Audrey Rigaut Life Love Rage - 2024 - 1001ebooks - Club - 1

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« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une

utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque
procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de son ayant droit ou ayant cause, est illicite
et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété
intellectuelle. »

Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des évènements ou des lieux réels ne sont utilisés
que pour servir cette histoire. Tous les noms, personnages et évènements sont le produit de mon
imagination. Toute ressemblance avec des personnes, et des évènements serait totalement fortuite.

AVERTISSEMENT AUX LECTEURS :


Ce livre comporte des scènes érotiques explicites pouvant heurter la sensibilité des jeunes
lecteurs.
Âge minimum conseillé : 18 ans

Auteure : Audrey Rigaut tous droits réservés (2023)

Photographie : site photos libres de droits

Dépôt légal : 09/202


I
Alya
Aujourd'hui, c'est le jour où je quitte le nid familial pour entamer mon
aventure universitaire. La peur me serre le ventre, mon anxiété est palpable,
mon cœur bat la chamade, et mes mains sont moites. Je chérissais mes
années lycée, mes amies, nos escapades, et surtout, notre insouciance. Je
vérifie méticuleusement si je n'ai rien oublié, mais je suis convaincue
qu'une fois là-bas, il me manquera quelque chose, je me connais trop bien.
En bas, ma mère semble encore plus stressée et agitée que moi. On dirait
presque que c'est elle qui part à l'université. Mon père fait une entrée dans
ma chambre, arborant un sourire qu'il veut apaisant, mais qui ressemble
davantage à une grimace.
— Est-ce que je peux prendre tes affaires et les charger dans la voiture ?
— Oui... je crois que je n'ai rien oublié, réponds-je incertaine.
Il saisit ma valise, tandis que j'enfile mon lourd sac de voyage sur mon
épaule, luttant pour ne pas flancher sous son poids. Je prends également le
carton de décorations que j'ai prévu d'installer pour me sentir un peu chez
moi. J'avoue, j'ai des appréhensions quant à cette période de transition. Mes
véritables aspirations vont au-delà des dortoirs, j'ai pour projet de rejoindre
une sororité. Je suis persuadée que mes notes excellentes, mon dossier
impeccable et mon passé au sein de l'équipe de cheerleading me donnent de
bonnes chances. Même si j'étais plutôt timide et discrète, je me démarquais
parmi les filles confiantes et extraverties. Je suis convaincue que je
m'adapterai sans difficulté.
Une fois la voiture chargée, ma mère laisse déjà couler des larmes.
S'il vous plaît, pas ça.
— Cesse de pleurer, maman, s'il te plaît ! Nous avons encore trois
longues heures de route devant nous, sans compter le temps nécessaire pour
mon installation. Il est trop tôt pour les adieux.
— C'est plus fort que moi, c'est mon dernier bébé qui s'en va.
Elle dit cela, pourtant elle a fait le même cinéma lorsque mon frère est
parti il y a deux ans pour l'USC, où il est déjà inscrit. Nous partageons tous
les deux une passion pour le cinéma, bien que nos aspirations soient
différentes. Lui se tourne vers la réalisation, tandis que mon intérêt se porte
principalement sur l'écriture.
Je suis ravie d'avoir été acceptée dans cette université et de le rejoindre
là-bas. Mon frère est membre d'une fraternité, et j'aimerais suivre son
exemple. J'ai postulé pour celle qui est jumelée à la sienne, espérant être
recrutée. Zach et moi avons toujours eu une excellente relation, mais il ne
m'a jamais parlé en détail de l'université ni de ce qu'il y fait depuis son
arrivée. Je sens qu'il est un peu anxieux à l'idée que je fasse ma rentrée là-
bas. Peut-être craint-il que je tente de m'immiscer dans sa vie. Pourtant, je
n'ai pas l'intention de me coller à lui. Il sait que je ne suis pas comme ça,
que ce soit au lycée ou à la maison. Cependant, ces derniers jours, son
inquiétude transparaît clairement. Aurait-il des secrets à cacher là-bas ? Si
c'est le cas, je le découvrirai.
— Bien, en route tout le monde !
Mon père bat des mains pour rassembler tout le monde. Mon frère jette
son sac dans le coffre avec son habituelle nonchalance. C'est la dernière fois
qu'il nous accompagne, étant donné qu’il a économisé suffisamment pour
acheter sa propre voiture, mettant ainsi fin à sa dépendance à l'égard de nos
parents. Il est ravi, et je le suis tout autant, car avec un peu de chance, il
pourra m'emmener de temps en temps. Je nous imagine déjà rentrant à la
maison, musique à fond dans l’habitacle.
Nous montons tous en voiture, et ma mère se tourne pour nous regarder
tour à tour, son visage mêlant tristesse et fierté. Je lance un sourire en coin à
Zach et lève les yeux au ciel. Je sens que des larmes et des étreintes
chaleureuses sont à venir.
— Es-tu consciente que je reviendrai pendant les prochaines vacances,
maman, et Zach sera là pour Noël, voire peut-être avant.
— Oui, mais ce sera tellement triste sans vous, je me sentirai si seule, se
lamente-t-elle.
— Hé, je suis toujours présent, merci... J'existe.
Mon père a sa manière de lui rappeler sa présence, même si elle semble à
peine y prêter attention, le pauvre.
— Refaites un enfant, vous n'avez pas oublié comment on fait ?
Je me tourne vers mon frère, choqué par sa remarque. Même ma mère
semble outrée. Mon père, au volant, quant à lui, éclate de rire, l'humour
masculin, bien entendu.
— Eh bien, chérie, on pourra le faire dans toutes les pièces maintenant.
— Oui, mais évitez ma chambre, c'est dégoûtant.
La grimace sur le visage de Zach en disant cela me fait rire, même si j'ai
la même en les imaginant profiter de notre absence de cette manière. Je ne
verrai plus la maison de la même façon.
— Ma chérie, je tiens tout de même à t'avertir au sujet des garçons de
l'université.
— Non, maman, pitié, pas ça.
Faites-la taire.
— C'est nécessaire, ton frère ne pourra pas toujours veiller sur toi.
Il la coupe rapidement en ajoutant :
— Je ne serai jamais là plutôt. Elle se débrouille. C'est un bébé, mais je
suis sûr qu'elle saura gérer.
— Tu veilleras sur ta petite sœur et tu veilleras à ce qu'elle reste vierge,
c'est bien clair, jeune homme ? le menace-t-elle en pointant son doigt dans
sa direction.
— Mais sérieusement, maman, c'est gênant. Arrête !!! Et puis, comment
tu sais que je suis encore vierge ? répliqué-je.
Mon frère éclate de rire à son tour.
— Oh, je t'en prie, c'est écrit en gros sur ton front, petite sœur. Désolé,
mais là-bas, tu ne passeras pas pour une experte en sexe.
— Et c'est tant mieux, ma chérie, tu n'es pas une libertine, et cela me
rend fière, insiste-t-elle.
Une corde pitié !!!
Cette conversation est gênante. Je jette un regard à mon frère, toujours
hilare à la suite de sa remarque, sachant très bien qu'il avait déjà perdu la
sienne à son arrivée à l'université. Les filles se disputaient toutes les faveurs
de son attention. Il incarne le cliché parfait du beau gosse américain, blond
aux yeux bleus, grand, musclé, sportif, avec un sourire capable de faire
fondre n'importe quelle petite culotte.
Elles ont toujours été aimables avec moi, espérant ainsi gagner ses
faveurs. Pourtant, je suis bien différente, bien plus timide et réservée. J'ai du
caractère, même si je n'ai jamais vraiment osé le montrer ni être pleinement
moi-même. Lui, en revanche, était un grand séducteur, maître dans l'art
d'utiliser son sourire ravageur pour attirer n'importe quelle fille dans son
pieu.
Je reste silencieuse pendant une bonne partie du trajet, observant les
paysages qui défilent, tout en ressentant un petit nœud d'anxiété dans
l'estomac en pensant à la rentrée. Zach, lui, pianote sur son téléphone, qui
ne cesse de vibrer. J'ai tenté de jeter un coup d'œil par-dessus son bras pour
voir ce qu'il faisait, mais il a grogné comme un ogre en se déplaçant pour
m'empêcher de regarder.
— Alors, ma chérie, ton papa va te manquer un peu quand même ?
Ça y est, après l'un, c'est au tour de l'autre. Je soupire et jette un œil à
Zach, qui sourit, content que ce ne soit plus son tour.
— Oui, papa, évidemment que tu vas me manquer, mais je ne pars pas à
l'autre bout du monde, vous êtes au courant tous les deux, et je ne suis pas
perdue, je serai avec Zach.
— Non. Tu seras avec tes amis, et moi avec les miens. Tu vis ta vie, et
moi la mienne.
Sympa, le frangin. Je pensais qu'il serait quand même un peu plus
enthousiaste à l'idée de me voir sur le campus. Je le regarde un peu déçue,
mais il ne lève pas le nez de son maudit téléphone. J'ai envie de le lui
arracher des mains et de le jeter par la fenêtre.
Trois heures de route plus tard, nous voilà enfin arrivés, devant
l'imposante résidence de sa fraternité, une immense bâtisse blanche ornée
de quatre colonnes et les lettres grecques « Alpha Sigma Phi » fièrement
inscrites en noir sur la façade.
Il descend du véhicule, tout comme mes parents et moi-même. Il nous
regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes et commence à faire des
gestes avec ses mains pour nous arrêter.
— Hé, stop, qu'est-ce que vous faites ? Je n'ai pas besoin
d'accompagnement, merci. À plus... Allez jouer les parents tristes avec
Alya, c'est elle le bébé.
— Tu pourrais faire un câlin à ta mère, tout de même ?
Je ris en baissant la tête, voyant l'air déçu qu’elle affiche. Dommage,
grand frère, tu ne peux pas échapper au câlin affectueux de « moman ».
Il soupire et prend notre mère dans ses bras brièvement, puis serre la
main de notre père. Je contemple l'immense demeure dans laquelle il vit. Je
n'avais jamais eu la chance de le conduire ici auparavant, il ne voulait pas
de moi dans la voiture. Son arrivée à l'université l'a changé, et notre relation
étroite d'autrefois, quand il vivait à la maison, s'est un peu distendue. Mais
il semble que vivre dans une maison comme celle-ci soit vraiment génial.
Un jeune homme émerge de la maison, ayant la même prestance que
Zach, arborant un charme naturel. Grand, brun, aux yeux d'un bleu azur
d'une clarté exceptionnelle, il dégage un sourire enjôleur qui le place dans la
catégorie des séducteurs par excellence, inutile d’être Einstein pour le
deviner. Il se dirige vers nous et tape amicalement l'épaule de mon frère.
— Salut, je m'appelle Chris, un ami de Zach.
— Enchantée, je suis Emy, et voici Max, mon mari.
Mon frère roule des yeux avec un air désespéré. Il est difficile de se
défaire de nos parents envahissants. Pendant ce temps, je me laisse aller à
un petit rire discret, sachant que mon tour viendra bientôt, et je n’en suis
pas pressée.
— Bon, allez, salut tout le monde. Tu viens, Chris ?
— Et toi, qui es-tu ?
Ses yeux se posent sur moi, et cela me perturbe instantanément.
— Heu... Alya, dis-je un peu décontenancée.
— Ma petite sœur, Chris.
Le ton de mon frère est inhabituellement sec et menaçant en disant cela.
C'est plutôt étrange de sa part. Pourtant, son ami élargit son sourire et
plonge son regard dans le mien. Ses yeux d'une beauté envoûtante me
troublent profondément.
— Ravi de te rencontrer. Tu es encore au lycée, ou bien tu viens
t'installer dans notre superbe université ?
Il me met mal à l'aise, je ne sais même pas pourquoi.
— Je... Je viens m'installer.
Bon sang, Alya, arrête de bafouiller.
— Alors, nous aurons l'occasion de nous revoir... Tes yeux ressemblent à
ceux de ton frère, mais ce bleu magnifique te va beaucoup mieux.
Un vrai dragueur, je vous le dis.
— Chris !!! gronde Zach
Je recule vers la voiture et monte rapidement sans pouvoir détourner
mon regard du sien. Il dit que j'ai de beaux yeux, mais si j'osais, je lui
rendrais le compliment. Mes mains sont moites, ma bouche est sèche. Mon
frère le prend par le bras pour lui parler sur un ton légèrement énervé, ce
qui le fait éclater de rire.
— Tu es prête à aller t'installer maintenant, ma chérie ? demande ma
mère particulièrement enthousiaste.
Je jette un dernier coup d'œil à la maison et au copain de mon frère qui
discute avec deux filles devant l'entrée. Il se tourne vers moi et esquisse un
sourire. Je m'enfonce dans mon siège, perturbée et je déteste ça.
II
Alya
Lorsque je contemple le tumulte régnant sur le campus, l’image d’une
fourmilière immense et chaotique me vient à l’esprit. Les nouveaux venus
se distinguent aisément, accompagnés de leurs parents, arborant des
expressions mêlées de désir d’indépendance et de réticence à quitter le
cocon familial. Chacun d’eux souhaiterait se débarrasser discrètement de
ses parents pour éviter les larmes émouvantes de ces mères excessivement
affectueuses, convaincues que leur précieux enfant quitte le nid.
Après avoir quitté la voiture, je récupère mon volumineux sac dans le
coffre, mon père s’occupe de la valise, tandis que ma mère s’empare de
mon carton, cherchant à se rendre utile malgré son absence d’objet entre les
mains.
— Es-tu prête ?
— Oui.
— Pas trop stressée ?
— Maman, c’est toi qui es stressée. Moi, ça va très bien, rétorqué-je,
exaspérée.
— Emy, laisse-la tranquille. C’est toi qui vas finir par la rendre folle,
soupire mon père.
— Mais je vais très bien, moi.
Je laisse ma tête retomber en arrière et prends une grande inspiration.
Il est grand temps d’avancer, sous peine de voir ma mère verser des
larmes sur le parking. Je me demande comment s’est passée la première
rentrée de Zach. J’aurais aimé être là pour filmer, accumuler quelques
anecdotes embarrassantes pour l’avenir, ça peut toujours servir. Nous
progressons dans le couloir à la recherche de ma chambre B12.
— C’est celle-là !
Je lance un regard désespéré à ma mère, qui s’écrie comme si elle avait
déniché un trésor inestimable. Je n’en peux plus, tout ce que je veux, c’est
que ce cauchemar s’arrête au plus vite. Nous entrons dans la chambre, où
ma colocataire semble déjà installée.
— Salut, je suis Kat, je suis une première année.
Je tourne la tête vers mes parents, mon sourire figé sur le visage. La
situation parle d’elle-même.
— Je suis Alya, en première année également.
Je hausse les épaules et lui adresse un signe de tête discret, pour lui faire
comprendre que mes parents sont en train de m’écraser de leur présence.
Elle esquisse un sourire et retourne s’asseoir sur son lit, pianotant sur son
téléphone. Elle semble sympathique à première vue. Nous sommes des
opposées physiques. Je suis blonde aux yeux bleus, tandis qu’elle arbore
une chevelure brune et des yeux d’un brun profond. De plus, ma stature est
nettement moins imposante que la sienne, qui a des allures de mannequin,
alors que j’arbore à peine le mètre soixante.
— Alors, ma chérie, veux-tu que je t’aide à décorer ?
Pas question.
— Non, c’est bon, vous pouvez y aller. D’ailleurs, je ne vais rien
installer. Les admissions à la sororité se déroulent cette semaine, et si j’ai la
chance d’être acceptée, je ne prévois pas de rester ici.
— Bien sûr. Veux-tu que nous partions maintenant ?
Sans aucun doute. D’ailleurs, pourquoi tu es encore là ?
— Emy !!! Elle n’est plus un bébé.
Je lance un regard suppliant à mon père, espérant qu’il convaincra ma
mère de partir. J’ai hâte de ranger quelques affaires, sans elle.
— D’accord, nous partons, mais fais-moi un gros câlin. Et si le moindre
problème survient, tu vas voir ton frère dans sa fraternité. N’hésite pas.
— Oui, maman.
Je doute qu’il soit ravi de me voir débarquer là-bas. Quant à son ami, il a
l’air étrange, presque obsédé par la drague. Ses yeux sont magnifiques,
mais il appartient aux types de garçons que j’ai toujours évité. En fait, il
ressemble étrangement à mon frère.
Je serre mon père et ma mère dans mes bras, qui est visiblement persuadée
que je n’ai pas besoin d’air pour respirer, puisqu’elle ne me lâche pas. Mon
père saisit enfin les épaules de ma mère et l’oblige à me lâcher, la poussant
doucement vers la sortie.
Merci, mon Dieu. Merci, papa.
— Tu m’appelles, d’accord ? Très souvent.
— Oui, maman. Au revoir, maman.
Elle quitte finalement ma chambre. Je soupire de soulagement et me
tourne vers ma nouvelle colocataire, un sourire gêné sur les lèvres. Mon
Dieu, quelle honte.
— Désolée. Elle est envahissante.
— Ne t’inquiète pas. Moi aussi, j’ai eu du mal à m’en débarrasser, c’est
pour ça que je suis venue plus tôt pour éviter ce supplice.
Elle rit, puis se lève de son lit pour s’approcher de mon carton de
décoration.
— Tu ne vas pas installer tout ça alors ? Tu souhaites rejoindre quelle
sororité ?
— Kappa Alpha Thêta. Elle est jumelée à la fraternité de mon frère, et je
trouve ça sympa. En plus, il y a plus de littéraires là-bas. Et toi, tu veux
rejoindre une sororité ?
— Je n’y ai pas vraiment pensé, mais ça m’intrigue.
— Si tu veux, ce soir, il y a une soirée pour les rencontrer, se présenter et
voir si ça te plaît. Ça te dirait qu’on y aille ensemble ?
— Une soirée ? Ça a l’air super.
— Heu… Je ne suis pas certaine que ce soit le type de soirée auquel tu
penses.
Elle s’assoit sur mon lit avec un large sourire.
— Nous verrons bien, mais avec plaisir. Pourquoi pas ? Ça ne peut être
que sympathique. Et ton frère, il est dans quelle fraternité ?
— Alpha Sigma Phi.
— Wow, elle est super sélecte, celle-là. Que des beaux gosses bien
foutus, il paraît, lance-t-elle, et je ne peux m'empêcher de rire, sans trop
savoir si c'est vrai.
— Je n’en sais rien, mon frère ne m’a jamais trop parlé de l'université,
encore moins de sa fraternité.
— Il paraît que toutes les filles rêvent d'aller à leurs soirées pour choper
un de ces mecs d'Alpha.
— Pas trop mon genre, ce genre de truc, désolée.
Elle a l'air cool, sûrement le genre de fille populaire qui plaisait aux gars
du lycée, avec plein d'amis.
— Tu as un copain ?
Je secoue la tête, un peu gênée.
— Et toi ?
— J'étais avec un mec cet été, mais j'ai rompu pour être tranquille ici. Je
suis sûre qu'il y a plein de beaux gosses célibataires.
Je m'en doutais. Elle est sympa, mais je ne suis pas du genre à
collectionner les mecs. Elle semble kiffer faire la fête et s'éclater, et même
si je l'apprécie, je crains un peu qu’elle soit un peu trop survoltée pour moi.
Je range quelques fringues dans mon armoire, histoire de ne pas trop me
porter la poisse. Je sais, c'est con, mais je suis superstitieuse pour un peu
tout.
Je me change, mettant un jean moulant noir et un petit haut en dentelle
sexy assorti, avec des talons. Même si je prétends être timide, j'ai gardé un
sens de la mode à force de traîner avec des cheerleaders pendant des
années.
— Waouh, tu es super canon, tu sais ? Le noir fait ressortir tes yeux à
fond, c'est impressionnant
— Euh... merci, c'est gentil. Tu es prête ?
Elle m'approche avec un gloss, l'ouvre, et m'en met sur les lèvres avec
soin.
— Voilà, tu es parfaite maintenant.
Je me regarde dans le miroir, et elle met son bras autour de mes épaules.
— On va faire craquer tout le monde ce soir, Alya.
Je dois avouer que dans le miroir, on a plutôt la classe.
III
Alya
Nous faisons notre chemin à travers le campus en direction de la rue des
fraternités, rejoignant la marée humaine d'étudiants survoltés qui semblent
tous se diriger dans la même direction. À notre arrivée, je suis très étonnée.
Certaines maisons semblent paisibles et sereines, tandis que d'autres sont
plongées dans une effervescence totale. Une musique assourdissante émane
de certaines constructions, et des étudiants envahissent les pelouses, les
entrées, arborant des gobelets rouges à la main.
En voyant ce spectacle de décadence, je commence à douter de ma
décision de rejoindre les Kappa, craignant d'avoir peut-être fait le mauvais
choix. Alors que nous traversons la rue, Kat est complètement surexcitée.
Elle ressemble à un enfant à qui l'on fait découvrir la fête foraine pour la
première fois.
— Wow, c'est incroyable ! s'exclame-t-elle avec des étoiles dans les
yeux, observant tout autour.
— Je suis vraiment contente de t'avoir accompagnée, on doit absolument
y aller.
Elle pointe du doigt une maison où l'atmosphère semble déjà bien
festive, avec des étudiants légèrement éméchés qui crient pour se faire
entendre par-dessus la musique. Pour ma part, je ne suis pas très tentée par
cette option. Même si cela peut paraître un peu prude, ce n'est pas ce que je
suis venue chercher ce soir.
Nous continuons à avancer et nous nous arrêtons devant la maison de la
fraternité de mon frère, où sans surprise la fête bat son plein. Cela ne
m’étonne pas, connaissant Zach, il est friand de ce genre d'ambiance. Les
filles qui pénètrent à l'intérieur sont peu vêtues, ce qui laisse penser qu’ici,
le code vestimentaire est plus c’est court, mieux c’est. Peut-être que Kat a
raison au sujet des préférences des filles qui fréquentent cette fraternité.
Est-ce pour cette raison que mon frère ne m'a jamais parlé de ses soirées et
de sa vie universitaire ?
— Alya, c'est ça ?

