques affaires avant de venir il
y a deux jours. Nous avons juste discuté par appels. Quand elle me rejoint, le prête
commence la célébration sous l’assistance de tous. Il pose enfin la question la plus
importante.
Si je veux la prendre pour épouse ? Oui. Mais est-ce que je pourrai l’aimer ? Est-ce
que je pourrai l’aimer comme j’ai aimé Perla ? Je me tourne vers ma mère. J’ai besoin
qu’elle m’encourage parce que je suis un peu confus. Oui je veux garder Trisha près de
moi mais, est-ce que je pourrai tomber amoureux d’elle ? Je sais qu’une relation ou
plus, un mariage sans amour n’ira pas bien loin et le chagrin sera toujours au rendez-
vous. Je n’ai pas envie de faire souffrir Trisha mais je sais que j’ai besoin d’elle. Je me
souviens lui avoir déjà dit que je ne l’aimerai jamais et elle m’a fait savoir que ça ne la
dérangerait pas, qu’elle était quand même prête à se lancer dans cette relation avec
moi. Je ne fais donc rien de mal de l’épouser sans l’aimer. Ma mère me fait un sourire
d’encouragement et me fait oui de la tête. Je regarde Trisha qui me regarde avec
toujours ce sourire sur ses lèvres.
– Oui je le veux.
Le sourire de Trisha s’agrandit et celui de ma mère aussi. Trisha répond à son tour un
oui. Nous échangeons les alliances et le prêtre nous déclare mariés. Je lui soulève son
voile et capture ses lèvres. Elle répond fiévreusement à mon baiser.
Les autres se mettent à rire, moi je fais juste un sourire en coin en prenant une autre
gorgée.
– Des fois je me demande pourquoi je me suis marié, reprends Léo. Je ne peux même
plus aller voir ailleurs.
– Si Cassie t’entend dire ça tu passeras le reste de ta vie sevré et même castré. Rigole
André.
– Je sens que je vais interdire Trisha de fréquenter vos femmes. Elles sont
complètement tarées.
– Oui et toi Mike enferme Kim au Maroc sinon le pays aura une futur Reine
complètement détraquée. Dit André à Mike.
– Mais je suis fier de toi Ty, dit Mike. Je suis heureux que tu te donnes enfin une
chance d’être heureux. Que tu laisses enfin quelqu’un prendre soin de toi en dehors de
ta mère.
– Oui Ty, ajoute André, nous sommes contents pour toi et nous te souhaitons d’être
heureux comme nous le sommes dans nos foyers avec nos femmes et nos enfants.
– Merci les gars.
Assis sur le bord du lit en train de parcourir mes mails, je sens des mains caresser mon
dos nus. Trisha se lève ensuite et m’enlace en passant ses bras autour de mon cou.
– Bébé tu devrais arrêter de travailler. Nous sommes censés être en lune de miel, dit-
elle en parsemant mon cou de baisers.
– On va devoir l’écourter.
– Comment ça ? Je croyais qu’on en avait pour un mois ici à Paris. Ça fait juste deux
semaines que nous sommes en lune de miel.
– Je sais mais il y a des problèmes à la boite.
– Ok et on va quand ?
– Ce soir. Tu pourras revenir à Paris quand tu le voudras.
– D’accord. Mais est-ce qu’on pourrait profiter une dernière fois de ce lit ?
Elle m’enlève le Mac des mains pour s’asseoir sur moi. Je ne tarde pas à être allongé
sur le dos. Après quelques minutes à faire l’amour, Trisha part ensuite faire des
dernières courses. J’en profite pour passer des appels à mes responsables. Ils m’ont
appelé hier pour m’informer que certains de nos camions qui transportaient du ciment
et d’autres matériaux pour un chantier à Man ont disparu. Si on ne les retrouve pas ce
sont des millions qui auront disparu.
Enfin nous arrivons dans notre nouvelle maison. J’avais hâte qu’on y soit pour
commencer à travailler. Il faut que je règle cette histoire au plus vite. Rico et mes
autres gardent qui nous ont escortés garent les voitures.
Nous nous rendons à l’intérieur où nous attendent les employés. Ils nous saluent et se
tiennent droit comme des i.
– Voici tes nouveaux employés. Elle c’est ma master chef Patricia, les deux hommes
en noirs sont ton chauffeur et ton garde du corps. Les deux autres filles les
domestiques. Elles sont à ta disposition. Safi sera là dans peu ainsi que les stylistes.
– Je crois que j’ai acheté assez de vêtement à Paris.
– Elles t’en donneront pour les grandes soirées.
– Ok.
– J’y vais maintenant. À ce soir.
Je veux m’en aller mais elle me retient pour m’embrasser. Je sors enfin pour me rendre
à mon building. Rama m’attend devant mon bureau.
J’entre dans mon bureau et l’inspecte. Tout est en ordre. Je m’installe derrière mon
bureau.
– Bonjour Mon…
– Maya dites-moi combien ont coûté les matériaux qui ont disparu. Je l’interromps en
retirant ma verste.
– Monsieur chaque camion contenait 2,5 millions de matériaux.
– Et vous Lucien vous n’avez toujours pas de nouvelles ?
– Non monsieur. Nous continuons d’appeler les numéros des chauffeurs mais ça ne
passe toujours pas.
– Vous avez prévenu la police ?
– Non monsieur. Nous attendions que…
– Vous attendiez que quoi ? Que les anges viennent vous montrer le chemin à suivre
pour les retrouver ? Vous ne savez pas que plus les minutes passent plus nous perdons
des chances de les retrouver !?
– Monsieur…
– J’ai horreur qu’on parle lorsque je parle. Sortez de mon bureau et revenez avec de
bonnes nouvelles.
Il est 17h et toujours aucune nouvelle. La police est maintenant sur le coup. Je décide
de rentrer chez moi. J’ai besoin de me reposer pour mieux réfléchir à une solution. Ça
ne peut pas être possible que trois de mes remorques disparaissent tout d’un coup. Je
fais ce travail depuis 10 ans et jamais pareille chose n’était arrivée. Il y a quelqu’un
derrière cela. Une fois chez moi je monte dans ma chambre mais je ne vois pas Trisha.
Elle doit surement être dans une autre pièce. Je prends mon portable qui est connectée
aux caméras. Je défile entre toutes les pièces et quand je la trouve je redescends à la
hâte. Elle est dans la salle consacrée à Perla.
Elle me regarde incrédule. Elle ouvre la bouche, la referme et sort. Je claque la porte
derrière elle et vais m’asseoir dans le divan. Je parcoure la pièce du regard. Il y a tout
ce qui appartenait à Perla. Toutes ses photos accrochées au mur, ses vêtements, ses
chaussures, ses bijoux, ses sacs à mains. Absolument tout. Je ne veux pas me
débarrasser de tout ça parce que je veux la sentir près de moi. Je l’ai dit depuis début
que mon cœur n’appartenait qu’à une seule personne. Perla. Et ça ne risque pas de
changer.
Episode 27
TERRY
– Où se trouve ma veste ?
– Là derrière toi.
– Pourquoi elle n’est pas dans le dressing ?
– Parce que je l’ai sortie pour te permettre de te préparer plus rapidement. Chéri tu
devrais te calmer. Je sais qu’il y a des problèmes au bureau mais tu devrais prendre
plus…
– Trisha ce n’est pas à toi de me dire comment me comporter dans cette situation.
Elle ne dit plus rien et sort. Je n’ai pas vraiment fermé l’œil de la nuit. Je n’ai fait que
réfléchir à comment retrouver ces camions mais surtout, surtout qui peut être derrière
tout ça. Il y a forcément quelqu’un qui manigance contre moi et je vais le découvrir.
Le ou les concernés n’ont qu’à bien se tenir. Je retrouve Trisha dans la salle à manger
qui fait la table.
– S’il te plait chéri. C’est mon premier jour entant que ta femme et je voudrais bien
jouer mon rôle.
– S’il te plait.
Je me dégage d’elle et vais prendre place. Elle vient me rejoindre. Alors que nous
prenons le petit déjeuner ma mère débarque. Trisha lui sert une assiette dès qu’elle
prend place.
Je soupire. Je suis déjà de mauvaise humeur et ma mère veut empirer les choses avec
ce type.
– Bébé tu devrais…
– Ne te mêle pas de ça Trisha. Maman j’ai mieux à faire que de rencontrer ce type sans
importance. Maintenant excusez-moi j’ai des choses plus importantes à régler.
Je prends congé des deux dames. J’arrive au bureau et l’atmosphère est toujours aussi
tendue. Mes responsables viennent me faire le point de la situation et elle est toujours
aussi merdique. Toujours aucune trace de ces fichues remorques. Ryan mon nouvel
architecte fait son entrée dans mon bureau. J’ai laissé la porte ouverte pour que mes
employés puissent entrer rapidement pour me donner des nouvelles.
– Bonjour monsieur.
– Tu n’es pas censé avoir un rendez-vous ?
– C’est justement pour cela que je suis là monsieur. Le client dit avoir eu une offre
meilleure que la nôtre et à un bon prix.
– Comment ? Et qui la lui a vendue ?
– Je ne sais pas monsieur.
– Sors et reviens avec le nom de cette personne et le nom de sa société.
Je jette mon bloc-notes d’un revers de la main après que Ryan soit sorti. Qu’est-ce qui
est en train de m’arriver ? Merde je ne peux pas tout perdre en même temps. Il faut que
je réfléchisse à comment arrêter tout ça. Merde !
– Monsieur !
– QUOI ? Je hurle en me retournant vers Rama qui est arrêté au pas de mon bureau.
– Il y a… la police qui est là.
– Et que veut-elle ?
– Vous voir monsieur. Les officiers ne m’ont pas donné de raison.
– Faites les entrer.
Je glisse mes mains dans mes poches en fixant l’entrée de mon bureau. Je vois deux
officiers apparaitre. Rico et un autre de mes gardes qui sont à leur suite s’arrêtent
devant la porte.
Le deuxième officier s’approche de moi en tendant les menottes qu’il tient en mains.
Rico s’approche petit à petit.
– Si vous posez vos mains sur moi soyez sûr que c’est vous qui dormirez en cellule ce
soir. Je tranche en fixant l’officier.
Il y a de la confusion dans leurs regards. Ils ne savent plus quoi faire. Ils sont
nouveaux ces deux enfoirés parce que je connais tous les flics des commissariats de la
commune. Mes gardes les escortes dehors. Je commence à tourner en rond. Je sens que
je ne vais pas tarder à péter un câble et si je pète un câble je risque de renvoyer tout le
monde. Je me sers un verre que je vide cul sec. Je me sers un deuxième que je vide
aussi. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Les matériaux sont placés dans les
camions par les ouvriers sous la surveillance de leur chef. Tout est minutieusement
contrôlé avant l’embarquement. Il y a un traite. Ça ne peut qu’être ça. Je réfléchis à
tous les moindres détails et ça fait tilt dans ma tête. Je prends mon portable et lance
l’appel.
– Rico va chercher le chef des ouvriers et son second. Fais les parler par tous les
moyens.
– « Ok Boss. »
Assis sur le bord de mon bureau j’attends le Colonel TANOH. Lui je le connais et
nous avons eu à travailler ensemble sur des histoires de détournements. Je lui ai
apporté mon aide pour mettre la main sur plusieurs faux dans le milieu des affaires. Il
sait que je ne marche pas dans les bêtises et que j’ai toujours été réglo. Lui pourra
m’aider. Il fait son entrée.
– Bonjour M YOUL.
– Bonjour Colonel. Il y a une affaire de drogue contre moi.
– Oui je l’ai appris en venant ici. Et avant que vous ne me disiez quoi que ce soit je
sais que vous êtes innocent.
– Tant mieux.
– Seulement il va vous falloir apporter des preuves pour laver votre nom et le plus
rapidement avant que la presse ne prenne connaissance de cette affaire et ne l’ébruite.
– Comptez sur moi pour ça.
– Vous devrez chercher parmi vos plus grands concurrents. Peut-être qu’un nom vous
viendra. En attendant je peux demander à mes hommes d’aller interroger vos employés
qui se sont chargé des embarquements. Ils ont peut-être vu quelque chose.
– OK et je voudrais aussi que vous preniez en mains les recherches pour mes trois
autres remorques qui ont disparu. Je n’ai pas de nouvelles depuis et les flics qui ont été
mis sur le coup ne font rien.
– Je vous tiendrez informé.
– Bonne journée Colonel.
– À vous pareillement.
Ça fait maintenant deux heures de temps que j’attends des nouvelles de Rico. Je sais
que si ces deux employés sont impliqués ils diront tout. Rico sait comment s’y
prendre. Je m’apprête à l’appeler lorsqu’il fait son entrée avec le chef des ouvriers qui
a le visage tout en sang. Il le jette par terre.
– Je vous demande pardon monsieur. Mais j’avais besoin d’argent pour rembourser
mes dettes.
– C’est toi qui as mis la drogue dans les camions ?
– Oui monsieur.
– Et c’est encore toi la disparition de remorques ?
– Non monsieur mais je sais qui l’a fait. Mais avant de vous dire, Monsieur je vous en
supplie de ne pas me tuer.
– Je ne suis pas un meurtrier. Tu auras ce que tu mérites mais tu vivras. Maintenant
dis-moi ce que je veux savoir.
– Je ne connais pas tout son nom mais je sais qu’il s’appelle OUATTARA. Vous avez
eu une fois une histoire sur un terrain. C’est nous qui devions construire une cité mais
il était venu avec ses ouvriers. Mademoiselle Maya était venu avec les papiers pour
prouver que le contrat était à nous.
– Salif OUATTARA !
– Oui monsieur c’est ça. Il m’a donné 1 millions pour que je fasse tout ce que j’ai fait.
Et je devais encore faire d’autres choses. Il a dit qu’il voulait que votre société ferme
et que j’allais travailler avec lui avec comme salaire le double de ce que je gagne ici.
– Ok voici ce qui va t’arriver. Tu es renvoyé, ensuite je m’assurerai que plus jamais
une société ne t’embauche mais avant tout tu vas faire un bon séjour en prison.
– Monsieur je vous en supplie pardonnez-moi. Je ne veux pas aller en prison.
– Emmène-le à la police Rico.
*Mona
*LYS
Ce soir je suis venu régler mes comptes avec ce OUATTARA. Je savais qu’il y avait
un traite parmi mes employés parce que j’ai mis de grandes précautions justement pour
éviter d’avoir ce genre de problème. Tout est bien contrôlé, parfaitement contrôlé. Je
suis assis dans son salon avec dans ma bouche mon cigare que j’allume. Rico et deux
autres de mes gardes sont présents. Je l’entends rentrer. Quand il arrive au salon et me
voit, il se fige. Il est bien évidemment surpris.
Je tire sur mon cigare et jette la fumée dans sa direction. Il est toujours debout à me
fixer.
Je prends le dossier devant moi et le lance vers lui. Il le prend et l’inspecte. Je tire
encore une bouffée de mon cigare.
– En plus de ce qu’il y a écrit dans ce dossier il faut ajouter complot contre moi pour
me nuire. Je crois que vous allez en avoir pour 20 ans minimum.
Il s’assoit enfin toujours en regardant dans le dossier. J’ai déterré toutes les choses
louches qu’il fait. Je jette encore la fumée et pose devant lui une tablette. J’active la
vidéo.
– Vous pouvez voir là votre boite qui est présentement en train de partir en fumée.
– Quoi ?
– Il y a aussi vos deux autres résidences qui sont aussi en feu. Je crois que vous n’allez
pas tarder à recevoir des appels. Dommage que vous seriez en prison.
– Comment vous avez…
– Je veux savoir le nom de votre autre complice. Oui je sais que vous n’êtes pas le seul
à avoir manigancé tout ça. Vous n’êtes pas assez intelligent.
– Vous allez me le payer.
Il se lève dans le but de foncer sur moi mais Rico le refait asseoir en appuyant sur son
épaule.
– J’ai présentement des hommes sur votre chantier à Koumassi. Si vous ne me dites
pas le nom de votre acolyte dans les 5 secondes qui suivent, ils y mettront le feu. Ce
serait dommage de bruler l’immeuble que vous avez mis tant de peine à construire.
Je tire encore sur mon cigare et jette la fumée sur lui. Il commence à trembler.
– 5, 4, 3, 2, 1.
– Fulgence KOUASSI. Il s’appelle Fulgence KOUASSI. C’est l’ami de votre mère. Sa
mission était de la séduire pour qu’elle puisse lui communiquer des informations sur
vous. Elle lui a dit que vous seriez en lune de miel pour 1 mois. Nous avons donc
décidé de profiter de ce moment pour mettre sur pied notre projet commun. Celui de
vous détruire.
– Pourquoi vouloir me détruire ?
– Parce que c’est inadmissible que toi un novice vienne nous détrôner nous tes
devanciers. Ça fait plus de 20 ans que je suis le domaine et il a suffi que tu apparaisses
pour nous voler tous nos marchés. Tu as même été désigné meilleur architecte du pays
et deuxième dans toute l’Afrique. Ça a été une honte pour nous.
– Et vous aurez encore plus honte parce que la presse sera mise au courant cette
affaire. Vous ferez la une des journaux les jours à venir. J’espère que votre famille a le
moral fort.
– Rico dit à tes gars de mettre le feu au chantier. J’ordonne à Rico qui obéit aussitôt.
– Non je vous en supplie YOUL ne faites pas ça. Ce sont des milliards qui y sont
rentrés.
– Vous auriez dû penser à cela avant de vous attaquer à moi. Personne ne s’en prend à
Terry YOUL impunément. Estimez-vous heureux que je ne m’en prenne pas à votre
famille là-bas en France. Passez une bonne nuit dans votre cellule.
Je sors suivi de mes gardes. Les deux couillons de policiers qui étaient venus à mon
bureau font leur entrer pour arrêter l’autre couillon. Quand je monte dans ma voiture je
soupire. L’autre complice c’est l’ami de ma mère. Et elle qui se voit déjà dans une
relation avec lui. Mais il va me le payer très cher cet enfoiré. Je ne vais pas lui faire de
cadeau. Je lance l’appel vers elle.
– « Allô chéri. »
– Bonsoir maman. Je t’appelle pour te donner mon ok pour le diner avec ton ami.
– « Tu vas venir avec ta femme ? » Demande-t-elle la joie dans la voix.
– Oui maman nous serons là.
– « Oh merci mon chéri. Tu vas l’apprécier j’ai sûr. »
– À demain maman.
– « À demain chéri. Bonne nuit. »
– Bye.
Je sais qu’elle aura mal mais ce sera un mal pour un bien. Je vais montrer à ce type
qu’on ne s’attaque pas à un YOUL. Jamais.
Episode 28
NATHALIE
C’est aujourd’hui le diner avec mes enfants et Fulgence. Mon cœur bat fort comme ça.
C’est vrai que mon fils a dit hier qu’il veut lui rencontrer hein mais je sais qu’il va être
dur avec lui. Il va serrer son visage jusqu’ààà on va finir de manger. Mon fils là est
trop compliqué. J’espère juste que ça va bien se passer. Fulgence et moi on doit se
croiser à Sococé dans l’un des petits restaurants qui sont dedans. Comme je devais
venir faire les courses pour la nourriture du soir quand il va venir j’ai dit on va se
croiser là en même temps. Je veux préparer poulet au four avec pomme de terre et puis
frite à côté avec poisson braisé. Mon chauffeur va ranger les courses dans la voiture et
moi je vais trouver Fulgence déjà assis en train de boire un verre de vin.
– Bonjour Fulgence.
– Comment tu vas belle dame ?
– Ca va. Tu seras bien là ce soir ?
– Oui. Je ne peux pas rater l’occasion de rencontrer la famille de ma future femme.
– Pardon on n’est pas encore arrivé là-bas.
– Je sais. Mais est-ce que le fait de rencontrer ton fils signifie que tu me donnes une
chance ?
– Non ça veut dire que je t’accepte comme un ami et comme je connais tous les amis
de mon fils lui aussi doit connaitre pour moi.
– Je garde quand même espoir.
– Madame YOUL !
Qui connait mon nom ici ? Je lève la tête pour voir Vincent, le papa de Léo l’ami de
Terry. Lui et moi sommes connus grâce à nos fils. Nous sommes devenus un peu
proches quand il a perdu sa femme il y a deux ans. Mais bon comme il est toujours
avec son ami Robert le papa de Max et moi dans mon coin, on ne se voit plus. Mais les
quelques rares fois où nous nous sommes vus comme aux funérailles d’Inès, nous
avons bien causé.
– Vincent ! Comment tu vas ?
– Bien et toi ?
– Ca va merci.
– Je peux m’asseoir ?
– Umhum vas-y.
– Vincent pardon faut pas faire les gens vont venir me mettre dehors.
– Ok c’est bon j’arrête. Attend tu as quelque chose sur le coin de ta bouche.
– Merci !
– De rien. Ça faisait vraiment longtemps que je ne t’ai pas vu.
– Oui toi aussi.
– J’espère qu’on aura l’occasion de plus se voir. Bon je dois y aller. Robert m’attend.
– Ok au revoir et je salut Robert.
– Sans faute.
Il me fait une bise et s’en va. Je finis aussi ce que je faisais et je m’en vais. Je dois
aller tout préparer pour ce soir. À chaque fois que je pense à ça mon cœur bat. Je me
demande comment mon fils va se comporter.
Je vais vérifier une dernière fois dans la salle à manger que tout est bon. Les plats sont
là, les boissons, les verres, les assiettes, cuillères fourchettes couteaux, tout. Ok. Je
vais rejoindre Fulgence qui vient d’arriver. Quand il me voit il se lève et me donne des
fleurs. Je prends et lui fais les bises avant qu’on ne s’assoit.
Je me lève pour aller embrasser mon fils et sa femme. Mon fils regarde seulement
Fulgence.
– Fulgence je te présente mon fils Terry et sa femme Trisha. Mes enfants je vous
présente Fulgence KOUASSI.
Trisha s’arrête net quand son mari fini de parler. Je regarde mon fils étonné. Il a déjà
commencé ses choses. Terry et Fulgence se regardent. Je ne sais pas ce qui se passe
mais ils se regardent fort comme ça. Tout d’un coup mon fils sourit. Hein ? Mon fils
sourit à un inconnu ? Wéé c’est quelle phase il va me sortir ? Terry passe son gros
doigt sur sa bouche. Trisha et moi on se regarde.
Mon fils sourit encore et s’en va. Fulgence le suit. Je tire Trisha qui voulait suivre son
mari.
– Tu as vu ce que j’ai vu ?
– Oui maman.
– Il a souri et puis il a passé son doigt sur sa bouche. Vous avez fait palabre avant de
venir ?
– Non maman. Je ne sais donc pas pourquoi il a fait ça alors qu’il n’est pas en colère.
– Wéé YOUL va me tuer avec ces choses-là. Pardon si ça chauffe faut m’aider à
séparer.
On va trouver les hommes assis en face de face. Trisha sert son mari et moi je sers
Fulgence. On se sert et on s’assoit. Personne ne parle mais mon fils continue de
regarder Fulgence. Trisha et moi on se regarde.
– Monsieur Fulgence dites-nous que faites-vous dans la vie ? Demande Trisha pour
mettre un peu de causerie.
– Je suis chef d’entreprise. Je fais un peu de tout. Aussi la construction.
– Vous avez des enfants ?
– Oui deux. Ils vivent en France. Et avant que vous ne demandiez je suis veuf. Ma
femme est morte il y a trois ans.
– Oh je suis désolée.
– Ce n’est pas grave.
Trisha envoie encore une causerie avec Fulgence. On finit de manger et on va s’asseoir
au salon pour digérer. Fulgence continue de causer avec Trisha et moi. Rico rentre
dans la maison avec un bois en main. Il donne une enveloppe à son patron. Mon fils
regarde les papiers qui étaient dans l’enveloppe et quand il finit il dépose à côté de lui.
Il se lève et enlève sa veste. Rico est toujours là avec le bois en main. Mon fils vient se
placer devant Fulgence en pliant les bras de sa chemise. Il ouvre aussi les premiers
boutons de sa chemise.
J’ouvre mes yeux. Il est marié ? Fulgence se lève et ferme ses poings.
– C’est la dernière fois que vous osez lever la main sur moi.
– Et vous c’est la dernière fois que je vous vois tourner autour de ma mère. (À Rico)
Rico, ma batte.
Rico lance la batte et dès que mon fils attrape il gifle Fulgence avec. Trisha et moi
crions.
Fulgence se lève doucement et veut taper Terry. Mais il le dribble et lui donne un coup
dans le ventre. Il lui donne un autre dans le dos. Fulgence tombe encore.
Rico vient le tirer pour le conduire dehors. Terry le suit et nous on les suit. Rico jette
Fulgence par terre. Il veut se lever mais Terry le gifle encore avec sa batte.
Il n’écoute pas et lui donne un coup de pied dans le visage. Je commence à pleurer.
Pas parce que mon fils frappe ce chien galeux, mais parce qu’il s’est foutu de moi.
Trisha me prend dans ses bras.
– Sachez très cher qu’on ne touche pas à ma famille, encore moins à ma mère. Tu
aurais pu tout me faire, mais t’en prendre à ma mère, c’était l’erreur à ne pas
commettre. La police t’attend dehors pour te déférer. Tu seras emprisonné pour
complot contre ma personne, trafic de drogue et falsification pour tes chiffres d’affaire.
Tu iras rejoindre ton complice OUATTARA. Une dernière chose.
Il tend la main à Rico qui lui tend une enveloppe. Il enlève des papiers dedans et
montre à Fulgence.
Il fait signe à Rico qui le conduite dehors. Moi je retourne au salon en pleurant
toujours. Terry et sa femme me retrouve. Dès que Terry s’approche de moi je le gifle.
– C’est donc à cause de ça que tu m’as demandé de faire ce diner ? YOUL c’est pour
m’humilier ?
– Maman.
– Ferme ta bouche. Tu ne pouvais pas régler ça entre vous là-bas ? Pourquoi tu es venu
le frapper devant moi ? Et puis c’est dans votre palabre que j’apprends que ce chien
pourri s’amusait avec moi. YOUL tu m’as fait du mal hein, tu m’as fait du mal.
– Maman…
– Sors de chez moi.
Je les laisse et monte dans ma chambre. J’ai mal. Pas à cause de ce que Fulgence à fait,
mais parce que je me sens bête. On dit toujours que les gens qui ne sont pas allés à
l’école sont bêtes, c’est aujourd’hui je vois ça. Il m’a utilisé et moi bête que je suis-je
lui ai donnés des informations sur mon fils. Il s’est servi de ça pour l’attaquer.
Vraiment il faut que je continue d’aller à l’école comme ça ils ne vont plus se foutaise
de moi.
*Mona
*LYS
J’ai dormi très tard tellement je pensais. L’imbécile de Fulgence avec grosse tête on
dirait ventilateur m’a fait passer une mauvaise nuit. Je ne veux même pas savoir ce qui
va lui arriver. Je m’en fou même. Je suis couchée dans mon lit avec la paresse de me
lever. Quelqu’un frappe à ma porte et je dis d’entrer.
Il s’assoit près de moi sur mon lit et sort une boite derrière lui.
– Regarde pardon faut pas salir mon drap avec tes chaussures.
– Je t’ai apportés des bijoux. Dit-il en me tendant la boite.
– On t’a dit que je n’ai pas bijou ? C’est rempli dans mon coffre comme ça.
– Donc comment je peux me faire pardonner ?
– Je veux nouvelle voiture.
– Ok.
– Ya un on dit Ferrali.
– Une Ferrari ?
– Voilà c’est ça.
– Mais c’est une voiture de sport. C’est pour les hommes.
– Ah c’est parce que je ne fais pas sport tu ne veux pas payer pour moi.
– Non maman. Bon André a fait venir de nouvelles voitures. Demain on va aller voir.
– Ahii pourquoi demain ? Tu fais quoi aujourd’hui ?
– Rien. Je croyais que tu ne voulais pas sortir.
– Pardon si c’est pour aller acheter voiture je vais sortir piann.
– D’accord maman.
Il passe son bras autour de moi. Je me colle à lui et dépose ma tête sur son épaule.
– Comment tu vas ?
– Hum ça va mon fils.
– Tu l’aimais déjà ?
– Qui ça ? Lui-là ? Noon. Bon c’est vrai que si on continuait à se voir j’allais accepter
qu’on sort ensemble mais je n’étais pas amoureux de lui pour le moment.
– Ok.
– Ce qui me fait mal c’est qu’il m’a utilisé pour t’avoir. C’est parce que je ne connais
rien qu’il a fait ça ?
– C’est lui qui ne connait rien maman. Sinon il saurait quelle magnifique femme tu es.
– Hum blague-moi seulement.
– Je ne te blague pas. Si les hommes ne voient pas ta valeur sache que moi si.
D’ailleurs il n’y a qu’un seul homme dans ce vaste monde qui t’aime et qui ne
t’abandonnera jamais.
– Qui ?
– Moi. Je t’aime maman.
– Rhorrr tu es trop mignon mon fils.
– Je sais.
– Je t’aime mon mari. Mais pardon donne-moi mes bijoux. Faut pas me blaguer et puis
tu vas partir avec.
Il sourit. Quand je vois ce qu’il m’a acheté je le serre fort. J’aime trop mon fils et lui
seul son amour me suffit. Les autres-là n’ont qu’à avancer.
Episode 29
TRISHA YOUL
Ça fait huit mois que je suis mariée avec Terry et les choses sont comment dire ??? Un
peu statiques. Je veux parler des sentiments et nos rapports. Il y a encore cette distance
entre nous. Il met une distance entre nous. J’ai l’impression qu’il fait tout pour ne pas
s’attacher à moi. Il me traite bien, me donne tout ce que je veux mais quand je veux
aller en profondeur il me fuit. Il ne m’a toujours pas dit qu’il m’aimait ni même des
mots romantiques du même genre. Il n’y a que moi qui les lui dis. C’est vrai qu’il n’est
pas très expressif mais j’ai des fois envie d’entendre ce genre de chose de la part de
mon mari. J’ai besoin d’entendre qu’il tient à moi et qu’il ne veut pas me perdre.
D’entendre que je suis la seule femme qui fait battre son cœur. Je veux tellement qu’il
m’aime comme moi je l’aime, ou plus. Peu importe mais qu’il m’aime, c’est tout ce
que je désire.
Je débarrasse la table à manger de tout ce que j’y avais dressé, éteins les bougies et
monte me coucher. J’allume la veilleuse et monte le drap sur moi. J’ai préparé tout un
diner aux chandelles rien que pour lui et moi mais il n’est pas venu. Il m’avait dit qu’il
serait là à 19h mais il est 22h. Il est allé en voyage d’affaire il y a une semaine et hier
nuit quand il m’a appelé il m’a dit qu’il serait là ce soir. J’ai donc décidé de nous faire
un diner aux chandelles pour passer un peu de temps ensemble avant qu’il ne reparte à
nouveau parce que oui je sais que cette semaine il s’en ira encore. Depuis deux mois
maintenant il ne fait que voyager. Il passe plus de temps dans l’avion qu’ici. Depuis
l’affaire de complot contre lui, ses affaires ont repris de plus bel. Il reçoit des appels
d’un peu partout pour superviser des constructions ou leur faire des maquettes. Je
passe donc mes jours seule quand je reviens du travail.
Sentant une présence j’ouvre les yeux petit à petit et je le vois. Il est assis dans le petit
salon un verre à la main. Il me regarde dormir. Je ne sais pas quand exactement il a
commencé mais des fois quand je me réveille à 5h je le trouve assis son verre à la main
en train de me regarder. J’aime quand il fait ça. Ça prouve au moins qu’il me consacre
un temps. Quoi que j’aimerais bien savoir ce qui lui passe dans la tête quand il me
regarde dormir. Je regarde l’heure et il est 23h30.
Il se lève en tenant son verre négligemment du bout des doigts. Il vient vers moi et me
tend sa main.
– Viens.
– Pour aller où ?
– Je vais m’excuser.
Je souris. Je n’ai plus sommeil d’un coup même si je suis toujours fatiguée. Il me
conduit par la main jusqu’à l’ascenseur.
Comme dit, une fois installés dans sa voiture il me fait porter sa veste. Rico nous
conduit. Je me couche sur le torse de mon homme pour profiter de lui. J’ai besoin de
sentir sa chaleur. Il m’a tellement manqué. Je n’arrive même pas à comprendre
comment j’en suis arrivée à l’aimer autant. Je l’aime vraiment et je ne sais si je le dois
surtout quand lui ne me montre rien. Après un long moment à conduire, Rico gare
enfin. Je ne sais pas où nous sommes mais nous sommes en bordure de mer. Terry me
conduit par la main jusqu’à un bateau. Je n’ai pas besoin de lui demander si c’est le
sien. Y a qu’à voir ses initiales inscrits là-dessus. Il me conduit sur le bateau où est
dressée une table pour un diner en amoureux.
Il m’aide à m’installer et fait de même. L’air est frais dehors et la tenue que je porte
sur moi ne m’aide pas. Mais je peux supporter. Je peux tout supporter quand je suis
avec lui. Nous commençons à manger et après deux bouchées Terry dépose sa
fourchette.
– Dis, j’ai toujours voulu te le demande. Pourquoi tu ne serres pas les mains ? Je veux
dire en dehors de Dré, Léo, Max et Mike.
– J’sais pas. Je n’aime pas c’est tout. Question d’hygiène peut-être. Ou peut-être ça
vient de mon enfance. Je ne sais pas vraiment.
– Oui ta mère m’a dit qu’enfant tu ne jouais avec personne. Tu étais toujours à l’écart.
– Ça peut venir du fait que j’ai passé toute mon enfance à me faire rejeter parce que
j’étais vu comme un démon.
– Parce que tu étais prématuré, presque mongole et muet ?
– Parce que je n’étais pas comme les autres enfants.
Il accompagne sa phrase en terminant son verre. Je termine aussi mon repas. Je quitte
la table pour m’approcher du bord du bateau. Le temps est agréable. Je sens Terry
s’approcher par derrière et m’enlacer par la taille. Je frissonne à son contact.
Je l’embrasse
– Je ne sais pas si je ferai une bonne mère vu que je ne sais pas ce que c’est que
l’amour maternel mais j’en ferai l’effort.
– On devrait aller à l’intérieur. Tu vas prendre froid.
Il me conduit cette fois à l’intérieur du bateau qui est magnifique. Il nous emmène
ensuite dans la chambre. Je retire sur moi sa veste pendant que lui déboutonne sa
chemise. Une fois qu’il enlève son débardeur je lui saute dessus. Je commence à
l’embrasser passionnément. Je le fais asseoir sur le bord du lit et m’assois sur lui.
– Tu m’as tellement manqué mon amour, je déclare entre deux baisers. Fais-moi
l’amour Ty. J’ai envie de te sentir en moi.
Il me fait lever sur lui et se lève à son tour en refermant son pantalon.
*Mona
*LYS
– Je croyais qu’on était d’accord pour ne plus qu’elle vienne chez nous.
– Je viens de te dire pourquoi elle était là.
– Donc c’est dans la pièce destinée à ta défunte femme que vous travaillez ?
Il a serré la mâchoire quand j’ai dit défunte femme. Il inspire et s’assoit.
Je le regarde avec toute la douleur qui brise mon cœur. Je refoule une larme et sors
sans même lui dire ce pour quoi j’étais là. Je n’arrive pas à comprendre comment il
peut être aussi attaché aux souvenirs d’une défunte au point même de lui consacrer
toute une pièce. Il passe plus de temps dans cette pièce que dans une autre. Il y passe
même des fois ses nuits. Terry n’a pas encore fait son deuil et je ne sais pas s’il le fera
un jour. Il parle d’elle au présent. Il dit tout le temps ‘‘Ma femme’’ en parlant d’elle. À
croire que moi je ne compte pas. Je ne sais pas si c’est de l’amour ou de l’obsession ou
encore de la culpabilité mais il refuse d’admette qu’elle est morte et ça me fait souffrir.
Ça me brise de devoir partager mon homme avec une morte. C’est vrai qu’elle a été
son premier amour et tout mais ça fait 8 ans maintenant. Il devrait tourner la page dis
donc.
Nous discutons encore de l’interview avant qu’elle ne s’en aille. Dans trois jours je
ferai la une du magazine NV. J’avais déjà reçu des appels pour des interviews mais
j’en ai déclinés certains sous le conseil de Safi et j’ai reportés d’autres parce que j’étais
super occupée. Mais maintenant je pense que tout se fera.
À 16h je rentre à la maison et à 18h Terry et moi nous mettons en route pour ce diner
gala. C’est une soirée de vente aux enchères pour des enfants malades du cancer. Tous
les hommes riches du pays seront présents ou du moins la plus part. Le trajet se fait en
silence. Chacun est concentré sur son portable. Je n’ai pas envie de lui parler parce que
je n’ai pas encore digéré ses paroles d’hier nuit sur le bateau. Je n’ai d’ailleurs plus
envie d’y repenser. Quand Rico gare la voiture, ce sont des flashs de photos qui nous
accueillent. Un long tapis rouge est dressé et nous devons y prendre des photos avant
d’aller dans la salle. Après les photos où j’ai plaqués des sourires fake pour la
circonstance nous continuons notre chemin vers la salle. La ‘‘FEMME’’ du GRAND
Terry YOUL ne peut pas s’afficher aux yeux du monde avec la mie serrée. N’importe
quoi ! Je souris dès que je vois ma belle-mère et ensuite mes nouvelles copines en train
de papoter des coupes de champagnes en main. Après que ma belle-mère nous ai salué
elle ressort avec son fils surement pour prendre des photos ensemble vu qu’ils ne sont
pas arrivés ensemble. Faudrait qu’on voie la mère du Boss Terry YOUL. Les photos
seront publiées sur un site et dans divers magazines donc tous les participants à cette
soirée doivent se faire photographier. Quand Terry me rejoint à nouveau nous faisons
le tour de la salle pour saluer quelques personnes présentes. Un moment je m’éclipse
pour laisser Terry avec ses amis. Je vais rejoindre les miennes. On nous fait signe que
la soirée va enfin débuter. Nous prenons donc place autour des tables. Nous et nos
amis avions été mis sur la même table. Plus loin je vois ma belle-mère rigoler avec le
père de Léo. D’ailleurs ces deux-là ça fait un bon moment que je les vois ensemble. Il
y a peut-être quelque chose entre eux. Si c’est le cas c’est une bonne chose. Ma belle-
mère mérite le bonheur.
– Ty de grâce ne me dis pas qu’il se passe quelque chose entre ta mère et mon père.
Remarque Léo.
– Ça serait vraiment dommage de faire partie de la même famille que toi.
– Tu m’enlèves les mots de la bouche.
– Moi je veux bien t’avoir comme beau-frère comme ça je vais bien faire le bruit dans
tes oreilles. Lance Cassie à Terry.
– Qu’est-ce que ça vous ferait de savoir que vos deux parents se font des galipettes ?
Taquine Max en souriant.
Léo et Terry fronce leurs nez ensemble en regardant Max. André et Mike se mettent à
rire doucement.
– Tu es dans quel délire Max ? Répond Léo sans toutefois redressé son visage.
– J’ai juste demandé.
– Ne demande plus ce genre de chose. Je n’ai pas envie d’imaginer mon père et la
mère de Ty en train de…
– Ok ça suffi maintenant. Coupe Terry.
Nous autres nous mettons à rire doucement devant la mine de Terry et Léo. Nous
sommes obligés de rire doucement parce que dans ce genre de soirée il n’y a que le
silence qui prime. Les conversations se font à voix basse et si par malchance tu fais un
bruit, ne serait-ce même que les bruits de tes pas, toutes les têtes se tournent vers toi et
c’est la honte assurée. Je vois apparaitre subitement Carla dans la salle. Je ne l’avais
pas vu depuis que nous sommes arrivés. Elle fait un grand sourire à Terry à distance et
celui-ci lui répond en hochant la tête. Il tourne la tête et nos regards se croisent. Je bois
juste ma boisson pour cacher mon humeur. Une voix retentie dans le micro et toutes
les têtes tournent en sa direction. C’est le maitre de cérémonie. Il parle du but de cette
soirée et patati et patata. Il appelle ensuite celle qui va jouer le rôle d’hôtesse en tenant
les objets aux enchères. Quand cette dernière arrive sur l’estrade elle fait un très grand
sourire à Léo en caressant sensuellement ses cheveux. Je fronce les sourcils surprise.
Léo lui répond en mimant un sourire.
– Je dis hein mon mari, tu n’as pas dit à la fille-là qui était ta femme ? Demande Cassie
qui a aussi remarqué le manège. Est-ce qu’elle connait les éléments qui me
composent ?
– Rhorr ne soit pas jalouse ma douce, lui répond son mari en lui caressant la joue. Tu
sais très bien qu’il n’y a que toi qui me fasses de l’effet. Tu veux vérifier ?
– Beurk nous sommes à table, s’écœure Béca. Attendez d’être chez vous pour faire vos
bêtises. Mtchrr.
– Max je dis tu ne lui fais pas bien le travail ou quoi ? Demande Cassie.
– Tu veux que je te donne un aperçu ? Interroge Max. On peut aller dans les toilettes.
– Hum pardon faut pas faire je vais te honnir devant les gens ici. Mon tournement de
rein tu peux pas sipporter.
– Dis-le lui bien ma femme. Il pense qu’on joue dans la même catégorie.
– De grâce nous sommes à un diner, intervient Tina. Faites l’effort d’être des gens
civilisés.
– Tu veux qu’on arrive sur toi ? Réplique Cassie.
– Non je me retire.
Kim et son mari de mettent à rire. Terry lui regarde ses amis dépassé.
– Je me demande bien comment des gens aussi calme que Terry et André arrivent à
vous supporter. Rigole toujours Kim.
– Je me le demande aussi. Répond André en souriant.
– Ils sont fan de nous oh, dit Cassie. Surtout Ty, il est fan de moi mais il fait genre.
Ty lui fait un léger sourire en secouant la tête et elle lui fait un clin d’œil. Cette bande
n’est vraiment pas normale. On ne dirait pas des gens de la haute société. Nous nous
reconcentrons sur la vente avant qu’on ne nous remarque. Léo fait une offre pour un
tableau et le tableau lui revient. La même fille qui lui faisait des yeux doux vient vers
lui en se déhanchant comme une hyène. Pour lui remettre le tableau elle se baisse
carrément afin de lui faire voir ses gros lolos qui sont exposés. Léo fait comme s’il n’a
pas vu. Il est certes taquin et aime se jouer les hommes à femmes mais il est très fidèle
à sa femme. Ça c’est un fait. La fille en se retournant fait une sorte de déhanché mais
malheureusement elle ne le réussi pas et elle se retrouve au sol. Cassie qui la guettait
depuis le début éclate de rire. Mais d’un rire qui fait tourner toute la salle vers nous.
Les gens n’avaient pas réellement remarqué la chute de la fille mais le rire de Cassie
l’a dévoilé. Léo secoue la tête dépassé par le comportement de sa femme.
Et elle éclate encore plus de rire. Moi et les autres femmes de la table nous mettons à
rire en douce. Cassie ne peut plus s’arrêter de rire si bien qu’elle décide de sortir de la
salle pour que la soirée puisse se poursuivre. Nous toutes la suivons et une fois dehors
nous éclatons aussi de rire. Nous rions même aux larmes. Ça faisait un moment que je
n’avais pas ri comme ça.
Nous acceptons toutes et nous montons dans la voiture de Max. C’est Béca qui se met
au volant. Nos gorilles veulent sous suivre mais nous leur disons non. Je vois quand
même Rico demander à l’un des gardes de nous suivre à distance. Nous nous rendons
dans un fast-food pas loin et causons comme de bonnes vielles amies. Les rires sont au
rendez-vous et ça me fait oublier un peu le chagrin que me fait vivre Terry. Le sujet
vire maintenant sur les enfants. Chacune raconte des anecdotes sur ses enfants à nous
faire mourir de rire.
