Audrey Rigaut Life Love Rage - 2024 - 1001ebooks - Club - 1
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procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de son ayant droit ou ayant cause, est illicite
et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété
intellectuelle. »
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des évènements ou des lieux réels ne sont utilisés
que pour servir cette histoire. Tous les noms, personnages et évènements sont le produit de mon
imagination. Toute ressemblance avec des personnes, et des évènements serait totalement fortuite.
Je lui jette un regard noir, elle est bien trop bavarde. Il n'a aucun besoin
de le savoir.
— Mmmm... Et laquelle ? continue-t-il de nous interroger.
— Je ne vois pas en quoi ça te regarde. Passe le bonsoir à mon frère, me
contenté-je de lui dire pour mettre fin à cette discussion.
Je tente une nouvelle fois de me frayer un chemin, cependant Kat
recommence à l'ouvrir.
— Les Kappa Alpha Thêta
Je lève les yeux au ciel, prise d’une subite envie de meurtre. Ce n'est pas
possible. Pourquoi elle ouvre la bouche ? Je vais la tuer.
Ce crétin éclate de rire sans que je comprenne pourquoi, je le dévisage,
les sourcils froncés. Je ne saisis pas du tout ce qui peut être si amusant.
— Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ? cinglé-je en croisant les bras sur ma
poitrine
— Rien, rien du tout. On se voit après, dans ce cas. tant donné qu’elles
viennent toutes nous rejoindre ici. Nous sommes jumelés, tu es au courant ?
Les filles de là-bas, se mélangent avec les garçons d'ici, m’explique-t-il
avec un regard de pervers.
C'est quoi cette insinuation déplacée ?
— Je n'ai pas l'intention de me mélanger à qui que ce soit, merci bien, et
encore moins avec toi, le préviens-je, un doigt accusateur pointé sur son
torse.
Mauvaise idée, ce type est dur comme la pierre et chaud comme la
braise.
— Moi, je veux bien me mélanger avec toi en revanche, contre Kat
d’une voix suave.
Sa réplique me choque profondément. Je la fixe, la bouche grande
ouverte, réalisant que Chris change rapidement de cible pour se diriger vers
elle. Il passe sa langue sur sa lèvre inférieure, comme s'il avait l'intention de
la dévorer sur place, en plein milieu de la rue.
Espèce de girouette.
— Et bien à tout à l'heure dans ce cas, lui répond-t-il d'une voix
enjôleuse.
Elle se met à glousser comme une dinde. Je n'en reviens pas, c'est d'un
pathétique. Je souffle bruyamment en levant une nouvelle fois les yeux au
ciel, puis je saisis sa main pour l'entraîner vers la dernière maison de la rue.
Heureusement, celle-ci est bien plus calme que celle que nous venons de
quitter, Dieu merci.
— La vache il est canon, tu le connais ?
— Pas du tout, ça m'a l'air d'être un pervers prêt à baiser tout ce qui
bouge, ronchonné-je en accélérant le pas.
— Bah ! Je veux bien qu'il me baise, moi.
Je ne réagis pas à ses paroles, mais elle remarque la gêne que cette
conversation suscite en moi et s'interrompt brusquement.
— Attends ! Tu es vierge c'est ça ?
Elle m'observe scrutant la moindre de mes réactions.
— Je n'ai pas envie de parler de ça. On ne se connaît pas pour aller sur ce
genre de sujet.
— Putain, tu es encore vierge, crie-t-elle, alors que nous sommes aux
abords de la maison.
— Bon ça va, Kat. Merci, mais tu n’es pas obligée de le crier sur tous les
toits.
— Je suis désolée, c'est juste que je ne m'y attendais pas. Tu es tellement
sexy.
— Tu peux garder ça pour toi, s'il te plaît. Il ne manquerait plus que
l'autre là-bas l'apprenne.
Raté !
C'est quoi cette voix mielleuse ? Non, mais sérieusement, Seigneur,
viens à mon secours. Je me retiens autant que possible pour ne pas lui
éclater de rire en pleine figure. Il se prend pour un séducteur ou quoi ?
Je lève les yeux au ciel, incapable de m'en empêcher. À ce rythme, je
vais finir par avoir des crampes oculaires d'ici demain.
— Salut, je suis Kat, lui répond ma coloc en roucoulant.
— Enchanté, Kat, moi c’est Zach. Tu as un regard totalement
ensorcelant
Abattez-moi, achevez-moi, arrachez-moi les oreilles, mes tympans ont
fondu. Plus cliché tu meurs. Non, mais il emballe vraiment avec ça ?
— Zach tu m'as manqué cet été, on se voit plus tard ? glousse une nana
qui passe à côté de nous
— Ouais, tu sais où est ma chambre Amanda, ta chatte m’a manquée
aussi.
— Quoi ? m’énervé-je.
— Oh rien, j'observe juste le désastre. Je vais adorer le moment où Zach
va te voir dans cet état
— Il semble bien occupé à l'étage pour le moment, alors il ne risque pas
de voir grand-chose, et de toute façon, je m'en moque.
Je pose mon verre et pars avec la bouteille. Pourquoi perdre mon temps à
la transvider petit à petit dans un verre, alors que je peux boire directement
au goulot et gagner du temps. Je commence vraiment à voir flou et mon
équilibre devient de plus en plus précaire, mais il faut que je m'éloigne de
ce type. Je le hais, je vais l’étrangler.
Je tente de sortir de la cuisine, lorsqu’un autre gars m'attrape par la taille
et tente de m'embrasser.
Je le repousse autant que je le peux, il pue le vomi, c'est degueu.
— Kyle lâche la !
Le mec obéit immédiatement à l'ordre donné. Je jette un coup d'œil
derrière moi et aperçois le président des Alphas lançant un regard peu
amical à celui qui a tenté de m’enfoncer sa langue dans ma bouche sans
mon autorisation.
Non, je ne dirais pas « merci ».
Partout où je pose les yeux, j'ai l'impression que les gens se tripotent,
s'embrassent ou alors, ils sont totalement déchirés. Je fais sans conteste
partie de la dernière catégorie.
Team alcoolo. Chacun sa team youpi !
Chris semble d’un seul coup avoir arrêté de rire et bloque le bras de mon
grand frère.
— Elle est démolie Chris, c'est son premier jour ici et elle déjà défoncée.
— Et donc ? me défends-je pitoyablement. Toi, tu fais tripoter le cul par
tout ce qui a des nibards et tu baises la première qui vient, alors que moi la
seule chose que je tape c’est une petite vodka. Elle est très gentille avec
moi, continué-je en déposant un bisou à ma bouteille.
— Donne-moi ça tout de suite !
Il essaie de nouveau de me l’arracher des mains, mais je me faufile et pars
me cacher derrière Chris, profitant d’en avaler une gorgée. Ce n’est pas une
bonne idée. Je suis trop près, qu’est-ce qu’il sent bon.
— Chris prends lui la bouteille, ordonne Zach
— C'est ta sœur mec…
— Ah non non non. Il ne veut pas qu'on sache que je suis sa toute petite
sœur. Je ne suis rien du tout, alors l'alpha, il va aller voir ailleurs si j'y suis.
Si t’es prêt à remettre ça, je suis sûre que tu peux retrouver une cinglée,
gaga d’alpha, il n’y a que ça ici.
— Ta sœur me tue. Elle n’a aucun filtre quand elle est ivre.
Chris éclate de rire à nouveau, des larmes se forment au coin de ses
yeux, et il a du mal à reprendre son souffle. En revanche, mon frère, lui, ne
trouve aucune drôlerie dans la situation. Finalement, il parvient à saisir mon
poignet et me retire la bouteille des mains.
J'essaie de me dégager et perds l'équilibre pour tomber droit dans les
bras de son ami.
— Ok, ça suffit soûlote. Je te ramène dans ta chambre avant que ton
frère ne te tue.
Il m’aide à me redresser et me remets sur mes deux jambes comme si
j'étais un poids plume.
— Je n’ai pas fini ma bouteille. Il me l'a volée. Je vais le dire à maman.
— Tu dégages Alya, va te coucher avant que je m'énerve vraiment.
Je souffle et tape du pied comme une enfant qui fait un caprice. Les
mains de Chris se posent délicatement sur ma taille et me poussent vers
l'extérieur avec prudence.
— Tu arrêtes de rire, toi.
— J'avais dit que j'allais me marrer du carnage. Je ne regrette pas le
spectacle.
— Tu t'en vas, Chris ?
Une grande rousse l'interpelle, je ne l'ai jamais vue, donc elle ne fait pas
partie des Kappa, cool je vais pouvoir me lâcher. J'avais justement envie de
rigoler un peu.
— Non ne t'inquiètes surtout pas, il revient. Si tu as envie qu'il te saute,
prend un ticket, ils sont à l'entrée. Sers-toi, il y a un peu d'attente, il est
débordé ce soir, le pauvre.
Il pouffe de rire derrière moi et pose sa main sur ma bouche pour me
faire taire.
Je m'assois sur mon lit, encore choquée par mes propres paroles, mais en
même temps, tellement fière. Je ne veux plus qu'il me prenne pour une
petite fille sans défense qu'il peut impressionner ou intimider. Je suis une
étudiante maintenant, et je ne vais pas me laisser faire par un mec. Je bois
mon café en consultant mon emploi du temps pour demain, et je constate
que j'ai le cours de rédaction et argumentation.
Cool.
Alors, que je m'apprête à me plonger dans mes cours, quelqu'un frappe à
ma porte, et la petite tête de Kat apparaît.
— Salut. Bien dormi ?
— Très bien, réponds-je, un peu plus agressive que je ne l'aurais
souhaité, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Il m'a vraiment mise en colère, et je n'arrive pas à chasser les images
d'elle avec lui de ma tête. C'est horrible.
— Tu es fâchée ? demande-t-elle, l'air gêné, comprenant rapidement ce
qui me préoccupe.
— Pourquoi devrais-je l’être ?
— À propos de ma nuit avec Chris ?
Oh, je vois, ça doit vraiment se lire sur mon visage, alors.
— Je ne veux pas parler de ça, riposté-je.
C'est faux, j’aimerais tout savoir ou pas.
Elle laisse ma porte ouverte et s'approche de moi doucement.
— Tu as l'air de m’en vouloir, constate-t-elle avec raison.
— Je m'en fiche, répliqué-je. Tu fais ce que tu veux avec ce sale type.
— À en juger par l'expression de ton visage et ton ton agressif, je vois
bien que j'aurais mieux fait de ne pas m'en approcher.
Je ne veux pas en savoir plus sur ce qu'ils ont fait, j'en ai déjà entendu
suffisamment hier soir.
— Je t'ai dit que je m'en fichais, d'accord ? Peut-on arrêter de parler de
lui, ça m'énerve.
— Il te plaît en fait, soit honnête avec moi.
Oui, il me plaît autant que je le hais.
— Pfffff ! Oui, mais il m'énerve, et je le déteste aussi.
Ce sont des sentiments très contradictoires, je l'admets. Je n’ai jamais
prétendue être quelqu’un de normale.
— Mais il te plaît, insiste-t-elle encore.
Elle m'agace aussi, avec ce petit sourire qui se dessine sur ses lèvres.
C'est elle qu'il a rejoint cette nuit, c'est avec elle qu’il a partagé son lit. C'est
elle qui a été dans ses bras en s'éveillant ce matin. Je suis jalouse à en
crever, même si je ne le veux pas dans mon lit. Putain, je suis en train de
devenir folle.
— On s'en fiche qu'il me plaise. Mais oui, si c'est possible, j'aimerais que
tu ne couches plus avec lui, du moins, toi, pour les autres, je ne peux rien
faire.
— D'accord, je suis désolée, je ne savais pas qu'en réalité, il te plaisait
vraiment. Tu passes ton temps à l'insulter et à avoir envie de le tuer.
— Parce qu'il le mérite. Et moi non plus, je ne pensais pas qu'il me
plaisait, jusqu'à ce que je t'entende crier son nom. Ça m'a fait mal.
— Je ne coucherai plus avec lui, je te le promets.
Elle m'enlace, et j'accepte volontiers son câlin. Cela n'effacera pas cette
nuit, ni les autres nuits qu'il passera avec d'autres filles, mais au moins mon
amie ne couchera plus avec.
— Je peux savoir pourquoi tu écoutes aux portes, Chris ?
La voix de Méline claque dans le couloir, près de l'entrée de ma
chambre. Je jette un regard à Kat, les yeux écarquillés, et nous nous
dirigeons toutes les deux vers la porte de ma chambre.
Chris est là et dévisage Méline méchamment.
Bordel, il a tout entendu, c'est une blague !
— Je venais juste récupérer mon téléphone que j'avais oublié dans la
chambre de Kat cette nuit, explique-t-il, un sourire aux lèvres, visiblement
satisfait de lui-même.
Je suis vraiment maudite.
Non, sérieusement, c'est incroyable. Il n'a pas de domicile, ce type,
toujours là où il ne faut pas. En fait, je vais aller courir, cela va me
permettre de me défouler. Je le déteste... Putain. Je sais je me répète, mais je
persiste et signe. Ce type va mourir dans d’atroces souffrances.
En quelques minutes, je suis changée, j’enfile mes chaussures, place
mon téléphone dans la housse attachée à mon bras, et insère mes écouteurs
dans mes oreilles, enfin prête à partir.
— Tu vas où ?
Je me tourne vers Kat qui sort de sa chambre, Chris sur les talons.
— Je vais me défouler. Il y en a qui me pompent l'air ici, j'ai besoin
d'espace.
— D'accord. On se voit après ? demande-t-elle.
— Dans dix ou quinze kilomètres, répliqué-je sèchement.
J'allume ma musique et quitte la maison, puis m'échauffe rapidement.
J’espère ne pas me blesser, ce serait le comble pour terminer ce week-end
de merde.
C'est alors qu'on me tape sur l'épaule.
— Alors comme ça, je te plais ?
Ce type a vraiment du culot.
— Va au diable, Barber.
— C'est ça, continue à faire l'indifférente, mais maintenant, je sais ce que
tu penses, réplique-t-il avec un sourire en coin.
— Et toi, continue à jouer à ton petit jeu, et je me ferai un plaisir d'en
parler avec mon frère, lui lancé-je.
À présent, son sourire s'efface, enfin. Il me plaît, c'est vrai, mais c'est
purement physique. Je n'aime pas le salaud qu'il est, alors il ferait bien de
me lâcher les basques. Je ne coucherai pas avec lui, et je le repousserai
toujours avec plaisir.
— Alya !
Je me retourne et aperçois Zach qui s'approche de nous.
— Tiens, Chris, tu as vu quand on parle du loup. Tu me plais peut-être,
mais je ne t'aime pas du tout, au contraire. Ne t'approche plus. Plus jamais,
lui murmuré-je pour que lui seul m’entende avant de me tourner vers mon
frère. Ça va, Zach ?
— Quinze bornes, frangine en route.
Je le rejoins, il me fait un câlin pour me saluer. Je suis surprise, mais
contente que tout le monde soit désormais au courant de notre lien. Je
pourrai enfin avoir une attitude normale avec lui et retrouver mon grand
frère, ainsi que notre relation telle qu'elle était avant.
XV
Alya
Au bout d'une heure de course, je suis complètement épuisée. Mes deux
cuites de ces derniers jours m'ont vraiment fait mal.
Lorsque j'arrive devant la maison de Zach, presque tout le monde est
rassemblé dehors, et Adam est en train de crier après Chris, alors qu’ils le
sortent sans douceur des lieux. Immédiatement, Zach met son bras devant
moi, pour me protéger et me maintenir à distance de la confrontation.
Chris, quant à lui, a les bras croisés sur la poitrine, entouré de tous les
membres Alpha, et il fixe Adam d'un regard furieux. Un des types de la
fraternité le retient discrètement par l'épaule, pour l’empêcher de bouger.
Les flammes dans les yeux du Président montrent clairement son désir de
s'en prendre à l’ancien Alpha. Cette fois, je n’interviendrai pas pour le
retenir.
Lorsque ce dernier me remarque, il s’avance en me hurlant dessus.
— Espèce d'allumeuse ! C'est ta faute, sale traînée.
Je ne sais pas du tout ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là. Peut-
être l'accumulation de tout ce qui s'est passé durant le week-end avec lui et
Chris. Toute la colère que j'ai emmagasinée, la déception, la peine. Je me
décale de Zach, et d'un geste impulsif, je lui envoie un coup de poing en
plein dans le nez de toutes mes forces.
Oh mon Dieu, que ça fait du bien, ça fait mal aussi.
— Essaie encore de t'approcher, et tu en prendras une deuxième, le
préviens-je sans baisser les yeux.
Mon frère me soulève par les cuisses et me jette sur son épaule pour
m'éloigner de la scène, tout en éclatant de rire. Il m'emmène dans la maison,
alors que je continue de lui crier dessus. Je suis furieuse. Il m'a traitée
d'allumeuse, alors que c'est lui qui m'a fait boire et a tenté d'abuser de moi.
Une fois à l'intérieur, il me pose par terre en me dévisageant, comme si
c’était la première fois qu’il me voyait. Ses yeux sont écarquillés, et sa
bouche grande ouverte.
— Où est ma petite sœur douce et gentille ? C'était quoi ça ? demande-t-
il, se retenant de rire, même s’il est évident qu'il a du mal à garder son
sérieux.
Il a raison, je n'aurais pas dû le frapper.
— Je ne sais pas, mais putain, que ça fait du bien.
Les membres d'Alpha entrent à leur tour, tous hilares.
— Il m'a insultée de traînée, tenté-je de justifier mon geste.
— L'université ne te réussit pas.
Je ne suis pas une personne violente, au contraire, je suis calme, posée,
réfléchie et plutôt douce d’habitude.
Il est clair que ce premier week-end est un véritable cauchemar.
— Zach, ta frangine déchire.
— Ne l'encourage pas, Sebastian, s'il te plaît, demande Zach.
— Top là, la terreur, réplique-t-il en me tapant dans la main.
Je me retourne en riant, fière de moi, et frappe dedans.
— Bon, allez, je rentre. J'ai encore plein de choses à faire, dis-je en me
levant du canapé, avec un sourire, alors Zach ne semble toujours pas s'en
remettre.
— Je vais te raccompagner. On va éviter que tu le recroises pour
l'instant, propose Chris.
Alors là, il rêve.
— Non, merci, je n'ai pas besoin de toi, répliqué-je d'un ton tranchant
qui ne laisse pas de place à la négociation.
Zach me regarde bizarrement et échange un regard interrogateur avec
son pote. Mon frère me connaît bien, et le ton que j'ai employé à son égard
est pour lui très explicite. Il voit clairement qu'il y a un problème entre
nous, mais choisit de ne rien dire.
J’embrasse mon frère et me dirige vers la sortie sans me retourner, ni
prêter la moindre attention au garçon qui m’horripile.
— Va avec elle, ordonne le président d'une voix tranchante, mais
j’ignore à qui il s'adresse.
À l’extérieur, je suis rejoint par Seb, qui arbore un large sourire.
— Je vais te raccompagner, annonce-t-il.
— Je peux rentrer seule. Je sais me défendre, riposté-je.
— Ouais, j'ai vu ça, mais j'ai plus de muscles, alors c'est moi qui gagne,
rétorque-t-il en plaisantant.
Je ris, alors qu’il me montre ses biceps, visiblement fier de son corps.
— Tu es en troisième année aussi ? me renseigné-je.
— Non, en seconde. J'étais un petit nouveau l'année dernière, comme toi.
— Je n'aime pas être la nouvelle. C'est nul, réponds-je avec tristesse.
— Je trouve que tu t'en sors très bien. Et puis ton frère est là pour te
faciliter la tâche. C'est plus sympa.
— Tu ne m'as pas vue hier soir. J'étais pitoyable. Totalement ivre, idiote
et naïve.
— Tu n'es pas idiote parce que tu penses que quelqu'un est gentil. On se
trompe tous sur les gens à un moment donné. Tu te spécialises dans quoi ?
— L'écriture de scénarios.
— Pareil. Le premier trimestre est ennuyeux à mourir, mais la suite
promet d'être passionnante. Tu as déjà acheté tes livres ? m'interroge-t-il.
— Oui, bien sûr. C'est la première chose que j'ai faite.
Je sais, je suis une accro aux études.
— Je vais te montrer quelque chose, si tu es d'accord, bien sûr ? ajoute-t-
il.
— Tu as vu comment je me défends, alors ne tente rien d'inapproprié, je
le mets en garde.
Il lève les mains en signe d'innocence. Je pense qu'il est sympathique,
mais j'ai peur de me tromper une fois de plus.
— Promis, je serai sage comme une image, madame, assure-t-il en
plaisantant.
Nous nous rendons à la sororité, et je monte avec Seb dans ma chambre,
croisant Julia dans le couloir en train de discuter avec Kat. Une fois dans la
pièce avec Seb, je remarque qu'elles nous regardent toutes les deux,
visiblement surprises. Je peux déjà deviner que Julia est en train de se faire
des tas d’hypothèses dans sa tête de perverse, sa curiosité prenant le dessus.
— Je peux fermer la porte ou je la laisse ouverte ? m'interroge Seb.
C'est une excellente question, et cela me donne confiance en lui, il
marque des points ce garçon.
— Ferme-la, sinon elles risquent de s'arrêter devant et de nous espionner.
Voilà, tout est là, lui dis-je, en rassemblant les livres sur mon bureau.
Il ferme la porte, s'installe sur ma chaise, et parcourt mon manuel, me
montrant les premiers cours et les points essentiels à retenir. Au cours de
notre discussion, je réalise que nous partageons de nombreuses matières en
commun. Nos cursus se ressemblent beaucoup, c'est dommage que nous ne
soyons pas dans la même année. Il me livre de précieuses astuces pour
aborder la littérature et me dévoile ce que les professeurs attendent et
apprécient. Sans que je m'en aperçoive, plus de deux heures se sont
écoulées, et nous sommes toujours enfermés dans ma chambre en train de
discuter. Finalement, nous finissons par nous asseoir sur mon lit et échanger
sur divers sujets. Oui, je confirme, il est vraiment charmant.
— Wow, merci pour toutes ces infos. Je vais être prête pour demain. Il ne
me reste plus qu'à repérer les bâtiments pour éviter de me perdre.
— Tu veux que je t'accompagne ? Ça ira plus vite que de te balader avec
ton plan comme une touriste, me propose-t-il.
— Carrément. Mais là, il faut que je prenne une douche, je sens le poney.
Nous éclatons de rire tous les deux.
— Ok, miss puante, tu n'as qu'à passer à la fraternité me chercher quand
tu seras prête.
— Ok. Merci encore, Seb, c'est super sympa.
— Pas de quoi... Il te faudra un partenaire de TP en écriture chez les
deuxièmes années. On pourra bosser ensemble, si ça te dit ?
— Avec plaisir. À tout à l'heure, alors.
Il quitte enfin ma chambre, et j'avoue que je n'arrive pas à me défaire de
mon sourire. À peine une minute plus tard, Kat arrive toute souriante, elle
aussi. Je me doutais qu’elle viendrait aux nouvelles.
— Deux heures enfermé avec un garçon ? Alya, tu as quelque chose à
me dire ? s’amuse-t-elle.
— Non, rien. Il est gentil, et on a les mêmes cours. Il m'a tout expliqué
sur le premier trimestre, rien de plus, assuré-je en rangeant toutes mes
affaires.
— Ah, je suis déçue.
— Je n'ai pas l'intention de perdre ma virginité avec qui que ce soit
maintenant, alors arrête. Je vais me doucher. Je vais voir avec lui où se
trouvent les bâtiments pour mes cours de demain.
Elle se trémousse en jouant avec ses sourcils, cette fille me rend dingue.
Au moment où je sors de ma chambre en direction de la salle de bain, je
l'entends s’esclaffer, et je ne peux m'empêcher de rire avec elle en
m’éloignant.
Elle ne semble pas prête à me laisser tranquille avec ma fichue
innocence. J'espère qu'elle est patiente, car il est clair que je ne prévois pas
de perdre ma virginité de sitôt.
XVI
Alya
.
Lorsque j’arrive devant la maison des Alphas, certains d'entre eux sont
assis sur les marches, parmi lesquels se trouve inévitablement Chris. Il
semble que je ne puisse pas échapper à sa présence, comme si le destin
avait décidé de s'acharner contre moi.
Il se tourne dans ma direction avec son sourire charmeur bien en place,
une expression qu'il arbore depuis qu'il m'a entendu parler avec Kat. Il est
tellement sûr de lui, prétentieux. Je ne peux m'empêcher de ressentir une
pointe d'agacement à chaque fois que je le vois. Peut-être espère-t-il que ma
visite ait quelque chose à voir avec lui. Dans tous les cas, une douche froide
sera bien méritée pour lui rafraîchir les idées.
— Je viens chercher Seb, dis-je d'un ton déterminé.
Son sourire vacille légèrement, je me sens victorieuse. Bien fait pour lui.
— Je suis là, la terreur, annonce le beau brun, l'air enthousiaste.
Il descend les marches de la maison, passe son bras autour de mon
épaule, et me tend un petit livre. Il sent incroyablement bon, j’apprécie son
geste. Surtout que cela n'est pas du goût du président des Alpha. Ce qui
renforce encore davantage mon envie de me blottir contre lui. À cet instant,
je ne prête plus attention aux autres, y compris à Chris, et pars avec mon
nouvel ami.
— C'est quoi ? m’enquiers-je, curieuse.
— Je te laisse le lire tranquillement, répond-il alors que je m’empare du
livre. C'est le script que j'ai dû rédiger l'année dernière, accompagné des
corrections et des notes du prof. Ça pourra t'être utile.
— Oh, génial, merci ! Tu ne crains pas que je le lise ? demandé-je,
étonnée qu’il me confie son travail.
— Pas du tout. Après tout, c'était mon premier devoir, et je sais qu'il est
loin d'être génial. Si ça peut t'aider, tant mieux.
Il est indéniablement gentil, mais cette fois, je vais tout de même
maintenir une certaine méfiance, histoire de ne pas me laisser prendre au
dépourvu encore une fois. Cependant, il accumule des bons points, c'est
indiscutable. Il est mignon, son sourire charmeur et ses fossettes doivent
certainement faire craquer plus d'une fille, c'est évident. Ses yeux sont clairs
et pétillants, dénués de toute méchanceté ou d'une quelconque intention
calculatrice. Aurais-je enfin rencontré un membre des Alphas qui en vaut
vraiment la peine ?
Calme-toi, Alya, ne va pas trop vite.
Nous passons le reste de l'après-midi à explorer le campus, et je réalise
que c'est une bien meilleure option que de se perdre seule avec un plan
entre les mains. Je remarque d'autres étudiants de première année qui
cherchent désespérément où ils doivent aller, et ils ont l'air un peu ridicules.
Je suis ravie que Seb m'accompagne.
Nous faisons même un arrêt dans une petite cafétéria qui propose des
glaces lors du retour. Nos conversations tournent principalement autour des
cours, mais nous abordons également des sujets tels que les films
récemment sortis. Les débats avec lui sont extrêmement intéressants, et je
constate que nous ne sommes que rarement d'accord sur les critiques des
films. Cela me fait rire.
— Tu veux jeter un coup d'œil aux manuels de deuxième année ?
— Ça ne te dérange pas ?
— Non. Viens.
Il attrape ma main et me guide à l'intérieur, m'invitant à entrer avec lui.
Nous nous dirigeons d'abord vers la cuisine.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Juste un verre d'eau, si tu en as.
Sa main est douce dans la mienne et je me sens un peu nerveuse, mais
aussi excitée à l'idée de découvrir les manuels de deuxième année.
J'apprécie son amabilité, et nous poursuivons notre conversation détendue
tout en nous dirigeant vers la pièce centrale de la maison.
— Oui, on a ça, même si on a plein d'alcool, on boit de l'eau aussi de
temps en temps.
La maison semble étonnamment calme et déserte par rapport à la folie du
vendredi soir. Une fois dans la cuisine, j'y retrouve Chris et Zach, assis à la
table, en pleine discussion. Vraiment, je commence à me demander quand
j'arrêterai de le croiser à chaque coin de rue. S'il vous plaît, faites que je ne
le vois pas de la semaine.
— Ça va, les gars ? leur lance-t-il en approchant.
— Vous êtes allés où comme ça, tous les deux ? interroge sèchement
Chris.
Cependant, Seb ne semble pas s'en soucier et se met à lui expliquer ce
que nous avons fait tout en me servant mon verre. Je remarque clairement le
regard insistant de mon frère sur moi, alors que je lance un regard noir à
Chris, mais une fois de plus, il ne dit rien.
Je ne comprends pas pourquoi il se permet de questionner Sebastian sur nos
actions. Après tout, je suis libre de faire ce que je veux.
Après avoir récupéré ma boisson, il m'entraîne en direction de l’étage en
me prenant la main. Je me laisse faire, mais la véritable raison c’est que
j'adore la réaction du garçon que je ne supporte pas, au moment où sa main
entre en contact avec la mienne. C'est un véritable plaisir de le voir
contrarié.
C'est un prêté pour un rendu, tu as couché avec ma copine, mais c'est toi
qui enrages à cet instant mon gars. Je sais, c’est puéril.
Une fois dans sa chambre, Seb me tend ses manuels. Je m'assois sur son
lit et commence à les feuilleter. Je dois avouer qu’en lisant cela, j'ai déjà
hâte d'être en deuxième année.
— Je t'ai dit de jeter un œil, pas de les apprendre, me rappelle-t-il.
Il se laisse tomber sur son lit à son tour, s'étendant sur le ventre à côté de
moi.
— Ça a l'air tellement intéressant, je veux être en deuxième année
maintenant, dis-je avec enthousiasme.
— Prends ton temps, me conseille-t-il. Je t'ai dit que, à part le premier
trimestre qui est un peu ennuyeux, la suite est vraiment géniale.
Il a cette manière de s'exprimer de façon simple, et son sourire ne le
quitte jamais. Et quel sourire ! À chaque fois, j'oublie que les Alphas sont
choisis en partie pour leur apparence, tout autant que pour leurs autres
qualités. Mais Seb semble être différent, peut-être moins obsédé que les
autres. Cependant, j'ai également pensé la même chose d'Adam hier, et j'ai
vu où cela m’a mené. Quoi qu'il en soit, j'ai passé une super journée avec
lui, et je suis contente d'avoir vu et appris tout cela.
— D'accord, je vais essayer d'être patiente alors. Je vais redescendre et
préparer mes affaires pour demain, dis-je.
— Je te raccompagne en bas.
Au rez-de-chaussée, Chris me lance un regard plus qu'énervé, limite
agressif. Peu m'importe, chacun son tour. Aujourd'hui, c'est le mien.
Personnellement, j'ai vraiment apprécié ma journée, il ne réussira pas à
me la gâcher.
— Merci encore pour tout, c'était super sympa, déclaré-je. On se croise
demain, étant donné que nous serons dans les mêmes bâtiments ?
— Ouais, à demain la terreur, répond-il en plaisantant.
Je lui fais un bisou sur la joue, intérieurement amusée de taquiner encore
un peu plus son président, puis je quitte la maison. J'aime bien qu'il
m'appelle "la terreur". Ça me fait sourire. Cela crée une petite complicité
entre nous, et j'aime bien ça.
XVII
Alya
À six heures, mon réveil sonne, et je saute immédiatement de mon lit. Je
suis plus motivée que jamais.
Je me précipite pour rassembler mes affaires de douche et me rends
directement à la salle de bain pour m'assurer qu'elle est disponible. Il y a
quatre salles de bain pour seize filles, donc c'est un peu la loi de la jungle,
première arrivée, première servie.
Ma douche est rapide, je n'ai pas l'habitude de m'attarder des heures sous
l'eau. Ensuite, je retourne dans ma chambre pour m'habiller. C'est le jour de
la rentrée. J'ai opté pour une petite jupe blanche en jean qui arrive juste au-
dessus de mes genoux, associée à un simple débardeur bleu. Les couleurs
s'accordent parfaitement avec mes yeux. Mes Converses blanches
complètent parfaitement ma tenue. Simple, mais efficace.