Je me retourne brusquement, surprise qu'une personne me reconnaisse.


Je n'avais pas remarqué Chris, qui se lève des marches de la maison. Un
coup d'œil en direction de Kat révèle qu'elle le fixe intensément, sans
aucune gêne, ses yeux brillants d'admiration et une expression de pur désir
sur le visage.
— Oui c'est ça. Je ne me souviens plus de ton prénom en revanche,
mens-je effrontément.

Je choisis de maintenir une attitude indifférente, préférant qu'il ne pense


pas que je m'intéresse de près ou de loin à sa personne, et qu'il n'a en aucun
cas marqué mon esprit.
— Chris. Je m'appelle Chris. Tu viens à notre fête ?
Son attitude hautaine m'irrite déjà, je m'apprête à lui répondre
sèchement, mais ma colocataire est plus rapide.
— Oh ! Carrément, crie-t-elle avec bien trop d'enthousiasme.
Je l'intercepte et l’empêche d’avancer en lui tirant le bras sans aucune
délicatesse. Elle a répondu avec une frénésie débordante et je la dévisage
discrètement, pour lui faire comprendre que c’est hors de question.
No way.

— Non merci. Nous avons autre chose de prévu de plus intéressant. Au


revoir.
Mon ton est sans appel, je veux qu'il le comprenne, et qu'il nous laisse
tranquille. J'essaie de tirer ma coloc pour lui intimer de me suivre, mais elle
résiste à mon plus grand désespoir. Lorsqu’il se plante de nouveau devant
nous, un large sourire s’étale sur son visage, alors qu’il nous bloque le
passage. Je sens les ennuis arriver à plein nez.
— Et tu as quoi d'autre de prévu ?
— On va dans une sororité pour pouvoir l'intégrer, balance la peste à
mes côtés.

Je lui jette un regard noir, elle est bien trop bavarde. Il n'a aucun besoin
de le savoir.
— Mmmm... Et laquelle ? continue-t-il de nous interroger.
— Je ne vois pas en quoi ça te regarde. Passe le bonsoir à mon frère, me
contenté-je de lui dire pour mettre fin à cette discussion.
Je tente une nouvelle fois de me frayer un chemin, cependant Kat
recommence à l'ouvrir.
— Les Kappa Alpha Thêta
Je lève les yeux au ciel, prise d’une subite envie de meurtre. Ce n'est pas
possible. Pourquoi elle ouvre la bouche ? Je vais la tuer.
Ce crétin éclate de rire sans que je comprenne pourquoi, je le dévisage,
les sourcils froncés. Je ne saisis pas du tout ce qui peut être si amusant.
— Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ? cinglé-je en croisant les bras sur ma
poitrine
— Rien, rien du tout. On se voit après, dans ce cas. tant donné qu’elles
viennent toutes nous rejoindre ici. Nous sommes jumelés, tu es au courant ?
Les filles de là-bas, se mélangent avec les garçons d'ici, m’explique-t-il
avec un regard de pervers.
C'est quoi cette insinuation déplacée ?
— Je n'ai pas l'intention de me mélanger à qui que ce soit, merci bien, et
encore moins avec toi, le préviens-je, un doigt accusateur pointé sur son
torse.
Mauvaise idée, ce type est dur comme la pierre et chaud comme la
braise.
— Moi, je veux bien me mélanger avec toi en revanche, contre Kat
d’une voix suave.
Sa réplique me choque profondément. Je la fixe, la bouche grande
ouverte, réalisant que Chris change rapidement de cible pour se diriger vers
elle. Il passe sa langue sur sa lèvre inférieure, comme s'il avait l'intention de
la dévorer sur place, en plein milieu de la rue.

Espèce de girouette.
— Et bien à tout à l'heure dans ce cas, lui répond-t-il d'une voix
enjôleuse.
Elle se met à glousser comme une dinde. Je n'en reviens pas, c'est d'un
pathétique. Je souffle bruyamment en levant une nouvelle fois les yeux au
ciel, puis je saisis sa main pour l'entraîner vers la dernière maison de la rue.
Heureusement, celle-ci est bien plus calme que celle que nous venons de
quitter, Dieu merci.
— La vache il est canon, tu le connais ?
— Pas du tout, ça m'a l'air d'être un pervers prêt à baiser tout ce qui
bouge, ronchonné-je en accélérant le pas.
— Bah ! Je veux bien qu'il me baise, moi.
Je ne réagis pas à ses paroles, mais elle remarque la gêne que cette
conversation suscite en moi et s'interrompt brusquement.
— Attends ! Tu es vierge c'est ça ?
Elle m'observe scrutant la moindre de mes réactions.
— Je n'ai pas envie de parler de ça. On ne se connaît pas pour aller sur ce
genre de sujet.
— Putain, tu es encore vierge, crie-t-elle, alors que nous sommes aux
abords de la maison.
— Bon ça va, Kat. Merci, mais tu n’es pas obligée de le crier sur tous les
toits.
— Je suis désolée, c'est juste que je ne m'y attendais pas. Tu es tellement
sexy.
— Tu peux garder ça pour toi, s'il te plaît. Il ne manquerait plus que
l'autre là-bas l'apprenne.

Je reprends ma marche pour tenter de mettre un terme à cette


conversation totalement inappropriée et gênante. Évidemment, il a fallu que
je tombe sur une fille totalement différente de moi, quelqu'un qui aime la
fête et les relations intimes. Je vais certainement passer pour la prude de
service, un peu comme au lycée.
Nous nous rapprochons de la sororité, où une fille se tient devant l'entrée
pour accueillir les nouvelles arrivantes. Elle nous observe attentivement,
scrutant notre apparence de haut en bas, comme pour se faire une première
impression, un premier jugement. Puis, elle finit par nous adresser un
sourire aimable.
— Bonsoir, je suis Méline, la présidente de notre sororité. Soyez les
bienvenues, vous pouvez entrer et prendre un badge. Notez-y votre prénom.
La réunion va commencer.
Une fois que nous avons passé la porte, Kat se penche sur moi et me
chuchote à l'oreille :
— C'est vachement coincé ici par rapport à celle des mecs
-Chut !!!