– Alors c’est pour quand le petit YOUL ? Me demande subitement Béca.
– Hum ? Euh, je ne sais pas vraiment. On prend notre temps.
– Vous prenez votre temps ou c’est Ty qui n’en veut pas ?
La question de Béca me scotche la bouche. J’ai un honte de leur dire ce qui se passe
vraiment.
– Tu n’es pas obligée de nous répondre mais nous sommes des copines et nous nous
soutenons les unes les autres. Ça fait toujours du bien de parler à ses amies.
– Je sais. (Je soupire) Oui, Terry ne veut pas d’enfant alors que moi j’en veux.
– Moi je crois que c’est en rapport avec Inès, intervient Tina. Il n’a toujours pas
digérée sa mort subite. Tu devrais peut-être lui laisser encore un peu de temps. Tu as
été patiente et aujourd’hui tu es sa femme donc soit encore un peu patiente.
– Oui Tina a raison, approuve Kim. Ty ne voulait plus jamais avoir affaire à une
femme et aujourd’hui tu es là dans sa vie. Ne renonce pas à avoir un enfant avec lui.
Mais je pense aussi que peut-être que si tu es enceinte ça le fera changer d’avis.
– Oui c’est vrai, reprend Cassie. Il y a des hommes qui ne voulaient pas d’enfant mais
une fois le petit bonhomme apparait ils craquent. Il finira par changer d’avis une fois
que tu seras enceinte. Il a bien fini par changer d’avis par rapport à toi.
– Oui mais je ne sais même pas s’il m’aime. Aussi il y a Carla qui n’arrange pas les
choses.
– Ecoute ma puce, dit Cassie, Ty ne l’aime pas. Il voit juste en elle sa défunte femme
et s’il la traite bien c’est parce qu’il veut se racheter vis-à-vis de Perla. Ty s’est
toujours tenu responsable de sa mort et aujourd’hui qu’il a sa sœur devant lui il veut se
racheter. C’est tout. Il finira bien par se lasser de sa présence crois-moi.
– Je l’espère.
Nous retournons au diner qui est terminé maintenant. C’est André qui a envoyé un
message à sa femme pour nous demander de venir les rejoindre. Nous retrouvons les
hommes déjà dehors en train de discuter près de leurs voitures. On se dit au revoir et
les autres montent dans leur voiture. Au moment de monter dans la nôtre Carla
apparait.
– Terry s’il te plait tu pourrais me déposer. Il n’y a pas de taxi dans cette zone à cette
heure.
– Oui. Monte avec nous.
– Monter avec qui ? Je demande en me tournant vers mon mari. Tu pourrais me
demander d’abord avant de décider d’aller la déposer.
– Pas de dispute s’il te plait.
– Ce n’est pas une dispute Ty. Si elle veut rentrer qu’elle monte avec les gardes dans
leur voiture. Ils pourront la déposer.
– Tu as bien dit dans leur voiture. Je ne peux pas la mettre avec mes employés.
Terry lui ouvre la portière et quand elle s’apprête à monter je la tire et claque la
portière.
Je vois au même moment un taxi approcher. Avec mes deux doigts dans la bouche je
lui siffle et il s’arrête. Je tire Carla jusque devant le taxi et elle se dégage.
Je sors deux billets de 10 000 FCFA de la pochette que j’avais bloqué sous mes
aisselles et les jettent sur elle.
Quand je me retourne je constate que Terry est déjà assis dans sa voiture. Les gens ont
tous le regard sur moi. Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Je le rejoins et Rico démarre. Le
trajet se fait encore en silence mais je sais qu’il est en colère. Dès que nous arrivons
dans notre chambre il se tourne vers moi.
– S’il y a une chose dont j’ai horreur après me répéter, ce sont les scènes en public.
– Je n’aurai pas fait de scène si tu l’avais confié aux gardes pour la déposer.
– Es-tu déjà montée dans l’une des voitures des gardes ?
– Je suis ta femme et je n’ai pas à monter dans leurs voitures.
– Et elle c’est la sœur de ma femme.
– Je n’ai pas de sœur.
– Je ne parlais pas de toi.
Je ne sais pas à quel moment il s’est approché mais quand je me suis rendue compte de
sa présence près de moi, la première chose que j’ai vu c’est son poing venir dans ma
direction. J’ai fermé les yeux automatiquement et bam le coup est parti.
Episode 30
TRISHA
– Alors une dernière question avant qu’on arrête. Je sais qu’on vous l’a déjà posée une
dizaine de fois mais j’aimerais bien savoir. Qu’est-ce que ça fait d’être la femme de
Terry YOUL ?
Qu’est-ce que ça fait d’être la femme de Terry YOUL ? Eh bien ça fait souffrir.
– Bof il n’y a rien de vraiment extra. Je suis une femme comme toute autre. Il y a des
hauts et des bas dans notre couple.
– Comme je l’ai dit tantôt, il est mon homme à moi. Les autres le trouvent intimidant
et rigoureux mais moi je vois un homme merveilleux.
Un homme merveilleux qui me fait passer en dernier et préfère être avec une morte
qu’avec moi.
Ainsi prend fin l’interview pour le magazine. Il sera publié la semaine prochaine. J’ai
aussi fait un shooting photo. Je remercie tout le monde et prends la route pour ma
boite. Ça fait trois jours que Terry est parti en voyage et il doit être là normalement ce
soir. Après notre dispute il y a trois jours il est parti. Le coup de poing que j’avais vu
avant de fermer mes yeux s’était écrasé sur le mur juste à côté de moi. Je m’attendais à
le recevoir mais quand j’ai ouvert les yeux il s’était écrasé sur le mur. Terry me
regardait avec beaucoup de fureur. Il m’a laissé là et est sorti de la pièce. Quand je suis
ressortie je ne l’ai plus vu dans la maison. Sa petite valise de voyage n’était plus là.
Depuis je n’ai plus de ses nouvelles. C’est Rico qui m’a informé qu’ils rentraient
aujourd’hui. Rico l’accompagne toujours dans ses voyages. Quand j’arrive dans ma
boite mon portable se met à sonner. C’est le numéro sur lequel m’appelle Carine. Mon
sourire s’élargit aussitôt.
– Comment va la Française ?
– « Elle pète la forme comme jamais. Comment ça va toi ? »
– Je me maintiens. Alors quoi de neuf ?
– « J’appelais pour t’informer que je rentrais dans ce mois. »
– Ah bon ?
– « Je crois que je suis prête à affronter le monde extérieur. J’ai été longtemps
enfermé ici, il est temps maintenant que je fasse mes preuves. »
– Ah j’en suis ravie. J’ai hâte de te voir.
– « Moi aussi. Bon je te laisse, on m’appelle. À plus. »
– Bye ma puce.
Je suis heureuse qu’elle revienne. Elle me manque vraiment. Je me plonge dans mon
travail à dessiner sur du papier canson de nouveaux designs en peinture. J’ai
commencé même à former aussi les filles qui travaillent pour moi parce qu’il va falloir
qu’elle le fasse sans moi. La secrétaire de la boite toc et rentre avec une enveloppe.
Chaque trois mois nous faisons des bilans de santé et nous recevons les résultats par
courrier. Notre docteur m’a appelé hier d’ailleurs pour m’informer qu’il partait en
voyage ce matin donc il confierait mes résultats à son assistante que les feront
parvenir. Je parcoure les résultats même s’il y en a que je ne comprends pas. Il y a
d’autres que j’ai finis par comprendre à force de les lire. Vers la fin, une note attire
mon attention. Je vois Test de grossesse positif. Positif ? Comment ça positif ? Je suis
enceinte ? Je ne peux pas être enceinte puisque je me sens normale comme toujours. Je
n’ai pas de nausée, de malaise, rien du tout. Il doit y avoir une erreur. Je me rends
illico dans une clinique pas loin pour faire une échographie.
Je suis finie. Je suis enceinte alors que mon mari ne veut pas entendre parler d’enfant.
Je fais ça comment ? Je remercie le docteur et retourne dans ma boite. J’ai mes sens
qui sont mélangés. Dois-je être heureuse ou triste ? Oui je veux un enfant mais lui, lui
n’en veut pas. Je suis tellement plongée dans mes pensées que je me perds dans le
temps. Il est 18h et Terry doit être là 19h. Enfin c’est généralement à cette heure qu’il
rentre. Quand j’arrive à la maison je vois Rico. Ils sont venus plus tôt apparemment.
L’une des servantes vient m’accueillir comme à chaque fois que je rentre.
C’est toute anxieuse que je retrouve mon mari dans notre chambre assis sur le bord du
lit.
Aucune réponse.
– Tu fais ce que tu en veux Trisha mais que ce soit la dernière fois que j’entends parler
de cette grossesse.
Il est 1h et il n’y aucune trace de Terry dans la maison. Je l’appelle mais ça ne passe
pas. La dernière fois qu’il est sorti de la maison comme ça, il est allé en voyage mais là
il n’a pas pris son sac de voyage. Je ne peux pas dormir tant que je n’ai pas de ses
nouvelles. Je décide d’appeler ma belle-mère. Il est peut-être chez elle. Il a pour
habitude de passer la nuit là-bas quand il n’a pas le moral.
J’appelle le deuxième garde qui l’accompagne toujours et il me dit qu’il est au bureau.
Je décide d’y aller. Il se fait certes tard mais je ne pourrai dormir avec mon mari
dehors. Je refuse qu’il découche. J’enfile une longue robe et me mets en route. Je gare
dans le parking de son building et me rends à l’intérieur. L’ascenseur s’ouvre sur son
étage. J’entre dans son bureau sans prendre la peine de cogner. Je reste sur le cul
lorsque je le vois assis dans le salon avec Carla. Encore elle. Elle est assises mais
vraiment très proche de lui.
– Je dérange ?
– Bonsoir Trisha.
– Pour toi ce sera Madame YOUL. Je peux savoir ce que tu fais ici avec mon mari en
plus à cette heure ?
– Nous discutons.
– Tu peux rentrer chez toi. Je suis là pour ça.
– Trisha je suis venu ici pour être tranquille donc pas d’histoire. Me lance Terry.
– Dans ce cas dis-lui de s’en aller.
Il ne dit rien et elle ne bouge pas. Elle s’apprête à prendre un verre contenant de la
boisson sur la table basse mais je la devance et balance le verre par terre.
– Tu sais quoi Trisha, j’en ai marre que tu m’agresses. Tu sais pourquoi tu te sens
frustrée à chaque fois que tu me vois avec Terry ? Eh bien parce que tu sais qu’il y a
des grandes chances qu’il tombe amoureux de moi parce que je suis la jumelle de SA
femme. Tu sais pertinemment que si je tente de le séduire, chose que je ne fais pas, il
divorcera de toi sans ciller pour m’épouser.
– Tais-toi Carla. Lui ordonne Terry.
– Non il faut que je lui dise la vérité. Tu ne fais pas le poids devant moi. Je l’ai déjà eu
une fois au premier jour de ma venue et si je le décide là ce soir je coucherai encore
avec lui.
Là je pète un câble. Je fonce sur elle et lui flanque une gifle. Terry me tire jusque
devant l’ascenseur.
– Lâche-moi Terry !
– Tu te calme maintenant, assène-t-il gonflé de colère. Combien de fois vais-je te dire
que j’ai horreur des scènes ?
– Et moi combien de fois vais-je te dire que je ne veux pas voir cette connasse près de
toi ? Je suis enceinte et toi tu préfères rester ici avec elle.
– Je t’ai déjà fait connaitre ma décision.
– C’est à cause d’elle que tu ne veux pas qu’on ait d’enfant ? Tu as l’intention de te
mettre avec elle ?
– Oui !
Je monte dans l’ascenseur et appuie sur le bouton. Je crois que je dois m’éloigner un
peu de cet homme pour faire le point sur ce qui est bon pour moi. Rester avec lui ou
tout plaquer pour refaire ma vie loin de lui.
Episode 31
NATHALIE
Wééé j’ai eu mon CEPE oohh. Je passe en 6e. Tchia ça n’a pas été facile. Je viens
d’aller prendre mes résultats et je suis contente comme cela. En tout cas je me suis
améliorée. J’écris bien maintenant. Bon ce n’est pas très très bien mais par rapport à
avant c’est mieux. Je sais aussi bien lire qu’avant même si certains mots me fatiguent.
Je suis trop contente. J’ai appelé mes enfants pour leur dire. Ils disent qu’ils seront là.
J’ai appelé aussi Vincent.
Il abaisse sa tête et met sa bouche sur ma bouche. Je ferme mes yeux. C’est la
première fois qu’il m’embrasse depuis qu’on se fréquente. Il se sépare de ma bouche et
attrape mes mains.
– Je ne suis pas une femme pour toi. Je ne suis pas une femme.
– Oui tu n’es pas une femme. Tu es une belle et bonne femme. Nathalie je veux de toi.
– Qu’est-ce que je peux t’apporter ? Je demande en me retournant.
– Ta personne. En étant toi-même tu m’apportes tout. J’ai déjà parlé à mes enfants et
ils m’ont encouragé. Je peux aussi parler à Terry si c’est ce qui t’inquiète.
– Ce n’est pas seulement lui. J’ai plein de secret que je ne veux même pas dire à
quelqu’un. Même pas ma belle-fille qui est ma meilleure amie.
– Je ne te forcerai pas à me le dire si tu n’es pas prête. Accepte juste d’être ma femme.
– Laisse-moi bien réfléchir.
– D’accord.
Il pète le champagne et je vais chercher les coupes pour nous servir. On cogne nos
verres avant de boire.
– On doit quand même faire une fête pour célébrer ton succès.
– Oui. J’attendais que mon fils vienne pour lui parler de ça. On peut faire ça ici entre
nous avec tous les enfants.
– Quand ?
– Demain soir.
– Pourquoi pas ce soir ?
– On n’a encore rien préparé oh.
– Bon je t’offre le service traiteur. Toi fais-toi belle. Je m’occupe de tout.
– Vincent…
– À ce soir ma fleur de Lys.
Il me fait un bisou sur la bouche et s’en va. Arriver devant la porte Terry rentre aussi.
Ils se saluent et il sort. Mon fils vient vers moi. Je me mets à sourire de toutes mes
dents. Mon fils me fait un bisou sur le front et me serre dans ses bras.
– Félicitations maman.
– Merci chéri. Tu m’as apporté quel cadeau ?
– Dis ce que tu veux et tu l’as.
– Je veux une école. (Il fronce ses sourcils) Je veux faire une école pour les gens
comme moi.
– Ok tu l’auras.
– Merciiiiii. Viens on va trinquer. C’est Vincent qui a emmené le champagne.
Il me regarde bizarrement.
– Yakoi ?
– Vincent a apporté du champagne. Vincent t’organise une fête.
– Hééé il y a rien oh. Faut pas commencer à faire ton gros bras.
– Au cas où il devrait il y avoir quelque chose, sache que je ne suis pas contre.
– Comme c’est le papa de ton camarade quoi ?
– Un peu. Mais aussi parce que lui je le connais.
– Hum. Parle-moi de ta femme. Elle n’est pas encore revenue à la maison ?
– Non !
– Terry ça fait une semaine ta femme est partie et tu n’es pas allé la chercher !?
– Je ne l’ai pas chassé donc elle peut revenir quand elle veut.
– Pourquoi tu la traite comme ça ?
– Je n’ai rien fait maman. Ecoute je dois y aller. J’ai rendez-vous avec le détective.
– Il est arrivé où même ?
– Ils ont retrouvé la voiture de l’accident. Elle s’était écrasée dans un ravin à quelque
kilomètre du lieu de l’accident.
– D’accord. J’espère que ça va finir vite pour que tu puisses être tranquille maintenant.
– Moi aussi. À ce soir.
– D’accord.
Trisha rentre dans ma chambre alors que j’essaie de fermer l’éclaire de ma robe. Elle
vient se placer derrière moi pour m’aider.
– Comment tu vas ?
– Ca va maman.
– Si ça va pourquoi tu ne retournes pas chez ton mari ?
– J’ai besoin d’être encore un peu seule. Ton fils ne me facilite pas la tâche.
– Je t’avais bien dit d’attraper ton cœur au début tu m’as dit tu pouvais donc pourquoi
tu fuis.
– Je ne fuis pas, je prends du recul.
– Hum pendant que tu recule, l’autre fille-là avance.
– C’est ton fils qui lui permet d’avancer et me fait reculer.
– Faut attraper ton cœur ça va aller. Mais je ne te force pas oh. C’est toi qui peux
savoir ce qui est bon.
– Je sais maman.
La servante vient nous dire que tout le monde est là. La musique joue dans le jardin.
Trisha et moi descendons trouver tout le monde en bas en train de causer. Les femmes
des garçons viennent me féliciter. Ensuite ce sont leurs maris. Mon fils aussi vient
d’arriver. Lui et sa femme ne se saluent pas. Je vais saluer Vincent et Robert. Il y a des
gens en uniforme arrêté derrière une grande table. Je crois que c’est le service de
traitement ou bien quoi là. Hum je n’ai retenu gros français que Vincent avait parlé là.
Je regarde Vincent qui sourit. Je souris aussi. Lui et moi sommes devenus vraiment
très proche. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Il me fait rire tout le temps et
me traite comme une grande dame. Je l’accompagne chaque fois à des soirées et il me
présente à tout le monde. Au début j’avais un peu honte de parler aux gens parce que
c’étaient des grands types mais il m’a dit de me mettre à l’aise et que lui n’a pas honte
de moi. J’ai fini par m’habituer. Nous nous asseyons tous autour de la grande table
pour manger, boire et causer. La musique joue doucement. Trisha et son mari ne se
sont pas encore parlé mais je les vois se regarder en douce. Les deux-là font rire quoi.
Pendant que nous sommes concentrés sur la causerie, j’entends des bruits. Des gens
qui cris. Nous tous on tourne nos têtes vers l’allé. Un groupe de personne apparait.
Quand je regarde bien mon cœur tombe dans mon ventre. Je reconnais mes deux
grands-frères, ma belle-mère et… cette femme. Quand je la vois je commence à
trembler. Mon Dieu pas ça. Ils ne peuvent pas venir maintenant. Surtout pas elle.
– Je dis Nathalie, commence Rodrigue notre ainé, donc tu es venue te cacher à Abidjan
là c’est pour ça ? Voler les gens.
Tout le monde me regarde. Mon fils se lève pour s’avancer un peu vers eux.
En même temps cette femme que je reconnais malgré les années passées vient vers
Terry en pleurant. Elle veut le toucher mais il recule.
– Oh mon Dieu mon fils. Enfin je te retrouve. Je suis Léontine, ta mère. Ta véritable
mère.
– Si vous avez besoin d’argent dites-le plutôt que de venir embêter les gens chez eux et
inventer des sottises. Lance Terry.
– Mais je te dis la vérité mon chéri. Je suis ta véritable mère. C’est moi qui t’ai mis au
monde.
– FERME TA BOUCHE ! Je crie en tremblant sur moi. Sors de chez moi. Sortez de
chez moi.
– C’est comme ça que tu nous traite nous tes ainés ? Réplique Rodrigue. Tu disparais
sans donner de nouvelle à ta famille et quand on te retrouve, tu es devenue une voleuse
d’enfant et tu profites même de l’argent de cet enfant alors que sa véritable mère est
dans la misère.
– Il est mon fils. Je dis en luttant avec mes larmes.
– Ton fils ? Reprend ma belle-mère. Toi tu sais comment on fait un enfant ? Toi une
femme maudite et stérile. Tu sais comment on fait un enfant ? Tu n’es pas une femme.
C’est pour ça que ton mari t’a laissé pour une autre qui lui a fait des enfants. Non
seulement tu es bête et tu es stérile. Voleuse d’enfant.
NATHALIE
Son regard change. Je fais un pas vers lui et il recule. Seigneur pardon pas ça !
– Comment tu as pu ?
– Je te demande pardon.
– COMMENT TU AS PU ME FAIRE UNE CHOSE PAREILLE ?
Il renverse la table avec tout ce qu’il y a dessus. Tout le monde recule en criant.
– Bébé…
– NE ME TOUCHE PAS TRISHA. (À moi) Je ne veux plus jamais te revoir de toute
ma vie.
– Nathalie nous sommes venus pour régler ce problème. Dit Alain mon deuxième
grand-frère.
– Sortez de chez moi.
– Tu dis quoi ?
– SORTEZ DE MA MAISON. SORTEZ.
Vincent fait signe à Trisha de m’attraper et il sort son porte-monnaie pour leur donner
de l’argent. Ils s’en vont. Je vais m’asseoir sur une des chaises et commence à pleurer.
Vincent vient me calmer avant de partir avec les autres. Trisha qui est restée vient
s’abaisser devant moi.
– Maman !
– Je suis fini Trisha. Ma vie est fini ooh. J’ai perdu mon fils. Seigneur j’ai fait quoi ?
Je n’ai pas dormi. J’ai pleuré toute la nuit. J’ai même appelé mon fils mais il n’a pas
décroché et après ça ne passait plus. Je suis sûre qu’il a cassé son portable. Je m’en
vais chez lui comme ça. Je dois lui parler. Je ne veux pas perdre mon enfant. Je ne
savais pas que cette femme allait revenir. Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas de lui,
qu’il était un bagage pour elle. Je l’ai pris avec moi et aujourd’hui elle vient dire
qu’elle est sa mère. Ça là je suis sûre que c’est à cause de son argent. Quand j’arrive
chez mon fils c’est Trisha je vois d’abord.
Il prend un verre et balance sur le mur. Je commence à pleurer encore plus. Mon cœur
me fait tellement mal.
Je ferme ma bouche. Je ne peux pas lui dire la vérité. Je ne peux pas lui dire comment
je l’ai eu. Ça va lui faire trop mal.
Il s’en va tout énerver. Je me laisse tomber par terre et pleure toutes les larmes de mon
corps. Mon fils me déteste oh, mon fils me déteste. Seigneur pourquoi tu me fais ça ?
Je n’ai pas assez souffert comme ça ? Tu m’as enlevé ma maman, mon mari m’a quitté
pour une autre, on m’a renié dans ma famille et aujourd’hui c’est mon fils qui me
déteste. Je veux mourir oh. Je vais vivre pour quoi si celui à cause de qui je vis dis
qu’il ne veut plus de moi dans sa vie ? Je vais vivre pour quoi ?
Trisha aussi commence à pleurer et me prend dans ses bras. On reste là comme ça
jusqu’à ce que je décide de partir à la maison.
– Ma fille pardon prend soin de lui. Faut pas le laisser seul. Il a besoin de toi.
– J’ai compris maman. Je vais essayer de lui parler.
J’essuie mon visage avec le bord de ma robe et je m’en vais. Arrivée à la maison je
vois mes deux grands-frères, ma belle-mère et cette Léontine assis dans mon salon en
train de manger. J’ai envie de les gifler surtout cette sorcière. Ils mangent on dirait ça
fait 100 ans ils n’ont pas mangé.
– Donc Nathalie, c’est dans ce luxe que tu es et puis tu as oublié ta famille. Dit Alain.
– Un luxe qui ne lui appartient pas. Lance Léontine. Tout ça devrait être à moi parce
que c’est l’argent de mon fils.
– Si tu dis encore que c’est ton fils je vais te faire avaler la tasse là.
– Donc tu as bouche maintenant ? S’énerve ma belle-mère. Nathalie, c’est l’argent-là
qui te donne la bouche ?
– Qu’est-ce que vous voulez ?
– Attend on va finir de manger d’abord.
Ils finissent de manger et ma servante vient débarrasser. Je reste debout parce que mon
sang est chaud. Si la femme-là fait on va se frapper.
– Bon nous avons fini, on peut parler maintenant, commence Rodrigue. Nous sommes
ta famille et tu vis dans ce luxe sans penser à nous. Nathalie est-ce que c’est bien ?
Bon on va parler de ça après. Cette femme est venue nous voir pour nous dire que tu as
volé son enfant donc aujourd’hui elle veut le récupérer.
– N’importe quoi. C’est son argent elle veut ou c’est lui ?
– C’est mon fils Nathalie donc lui et tout ce qu’il a m’appartient. C’est moi sa mère,
c’est moi qui l’ai mis au monde, c’est moi qui l’ai porté, c’est moi qui est poussé sur la
table de l’hôpital, c’est moi qui ai supportées les douleurs de l’accouchement…
– Oui et c’est moi je l’ai sauvé, c’est moi je l’ai traité et fait tous les sacrifices
possibles pour qu’il ne soit plus un enfant malade. Il était mangole, muet et il trainait
jusqu’à ces deux ans et demi. C’est moi j’ai supporté les moqueries, c’est moi j’ai fait
tous les travail pour le nourrir et l’habiller. C’est moi je ne dormais pas quand il
tombait malade, c’est moi j’ai payé ses cours et C’EST GRACE À MOI S’IL EST
TERRY YOUL LE MILLIADAIRE. Donc tu la ferme et tu disparais de nos vies.
– Je ne disparais pas. Je ne bouge pas tant que mon fils ne m’aura pas reconnu comme
sa mère.
– Léontine tu veux quoi 32 ans après avoir abandonné ton bébé ? Si c’est l’argent que
tu veux dis-moi et je te donne mais pardon va où tu es quitté. Je ne veux pas que mon
fils souffre en apprenant ce qui s’est réellement passé. Je ne veux pas qu’il souffre en
apprenant comment tu l’as anbadonné et où tu l’as anbadonné.
– Je ne l’ai pas abandonné. Tu l’as volé.
– Espèce d’imbécile comment tu peux dire que je l’ai volé alors que c’est toi qui l’a
jeté dans les ordures.
« Quoi ??? »
Nous tous on se tourne vers la voix. Je mets ma main sur ma bouche quand je vois
mon fils arrêté.
– Dans quoi est-ce que j’ai été jeté ? Demande-t-il les yeux grands ouverts.
– Chéri…
– Réponds juste à ma question.
Je ferme mes yeux parce que je ne peux pas lui répondre en le regardant.
– Dans la décharge qui était dans le quartier où on habitait. C’est dans les ordures que
je t’ai ramassé.
– Mon fils elle ment, me contredit Léontine. Elle t’a volé de mes bras je te jure.
Mon fils me regarde et la douleur que je vois dans ses yeux déchire mon cœur. Je ne
voulais pas qu’il apprenne ça. Ça va le détruire.
Dès que je vois Léontine poser ses bras sur mon ENFANT ça pète dans ma tête. Je la
retourne et je la gifle. Elle tombe par terre.
Quand je me tourne Terry est déjà parti. Je monte dans ma chambre en courant. Je ne
veux plus voir quelqu’un. Je suis fatiguée de tout ça. Il y a 32 ans je partais me
suicider et c’est là que j’ai entendu Terry pleurer dans les ordures. C’est grâce à lui
que je ne me suis plus suicidée. Mais aujourd’hui il dit qu’il ne veut plus de moi. Est-
ce que je pourrai supporter ? Non. Je vais sur ma coiffeuse et prends une larme dans
une petite boite. Je serre ma main et je trace. Le sang commence à sortir.
Episode 33
TERRY
Assis dans le noir de mon bureau j’engorge le premier verre de ma deuxième bouteille
de scotch. J’ai été jeté et ramassé dans les ordures. Je ne suis rien qu’une ordure. Une
sale ordure. Avec tout mon argent, toutes mes réalisations, ma grande réputation, je ne
suis qu’une ordure. Une merde. Je réprime un sourire amer. Je suis Terry YOUL
l’ordure. YOUL ! Ce n’est même pas mon nom. Je ne peux pas être un YOUL puisque
je ne suis pas son fils à elle. Son fils.
Non seulement elle n’est pas mère mais encore elle m’a ramassé dans les déchets.
Quoi je ne méritais pas d’être abandonné devant un orphelinat ? J’étais aussi répugnant
que ça pour être mélangé à d’autres enfants ? Dans des ordures. C’est là qu’on m’a
jeté. Comment est-ce qu’on peut jeter un bébé, en plus à la poubelle ? Pourquoi n’a-t-
elle pas avorté tout simplement si elle ne comptait pas me garder ? Pourquoi n’a-t-elle
pas avorté si c’était pour me jeter plus tard ?
J’aurais aimé ne rien apprendre. Ne pas savoir dans quoi je suis quitté. Je ne suis rien
d’autre qu’un fichu déchet. Un déchet de merde. Je ne suis pas Terry YOUL
l’architecte, Terry YOUL l’homme d’affaire redoutable. Je suis juste un DECHET.
Un coup est donné sur la porte de mon bureau et Trisha entre. Je ferme les yeux pour
réprimer cette douleur que j’aie au cœur.
Je sors et me dirige vers les escaliers. J’ai besoin de dormir. Je ne sais même pas
quelle heure il fait. Sans me dessaper je me laisse tomber sur le lit. Etant à moitié
endormi je sens Trisha me déshabiller. Je suis trop fatigué pour lui dire de me foutre la
paix.
La première chose que je fais quand j’ouvre les yeux, c’est de regarder l’heure. Il est
20h. Je parcoure du regard la chambre sans voir Trisha. C’est difficilement que je vais
prendre une douche. Je décide ensuite d’aller dans mon bureau pour travailler. Mais
avant que je ne sorte, Trisha entre.
Je soupire. Une partie de moi a quand même envie de connaitre l’histoire. Je sors et
vais la rejoindre assise dans le salon. Trisha me suit. Elle s’installe près de ma… enfin
près d’elle dans le sofa. Elle a une mauvaise mine. Elle n’a pas mis de maquillage, elle
a attaché un foulard sur sa tête et un complet pagne plus habit. Je remarque qu’elle a
un sparadrap sur la main.
Elle baisse la tête et je vois une larme tomber. Elle l’essuie avant de relever la tête.
Trisha lui caresse le bras pour l’encourager.
– Mon papa ne m’a pas reconnu comme sa fille. Il a dit qu’il avait signé pacte avec son
féticheur pour qu’il lui donne seulement des garçons. Il a eus trois garçons avec sa
première femme et ma maman qui était la deuxième femme m’a anccouché. J’étais son
premier enfant. Quand mon papa m’a vu il a commencé à dire que ma maman l’avait
trompé. Toute la famille a fait réunion pour forcer ma maman à dire la vérité. Mais elle
a juré que j’étais la fille de mon papa. Mon papa comme il ne voulait pas la chasser
pour ne pas que les gens sachent ce qui s’est passé, a mis ma maman et puis moi dans
une petite maison qui était dans la cour de la famille. Quand ma belle-mère a eu une
fille mon papa a frappé ma maman parce qu’il dit a que c’est elle qui a gâté son
fétiche. Personne ne venait vers nous, ma maman aussi devait se débrouiller pour nous
nourrir. Elle était guérisseuse. Elle soignait les gens avec les feuilles, les plantes et
c’est ça qui nous donnait un peu d’argent. C’est son nom même que toi et moi on
porte. Elle s’appelait Afiatou YOUL. Mon papa dit faut pas je vais porter son nom
parce que je ne suis pas sa fille.
Elle marque une pause pour essuyer son visage mouillé de larme avec le bout de son
pagne.
– J’étais devenu la servante de la famille puisque je ne partais pas à l’école comme les
autres. Ma maman voulait me mettre mais mon papa a dit non parce que les filles ne
vont pas à l’école. C’est moi je faisais tout. Ma belle-mère ne faisait rien. C’est moi
aussi je m’occupais de ses enfants et des enfants de ses frères qu’elle envoyait. Si je
refusais de travailler pour eux c’est ma maman qu’on frappait. C’était comme ça
jusqu’à un jour un monsieur est venu dire qu’il voulait de moi. Ma maman était
contente parce qu’au moins quelqu’un va venir m’enlever dans la souffrance. Mon
papa m’a vite donné au monsieur sans même demander la dot parce que je l’énervais.
C’est ma maman qui m’a donné tous ses pagnes comme cadeau. C’est comme ça je
suis venue à Abidjan.
– Un an après mon mari a perdu son travail. On a donc quitté la maison en dur pour
aller habiter dans Sicobois (maison en bois). J’ai galéré avec lui et je vendais orange
pour l’aider. On a fait quatre ans dans galère là et puis un jour il a eu travail. Il a eu un
travail plus bon que ce qu’il avait. Il était devenu grand type. C’est là qu’il a
commencé à dire que moi depuis 5 ans je suis là je ne fais pas enfant. Retard oh, fausse
couche oh je ne faisais pas. Il m’a envoyé à l’hôpital pour faire examen et il dit le
docteur lui a dit que je suis stérile. En plus de ça aussi il a dit que moi je lui fais honte
parce que je ne sais pas parler français. Il pouvait dormir dehors pendant une semaine
et me laisser dans la maison sans rien me donner. Il dit qu’il ne peut pas sortir avec
moi sinon je vais le honnir. Un jour je suis allée à son travail avec son portable qu’il
avait laissé à la maison. Ce jour-là j’ai vu son patron. Je ne savais pas que c’était son
patron oh. J’ai causé avec lui et je lui ai dit d’appeler mon mari. Quand mon mari m’a
vu causer avec son patron il s’est fâché. Arrivé à la maison il m’a frappé jusqu’à tout
mon dos était blessé. On dirait trois jours après il m’a soulevé pour m’emmener au
village. Devant toute ma famille il a dit qu’il ne voulait plus de moi parce que j’étais
stérile et bête. Que lui il a eu une autre femme et en un mois elle est tombée enceinte.
Mon papa aussi m’a bannie de la famille parce que j’étais maudite. Il dit c’est la
malédiction qui est sur ma maman parce qu’elle l’a trompé qui est sur moi. Il m’a
aussi chassé du village parce que y a pas une femme dans tout le village qui est stérile
donc faut pas je vais les contaminer.
Elle se met à pleurer encore plus.
– Ma maman et moi on a pleuré jusqu’à elle est tombée malade. Elle m’a dit de dire à
mon mari de me ramener à Abidjan parce que si je reste au village je vais encore
souffrir. J’ai demandé pardon à Firmin et il m’a ramené dans le Sicobois. Il n’a même
pas pris ses habits parce que c’était trop vilain pour son nouveau poste. Je lui ai
demandé pardon pour qu’il me donne un peu d’argent pour me débrouiller avec. Il a
jeté 30 000 FCFA sur moi et puis il est parti. Je pleurais tous les jours et au quartier
tout le monde se moquait de moi. C’est à cause de ça j’ai arrêté de vendre, personne
même venait payer encore mes oranges. Une semaine après on m’a appelé pour me
dire que ma maman était morte mais on m’a dit faut pas je vais mettre mes pieds au
village. Je suis restée ici à pleurer jusqu’à un jour j’ai dit c’est bon je vais aller me
tuer. J’avais perdu mon mari, j’étais stérile, je n’avais pas d’argent et maintenant
j’avais perdu mon seul parent. C’était trop pour moi.
Elle s’arrête et ses mains commencent à trembler. Je sens qu’elle est arrivée
maintenant sur la partie sensible.
– Il était 23h, j’ai pris un couteau. Je ne voulais pas me tuer dans la maison parce que
c’est la maison de mon propriétaire et si les gens savent que quelqu’un s’est tué dedans
ils vont plus vouloir habiter dedans. J’ai donc dit que je vais aller me tuer à la décharge
comme ça au moins si on brule les ordures ça va me bruler aussi et puis c’est fini parce
que je savais mes parents-là n’allaient pas m’enterrer. Normalement à 23h personne ne
passe là-bas. Mais dès que je suis arrivée j’ai vu une jeune fille. Elle était plus jeune
que moi. Je la voyais dans le quartier mais on ne se causait pas. Je me suis arrêtée dans
le noir et puis je l’ai vu jeter un sachet bleu dans les ordures. Quand elle est partie je
me suis avancée et quand j’ai mis le couteau sur ma main, au moment où je
m’apprêtais à couper… j’ai entendu… Oh mon Dieu snif… j’ai entendu un bébé
pleurer.
Elle redouble dans les pleurs. Mon cœur se met à battre douloureusement.
– J’ai eu peur d’abord. Après je me suis tournée pour vois si c’est quelqu’un qui
passait avec un bébé. Mais personne. Le bébé ne pleurait pas fort, on dirait même qu’il
s’étouffait. J’ai donc commencé à regarder partout et j’ai vu que c’était dans le sachet
que la jeune fille avait jeté. Quand j’ai ouvert le sachet… (Elle éclate en sanglot) tu
étais dedans snif. Tu étais petit comme ça. Tu n’étais pas bien formé même. J’ai pris le
sachet et j’ai couri derrière la fille. Quand je l’ai rattrapé je lui ai dit pourquoi elle a
jeté son bébé. (Elle s’essuie les yeux) Terry, je jure sur ma vie qu’elle m’a regardé et
puis elle m’a dit :
– Je dois aller me marier donc je n’ai pas besoin de bagage sur ma tête. Faut aller le
déposer là-bas il va mourir tranquillement.
Sans hésiter je lui ai dit :
– Je veux le prendre.
– C’est pas toi on dit ton mari t’a quitté parce que tu es stérile là ? Hum si tu veux faut
le prendre je m’en fou. Tu penses que c’est quand tu vas garder dans ta maison un
bébé qui est mort que tu ne vas plus être stérile ? Faut faire ce que tu veux, ce n’est pas
mon problème mais si tu dis à quelqu’un que tu m’as vu, c’est là là on va faire palabre.
Et puis elle est partie. Je t’ai regardé dans ma main et je ne savais pas si tu étais mort.
En tout cas tes yeux étaient fermés. Je t’ai serré sur ma poitrine et tu as bougé. (Elle
ferme les yeux) Quand je t’ai mis sur ma poitrine j’ai senti quelque chose se passer en
moi. Ce que j’ai ressenti Terry snif, ce que j’ai ressenti, je te jure que cette femme n’a
pas ressenti ça. Parce que quand tu ressens ça, tu ne peux pas jeter ton enfant. C’est
comme si toute ma vie j’étais enfermée dans une maison dans l’obscurité, dans le noir
même, je dormais et me réveillais dans le noir, je ne voyais rien tellement il faisait
noir, et puis un coup, la lumière vient. C’est comme si j’étais morte et puis je suis
ressuscitée. Tu m’as redonné la vie à l’instant même où je t’ai touché.
– J'ai enlevé mon pagne pour t’enrouler dedans et puis je suis rentrée. Je n’ai pas
dormi toute la nuit parce que j’avais peur que tu meures. Donc je suis restée assise
pour te regarder. Tu étais tellement petit qu’on ne te voyait même pas. Le matin j’ai dit
à la seule voisine avec qui je causais et c’est elle qui nous a emmenés à l’hôpital. On
nous a dit que tu avais juste atteint 8 mois donc comme tu étais prématuré tu allais
mourir dans la semaine parce qu’on ne t’a pas fait les premiers soins et parce qu’on
n’avait pas l’argent pour te mettre dans couveuse. Mon cœur me faisait mal mais j’ai
refusé ça. Je ne voulais pas te perdre alors que tu venais de me donner la vie. J’ai
regardé le docteur et puis je lui ai dit : « Mon enfant ne va pas mourir ». Je suis partie
en disant à Dieu de te garder seulement en vie, le reste j’allais m’occuper. J’ai
commencé à chercher des feuilles un peu partout, j’ai acheté des cailloux et avec tout
ça je te soignais. C’est moi j’aidais ma maman à soigner les gens même les bébés et
leurs mamans donc je savais c’est quelles feuilles qui étaient bon pour toi. Je ne sortais
plus de la maison et c’est ma voisine qui achetait les petits trucs pour toi. En tout cas
elle m’a aidé. Elle dit elle-même cherchait enfant donc si elle m’aidait Dieu allait faire
pour elle. Je te lavais et te massais avec les feuilles, je te donnais aussi même à boire.
C’est la voisine qui achetait des vitamines à la pharmacie pour emmener. Les gens ont
fini par savoir que j’avais un bébé et chacun disait ce qu’il voulait. Que je t’ai volé,
que je suis allée voir un féticheur pour t’avoir, que tu es un génie qui s’est transformé
en bébé. La jeune fille avait déménagé parce que je ne l’ai plus vu. Quand tu as eu 1 an
la voisine est partie en France avec son mari quand elle est tombée enceinte. J’étais
maintenant seule donc avec l’argent que ma voisine m’avait donné avant de partir j’ai
commencé à vendre au marché. Ceux qui ne me connaissaient pas venaient payer chez
moi mais ceux qui me connaissaient non.
Elle est interrompue par la sonnerie de mon portable. C’est Carla. Je coupe et repose
mon portable près de moi.
– Les gens ont commencé à dire que tu étais un enfant sorcier parce que jusqu’à deux
ans tu ne marchais pas. Tes pieds même étaient bizarres. J’ai continué à te masser et
c’est vers 3 ans que tu as commencé à marcher un peu un peu. Mais tu ne parlais pas et
puis tu étais bizarre. On dit mangole ou bien je ne sais pas quoi là.
– Mongole. Rectifie Trisha.
– C’est ça. Bon c’est ce que les gens m’ont dit mais plus tu grandissais plus tu
devenais normal un peu un peu. À cause de bouche des gens j’ai arrêté de vendre au
marché pour chercher travail de fanico. Les femmes qui se promènent pour laver
habits. Mais pour moi j’ai complété avec laver douche, laver assiette, enfin tout ce
qu’on pouvait laver dans maison. Je me suis débrouillée comme ça jusqu’à tu as eu 5
ans. Tu ne partais pas à l’école parce que tu n’étais pas encore bien normal. J’étais
partir avec toi laver habits chez quelqu’un et puis tu es sorti en cachette. J’ai entendu
un bruit au dehors et j’ai commencé à te chercher. C’est là on m’a dit que voiture
t’avais renversé. Le monsieur chez qui je lavais les habits quand voiture t’a cogné nous
a accompagné à l’hôpital, c’est lui qui a payé tous les médicaments et puis il est parti.
Tu as fait deux semaines dans coma. Moi aussi je n’ai pas mangé pendant deux
semaines. Le docteur m’a dit de manger sinon je vais tomber malade et je lui ai dit que
tant que tu ne te réveilles pas je ne mange pas. Je priais et je pleurais sur toi. Et puis un
jour, j’étais couchée par terre à côté de ton lit et puis j’ai entendu « Maman ». J’ai cru
que c’était l’enfant qui était malade à côté qui appelais sa maman donc je ne me suis
pas levée. J’ai entendu encore Maman trois à quatre fois et c’est là que la maman du
petit qui était à côté m’a dit que tu m’appelais. J’ai sauté un coup et quand je t’ai
regardé, tes yeux étaient ouverts. Tu m’as regardé et tu as dit « Maman ».
Elle ferme les yeux comme pour se souvenir de ce jour et cette fois un léger sourire
étire ses lèvres.
– Le plus beau jour de ma vie ce n’est pas quand tu m’as acheté ma première maison,
ce n’est pas quand pour la première fois tu as compté 2 million pour me donner, ce
n’est pas quand tu es allé aux Etats-Unis. Mais c’est ce jour-là. Pour la première fois
j’entendais ta voix et pour la première fois tu m’as appelé maman. Moi la femme
stérile que tout le monde a rejeté, tu m’as appelé maman. J’ai commencé à pleurer en
oubliant même d’aller appeler le docteur. J’ai commencé à te faire bisous partout
partout. J’ai commencé à chanter une chanson pour Dieu en Lobi et c’est mon chant
même qui a fait venir le docteur. Il t’a examiné et il a dit que tu allais bien. Je lui ai
demandé pourquoi tu as commencé à parler et c’est là qu’il m’a expliqué que tu faisais
croissance lent. Genre tu faisais pas vite ce que les autres enfants font. Tu n’as pas vite
marché, tu n’as pas vite parlé. Mais il a dit que pour toi c’est quelque chose qui a fait.