Mon sac est déjà prêt depuis la veille, donc c'est une préoccupation de
moins. Il ne me reste plus que la corvée de sécher mes cheveux. Vu qu'ils
me tombent jusqu'au bas du dos, cette étape est longue et fastidieuse. Je
branche mon sèche-cheveux et je commence. Mon esprit vagabonde vers
l'emplacement de mon premier cours et tout ce que Seb m'a expliqué à ce
sujet. Même si je me tiens devant le miroir, mon esprit est déjà dans la salle
de cours. Une fois enfin prête, je descends prendre une tasse de café. Je suis
la première, apparemment. Il est vrai que tout le monde ne doit pas être
aussi enthousiaste que moi à l'idée de commencer la nouvelle année
scolaire.
Je fais couler ma délicieuse drogue dans mon mug et ajoute mon petit sucre
habituel. Ensuite, je me prépare immédiatement un second café que je verse
dans mon gobelet isotherme. Je m'installe à table et effectue rapidement une
vérification dans mon sac pour m'assurer que je n'ai rien oublié.
— Tu es tombée du lit, me taquine Julia en bâillant, les cheveux en
bataille. Nos apparences font vraiment contraste.
— Salut ! Non, je suis juste pressée de commencer, lui réponds-je.
— Ton enthousiasme fait plaisir, mais je suis sûre que tu le seras moins
dans une semaine, me dit-elle.
— Pourquoi ? demandé-je perplexe.
— Parce que pour l'instant, tout est nouveau pour toi, tu veux tout voir,
tout connaître. Dans une semaine, la vie redeviendra une routine ennuyeuse,
tu verras. Heureusement, on a les week-ends pour faire la fête et profiter de
la vie.
Personnellement, je ne suis pas fan des week-ends, surtout s'ils
ressemblent à celui que je viens de passer. Merci, mais non merci. Je suis
convaincue que je serai toujours ravie d'aller en cours.
— Bonjour les filles, lance une voix que je hais déjà.
Argh ! Qu'on m'achève.
— Chris, je suis contente de te voir, répond la belle brune d'une voix
mielleuse qui me hérisse.
— Bonjour, dis-je d'un ton peu aimable.
Je m'efforce de ne pas montrer mon mécontentement, mais il semble que
je ne peux pas éviter de voir sa tête dès le lundi matin. Apparemment, il vit
ici autant que moi.
— J'ai oublié de demander : dans quoi sont spécialisées vos quatre
nouvelles ?
— Je ne sais pas, demande à Méline, minaude-t-elle de plus belle. On
déjeune ensemble ce midi ?
Je lève les yeux au ciel, presque malgré moi. Chris le remarque et
semble amusé. Je me renfrogne sur ma chaise en signe de mécontentement.
Il voit une fois de plus que je ne supporte pas de voir une fille se coller à
lui. C'est principalement parce que je trouve cette fille pathétique, mais je
n'ai pas l'intention de m'attarder sur le sujet.
— Non, je suis déjà pris, déclare Chris.
Intérieurement, je trouve la réaction désespérée de Julia plutôt amusante,
mais je n'ai aucune intention de montrer à Chris que cela m'intéresse.
— Alya, tu te spécialises dans quoi ? m'interroge-t-il.
— Pourquoi ? demandé-je.
— Juste pour voir si tu as besoin d'un binôme en deuxième année.
— J'ai déjà mon binôme, merci, réponds-je.
Julia me regarde curieuse, tandis que Chris fronce les sourcils, les lèvres
pincées.
— Ah bon ? et je peux savoir qui ? demande-t-il.
— Sebastian... Nous avons les mêmes spécialités, et nous avons déjà
décidé de travailler ensemble.
— Il ne m'en a pas parlé, tente-t-il de dissimuler son agacement dans sa
voix, sans succès.
— Et donc ? répliqué-je.
— Il aurait dû me prévenir. Cela m’aurait évité que je perde mon temps,
conclut-il avec irritation.
Il semble très contrarié, et je m'en réjouis.
Un sourire narquois s'affiche sur mon visage sans que je puisse le
dissimuler.
— Vois ça avec lui. Ce n'est pas mon problème. Bon, Julia, à ce soir.
Moi, je m'en vais.
— Avec qui déjeunes-tu ce midi ? lance-t-il toujours agacé.
La réponse risque de ne pas te plaire, mon cher Chris.
— Avec Seb, roucoulé-je exagérément en battant des cils.
— Vous ne vous quittez plus, tous les deux.
— Que veux-tu, il est adorable, répliqué-je avec un petit sourire de peste.
. C'est incroyable à quel point cela me procure du plaisir de répondre de
cette manière. Le brun me regarde avec une colère évidente dans les yeux.
Je dépose ma tasse dans le lave-vaisselle, attrape mon deuxième café sur la
table, salue de nouveau Julia sans accorder la moindre attention à Chris,
puis quitte la maison. Mon pas est léger, ma bonne humeur revenue.
En arrivant devant la maison des Alpha, j'aperçois mon frère et Seb en
train de discuter. C'est alors qu'une main se pose sur mes épaules.
— Tu t'es rapprochée rapidement de Sebastian, on dirait, me souffle
Chris discrètement.
— Tu es encore là, toi ? Je pensais que tu devais voir Méline, répliqué-
je, continuant d'avancer pour rejoindre mon frangin et me défaisant de son
bras.
— J'irai plus tard. Tu n’as pas répondu à ma question.
— Parce que je ne vois vraiment pas en quoi ça te regarde.
Zach m'accueille avec un câlin chaleureux pour me dire bonjour, puis je
me dirige vers Sebastian pour lui donner un bisou sur la joue. Il me jette un
coup d’œil amusé, un sourire aux lèvres, peut-être un peu surpris par ma
familiarité.
— Comment ça va, terreur ?
— Ça va. On y va ? J'ai vraiment hâte de commencer.
— On est parti... À ce soir les gars
Nous nous éloignons d'eux, et je ris intérieurement de ma façon de le
saluer. Il n'a rien dit et m'a laissé faire. Ce garçon est vraiment adorable.
— Prête pour cette première journée ?
— Oui, je suis surexcitée, avoué-je. Et toi ?
— Moi, je suis surtout crevé. On a joué à la console jusqu'à trois heures
du matin, avoue-t-il en soupirant.
— C'est malin.
Maintenant qu’il le dit, je remarque les cernes sous ses yeux qui en
témoignent.
— Je t’abandonne ici, je tourne par là. On se voit à midi ?
— D’accord, bon courage, lui réponds-je en lui faisant un signe de la
main.
Je continue jusqu'à mon bâtiment et entre. L'endroit est magnifique, les
salles de classe semblent petites, le nombre d'étudiants est plutôt restreint,
car les sélections sont sévères. Dans certains cours, il n'y a pas de grands
amphithéâtres. L'atmosphère est intime et cela m’impressionne beaucoup.
Je trouve enfin ma salle de classe, je ne suis pas la première arrivée.
J'entre et m'installe, adressant un geste de tête timide à la fille déjà présente.
— Tu n’es pas stressée ? me demande-t-elle d'une voix légèrement
éraillée.
— Heu, non. Pourquoi tu l'es ? m’inquiété-je.
En réalité, je suis plus enthousiaste que stressée à l'idée de commencer
cette nouvelle journée.
— Je m'attendais à ce qu'il y ait plus de monde, mais il n'y a que dix
chaises, remarque-t-elle.
À présent qu'elle le mentionne, il est vrai que ce cours ne semble pas être
le genre d'endroit où l'on peut passer inaperçu ni se cacher pour échapper à
une interrogation. Les chaises sont disposées en cercle autour d'une grande
table centrale.
D'autres étudiants arrivent peu à peu, et la salle se remplit de sept autres
élèves.
— Bonjour, je suis votre professeur, Mr. Banks.
Tout le monde répond « bonjour », presque en chœur. C'est amusant de
retrouver cette atmosphère de petite classe. Je ne m'attendais pas à ce
qu'une classe universitaire soit si peu peuplée.
— Bien, vous êtes neuf, donc tout le monde est là. Je vais vous faire un
bref résumé du programme pour ce premier trimestre, puis je vous laisserai
le reste du cours pour les présentations. Je vais vous épargner les
présentations orales devant tout le monde. Nous sommes ici pour apprendre
à écrire, alors donnez-moi envie de vous lire. Faites-moi une belle
présentation de vous, de vos rêves et de vos ambitions. Expliquez pourquoi
vous êtes ici et ce que vous attendez de ce cours. Pour mon cours, je vais
vous demander quelque chose de particulier, qui sera votre plus gros devoir
du trimestre. Je veux que vous teniez un journal intime. Non pas que votre
vie m'intéresse particulièrement, mais je veux que dans ce journal, vous
puissiez retranscrire ce qui se passe dans votre vie, ce que vous ressentez...
Que cela me donne le frisson. Je ne vous demande pas d'inventer, soyez
honnêtes. Si, par exemple, vous mangez une pomme ce midi, je veux que
vous soyez capable de me donner envie d'en manger une aussi. Vous
comprenez ?
Tout le monde acquiesce.
— Vous écrirez tous les jours, ou toutes les semaines, cela m'est égal.
C'est à vous de créer le roman de votre vie pour les trois prochains mois.
Retranscrire un script à partir d'un livre d'auteur, c'est bien. Mais l'écrire,
l'inventer, en être l'auteur vous-même, c'est mieux. Votre imagination sera
mise à rude épreuve dans mon cours, mais j'espère que vous me donnerez le
meilleur de vous ici. Maintenant, je vous laisse vous présenter.
XVIII
Alya
La matinée s'est écoulée à une vitesse impressionnante. Mon premier
cours s'est révélé génial, et lorsque j'ai rendu mes quatre pages de
présentation, la tête de mon prof en a dit long. Il avait demandé que nous
suscitions son intérêt, et il ne devrait pas s'ennuyer avec tout ce qu'il a à lire.
Je me dirige vers la cafétéria du bâtiment, à peine arrivée, j’aperçois Seb
déjà assis, engagé dans une discussion animée avec une grande brune qui
lui caresse lascivement l'épaule. Lorsque j'arrive à sa table, je jette mon sac
sans ménagement sur l’une des chaises, prenant par surprise la fille qui
retire immédiatement sa main. J’embrasse la joue de Seb, et me laisse
tomber contre lui sans aucune gêne et jette un regard interrogateur à la fille,
papillonnant des cils d'une manière qui trahit mon innocence feinte.
Qu'est-ce qu'elle fait là, celle-là ?
— Bonjour, je suis Alya.
Ma voix est perchée dans les aigus, trahissant mon agacement.
— Heu... Je... Je suis Lexy, balbutie-t-elle, manifestement consciente de
l'hostilité que je lui témoigne et de mon désir qu'elle s'éloigne au plus vite.
— Ça s'est bien passé tes cours ce matin, Seb ? me renseigné-je en me
tournant vers lui, décidant finalement d'ignorer l'intruse.
Je veux faire comprendre clairement à la nana qu'elle doit partir. Mes
intentions sont on ne peut plus évidentes, et il est difficile de ne pas le
remarquer. Seb ne tarde pas à s'en apercevoir, lui aussi. Il esquisse un
sourire en me fixant droit dans les yeux, ignorant désormais la présence de
la jeune fille.
— Tu es une Kappa ? demande la fille.
— Effectivement. Pourquoi ?? répliqué-je, légèrement agacée.
Qu’est-ce que ça peut bien lui faire que j’en sois une ?
— Non, pour rien... À plus, Seb, marmonne-t-elle, en s'en allant.
Non à jamais.
— Ouais... Salut, lui répond-il gentiment.
Je suis sûre que mes joues sont rouges, mais je m'en fiche.
Seb se retourne vers moi et se met à rire.
— Tu es plutôt directe comme fille.
— Je n’ai rien fait, je me suis juste assise, répliqué-je en feignant
l'innocence, mais bon débarras.
Pour une fois que je trouve enfin quelqu'un de bien, qui ne couche pas
avec des dizaines de filles, gentil et attachant, et qui ne se jette pas sur moi
comme un queutard. La première qui s'incruste, je la dégomme. Sebastian
est à moi.
— Pourquoi elle a demandé si j'étais une Kappa ?
— À la manière dont tu t'es installée sur moi, j'imagine.
— Je ne comprends pas.
— Disons qu'une fille ordinaire ne va pas se comporter comme tu viens
de le faire avec un Alpha. Elle se ferait probablement jeter rapidement. Toi,
tu peux te jeter brutalement et sans douceur sur moi comme tu viens de le
faire. Les Kappas sont liées aux Alphas, autant que les Alphas le sont aux
Kappas.
— Mais les Alphas couchent avec des filles autres que les Kappas ?
— Oui, mais il y a toujours une règle de... comment dire ça décemment ?
— Allez, dis-le.
— Si une fille veut se taper un Alpha, et qu'une Kappa veut le même,
c'est la Kappa qui l'emporte.
— Mais l'avis du mec compte quand même, rassure-moi ? m’indigné-je
de ces explications.
J'hallucine.
— Disons que c'est plus risqué pour la fille si l'Alpha ne choisit pas la
Kappa, et pour le mec aussi.
— C'est le bordel, ton truc... À vos soirées, il y a plein de filles qui
viennent. Elles ne sont pas Kappa.
— Oui, et on les saute, lâche-t-il en riant.
— QUOI ?
Est-ce que lui aussi fait ça ? Je le croyais différent. Me suis-je encore
trompée ?
— Je veux dire... Elles couchent avec des Alphas, mais il n'y a pas de
couples. En tout cas, l'année dernière, je n'ai vu personne tomber amoureux.
— Pourquoi on ne peut pas ?
— Je n'en sais rien.
— Ce n’est pas le genre de chose qu'on peut contrôler. Si je tombais
amoureuse de quelqu'un qui n'est pas Alpha, il se passerait quoi ?
— Chris te ferait une scène, explique Seb.
— Chris ? Pourquoi ? Il n'a rien à me dire, répliqué-je sèchement.
— Il est attaché à cette tradition des appartenances. Il peut sauter des
filles extérieures, mais il les dégage juste après. En revanche, s'il couche
avec une Kappa, il passe la nuit avec elle.
— Pfff, lui est complètement ravagé de toute façon, ne puis-je
m’empêcher d’ajouter.
— Ça n'a pas l'air d'être le grand amour entre vous deux.
— C'est le moins qu'on puisse dire, confirmé-je.
Le contexte est vraiment étrange. Ça signifie que je suis affiliée aux
Alphas ? Je n'appartiens à personne, mais ce beau brun, lui en revanche…
Je prends ce concept comme ça m'arrange. Je savais que les deux fraternités
étaient liées, mais pas à ce point. C'est vraiment troublant, et je suis certaine
que je suis loin de tout savoir à ce sujet. Après avoir terminé de déjeuner, il
me montre ses premiers cours sur son PC. Ça a l'air vraiment intéressant,
d’autant que j’en profite pour me blottir contre lui pour regarder son écran.
— Salut ! Je m'incruste, annonce Chris en s’asseyant en face de nous.
— Hey, ça va ? La reprise des cours s'est bien passée ? le questionne Seb
naturellement.
Je me redresse et m'écarte de Seb, afin de ranger mes affaires. Je n'ai
soudainement plus aucune envie de rester.
Son bâtiment est situé à l'autre extrémité du campus, et je me demande
ce qu’il fout de ce côté.
Sûrement encore une manière de m'embêter. Nos regards se croisent, et
je dois avouer que son apparence ne me laisse pas indifférente. Bien au
contraire.
Son tee-shirt blanc moule parfaitement ses muscles, mettant en valeur sa
silhouette athlétique. Le contraste de ses épaules larges et de son torse
sculpté est indéniablement séduisant, et une envie irrépressible de m'y
blottir me traverse l'esprit.
Non mais ça ne va pas !!! Faut te faire soigner ma vieille
— Chiant à mourir tout comme l’an passé. Vous formez un joli petit
couple, roucoule-t-il avec sarcasme.
Et voilà, la première pique est lancée.
— Alya a déjà revendiqué ses droits de Kappa sur un Alpha, elle a
piétiné Lexi comme une sauvageonne, se marre mon voisin.
Je le regarde en fronçant les sourcils. Il n'a pas besoin de dire ça. Mais
d'un autre côté, je pourrais en jouer et le faire regretter d'avoir traversé tout
le campus.
— Non, c'est faux, je me suis simplement assise, dis-je en jouant
l'innocente.
— Ouais, en t'affalant complètement sur moi.
— Elle te touchait un peu trop à mon goût, ajouté-je. Et j'avoue que ça
m'a fait rire de la dégager. Je ne suis même pas désolée.
— Tu apprends vite à marquer ton territoire, à ce que je vois, dit Chris
d'un ton sarcastique, teinté de hargne et de reproches.
Cependant, je préfère ne pas m'attarder sur sa réaction et répondre par un
sourire qui cache malicieusement mon amusement.
Il mordille l'intérieur de sa joue, un tic que je commence à repérer de
plus en plus en ma présence. Il est évident qu'il est agacé par ma manière
d’agir, et à ce rythme, il ne restera bientôt plus grand-chose à mordre.
— Bon, je vous laisse. J'ai envie de faire un dernier repérage avant de
retourner en cours, déclaré-je.
— Tu vas finir par connaître le campus par cœur si tu continues,
plaisante Seb.
Je lui fais un bisou sur la joue et ajoute avec un brin d'espièglerie :
— On se voit plus tard... Chris, avec un peu de chance, on ne se croisera
plus.
Je les abandonne tous les deux sans me retourner, savourant l'idée de
l'agacer autant. Peut-être réfléchira-t-il à deux fois avant de faire autant de
marche inutile.
XIX
Alya
Ma première journée, tout comme ma première semaine, est passée à une
vitesse fulgurante, et nous voilà déjà vendredi soir. J'ai passé une semaine
fantastique, mes cours sont tous aussi passionnants les uns que les autres.
J'ai alterné les déjeuners avec mon frère et Seb. J'ai à peine aperçu Kat,
malgré le fait que nous vivions ensemble. Je la soupçonne d'être allée
dormir chez les Alpha une ou deux fois. J'espère qu'elle a tenu sa promesse
et qu'il ne s'est rien passé entre elle et Chris. Lui, je ne l'ai pas recroisé non
plus. Je pense qu'il a compris dès lundi qu'il n'avait aucune chance et a
finalement abandonné.
Je dois avouer que j'ai un petit faible pour Sebastian. Il est gentil, drôle,
attentionné, et nous partageons de nombreuses passions communes. Surtout,
nous aspirons au même métier, ce qui nous offre des conversations
passionnantes et engagées. J'éprouve moins de désir pour lui que pour
Chris, mais ce n'est pas le désir qui construit une histoire et la fait durer.
C'est l'alchimie, les points communs et la complicité. À part désirer le mec
qui m'horripile autant, je n'ai rien en commun avec lui. Il m'agace, et je suis
persuadée qu'il n'a pas passé une seule nuit seule cette semaine. Quant à
Seb, il n'a couché avec personne. On s'est vus tous les soirs, pas tard, mais
tout de même.
— Toc, toc, toc... Alors, Alya, comment s'est passée cette première
semaine ?
— Super, et toi, Méline ? Je sais que c'est la routine en ce qui te
concerne maintenant.
C'est gentil de venir prendre de mes nouvelles. Elle m'impressionnait au
début, mais elle se révèle attentionnée et bienveillante.
— Ça s'est bien passé. Il y a une soirée chez les Alpha ce soir. Tu y vas ?
— Oui, sûrement. J’ai envoyé un message à Sebastian.
— Vous sortez ensemble ? demande-t-elle avec une légère hostilité à
peine voilée
— Non, on s'entend bien, vraiment très bien.
Je sens mes joues rougir, mais j'essaie de l'oublier.
— Tu as l'air de l'apprécier.
— Il est gentil, et il... ne couche pas avec tout ce qui bouge. Ça contraste
avec Chris. Oui, je crois que je l'aime bien.
— C'est un Alpha, Alya.
— Oui, je sais, mais il est... Enfin, on se rapproche doucement.
— Tu es peut-être un peu trop gentille. Méfie-toi un peu plus, d'accord ?
— Heu... D'accord.
La remarque de Méline me laisse perplexe. Pourquoi me dit-elle ça ?
Elle se lève et quitte ma chambre. Je sais bien que Seb est un Alpha, mais
elle était quand même un peu trop insistante sur ce coup-là. On dirait que ça
la dérange que je me rapproche de lui. Est-ce qu’il y a quelque chose entre
eux ? J'ai bien vu qu'elle était proche de mon frère, mais est-ce qu'il se passe
quelque chose entre Seb et elle ?
J’envoie un message à Seb pour organiser notre soirée, essayant de ne
pas me prendre trop la tête avec toutes ces questions. Les histoires entre les
Alpha et les Kappa semblent tellement compliquées. Moi qui préfère la
simplicité, surtout parce que je suis novice en matière de relations, d'amour,
de couple et de sexe. Si tout est aussi compliqué que ça, cela risque d'être
insurmontable pour moi.
Moi : Salut, alors c'est la fête
chez les Alphas ce soir ?
Seb : Ouais tu seras dès notre
J'espère.
Moi : Évidemment. Je suis
les filles, on se voit tout à
l'heure alors.
Seb : Ok à t’al
Je te réserve une vodka.
— Coucou ma chérie.
La voix enjouée de ma nouvelle meilleure amie résonne dans l'entrée de
ma chambre.
C'est agréable de la voir enfin, et au moins, je vais pouvoir mettre fin à
ma curiosité sur l'endroit où elle passait ses nuits cette semaine.
— Alors t'as dormi où ? Enfin je veux dire avec qui ? lancé-je.
— Mardi, j'ai passé la nuit avec Sam. Oh la vache, il sait carrément y
faire avec sa langue, il m'a fait hurler.
Oh mon Dieu, c'est gênant. Je reste avec un sourire figé sur le visage,
essayant de ne pas lui montrer à quel point je suis mortifiée des détails
qu'elle me donne, mais je m'en serais volontiers bien passée.
— J'ai craqué jeudi soir, et j'ai passé la nuit avec Dean, son meilleur
pote. Honnêtement, avec lui je me suis fait chier. Il est monotone, ses coups
de reins sont lents, bref, je n'ai pas joui, et j'ai cru que j'allais m'endormir. Et
toi, ta semaine ?
— Oh bah, tu sais moi. Lundi, j'ai tiré un coup avec Riri. Mardi, avec
Fifi, mercredi, je me suis dit que j’allais changer et j’ai traversé le couloir
pour foncer dans le pieu de Donald.
— Ok, ok, ok. J'ai compris. La prochaine fois, j'évite les détails de ma
vie sexuelle.
— Ouais, merci. Toujours pas réussi à séduire mon frère et à t’allonger
sous ses draps ?
— Méline est envahissante et possessive. Elle monopolise Zach assez
souvent, et quand elle ne se fait pas sauter par ton frère, c'est Chris qui
prend le relais. Oh merde ! Je suis désolée Alya, j'aurais dû fermer ma
gueule, se désole-t-elle en remarquant ma grimace.
Je vais beaucoup moins l'aimer ma présidente d'un seul coup.
En même temps, je me doutais bien qu'il n'était pas abstinent la semaine.
Cela me blesse, et m'agace d'éprouver de la jalousie et de la tristesse à
cause d'un type comme lui. En réalité, il ne mérite pas les émotions que je
ressens. Il ne mérite pas que je m'attarde sur lui. Je devrais me moquer des
filles qui défilent dans son lit, que ce soit en semaine ou le week-end.
— Ce n'est pas grave, je vais bien. Je me doute bien qu'il passe aussi du
temps avec Julia, soupiré-je.
— Je l'ai vu deux fois cette semaine en sa compagnie. Oh zut, désolée, tu
sais quoi, je vais arrêter de parler, ce sera plus simple.
— Ça m'est égal.
En réalité, pas du tout, mais après tout, je ne cherche pas à être aimable,
et il est évident qu'il n'y a aucune chance qu'il se passe quelque chose entre
nous. D'ailleurs, je n'en ai même pas envie.
Tu te mens à toi même ma belle.
Je le méprise, je le déteste. Qu'importe avec qui il couche, cela ne devrait
pas m'atteindre.
— Peut-être que ça serait sympa avec lui, essaie.
— Je suis vierge. Je n'ai pas envie de gâcher ma première fois avec un
coup rapide dans sa chambre où il couche avec les filles à la chaîne toute la
semaine.
— Oui, je te comprends, mais tu l'apprécies, et je vois dans tes yeux que
ça te tourmente qu'il couche avec d'autres filles que toi.
— Laisse tomber. Il me déteste en réalité, je suis un défi parce que je lui
dis non, c'est tout. Bon, allez, je vais prendre une douche, et on se prépare
ensemble pour la soirée ?
— Oui, et cette fois, c'est moi qui te maquille. Tu vas voir, je vais te
rendre irrésistible, et Chris va baver, c'est obligé... D'ailleurs, viens dans ma
chambre pour choisir tes vêtements pour ce soir. C'est un ordre.
— Oh là là, je crains le pire.
XX
Chris
— Hey, Seb, comment s'est passée ta semaine ?
J'attrape mon pote par l'épaule. On doit avoir une conversation.
— Tout roule de mon côté. Et toi ?
— Heureux que la semaine soit terminée. Dis-moi, il y avait une fille qui
est sortie de ta chambre mercredi, c'était qui ?
— Elle s'appelle Lexy. Elle te plait ? me demande-t-il en rigolant.
Non, mon pote, je veux son téléphone, pour une raison que tu vas
sûrement détester. En fin de compte, tu vas regretter amèrement d’avoir
passé la nuit avec cette nana.
— Non, pas du tout. Alya n'a pas eu l'occasion de marquer son territoire
ce jour là ? demandé-je hypocritement.
— Oh, elle a bien essayé, mais je l'ai recroisée plus tard dans la semaine.
On a déjeuné ensemble, et ensuite... je te passe les détails, se marre-t-il.
— Pas besoin de poursuivre, je comprends parfaitement. Tu la baisais le
soir même, dis-je amusé.
— Non... Ouais... En fait... Elle ne demandait pas mieux, visiblement.
— Finalement, je vais prendre son numéro.
Je sens que je vais me marrer ce soir. Alya va adorer apprendre que tu
l'as ramenée ici et sautée alors qu'elle te croit gentil tout plein. Elle semble
s'intéresser à lui, un peu trop à mon goût. Je vais dégommer sa petite image
de gentil garçon qui m’horripile. Elle arrêtera de le coller parce que ça
m'agace au plus haut point. Je prends son numéro et lui envoie un petit
message pour la soirée de ce soir, afin de m'assurer que cette nana se pointe
et que la vérité éclate.
Oui, bien sûr, la greluche. Lui aussi sera ravi de te revoir, il n'y a aucun
doute là-dessus. Tu vas jouer un rôle essentiel pour moi, car j'en ai assez de
voir Alya si proche de lui. Après ce soir, il y aura une nette distance entre
les deux tourtereaux, ce qui rendra tout beaucoup plus agréable et facile
pour moi. Cette fille a l'art et la manière de m'exaspérer au plus haut point,
mais je la veux dans mon lit et pas dans celui d'un autre Alpha.
Elle est à moi.
Je n'ai jamais été vaincu dans ce petit jeu, et je sais que tôt ou tard, je
trouverai mon chemin entre ses cuisses.
J'ai déjà chargé Méline de découvrir des informations sur leur relation, et
je constate qu'elle prend son temps pour me rapporter ses découvertes. Cette
semaine, elle a été beaucoup plus rapide à se glisser dans mes draps qu'à
satisfaire ma curiosité. À peine ai-je eu cette pensée qu'elle fait enfin son
apparition. Il était temps !
— Tu as mis du temps, grogné-je.
— Tu crois que c'est simple de poser ce genre de questions ? Je ne peux
pas lui demander de but en blanc, réplique-t-elle avec un soupir.
— Montons, ordonné-je en prenant son bras pour la guider vers ma
chambre. Je préfère éviter toute oreille indiscrète qui pourrait traîner par ici.
Une fois à l'étage, je prends garde à ce que Zach ne se doute pas de mes
intentions envers sa sœur. Je sais qu'il réagirait violemment et je n’ai aucune
envie de me prendre la tête avec mon pote. Une fois dans ma chambre, je
verrouille la porte et attends avec impatience ce qu’elle a à me raconter.
— Elle semble bien l'apprécier, Chris. Elle le décrit comme gentil et
pense qu'il n'est pas du genre à coucher à droite et à gauche, contrairement à
toi. En somme, elle semble intéressée par lui et envisage probablement de
sortir avec lui.
La colère monte en moi, d'habitude, je m'entends bien avec Seb, mais à
cet instant, j'ai juste envie de le mettre à terre.
— Qu'est-ce que tu lui as répondu ? demandé-je, tendu.
— J'ai essayé de semer le doute en lui disant qu'elle devrait peut-être se
méfier, qu'il reste un Alpha, mais elle a mis fin à la conversation. Il semble
qu'elle n'ait aucune intention de m’écouter, et Seb semble vraiment lui
plaire.
— Est-ce qu'elle sera là ce soir ? l’interrogé-je, de plus en plus énervé.
— Elle m'a dit que oui. Elle est en train de voir avec Sebastian pour
passer la soirée avec lui.
Mon exaspération atteint son apogée, et d'un geste brusque, je frappe le
mur à côté de moi. Saisissant Méline par les épaules, je la plaque contre le
mur, l'énervement me submergeant. J'essaie de me maîtriser, mais là, j'ai
l'impression que je pourrais tout exploser sur-le-champ.
— Tu aurais pu être plus persuasive, lui lancé-je d'un ton agacé.
J'attendais mieux de toi.
— Je ne pouvais pas simplement descendre Sebastian. Ça aurait soulevé
des questions auxquelles je ne voulais pas répondre, et elle se serait
probablement méfiée. J'en ai assez de tous ces complots.
D'une main, je glisse sous sa jupe, frôlant le côté de sa culotte, avant
d'enfoncer mes doigts sans demander son avis. Après tout, avec elle, je fais
ce que je veux, et elle semble en apprécier chaque instant.
Je la repousse et plaque son corps contre le mur, la piégeant avec le
mien, ne lui laissant aucune échappatoire. Mes doigts s'enfoncent en elle,
explorant sa chatte trempée et provoquant des gémissements étouffés alors
qu'elle se mord la lèvre inférieure, totalement soumise.
— Méline... Je pensais avoir été clair, lui murmuré-je à l'oreille d'un ton
déterminé.
Mon mouvement de va-et-vient s'accélère, la faisant vibrer de plaisir. Je
connais chaque centimètre de son corps, chaque point de plaisir, presque par
cœur. À ce stade, elle est devenue prévisible, peut-être même un peu trop
familière. Il n'y a plus de surprise, plus d'excitation de la découverte, juste
du sexe pour assouvir nos besoins primaires.
Elle gémit de plus belle, son vagin se contractant autour de mes doigts
alors qu'elle atteint l'orgasme bruyamment. Une fois qu'elle redescend, je
les retire et les lui offre à lécher, ce qu’elle fait avec avidité, sa langue
s'enroulant autour d'eux, avec sensualité.
— Tu vas t'assurer qu'elle n'approche plus Sebastian, même si tu dois
coucher avec lui devant elle, lui dis-je d'un ton déterminé. Je veux que tu lui
ôtes toute envie de s'approcher de lui.
Méline acquiesce avec une expression soumise, tandis que le goût de sa
propre jouissance persiste sur ses lèvres.
— Tu devrais essayer de passer à autre chose. Pourquoi tu es si obsédé
par cette fille ?
Je soupire face à ses questions, agacé par son insistance, je déteste que
l’on m’interroge.
— Suce-moi, Méline, ordonné-je d'un ton impératif. Et arrête de poser
des questions. Au moins, quand tu as la bouche pleine, tu ne dis pas de
conneries.