Je préfère qu'elle ne fasse pas de commentaires susceptibles d'être entendus


par d'autres, car je suis déterminée à intégrer cette maison coûte que coûte.
Nous prenons chacune un badge comme il nous est demandé et inscrivons
nos prénoms. J'avance, admirant l'intérieur clair et élégant, qui est tout
simplement magnifique. Il dégage une atmosphère féminine et accueillante.
La moquette recouvre le sol du salon, et des vitrines mettent en valeur les
prix gagnés, qui sont exposés le long des murs d'un blanc éclatant. En
observant mon environnement, je remarque que certaines filles nous
dévisagent, elles aussi arborant des badges accrochés à leurs vêtements.
Cela commence à ressembler de plus en plus à une compétition, où il s'agit
de voir qui aura la chance d'intégrer cette sororité. Je dois avouer que je ne
m'attendais pas à une telle concurrence. J'ai presque envie de m'en aller, ne
me sentant pas à la hauteur.
Je me tourne brièvement vers la sortie, prête à fuir, mais je lutte pour
retrouver ma confiance. C'est à ce moment que je le remarque. Chris. Il
discute avec Méline, son doigt pointé dans ma direction. Elle me regarde et
acquiesce à quelque chose qu'il lui murmure à l'oreille.
Qu'est-ce qu'il peut bien manigancer, ce type ? J'espère vraiment qu'il
n'est pas en train de comploter pour me causer des ennuis, juste parce que je
l'ai envoyé promener. Il tourne les talons, l'air manifestement satisfait de lui,
pendant que Méline referme la porte d'entrée. Ensuite, elle se dirige vers
une petite estrade qui semble avoir été improvisée pour la soirée. Une fois
installée là-haut, elle attend, laissant le silence s'installer dans la pièce.
— Bonsoir à toutes. Comme je vous l'ai dit dans l'entrée, je suis la
présidente de notre sororité. Je m'appelle Méline et je suis en dernière
année. J'ai passé quatre merveilleuses années ici et l'année prochaine, je
passerais le flambeau. Vous êtes toutes de plus en plus nombreuses à chaque
nouvelle rentrée. Beaucoup d’entre vous veulent intégrer notre belle
famille.
Malheureusement, il est évident que nous ne pourrons pas prendre tout le
monde. Nous avons quatre places à distribuer entre vous toutes. Nous
cherchons des filles qui aiment la vie en communauté et qui sont studieuses.
La réputation de notre maison est très importante. Vous devez savoir qu’en
intégrant les Kappa vous devez être irréprochables. Je sais que certaines
d'entre vous ne sont ici que parce que nous sommes jumelées aux Alphas.
Je vous le dis immédiatement, si vous êtes là pour ça, vous pouvez sortir ce
n'est pas ça qui vous mettra dans leur lit. Une première sélection se fera dès
ce soir. Je suis désolée, c'est malheureusement nécessaire. À la fin de cette
soirée, vous ne serez plus que dix à être en lice pour nous rejoindre. Étant
justement jumelée avec une autre fraternité, le président de celle-ci émettra
également un avis sur votre admission ou non à notre maison. Chris Barber
passera donc tout à l'heure se présenter à vous. En attendant, afin que nous
fassions plus amples connaissances, je vous invite à aller au bar et vous
servir des rafraîchissements.
Oh, super ! Chris est le président de la fraternité de mon frère. À en juger
par mon comportement envers lui, je peux déjà dire adieu à l'idée de
rejoindre cette fraternité. J'ai été impolie et désagréable avec lui, même s'il
le méritait. J'ai clairement saboté mes chances.
— Oh la vache ! C'est Chris le Président ? Je lui ai dit qu'il pouvait me
baiser ! La honte !!!
— Oui et moi je l'ai envoyé chier. Je crois qu'on peut rentrer tout de suite
du coup et ne pas perdre notre temps, ça ne sert à rien, dis-je défaitiste.
— Non ! Hors de question, il y a de l'alcool. On va au moins picoler, à
défaut de pouvoir intégrer cette sororité. Tu en veux ? On va oublier tout ça
en noyant notre honte.
— Ouais, je vais me consoler, tu as raison. Il faut au moins ça.
Je me sens tellement idiote. À défaut de pouvoir réaliser mon rêve en
intégrant cette sororité, toutes mes aspirations semblent s'effondrer en
l'espace d'une seconde. Peut-être que je pourrais au moins me consoler en
me prenant une bonne cuite.
Je regarde autour de moi, quelques filles nous observent, mais elles ne
portent pas de badge. J'en déduis donc qu'elles sont déjà des Kappas. J'ai
l'impression d'être une étrangère, une bête curieuse que l'on observe derrière
une vitre.
— Salut, je suis Julia.
— Bonsoir, je suis Alya, bafouillé-je.
— Enchantée Alya pas trop stressée ? me demande la jolie brune au
sourire avenant.
— En fait, si. Je ne m'attendais à pas autant de sélection et de
compétition.
Elle a l'air gentille et agréable, me regardant avec sympathie, sans la
moindre trace de jugement, ou peut-être sait-elle très bien le dissimuler.
— On a beaucoup de candidatures. Nous sommes obligées de
sélectionner plus sévèrement pour éviter les filles qui sont là, comme l'a
précisé Méline, juste pour se taper des Alphas. C'est idiot, mais certaines ne
viennent que pour ça.
— C'est vrai que c'est bête comme motivation !
Et je ne mens pas. Je trouve complètement absurde l'idée de vouloir
intégrer une fraternité uniquement pour avoir des relations sexuelles avec
des imbéciles qui vous oublieront dès le lendemain. Kat arrive avec un
verre dans chaque main, m'en tend un, puis salue Julia. Méline nous rejoint
à son tour. C'est incroyablement stressant, j'ai l'impression de passer un
entretien d'embauche
— Alors, les filles ! Pourquoi vous voulez intégrer notre maison ?
C'est encore plus intimidant lorsque c'est la Présidente elle-même qui
pose les questions. Je prends une profonde inspiration avant de répondre :
— J'ai remarqué que votre sororité est principalement axée sur les
domaines littéraires, et je me spécialise dans l'écriture de scénarios,
commencé-je. Je dois avouer que parmi toutes les maisons, c'est l'ambiance
et la mentalité de la vôtre qui me plaisent le plus. L'idée de faire partie d'une
sororité m'attire depuis que je suis enfant, et maintenant que j'ai cette
opportunité, je ne pouvais pas la laisser passer sans tenter ma chance.
J'ai déballé mon monologue, presque sans respirer et sens mes joues
s’échauffer.
— Tu as bien fait et toi ? demande-t-elle en se tournant vers Kat.
Je lui lance un regard empreint d'espoir, mais en retour, elle semble être
là sans réelle motivation. Elle est venue par curiosité, semblant avoir profité
de l'occasion qui se présentait. Je me demande vraiment ce qu'elle va dire
pour tenter de se vendre.
— Et bien pareil, mais je préfère la réalisation. J'avoue honnêtement que
c'est Alya qui m'a proposé de venir, sinon je ne serais pas là.
— Tu es honnête au moins, on apprécie. Votre candidature a-t-elle un
lien avec les Alphas ?
Elle m'observe attentivement, cherchant à déceler la moindre de mes
réactions. Je me demande bien ce que cet imbécile a bien pu lui raconter.
— Non ! Je ne suis pas ici pour pouvoir m'envoyer en l'air avec qui que
ce soit, réponds-je sèchement.
Mon ton était plus tranchant que je ne l'aurais voulu. J'espère qu'elle ne
va pas mal le prendre, mais vu le rire qu'elles exultent toutes les deux, je
suis rassurée.
— Ok, vous respirez la franchise ça fait du bien, s'amuse Méline.
Elles s'éloignent de nous, ce qui me permet de prendre une grande
inspiration et de jeter un regard à ma colocataire, qui semble totalement
stressée.
— J'ai cru que j'allais faire pipi dans ma culotte, souffle-t-elle en riant.
Il est évident qu'elle manque totalement de finesse. Son manque de filtre
est flagrant. Je remarque rapidement que certaines filles sortent de la
maison en larmes après avoir eu une conversation avec la Présidente. La
sélection semble déjà en cours, et elle semble être plutôt brutale pour
certaines d'entre elles. Le nombre de personnes dans le salon diminue
progressivement, mais ce qui me rassure, c'est que Kat et moi sommes
toujours là. Une heure plus tard, mon frère et son ami franchissent la porte.
Merde.
Je préfère qu'il ne me voie pas, même s'il est au courant de mon souhait
d'intégrer cette sororité. Il a probablement oublié, étant donné le peu
d'intérêt qu'il manifeste à ma petite vie en ce moment.

— Wow ! Tu as vu le mec qui accompagne Chris. Il est encore plus


canon. Oh la vache, il me donne chaud, gémit-elle, secouant sa main devant
son visage pour se ventiler.
Elle m'attrape le bras tentant de me retourner, inutile merci je l'ai déjà
vu.
— C'est Zach. Mon frère, précisé-je avec l’espoir qu’elle arrête de baver.
— C'est avec ton frangin que je veux m'envoyer en l'air, soupire-t-elle.
Je fronce les sourcils, préférant éviter ce genre de commentaires,
néanmoins je constate qu’elle n’est pas la seule à le penser. Les filles autour
de nous semblent toutes le dévorer du regard.
Beurk !
Mais stop ! C'est mon frère, bande de cannibale. Une fille de la sororité
court vers lui et se colle à son torse, tout en passant ses ongles manucurés
sur ses fesses. Je rêve !! C'est quoi ce regard ridicule de charmeur à deux
balles qu'il lui lance ?

Sortez-moi d'ici, je vais vomir.


Je pivote pour lui tourner le dos, ce spectacle me rappelant trop celui du
lycée. De plus, je n'ai aucune envie qu'il se dirige vers moi. Je n'aimerais
pas qu'il tente de me draguer sans même s'en rendre compte, ce crétin.
— Salut les filles, alors, vous passez une bonne soirée ?

Raté !
C'est quoi cette voix mielleuse ? Non, mais sérieusement, Seigneur,
viens à mon secours. Je me retiens autant que possible pour ne pas lui
éclater de rire en pleine figure. Il se prend pour un séducteur ou quoi ?
Je lève les yeux au ciel, incapable de m'en empêcher. À ce rythme, je
vais finir par avoir des crampes oculaires d'ici demain.
— Salut, je suis Kat, lui répond ma coloc en roucoulant.
— Enchanté, Kat, moi c’est Zach. Tu as un regard totalement
ensorcelant
Abattez-moi, achevez-moi, arrachez-moi les oreilles, mes tympans ont
fondu. Plus cliché tu meurs. Non, mais il emballe vraiment avec ça ?
— Zach tu m'as manqué cet été, on se voit plus tard ? glousse une nana
qui passe à côté de nous
— Ouais, tu sais où est ma chambre Amanda, ta chatte m’a manquée
aussi.

Cette fois-ci, c'est vraiment trop, je me retourne brusquement, trop


rapidement pour mes pauvres cervicales, mais cette fois-ci, c'est vraiment
trop. La bouche grande ouverte, les yeux ronds comme des soucoupes, je
dévisage ce type avec qui je partage le même sang. Sa répartie digne des
plus gros pervers de la côte-Ouest me laisse sans voix. J'hallucine. Il finit
par poser les yeux sur moi et réalise que sa petite sœur est présente. Bravo,
mec, tu décroches la palme de la connerie.
Il bégaye, bafouille, me regarde de haut en bas, l’air paniqué et
complètement défait que j’ai assisté à ça.
Ça, quoi d’ailleurs ? Sa ridicule tentative de se prendre pour un dragueur,
un queutard ? Il réalise que j'ai vu son petit manège avec les filles peut-être,
ou alors que je puisse aussi me faire draguer d'une façon aussi pitoyable que
la sienne ? Ça serait le bouquet.
— Mais qu'est-ce que tu fous là, toi ? Et c'est quoi cette tenue ?
s’égosille-t-il en me reluquant.
— Tu sais où est ma chambre, Amanda ? mimé-je en grimaçant. Le
salaud par excellence. Je rêve. Tu as fait le plein de capotes avant d'arriver
j'espère. À ce train-là, tu vas baiser toute l'université, cinglé-je à haute voix.
— On voit presque tes nibards avec ce décolleté, tonne-t-il en réponse,
sa voix montant dans les aiguës.
— Mais, n'importe quoi ! On ne voit rien du tout. Et toi ? Tu baises
vraiment tout ce qui passe. Étant donné comment l'autre là-bas te peloté le
cul, il n’y a pas deux secondes. Tu l'as invitée dans ta chambre aussi celle-
là ? Vous faites ça à plusieurs, pour faire un tir groupé ou elles font la queue
devant ta porte ? Je comprends pourquoi tu ne me parles jamais de
l'université. Tu es un vrai queutard en fait !!!
Il serre la mâchoire, regarde autour de nous et me tire par le bras
violemment en m’attirant vers le fond de la pièce.
— Je te préviens, tu ne dis à personne que tu es ma petite sœur, me
menace-t-il.
— Ça sert à quoi ? Ton pote le sait déjà.
— Je lui ai dit de la fermer.
— Pourquoi je ne devrais pas le dire ?
— Tu la fermes, c'est tout.
Il m'énerve à vouloir me donner des ordres, nous ne sommes pas à la
maison. Je fais ce que je veux.
— Des messes basses ?
Nous sommes pris au dépourvu lorsque Méline se glisse vers nous avec
la discrétion d'une féline. Elle dévore Zach du regard, arborant une telle
lueur de désir dans ses yeux que j'ai envie de vomir.
— Tu fais connaissance avec une candidate Zach ?
— Ouais, on discute, c'est tout.
Tu me cries dessus plutôt, ducon.
Mon regard passe de lui à elle, je sens clairement que je suis de trop.
— Je vais vous laisser, Kat m'attend avec mon verre. Je prends la
tangente et m'enfuis vite fait, ne laissant pas l’opportunité à Zach de dire
quoique ce soit.
Je rejoins rapidement mon amie en pressant le pas, jetant un dernier coup
d'œil vers eux, ce qui s'avère être une très mauvaise idée. Il la saisit
brusquement par la nuque et l'embrasse profondément tandis qu'elle lui
caresse la queue à travers le jeans. Mes rétines viennent de brûler. Où diable
suis-je tombée ? J'arrache mon verre des mains de Kat et le vide d'une
traite.
— Eh bien ! Tu avais soif !!!
Elle n’a pas idée.
— Ouais et je retourne même m'en servir un, la préviens-je, alors que la
brûlure de l’alcool descend jusqu’à mon estomac.
Je l'abandonne, sachant que j'aurais besoin de bien plus de vodka pour
oublier la vision de Méline tripotant mon frère en lui suçant les amygdales.
Un frisson de dégoût me traverse, et il est clair que je ne suis pas à ma place
ici.
Je me ressers un verre et le bois aussi rapidement que le premier. Mon
Dieu ! Je suis persuadée que ce n'est pas une bonne idée d'intégrer cette
maison. J'ai l'impression qu'elles font exactement le contraire de ce qu'elles
ont dit, et qu'en réalité, elles couchent sans retenue avec les Alphas.
— Sacrée descente !!!
Je reconnaîtrais cette voix rauque et horripilante partout.
Chris. Barber.
— Tu n’as pas besoin de discuter avec moi, on l'a déjà fait. Va voir une
autre candidate, lui dis-je en faisant aller ma main vers les autres filles,
espérant qu'il s'en aille.
— Tu n’as pas l'air de m'apprécier ? Tu es au courant que j'ai mon mot à
dire pour que tu intègres ou non cette sororité ?
— Oui, mais je n’ai pas l’intention de te faire les yeux doux ou de te
dévorer du regard en bavant comme une limace sur une feuille de salade,
comme elles le font toutes. Alors laisse tomber et va essayer de te taper une
autre nouvelle, moi je ne suis pas intéressée, exposé-je avec autant de fierté
qu’il m’est possible de montrer.

C’est-à-dire très peu.


— On ne touche pas aux nouvelles. Ce sont des bébés.
Il rit de sa propre répartie et s'éloigne en direction d'une fille qui semble
ravie de son attention. Je l'observe interagir avec elle, la séduire, la taquiner,
et lui sourire. Apparemment, cela fonctionne, car elle éclate de rire comme
une dinde.
C'est pathétique.
Les autres filles autour semblent toutes captivées par lui. Je grimace
involontairement en constatant à quel point elles sont toutes en ébullition.
Ce qui me dérange le plus, c'est de réaliser que moi aussi, je ne peux
m'empêcher de le fixer, l'examinant avec attention. Je ne vaux guère mieux
qu'elles.
Je saisis la bouteille de vodka sur la table et me ressers une autre dose,
puis je rejoins Kat qui discute avec une fille qui ne porte pas de badge.
— C'est toi Alya ?
— Euh.... Oui, réponds-je étonnée qu’elle me connaisse.
— Je suis Angel.
Comment sait-elle qui je suis ? Ont-elles déjà partagé des informations
sur les finalistes entre elles ?
Méline remonte sur l'estrade au même moment, et je jette un coup d'œil
autour de moi pour constater que nous sommes bien moins nombreuses que
lors du début de la soirée. Zach et Chris s'approchent et se tiennent à ses
côtés.
— Bien, nous avons discuté avec de nombreuses personnes ce soir.
Wow, c'était étourdissant. Vous n'êtes plus que neuf, la sélection a été plus
sévère que prévu. Je vais maintenant laisser la parole à Chris, qui va se
présenter, mais avant cela, je tiens à être parfaitement claire et insistante sur
un point. Si l'une d'entre vous est ici pour simplement s'amuser ou espère
une romance mièvre avec l'un de nos Alphas, je tiens à briser tout de suite
ses rêves. Les Alphas ne s'approchent pas des premières années. Jamais. À
leurs yeux, vous êtes des gamines, de petites filles. Ai-je été bien claire ?
Elle est vraiment déterminée à faire passer son message, c'est le moins
que l'on puisse dire. "Des bébés, des petites filles." Elle exagère un peu
quand même.
Elle laisse la place à Chris.
Je suis vraiment curieuse de savoir ce qu'il va bien pouvoir dire. Je ris
déjà en prévoyant les absurdités qui vont sortir de sa bouche impertinente.
— Nos deux fraternités sont jumelées, et il y a une raison. Nos
collaborations sont importantes pour chaque chose, aussi bien sur la vie du
campus que dans le cursus scolaire. Certains de nos frères sont spécialisés
dans la réalisation et ont donc des TP. Ils doivent créer des tournages, on est
là aussi pour s'entraider. Comme l'a dit Méline, on ne touche pas les
premières années, alors laissez tomber si vous êtes là pour ça. La porte est
là-bas. La réputation de nos maisons est importante, on fait la fête, certes,
mais sans jamais dépasser aucunes limites du règlement. Vous posez des
problèmes à votre maison ou à la nôtre, vous dégager. Je suis plus sévère
que Méline sur votre maison tout comme elle l'est sur la mienne. Sachez
que tout ce que vous ferez une fois acceptée sera appris, soit par elle, ou par
moi.
Il a l'air sérieux, je dois l'admettre. J'aurais presque pu le croire quand il
a affirmé ne pas s'intéresser aux premières années. Cependant, c'est bien
dommage qu'en prononçant ces mots, il ait clairement reluqué les seins de
la fille qui se tenait devant lui.
Je lève encore les yeux au ciel, oui, encore ! Et je me tourne vers ma
nouvelle amie pour lui chuchoter quelque chose, mais avant que le moindre
son ne sorte de ma bouche, je suis interrompue brusquement.
— Alya ! Je n'ai pas fini.
J’opère un demi-tour, choquée de son rappel à l'ordre, je ne suis pas une
gamine qu’on gronde en classe parce qu’elle n’écoute pas. J'adore me faire
remarquer, merci !!!
— Pour le reste de la sélection, je vous invite à nous rejoindre à notre
fête, éclatez-vous c'est aussi ça l'université.
Ce petit crétin arbore un sourire en coin que j'aurais bien envie de lui
faire ravaler. Il semble clairement ravi de m'avoir humiliée. Quel enfoiré.
— Fait chier. Je ne pourrais pas me taper ton frère, boude ma coloc en
croisant les bras sur sa poitrine comme une enfant qu’on a privé de dessert.
Mon frère, un dessert ? beurk ! mauvaise image dans ma tête.