Il m’a demandé si je me piquais avec la drogue quand j’étais enceinte, ou bien si je me
suis piqué avec des choses bizarres. Je lui ai expliqué comment je t’ai eu et il a dit que
c’était surement cette femme qui prenait des choses bizarres. Il a commencé à parler
gros français. Il a dit qu’on devait te faire un traitement pour que tu puisses être bien
en forme parce que tes pieds n’étaient pas encore bien mais je lui ai dit que je n’avais
pas l’argent. On est donc resté sur ça quand le jour où tu devais sortir le docteur est
venu me dire qu’un monsieur avait donné de l’argent pour ton traitement au complet
pendant 1 an. Il m’a présenté au monsieur. Lui et moi on était dans la cour de l’hôpital
et je lui disais merci. Un moment une infirmière est venue me dire que tu me
cherchais. Quand elle tourné son dos pour partir et que moi aussi je me suis retournée
vers le monsieur, il avait disparu. J’ai regardé autour de moi pour le chercher mais il
avait vraiment disparu et jusqu’à aujourd’hui je ne l’ai plus jamais vu.
Elle sort de son sac à main une grande enveloppe kaki et verse sur ses jambes des
photos. Elle les étale ensuite sur la table en les tournant vers moi pour que je les voie.
Il y en a que j’ai déjà vu et d’autres jamais.
– Voici la photo de quand tu étais bébé. J’ai pris ça le jour où j’ai commencé à te
soigner. C’est ma voisine qui m’a dit de faire ça comme ça un jour j’allais pourvoir
rendre témoignage de ma vie. Cette photo c’est quand tu avais 5 mois et ici c’est
pendant ton traitement. Tu avais porté un truc bizarre sur tes pieds pour t’aider à bien
marcher et tendre tes pieds. Avant que ton traitement ne finisse j’ai déménagé avec le
reste de l’argent que le monsieur ange avait donné. J’ai recommencé à vendre au
marché et les week-ends je partais laver habits tout ça pour payer ton école. C’est à 7
ans tu es allé au CP1. Mais malgré que tu allais maintenant bien tu ne parlais pas
beaucoup et tu ne sortais jamais de la maison. C’est moi qui faisais tout pour que tu
causes avec moi. Ton maitre m’a demandé si tout allait bien à la maison parce que tu
ne parlais à personne à l’école et à la récréation tu restais en classe. Mais il y a une
chose que tes maitres avaient remarqué, c’est que tu étais très intelligent. Un jour
même tu regardais un jeu à la télé et tu répondais aux questions avant même qu’on ne
donne les réponses. Je suis retourné expliquer à ton docteur et il a dit que tu étais
surement un surdoué. C’est comme ça on te faisait sauter classe seulement et puis à 15
ans tu as passé le BAC et tu as eu. Celui qui était premier ministre en ce temps t’a
donné bourse pour aller étudier en Amérique. Voici comment tu es devenu Terry
YOUL aujourd’hui.
Elle s’essuit le visage avec le bout de son pagne mais ses larmes coulent aussitôt
qu’elle se relève.
– Je sais que je t’ai caché la vérité mais Terry je te jure sur tout ce que je cherche que
je t’aime plus que tout au monde. Je suis prête à mourir à ta place. Hier j’ai voulu me
suicider mais j’ai laissé parce que je ne veux pas être ingrate envers la vie qui m’a
donné un fils comme toi. Tu es ma raison de vivre et je ne veux pas vivre sans toi snif.
Je ne peux même pas vivre sans toi. Je suis même prête à refaire tout ce que j’ai fait
pour toi. Je ne regrette rien. Les injures, les humiliations, les jours où je ne mangeais
pas pour que toi tu manges. Rien. Mais si tu penses qu’après tout ce que j’ai fait, tout
ce j’ai vécu à cause de toi je ne mérite pas d’être ta mère, je ne vais pas te forcer. Mais
jamais cette femme qui prétend être ta mère ne pourra t’aimer comme moi je t’aime.
Jamais.
Elle s’essuie encore le visage avec son pagne, ramasse les photos et s’en va. Trisha me
regarde attendant surement ma réaction.
NATHALIE
Ça fait deux heures de temps que je suis assise à écouter mes frères et ma belle-mère
me traiter de tous les noms. Ils ne font que parler alors que moi tout mon souci c’est
comment me faire pardonner auprès de mon fils. C’est lui seul ma priorité. Je ne veux
pas qu’il me renie lui aussi. Pour ma famille j’ai survécu mais pour lui ça ne sera pas
le cas. Mes larmes coulent quand l’idée que j’ai perdu mon fils pour toujours passe
dans ma tête. Mon fils. Je ne veux pas le perdre. Je ne veux pas perdre notre
complicité. Moi je m’en fou de l’argent, des voitures et des cadeaux. Je n’avais pas
tout ça et j’aimais mon fils donc aujourd’hui je m’en fou. C’est lui je veux. Lui seul.
– Tu te rends comptes Nathalie que notre père est mort parce qu’on n’avait pas assez
d’argent pour l’emmener se faire soigner dans une clinique ici ? Alors que toi tu
pouvais même le faire partir même en France. Se fâche Rodrigue.
– Je croyais qu’il n’était pas mon père ? Et puis comment est-ce que je pouvais revenir
vers vous si j’avais été chassé du village ?
– Donc tu ne pouvais pas venir nous demander pardon ? Reproche ma belle-mère.
– Tout ce que vous voyez n’est pas à moi mais à Terry.
– Mais c’est ton fils.
– Il n’est plus mon fils parce que vous lui avez tout dit.
– Donc c’est de notre faute si tu es stérile ? Commence à hurler ma belle-mère.
Vraiment malgré tout l’argent que tu as ton cœur est toujours aussi noir. Tu ne sais pas
que quand on a l’argent on aide sa famille !? Tes frères et sœurs sont au village là-bas
tu peux les aider en les prenant avec toi dans cette maison qui ressemble à un château.
Tu peux aller construire une belle maison pour nous au village pour qu’on soit à l’aise.
Mais non, tu es restée ici profiter de ton nouveau statut de femme riche. Tu penses que
tu vas rester longtemps riche ? Non hein. Quand on a mauvais cœur on perd tout ce
qu’on a.
Elle écarte ses yeux. Ses enfants se mettent à parler entre eux en langue tellement ils
sont choqués que Terry parle ainsi à leur mère. Moi je me tais. C’est sur lui ils sont
arrivés, je les laisse avec lui. Il s’approche sans me regarder, ouvre le seul bouton de sa
veste et s’assoit. Ma belle-mère va aussi s’asseoir.
Mon fils sort de sa veste une grosse enveloppe. Eux tous commencent à sourire mais
moi je sais que visage que mon fils fait là, c’est pas bonne parole qui va sortir. Je ne
dis rien. J’ai dit, je les laisse avec lui.
Ils mettent toutes leurs dents dehors en se regardant. Mon fils sort quelque chose
derrière lui.
– Et cette arme.
Rodrigue s’apprête à prendre l’enveloppe lorsque Terry met sa main dessus. Il lève sa
tête et les regarde.
– Cette enveloppe n’est pas gratuite. Je vous achète votre sœur. J’aurai pu donner plus
mais vous ne le méritez pas. Si vous prenez l’argent vous oubliez qu’elle existe. Plus
jamais je ne veux vous revoir autour d’elle. Ne la contactez pas, ne pensez même pas à
elle. Elle ne fera plus partie de votre famille et si vous avez besoin d’argent eh bien
démerdez-vous.
– Comment tu oses me parler ainsi, s’énerve Rodrigue. Je suis ton oncle et tu me dois
du respect.
– Je ne suis pas le fils de celle que vous prétendez être votre sœur donc vous tous et
même tout votre village lointain comme proche n’êtes rien pour moi.
– Hééé un enfant un impoli comme sa…
– D’accord on va prendre, finit-elle par dire. Mais mon petit-fils on ne jette pas sa
famille oh. Même si Nathalie ne t’a pas accouché nous te considérons…
– Que je ne sente pas votre présence ici demain.
*Mona
*LYS
Mon fils me manque. Il me manque. Quand mes servantes font la nourriture ça me fait
mal parce que mon fils ne va pas venir manger. Chaque nuit avant de dormir je regarde
mon portable seulement en espérant qu’il va m’appeler pour me souhaiter bonne nuit.
Nos causeries me manquent tellement. Une semaine que je n’ai pas entendu sa voix.
Mais aujourd’hui je vais le voir. Trisha m’a appelé pour me dire que je devais me
rendre chez lui pour parler d’un problème. Apparemment, Léontine a dit sur internet
qu’elle est la vraie mère de Terry et que moi je l’avais volé. Je sens déjà que ça fait un
scandale puisque mon fils est connu.
Je descends retrouver Vincent assis au salon. Il m’avait dit qu’il venait me voir
aujourd’hui. Depuis la nuit où les gens-là sont venus, lui et moi on ne s’est plus vu. Il
m’appelait juste pour prendre de mes nouvelles. D’ailleurs ceux-là même sont partis le
même jour où Terry leur a donné l’argent en les menaçant. Ils n’ont pas dit ils ont
bouche, ils ont eu leur calmeur. Dès que Vincent me voit il me tire dans ses bras. Je
suis contente qu’il soit là. Nous nous asseyons et il prend mes mains.
– Je n’ai pas besoin d’une experte en retournement de rein dans mon lit. J’ai juste
besoin que tu sois là. Je te ferai aussi le petit déjeuner chaque matin si tu le désires.
Aussi le déjeuner et le diner. Ça dépends de si tu aimes manger le bruler.
– Laisse le bonheur venir à toi et profites-en. Tu le mérites après avoir consacrée toute
ta vie à ton fils. Tu as toujours été son monde et tu le resteras et il sera encore plus
heureux de te voir heureuse.
– D’accord Vincent. C’est d’accord. Mais ne dis rien pour le moment à tes enfants. Je
veux d’abord me réconcilier avec mon fils.
– C’est compris.
Il embrasse mon front puis fait un petit baiser sur ma bouche. On cause un peu et on
sort ensemble de la maison. Chacun monte dans sa voiture et on se sépare. J’entre dans
le salon de Terry où il est avec Safi. Je salut et c’est elle seule qui répond. Trisha n’est
pas là, elle m’avait dit qu’elle devait aller chercher son amie à l’aéroport.
– Bon je vais reprendre tout ce que j’avais dit à M Terry, entame Safi. Il y a un
scandale que votre fils m’a confirmé.
– Je ne suis pas son fils.
– Chéri s’il te plait !
Il s’arrête et se tourne pour me regarder. Voir mon fils devant moi et ne pas pouvoir le
prendre dans mes bras me fait pleurer. Une larme coule.
– Jusqu’à quand tu vas rester fâché contre moi ? Je t’ai tout raconté, je t’ai dit pourquoi
je t’ai caché la vérité mais tu es toujours fâché. Tu veux que je fasse quoi pour que tu
me pardonne snif ?
Je me mets à pleurer.
– Moi je t’aime de toute mon âme parce que tu es mon fils snif. Tu es toute ma vie. Si
je ne t’avais pas ramassé ce jour-là je serais morte. Tu es mon tout Terry, ma vie, mon
espoir, mon tout. Mais si tu ne veux pas me pardonner c’est mieux de me tuer. (Je
m’approche de lui) Tue-moi ça va finir parce que je refuse de vivre si tu me déteste.
Terry j’ai mal fait de te sauver ? J’ai mal fait de t’aimer ? Terry si j’ai mal tue-moi au
lieu de me détester.
Je pleure jusqu’à morve sort. Je m’abaisse pour prendre le bout de mon boubou pour
essuyer mon nez. Quand je me relève Terry me prend dans ses bras.
– Je ne te déteste pas. Laisse-moi juste du temps. C’est pour ne pas te faire de mal que
je préfère rester loin. J’ai besoin d’espace.
– J’ai compris.
Que fait cette femme ici ? Je me décolle de mon fils pour la voir arrêtée à côté de Rico.
Elle veut s’approcher de lui mais comme la dernière fois je la repousse et la gifle.
Trisha apparait en même temps en tirant une grosse valise avec une jeune fille, son
amie je suppose. Je ne la connais pas vraiment mais Trisha m’a raconté son histoire.
– Maman !?
– Carine !?
– Carine tu l’as connais ? Demande Trisha à son amie.
– Oui c’est ma mère.
– Comment ? Cette femme est aussi ta mère ?
– Aussi ma mère ? Je suis son seul enfant.
– Non ohhh ma chérie, répond Léontine en souriant, j’ai un autre enfant, c’est ton
grand-frère. Donc tu connais déjà ton grand-frère Terry même ? Ah la vie fait bien les
choses.
Trisha et Terry sont surpris. C’est donc cette sorcière qui a jeté son fils dans les
ordures qui est aussi celle qui a volé le mari de sa fille ? Le monde est petit.
Episode 35
CARINE
Je rentre de mon traitement contre l’alcoolisme et la première chose qui m’arrive c’est
de rencontrer celle qui en était la cause. Ma mère. Et le plus troublant c’est qu’elle me
dit que Terry est mon frère. Le Terry YOUL, le mari de ma meilleure amie, est mon
grand-frère. Trisha m’avait racontée l’histoire mais jamais, au grand jamais je n’aurais
imaginé que la femme en question c’était ma mère. Cette femme ne cessera jamais de
m’étonner. J’ai passé la nuit dans l’immense maison de Trisha et son mari. Nous avons
parlé de ma mère et ce matin je me rends à l’hôtel où elle séjourne pour lui parler. J’ai
besoin de savoir pourquoi elle fait tout ça. Pourquoi elle est revenue vers Terry après
l’avoir jeté. Je pense déjà avoir une petite idée mais je veux l’entendre de sa bouche.
J’ai aussi envie de lui parler après toutes ces années pour voir ce que je ressens en sa
présence. Je veux voir si elle a un temps sois peu changé. Enfin c’est ce que j’espère.
Après deux coups frappés à sa porte elle m’ouvre la porte. Hier je ne l’avais pas
vraiment regardé parce que trop troublée mais aujourd’hui qu’elle est juste en face de
moi je peux mieux la détailler. Elle a pris de l’âge mais a perdu du poids. Elle m’invite
à prendre place et me propose à boire. Je décline.
– Pourquoi tu es revenue ?
– Pour récupérer mon fils.
– Pourquoi donc si tu l’as jeté ?
– Ma fille j’avais d’autres projets en ce temps. Et puis je ne savais même pas qui était
son père. Tu me connais avec mon affaire pine de non. Donc quand je suis tombée
enceinte, j’ai rencontré ton papa. Il voulait me prendre pour vivre avec lui mais comme
j’étais enceinte d’un autre ça le freinait. Ma chère je ne voulais pas rater occasion de
mariage à cause d’un enfant sans père. Donc j’étais déjà à 8 mois quand j’ai provoqué
l’accouchement pour le faire sortir. Au fait c’était un avortement et la personne qui a
fait m’a dit qu’avec les piqures qu’elle m’a faites le bébé allait mourir avant le
lendemain. Donc quand ils l’ont fait sortir je suis allée le jeter. J’ai dit à ton père que
j’avais fait une fausse couche. Il m’a donc pris avec lui mais ses parents, tes grands-
parents ne m’aimaient pas. On a fait 5 ans dans concubinage, c’est dans ça je t’ai eu
mais ton papa est mort pour nous laisser. Comme je me retrouvais seule et que tes
grands-parents disaient qu’ils n’étaient pas sûrs que tu sois de leur fils ils nous ont
aussi abandonné. J’ai donc repris mon travail de géreuse de Bizi (prostituée de luxe).
De toutes les façons même quand j’étais avec ton papa je continuais en cachette.
– Et tu as continué jusqu’à me voler mon fiancé.
– Rhorrr laisse ça ma fille, continue-t-elle le sourire aux lèvres. Actuellement c’est de
ton frère on parle. Ma fille nous sommes milliardaires.
– Nous ne sommes pas milliardaires. Lui oui.
– Mais si lui il est milliardaire c’est que nous aussi. Tchia quand j’ai vu que c’était lui
le bébé mourant que j’avais jeté, j’ai vite couru pour venir me présenter. Ça n’a pas été
dur de convaincre les frères sorciers de l’autre femme-là. Je leur ai juste promis
beaucoup d’argent s’ils m’aidaient à récupérer mon fils. Il faut qu’il prenne soin de
moi. Je dois aussi nager dans l’argent comme les grandes dames de ce pays.
– C’est donc pour l’argent que tu es là. Tu n’as donc pas changé.
– Changé pour aller où ? Ma fille laisse le passé. Tu dois intervenir pour qu’il
m’accepte comme sa mère. Tu es la meilleure amie de sa femme donc passe par elle.
Non mais la vie est bizarre quoi. C’est le fœtus qui n’était même pas bien formé-là qui
est le deuxième homme le plus riche du pays. Non si je savais j’allais le garder.
– Si tu l’avais gardé il serait devenu alcoolique et drogué. S’il est cet homme dont tu
convoite tant la richesse c’est grâce à cette femme qui l’a ramassé dans les déchets, l’a
aimé et a sacrifié toute sa vie pour lui.
– N’empêche qu’elle n’est pas sa mère.
– Une mère ce n’est pas celle qui met au monde, mais celle qui élève et donne tout son
amour. Elle est plus sa mère que toi. Tu as juste été la mère porteuse. D’ailleurs il est
où ton amant et votre enfant ?
– Pardonne laisse lui-là. Je l’ai jeté et j’ai avorté. Moi je voulais juste m’amuser mais
lui il voulait se jouer mon chef. Tu as bien fait de le quitter même.
Je regarde cette femme en face de moi et la seule chose que je ressens c’est du dégoût.
Cette femme que j’ai autrefois aimée, aujourd’hui je ne ressens même pas une once
d’amour pour elle. Alors qu’elle continue de parler, je prends mon sac et sors. Je ne la
supporte plus. Mais je suis néanmoins heureuse d’être venue. Ça m’a permis d’être
située sur son retour. Elle n’a même pas dit qu’elle m’a cherché pour recoller les
morceaux. Non ! Son seul but c’est la fortune de Terry. Plus j’y pense plus j’ai mal et
sans m’en rendre compte mes larmes se mettent à couler le long de mes joues. J’ai
vraiment mal. La voir après tout ce temps me rappelle tous les mauvais souvenirs. Dès
que je monte dans le taxi j’éclate en sanglot. Pourquoi Dieu m’a-t-il donné une telle
mère ? Une mère capable de jeter son enfant à la poubelle, une mère capable de
coucher avec des hommes devant sa fille, une mère qui vole le fiancé de sa fille et qui
tombe enceinte de lui, une mère qui ne pense à rien d’autre qu’à ses intérêts, à
personne d’autre qu’à elle. Pourquoi ai-je une telle mère ? Je la hais de toute mon âme.
Je veux qu’elle disparaisse de ma vie. Qu’elle aille où elle veut mais qu’elle
disparaisse. Je donnerai tout pour ne plus être sa fille. Je donnerai tout pour être
orpheline et je suis sûre à 100% que si elle mourrait ça ne va me faire ni chaud ni
froid. Le taxi passe devant un bistro situé juste à côté de la boite de Jamal. Je demande
au chauffeur de garer. Je paye ma course et descends. Une fois à l’intérieur je
commande une Vodka. Je dois oublier cette femme et tous ses malheurs. Je dois
oublier tous ces mauvais souvenirs qu’elle a réveillés. J’apporte le verre à mes lèvres
mais l’odeur me pousse à le redéposer. Il faut que je boive mais je n’y arrive pas. Je
dois pourtant boire pour oublier. C’est ce que j’ai toujours fait. J’éclate encore en
sanglot devant mon incapacité à boire. Mon cerveau ne veut pas m’obéir pourtant j’en
ai besoin. Mon portable me fait sortir de ce combat contre mon cerveau. C’est Trisha.
Je sors attendre Trisha comme elle me l’a ordonné et une trentaine de minute plus tard
elle est là.
Plutôt que de rentrer chez elle, elle m’envoie ailleurs. Chez sa belle-mère. Je n’ai pas
cessé de pleurer et c’est toujours le visage mouillé de larme que nous nous installons
dans le salon. Je leur raconte ma rencontre avec cette femme qui m’a mise au monde.
Je n’arrive plus à m’empêcher de pleurer.
– Pourquoi la vie m’a ainsi puni en me donnant une telle femme comme mère snif ?
J’ai envie de mourir.
– Ma fille je sais que ce n’est pas facile mais tu dois t’avancer devant. Si tu pleures
seulement et tu bois encore c’est comme si tu disais que ta vie est dans ses mains donc
elle fait de toi ce qu’elle veut. Tu dois être forte.
– J’aurai préféré qu’elle me jette aussi dans la poubelle pour que tu me prennes aussi
avec toi. Tu es tellement une bonne mère. Je donnerai tout ce que j’aie pour t’avoir
comme maman.
– Mais je peux devenir ta maman. Tu es la petite sœur de mon fils donc tu es aussi ma
fille. Et si tu venais habiter avec moi ici ?
– Quoi ? Non je ne veux pas déranger. Vous avez déjà assez de problème.
– Et toi ton problème c’est le manque d’amour d’une maman. J’ai été la maman de
Terry alors que je ne l’ai pas anccouché donc je peux aussi être ta maman. Viens tu
seras à l’aise ici.
Je suis tellement émue par autant de gentillesse de la part de cette femme que je
connais à peine que je me mets à pleurer. Elle me prend dans ses bras.
J’éclate encore en sanglot. J’ai envie de tout oublier pour reprendre ma vie à zéro.
*Mona
*LYS
Ça fait une semaine que je vis avec ma nouvelle maman et je me sens bien. Cette
femme est un véritable cadeau du ciel. Elle me prend comme si j’étais vraiment sa
fille. Je me commence à m’habituer à elle même si je suis toujours un peu timide en sa
présence. Cette femme est drôle et elle s’en fou de ne pas bien s’exprimer en français.
Trisha vient me voir tous les jours quand ce n’est pas moi qui vais la voir à sa boite.
Comme chaque matin je retrouve ma mère, ça me fait tout bizarre d’appeler quelqu’un
maman de nouveau. Ce mot n’est plus sorti de ma bouche depuis bien longtemps.
Donc comme je disais, je vais retrouver ma mère en bas. Mais plutôt que d’aller la
retrouver dans la salle à manger, c’est au salon je la vois assise sur la moquette en train
de manger dans une casserole. S’il y a une chose que j’ai remarqué chez elle en une
semaine, c’est qu’elle aime beaucoup la nourriture couchée. Que ce soit le riz, le
foutou ou le placali.
– Bonjour maman.
Elle lève la tête vers moi et me gratifie d’un magnifique sourire. J’y réponds.
Je fonce dans la cuisine et reviens avec ma cuillère. Nous mangeons avec appétit et
elle me donne les deux viandes. J’aime comme elle prend soin de moi. Je n’ai jamais
eu ce genre de partage avec ma… avec l’autre.
– Bonjour M YOUL.
– Prend place.
– Bien.
C’est tout ce qu’il dit. L’instant d’après, un homme entre dans le bureau. Il me le
présente comme son avocat. Il s’assoit dans le salon et Terry va le rejoindre. Les deux
discutent et la porte s’ouvre à nouveau sur Léontine. Terry n’a pas l’air surpris. C’est
peut-être lui qui l’a fait venir.
– Bonjour mes enfants. Je suis contente de voir mes deux enfants ensemble.
Terry dans le silence revient s’asseoir dans son gros siège. Il sort un chéquier et prend
un stylo sur lequel sont inscrits ses initiales TY.
Elle continue de citer toutes les choses qu’elle veut. Terry écrit sur un chèque et le
coupe.
Je suis surprise. Il avait déjà même anticipé la chose avant de me demander. Je regarde
Léontine et au fond de moi j’espère qu’elle refuse en disant qu’elle tient à moi.
Terry déchire le chèque et écrit sur un autre qu’il coupe et lui tend.
– 10. Les 5 millions c’est pour tous les désagréments que vous lui avez causés.
Elle regarde le chèque pendant un moment. Moment pendant lequel j’ose encore
espérer qu’elle se ressaisisse.
L’avocat dépose un stylo devant elle. Elle le prend sans hésiter. Qu’est-ce qui me
surprend ? C’est le contraire qui aurait plutôt été très surprenant. Quand elle finit elle
récupère le chèque.
Elle remercie tout le monde et s’en va. Elle ne tient donc vraiment pas à moi. Je ne
représente rien pour elle. Absolument rien.
– Voilà, me ramène Terry sur terre, tu es maintenant une orpheline. Tu peux donc
décider de porter le nom que tu veux. Pour les modifications sur tes documents et
diplômes je m’en charge.
– Je peux être une YOUL ?
– Tu n’as qu’à le demander à ma… ce nom ne m’appartient pas.
– D’accord.
– Demain tu iras t’ouvrir un compte et je te verserai de l’argent. Tu auras un chauffeur
et une nouvelle voiture. Aussi prends les renseignements à l’Université sur la faculté
que tu veux faire. Tu retournes à l’école.
– Merci !
– Tu peux t’en aller maintenant.
TRISHA
Je ressors de mon dressing et regarde mon mari assis sur le lit manipulant son portable.
Je sais déjà que je ne devrais pas lui parler de ça mais je tente quand même le coup.
Il se lève et sort sans me répondre. Au moins il ne m’a pas donnée une de ses réponses
cinglantes. Des fois je me demande si ça été une bonne idée de revenir ici aussi vite
après que j’aie pris mes distances pour réfléchir un peu. Mais comment aurais-je pu
rester loin de lui quand il traversait une aussi grande épreuve ? Je récupère mes clés,
mon sac à main, mes lunettes de soleil et sors. Je me rends à la clinique où je suis
aussitôt reçu. L’échographie commence. Le docteur regarde fixement son écran
pendant un moment avant de se tourner vers moi et de tourner l’écran.
Je regarde là où il a posé son doigt et je vois une forme. J’en suis tout de suite émue.
Mon bébé. Le petit YOUL. J’aurai tellement voulu que Terry soit là pour vivre ça avec
moi. Peut-être que la vue de cette petite forme lui aurait fait changer d’avis. Je passe
par mon premier vaccin préventif et des analyses sanguins avant de reprendre la route
pour chez ma belle-mère où vit toujours Carine bien qu’elle soit maintenant riche pour
se prendre une maison. Elle s’est habituée à avoir une mère aimante donc elle ne veut
plus la lâcher. Je les retrouve justement en train de papoter au salon. Je dois
accompagner Carine à la Banque s’ouvrir un deuxième compte. Elle a déjà un compte
que son frère a rempli et maintenant elle veut un autre compte d’épargne.
Elle embrasse sa maman, je fais de même et nous nous en allons. Quelques minutes
plus tard nous sommes assises dans le bureau du directeur de la Banque KALOU.
C’est la Banque du père de la Princesse Kim mais selon ce qu’elle m’a dit, le père a
légué toutes ses banques qui sont sur tout le territoire Ivoirien à son unique fils. Lui je
ne le connais pas vraiment vu que je ne vais presque jamais à la Banque. Il suffit que
j’appelle pour qu’on réapprovisionne mes cartes de crédit. Pour les espèces, nous
avons un coffre-fort à la maison. La porte du bureau s’ouvre et un jeune qui a des traits
de ressemblances avec Tina prend place en face de nous en nous saluant. Dès qu’il voit
Carine il plisse les yeux.
Carine lui fait savoir ce pour quoi elle est là. Les deux parlent des procédures, des
avantages et autres. Pendant ce temps moi je discute par message avec Rita qui me
donne des nouvelles de la boite. Je vois Loïc fixer Carine un moment avant de se
mettre à sourire.
Je vois Carine se raidir. La honte déforme ensuite son visage alors elle baisse la tête.
– Je m’en souviens. Je suis vraiment désolée mais je ne suis plus cette fille-là.
– Je vois ça. Vous êtes plus présentable et plus belle que cette nuit-là. Bon nous avons
terminé sauf si vous avez d’autres questions.
– Euh non ça va merci.
Nous prenons congés et une fois devant ma voiture elle se cache le visage.
– Quelle honte !
– Rhorr arrête c’est le passé.
– Ouais.
– Il t’a même trouvé belle. Je dis en lui souriant.
– Mtchrr vas chier.
Elle se dirige vers sa voiture avec laquelle son chauffeur nous a suivies.
Elles lâchent toute le jeune, oui je constate par la morphologie que c’est un jeune.
Celui-ci se tourne aussitôt vers moi. Je tique.
– Joël ?
Je fonce le prendre dans mes bras avec toute l’émotion qui me submerge d’un coup. Je
suis tellement contente de voir un ami d’enfance et en plus un avec qui j’ai vécu les
même galères. Je le lâche et il recule pour bien me regarder avant de me prendre de
nouveau dans ses bras et de me lâcher à nouveau.
– Comme je suis heureux de te voir. Attends c’est toi la Trisha YOUL qui dirige cette
boite ?
– C’est bien moi. Je réponds en souriant de toutes mes dents.
– Eh ben t’a eu le jackpot.
– Rhorr arrête.
– Attends je t’invite à déjeuner. Comme ça on pourra mieux discuter. Putain comme je
suis content.
– Et moi donc. Allons-y alors avant que le travail ne me tombe dessus.
Nous montons dans sa voiture et c’est là que je remarque son plâtre au pied gauche.
Il éclate de rire et je le rejoins. Je vois mon garde me suivre dans sa voiture. Je suis
sûre qu’il a déjà fait le point à son patron. Mais bon je m’en fiche. Alors Joël, c’est
mon ami d’enfance. Nous avons été dans le même orphelinat. Il était mon meilleur
ami. Nous étions 3 dans notre bande et j’étais la seule fille. Joël quand il voyait que le
semblant de nourriture qu’on nous donnait ne me rassasiait pas, il me donnait sa part et
lui restait ainsi jusqu’au prochain repas. Nous étions inséparables et nous parlions de
nos rêves tout le temps. Le sien était de devenir footballeur international et il l’a
réalisé. Moi j’ai fui de l’orphelinat pour l’y laisser parce qu’on voulait pour la
deuxième fois nous envoyer dans un autre parce celui dans lequel nous étions ne
pouvait plus subvenir à nos besoins.
– Tu es devenue encore plus belle que la dernière fois que je t’ai vu.
– La dernière fois que tu m’as vu j’étais une ado Joël. J’ai appris que tu avais été
adopté.
– Oui. Par la famille ANDERSON. C’est d’ailleurs grâce à eux que je suis aujourd’hui
footballeur professionnel. Je suis l’ainé des enfants. Je m’appelle donc Joël Jérémie
ANDERSON.
– Je suis heureuse que tu ais eue une nouvelle famille qui t’aime. Tu le méritais.
– Toi qu’est-ce tu deviens ?
Nous passons des heures à nous raconter nos histoires. Tout ce que nous avons vécu
depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Chacun de nous en a bavé. Nous
nous échangeons nos contacts lorsqu’il me ramène à ma boite. Il s’en va ensuite et je
plonge dans le travail. Rita vient m’annoncer en me montrant une magnifique bague
que son petit ami lui a fait sa demande. Alors je demande à ce qu’on ferme la boutique
pour faire une petite fête improvisée. De toutes les façons il est presque l’heure de la
descente. En plus tout le monde a besoin de décompresser un peu. Nous avons été
énormément submergés ces dernières semaines. À 18h je me rends dans notre ancien
appartement à moi et Terry pour récupérer des affaires que j’y avais laissé. Mais une
fois sur place la fatigue prends le dessus alors je décide de faire un petit somme. De
toutes les façons ces jours-ci c’est à 20h que Terry rentre du travail. À croire qu’il
m’évite. À peine s’il me parle. Nous ne dinons même plus ensemble encore moins ne
prenons le petite déjeuner. Il se lève, part au travail, revient la nuit et s’enferme dans
son bureau ou dans cette fameuse salle de Perla. Je ne vois presque jamais quand il
vient se mettre au lit. Il dort même des fois dans la salle de Perla. Il s’y sent plus à
l’aise.
J’ouvre un œil et quand je vois l’heure sur mon portable je sursaute. Il est 22h30
merde. Cette grossesse me joue ce tour des sommeils profonds des fois. Terry ne m’a
pas appelé. Il doit savoir où je suis. Ou disons plutôt qu’il s’en moque. Je rentre quand
même. Je vois Rico, donc son patron est aussi là. Je vois aussi une autre voiture garée
devant la maison. On dirait celle qu’il a achetée à Carla. Oui il lui en a acheté une sans
mon consentement. Que peut-elle bien faire ici à cette heure ? Une idée sombre me
traverse l’esprit. Je fonce donc dans la maison le cœur battant. Je me rends dans son
bureau mais il n’y personne. Pareil dans la salle de Perla. Peut-être que c’est Rico qui a
fait venir sa voiture à cause d’un problème. Trisha il ne se passe rien, arrête de te faire
des films. Je décide donc d’aller dans notre chambre pour prendre une douche.
D’ailleurs il doit y être. Quand j’ouvre la porte, mon être entier se glace sur place. Le
spectacle que je vois me brise littéralement. Terry et Carla endormis dans notre lit et
elle a la tête posée sur son torse. Le drap couvre juste la moitié de leurs corps et les
deux sont torses nus. Cette garce a les seins collés sur mon mari en plus dans notre lit
conjugal. Je laisse mes larmes couler. J’ai mal. Il m’a de nouveau trompé. Le salaud !
Je pète une durite et redescend comme une flèche. Je me rends dans la cuisine où je
prends une bouteille de champagne dans le frigo et remonte. Je les regarde dormir
paisiblement et mon cœur a mal. Il m’avait promis cet enfoiré. Il m’avait promis ne
plus le refaire. Je secoue la bouteille vigoureusement et pète le champagne au-dessus
de leurs têtes. Ils se réveillent et c’est la mousse qui tombe sur le front de Carla qui lui
fait ouvrir les yeux.
Il se lève et enfile sur son pantalon son tee-shirt qui était par terre. Carla touche la
mousse sur elle.
Qui elle traite de tarée ? Moi ? Eh bien je vais lui montrer moi du taré. Je fracasse la
bouteille de champagne et bondis sur elle dans le lit.
J’enfonce le bout de la bouteille dans son coup jusqu’à la blesser. C’est à ce moment
que je sens Terry m’enlever sur elle. Elle en profite pour prendre ses jambes à son cou
en ramassant sa robe par terre. Je lui courre après et Terry me coure après. C’est la
chaine alimentaire des poursuites. Poursuivre et être poursuivi. Je réussi à lui attraper
les cheveux juste avant qu’elle ne franchisse la porte d’entrer. Je la retourne et lui
donne une de ses baffes qui la fait tomber. Terry me tire et elle sort en courant.
– Qu’est-ce qui te prends bordel ? Gueule-t-il.
– Ce qui me prend ? Tu veux savoir ce qui me prend ? Attends que je te montre.
Je remonte les escaliers pour la chambre. Je vais prendre dans son dressing sa batte de
baseball et redescends le trouver arrêter le portable à l’oreille. Quand il me voit
prendre la route pour le couloir qui mène à son bureau avec la batte il me suit. Il
m’appelle mais je ne l’écoute pas. Je vais montrer à cet homme arrogant et sans cœur
que je suis une sauvage qui s’est débrouillée toute seule dans le rue au milieu des
voyous pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Dès que j’arrive dans la salle de Perla,
BIM, je donne un coup dans une grande photo d’elle accrochée au mur. Je donne un
deuxième et elle tombe par terre en mille morceaux.
Il veut m’arrêter mais je fais voltiger la batte dans sa direction. Il recule direct.
– C’est parce que je te laisse le loisir de penser à elle que tu te fous de moi. Mais c’est
terminé YOUL. It’s over.
Et bim dans une autre photo. Il essaye de m’arrêter en gueulant des ordres. J’en n’ai
rien à cirer. Je me mets à casser toutes les photos de Perla. Mes larmes s’incrustent et
se mettent à couler. J’ai tellement mal.
– Je t’ai donné mon cœur Terry. Je t’ai donné mon putain de cœur sur un putain de
plateau.
Bim, je brise la vitre du coffre dans lequel sont alignés tous les bijoux de Perla.
– Trisha…
– Mais toi tu préfères aimer une morte. UNE MORTE PUTAIN.
Je me mets à tout casser en pleurant de plus belle. Mon cœur saigne à cause de cet
homme. Il veut s’approcher mais je balance tellement en désordre la batte qu’il a peur
de se prendre un coup. Je fous le bordel dans la pièce pour me venger. Je veux lui faire
mal parce qu’il n’y a que ça qui compte pour lui. Il m’attrape de force pour me
stopper.
– Pourquoi tu me fais ça ?
– Ai-je mal fait de tomber amoureuse de toi ? Ai-je mal fait de t’aimer ? Dis-moi si
c’est un crime. Qu’est-ce que je n’ai pas fait pour te conquérir ? Qu’est-ce que je n’ai
pas fait pour conquérir ce cœur si fermé que tu as ? J’ai tout fait. J’ai supporté tes
humeurs et tes crises de colères subites. J’ai été là pour toi pendant tes hallucinations.
Je t’ai soutenu. Tout ça pour quoi ? Juste pour que tu me dises que tu m’aimes aussi.
Mais jamais. Jamais tu ne m’as dit que tu m’aimais pourtant je suis ta femme. Tout ce
que je désire c’est que tu m’aimes comme je t’aime. Que tu me dises avec sincérité
que tu m’aimes. Terry snif, je veux juste que tu m’aimes. Je t’en prie dis-moi que tous
mes efforts n’ont pas été vains et que j’ai réussi à conquérir ton cœur. Dis-moi
qu’après 9 mois de mariage tu as fini par tomber amoureux de moi. Je t’en prie.
Il reste de marbre. Aucune expression sur son visage. Il glisse ses mains dans ses
poches en me fixant.
Cette phrase m’achève et achève tous mes espoirs. Tous mes efforts, mes sacrifices ont
été vains. Cet homme n’aime pas et il n’aimera jamais. Un flot de larme se déverse sur
mon visage. Notre mariage était une erreur. C’est ce qu’il vient de dire. Une erreur.
Doucement, en pleurant, je retire mon alliance et la jette sur lui.
Je retourne dans notre chambre ramasser toutes mes affaires. Je ne veux pas laisser un
seul truc m’appartenant ici. Je veux effacer toutes mes traces. Je fais descendre sous
son regard une à une mes valises que je vais ranger dans ma voiture. Quand il me reste
une seule valise, je dépose sur la table devant lui toutes mes cartes de crédits qu’il m’a
données. Je ne veux plus de son argent. La voiture je la garde parce que ce n’est pas lui
qui l’a achetée mais André. Il me regarde et ne dit rien. Je tourne les talons et sors avec
en main ma dernière valise. Je monte dans ma voiture et j’ordonne à mon garde de ne
pas me suivre. Je sors de la concession avec deux larmes qui coulent sur mes joues.
Dieu seul sait que j’ai tout fait pour me faire accepter et mener à bien ce mariage mais
on ne peut arriver à rien quand l’autre pour qui on fait des efforts n’en fait pas.
Maintenant je vais reprendre ma vie loin de lui avec mon enfant. Il ne sera pas un
YOUL mais un COMOÉ. J’ai essayé et j’ai échoué.
Episode 37
TERRY
– Nous avons trouvé dans la voiture certaines choses qui pourraient appartenir à la
personne qui était au volant. Nous faisons des recherches pour retrouver le propriétaire
du véhicule. Mais je crois que ça ne saurait tarder. Enfin je l’espère.
– Ok.
– Je vais y aller pour commencer les analyses. À bientôt monsieur.
Je les regarde prendre place devant moi après m’avoir salué et j’ai déjà une petite idée
de ce pour quoi il est là. C’est mon avocat qui prend la parole en premier.
– Votre femme par le biais de ce monsieur qui est son avocat m’a contacté. Euh je ne
sais pas comment vous dire ça.
– Ne me faites pas perdre mon temps.
– Euh, au fait, elle a demandé le divorce.
– Rebonjour M YOUL. Je suis Maitre AKA l’avocat de votre femme. Elle a émis le
désir de se retirer de votre mariage. Elle n’exige rien. Ni argent, ni bien matériel. Elle
veut juste divorcer. Pour le bâtiment qui abrite sa boite, elle vous demande deux à trois
mois pour le quitter et se trouver un autre bâtiment ou sinon elle peut vous l’acheter en
quatre temps.
– Tenez monsieur les papiers du divorce. J’ai tenu à vous les apporter en personne.
Il acquiesce et s’en va à son tour. C’est à ce moment je récupère les papiers du divorce
pour les analyser. Elle veut vraiment divorcer. Juste trois semaines qu’elle est partie et
elle demande le divorce. Elle était donc sérieuse. Je suis tellement plongé dans la
lecture des documents que je ne remarque pas la présence de Carla. Je lève les yeux
sur elle lorsqu’elle m’appelle pour la énième fois.
– Terry ça va ?
– Avons-nous rendez-vous ?
– Euh non !
– Merci donc de me laisser seul.
– Mais…
Mon regard la fait taire. Elle reste là à me regarder puis s’en va. Je n’ai pas envie de la
voir. J’appuie sur le combiné.
– Rama c’est la dernière fois que Mademoiselle Carla rentre dans mon bureau sans être
annoncée.
– « Euh désolée monsieur. J’ai cru que… »
Je coupe. Je ne sais pas ce que je ressens. Tout est confus. Cette nuit-là, je n’ai pas
couché avec Carla. J’avais beaucoup bu oui, mais pas au point de perdre mes moyens
et de coucher avec elle. Elle a juste profité de ma faiblesse pour se permettre de dormir
avec moi. Elle était venue me voir pour que je l’aide sur un contrat vu qu’elle a ouvert
sa propre boite qui fait un peu dans l’immobilier. C’est en parlant boulot que le sujet a
viré sur Perla. Comme à chaque fois qu’on parle d’elle, je bois beaucoup. Nous avons
donc bu tous les deux et j’ai eu envie d’aller dormir. Elle m’a accompagné dans ma
chambre et à peine mon dos a touché le lit que j’ai sombré. Ce doit être elle qui m’a
retiré mon tee-shirt. Mais comment j’allais expliquer à Trisha que je n’avais pas
couché avec Carla alors qu’elle était dans tous ses états ? Je n’ai pas non plus pour
habitude de donner des explications sur ce que je fais. J’ai donc préféré garder le
silence et la regarder faire. Elle le sait ça que je déteste le bruit et les scandales.
Je remets les papiers dans l’enveloppe et range dans un tiroir. Je réfléchirai plus tard à
la décision à prendre. Mais si elle veut sa liberté je ne la retiendrai pas.
Je travaille jusqu’à l’heure de la pause. Je récupère les dossiers sur mon bureau avant
de descendre rejoindre Rico dans la voiture. Je dois déjeuner ce midi avec Carine. Elle
et moi ne sommes pas vraiment très proches mais le courant passe et je me fais moins
autoritaire pour la mettre à l’aise. Elle est ma sœur et notre relation doit être simple. Ni
elle ni moi n’avions voulu tout ça. Je la retrouve déjà installée dans le restaurant en
train de manger avec engouement. On aurait dit Trisha.
Je lève la main vers un serveur qui m’apporte d’avance ma boisson comme à mon
habitude.
– Maman a raison quand elle dit que tu ne manges pas vraiment en dehors de sa
nourriture.
Elle suce à tour de rôle les bouts de ses doigts avant de les essuyer avec le torchon et
de prendre les documents. Ça me rappelle encore Trisha. Elle se met à sourire et son
sourire est aussitôt remplacer par des larmes au fur et à mesure qu’elle prend
connaissance des autres documents.
Ses larmes continuent de couler. Je lui tends la pochette de ma veste qu’elle prend
pour s’essuyer le visage. Les autres documents sont des titres fonciers. Je lui ai offerte
deux maisons, un immeuble et deux restaurants dont celui dans lequel nous sommes. Il
était à moi à la base. Contre toute attente, elle se lève de sa chaise pour celle juste à
côté de moi et me serre dans ses bras. Je me raidi sur le coup puis me détends. Je ne
suis pas très câlin surtout en public mais c’est ma sœur. Je ne vais pas la repousser.