J'appuie sur son épaule pour la faire tomber à genoux. Elle ouvre mon
pantalon et extrait ma verge déjà bien raide. Sans perdre de temps, elle
l'enfonce dans sa bouche, la glissant à l'intérieur et la retirant, jouant
habilement avec sa langue. Il est indéniable qu'elle sait ce qu'elle fait. Je
saisis ses cheveux et accélère son rythme, cherchant à assouvir rapidement
mes désirs.
— Oh putain.
Je la force à accepter ma queue plus profondément, sans ménagement.
La sensation est intense, presque brutale. Je m'enfonce jusqu'à sa gorge, et
je constate qu'elle a du mal à encaisser. Soudain, je la relève, la faisant
basculer sur mon bureau. J'attrape rapidement un préservatif, le déroule, et
abaisse sa lingerie avant de la pénétrer brutalement.
Je saisis fermement ses hanches et la pilonne avec une force déchaînée,
la faisant hurler de plaisir et de douleur. Nos corps s'entrechoquent
sauvagement, produisant un bruit de claquement dans la pièce. Mon plaisir
monte rapidement, et il n'y a rien de sensuel, de romantique ou d'affectueux
dans nos ébats. C'est simplement le désir brut de la satisfaction sexuelle.
Pourtant, à ce moment-là, ce n'est pas à elle que je pense. Mon esprit
divague vers Alya, et je m'imagine en train de la posséder sur ce même
bureau.
Je m'enfonce en Méline aussi profondément que son corps me le permet,
puis je me déverse dans la capote. Ma détermination à obtenir Alya, même
si cela signifie briser tous les Alphas, mes frères est plus forte que jamais.
— J'adore ta chatte, dis-je d'un ton presque moqueur, mais arrête de
discuter. Détruis-moi, Sebastian. C'est Alya que je veux baiser, Méline, c'est
clair, pas toi.
Je lui assène un dernier coup de rein violent avant de me retirer d'elle,
retirant le préservatif que je jette dans la poubelle. Rapidement, je me
rhabille et quitte ma chambre, laissant la présidente de Kappas à l'intérieur,
sachant qu'elle connaît la sortie.
— Ça va, mec ?
— Hey, Zach, ça va, et toi ? Tu as préparé les gobelets pour ce soir ?
— T'inquiète, tout est géré, me rassure-t-il.
— Génial, tu es le meilleur, mon ami, lui assuré-je avec un sourire forcé.
Il ne reste plus qu'à attendre que tout le monde soit là, en particulier elle,
Alya.
XXI
Alya
La vapeur envahit la salle de bain alors que je sors de la douche. J'ai
peut-être un peu exagéré avec la température de l'eau, mais j'avais besoin de
ça pour essayer de me détendre après ce que Kat m'a dit. Pourtant,
j'apprécie la compagnie de Sebastian, nous avons passé de bons moments
ensemble, et je n'ai pas revu Chris de toute la semaine. Je pensais avoir
tourné la page, mais chaque fois que son nom est mentionné, mon esprit se
remplit de pensées jalouses et possessives. Je m'imagine d'autres filles
partageant sa compagnie, ses nuits, même si ce n'est pas du tout le genre de
gars avec qui j'aimerais être. En réalité, il ne veut rien d'autre que de me
posséder, me sauter. Mais une fois que ce sera fait, que restera-t-il entre
nous ?
Je sais au fond de moi qu'il me jettera après et ira chercher une autre
fille. Ce n'est pas ainsi que je veux perdre ma virginité. Je souhaite partager
cette expérience avec quelqu'un pour qui je compte, quelqu'un qui
m'accorde de l'importance. Je reconnais que c'est un peu naïf de ma part,
mais je suis une romantique dans l'âme. Même si je désire être avec Chris,
ce n'est clairement pas ce qu'il veut, alors autant abandonner cette idée et
passer à autre chose.
Sebastian semble être un homme bien, pas un salaud. Du moins, c'est
ainsi que je le perçois. J'ai plus confiance en lui qu'en son président.
Néanmoins, mes pensées continuent à être envahies par ce type, c'est plus
fort que moi.
Je sors de la salle de bain pour trouver Julia qui me regarde avec
gentillesse en souriant.
— J'ai cru que tu avais mis le feu tellement il y a de buée, ricane-t-elle.
— Ah, heu, ouais, j'ai peut-être abusé sur l'eau chaude, marmonné-je en
retour.
Mon esprit divague à nouveau vers Chris dès que je la vois. Julia est
adorable, mais c'est précisément ce qui me pousse à la détester. Je la jalouse
tellement pour ce qu'elle partage avec lui. Elle ressent son corps sur le sien,
et il semble aimer ça. À chaque fois que je la vois, cela m'irrite
profondément, et je ne peux m'empêcher de l'envier. La façon dont elle
criait son nom l'autre jour, le plaisir qu'elle doit lui procurer, contrairement
à moi, pauvre petite vierge sans aucune expérience, qui ne pourra jamais le
satisfaire comme elle le fait. C'est pour cela qu'elle peut le voir si souvent,
c'est pourquoi il aime être avec elle.
Je la laisse passer pour qu’elle entre à son tour dans la pièce de bain,
probablement afin de se préparer pour lui ce soir.
Je frappe à la porte de Kat et entre sans même attendre de réponse.
— Ton cobaye est arrivé, annoncé-je sans entrain.
— Ah, génial ! J'ai trouvé quelque chose que tu vas adorer, clame-t-elle
avec bien trop d’enthousiasme.
Elle me tend une petite robe blanche avec des manches en dentelle. Je
dois admettre qu'elle est magnifique, bien que je la trouve un peu courte à
première vue. Je décide de l'essayer, et à ma grande surprise, elle me va à la
perfection. La robe arrive à mi-cuisse, avec un bustier moulant légèrement
décolleté et une jupe évasée. Je me sens incroyablement à l'aise dedans,
même si je devrais faire attention pour éviter de me pencher, sous peine de
dévoiler un peu trop mon postérieur.
— Je vais te faire une coiffure et te maquiller, insiste ma copine.
— C'est juste une soirée, tu sais, pas un mariage
— Et alors, tu es magnifique, autant en profiter.
— Qu'est-ce que tu cherches à faire ? Tu as bien compris que même si je
craque pour lui, lui et moi ça n'arrivera jamais, parce que c'est un salaud, et
moi je suis la "vierge du quartier."
— Eh bien, Sebastian sera là ce soir aussi, répond-elle en jouant des
sourcils, espérant me faire croire que c'est de lui dont elle parle depuis au
début, mais je ne suis pas dupe.
Néanmoins je rentre dans son jeu et tente d’oublier le Président des
Alphas.
— Oui, c'est vrai qu'il a l'air différent. Au moins, cette semaine, il n'a pas
couché avec n'importe qui. Il ne me regarde pas comme si j'étais juste un
morceau de viande non plus, marmonné-je.
— Arrête, c'est un Alpha, ne le prends pas pour un saint non plus, me
rappelle-t-elle.
— Je sais. J'ai cessé d'être naïve, du moins je l'espère.
Elle tresse mes cheveux d'une manière élégante, en passant un ruban
blanc à l'intérieur pour qu'il s'accorde avec la robe. Puis, elle entame le
maquillage, faisant des grimaces amusantes en se concentrant. Je retiens
mon rire pour éviter un potentiel désastre, comme un coup de crayon dans
l'œil. Fatal.
Une fois terminé, je me regarde dans le miroir, à peine reconnaissable.
C'est incroyable ce qu'elles peuvent faire avec du maquillage. Mes yeux
sont particulièrement mis en valeur, et c'est magnifique.
— Celui qui arrive à détacher ses yeux des tiens sera vraiment très fort,
dit-elle en plaisantant.
Je ris. Habituellement, ce ne sont pas mes yeux qui attirent l'attention des
garçons.
— Et toi, tu as quelqu'un en tête ce soir ? lancé-je en connaissant
parfaitement la réponse.
— Toujours ton frère, mais il faut que Méline le laisse enfin tranquille.
Je regarde l'heure, et il est déjà vingt heures quinze. On a bien discuté, le
temps a filé. Nous descendons, et il ne semble plus y avoir personne dans la
maison. Nous nous dirigeons vers la soirée, avec Kat accrochée à mon bras,
visiblement prête à s'amuser.
— On y va, on boit, on danse et on se détend de cette première semaine
de folie que l'on a passée, annonce Kat.
— Ouais, ça me va, dis-je amusée. Cela m'empêchera de trop ruminer
mes désirs inavouables et mon envie de me faire dévergonder par le grand
méchant loup.
— Oh, petite cochonne, moi j'aime bien quand tu fais la dévergondée,
répond Kat en riant.
Nous arrivons chez les Alpha, hilares toutes les deux. Passant la porte,
j'apprécie toujours l'effet que cela fait d'arriver avec Kat. Elle a cette aura de
reine de la fête lorsqu'elle fait son entrée quelque part, et il me fait toujours
rire de voir les hommes fixer leur regard sur elle.
— Chérie, je crois qu'on fait de l'effet ce soir, me murmure-t-elle à
l'oreille.
— C'est toi qu'ils regardent, lui confirmé-je.
— Attends, on va faire un test.
Elle se décale, mais tous les regards ne se détournent pas. C'est à ce
moment-là que je réalise que c’est moi aussi que l’on contemple, beaucoup
trop, et cela me met mal à l'aise.
Je me rapproche immédiatement d'elle, reprenant son bras comme une
bouée de sauvetage.
— Tu es gênée de quoi ? Tu es séduisante, ma chérie, je suis sûre qu'il y
en a un ou deux à qui tu n’as pas fait monter que la température, lance Kat
en taquinant.
— Mais arrête, c'est gênant, réponds-je horrifiée.
— Roooo là là, chasser le naturel et il revient au galop. Sœur Alya est de
retour.
— Mais, arrête !!! Ce n'est pas gentil.
— Tu comptes sucer une queue ce soir ? demande-t-elle, provocatrice.
Je grimace et mime un haut-le-cœur pour bien lui faire comprendre que
je trouve ça dégoûtant. Elle éclate de rire bruyamment en basculant sa tête
en arrière.
Juste à ce moment-là, Chris apparaît. Évidemment, c'est le premier que
je croise. Je suis d'humeur joueuse, finalement. Je le regarde droit dans les
yeux, ne le lâchant pas du regard, curieuse de voir s'il le soutient ou s'il
capitule. Cependant, il semble très fort et très à l'aise à ce jeu, bien plus que
moi. Il s'approche lentement, faisant reculer Kat, pour me chuchoter à
l'oreille.
— Ne me regarde pas comme ça, Alya. Tu risques de t'attirer des ennuis.
Tu es magnifique dans cette robe.
Je me sens rougir, finalement c'est moi qui suis gênée et qui capitule.
Bien évidemment, cela le fait sourire, il prend un plaisir malsain à me
mettre mal à l'aise si facilement.
Kat heureusement s’interpose et me reprend le bras avant d’intervenir :
— Désolée, Chris, mais ce soir, on veut juste s’amuser entre filles, pas
s’envoyer en l’air. Enfin, peut-être que tu réussiras à la faire changer d'avis,
elle veut se dévergonder, m'a-t-elle confié.
— KAT !!! crié-je, totalement choquée par sa manière de dire ça, et
surtout à Chris.
Elle m’attire vers le bar fière d’elle, laissant le beau brun un peu surpris
et moi complètement mortifiée. Comment a-t-elle osé lui dire ça ? Petite
peste.
— Hey, ça va ? demandé-je à Seb qui vient de nous rejoindre en lui
faisant un câlin, tout en remarquant Kat lever les yeux au ciel.
Elle me tend un verre.
— Tu picoles avec nous ce soir ? propose Kat.
— Allez, sans problèmes, je suis partant, accepte-t-il avec entrain.
Nous buvons et rions un bon moment tous les trois.
Au milieu de la soirée, Chris appelle Sebastian, et je les vois discuter.
Soudain, il semble gêné. Avec la musique assourdissante, je ne peux pas
entendre de quoi ils parlent. Puis, la brune que j'ai vue l'autre jour, Lexy si
je me souviens bien, s'approche de lui par-derrière et le prend par la taille.
Je ne comprends pas ce qu'elle fait, et je me sens prête à exploser. Il se
retourne, et elle l'embrasse, me figeant sur place. C'est une blague ? Il y a
une caméra cachée ? Je pensais qu'il n'y avait rien entre eux. Je fronce les
sourcils, alors que Kat remarque ma réaction et saisit mon bras pour me
retenir. Je bouillonne de colère, impatiente de savoir ce qui se passe entre
eux et pourquoi cette fille se colle à lui de cette façon.
Je décide de les rejoindre, me défaisant de la prise de Kat pour me
diriger vers eux.
— Non, Alya, ce n'est pas une bonne idée, me prévient-elle.
Mais j'ignore son conseil et m'incruste carrément dans la conversation
— . Tu ne bois plus ? lancé-je à Sebastian.
Je me tourne vers Lexy et me plante à côté de mon ami en la
dévisageant, ce qui semble la déstabiliser.
— Ah ! salut, finit-elle par lâcher l'air gêné par ma présence. Cependant,
elle ne semble pas autant mal à l'aise que la dernière fois. Il y a-t-il quelque
chose que j'ignore visiblement ?
— Salut... Ça te prend souvent d'embrasser des mecs comme ça ?
craché-je, ma voix laissant transparaître mon agressivité, et je n'en suis pas
désolée.
— Heu... Je ne savais pas que vous étiez ensemble, bafouille-t-elle.
— Je n’ai pas dit qu'on l'était.
Chris arrive en rigolant et nous tire, Sebastian et moi, vers le salon,
mettant fin à notre discussion. Il m'agace, j'avais quelques mots à dire à
cette fille. Méline semble attraper Lexy et Kat, les emmenant à notre suite.
— Allez, un petit jeu action ou vérité pour s'éclater un peu, propose
Chris.
— Je n'aime pas ce jeu, dis-je, en essayant de me dégager de ses mains.
— Mais si, Alya, ne t'inquiète pas, on va rigoler, insiste-t-il.
Dans le salon, nous prenons place. Je m'assieds entre Sebastian et Kat, et
mes yeux sont rivés sur Lexy, assise en face de nous, je suis incapable de
détourner le regard tant la colère en moi me fait bouillir le sang. Sebastian
prend ma main et me murmure à l'oreille.
— Ne t'énerve pas, d'accord ?
Je le regarde, les sourcils froncés, cherchant à comprendre pourquoi il
me dit cela. Qu'est-ce qui le pousse à me faire cette mise en garde ? Il pose
doucement sa main sur ma joue, son regard fixé dans le mien. Je sens son
attention se porter sur mes lèvres, et il semble profondément mal à l'aise.
Mes yeux se tournent vers Lexy, qui elle aussi semble perturbée.
Les pièces du puzzle s'assemblent dans mon esprit, et je commence à
comprendre que Sebastian a probablement couché avec elle cette semaine.
Je retire ma main de la sienne et me décale de lui.
C'est incroyable, je me suis de nouveau laissé berner par un Alpha. Il
semblait tellement différent. Il n'a pas pu faire cela, n'est-ce pas ?
— Tu as couché avec elle cette semaine ? soufflé-je en espérant qu’il nie.
Il détourne le regard, visiblement dépité que je découvre la vérité.
— Réponds ! hurlé-je
— Oui, marmonne-t-il en baissant les yeux vers le sol.
— Quand ?
— Alya... Sérieusement, cela n'a pas d'importance.
— Quand ? Putain, réponds !
— Mardi soir. Mais ça n'a pas d'importance, je te jure.
Une boule se forme instantanément dans ma gorge. Kat baisse la tête,
désespérée par cette révélation. Je suis sous le choc. Je réalise que je me
suis fait avoir une fois de plus. Je pensais que Sebastian était différent, mais
en fin de compte, il ne l'est pas du tout. Lexy a parfaitement compris que je
ne voulais pas qu'elle le touche lundi quand elle m'a vu, mais elle a tout de
même fait. Je la dévisage en colère, et elle semble profondément gênée,
comme si elle souhaitait disparaître. Cependant, ce qui est encore plus
dérangeant, c'est le regard de satisfaction dans les yeux de Chris. Il semble
apprécier le spectacle que nous lui offrons, se délectant de la situation dans
laquelle je me trouve.
Je reste obsédée par cette fille pendant que Sebastian parle, mais je ne
l'écoute même pas réellement. Je suis déterminée à lui faire payer. Elle ose
même une fois de plus le reluquer avec envie, et c'est à ce moment-là que je
perds toute décence et me lève brusquement pour me jeter sur elle et lui
faire manger la moquette. Kat a visiblement de très bons réflexes, elle est
rapide et me retient, tandis que Sebastian me prend par la taille pour me
plaquer au canapé.
— Je suis désolé. Arrête, me supplie-t-il, mais en réalité, il vient de tout
gâcher entre nous.
— Lâche-moi, toi, je le menace en retirant ses mains de mon corps.
— Reste assise, sérieux, ça ne sert à rien de t'en prendre à elle, c'est ma
faute, ok ?
— Oh, je vois, c'est mignon de la défendre. Kat, bouge, je vais lui en
coller une à lui aussi.
Elle se précipite pour se lever et m'éloigner de lui. Nous changeons de
place, ressentant une furieuse envie de frapper l'un ou l'autre. J'ai les poings
serrés, et la rage bouillonne dans mes veines. Méline nous observe et
comprend parfaitement la situation. Elle jette un regard à Chris, qui ne me
lâche pas des yeux, un sourire satisfait flottant sur ses lèvres. Il se redresse
dans son fauteuil et annonce :
— Bien, dans cette bonne ambiance, on va commencer à jouer.
Il semble prendre plaisir à notre conflit, et je me rappelle pourquoi je le
hais.
XXII
Alya
— Allons-y, on joue. Double, le premier choisit action ou vérité, et deux
personnes sont concernées. Sebastian, action ou vérité ? annonce Chris, un
sourire malicieux aux lèvres.
Je sens que quelque chose ne tourne pas rond, et je comprends
parfaitement que je ne vais pas aimer la suite de la soirée du tout.
— Vérité, répond-il.
Il semble lui aussi avoir compris que son ami se moque de nous en nous
regardant nous disputer.
— Oh, tu joues la prudence, mon ami. Alors, de toutes ces charmantes
demoiselles qui composent notre jeu, elles sont... Neuf, si je compte bien.
Cite-moi celles avec qui tu n'as pas couché.
Qu'est-ce qu'il essaie de faire, sérieusement ?
La question est directe et provocatrice. Chris cherche apparemment à
mettre Sebastian dans une position délicate en lui demandant de citer les
filles avec lesquelles il n'a pas eu de relations sexuelles. Je sens que cela va
créer de la tension supplémentaire, et je suis curieuse de voir comment il va
répondre. La situation semble devenir de plus en plus compliquée.
— Kat et Alya, gronde Seb pour toute réponse.
Je continue à le fixer, espérant qu'il mentionne d'autres noms, mais il
baisse la tête et évite mon regard. Mes yeux se tournent vers les autres filles
qui partagent des rires complices. Il a vraiment eu des relations intimes avec
sept des neuf personnes présentes ici... Cependant, mes inquiétudes
s'intensifient lorsque je remarque d'autres jeunes femmes dans la pièce qui
ne participent pas au jeu. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y en a
probablement bien plus disséminées dans cet espace.
Une vague de nausées m'envahit, rendant la situation de plus en plus
insupportable.
— Quoi, c'est tout ? Il n'y a que Kat et moi avec qui tu ne t'es pas envoyé
en l'air ? lancé-je froidement, un regard accusateur braqué sur le type de
l’autre côté du canapé.
Cependant, je ne veux même plus poser mes yeux sur lui. Il semble être
comme les autres "Alpha" après tout, sautant sur tout ce qui bouge, même
s'il avait été gentil avec moi. Il avait peut-être espéré que je me joindrais à
la liste des conquêtes, déjà longue comme le bras.
Je me sens idiote et trahie. Kat saisit ma main, essayant de me calmer,
mais à ce stade, la frustration est devenue insupportable. Je réalise à quel
point je me trompe sur les hommes depuis que je suis ici.
Le fossé entre le lycée et cet endroit est énorme, bien qu’en y
réfléchissant, les garçons avec lesquels je traînais au lycée n'étaient pas très
différents.
— Double joueur donc en vérité puisque c'est ce que tu as choisi. Alya,
dis-nous un peu avec combien de mecs as-tu couché ?
Je serre les poings, réalisant que Chris cherche simplement à m'humilier.
Je suis certaine que Méline lui a raconté que j'étais vierge. Je regarde le
sol sans oser répondre.
— Alya ? insiste-t-il.
— Aucun, soufflé-je à voix basse et à contrecœur.
— Pardon, on n'a pas entendu ? souffle-t-il, cherchant à me pousser
davantage.
— Aucun !!! réponds-je plus fort, agacée.
— Tu es vierge ? WOW ! ça contraste pas mal entre vous deux, alors,
dit-il avec sarcasme.
La honte et la colère m'envahissent, et je regrette d'avoir été naïve une
fois de plus, toute l’histoire de ma vie en ce moment.
Je fixe Chris du regard, réalisant qu'il a réussi à m’humilier
complètement et devant tout le monde. Sebastian quant à lui, me dévisage
choqué, car il ne s'attendait probablement pas à cette révélation. Oui, je suis
vierge, et lui, un salaud. Nous contrastons, il n’y a pas à dire. Les émotions
mêlées de colère, de honte et d'indignation me donnent envie de fuir, mais
mes jambes sont comme paralysées.
— Alya ! m’appelle Chris, sa voix résonnant d’amusement.
Je lève les yeux vers lui, le défiant du regard, avec toute la haine dont je
suis capable. Je me sens humiliée, raillée, et je blâme entièrement Chris
Barber pour tout cela. Même Seb lui-même ne me prête plus aucune
attention. Les filles assises autour de nous chuchotent entre elles, me
lançant des regards de moqueries comme si j’étais la reine des idiotes.
Malgré tout ce qui me passe par la tête, le jeu se poursuit. Chris me
regarde intensément, mordant l'intérieur de sa joue, manifestant clairement
son agacement face à l’hostilité que je lui manifeste. Comprend-il que cette
fois il a été trop loin ? Sa conscience le rappelle-t-il à l’ordre pour une fois ?
Il l'aurait bien mérité.
— Tu veux que je le tue ? me chuchote Kat à l'oreille.
— Oui, avec plaisir.
Je viens de subir la pire humiliation de ma vie, et le pire, c'est que ça a
semblé amuser cet abruti.
Mon estomac est noué par le fait d'être passée pour la fille stupide qui a
marqué son territoire sur un homme qui a apparemment couché avec la
moitié des femmes présentes ce soir-là. Et le pire, c'est qu'il s'est moqué
ouvertement de moi, car dès que j'ai eu le dos tourné, il a couché avec elle.
C'est au tour de Méline de jouer, et elle me regarde en souriant, mais elle
semble hésitante. Je sais exactement ce qu'elle va me demander de faire si
je choisis "action". À ce stade, je suis prête à parier que je vais devoir
mélanger mes fluides avec ceux de Chris. J'en suis là. Cela agacera
probablement Seb, à moins qu'il ne s'en fiche. C'est peut-être le cas, de toute
façon. Tout ça n’était qu’une vaste blague, se foutre de la petite nouvelle
naïve et pathétique.
— Alya ?
Je pousse un soupir exagéré et décide de lui tendre la perche, autant que
ce soit facile.
— Action, dis-je.
— Alors, tu dois passer sept minutes avec Chris dans sa chambre,
déclare Méline.
— Oh, je ne m'y attendais pas à celle-là, vraiment, répliqué-je d'un ton
sarcastique.
Mon ironie est à son comble, et même Chris semble surpris par ma
réaction agressive. Sans attendre, je me lève et monte directement à l'étage,
sans lui laisser le temps de réagir.
— Et ralentis, tu ne sais même pas laquelle est ma chambre, me crie-t-il
en me poursuivant dans l'escalier.
Cependant, je ne m'arrête pas ni ne me retourne.
— Celle qui est au bout du couloir. Nos maisons sont identiques, tu me
prends vraiment pour une imbécile. Ah oui, je suis bête, bien sûr, tu me
prends pour une idiote, je réplique avec hargne.
Je ne l'attends pas et entre dans la pièce. Il finit par me rejoindre, ferme
la porte, et la verrouille.
— Tu sembles bien pressée d'être ici, commente-t-il.
— Absolument pas, mais de toute façon, c'est ce que tu désires depuis le
début de la soirée, n'est-ce pas, Chris ? Ça fait un moment que tu veux
sauter la nouvelle, histoire de la dépuceler. C'est ça qui t'amuse, n'est-ce
pas ? Prendre l’innocence et t’éclater ? répliqué-je d'un ton amer.
Je suis tellement énervée que j'ai presque envie de le frapper. Au lieu de
cela, je le pousse violemment contre le mur et écrase mes lèvres contre les
siennes. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je suis tellement en colère que
je veux voir jusqu'où il ira, le tester. Et surtout, je veux découvrir jusqu'où
moi-même je suis prête à aller en réalité. Je pourrai regretter mes actes
demain, si je vais trop loin, si lui ne m'arrête pas. J'approche mon corps du
sien et prends sa main pour la glisser entre mes cuisses.
— Qu'est-ce que tu fais, Alya ?
Il me repousse brusquement, puis me regarde droit dans les yeux en
fronçant les sourcils. La lueur dans son regard révèle clairement qu'il est
excité, mais qu'il essaie aussi de résister.
— Quoi ? Ce n'est pas ça que tu veux ? Me toucher, pouvoir me sauter,
répliqué-je avec agressivité.
D'un coup, il me soulève par les fesses, mes jambes s’enroulent autour
de sa taille par réflexe, jusqu'à ce qu'il me laisse doucement tomber sur son
lit.
Je serre mes bras autour de son cou et continue de mélanger ma langue à
la sienne. Son goût de whisky m'envoûte, et j'adore ça. Je reprends sa main
et la replace entre mes jambes. La chaleur monte en moi, et je ne suis plus
sûre de ce que je veux vraiment, mais c'est la première fois de ma vie que je
ressens cette envie.
Au moment où ses doigts touchent mon entrejambe, je ne peux
m'empêcher de gémir légèrement sur ses lèvres. Il appuie doucement sur
mon clitoris, formant de petits cercles qui me font cambrer le dos. Je n'ai
jamais fait ça, mais j'apprécie incroyablement la sensation. Sa main voyage
de haut en bas au-dessus du tissu, et mon bassin commence docilement à
suivre le rythme de ses mouvements.
— Est-ce que tu t'es déjà... ? commence-t-il à demander.
— Non, je réponds, coupant sa question.
Évidemment que non, je ne me suis jamais touchée.
— Ok, stop !!! Alya, lâche-moi !
Il s'extrait de mes bras et se lève du lit, me laissant une fois de plus
perdue.
— Quoi ?
— Tu ne t'es jamais touchée ? insiste-t-il.
— Non, je ne suis pas comme ça, moi, je réponds plus que gênée.
C’est surtout que je n’ai jamais osé, j’ignore comment faire.
— On arrête, déclare-t-il en passant ses mains dans ses cheveux,
manifestement très nerveux.
— Pourquoi ? demandé-je, surprise.
— Je vais te faire mal, et je ne veux pas faire ça ici, pas de cette manière,
pas maintenant, et pas dans l'état où tu es.
Je reste bouche bée. C'est lui qui met fin à la situation. Je pensais qu'il
irait plus loin, et le pire, c'est que je m’en veux d’en avoir envie.
Je laisse tomber ma tête sur son oreiller en soupirant. Il m'a cherchée
depuis le début, et au moment où je lui donne une ouverture, il recule. Je
suis perdue, je ne comprends rien.
— Est-ce encore un stratagème pour te moquer de moi ? Il faut savoir ce
que tu veux, franchement, balancé-je frustrée.
— Savoir ce que je veux ? Est-ce que tu te rends compte que tu le fais
juste par colère ?
— Parce que tu m'énerves tout le temps. Il a fallu que tu gâches tout
entre Sebastian et moi.
— Je n'ai rien gâché du tout, hurle-t-il. Tu le prenais pour un saint. Je t'ai
seulement ouvert les yeux.
— Oh, merveilleux, tu m'as montré qu'il était aussi salaud que toi, en fin
de compte. Bravo, félicitations. J'en ai assez entendu. Je préfère descendre
et jouer à ce jeu stupide, même avec n’importe qui, annoncé-je.
Je me lève, le pousse et sors de sa chambre sans attendre la moindre
réaction de sa part et traverse le couloir jusqu'à l'escalier. Il me rattrape et
me hurle dessus comme jamais. Si moi je suis énervée, il est clair qu'il est
dans le même état, voire peut-être pire.
— Si j'avais été un salaud comme tu dis, je n'aurais pas arrêté ce qui se
passait, vu que t'en crevais d'envie, déclare Chris.
— Oh, super, tu veux une médaille. Saint Chris ?
Je crie en réponse, alors que nous nous disputons en descendant les
escaliers. Je veux simplement qu’il finisse par me foutre la paix. Cependant,
s'il continue à crier, il va réaliser que je peux crier plus fort que lui. J'en ai
marre de me laisser marcher sur les pieds par ce mec.
— Tu es vraiment grave sérieux. Tu te prends pour qui à la fin pour me
juger ?
— Et toi, tu te prends pour qui, de toujours te mêler de ma vie ?
m’égosillé-je.
— Me mêler de ta vie ? Mais je n’en ai rien à foutre.
— Eh bien, justement. Alors fous-moi la paix, je conclue en colère.
Je récupère un gobelet et me sers un verre de vodka. Nous sommes en
plein milieu du salon, en train de faire un scandale devant tout le monde, et
nous ne nous en sommes même pas rendu compte.
— C’est ça, continue de faire la gamine naïve, c’est tout ce que tu sais
faire.
— Et toi, tu ne sais que coucher avec tout ce qui a un vagin. Je ne me
mêle pas de ta vie, alors laisse-moi tranquille.
— Si, justement, tu te mêles de ma vie quand je couche avec ta copine,
tu n'es pas contente, riposte-t-il.
— Et toi, dès que je suis trop proche d'un de tes potes, tu viens foutre la
merde, je réplique en colère, aboyant toujours plus fort.
— Tu n’es vraiment qu'une enfant, me lance-t-il hors de lui.
— Tu n’es vraiment qu'un connard, lui rétorqué-je sur le même ton.
Je prends une gorgée de mon verre et réalise que nous sommes en train
de hurler devant tout le monde et de nous donner en spectacle. Même la
musique a été coupée, et tous les yeux sont braqués sur nous. Zach, aux
premières loges, nous observe ahuri, alternant son regard entre Chris et moi.
Je claque mon verre vide bruyamment sur le bar et me tourne une
dernière fois vers lui, prend une longue inspiration et lâche d’un ton calme :
— Je te déteste. Satisfait ? Tu as encore tout gâché, comme toujours.
Félicitations.
XXIII
Alya
Je cherche mon téléphone partout, mais je n'arrive pas à mettre la main
dessus. Finalement, je retourne voir dans le canapé où j'étais assise en début
de soirée. Sebastian est toujours là, les coudes sur les genoux, regardant le
sol, les yeux perdus dans le vide. Je vérifie entre les coussins et le dossier,
ignorant complètement sa présence.
— Alya, on peut parler s'il te plaît ? souffle-t-il avec tristesse.
— Non, choisis-toi une nouvelle trainée et laisse-moi tranquille, je
réplique, sans aucun filtre. Pas besoin d’alcool, la colère que je ressens me
suffit amplement pour ne pas hésiter à dire ce que je pense.
— Qu'est-ce que tu cherches ? demande Kat sûrement en me voyant
m’énerver à retourner ce maudit canapé.
— Mon putain de portable, dis-je en hurlant et en trébuchant sur le tapis.
Heureusement, mon amie me rattrape. Mon moral est au plus bas, j'ai
encore été tournée en ridicule en privé cette fois, mais humiliée tout de
même.
— T’es calmée ?