— Kat chut !!! Elles vont te dégager si elles t'entendent, ne puis-je


m’empêcher de la rappeler tout de même à l’ordre.
— Oui mais bon, c'était ça le plus intéressant, c'est moins tentant
maintenant.
— Ça m'étonnerait qu'ils s'y tiennent à leurs règles, étant donné le regard
de pervers que lançait l'autre pingouin dans le décolleté de la fille devant
lui, pendant qu'il déblatérait ses conneries.
Je bois mon verre et commence à me rendre compte que j'ai chaud.
Combien j'en ai bu de ces trucs ?
Oh et puis zut !!!
— On y va les filles ?
Méline nous offre un large sourire et nous invite à la suivre pour
rejoindre la soirée des Alphas. Pour ma part, je ne suis pas vraiment
emballée, c'est le moins que l'on puisse dire. Mon amie, en revanche,
s'accroche à mon bras, un sourire rayonnant sur le visage. Au moins l'une
d'entre nous est ravie d'y aller.
IV
Alya
Lorsque nous atteignons la maison, Kat et moi sommes les dernières.
Tous les autres pénètrent à l'intérieur, mais pour ma part, j'entre en reculant,
totalement dépourvue d'enthousiasme ou de motivation.
— Allez viens Alya, c'est trop bien. Écoute ce son de dingue.
Je regarde Kat avec un léger sourire. Je n'avais vraiment pas prévu de me
retrouver ici pour ma première soirée. Une fête universitaire ne figurait pas
du tout dans mon programme, mais si c'est ce qu'il faut pour avoir une
chance d'intégrer la sororité de mes rêves, je suis prête à jouer le jeu. Une
fois admise, je pourrai toujours m'absenter, alors autant y aller.
Je rentre et regarde autour de moi, les gens semblent déjà avoir bien
consommé, beaucoup trop pour certains. D'autres se roulent des pelles dans
tous les coins et se montent dessus dans les fauteuils.
Ambiance orgie bonsoir.

Heureusement, il y a encore quelques personnes qui dansent et s'amusent


de manière tout à fait normale, ce qui me rassure un peu. Je commence à
comprendre pourquoi Zach ne m'a jamais parlé de sa fraternité. Je suis Kat
à travers la foule de corps ondulant jusqu'à la cuisine, où nous trouvons
deux gobelets propres. Elle nous sert une généreuse dose de vodka. Je saisis
le verre et le vide d'une traite. J'ai bien besoin de ça pour pouvoir passer la
soirée ici.
— Le moins qu'on puisse dire, c'est que tu bois comme un trou, s’amuse
la belle brune. Je t'en ressers un ?
Je hoche la tête, la bouche encore pleine, et lui tends mon verre. Mon
regard se pose sur les escaliers, où Zach entraîne Méline en la tirant par la
main. Je comprends parfaitement ce qu'ils comptent y faire, pas besoin de
dessin. Le stock de préservatifs va certainement diminuer dès ce soir. Kat
semble également avoir remarqué la même chose que moi et fait une petite
moue boudeuse.
— Bon, je ne me taperai pas ton frère ce soir, il est déjà pris. Je n’ai plus
qu'à chercher un remplaçant.

Elle m'exaspère, et nous ne nous connaissons que depuis quelques


heures, ce qui promet pour la suite. Néanmoins, je réalise que je rentrerai
probablement seule au dortoir ce soir.
— Je vais faire un tour et farfouiller partout, lui annoncé-je.
Elle acquiesce et se sert un nouveau verre, puis elle se détourne pour
partir dans une autre direction. De mon côté, je me balade dans la maison,
jetant un coup d'œil partout, essayant d'éviter les mains baladeuses et les
verres renversés. Je finis par arriver dans un immense salon un peu plus en
retrait. La première personne que je repère, sans grande surprise, c'est Chris,
avec une fille assise sur ses genoux. Elle semble particulièrement apprécier
sa position d’ailleurs.
Je l'observe depuis l'endroit où je me trouve. J'ai du mal à détourner les
yeux de lui, sans savoir pourquoi. Il est certes séduisant, pourtant si agaçant
et si imbu de lui-même, pensant qu'il est irrésistible et supérieur à tout le
monde. Il a cette manière de me regarder avec froideur et dominance, ce qui
me fait frissonner chaque fois que ses yeux se posent sur moi, et je déteste
ça. Il finit par tourner la tête et remarque enfin ma présence.

Prise en flagrant délit de reluquage Alya, bravo.


Il me sourit et pose ses mains sur les cuisses de la rousse, l'attirant
jusqu'à ce qu'elle se retrouve collée à son entrejambe, sans jamais me lâcher
des yeux.
Je ne me donne pas la peine de lutter, je détourne la tête et fais demi-
tour, me sentant mal à l'aise. Est-ce qu'il pense réellement que je me soucie
de ses exploits avec une autre fille ? Pourquoi me regarde-t-il de cette
manière ? C'est embarrassant. Il a vraiment le don de m'agacer.
Je préfère retourner dans la cuisine, mais évidemment, une fois arrivée,
Kat n'est plus là.
Super !!
Je tourne sur moi-même, espérant l’apercevoir quelque part, mais rien, je
suis bel et bien seule. Je me sers un autre verre, même si je commence à
voir un peu flou. De toute façon, soirée pourrie pour pourrie, autant y aller à
fond et essayer d'oublier ce fiasco. Me voilà donc complètement seule, sans
connaître personne dans cette maison, pendant que mon frère s'amuse à
l'étage.
— Tu vas être défoncée à boire autant.
Je lève les yeux de mon verre et aperçois Chris avec son sourire
faussement charmeur. Il est là, me dévorant des yeux, en face de moi, les
bras croisés sur son torse imposant, ce qui fait ressortir ses biceps.

Putain ce mec est canon.


Et je me déteste de penser ça.
— Et alors, rétorqué-je comme une gamine sans répartie, en levant le
menton en signe de défi.
— Alors, tu vas faire n'importe quoi.
— Je ne suis pas l'une des chaudasses venues se faire sauter par un
Alpha, alors je ne vais rien faire de bien grave. Tu devrais aller continuer à
tripoter la fille que t'avais sur les genoux, elle avait l'air d'aimer ça et bonne
soirée.
— Evidemment qu'elle aime ça, ce n’est pas la seule à apprécier que je la
touche d’ailleurs, me balance-t-il avec une fierté mal placée, de sa voix
rauque et sexy.

Oh mon Dieu au secours sortez-moi d'ici. Depuis quand je trouve sa voix


sexy ?
Je bois mon verre et attrape la bouteille pour le remplir une fois de plus.
Il m’observe et rigole, content de son petit effet et de sa petite réplique.

— Quoi ? m’énervé-je.
— Oh rien, j'observe juste le désastre. Je vais adorer le moment où Zach
va te voir dans cet état
— Il semble bien occupé à l'étage pour le moment, alors il ne risque pas
de voir grand-chose, et de toute façon, je m'en moque.
Je pose mon verre et pars avec la bouteille. Pourquoi perdre mon temps à
la transvider petit à petit dans un verre, alors que je peux boire directement
au goulot et gagner du temps. Je commence vraiment à voir flou et mon
équilibre devient de plus en plus précaire, mais il faut que je m'éloigne de
ce type. Je le hais, je vais l’étrangler.
Je tente de sortir de la cuisine, lorsqu’un autre gars m'attrape par la taille
et tente de m'embrasser.
Je le repousse autant que je le peux, il pue le vomi, c'est degueu.
— Kyle lâche la !
Le mec obéit immédiatement à l'ordre donné. Je jette un coup d'œil
derrière moi et aperçois le président des Alphas lançant un regard peu
amical à celui qui a tenté de m’enfoncer sa langue dans ma bouche sans
mon autorisation.
Non, je ne dirais pas « merci ».

Je reprends une gorgée en continuant de le dévisager, puis je reprends


ma route à travers les méandres de cette soirée de débauche et de luxure. Je
parviens à atteindre l'entrée juste au moment où Zach redescend,
visiblement satisfait. Les cheveux en bataille, les pommettes colorées, mon
frère a passé un bon moment. Grand bien lui fasse. En ce qui me concerne,
je suis pleine comme une barrique.
Chris rejoint Zach au milieu de l'escalier et se penche pour lui chuchoter
à l'oreille. Il doit avoir une nouvelle proie à choper, ou peut-être il lui
demande de lui faire son rapport. C'est typique des conversations
masculines dans ce genre de situation.
Pfff....

Partout où je pose les yeux, j'ai l'impression que les gens se tripotent,
s'embrassent ou alors, ils sont totalement déchirés. Je fais sans conteste
partie de la dernière catégorie.
Team alcoolo. Chacun sa team youpi !

Je préfère rentrer, ce n’était pas une bonne idée la sororité et ce Chris a


l'art et la manière de m'énerver par sa seule présence, avec son air suffisant,
sa belle gueule et tous ses gros muscles. Si je lui donne un coup de pied, ça
m'élimine d'office du recrutement ou j'ai le droit à un joker.
— Mais putain, t'es démolie !
La voix tonitruante de mon frère résonne dans mon dos. Trop fort, je
sens déjà poindre le mal de tête. Je me retourne lentement, le goulot de ma
bouteille de vodka au bord des lèvres. Il n'a pas l'air content, le frangin.
Chris à côté est mort de rire. C'est ça, marre-toi, mouchard. Je sais
maintenant ce qu'il lui chuchotait.

— Tu as fini de baiser ? dis-je, mais apparemment pas assez fort aux


vues du bruit ambiant.
— Pardon ?

— JE DIS, T'AS FINI DE BAISER, hurlé-je à pleins poumons et en


postillonnant à grosses gouttes. C’est mieux comme ça ?
En plus il n’entend rien. Ce n’est pas la branlette qui rend sourd
normalement ? J'entends Chris exploser de rire à ce que je viens de dire et à
la tête décomposée que fait mon frère.
— Non mais tu es dingue ! Donne-moi cette bouteille.
— C'est la mienne. Va-t’en trouver une toi-même. Tu t'es cru à la maison
ou quoi ? Il est fou, il croit qu’il va partir avec ma coupine la vodka. Je
prête paaaaaassss !!!
Je tente de sortir, mais il m'agrippe le poignet et me retourne vers lui
sans aucune douceur, me faisant trébucher sur la première marche.
— Zach doucement ! Va doucement avec elle.

Chris semble d’un seul coup avoir arrêté de rire et bloque le bras de mon
grand frère.
— Elle est démolie Chris, c'est son premier jour ici et elle déjà défoncée.
— Et donc ? me défends-je pitoyablement. Toi, tu fais tripoter le cul par
tout ce qui a des nibards et tu baises la première qui vient, alors que moi la
seule chose que je tape c’est une petite vodka. Elle est très gentille avec
moi, continué-je en déposant un bisou à ma bouteille.
— Donne-moi ça tout de suite !
Il essaie de nouveau de me l’arracher des mains, mais je me faufile et pars
me cacher derrière Chris, profitant d’en avaler une gorgée. Ce n’est pas une
bonne idée. Je suis trop près, qu’est-ce qu’il sent bon.
— Chris prends lui la bouteille, ordonne Zach
— C'est ta sœur mec…
— Ah non non non. Il ne veut pas qu'on sache que je suis sa toute petite
sœur. Je ne suis rien du tout, alors l'alpha, il va aller voir ailleurs si j'y suis.
Si t’es prêt à remettre ça, je suis sûre que tu peux retrouver une cinglée,
gaga d’alpha, il n’y a que ça ici.

— Il y a plus de moule en chaleur qu'au bord de la mer, crié-je en


montrant les filles qui nous entourent à l’aide de ma bouteille.

— Ta sœur me tue. Elle n’a aucun filtre quand elle est ivre.
Chris éclate de rire à nouveau, des larmes se forment au coin de ses
yeux, et il a du mal à reprendre son souffle. En revanche, mon frère, lui, ne
trouve aucune drôlerie dans la situation. Finalement, il parvient à saisir mon
poignet et me retire la bouteille des mains.
J'essaie de me dégager et perds l'équilibre pour tomber droit dans les
bras de son ami.
— Ok, ça suffit soûlote. Je te ramène dans ta chambre avant que ton
frère ne te tue.
Il m’aide à me redresser et me remets sur mes deux jambes comme si
j'étais un poids plume.
— Je n’ai pas fini ma bouteille. Il me l'a volée. Je vais le dire à maman.
— Tu dégages Alya, va te coucher avant que je m'énerve vraiment.

Je souffle et tape du pied comme une enfant qui fait un caprice. Les
mains de Chris se posent délicatement sur ma taille et me poussent vers
l'extérieur avec prudence.
— Tu arrêtes de rire, toi.
— J'avais dit que j'allais me marrer du carnage. Je ne regrette pas le
spectacle.
— Tu t'en vas, Chris ?
Une grande rousse l'interpelle, je ne l'ai jamais vue, donc elle ne fait pas
partie des Kappa, cool je vais pouvoir me lâcher. J'avais justement envie de
rigoler un peu.
— Non ne t'inquiètes surtout pas, il revient. Si tu as envie qu'il te saute,
prend un ticket, ils sont à l'entrée. Sers-toi, il y a un peu d'attente, il est
débordé ce soir, le pauvre.
Il pouffe de rire derrière moi et pose sa main sur ma bouche pour me
faire taire.

— Mais tu es terrible, quand tu as bu. Elle est où la gamine toute timide


que j'ai rencontrée cet après-midi.
— Je ne sais pas, elle va cuver, elle reviendra demain, bafouillé-je en
tentant de voir une seule route et non les trois qui se chevauchent devant
mes yeux.
Il me tient par la taille pour m'aider à marcher droit. Ce n’est pas moi,
c'est la route qui bouge tout le temps.
Une fois arrivé à mon bâtiment, je désespère en voyant le nombre de
marches insurmontables qui se dressent devant moi.
— C'est qui le con qui a inventé les escaliers. Laisse-moi là, je vais
dormir ici. Rentre, tu es attendu, baragouiné-je.
— Allez Alya, tu as fait le plus dur. C’est laquelle ta chambre ?
— B12.
— Ah merde ! C'est au deuxième étage. Allez courage.
— Laisse-moi là, je veux dormiiiiirrrr.