– Merci Terry pour tout ça. Merci de me donner une nouvelle chance de me remettre
debout.
– Ce n’est rien. Maintenant arrête sinon tu vas me mettre mal à l’aise devant les
employés.
Elle se détache en riant. Je lui essuie le visage avec mon torchon. Elle ne retourne plus
à sa place et reste près de moi à regarder encore les documents comme si elle n’en
croyait pas.
– Je pourrai mettre en location une de mes maisons et garder une. Je me sens à l’aise
avec maman et je n’ai pas envie de me séparer d’elle.
– Tu gères comme tu veux.
– Merci !
– Tu devrais aller voir maman maintenant. Elle est mal sans toi.
– Je verrai. Je vais y aller maintenant.
– D’accord.
J’arrête de travailler à 22h, la fatigue m’y obligeant. Je sors de mon bureau et ouvre la
porte d’à côté. La pièce est toujours dans le même état depuis le carnage de Trisha. Je
ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas faite nettoyer et arranger. Je chauffe la nourriture
que ma mère m’a fait parvenir par le canal de Carine et je dine. J’ai ordonné au deux
servantes de ne pas se trouver dans les parages quand je suis là. Je n’ai pas besoin
d’elles. C’était pour Trisha que je les avais embauchées. Je prends une douche et me
mets au lit.
Des coups donnés sur la porte de ma chambre me réveillent. Ce doit être Rico. Seul lui
a le droit de venir frapper à ma porte. Je le vois effectivement devant quand j’ouvre. Il
m’a l’air inquiet. Je le regarde attendant qu’il parle.
– Boss, il s’agit de votre femme.
– Qu’est-ce qui se passe ?
– L’hôtel dans lequel elle s’est rendue pour une soirée est en feu. Il y a eu une
explosion et il se pourrait qu’elle soit coincée avec les autres.
Cette information me fait l’effet d’un court-circuit. En une fraction de seconde toute
sorte de pensée me traverse l’esprit. Elle est coincée parmi les flammes. Je reviens à
moi et comme une fusée descends les escaliers sans dire un mot à Rico. Je l’entends
me courir après. Je monte dans ma Lamborghini. Je conduis à la quatrième vitesse.
Rico me suit avec mes autres gardes dans deux voitures. Trisha est coincée parmi les
flammes. Je n’ai même pas pris mon portable. J’allais appeler le garde sur place pour
avoir des nouvelles. Heureusement qu’il m’avait déjà donné l’adresse. Je fais le
constat quand j’arrive sur les lieux. Un monde fou est devant regardant tous là-haut où
le feu est immense. Des gens sortent de l’hôtel en courant. Les pompiers sont déjà sur
place à s’activer.
– Je crois que nous avons évacué tout le monde. Dit l’un des pompiers.
– Mais nous avons pourtant évacué tout le monde de l’hôtel même dans la salle où se
tenait une soirée.
Je commence à paniquer. Le feu est à son paroxysme et il est possible que Trisha soit
encore en haut. Les pompiers se mettent à discuter entre eux sur l’éventualité que
Trisha soit coincée là-haut. Une femme s’approche de nous.
– Il sera trop tard de la sauver quand je l’aurai décidé. Je monte chercher ma femme.
– Monsieur YOUL attendez…
Je n’écoute pas les pompiers qui m’appellent et rentre. L’ascenseur est bloqué au
deuxième étage. Je m’y rends en prenant les escaliers trois par trois. C’est moi qui est
dessiné le plan de cet hôtel donc j’en connais tous les recoins. Le feu y commence à
peine mais la fumée est aveuglante. J’entends Rico et tous mes gardes venir derrière
moi. Rico enlève son haut qu’il me tend pour que je me le mette sur le nez. Je l’attache
sur mon nez et commence à lutter avec l’ascenseur pour l’ouvrir. Les portes sont un
peu chaudes mais je n’ai pas l’intention de laisser ma femme à l’intérieur. Il faut au
moins que je l’ouvre un peu pour voir si effectivement elle s’y trouve. Tous mes
gardes qui ont aussi couvert leurs nez s’activent avec moi pour m’aider à défoncer les
portes mais elles sont vraiment solides. Rico descends et reviens avec deux crochets. Il
en donne à l’un des gardes et les deux se mettent à forcer les portes. C’est à ce moment
que deux pompiers apparaissent pour les aider. Un moment les portes s’ouvrent
légèrement et se referment aussitôt. Mais j’ai eu le temps de voir un corps allongé à
l’intérieur. Mon cœur se met à battre à tout rompre et je me surprends à prier pour
qu’elle soit toujours en vie.
– MONSIEUR VOUS DEVEZ SORTIR, LE FEU EST LÀ. Me hurle l’un des
pompiers.
– IL EST HORS DE QUESTION QUE JE LAISSE MA FEMME ICI.
Après un dernier effort les portent craquent. Je me jette dans l’ascenseur soulever ma
femme. Tous me suivent comme mon ombre et Dieu merci il y a une ambulance. Les
infirmiers lui mettent illico un masque à oxygène. Il l’examine un instant sur le
brancard.
Je monte avec elle dans l’ambulance. Je lui prends la main que je caresse pour la
réchauffer. Le contact de nos de deux mains m’apaise.
Je regarde mon bras et y vois une petite brulure et une déchirure. Je ne m’en étais
même pas rendu compte. Rico fait signe à une infirmière qui vient me faire un
pansement. Rico revient avec une chemise qu’il me tend. J’ai toujours des habits de
rechange dans la voiture de mes gardes. Je vais dans les toilettes me nettoyer le visage
et troquer mon tricot salle contre la chemise bleue nuit. Je retrouve à nouveau Rico qui
me tend cette fois mon portable. J’appelle Carine pour la mettre au courant en lui
signifiant de ne pas le dire à notre mère. Je n’ai pas envie de l’affoler. Ce n’est pas bon
pour son âge d’avoir des émotions fortes. On le lui dira demain quand on aura des
nouvelles que j’espère seront bonnes.
Deux heures de temps que Carine et moi attendons les nouvelles. Je commence à
perdre patience lorsque je vois le docteur approcher.
– La famille YOUL ?
– Oui ! Répondons-nous en chœur.
– Bonsoir je suis le Docteur Serge. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne
s’est que nous avons pu la sauver.
– Elle va donc bien ? Demande Carine.
– Oui. Mais, elle a perdu le bébé. C’est ça la mauvaise nouvelle.
Elle secoue la tête et prend le chemin pour la chambre de Trisha. Je la suis le cœur
meurtrie. Je ne sais pas comment prendre cette perte du bébé. Nous pénétrons dans sa
chambre en silence. Elle dort et elle m’a l’air si paisible. Nous restons près d’elle
jusqu’au petit matin. Je décide de rentrer prendre une douche et revenir. Mon cœur est
rempli de tristesse. Une tristesse inexplicable. C’est de ma faute tout ça. Je n’aurais
pas dû la laisser quitter la maison encore moins de cette façon. J’aurais dû la retenir et
lui expliquer les choses. J’aurai dû lui dire que je l’ai… Je soupire. Je prends ma
douche et retourne à la clinique. Ma mère a rejoint cette fois Carine. Je les salut et
reste arrêté à la porte. J’ai envie que ma mère me prenne dans ses bras et me dise que
tout ira bien. Je croise son regard plein de tendresse et détourne le mien. Un
toussotement nous parvient. Nous nous tournons tous vers Trisha qui ouvre les yeux
petit à petit. La première chose qu’elle demande c’est de l’eau. Carine lui en donne
avec une paille. Elle soupire et se recouche.
Elle lève les yeux sur moi après ma réponse. Comme frappé par quelque chose elle
pose sa main sur son ventre précipitamment.
– Mon bébé !
Je m’attends à des cris et autres mais rien. Elle soupire et ferme les yeux. Des larmes
s’échappent de ses yeux. J’ai de plus en plus mal. Elle essuie ses larmes et ouvre ses
yeux qu’elle pose directement sur moi.
Je ne dis rien.
– J’espère que tu es heureux maintenant que le bébé dont tu ne voulais entendre parler
est mort ? N’est-ce pas que Terry YOUL obtient toujours ce qu’il veut ? Tu ne voulais
pas cet enfant et voilà il n’est plus. Gloire à toi grand Terry YOUL.
– Trisha…
– Sors de ma chambre.
Nous sommes maintenant à une semaine depuis la sortie de Trisha de l’hôpital. Avec
l’aide de Carine et de ma mère je l’ai convaincu de revenir vivre à la maison le temps
de sa convalescence. Faudrait pas qu’elle reste seule. Cependant, elle a refusé de
rejoindre la chambre conjugale. Elle dort donc dans l’une des chambres du bas. Les
servantes s’occupent d’elle et j’ai appelé ma master chef pour s’occuper de sa
nourriture. Je veux qu’elle soit à l’aise et ne manque de rien. Je rentre du travail et me
rend dans la cuisine retrouver les domestiques.
Je me dirige vers sa chambre pour prendre de ses nouvelles. Même si elle est toujours
en colère contre moi, je vais quand même chaque soir lui demander comment elle va.
Je m’approche de sa chambre et je l’entends discuter avec Carine. Elle lui parle de tout
le tort que je lui ai causé, de la douleur qu’elle ressent d’avoir perdu son bébé et de
toutes les autres douleurs causées par notre mariage. Je m’apprête à taper lorsqu’une
phrase stop mon geste.
– Carine tu te souviens un jour m’avoir demandé c’était quoi la plus grosse erreur que
j’ai fait de toute ma vie et je t’ai dit que je ne savais pas encore ?
– Oui !
– Eh bien maintenant je sais. La plus grosse erreur de ma vie, c’est d’être tombée
amoureuse de Terry YOUL.
Cette réponse me fait l’effet d’une douche froide. Je suis la plus grosse erreur de sa
vie. Un frisson ma traverse le corps. Je suis la plus grosse erreur de sa vie. Comme un
automate je ressors de la maison. Je fais signe à mes gardes de ne pas me suivre et
monte dans ma voiture. Je conduis sans savoir où je vais. Je suis la plus grosse erreur
de sa vie. Mon cœur se comprime. Je change de trajectoire et me rend chez ma mère.
Elle doit être déjà au lit. Elle s’y met toujours à 21h. J’entre avec le double des clés et
marche vers sa chambre. Je frappe deux coups. Je l’entends appeler le nom de Carine
mais je ne réponds pas. La porte s’ouvre sur elle en robe de chambre. Elle tique quand
elle me voit puis l’instant d’après son regard tendre et doux prend forme.
– Chéri !
Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas entendu m’appeler ainsi. Doucement je mets
un genou après l’autre par terre et enroule mes bras autour de sa taille. Elle me laisse
l’enlacer. Je ne dis rien mais elle sait tout. Elle sait que je suis mal. Elle caresse ma
tête.
Elle me relève et me prend dans ses bras. Sa chaleur me fait un bien fou. Je me
retrouve dans mon enfance quand je dormais la tête sur sa poitrine. Je ne dormais
jamais sans l’avoir touché. Elle me conduit dans sa chambre et me fait asseoir sur son
lit. Elle tire un gros pouffe et s’y assoit en face de moi. Sa main passe tendrement sur
ma joue la caressant.
Je baisse les yeux et les relève. Elle comprend ma réponse. Elle passe à nouveau sa
main sur ma joue.
– Apprends à parler à ta femme, à lui dire ce qui est dans ton cœur. Elle doit être ta
meilleure amie. Si tu as peur dis-lui, si tu es heureux dis encore, si tu as envie qu’elle
reste avec toi et qu’elle ne sort pas dis-lui. Trisha t’aime beaucoup mais si tu restes
dans ton coin tu vas la perdre pour toujours et si elle s’en va je suis sûre que plus
jamais une autre femme ne va rentrer dans ta vie même pas cette Carlo.
– Carla.
– Je m’en fou.
Je souris. Son humeur est toujours intacte. Elle me pose un baiser sur la joue et me
regarde tendrement.
– Tu n’es pas une erreur et tu ne seras jamais une erreur. Trisha t’aime mais s’il
arrivait qu’elle ne t’aime plus, moi, ta maman je t’aimerai toujours. Tu es mon bébé
même si ta tête est dure des fois. Jamais je ne vais te laisser chéri.
– Je sais.
– I lovi you.
– Yakoi ? Votre français-là ne veut pas venir dans ma bouche donc je vais parler
anglais.
Je la serre très fort comme pour rattraper toutes ces semaines loin d’elle. Je hume
même ses cheveux pour me ré imprégner son odeur.
– Héé faut pas me casser, dit-elle en se dégageant. Faut aller faire ça sur ta femme.
– C’est parce que tu m’as manqué. Je peux dormir ici cette nuit ?
Cette question illumine son visage. Elle s’assoit sur son lit et tapote ses cuisses. Je me
déchausse et monte me coucher sur elle. Je pose ma tête sur ses cuisses et elle la
caresse lentement en chantant une chanson en Lobi qu’elle avait l’habitude de me
chanter quand j’étais enfant. Même étant grand elle me la chante toutes les fois que je
vais mal. Je l’écoute chanter en profitant de cette douce caresse jusqu’à m’endormir.
Episode 38
TRISHA
Je me remets peu à peu de la perte de mon bébé. Même si ça fait trois semaines que
j’ai eu l’accident j’ai toujours autant mal. Et même s’il n’était qu’à peine un bébé je
l’aimais. Jamais je ne pardonnerai à Terry cette perte. D’ailleurs je ne veux même plus
de ce mariage. Tout ce que je souhaite c’est qu’il signe ces fichus papiers de divorce
pour enfin avoir ma liberté. Ça été une grosse erreur de ma part de vouloir le conquérir
coûte que coûte. En tout cas j’ai compris la leçon. Plus jamais je ne ferai la cour à un
homme. Si je suis encore dans cette maison c’est parce que les avocats ont dit que ça
devrait être ainsi jusqu’à la signature des papiers du divorce pour ne pas mettre la puce
aux oreilles de la presse. Toujours préserver l’image de Terry. Il n’y a que lui compte
de toutes les façons. Je finis de m’habiller lorsque Terry débarque dans ma chambre.
– Je sais que c’est ta maison mais fais l’effort de respecter mon intimité en frappant
avec de rentrer dans ma chambre.
– Nous sommes mariés.
– Et j’aimerais savoir quand est-ce que tu comptes signer les papiers du divorce ? Tu
n’as rien dit mais tu n’as toujours pas signé.
Il ne répond pas. Je prends mon sac et sors. J’ai mieux à faire que de rester là à le
regarder dans ses airs de macho. Comme il peut m’énerver cet homme. Je prends
directement la direction de la salle où aura lieu l’anniversaire de la mère de Joël. C’est
ce soir et nous devons finaliser la déco avant midi pour qu’ils puissent commencer les
emplacements des appareilles et autres. Je retrouve sur place Rita et trois nouvelles de
la boite qui avaient déjà commencé à enrouler les rubans. Je vais dans les toilettes
troquer ma robe contre un jeans et un tee-shirt pour être plus à l’aise. Nous travaillons
pendant des heures et des heures en rigolant des fois pour déstresser un peu. Le livreur
de fleur vient avec tout ce que nous avons commandé et nous entreposons les fleurs çà
et là dans la pièce. Ce sera un cocktail debout donc pas de table et de chaise.
– Wahoo !! Eh ben vous faites du bon boulot.
Je souris en me retournant vers Joël qui avançait vers moi en regardant partout. Il tient
en main des paquets.
Je fais signe aux filles qui récupère des mains de Joël leur paquet et se mettent à
déguster. Moi je m’assois sur une chaise en face de Joël qui fait aussi pareil. Nous
discutons pendant que nous mangeons. C’est toujours avec un bonheur que je discute
avec mon ami d’enfance.
Le soir comme convenu, Terry et moi nous rendons à ce diner. Cette fois il n’y aura
pas toute la bande. Juste moi, Terry et Carine. Nous passons la récupérer chez leur
mère et continuons à la soirée. Je n’ai pas adressée la parole une seule fois à Terry. Je
n’ai même plus envie de le voir. Les flashs des appareils nous accueillent comme à
chaque fois. J’affiche un sourire de façade. Ce faux sourire reste plaqué sur mon
visage pendant les salutations avec les autres personnes présentes. Ayant marre de
toutes ces civilités, je vais prendre place sur la table qui nous est réservée. Carine fait
de même.
– C’est toujours le froid ?
– Oui. Il m’insupporte.
– Il t’insupporte parce que tu l’aimes troop. Se marre-t-elle.
– Arrête tes sonneries.
– Avoue que tu l’aimes malgré tout.
– Je n’avoue rien et puis je t’emmerde Carine.
– Mademoiselle YOUL s’il te plait.
– Mtchrrr.
Nous rions quand je vois entrer Carla. Définitivement elle est partout celle-là.
– Tu veux que j’aille lui arracher les cheveux ? Me demande Carine en regardant
Carla.
– Pour quelle raison ?
– Chercheuse du mari de ma meilleure amie.
– Je t’aurai donné le top si ce mari même n’avait pas des vues sur elle.
– Il n’a aucune vue sur elle. C’est toi qu’il aime.
– Une sœur ne salie jamais le nom de son frère.
– Ca n’a rien à avoir. Tu aurais dû le voir ce soir-là quand il y a eu l’incendie. Il était à
deux doigts de mourir tellement il était inquiet. Il s’était même blessé sans s’en rendre
compte. N’eut été son audace tu serais morte dans cet ascenseur parce que les
pompiers n’ont pas voulu aller te sauver sous prétexte que c’était trop tard à cause du
feu. Ton mari était comme fou.
– Ca fait 100 fois que ta mère et toi me répéter cette histoire mais le concerné même
est dans son coin. Pardon laissez-moi avec ça.
– Tu sais comment il est.
– Oui et quand on aime une personne on met de côté son ‘‘comment je suis’’ mais si
ton frère n’a pas changé depuis qu’il me connait c’est qu’il ne m’aime pas. Il me l’a
dit.
– Il t’a dit qu’il ne t’aime pas ?
– Il a dit que notre mariage était une erreur. Ça veut tout dire même ce qu’il ne dit pas.
Ecoute parlons d’autre chose.
Nous passons d’un sujet à un autre jusqu’à ce que tout le monde prenne place autour
de sa table. Terry et d’autres personnes y compris Carla nous rejoignent. Cette façon
qu’elle a de me lancer des regards commence à faire bouillir mon sang. Elle touche des
fois subtilement Terry qui retire sa main. Elle lui sourit et le regarde d’une de ses
manières.
– Je peux toujours lui arracher les cheveux là maintenant si tu le veux hein. Chuchote
Carine à mon oreille.
Je souris en secouant la tête. Je n’ai pas envie de subir une colère de son excellence
Terry YOUL qui a horreur du scandale.
– Ma belle Carla, commence un homme sur notre table. Puis-je vous inviter à diner
demain ?
– Oh j’en serai ravie mais je dois d’abord demander la permission à mon mari.
– Vous êtes mariés ? Je ne le savais pas.
– Pas directement mais comme Terry est le mari de ma sœur, je suis aussi sa femme.
C’est comme ça que ça se passe en Afrique n’est-ce pas ? Lorsqu’un homme épouse
une femme, il appartient à toutes les autres femmes de sa belle-famille.
– Oui c’est vrai.
Je regarde Terry qui ne dit rien. Je récupère ma pochette et m’en vais. Si je reste ici je
risque de commettre un meurtre. Dès que j’arrive dehors je sens quelqu’un me
retourner. C’est lui.
– Où vas-tu ?
– Loin de toi et de TA FEMME.
– Arrête !
– D’arrêter ? D’arrêter quoi au juste ? C’est toi qui me manque de respect en
roucoulant avec l’autre devant tout le monde alors que je suis dans la même pièce et
c’est moi qui dois arrêter ? Tu es sérieux ?
– Viens on retourne. Dit-il en essayant de me prendre la main.
– Ne me touche pas. Je n’ai pas à rester là à vous regarder vous foutre de moi.
– Trisha !
Nous nous faisons les bises avant de rentrer en riant. Il y a un beau monde à l’intérieur
en train de causer. L’ambiance à l’air gaie. Je vois un petit garçon métis qui doit avoir
7 ou 8 ans courir vers Joël. Il est à craqué ce petit.
– Trisha je te présente mon petit frère Erwin. Erwin Trisha, non Madame YOUL.
– Arrête tes conneries. Comment tu vas mon poussin ?
– Bien madame.
Contre toute attente il me prend la main et me fait un baisemain. Je regarde Joël qui
sourit. Erwin repars en courant.
Nous nous mettons à rire lorsqu’une jeune fille se met à crier qu’ils sont là. Joël
appelle la jeune fille Jess et lui dit d’éteindre la lumière. L’instant d’après j’entends
une femme crier :
Je lui prends la coupe et nous papotons à nouveau. Je jette de temps en temps des
regards à ses parents qui sont collés depuis. Son mari la suit comme son ombre et elle
a l’air d’aimer. Je reporte mon attention sur Joël qui me fait rire. J’avais besoin de
cette ambiance-là.
J’éclate de rire devant la tête de Joël. Elle me fait un clin d’œil. Je comprends qu’elle
fait ça pour le faire chier.
– Papa de grâce vient chercher ta femme. Supplie Joël à son père qui discute avec un
homme pas loin.
Il se retourne et vient vers nous. Je remarque la ressemblance avec le petit Erwin. Par
contre la petite qu’il tient ressemble à la mère quoi que métisse.
Le monsieur se met à sourire. Il a un très beau sourire et il est d’ailleurs belle homme
surtout dans son ensemble beige.
Joël est sur le point de se jeter par-dessus un balcon tant il est embarrassé. Moi je ne
fais que rire. Son père aussi se met à sourire.
Elle me sourit et se laisse emporter par son mari qui la tire en ayant passé son bras
autour de sa taille.
– Où étais-tu ?
– Ne fais pas semblant de ne pas savoir. Ton chien méchant t’a surement fait le
rapport. Maintenant j’ai besoin de dormir. J’ai un vol demain.
– Un vol ? Où pars-tu ?
– N’est-ce que Terry YOUL sait tout ? Fais tes investigations. Bonne nuit.
Je suis sortie ce matin et sans dire un mot à Terry je suis partie. Il est maintenant
l’heure d’embarquer dans l’avion. Nous nous suivons en une ligne jusqu’à l’avion.
Rita est toute excitée. C’est la première fois, enfin à part pour mon mariage, qu’elle
quitte le pays surtout pour le travail. Ça fait maintenant une bonne heure que nous
sommes tous installés dans l’avion mais nous ne décollons pas. Les gens commencent
à se plaindre. On aurait dû décoller depuis. Une femme qui n’est pas une hôtesse
apparait suivie d’un policier. Elle se dirige vers moi en ne me quittant pas des yeux.
– Bonjour madame YOUL. Nous avons reçu pour ordre de vous faire descendre de
l’avion.
– Pardon ? Ordre de qui ?
– Votre époux ?
– Quoi ?
– Il a bien signifié que si ne voulions pas que tous les avions restent au sol nous
devons vous faire descendre. L’aéroport est donc bloqué jusqu’à ce que vous
descendiez.
Terry a osé.
Je tique. Sa femme ? Depuis quand il dit aux gens que je suis SA FEMME ? Je vois
tous les yeux sur moi et je ne peux que descendre. Je donne des consignes à Rita et
descends. Je croise Anita qui monte.
Je vais tuer Terry. Je jure que je vais le tuer. Me faire ça à moi. Oh il va me sentir
passer aujourd’hui. Je suis escortée comme si j’avais commis un délit. Tout le monde
me regarde et je remarque effectivement qu’une annonce passe sur les écrans
informant que l’aéroport est momentanément hors service. Comment il peut faire ça ?
J’entends un policier dire dans son talkie–walkie « C’est bon vous pouvez
reprendre. ». L’annonce disparait aussitôt pour être remplacé par le texte de bon
voyage. Ils sont sérieux ? Je tchip quand je vois la tête de Rico arrêté près de la
voiture. Nous arrivons à la maison et Rico me suit avec ma valise.
Je m’y rends en faisant résonner mes talons sur les carreaux. D’ailleurs pourquoi il
veut me voir dans cette pièce ? Il a intérêt à avoir une bonne raison de faire tout ça
sinon il va sentir à nouveau ma folie. J’ouvre la porte avec fracas mais ma première
phrase se meurt dans ma bouche directe. Ce que je vois me subjugue. J’ai l’impression
qu’il ne s’agit pas de la pièce qui était consacrée à Perla. Elle est différente. Même la
peinture. La première chose qui me frappe c’est le grand portrait de moi collé au mur.
La salle a été transformée en bureau. Il y a un grand bureau en verre entouré de siège
rose bonbon assortie aux pouffes. La moquette à première vue est en peau d’ours. Sur
le mur défile mes photos et les photos de moi et Terry. On aurait dit qu’il s’agit d’un
écran pourtant je n’en vois pas. Je cherche des yeux le projecteur mais n’en vois pas.
La pièce est tout simplement magnifique. Sur le grand siège sont inscrits les initiales
TY et en bas Trisha YOUL. C’est pour moi ? Mes yeux tombent enfin sur Terry assis
dans un magnifique sofa. Il a la tête baissée et tient en main un verre. J’entre
totalement et referme la porte. Dès que j’ouvre la bouche il prend la parole en ayant
toujours la tête baissée.
– De toute ma vie je n’ai eu peur que deux fois. La première, c’était que
l’accouchement de Perla se déroule mal et la deuxième que l’accident d’Inès lui soit
fatal. Mais avec toi, j’ai eu peur plus d’une fois. La première, c’était de tomber
amoureux de toi, la deuxième de te perdre cette nuit-là dans l’incendie. Mais ma plus
grande peur qui est aussi la troisième était que tu ne m’aimes plus. Bien que je ne le
disais pas, ton amour… me faisait vivre.
– J’avais peur de t’aimer parce que je… je me sentais obligé d’aimer Perla toute ma
vie et pour ça je ne devais la remplacer. J’ai promis sur sa tombe de l’aimer toute ma
vie parce que je me sentais coupable. Ça n’arrêtait pas de sonner dans ma tête que
c’est de ma faute si elle est morte. Je devais être avec elle dans la salle
d’accouchement mais j’étais en train de signer un gros contrat qu’elle m’avait dégoté
pour moi. Elle a refusé d’accoucher en mon absence. Elle a donc passé 15 minutes à
lutter contre ses contractions pour ne pas que le bébé sorte. Mais elle a finalement
abandonné. C’est peut-être ça qui a provoqué l’hémorragie. Si j’avais été là à temps,
elle ne l’aurait pas fait et elle serait en vie. J’ai donc pensé que le fait de ne pas la
remplacer me rachèterait près d’elle et qu’elle me pardonnerait. C’est aussi pour ça
que je ne voulais pas d’enfant. Je me sens coupable vis-à-vis d’Inès. Je l’ai ignoré un
bref instant et elle est morte. Je vis dans la culpabilité depuis 8 ans.
Il pose son verre sur un petit guéridon. Il se lève et s’avance vers moi en plongeant son
regard dans le mien. Je perds mes moyens.
– C’est à cause de cette culpabilité que je me sens obligé d’être proche de Carla. Rien
de plus. Toutes les fois où j’ai été réticent avec toi et proche d’elle c’était plus par déni
que par envie. Je savais au fond de moi que Perla perdait sa place et ça je le refusais.
Je refusais d’accepter que tu avais réussi Trisha. Que tu avais réussi là où aucune autre
n’a réussi. Cette nuit où tu m’as vu avec Carla dans le lit. Il ne s’était rien passé. Ce
jour-là c’était l’anniversaire de notre mariage à Perla et moi et contrairement aux
autres années je l’avais oublié. Pas parce que j’avais l’esprit préoccupé ou que j’étais
pris. Mais parce que je pensais à toi. À être le mari qu’il te faut. J’ai eu mal en
réalisant cela. Carla est venue, nous avons bu et elle m’a accompagné au lit. C’est tout
ce qui s’est passé.
Il se rapproche de moi, entoure ma taille de son bras et m’attire contre lui. Il colle son
front au mien et ferme les yeux.
– Si je t’ai laissé partir c’est parce qu’encore une fois j’avais peur de ne pas être à la
hauteur. J’avais échoué avec Perla, je ne voulais pas le faire avec toi. Je voulais
tellement être le mari parfait pour toi mais je ne savais pas comment. Je ne voulais pas
tout gâcher à ta perfection. Je ne voulais pas te faire souffrir plus que je ne le faisais
déjà. Mais je te fais la promesse d’être celui que tu as toujours voulu que je sois.
Donne-moi une chance de te montrer que je peux être le bon Terry YOUL. Je veux
essayer parce que je…
Il décale sa tête vers mon oreille et exerce une pression sur mes hanches.
Il me colle encore plus à lui en me pressant encore plus comme s’il voulait y puiser
une force. J’ai l’impression qu’il s’apprête à dire l’impossible.
– Je t’aime !
Mes épaules s’affaissent comme si un poids y quittait. Mes larmes s’échappent de mes
yeux fermés.
Nous resserrons l’étreinte pour sceller nos lèvres dans un baiser langoureux. Mes
larmes se glissent entre nos lèvres. Je ne peux m’empêcher de pleurer de bonheur. Il
m’a dit que j’ai gagné. Il m’a dit qu’il m’aime. C’est le plus beau jour de ma vie.
Nous nous embrassons encore à en perdre l’haleine. J’y mets fin et colle nos fronts. Je
suis heureuse.
– Je n’arrive pas à croire que tu ais bloqué tout un aéroport pour m’empêcher de
voyager.
– Je ferai bien plus s’il le faut. Il y a des photos de toi partout dans la maison. Plus de
Perla entre nous.
– Je ne te demande pas de l’oublier.
– Je sais. Elle n’est juste plus à la place qui te revient. On aura nos enfants. Donne-moi
juste le temps de boucler avec l’enquête d’ici le mois prochain.
– Ok.
– Je t’aime Terry.
– Je t’aime Trisha YOUL.
Je l’embrasse à nouveau mais cette fois c’est lui qui y met vite fin.
– Viens que je te montre quelque chose avant que tu ne sois habitées par des pensées
perverses.
– C’est toi le pervers. Dis-je en riant.
Il prend la tablette sur le bureau et commence à faire défiler des trucs qui apparaissent
sur le mur.
– C’est un écran incrusté dans le mur. Tu pourras donc peindre ce que tu veux, le
sauvegarder et le rendre à nouveau blanc pour d’autres peintures. Tu peux aussi
essayer la décoration. Il y a quelques exemplaires dans la tablette.
– À quel moment tu as fait tout ça ?
– Depuis le jour où je t’ai entendu dire à Carine que j’étais l’erreur de ta vie. J’ai
contacté un designer auprès d’une amie aux Etats-Unis. Vicky HAMILTON
BEYNAUD. C’est elle qui l’a fait venir et je lui ai expliqué ce que je voulais. Tu n’as
pas fait attention aux travaux parce que tu sortais très tôt et dès que tu revenais tu
t’enfermais dans ta chambre.
– Pour ce que j’ai dit à Carine…
– Il est hors de question que je laisse ma femme voyager sans moi. On ira ensemble
pour que ces Nigérians sachent que cette magnifique créature est la propriété privé de
Terry YOUL.
– Redis-le-moi !
– Tu es belle MA FEMME.
J’ouvre très rapidement son pantalon et quand je veux m’empaler sur lui il me renverse
dans le sofa.
Je souris de bonheur. Il m’a trop manqué ! Comme il l’a dit, il prend soin de moi de
ma tête à la pointe de mes pieds. Mais j’ai tellement hâte de le sentir en moi que je
l’incite à passer aux choses sérieuses. Il ne se fait pas prier et me possède d’un seul
coup. Je suis aux anges. Vous avez entendu ça ? J’ai gagné. Son cœur il est à moi.
Allez le dire à cette plouque de Carla. J’ai conquis le cœur de Terry YOUL !
Episode 39
TRISHA
« – Lâchez-moi.
Je me débats contre ces trois jeunes qui essayent de me violer. Je lutte de toutes mes
forces mais deux d’entre eux m’ont attrapés les bras. Je gigote et quand le troisième
s’approche de moi je lui donne un coup dans les burnes. Alors qu’il hurle ce qui
distrait ses amis je mords la main de l’un. Il me lâche de bras. Je tape en désordre le
troisième et quand je sens ses mains se desserrer sur mon bras je le pousse et me mets
à courir. Je monte dans ma voiture et conduis à toute vitesse. Alors que je conduis je
me sens partir. Je ne vois plus la route. Tout es flou devant moi et le pire c’est qu’il
fait nuit. Je perds le contrôle et ma voiture rentre dans quelque chose. »
– Trish ça va ?
– Oui. J’ai juste fait un cauchemar.
– C’était quoi ?
– Je me faisais agresser par trois jeunes. Ils essayaient de me violer. Ca fait la
quatrième fois que je fais ce rêve depuis la nuit de l’incendie.
– Et tu m’en parles que maintenant !? C’est peut-être prémonitoire.
– Je ne sais pas chéri. Dis-je en me laissant tomber sur le lit.
Il se place au-dessus de moi le regard plein de douceur. Je lui caresse sa joue qui
picote un peu à cause de sa barbe qu’il vient de raser.
Après avoir pris une douche de plus d’une heure, mon mari et moi nous rendons dans
ma boite. J’ai deux trois trucs à régler. J’ai même un dossier à prendre pour le Nigéria.
Heureusement que je suis encore là pour le récupérer. Pendant le trajet une cliente
m’appelle pour se plaindre d’une erreur sur sa déco. Elle m’envoie même une photo de
ce qu’elle voulait et de ce qui a été fait. Lorsque tous ceux présents dans la boite voient
Terry à mes côtés, ils se taisent tous. Oui même dans ma boite Terry inspire la crainte.
Tout le monde est stoïque. Je les salue et monte dans mon bureau. Je récupère le
dossier pour le Nigéria en même temps que mon assistante entre. Elle s’apprête à
parler lorsqu’elle voit Terry assis dans le divan. Elle s’interrompt avant de mettre de
l’ordre dans sa tenue. Elle a du mal à parler.
Stéphanie cogne et rentre sous mon ordre. Lorsqu’elle voit Terry elle tire sur sa robe
qui n’est d’ailleurs pas courte.
– Tu vas prendre ta paye de ce mois pour aller me réparer tout ça. Tu vas toi-même
faire les mélanges et refaire les différentes peintures sans l’aide de personne. Ne
t’attends donc pas à recevoir de salaire cette fin de mois.
– Mais…
– Je ne me répéterai pas Stéphanie. J’en ai horreur.
Contrairement à moi qui ai fait 10 minutes dans ma boite, Terry lui prend tout son
temps. Ça fait 45 minutes que nous sommes là et il ne fait que passer des appels à n’en
point finir. Je feuillette dans son salon un magazine que j’avais acheté avant-hier. Il
trainait d’ailleurs dans mon sac à main. À peine il raccroche que quelqu’un rentre dans
son bureau sans frapper. Le visage de Terry change instantanément. Il a horreur qu’on
rentre dans son bureau sans se faire annoncer. Carla qui ne m’a pas vu s’approche du
bureau de Terry.
– Bonjour Terry.
– Pourquoi tu ne t’es pas faite annoncer comme tout le monde.
– Parce que je ne suis pas tout le monde. Je suis ta belle-sœur.
– Ma femme n’a pas de sœur à ma connaissance. Veuille donc à l’avenir te faire
annoncer. Mais ça tombe bien que tu sois là. Je vais te mettre en contact avec une
connaissance qui fait aussi dans l’immobilier. Il pourra t’aider et répondre à toutes tes
exigences.
– Et toi ?
– Je ne serai plus disponible pour toi. Il te mettra aussi en contact avec des hommes
d’affaires et des clients potentiels.
– Mais pourquoi toi tu ne plus disponible ?
– Parce que ma femme ne le veut pas.
– Quoi ?
– Il a dit parce que JE ne le veux pas. C’est clair ?
Elle se tourne vers moi. Quand elle me voit la surprise se dessine sur son visage.
– Je croyais que tu avais demandé le divorce.
– Pour que toi tu le récupère ? No way ma belle.
– Tu vois Terry est mon mari et celui de personne d’autre. Quel que soit tes liens avec
sa défunte femme il ne sera jamais à toi.
– Pour qui te prends-tu pour parler de ma sœur. Terry elle parle de Perla et tu ne dis
rien.
Il ne dit rien. Son regard passe de moi et Terry et vice versa. Elle le fixe intensément
attendant surement sa réaction qui ne viendra jamais. Elle prend son sac à main qu’elle
avait posé dans le siège et s’en va. C’est ça dégage pauvre conne. Venir défier Trisha ?
Fhum ! Qui s’y frotte s’y pique.
*Mona
*LYS
Nous sommes maintenant au Nigéria précisément à Lagos. Cette ville est tout
simplement splendide surtout en cette nuit. Elle brille de mille feux. Elle est aussi très
animée. Je n’ai pas encore visitée la ville mais je sens déjà que je vais l’aimer. Rico
nous conduit pour un diner que nous avons chez des amis à Terry. Il m’a beaucoup
parlé d’eux surtout de la femme. Elle serait celle qui est à l’origine de la fortune de
Terry parce qu’elle a été la première à croire en lui au point de lui confier un très gros
projet de construction d’hôtel. Son hôtel à elle. Les gens ont aimé le résultat et de
bouche à oreille le nom de mon mari a parcouru le pays. D’autres lui ont confié leurs
projets et ainsi de suite jusqu’à ce que la Côte d’Ivoire entende parler de lui alors que
personne ne voulait auparavant lui faire confiance.
Rico gare dans une immense concession. Je crois qu’elle doit avoir la même dimension
avec notre maison quoi que leur terrain à eux est beaucoup plus spacieux. Terry me
prend la main jusque devant la porte où une servante nous accueille. Elle nous conduit
à l’intérieur et je suis conquise par la beauté. La déco est juste parfaite. On aurait dit
que tout est en or. Une dame magnifiquement vêtu dans une robe en dentelle apparait
avec un homme. L’homme m’a l’air d’être un policier ou un truc de ce genre à voir sa
carrure et sa posture.
– Welcom Terry ! How are you ? (Bienvenue Terry ! Comment vas-tu ?) Fait-elle en
faisant les bises à Terry.
– I’m very well. Thanks ! And you ? (Je vais très bien. Merci ! Et toi ?) Répond-t-il.
– I’m Ok.
– Lizzie, je te présente Trisha YOUL. Ma femme. Trish cette dame c’est Lizzie
ELIOT et à ses côtés son mari James ELIOT.
– Excusez-moi c’est vous la Lizzie DANIELS qui a eu des histoires d’héritage avec sa
belle-famille après la mort de son mari Eric DANIELS ? Il y avait aussi un policer qui
vous a soutenu et tout. C’est vous ?
Elle se met sourire et son mari mime juste un sourire. On dirait Terry.
– Oui c’est moi et le policier qui m’a soutenu c’est James, mon mari.
– Waho je suis heureuse de vous rencontrer. J’ai suivi votre histoire comme si je vous
connaissais. Je vous ai trouvé tellement courageuse que j’ai prié pour que Dieu m’en
donne un peu de votre courage.
– J’en suis flattée. On pourrait se tutoyer pour faire plus simple.
– Ça me va !
– Et si on passait à table ?
Nous acquiesçons tous et nous rendons dans la salle à manger. Les plats servis sont
typiquement locale. J’ai juste retenu deux noms des recettes. La soupe egusi et le riz
jollof. C’est vraiment délicieux.
– Trisha, j’espère que tu aimes ? En tout cas ton mari oui. À chaque fois qu’il vient il
en mange avant de retourner en Côte d’Ivoire.
– Je vais donc prendre la recette avec toi.
– Pas de souci. Tu es vraiment belle.
– Merci beaucoup. Ça fait plaisir d’avoir un tel compliment de la part d’une femme
encore plus belle.
– Merci ma chérie.
Tout le diner se déroule entre moi et Lizzie qui parlons. Les hommes sont juste assis là
à nous écouter. Elle me parle de son premier fils Jordan qui est en voyage d’affaire, de
ses deux autres enfants Will et Stella qui sont aux Etats-Unis pour leurs études et les
dernières, les jumelles qui sont chez leur grand-mère paternelle pour le week-end. Elle
attend même un enfant. Mais ça je ne l’avais pas vraiment remarqué. Elle a un ventre
super plat pour quelqu’un qui est à 7 mois de grossesse. En tout cas pour une femme
qui a 4 enfants, vu que Jordan n’est pas vraiment son fils, elle est très fraiche.
Elle sourit.
– You know (tu sais), je fais partie de ces personnes prêtes à donner une chance à ceux
qui veulent vraiment travailler et cela au risque d’être déçu. Terry m’a approché pour
me proposer la construction d’une maquette pour mon hôtel que je voulais faire
construire. Sa tête ne me disait rien qui vaille mais il avait une telle assurance que j’ai
décidé de le mettre en épreuve. Je lui ai demandé de me proposer une maquette et en
moins d’une semaine il m’a montré cette magnifique maquette de l’hôtel où vous
séjournez en ce moment. J’ai été conquise. Il a insisté pour superviser les travaux et à
la fin j’étais tellement satisfaite que j’ai doublé la somme de départ. Aujourd’hui, c’est
à lui que je confie toutes mes constructions. Même cette maison, c’est son chef-
d’œuvre. Moi j’ai juste cru en lui mais s’il est the big Terry YOUL aujourd’hui c’est
grâce à lui-même. Je suis heureuse de faire partie de son histoire. I’m so proud of this
man (je suis si fier de cet homme).
Je regarde mon homme avec fierté. Lizzie aussi le regarde avec beaucoup de fierté. Il
se contente juste de nous faire un timide sourire. Il n’aime pas vraiment les éloges. Le
diner terminé nous retournons à notre hôtel, celui qu’il a fait construire pour elle, le
premier je veux dire. Nous sommes dans la plus grande des suites et selon ce qu’il m’a
dit, Lizzie la lui a réservée à lui uniquement. Personne d’autres n’y séjourne même
quand il n’est pas là.
J’émerge petit à petit de mon sommeil. Terry et moi depuis notre réconciliation
passons le plus clair de notre temps à faire l’amour et jamais qu’une seule fois. Lui qui
demande d’attendre un peu pour les enfants à cette allure je tomberai enceinte
puisqu’il m’a permis d’arrêter la pilule. Je compte juste mes jours pour éviter de
tomber enceinte jusqu’à ce qu’il boucle l’enquête d’Inès. Dès que je lève les yeux, je
le vois assis sur le bureau de la chambre son ordi posé devant lui. Il est si beau mon
homme et toujours si bien rasé. Je prends le temps de le détailler. Il ne porte qu’un
débardeur blanc qui laisse voir ses bras musclés sur un sweet-shirt. Il a son bras
gauche qui soutient son menton qu’il caresse légèrement l’air de réfléchir. Une fierté
sans nom me gonfle la poitrine. Et dire que cet homme m’appartient. Je sors
doucement du lit avec sur moi mon caleçon uniquement et marche vers lui les seins
complètement en l’air. Il se rend compte de ma présence seulement quand je le touche.
Il pousse recule légèrement son siège pour me permettre de m’assoir sur ses jambes.
– C’est moi qui suis censée travailler. Pas toi. Dis-je en lui posant un baiser sur les
lèvres.
– C’était pour faire passer le temps. Tu n’as pas froid ?
C’est vrai que la clim est au top dans cette suite à cause de Terry qui est habitué aux
températures élevées.
– J’ai demandé à James de me donner d’autres gardes pour toi. Concernant le rêve que
tu fais.
– Je n’ai pas besoin de plus de garde chéri.
– Mieux vaut être prudent.
– C’est compris. C’est donc de son agence que viennent tous les gardes ?