— Je ne t'ai rien demandé, Chris, lâche-moi. Va trouver une fille pour la
nuit, vous êtes tous pareils, m’étranglé-je.
— Alya, calme-toi, chérie.
Mon amie pose délicatement sa main sur la mienne, tentant de m’apaiser,
mais une lumière dans l’obscurité de mon cerveau s’allume enfin.
— Putain, dans sa chambre, marmonné-je.
— Quoi, dans sa chambre ?
— Mon téléphone. Il doit être tombé dans sa chambre, lui expliqué-je.
Je pars rapidement en direction des escaliers et monte jusqu'à l'étage.
Une fois dans la chambre. J'inspecte le sol, mais il n'y a aucune trace de
mon portable.
J'avance jusqu'à son lit et le repère finalement, échoué sur la couverture.
Je me dépêche de le récupérer, mais avant que j'aie le temps d'atteindre la
porte pour repartir aussi vite que j’étais venue, je suis arrêtée par le maître
des lieux.
— Il faut que tu te calmes, dit-il, se dressant devant la porte pour
m'empêcher de sortir.
— Laisse-moi, Chris, j'en ai marre. Tu m'épuises.
— C'est la colère qui parle, réplique-t-il.
— Oui, sans aucun doute, tu as une fois de plus tout gâché.
J'essaie de m'avancer pour sortir de sa chambre, mais il se place
fermement devant la porte. Je soupire d'exaspération, me demandant ce qu'il
veut encore. Avec un geste décisif, il ferme la porte à clé, m'arrachant un
rire faux, tandis que je le regarde dans les yeux.
— Qu'est-ce que tu veux ? Je t'ai laissé une chance, tu ne l'as pas saisie.
Laisse-moi passer maintenant, c'est trop tard, je dis, exaspérée.
— Non. Tu ne retournes pas en bas tant que tu n’es pas calmée, c'est
mort.
— C'est toi qui vas m'en empêcher peut-être ? je demande d'un ton
défiant.
— Ouais. Alya, je suis désolé que tu nous voies tous de cette façon.
— Tu n'es pas désolé, tu aimes ça. La dernière fois que tu as joui, c'était
quand, Chris ? je lance, sans retenue.
— C'est quoi cette question ?
— Tu es en train de jouer le mec repentant qui ne veut pas que je lui en
veuille de m’avoir « ouvert les yeux », pourquoi ? Ton véritable but,
finalement, c'est de me sauter, et je suis prête à parier que dans la journée,
tu en as baisé une autre. Alors ouais, je te vois comme tu es, et même si tu
me plais, et que ça me fait chier de savoir que tu poses tes mains sur
d'autres filles. Je ne te laisserai pas les poser sur moi parce que tu es un
salaud. J'ai perdu le contrôle de mes hormones tout à l'heure et parce que
j'étais triste à cause de Sebastian. Triste de m'être trompée encore une fois à
son sujet. Tu ne l'as pas saisi, tant pis pour toi, ça n'arrivera plus.
Maintenant, pousse-toi !
— Et si je refuse ? réplique-t-il.
Je me suis placée juste en face de lui, à seulement quelques centimètres
de son visage, le défiant du regard. Je ressens une légère sensation de
picotement dans les yeux, mais je m'efforce de retenir les larmes qui
menacent de percer. Parce qu'à cet instant, je suis réellement furieuse. Une
fois de plus, il a réussi à transformer ma soirée en un véritable cauchemar.
Il esquisse un léger écart pour me laisser passer. Je ne suis pas certaine
que ce soit la réaction que j'espérais de sa part, mais en même temps, je ne
suis pas vraiment sûre de ce que je veux en réalité, quand il s'agit de lui.
Peut-être que j'hésite à rester à peine une seconde, mais finalement, je
fais volte-face et me dirige vers la porte de sa chambre.
— Tu n’as pas envie de sortir d’ici. On le sait tous les deux, souffle-t-il.
— Je n’ai pas envie de sortir, mais je ne veux pas non plus rester.
Il se retourne vers moi, ma main est posée sur la clé, prête à la tourner.
Soudain, il y pose la sienne.
— Alya, ne t'en va pas, murmure-t-il.
Je pose mon front sur la porte et soupire profondément. Qu'est-ce que je
fais ici ? Il a soigneusement orchestré cette révélation pour me faire
comprendre que Sebastian avait eu des relations intimes avec toutes ses
filles, dans le but évident de me blesser ou de m'éloigner de lui. Et pourtant,
je me surprends à hésiter à partir de cette chambre. Je devrais le fuir comme
la peste, sortir en courant, sans la moindre once d'hésitation.
Il se rapproche de moi et glisse sa main sur ma taille. Une décharge
électrique me parcourt le corps à ce simple contact.
— Reste, insiste-t-il doucement.
Il me fait lentement pivoter pour me faire face, plongeant ses yeux d'un
bleu magnifique dans les miens. Il est si près que je sens son souffle chaud
caresser mon visage, et son parfum m'enveloppe complètement. Son regard
oscille entre mes yeux, passant de l'un à l'autre, créant une intimité
troublante. Il s'approche davantage, me plaquant contre le mur. Sa main
exerce une légère pression sur ma hanche, faisant accélérer les battements
de mon cœur dans ma poitrine. Je me demande pourquoi je ressens cela
alors qu'il est ce qu'il est. Son regard descend sur mes lèvres, un simple
détail qui provoque une réaction en moi, une envie irrésistible de goûter les
siennes. Mes seins sont pressés contre son torse, et lorsque finalement il
s'empare de ma bouche dans un baiser sauvage, j'ai l'impression de
recommencer à respirer. C'est comme si j'avais retenu ma respiration tout le
temps où nos regards se sont combattus.
Ses lèvres contre les miennes, ses baisers sont d'une intensité
électrisante. Nos langues s'entremêlent passionnément. Je sens sa
respiration s'accélérer, devenir plus profonde. Mes bras glissent autour de
son cou, le serrant contre moi tandis que ma main s'enfouit dans ses
cheveux.
L'une des siennes explore doucement mon corps, restant prudente en
passant de mes hanches à mon ventre, puis descendant dans le bas de mon
dos. Je me surprends à sourire intérieurement, imaginant le self-contrôle
dont il doit faire preuve pour ne pas aller plus loin, pour ne pas caresser mes
seins ou s'aventurer entre mes cuisses.
Pourtant, je me surprends à vouloir le pousser un peu plus loin. Je prends
sa main et la guide entre mes jambes.
— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, murmure-t-il entre
deux baisers.
— Je n'ai jamais prétendu que c'en était une, lui réponds-je espiègle.
— Il est hors de question que je couche avec toi sur un coup de tête
dirigé par ta colère. Je te l'ai déjà dit, insiste-t-il malgré tout.
Il me soulève et me dépose à nouveau sur son lit. Malgré sa promesse
précédente, sa main trouve son chemin entre mes cuisses jusqu'à atteindre
ma petite culotte. Il recommence à me caresser de haut en bas, à travers le
tissu, faisant naître des gémissements de plaisir et me faisant resserrer mes
bras autour de lui.
— Tu m'arrêtes si tu ne veux pas, d'accord ? me demande-t-il.
Je hoche la tête tout en continuant à jouer avec sa langue. Il exerce une
légère pression sur mon clitoris en effectuant de petits cercles. Oh mon
Dieu, j'adore cette sensation. Mon corps se cambre involontairement. À cet
instant, je lui appartiens totalement, sans aucune réserve.
Il glisse lentement sa main à l'intérieur de ma lingerie, ce qui me fait
instinctivement reculer. Il s'arrête.
— Tu veux que j'arrête ?
Je secoue la tête, plus gênée qu'autre chose, mais mon désir est
indéniable.
— Non, murmuré-je.
Il continue ses mouvements directement sur ma chair. Des gémissements
s'échappent de mes lèvres, sans que je puisse me contenir.
Il descend ses doigts, les glissant entre mes lèvres jusqu'à me pénétrer
doucement. Je me contracte légèrement et presse sa bouche plus fermement
contre la mienne. Il bouge lentement, me laissant savourer chaque
sensation.
Il y va doucement, commençant à créer de doux va-et-vient.
— Ça va ? demande-t-il doucement avec prévenance.
Je me contente de hocher la tête et de cacher mon visage dans son cou. Il
accélère sensiblement le rythme, son pouce venant jouer avec mon clitoris,
transformant complètement la sensation. J'adore ce que je ressens, et je
n'arrive pas à retenir les gémissements qui s'échappent de ma bouche.
Je sens un deuxième doigt entrer en moi, décuplant le plaisir, malgré le
léger tiraillement que je ressens, et les mouvements circulaires qu'il effectue
avec la paume de sa main me font perdre tous mes repères.
Je mords ma lèvre inférieure pour essayer de réduire le volume de mes
cris de plaisir. Il continue de monter en moi, jusqu’à ce que mon corps se
contracte involontairement, m'empêchant de faire autre chose que de
savourer intensément l’explosion qui agit en moi. Je me blottis encore plus
contre Chris, alors que je deviens de plus en plus bruyante sans le vouloir.
— Arrête d'être gênée. Sors de là, m’ordonne-t-il.
Je secoue la tête.
— Nan, soufflé-je, essayant de reprendre mon souffle du mieux que je
peux.
— Ça s'appelle un orgasme, mademoiselle Colins, plaisante-t-il.
— Merci, je sais, répliqué-je, bien que je sois toujours gênée par les
bruits que je viens de pousser.
Il éclate de rire, tandis que je demeure mal à l'aise dans cette situation
inhabituelle pour moi.
— Il est deux heures trente, tu veux redescendre ou tu veux qu'on reste
ici ? Je peux te faire gémir à nouveau, propose-t-il, avec une pointe de
taquinerie.
Je lui donne un coup léger sur l'épaule.
— Arrête, sérieux. Toi, tu veux descendre, j'en suis sûre.
— Faux. Je veux rester ici avec toi
Je suis surprise par sa réponse, et je le regarde avec un mélange de
perplexité et d'incrédulité. Après tout ce qui s'est passé entre nous, je ne
m'attendais pas à ce qu'il souhaite passer plus de temps en ma compagnie.
— Vraiment ? dis-je, cherchant à comprendre ses motivations.
Il hoche la tête avec un sourire.
— Vraiment. Je veux rester ici avec toi, Alya.
Je décide de lui accorder le bénéfice du doute. Peut-être que nous avons
tous les deux, besoin de quelque chose de différent, quelque chose de plus
profond que ce que nous avions anticipé.
Arrête de te faire des films.
— Pourquoi tu voulais encore danser ? me demande-t-il.
— Non, mais je pensais que tu aurais peut-être voulu trouver quelqu'un
d'autre pour satisfaire d'autres besoins que ça.
— Tu me vois vraiment comme ça, hein ? souffle-t-il visiblement blessé
par mes paroles.
Je hausse les épaules, baissant les yeux. En réalité, je le vois un peu
comme ça, voire pire. Je suis consciente que je ne suis pas capable de lui
offrir ce qu'il souhaite pour le moment, et je sais que, tôt ou tard, il
cherchera satisfaction ailleurs, peut-être même avec Julia et peut-être même
dès ce soir.
Il commence à tirer lentement la fermeture éclair sur le côté de ma robe,
je suis surprise et attrape sa main.
— Tu fais quoi là ?
— Tu ne vas pas te coucher avec ça.
— Heu... non.
— Tu veux que je te prête un tee-shirt ? me propose-t-il, avec un sourire,
face à mon incompréhension.
— Oui... Je veux bien.
Il se lève du lit et s'apprête à me donner un vêtement, pendant que je
retire ma robe et attend sans rien dire.
Cependant, lorsqu'il se retourne, il me fixe intensément, me scrutant de
la tête aux pieds. Je me sens extrêmement mal à l'aise et plaque rapidement
mon vêtement pour cacher mon corps. Je n'ai aucune honte de mon
apparence, mais le regard chargé de désir et de luxure qu'il pose sur moi me
perturbe profondément.
— Ne fais pas ça, ne te cache pas. Tu es magnifique, murmure-t-il.
— Tu peux me le passer, s'il te plaît, insisté-je.
Il tend son bras et esquisse un sourire malicieux. Je comprends bien qu'il
ne compte pas me faciliter la tâche.
— Viens le chercher, dit-il, gardant son bras tendu sans bouger d'un
millimètre.
Je lève les yeux au ciel, gardant ma robe devant moi, puis me lève du lit.
Chris met le tee-shirt dans son dos et secoue la tête, arborant un sourire
espiègle.
— Nan, sans la robe par contre, déclare-t-il d'une voix taquine.
— Chris !! protesté-je, sentant mes joues rougir.
— Arrête d'être gênée sans arrêt. Tu veux une vodka pour te détendre ?
propose-t-il, ignorant ma réticence.
Je souffle un grand coup et lâche ma robe, puis cours vers lui pour
attraper le vêtement. Il explose de rire en réaction à mon empressement et
me bloque dans ses bras, sans me donner le haut, mais en me regardant
profondément dans les yeux.
— Tu n'as pas à être gênée. Tu es sublime, susurre-t-il, cherchant à me
rassurer.
— Tu dis ça à toutes les filles ? lui demandé-je, restant sceptique quant à
la sincérité de ses paroles.
Il secoue la tête d'un air sincère.
— Non. Je ne mens pas, je te le promets.
— Menteur, répliqué-je, conservant ma méfiance à son égard.
— Et si j'avais envie que tu dormes comme ça ?
— Tu arriverais à dormir ?
— Probablement pas, concède-t-il. Mais on s'en fiche. Reste comme ça,
s'il te plaît.
— Chris, donne-moi ce tee-shirt, au moins pour que je puisse me rendre
jusqu'au lit, insisté-je, préférant éviter de lui donner mes fesses en spectacle.
— Tu es vraiment trop timide, ronchonne-t-il en reculant tout en
maintenant sa prise sur moi, cachant ainsi mon corps à ses yeux. Il en
profite pour m'embrasser passionnément, prolongeant nos échanges
précédents.
— Tu n'as qu'à aller te cacher sous les couvertures, ça te va ? me
propose-t-il finalement.
Je souris tout en fronçant le nez, puis me précipite pour me glisser sous
les draps. Je n'aime pas être en sous-vêtements devant lui, surtout après tout
ce qui s'est passé entre nous. Il a vu tant de femmes dénudées, et je ne suis
pas une perfection physique. Mes pensées se perdent dans l'inquiétude, mais
il semble bien plus intéressé par ma présence que par mon apparence.
Il se déshabille pour rester en boxer, révélant un corps incroyablement
sculpté. J'avais déjà remarqué sa musculature sous mon toucher, mais dans
cette lumière tamisée, chaque muscle est parfaitement dessiné, de ses biceps
à ses pectoraux, en passant par ses abdos. Même son V, situé en dessous de
ses abdos, est parfaitement sculpté, attirant mon regard d'une manière
hypnotique. Mon attention s'attarde également sur son boxer, qui semble
être particulièrement bien rempli.
— Tu veux mes yeux ? plaisante-t-il, ayant clairement remarqué mon
regard insistant et gourmand.
Je me sens submergée par la gêne et la honte, sachant qu’il m’a surpris
en train de l'observer de cette manière. Il rejoint le lit sous les couvertures
avec un sourire taquin.
— Alors, moi, je n'ai pas le droit de te regarder parce que tu te caches,
mais toi, tu n'hésites pas à me reluquer, sans aucune gêne, s’amuse-t-il.
— Je suis désolée, murmuré-je, me sentant embarrassée.
XXIV
Alya
D’un seul coup, il tire violemment sur les couvertures, découvrant
entièrement mon corps. Un cri aigu s'échappe de ma gorge, tandis que je me
recroqueville sur moi-même, totalement surprise.
Il m'oblige à me mettre sur le dos et se place entre mes jambes,
totalement hilare de ma réaction.
— Je suis mort. C'était quoi ce cri de souris ? se moque-t-il.
— Rends-moi la couverture, non d'un chien, protesté-je.
— Hors de question, c'est de la triche. Toi, tu peux me regarder, mais pas
moi ? réplique-t-il en attrapant mes poignets et en les maintenant au-dessus
de ma tête pour me bloquer.
Son regard change et son sourire s'efface lorsque ses yeux se posent
véritablement sur moi. Il se penche pour embrasser ma nuque, son souffle
chaud et sa langue faisant des ravages sur ma peau. Il descend lentement sur
mon épaule et finit par me lâcher les poignets. Mes mains se posent
instinctivement dans son dos, laissant glisser mes ongles sur sa peau,
incapable de résister à le caresser pour le sentir sous mes doigts.
Sa bouche entreprend une exploration minutieuse de chaque centimètre
de mon corps, atteignant ma poitrine sans chercher à défaire ou à bouger
mon soutien-gorge. Il continue de descendre, se dirigeant vers mon ventre
jusqu'à la limite de l'élastique de ma petite culotte. Ma peau tout entière se
couvre de chair de poule, et l'anticipation électrise chaque parcelle de mon
être.
— Alya... Tu me fais confiance ? murmure-t-il, sa voix vibrante de désir.
— Pas du tout, répliqué-je avec honnêteté.
Il esquisse un sourire sur ma peau.
— Ok, ça a le mérite d'être clair, mais je le mérite.
— Mais pour… ça, je crois que oui, ajouté-je timidement.
Il lève les yeux vers moi lorsque je baisse la tête, nos regards se croisent,
et il comprend que je vais lui donner mon accord.
— Tu m'arrêtes. Ok ?
— Oui, réponds-je, bien que je sache que je ne le ferai probablement pas.
Je le laisse poursuivre ce qu'il a entrepris.
Chaque sensation de sa bouche sur mon corps est un plaisir divin que je
savoure à chaque seconde.
Il continue de m'embrasser le ventre, les hanches, et ma peau frissonne
de plus en plus. Il est impossible qu'il ne le sente pas, mais il sait que je ne
suis pas à l'aise et n'en dit rien. Sa main commence à me caresser à nouveau
entre les jambes. Cette fois-ci, il retire lentement ma lingerie, et je serre
instinctivement les jambes.
— Alya, ça va être compliqué comme ça. Il va falloir que tu desserres les
cuisses, murmure-t-il, joueur.
Un sourire se dessine sur mes lèvres, et je couvre mes yeux de ma main
en signe de gêne. Il remonte vers moi, m'embrassant d'abord sur la bouche,
puis dans le cou, tentant de me détendre.
— Si tu ne veux pas, j'arrête, et je vais même être gentil en te rendant ta
couverture, et peut-être même ta petite culotte, plaisante-t-il, me faisant
tourner la tête vers lui, les sourcils froncés.
Sa remarque le fait rire, mais il recommence à descendre, m'obligeant à
écarter les cuisses avec son genou pour qu'il puisse mieux s'y installer. Sa
langue parcourt mon ventre, me chatouillant légèrement. Au moment où il
pose sa bouche sur mon intimité, un choc électrique me traverse. Je gémis
de nouveau, complètement en proie au plaisir qu'il me procure. Sa langue
me visite, me goûte, glissant sur le bouton de chair et réveillant
instantanément cette sensation envoûtante de plaisir qu'il m'avait fait
connaître juste avant.
Je baisse la tête pour le regarder entre mes cuisses. La gêne se mêle à
l'excitation alors qu'il explore mon corps de manière si intime. En si peu de
temps, il me fait découvrir tant de choses, et toute la haine que j'avais pour
lui en début de soirée s'est totalement envolée, laissant place au désir, au
plaisir de la chair, et à l'envie irrésistible d'être sienne.
Sa langue s'enfonce en moi, me faisant cambrer et gémir encore plus
fort. Il remonte pour jouer plus intensément avec mon clitoris, le suçotant et
le mordillant délicatement, tout en me pénétrant de ses doigts. Mes ongles
s'enfoncent dans sa peau alors que cette sensation profondément indécente
m'envahit à nouveau, et parcourt chaque terminaison nerveuse qui traverse
mon corps, me faisant crier bruyamment sans que je ne puisse la contrôler.
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Il dépose des baisers sur
ma peau jusqu'à ma nuque, puis me chuchote à l'oreille :
— Ça aussi, c'était un orgasme. Et c'est mon épaule que tu viens de
lacérer.
Je ris, en me cachant les yeux. Je sais que j'ai dû lui faire mal autant qu'il
m'a fait du bien.
— Désolée. C'est ta faute aussi, me dédouané-je
— Tu as aimé ? demande-t-il sérieux.
J'hoche la tête, tout en me cachant dans sa nuque. Je n'ai pas envie
d'épiloguer sur le sujet. J'ai déjà récupéré la couverture pour me couvrir le
corps et j’enfile de nouveau ma petite culotte. Il me serre dans ses bras et
m'embrasse dans les cheveux.
— Attends, je reviens, dit-il.
Il se lève et se dirige vers sa salle de bains. Je réalise que je suis dans son
lit, avec lui et qu'il vient de me faire jouir deux fois, mais surtout pour moi :
c’est la première fois. J'adore ça, et je regrette vraiment de ne pas m'être
laissée aller à cette expérience plus tôt.
Quand il revient, je suis déjà en train de m'endormir, épuisée de tout ce
que j’ai pu ressentir aujourd’hui. Il s'installe et me prend à nouveau contre
lui. Je cale mon visage dans sa nuque au moment où j'entends un léger rire.
— Pourquoi tu ris ? l'interrogé-je.
— J'aime comment tu t'installes. Tu avais fait ça aussi dans ta chambre
du campus.
— Ça te gêne ? demandé-je, prête à prendre mes distances.
-Non, pas du tout. J'aime quand tu respires dans mon cou.
Je commence à bailler et à m'endormir.
— Chris ?
— Quoi ?
— Pourquoi tu n'es pas toujours comme ça ?
— Comment ? demande-t-il.
— Gentil... et attachant.
Je parle de plus en plus lentement, basculant peu à peu dans le sommeil.
— Je le suis avec toi, répond-il.
— Chris ?
— Quoi ?
— Demain... Tu seras aussi comme...
Je suis incapable de terminer mon interrogatoire et je sombre dans les
abysses du sommeil.
XXV
Alya
Les premiers rayons du soleil filtrent à travers la fenêtre, éclairant
faiblement la chambre. Je suis allongée sur le ventre, une jambe relevée, et
il est étendu derrière moi, son bras puissant enroulé autour de mon corps,
me maintenant étroitement contre lui. Une agréable sensation de chaleur et
de sécurité m'envahit. Pour une fois, je veux simplement profiter de cet
instant précieux, le sentir encore un peu contre moi, rien qu'à moi. Pourtant,
je suis consciente que cela ne durera pas, que Chris finira par me décevoir,
comme il le fait toujours. Je commence à le connaitre, il est incapable de
s'attacher. Pourtant ce matin, j'ai envie de croire que peut-être, juste peut-
être, il sera différent.
Je ressens le besoin de bouger, de me blottir contre lui, de prolonger
cette étreinte tendre. J'aimerais que ce matin soit exceptionnel, que son
comportement change à mon égard, qu'il se lève en souriant, qu'il me serre
contre lui, qu'il me regarde avec des yeux différents, emplis d'affection.
Mais je n'ose pas bouger, de peur de le réveiller.
— Je sais que tu ne dors plus, gamine. Alors, à quoi tu penses ? sa voix
rauque me parvient.
J'adore ce son au réveil, il a quelque chose de sensuel qui m'envoûte.
Chris se dégage lentement de moi, et déjà sa présence me manque. Je me
tourne pour le regarder, mais il a déjà quitté le lit et enfile un pantalon de
jogging. Mes yeux restent fixés sur son torse magnifiquement sculpté.
— Tu me dévores des yeux, Alya... !!! me taquine-t-il.
Je rougis légèrement en baissant le regard. J'aurais voulu prolonger cet
instant, mais il s'enfuit déjà, comme un oiseau qui s'échappe de sa cage.
— Mets ça, ou j'aurai du mal à quitter cette chambre, me lance-t-il en me
jetant un tee-shirt.
Je le prends, un léger sourire aux lèvres, et lève les yeux vers lui. Mes
pensées s'embrouillent, et je me sens encore plus troublée.
— Tu as le bas, et j'ai le haut, c'est ça ? demandé-je, espérant un moment
de complicité entre nous.
— Tu veux qu'on échange ? répond-il avec un sourire taquin.
— Je pourrais aussi m'habiller complètement.
— Avec ta robe ? Elle me fait le même effet que ta tenue actuelle. Reste
là, je vais chercher un café, annonce-t-il tout en quittant la chambre.
Je me sens un peu déçue par son départ, mais bon, c'est Chris, après tout.
Je n'aurais pas dû espérer plus. Pas de câlin, pas de tendresse, pas de baiser.
Au moins, il ne me met pas dehors sans café, c'est déjà ça. Je suis peut-être
naïve de penser que les choses pourraient changer entre nous.
J'entends des cris en bas, des éclats de voix. Curieuse, je décide de
m'aventurer dans le couloir, descendant les premières marches de l'escalier
pour mieux entendre.
— Pourquoi tu as fait venir cette fille ici ? Qu’est-ce que tu cherchais ?
Tu es fier de toi ?
Des reproches fusent entre les voix. Je descends encore quelques
marches pour mieux comprendre la conversation. Une dispute a éclaté dans
la cuisine, et Chris semble y être impliqué.
— Hey, calme-toi. Assume-le, Seb, ce n'est pas mon problème.
Les mots de Chris sonnent détachés, presque cyniques.
— Tu as juste voulu foutre la merde entre Alya et moi, réplique
Sébastien.
— Pas du tout. Et arrête de gueuler dès le matin, tu vas me gonfler,
rétorque Chris.
— C'est bon les mecs, arrêtez de vous prendre la tête. Jouez franc-jeu
avec ma sœur, intervient une voix que je reconnais bien.
— Franc-jeu ? Elle ne me parlera même plus avec ses conneries,
réplique Sébastien, sa voix emplie de colère.
— Non, ce sont tes conneries. C'est toi qui as couché avec cette nana et
toutes les autres, le contre-attaque Chris.
Je suis étonnée d'être la cause de leur dispute. Descendant une marche
supplémentaire, j'aperçois enfin les trois hommes dans la cuisine, entourés
d’une atmosphère tendue. J'ai maintenant, à la fois l'image et le son de leur
échange.
— Salut, Alya ! me lance Dean en me voyant.
Je me fige et me retourne, mal à l'aise. Oh non, je ne suis pas censée être
ici. Ils ont dû l’entendre.
— Heu... Salut, Dean... Ça... ça va ? bredouillé-je.
— Tu descends prendre un café ?
Il n’a même pas remarqué la tension entre les autres.
— NON, MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS LÀ ?
Je fais volte-face et découvre mon frère en bas des marches. Ma gorge se
serre, et je suis incapable de prononcer un mot. Chris arrive à son tour, l'air
en colère, se mordant la joue. J'ai l'impression que j'aurais mieux fait de
rester dans la chambre plutôt que de jouer les curieuses.
— AVEC QUI ÉTAIS-TU ? hurle mon frère.
Ses yeux semblent prêts à sortir de leurs orbites. Je réalise alors que je
porte seulement un tee-shirt, et je tire nerveusement dessus, gênée.
— DESCENDS ! s’égosille-t-il à nouveau, sa voix résonnant dans toute
la maison.
— Je... je vais plutôt...
— DESCENDS ! TOUT DE SUITE !
Je m'exécute lentement en descendant les dernières marches. Je me
retrouve devant mon frère, qui m'agrippe brusquement par le bras,
m'entraînant vers le salon, loin de la cuisine où les autres membres de la
fraternité sont déjà rassemblés.
— Celui qui a passé la nuit avec Alya devrait faire ses valises, piaille
Dean en riant.
Zach me lâche finalement, puis se plante devant moi, son regard perçant
semblant transpercer mon âme. Je continue de tirer sur le tee-shirt,
cherchant désespérément à couvrir mes cuisses nues tout en essayant de
garder une contenance.
— Je n'ai couché avec personne, articulé-je avec fermeté, espérant que
cette déclaration puisse calmer la colère qui monte en lui.
Je préfère éviter de révéler la vérité, sachant que sa réaction pourrait être
explosive si j'avouais que j'ai passé la nuit avec Chris.
— Tu te moques de moi, fulmine Zach avec une pointe d'indignation
dans sa voix.
— Elle dit la vérité, Zach. Alya a passé la nuit avec moi, et il ne s'est
rien passé, explique Chris d'un ton calme, tentant de désamorcer la bombe
prête à exploser.
À ce moment-là, si un regard pouvait tuer, je suis convaincue que Zach
aurait foudroyé Chris en une seconde. Les deux hommes semblent prêts à
s'affronter, et la tension dans la pièce devient de plus en plus pesante.
— Tu me prends pour un con, toi aussi, tu crois que je ne te connais
pas ? s'insurge Zach, dont la voix résonne dans la pièce désormais pleine de
membres des Alphas, attirés par le tumulte et l'agitation de la matinée.
— Zach, je t'assure que je n'ai rien fait avec ta sœur, souffle Chris d'un
ton suppliant, cherchant désespérément à apaiser la fureur de mon frère.
Malgré tout, il m'adresse un signe de tête, me suggérant de retourner
dans sa chambre, mais Zach me bloque en plein élan.
— Toi, tu restes ici, m’ordonne-t-il, serrant violemment mon bras.
— Zach, lâche-la, s'exclame Chris, sa voix montant d'un cran.
La prise de mon frère me fait mal, mais je garde le silence, je ne veux
pas qu'ils se battent à cause de moi. Zach se rend compte de sa propre force
et de la douleur qu'il m'inflige, et me libère enfin.
— Monte, je te rejoins, me dit Chris.
Sans hésitation, je m'exécute, passant entre les hommes rassemblés,
croisant le regard furieux de Sebastian. S'il croit qu'il a son mot à dire, il se
trompe lourdement. Dévorée par la curiosité, je ne monte pas l’escalier
comme ordonné, mais écoute discrètement en me tenant à l'écart.
— Je te jure que je ne l'ai pas touchée. Tu me connais, déclare Chris,
essayant de convaincre Zach.
— Oui, justement. Tu me prends pour un idiot ?
— Non, je veux dire que si je l'avais fait, je te l'aurais dit. Tu le sais très
bien.
— Pourquoi as-tu dormi avec elle ?
— Elle était en pleurs hier soir à cause de Sebastian. Et puis, c'est ta
sœur, mec. Elle a juste occupé mon lit. Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré
être avec Julia. Mais bon, je suis un type sympa, j'ai décidé de la consoler,
explique-t-il.
Une onde de colère déferle en moi.
Il a eu pitié de moi ? Il aurait préféré être avec Julia ?
La frustration monte en moi, et je décide de partir. Je retourne
rapidement dans la chambre pour récupérer mes affaires, enfile ma robe et
saisis mon téléphone. Quitter la maison me semble être la meilleure
solution. Personne ne semble avoir prêté attention à mon départ, ils sont
toujours en train de se disputer. Il a juste eu pitié ?
J'aurais dû résister, je m'en veux d'avoir cédé si facilement, quelle idiote.
C'est comme ça qu'il fout une fois de plus tout en l’air, je le savais bien, je
me suis encore trompée.
XXVI
Alya
— Où étais-tu, jeune fille ?
J’ai à peine franchi la porte de ma chambre que la tête de Kat apparaît
dans l'embrasure.
— Peu importe, si j'avais su, j'aurais mieux fait de rentrer, marmonné-je,
contrariée.
— Tu veux en parler ?
Elle s'assoit sur mon lit, son visage soudainement empreint de tristesse.
— J'ai passé la nuit avec Chris. Il n'y a rien à dire de plus, j'ai été stupide
comme d'habitude, soupiré-je, laissant échapper un lourd fardeau
émotionnel.
— Tu as couché avec lui ? demande-t-elle d’une petite voix, cherchant à
percer mon ressenti.
— Non, je suis toujours vierge. Il... Il m'a fait ressentir... J’hésite un
moment, cherchant les mots appropriés pour décrire la nuit explosive que
j’ai vécue.