Il me traîne par le bras pour me faire avancer, mais je suis à bout,


complètement épuisée. Qu'est-ce qu'il fout ici, bon sang ? Pourquoi est-ce
lui qui m'accompagne ? Il ne peut pas simplement me laisser tranquille. Il
m'agace, je le déteste.
Nous atteignons tant bien que mal le second étage et il me pousse jusqu'à
ma chambre. Évidemment, Kat n'est pas là.
— C'est lequel ton lit ?
Il me porte à moitié à présent, mes jambes n'ont plus la force de me
soutenir. J'essaie de tendre le bras pour parler, seulement, le reste de la
vodka a déjà atteint mon cerveau, et je ne vais vraiment pas bien du tout.
— Pourquoi je sens que tu vas être malade ?
Parce que c'est le cas.
Je suis assise sur mon lit, la tête baissée, en regardant le sol. Toute la
chambre semble tourner sur elle-même, les murs bougent, c'est terrible.
Mon estomac fait des loopings dans mon ventre, je sais que je vais vomir.
Je mets rapidement ma main devant ma bouche, me lève à la hâte pour
courir jusqu'aux toilettes, et je régurgite toute la vodka que j'ai avalée. Je
sens quelqu'un qui attrape mes cheveux, un bras glissé sous mon ventre, et
me soutient légèrement.
Lorsque mon estomac en finit enfin avec ses spasmes pour se
débarrasser de tout l'alcool que j'ai ingéré, je me sens complètement
épuisée, à un tel point que je pourrais presque dormir par terre.
— Allez viens vomito, on y va.
Chris me soulève et me porte jusqu’à mon lit.
— Non, chouiné-je.
— Quoi ?
— Je dois me laver les dents, c'est dégoûtant. J'ai vomi.
— Tu vas réussir à marcher ?

Je hoche doucement la tête, reconnaissant que le fait de vider mon


estomac m'a apporté un peu de soulagement. Je suis encore ivre, mais je me
sens un peu mieux. Je récupère ma brosse à dents et me dirige vers les
lavabos, suivi de près par le copain de mon frère.
— Mais pourquoi t'es là ? Tu n’as rien d'autre à faire ?
— Si, je pourrais être en train de baiser, mais c'est tellement plus drôle
de te voir gerber.
Je lui fais une grimace, avant d’ouvrir l’eau et me rince la bouche.
J’étale ensuite une généreuse dose de dentifrice et me lance dans un
récurage approfondi
— Tu vas me regarder me brosser les dents ? ronchonné-je, la bouche
pleine.
Il rigole et lève les yeux au ciel, puis me tourne le dos.
— Ça te va comme ça ? Tu n’es pas en petite culotte, non plus.
Je l’observe discrètement dans le miroir, alors qu’il continue de rigoler
tout seul. Une fois terminé, je me rince la bouche et m'essuie les lèvres.
— Tu vas réussir à aller jusqu’à ton lit comme une grande.
— Je ne suis ni un bébé ni une petite fille, grogné-je en reprenant ses
propres termes.

Cependant je fais à peine un pas sur le carrelage humide, que je glisse et


atterris sur les fesses. Il éclate de rire, s’accroupissant à ma hauteur et
pleure littéralement.
Méchant Karma
— Je... Je suis désolé.... Tu t'es.... Tu t'es fait mal ?
Il n’arrive même plus à parler, tellement il se bidonne. Je le hais
— J'ai mal aux fesses, ce n’est pas drôle, arrête !
— Oh putain ! je n’en peux plus. Tu as refait ma soirée.
Il se relève enfin et m'aide à en faire de même. J'ai mal. Je sens que je
vais avoir des bleus sur les fesses, en plus d'une belle migraine. De retour
dans ma chambre, je jette un coup d'œil à mon téléphone, il est trois heures
trente du matin. Je m'allonge sur mon lit, complètement lessivée.
— Je peux te laisser ? Tu te sens mieux ?
— Oui va baiser, merci de m'avoir raccompagnée.
— Va baiser ? Tu es sérieuse ?
— Bah oui, il y a déjà au moins deux filles qui t'attendent. Celle du salon
et la rousse, qui a dû chercher le distributeur de ticket à l'entrée.
Je me mets à rire en imaginant la scène dans ma tête.
— Allez, pousse-toi Baby girl.
Je me décale, pensant qu'il veut s'asseoir, pourtant il retire ses chaussures
et s'allonge à côté de moi. Mes yeux plongent dans les siens lui posant
toutes les questions que je n’ai pas la force de formuler à voix haute.
— Ne t’inquiète pas, je ne veux pas coucher avec toi, me rassure-t-il en
caressant ma joue du bout des doigts. Je ne couche pas avec les bébés qui
vomissent partout. Dors et tais-toi.
— Tu es en quelle année ? demandé-je doucement.
— Troisième, pourquoi ?
Je baille et enfouis ma tête dans sa nuque en me blottissant contre lui. Je
le hais, mais j'aime son odeur. Elle est rassurante et apaisante, alors que le
sommeil m’emporte avant que je puisse lui répondre.
V
Chris
Je me réveille doucement à la lumière des premiers rayons de soleil qui
percent la vitre pour inonder la petite chambre d’étudiante. Je n'ai pas dû
dormir très longtemps, je suis épuisé, mes yeux me brûlent et je sens déjà le
mal de dos arriver à cause de ces pieux de merde. Lorsque je finis enfin par
émerger de l'état cotonneux dans lequel je me trouve, je réalise que la petite
sœur de Zach a le visage enfoui dans ma nuque et dort paisiblement. Mes
bras l'enlacent, la serrant contre mon corps. Mais bon sang, qu'est-ce que je
fous là ?
Pourquoi je suis resté dormir avec cette gamine ? Je me décale
doucement pour ne pas la réveiller, préférant éviter toute confusion. Elle
ronchonne et se tourne sur le dos, ce qui me fait immédiatement cesser de
bouger.
Je dois l'admettre, elle est mignonne, même quand elle est complètement
déchirée, elle reste jolie. La plupart des gens, quand ils sont dans cet état,
n'ont pas vraiment fière allure, mais pas elle...
Et son caractère, putain, elle m'a fait rire. Je n'ai pas ri comme ça depuis
des années. Elle n'est pas aussi timide qu'elle en a l'air, du moins pas quand
elle est saoule.
Bon, il est temps que je rentre. Si on me voit dans la chambre d'une
première année, ma réputation en prendra un sacré coup. Et je n'ose même
pas imaginer si Zach apprend que j'ai dormi dans le même lit que sa sœur, il
va me tuer.
Je parviens à me glisser hors de ses bras et à quitter le lit sans qu'elle ne
réagisse. J’enfile mes chaussures et me redresse lentement. Ce foutu lit qui
grince au moindre mouvement. Je me dirige vers la porte sur la pointe des
pieds jusqu'à ce que je l'entends marmonner.
Je me fige, de peur qu'elle se réveille. Je me retourne tout en restant prêt
à partir en courant, mais elle continue de dormir. Je ne peux m'empêcher de
m'approcher un peu plus du lit pour la regarder plongée dans son sommeil.
Elle est si paisible, tout le contraire de la fille agitée et malade d'hier. Ses
longs cheveux blonds s'étendent parfaitement sur l'oreiller.
Oh ! Chris, tu fais quoi là ?
Il est temps que je reprenne ma route. Elle pourrait presque me faire
passer pour un type sympa. Je l'ai déjà ramenée ici, c'est une première pour
moi, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, mais je dois avouer que je ne le
regrette pas. J'ai eu mes meilleurs fous rires avec elle. Ça change des filles
qui me collent pour que je les saute.
Je sors de sa chambre en espérant ne croiser personne.
C'était sans compter sur la coloc qui comme par hasard choisi ce
moment précis pour rentrer.
— Tient, tient, tient. Tu sembles avoir manqué à beaucoup de filles, hier
soir. C'est donc ici que tu te cachais.
— Ce n'est pas du tout ce que tu crois. Il n’y a rien eu avec ta copine.
— Oh ! je n’en doute pas. Elle est vierge et en plus elle ne t'apprécie pas
plus que ça, balance-t-elle sans réfléchir.
— Elle est quoi ?
Sa tête change instantanément, elle se rend compte de la boulette qu'elle
vient de faire. Je ne m’y attendais pas à celle-là.
— Rien, je n'ai rien dit. Écoute, je suis crevée, alors peu importe ce que
tu fais là, je m'en fous je veux juste aller dormir.
J’attrape son poignet le sourire aux lèvres grâce à l'info qu'elle vient de
me donner.
— Elle est vraiment vierge ?
— Non, enfin... je n’en sais rien... Ça ne me regarde pas et toi non plus.
Salut.
Elle se précipite vers sa chambre sans se retourner, comme si elle avait le
diable aux trousses.
Alya, vierge. Cela pourrait devenir intéressant, après tout. Ça
expliquerait pourquoi elle est si coincée.
Je traverse à pied de nouveau le campus jusqu'à chez moi. Les premières
choses que j'aperçois sur la pelouse, ce sont des cadavres d'étudiants ivres
morts qui dorment un peu partout.
Je vais commencer par prendre une douche, avant de m'occuper à
dégager tous ces jeunes festifs.
— Tu étais où ?
— Zach ! Déjà debout ?
— Je n'ai pas vraiment dormi, m’explique-t-il l’air contrarié. Tu as
ramené ma sœur ?
— Ouais. Elle est marrante, mais très chiante.
— Tu dois rejoindre les Kappa pour choisir la fille que tu veux imposer
ça fait au moins quatre fois que Méline m'appelle.
— Mon téléphone est déchargé. Je prends une douche et j'y vais.
— Tu n’as pas touché à ma sœur, rassure-moi.
Je ris en moi-même. Pas encore, mais le fait de savoir que personne ne
l'a encore déflorée, je dois l'admettre, me donne envie de jouer avec elle.
— Ta frangine est une gamine, alors non, je n’ai pas posé les mains sur
elle. J’ai trouvé une fille en revenant, elle était pas mal, je l’ai baisé le reste
de la nuit.
— Pfffff ! Tu es vraiment irrécupérable, se marre-t-il.
— Moi ? Mec, tu as déjà baisé Méline à peine revenu.
— Mais moi ce n'est pas une première, on couche ensemble depuis un
moment.
— Je n’aime pas remettre le couvert trop souvent, tu essaies une fille une
fois, c'est suffisant. Il faut diversifier les plaisirs.
— Il y en a certaines qu’on peut garder sous le coude pour les soirs de
flemme.
Je lui tape l'épaule en riant et me dirige vers ma chambre. L'avantage
d'être président, c'est que j'ai une salle de bain privée. Une douche me fera
le plus grand bien, la petite sœur est gentille, mais j'ai l'impression d’avoir
baigné dans une barrique de vodka. Une fois prêt, je vois les gars
commencer à descendre, tous plus ou moins en forme.
— Hey ! les mecs, vous me mettez tout ça dehors et vous débarrasser, je
dois aller chez les Kappa, je reviens aider après.
Tout le monde acquiesce en même temps, ils n’ont pas vraiment le choix,
c'est le côté chiant des fêtes, virer la viande saoule et faire le ménage.
Une fois que j’ai atteint la dernière maison de la rue, je sonne et entre
immédiatement.
— Salut toi. Tu étais où hier soir ? boude la petite brune qui m’accueille
en me sautant dans les bras.
— Salut Julia, je n'ai pas bougé, mais je ne t’ai pas trouvé non plus.
Ma main passe sur le galbe de ses fesses, ce qui la fait glousser. Elle en
revanche, je la saute quand je veux, elle est toujours en train de me tourner
autour.
La présidente se pointe, des éclairs dans les yeux, ce qui la fait fuir
presque en courant.
— Ça va, Méline ?
— T’étais où bordel ? Ça fait une heure que j'essaie de te joindre.
— Mon portable était déchargé, c'est bon déstresse. Tu m'offres un café,
au moins
— Sers toi, tout seul, tu ne veux pas une pipe aussi ?
— Pourquoi pas, si tu te proposes, rigolé-je face à son énervement.
Sinon je demande à Julia, je suis sûr qu’elle sera ravie de s’acquitter de
cette tâche.
Elle lève ses yeux au ciel et ronchonne, mais je sais parfaitement que si
j'incite un peu, elle se mettra à genoux et me sucera la queue.
Je me dirige vers la cuisine et me serre donc mon café moi-même.
— Nous avons gardé six filles pour quatre places. Tu as le droit de
choisir celle que tu imposes.
— Je t'ai déjà dit hier celle que je voulais, la sélection n’avait même pas
commencée, tu as oublié ?
— Je voulais m’assurer que tu n'avais pas changé d'avis.
— Non, je n’ai pas changé d'avis ! En revanche ça m'arrangerait que tu
gardes sa copine aussi.
— Tu veux imposer deux filles ?
— Non ! Je t'ai dit hier qu’Alya était la sœur de Zach
— Et tu m'as dit de le garder pour moi, s’énerve-t-elle.
— Exact, c'est elle que j'impose.
— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a de spécial la petite sœur de Zach ?
D'habitude tu les choisis pour pouvoir les sauter, mais là, tu ne pourras pas
la toucher, si c'est sa sœur.
Mais ma grande tu n’as pas idée de ce que je vais lui faire, petite sœur ou
pas. La règle veut qu'on ne touche pas à la sœur d'un mec de la fraternité
« brocode ». Personnellement je n’en ai rien à foutre et le coup de la vierge
à dépuceler, va m'éclater.
— Je n’ai pas dit que je voulais la baiser. Je pense juste à mon pote, en
revanche sa coloc, elle, je veux bien la sauter violemment dans un coin.
— Tu ne peux pas m’imposer deux filles, Chris, ce n’est pas ta maison.
Je descends de la table sur laquelle j’avais posé mes fesses et me dirige
vers la jolie présidente en face de moi, puis la plaque contre le mur de sa
belle cuisine.
Ma main passe entre ses cuisses et la caresse avec juste assez de force
pour qu'elle me sente bien contre son clitoris.
— Les deux, Méline. Gardes qui tu veux d'autre, mais c'est deux-là, je
les veux dans ta sororité.
Mes doigts se déplacent jusqu’à l'intérieur de son legging ultra sexy et
passe dans sa petite culotte la faisant déjà gémir.
— Tu ne peux pas exiger deux filles, bredouille-t-elle cambré contre moi
à la recherche de plus de contact.
J’enfonce deux doigts brutalement en elle et lui bloque le bassin contre
le mur pour qu'elle évite de bouger et accélère les vas-et-viens. Je la connais
par cœur, je sais ce qu'elle aime. Quand je lui enfonce mes doigts bien
profondément, je lance mon ordre mes lèvres collées à son oreille :
— Les deux, Méline. Dis-le !
— Chris, soupire-t-elle.
— Dis. Le.
— D'accord. Oui. T'arrête pas !
Je ne vais pas m'arrêter, j'adore quand elle dit mon nom en jouissant et
elle est plutôt facile à faire décoller. Lorsque je la sens se contracter sur mes
doigts et crier mon nom au milieu de la cuisine, ça me fait sourire. J'ai
obtenu ce que je voulais. La petite Alya sera une Kappa.
Bienvenue gamine, on va s'amuser tous les deux.
VI
Alya

Oh la vache ! Je vais mourir ou je suis déjà morte et je suis en enfer.