– Rico et les gardes du corps oui. Mais les chauffeurs sont locaux.
– Ah je vois. Ils sont donc allés voir leurs familles ?
– Oui. Les nouveaux ont pris le relais le temps qu’ils reviennent.
– On prend le petit déjeuner ? Je lance du tic au tac.
– Ok.
La journée a été fatigante avec la décoration de l’hôtel. Terry comme il l’avait dit est
resté avec moi jusqu’à la fin. Demain nous devons y retourner vu que le travail n’est
pas encore terminé. Alors que Terry discute au téléphone je profite pour me glisser
dans le bain. J’en avais grave besoin. J’adore le parfum du gel douche utilisé. En
attendant que mon mari me rejoigne, je surf sur Facebook. Je vais sur mon ancien
profil récupérer mes anciennes photos. J’en avais de belles que j’ai envie de garder.
Terry apparait et se glisse derrière moi.
– Que fais-tu ?
– Je regarde mes anciennes photos. Regarde comme ta femme était stylée avant.
Il regarde avec attention chaque photo. Je suis contente qu’il le fasse alors qu’il ne
s’agit de rien d’important.
– Elle est où cette chaine que tu portes sur toutes tes photos ?
– Perdue. Elle était ma chaine porte bonheur.
Nous regardons les photos après quoi il m’arrache mon portable pour le poser ailleurs.
Il prend ensuite l’éponge avec laquelle il se met à me frotter le dos.
– Chéri ?
– Hum ?
– Tes hallucinations, elles ont cessé ?
– Je ne sais pas. Mais ça fait quand même un bon moment que je n’en ai pas eu.
– J’ai fait des recherches sur le net et j’ai lu que les hallucinations étaient souvent dues
à des sentiments refoulés. Toi tu te sens coupable pour Inès, c’est pourquoi tu crois la
voir et qu’elle veut que tu lui rendes justice. Tu devrais peut-être voir un psy.
– Tu es ma psy. La preuve tu réussis toujours à me faire revenir à moi. Pour tes
recherches, elles sont peut-être vraies mais de toutes les façons l’enquête sera bouclée
d’ici peu et je pourrai vivre normalement… avec toi.
– Ok.
*Mona
*LYS
Aujourd’hui a lieu le mariage de Rita. Nous sommes revenus du Nigéria d’où tout
s’est merveilleusement bien passé il y a un mois. Avec l’argent que je leur ai donné
pour leur travail bien fait, Rita a finalisé les préparatifs pour son mariage. Son fiancé
est aussi un débrouillard. Il gagne juste ce qu’il faut pour subvenir à leur besoin. Rita a
donc pris la moitié des charges du mariage pour l’aider. J’ai voulu tout faire mais elle
a refusé disant que j’avais déjà assez fait pour elle. Mais j’ai quand même réussi à
prendre en charge le maximum des besoins. Je suis même sa marraine. Je finis de me
préparer mais je ne vois pas Terry dans la chambre. Je défile sur la tablette pour voir
dans quelle pièce il peut être. Il s’est enfermé dans son bureau. Je descends l’y
rejoindre.
– Chéri tu n’es pas prêt ?
– Pour ? Questionne-t-il en pianotant son ordi.
– Le mariage de Rita.
– Je t’ai déjà dit non.
Je soupire. Terry n’aime pas trop se mêler aux gens qu’il ne connait pas encore moins
dans un mariage dont il ne connait même pas les mariés. Mais j’ai tellement envie
d’aller avec lui. En dehors des diners gala et grandes soirées, lui et moi ne sortons pas
vraiment. Il préfère toujours le calme et qu’on soit seul donc c’est toujours soit sur son
bateau, soit sur la terrasse d’un restaurant qu’il a fait louer uniquement pour nous.
– Chéri s’il te plait. J’ai envie de passer toute la journée avec toi.
– Trisha s’il te plait apprend à ne pas insister quand je dis non.
– Et toi apprend à être moins Terry YOUL de temps en temps.
Je vais m’assoir sur ses jambes, mais pas en califourchon. Ma longue robe en dentelle
acheté au Nigéria ne me le permet pas.
– Mon amour…
Il soupire. Oui il sait que je vais insister jusqu’à ce qu’il accepte quand je prends cette
voix mielleuse.
– J’ai envie de m’amuser aujourd’hui, avec toi. On ne durera pas si tu le désires mais
on doit au moins aller faire acte de présence. Je suis sa marraine. Moi je suis toujours
allée à tes soirées supers bling bling bien qu’ennuyantes des fois mais j’y suis allées
pour être avec toi. Aujourd’hui c’est à ton tour de faire ce sacrifice pour moi. C’est
juste la réception et on revient. Ou bien c’est parce qu’il ne s’agit pas d’un mariage de
riche.
– Arrête, tu sais que je ne suis pas ce genre d’homme.
– Donc dis oui.
Il me regarde.
Je me mets à jubiler.
Je l’embrasse.
Quelques minutes plus tard nous sommes assis à la réception de mariage de Rita. Il y a
une bonne ambiance mais ce n’est pas le problème de Terry. Il est concentré sur son
portable. Je lève les yeux et je vois que les gens continuent de le regarder surtout la
gente féminine. Quand nous sommes rentrés tout le monde est resté la bouche ouverte.
Ils ne s’attendaient pas à voir cet homme si influent à ce mariage si simple qui n’est
même pas celui d’une fille de riche. Même Rita a été choquée. Je l’ai vu faire signe
aux gens de prendre soin de nous en nous servant tout ce dont nous aurons besoin.
Terry bois juste de l’eau minéral qui se trouvait dans sa voiture. Il est tout beau dans sa
chemise noire. Il a voulu encore porter un de ses costumes mais j’ai refusé. Je voulais
qu’il soit simple aujourd’hui. J’ai tout fait pour lui faire cracher qu’il m’aimait mais il
a résisté. Maintenant ça ne me fait plus mal parce que je sais ce qu’il ressent pour moi.
Il est toujours autant renfermé sur ses sentiments mais l’essentiel c’est qu’il m’aime. Il
me le prouve par ses actes.
On fait signe à la mariée de venir s’asseoir sur une chaise au milieu de la piste parce
que certaines personnes voudrais lui faire des cadeaux spéciaux. Elle obéit. Un groupe
de jeune fille que je suppose être de sa famille vient vers elle en dansant au son de la
musique. Elles tiennent en main un complet berceau pour bébé, un lit en bois pour
bébé et d’autres trucs que va utiliser Rita dans son foyer dans son rôle de femme. Les
hôtesses viennent tout ramasser. Les filles l’embrassent à tour de rôle avant de
reprendre leurs places. On fait signe à Rita de se lever pour danser seule afin que des
gens viennent lui faire des dons. Je crois que ce doit être dans leur coutume. Elle se
met à danser très bien d’ailleurs et des gens un par un viennent soit déposer l’argent à
ses pieds soit le jeter sur elle. Les sommes n’ont rien d’extra, 1000 FCFA, 2000 FCFA
et d’autres 500 FCFA mais c’est fait avec tellement de joie que c’est beau à voir. Le
maitre de cérémonie cite certaines personnes qui viennent faire de même avec toujours
la joie au visage. Un moment je vois Clarisse, cette même Clarisse qui m’a piqué ma
promotion à la boite se lever avec des billets en main sans même qu’on ne l’ai appelé.
Rita m’avait déjà prévenu qu’elle serait présente. C’est elle qui est venue représenter la
boite avec deux de ses acolytes. Elle commence à travailler sur Rita avec des billets de
10 000 FCFA. Les gens commencent à l’acclamer. Elle verse encore et encore en me
regardant de temps en temps. Elle me nargue. Elle veut surement me faire comprendre
qu’elle aussi fait partie de la haute société. Terry que je n’avais pas vu se lever
tellement concentrée sur la cérémonie revient avec un petit sac qu’il glisse vers moi.
– Ce sera bientôt ton tour. Me souffle-t-il à l’oreille. Montre à cette petite joueuse qui
tu es. Je t’attends dans la voiture.
Il fait signe en s’en allant à Rico qui prend le sac. Clarisse fini à ce moment son
travaillement. Elle lance même un billet dans ma direction. Elle est sérieuse ?
J’entends le maitre de cérémonie dire dans le micro que la marraine doit aussi venir
travailler sur la mariée. Je ne vais pas me gêner surtout que Terry m’a donné feu vert
pour mettre le paquet. Avec toute la grâce qui m’habite je me lève. Rico me suit jusque
devant Rita. Quand Rico ouvre le sac je tombe moi-même des nues. Ce sont plein de
billets mais en Euro. Les choses de Terry oh ! Je commence mon travaillement au
point où je ne me sens plus. Je verse oh je verse. Les gens sont en délire. C’est plaisant
d’avoir le pouvoir. Je jette un coup d’œil à Clarisse qui est sur le cul. Je suis fatiguée
de balancer l’argent donc j’arrête bien que le sac soit encore rempli. Je sors de ma
pochette les clés d’une petite villa que je lui donne. Ca s’était déjà prévu. C’était mon
cadeau. Rita me bénit sans cesse et je lui dis au revoir. En passant je glisse sur la table
trois billets devant Clarisse et ses deux acolytes. Elles me lancent des regards noirs. Je
souris et vais rejoindre mon homme.
Je souris et dis à Rico de nous conduire dans un restaurant. Nous y arrivons quelques
minutes plus tard.
On verra bien mon cher. Une fois installés, je commande deux hamburgers. Terry s’en
plaint mais je ne l’écoute pas. Nous sommes servis quelques minutes plus tard.
– Trish !
– Prends juste une bouchée pour goûter.
– Alors ?
– C’est bon. Tu es contente ?
– Oui, je réponds avec le sourire. Maintenant prend avec tes mains et mange.
Il soupire à nouveau.
Je me mets à rire. Il prend son hamburger et croc dedans. Je souris et fais comme lui.
À chaque fois que ça déborde et que la sauce y compris le ketchup sali le coin de sa
bouche il lance un juron. Ça me fait marrer. J’envoie un sujet de conversation pour le
distraire afin qu’il ne se concentre plus autant sur son hamburger. Il ne finit même pas
qu’il abandonne.
Il ne répond pas.
– Terry !
– Trisha fini qu’on rentre.
– Je t’aime. Voilà ça va ?
– Non tu ne l’as pas dit avec ton cœur.
– Pas de geste tendre en public. J’en ai horreur. Maintenant monte, je vais régler notre
consommation.
– Trisha !
– Roger ?
– Trisha je te demande pardon. À toi et à ton mari pardon. Je jure que je ne vous
embêterai plus mais je t’en prie demande-lui de remettre mon cv au vert. Je suis au
chômage et je dors dans la rue. Tout le monde m’a abandonné de peur que ton mari ne
s’en prenne aussi à eux. (Il se met à genou) Trisha pardon fais quelque chose pour moi.
Je suis vraiment choquée. Je ne savais pas Terry s’était pris à lui. Je m’apprête à
répondre lorsque mon mari revient.
– Que faites-vous là ?
– Monsieur je vous demande pardon pour ce que j’ai fait. Ça ne se reproduira plus. J’ai
besoin d’argent et de travail. Seul vous pouvez remettre mon cv sur le marché. Je vous
en prie.
– Que je ne vous vois plus roder autour de ma femme. Ordonne Terry sur un ton sans
appel.
Il me prend la main et me fait monter dans la voiture. J’ai de la peine pour Roger. Rico
démarre et nous quittons les lieux.
– Chéri…
– Non !
Je soupire.
– S’il te plaît débloque son cv. C’est le passé tout ça et toi et moi sommes allés de
l’avant. Je ne veux pas avoir sa déchéance sur ma conscience. Je crois qu’il a assez
payé comme ça. Tu as vu son corps ? Il est rempli de crasse et je suis prête à parier que
ça fait plusieurs mois qu’il n’a pas mis les pieds chez un coiffeur faute de moyen.
Bébé je t’en supplie. Fais-le pour moi.
– Trisha !
– Je t’en prie bébé.
– Ok !
Je me mets à jubiler. Je fais monter la vitre qui nous sépare de Rico, je remonte ma
robe et m’assois sur lui.
– Tu te rends comptes que tu m’as fait me contredire plus de trois fois, en une même
journée ? Dit-il entre deux baisers.
– Je sais, j’ai un super pouvoir.
J’ouvre sa chemise, soulève son débardeur et parsème son corps de baiser. Il se lâche
et commence à pétrir mes fesses. J’ouvre automatiquement son pantalon.
– Trisha je ne fais pas l’amour dans la voiture.
– Ce sera donc ton dépucelage.
– Rappelle-moi pourquoi je t’ai épousé déjà.
– Parce que tu m’aimes, dis-je en m’empalant sur lui. Parce que tu m’aimes Terry
YOUL.
Episode 40
CARINE YOUL
Je profite de ma nouvelle vie à fond mais surtout de la meilleure des manières. J’ai
toujours du mal à croire que mon statut a changé et que je suis maintenant une YOUL.
J’ai de l’argent maintenant et je peux faire ce que je veux. Terry me verse chaque fin
de moi assez d’argent sur mon compte et je reçois aussi le loyer des locataires de mon
immeuble. Je passe tous mes week-ends à faire du shoping avec Trisha ou avec ma
mère. Cette femme est un cœur. Elle me traite comme si elle me connaissait depuis le
berceau. J’ai de la chance de l’avoir. Je vis toujours chez elle mais cette fois c’est elle
qui ne veut plus me lâcher. De toutes les façons moi non plus je n’ai envie de partir.
Le cours de midi terminé, je fonce retrouver Trisha dans un fast-food pour déjeuner.
Ces temps-ci à cause des cours je ne la vois plus trop. Je l’ai donc appelé pour que
nous puissions nous voir ce midi pour discuter un peu. À vrai dire je dois lui parler
d’un truc, ou du moins d’une personne. Loïc KALOU. Je la retrouve déjà installée. Je
lui fais la bise et m’assois en face d’elle.
Je soupire. Je veux répondre mais je ne sais pas quoi dire. Elle se met à sourire.
Je lui lance un des frites qui étaient restés dans mon assiette. Elle se met à rire et je
m’en vais. Nous avons encore un cours de quatre heures à faire pour terminer la
journée. Je suis en 3e année de finance comptabilité. Je suis donc en année de Licence.
Je veux être banquière. J’ai toujours aimé ça. Compter l’argent et donner des conseils
aux gens sur comment gérer leur argent. J’aime bien les cours et je boss beaucoup pour
avoir le niveau qu’il faut. Les gens au début me regardaient bizarrement parce que je
serais un peu âgée pour être à leur niveau mais quand ils ont su que j’étais une YOUL,
ils ont subitement commencé à me parler comme si on se connaissait depuis. Plus
personne ne me regarde de travers.
– Euh Carine, m’interpelle une fille de la même faculté dont je ne maitrise pas le nom,
au fait je voulais t’inviter à ma petite fête d’anniversaire demain soir. Comme ça ça va
nous permettre de mieux faire connaissance puisque nous faisons partie du même
groupe d’exposé et de TD (Travaux Dirigés).
Je regarde la fille en question et à vrai dire ça fête ne m’intéresse pas mais je suis
d’avis avec elle quand elle dit qu’on doit mieux se connaitre puisque nous sommes du
même groupe. Ça sera plus simple de travailler ensemble.
Elle s’esclaffe de joie et nous échangeons nos numéros. Je prends mes affaires et
rentre chez moi. Maman est déjà sortie pour son rencard avec tonton Vincent. Je me
prépare à mon tour pour aller chez Trisha. Je vais diner avec eux et leurs amis. Je la
trouve déjà avec la princesse Kim dans la cuisine. J’aime bien la princesse. Elle est
vraiment très humble pour une princesse. Bon je ne la connais pas personnellement
mais j’en ai déduis selon ce que je sais d’elle.
– Bonsoir.
– Bonsoir. Répond la princesse.
– Oh Carine tu es déjà là ? Viens que je te présente.
Trisha fait les présentations et comme je le disais cette femme avec toute son humilité
me prend dans ses bras comme si nous étions de vielles copines. Je les aide à dresser la
table puisque c’est ce qu’elles s’apprêtaient à faire. Une fois finie nous nous installons
dans le grand salon pour papoter. Terry serait à un rendez-vous avec le mari de Kim et
Loïc. Quand j’entends son nom mon cœur commence une course folle.
– En parlant de Loïc, commence Trisha, je crois bien qu’il y a une ici qui en pince
pour lui.
– Trisha ! Dis-je gênée.
– Ah bon ? Souris Kim. Mais c’est bien ça. Depuis le temps que mon grand frère
demeure dans un célibat sans nom.
– Non pas si vite, je ne ressens rien pour lui. C’est juste que j’ai honte de lui à cause de
ce qui s’était passé dans le temps.
– Qu’est-ce qui s’était passé ? Demande Kim.
– Il m’a vu un soir quand j’étais encore alcoolique, dis-je gênée. Nous nous sommes
même engueulés ce soir-là et voilà que plusieurs mois plus tard il m’a reconnu alors
que je partais ouvrir un compte dans sa banque.
– Attends c’est toi la Carine dont il me parle souvent ? Sourit encore Kim.
– Il te parle de moi ?
– Oui et avec une certaine lueur dans le regard.
– Je l’avais dit que c’était réciproque. Taquine Trisha.
– Tu auras l’occasion de le vérifier par toi-même ce soir.
– Ce soir ? Fais-je étonnée.
– Oui il sera là avec nos hommes.
À peine cette phrase me fait un choc que la voix de Terry nous parvient. Quand nous
nous tournons nous le voyons avec le Prince Mike, oui lui je le connais bien, et Loïc.
Mon cœur se met à battre de façon inhabituelle à sa vue. Il a sur lui une chemise
blanche ouverte au torse et il tient sur son bras sa veste. L’élégance avec laquelle il se
tient me fait toute chose. Quand nos regards se croisent il me sourit. Je baisse les yeux.
Terry s’éclipse avec sa femme et moi je reste avec le couple princier et Loïc dans le
salon attendant que le couple YOUL revienne pour nous mettre à table. Je n’ose même
pas lever la tête de peur de croiser son regard. Depuis ma mésaventure avec Darius,
plus aucun homme ne m’avait intéressé. Le seul amour de ma vie c’était l’alcool. Mais
je crois que maintenant que je suis guérie mon cœur fonctionne à nouveau. Nous
passons enfin à table où je continue d’être timide pendant que les autres discutent
gaiement. Il n’y a pas de vin sur la table. Terry interdit qu’on mette de l’alcool sur la
table quand je dois diner avec eux. Il n’y a donc que du jus de fruit et de l’eau.
Je tourne les yeux et croise celui de Loïc. Je détourne mon regard pour tomber sur
celui de Trisha qui rigole en douce. Je lui tire ma bouche avant de replonger ma tête
dans mon plat. Le repas terminé nos invités prennent congé. Nous les accompagnons à
leurs voitures.
Quand j’entends la question de Loïc à mon frère mes yeux manquent de sortir de leurs
orbites. Il a dit quoi? M'inviter ? Je baisse les yeux quand Terry me regarde.
Je le vois venir vers moi. Je recule sans le vouloir. Il sourit en se pointant devant moi.
– Puis-je t’inviter à diner ? Me demande-t-il avec une voix sexy comme sa personne.
– Euh… d’accord c’est compris.
– Ok. Je t’appelle.
Je souffle quand il quitte devant moi. Moins un et je m’évanouissais. Ils s’en vont et
nous retournons à l’intérieur. Terry va s’enfermer dans son bureau pour travailler. Dès
que nous sommes seules Trisha éclate de rire.
– Y a quoi ? Mtchrrr.
– C’est sur moi tu vas faire ta bouche ? On t’a vu ici devant Loïc hein. Regarde
comment tu tremblais même.
Je lui lance un coussin et finis par la rejoindre dans son rire. Cette fille m’énerve.
*Mona
*LYS
Je suis à cette fête d’anniversaire de cette fille de ma faculté. J’ai encore oublié son
nom. Tout le monde s’amuse sauf moi. Il y a longtemps que j’ai perdu le goût de
m’amuser en boite de nuit. Il y a de l’alcool à gogo mais je bois juste de l’eau minérale
que j’ai apportée avec moi. Les filles se déhanchent sur la piste avec des hommes
derrière eux. Ça ressemble même à du porno voilé tellement c’est osé. Il y en même
qui se permettent de mettre leur mains en dessous des jupes des filles pendant qu’ils
dansent. Si je savais que c’était à cela j’allais assister je serais restée chez moi regarder
un film avec ma mère. D’ailleurs, heureusement que j’ai demandé à mes gardes de ne
pas me suivre sinon ils allaient penser que j’étais venue me saouler en boite. Terry
m’aurait fait ma fête. Ne supportant plus cette ambiance et tout cet alcool autour de
moi je décide de rentrer. Je fais signe à la fille que je rentre. Je sors lorsque deux
jeunes de l’Université me demandent de les déposer quelque part. J’accepte sans
hésiter puisque je les connais même si nous ne sommes dans le même niveau. Eux ils
sont en Master et ils nous ont plusieurs fois aidés dans nos exposés. L’indication du
chemin qu’ils me donnent me semble louche. Tout est sombre et inhabité là où nous
sommes. Je commence à comprendre le piège alors je décide de faire demi-tour mais à
peine je fais marche arrière que le mec assis près de moi me menace avec un couteau
pour que je m’arrête. J’obéis et ils me font descendre.
– Rappelle-moi pourquoi je t’ai assigné des gardes ? Attaque Terry en même temps.
– Pour assurer ma sécurité. Dis-je presqu’en murmurant.
– Et pourquoi être sortie sans eux ?
– Tu te rends compte que s’ils ne t’avaient pas suivie malgré ton interdiction tu te
serais faite violer.
– Je…
– J’ai horreur qu’on parle lorsque je parle, hausse-t-il le ton à m’en faire trembler.
C’est la première et la dernière fois que tu sors sans tes gardes. La prochaine fois jeune
fille c’est moi-même qui enverrai quelqu’un te violer. Non mais de quelle
inconscience es-tu faites ? Prendre dans ta voiture deux hommes ? En plus des jeunes
voyous ? Est-ce à ce but que je t’ai acheté une voiture ?
– ….
– Réponds !
– Non Terry ! Dis-je en tremblant.
– Tu te feras conduire jusqu’à nouvel ordre. Demain tu iras faire une prise de sang
pour vérifier que tu n’as pas consommé d’alcool ?
– Je n’ai pas…
Je vois ma mère et Trisha me faire signe de me taire. Je me rappelle qu’il a dit avoir
horreur qu’on parle pendant qu’il a la parole. Je me tais et baisse à nouveau la tête.
– Tu vas me donner le nom de ces deux jeunes. Ils auront de mes nouvelles. S’attaquer
à une YOUL ? Non mais dis donc !
Je lui donne leurs noms. J’aurai bien voulu plaider pour eux mais je suis moi-même
dans la merde donc qu’ils règlent la leur eux-mêmes. Je ne les ai pas envoyé de
m’agresser.
– Je te ferai changer d’école d’ici la fin de cette semaine. Il est hors de question que tu
restes parmi ces délinquants.
Là je lève un regard d’appel à l’aide à ma mère. Elle se lève et vient vers son fils.
– Chéri faut laisser la petite. Elle s’est fait engresser oh. Attends demain pour mieux
lui parler. Et puis elle peut pas changer d’école comme ça. Faut attendre quand elle va
finir d’abord.
Il me regarde.
– Ça va aller ma chérie.
Il me pose une bise sur la tempe et m’aide à me lever. Si je dois subir la colère de
Terry comme ça à chaque bêtise, eh ben je vais devoir faire attention à mes faits et
gestes Mais en même temps ça m’a plu qu’il me gronde. Ça montre que je compte
pour lui et qu’il veut mon bien.
*Mona
*LYS
C’est ce soir mon diner avec Loïc. Je suis anxieuse à l’idée de me retrouver en tête à
tête avec lui. Comment dois-je me comporter avec lui ? J’ai tout le temps honte quand
je le vois et je ne peux m’empêcher de penser à cette fameuse nuit. Pfff la honte. J’en
ai honte jusqu’à ce jour.
– Quel chéri ?
– Tu as combien de chéri ? Pardon faut faire tu vas partir je vais rester seule avec pour
moi.
– La coquine. Je la taquine en souriant.
Elle sourit et sort. C’est à ce moment que l’information qu’elle vient de me donner
parvient à mon cerveau. On devrait normalement se voir sur place normalement. Un
dernier coup d’œil dans la glace et je descends le rejoindre en bas qui discute avec
maman et tonton Vincent. Il est très bien mis. Simple mais chic. Je suis surprise de
constater qu’il porte un jeans déchiré aux genoux. C’est pas que c’est pas joli mais je
l’ai tellement vu en costume que le voir aussi décontracté me fait bizarre. Mais perso
je le préfère comme ça. Après salutation nous sortons de la maison. Il m’ouvre la
portière de sa voiture avant d’aller prendre place derrière le volant. Un garde nous suit
avec sa voiture.
Je blêmi. J’avale ma salive et m’enfonce dans mon siège. Il sourit et reporte son
attention sur la route. L’habitacle est silencieux. Seule la musique joue en fond sonore.
Quand nous arrivons Loïc vient encore m’ouvrir la portière. Il m’aide aussi à
m’asseoir avant de faire de même. Une fois nos commandes passées, je garde la tête
baissée. Je peux sentir le regard de Loïc sur moi.
Je bois une gorgée de mon jus que le serveur venait de déposer. Il faut que je me
décontracte. Je relève mes épaules et le regarde. J’aime bien son regard.
– Bon je suis nouvellement devenue Carine YOUL, la petite sœur de Terry YOUL et
je suis les cours en finance compta en année de Licence. Je désire travailler dans une
banque. Comme… toi.
– C’est bien ça. Tu pourrais venir faire ton stage avec moi après ta licence et si tout
vas bien tu auras un poste.
– Vraiment ? Fais-je enthousiaste d’un coup. Mais, non je ne le veux pas. Je ne veux
pas de faveur parce que tu connais ma famille.
– Ton frère sait qu’en matière de travail je ne fais jamais de faveur. Ce sera à toi de me
convaincre de te garder dans ma banque.
– C’est compris.
Nous passons le reste de la soirée à discuter dans la bonne humeur en dégustant ces
plats circulant du Chef Kylian. Je me détends au fur et à mesure.
Je me mords la lèvre aussitôt cette question sortie de ma bouche. Qu’est-ce qui m’a
pris de demander ça ?
– Les femmes sont matérialistes et avoir un homme qui travaille dans une banque est
le jackpot pour elles. J’étais le meilleur pigeon à plumer.
– Je vois. Mais toutes les femmes ne sont pas matérialistes.
Moi par exemple et ton argent ne m’intéresse pas. Je me suis pincé la lèvre pour ne pas
que cette phrase sorte.
Darius !
Il est là et il était autant surpris que moi. Mon cœur se met à faire une course folle.
Il veut me toucher mais je recule. Je vois du coin de l’œil Loïc aller s’adosser à sa
voiture. Surement pour nous laisser seuls. Il nous regarde.
– Carine mon amour. Comme je t’ai cherché. Je voulais te demander pardon pour tout.
Je me suis rendue compte de mon erreur et du fait que c’était toi que j’aimais.
Je n’ai pas le temps de le voir s’approcher que je sens déjà ses lèvres sur les miennes.
Surprise je ne fais rien et il approfondi le baiser. Je ne sais pas quoi faire, je suis
troublée. Je réussi à me reprendre. Je le repousse et lui assène une gifle.
Je lui tourne le dos mais il m’attrape le bras. C’est à ce moment que Loïc et mon garde
approchent. Loïc le repousse aussitôt en lui arrachant mon bras.
Darius recule de peur de prendre un coup. Loïc a déjà serré son poing.
Il s’en va. Loïc sans rien dire m’ouvre la portière. C’est seulement quand je m’y
engouffre que je libère mes larmes. Le voir m’a troublé et son baiser encore plus. Loïc
ne dis rien. Il se contente juste de conduire. J’ai envie qu’il me dise quelque chose
mais rien. Qu’est-ce que je veux qu’il dise ? Il vient de voir la femme qu’il courtise se
laisser embrasser et être troublée par la présence d’un autre. Arrivés chez moi il gare et
condamne les portières.
Ça fait deux semaines depuis le soir du diner que Loïc ne m’a plus contacté. Je me
sens mal mais le plus compliqué c’est… qu’il me manque. Oui je l’avoue je me sens
attiré par lui et là j’ai tout simplement envie de le voir. Je ne suis pas allée voir Darius
parce que je n’ai rien à lui dire. Quand je me suis remise de mes émotions je me suis
rendue compte que tout ce mélange de sentiment n’était dû qu’à la surprise. Depuis le
jour de notre soit disant mariage où je l’ai surpris avec ma mère je ne l’ai plus vu donc
le revoir a soulevé le passé. Mais là j’ai besoin d’une seule chose, voir Loïc. Je décide
de suivre le conseil de Trisha. Je vais donc le voir. Son assistante m’annonce auprès de
lui et il demande à me recevoir. Le cœur battant j’entre dans son bureau. Il ne lève
même pas la tête. Il est concentré sur son ordi.
– Bonjour Loïc.
– Bonjour. Prends place.
– Merci ! Je vais rester debout. Je ne serai pas longue.
– Comme tu veux. Il y a un problème avec ton compte ?
– Il y a un problème mais pas avec mon compte.
Il ne dit rien. Il reporte juste son attention sur son ordi. J’attends mais toujours rien. Je
décide de m’en aller. Au moins je lui ai dit ce que je voulais.
Assise dans le salon en train de regarder la télé avec maman, l’un des gardes vient me
prévenir qu’il y a quelqu’un qui me demande dehors. Je lui demande de le faire entrer
mais il me dit que la personne préfère rester dehors. Je sors donc. Arrivée
complètement dehors je tique. Loïc est adossé à sa voiture. Je m’avance tout
doucement de lui.
Ma phrase se meure entre mes lèvres et les siennes. Cette sensation que ce baiser me
procure n’a rien à avoir avec ce que j’ai ressenti quand Darius m’a embrassé. C’est
tout simplement envoutant. Divin !
Je m’en vais vers maman qui m’attendait toujours devant la porte. Loïc lui souhaite
bonne nuit et monte dans sa voiture. Maman me pousse dans la maison et j’éclate de
rire. Cette femme est folle. Mais je l’aime quand même. Et j’aime surtout cet homme.
Episode 41
NATHALIE
Depuis matin mon cœur bat comme ça. La raison, je dois diner avec Vincent ce soir.
Le problème même ce n’est pas ça. C’est que depuis un moment quand on est
ensemble ça va toujours loin. On a envie de faire zizi pompom. On s’embrasse, on se
caresse, on se taquine et puis quand on veut arriver là-bas je fuis. Il y a longtemps j’ai
fait oh donc là là j’ai peur. Faut pas il va me trouver rouillée et puis il va me laisser.
Moi je l’aime déjà donc s’il me laisse là je vais pas vite me remettre. J’ai connu un
seul homme toute ma vie. Maintenant je dois me donner à un autre. Même si je dois
attendre jusqu’au mariage je vais quand même me donner à lui et c’est ça qui me fait
peur. Je ne connais pas les positions.
C’est Carine qui vient de me faire sortir de mes pensées. Je leur ai expliqué elle et
Trisha ce qui me fatigue et depuis elles parlent seulement. Ce sont elles mes copines
oh donc je leur dit tout. Elles sont mes meilleures amies.
– Donc maman je disais, continue Trisha. Faut bien rouler les reins. Faut pas rester
coucher comme ça sans rien faire hein. Faut remuer les reins. Et puis tu l’embrasses de
temps en temps.
– Wééé vous les enfants-là vous allez me tuer. Est-ce que moi j’ai dit je vais faire
quelque chose ?
– Héé ça va finir par arriver, dit Carine. Maintenant oh, après oh, ça va arriver.
Elles se mettent à rire. Moi j’ai peur et elles s’amusent. Je vais mal les taper.
Je prends un coussin et jette sur Carine. Je vais me laver rapidement et je reviens les
trouver couchées sur mon lit en train de causer. Elles m’aident à m’habiller. Je prends
la route pour l’hôtel où Vincent m’attends. Au fait demain matin très tôt il doit
rencontrer quelqu’un dans l’hôtel et après il doit prendre l’avion avec son fils Léo
donc il préfère en même temps dormir sur place pour être sûr qu’il ne va pas être en
retard. Je cogne sa porte et il vient ouvrir. Il est bien frais malgré son âge. Dès que je
rentre il m’embrasse un peu. Il me fait asseoir dans le salon et nous commençons à
causer. Je le vois venir avec la nourriture qu’il dépose sur la moquette. On s’assoit
dessus pour manger.
Il se met à rire. À chaque fois que je l’appelle comme ça il rit mais il aime ça. Tout se
passe bien mais quand on finit de manger et puis on s’assoit pour regarder la télé mon
cœur commence à battre. Il caresse mon dos doucement en causant mais sa main
descend sur mes fesses. Je commence à trembler. J’ai peur mais j’aime tellement
quand il me prend dans ses bras comme ça.
– On ne fera rien si tu n’es pas prête. Je peux très bien attendre jusqu’au mariage.
– Je sais. Je veux bien qu’on le fasse mais j’ai peur. Ça fait 32 ans.
– Je te l’ai dit, je n’ai pas besoin d’une bombe sexuelle dans mon lit. Je te veux toi,
juste toi.
– Mes filles disent de tonrker devant toi.
– tonrker ?
– Ah danse qu’on fait avec les fesses seulement là.
– Twerker tu veux dire.
Il éclate de rire.
Je me lève et puis je commence à faire des choses bizarres avec mon dos. Pour moi ce
n’est pas avec mes fesses mais avec mon dos. Est-ce que moi j’ai rein encore pour
remuer. Vincent rit seulement.
Il prend la télécommande et met une musique douce. C’est zouk. Il se place devant
moi, prend ma main avec sa main et met son autre main en haut de mes fesses. Il me
regarde.
Il abaisse sa tête pour me donner un petit bisou sur la bouche. Je dépose ma tête sur sa
poitrine et on continue de danser. J’aime vraiment cet homme. Il me fait croire que
l’amour existe vraiment. Mon premier mari m’a quitté parce que je ne connaissais pas
papier mais Vincent lui il m’aime comme ça. Parce que même si j’ai eu le CEPE je ne
parle pas très très bien et puis je lis un peu un peu mais il n’a pas honte de moi.
Il me laisse et sort quelque chose de sa poche. C’est une bague. On arrête de danser.
– Porte cette bague. C’est ma promesse que jamais, jamais, jamais je ne te laisserai.
– Tu n’auras pas honte de moi après ? Surtout parmi tes amis les riches ?
– Je me sens chanceux parce qu’aucun de mes amis riches n’a une femme aussi drôle
et simple que toi. Aucune autre ne sait mettre l’ambiance aussi bien que toi.
Il me met la bague et m’embrasse. J’ai envie de me sentir femme cette nuit. Je
commence à déboutonner sa chemise et il comprend. Je me sens bien quand il
commence à embrasser partout sur mon cou. Je me sens revivre.
Après 32 ans d’abstinence, j’ai enfin sauté le pas. Je suis redevenue femme. Vincent
m’a fait de ces choses, waaah je ne peux pas explication. C’était trop bon. Tellement
bon que je n’ai plus voulu dormir. Quand je me réveille je le vois venir avec un
plateau.
Il m’embrasse et je me lève pour m’asseoir sur le lit. Je place bien le drap sur ma
poitrine parce que je suis nue.
*Mona
*LYS
Je vais voir mon fils dans son travail. L’école que je voulais est maintenant finie. Les
employés de Terry ont fini de construire. Ils sont maintenant en train de mettre la
peinture. On doit parler de quand on va faire l’ouverture et tout. Rico m’accompagne
jusqu’en haut. Il m’a dit qu’il est occupé avec quelqu’un mais je pouvais rentrer. Je
vois un homme arrêté en train de parler avec Terry. Je me tais et je vais m’asseoir dans
le salon. Quand l’homme parle sa voix me fait bizarre. On dirait je le connais. Je
soulève ma tête pour le regarder. Je vois un côté de son visage et ça ne me dit rien
mais sa voix on dirait je le connais. Quand il veut partir et se tourne vers moi pour me
dire au revoir mon cœur fait boum. Il se bloque quand il me voit.
– Nathalie ?
– Firmin ? C’est toi ?
– Oui.
Non ce n’est pas possible. C’est mon ex-mari qui est devenu fané comme ça ? Je ne
l’ai pas reconnu. Mon fils nous regarde. Avant que j’ouvre ma bouche Firmin se met à
genoux devant moi. Il fait quoi ?
– Nathalie pardon. Je t’ai humilié pour rien dans le passé. J’ai menti. Tu n’étais pas
stérile. Mais c’est moi. J’avais fait des examens et on m’a dit que j’étais stérile. Mais
comme je suis un homme et en plus un Africain 100% j’ai refusé cette honte. J’ai dit
que je ne pouvais pas être stérile donc j’ai tout mis sur toi. Quand ma copine m’a dit
qu’elle était enceinte je n’ai pas cherché à savoir si c’était vrai parce que pour moi je
ne pouvais pas être stérile. C’est longtemps après que j’ai su que l’enfant n’était pas
pour moi. Elle a volé tout mon argent et est partie avec son fiancé. J’ai tout perdu et je
me suis retrouvé à la rue. J’ai fait les petits métiers jusqu’à être aujourd’hui maçon ici.
– Tu travailles pour mon fils ? Terry c’est ton employé ?
– Oui maman.
– J’aurai pu avoir des enfants en dehors de Terry si tu ne m’avais pas menti. À cause
de toi on m’a renié et banni du village. Je n’ai même pas assisté aux funérailles de ma
mère parce qu’on disait que j’étais maudite. Donc tout ce temps je pouvais faire
enfant. Firmin tu es méchant. Mais tu sais quoi ? Dieu a guéri mon cœur donc je ne
t’en veux pas. Je te pardonne. Aujourd’hui j’ai deux enfants, une belle-fille et un
fiancé. Je suis comblée. La vie t’a déjà puni et elle te puni encore en te faisant
l’employé du fils de la femme que tu as humilié il y a 32 ans. Je te pardonne.
Il pleure. Il essuie son visage et s’en va. C’est là que mes larmes coulent. Donc je
pouvais avoir enfant. Est-ce que maintenant je peux avec mon âge ? De toutes les
façons je m’en fou. J’ai déjà deux enfants ça va. Terry vient s’asseoir à côté de moi et
me prend dans ses bras.
– Chéri et si à la soirée on me pose des questions sur ce qui s’est passé avec l’autre
femme je dis quoi ? Je demande parce que depuis on n’a rien dit aux journalistes.
– Tu diras ce que tu voudras maman. Si tu veux en parler vas-y sinon passe dessus.
Moi ça ne me dérangerait pas.
– D’accord. Merci mon fils. Bon je vais te laisser travailler. Je dois sortir avec mes
filles.
C’est le soir-là la soirée où je suis invitée. Je vais avec mes enfants. Mon cœur bat
même parce que je vais être avec les grandes dames du pays. Depuis que Firmin m’a
dit la vérité que je n’étais pas stérile je me sens bien. C’est vrai au début ça m’a fait
mal mais comme j’avais déjà mes deux enfants et que ça ne me faisait plus mal d’être
stérile, je suis vite passée sur ça. J’ai dit à Vincent mais comme il était occupé on n’a
pas bien parlé. Ah c’est lui qui appelle même.
– Allô !
– « Comment vas-tu ma fleur ? »
– Ça va et là-bas ?
– « Ça va. Le froid fait des siennes mais ça va. Tu es prête pour ce soir ? »
– Oui mais je voulais tu sois là.
– « Je suis là en pensée Lys. Je suivrai d’ailleurs sur le net. Ça sera en direct sur
Facebook. Ton moral il est comment ? Par rapport à ce que tu m’as dit ce matin ? »
– Hum je fais avec. Je ne sais même si à mon âge-là je peux encore faire des enfants.
– « Tu veux porter un enfant ? »
– Pas forcément. J’ai déjà deux enfants mais je me demande juste. Peut-être que après
je vais avoir envie et toi aussi ou bien.
– « Ecoute chérie, je te le dis encore une énième fois, je ne me marie pas pour avoir
des enfants. Je veux juste une femme avec qui profiter de mes derniers jours et de ma
fortune. J’ai mes enfants tu as les tiens. Nous allons nous marier et nous ferons
l’amour autant de fois qu’on le voudra par jour. Si tu tombes enceinte, ok c’est une
bonne nouvelle on la partagera, mais dans le contraire on continuera à vivre comme
prévu. Je veux que tu enlèves ton esprit sur ça pour éviter de faire des dépressions
plus tard. Tu as vécu 32 ans sans t’en soucier parce que tu avais Terry donc
aujourd’hui continues de vivre sans t’en soucier surtout que maintenant tu as deux
enfants. Libère ta tête ma fleur. Ce n’est pas facile mais fais le vide. It’s ok ? »
– Wé pardon dépose-moi ici avec ton anglais. Dis-je en riant.
– « N’est-ce pas toi qui m’a dit I love you hier ? »
– Mais c’est là-bas tout mon anglais s’arrête oh.
– « Je t’aime. »
– Je t’aime aussi.
– Nous avons parlé de la femme battante et ce soir nous en avons une très grande
parmi nous, continue la femme au micro. Elle a toujours été dans l’ombre parce que
très discrète. C’est son fils qui est plus sous le feu des projecteurs et ça a fini par la
faire sortir. Elle a été révélée après son obtention du CEPE malgré son âge. Après ça il
y a eu un scandale sur sa famille mais nous avons remarqué comme ce soir que sa
famille n’a pas coulé. Ce soir nous avons voulu l’honorer parce qu’elle est la
représentation parfaite de la femme courageuse. Elle est un modèle pour nous toutes.
Une femme qui malgré sa soixantaine est retournée à l’école et a même obtenu son
examen. Nous avons donc toutes à l’unanimité et avec l’accord de la première dame
décidé de lui attribuer le titre de FEMME DE VALEUR, BATTANTE ET MODELE.
Je vais demander avec grand respect à la première dame de me rejoindre sur l’estrade
pour remettre son trophée à notre maman Madame Nathalie YOUL.
Hein ? Moi ? J’ai fait quoi ? Prix de quoi ? Depuis quand ? Je regarde mes enfants qui
se lèvent pour m’applaudir. Tout le monde applaudit débout en me regardant. Terry
prend ma main pour m’accompagner sur le podium. Mon cœur bat fort comme ça. La
première dame me donne le trophée et me fait les bises. Elle sent bon dèh ! On me fait
signe de parler. De dire quoi ? Terry reste derrière moi. Je m’approche du micro.
– Waah j’ai fait bise à la première dame. Je ne vais plus laver mon visage.
– Moi je ne parle pas gros français hein donc je vais parler faon je comprends.
Quelqu’un va venir traduire après.
Ca rit encore.
– Vraiment merci de m’avoir invité. Et aussi pour ce trophée. (Je chôcôbi) Je ne m’en
attendaire par. Ça me rontre là-dedans.
– C’est la première fois que des gens à part ma famille me mettent en haut. On m’a
toujours dit depuis que j’étais petite que je ne vaux rien. Que je suis bête. On m’a dit
beaucoup de chose et j’ai accepté ça. Mais c’est quand mon fils Terry a commencé à
me dire que j’étais une grande dame que j’ai commencé à m’aimer. (Je souris) J’ai
commencé à faire mon petit malin. Qui va se négliger ?
Les gens rient et cette fois mes larmes commencent à monter dans mes yeux.
– Terry est mon fils. Je ne l’ai pas anccouché mais il est mon fils. Vous voyez, chez les
blancs là-bas il y a des femmes qu’on paye pour porter enfant des gens dans leur
ventre et puis après quand elles anccouchent elles disparaissent.