— Jouir autrement ? propose-t-elle avec un sourire bienveillant, essayant
d'alléger l'atmosphère.
— Oui, soupiré-je.
Même si j’essaie de masquer mes émotions, je suis sûre qu’elle peut
sentir la douleur et la confusion qui se cachent derrière mon sourire.
— Le réveil a été chaotique, ajouté-je comme je m'y attendais, avec ce
genre de type.
— Je suis désolée pour toi, ma chérie. Je sais à quel point tu craques
pour lui, tente-t-elle de me réconforter, consciente de la peine que je
ressens.
— Ouais, mais je savais aussi à qui j'avais affaire, alors je ne suis pas
trop surprise en fait. Juste déçue, réponds-je avec une pointe d'amertume.
Je commence à préparer mes affaires, désireuse de prendre une douche,
de m'habiller, et de passer à autre chose pour ne plus y penser.
— Salut les filles. Alya, c'est ta robe d'hier, n'est-ce pas ? Qui est
l'heureux élu ? demande Julia en apparaissant devant ma porte.
— Elle a passé la nuit dans les bras de Chris, déclare Kat avec un
énorme sourire.
Je la regarde, me demandant pourquoi elle a choisi de révéler cela. Julia
me fixe, son expression montrant clairement son mécontentement, et je
comprends soudainement pourquoi elle a partagé cette information. La
peste.
— Oh... Euh... Super, répond Julia de manière peu enthousiaste, puis
elle s'en va sans ajouter un mot de plus.
— Tu exagères de lui balancer ça comme ça, franchement. Il aurait
préféré passer son temps avec elle plutôt que de passer la nuit avec moi, de
toute façon.
— Pff, n'importe quoi, rétorque-t-elle en roulant des yeux, visiblement
incrédule.
— Ah, si, si, il l'a dit haut et fort.
— Tu plaisantes, il a vraiment dit ça ? C'est vraiment un connard. Il ne te
mérite absolument pas, déclare-t-elle.
— Je te l'avais dit, c'est bien son style. Bon, je vais prendre une douche.
Si on te pose des questions, tu n’as qu’à dire que je suis partie faire la fête
dans une orgie, afin de me détendre, plaisanté-je, cherchant à alléger
l'ambiance malgré la déception palpable qui flotte dans l'air.
Elle éclate de rire et dépose un baiser affectueux sur le front.
Une fois dans la salle de bain, je fixe mon reflet dans le miroir. J'ai
vraiment l'air épuisée, mais je n'ai versé aucune larme. Après tout, je savais
qu'il allait inévitablement gâcher les choses. Je ne l'ignorais pas, seulement
je ne savais pas comment. Eh bien, maintenant je le sais. Sous la douche,
l'eau chaude ruisselle sur ma peau, et je repense à la nuit précédente. J'ai
apprécié ce qu'il m'a fait, et je ne peux m'empêcher de ressentir un certain
plaisir, malgré la façon dont la matinée s'est déroulée. Pire encore, je suis
contente que ce soit lui qui m'ait fait ressentir ça. Je suis complètement
déboussolée, c'est indéniable. J'étais gênée, mais en même temps, je me
sentais étrangement à l'aise. Une fois totalement propre, je m'enroule dans
une serviette et retourne vers ma chambre.
— Je t’ai dit d'aller dans ma chambre, pas de disparaître, gronde une
voix derrière moi, lorsque je referme la porte.
Je sursaute et constate que Chris est assis sur mon lit vêtu du jogging
qu’il portait déjà ce matin.
— Je ne voulais pas te faire davantage pitié, et puis comme ça, tu peux
aller « sauter » Julia, comme tu l'as dit à tout le monde, répliqué-je
agressive, en déposant mes vêtements et mes affaires sur mon bureau.
— Je vois... Tu as entendu ce que j'ai dit à Zach,
— Oui, comme tout le monde d'ailleurs, puisqu’ils étaient tous là. Ils ont
entendu ce que tu pensais de moi, dis-je d'un ton froid, exprimant ma
déception quant à ses paroles précédentes.
— Peut-être espérais-tu que j'explique ce qui s'est passé entre nous à
Zach ?
Sa voix résonne avec encore plus de colère et d'exaspération.
— Je n'ai jamais dit ça, mais cela ne justifie en aucun cas de m'humilier
de la sorte devant tous les alphas avec ce que tu as dit, Chris. Réalises-tu
seulement la portée de tes paroles ? Tu as affirmé que tu avais pitié de moi.
C'est humiliant, hurlé-je à mon tour, la frustration et l'indignation se lisant
sur mon visage.
— Je m'excuse. Je n'aurais pas dû dire ça, c'est certain. Mais pourquoi
n'as-tu pas suivi mon conseil de rester dans ma chambre, bon sang ?
— J'ai entendu des cris... je... j’étais…"
— Trop curieuse ? me coupe-t-il.
— Oui... peut-être... Tu as clairement affirmé que tu aurais préféré être
avec Julia. Tu te comportes comme un enfoiré, et je veux que tu partes,
déclaré-je d’un ton ferme.
— Je ne pouvais pas dire la vérité à Zach, souffle-t-il.
Il s'approche de moi avec une lenteur délibérée, et l’anxiété monte en
moi. Je suis catégoriquement déterminée à ne pas lui laisser la moindre
chance de me toucher. Je sais que si cela se produit, je céderai, et je veux à
tout prix l’éviter.
Déterminée, je tente de le contourner pour lui échapper, mais Chris ne
compte pas me laisser m'en sortir si facilement. Il saisit ma serviette, la
détachant de mon corps, et celle-ci tombe au sol dans un froissement
embarrassant. Je me sens soudainement totalement désemparée, exposée
devant lui.
Dans un élan de panique, je cherche désespérément à attraper le t-shirt
qui se trouve sur mon lit pour me couvrir et retrouver un semblant de
dignité. Cependant, il fait un pas vers moi, bloquant mon accès au
vêtement. Mon cœur s'emballe, et je réalise que je suis complètement nue
devant lui.
— Ne te cache pas, murmure-t-il doucement, me prenant dans ses bras
sans essayer de m'examiner.
— Julia est dans sa chambre, tu n'as qu'à aller la voir, elle a de
l'expérience. Tu sembles la préférer. Tu l'as dit, lui rappellé-je.
— J'ai dit ça. Ce n'est pas ce que je pense. Pardonne-moi, je n'ai pas
réfléchi à quel point mes paroles pouvaient te blesser, s'excuse-t-il
sincèrement.
— Lâche-moi, Chris, je suis nue, répliqué-je, cherchant à m'éloigner de
lui.
— Si je te lâche, je verrai ton corps, et je te promets que ce sera bien
plus difficile de me retenir que maintenant.
Je souris légèrement en secouant la tête, mais je tente de me dégager de
son étreinte pour vérifier s'il tient sa promesse. Je me doutais bien que je
serais en difficulté si ses mains se posaient sur moi, et dans ma tenue d'Ève,
je ressens la chaleur de ses paumes sur ma peau, provoquant en moi une
réaction inédite.
Il me retient légèrement, souriant à son tour, et nous restons ainsi, perdus
dans l'intensité du moment.
— Tu es sérieuse ? Tu me cherches en plus, s'exclame-t-il, surpris par
mon attitude.
— Je ne vois pas de quoi tu parles. Je te fais pitié, c'est tout, pas envie,
répliqué-je, défiant son regard avec une pointe d'arrogance.
— Tu me rends dingue, surtout avec ton caractère de merde et ton corps
de déesse. J'ai autant envie de t'embrasser que de t'envoyer chier, avoue-t-il,
luttant contre la confusion qui règne dans son esprit.
— Et là, t'as envie de quoi ?
— J'ai envie de ça... répond-il en capturant mes lèvres dans un baiser
ardent.
Il me pousse doucement jusqu'à mon lit, mais je prends l'initiative de le
faire basculer, le plaçant sur le lit en premier. Puis, je le chevauche,
m'installant sur ses genoux, sans rompre notre étreinte passionnée.
— Ne te mets pas comme ça. Sérieux ! C'est plus que dangereux,
prévient-il d'une voix emplie d'émotion et de désir, conscient des risques
que notre proximité comporte.
Il se redresse et reste assis, m'embrassant passionnément dans le cou. Il
tire doucement sur mes hanches, me collant totalement à son corps. Entre
mes jambes, je sens son érection, dure et excitée. Sentir son sexe dur contre
ma peau nue a un effet dévastateur sur ma raison et mon cerveau. Toutes
mes résolutions semblent s'effacer, et je ne veux plus qu'il s'éloigne. Je suis
de nouveau sur lui, prête à prendre tout le plaisir qu'il souhaite m'offrir.
J'entoure son cou de mes bras, penchant la tête en arrière lorsque ses
lèvres commencent à embrasser ma poitrine. Sa langue glisse sur mes
tétons, une de ses mains s'occupant de l'autre en le malaxant avec fermeté.
Il me fait bouger sur lui, me frottant contre son sexe entièrement gonflé.
J'adore l'effet que cela produit sur moi, mais quand je l'entends gémir sur
ma peau, mon plaisir monte d'un cran. Savoir qu'il prend autant de plaisir
que moi décuple mon excitation. C'est encore meilleur qu'hier. Il ressent du
plaisir grâce à mon corps, et cette pensée m'excite encore plus. Il enfouit
son visage dans ma nuque et accélère le rythme de mes mouvements sur lui,
poussant un râle de plaisir.
— Oh putain… Alya
J'adore ce qu'il fait, la façon dont il me tient, la manière dont il me fait
bouger. Il prend le contrôle de mon corps, et je lui obéis volontiers. Sa
langue parcourt ma peau nue, provoquant des frissons. Une fois de plus, je
suis totalement à lui. Cette sensation monte dans mon bas-ventre, prête à
exploser complètement, me poussant à crier son nom pour la première fois.
Au même instant, je le sens se contracter et me serrer plus fort sur sa verge,
puis nous restons immobiles, enlacés.
Je perçois sa respiration lourde dans mon cou, et je n'ai plus envie de
bouger, de le quitter, ou de laisser la moindre chance à quoi que ce soit de
tout gâcher.
— Je vais devoir t'emprunter un pull, chuchote-t-il, sa bouche frôlant ma
peau frissonnante.
— Je ne suis pas sûre qu’il soit à ta taille.
— C'est juste pour le nouer autour de ma taille. Tu viens de me faire
jouir dans mon pantalon, et c'est un jogging gris, gamine. Ça va se voir, et
je te signale que tu as joui au même endroit.
Sans que je puisse m’en empêcher, j’explose de rire.
— Bref, tu es trempé, lâché-je brusquement.
Ses yeux s'écarquillent de surprise à ma réaction inattendue. Même moi,
je suis surprise de l'avoir dit à haute voix, et mes mains se retrouvent
instinctivement devant ma bouche.
— J'ai une mauvaise influence sur toi. Tu deviens plus audacieuse,
commente-t-il avec un sourire taquin. Habille-toi, je t'emmène en ville pour
la journée.
— Pour faire quoi ? demandé-je, intriguée par son soudain désir de
sortir.
— Je ne sais pas, se balader. Je vais prendre une douche et m'habiller,
puis je reviens te chercher.
Je réajuste ma serviette autour de moi, puis je lui tends un pull noir à
capuche pour qu'il le noue autour de sa taille.
Effectivement, Il a une trace sur l’entre-jambe et je résiste à l’envie de
me cacher.
Chris déverrouille la porte. Alors que je le raccompagne, je vois Julia
approcher, l'air surpris de le voir sortir de ma chambre, d'autant plus que je
ne porte qu'une serviette. Je me demande quelle sera la réaction de Chris
face à elle.
— Salut, Chris, lance la brune d'une voix froide, son regard glacial rivé
sur lui.
— Salut.
Il ne montre pas le moindre signe de malaise, puis se tourne vers moi et
m'embrasse de manière inattendue, profondément et langoureusement. Je
suis prise au dépourvu par son geste. Pourquoi fait-il cela devant elle ?
— Je reviens te chercher dans trente minutes, déclare-t-il avant de se
diriger vers la sortie.
— Ok, bredouillé-je un peu troublée, alors que Julia le fixe, visiblement
choquée par ce qu'elle vient de voir.
— Alya ?
— Oui ?
Je sens que quelque chose ne va pas et je redoute sa réaction.
— Il y a quoi entre vous ? Tu es au courant que tu n'es qu'une première
année ? lance-t-elle d'un ton condescendant, cherchant visiblement à me
remettre à ma place.
— Oui, mais... heu, ça change quoi ?
— Ça change que c'est le président des Alphas. Tu n'as pas à l'approcher,
déclare-t-elle avec un air supérieur.
— Je ne l'approche pas, c'est lui qui m'approche tout le temps.
Apparemment, il aime ça, répliqué-je avec une pointe d'exaspération.
Je ne suis pas sûre qu'elle apprécie ma réponse, mais je n'aime pas du
tout sa manière de me parler ni la façon dont elle me regarde, comme si
j'étais insignifiante, comme si Chris n'avait pas le droit de me toucher.
XXVII
Alya
— On était censé aller en ville. Je ne veux plus y aller avec toi, mais
avec Kat. Prête-moi ta voiture.
— Ma voiture ? Non, mais tu rêves, Alya. Je ne vais pas te prêter ma
caisse.
— J'ai quelques trucs à acheter en ville, et je refuse d’y aller avec toi. Je
t’ai assez vu.
— Moi, je veux qu'on parle.
— Même pas en rêve. Prête-moi ta voiture.
Zach a réussi à me convaincre, et maintenant, j'ai vraiment envie de
mettre la main sur cette bagnole.
— Tu vas la casser. Je ne sais même pas si tu as le permis.
— Évidemment que je l'ai, sinon je ne te demanderais pas ta voiture, tu
es con.
Il sort les clés de sa poche et me regarde dans les yeux en alternant entre
moi et ses clés. Zach, quant à lui, reste silencieux, affichant un sourire
amusé qui lui mange tout le visage, face à la scène qui se déroule devant lui.
— On parle quand tu reviens ?
— Non, hors de question. Mais je prends ta voiture quand même.
Je tends la main pour qu'il me donne les clés, soufflant d'agacement face
à la lenteur de sa décision.
— Tu ne sais même pas où elle est garée.
— Je me débrouille. Donne les clés, Chris.
Il les claque dans ma main en soupirant, vaincu.
— Je te préviens, tu la griffes, je te tue.
— Ouais, ouais.
— Bordel de merde, celle-là, je ne l'avais pas vu venir, s'exclame mon
frère en tapant dans le dos de Chris.
— Tu n'avais pas vu quoi ?
Je le regarde, surprise par sa réaction. Après tout, c'est lui qui m'a
encouragée à faire cette demande.
— Rien... Va en ville et passe une bonne journée, sœurette.
Il maintient son regard fixé sur Chris, sans se défaire de son immense
sourire, et hoche légèrement la tête, comme s'il avait enfin compris quelque
chose d'exceptionnel. Chris, quant à lui, se mordille la joue, refusant de
lever les yeux vers mon frère. Je laisse les deux hommes régler leurs
affaires, me désintéressant complètement de la situation. Je préfère partir
rejoindre Kat, ravie d'avoir une voiture à notre disposition pour partir en
balade entre filles.
XXIX
Alya
Je fais une entrée tonitruante dans la maison en poussant bruyamment la
porte dès mon arrivée. Mon moral est en berne, mais l'idée de m'éloigner du
campus pour prendre un peu de recul me réconforte, même si cela signifie
emprunter la voiture de celui qui m’a trahi.
— Kat, on va en ville. J'ai une voiture, crié-je en direction de l'étage.
Je monte les escaliers en courant. Kat se trouve toujours dans ma
chambre en compagnie de Méline. Elles déboulent dans le couloir,
intriguées par l'intensité de mes cris. Mon hurlement était si puissant que
même Julia émerge de sa chambre. Je n'ai vraiment pas envie de la voir en
ce moment, celle-là. Un petit coup de poing bien placé dans la mâchoire
serait vraiment satisfaisant, mais je me contente de la dévisager.
Les filles me fixent tandis que je secoue les clés de la voiture avec un
grand sourire.
— Allez, venez, on va faire les magasins !
— À qui appartient cette voiture ? demande Kat, manifestement surprise
de me voir souriante.
— À Chris. Il me la prête pour aujourd'hui.
— Attends, quoi ? Chris te prête sa voiture ? s'écrie Julia, bouche bée.
Elle ne parle pas, elle crie carrément sa question. On dirait qu'elle s'est
presque étranglée en la posant. Un point pour moi, pétasse.
— Ouais, il était censé m'emmener en ville pour passer la journée juste
tous les deux, mais les choses ont pris un autre tournant et je ne veux plus y
aller avec lui. Alors il m'a passé les clés de sa bagnole. Il avait l'air
tellement désolé, comme s'il cherchait à se faire pardonner. Il se sentait
tellement coupable d'avoir couché avec toi. C'était pathétique. Il m’a
presque suppliée de la prendre.
Bon, d’accord j’exagère.
— Attends !!! Vous deviez sortir ensemble en ville... tous les deux ?
Même Méline a l'air choquée.
— Ouais. Mais avec tout ce que tu m'as dit, j'ai vidé mon sac devant tout
le monde, et j'ai tout dit à Zach aussi. Forcément, je ne veux plus passer de
temps avec lui. Mais je voulais quand même aller en ville, alors il m'a prêté
sa bagnole. Pourquoi cela vous choque autant ? Zach a déjà fait tout un
cirque à ce sujet.
— Alya, il ne prête pas sa voiture... À personne. Même ton propre frère
n'a jamais pu la conduire.
— En revanche, je ne comprends pas qu’est-ce que tu lui as dit,
m'interroge Julia.
— Méline m'a raconté toute l'histoire du concours de dépucelage, et le
fait qu'il m'ait poussée à intégrer la sororité. J'ai raconté à mon frère ce qu'il
s'est passé entre Chris et moi. Comme ça, j'ai réglé mes comptes et il n'y a
plus aucun secret.
Julia baisse les yeux, l'air plutôt gênée par ma réponse. Je ne comprends
pas très bien pourquoi cela la dérange autant, mais après tout, elle ne
m'intéresse pas et je préfère l’ignorer.
— Allez, on se tire... Méline, ça te dit de faire du shopping ?
Il est hors de question que je propose ça à Julia, et j'espère qu'elle a bien
pigé. D'ailleurs, je lui tourne ostensiblement le dos en posant la question.
Cette fille ne fait pas du tout partie de mes plans, bien au contraire. Je vais
lui rendre la monnaie de sa pièce pour ce qu'elle vient de me faire
— Ouais, une balade dans la voiture de Chris, je ne dis pas non,
s'exclame Méline en tapant des mains d'excitation.
— Je ne sais même pas quel modèle de voiture il a, lui dis-je.
— Tu vas être surprise, c'est certain. Je n'en reviens pas qu'il t'ait prêté sa
bagnole.
— Excuse-moi, Julia, tu me gênes, lui dis-je.
Elle se tient sur mon chemin et m'empêche de passer. Cependant, j'adore
l'expression qu'elle arbore, alors j'ai envie de renforcer un peu la situation.
— Allez, disons merci à monsieur Barber pour notre après-midi
shopping, grâce à sa jolie voiture, et pour son incapacité à me dire non.
Peste, moi ? mais non.
Nous sortons de la maison en suivant Méline qui rit aux éclats. Elle sait
où est garée la voiture, ce qui devrait faciliter les choses. Nous passons
devant la maison des Alphas, où Zach est assis sur les marches de l'entrée.
— À plus tard frangine, amuse-toi bien, beugle Zach.
— Fais attention quand même, me supplie le propriétaire de la voiture.
Soudain, Méline hurle en direction de mon frère, ce qui me fait sursauter
sur place.
— Zach ? Tu n'as pas vu cela venir, n'est-ce pas ?
— Pas du tout, mais la suite devrait être amusante.
— Tu m'étonnes.
Méline me prend dans ses bras. Je n'ai rien compris à leur conversation,
mais je m'en fiche. Aux vues de leur relation, cela doit être un truc entre
eux.
Une fois sur le parking, j'appuie sur la clé pour déverrouiller le véhicule,
et j'entends un bip retentir un peu plus loin. Je reste bouche bée en
découvrant le véhicule.
— Wow, c'est sa voiture ? m'exclamé-je en la contemplant.
— Ouais, et personne, je ne dis bien personne, ne la conduit, à part
Chris, lui-même.
La voiture est d'un noir élégant, avec une allure sportive qui attire le
regard. Même si je ne suis pas une experte en automobile, il est indéniable
que son design est captivant. Je m'installe derrière le volant, ressentant une
légère appréhension.
— Qu'est-ce qui se passe, chérie ? m’interroge Kat en remarquant mon
trouble, et saisit ma main.
— Je crains de l'abîmer, avoué-je.
Derrière nous, Méline éclate de rire de nouveau.
— Sincèrement, s'il te prête sa voiture, tu pourrais la démolir. Je suis
certaine qu'il serait incapable de te dire quoique ce soit.
— Tu plaisantes, je suis persuadée qu'il me tuerait sur place.
— Dis, Méline... Personne... jamais ? demande Kat les yeux plissés.
— Jamais, ma belle.
— Bah si, moi, répliqué-je, sans prêter attention à leur sourire de
conspiratrice.
J'allume le moteur, et oh la la ! Le son est magnifique. Je commence à
reculer, le sourire aux lèvres. L'excitation est à son comble, c'est comme si
c'était Noël avant l'heure. Je suis concentrée comme jamais, morte de peur
de faire une bêtise.
— Elle ne voit rien, ma parole ? s'exclame Kat en regardant Méline
assise à l'arrière.
— Quoi ? Je n'ai rien vu, quoi ? hurlé-je paniquée.
Je scrute tout autour de la voiture, craignant d'avoir pu manquer quelque
chose et de rentrer dedans. Cependant, elles rient toutes les deux, leur rire
résonnant joyeusement dans l’habitacle.
— Rien du tout, chérie, rien du tout. Vas-y, c'est mignon. J'adore ton
innocence, dit Méline.
— Ouais, si tu le dis, réponds-je sans comprendre de quoi elle parle. En
avant, direction le shopping.
XXX
Chris
— Zach, file-moi le numéro de ta sœur, s'il te plaît.
Je risque de me liquéfier sur place. Pourquoi diable ai-je laissé ma
voiture à cette fille ? Sérieusement !!!
— Pourquoi ?
— Parce qu'elle s'est déjà barrée avec ma caisse. Bordel, je n'ai même
pas eu le temps de lui montrer quoi que ce soit.
— Comment ça se fait que tu n'aies pas son numéro ? D'habitude, tu as
le numéro de toutes les filles avant tout le monde.
— Ouais, mais je n'ai pas le sien. Je la croisais tout le temps quand
j'avais besoin de lui dire quelque chose. Bref, tu me donnes son numéro, oui
ou merde.
C'est incroyable, je vais bientôt devoir le supplier pour pouvoir obtenir le
numéro de sa sœur, alors qu'elle a ma voiture. Putain, si elle lui fait une
bosse, je la tue sur place, et je lui fais la même au milieu du front, on la
prendra pour une licorne.
Je lui arrache son portable des mains, transfère son numéro et l'appelle
immédiatement.
— Allo !!! hurlé-je, mes nerfs sont bien trop sollicités pour que je puisse
parler normalement. Tu es au volant... Pourquoi tu décroches, bordel ?
— Bah parce que tu m'appelles, tu es con, me crie-t-elle dessus à son
tour déjà agacée.
— Tu n'as pas tes deux mains sur le volant quand tu es au téléphone,
bordel, tu ne devrais pas répondre.
— Bah, si, je suis en Bluetooth, banane. Tout le monde t'entend,
d'ailleurs.
Des filles éclatent de rire derrière.
— Vous êtes combien là ? Tu avais dit que tu partais avec Kat.
— Il y a Méline avec nous aussi, t'inquiète. Je t'ai laissé Julia si tu
voulais encore te la refaire dans un coin.
Génial, en plus, elle me lynche devant tout le monde.
— Tu fais attention à ma voiture. Ce n’est pas une blague, Alya.
— Ouais... Oh là là, tu es gonflant. Ah, au fait, il y a une grosse tache de
café sur le siège, mais c'était déjà là, ce n'est pas notre faute.
— QUOI ? Quelle tache ? Il n'y a aucune tache. Je vais péter les plombs,
bordel !
Je l’entends éclater de rire dans le téléphone, accompagnées des deux
traitresses qui l’accompagnent. Elle se fout clairement de ma gueule, espèce
de pestes.
— C'était juste une blague, Chris. Ne t'énerve pas autant. Bon, je te
laisse, ta voix m'horripile. Salut.
Elle m'a raccroché au nez, sérieusement ? Je n'en reviens pas. Je pense à
la rappeler pour lui dire ce que je pense, mais Zach intervient.
— Chris, laisse-la tranquille, elle va te renvoyer promener.
Zach me regarde en se marrant. Il n'y a vraiment rien de drôle, putain.
Elle a ma voiture, et je ne sais même pas où elle va avec. Je m’en fous, je
rappelle.
— Quoiiii ??? Pourquoi tu me prends autant la tête ? hurle-t-elle en
décrochant.
— Il y a combien d'essence dans la voiture ?
— Tu le sais très bien, elle est pleine, putain.
Soudain, j'entends Kat interpeller un inconnu.
— Salut beau gosse.
— Salut les filles, alors on se balade.
— Ouais, et toi, tu es tout seul ? roucoule Alya à son tour.
— Putain, Alya, arrête d'accoster n'importe qui avec ma caisse, merde.
Elles se marrent encore plus fort, et j'entends même le klaxon résonner.
— Alya !!!! Je te conseille de faire attention à ma putain de caisse et
d'arrêter tes conneries.
— Rhoooo. Tu me saoules, si les filles comptaient autant pour toi que ta
caisse, tu serais un mec plus intéressant. Bon, allez, maintenant, laisse-nous
tranquilles, tu nous gonfles, tu es lourd. Au revoir, Barber.
Elle coupe une nouvelle fois la conversation. Je regarde mon téléphone,
prêt à la rappeler, mais Zach pose sa main sur l’écran, pour m’en empêcher.
— Ne la rappelle pas, tu vas l'agacer.
— Si elle abîme ma voiture, je la tue.
— Tu ne tueras pas la fille dont tu es amoureux, même si elle détruisait
complètement ta bagnole.
— Quoi ? Je ne suis pas amoureux de ta sœur, mec, soyons clairs. J'ai
merdé, je sais, je n'aurais pas dû la toucher, mais je...
Je m'interromps, ne sachant plus vraiment quoi dire. Je ne suis pas
amoureux de cette fille. Je ne tombe pas amoureux, je ne ressens pas
d'amour. Je m'amuse, je baise, mais je ne tombe pas amoureux.
— Tu ?
— Écoute, j'ai été prévenant avec elle. J'ai avancé à son rythme. Je
voulais que ça soit différent cette fois. Elle est attachante avec son franc-
parler, son caractère de feu et sa timidité excessive. Je te jure que je n'ai pas
fait de conneries, je n'ai pas été imprudent.
— Je sais. J'ai parlé avec elle, elle m'a expliqué des choses qui m'ont
surpris, mais il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi n'es-tu pas
allé la chercher ? Pourquoi as-tu couché avec Julia ?
— Parce que je suis un connard.
C'est la vérité. Mais je préfère lui expliquer pourquoi j'ai agi ainsi. Être
honnête avec lui. De toute façon, à présent, il est au courant de tout, Méline
a tout raconté.
— Julia a débarqué furieuse dans ma chambre ce matin, criant parce
qu'elle avait entendu Alya gémir dans sa chambre et m'avait vu sortir après.
Elle a pensé que nous avions couché ensemble. Je te jure que ce n'est pas...
enfin, nous l'avons fait... mais pas de cette manière... enfin, bref...
C'est délicat de raconter ça en réalité, c'est mon pote, mais c'est son frère.
J'ai l'impression qu'il pourrait me mettre une raclée si je dis les mauvaises
choses. Je sens que ça va être une conversation tendue.
— Julia a pété un plomb parce qu'Alya n'est qu'une première année, et
elle m'a dit que si je continuais à coucher avec elle, elle révélerait que c'était
juste un point de plus pour notre concours de l'an passé. Elle te dirait à toi
que j'avais couché avec ta sœur et que je l'avais imposé à la sororité. En
gros, elle me mettrait dans la merde. Je ne voulais pas qu'Alya apprenne
tout ça, et je ne voulais pas me prendre la tête avec toi, alors j'ai cédé.
Finalement, quand Julia a commencé à me sauter dessus, je n'ai vraiment
pas eu le choix. Je me suis fait prendre à mon propre jeu. Je n'avais aucun
moyen de la repousser, cette salope. Maintenant, j'ai bien l'intention de me
faire plaisir et de l’envoyer chier.
— Je connais ma sœur, elle t'en veut, c'est sûr. Question caractère, elle
n'en manque pas, même si je trouve qu'elle est beaucoup plus expressive
depuis qu'elle est arrivée ici. Moi, je la connais comme quelqu'un de timide
et réservé.
— Timide et réservée... répété-je en repensant à nos interactions. Elle est
gênée pour un rien, c'est assez drôle, en fait.
— Arrête de coucher avec tout ce qui bouge, Chris. Peut-être qu'alors, tu
arrangeras les choses avec elle.
— Julia n'est plus en position de me faire chanter. Elle ne peut plus me
menacer.
— Tu as couché avec Anna cette semaine ?
Son ton réprobateur est évident, et je réalise que j'ai encore fait une
connerie. Une de plus.
— Alya était collée à Seb, bordel, elle me gonflait, me justifié-je.
— Et donc, tu sautes sur une autre fille ?
— Oh, arrête, on a toujours fait ça, sauter sur des nanas depuis notre
première année.
— Oui, mais maintenant, il y a ma sœur. À qui tu prêtes ta voiture,
souligne Zach.
Putain, il a raison en plus. Je lui ai prêté ma voiture
— Je voulais juste essayer d'arrondir les angles pour essayer d'arranger
les choses, c'est tout, ne vas pas imaginer quoique ce soit de sérieux, me
défends-je.
— Qui conduit ta voiture d'habitude ?
— Personne... Jamais. On ne touche pas à ma voiture, m'emporté-je Je
ne veux pas prêter ma voiture !
— Si... Ma sœur, répond ce traitre en me jetant un regard moqueur.
Connard !!!
Une fois dans ma chambre, elle dépose ses affaires dans un coin,
débutant une exploration minutieuse de l'espace. Il faut dire que la dernière
fois qu'elle est venue, elle était non seulement saoule, mais également
animée par une colère à mon égard. Je garde le silence, l'observant
attentivement. Ses petites mains parcourent les papiers sur mon bureau.
Avec quelqu'un d'autre, j'aurais réagi à une telle intrusion, mais venant
d'elle, elle peut fouiller à sa guise, cela ne me dérange pas. En tout cas, pas
ici.
Elle survole même mon devoir de littérature. Elle se positionne près de
la fenêtre, contemplant l'extérieur en silence. Que peut-il bien se passer
dans sa petite tête ?
Je m'approche d'elle, la collant contre moi, son dos contre mon torse. Ma
main caresse doucement son ventre, et je dépose un baiser à la base de sa
nuque.
— À quoi tu penses ?
— À rien. Je regarde juste la vue que tu as d'ici, répond-elle.
Son regard est perdu dans l'horizon, mais je repère la fenêtre de sa
chambre qu'elle n'a même pas remarquée. Je sais qu'elle ment. Elle peut
tromper ses parents en les regardant droit dans les yeux, mais dès qu'elle
essaie avec moi, ce léger tremblement presque imperceptible apparaît dans
sa voix au moment où elle commence à mentir.
Je préfère la laisser croire que je crois ce qu'elle me dit. Je n'ai pas envie
de provoquer un nouveau conflit. La soirée a failli déraper déjà deux fois,
une fois dans la voiture et une autre ici. Pour l'instant, je veux simplement
me poser avec elle, profiter et conclure ce week-end comme il a commencé,
vendredi soir chez elle.