L'enfer des alcooliques.
Ma tête est un ballon au bord de l'éclatement. Je tente d’ouvrir les yeux
sans souffrance, peine perdue, la lumière me brûle les rétines. Kat est
installée sur son lit et joue avec son téléphone. Elle a bonne mine la garce.
Je suis sûre que je dois faire peur à voir.
— Salut pochtronne. L’odeur d'alcool a tellement imbibée notre chambre
que j’ai dû ouvrir la fenêtre. Tu es au courant que tu as dormi avec le beau
Chris Barber ?
— Hein ? quoi ?
Trop d’informations, elle parle beaucoup trop vite, pour mon cerveau
encore en berne.
Je jette un coup d’œil derrière moi, rien.
— Il est parti, andouille. Je l'ai croisé ce matin quand je rentrais.
Évidemment qu'il n’est plus là. Ce n’était donc pas un rêve ? J’ai bel et
bien dormi dans ses bras. C’est n'importe quoi. Pourquoi j'ai aimé dormir
avec lui ? Ou alors dans mon rêve j'ai eu l'impression d'aimer alors qu’en
réalité j'ai détesté. Oula trop de questions pour mon petit cerveau ce matin.
— Mais tu étais où, toi ? Je t'ai cherchée partout hier soir.
Oh beurk ! J'ai la bouche toute pâteuse c'est immonde. J’essaie de me
remettre les idées en place. J'ai dormi avec Chris, d’accord. Je cherche plus
d’informations au fin fond de mon cerveau. Je me souviens qu'il m'a
ramenée et…
Oh la honte !
J'étais vraiment déchirée. J'aspire un grand coup, quand le souvenir de la
nuit dernière me revient en totalité.
— Qu’est-ce qu'il y a ? Tu as couché avec lui ?
Je plisse les yeux jetant à Kat un regard peu avenant, elle est folle,
jamais de la vie, plutôt mourir.
— Mais non enfin, ça ne va pas, en revanche j'ai gerbé tripes et boyaux
devant lui plutôt.
— Ah ! C'est moins glamour.
— Il faut que j'aille prendre une douche.
— Je confirme, tu pues la vodka de la veille, c’est immonde. Moi, en
revanche, j’ai trouvé un charmant jeune homme et nous nous sommes
envoyés en l'air une bonne partie de la nuit. Désolée de t'avoir lâchée, mais
il était trop craquant.
Je pousse un long soupir, je me disais bien qu'elle avait disparu dans le
plumard de quelqu'un.
— T'inquiète pas pour moi, je me suis occupée autrement.
— Oui je vois le résultat, persifle-t-elle avec un sourire en coin.
Je me lève avec difficulté, la tête toujours en train de tourner. J'attrape
mes affaires de toilette, une petite culotte et un long tee-shirt, puis me dirige
vers les douches communes. C'est une des raisons pour lesquelles j'aimerais
être admise dans cette sororité, pour ne pas avoir à partager les douches
avec une foule d'étudiants.
J'accroche mes vêtements et ma serviette à l'extérieur de la cabine, puis
j'allume l'eau en la réglant bien chaude, c'est un besoin vital.
Oh, ça fait tellement de bien. Maintenant, je rêve d'un bon café, cela
devrait me remettre sur pied. Enfin, du moins, je l'espère, car là, je me sens
vraiment mal.
Après m'être lavée et détendue sous cette eau bienfaisante, je me sèche et
enfile mes vêtements. Oh mince ! J'ai dû prendre le mauvais tee-shirt, il
n'est pas aussi long que je le pensais. Je tire dessus et cours jusqu'à ma
chambre pour essayer de cacher mes fesses à ceux qui se trouvent dans le
couloir. Une fois à l'intérieur, je m'arrête net.
Qu'est-ce qu'ils font là ?
— Un peu court le tee-shirt, non ?
Mon frère m’observe un sourcil relevé, agacé par ma tenue. En même
temps, il n’a qu’à pas débarquer sans prévenir et encore une fois
accompagné par son foutu copain, qui ne se gêne en rien pour me reluquer
les cuisses en appréciant visiblement le spectacle.
— Qu'est-ce que vous faites là ?
Chris s'approche sans me quitter des yeux.
— Félicitations, vous êtes toutes les deux des nouvelles recrues Kappa.
Ma respiration se bloque quelques instants, digérant la nouvelle.
— C'est vrai ?
Je n'arrive pas à y croire. Elles ont déjà pris leur décision ? Je détourne le
regard vers Kat, avec un énorme sourire, lève les bras au ciel et crie de joie.
— YES !!! génial.
— Baisse les bras, putain ! hurle mon frère.
Oh zut ! Je fais ce qu’il m’ordonne rapidement et tire sur mon
tee-shirt autant que je peux. Chris lui explose de rire, alors que Zach jette
un coup d'œil à Kat, gêné par sa propre réaction.
— Elle sait que tu es mon frère, l’informé-je.
— Bien, puisque tout le monde dans cette pièce est au courant, mets un
putain de pantalon !! Alya on voit ton cul, bordel !
— Oh, ça va. Tu n'es pas obligé de hurler. Est-ce que je râle quand tu te
balades à moitié à poil devant mes copines à la maison ?
— Habilles-toi, aboie-t-il une nouvelle fois.
Je soupire, il m'énerve à me donner des ordres, je ne suis pas un bébé. Je
mets rapidement un legging et lui fais une petite révérence avec un sourire
totalement forcé.
— Pourquoi est-ce que c'est vous, qui êtes venus nous l’annoncer ?
demande kat
Personne n’a le temps de lui répondre, que la porte s’ouvre et Méline
apparaît dans notre chambre.
— Salut les nouvelles Kappa. Je vois que les déménageurs sont déjà
arrivés. Le reste des troupes me suit, on va pouvoir emporter vos affaires.
— Maintenant, tout de suite ? m’étonné-je.
— Oui, ma chérie. Tu es une Kappa. Pourquoi attendre et te laisser dans
ce dortoir pitoyable plus longtemps.
Effectivement, elle n’a pas tort. Je pose vraiment des questions idiotes.
Deux autres garçons entrent à leur tour, nous saluent et commencent à
rassembler nos affaires. Je remarque Méline qui passe son regard entre Zach
et moi avec attention.
Je suis sûre qu'elle remarque parfaitement la ressemblance. Nos yeux
sont de la même couleur, nous avons le même regard et les mêmes fossettes.
Je me décale, ayant l'impression de gêner les garçons qui commencent
déjà à fourrer nos effets personnels n'importe
comment dans des boîtes. Je pense qu'une fois arrivées là-bas, Kat et moi
allons devoir tout trier, car ils les mélangent toutes.
— Vous venez les filles on va les laisser terminer. Ils nous rejoignent à la
maison. Je vais vous montrer vos nouvelles chambres et vous présenter à
tout le monde.
Cela m'embête de les laisser tout faire, et pour être honnête, je ne suis
pas vraiment fan de l'idée que des mecs déménagent mes sous-vêtements.
C'est gênant, mais je finis par capituler. Je ne veux pas passer pour une
prude. Kat, quant à elle, avance sans problème, pas le moins du monde
contrariée, un sourire radieux accroché à son visage.
— Alors, vous êtes contente de nous rejoindre ? Les deux autres
nouvelles n'ont pas encore été sélectionnées.
— Je suis ravie, c'est trop génial, affirme Kat avec un enthousiasme non
feint.
— Et toi Alya, ravie de devenir une Kappa ?
— Oui. Evidemment. Je peux te demander comment vous choisissez ?
— Oh ! Et bien... réfléchit-elle. Vous avez été plutôt franche hier soir et
semblez être des filles studieuses, sans oublier que vous êtes très jolie. Vous
remarquerez qu'on l'est toutes chez les Kappa, donc voilà. J'ai décidé de
vous recruter toutes les deux.
Elle semble gênée par ma question, pendant l'espace d'un instant, j’ai eu
la vague impression qu’elle nous mentait. Je dois me faire des idées.
— Les autres Alphas ont-ils leur mot à dire ?
Je sais déjà que mon frère n'aurait jamais appuyé ma candidature, j’en
suis sûre.
— Non, juste Chris. Il peut nous imposer une fille par recrutement, mais
cette année, il n'a trouvé personne d’intéressant.
Forcément ! Ça ne doit pas l'intéresser, s’il ne baise pas les premières
années. On a moins d'intérêt à être choisi pour lui. Crétin.
Nous voilà déjà arrivés devant la maison. Je la regarde différemment
aujourd'hui, réalisant que c'est ici que je vais passer les quatre prochaines
années de ma vie. Je suis surexcitée, mais je fais de mon mieux pour me
retenir de ne pas sauter partout. Nous suivons Méline à l'intérieur, puis
montons les grands escaliers recouverts d'une moquette beige douillette.
Dans le long couloir qui dessert les chambres, je remarque que chaque porte
est notée avec le nom des filles.
— Alya, voici ta chambre, juste à côté, c'est Julia, tu verras elle est super
sympa. Kat tu es juste de l'autre côté. Un détail, si vous amenez des garçons
ici, ne criez pas trop fort, les murs sont plutôt fins, je dis ça, je ne dis rien.
Elle nous fait un petit clin d'œil avec un sourire amusé.
— Bon je vous laisse, vos affaires ne vont pas tarder à arriver. Installez-
vous tranquillement et je reviens vous chercher quand toutes les filles seront
levées. La soirée d'hier a été dure pour certaines. Oh ! j'allais oublier, on fait
une soirée ce soir avec les Alpha, pour présenter nos nouvelles recrues, d'ici
là, nous aurons choisi les deux autres. Quant à eux, ils ont trois nouveaux
membres. N’hésitez pas à vous faire jolie. Alya je suis sûre qu'avec les yeux
comme les tiens, tu vas faire des ravages. Les mêmes que ceux de ton frère.
Je relève la tête rapidement sur elle, surprise par ce qu'elle vient de dire.
— Ne t'inquiète pas, je ne dirais rien, mais quand vous êtes à côté l'un de
l'autre, il est impossible de ne pas le remarquer.
Lorsqu’elle s’en va enfin, je souffle profondément, je n’avais pas
remarqué que j’avais cessé de respirer.
— C'est moi où elle fait peur ?
Je suis d'accord avec elle. Méline a beau avoir un visage angélique et de
magnifique cheveux blond qui lui tombe de chaque côté du visage, elle est
impressionnante et intimidante.
— Elle me fait peur à moi aussi. On va voir nos chambres ? proposé-je
surexcitée.
Je prends la main de Kat et nous nous dirigeons d'abord vers la mienne.
Oh la vache ! Elle est magnifique.
Un lit double trône au centre de la pièce, il a l'air super confortable, à en
juger par la façon dont Kat saute dedans. Un grand bureau blanc est placé
devant une immense fenêtre, qui apporte une agréable luminosité dans la
pièce, ainsi qu'une armoire imposante. Je peux déjà sentir que je vais adorer
vivre ici. Même le sol est confortable avec son épaisse moquette.
Je suis contente que nous ayons été choisies toutes les deux, même si nous
sommes très différentes. Je m’entends très bien avec elle. Elle est gentille et
attachante, mais totalement délurée.
Sa chambre est identique à la mienne.
— On a des barreaux à nos lits, m’expose-t-elle avec un regard de
perverse.
Je ne suis pas étonnée que ce soit le premier détail qu’elle ait repéré.
— Je ne suis pas là pour m'envoyer en l'air, Kat, merci.
— Il va bien falloir que tu perdes ta virginité un jour. À moins que ce
soit le couvent que tu vises pour ton avenir.
— Coucher avec un alpha ? C’est ça que tu me suggère ? Non merci,
quand je vois ce Chris, qui touche et reluque toutes celles qui passent, ça ne
me donne pas envie de coucher avec un sale type dans son genre.
— Je te rappelle que le sale type a dormi avec toi, dans ton lit, contre toi,
insiste-t-elle.
— J'étais bourrée. Je m'en souviens à peine, mens-je. C'est sûrement
Zach qui l'a obligé, alors ne te fait pas d’illusions, il n’est pas un prince
charmant.
— J'ai le droit que coucher avec ton frère ? Il est tellement canon, me
supplie-t-elle les mains jointes en prière.
— Il semble ne pas être mieux que son pote, protège-toi, mais je m'en
fiche que tu couches avec lui ou Chris.
— Zach est plus beau, affirme-t-elle. Toi, tu préfères Chris, évidemment.
Heureusement !
— Je ne préfère pas Chris.... Je.... Je ne veux plus parler de ce type, s'il te
plaît. Il ne me plaît pas. Il ne m'intéresse pas. Les mecs dans son genre, je
les fuis sans hésiter, sans remords et sans me retourner.
— Ok, d'accord ! J'ai compris, Chris est un vilain tabou.
Après une vingtaine de minutes, les voix des garçons se font entendre
dans le couloir. Ils déposent mes affaires, ainsi que celles de Kat sur nos
bureaux, je m'occuperai de ça plus tard.
— Mmmm tu as des barreaux à ton lit.
Je lève les yeux au ciel et soupire je n'ai même pas besoin de me
retourner pour savoir que cette remarque sort de la bouche de Chris.
Je pivote vers lui, une moue pathétique sur le visage.
— Et alors ?
— Ça ouvre des possibilités intéressantes, c'est tout ce que je voulais
dire.
— Je parie que tu as déjà couché ici avant que j'emménage, te
connaissant.
Il sourit et regarde dans le vide, comme s'il replongeait dans ses
souvenirs.
— La fille ici avant toi s'appelait Karen.... Et effectivement, je l'ai
attachée plusieurs fois à ses barreaux. Elle a adoré.
— Ravie pour elle. Désolée, moi en revanche je ne suis pas intéressée
alors.... Merci pour mes affaires et au revoir.
Je le pousse en arrière, ma main sur son torse.
Note à moi-même : ne plus le toucher.
Il me regarde en souriant, tout en reculant. Il m'agace à jouer les mecs
irrésistibles avec son sourire charmeur, ses petites fossettes et ses dents
parfaitement alignées, comme s'il pensait qu'il pourrait me plaire. Il se
prend pour le roi du monde... Bref, il m'énerve.
Je lui ferme la porte au nez, puis je m'appuie sur celle-ci en regardant
mon lit. Et je l'imagine dessus.
Mauvaise idée.
Je n'arrive pas à détourner les yeux de mon lit, et oh mon Dieu, je sens
tout à coup la chaleur monter en moi. Les coups à ma porte me sortent de
cette rêverie totalement inappropriée.
Lorsque j’ouvre, je me retrouve face à une Kat morte de rire avec ma
boîte de sous-vêtements.
— Je crois qu'on a des échanges à faire, ils ont tout mélangé.
VII
Alya
Deux heures plus tard, j'ai enfin tout rangé et je suis installée. Je vérifie
l'heure, il est déjà onze heures, et je réalise que je n'ai même pas pris le
temps de déjeuner ou de boire un café. Je sors de ma chambre et descends à
la recherche de la cuisine, totalement en manque de caféine.
— Je peux t'aider ? lance une jeune fille brune aux magnifiques yeux
verts en souriant.
— Heu... je cherche la cuisine, je n'ai pas encore bu de café, et là je suis
carrément en manque, ce qui la fait rire visiblement.
— Viens, suis-moi. Je suis Natasha, mais appelle-moi Nat.
— Je suis Alya, la nouvelle, précisé-je inutilement.
— Oui je sais. Bienvenue ! Tiens, c'est là.
On se dirige vers la machine à café, et elle m'indique où trouver tout ce
dont j’ai besoin.
— N'hésite pas à fouiller un peu pour te familiariser. Habituellement,
nous prenons nos repas du midi à la cafétéria du campus. En ce qui
concerne le soir, chacun fait comme il veut. Personnellement, je préfère
manger là-bas, c'est moins cher, et on n'a pas de vaisselle à faire. Certaines
filles s'invitent aussi chez les Alpha. Je te laisse. Nous nous retrouverons
plus tard pour la soirée de présentation.
— Très bien, merci pour toutes tes informations.
— Il n'y a pas de quoi.
Une chose est certaine, je n'ai aucune intention de m'inviter chez les
Alpha pour dîner. Je préfère éviter de passer plus de temps que nécessaire
avec le président coureur de jupons, et mon frère serait furieux si je tentais