– Les mères porteuses. Me dit Terry derrière moi.
– Oui c’est ça. Merci chéri. Les mères porteuses. La femme qui est venue parler-là
woba que c’est elle la maman de Terry, elle est juste la mère porteuse hein. Elle a
porté la grossesse mais le bébé était destiné à moi. On n’a pas besoin d’anccoucher
pour être mère. Une mère c’est celle-là qui est capable d’aimer un enfant qui n’est pas
son enfant. Une mère c’est celle-là qui est capable de se sacrifier pour un enfant
qu’elle n’a pas mis au monde. Une mère c’est celle-là qui a un grand cœur et qui met
dans sa vie l’enfant d’une autre femme sans demander quelque chose. Autrefois on
m’a dit que j’étais stérile chose même qui est faux. On m’avait menti. Mais de la
femme ‘‘stérile’’ que j’étais aujourd’hui je suis maman de deux merveilleux enfants.
Je suis la maman d’un homme puissant. Donc on va monter on va descendre Terry et
Carine sont des YOUL. Ce sont mes enfants. De la femme bête qu’on dit j’étais j’ai
réussi à faire réussir mon fils et les même gens qui ont dit que j’étais bête sont venus
lui demander l’argent. Donc qui est bête maintenant ? Eux ou moi ?
Les gens crient « c’est eux » et ils applaudissent. Je fais signe à Trisha et Carine de
venir et je demande à Terry d’avancer. Ils sont tous à côté de moi.
– Je vous présente les YOUL. Nous sommes forts donc avant de s’attaquer à nous
réfléchissez. Je ne sais bien parler français mais au nom de Dieu celui qui touche à
mes enfants aura affaire à moi. Je ne suis plus cette femme bête et faible qu’on disait
que j’étais. Ecoutez, refusez que les gens vous mettent en bas. Que vous soyez
pauvres, analphabètes, handicapées ou autre chose, donnez-vous la valeur. N’acceptez
pas que les gens vous traites de n’importe quoi. Si Dieu vous a créé c’est que vous êtes
importantes. Donc les femmes ne laissez personne surtout les hommes dirent que vous
ne vaut rien. Au fait ceux qui passent leur temps à rabaisser les gens c’est parce que
eux-mêmes sont déjà en bas donc ils veulent vous tirer aussi vers eux, mais n’acceptez
pas. Ne pas être allé à l’école ne veut pas dire qu’on est bête. Ça veut dire qu’on est
tellement intelligent que l’école même nous refuse.
– Bon j’ai fini de parler. Ma bouche me fait mal même. Moi je parle anglais hein donc
Tank you.
Je lance un bisou à la foule. Ils se lèvent pour m’acclamer. Ils sont même en train de
rire à cause de mon anglais qui va les tuer. Terry m’embrasse sur le front et on descend
pour aller à notre table. La soirée ne dure pas et ça fini. Beaucoup de personne vient
prendre mon contact. Les gens me félicitent et la première dame me dit de passer la
voir dans la semaine. Waa je suis gâtée. Quand on sort de la salle et puis on va monter
dans notre voiture, je suis surprise de voir Vincent. Il est arrêté avec un gros bouquet
de fleur. Je suis trop contente de le voir. Il me donne les fleurs et m’embrasse devant
les enfants. J’ai honte.
– Tu as été superbe.
– Tu étais là ?
– Oui mais je me suis restée dans le fond pour ne pas te déconcentrer. Tu m’as montré
encore aujourd’hui que tu es celle qu’il me faut. Je t’aime !
– Moi aussi !
Mon fils me fait bisou sur le front avant de partir monter dans sa voiture. Les filles
font la même chose. Vincent m’emmène dans sa voiture. Il me regarde et me souris
avant de démarrer. Je souris de bonheur. Si je dis je ne suis pas heureuse là, j’ai ka
devenir gratin de placali.
Episode 42
TRISHA
Je me réveille encore en sursaut à cause de ce même rêve. Qu’est-ce que cela peut bien
signifier ? Le plus bizarre c’est que j’ai l’impression de l’avoir déjà vécu, sauf que je
ne m’en rappelle pas. Si je l’avais vraiment vécu je le saurais mais là j’ai l’impression
que si. C’est peut-être à force d’y rêver tout le temps que je crois que c’est réel. Je finis
de poser le costume, les chaussures et la montre de Terry sur le lit et descends faire le
petit déjeuner. En descendant les escaliers je suis prise de vertige. Je m’arrête le temps
que ça passe. Quand ça va je reprends mon chemin vers la cuisine. Je fais le petit
déjeuner en me sentant un peu bizarre. Je dresse la table une fois tout prêt. À peine de
fini qu’un flash apparait sous mes yeux. Je me vois percuter quelque chose. Ou
quelqu’un. Je ne sais. Le flash est rapide. Je suis prise d’un autre vertige et cette fois
avant que je ne m’agrippe à l’une des chaises, je sens des mains me retenir.
– Trish ça va ? Tu as eu un vertige ?
– Oui mais ça va. Ce doit être une anémie. Je vais reprendre mon sirop pour le sang.
Viens t’asseoir tout est prêt.
Il s’assoit et me fait signe de m’asseoir sur ses jambes pour prendre mon petit
déjeuner. Je ne me fais pas prier. Je me sens bien là même si j’ai des palpitations. Il
faut vraiment que je prenne ce sirop de sang. Terry fini de manger. Je mets de l’ordre
dans sa tenue et arrange sa cravate.
– Je ne veux pas que tu ailles travailler aujourd’hui. Me dit Terry en me regardant avec
ce regard qui me fait fondre.
– Je vais bien chéri. Ça va passer.
– Si j’apprends que tu es allée travailler, j’enverrai tes affaires te rejoindre. Termine-t-
il très sérieux.
– Ok monsieur Terry YOUL.
– Non ! Non ! Ça ne peut pas être possible. Ça ne peut pas être moi. Non !
Mes larmes coulent sans même que je ne cligne des yeux. Tout me revient. Tout.
J’étais à la fête d’une amie. Il y avait de l’alcool, de la musique et des mecs mais les
mecs ne m’intéressaient pas parce que j’avais eu pour mon compte avec Roger. Je
buvais donc mais pas assez. Je n’ai jamais aimé me saouler la gueule donc je buvais
doucement parce que je devais prendre la route dans ma nouvelle voiture offerte par un
de mes ex. Je sais qu’à un moment j’ai commencé à me sentir bizarre alors que je
n’avais bu qu’un verre de vin. Alors soit ma copine avait décidé de mélanger le vin
avec un truc fort pour faire plaisir à ses invités soit quelqu’un voulait me tendre un
piège. J’ai donc décidé de partir avant d’être saoul surtout que je ne connaissais
personne à cette fête pour me raccompagner. C’est alors quand je sortais que ces
jeunes m’ont accosté et ont voulu me violer. J’ai réussi à m’échapper et ai pris la route.
C’est en route que l’effet de ce à quoi ma boisson avait été mélangée a commencé à
faire son effet. Tout était flou devant moi mais je ne voulais pas m’arrêter de peur que
ces jeunes me rattrapent pour me violer comme ils ont voulu le faire tout à l’heure. J’ai
donc appuyé sur l’accélérateur pour arriver plus vite à la maison. Ca été là mon erreur
parce que je n’arrivais plus à ralentir. La voiture était trop automatique donc à chaque
faux pas la vitesse augmentait. Je continuais de lutter avec moi pour faire arrêter cette
voiture lorsque soudain en relevant la tête j’ai vu une petite fille mais le temps de m’en
rendre compte je l’avais déjà projeté puis la seconde d’après roulé sur elle. Je voulais
m’arrêter mais je n’y suis pas arrivée. J’ai juste regardé derrière moi et j’ai vu un
homme s’accroupir auprès du corps de la petite. Il y avait un virage et j’ai tourné. Je
pleurais en conduisant parce que j’avais tué quelqu’un. Je savais que je l’avais tué
parce qu’avec la force dont la voiture l’a projeté il n’y avait aucune chance qu’elle
survive. Je ne sais pas pendant combien de temps encore j’ai conduit mais je me
rappelle juste avoir perdu le contrôle de la voiture lorsqu’un gros camion m’a foncé
dessus. J’ai fait une manœuvre et plusieurs tonneaux se sont suivis jusqu’à ce que je
sois projeté de la voiture. Je ne rappelle plus du rester. J’ai juste ouvert les yeux un
mois après et j’avais perdu une partie de ma mémoire. Je ne me souvenais plus de ce
qui s’était passé pour que je finisse dans le coma. Je me souvenais de toute ma vie sauf
de cette soirée. Le docteur a dit que je m’en souviendrai surement les jours à venir
mais rien jusqu’à aujourd’hui. Je ne suis plus aussi retournée le voir.
Il faut que je parle à Carine. Je fonce monter dans ma voiture pour me rendre chez elle.
Je l’appelle et elle me fait savoir qu’elle est seule à la maison. Je roule comme une
folle si bien que mon garde est obligé de mettre sa sirène pour faire dégager les
voitures devant moi. Mon regard est brouillé de larme. J’espère de toute mon âme que
je me trompe. Je prie fort que ce soit une erreur.
Je m’effondre au sol en larmes. Comment cela peut-il m’arriver ? Je ne l’ai pas fait
exprès. On m’avait drogué et j’allais me faire violer. Je n’étais pas moi-même. C’était
un accident. Un accident. Carine se baisse pour me prendre dans ses bras.
Je me remets encore à pleurer. Après une trentaine de minute de pleurs, nous décidons
de retourner dans l’hôpital où j’avais été hospitalisée après mon accident. Carine se
rappelant du nom du docteur demande à le voir. Il nous reçoit après 1h d’attente.
Je soupire. J’aurai préféré mourir dans cet accident que de vivre ça. Pendant tout le
trajet pour ma maison je ne cesse de me répéter que je suis ce chauffard que cherche
désespérément mon mari. Je suis la personne qu’il cherche pour enfin être libéré. Je
suis la responsable de ses hallucinations. Je suis la responsable de tout. Assise sur mon
lit je ne fais que pleurer. J’ai bloqué sur la tablette la caméra de surveillance de dehors
comme ça je verrai quand mon mari arrivera. Je ne veux pas qu’il me voir comme ça.
Je ne suis pas encore prête à lui dire. J’ai besoin de temps. Comment puis-je me sortir
de ce merdier ? Je vois sa voiture garer devant la maison. Je me hâte dans la salle de
bain pour me laver le visage. Quand je reviens il est déjà là. Je sursaute. Il a couru
pour arriver si vite ou quoi ? Il est arrêté les mains dans ses poches à me fixer
intensément. Est-ce qu’il sait ?
Je sais qu’il ne me fera pas de mal parce qu’il ne sait rien mais j’ai peur d’être proche
de lui. C’est toute tremblante que je m’approche pour l’embrasser. Il ne répond pas à
mon baiser.
– Es-tu malade ?
– Non ! Non je ne suis pas malade.
Merde mon garde. J’avais oublié que cet imbécile faisait un rapport de tout à Terry.
– Je… je…
– Ne me mens pas parce que j’ai appelé Carine et elle va bien.
– Non ce n’est pas elle. Au fait nous sommes allées voir une connaissance à nous qui
avait fait un accident.
– C’est pour cela tu conduisais comme une folle en pleine ville ?
– Euh oui. J’étais vraiment inquiète.
Ça ressemble plus à une mise en garde qu’à une question. Et cette façon qu’il a de me
fixer comme s’il voyait dans mon âme me fait de plus en plus peur.
– Terry…
– À quoi tu penses ?
– Quoi ? Non je ne pense à rien.
– Dans ce cas à qui tu penses ?
– Non chéri !
– Je ne pense à… aah !
– À personne je te jure.
– Dans ce cas pourquoi est-ce que tu ne me regardais pas dans les yeux ? Pourquoi est-
ce que tu ne gémissais pas ? Pourquoi diable étais-tu couchée comme si je faisais
l’amour à un cadavre ? C’est un total manque de considération de rêvasser pendant que
ton MARI te fait l’amour.
– Chéri…
Il lâche mon bras et sort. Je veux le rattraper mais je n’en ai pas le courage. Je me
laisse glisser au sol et pleure. Comment je pourrai lui dire que j’ai tué sa fille ? C’est
trop dur. Je n’y arriverai pas et je ne veux pas le perdre. J’ai fait d’énormes efforts
pour le conquérir et maintenant que son cœur est à moi, maintenant que j’ai conquis
son cœur, je découvre que je suis la raison du mal qui le ronge depuis deux ans.
Seigneur vient à mon secours. Je ne veux pas perdre mon mari. Aie pitié de moi je t’en
prie. Terry va me tuer s’il sait tout. Il va me tuer.
Episode 43
TERRY
Trisha sursaute quand elle s’aperçoit de ma présence derrière elle. Elle le fait à chaque
fois qu’elle me voit depuis maintenant une semaine. Je l’observe sans rien dire.
J’attends qu’elle me dise elle-même ce qui ne va pas.
– Terry… tu es… là ?
Je la regarde intensément. Elle me cache quelque chose c’est sûr. Je lui tourne le dos
mais revient vers elle.
– Mieux vaut que tu me dises ce que tu me caches plutôt que je ne l’apprenne moi-
même.
Elle blêmi.
Je m’en vais.
Je suis déjà sorti. Je n’ai pas envie de manger dans cette atmosphère. J’ai horreur des
cachoteries et elle j’en suis convaincu elle me cache quelque chose. Mais qu’elle me
fasse confiance, je vais le découvrir. Je me rends dans mon empire où je me plonge
dans mon travail. Rama cogne et entre.
Je n’ai pas confiance à cette nouvelle. C’était en Maya que j’avais une confiance
aveugle mais pour je ne sais quelle raison elle a démissionné.
Elle s’en va et j’entends les pas de celui dont j’ai décidé d’être le mentor avancer vers
moi. Si j’ai décidé de le prendre sous ma responsabilité ce jeune c’est parce que c’est
un bosseur. J’ai aimé son courage et sa détermination quand il voulait mettre sur pied
sa boite. Et jusqu’à aujourd’hui il ne m’a pas déçu. Il bosse toujours autant pour se
hisser haut.
– Bonjour Terry.
– Prends place. Quoi de neuf ?
– Rien de grave. J’étais juste de passage à Abidjan et j’ai décidé de passer te saluer.
– C’est gentille. Comment va la famille ? Le petit ?
– Tout le monde se porte bien merci. J’ai contacté Trisha ce matin pour lui proposer un
contrat avec sa boite. J’ai besoin de décoratrice douée pour les deux JAS Evènement
que je vais ouvrir ici.
– C’est bien. Tu as besoin de mon aide ?
– Pour le moment non. Bon je vais y aller.
– Tu rentres de ce pas ?
– Oui.
– Ok. On se dit à bientôt.
– C’est ça.
Lorsqu’il est midi je prends ma pause. Je dois déjeuner avec les gars. Ils ont voulu
qu’on déjeune ensemble pour se retrouver entre mec. Cela faisait un bon moment que
nous n’avons pas été tous autour d’une table. Je rejoins André, Max et Léo au
restaurant.
Je soupire. Léo me fatigue. Il adore me faire parler cet enfoiré. Mais j’ai fini par m’y
habituer.
La sonnerie de mon portable nous interrompt. C’est le détective qui me prévient qu’il
sera à mon bureau dans une demi-heure. Apparemment il aurait du nouveau pour moi.
Je reste 10 minutes après quoi je prends congé de mes frangins. J’ai hâte d’entendre ce
que le détective a à me dire. Cette semaine ça fera 2 ans que ma fille a été tuée et mon
souhait a toujours été de trouver le coupable avant cette date-là pour célébrer ma
victoire et la justice que j’aurais rendu à ma fille. Je veux pouvoir aller sur sa tombe et
lui dire j’ai réussi à lui rendre justice. Une quinzaine de minute après mon arrivée au
bureau que le détective se pointe. Je savais que ce détective Marocain envoyé par
Mike me serait d’une très grande utilité. Je le sais très compétent.
– Il vit à Londres mais il doit rentrer aujourd’hui. La police l’attend déjà à l’aéroport
pour le conduire au commissariat où il sera interrogé. Nous ne savons pas si c’était lui
le conducteur de la voiture le jour de l’accident parce que les objets trouvés à
l’intérieur appartiennent à une femme. Rouge à lèvres, pied gauche d’un talon aiguille,
casquette et une chaine en argent.
– Vous ne savez pas à qui tout ça appartient ?
– Non mais le mieux placé c’est ce Cédric.
Il décroche son portable qui sonnait à peine. Il discute brièvement avant de raccrocher.
Nous sommes tout de suite conduits vers la salle d’interrogatoire lorsque nous
arrivons. Quand je vois le type en question je serre les poings. Que je ne l’ai pas en
face de moi sinon je lui refais son portrait direct. Je reste devant la vitre à regarder ce
jeune. Le détective et le commissaire rentrent le rejoindre avec des documents en
main.
– Je peux savoir ce que je fais ici ? Demande le type dès qu’il voit le commissaire et le
détective entrer.
– Nous devons vous poser quelque question, répond le commissaire. Vous êtes
impliqué dans un accident meurtrier.
– Pardon ?
– Répondez juste aux questions et vous pourrez partir. Nous avons vu que vous vivez à
Londres. C’est bien ça ?
– Oui c’est ça.
– Depuis combien de temps ?
– Cinq ans maintenant.
– Et pouvons-nous savoir la raison de ce changement de pays.
– C’est ma vie privée.
– Vous devez répondre pour pouvoir vous innocenter. À moins que vous n’ayez
quelque chose à cacher.
– Mes parents m’y ont emmené de force pour que je devienne plus responsable.
Disons que j’ai toujours été un enfoiré.
– Vous reveniez constamment au pays ?
– Il y a deux ans j’étais revenu passer une semaine auprès de ma mère malade. Je crois
que c’était dans le mois de Mai.
– Vous n’étiez donc pas en Côte d’Ivoire de Juin à Juillet de cette même année ?
– Non. C’est maintenant depuis mon départ en Mai que je reviens.
Le commissaire passe la parole au détective qui sort des photos de l’enveloppe kaki. Il
les tournes vers lui.
– Regardez la plaque.
– Oui je la reconnais mais elle n’était pas à moi.
– Elle est pourtant à votre nom.
– Non. Enfin oui. C’est moi qui l’ai acheté mais elle n’était pas pour moi. Je l’ai
offerte une amie.
– Une amie ?
– Bon une ex mais je l’ai mise en mon nom à cause de la garantie. S’il y avait eu un
problème je l’aurais résolu plus facilement encore plus que j’étais mieux placé
financièrement. C’est après lui avoir offerte la voiture que je suis retourné à Londres.
– Vous avez les nouvelles de cette dernière ?
– Non non. Nous avons perdu contact depuis.
– Comment s’appelait-elle ?
– Trisha.
– Tout son nom.
Je beugue. Il a dit quel nom ? Le détective sort d’un sachet des objets qu’il place sur la
table.
– C’est bien elle sur la photo ? Ce n’est pas très net mais pourriez-vous la reconnaitre ?
– Oui c’est elle. Je la reconnaitrai parmi mille. Je l’avais dans la peau cette fille.
Je perds patience et entre dans la salle. J’affiche la photo de Trisha sur mon portable
que je place devant les yeux du jeune.
– C’est elle ?
– Euh oui monsieur. Vous la connaissez ?
Je ne réponds rien tellement refroidit par cette information. Je tourne la tête vers les
objets posés sur la table. Je crois avoir déjà vu cette casquette sur elle dans ses photos.
Et cette chaine, elle m’en a parlé comme étant sa chaine fétiche. Il y a ces initiales TC
sur la détaille. Mon regard tombe sur une photo d’elle au volant d’une voiture avec la
même casquette sur la tête. Le détective m’oblige à sortir. Je prends la photo sur la
table avant de sortir. Il sort avec moi.
Quand j’arrive à la maison elle n’est pas là. Je demande à ce qu’on retire toutes ses
photos de la maison. Je ne veux plus rien d’elle. Je rappelle le détective pour lui
demander de me ramener les objets appartenant à Trisha. Il le fait une heure de temps
plus tard. Je passe le reste du temps à Boire et à fumer dans mon bureau. Je réfléchi à
ce que je vais lui faire. Mais c’est clair que je ne vais pas lui faire de cadeau. Il est
18h30 et elle n’est toujours pas rentrée. J’appelle son garde pour qu’il me la ramène.
Je n’ai pas envie d’entendre sa voix. Je pose la casquette, le talon aiguille et la chaine
sur mon bureau. Je pose à côté mon arme. Je jette un coup d’œil sur la caméra de
l’extérieur. Elle est arrivée. Je la regarde marcher jusqu’à mon bureau. Arrivée devant
elle s’arrête, souffle et ouvre la porte. Nos regards s’accrochent. Lentement elle
referme la porte derrière elle. C’est à ce moment qu’elle remarque les objets posés sur
mon bureau. Elle est tout de suite horrifiée. Elle me regarde paniquée, je la regarde en
me répétant de faire les choses calmement. Durement mais calmement. Elle regarde à
nouveau les objets et cette fois elle remarque mon arme à la fin. Son regard s’y attarde.
Je termine mon verre que je pose d’un bruit sec. Ca l’effraie. Je passe lentement mon
pousse sur mes lèvres… elle avale sa salive. Je la fixe intensément. Je la vois qui
commence à trembler. Elle sait que je sais. Elle regrette sans doute de ne m’avoir pas
elle-même avoué son crime.
– Terry… Souffle-t-elle.
Subitement, je lui souris. Je lui souris en la fixant droit dans les yeux. Elle se met à
pleurer.
Episode 44
TRISHA
Depuis ce matin que je suis avec Carine chez elle je ne cesse de pleurer. Je pleure mon
crime, je pleure ma douleur, je pleure mon chagrin mais je pleure surtout ce qui va
m’arriver. Terry ne va pas me faire de cadeau. Il sera sans pitié. Depuis le temps qu’il
n’a pour seul but dans la vie que de se venger de ce chauffard. Maintenant qu’il l’aura
c’est sûr qu’il lui réservera le pire des sorts. Je veux tellement pouvoir le lui dire mais
j’ai peur de le perdre. Je l’aime à en mourir. Je l’aime plus que tout et le perdre sera la
pire chose qui puisse m’arriver. Il est mon monde. Combien de chose j’ai supporté
pour pourvoir le conquérir ? Combien de sacrifice ai-je pour l’entendre un jour me dire
qu’il m’aime ? Et maintenant que j’ai réussi, tout va être détruit à cause d’une erreur
du passé. Une erreur qui a coûté la vie à une petite fille de 7 ans. C’est vrai que j’ai été
drogué mais je n’aurai pas dû prendre le volant. J’aurai dû prendre un taxi. Ça a été ça
mon erreur.
Elle soupire.
Je me remets à pleurer. Que dois-je faire ? Carine me console lorsque mon garde
apparait.
– Désolé de vous déranger. Madame, monsieur demande à ce que vous rentriez.
– Mon mari t’a appelé pour me dire de rentrer ?
– Oui madame.
– Ok j’arrive.
– Terry…
C’est sorti tout seul dans un souffle. Qu’est-ce que vais pouvoir lui dire pour le
convaincre de m’épargner ? Alors que je cherche quoi lui dire pour l’apaiser je le
vois… sourire. Cette fois c’est officiel, je suis morte. Je me mets à pleurer.
– Terry…
– J’ai passé toute une année à chercher le meurtrier de ma fille alors que je l’avais
juste près de moi.
– Je t’en supplie Terry pardonne-moi.
– Je t’avais dit de ne rien me cacher. Je te l’avais dit.
– Bébé…
– Depuis tout ce temps tu te foutais de moi.
– Non ce n’est pas vrai.
– Je t’ai fait confiance. Je t’ai donné accès à ma vie, à ma famille, à mon intimité… à
mon cœur.
– Je te demande pardon.
– NE ME DEMANDE PARDON.
Il balance son verre dans ma direction. Je bouge pour l’éviter. Je me mets à pleurer de
plus belle. Lorsque je relève la tête vers lui il s’est levé. Il essaie de se calmer. Il se
lève pour se servir un verre qu’il vide cul sec. Il repose le verre et prend son arme en
étant toujours débout. Il le charge.
– Tu as tué ma fille.
– C’était un accident.
BAM. Il tire près de moi. Je sursaute en poussant un cri. Il commence à faire des tours
sur lui.
BAM. Un autre coup de feu dans ma direction. Je hurle en pleurant de plus belle.
Comme si je venais de dire la pire des choses il lance la bouteille de Whisky vers moi
et bondit sur moi par la suite. Me saisissant par les cheveux il me projette dans le divan
avec son arme toujours en main. Il se met à tirer partout autour de moi. Je hurle
comme une malade. Je suis morte de peur. Je ne veux pas mourir. Il a vidé son
chargeur et lorsque je relève la tête je le vois en train de chercher un autre chargeur
dans son tiroir. J’en profite pour prendre la fuite. Mais à peine ma main se pose sur le
poignet je me sens empoigné par les cheveux. Je pousse un cri.
Il me jette violemment vers son bureau. Je me cogne le front sur le bord et je sens
quelque chose couler. Du sang. Ça n’a pas l’air de le freiner. Il me relève encore par
les cheveux et cette fois me plaque contre le mur. Il maintient ses doigts autour de mon
cou sur lequel il fait pression. Mon visage est inondé de larme. Larme qui ne l’attendri
pas.
– Tu m’as prise ma fille Trisha, dit-il en promenant son arme sur mon visage. Tu as
tué ma fille de 7 ans et ça, ça jamais je ne te le pardonnerai.
– Je t’aime Terry. Pardonne…
Il commence à m’étouffer en serrant l’emprise de ses doigts sur mon cou. J’ouvre la
bouche pour essayer de respirer. Il en profite pour y glisser son arme.
Je le supplie avec mes yeux tandis que je lutte pour desserrer la pression.
– Non ce serait trop facile. Tu ne dois pas mourir comme ça. Il faut que tu souffres
comme j’ai souffert. Que tu pleures comme j’ai pleuré.
Il me lâche le cou mais empoigne aussitôt ma tignasse qui va finir par s’arracher à
force. Il me tire par les cheveux jusque dehors. Certains gardes qui sont présents nous
regardent sans pouvoir rien faire. Il ouvre la malle arrière de sa 4X4 et me jette à
l’intérieur. Il referme aussitôt. Je l’entends parler mais n’arrive pas entendre ce qu’il
dit. Je suppose que c’est lui qui monte dans la voiture et démarre. Nous roulons
pendant je ne sais combien de temps. Couchée dans ce coffre je prie que Dieu
intervienne pour que Terry se calme. Il est capable de me tuer. Il n’est plus lui-même.
La voiture s’arrête enfin. Il sort et vient ouvrir. Il me fait ressortir cette fois en me
saisissant par le bras. Il n’a toujours pas laissé son arme. Je reconnais l’endroit. C’est
l’arrière de ma boite. Il y a une route qui passe à l’arrière mais qui n’est pas vraiment
empruntée. Il m’oblige à me mettre à genoux. Ca sent l’essence.
– Terry…
– Je vais t’arracher ce que tu as de plus cher. Tu sauras ce que ça fait.
Il jette le briquet et lance un autre plus haut. Le feu s’élève sur le bâtiment. Je le
supplie, je pleure mais rien y faire. Ma boite est en train de partir en fumée. C’est
certes son local mais c’est mon travail. Tout ça c’est le fruit de plusieurs nuits
blanches. Terry est en train de me tuer à petit feu. Alors que je ne me suis pas encore
remise de mon chagrin, il me tire par les cheveux pour encore me jeter dans le coffre
de sa voiture. Nous roulons encore mais cette fois beaucoup plus longtemps que la
première fois. Mon cœur me fait mal, tout mon être me fait mal. Terry ne va pas
m’épargner. Si j’avais mon portable avec moi j’aurai envoyé un message à Carine pour
lui demander de l’aide. Plongée dans mes pensées je ne remarque que nous nous
sommes arrêtés que lorsque Terry vient à nouveau me faire sortir. Nous sommes dans
une forêt.
– Terry…
– Ferme-la.
Nous entrons dans une cabane et il me fait asseoir sur une chaise.
Il prend une autre chaise et s’assoit en face de moi. Il place dans ma main deux bouts
de papier.
– Terry snif, ne me tue pas. Emmène-moi en prison si tu le veux mais ne me tue pas.
– Je ne veux pas t’envoyer en prison.
– Ne fais pas ça. Tu n’es pas un meurtrier.
– Mais toi si.
– C’était un accident.
– Qui a ôtée la vie à ma fille.
– Je ne le savais pas. J’avais été droguée.
– Tu fais ton choix maintenant.
– Terry…
Il se met à verser de l’essence autour de moi et trace une ligne avec. Il finit et s’arrête
devant moi. Il allume une cigarette.
Il laisse tomber la cigarette dans l’essence. Le feu suit la petite ligne et arrive à mes
pieds. Il sort sans plus un regard pour moi.
Le feu a déjà commencé à s’élever sur moi. Seigneur accueille-moi dans ton royaume.
Episode 45
TERRY
Je monte dans ma voiture pendant que les policiers se dépêchent d’aller sauver Trisha
avant que le feu ne la consume. Je n’avais pas l’intention de la tuer. Je reste un être
avec un cœur et je reste cet homme qui l’aime. J’ai dû me faire violence pour ne pas
céder face à ses larmes, à ses supplications. Il ne fallait surtout pas que je flanche. Je
me devais de lui régler son compte. Certes j’ai épargné sa vie mais je ne vais pas lui
pardonner. Elle ira en prison et je m’assurerais qu’elle y reste toute sa vie. Je ne veux
plus jamais la voir ni même entendre parler d’elle. Elle m’a trahit. Me cacher que
c’était elle qui avait tué Inès est la pire des trahisons qu’elle pouvait me faire. J’aurai
encore préféré qu’elle me cocufie. Quand je pense que je me suis laissé séduire par elle
et ses airs d’ange. Quand je pense que j’en suis arrivé à tomber amoureux d’elle. Je
m’en veux. J’espère que ma fille me pardonnera. Je crois que oui maintenant que je lui
ai rendu justice. Plutôt de rentrer chez moi je vais chez ma mère. Elle doit tout savoir.
Peu importe si elle sera d’accord ou pas. J’ai fait ce que j’avais à faire.
– Bonsoir à vous.
Carine ferme les yeux pour assimiler l’information. Ma mère elle me regarde sans
vraiment comprendre ce que j’ai dit.
– Terry tu es en train de me dire que tu as envoyé Trisha dans prison ? Et que c’est elle
qui avait cogné Inès ?
– C’est ça.
– Hééééé Terry pourquoi tu fais ça oooh. Pleure-t-elle en s’attrapant la tête. Terry tu
pouvais régler ça de autre façon. C’est ta femme.
– Plus maintenant.
– Terry c’était un accident, intervient Carine en pleurant. Elle ne l’a pas fait exprès.
Elle a même eu aussi un accident et a passé un mois dans le coma.
– Je vois que tu le savais aussi. Et tu n’as pas jugé bon de me le dire. Mais bon bref je
n’ai pas affaire à toi. J’étais juste venu vous informer. Son procès aura lieu cette
semaine. Bonne soirée.
*Mona
*LYS
Assis dans le fond de la salle, je regarde Trisha venir prendre place devant le juge.
Maman et Carine sont assises juste derrière elle. Je connais déjà l’issue de ce procès.
J’ai déjà tout préparé avec le juge qui est un bon ami. Ma mère a tenté à mainte reprise
de me faire changer de décision pour que je fasse libérer Trisha mais je lui ai bien fait
comprendre que je n’en avais pas l’intention. Carla est aussi présente. Il s’agissait de
sa nièce bien que ne l’ayant pas connu. J’ai fait bruler toutes les affaires appartenant à
Trisha. Je ne veux plus rien d’elle chez moi, dans ma vie. J’ai même jeté mon alliance.
Plus rien ne me lie à elle si ce n’est ce fichu mariage mais ça je vais le régler après ce
procès.
Elle obéit.
– Vous avez été arrêtée pour avoir accidentée la petite Inès YOUL qui était âgée de 7
ans. Selon le rapport médical de l’hôpital où vous aviez été hospitalisée pendant un
mois, il a été montré que vous aviez ce jour-là consommé de la drogue.
– Non c’est quelqu’un qui l’a mis dans mon verre à mon insu.
– Veuillez garder le silence Madame, ordonne le juge. Vous aviez pris la route en étant
consciente de votre état. Vous avez ensuite violemment renversé une petite fille après
quoi vous ne vous êtes pas arrêtée.
– C’est parce que…
– Si vous l’ouvrez encore vous sortirez de cette salle et apprendrez votre verdict par la
bouche de votre avocat commis d’office.
Il la fixe et elle se tait. Tout le monde fait silence. Il commence par citer toutes les lois
applicables dans le cas de Trisha et donne son verdict.
– Donc en vue de tous ces éléments, vous êtes condamnée à… 25 ans de prison ferme.
– QUOI ? Hurle ma mère.
Elle se met à hurler contre le juge qui me fait signe de la tête avant de sortir. Bien sûr
qu’il a exagéré sur la peine mais c’était sous ma demande. Je veux faire payer Trisha.
Elle va croupir pendant ces 25 années en prison. Le temps que je me lève et tourne la
tête vers Trisha elle s’est évanouie. Ma mère et Carine se précipitent sur elle mais elle
se reprend assez vite. Elle se met à pleurer à chaudes larmes. Maman coure vers moi.
– Terry je t’en supplie ne fais pas ça. Si tu dis au juge de faire 1 an il va faire. Pardon
ne la laisse pas comme ça.
Je n’écoute pas ma mère parce que toute mon attention est sur Trisha. Elle pleure en
me regardant. Mon cœur se brise en mille. Ma mère me parle mais il n’y a que la voix
de Trisha que j’entends.
– Terry ne me fais pas ça. On m’avait drogué je te jure. Mon amour ne me fait pas ça
je t’en prie.
Je serre les dents pour ne pas craquer. J’avais pour seul but de faire justice à ma fille et
c’est ce que j’ai fait. Je ne dois surtout pas le regretter. Les policiers la conduisent hors
de la cellule lorsque Carla s’approche d’elle et lui donne une gifle. Carine se précipite
sur Carla lui rend sa gifle. Une dispute s’en suit et Carine veut de nouveau gifler Carla
mais maman l’en empêche. Trisha est maintenant sortie de la salle pour être transférée.
Carine et ma mère viennent vers moi.
– Terry tu as osé faire ça à Trisha ? Dit une Carine en colère. Tu as osé faire ça à celle
que tu disais aimer. Tu es un monstre. Je regrette que tu sois mon frère. Je préfère
encore mourir que de t’avoir comme frère.
Elle crache à mes pieds et s’en va. Ma mère me lance un regard qui en dit long sur sa
pensée et suis Carine. Voyant du coin de l’œil Carla venir vers moi je sors à mon tour.
Je n’ai pas envie de l’entendre. J’ai besoin d’être seul.
Je referme la porte de mon bureau derrière moi. Je parcoure la pièce du regard. Toutes
les images de moi et Trisha nous aimant dans cette pièce défilent sous mes yeux.
Toutes les images de nos moments ensemble, toutes les images de nos ébats dans ce
bureau apparaissent comme des flashs devant moi. C’était censé être mon bureau à
moi, la pièce où je m’enfermais quand je voulais rester seul mais elle avait réussi à s’y
incruster si bien que j’ai fini par aimer la voir devant moi quand je travaillais. Elle était
toujours présente à m’assister dans mon travail. Une douleur indescriptible me traverse
le cœur et je m’acharne sur mes sièges que je balance n’importe comment. Je me mets
à tout balancer, tout jeter, tout casser en hurlant ma peine. Pourquoi est-ce que c’est
tombé sur elle ? Ça ne pouvait pas être une autre ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit la
femme que j’aime tant ? Je voulais arrêter tout ça. J’ai voulu la laisser libre mais
j’avais fait une promesse à Inès. Je lui avais promis sur sa tombe que je lui rendrais
justice même au prix de ma vie. Et c’est ce que j’ai fait. Trisha était une partie de ma
vie et je viens de la sacrifier. Je viens de sacrifier la seule femme que j’aie aimée plus
que ma propre vie, la seule femme pour qui je suis allé contre mes principes. Je prends
mon ordi et le fracasse à plusieurs coups. Je serre les dents pour empêcher ces fichues
larmes de monter. Un homme ça ne pleure pas pour une femme. Encore moins une
meurtrière.
*Mona
*LYS
Ca fait une semaine que mon avocat défile à la prison pour faire signer les papiers du
divorce à Trisha. Je ne veux plus être lié à elle. Je ne veux plus qu’elle porte mon nom.
Je veux la faire sortir de ma vie définitivement. J’ai donc décidé d’aller en personne
l’obliger à signer ces maudits papiers. Je suis donc dans une salle de la prison à
attendre qu’on l’emmène. Dès qu’elle entre et me voit, elle se met à sourire. Elle sourit
après tout ça ? Je la détaille du regard. Elle a perdu énormément de poids.
– Chéri tu es venu, commence-t-elle les larmes dans les yeux. Je suis désolée pour
tout. Je suis si désolée.
– Je suis là pour que tu signes les papiers du divorce.
– Non ! Je ne les signerai pas. Terry je t’aime et je sais que toi aussi. Je te pardonne de
m’avoir envoyé en prison parce que je sais que tu l’as fait sur le coup de la colère.
Mais tu vas me faire sortir d’ici et nous allons tout régler tranquillement. N’est-ce pas
hein ?
– Non Trisha. Tu vas rester ici pour purger ta peine. Mais libère-moi de cette chaine
que représente notre mariage. Je ne veux plus rien avoir avec toi.
– Ne me fais pas ça chéri. Tu es en colère c’est normal. Prends le temps de te calmer et
tu verras qu’on peut tout régler simplement. Je t’aime.
Je reçois une gifle violente. Les yeux de ma mère sont rouges de colère mais aussi de
tristesse.
– C’est comme ça que je t’ai élevé ? C’est comme ça je t’ai dit qu’on traite sa femme ?
Terry quel que soit ce qu’elle a fait tu pouvais régler ça autre manière. Tu pouvais
simplement divorcer et tout lui arracher mais pas la mettre en prison mais même si elle
devait aller en prison ça devait être pour juste quelque mois pour la punir. Mais 25 ans.
Terry 25 ans. Quand elle va sortir elle sera vielle. C’est parce qu’elle n’a pas de
parents pour la défendre que tu lui fais ça ? Si ses parents étaient là tu es sûr que tu
allais pouvoir faire ça ? C’était toi son tout. Nous sommes sa famille mais eu lieu de la
protéger on l’a jeté en prison.
– Tu sais qu’elle ne va pas pouvoir tenir mais tu l’as quand même envoyé là-bas. Terry
pourquoi tu lui fais ça ? Pardon libère-la et si tu veux divorce mais je te demande
pardon de la libérer.
– Je ne peux pas.
– Tu peux. Le juge c’est ton ami. Dis-lui de la laisser sortir.
– Je ne le peux pas.
– Tu peux.
– Je ne le peux pas parce que je l’ai promis à Inès. Je suis désolée mais elle va rester
en prison pendant ces 25 prochaines années.
Elle prend son sac et s’en va. Je viens aussi de perdre ma mère.
Trois jours que je suis enfermé dans ma chambre. Assis dans ce noir à même le sol je
ne fais que boire. Mon monde s’est écroulé. Ma femme est en prison et ma famille m’a
rejeté. Ni Carine ni ma mère ne me parle. Je suis maintenant seul. Est-ce mal de rendre
justice à sa fille ? Ai-je mal fait ? Je croyais que la faire enfermer me soulagerait mais
c’est tout le contraire. Je me sens encore plus mal que lorsque j’ai perdu Inès. Je ne
suis pas satisfait. J’ai l’impression d’avoir échoué bien qu’ayant réussi à rendre justice.
J’entends ses pas s’éloigner. Je replonge dans mes pensées à peine que la porte
s’ouvre. Je ferme les yeux parce que l’éclairage du couloir fatigue mes nerfs. Quand la
porte se referme, la lumière jaillit aussitôt dans la chambre. J’ouvre les yeux et vois
Carla. Elle tient en main un plateau rempli de je ne sais quoi. Je remarque juste un
verre de jus et une banane. Elle pose le plateau sur la table basse et se baisse devant
moi.
Je ne lui réponds rien. Elle se met à caresser mon visage et gratter ma barbe de trois
jours.
– Tu ne devrais pas te mettre dans cet état à cause d’elle. Tu as fait ce qu’il fallait et je
suis sûre que Perla est fière de toi.
Perla ! Ça faisait bien longtemps que je n’avais plus pensé à elle. Trisha était celle qui
occupait toutes mes pensées. Carla commence une caresse sur mes jambes et remonte
vers mon ventre. Elle rapproche son visage du mien.
Elle recule complètement choquée. Elle se relève et met de l’ordre dans sa robe.
Elle me lance un dernier regard avant de s’en aller avec son plateau. L’obscurité
reprend la place dans la chambre et dans mon cœur. Je replonge dans une tristesse
totale. Je le pensais quand j’ai dit que plus aucune femme ne prendra la place de
Trisha. Elle m’a marqué à vie et si elle n’est plus là, personne ne la remplacera. Je vide
mon verre et ferme les yeux. Lasse de lutter, je laisse sortir cette larme qui n’attendait
que ça. Trisha est allée en prison avec mon cœur.
Episode 46
TRISHA
Un mois que je suis dans cette satanée prison. C’est de la merde ici. De la grosse
merde. Les toilettes c’est de la merde, les cellules de la merde, la nourriture n’en
parlons pas. Mais heureusement que Carine et maman YOUL m’apportent de quoi me
nourrir tous les jours. Je partage la cellule avec quatre autres filles. En un mois j’ai pris
connaissance des lieux et des personnes. Nous sommes uniquement des femmes dans
cette partie de la prison. Les hommes aussi sont dans l’autre partie. Contrairement aux
femmes, les hommes eux reçoivent avec la complicité des gardes, des putes pour se
vider les couilles. Les femmes elles se contentent de coucher soit avec les gardes soit
entre elles-mêmes. Ce n’est pas facile de rester des années sans satisfaire ses envies
surtout quand ça ne vient pas d’un choix personnel. Mes codétenues ne se gênent pas
en tout cas. Elles le font quand bon leur semble dans notre cellule pendant que nous
dormons. Mais ce n’est pas facile de dormir quand quelqu’un gémit à tue-tête juste à
côté de toi. Ça m’a dégouté d’assister à ça mais quand mais dans le fond ça m’a fait
pitié. J’espère juste ne pas arriver à là. Je crois toujours que du jour au lendemain
Terry viendra me faire sortir d’ici. Je l’aime toujours malgré tout et je sais qu’il a fait
ça parce qu’il a mal. Ça fait mal de savoir que la personne qu’on aime nous a trahit.
J’espère jute qu’il se ressaisira vite parce que je n’en peux plus d’être ici.
Je lève la tête vers Cette fille qui fait sa loi ici. Je crois qu’on l’appelle la Dona. C’est
complètement ridicule de s’attribuer le nom d’un personnage de Télénovelas juste
pour se donner de la valeur. N’importe quoi ! La Dona et puis quoi encore. Tout le
monde la craint ici mais pas moi. De toutes les façons je n’ai pas affaire à elle donc je
reste toujours dans mon coin. J’évite de me faire mettre en isolement. J’ignore cette
Dona et continue de penser à Terry. Je tournois entre mes doigts mon alliance. Je l’ai
gardé avec moi et je la cache pour pas qu’on me la vole. C’est du diamant donc les
gens voudrons me la prendre pour la revendre aux gardes.
Je l’ignore et cette conne m’arrache ma bague. Là je me lève pour lui faire face.
– Redonne-moi ma bague.
– Sinon quoi ?
– Redonne-moi juste ma bague.