— Je vais prendre une douche, murmure-je dans son cou.
— D'accord. J'irai après.
-Ou, tu peux venir avec moi.
Je sens son embarras, perceptible à la grimace qu'elle fait.
— Quoi ? Je t'ai vue toute nue, et toi aussi. Allez, viens.
Je la tire délicatement vers ma salle de bain. En allumant la lumière, je
perçois à sa tête qu'elle ne s'attendait pas à cela. Une grande douche à
l'italienne, un lavabo plutôt spacieux, et des toilettes, le tout dans un décor
de marbre et de carrelage foncé, plutôt classe.
Je la regarde avec un sourire, essayant de la rassurer.
— Alors, tu viens ?
L'invitation plane dans l'air, un mélange subtil de suggestion et d'envie,
je dois constamment la rassurer. Nous sommes dans une bulle intime, où les
barrières de la pudeur semblent s'estomper. Mon regard cherche le sien,
essayant de capturer l'étincelle de son consentement.
Je me tourne vers elle, elle vient à reculons. Un doux baiser effleure ses
lèvres, une caresse tendre pour la mettre en confiance. Elle, d'ordinaire si
intrépide, peut être étonnamment timide dans certaines situations. C'est
comme s'approcher d'un animal sauvage, une approche délicate pour qu'elle
se détende. J'aime ce défi, celui de lui faire faire ce que je désire, tant
qu'elle l'accepte. Mais lorsque mes lèvres rencontrent les siennes, je réalise
que nous sommes tous les deux troublés. Sa bouche est d'une douceur
exquise, un léger goût de vanille qui semble être sa signature. Cette fille me
rend complètement dingue dès que je la touche.
Avec délicatesse, je retire son tee-shirt et dégrafe son soutien-gorge. Elle
tente instinctivement de cacher sa poitrine, mais je l'en empêche. En
symétrie, j'enlève mon propre tee-shirt. Il m'amuse de constater comment
elle réagit à chaque fois. Moi, à j’ai à peine le droit de la regarder, mais elle,
elle me détaille centimètre par centimètre sans la moindre gêne. Sa main
glisse sur mon torse, la suivant des yeux. Je pense que je n'ai jamais vécu un
moment aussi doux et intense avec qui que ce soit de toute ma vie, et tout
cela, simplement pour prendre une douche. Elle abaisse sa main jusqu'à ma
ceinture et commence à la défaire, se mordant la lèvre, ce petit tic que
j'apprécie tant. Un frisson d'anticipation parcourt mon corps. Je sais à quoi
elle ne pense rien que quand elle fait ça. Elle ouvre totalement mon
pantalon et pose ses mains de chaque côté de mon jeans. Je fronce les
sourcils, me demandant ce qu'elle a en tête. Elle me le baisse, mais là où je
perds contenance, c'est lorsqu'elle se baisse en même temps, se mettant à
genoux devant moi.
— Alya, qu'est-ce que tu fais ?
— Tu étais censé me laisser essayer avant d'apprendre mon âge, souffle-
t-elle.
Je n'ai pas tout de suite compris son intention, mais mon corps réagit
instantanément. Quel est cet effet de malade qu'elle a sur moi ? Une
sensation enivrante me submerge alors qu'elle pose délicatement sa main et
entame une caresse langoureuse sur mon membre qui n'attendait que cela.
Un frisson parcourt ma peau, et je me retrouve emporté dans un tourbillon
de sensations électrisantes.
— Je n’ai pas le droit de te mordre, c'est ça ? plaisante-t-elle.
Je suis obligé de rire à ses bêtises.
— Si tu la mords, tu l'auras plus.
J'observe ce qu'elle fait, j'aime le mouvement de sa main. Elle lève les
yeux et remarque que je l’observe.
— Tu peux ne pas me regarder s'il te plaît.
Un sourire se dessine sur mon visage, mes yeux se relèvent avant de se
fermer, dégustant chaque sensation que m'offre Alya. Lorsque sa langue
effleure mon gland, un frisson parcourt tout mon être, et le simple contact
menace de me faire jouir instantanément. Mais quand elle prend ma verge
dans sa bouche, je ne peux retenir un grognement. La chaleur envoûtante de
sa bouche autour de moi est tout simplement irrésistible.
— Oh, putain... Alya !
Elle s'applique à faire des va-et-vient, essayant de prendre ma verge
aussi profondément qu'elle le peut. Sa langue danse habilement,
synchronisée avec ses mouvements. Elle est incroyablement douée. Aucun
besoin de lui expliquer quoi faire. Baissant la tête, j'observe chaque geste,
chaque sensation. J'aurais dû m'abstenir, car je perds complètement le
contrôle et me sens déjà au bord de l'orgasme. Fermant les yeux, je lutte
entre la jouissance imminente et le désir de prolonger cet instant avec sa
bouche, mais je ne peux pas.
— Alya, arrête je vais jouir… Enlève toi ! grogné-je en tentant de me
contenir.
Pourquoi elle ne bouge pas ?
Merde.
Je vais lui jouir dans la bouche si elle continue. J'essaie de la pousser
mais à croire que ça l'amuse. Elle resserre légèrement ses lèvres et accélère.
Je deviens dingue. Je perds totalement pied en poussant un râle bruyant
de jouissance attrapant ses cheveux et m'enfonçant au fond de sa gorge.
C'est que quand je l’entends tousser que je me rends compte que j'ai été
peut-être un peu fort et me retire rapidement de sa bouche et m'agenouille
devant elle.
— Ça va ?
— Oui, tu n’étais pas obligé d'aller si loin à la fin. Tu as voulu
m'étouffer ?
Je suis obligé rire avec sa bouille de petite fille innocente. Elle vient de
me tailler la meilleure pipe de toute ma vie, et elle a une tête de bébé.
Quand je dis qu'elle me rend dingue. Et le pire c'est qu’elle n’a même pas
l'air embêtée que je me sois lâché dans le fond de sa gorge.
XXXXVII
Alya
Je reste stupéfaite d'avoir osé faire ça. Ma mâchoire me fait mal, comme
si elle protestait contre son membre imposant. Aurait-il été possible d'avoir
une queue un peu moins intimidante ? Les questions fusent dans ma tête. A-
t-il apprécié ? Bien sûr, je n'oserais jamais lui poser cette question, mais au
moins, je ne l’ai pas mordu, c’est une victoire en soit.
Nous nous relevons, et il s'affaire à retirer délicatement mes vêtements,
m'embrassant avec une tendresse inattendue. Je n'aurais jamais cru qu'il
puisse se montrer aussi attentionné, même s'il m'a déjà démontré cette
facette par le passé. Je me demande s'il adopte cette attitude avec toutes les
femmes, ou si je suis privilégiée. J'aimerais croire que je suis la seule à
bénéficier de cette attention particulière.
Il m'attire doucement sous la douche, et ses bras m'enlacent, nous
laissant simplement enveloppés par l'eau ruisselante sur nos corps. Il ne
cesse de me surprendre, et finalement, je ne regrette absolument pas de ne
pas avoir participé à la soirée. Être ici avec lui est bien plus satisfaisant.
Une légère augmentation de la température de l'eau serait parfaite.
Discrètement, j'essaie de tourner le robinet vers le côté chaud, mais je
dérape et le tourne au maximum, il se met soudainement à hurler, puis il me
dévisage, les sourcils froncés.
— Si tu veux que l'eau soit un peu plus chaude, n'hésite pas à me le dire,
mais ça ... Non !
— Excuse-moi, soufflé-je en me retenant de rire.
Il attrape son gel douche et en applique sur mon corps, commençant à le
masser délicatement. J'apprécie cette odeur qui imprègne l'atmosphère, une
fragrance indéniablement la sienne. À mon tour, je fais de même, laissant
mes mains glisser sur l'étendue de son corps. Chacun de nos gestes crée une
connexion silencieuse, une intimité partagée sous la cascade d'eau chaude.
Une fois nos corps séchés, je me glisse dans un pyjama.
— Tu comptes vraiment dormir avec ça ? me taquine-t-il, l'air joueur.
— C’est justement le principe d'un pyjama.
Il lève un sourcil taquin.
— Un pyjama, ce n'est pas censé être sexy, Alya, gronde-t-il.
Je m'observe un instant, détaillant chaque centimètre carré de mon corps.
C'est simplement un short et un débardeur en satin, avec une touche de
dentelle. Pourtant, je me sens à l'aise dedans, troquant mon habituelle
combinaison tee-shirt et petite culotte.
— Tu veux que je l'enlève ?
— Et tu prévois de dormir comment dans ce cas ? rétorque-t-il, son
regard pétillant d'amusement.
— Nue, réponds-je avec un sourire espiègle.
Il éclate de rire devant ma réponse.
— Va pour le pyjama alors, consent-il enfin.
Il m'attire doucement vers lui, et, allume son ordinateur, il cherche un
film. En moins de dix minutes, il devient évident que nos préférences
cinématographiques divergent autant que nos goûts musicaux. Il choisit un
film de super-héros, me vantant les mérites des effets spéciaux
spectaculaires. Bien que cela ne suscite guère mon intérêt, il persiste à me
commenter chaque détail du début du film avec un enthousiasme
horripilant.
— Tu peux te taire ? lancé-je d'un ton franc, accentuant mon désintérêt pour
le film qu'il a choisi. Déjà que je n'aime pas ton film, mais si en plus tu me
fais un cours de réalisation, rappelle-toi que moi, c'est les scripts. Je me
fiche royalement de ton boulot.
— C’est sympa de passer la soirée avec toi, dis donc.
— Mais tu as choisi un film pourri, insisté-je.
— Eh bien, tu veux regarder un vieux film d'amour à l'eau de rose où ils
finissent heureux avec plein d'enfants ? bougonne-t-il en grimaçant de
dégoût.
— Non, je veux un film d'horreur avec plein de morts et beaucoup de
sang, et toi, tu auras tes effets spéciaux.
— Tiens, ce n’est pas con ça, admet-il.
— Et ça nous met tous les deux d'accord en plus.
Je me laisse doucement emporter par le sommeil, et pivote délicatement
sur le côté, me retrouvant face à lui. Ma tête repose maintenant sur son
épaule, mon visage enfouit dans sa nuque, tandis que mon bras s'étend
doucement sur son torse.
La pénombre tamisée de la pièce se mêle à l'éclat de l'écran, créant une
atmosphère apaisante. Sa présence rassurante, accentue cette douce
transition vers le sommeil. Les murmures du film deviennent lointains,
noyé dans le souffle régulier de nos respirations synchronisées.
— Tout ça pour t'endormir au bout de sept minutes de film, plaisante-t-il.
Déjà à moitié endormie, je chuchote doucement dans son cou :
— Désolée.
— Ce n’est rien, bébé. J'aime quand tu respires dans ma nuque.
— Et moi, j'aime le faire, murmuré-je à peine audible.
— Bonne nuit.
— Mmm. Mmm, bonne nuit. Je t'ai….
Heureusement la fin de ma phrase est avalée pas le sommeil.
*****
*****
— Bonjour à tous, jeunes gens. J'espère que votre week-end s'est bien
déroulé, empreint de repos et de détente. Bien sûr, je ne suis pas naïf, je me
doute que la plupart d'entre vous ont fait honneur aux fêtes en tout genre
sans relâche. Comme vous pouvez le constater, les étudiants de deuxième
année nous ont rejoints, et nous collaborerons tous les lundis matin. En
effet, cette année, nous aurons la chance de former des binômes. Pour ma
part, c'est un véritable miracle, puisque nous sommes neuf dans les deux
groupes. Y a-t-il parmi vous des binômes déjà constitués ?
Seb et moi levons la main. Celui-ci nous observe tous les deux
attentivement.
— Ah, je vois un Alpha et une Kappa, je présume ? déclare-t-il avec un
léger sourire.
J'acquiesce discrètement, tandis que Seb affiche un magnifique sourire.
Les regards de toute la classe se tournent vers moi, apparemment surpris
d'apprendre que je fais partie d'une sororité. Soudain, je ressens une certaine
gêne et tente de me faire toute petite.
— Bien, Sebastian, je te laisse aller prendre place à côté d'Alya. Quant
au reste, je vous laisse le choix, je n'impose personne.
En marchant vers ma place, je sens le regard curieux de mes camarades
posé sur moi. La révélation de mon affiliation à une sororité semble avoir
créé une certaine agitation dans la classe. Mon cœur bat un peu plus vite, et
je tente de dissimuler mon embarras en prenant place. Le professeur
observe la réaction de la classe avec un léger sourire en coin, puis poursuit
ses explications sur la formation des binômes.
Seb vient s'asseoir à côté de moi, et spontanément, je prends son bras,
posant ma tête sur son épaule, le surprenant par ce geste. J'apprécie
réellement ces moments de proximité avec lui, même si, à cause de la
jalousie maladive de Chris, j'ai appris qu'il avait eu des relations avec de
nombreuses filles. Malgré cela, Seb a toujours été d'une grande gentillesse à
mon égard, prévenant et attachant. Je suis reconnaissante qu'il ne m'ait pas
tenu rigueur des horreurs que je lui avais dites ce soir-là, alors qu’en réalité,
je n'avais même pas mon mot à dire.
Le professeur reprend la parole, annonçant que tous les binômes sont
maintenant constitués et que nous allons tirer au sort notre premier thème
de film. Nous aurons jusqu'au mois de janvier pour écrire un court métrage
sur le sujet qui nous sera attribué. Ces scénarios seront ensuite remis aux
étudiants de troisième année en réalisation, qui auront pour mission de les
mettre en scène.
— Seb, à toi de jouer, déclare le professeur, incitant mon binôme à tirer
un thème au sort.
Une lueur d'excitation traverse mon regard à l'idée que Chris puisse être
celui qui réalisera notre scénario.
Seb plonge sa main dans le sachet contenant les thèmes écrits sur des
petits papiers. Le professeur fait circuler le sachet dans la classe. Lorsqu'il
déplie le papier, son visage s'illumine, et il me regarde en éclatant de rire.
Intriguée, je jette un coup d'œil au thème qu'il a tiré.
« Comédie romantique »
— Tout ce que j'aime.
Je suis consciente de l'ironie de ses paroles, car en réalité, il déteste ce
genre. Cependant, moi, j'adore. Je trouve que cela pourrait être amusant et
stimulant, même si je sais que ce n'est pas du tout son style.
— Parfait, donnez-moi le thème que je le note, demande le professeur.
Puis, il annonce une particularité pour cette année : nous devons nous
mettre en scène dans notre histoire. Un murmure de confusion parcourt la
classe, chaque étudiant se demandant comment intégrer sa propre personne
dans un scénario.
— Je m'explique, Sebastian, Alya, votre thème est la comédie
romantique. L'amour, c'est entre vous deux, vous êtes les héros de votre
histoire, précise le professeur.
Un éclair de compréhension traverse le regard de Seb et le mien. Nous
éclatons de rire, imaginant déjà les scénarios hilarants que cela pourrait
engendrer.
— C'est Chris qui va adorer ça, plaisante mon binôme. Seb et moi
continuons de rire, mais au fond de moi, je pressens que cette situation va
sûrement me valoir quelques conflis supplémentaires. Malgré cela, je suis
excitée à l'idée de créer une comédie romantique mettant en scène notre
propre relation. Cela promet d'être une expérience originale et amusante,
même si je sens que cela va également ajouter quelques problèmes entre
moi et le président des Alphas.
Je prends la main de Seb, entrelaçant mes doigts aux siens, ce qui le fait
cesser immédiatement de rire, son attention captivée par ce simple geste.
— Alors, chéri, c'est toi ou moi qui brise le cœur de l'autre ? je lui
demande en souriant.
Il hésite un moment, puis répond avec humour :
— C'est souvent le garçon qui endosse le rôle du méchant. Pour une fois,
c'est toi qui me brises le cœur.
— D'accord, je suis la méchante. Ça me va, accepté-je en riant.
Le reste du cours se déroule assez calmement. Le professeur nous laisse
le temps de faire connaissance avec nos binômes, bien que Sebastian et moi
nous connaissions déjà. Profitant de cette pause, nous griffonnons des idées.
La matinée se poursuit sans heurts, et lorsqu'arrive l'heure du déjeuner, je
retrouve Seb à notre table à l'extérieur.
— Coucou, lancé-je en déposant mon déjeuner sur la table avant de
m’installer.
— Hey, ça va, terreur ? est-ce que je peux te poser une question un peu
indiscrète ? s’enquiert-il timide.
— Oula, ça promet, mais vas-y.
— Toi et Chris, vous êtes en couple ?
Je me retrouve désemparée face à cette question. J'aimerais tant pouvoir
répondre par un simple "oui, nous sommes amoureux et en couple," mais à
la place, je suis contrainte de révéler la réalité. Du moins celle que Chris
veut que je réponde.
— Non, Chris en couple, vraiment ? On est... amis améliorés, quelque
chose comme ça. Enfin, je crois, dis-je en tentant de dissimuler la déception
amère qui m'envahit.
— Ah, je vois. Il a beaucoup d'amies de ce genre-là, souffle-t-il.
— Je sais. On peut changer de sujet ? Tu fais quoi ce soir ?
— Rien, pourquoi ?
— Ça t'embête si je te rejoins dans ta chambre pour qu'on essaie au
moins de trouver l'idée de base ? comme ça je pourrais avancer un peu.
— Ça t'excite, pas vrai ?
— Pardon ?
Je suis choquée par sa remarque. Il doit le voir à ma tête, car il panique
et bafouille.
— Non, enfin, ça ne t’excite pas de cette manière... Je veux dire... Le
travail t'excite... Tu es excitée par le projet.
Il bredouille autant qu'il le peut, ce qui me fait rire. Pour le rassurer, je
pose ma main sur la sienne et lui fais signe d'arrêter.
— Oui, bien sûr, c'est le projet qui m'excite, plaisanté-je, consciente du
malentendu. J'ai compris, Seb. Arrête, lui dis-je en remarquant sa gêne
croissante.
Il baisse la tête en soupirant, visiblement totalement embarrassé. Malgré
cela, je suis toujours prise d'un fou rire incontrôlable, me penchant vers lui
et posant ma tête sur son épaule tout en continuant de me moquer gentiment
de lui.
— Je vois que ça s'amuse bien ici, lance une voix derrière nous.
Seb fait un premier mouvement de recul en voyant Chris apparaître. Pour
ma part, je ne bouge pas, convaincue de n'avoir rien à me reprocher dans
ma manière d'être avec lui. Cependant, je me décale finalement, réalisant
que la situation le met mal à l'aise, tout en continuant à rire.
Chris s'assoit à notre table, tenant un plateau de la cafétéria d’une main,
et de l’autre il m'attire par la nuque pour m'embrasser sur le front.
— Alors, qu'est-ce qui t'amuse à ce point ?
— Oh, j'ai demandé à Seb de le rejoindre dans sa chambre ce soir pour
trouver le sujet de base de notre devoir. Il m'a demandé si ça m'excitait.
Chris lâche sa fourchette dans son assiette et se tourne vers Seb, l'air
mauvais. Malgré sa réaction, je continue mon histoire, savourant le
moment.
— Mais il parlait du devoir, du coup ça m'a fait rire de le voir bafouiller
pour essayer de rattraper la confusion de sa phrase, terminé-je mon
explication.
— Et bien sûr, quand tu rigoles, tu es obligée d'être collée à lui.
— Oui, je voulais lui grimper sur les genoux, mais il est assis trop près
de la table.
Désolé, mon cher Chris, mais tu m'as tendu une perche bien trop facile à
saisir. Tu ne veux pas qu'on soit officiellement ensemble, donc tu n'as rien à
dire sur ma relation avec Seb. En plus, je n'ai rien à me reprocher. Nous
sommes proches, mais il n'y a pas de malentendu entre nous.
Chris voit clairement que je le provoque avec ma réponse, mais il sourit
sans rien dire et continue de manger. Malgré sa réaction en demi-teinte, je
sens une pointe de jalousie dans son regard, mais je choisis de l'ignorer.
Mon intention n'est pas de le blesser, mais simplement de faire entendre que
je ne vais pas me conformer à ses règles sans contrepartie.
XXXXXIII
Alya
Je rassemble mes affaires dans mon sac, sachant que je vais passer la
nuit chez les Alpha. À ce rythme, mon lit à la sororité restera toujours aussi
immaculé, je passe rarement mes nuits ici.
Alors que je m'apprête à sortir, Kat fait une apparition soudaine dans ma
chambre, tenant un énorme pot de glace.
— Tu t'en vas ?
— Oui, je travaille avec Seb sur notre scénario, puis je rejoins Chris.
— Mmm…, une partie de jambes en l'air au programme. Tu ne t'arrêtes
plus maintenant que tu as commencé, petite cochonne.
— Oui, je l’avoue. Je regrette de ne pas avoir fait ça avant. Le sexe, c'est
génial.
Un éclat de rire nous prend toutes les deux. Parler de sexe avec Kat ne
me dérange plus autant qu’avant, surtout quand c'est sur un ton léger.
Cependant, avec Chris, c'est différent. Je ne suis pas encore prête à aborder
ce sujet aussi ouvertement qu'il le fait.
— Qu’est-ce que c’est ? demande-t-elle en regardant le carnet posé sur
mon bureau.
— Ah ça, c'est... enfin, en réalité, c'est un devoir que je dois rendre à la
fin du trimestre. On doit tenir un journal où l'on écrit de manière intense sur
nos expériences, de manière à plonger le lecteur dans nos émotions,
expliqué-je.
— Je peux lire, ou c'est vraiment très personnel ?
C'est un vrai journal intime, mais en même temps, c'est Kat, et je me dis
que je pourrais lui faire lire et qu'elle me donnerait son avis sur ma manière
d'écrire.
— Ouais, mais pour le coup, c'est vraiment intime, alors tu le gardes
pour toi, d'accord ? Et tu me diras en même temps si ma façon rédiger te
plaît.
Maintenant que j’y pense, nous n'avons jamais vraiment parlé du fait
qu'elle avait couché avec mon frère depuis que ça s'est passé. J'aimerais
bien qu'on passe une soirée toutes les deux, histoire de partager un moment
entre filles.
— Tu es dispo un soir de la semaine pour qu'on se fasse un truc rien que
toutes les deux ?
— Oui, mercredi. Tu ne pourras pas aller voir ton amant, on peut prévoir
une soirée Netflix.
— Pourquoi ?
— Je n’en sais rien, c'est le seul jour où aucune Kappa n'est autorisée
chez eux. Ils se font une soirée entre mecs.
— Je ne suis pas au courant, Chris ne m'a rien dit.
— Il va sûrement t'en parler aujourd'hui ou demain pour être sûr que tu
ne te pointes pas.
— Ok, alors, mercredi c’est toi et moi. Bonne lecture, lui dis-je en lui
donnant mon journal.
— Ouaiiiiiiss… et toi bonne baise, me lance-t-elle avec un sourire
malicieux.
Je me retourne, choquée. Elle abuse quand même, je suis moins gênée,
mais pas à ce point-là.
Lorsque j'atteins enfin le repaire des Alphas, Chris, d'ordinaire présent à
cette heure, semble curieusement absent. N'ayant d'autre choix, je décide
de déposer mon sac pour le lendemain dans sa chambre, puis me dirige vers
celle de Sebastian. Je frappe légèrement à la porte.
— Entrez !
Je franchis le seuil avec un sourire aux lèvres. Il est étendu de manière
décontractée sur son lit, et est entouré de feuilles éparpillées. Une vision qui
évoque étrangement mes propres moments de travail, où le désordre règne
en maître.
Avec minutie, il organise ses feuilles en une pile soigneusement alignée,
qu'il dépose ensuite sur son bureau.
— Bien, je te propose de consigner toutes les idées qui vont surgir de
nos petits cerveaux, et ensuite nous choisirons, propose-t-il.
J’acquiesce et retire mes chaussures, puis m'installe confortablement sur
le lit. Ce n'est que lorsque je perçois son sourcil relevé et sa tête penchée sur
le côté que je réalise que peut-être, je n'ai pas choisi l'emplacement de
travail qu'il avait en tête.
— Peut-être que tu voudrais t'installer à ton bureau ?
— Non, cela me convient. Restons sur le lit, si tu veux. Ça ne me
dérange pas. Je tiens simplement à m'assurer de conserver toutes mes dents
au cas où Chris passerait par ici.
— Je ne lui appartiens pas, précisé-je, cherchant à dissiper tout
malentendu.
— Ah, mais à le voir agir, on pourrait en douter. Il est plutôt possessif
avec la fille qu'il touche.
— Comment ça ? demandé-je, manifestant un intérêt croissant
— Tu te rappelles comment il nous a engueulés lorsqu'il nous a surpris
en train de te mater le dimanche matin ? lance-t-il, ravivant le souvenir de
cette scène quelque peu gênante
— Oui, il n'a pas apprécié, admets-je.
— C'est un euphémisme. Toi, tu es parti avant que ça chauffe vraiment.
Quand il est redescendu, on en a pris pour notre grade, c'est peu de le dire.
Même Dean, du mauvais côté de la cuisine, a sorti une vanne du genre
« Fais chier, j'ai loupé ça. » On a vraiment cru qu'il allait en prendre une.
La révélation de son comportement me frappe de plein fouet. Comment
peut-il agir ainsi, refusant d'afficher notre relation ? En fin de compte, cela
donne l'impression que je suis sa propriété, qu'il faut me considérer comme
intouchable, tandis qu'il conserve son statut de célibataire irrésistible. Une
colère sourde s'installe en moi, j’ai l'impression de passer pour une idiote.
— Ne t'inquiète pas. On a l'habitude. Il faisait ça avec Julia avant, ça lui
est passé. Maintenant, c'est toi, dit-il avec décontraction.
Il ne semble pas saisir la peine que ça m’inflige, d’entendre ça.
Une révélation choquante. Il agissait donc de la même manière avec
Julia ?
Les doutes et les questionnements s'entremêlent dans mon esprit.
Je me trouve vraiment idiote dans cette histoire. Il semblerait qu'il ait servi
à Julia le même discours qu'à moi sur la relation cachée, prétendant tomber
amoureux d'elle, et tout le tralala. C'est peut-être pour cette raison qu'elle est
si froide avec moi. J'ai débarqué dans sa vie, lui ai volé son mec, et tout ça
alors qu'elle, elle l'aimait autant que moi en ce moment. Pendant ce temps,
lui se fichait éperdument de nos sentiments, s'octroyant le luxe de
fréquenter d'autres filles. Toutefois, il faisait attention à ce que personne ne
touche à son "jouet", excepté lui.
Un flot de pensées contradictoires m'envahit, me laissant avec le goût
amer de la trahison.
Toute cette mise en scène, ces déclarations d'amour feintes, sa
possessivité, sa jalousie, tout était un écho de ce qu'il a partagé avec elle. Le
sentiment de bêtise m'envahit, comme si j'avais été aveuglée par l'idée qu'il
pouvait ressentir pour moi la même intensité que je ressens pour lui.
Pourtant, la vérité se profile, me forçant à reconnaître que mes espoirs
étaient peut-être basés sur des illusions et ma naïveté.
— Alya, ça va ? J'ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû ?
— Non, tout va bien. Ne t'inquiète pas. C'est juste que... ce n’est rien. On
s'y met ? réponds-je, acceptant la feuille et le crayon qu'il me tend. Il est
temps de m'immerger dans le travail et d'essayer de chasser ces pensées
merdiques.
Pourtant, malgré mes efforts pour me concentrer, l'ombre persistante de
mes doutes et de mes inquiétudes ne cesse de planer. Les avertissements de
Méline, Kat, même Zach, me reviennent en mémoire. Ils m'ont mis en
garde, mais j'ai choisi de ne pas les croire. Où est-il d'ailleurs ? Il a peut-être
décidé de passer du temps avec une autre fille pendant que je suis là,
concentrée sur mon travail avec Sebastian ? Les idées noires affluent,
envisageant même la possibilité qu'il puisse être avec Julia, cherchant la
discrétion dans sa voiture.
La douleur au ventre s'intensifie à mesure que je m'imagine Chris avec
une autre que moi. Je lutte contre l'envie irrépressible de prendre mon
téléphone et de lui envoyer un message, de demander où il est. Mais je me
retiens, craignant qu'il ne me considère comme collante ou qu'il pense que
ma paranoïa prend le dessus.
Cependant, la tentation devient trop forte, et je cède enfin. Je saisis mon
téléphone et pianote rapidement un message, espérant obtenir une réponse
qui apaiserait mes doutes.
Moi : Ah bon, ton pote a des seins ? on m'a dit qu'une fille était venue te
chercher
Tu me prends pour une conne en plus ?
Je peux presque visualiser l'expression sur le visage de Chris en lisant
mon message. Je l'imagine soupirer, laissant tomber sa tête en avant,
désespéré de mon caractère de merde et de la façon dont je suis toujours en
train de lui prendre la tête. Une prévision amère s'installe en moi. Je sais
très bien ce qui va se passer maintenant. Il va rentrer, et la dispute inévitable
va éclater. Les émotions vont déborder, et je vais finir par pleurer, tandis
qu'il sera agacé, me mettra probablement dehors. C'est un scénario qui se
répète entre nous inlassablement.
Chris : Tu as raison elle a
des seins et finalement
je vais rester avec elle.
Elle est moins chiante que
Toi. Rentre chez les Kappas. Bonne soirée
La réalité frappe plus rapidement et plus vite que prévu, et Chris décide
de me foutre dehors sans même chercher à discuter. Les questions
tourbillonnent dans ma tête. Va-t-il rester avec elle ? Va-t-il dormir avec
elle ? Qui est cette fille ? Sont-ils ensemble ? Mon esprit est en proie à une
tempête d'interrogations auxquelles je n'ai pas de réponses.
— Alya, je ne suis pas sûr qu'on devrait bosser là. Tu n'as pas l'air
vraiment concentrée. Tu as peut-être des trucs à régler avec Chris ? suggère
Sebastian, une pointe d'inquiétude dans la voix.
— Non, je n’ai plus rien à régler. Je vais récupérer mon sac dans sa
chambre, je reviens. Il ne rentre pas, il en saute une autre ce soir, réponds-je
d'un ton agressif.
Le pauvre Sébastian préfère ne rien répondre face à ma colère. Je me
lève brusquement, laissant derrière moi une atmosphère tendue, pour aller
récupérer mes affaires.
De retour dans la chambre de Sebastian, je réalise que je dois me
reprendre en main. Je ne peux pas me permettre de perdre le contrôle à
chaque fois que Chris cherche délibérément à me blesser. Je ressens une
profonde aversion envers lui pour cette habitude de jouer avec mes
émotions et mes sentiments. Il est temps que je me détache de cette
dépendance toxique.
La tension émotionnelle qui règne dans la pièce est presque palpable
alors que nous essayons de nous concentrer sur le travail.
— Première idée... une idiote tombe amoureuse d'un salaud. T'en penses
quoi ? lancé-je, tentant d'insuffler un peu d'humour dans l'atmosphère.
— C'est censé être une comédie romantique, pas une tragédie grecque,
répond-il, laissant échapper involontairement une pointe d'amertume.
Ma propre vie sentimentale me semble soudainement refléter exactement
une tragédie grecque.
— Bien, alors le classique : les ex d'un patelin au milieu de nulle part. La
fille brise le cœur du gars parce qu'elle le quitte pour sa carrière, et quand
elle est obligée de revenir, elle en retombe amoureuse.
— Nan, trop téléfilm de Noël ton truc, rétorque Sebastian.
— Ok, la pute qui tombe amoureuse de son meilleur client, lâche-je,
devenant vulgaire sous le poids de l'énervement.
— Tu es sûre que tu ne veux pas remettre ça à demain ?
— Non, je suis à fond dans les idées, là. Merde, et pourquoi pas une
conne de seize ans qui tombe amoureuse d'un enfoiré de vingt ans, président
d'une fraternité de queutards ? craché-je, laissant échapper mes pensées
avec une pointe d'agressivité. Juste une pointe.