ma chance et me jetterait dehors sans sommation.
Lorsque je porte enfin mon café à mes lèvres, je ferme les yeux pour en
apprécier pleinement le goût. Un soupir de satisfaction m'échappe.
— Et bien, il te fait de l'effet ce café, il ne faut pas demander ce que te
ferait une queue.
Je m'étouffe, ouvre les yeux, et regarde Chris d'un air outré. C’est quoi
ce langage ? Et bon sang, pourquoi il semble toujours surgir là où je ne m'y
attends pas ?
— Tu es vraiment partout, c'est incroyable. Et en plus, tu es vulgaire.
— Vulgaire ? Parce que j'ai utilisé le mot « queue » ? Tu es facilement
choquée, même si ton langage laissait à désirer hier soir.
— Je ne suis pas une gamine... Et je ne suis pas choquée, mais tu n'as
pas à me parler de cette manière... C'est déplacé.
— Bon, alors je reprends : « On ne peut qu'imaginer l'effet qu'un pénis
aurait sur toi, si un simple café te fait déjà gémir de cette manière, ma chère
». Satisfaite ?
— Pfff... Va embêter quelqu'un d'autre et laisse-moi boire mon café en
paix.
— Salut Chris.
— Salut Julia... En fait, c'est toi que je cherchais, susurre-t-il en
s’approchant d’elle.
Il passe son bras autour de sa taille, l'embrasse tendrement dans le cou, et
lui murmure quelque chose à l'oreille, sans jamais détourner son regard de
moi. J’ignore ce qu’il lui dit, mais elle se met à rire comme une dinde,
pathétique
— À plus gamine.
Je ne réponds même pas, et les observe alors qu'elle le tire par la main
jusqu'aux escaliers et qu'ils montent à l'étage. Je n'en crois pas mes yeux, il
semble prêt à coucher avec elle ouvertement en plein jour et sous mon nez.
Quel abruti, sérieusement.
Je remonte dans ma chambre et décide d'en profiter pour appeler ma
mère afin de lui annoncer que j'ai été acceptée ici, m'efforçant de ne pas
penser à cet imbécile.
— Chris ! oui !
Non, mais je n'en crois pas mes oreilles !! Il est vraiment en train de la
culbuter ? J'entends carrément le lit claquer contre le mur qui donne dans
ma chambre. Les murs ne sont pas épais, c'est vrai, mais il faut dire qu'elle
ne crie pas, elle hurle. Au moins, maintenant, tout le monde sait qui est dans
sa chambre. Kat entre et éclate de rire en voyant l’expression peinte sur
mon visage. Elle pointe le mur du doigt.
— Oh ! Je me demande bien qui est en train de baiser cette chère Julia,
ricane-t-elle en avançant en direction de mon lit telle une espionne.
— Chriiiiisssss !!!
Elle éclate de rire de plus belle et s'effondre sur mon lit. Je ne peux pas
m'empêcher de rire avec elle, tellement la situation me semble ubuesque,
totalement improbable et gênante. Enfin les cris se taisent.
— Putain, il a de l'endurance le garçon.
— Arrête, c'est gênant.
— Alya, cesse d'être gênée. Tu es à l'université, vierge ou pas, il va
falloir que tu te décoinces, surtout avec une voisine comme Julia
visiblement.
— Oui et comme toi, ne puis-je m’empêcher d’ajouter.
Ce qui m'énerve le plus, c'est qu'elle était avec Chris. En réalité,
pourquoi est-ce que ça me dérange ? Franchement, je ne le supporte même
pas. Ce type m'exaspère plus que tout, il me provoque constamment et me
met hors de moi.
— Effectivement, j'adore m'envoyer en l'air, annonce-t-elle fièrement.
— Oui, et bien pitié fais le plus discrètement. Je vais reprendre un café,
t'en veux un ?
Au moins s'ils remettent ça, je n'entendrais rien.
— Oh oui !! surjoue-t-elle comme si elle jouissait.
Nous quittons ma chambre, totalement hilares, au moment-même où
Chris sort de celle de Julia. On s'immobilise, le fixons tentant de garder
notre sérieux, ce qui se relève être impossible puisque nous sommes
incapables de nous retenir de rire aux éclats, ce qui le déstabilise.
— Tu veux du sucre dans ton café ?
Elle tape sur le plan de travail en criant de plus belle.
— Oui j'en veux, oui, oui, oh ouiiiiiiii .
Elle est complètement folle. Mais au moins, grâce à elle, toute la gêne de
la situation s'est évaporée, et pour ça, je lui en suis reconnaissante.
— Qu'est-ce qui te fait jouir à ce point ?
Elle se tourne vers Chris, qui vient d'entrer à son tour dans la cuisine, les
sourcils levés, visiblement surpris de notre comportement. Cependant, je
choisis de l'ignorer et de ne pas lui répondre
— Du sucre dans mon café, balance-t-elle en haussant les épaules avec
nonchalance.
Il plisse les yeux sans rien comprendre. Je ne peux pas m'empêcher de
ricaner c'est plus fort que moi et encore pousser la connerie un peu plus
loin.
— Tu veux de la crème aussi ? demandé— je d’une voix mielleuse.
— Oh mon Dieu, Alya ! J'aime quand tu me parles comme ça, s’extasie-
t-elle en se roulant presque sur le plan de travail.
Je secoue la tête et dépose tout sur le plan de travail avant de me servir
moi-même.
— Les premières années ne semblent plus être ce qu'elles étaient.
— Tu t'en fiches, tu ne touches pas les gamines, alors ne t'occupes pas de
qu'on semble être.
Ma réponse a été plus sèche que je ne l'aurais souhaité, mais peu
importe.
— Ne sois pas jalouse, gamine. Je suis encore là l'année prochaine et tu
ne seras plus une nouvelle. Je pourrais te faire crier autant que Julia vient de
le faire.
Non, mais il est dingue !
— Ni cette année ni jamais, Chris. Tu ne poseras pas les mains sur moi.
Va donc piocher dans ton harem, mais je n’en ferai jamais partie.
Son expression change, il semble en colère ou vexé, je ne saurais pas
vraiment le dire. Cependant, il quitte la cuisine sans dire un mot de plus et
sort de la maison.
— Tu as peut-être été un peu trop direct avec lui, il n’a visiblement pas
apprécié.
— Je ne l’aime pas. Les mecs dans son genre sont de véritables salauds
jamais, je ne coucherais avec un type comme lui.
— Tu dis ça, parce que t'as pas encore goûté au sexe, ma belle,
chantonne-t-elle en portant la tasse à ses lèvres.
— Quoi ? Alya, tu es vierge ?
Je reste immobile, face à Méline qui entre dans la cuisine, les yeux
écarquillés, me fixant choquée. Oh, c'est tout ce dont j'avais besoin.
Rassembler tout le monde autour de ma sexualité inexistante. Peut-être que
je devrais l'écrire sur mon front, comme ça toute l’université le saura aussi.
— Heu.... je…
Je suis tellement gênée que je ne sais même pas quoi dire. Même Kat a la
tête baissée, visiblement désolée d'avoir parlé trop fort.
— Tu es vraiment vierge ?
— Oui, soufflé-je, affligée.
— Oh mon Dieu ! Ce n'est pas la première fois que nous accueillons une
vierge parmi nous, rassure-toi, mais vous n'êtes pas non plus si nombreuses.
En général, les filles aussi jolies que toi ont déjà perdu leur virginité au
lycée.
— Méline, peux-tu être un peu plus discrète, s'il te plaît ? Je ne veux pas
que tout le monde le sache.
— Oh, je suis désolée... Pas de soucis, je partage deux secrets avec vous,
alors : celui de ton frère et celui de ta virginité.
Génial, je suis ravie d'avoir deux choses qu'elle peut utiliser contre moi.
Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à lui faire confiance. C'est plus
fort que moi. Peut-être que ça viendra avec le temps.
Je passe le reste de la journée avec Kat à comparer nos matières, nos
emplois du temps et les jours où l’on peut déjeuner ensemble. Il est déjà
dix-sept heures quand quelqu'un frappe à ma porte.
— Entrez.
— Salut les filles, les Alpha arrivent à dix-neuf heures. Je vous préviens
pour que vous ayez le temps de vous préparer.
— Merci. Oh, Julia ! C'est quoi le dress code de ce soir ?
Kat aime séduire, donc je ne suis pas surprise qu'elle pose ce genre de
question. Pour ma part, un jean et un tee-shirt feront très bien l'affaire.
— Je ne sais pas, je dirais sexy.
Évidemment.
Elle nous fait un petit clin d'œil et s'en va sans rien ajouter.
— Je n’ai rien de sexy. Des trucs jolis, mais pas sexy, dis-je fataliste.
Il serait peut-être temps de faire un peu de shopping, je n'ai jamais
vraiment cherché à être sexy, mais vu les dress codes des soirées qui
m’attendent, je me sens un peu dépassée.
— Ok, Alya Colins je vais m'occuper de vous. On va dans ma chambre.
Elle me tire avec entrain, fouille dans son armoire et en sort un bustier
rouge très moulant.
— On a dit sexy, mais là c'est peut-être un peu trop, non ?
— Tu vas être magnifique, avec une jupe en cuir noire tu seras parfaite.
Crois-moi !
— Non ! un pantalon ce sera très bien.
— Hors de question. Tiens, regarde, celle-ci est faite pour toi et elle t'ira
à merveille. Ils vont tous baver devant la petite vierge.
— Kat, sérieux !!!
— Désolée. Je trouve ça amusant d'avoir une copine encore vierge quand
je vois le corps que tu as, c'est du gâchis.
Elle me fait rire. J'ai l'impression qu'elle m'envie, alors qu'elle est
parfaite. Elle a un physique de mannequin : grande, mince, des courbes au
bon endroit. Elle est magnifique, et le regard des gars hier soir, le confirme
sans aucun doute.
Je soupire lorsqu’elle me tend les vêtements, mais finis par capituler.
Une fois habillée et coiffée, je me regarde dans le miroir. Effectivement, ce
n'est pas du tout le genre de tenue que je porte habituellement. Le bustier est
vraiment très serré et fait ressortir ma poitrine dans un décolleté très
provocant. La jupe en cuir noir arrive au milieu de mes cuisses, et je sens
que je vais passer la soirée à tirer dessus. Cependant, j'avoue
qu’effectivement, c'est très sexy. La porte de ma chambre s'ouvre
doucement sans que personne n’ait pris la peine de frapper.
— Toc toc toc, tu es visible Alya ?
— Oui, Méline entre.
— Wow ! Oh la vache, Julia m'a dit qu'elle vous avait conseillé d’être
sexy, mais là, tu es une bombe. Tu ne te maquilles pas ?
— Je ne suis pas très douée.
Ma mère ne m'a jamais vraiment appris. Elle-même ne se maquille
presque pas, et mes copines, qui elles en abusaient trop, ne m'ont pas donné
envie de leur demander de me montrer. En plus, je ne suis pas très fan des
tutoriels. Alors je reste dans le simple et le naturel, ce qui n'a pas l'air de
satisfaire ma présidente.
— Tu rigoles, avec tes yeux, il faut absolument que… Allez, viens avec
moi je vais te maquiller, m’ordonne-t-elle.
Pourquoi tout le monde veut absolument me rendre différente ?
Puisqu'elle me tire par le poignet, je n’ai pas vraiment d’autre choix de la
suivre jusqu'à sa chambre. La sienne est plus grande que la nôtre, et elle a
une salle de bain privée, ce qui doit être formidable, même si celle que j'ai
me va parfaitement. Elle m'assoit devant sa coiffeuse et commence à
prendre des palettes de différentes couleurs, examinant mon visage pour
prendre sa décision. Elle place tout sur le dessus du meuble et commence à
travailler. Elle semble concentrée, comme si elle était en train de peindre un
tableau.
— N’en mets pas de trop tout de même. Je ne suis pas adepte du
maquillage.
— Ne t’'inquiètes pas, subtile, mais sublime.
Au bout de quelques minutes, elle semble admirer son travail, avec
fierté.
— Tu es prête ?
— Oui, soupiré-je, hésitante de voir le résultat.
Je ne cache pas ma crainte, mais me tourne finalement vers le miroir.
C'est incroyable ce qu'un peu de maquillage peut faire. J'ai presque
l'impression d'être une autre personne. Mon reflet est joli, et le maquillage,
bien que discret, fait ressortir le bleu intense de mes yeux. Le léger gloss
sur mes lèvres les rend presque parfaites. Je ne peux m'empêcher de sourire
en constatant la différence.
— Tu aimes ?
— Tu es extrêmement douée. Merci, je me sens belle.
— De rien. Je t'apprendrais si tu veux tu es magnifique.
Je me relève et la remercie encore une fois avant d’aller frapper à la
porte de Kat
Lorsqu'elle ouvre, je crois qu'on a le même jugement l'une sur l'autre,
alors que l’on s’observe les yeux ronds.
— Tu es sublime.
Elle porte un petit haut blanc échancré qui met parfaitement en valeur sa
poitrine et sa peau halée, ainsi qu'une jupe beige avec une fermeture éclair à
l'avant, qui semble inviter n'importe qui à la défaire.
— Wow ! Ce maquillage te va super bien.
— C'est Méline qui m'a maquillée, elle est très gentille en réalité.
— Tu es sublime, ma chérie continue comme ça et tous les mecs vont
craquer sur toi. Tu n’auras qu'à choisir pour te faire dépuceler.
— Kat ! hurlé-je outré.
— Pardon ! Désolée, ça sort comme ça. Je vais la fermer, promis. Enfin,
je vais essayer, se lamente-t-elle.
Ce n’est pas possible, elle ne pense qu'à ça, ma parole. C’est à ce
moment-là que Méline se met à crier du rez-de-chaussée.
— Attention les filles, il est dix-huit heures quarante-cinq, il vous reste
quinze minutes. Je ne veux personne en retard.
Kat et moi descendons et nous nous installons dans le salon, afin de
discuter avec les autres filles déjà présentes et faire plus ample
connaissance.
VIII
Chris
— Bon les mecs, magnez-vous le train. Il est temps qu’on se casse,
préviens-je tout le monde. Hey les nouveaux ! pointez-vous ici.
Les trois premières années que nous avons recrutées semblent assez
décontractées, mais je prèfère leur expliquer certaines choses. Ils arrivent en
suivant mon appel comme des chiots bien dressés, ce qui me fait sourire,
car après tout, j'ai moi-même été à leur place. Je les conduis jusqu'au salon,
où Zach me rejoint. Il est mon bras droit. Nous nous connaissons depuis
trois ans, traînons ensemble, partageons tout, même les filles. En somme,
c'est mon meilleur ami, et j'ai une entière confiance en lui.
— Bon on va passer la soirée chez les filles, merci de vous tenir
correctement. Non, je rigole je n’en ai rien à foutre de la façon dont vous
vous comportez, amusez-vous, éclatez-vous, si vous pouvez en baiser une
ce soir, ne vous privez pas. De toute façon, quelques petits jeux seront mis
en place dans ce but. Elles nous présentent leurs nouvelles recrues et nous,
on vous présente aussi. Des questions ?
— Quel genre de jeux ?
— Action vérité, aspire et souffle ce genre de choses. Rien de très
spécial, de quoi forcer à faire connaissance, favoriser les rapprochements et
faire monter la température de la pièce, ricane mon pote.
Zach a répondu plus rapidement que moi, mais je suis en train de réaliser
quelque chose. Peut-être devrions-nous discuter en privé avant de nous
rendre là-bas.
— Bref, vous avez compris le principe.
— Ouais s'amuser, boire, et baiser, ricane Max.
Il est intelligent ce petit. C'est tout à fait ça, je suis fier de l'avoir choisi
celui-là.
— Zach, tu me suis. Il faut qu'on parle.
Mon air soucieux doit être évident sur mon visage, car il fronce les
sourcils. Je me dirige vers la cuisine, tandis qu’il me suit de près. Je
demande à Mike et Tony de sortir pour que nous puissions discuter en privé.
— Heu.... Je dois m'inquiéter là ? me demande-t-il.
— Non, mais peut-être qu'il faudrait dire qu'Alya est ta sœur si tu veux