– Tu penses qu’ici tu peux te la jouer MADAME TERRY YOUL ? Non. Ici tu n’es
personne. Même ton nom n’effraie personne. Tous tes milliards ne sont pas ici avec toi
donc tu es juste une pauvre délinquantes comme nous toutes. Mais nous contrairement
à toi n’avons pas tué une petite fille innocente qui plus est la fille de notre mari.
Je veux lui répondre lorsque je sens une montée à l’intérieur de moi. Je me précipite
vers le mur et vomi toutes mes tripes. Je crois que c’est fini mais à peine je me relève
que ça recommence. Je vomi encore. Lorsque je finis je sens un froid me prendre. Je
me nettoie la bouche quand cette peste vient vers moi en souriant. Je la vois mettre ma
bague dans sa poche.
– Redonnes-moi ma bague.
– Viens prendre si tu es femme.
– Je n’ai vraiment pas envie de me bagarrer donc s’il te plait redonne mon alliance.
– C’est non. Elle est à moi maintenant.
Là je pète un câble et lui saute dessus. J’ai horreur des provocations. Je ne cherche
même pas la taper. Je la fais juste tomber près de mon vomi.
Dona mon œil ! Elle devrait s’appeler Dolores dans Rubi. Je rebrousse chemin
lorsqu’on vient m’annoncer que j’ai de la visite. Ce doit être Carine ou maman. Je suis
le garde jusqu’à la salle dans laquelle nous nous voyons à chaque fois. Aujourd’hui
c’est Carine qui est venue.
– Nous ne nous voyons plus. Maman a coupé les ponts avec lui et moi aussi.
– Mais pourquoi ?
– À cause de ce qu’il t’a fait. C’est impardonnable.
– Mais il va revenir sur sa décision. C’est juste la colère qui l’a fait réagir ainsi. Vous
savez comment il est.
– Il t’a enfermé et toi tu continues de le défendre.
– Il est mon mari et je l’aime. S’il te plait dis à maman de ne pas l’abandonner. Il a
besoin d’elle. Je ne veux pas qu’il reste seul. Aussi faudrait pas que cette Carla
manchinchose profite pour lui mettre le grappin dessus.
– Comment tu fais pour ne pas lui en vouloir après tout ça ?
– Je l’aime c’est tout. Tout s’arrangera j’en suis sûre.
– Je l’espère.
*Mona
*LYS
N’en pouvant plus de rester là à regarder les autres dans la cour de la prison, je décide
de retourner en cellule dormir. Ces jours-ci je suis constamment épuisée. C’est vrai
que les corvées qu’on nous assigne sont épuisantes mais là je me sens deux fois plus
fatiguée. À peine je me réveille que j’ai encore envie de retourner au lit. Alors que je
me dirige vers les cellules, l’un des gardes m’accoste. Celui-là n’arrête pas de me faire
des yeux doux depuis mon arrivée. Mais je l’ignore. Il m’attrape le bras.
Je veux encore m’en aller lorsqu’il me tire violemment dans un coin et tente de
m’embrasser. Non mais il est malade ou quoi.
Elle se masse les mains et alors que je ne m’y attends le moins du monde elle se met à
me rouer de coups. Je ne peux pas me défendre parce que les autres m’ont attrapés les
bras. Elle me tape partout mais surtout sur mon visage. Je crois même qu’elle veut me
défigurer. Un moment je sens une déchirure sur ma joue. C’est à ce moment que je
remarque le couteau. Je tente de me dégager de l’emprise des deux autres mais je suis
trop faible. Mes yeux s’agrandissent lorsque je la vois foncer sur moi avec le couteau.
Avant qu’un mot ne sorte de ma bouche je reçois le couteau dans mon côté. Je
commence à perdre connaissance. Avant que je ne tombe elle m’empoigne les
cheveux.
– C’est ton cher mari qui nous a payé pour qu’on te fasse vivre un enfer ici. Ce n’est
que le premier.
Je me réveille petit à petit dans ce qui est censé être un hôpital. Cet endroit est
tellement piteux qu’on ne dirait pas un hôpital. Mais en même temps il est dans une
prison donc il n’y a pas à s’attendre qu’il soit un hôpital 5 étoiles. Le docteur vient
m’examiner quand il me voit réveiller.
Il me le donne et sort. J’appelle l’avocat de Terry pour lui demander de venir avec ce
dernier ainsi que les papiers du divorce. Il est hors de question que je lui dise que je
suis enceinte. Il risque de me faire tuer. Il n’a jamais voulu d’enfant avec moi donc là
je vais lui donner une bonne raison de se débarrasser de moi. L’avocat me fait savoir
que Terry est en voyage et qu’il sera là demain. Ils viendront donc me voir après-
demain avec les papiers. Je finis et me recouche. Je caresse mon ventre en priant que
Dieu garde mon bébé. Je ne veux pas encore perdre un enfant. Le docteur vient me
donner un somnifère pour que je me repose.
C’est cet après-midi que Terry doit venir avec son avocat. J’ai le cœur qui bat la
chamade à l’idée de le voir. Je ne veux pas flancher à sa vue. Je veux être la plus
froide possible. Aujourd’hui je vais mette fin à notre mariage et me battre pour
survivre ici. Je le redis, il est hors de question que je perde mon enfant. Je suis couchée
dans ma cellule lorsqu’on vient m’annoncer que ma belle-mère est venue me rendre
visite. Je lui fais savoir que je ne veux pas la voir. La gardienne revient me dire qu’elle
dit ne pas bouger si elle ne me voit pas. Je fais aussi savoir que je n’ai pas l’intention
d’aller la voir. Elle repart et ne revient plus. Elle doit être partie. Je n’ai rien contre elle
mais j’ai pris la décision de couper tous liens avec les YOUL. Si elles savent que je
suis enceinte elles le diront à Terry. Je ne veux plus les voir. Ma seule priorité là c’est
mon bébé. J’ai perdu une première fois mais cette fois non ça n’arrivera pas. Le
docteur a dit que tant que je n’atteindrai pas 3 mois la grossesse sera en danger et je
sais quoi faire pour me protéger. Mais avant de faire ce que j’aie derrière la tête je vais
me séparer de Terry.
J’entre dans la salle et le vois arrêté derrière son avocat qui lui est assis avec devant lui
des documents. Quand Terry me vois il fronce les sourcils. Pourquoi est-il surpris de
voir mon visage enflé, ma lèvre fendue et ma joue balafrée ? N’est-ce pas ce qu’il
voulait ? Je m’assois en face de l’avocat en me faisant violence pour ne pas flancher.
Je l’aime mais à partir de ce jour je décide de le détester.
Je le vois baisser les yeux. Il se redresse et relève ses épaules comme s’il voulait se
convaincre de quelque chose. Je n’ai plus le temps pour ses états d’âme. L’avocat me
montre où signer. Lorsque je prends son stylo je lève les yeux vers mon futur ex-mari.
Je le sens hésiter. Il regarde intensément ma main qui tient le stylo. Il lève les yeux
enfin sur moi et me fixe. Je ne le vois plus aussi sûr de lui comme la première fois
qu’il était venu. Je ne m’attarde pas là-dessus et signe. L’avocat récupère les papiers et
son stylo. Je me lève et retire mon alliance.
Je pose la bague sur la table et sort. Je souffle une fois hors de sa vue. J’ai 8 mois pour
réfléchir à ce que je ferai du bébé une fois né. Une chose est sûre je ne vais pas le
laisser grandir ici. Je me rends dans la cour de la prison déterminée. Je dois protéger la
vie de mon bébé et pour ça il faut que je passe plus de temps en isolement et pour être
isolé il faut commettre de grosse erreur. Je vais commettre ma première. Je ramasse
une barre de fer en marchant vers la Dona. Elle est de dos.
– Hé la Dona !
Elle se retourne et bam. Je lui fracasse le crâne avec la barre de fer. Elle s’évanouie et
le sang coule de sa tête. On vient me chercher aussitôt pour me jeter en isolement. J’en
aurai pour deux semaines. Si je sors eh bien je referai la même chose pour y retourner.
Tant que je n’atteins pas le troisième mois, je fracasserai des crânes. Pour mon bébé je
fracasserai tous les crânes de cette prison.
Episode 47
CARINE
Je me réveille toute épuisée dans le lit de Loïc. Je viens de faire 8h de somme mais j’ai
encore sommeille. C’est comme ça depuis deux semaines maintenant. Je crois que ce
doit être la fatigue dû au travail. Je suis en essaie à la banque de Loïc. Nous avons fini
l’année universitaire et j’ai eu ma Licence. Je vais donc travailler de jour et aller à
l’école les nuits. Je veux avoir d’autres diplômes pour rendre mon CV lourd. Je m’étire
lorsque Loïc sort de la salle de bain le torse nu et en dessous son pantalon.
– Tu te rends compte que ça fait 8 mois que nous n’avons plus de ses nouvelles. Elle
refuse carrément qu’on la voit.
– Peut-être qu’elle ne veut pas que vous la voyiez dans de mauvais états.
– Mais elle est en prison et…
– Je ne sais pas comment elle va et snif… et… elle me manque. Ça fait 8 mois.
Je pleure à chaudes larmes dans les bras de Loïc. Trisha me manque et la savoir
toujours en prison me fend le cœur. Nous allons la voir à chaque fois mais elle refuse
de sortir. Je crois qu’elle nous déteste à cause de ce que Terry a fait. Je le déteste cet
homme. Je jure que je le déteste. Loïc me calme après quoi il va me chercher le petit
déjeuner qu’il a préparé. J’en profite pour aller me brosser les dents et revenir dans le
lit. C’est moi qui le fait d’habitude quand je passe la nuit chez lui mais ces temps-ci le
sommeil m’emporte tellement que je me réveille tardivement.
– Merci chéri.
– Ce n’est rien. Tu as l’air vraiment épuisé ces jours-ci.
– Oui, je réponds en mordant dans un croissant. Il y a le travail qui me fatigue la
journée et toi la nuit.
– Laquelle des deux fatigues tu aimes ?
– Celle de la nuit. Dis-je le sourire coquin.
Il pousse le plateau sur le côté et s’empare de mes lèvres. Heureusement que je l’ai à
mes côtés car c’est lui qui m’aide vraiment à supporter l’absence de Trisha. Alors que
nous nous embrassons passionnément la nourriture remonte dans ma gorge. Je
repousse Loïc et coure m’enfermer dans la salle de bain. Je vomi ce que je viens à
peine de manger et de boire. Je me rince la bouche et retrouve Loïc qui s’habille.
J’avais déjà prévenue maman que je continuerai directement au travail de chez Loïc.
Le travail est la deuxième chose qui me permet de ne pas penser à toute cette tristesse
qui habite la famille. Depuis 8 mois que l’obscurité règne dans la famille. La joie n’est
plus présente depuis que Trisha est allée en prison. Ma mère et moi n’arrivons plus à
nous réjouir même dans les moments de joie. Les fêtes de fin d’année ont été nulles.
Certes nos hommes ont essayé de rendre ces fêtes merveilleuses et même si elles
l’étaient, le vide que Trisha a laissé se faisait toujours ressentir. Comment être
heureuses lorsqu’un membre de la famille croupi en prison ? Et Terry qui a disparu. Il
a quitté le pays 1 mois après l’incarcération de Trisha et nous ne savons où il est ni
comment il va. Et pour dire vrai on s’en fiche. Maman ne veut même plus entendre
parler de lui. Elle qui adore tant son fils ne veut même pas entendre sa voix. Au début
il appelait pour prendre de nos nouvelles mais à chaque fois maman l’envoyait bouler.
Elle l’a dit, tant que Trisha sera en prison qu’il considère qu’il n’a plus de mère. Je
croyais qu’elle l’avait dit sous l’effet de la colère mais non elle était très sérieuse.
J’entre dans le bureau de Loïc pour lui faire signer des documents. Je suis chargée de
créer les comptes des nouveaux clients afin qu’ils puissent me connaitre et si je valide
mon stage je serai leur gestionnaire.
– Monsieur je vous ai…
– Ma puce ça va ?
– Oui. J’ai juste eu un vertige. Ça va.
Quand j’ouvre les yeux je vois Loïc assis dans le fauteuil près du divan en train de
manipuler son portable.
– Loïc !
Il lève la tête vers moi et quand il croise mon regard me sourit. Je lui rends son sourire.
Ça veut dire que je n’ai rien de grave.
Il tire la table basse devant moi et s’y assoit. Il me prend ensuite les mains.
– Ma puce, je voudrais avant tout que tu saches que nous sommes ensemble et que je
n’ai pas l’intention de te laisser. On assumera ensemble.
– De quoi tu parles ?
Il me fixe un moment.
– Tu es enceinte.
Je sens comme une charge me tomber dessus. Enceinte ? Moi, enceinte ? Non ce n’est
pas possible. Non ! Je me mets à pleurer, mais pas de joie.
– Bébé ça va ?
– Ma chérie ça va ?
– Ça va ? Mentè–je la voix peu convaincante.
– Tu es sûre ?
Je ne réponds rien. Je sens son poids sur mon lit et ses caresses par la suite dans mes
cheveux.
Je souris.
– D’accord.
Elle s’en va pour laisser la place à un Loïc tout inquiet. Assise au milieu de mon lit je
me nettoie le visage sans pour autant le regarder.
– On peut parler ?
– Oui !
– Qu’est-ce qui se passe ?
– Je ne pense pas être à mesure de garder le bébé. Je ne pourrai endosser cette
responsabilité.
– Nous sommes deux dans cette histoire Carine. Tu ne peux pas décider toute seule.
Je ne peux retenir à nouveau mes larmes. Je ne veux pas pleurer devant lui mais je ne
peux non plus m’en empêcher. Il s’approche du lit.
– Parle-moi !
– Je n’ai pas eue une bonne mère. Je n’ai pas eu un bon exemple maternel et j’ai peur
de reproduire les mêmes bêtises qu’elle. J’ai peur d’échouer, j’ai peur d’être comme
elle au final. Je l’ai toujours détesté pour ce qu’elle était et aujourd’hui je risque de
faire ce qu’elle a fait. Loïc et si je foutais notre famille en l’air ? Et si je me remettais à
boire ? Tu auras marre de moi et tu me chasseras de votre vie. Je ne veux pas être
comme ma mère tu comprends ?
– Que je sache maman YOUL a toujours été une bonne mère. La preuve regarde quelle
femme tu es aujourd’hui. Tu es carrément différente de celle que j’avais rencontrée
complètement saoule. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu as une merveilleuse mère en a
personne de Nathalie YOUL. C’est elle ta mère. Ta seule mère. Dis-moi est-ce qu’elle
t’a donné une fois le regret d’être avec elle ?
– Non !
– Est-ce qu’elle t’a une fois poussé à boire ?
– Non !
– Est-ce qu’elle t’a piqué ton mec que je suis ?
– Non !
– Est-ce qu’elle t’a donné de mauvais conseils ?
– Non !
– Donc tu as une mère parfaite. Prends exemple sur elle et tu seras la meilleure mère
pour nos enfants. Moi je crois en toi et j’ai foi que tu seras parfaite dans ce rôle.
– Regarde-moi ! Je t’aime et je veux que tu sois celle qui porte mes enfants.
– Je t’aime aussi.
– Tout à l’heure tu ne m’as pas laissé le temps de finir mon discours.
Il fouille dans la poche de sa veste et sort une boite qu’il ouvre devant moi. J’ouvre ma
bouche.
– J’allais te demander à la fin de m’épouser. Dans ma famille nous avons pour principe
de donner une famille unie à nos enfants. Je veux que notre enfant naisse dans une
vraie famille avec son papa et sa maman à ses côtés. Je t’aime et veux que toi seule
soit la mère de tous mes 12 gosses.
J’éclate de rire.
Nous partons pour un long et doux baiser auquel il y met fin avant de terminer
autrement. Nous descendons main dans la main retrouver maman au salon. Loïc veut
faire les choses dans les normes. Nous nous asseyons devant elle.
– Ah je suis contente que vous soyez réconciliés. Loïc faut plus faire pleurer ma fille
comme ça hein.
– C’est compris maman.
Il me sourit et je fonds.
– Maman nous avons deux nouvelles à t’annoncer. Tu sais déjà que c’est moi qui
partage la vie de ta fille. Voilà, ce matin nous avons appris qu’elle attendait un enfant.
– Hein ? Elle est enceinte ?
– Oui maman. Je suis enceinte.
– Wééé je vais être grand-mère ooohh. Enfin je vais laver caca de bébé ooohh. Wééé
ma fille vient monter sur mon dos.
Elle fait mine de me mettre au dos en dansant. Loïc et moi pleurons de rire. Cette
femme est trop parfaite. Elle s’assoit enfin toute essoufflée et appelle sa servante pour
qu’elle nous apporte du champagne non alcoolisé. Pendant ce temps Loïc continue son
discours.
– La deuxième nouvelle c’est que je voudrais vous demander la main de votre fille. Je
veux l’épouser.
Elle se lève encore pour danser.
Et les larmes remplacent sa joie. Elle pleure de joie en même temps de tristesse.
– Loïc merci de m’apporter de bonne nouvelle. J’avais besoin de ça. Carine ma chérie,
viens dans les bras de ta maman.
Je vais me jeter dans ses bras et ensemble nous pleurons. Loïc a raison. J’ai une mère
parfaite. L’autre ne compte pas.
– Mon fils je te donne sa main, son pied, sa tête. Tout son corps. Prends-la mais
pardon faut pas la faire souffrir. Tu vois déjà comment ton frère a rempli mon cœur de
chagrin, faut pas faire même chose en faisant pleurer ma fille.
– Je t’en fais la promesse maman. Je prendrai soin d’elle.
*Mona
*LYS
Ce matin j’ai pris la décision d’aller voir Trisha. Qu’elle le veuille ou non je la verrai.
Je ne peux pas rester tranquille chez moi sans savoir comment elle va. Cette fois j’ai
pris une permission chez le directeur de la prison pour y accéder afin de la voir. Le
nom YOUL nous ouvre beaucoup de porte. Mais je vais d’abord essayer de la faire
venir à moi. Je suis conduite dans la salle privée. Le garde s’en va et revient quelque
minute plus tard.
Je le suis sagement jusque dans la cour de la prison. Plusieurs femmes y sont en train
de causer par groupe. Je vois de loin une qui est avec deux femmes. Le garde me fait
signe que c’est Trisha. Elle est arrêtée de dos. J’ai mal de la voir dans cet
environnement.
– Trisha !
Je la sens se crisper.
– Lâche-moi Carine !
– Trisha pourquoi ?
– Pourquoi quoi ? Pleure-t-elle aussitôt. Pourquoi je refuse de vous voir ? Tu ne crois
pas que vous les YOUL aviez assez gâché ma vie ainsi ? C’est ton frère qui m’a
enfermé dans cet enfer et il a même payé des gens pour me bastonner quand l’envie
leur prenait. Tu voulais que je vous accueille à bras ouverts en vous disant ‘‘hé je suis
enceinte de Terry’’ pour qu’il me fasse tuer cette fois ? Non ! Je veux rester loin de
vous. De tous les YOUL.
– Même moi ?
– Tu es une YOUL que je sache, signe-t-elle en essuyant ses larmes d’un revers de la
main. Tu devrais t’en aller avant de te faire agresser. Ici ce n’est pas un endroit pour
les gens comme vous. Et je t’interdis de dire quoi que ce soit à ton frère parce que s’il
arrive quelque chose à mon enfant je te jure sur ma vie que je vais te tuer de mes
propres main et là j’aurai vraiment une raison de croupir en prison.
Elle me plante et rentre dans le bâtiment. Je suis sidérée par cette découverte. Non
seulement elle est enceinte mais aussi elle se fait agresser. J’ai remarqué un bleu sur
son œil. Je suis aussi surprise de remarquer autant d’agressivité dans ses propos. C’est
vrai que Trisha a toujours eu un caractère bien trempé mais là je crois que la prison a
fini par avoir raison d’elle. Je me dépêche de retrouver maman à la maison. Il faut
qu’on agisse. Il est hors de question que Trisha reste là-bas.
– Madame !
– Cèd sais-tu où se trouve mon frère ?
– Madame il était en grande Bretagne mais je crois que présentement il doit être dans
l’avion pour L’Italie.
– D’accord donc si Rico t’appelle dis-lui de demander à mon frère de nous appeler de
toute urgence.
– C’est compris madame.
– Tu peux t’en aller.
– S’il faut que j’envoie des gens frapper mon fils pour qu’il libère Trisha je jure que je
vais le faire. Je refuse qu’elle anccouche là-bas. Entre Terry et moi un va mourir. Mais
en tout cas Trisha va sortir de prison sinon je ne m’appelle plus Nathalie YOUL.
Episode 48
TERRY
Cette dernière déclaration ne cesse de résonner dans ma tête depuis 8 mois. Il n’y a pas
de raison pour aimer. On aime et c’est tout. C’est cette déclaration qui m’a conquis et
m’a fait baisser la garde. Elle m’avait touché le cœur en me disant une telle chose. Elle
a tué ma fille et malgré tout ça… je l’aime. Je pensais arriver à la détester, à la sortir
de mon cœur, à la haïr de toute mes forces. Mais… je l’aime encore. Je ne suis pas
soulagé de la savoir en prison. Je ne suis pas satisfait. Je ne l’ai jamais été depuis
qu’elle a été incarcérée. Je ressens un énorme vide en moi. Mon cœur n’est plus à sa
place. Il est avec elle. Je vide mon verre et active la vidéo. Depuis que je lutte avec
cette envie de regarder la vidéo de notre mariage pour revoir son visage, son sourire.
Je fixe l’écran plat collé au mur. Elle était belle ce jour, à couper le souffle dans cette
robe confectionnée uniquement pour elle. J’avais détruit toutes ses photos mais je n’ai
pas eu assez de courage pour détruire celles de notre mariage ainsi que la vidéo. Au
fond de moi je voulais garder un souvenir d’elle. Je ne voulais pas l’effacer
définitivement de ma vie. Je l’aime malgré tout. Je la regarde en train de danser sur la
piste de danse avec ce magnifique sourire sur ses belles lèvres. Je l’ai toujours trouvé
belle quand elle sourit. Je l’ai toujours trouvé belle tout court. C’est pourquoi je ne me
lassais jamais de la regarder dormir. J’avais pris cette habitude de me réveiller avant
elle et de la regarder jusqu’à ce qu’elle se réveille. Ça ne m’ennuyait le moindre du
monde.
Je lance l’appel vers Rico qui est dans le bar de l’hôtel où je loge.
Il est temps que je répare mes erreurs. Depuis 8 mois que je me demande si ça en
valait la peine de la faire enfermer. Je me rends compte aujourd’hui que ça n’en valait
pas la peine. Oui elle avait causé l’accident qui a tué Inès mais elle avait aussi réussi à
me faire oublier cette douleur. Trisha avait réussi à mettre dans mon cœur cette joie
qui avait disparu après la mort d’Inès. Aujourd’hui c’est elle ma joie. Aujourd’hui
c’est elle qui détient mon cœur et tant que je ne l’aurai pas à mes côtés plus jamais je
ne serai heureux. J’espère juste qu’elle va me pardonner. Rico vient récupérer mes
affaires qu’il range dans la voiture.
– Boss ça fait une semaine que votre sœur demande à ce que vous l’appeliez de toute
urgence. Me rappelle-t-il en m’ouvrant la portière.
– Oui j’irai les voir une fois rentré.
Il referme la portière après que je sois monté. Je lance un appel vers Rama mon
assistante.
– « Monsieur ? »
– Désolé de vous appeler à cette heure. Calez-moi un rendez-vous avec le juge Albert
TIA pour demain la première heure.
– « Tout de suite monsieur. »
Comme programmé je me rends chez mon ami le juge Albert qui avait jugé Trisha.
C’est sous ma demande qu’il lui a donné cette lourde sentence alors aujourd’hui je vais
lui demander de la faire libérer. Nous avons plusieurs fois fait affaire ensemble et il me
doit plusieurs services.
– Bonjour M YOUL. Que puis-je faire pour vous ?
– Bonjour. C’est concernant ma femme. Trisha YOUL. Je crois que maintenant c’est
bon, vous pouvez la libérer.
– Vous en êtes sûr ?
– Oui. Elle a été assez punie. Je veux aussi que son casier soit nettoyé.
– C’est comme vous voudrez. Je m’occupe de la paperasse et vous prévient du jour où
elle sera libéré.
– Merci bien.
– Merci à vous pour tous les services rendus.
Je me rends au bureau pour voir comment les choses se passent. Je devrais aller voir
ma mère mais j’hésite un peu. Elle m’en veut et depuis la dernière fois où elle m’a
renié elle ne m’a plus adressée la parole. Je veux donc me libérer de toutes mes tâches
avant d’aller la voir. Je lui consacrerai ainsi tout mon temps. Elle va prendre plus
d’une heure de temps à me hurler dessus et une autre heure pour me parler de tout le
mal que je lui ai fait. Elle m’a manqué tout ce temps mais en même temps je ne
pouvais pas l’obliger à me parler. J’avais déconné.
Je relève la tête vers Carine qui est rentrée en fracas dans mon bureau.
– Carine !?
– Oui Carine. Ça fait une semaine qu’on demande à ce que tu nous appelles. Un, tu ne
le fais pas et deux, tu reviens au pays et tu ne viens pas nous voir pour connaitre
l’urgence.
– J’allais passer vous voir tout à l’heure.
– Apparemment ton travail est plus important que ta famille. Mais quand on voit
comment tu as jeté la femme que tu prétendais aimer en prison ça ne surprend pas.
– Carine !
– Dépêche-toi de faire libérer Trisha. Elle ne peut pas rester en prison alors qu’elle est
enceinte.
– Oui je suis revenu pour… attend quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ?
– J’ai dit qu’elle était enceinte et même presqu’à terme.
Elle ressort comme elle est rentrée en claquant la porte derrière elle. Trisha est
enceint ? Ma femme porte mon enfant. Comment ai-je pu passer à côté de ça ?
Comment ai-je pu la laisser là-bas ? Mais en même temps je n’en savais rien. Elle
porte mon enfant ! Notre enfant ! Merde ! Est-ce qu’elle va me pardonner ? Quand je
me souviens de ce jour où elle a signé les papiers du divorce, de la haine avec laquelle
elle m’a regardé, je doute bien qu’elle puisse me pardonner. J’avais vu son visage
enflé et une plaie sur sa joue mais je n’ai rien fait. J’aurai dû la faire sortir mais j’étais
tellement troublé par le fait qu’elle m’ait accordé le divorce que je n’y ai plus pensé.
La sonnerie du téléphone me fait sortir de ma rêverie.
– Rama !
– « Monsieur vous avez un appel de la MACA. Ce serait une urgence. »
– Ok transférez-le-moi.
– « Bonjour monsieur YOUL. Ici le docteur Joseph de la MACA. Je vous appelle pour
vous parler de votre femme Trisha YOUL. »
– Qu’est-ce qui se passe ? Je demande le cœur battant.
– « Elle a été victime de bastonnade et là elle est entre la vie et la mort. Nous avons
besoin de vous pour opérer un choix. »
– Faites-la immédiatement transférer dans la clinique la plus proche.
– « Monsieur elle ne peut pas sortir. Elle est une détenue. »
– FAITES SORTIR MA FEMME DE VOTRE MERDE DE PRISON
IMMÉDIATEMENT. MERDE !
Je raccroche et appelle Albert pour qu’il ordonne le transfert de Trisha dans une
clinique. Il me rappelle pour me donner l’adresse de la clinique où elle a été transférée.
Rico sous mon ordre roule à grande vitesse. J’espère fort qu’il ne lui arrive rien de
grave. Je m’en voudrai toute ma vie sinon. Nous arrivons en un rien de temps et c’est
en courant que je pénètre la clinique. Un docteur m’accueille aussitôt.
– M YOUL ?
– Oui. Où est ma femme et comme va-t-elle ?
– Nous n’avons pas de bonnes nouvelles pour vous ? Veuillez me suivre dans mon
bureau.
Je le suis en silence pourtant tout mon intérieur bouillonne. Nous prenons place autour
de son bureau.
– Voilà, votre femme est arrivée ici dans un état critique. D’après le rapport reçu du
docteur qui l’a fait venir et aussi nos examens, je suis désolé de vous annoncer que la
vie de votre femme et de votre fille est en danger.
– Ma fille !?
– Oui votre fille. M YOUL vous avez jusqu’à 15h pour opérer un choix très difficile.
– Lequel ?
– Nous ne pouvons malheureusement pas sauver les deux. Il va vous falloir choisir
entre votre femme et votre fille.
Je sens la terre s’ouvrir sous mes pieds et m’engloutir. Je vais devoir choisir entre ma
femme et ma fille.
Il me laisse devant une porte en me disant de faire attention à ne pas marcher sur son
tuyau à oxygène. Habillé d’une tenue neutre et d’un masque sur le nez, je pénètre
lentement dans la pièce et quand je la vois allongé avec son énorme ventre je me
maudis intérieurement. Elle est couverte de bleu. Comment j’ai pu la jeter en prison
putain ! Elle a perdu beaucoup de poids et a aussi noirci. Elle ne ressemble plus à cette
femme magnifique dont je suis tombé amoureux et c’est de ma faute. La main
tremblante je lui caresse le visage. Je baisse le masque sur mon nez.
– Je te demande pardon mon amour. J’ai été con et je le regrette. J’espère que tu
trouveras en toi la force de me pardonner. Je t’aime Trish. Je t’aime.
Je lui pose un baiser sur les lèvres. Une douleur sans nom me transperce le cœur et je
sors. Je serre les dents pour ne pas pleurer. Je prends la route pour chez ma mère. Je
sais qu’elle me déteste mais j’ai besoin d’elle. Qui devrais-je choisir ? J’aime ma
femme et c’est d’elle dont j’ai besoin. Seulement là on parle aussi d’un bébé. Un bébé
qui me reliera à jamais à Trisha. Dès que j’arrive devant ma mère je reçois une belle
gifle. Je dis une belle gifle parce que je la mérite.
– Je regrette ce que j’ai fait. J’ai besoin de toi maman. Je suis sur le point de perdre ma
femme ou ma fille.
– Y a quoi ?
– Trisha se trouve entre la vie et la mort et je dois faire un choix. Je ne peux que
sauver une. Je veux avoir un enfant de ma femme mais je la veux elle encore plus.
Maman je sais que j’ai merdé mais j’ai vraiment besoin de toi. Je ne surmonterai pas
cette épreuve sans toi. J’ai…
Je suis interrompu par un sanglot. J’ai lutté pour ne pas pleurer mais là j’en peux plus.
Voir ma femme allongée luttant contre la mort m’a fait prendre conscience d’à quel
point j’ai besoin d’elle dans ma vie. Je ne veux pas la perdre. Je l’aime plus que tout.
Mon cœur est en sa possession et si elle meurt, je meure avec elle. Ma mère sentant ma
détresse me relève et me prend dans ses bras. Elle nous fait asseoir ensuite. Du bout de
ses doigts elle essuie mes larmes.
– J’aurai dû t’écouter maman. Dès le début. Mais j’ai fait à ma tête et aujourd’hui la
vie de ma femme est en danger. J’ai une heure pour me décider.
– Qui tu veux choisir ?
– Ma femme. Mais je sais qu’elle me détestera si elle apprend que j’ai fait tuer sa fille.
Elle a toujours voulu avoir un enfant et aujourd’hui qu’elle est sur le point de l’avoir je
vais tout gâcher. Qu’est-ce je fais maman ?
– Fais ce que ton cœur te dit. Un enfant c’est bon mais il est préférable d’avoir celle
qui donne l’enfant. Trisha va se fâcher mais elle va comprendre.
– Tu crois qu’elle va me pardonner un jour de l’avoir mise en prison ?
– Ca va être dur mais si elle t’aime toujours elle va te pardonner. En tout cas ça va être
dur de te marier encore avec elle.
– Nous ne sommes pas divorcés. Je n’ai pas signé les papiers du divorce. Je n’en ai pas
eu le courage.
– Tu l’aimes hein ?
– Comme jamais maman. Comme jamais.
– Donc sauve-la.
Je prends mon portable beaucoup plus confiant et soulagée que quand j’ai mis les
pieds dans cette maison. Je savais que ma mère me rassurerait.
– Allô docteur ici Terry YOUL. Sauvez ma femme. Je serai là dans 10 minutes.
Episode 49
TRISHA
Six mois se sont écroulés depuis ce jour où je me suis faite sauvagement bastonnée par
la Dona et sa clique. Elles m’avaient prise par surprise alors que je dormais. Par leur
faute j’ai perdu mon bébé, ma fille. J’ai passé 5 mois dans le coma et le jour de ma
sortie j’ai appelé Rita pour qu’elle vienne me chercher. C’est donc chez elle et son
mari que je vis depuis 1 mois. J’étais sortie avant que la famille YOUL ne vienne me
voir. Je ne veux plus jamais être en contact avec eux. Plus jamais de YOUL dans ma
vie. Je ne déteste pas Carine et maman YOUL mais si je veux m’éloigner de Terry je
dois elles aussi les éviter. Cet homme m’a trop faire souffrir et toute ma vie je le
détesterai pour ça. Le docteur m’a dit que c’était lui qui avait pris tous mes soins en
charge. Qu’il était présent tous les jours de ces 5 mois et passait même des nuits à mon
chevet. J’ai été aussi libéré de prison et mon casier a été nettoyé. S’il a fait tout ça pour
se racheter la conscience eh bien c’est son problème, moi je ne veux même plus voir sa
vielle tête d’homme sans cœur. Heureusement que nous sommes même divorcés.
Présentement j’ai deux choses dans ma tête, quitter la maison de Rita pour me prendre
une petite maison à moi et reprendre mes activités. Puisque j’ai tout perdu je vais
devoir tout reprendre à zéro. Rita m’a dit que Terry avait ré ouvert ma boite et cette
fois deux fois plus grande que la première mais je ne la considère pas comme la
mienne donc je n’y mettrai jamais les pieds. Je vais tout reprendre de par moi-même.
D’ailleurs cette semaine j’ai eu trois petits contrats qui m’ont rapporté 200 000 FCFA.
Normalement un seul ne peut pas avoir le prix de 200 000 FCFA mais comme j’ai
besoin d’argent j’ai fait de petit prix pour ne pas perdre les clients. Aujourd’hui encore
j’ai une salle à décorer ce qui va me rapporter 50 000 FCFA. Donc avec les 250 000
FCFA je pourrai me prendre une baraque et y mettre le nécessaire. Lit, gaz etc. Je ne
veux pas dépendre de Rita, je n’ai jamais dépendu de quelqu’un dans ma vie. J’ai
toujours été indépendante et ce n’est pas aujourd’hui que le contraire va se produire.
Rita dort encore à cause de sa grossesse qui l’épuise énormément. Moi aussi ma
grossesse m’épuisait mais comme j’étais dans un milieu dangereux je restais toujours
sur mes gardes. Je prends le taxi direction la salle de réception où doit se dérouler un
mariage. On me donne les consignes de la mariée et je me mets au travail. Je travaille
avec deux personnes que m’a prêtées la mariée pour m’aider dans ma tâche. Nous
travaillons jusqu’à 10h après quoi je prends le chemin pour aller visiter des maisons.
Je reviendrai plus tard récupérer mes décorations. Bon c’étaient ceux de Rita mais elle
me les a offertes. Après deux heures de recherches je trouve enfin une petite maison en
dur. Une entrée-couchée avec douche à l’intérieur et un petit espace cuisine. Avec mes
250 000 FCFA je peux me le prendre puisque la caution est à 90 000 FCFA. Normal
d’avoir une caution aussi minime quand on voit le quartier dans lequel il est situé. J’ai
entendu que le quartier s’appelait Colombie à cause de la délinquance qui y était
accrue dans le temps. Bien que les choses aient évolué le nom est demeuré. Au moins
je suis à Cocody 2 Plateaux et Sococé n’est pas loin. Je suis dans un quartier précaire
mais dans une commune de riche. Donc je ne suis pas aussi pauvre que ça. Bref je
règle la caution, récupère mes clés et comme je suis déjà là je vais m’acheter un seau,
une serpillère et un balai pour laver ma maison. Demain je viendrai y aménager et je
pourrai pendre tout mon temps pour économiser et remettre sur pieds une boite. À 18h
je retourne à la salle de réception pour récupérer mes déco. Le mariage vient à peine
de se terminer. Les mariés ne sont plus présents mais quelques invités oui. Je
commence donc par tout enlever lorsqu’une femme s’approche de moi.
– Trisha YOUL ?
– Non Trisha COMOÉ.
– Ah désolée. Bonsoir c’est vous qui avez fait la déco ?
– Bonsoir oui. C’est moi.
– Oh j’ai vraiment adoré. Vous en faites aussi pour les maisons ?
– Oui madame je fais tout ce qui est décoration. Intérieur comme extérieur.
– Ok puis-je avoir votre contact. J’ai besoin de refaire la déco de ma maison. Je viens
d’y aménager et je n’aime pas du tout ce que la décoratrice que j’avais engagé à fait.
– D’accord.
Je lui prends son portable et y inscrit mon nouveau numéro. Elle me donne le sien
avant de s’en aller. Je ne remercierai jamais assez Rita de m’avoir offert ce portable.
J’ai pu ainsi récupérer tous mes anciens contacts. J’ai failli péter un câble quand cette
femme m’a appelé YOUL. Je ne comprends pas pourquoi Terry n’a pas retiré son nom
sur mes papiers. Je le ferai moi-même comme je dois refaire de toutes les façons mon
extrait de naissance. Terry m’avait apporté tous mes papiers par Rita. Elle m’a dit qu’il
l’a contacté pour savoir si j’étais chez elle mais sous ma demande elle a dit non. Il lui a
quand même fait parvenir mes papiers et mes pièces. Je la rejoins d’ailleurs à la
maison assise devant la télé en train de manger. Je lui arrache son plat que je me mets
à déguster. Je n’ai pas mangé de toute la journée. Elle se met à rire et appelle sa
servante qui lui apporte un autre plat.
– Tu vas me laisser seule ici. Tu ne te sens pas à l’aise dans cette maison parce que
c’est ton mari qui nous l’a offerte ?
– Non ça n’a rien à avoir. Tu es dans ton foyer et tu dois être seul avec ton mari. Vous
aurez beau être gentils mais à un moment vous allez vouloir rester seuls dans votre
intimité. Moi je pars juste parce que je veux reprendre le boulot et je risque même des
fois de rentrer très tard. Faudrait pas vous déranger à chaque fois.
– Tu as raison mais tu ne peux pas attendre jusqu’à la fin de la semaine le temps que
mon mari revienne de son voyage ?
– D’accord j’attendrai. Vraiment merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait pour
moi. Je vous serez éternellement reconnaissante.
– Si tu savais que nous avons fait ça parce que nous te sommes reconnaissants tu
n’allais pas dire ça. C’est grâce à tout l’argent que tu nous as donné au mariage que
mon mari a pu ouvrir sa propre boite qui roule à merveille. C’est grâce à toi si notre
statut a changé d’employé à patron. Je vais même ouvrir une deuxième boutique de
vêtement.
– Tu ne feras donc plus de déco ?
– De temps en temps mais je veux vraiment me reposer, faire un truc qui ne demande
pas trop d’effort surtout que maintenant j’aurai un enfant. La décoration c’est épuisant.
– D’accord. On se fait une soirée ciné ?
– Ok. Vas faire les pop-corn.
– À vous ordres madame.
La soirée ciné terminée, je m’enferme dans ma chambre. Est enfin arrivé ce moment
où tous les vieux démons refont surface. Je sors d’un petit sac des papiers. Ce sont
toutes mes échographies. Je regarde celles où le corps de ma fille était bien visible et je
me mets à pleurer. J’ai encore perdu un enfant. Je ne suis pas faite pour être mère ou
quoi ? Je regrette vraiment ce mariage qui m’a coûté deux enfants. Le premier on peut
dire que je ne l’ai pas vraiment connu parce qu’il était encore un embryon mais ma
fille, elle je l’ai connu même si je ne l’avais jamais vu en vrai. Elle et moi
communiquions des fois. J’ai senti plus d’une fois ses coups de pieds, je l’ai senti
bouger en moi. J’ai tellement rêvé de ce jour où je la verrai que j’en meure
aujourd’hui. Elle aussi est morte. J’aurai préféré que Terry la choisisse elle et me laisse
mourir. Ma vie n’a plus vraiment d’importance. J’ai perdu mon mari, ma famille et ma
fille. Pourquoi devrais-je vivre et pas elle ? C’est en pleurant que je m’endors.
*Mona
*LYS
Je rentre enfin chez moi toute épuisée après une longue journée de décoration. J’ai
aménagé hier après le retour du mari de Rita. D’ailleurs celle-là n’a pas cessé de pleuré
pendant les au revoir. Elle est trop émotive à cause de la grossesse. Je réchauffe mon
plat que je me mets à déguster devant la télé. Rita me l’a offerte ainsi que le lit, le gaz
et autre chose pour équiper ma maison. Je n’ai donc rien acheté. Comme on le dit, le
bien qu’on fait aux autres nous revient toujours. Alors que je lave les assiettes
utilisées, on frappe à ma porte. Je vais ouvrir et qui vois-je ?
– Carine ?
– Oui c’est moi. Tu ne m’invites pas à entrer ?
Elle accuse le coup. C’est à ce moment je fais attention à son ventre un peu rebondi.
La porte s’ouvre sur maman YOUL. Là mes larmes me montent aux yeux. Ca faisait
tellement longtemps que je ne l’avais pas vu.
Elle ressort de la maison suivit de Carine. C’est là que je me rends comptes d’à quel
point je les aime ces deux femmes et d’à quel point elles m’ont manqué. Je leur coure
après et les rattrape devant la cour s’apprêtant à monter dans leur voiture. J’appelle
maman et dès qu’elle se retourne je me mets à genoux devant elle en pleurant.
– Je te demande pardon maman. J’avais mal à cause de tout ce que ton fils m’a fait.
Mon cœur me fait mal c’est pourquoi j’ai voulu rester loin de vous. Mais je vous aime,
je t’aime comme si tu étais ma vraie mère. Pardonne-moi maman. Pardonne à ta fille.
C’est le chagrin qui parlait, pas mon cœur.
Je pleure de plus belle et elle me relève. Le visage aussi inondé de larme elle me serre
dans ses bras. Comme sa chaleur m’a manqué.
Elle me nettoie le visage et je me tourne vers Carine. Avant que je ne dise un mot elle
me prend dans ses bras.
Elles me disent qu’elles viendront me voir demain et s’en vont. Je sens un énorme
poids me quitter. Au fond de moi j’avais besoin de leur amour pour m’aider à remonter
la pente. Au moment où je retourne dans la maison je reçois un appelle d’une jeune
fille qui me donne rendez-vous pour une décoration. À cette allure je vais ouvrir ma
boite beaucoup plus tôt que prévu.
Plus je me dirige vers l’appartement indiqué par ma nouvelle cliente plus mon cœur
bat vite. Je sais à 100% que l’immeuble dans lequel je suis a été construit par Terry. Je
connais son style et le style des portes et ascenseur qu’il utilise. Je reconnaitrai son
travail parmi mille. J’espère juste que l’immeuble n’est pas lui ce qui voudra dire qu’il
aura un appartement ici et donc qu’il y a des chances que je le rencontre. Ca fait plus
d’un an que je ne l’ai pas vu et je n’ai même pas envie de le voir. Je sonne à
l’appartement et une jeune fille vient m’ouvrir avec un large sourire.
– Madame YOUL ?
Je soupire.
– Trisha COMOÉ.
– Excusez-moi. Entrez svp.
J’obéis. Je parcoure la pièce du regard et je le redis, cet immeuble est à Terry YOUL.
C’est le style de décoration qu’il y a dans tous ses appartements. Je ne m’y attarde pas.