— Ok... tu es surtout à fond énervée. Vas-y, lâche-toi ! répond Sebastian,
lançant son crayon sur le lit, réalisant probablement que prendre des notes
sur mes idées n'est pas la priorité du moment et surtout inutile vu ce qu’il en
sort.
— Et pourquoi cela devrait être juste un couple, franchement ? Pourquoi
pas un mec et un tas d'idiotes prêtes à écarter les cuisses quand monsieur en
a envie ? Ça, c'est du film d'amour.
— Non, ça, c'est du porno, corrige-t-il avec un sourire ironique.
Après une demi-heure d'idées plus farfelues les unes que les autres, je
me suis progressivement allongée sur le lit de Sebastian. La colère s'est
dissipée, laissant place à une tristesse et une indignation grandissante face à
ma propre idiotie. Mes yeux commencent à picoter, de plus en plus lourds,
et je sens que le sommeil m'envahit, même si je lutte autant que possible.
Je parle doucement, de moins en moins vite.
— Et pourquoi pas tout simplement nous, murmuré-je.
— Comment ça ? demande-t-il.
— Notre rencontre. Le fait que je t'aimais bien, mais qu'un complot d'un
autre qui voulait me mettre dans son lit a fait que j'ai appris que tu avais
couché avec plein de filles, et on invente la suite. Finalement, on se
rapproche en travaillant ensemble, et on finit par s'ai...
Mes paroles s'éteignent doucement, étouffées par la fatigue qui s'empare
de moi.
XXXXXIV
Alya
Quand je me réveille le lendemain matin, la réalité me frappe : je suis
toujours dans le lit de Sebastian, nichée dans ses bras. Des feuilles de papier
sont éparpillées autour de nous, témoignant de notre tentative de travail
acharné la veille.
Je jette un coup d'œil à l'horloge de mon téléphone : Six heures quinze.
Une pointe de panique m'envahit, réalisant que mon réveil est censé sonner
dans quinze minutes. Un peu plus d'avance aurait été bienvenu, surtout que je
dois retourner à la maison pour prendre ma douche maintenant.
Avec précaution, je me libère des bras de Sebastian sans le réveiller. Me
levant silencieusement, je récupère mon sac. Tant pis pour le reste des cours
que j'avais apportés et qui sont étalés un peu partout, je n'en ai pas besoin
aujourd'hui. Si je les prends maintenant, je risque de faire du bruit.
Avec une discrétion maximale, je quitte sa chambre, refermant la porte tout
vec u e d sc ét o a a e, je qu tte sa c a b e, e e a t a po te tout
doucement derrière moi, sac sur le dos.
Avec mes chaussures à la main, je me glisse dans le couloir en direction de
la sortie. En passant devant la chambre de Chris, grande ouverte, je suis
surprise de constater qu'il n'est toujours pas rentré de la nuit. Avançant
prudemment, j'entends déjà des voix provenant de la cuisine. La panique
s'installe. La voix est familière, je la reconnais trop bien. C'est Chris, et il est
dans la cuisine avec quelqu'un d'autre. L'idée de descendre et de me faire
surprendre me terrifie. Cependant, je dois partir si je veux éviter d'arriver en
retard en cours. Sauter par la fenêtre du premier étage n'est clairement pas une
option réaliste. Je descends les marches aussi vite que possible, sans lever la
tête, et me dirige précipitamment vers la porte d'entrée. L'idée de me faire
griller par Chris est la dernière chose que je veux en ce moment.
— Le lit de Seb est confortable Alya ?
Je me fige, un éclair glacial me traversant la colonne vertébrale. Une
multitude de réactions possibles s'offrent à moi : répondre d'un ton cinglant,
jouer les gênées, ou simplement continuer ma route sans répondre. Je choisis
l'option de tracer ma route sans répliquer.
J'avance vers la porte, ignorant la situation derrière moi, quand soudain,
une chaise se fracasse violemment contre un meuble. J'accélère le pas,
comprenant parfaitement comment ce bruit a été provoqué. Cependant, au
moment où je saisis la poignée de la porte d'entrée, une main ferme agrippe
mon sac, me tirant violemment en arrière.
— Je t'ai posé une question, il me semble ? déclare Chris d'un ton
autoritaire.
L'angoisse m'envahit alors que je me prépare à la confrontation qui semble
inévitable.
Je me retourne, retrouvant une maîtrise de moi-même que je ne pensais pas
avoir.
— Oui, très confortable, autant que celui de la pétasse avec qui tu étais
hier soir. Maintenant, tu permets, je vais être en retard en cours, réponds-je
d'un ton tranchant. Je dégage mon sac de sa prise, et quitte la maison sans un
regard en arrière.
Son expression montre clairement qu'il ne s'attendait pas à cette réponse. Il
pensait peut-être que la situation me ferait pleurer et me confondre en excuses
d'avoir dormi avec Sebastian. Mais non, je ne lui laisse pas cette satisfaction.
Je n'ai aucune idée d'où m'est venue cette audace, mais je lui en suis
reconnaissante.
En arrivant dans ma chambre, la réalité me rattrape, et je prends
conscience de ma propre naïveté à espérer que Chris puisse changer. Les
belles paroles, les promesses, tout s'est avéré être du vent. C'était trop beau
pour être vrai. Cependant, je ne peux pas me permettre de m'apitoyer sur mon
sort, le temps presse. Je dois prendre ma douche et me rendre en cours.
Une fois prête, je constate que finalement j'ai presque une demi-heure
d'avance. Une idée me traverse l'esprit, et je décide d'aller frapper à la porte
de Kat.
— Tu n’es pas toute nue ?
— Non pourquoi tu aimerais ?
— Noooon. crié-je en grimaçant.
Lorsqu'elle ouvre la porte, elle éclate de rire avant de m'embrasser.
— Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle.
— J'ai eu une dispute avec Chris hier soir. J'ai passé la nuit avec Seb, lui
confié-je.
— QUOI ? s'exclame-t-elle, manifestement surprise par cette nouvelle.
— Je t'expliquerai, promis. Je n'ai pas couché avec lui.
Je préfère préciser, surtout la connaissant.
— Ah !
Elle semble déçue.
— J'ai du temps devant moi, et je me demandais si je pouvais emprunter
ton fer à friser. J'aimerais changer un peu ma coiffure, lui demandé-je.
— Oui, pas de problème. Tu veux que je t'aide à te coiffer ? Comme ça, tu
m'expliques. Je n'ai cours qu'à dix heures, suggère-t-elle.
— Oh, d’accord, si ça ne te dérange pas.
Nous passons cette demi-heure d'avance à échanger sur ma soirée
mouvementée, le conflit avec Chris, ma nuit de travail avec Seb, et bien sûr,
la confrontation explosive avec celui-ci ce matin et ma réponse cinglante,
dont je suis encore très fière.
Kat secoue la tête en signe de désapprobation.
— Je ne comprendrai jamais ce mec. Parfois c'est tout beau tout rose avec
lui, et parfois son cerveau vrille et ça redevient le salaud de base. Ce sont les
montagnes russes émotionnelles. Je sais que tu l'aimes, mais tu devrais
vraiment essayer de passer à autre chose. Ce sale type te fera toujours du mal.
— Je sais, mais je n’y arrive pas. Même là, je suis sûre que s'il venait
s’excuser, j'arriverai encore à passer l'éponge. Je suis une serpillière, et je suis
trop accro pour réagir, je confesse triste de l’admettre moi-même.
— Tu l'envoies chier quand même, c'est déjà pas mal, tente-t-elle de me
réconforter. Voilà, tu es magnifique comme ça.
Je me plonge mon regard dans le reflet du miroir, cherchant une certaine
assurance dans l'image qui me renvoie. Les boucles que Kat a créées dans
mes cheveux me plaisent, bien que je ne m'aventurerais pas à les faire tous les
jours en raison de leur complexité. Jetant un coup d'œil à l'heure, je constate
que le timing est parfait.
— Merci beaucoup. On se voit plus tard ?
Je suis prête à affronter une nouvelle journée de cours, bien que l'ombre de
la relation compliquée avec Chris plane toujours dans le fond de mon cœur.
XXXXV
Alya
Bien sûr, aucune nouvelle de Chris. Pas de signe de lui ce midi, ni de
messages, ni d'appels tout au long de la journée. Et si, il avait
définitivement tiré un trait sur nous à cause de cette fille qu'il a vue hier ?
J’en ai marre de cette situation, ma vie était bien plus simple avant lui.
Maintenant, comme l'a si justement dit Kat, c'est comme être sur des
montagnes russes. Soit je suis la plus heureuse et tout va bien entre nous,
soit je me consume de jalousie en l'imaginant avec une autre. À force, je
risque sérieusement de devenir cinglée.
Je me sens terriblement dépendante de lui, et je me demande comment j'ai
pu en arriver là. Surtout qu'il m'a prouvé à maintes reprises que je ne
pouvais ni lui faire confiance ni compter sur lui. Alors, pourquoi m'acharner
ainsi ? Je n'arrête pas de scruter mon téléphone, espérant qu'il se décide à
m'envoyer un message d'excuse ou qu'il veuille me voir, mais rien,
absolument rien.
Comment peut-il osciller entre le meilleur et le pire en si peu de temps ? Ça
me dépasse. Ce soir, je n'ai pas envie de travailler. J'ai de l'avance dans tous
mes cours, et de toute façon, je serais incapable de me concentrer
correctement. J'aimerais pouvoir me changer les idées, faire autre chose que
de tourner en rond dans cette chambre à me lamenter sur mon propre sort.
Je sais avec qui cela pourrait être possible, à condition qu'il soit d'accord. Je
prends mon téléphone et rédige un petit SMS en croisant les doigts,
espérant qu'une distraction puisse m'aider à oublier, ne serait-ce que
temporairement, les tourments causés par Chris.
Moi : Coucou une petite soirée
rien toi et moi en tête à tête ça te dit ?
J'ai besoin de me changer les idées.
La réponse heureusement ne se fait pas attendre.
Zach : Tu es en manque
d'amour microbe ?
Moi : Oui tu m'en donnes
un petit peu ?
Zach : Beurk non ! mais je
veux bien te payer une glace
Ce ne sera pas comme à la maison,
mais ça peut être sympa.
Moi : Maintenant ?
incapable de détacher mes yeux des siens. Ai-je encore une fois créé des
scénarios imaginaires qui n'ont pas lieu d'être ? Est-ce que je dramatise à
tort ?
Oui, je crois.
Alors pourquoi n'a-t-il pas tout simplement levé le voile sur la situation
dès le départ ?
— Pourquoi tu me fixes ainsi ?
— Tu étais avec elle hier soir ?
— Oui, je devais rentrer avant que tu n'arrives, mais je n'ai pas fait
attention à l'heure.
— Pourquoi m'avoir menti en prétendant être avec un pote ? demandé-je
sans comprendre.
— Si j'avais dit que j'étais avec une copine, tu ne m'aurais même pas
laissé terminer ma phrase.
Il a raison.
— je suis désolée.
— Tu es pardonnée pour ça, en revanche, nous allons devoir discuter de
ta nuit dans le lit de Sebastian, et crois-moi, tu ne vas pas apprécier la
conversation.
— Il ne s'est rien passé du tout, je me suis simplement endormie en
travaillant, et lui a dû me suivre, c'est tout.
— Peu m'importe, nous aurons cette discussion une fois rentrés, pas ici,
souffle-t-il proche de mes lèvres.
La voix de Chris est calme, mais un sourire contraint flotte sur son
visage. Fichu pour fichu, au final, c'est moi qui vais devoir affronter les
conséquences de mes réactions impulsives. Tout cela parce que je pars au
quart de tour à chaque fois. Il va vraiment falloir que je m'efforce de lui
faire davantage confiance.
XXXXXVIII
Alya
Me réveiller dans ses bras, c'est vraiment le summum de mon bonheur
matinal.
Avant, je ne pouvais pas me passer de mon café, une vraie drogue. Mais
maintenant, ce sont ses bras, son odeur, sa voix rauque quand il parle encore
à moitié endormi. Voilà désormais les éléments qui stimulent mes sens au
réveil. Ce mec m'a totalement captivée, je suis raide dingue de lui,
complètement accro.
Chaque matin, c'est comme un shoot d'amour. Ses bras autour de moi, ça
me fait vibrer. Sa voix qui murmure des trucs à moitié incompréhensibles,
c'est devenu ma mélodie préférée.
La soirée d'hier a été un vrai casse-tête. En rentrant chez moi, j'ai dû lui
jurer de travailler désormais au salon avec Seb, plutôt que dans sa chambre,
et surtout pas dans son lit. J'ai l'impression qu'il a élevé la voix exprès,
histoire que même Sebastian, son voisin de chambre, l'entende bien. Mais
bon, quand il s'agit de lui, je suis prête à promettre n'importe quoi. Il est six
heures vingt, mais aujourd'hui, ma journée commence plus tard. Même si
l'envie me démange de le réveiller, je connais trop bien son amour pour le
sommeil. On commence tous les deux tard, alors je me contente de jouer
doucement avec ses doigts qui s'entrelacent aux miens, le silence régnant
tandis que je contemple par la fenêtre le lever du soleil.
Je sais déjà que demain matin, je me réveillerai seule. Pourtant, il ne m'a
encore rien dit concernant ce soir. Peut-être qu'à la fin, il finira par passer la
soirée avec moi, plutôt que de s'éclipser mystérieusement avec les gars.
Mon esprit divague, esquissant simplement des images de notre vie
ensemble. Pouvoir tenir sa main comme je le vois avec tous les autres
couples du campus, partager un déjeuner sous un arbre, en plein air. Je
m'imagine même qu'il pourrait dire à mon frère qu'il est amoureux de moi et
que nous sommes ensemble. Mon esprit rêve intensément de cette relation
avec lui
Je m'en veux de me plier à cette situation, ça ne ressemble pas du tout à
ce que je suis d'habitude. Mais depuis que je le connais, plus rien ne suit le
cours habituel de ma vie. Il a le don de faire naître en moi des envies que je
n'aurais jamais envisagées autrement. C'est comme si chaque aspect de ma
personnalité avait été chamboulé depuis qu'il est entré dans ma vie.
En ce moment même, une pulsion soudaine me traverse. J'ai envie de
m'installer à califourchon sur lui, d'explorer chaque centimètre de sa peau
du bout des lèvres, de vivre une passion charnelle dévorante. L'idée qu'il se
réveille avec moi sur lui, que nos corps s'entremêlent, éveille en moi un
sourire, ma lèvre inférieure prisonnière de mes dents dans une expression
espiègle. Un frisson d'excitation me parcourt à l'idée de ses yeux qui
s'ouvrent juste au moment où…
— Salut... À quoi tu penses ?
— Salut ! A rien, tu es mignon quand tu dors.
— Alya, je te connais, ce tic que tu as de te mordre la lèvre. Tu penses à
un truc cochon et tu es gênée de tes propres pensées.
Il me connaît plutôt bien, finalement. Ce constat m'amuse légèrement.
Pour une fois, j'ai envie de me laisser aller, de tenter de prendre les
commandes, alors je cède à moi-même.
— Oh, Mademoiselle Colins, qu'est-ce qui vous arrive ?
— Tais-toi. C'est moi qui commande ce matin, ordonné-je.
Il éclate de rire et lève les bras pour placer ses mains sous sa tête en
signe d'acquiescement. Le fait qu'il dorme en boxer facilite les choses, je
n'aurai pas grand-chose à enlever. Je retire mon tee-shirt, libérant ma
poitrine. À la seconde où je le fais, il retire ses mains et tente de les poser
sur moi, mais je l'en empêche.
— Non, je commande. Si tu me touches, tu vas prendre les rênes. Je te
connais.
— Tu ne peux pas être en petite culotte sur moi et me demander de ne
pas te toucher.
Je lui adresse un sourire complice tout en me tortillant pour retirer ma
lingerie.
— Quelle petite culotte ?
— C'est de la torture. Je te laisse tout commander, mais laisse-moi te
toucher.
— D'accord, mais je fais ce que je veux.
— Mon corps est à toi, bébé.
Je m'abaisse, m'allongeant sur lui, l'embrassant passionnément dans le
cou, ma langue glissant jusqu'à son lobe d'oreille. Je ressens tout son corps
frissonner sous mes caresses. J'adore cet effet que je peux avoir sur lui. En
bougeant lentement, je frotte mon intimité déjà humide contre son sexe, qui
commence à remplir son boxer. La satisfaction de voir que je l'excite me
parcourt.
Descendant progressivement, ma bouche effleure son torse, sculpté de
muscles qui m'envoûtent. Il est parfait. Comment un homme peut-il être
aussi irrésistible ? Ma main glisse à l'intérieur de son boxer tandis que ma
bouche explore chaque centimètre de son corps. Mon autre main s'occupe
de son sexe, entamant un va-et-vient qui l'arrache à un soupir de plaisir.
— Oh putain, Alya.
Son souffle s'accélère, et je continue ma descente, me débarrassant du
vêtement qui entrave mes mouvements. Je me remets au-dessus de lui,
déposant ma langue sur son gland, provoquant des gémissements plus forts.
Je prends son sexe dans ma bouche, le laissant entrer et sortir, jouant avec
ma langue. Je sens sa main se poser sur ma tête, sa respiration devenir
haletante, et il commence à bouger son bassin en rythme avec ma bouche.
Je sais qu'il apprécie cela, tout comme moi en réalité, bien que je n'ose
pas lui dire. Il m'interrompt d'une voix rauque.
— Va doucement. Si tu veux autre chose, bébé, je te conseille d'arrêter,
sinon, je vais jouir avant que tu finisses de jouer.
Je souris et me redresse, remontant ma langue le long de sa peau. Je le
désire, d'une manière que je n'ai jamais ressentie pour personne. Je me
positionne au-dessus de lui, l'embrassant dans le cou avant de descendre
lentement, laissant mon corps s'immerger progressivement. Oh mon dieu, le
sentir en moi, c'est une sensation que j'aime tellement.
— Oh putain, Alya... Stop !!! Tu n’as rien oublié là ?
Oh merde.
— Le préservatif ? demandé-je d'une petite voix gênée.
— Je veux bien que tu prennes les commandes, bébé, mais évite
d'oublier ce détail, c'est important là. Retire-toi.
Je tente de bouger, mais mes mouvements le font gémir, et il bloque mon
bassin pour m'empêcher de me retirer.
— Putain, tu me rends dingue, attends.
Je ne sais plus si je dois bouger ou pas, il me perd dans ses hésitations. Il
semble plus qu'indécis sur ce qu'il veut.
— Non. Enlève-toi, ce n’est pas une bonne idée.
Il me pousse délicatement et attrape un préservatif dans sa commode,
l'enfilant avec un regard désespéré à cause de mon oubli. Je le repousse
pour le rallonger, revenant sur lui et le laissant entrer en moi. Le gémissant
étiré par cette première pénétration est délicieusement intense. Je soulève et
abaisse mon corps, penchée en arrière. Mon Dieu, j'adore ça. Je prends
appui sur sa cuisse, explorant chaque sensation qui parcourt mon corps dans
cette intimité partagée.
Il se redresse une nouvelle fois, m'enveloppant dans son étreinte.
Accélérant le rythme, il place un bras autour de ma taille pour guider mes
mouvements, tandis que l'autre serre mon épaule, pressant mon corps pour
une pénétration plus profonde. Il maîtrise chaque position avec une aisance
qui le rend dominant à chaque instant. Sa façon de me faire bouger sur lui
me fait perdre tout contrôle, m'emportant complètement, surtout au moment
où je ressens son corps se contracter, alors qu’il pousse un râle bruyant de
jouissance.
— Oh putain Alya... Je t'ai..., j'aime quand tu fais ça.
Il a failli dire quoi ? Mieux vaut que je ne relève pas, sinon, il va se
braquer, c'est sûr.
— Tu as dirigé, je râle, pour passer à autre chose.
— Tu as oublié la capote, rétorque-t-il avec agressivité.
Je me détache légèrement de son corps sans m'en retirer complètement.
— Tu as déjà fait ça sans protection avec quelqu'un ?
— Tu es sérieuse ? Tu vas recommencer avec tes questions de merde,
alors que je suis encore en toi ?
Il me pousse délicatement pour que je descende de son corps. Étendue à
côté de lui, je l'observe retirer le préservatif avant de se lever pour le jeter
dans la salle de bain. J'en ai marre, je ne peux jamais poser des questions.
Lorsqu'il revient se coucher à mes côtés, je ne dis rien, me contentant de
le regarder dans les yeux. Il passe son bras autour de moi, m'attirant plus
près de lui.
— Non, jamais, finit-il par répondre tout de même.
Je fais glisser doucement mes doigts sur le contour de sa lèvre inférieure,
sans la quitter des yeux. Sa bouche est parfaite, douce, et je pourrais rester
collée à elle toute la journée, comblée.
Quand je relève mes yeux vers les siens, il m'observe, attendant
probablement la prochaine question. Il sait très bien que je vais continuer,
étant donné qu'il a eu le malheur de répondre à celle-là.
— Pourquoi tu veux le faire avec moi ?
— Parce que tu n’es pas comme les autres filles. Je veux vivre ça avec
toi, mais pas sans pilule. Tu as été maladroite sur ce coup-là, me
réprimande-t-il, avec raison.
— Désolée.
— Tu pourras la commencer quand ?
— Normalement dans deux ou trois jours.
— Ça veut dire que je pourrais plus te toucher ?
Je me cache dans sa nuque, provoquant son rire.
— Alya, ne sois pas gênée, ce sont des règles. Il n'y a rien de gênant.
— On peut changer de sujet, je n'ai pas envie de parler de « ça » avec toi.
— On peut toujours le faire, tu sais, malgré « ça ».
— Noon !!! C'est dégoûtant.
Il éclate de rire, me laissant confuse. Il a ce don de m'énerver lorsqu'il
fait ça.
XXXXXIX
Chris
Elle est absolument adorable, et honnêtement, ce qu'elle a fait ce matin
en se réveillant, je voudrais que ça se reproduise tous les jours, sans
hésitation, bien sûr, sans oublier le préservatif cette fois. Je suis encore sous
le choc d'avoir failli lui dire "je t'aime". Je suis devenu fou ou quoi ?
Je tiens à elle, c'est certain, mais exprimer de telles choses, ce n'est
vraiment pas dans mes habitudes. Ma bouche a agi de manière impulsive, et
je ne parle même pas de mon cerveau. Je devrais lui parler de ce soir
également. J'espère qu'elle ne posera pas de questions, ni à Seb ni à Zach. Je
ne pense pas qu'ils divulgueraient nos secrets, mais je préfère rester méfiant,
surtout envers Seb. Je sais qu'il a des sentiments pour elle, je ne suis pas
aveugle. Cependant, ce que je vis avec elle, c'est vraiment quelque chose
que j'apprécie profondément. Je veux que ça continu, donc il ne posera pas
une seule main sur elle, c'est certain. Elle m'appartient.
— J'ai complètement oublié de te prévenir, mais ce soir, ce ne sera pas
possible de se voir.
— Pourquoi ça ?
— Le mercredi est consacré à une soirée Alpha, et l'accès est strictement
réservé aux membres. Les Kappas ne sont pas les bienvenues.
— Donc, c'est une soirée exclusivement masculine ?
Pourquoi est-ce qu'elle insiste autant avec ses questions ? C'est
exaspérant.
— Oui, exactement, une soirée entre mecs.
— C'est un peu comme la soirée de dimanche dernier, avec la console et
les pizzas ?
Oh bon sang, comment je réponds à ça maintenant ?
— Non, ce n'est pas tout à fait pareil, mais les Kappas ne sont pas
admises. Désolé, on se retrouve jeudi.
— On ne peut pas déjeuner ensemble ce midi ? s’étonne-t-elle.
— Non, j'ai quelques obligations à régler ce midi.
Je ne vais pas lui révéler quoi que ce soit, mais il faut vraiment qu'elle
cesse avec ses interrogations, ça me met hors de moi.
— Ah... D'accord, répond-elle visiblement déçue.
Je n'aime pas du tout la voir avec cette expression sur son doux visage.
J'aimerais qu'elle me croie lorsque je lui assure qu'elle n'est pas comparable
aux autres à mes yeux. Avec elle, c'est une expérience totalement différente,
chaque contact, chaque échange est unique. Lorsque nous sommes
ensemble, que nos corps se frôlent, c'est comme si une onde électrique
parcourait tout mon être. Quand je couche avec elle, ce que je ressens est
tellement à part. Avec les autres, c'est sans émotions, sans sentiments, c'est
juste du sexe et de la domination, rien d'autre. Même si je dors avec les
autres Kappas, il n'y a qu'avec elle que je fais des câlins au réveil, que je
discute. Il n'y a qu'elle que je veux dans mes bras. Avec les autres, je me
lève, je descends prendre mon café sans me retourner, attendant qu'elles
disparaissent et rentrent chez elles. J'aimerais qu'elle sache tout ça, mais je
sais très bien que je suis incapable de lui dire.
Et il est hors de question que je lui dévoile les subtilités du mercredi soir.
Je ne sais même pas pourquoi je m'apprête à faire ça, mais elle ne
l'apprendra jamais de toute façon. Et ce n'est qu'une soirée par semaine, ça
ne modifie en rien ce que je ressens pour elle. Je suis un alpha, bon sang,
avec un statut et une réputation à maintenir à tout prix. Elle sort de la
douche juste enroulée dans sa petite serviette je ne peux pas détacher mes
yeux de son corps, cette gamine a raison de moi.
. Dire qu'elle n'a que seize ans je n’en reviens pas. Elle a des mimiques
d'enfant parfois, mais c'est ça qui fait son charme, pour moi son innocence,
sa timidité, c'est ce qui m'a plu et qui fait d'elle une fille à part à mes yeux, à
l'inverse de toutes ces traînées qui veulent se faire sauter comme des
chaudasses. Même lorsqu'elle ressent de l’envie comme ce matin, elle
affiche cette légère gêne sur son visage, la rendant encore plus séduisante.
En réalité, c'est elle qui exerce une emprise sur moi, un pouvoir irrésistible.
C'est dingue, je suis complètement accro à cette fille, c'est indéniable.
Je m'approche d'elle, et il est évident qu'elle anticipe mes intentions rien
qu'en percevant le sourire qui s'affiche sur mon visage. J'attrape
délicatement sa serviette, la retirant avec douceur. La soulevant, je la
dépose précautionneusement sur mon lit, observant son corps parfait. Ma
main glisse comme une caresse exploratrice, effleurant chaque courbe avec
une délicatesse infinie. Elle me fixe, une lueur taquine dans ses yeux, une
lèvre pulpeuse retenue entre ses dents.
Dans ce moment, une avalanche de sensations m'envahit. La chaleur de
sa peau sous mes doigts, le frisson qui traverse son corps, chaque regard
échangé portant une intensité nouvelle. C'est un ballet de sentiments, un
échange silencieux qui amplifie notre connexion.
Je l'aime... Putain.
Elle exerce sur moi une emprise totale, à peine âgée de seize ans. C'est
totalement irrationnel de lui permettre de prendre une place aussi
importante dans ma vie. Je suis conscient que je joue avec le feu, mais je ne
peux pas résister à cette tentation. Quelles que soient les circonstances, ce
petit bout de femme restera à mes côtés, jeune, belle, innocente, et surtout
éperdument amoureuse. La question se pose alors : est-ce que cela va
modifier ma façon d'agir ?
Non. Malgré les risques encourus, je suis déterminé à poursuivre sur
cette voie, je ne changerai pas.
XXXXXX
Alya
— Ce soir, l'ennui s'est emparé de moi. J'ai tellement l'habitude d'être
chez les Alpha avec Chris que ma chambre me semble soudainement terne
et ennuyante.
La porte s’ouvre brusquement sans que je m’y attende.
— Allez nous aussi on se rassemble entre filles au salon.
L’intervention bruyante de Kat vient rompre le calme de la pièce. Elle
débarque en criant, me saisit le bras et m'entraîne de force jusqu'au salon. Je
n'ai guère le choix et me laisse guider.
La plupart des filles sont déjà présentes et installées.
— Bon les filles. Les Alpha ont l'habitude de se réunir entre eux le
mercredi, sans que nous puissions y participer. Dieu seul sait ce qu'ils y
font, mais j'ai décidé que nous aurons également notre mercredi. En tant
que présidente, je déclare ouvertes les soirées du mercredi des Kappas.
Elle lève une bouteille de champagne, un immense sourire éclairant son
visage. L’excitation se lit sur le visage de chacune.
— On ne va pas se laisser abattre quand même, s’époumonne Kat.
Son enthousiasme me motive. Elle est toujours la première à vouloir
faire la fête et s’amuser. Cependant, je dois admettre que nous n'avions
jamais eu l'occasion d'être juste entre nous.
— Alors, ma chérie, tu bois une coupe ? demande-t-elle.
— Avec plaisir.
— Vous pensez qu'ils font quoi le mercredi ?
Je me tourne vers Natasha qui pose la question, les yeux plissés telle une
enquêtrice. C’est vrai que le mystère reste entier, personne n’a voulu donner
de détails sur ce qu’ils tramaient, enfermés chez eux de cette façon.
— Ils jouent peut-être à Action ou Vérité entre eux, sans filles, lance
Maggy.
Tout le monde explose de rire, mais chacune participe en proposant des
idées plus folles les unes que les autres. L'atmosphère devient légère. C'est
un moment rare où nous, les Kappas, pouvons savourer une soirée entre
filles, loin des habitudes et de l’influences des Alphas. Une nouvelle
dynamique s'installe, remplie de complicité et de rires, nous permettant de
créer nos propres moments et pour ma part, me permettre de faire plus
ample connaissance avec certaines.
— Ouais, ça tombe ils parlent juste des filles qu'ils ont sautées d'un
mercredi à l'autre pour comparer entre eux, continue de supposer Nath.
— Ils font venir des stripteaseuses.
— Ils sacrifient une vierge.
— Ou ils en sautent une, grogne Kat.
— De toute façon, c'est un truc qui doit être bien malsain si on n'a pas le
droit d'y aller.
Je jette un coup d’œil à Julia qui vient de dire cela et suis d'accord avec
elle. Si les Alphas n'acceptent pas les Kappa, c'est qu'ils ont quelque chose à
cacher. L'idée que nos confrères aient des secrets peu reluisants alimente la
curiosité et les rires dans la pièce.
*****
Un mois s'est écoulé depuis que Chris est arrivé chez mes parents, et
nous sommes officiellement ensemble, bien que cachés de tous. En réalité,
il agit ouvertement comme si nous étions un couple, ce qui semble de plus
en plus poser un problème aux yeux de mon frère, sans que je sache
pourquoi. Son comportement agressif envers Chris est inhabituel, mais de
plus en plus fréquent.
Je passe toutes mes nuits chez les Alphas, sauf le mercredi, mais cela me
convient parfaitement maintenant. Mes soirées entre filles sont devenues
indispensables, et j'adore ces moments. Les discussions que nous avons sont
tout simplement géniales. Évidemment, les Alphas sont un sujet permanent
de nos débats, mais en règle générale, Chris reste un sujet survolé de loin,
ce qui m'amuse.
Vendredi, nous entamons les vacances, et je rentre à la maison pour deux
semaines avec Zach. Autant dire une éternité loin de Chris à mes yeux. Rien
que l'idée de m'en éloigner autant de temps me donne déjà mal au ventre.
Cependant, il prend l'avion pour rentrer au Texas, donc il est peu probable
que je le voie débarquer comme la dernière fois. Malgré cela, il a refusé de
se voir ce soir, même si j'ai proposé de le rejoindre après. Leur mercredi
reste sacré. Je suis dégoûtée et commence sérieusement à me demander ce
qu'ils fichent à force.
— Tu viens, ma chérie, on va rire, s’amuser et parler de garçons, me
propose Kat.
— Allez. La dernière, après il faudra attendre la rentrée pour s'en refaire
une, me plains-je.
— J'ai l'impression que ces vacances vont être longues.
— Moi aussi. Quand je suis arrivée, je pensais que je voudrais rentrer
tout le temps chez moi, que ma famille me manquerait, mais maintenant je
me rends compte que je ne veux pas partir.
— On a déjà prévu de revenir le vendredi soir avec Méline. Tu rentres ce
jour-là aussi, ça fait un week-end de gagné.
— Zach aura sa voiture, donc faut que je négocie avec lui, mais je suis
sûre qu'il sera d'accord.
Je nous prends en photo et la poste dans ma story Insta : « Dernière
soirée entre filles avant les vacances ».
On descend rejoindre les autres filles en bas. Julia prend l'initiative de
mettre de la musique, et je dois admettre que l'ambiance s'améliore avec
elle. Elle semble avoir digéré ma pseudo-histoire avec Chris. Elle l'appelle
une relation sexuellement exclusive. Chacun donne le nom qu'il veut, mais
pour Chris, c'est tout sauf un couple.
— Alors les filles, qui a prévu une soirée Halloween pendant les
vacances ? m'enthousiasme Méline
Je m'empresse de lever la main à mon tour.
— Moi, avec les anciennes filles avec qui j'étais cheerleaders et les mecs
du foot.
— Tu étais cheerleaders ? s'exclame Natasha, visiblement surprise.
— Oui, c'était marrant, réponds-je avec un sourire nostalgique.
— Tu te tapais le Quarterback ? plaisante Méline, provoquant des rires
dans la pièce.
— Non, j'étais le genre de fille sage et pas la plus bombasse.
— Pas bombasse ? s’offusque-t-elle. Tu plaisantes, tu es magnifique, ma
chérie.
— Bref, j'ai une soirée Halloween, avoué-je, ressentant une légère gêne,
face à ses compliments constants.
Quelques autres filles confirment également avoir prévu quelque chose
pour Halloween.
— Je veux que vous m'envoyiez vos photos de costume, et le vendredi
de la rentrée, on fait une soirée sur ce thème ici, propose notre présidente en
cherchant le consentement de toutes.
Évidemment, nous sommes toutes partantes, comme si nous allions dire
non à l'organisation d'une soirée déguisée, franchement.
— Moi, j'ai un truc pourri à proposer avant d'être en vacances, ajoute Kat
avec un air malicieux et un sourire machiavélique.
— Vas-y, balance, encourage Méline avec un sourire complice.
Ces deux-là se sont tellement bien trouvés.
— Je veux savoir ce que font les Alphas le mercredi, s’exprime-t-elle,
partageant une curiosité grandissante avec chacune d’entre nous.
— Moi aussi... Qui est partante pour débarquer en trombe d'un seul coup
chez eux pour voir ce qu'est leur soirée ? propose Julia avec un éclat
malicieux dans les yeux.
Nous levons toutes la main en éclatant de rire. Il est évident qu'ils vont
être furax, mais nous serons toutes présentes, alors je leur souhaite du
courage pour nous dire quelque chose. Et s’opposer à nous.
— Alors, on y va toutes en silence, propose Méline. Certaines jettent un
coup d'œil à la fenêtre pendant que d'autres entrent en trombe pour les
surprendre. Alya, tu rentres en première, Chris ne te dira rien à toi, si tu es
en première ligne.
— Heu... Méline, tu abuses, dis-je, pas très sûre de moi.
— T'inquiète pas, Kat, Julia et moi, nous serons juste derrière.
Nous voilà parties telle une troupe de ninjas, loin d'être discrètes, en
direction de la demeure des Alpha. Avec notre nombre, faire silence relève
de l'impossible, et notre course à moitié baissées dans la rue ne manque pas
de ridicule.
À l'approche de la maison, certaines d'entre nous contournent le côté du
bâtiment. J'inspecte la porte, vérifiant si elle est verrouillée en tournant la
poignée avec précaution.
— Alya, n'entre pas ! entends-je hurler.
Je me retourne vers Natasha, qui semble paniquée. Elle revient du côté
de la maison en courant, mais je tente de la stopper avant que nous ne
soyons découvertes. Je mets mon doigt devant ma bouche pour lui signifier
de se taire. Elle est censée être à la fenêtre, pas là. Pourquoi est-elle revenue
?
J'ouvre brusquement la porte et me précipite avec les filles jusqu'au
salon. Mon élan s'arrête net quand je découvre la scène qui se déroule sous
mes yeux. Kat attrape aussitôt ma main, sentant probablement la tension
grandissante en moi.
Chris est assis dans un fauteuil, une fille sur les genoux, en train d'en
embrasser une autre. C'est quoi cette merde ? Une dizaine de filles sont
installées à leurs côtés, plus ou moins affalées sur les mecs.
L'impression que le sol se dérobe sous mes pieds me submerge. Je recule
de quelques pas, mais je ne parviens pas à m'éloigner davantage. Mon corps
semble figé, pris au piège de cette scène surréaliste. Je voudrais que mes
jambes me portent loin d'ici, que mes yeux n'aient plus à contempler cette
réalité, mais une force invisible me retient.
Tous les Alphas se lèvent, et la dizaine de filles présentes, que nous ne
connaissons pas, les imitent, créant une atmosphère tendue et électrique.
Chris a lâché les deux filles et se tient désormais debout, pétrifié par ma
présence. Soudain, une explosion de cris déchire l'air alors qu'il se met à
hurler sur Méline. Tout autour de moi, le tumulte devient un brouhaha
indistinct. C'est comme si mon corps était immergé sous l'eau, et les voix
résonnent à la surface, lointaines et inintelligibles. Une nausée implacable
me saisit, et il devient impératif que je m'éloigne. Mon estomac se tord dans
une douleur lancinante. Kat, celle qui connaissait la vérité sur moi et Chris,
m’attrape par le bras et me tire hors de la maison.
Une fois à l'écart, je libère tout ce que j'ai ingéré. Mon monde semble
s'effondrer de manière brutale, et je continue à vomir, comme si le poids de
la peine et de la trahison me compressait physiquement l’abdomen. C'est
comme si quelqu'un arrachait mon cœur, la douleur est à la fois physique et
mentale, me broyant littéralement le crâne. Des pensées tourbillonnent dans
ma tête, un tourbillon de questions sans réponse. Comment en suis-je
arrivée là ? Pourquoi ai-je fait confiance à un type comme lui ? Des
sentiments de colère, de désespoir et de dégoût s'entremêlent, créant une
toile sombre qui m'étouffe. Mon souffle est court, mon cœur bat
frénétiquement, et je sens le poids de la trahison s'ancrer profondément en
moi.
— Alya !
— Ne t'approche pas d'elle, Barber ! hurle Kat, folle de rage.
La tête entre les jambes, je vois indistinctement Kat repousser
violemment Chris, l'éloignant de moi tout en vociférant des injures. Je me
redresse, l'envie de rentrer, de fuir cet endroit m'envahit. J'essaie d'appeler
Kat, qui continue de pousser Chris tout en l'insultant. Les mots me
parviennent confusément, sonnée par l'image de Chris avec ces deux filles.
Alors, c'est ça, le fameux mercredi ? Il s'adonne à des aventures dans mon
dos, de manière vulgaire qui plus est.
Le lendemain, il revient vers moi comme si rien ne s’était passé. Mais
qui agit ainsi ? Qui ose se comporter de cette façon envers la personne avec
qui il est censé être en couple ?
— Kat.
Elle ne m'entend pas, ma tête tourne. Mon corps me lâche, choquée et
anéantie par ce que je viens de découvrir.
— KAT !
J'ai l'impression de dépenser une énergie folle en criant son nom. Elle se
retourne vers moi, donnant le champ libre à Chris pour me rejoindre. Il pose
sa main sur mon bras, mais je frappe violemment dessus pour l'enlever,
exprimant ainsi ma colère et ma répulsion. Un torrent d'émotions me
submerge, allant de la frustration à la trahison, créant une tempête en moi
que je lutte pour contenir. Mon souffle est court, mes mains tremblent, et la
douleur dans ma poitrine est insoutenable. C'est comme si le monde s'était
brusquement effondré autour de moi, et je lutte pour trouver une stabilité
dans ce chaos émotionnel.
— Alya, je t'en prie... Calme-toi.
Au même moment, plusieurs personnes sortent de la maison et nous
observent. Il tente de me prendre dans ses bras en m'agrippant par la taille,
mais je le repousse violemment et lui assène un coup de poing d'une force
que je ne pensais pas avoir, lui ouvrant la lèvre.
— Dégage, Barber ! Ne me touche pas. C'est terminé. Je comprends
maintenant pourquoi tu ne voulais pas qu'on sache qu'on était ensemble
À cet instant, les chuchotements de tout le monde emplissent l'air. Zach
est également présent, comprenant le jeu auquel Chris se livrait, feignant
une relation amoureuse pour me duper.
— Alya, je t'en prie... Calme-toi.
— VA TE FAIRE FOUTRE !!!
Je perds totalement mon calme.
— Viens, ma chérie, on rentre.
Kat m'attrape par la taille et commence à m'éloigner.
— Alya, s'il te plaît, me supplie Chris.
— Ne m'approche plus jamais. Tu n’es qu'une merde, m’égosillé-je entre
deux sanglots.
Le tremblement de mon corps ne semble pas vouloir s'apaiser. Kat
m'entoure de ses bras tandis que Méline vient soutenir également, loin de
cette scène cauchemardesque.
La réalité me rattrape, et je me trouve submergée par un sentiment
d'abjection envers moi-même. Comment ai-je pu être aussi aveugle, aussi
crédule ?
La nuit semble se refermer sur moi, sombre et implacable. J'ai
l'impression d'avoir été duper, manipulée, et la honte m'étreint. Comment
ai-je pu aimer un individu aussi dénué de scrupules, aussi fourbe ?
Comment ai-je pu me laisser séduire par ses mensonges, m'illusionnant sur
l'amour qu'il prétendait ressentir pour moi ? Surtout, comment ai-je pu
accepter qu'il me traite de la sorte, en me demandant de garder notre
histoire secrète. Les regrets me rongent, m'envahissent, et je me sens
incroyablement idiote.
— Alya, je suis désolé. Je te jure. Arrête-toi. Je t'aime bordel.
Il crie ces derniers mots avec désespoir.
Je m'arrête net et me retourne vers lui, une rage brûlante nourrissant mes
mots, prête à déverser toute la douleur qu'il vient de creuser dans le gouffre
béant à la place de mon cœur.
— Tu ignores complètement ce que signifie aimer. Et même si c'est le
cas, c'est clairement plus le mien. Continue de fréquenter ces filles qui ne
sont là que pour ça. Tu excelles uniquement dans ce domaine, je le savais
dès le début, et maintenant, je réalise que je ne me suis pas trompée. J'aurais
dû rester sur ma première impression, c’est toujours la bonne. N'approche
plus jamais de moi. C'est compris ? Tes prétendus sentiments fout les toi au
cul.
Je me libère des mains des filles qui essaient de me retenir, comprenant
facilement que je suis sur le point de perdre le contrôle. Ma douleur s'est
soudainement métamorphosée en une colère dévastatrice. Je m'approche de
lui, concluant mon discours acerbe et déversant des flots d'insultes,
accentuant chaque syllabe avec mon mépris.
— Tu n’es qu'une merde. Un pauvre mec qui pense qu'à sa bite. Une
personne déplaisante, obsédée par des pensées dénuées de toute classe. Les
filles viennent ici pour s'amuser avec n'importe quel type qui se présente
comme un "alpha", et franchement, elles se fichent éperdument de qui tu es.
Ne te crois pas irrésistible, car tu ne l'es absolument pas. Toi ou un autre
pour elles c’est la même chose. Tu es simplement réduit à n'être qu'un objet
de satisfaction pour ces pétasses. Tu es un connard médiocre qui ne mérite
même pas l'attention que je t'ai accordée. À mes yeux, tu n'es plus rien,
Barber.
Il reste immobile devant moi, sans réaction, tandis que je m'approche de
lui. Des larmes perlent dans ses yeux, mais contrairement à lui, je suis
habitée par une rage brûlante qui m'envahit à cet instant. Je préfère la laisser
prendre le dessus, car c'est moins douloureux que d'affronter la tristesse qui
pourrait émerger.
— Alya, soupire-t-il tristement.
Ma réponse à sa supplique est une gifle, assénée de toutes mes forces.
Je soulève déjà ma main pour réitérer l'acte, mais les filles interviennent,
me retenant fermement pour m'empêcher de le frapper à nouveau.
— Ne prononce plus jamais mon prénom, craché-je avec mépris. Tu n'es
plus rien pour moi. Barber, jamais je ne te pardonnerai. Ma loyauté envers
cette sororité de dépravés, je n'en veux plus, c’est terminé !
Méline et Kat exercent une pression ferme sur mes épaules, me forçant à
reculer tandis que la colère bouillonne en moi, prête à exploser. L'envie de
le détruire m'envahit, mais elles me guident résolument vers la maison. Les
kappas nous suivent en silence, laissant derrière eux le chaos qu'ils ont
semé. Les cris des filles expulsées résonnent encore dans l'air, témoignant
de la brutalité avec laquelle elles ont été éjectées de la fête, certaines en les
trainant même par les cheveux.
Le chemin vers la maison est un parcours difficile, marqué par la tension
palpable et le poids de la trahison.
Zach éclate de colère, vociférant des insultes à l'adresse de Chris, mais je
n'ai plus la force de me retourner. Tout ce que je souhaite, c'est rentrer,
m'enfermer dans ma chambre, et affronter la réalité de ma propre naïveté.
Les larmes menacent de couler, mais je lutte pour les retenir, refusant de
montrer ma vulnérabilité plus que je ne l’ai déjà fait.
Le tumulte derrière moi s'estompe peu à peu, laissant place à un silence
oppressant alors que nous pénétrons dans la maison. Méline et Kat me
guident avec précaution, conscientes de ma fragilité. L'idée de me
confronter à ma propre sottise m'effraie, mais je sais que c'est inévitable.
XXXXXXI
Alya
Kat et Méline me conduisent avec précaution dans ma chambre. Pour
l'instant, les larmes ne se sont pas encore libérées, mais je sens qu'il ne
faudra que quelques minutes avant que je ne m'effondre complètement. Un
tumulte d'émotions contradictoires se bat à l'intérieur de moi, une bataille
entre la colère, la tristesse, la déception, la honte d'avoir été aussi crédule, et
une rage pure qui menace de déborder. J'ai clairement manqué de jugement.
C'est indéniable, je suis passée par une période de naïveté, une période que
je pensais avoir laissée derrière moi. Apparemment, je me suis trompée.
— Tu veux quelque chose, ma chérie ? demande Kat, cherchant à apaiser
ma détresse.
— Un cerveau, réplique-je d'un ton désespéré.
— Un cerveau ?
— Oui. Un organe qui réfléchit, qui n'est pas complètement stupide. Un,
qui ne croit pas toutes les inepties débitées par un salaud.
Je m'efforce de rester forte, mais la frustration éclate dans mes paroles.
Je ressens le besoin impérieux de recouvrer ma lucidité, de me défaire de
l'illusion dans laquelle j'ai été entraînée. Mes pensées tourbillonnent dans
un mélange chaotique de regrets et de réprimandes, créant un maelström
émotionnel dans lequel je lutte pour trouver un semblant de clarté.
— Tu n'es pas stupide. C'est lui qui l'est, me rassure-t-elle d'un ton
compatissant.
— Tiens, je t'ai ramené une bouteille d'eau. Si tu as besoin de quoi que
ce soit, tu me le dis, d'accord ?
— Merci, Méline. Je veux juste être seule, s'il vous plaît.
Elles acquiescent toutes les deux d'un signe de tête et me déposent un
baiser sur le front avant de quitter ma chambre. Le calme apparent qui
s'installe est troublé par les cris persistants en provenance de la rue et du
rez-de-chaussée. Julia semble faire barrage à la porte, résolue à empêcher
Chris d'entrer.
— Dégage, Chris... Tu n'as rien à faire ici, beugle-t-elle avec fermeté et
détermination.
— Laisse-moi passer ! vocifère-t-il à son tour, et j’imagine aisément sa
tentative de forcer le passage.
En moins d’une seconde, la voix de Méline s'ajoute à celle de Julia.
— Va-t'en, elle ne veut pas te voir. Vous étiez ensemble, putain !
Comment as-tu pu jouer à ça ? Comment as-tu pu lui faire ça ? Casse-toi
d'ici.
La confrontation en bas résonne comme un écho de ma propre tourmente
intérieure. Les paroles dures, chargées de colère et de déception, trouvent
un écho dans ma propre douleur. Je reste allongée sur mon lit, le regard
perdu dans le vague, cherchant désespérément à apaiser le tumulte
émotionnel qui fait rage en moi.
Je presse mon oreiller contre mes oreilles, désireuse de ne plus entendre
la dispute en contrebas. Je ne veux plus rien n'entendre. Le vide dans ma
poitrine reprend sa place, la douleur l'emportant. Les larmes, que je retenais
jusque-là, affluent enfin. Il est temps d'évacuer cette peine, de la laisser
sortir, même si cela semble être une déchirure interminable.
Les sanglots m'envahissent sans retenue, déchirant le silence de ma
chambre. Ils s'écoulent sans relâche, jusqu'à ce que ma respiration devienne
difficile. Mes mains cherchent mes écouteurs, la cacophonie persistante
dans la pièce en dessous devenant un murmure indistinct. La musique, avec
ses accords familiers, devient un remède temporaire, m'isolant du monde
extérieur.
Les larmes continuent de couler, un torrent d'émotions débordant de mes
yeux. Je m'interroge sur les circonstances qui m'ont amenée à ce point.
Comment ai-je pu croire en lui ? Comment ai-je pu me persuader d'être
spéciale ? La dure réalité s'installe : je ne suis qu'une adolescente de seize
ans à ses yeux, un simple divertissement avec lequel il a pris plaisir à jouer
au jeu des amoureux. La stupéfaction m'envahit face à ma propre crédulité,
à ma naïveté. J'ai gobé toutes ses paroles, toutes ses actions pensées
uniquement pour moi. Au cœur de cette tempête, je me trouve perdue,
regrettant chaque moment où j'ai accordé ma confiance, chaque instant où
j'ai laissé mon cœur s'ouvrir à de fausses promesses. La trahison, comme un
poison insidieux, s'infiltre dans les fissures de mon amour propre, laissant
derrière elle un goût amer d'illusion brisée.
Mes doigts caressent le creux de ma poitrine, comme si je pouvais
toucher la douleur qui y réside. Le sentiment de vide persiste, empreint de
la triste réalité que j'ai été dupée. Mon cœur saigne.
Deux heures s'écoulent dans ce tourbillon émotionnel avant que
l'épuisement finisse par me submerger. Les sanglots cèdent la place à un
sommeil lourd, ponctué de rêves tumultueux et troublés. La trahison et la
déception tissent des fils sombres dans mes pensées, et je m'enfonce dans
l'inconscience, cherchant un répit momentané à cette nuit cauchemardesque.
*****
Au réveil, il me faut un moment pour admettre que Chris n'est pas à mes
côtés et que la dure réalité de la soirée précédente persiste. J'ouvre les yeux
lentement, sentant une sensation de picotement après avoir passé une nuit à
pleurer. Mon visage doit refléter les traces de ma détresse, mais la douleur
émotionnelle est toujours aussi vive ce matin.
Je jette un regard par la fenêtre, observant le lever du soleil qui projette
une lueur rouge orangé dans ma chambre. Mon téléphone, posé à proximité,
m'indique qu'il est six heures trente. Les multiples notifications provenant
de Chris inondent l'écran, mais je n'ai aucune envie de les lire. Je sais déjà
que ses paroles ne valent pas la peine que je m’y attarde. L'idée de me
rendre en cours aujourd'hui me paraît insurmontable. Je n'ai ni la force ni
l'envie d'affronter le regard des autres.
Je décide de rester ici, seule, à me morfondre dans ma tristesse. Comme
n'importe quelle idiote qui a cru être aimée par le garçon dont elle était
profondément amoureuse, pour découvrir qu'il n'était qu'une illusion, un jeu
cruel. Je reste allongée, immobile dans mon lit, fixant le plafond, regardant
les nuances du ciel changer au fil du temps. Mon seul souhait est qu’il passe
plus rapidement, qu'il cicatrise les blessures profondes infligées à mon cœur
par les agissements d'un alpha.
Soudain, un léger coup à ma porte interrompt mes pensées. Je me
retourne pour voir Kat entrer doucement, tenant deux tasses de café dans
ses mains.
— Salut, ma chérie. Comment tu te sens ? me demande Kat d'une voix
douce.
Je réponds d'un simple haussement d'épaules, incapable d'émettre le
moindre son, puis me redresse lentement, m'asseyant et appuyant mon dos
contre la tête de lit. Elle me tend l’un des mug, esquissant un petit sourire
rassurant.
— Tu vas en cours ? interroge-t-elle.
Je secoue la tête en signe de refus tout en remuant le sucre dans mon
café.
— Tu veux que je reste avec toi ?
— Non, je préfère me morfondre toute seule. J'ai envie d'écrire, dis-je
d'une voix éraillée à force d'avoir pleuré.
— D'accord. Méline a dit qu'on devait laisser l'entrée verrouillée, comme
ça tu ne seras pas dérangée. Personne ne pourra entrer.
— Très bien, murmuré-je.
Kat me dépose un baiser sur le front avant de quitter doucement ma
chambre après un long câlin. Sa présence réconfortante a un effet apaisant
sur moi. Elle est vraiment adorable.
Je me retrouve seule, regardant autour de moi dans cette pièce qui
semble maintenant vide sans lui. Mon cœur, tout aussi vide, ressent le poids
de cette absence. Je me laisse aller à l'apitoiement sur mon sort, incapable
de penser à autre chose. J'ai l'impression de me perdre, de m'engluer dans la
tristesse. J'aimerais me secouer et me rappeler qu'il y a d'autres personnes,
d'autres opportunités, mais je n'y parviens pas. Tout ce que je veux, c'est
pleurer, laisser sortir cette douleur, encore et encore.
Mon téléphone se met déjà à vibrer, affichant le nom de Chris. Je refuse
l'appel, mais il insiste. Je rejette de nouveau l'appel, essayant de résister à la
tentation de décrocher, même pour une seconde. Mes hésitations sont trop
longues, car il finit par tomber sur mon répondeur. Finalement, je réalise
que c'était la bonne décision. Mieux vaut éviter une conversation qui ne fera
que raviver les plaies encore fraîches de mon cœur brisé.
J’envoie un message à mon frère pour qu'il récupère mes affaires dans la
chambre de Chris. J'aurai besoin de tout remettre dans ma valise pour
préparer mon retour. Partir, rentrer à la maison, semble devenir la meilleure
option. C'est une façon de m'éloigner de lui, de cet endroit chargé de
souvenirs douloureux. Ce que je n'aurais jamais souhaité devient
maintenant une nécessité impérative : fuir.
En réalité, toute notre histoire, notre prétendue relation, n'était qu'un
mirage dans ma tête. Lui, il a toujours été célibataire. J'étais simplement là,
disponible quand il le voulait. Comme Julia avant moi, je réalise que c'était
elle qui avait raison. Ce n'était qu'une relation sexuelle exclusive, mais
j'étais la seule à être exclusive. Lui, en revanche, ne l'était pas. Comme
d'autres avant moi, j'ai été la proie de cette illusion. Je remets mes écouteurs
sur mes oreilles, plongeant dans la musique pour noyer mes pensées
tourbillonnantes. C'est le seul moyen de trouver un semblant de réconfort
dans ce moment douloureux, en me laissant emporter par les notes qui
viennent envelopper mes émotions.
En écoutant les paroles de certaines chansons, je réalise que je ne suis
pas seule au monde à vivre cette tristesse dévorante que je ressens
aujourd'hui à cause d'un garçon incapable d'aimer la fille amoureuse. C'est
un sentiment partagé, une douleur universelle que la musique semble
pouvoir exprimer.
Comment peut-il être aussi cruel, ce garçon qui a semé la confusion dans
mon cœur ? Ces pensées me tournent en boucle, renforçant le poids de ma
peine. Je reste dans mon lit toute la matinée, pleurant en position fœtale,
serrant mon oreiller comme si je cherchais désespérément un point
d'ancrage qui me permettrait de remonter à la surface. Mes larmes se sont
épuisées, mon corps refusant d'en produire davantage. J'essaie de me
calmer, de reprendre le contrôle de mes émotions. Je décide de prendre une
feuille de papier. C'est peut-être idiot, mais je suis convaincue que cela ne
peut que me faire du bien. De toute façon, rien ne peut empirer les choses à
ce stade. L'écriture devient mon exutoire, un moyen de libérer les
sentiments qui menacent de m'engloutir.
Le stylo danse sur le papier, libérant mes pensées et mes émotions. Les
mots coulent aisément, déversant mon cœur brisé, ma peine, cet amour
désormais anéanti après l'avoir vu avec une autre. Mettre des mots sur ce
que je ressens me procure un soulagement. Je suis persuadée que si je
transcris cela sur mon devoir du trimestre, le prof ne s'en relèvera pas.
Le reste de la journée se déroule dans cette atmosphère d'écriture,
accompagnée de musiques déprimantes. J'entends les filles rentrer des
cours, mais personne n'ose vraiment venir me voir. Finalement, je pose
enfin le crayon et contemple mes feuilles. Quatre pages... quatre pages de
désespoir, de tristesse, de détresse. Quatre pages pour exprimer ma peine et
mon humiliation d'avoir été aussi naïve. Quatre pages qui retracent le pire
moment de ma pauvre petite vie. Mon premier chagrin d’amour que je suis
sûre tout le monde a vécu un jour.
Quelqu'un frappe finalement à ma porte. Cela pourrait être Kat ou
Méline, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit Julia.
— Salut. Je peux entrer ? demande Julia un peu gênée.
— Oui, bien sûr.
Nous n'avons jamais été de grandes amies, toutes les deux éprises du
même garçon. Désormais, nous nous retrouvons au même point.
— Je voulais voir comment tu te sentais, explique-t-elle.
— Je me sens idiote, naïve, trahie.
— C'est ce qui arrive avec Chris. Je sais qu'on ne s'est jamais entendues,
justement à cause de lui. Mais je veux que tu saches que je suis là si tu as
besoin.
— Merci, c'est très gentil à toi.
— Tu n'es pas idiote ou naïve. Il sait dire les choses qu'il faut pour qu'on
accepte beaucoup de choses.
— Est-ce qu'à toi aussi il a fait croire que vous étiez ensemble, mais qu'il
ne voulait pas que ça se sache ? ne puis-je m’empêcher de demander.
— Non. Il ne m'a jamais fait de promesse ou agi comme il agissait avec
toi. On savait toutes ici que Chris était dingue de toi. Ça nous a surprises
autant que toi hier de le voir comme ça. Natasha l'a vu par la fenêtre et elle
a couru pour t'empêcher d'ouvrir la porte.
— Je préfère savoir. Savoir qu'il se moque de moi depuis le début.
— Il a appelé les portables de tout le monde pendant toute la nuit pour
qu'on le laisse entrer.
— Je veux plus le voir, plus jamais.
— Plus jamais, ça va être dur, mais on fera barrage le temps que tu
voudras.
— Merci, Julia. J'espère qu'on pourra se rapprocher et s'entendre
désormais, exprimé-je avec sincérité.
— J'espère aussi. Je n'ai plus aucune intention de le laisser me
manipuler, alors ne t'inquiète pas, je ne m'approcherai pas de lui.
Je hoche la tête d'un air gêné. Je n'aurais jamais eu le courage de lui
demander, mais je suis contente qu'elle l'ait dit d'elle-même.
— Tu l'as vu aujourd'hui ?
— Non, personne ne l'a croisé. Il n'est pas sorti de chez les Alphas. Il
n'est pas venu en cours. Tu veux du chocolat ? J'en ai dans ma chambre. Il
paraît que ça remonte le moral.
— Non merci, je ne suis pas capable d'avaler quoi que ce soit.
Ok. Dis-moi si tu changes d'avis. Je te laisse.
Elle aussi m'offre un câlin, et je dois admettre que je suis contente que,
malgré toute cette merde, je me rapproche d'elle. Je savais que c'était une
fille bien, mais la jalousie et les sentiments peuvent parfois pousser à faire
les pires choses. Lorsqu'elle quitte ma chambre, je me tourne vers la fenêtre
pour observer la lumière décliner, le soleil s'apprêtant à se coucher.
Pourtant, je n'ai pas bougé de mon lit.
Il est temps de faire mes bagages. Mes parents viennent nous chercher
demain, et je n'ai rien préparé. Je me secoue avec un courage minable, me
levant pour récupérer ma valise. Attrapant mon linge sale, j’ouvre le sac et
le jette à l'intérieur. Moi qui aime l'ordre et les affaires bien pliées, bien
rangées, je dois avouer que là, je m'en fiche royalement. Je mets le reste de
mes affaires en boule, ajoutant mes cours nécessaires pour travailler
pendant ces vacances qui commencent de façon pitoyable, puis referme le
tout.
Mon téléphone émet un bip, c'est mon frère.
À suivre....
Remerciements
Cette histoire a été la toute première que j’ai écrite sur wattpad. Je
remercie toutes celles qui m’on lue et qui m’ont encouragée à la retravailler
pour qu’enfin Alya et Chris voient le jour en version papier. Merci de me
suivre sur ce réseau et lire mes histoires. Je remercie chaque lectrice pour
les commentaires qu’elles me laissent, et qui m’ont permis de faire avancer
cette histoire.
Merci également comme toujours à mon mari qui me soutient dans ces
longues heures passées enfermées dans ma bibliothèque à travailler sur mon
ordinateur, à réécrire, relire, et corriger et recommencer.
Eden-Hope :
J'ai décidé de tout quitter pour fuir la méchanceté de mon frère aîné, Jace.
C'est là que j'ai fait la rencontre de Kyra, Kyllan, Josh et Tomy, avec qui j'ai formé un groupe de
rock pour passer le temps pendant mes années lycée. Notre amitié a grandi en même temps que notre
succès. Nous voilà des stars internationales, sans que je m'en rende compte. Mais une soirée suffit à
tout bouleverser. Revoir Connor l'un des meilleurs amis de mon frère. Celui dont je suis amoureuse
depuis toujours.
Une nuit.
Et tout part en vrille.
Connor :
Je ne l'ai pas reconnue, elle a bien trop changé et j'ai passé la nuit avec elle. Cette petite peste
s'est fichue de moi et m'a foutu dans une merde noire. Jace va me tuer s'il l'apprend.
Quatre ans après cette nuit torride, je vais devoir bosser avec son groupe. Je suis devenu leur
agent. La revoir après tout ce temps me fout un coup au moral, mais ce n'est rien à côté de ce que je
ressens, lorsque j'apprends qu'elle a une fille de trois ans.
Une enfant qui a mes yeux
Alors qu'elle entame son premier jour dans son job d'étudiante, en tant que femme de ménage
dans une riche famille.
Mégane entre dans la chambre à coucher pensant qu'il n'y a personne, et se retrouve nez à nez
avec le garçon qu'elle déteste depuis toujours.
À partir de ce jour, leurs chemins ne vont faire que de s'entremêler.
Elle va également rencontrer Jay, président de la fraternité la plus sélect de l'université et qui a
envers elle un comportement des plus troublant.
Elle sera, par sa faute et malgré elle, mêlée aux épreuves d'initiation des novices.
C'est alors, que l'année qu'elle espérait être la plus belle et la plus insouciante de sa vie, va se
transformer en véritable cauchemar.
Entre Logan qui souffle le chaud et le froid. Ses sentiments pour celui qu'elle connaît depuis
toujours, qui vacillent entre l'amour et la haine. Jay qui cache vraisemblablement quelque chose et les
épreuves, plus tordues les unes que les autres.
L'année de Mégane risque d'être beaucoup plus mouvementée et compliquée que ce à quoi elle
s’attendait.
Serez-vous capable de relever le défi et de rejoindre les Epsilons ?
Bonne chance pour vos épreuves.