Quand nous arrivons au salon mon cœur s’emballe devant une magnifique petite fille
qui joue sur la moquette entourée de plein de jouet en caoutchouc.
– Je vous présente Teyana, la fille de mon patron. C’est pour elle que vous êtes là. Son
papa veut qu’on décore sa chambre.
– Quelle âge a-t-elle ? Je demande en souriant
– 6 mois.
C’est l’âge qu’aurait eu ma fille si elle était toujours là. Je ne sais pas pourquoi mais je
suis poussée à la prendre.
– Je peux la prendre ?
– Oui allez-y !
– Je suis désolée de l’avoir prise. C’est juste que j’aie perdu ma fille donc quand je
vois des bébés je fonds.
– Ce n’est pas grave. Teyana aime les câlins. Venez que je vous montre sa chambre.
Elle soulève la petite et me conduit dans sa chambre qui est très belle. J’aime bien la
déco mais je peux faire mieux.
– Vos patrons vous ont dit ce qu’ils voulaient comme déco dans la chambre de leur
fille ?
– Mon patron a dit de faire comme vous voulez mais que ce soit très beau. Il a aussi dit
que si vous avez besoin de peintre de me faire signe je vais appeler ses peintres.
– Je crois que je vais tout faire toute seule. Je veux que tout soit parfait pour la petite
Teyana. J’adore son prénom. Ses parents sont où ?
– Je ne connais pas sa maman mais son papa est en voyage d’affaire depuis ce matin.
Mais il m’a donné une enveloppe pour vous.
Elle fouille dans un tiroir et en sort une grande enveloppe qu’elle me tend. Quand je
l’ouvre je manque de tomber.
Que ça ne va pas suffire ? Mais c’est beaucoup trop même. Waho j’ai eu le contrat de
ma vie. Elle me tend une autre enveloppe de 500 000 FCFA.
– Ca c’est pour acheter les trucs pour la chambre. Il dit de faire comme vous voulez.
C’est aujourd’hui mon dernier jour de déco. Au fait j’aurai pu finir ça hier mais j’ai
fait exprès de mettre le rangement à aujourd’hui pour profiter encore de la petite. Je
suis tombée amoureuse de cette choupette et elle aussi s’est habituée à moi. Tout le
temps je passais à décorer sa chambre, je lui donnais ses repas, lui donnais son bain et
la couchait. Il y a une chose qu’elle fait avant de dormir qui me fait sourire. Elle ne
peut s’en dormir sans sucer le doigt de quelqu’un. Sa nounou m’a dit qu’elle suçait
chaque soir le doigt de son papa et comme elle m’a vu c’est le mien qu’elle suce. Je
me lave donc à chaque fois les mains avant de lui mettre mon auriculaire dans la
bouche qu’elle suce comme une tétine. Quand sa nounous m’ouvre la porte et que la
petite me voit elle se met à sautiller sur ses fesses. Je dépose l’énorme nounours que
j’ai acheté pour elle et la prends dans mes bras. Elle va me manquer. Juste 6 mois et
elle est autant éveillée.
Elle me répond dans son langage en souriant. Je lui fais plein de bisou qui la font rire.
Je fais signe à la nounou de ne pas fermer la porte parce que les nouveaux meubles que
j’ai acheté pour la petite sont en train de monter. En dehors du lit et de la commode de
Teyana qui étaient déjà beaux et que j’ai ré décoré, j’ai changé tout dans la chambre et
ai même ajouté d’autres trucs. J’ai carrément changé la chambre de la petite et le
résultat est parfait.
– J’espère que son père va aimer.
– Vous allez le savoir aujourd’hui. Il rentre ce soir.
– Ah bon ? Je vais donc l’attendre pour le remercier pour cette somme qu’il m’a
donné.
La journée se déroule bien. J’ai fini de tout placer dans la chambre et j’ai collé au mur
le prénom de Teyana fait en bois. J’ai collé sur le plafond au-dessus de son lit des
étoiles qui s’illuminent dans le noir. Le soir arrivé je lui donne sa bouillie après lui
avoir donné son bain. Je m’assois ensuite dans le siège balançant de sa chambre. Je
glisse mon doigt dans sa bouche et elle se met à le sucer. Je la regarde s’endormir.
Comme j’aurai souhaité que ma fille soit là. Quand je remarque qu’elle dort
profondément je vais la déposer délicatement dans son lit. Quand je retire mon doigt
elle bouge et le saisi en gardant toujours les yeux fermés. Je souris. Je réussi quand
même à lui arracher mon doigt. C’est là qu’un truc me revient. La mère de Terry m’a
dit que lui aussi dormait toujours avec son doigt à elle dans sa bouche. Pourquoi faut-il
que tout me rappelle cet homme ?
– Bonsoir Trisha.
Mon corps se crispe d’un coup. Un frisson me traverse tout le corps. Tous mes sens
sont en ébullition et mon cœur se met à battre comme jamais. Tout mon être réagit à la
voix de cet homme. Un an qu’on ne sait pas vu et là j’ai peur de me retourner et de le
voir. Je ne sais pas comment je vais réagir à sa vue. Est-ce que je vais lui hurler
dessus, est-ce que la haine remplira mon cœur ou… J’ai peur de me retourner et de me
rendre compte que je l’aime toujours. Non je dois le détester. C’est la seule chose que
je dois faire. Il n’est plus rien pour moi et je ne suis plus rien pour lui. Je prends mon
courage et me retourne. Mon cœur fait un bond. Il est encore plus élégant et bel
homme arrêté là devant moi dans cette chemise blanche et les mains dans ses poches.
Son regard, toujours aussi perçant.
– Qu’est-ce que…
Toutes les questions que je vais lui poser ont une seule réponse. Terry YOUL fait ce
qu’il veut, où il veut et quand il le veut. Il doit certainement connaitre le propriétaire
de cet appartement. À moins que…
Il a donc eu une fille avec une autre. Il m’a arraché la mienne et a eu une autre avec
quelqu’un d’autre.
Je reçois un choc.
– Quoi ?
Il s’avance vers moi et cette fois je n’ai pas la tête à lui dire de rester loin.
– J’ai pu vous sauver toutes les deux. Je ne voulais perdre ni l’une ni l’autre. J’ai donc
fait déplacer les meilleurs docteurs en France qui se sont occupés de Teyana. Ca a pris
du temps et beaucoup d’argent mais tout comme toi elle s’en est sortie. J’attendais
juste que tu sois remise sur pieds pour te la présenter.
– Elle est ma fille ?
– Oui Trish !
Il s’approche beaucoup plus de moi et lève sa main pour essayer de me caresser la joue
mais je recule.
– Ne crois pas que ça effacera tout ce que tu m’as fait vivre. Tu m’as mise en prison et
tu m’as fait tabasser.
– C’était Carla qui avait payées les filles. J’ai fait en sorte que leurs peines soient
allongées et j’ai obligé Carla a quitté le pays au risque de la faire enfermer.
– Mais n’empêche que c’est toi qui m’as fait mettre en prison.
– Et je m’en repends sincèrement.
– C’est trop facile de s’excuser après tout ça. Ecoute, toi et moi il n’y a que la petite
qui nous lie désormais donc de grâce reste loin de moi. Fais enlever ton nom sur mes
papiers.
– Mon nom restera sur toi tant que nous demeurons mariés.
– J’ai signés les papiers du divorce.
– Mais moi non. Je les ai détruits dès que tu es sortie de la pièce.
– Dans ce cas je redemande le divorce.
La petite se met à geindre dans son lit. Nos bruits l’ont réveillé.
– Je te laisse la bercer. Tu peux vivre ici avec elle. L’immeuble et l’appartement sont
en ton nom. Moi j’irai vivre ailleurs.
TRISHA
Nous regardons tous Carine avancer avec sur elle un énorme drap pour camoufler son
ventre. Les trois filles avant elle avaient aussi de gros drap sur elle pour ne pas que
Loïc sache par leur ventre non rebondi. Loïc palpe sa femme en regardant avec
beaucoup d’attention.
– C’est elle.
Je lui retire le drap et tout le monde s’esclaffe. Loïc prend sa femme dans ses bras
avant qu’ils ne s’asseyent côte à côte. La cérémonie se poursuit et prend fin. Nous
pouvons enfin passer à la réception. La famille KALOU et la famille YOUL n’ont pas
fait dans la dentelle pour cette dot. La cour arrière est bondée de monde. Ce qui était
censé être une fête entre les deux familles s’est transformée en une grande réception.
L’ancien Sénateur François KALOU est présent avec son épouse Murielle KALOU.
Kim est aussi là avec Mike. Il y a des amis de Loïc, la fratrie et leurs épouses et
d’autres gens que je ne connais pas. C’est Terry et tonton Vincent qui ont joué le rôle
du père. Nous avons loué un service traiteur plutôt que de faire nous-même la cuisine.
Ma fille est dans mes bras en train de gigoter et me tirer les cheveux. J’ai retrouvé ma
joie de vivre grâce à elle. Je ne la lâche pas une minute de peur qu’elle disparaisse. Je
suis folle amoureuse de ma fille. Mais la chose qui me dérange c’est qu’elle a le même
sourire que son père, les mêmes yeux et à chaque fois que je les vois mes pensées vont
vers lui. Revenons à la dot. Carine à l’air épuisé alors qu’elle est juste à sa deuxième
ténue. Elle est vraiment belle dans ses robes avec son énorme ventre. Aujourd’hui
c’est la dot de la fille et dans trois jours le mariage de la mère. Comme elles me
l’avaient dit, elles avaient retardées leurs cérémonies parce que j’étais en prison.
Comme à chaque fois que nous sommes regroupés, les hommes, c’est-à-dire Terry et
sa clique se mettent dans un coin de la salle pour discuter entre mecs. Nous les femmes
sommes aussi assises entre nous. Nous surveillons les enfants. Tina et Dré en ont 5,
Cassie et Léo 3, Béca et Max 3, Kim et le Prince 4. Ce sont tous de vraies canailles
mais tellement adorables.
– Des fois je me demande de quoi peuvent parler nos hommes quand ils se réunissent
comme ça ? Fais savoir Kim.
– Si ce n’est pas des nombreuses paires de fesses qui passent sous leurs yeux, de quoi
ça peut être. L’éclaire Cassie.
– Mais au moins ils savent qu’ils peuvent regarder mais pas toucher. Ajoute Béca.
– En tout cas moi je connais quelqu’un qui va rester célibataire à vie si jamais il
divorçait. Certifie Tina.
– De grâce n’abordez pas ce sujet. J’ai déjà prise ma décision et je n’ai plus envie d’en
parler.
– Donc la colère que tu as contre Ty tu l’as déversé aussi sur nous, reprend Cassie sur
un ton de reproche, parce que tu as refusé de nous recevoir quand nous sommes allées
te voir en prison.
– Je suis désolée les filles. Je ne voulais pas quelqu’un me voit dans l’état piteux dans
lequel j’étais et en plus de cela enceinte.
– Donc que vas-tu faire maintenant à part divorcer ? Demande Tina.
– Relancer mes affaires et m’occuper de ma petite princesse.
– Et que comptes-tu faire de YOUL ?
– Tina s’il te plait !
– Ok ça va je ne dis plus rien. J’espère qu’un jour tu trouveras en toi la force de lui
pardonner.
– En tout cas moi jamais je ne pardonne ça. Lance Béca.
– Béca !
– Quoi Tina ?? J’ai juste dit la vérité. Mettre sa femme en prison est la chose la plus
ignoble qu’on puisse faire. En tout cas moi je lui en veux et je ne lui adresse même
plus la parole bien que je ne sois pas la concernée. On ne peut pas aimer quelqu’un et
l’humilier de la sorte. Terry est allé trop loin.
– Béca n’aggrave pas la situation s’il te plait.
– Tina elle a aggravée quoi ? J’apprécie Ty hein mais si c’était à moi Cassie il avait
fait ça wallay que j’allais lui couper ses testokplagnes (testicules). Il a trop déconné
même.
– Oui c’est vrai, intervient Kim, mais en même temps comprenez-le. Il s’agissait de la
petite Inès, notre filleule à toute. Je me rappelle que vous étiez vous-même d’accord
avec lui pour retrouver et enfermer le coupable.
– Oui mais c’était avant de savoir que ‘‘la coupable’’ c’était sa propre femme et que
tout ceci n’était qu’un malheureux accident.
– Les filles arrêtez svp. Je ne veux plus entendre parler de cette histoire. J’ai commis
une erreur et j’ai payé. Passons à autre chose.
– Tu as raison, approuve Béca. Et si on allait danser pour réveiller Carine. Regardez-
la, elle est à deux doigts de s’endormir.
Nous éclatons de rire et allons tirer Carine des bras de son mari pour danser avec elle.
Les hommes nous regardent avec des yeux brillants. Moi je ne m’occupe pas de Terry.
Cette fois je suis plus que déterminer à me séparer de cet homme. Je ne veux plus rien
à avoir avec lui. Je ne veux même pas penser à tout l’amour que j’ai pu ressentir pour
lui dans le passé. Là tout ce que je désir c’est être loin de lui et refaire ma vie. L’envie
d’être à nouveau dans ses bras ne m’effleure même pas l’esprit. À chaque fois que son
nom ou son image me traverse l’esprit, le seul sentiment qui suit c’est du mépris. Cet
homme m’a trop humilié. Depuis le début de notre histoire, il n’a fait que me hurler
dessus, me traiter comme de la merde, me mettre à la porte de chez lui comme bon lui
semblait et il ne s’excusait jamais. J’ai accepté tout ça parce que j’étais aveuglée par
l’amour mais là hon hon je ne veux plus rien de lui. Notre fille sera le seul lien entre
nous. Point.
*Mona
*LYS
Nous sommes maintenant au jour de maman YOUL. Cette femme est tout simplement
magnifique dans son ensemble tailleur. Elle n’a pas voulu de robe de mariée, mais
juste d’un ensemble tailleur, jupe plus veste en une couleur rose champagne ainsi que
des gants et une petite coiffe de la même couleur.
– Toi-là, façon tu fais ton visage façon façon là si tu anccouches le jour de mon
mariage je vais te gifler hein.
– Hé maman pardon j’en suis à 8 mois. C’est pas maintenant je vais accoucher. Et puis
toi-même là avec ton CEPE tu as eu là tu dis encore anccoucher au lieu de accoucher.
– Ma chérie anccoucher oh, accoucher oh, est-ce que l’enfant-là sort pas ?
Carine secoue la tête en mettant de l’ordre dans sa ténue. Nous vérifions que tous est
bon et ensemble sortons de la chambre. Le mariage se fera dans le jardin de la maison
de tonton Vincent. Il est deux fois plus grand que celui de maman. La cérémonie se
fera à l’air libre dans le jardin et la réception dans les bâches blanches climatisées.
Tout le monde se lève de sa rangé quand maman apparait avec son bouquet de fleur.
Carine et moi allons nous asseoir avec les autres. Elle marche seule jusqu’à son mari.
Tonton Vincent lui baise la main et la cérémonie commence. Pour un mariage de
personnes âgées il y a beaucoup d’émotions et de fou rire aussi. Maman YOUL est
vraiment drôle et elle est tombée sur un mec tout autant drôle. Ils sont tellement
mignons ensemble. Au moment des échanges de vœux l’émotion reprend la place.
Tout le monde est attentif. Je vois Léo passer son bras autour de sa femme et lui faire
un baiser dans les cheveux, Max fait un baisemain rempli de tendresse à Béca, Dré et
sa femme collent leurs têtes, Mike et Kim se regardent amoureusement, Loïc caresse le
ventre de sa femme en la regardant avec amour. Je souris en les voyant si amoureux. Je
promène mes yeux et mon regard croise celui de Terry. Je sens du regret dans son
regard et aussi de l’amour mais je ne suis vraiment pas disposer à retenter le coup avec
lui. Il a assez joué avec mon cœur comme ça. Je détourne mes yeux pour les reposer
sur les nouveaux mariés juste au moment où ils se font le baiser qui scelle leur union.
Nous partons les féliciter avant de tous nous rendre sous les bâches.
Tout se déroule à merveille pour le bonheur de tous surtout des mariés. Les enfants
sont ceux qui mettent le feu sur la piste de danse et nous, nous ne faisons que rire.
Apparemment il n’y a que les enfants de Léo et Cassie qui ont la danse dans les pieds
parce que les autres ce n’est vraiment pas la peine. Moi subitement je n’ai plus la tête à
la fête. Tout ce que je veux c’est regarder les autres s’amuser. Je me sens morose d’un
coup. Tant de souvenirs me reviennent. De mauvais souvenirs. Je me revois enfermée
dans cette prison. Je me revois manger toutes ces merdes qui nous servaient de
nourriture. Je me revois me laver dans cette douche crasseuse. Je me revois me
bagarrer pour protéger la vie de mon bébé. Je tourne ma tête vers ma fille qui est dans
les bras de son père. C’est elle qui m’a donné la force de me battre pour survivre. Je
devais la garder en vie. J’ai à plusieurs reprises manqué de me faire violer. N’eut été
ma force de caractère et mon côté bagarreuse je me serais faits violer et pas qu’une
seule fois que ce soit par les détenues comme par les gardes. Je revois l’un de ses
gardes poser ses mains crasseuses sur moi. J’ai subitement envie de vomir. Je me lève
et vais prendre de l’air dehors. J’ai besoin d’être un peu seule. Tout ça c’est à cause de
lui. J’ai subi toutes ces choses à cause du vilain caractère de Terry. Il n’a pas voulu
m’écouter, il n’a pas eu pitié de moi, il n’a même pas pensé au fait que je sois sa
femme, que je l’aimais et il m’a jeté en prison. Si je n’avais pas été enceinte il m’y
aurait laissé croupir toutes ces 25 années. C’est seulement à cause du bébé qu’il m’a
faite sortir de prison et aujourd’hui il prétend m’aimer et regretter ce qu’il a fait.
N’importe quoi !
– Tu vas bien ?
Je le plante là et retourne sous la bâche. Les couples sont sur la piste en train de danser
sur un slow. Je ne suis pas du genre à rendre jalouse un homme sinon je me serai prise
un homme avec qui flirter. De toutes les façons je n’ai aucune raison de vouloir rendre
Terry jaloux. Je le vois s’approcher de moi.
Il se rétracte et s’en va. Non mais pour qui il se prend cet homme ? Il vient de me
mettre de mauvaise humeur. Tonton Vincent ayant surement remarqué la scène vient
me demander de danser avec lui pendant que sa femme danse avec Terry.
Les mariés partis, tous les invités font de même. C’est toute épuisée que je rentre dans
mon appartement avec Teyana et sa nounou. Pour le bien de ma fille j’ai accepté de
rester dans l’appartement que Terry a payé pour moi plutôt que d’aller avec elle dans
ce quartier précaire. Je mets la petite au lit après lui avoir donné son repas et je vais
prendre aussi une douche avant de me mettre au lit. J’ai besoin de me reposer. À peine
je me couche que j’entends sonner. Qui peut bien venir à cette heure sonner chez les
gens ? Quand je regarde dans le juda je vois Terry. Je lui ouvre et lui tourne le dos
pour retourner dans ma chambre. Il doit être là pour sa fille. Mais à peine je fais un pas
qu’il me tire contre lui et m’embrasse. Immédiatement je le repousse et le gifle.
Je lui tourne le dos mais il me retourne à nouveau. Je le gifle encore une fois. J’ai
envie de lui donner autant de coups pour évacuer ma peine. Je le hais cet homme. Je le
hais. Je m’en vais encore et il répète son geste. Je lui donne pour la troisième fois une
gifle.
J’ai rêvé où sa voix est toute tremblante comme s’il était sur le point de pleurer ? J’ai
ma réponse lorsque je vois une larme perler sur sa joue. J’en suis choquée. Terry
pleure ?
– Trisha je reconnais avoir fait beaucoup d’erreur et je les regrette toutes. Je ne veux
pas te perdre. J’ai besoin de toi.
– C’est trop tard.
Je veux à nouveau m’en aller lorsque contre toute attente il m’attrape cette fois les
pieds et éclate en sanglots. Seigneur c’est quoi ça ? Je n’en reviens pas que Terry
s’humilie autant devant moi. Il pleure putain !
– Trisha ne me laisse pas. Tu tiens mon cœur entre tes mains et si tu me quittes tu me
briseras à tout jamais. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Je t’aime et je ferai
tout ce que tu désires pour me faire pardonner. Demande-moi ce que tu veux et je le
ferai mais je t’en conjure restes avec moi. Mets--moi à l’épreuve et tu verras que je ne
suis plus le même homme. J’ai beau être un homme puissant, sans toi je ne suis rien.
Pardonne-moi Trisha.
Bien que tout ceci me choque au plus haut point je ne peux oublier ce qu’il m’a fait.
J’ai encore trop la haine. Alors je lui retire mon pied et recule.
– C’est la dernière fois que je te le dirai Terry. Je ne veux plus de toi. Si tu n’as pas
encore reçu les papiers du divorce c’est parce que je n’ai pour le moment pas eu assez
d’argent pour me prendre un avocat et assumer les frais. Je veux le divorce et je ne
reviendrai pas sur ma décision. Maintenant rentres chez toi. Tu es pathétique comme
ça.
Il se nettoie le visage avant de se lever. Il me regarde, glisse ses mains dans ses poches
et sors. Si autrefois j’étais faible devant lui, aujourd’hui je suis plus que déterminée.
Plus jamais cet homme dans ma vie.
Episode 51
CARINE
Je m’ennuiiiiie ! Je m’ennuie grave surtout avec Loïc qui refuse catégoriquement que
je touche à quoi que ce soit dans la maison. Il a engagé trois servantes, trois servantes
comme si j’en avais besoin. Il ne veut même pas que j’aille me servir un verre d’eau
moi-même. Il dit que c’est aux servantes de le faire. Il ne manque plus qu’il demande à
l’une d’entre elle de me donner mes douches et de faire mes toilettes. Cet homme
devient chiant. Il est chanceux que je l’aime sinon je lui aurait dit mes 4 vérités et
serais parti de chez lui. J’ai besoin de bouger, de me dégourdir les jambes et
aujourd’hui qu’il le veuille ou non je sortirai. Comment je peux rester seule dans une
aussi grande maison ? Mon accouchement est pour le mois prochain mais je me sens
lourde comme une remorque. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai préféré qu’on fasse le
mariage après l’accouchement. Je ne crois pas pouvoir tenir toute une cérémonie avec
tout ce que cela comporte. On le fera donc quand le bébé aura 4 mois.
J’enfile ma robe lorsque Loïc fait son entrée dans la chambre. Je le croyais en route
pour le travail.
Un dernier baiser et il s’en va en prenant le dossier sur le lit. Je suis heureuse avec cet
homme. Il me rassure tous les jours que je serai une bonne mère et aujourd’hui je n’en
ai plus peur. En plus comme il me la dit, j’ai une mère parfaite donc elle déteindra
forcément sur moi. Je finis de me préparer et prends la route pour rejoindre Trisha là
où elle m’a donné rendez-vous. Nous nous mettons aussitôt à parcourir différente salle
pour sa boite. Ses activités ont bien repris. Elle a même repris contact avec ses anciens
clients.
Cette fille est têtue. Je sais que si elle a décidé de ne plus se remettre avec mon frère
elle restera sur sa décision même si elle l’aime. Nous trouvons le cadre qu’il lui faut et
allons manger dans mon restaurant qui est à deux pas. Nous passons le temps à papoter
et je lui parle des œuvres de Loïc. Elle est morte de rire. Ma vessie m’interrompt et je
me dirige vers les toilettes lorsqu’en passant devant une table je vois un visage
familier. Mon ancienne meilleure amie. Elle me voit et quand elle voit mon ventre
rebondi se met à sourire.
– Tu as fini par te faire enceinter hein. Est-ce que tu sais au moins qui est le père ?
Je souris et sans lui répondre continue mon chemin. Si elle savait que je n’étais plus la
même femme. Quand je me suis soulagée je retourne maintenant à elle.
– Oui madame !
– Apportez une bouteille de vin à ces gens. Ils ont besoin de faire descendre ce qui est
coincé dans leur gorge.
– Tout de suite madame.
Le sourire aux lèvres et avec une fierté sans nom je retourne auprès de mon amie. Si ça
avait été avant je l’aurais jeté par la peau des fesses dehors mais aujourd’hui je suis
plus mature. Grâce à ma nouvelle famille, à l’amour et à l’enfant que je porte j’ai mûri.
Dès que je m’assois dès que Terry fais son entrée.
– Bonjour à vous.
Trisha qui ne l’avait pas vu lève la tête vers lui. Elle répond à peine à sa salutation.
Elle s’en va sans un regard pour Terry. Je l’invite à s’asseoir. Il est tout découragé.
Il s’en va et moi aussi je retourne chez moi pour réfléchir à ce que je pourrai faire pour
les réunir à nouveau. Moi je veux les voir ensemble. Mon frère a fait des erreurs et
aujourd’hui il vit dans le remord si bien qu’il est devenu un peu doux qu’avant. Il est
un peu plus accessible. C’est vrai qu’il est toujours aussi sérieux et autoritaire mais par
rapport à avant il y a du mieux. La preuve avec moi il est devenu câlin pourtant avant
il n’aimait pas que je l’enlace ce qui faisait que j’avais un peu peur de lui. J’appelle les
autres pour avoir leurs idées sur comment on pourrait réconcilier les deux-là. Nous
tombons toutes d’accord sur une idée. Son anniversaire c’est dans deux jours et j’avais
prévu passer toute la soirée avec elle mais là on va devoir le faire avec tout le monde.
Mon portable me signe un appel de maman. Elle est en lune de miel avec son mari.
– Comment va la mariée ?
– « Hé ma fille le froid va me tuer ooh. Si tu ne me vois plus c’est que je suis devenue
la glace. »
– Yako, dis-je en riant. Mais comment ça se passe là-bas ?
– « Très bien. Mon mari-là veut pas me laisser tranquille. Il pense qu’on a 20 ans. »
– Ah mais tu voulais te marier non.
– « Oui et je ne regrette pas oh. Le goût de ça ma fille je ne te dis pas. »
– Beurk ne me parle pas de ça. Vous revenez quand ?
– « Est-ce que moi-même je sais ? Ce qui est sûr je vais t’appeler pour te prévenir. Ça
va là-bas ? »
– Oui maman. Ton fils m’a demandé de l’aider à récupérer sa femme.
– « Ah c’est bien. J’espère qu’elle va lui pardonner. Moi ça me rend triste qu’ils soient
séparés. Ils sont tellement jolis ensemble. Pardon faut tout faire pour les réconcilier
avant mon retour. Je n’aime pas voir mon fils triste comme ça. »
– J’ai compris maman. Je vais faire de mon mieux.
– « Bon ma fille je te laisse oh. L’homme-là est en train de me faire bisou bisou ici. Je
t’appelle après. Bisou. »
– Bisou maman.
*Mona
*LYS
– Carine je t’ai dit que je ne veux pas fêter mon anniversaire. J’ai mieux à faire.
– Donc tu ne veux même pas passer du temps avec nous tes copines ? Les filles seront
là.
– Avec leurs hommes ?
– Je ne sais pas. Peut-être que oui peut-être que non.
– Si les hommes seront là je ne veux pas parce que ça voudra dire que Terry sera aussi
là.
– Terry a pris l’avion ce matin donc tu n’as rien à craindre de ce côté. Mais pourquoi
tu l’évites ?
– Je ne l’évite pas. Pour ne plus ressentir de la haine contre lui je dois rester loin de lui
pour l’instant. À chaque fois que je le vois tous les mauvais souvenirs refont surface.
Je ne veux plus le haïr pour le bien de la petite.
– D’accord. Allons-y !
J’espère qu’elle va aimer la soirée. Terry a mis le paquet pour reconquérir sa femme.
Elle ira de surprise en surprise. Trisha embrasse sa fille et nous sortons de la maison.
Nous avons loué pour l’occasion le toit d’un hôtel autre que celui de Terry et l’avons
décoré magnifiquement. Tout le monde accueille Trisha avec le sourire et lui souhaite
joyeux anniversaire. J’ai aussi invité Rita pour partager ce moment avec elle. Le diner
est tout de suite servit. Il règne une ambiance bonne enfant. Ça rigole sur les blagues
de Léo et Max pendant que défilent sur l’écran géant des photos de Trisha que j’avais
en ma possession. Des photos de nos folies. Les autres se tordent de rire quand une
photo débile apparait.
– Je n’arrive pas à croire que tu aies fait sortir ces vielles photos. Rigole Trisha.
– Il fallait bien que les autres voient tes œuvres d’avant.
Le moment de souffler le gâteau arrive et pendant que nous chantons des feux artifices
éclatent dans le ciel. Trisha en est émerveillée. Elle oublie même de souffler sa bougie.
Je ne sais pas comment les gens ont fait mais les feux d’artifices lorsqu’ils éclatent
affiche en écriture Joyeux Anniversaire Trisha. Terry a dû vraiment miser pour ça.
L’une des surprises de Trisha c’est que Terry a fait déplacer son artiste préféré. Elle
pleure même de joie en le voyant. Il commence à chanter avec son orchestre et
madame va le rejoindre au micro pour s’amuser. Béca et Cassie vont faire le chœur
malgré leurs vilaines voix. Max filme en se tordant de rire. Trisha danse et s’amuse
comme jamais elle ne l’a fait depuis sa sortie de prison. Faut dire que depuis elle est
restée triste. Comme Terry l’a dit son séjour dans cet enfer a brisé quelque chose en
elle et c’est pourquoi il fait tout ça pour lui redonner le sourire. Il veut qu’elle oublie
tout ce qu’elle a enduré et retrouve goût à la vie. Les surprises s’enchainent avec les
humoristes qui passent à tour de rôle. Nous passons aux jeux qui opposent les filles
aux hommes. Tout ça a été programmé par Terry pour voir sa femme sourire et je crois
qu’il a réussi. Elle est aux anges. Elle reçoit plein de cadeau aussi cher les uns que les
autres. Alors qu’elle est concentrée à s’extasier sur ses cadeaux, Terry avance à pas
lents derrière elle. Elle ne le voit pas et commence à faire son discours.
– Je ne vous remercierai jamais assez les amis pour ce que vous avez fait pour moi ce
soir. Je suis vraiment à deux doigts de pleurer tant je suis heureuse. Vous m’avez fait
oublier le temps de cette soirée tout ce que j’ai enduré ces derniers mois. Et grâce à
vous aujourd’hui je prends la décision de ne plus laisser la tristesse me gagner. Je
garderai ce sourire que vous m’avez donné tous les jours sur mes lèvres. Merci
beaucoup.
Tout le monde applaudi et Terry se rapproche encore plus d’elle. Il passe son bras
autour de sa taille.
– Joyeux anniversaire Trish.
– Donc tout ceci c’est toi ? Cette soirée, ces artistes, ces cadeaux, ces feux d’artifices,
c’est toi !?
– Je l’ai fait pour toi.
– Vous m’avez tous bien eu. Vraiment ! À croire qu’il n’y a que lui qui vous intéresse.
Ce que moi je pense et ressens vous n’en avez rien à foutre.
– Trisha il est temps de pardonner. Intervient Cassie.
– On voit que ce n’est pas toi qui as fait la prison. Je ferai mieux de m’en aller avant
de commencer à dire des choses pas agréables à entendre.
Elle prend sa pochette et veut s’en aller lorsque Terry lui attrape le bras. Elle se dégage
et lui assène une gifle.
– Tu ne poses plus tes sales pattes sur moi. Plus jamais tu ne me touches. En quelle
langue veux-tu que je te dise de rester loin de moi ?
– Je t’aime Trisha !
– ET TOI TU ME RÉPUGNES TERRY ! Tu es l’être le plus méprisable que je
connaisse. Tu me dégoutes. Tu penses que c’est ton argent qui va acheter mon cœur ?
Tu as beau avoir tous les milliards du monde jamais tu ne m’achèteras. Que crois-tu ?
Que tu es le nombril du monde et que tes désirs sont des ordres ? Laisse-moi te dire
une chose, tu ne vaux rien, et tu ne vaudras jamais rien. Tu es et tu resteras un pauvre
fœtus jeté dans des ordures. Tu te caches derrière tes millions pourtant toute la saleté
de la décharge dans laquelle tu as été ramassé t’es collée à la peau. Si je suis restée
avec toi c’était parce que tu me faisais pitié. Je te voyais être traumatisé par ta fille, tu
divaguais et tu la voyais partout. Tu étais un fou habillé en Dolce Gabbana. Tu as
passé ton temps à m’accuser du meurtre de ta fille pourtant le véritable coupable
c’était toi. Tu es un mauvais père sinon comment expliquer que pour un appel tu
détournes tes yeux de ta fille qui urinait de l’autre côté de la route ? Tu as toujours mis
l’argent avant les hommes c’est pourquoi Perla est morte et c’est aussi pourquoi Inès
est morte. Tu es un raté Terry et l’irresponsable ici c’est toi. Tout le monde a pitié de
toi, Nathalie a eu pitié de toi et elle t’a ramassé de la décharge, Lizzie a eu pitié en te
donnant ce contrat, tes employés ont pitié de toi c’est pourquoi ils sont encore à ton
service parce qu’ils savent que sans eux tu n’es rien. J’AI EU PITIÉ DE TOI ET JE
ME SUIS MARIÉE À TOI. Mais regarde-moi YOUL, je ne t’aime plus. Si je t’ai aimé
avant sache que maintenant tout ce que je ressens pour toi c’est du dégoût. Tu me
dégoûte Terry YOUL. J’espère juste que Teyana n’héritera pas de tes gènes sinon elle
sera une honte pour moi. N’importe quoi !
Elle lui crache aux pieds et s’en va. Je veux la rattraper mais la douleur que je vois sur
le visage de mon frère m’oblige à aller vers lui. Tout le monde demeure silencieux
mais on peut sentir la désolation sur les visages. Mais l’expression sur le visage de
Terry est glaçante. C’est comme si on venait de lui annoncer qu’il ne lui restait que 5
minutes à vivre. Une larme coule sur sa joue et sans un mot il s’en va.
TERRY
Encore un troisième jour que je passe dans l’obscurité de ma chambre. Les paroles de
Trisha ne cessent de résonner dans ma tête. Elle a été crue et bien que ça me fasse mal
de le remarquer, elle pensait chaque mot qui sortait de sa bouche. Elle n’a même pas
cillée une seule fois tant elle me fixait avec plein de haine et de dégout. C’est avec ce
genre de regard qu’on nous regardait ma mère et moi quand j’étais petit. Nous étions
comme des plaies ou même des épidémies à éviter. C’est pour cela je me suis construit
cette carapace d’homme intimidant. Pour ne plus qu’on se foute de nous, pour ne plus
qu’on nous rabaisse. Dans ce monde pour se faire respecter il faut être influent et
intimidant. Je voulais qu’on nous respecte. Si j’étais resté ce petit garçon silencieux
qui subissait tout nous ne serions pas aussi riches et personne ne nous aurait respectés.
J’en avais marre des regards de travers, marre des moqueries, marre des rabaissements.
Il fallait que je les fasse tous taire et j’ai réussi. Je ne regrette pas d’être cet homme. Je
ne changerai d’ailleurs pas cette personnalité. Seulement le discours de Trisha m’a fait
prendre conscience d’un truc, je dois apprendre à mieux traiter ceux qui me respectent
et qui restent à mes côtés malgré mon caractère insupportable. J’en vois des visages de
ceux qui continuent à me supporter. Il faut que j’apprenne des fois à baisser la garde.
Tout le monde ne méprise pas, tout le monde ne rabaisse pas. Je vide mon verre
lorsque la porte de ma chambre s’ouvre. La lumière jaillit tout de suite. Je ferme les
yeux.
– Si toutes les femmes te détestent sache qu’il y a une seule femme qui t’aime pour
toujours. Moi. Je t’aime mon fils.
Elle me pose un baiser sur le front et m’aide à me lever. Un câlin et je fonce me rendre
présentable. Ma mère a raison, je ne dois laisser personne me mettre par terre. Il me
sera certes difficile de tourner la page mais je vais y arriver. Je finis de nouer ma
cravate et je retrouve ma mère déjà à table.
– Bonjour Monsieur.
– Bonjour. Annule toutes mes réunions et rassemble tout le monde dans la salle de
conférence.
Une fois installé derrière mon bureau, j’ouvre mon ordi portable pour prendre
connaissance de mes mails. Il y en a des tonnes comme à chaque fois. C’est d’ailleurs
Rama qui s’occupe de faire le tri et de me faire parvenir les plus pertinents.
– Monsieur !
J’analyse quelques-uns des mails après quoi je me rends à la salle de réunion. Tous se
lèvent à mon entrée.
Ils obéissent. Moi je reste débout les mains dans les poches.
– J’ai analysé les revenus de ces 8 derniers mois et j’ai remarqué que nos chiffres
avaient largement augmentés. Je vous en félicite.
La joie se lit sur les visages mais personne n’ose parler. Ils savent que j’ai horreur du
bruit et des émotions. Je retourne à mon bureau en faisant signe à Rama de m’y suivre.
J’ai enfin trouvé ce qui avait changé sur elle.
Je lève les yeux sur elle et les baisse sur son ventre rebondi. Elle comprend.
– À 8 mois monsieur.
– Tenez ! (Elle le prend) Plutôt que de prendre votre congé de maternité le mois
prochain, je vous le donne aujourd’hui. Rentrez chez vous et revenez dans 5 mois.
Trois mois de congé de maternité et 2 mois de congé offert par la boite. Vous n’en
n’avez jamais eu depuis que vous travaillez ici. L’agent c’est pour acheter des trucs
pour le bébé et vous faire plaisir.
Elle est choquée et émue à la fois. Je vois même ses yeux se remplir de larme.
Je hoche juste la tête. Elle s’en va et je me concentre sur le travail. C’est la sonnerie de
mon portable qui me fait m’arrêter un moment. C’est Loïc.
– Loïc !
– « Ty, Ta sœur vient de mettre au monde ton neveu. »
– Déjà ? Ce n’était pas dans encore deux semaines ?
– « Ouais mais ton neveu était apparemment pressé de montrer sa tête. »
– Mes félicitations. Je passerai ce soir. Embrasse-la de ma part.
– « Sans faute. »
Je travaille jusqu’à 18h et fais ensuite un saut dans un magasin acheter des cadeaux
pour la nouvelle maman et le bébé. Je n’ai pas voulu y aller plus tôt pour ne pas
rencontrer Trisha. Elle ne supporte plus ma présence alors je ne vais pas la lui imposer.
Loïc me prévient que Carine et le bébé sont déjà rentrés de l’hôpital. Je monte dans sa
chambre après une brève salutation à Loïc. J’y retrouve maman en train de bercer le
bébé.
– Bonsoir ici.
– C’est maintenant que tu t’emmènes ? M’attaque Carine.
– Désolé j’avais du boulot. Dis-je en lui posant un baiser sur la tempe
– C’est ça ! Dis plutôt que c’était pour éviter Trisha.
– Comment tu vas ? Je demande pour changer de sujet.
– Ça va. Merci pour les cadeaux.
– Chéri tu veux le prendre ? Me demande ma mère.
– Euh non ça va. J’ai toujours autant peur des bébés.
– Comment il va s’appeler ?
– KALOU YOUL Terry Junior. Répond Carine.
– Tu fais bien de lui donner mon nom. Il sera le prochain Terry YOUL puisque moi
j’ai une fille.
– Le prochain sera sûrement un garçon.
– Avec qui ferais-je le prochain ? Non passons. Tu veux m’emmener sur un terrain que
j’évite. Je vais rejoindre Loïc en bas.
– Ok. Viens me dire au revoir avant de partir.
Je passe un peu de temps avec Loïc jusqu’à ce que le besoin de voir ma fille se fasse
sentir. Je prends congé de toute la famille. Je fais un tour à mon appartement pour me
rendre propre et troquer ma tenue pour quelque chose de plus relaxe.
– Rico, toi et les autres pouvez prendre votre soirée. Je vais faire un tour. Ne me suivez
pas.
– C’est compris monsieur.
J’arrive chez Trisha en 10 minutes avec ma Lamborghini. J’avais envie de vitesse pour
évacuer tous ces sentiments qui m’animent. C’est la nounou de Teyana qui vient
m’ouvrir. Elle me prévient que Trisha est dans la chambre de la petite à essayer de la
calmer. J’entends même ses pleurs d’ici. Je m’y rends. Je reste au pas de la porte à
observer Trisha bercer Teyana. Même de dos cette femme est belle.
– Je peux essayer ?
Elle sursaute.
– Désolé je n’ai pas voulu te faire peur. Est-ce que je peux la bercer ? Peut-être
qu’avec moi elle se calmera.
– Ok.
Elle me tend la petite qui s’accroche à moi aussitôt comme si elle m’attendait. Trisha
reste là à nous regarder. Teyana se calme direct et se met à dormir comme si elle avait
bu un somnifère.
Je pose délicatement la petite dans son lit et nous sortons. Trisha veut aussitôt s’en
aller.
– Avant de parler du divorce je tenais à, à m’excuser pour tout le mal que je t’ai fait. Je
ne parle pas seulement de la prison, mais de tout avant. De mon caractère
insupportable, de mes crises de colère que je faisais passer sur toi. Enfin tout le lot. Je
suis conscient de t’avoir plus fait souffrir que rendue heureuse. Comme tu l’as dit, mon
argent ne peut pas acheter ton cœur alors j’accepte que tu ne puisses plus m’aimer.
Cependant je voudrais que pour la petite tu acceptes que je prenne soin de toi et d’elle.
Je veux que tu acceptes la voiture que je t’ai achetée pour faciliter vos déplacements.
Accepte que je te verse de l’argent chaque fin de mois pour tes besoins et ceux de
Teyana. Je sais que tu es indépendante mais c’est le seul service que je te demande en
échange du divorce. Le seul.
– Ok c’est d’accord.
– Ok. J’appellerai les avocats pour les papiers et nous les signerons ensemble, en
même temps.
– C’est compris.
– Ok. Passe une bonne nuit.
– Toi aussi Terry !
– Qu’est-ce que…
– Juste vous aider. Vous n’êtes pas en état de conduire monsieur.
– Dites-moi juste où vous allez et je vous y conduis. Je ne peux pas vous laisser
conduire dans votre état. Je m’en voudrai si jamais j’apprenais que vous aviez fait un
accident.
Je ramène ma tête en arrière sur mon siège en fermant les yeux. Je fais un sourire en
coin. Je me décide enfin à sortir de la voiture pour lui céder la place derrière le volant.
Une fois tout le monde installé elle démarre. Je me couche dans mon siège en
abaissant ma casquette de sorte à couvrir mon visage.
– Où je vous dépose ?
– Hôtel YOUL Cocody Angré.
– Vous vivez à l’hôtel ? Vous n’avez pas de maison ?
La première fois j’ai été désagréable avec elle. Mais cette fois les données ont changé.
– J’ai envie de passer la nuit avec vous. Je réponds sans toujours la regarder.
– Vous pensez que je suis une pute ou quoi ?
– Non, une femme faite juste pour moi.
– Je vois que vous savez parler aux femmes.
– Je sais juste parler à une seule femme. Vous.
Je me détends encore plus dans mon fauteuil la joie dans le cœur. Je viens de récupérer
ma femme.
– Gare-toi stp !
– Pourquoi ?
Elle se gare sur le côté et dès qu’elle coupe le moteur de la tire vers moi et l’embrasse.
Elle m’a manqué ma femme. Elle passe ses bras autour de mon cou pour approfondir
le baiser.
Elle sourit. Son sourire m’a manqué. Après un dernier baiser nous reprenons la route
pour l’hôtel. Je fouille dans ma poche et sort mon portable pour lancer un appel.
Je tourne la tête vers Trisha et elle me fait un clin d’œil avec le plus beau des sourires.
***FIN***
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