éviter de te faire mettre au défi de lui rouler une pelle.
Il soupire profondément. Effectivement, il n'avait pas pensé à ça, et vu
son expression, il avait complètement oublié la présence de sa sœur à la
soirée.
— Merde. Je ne suis pas super chaud de la voir dans nos conneries.
— C'est une Kappa, mec. Elle va y être, tu n’y peux rien.
— Ouais, j'en parlerai au moment venu. Mais bien vu, j'aurais eu l'air
con. Ça va me gaver si certains commencent à tourner autour d'elle. Elle est
timide, ce n'est pas du tout son genre, tous nos trucs.
— Désolé, mais Méline voulait qu'elle intègre la sororité.
— Tu as imposé qui au fait ? tu ne m’as rien dit.
— Personne cette année. Aucune ne me faisait particulièrement envie .
Mon pote se marre, il ne saura jamais que c'est moi qui ai poussé Méline
à faire venir sa sœur dans nos conneries, et encore moins pourquoi je l'ai
fait. Cette fille commence à m'énerver avec ses airs de sainte-nitouche. Je
n'ai pas aimé me faire rembarrer dans la cuisine ce matin. Elle va payer,
cette petite provocation.
— Allez mec on y va, ta petite sœur nous attend, dis-je en rigolant.
Je rameute tout le monde, et nous nous dirigeons vers la maison des
Kappa. Je suis curieux de passer la soirée avec la sœur de mon pote, ou
plutôt, de passer la soirée à draguer la frangine de mon pote. Une fois
arrivé, je laisse tout le monde entrer et m'apprête à franchir l’entrée, mais
Méline me stoppe et me pousse dehors, avant de refermer la porte derrière
nous, un sourire mauvais aux lèvres.
— Quoi ? Je n’ai pas le droit d'entrer ?
Sa main toujours sur ma poitrine je la regarde amusé, qu'elle me sorte de
la maison de cette façon pour me parler.
— Tu étais où hier soir ?
Son regard m’informe qu'elle connaît déjà la réponse, et je n’aime pas ça
du tout.
— Quoi ? Avec une nana pourquoi ?
— Quelle fille a bien pu réussir l’exploit de te retenir une nuit entière ?
Elle aussi, elle va me gonfler ce soir, si elle continue.
— Oh putain Méline, on s'en tape, laisse-moi entrer.
J'essaie de la pousser sur le côté, mais elle me bloque à nouveau.
— Non, stop de toute façon je viens de comprendre avec qui tu étais, je
m’en fous de ta réponse. Pourquoi tu m'as imposé Alya ?
— Chut, merde ! On a dit de ne pas révéler que j'avais imposé quelqu'un
cette année, je te le rappelle.
Elle va tout foutre en l'air si quelqu'un l'entend.
— Réponds ! Tu sais qu'elle est vierge, pas vrai ? C'est pour ça que tu la
veux ?
Haut du formulaire
Bas du formulaire
Là, je suis obligé de rire, en une fraction de seconde, elle a compris mes
intentions, mais il n'y a pas que ça, cette fille me résiste, et je n'aime pas ça.
— Putain Chris, c’est la petite sœur de Zach et toi tu veux faire mumuse
avec son innocence. Tu vas recommencer ton jeu merdique de l’an passé ?
— Oh ça va ! Elle finira par perdre sa virginité moi ou un autre, quelle
importance ?
— Tu es sérieux ? Je pensais que cette année tu arrêtais ton concours de
vierge avec Zach.
— Ouais, on a arrêté, enfin pour l'instant on n’a pas repris, il faut que je
lui parle d'ailleurs, mais je veux dépuceler la petite sœur de mon pote. Je
sais qu’elle ne me rapportera pas de point, étant donné que je ne pourrais
pas le lui dire. Mais elle m'agace à me résister, je vais la mettre dans mon lit
et je lui monterai qu’il ne faut pas me chercher. Et elle en redemandera.
— Tu es un enfoiré.
Elle me dévisage, mais elle sait désormais qu’elle est prise au piège. Elle
m'a aidé et a menti. Elle ne peut plus faire marche arrière. Elle ne peut
qu'assister à ce qui va se passer, sans pouvoir avouer que c'est moi qui ai
imposé Alya. Elle n'a pas d'autre choix que de laisser faire, en gardant le
silence.
— Je te conseille de garder ça pour toi, Méline, sinon tu risques
beaucoup d’ennuis. Je suis au courant de beaucoup de choses à ton sujet.
Sache que celles que j'ai dépucelées sont toujours revenues en redemander
par la suite.
— Et tu les as toutes jetées comme des merdes. Je ne dirai rien, mais
vouloir jouer avec elle n'est pas cool. C’est une Kappa et la sœur de Zach,
s’indigne-t-elle.
— Et les Kappa appartiennent aux Alpha. Elle va aimer, ne t'inquiète pas
pour elle. T'aimes ma queue, et tu en redemandes constamment, Méline.
Je me rapproche et prend sa main pour la coller sur mon membre encore
au repos.
— Réponds Méline. T'aime l'avoir dans la bouche ou dans la chatte
n’est-ce pas ? soufflé-je dans sa nuque.
— Oui, répond-elle en soupirant.
— Elle aimera aussi. Peut-être pas la première fois, toutefois après elle
adorera et elle criera autant que tu cries quand je te baise. Maintenant lâche
ma queue Méline tu me fais bander.
Elle est hallucinante, elle commençait déjà à me caresser à travers mon
jean. Cette fille est tellement prévisible.
Je la bouscule vers l'intérieur et entre dans la pièce avec en souriant.
Alya est un véritable défi, premièrement parce que c'est la sœur de mon
ami, mais en plus, elle prend un malin plaisir à m'envoyer chier et ça
m'énerve.
J’observe autour de moi afin d’essayer de voir la tête des nouvelles
recrues qu'elle a sélectionnées, cependant, c’est Alya que j’aperçois au
centre de la pièce, radieuse, magnifique. Elle ressemble à une déesse dans
cette tenue qui met parfaitement en valeur ses atouts, et son maquillage
sublime ses traits délicats. Mon cœur s'emballe, et une attirance inattendue
pour elle m'envahit, bien au-delà de ce à quoi je m'attendais.
Bordel de merde !
Je suis choqué par sa transformation. Elle est resplendissante, sexy, son
allure est à des années-lumière de la fille timide que j'ai rencontrée
seulement hier. Je ne peux m'empêcher de la dévorer des yeux, et je me
surprends à penser que la faire craquer sera un défi de taille, bien au-delà de
mes prévisions.
— Dit moi que ce n’est pas ma sœur que tu reluques comme ça ?
chuchote mon pote déjà au bord de la crise de nerf.
— Désolé, mec, mais... Putain, elle est bonne ta sœur ce soir.
Et c'est peu de le dire.
— Chris !!!
Il m'agrippe par le cou avec une légère pression, un sourire menaçant
aux lèvres, ses paroles sont prononcées d'une voix calme, mais montant
légèrement dans les aigus, laissant clairement entendre son envie de
m’étrangler.
— Ok je sais qu’on ne touche pas. Putain tu as vu ses seins !
Je ressens une chaleur monter, et mon désir devient clairement visible.
Mon jean me serre de plus en plus à la vue qui s’offre à moi.
La tension monte d'un cran, et Zach semble prêt à exploser. Je
commence à réaliser que la situation devient de plus en plus délicate. La
colère de Zach est palpable, et il a raison de s'inquiéter. Je crains que mon
jeu ne soit sur le point de prendre une tournure que je n'avais pas anticipée,
surtout lorsque je remarque que je ne suis pas le seul à reluquer bébé
Colins.
— D'accord, fais savoir à tout le monde que c'est ta sœur, parce qu’il
pourrait y avoir un souci, lui expliqué-je en lui montrant les regards des
Alphas autour d’elle, la bave aux lèvres.
— Non, pas encore, pas si je n’en ai pas besoin.
— Je ne pige pas les raisons qui te poussent à le cacher.
— Je refuse qu'on se serve encore d'elle pour m'approcher. Je n’ai pas
envie qu'on joue encore les hypocrites avec ma petite sœur comme c'était le
cas au lycée.
— Je comprends, soupiré-je, mais elle est canon, ta sœur. Il n’y a pas que
moi qui le remarque et tu sais parfaitement que la règle où on ne touche pas
les premières années est morte et enterrée depuis longtemps. On s'en tape
tous, lui rappelé-je.
J'essaie de jouer la carte de l'indifférence, mais honnêtement, il m'est
difficile de ne pas la regarder. J'ai vraiment hâte de pouvoir jouer avec elle.
C'est devenu une priorité pour moi de me rapprocher de cette nana et de
pouvoir m’enfoncer en elle.
IX
Alya
Tout le monde est là. Zach discute avec Chris. Je me demande comment
va se dérouler la soirée de présentation. Je repère quelques gars plutôt
timides qui doivent sûrement être les nouvelles recrues des Alpha. Je me
lève et vais au bar pour voir Julia et commander un verre. Je voulais
attendre, mais certaines personnes ont déjà été servies, alors je décide de ne
pas me gêner. Je demande une petite vodka, mais je promets de ne pas en
abuser comme hier, hors de question de revivre cette nuit dans les bras de
Chris. Il joue les charmeurs avec les filles, comme d'habitude, et cela
m'agace au plus haut point. Il ne fait que draguer tout ce qui passe, sans
aucune gêne.
— C'est quoi cette tenue ?
La voix de Zach gronde derrière moi. Il semble vraiment contrarié.
Super.
— Eh bien, voilà le grand frère qui s'inquiète pour sa petite sœur et lui
parle en public en plus, répliqué-je sarcastique.
Chris en profite pour se rapprocher de nous et me dévore de la tête aux
pieds, ce qui ne me surprend pas le moins du monde.
Pourquoi est-ce qu’il me donne chaud à me reluquer de cette façon ? Je
ne suis pas normale, ce n’est pas possible.
— Ça va gamine ? demande-t-il avec un sourire ravageur.
— Tu ressembles à une traînée, balance Zach de but en blanc.
— Et toi à un gros con. Si vous voulez bien m’excuser, j'ai envie d'être
mieux accompagnée, sifflé-je en m’éloignant.
Non, mais pour qui il se prend ?
— J'adore l'ambiance, s’esclaffe l’abruti qui me mate les fesses sans
vergogne, sans même chercher à être discret.
Je retourne aux côtés de Kat, qui discute avec deux gars plutôt séduisants
en même temps, comme c'est souvent le cas. Ils sont recrutés dans cette
fraternité en fonction de ces critères : être beaux, forts et sexy. C'est le
machisme dans toute sa splendeur. J’ignore si on leur demande d’avoir un
minimum d’intelligence.
— Alya, je te présente Dean et Sam, ils sont en deuxième année,
m’annonce Kat.
Ils me sourient et ne se gênent en rien pour me reluquer de la tête aux
pieds comme si j’étais un morceau de viande.
— Salut, enchantée, réponds-je avec un sourire forcé.
— Vous êtes les nouvelles c'est ça ?
— Pourquoi cela t’embête ? roucoule-t-elle.
Kat fixe déjà Sam avec un appétit évident, comme si elle s'apprêtait à le
dévorer tout cru. Je suis convaincu que le pauvre Sam sera son dîner ce soir,
sans l'ombre d'un doute.
— Non pas du tout, au contraire.
Bien sûr, ce gars tombe complètement dans son piège, et cela ne me
surprend pas le moins du monde. Je me décale, je n'ai aucune envie de
participer à ce jeu, contrairement à Dean qui s'approche de moi en me
souriant.
— Pas trop désorienté ?
Sa voix est apaisante, il semble sympathique, je dois l'admettre.
— Un peu, c'est beaucoup de nouvelles personnes d'un coup. Je ne
pourrai jamais retenir tous les prénoms ce soir.
— Ouais, j'ai vécu ça l'année dernière. Attends de voir quand ils
commencent à jouer à Action ou Vérité, c'est encore plus compliqué.
— Pardon ?
Même pas en rêve !!!!
— Ah, tu n'es pas au courant.
Il semble un peu gêné de m'avoir informé de cette nouvelle, surtout en
voyant ma réaction.
— Heu... Non, personne ne m'a dit qu'on jouerait à ça.
— Ne t'en fais pas, tout le monde n'y joue pas. Les nouveaux y sont
obligés, le reste décide s'ils veulent participer ou non.
— Je ne veux pas jouer à ça, honnêtement.
J'ai joué à ce jeu au collège et éventuellement en soirée de seconde, mais
on est à la fac maintenant. C'est du passé, ces conneries. J'ai de bons
souvenirs, je dois avouer qu’au collège, j'avais embrassé Cameron grâce à
ça. J'étais folle amoureuse de ce type, mais beaucoup trop timide. Ce fichu
jeu nous avait même amenés à sortir ensemble. Bon, il m'a larguée deux
semaines plus tard pour Khloé, cette peste de première, mais ça reste un bon
souvenir.
Mais ici, non. Pas ici, pas maintenant, surtout pas avec Chris, bon sang.
— Désolé, je t'ai gâché la surprise.
Je jette un coup d'œil autour de moi, un peu paniquée, et je suis
catégoriquement opposée à l'idée d’y jouer. C'est idiot, mais je refuse que
n'importe qui mette sa langue dans ma bouche.
Au même moment, j'entends un gars crier et monter le son de la
musique. Quelques filles et garçons commencent à danser avec leurs verres
à la main. Je m'approche de Kat et lui saisis le bras brusquement.
— Tu sais qu'on va jouer à Action ou Vérité ? lui demandé-je d'une voix
tremblante.
— Vraiment ? Ah, génial.
Je ne suis pas surprise par sa réaction.
— Non, pas génial du tout, je ne veux pas jouer, moi.
— Sérieusement, donne-moi l'action d'embrasser ton frère, s'il te plaît.
Elle me regarde en faisant une petite moue, ses lèvres formant une
expression suppliante. Mais cela m'importe peu. Je ne suis pas venue ici
pour ce genre de conneries.
— Les nouvelles, venez par ici, s'il vous plaît.
Méline nous appelle, et Kat saute du canapé où elle était assise,
enroulant son bras autour du mien, tout excitée à l'idée de la rejoindre.
Je ne me sens pas bien, j'ai besoin de boire, peu importe ma résolution de
ne pas me saouler ce soir. C'est une situation d'urgence. Je me dégage de
son bras et cours au bar pour me servir un verre avant de la retrouver. Je
bois une grande gorgée... une gorgée trop grosse. Je grimace alors que le
liquide me brûle l’œsophage.
— Tu vas encore vomir, gamine.
Je le reconnais presque à l'odeur à force. Il s'est positionné derrière moi
et m'a murmuré à l'oreille, me faisant sursauter de surprise.
— Mmm... Je te fais de l'effet ? susurre-t-il de plus belle.
— Même pas en rêve, j'ai juste été surprise, rien de plus, et arrête de
m'appeler gamine.
— D'accord, Bébé Vomito, c'est mieux ?
Il s'éloigne de moi en riant. Je serre la mâchoire, il m'agace vraiment. Si
jamais j'ai une action à accomplir, je veux juste pouvoir le frapper, c'est
possible, ça ? Fort, bien fort, dans les parties. Ça me ferait vraiment plaisir.
— Bon, pour mieux faire connaissance, on va commencer par un petit
jeu d'Action ou Vérité. Les nouveaux, bien sûr, vous êtes obligés de jouer.
Allez, installez-vous dans le salon, et ceux qui veulent participer, rejoignez-
nous également.
Méline annonce cela avec un petit sourire pervers, pour ma part, je ne
trouve pas ça du tout amusant. J'ai juste envie de m'échapper et de courir
loin, très loin.
Je pose mes fesses près de Kat, totalement désespérée. Évidemment,
Chris participe, toujours prêt à insérer sa langue ou sa queue quelque part
celui-là.
Mon frère s'assoit en frappant le poing de Chris, et je réalise que
l'opinion que j'ai de ce mec s'applique aussi à mon frère. Je suis déçue. Je
l'ai toujours considéré comme un gars bien, je l'ai toujours admiré. C'était
une erreur, l'université l'a corrompu, même s'il était déjà un peu comme ça
au lycée. Ici, les tentations sont décuplées.
Méline regarde tout le monde. Nous sommes déjà une bonne quinzaine,
avec les sept nouveaux, Dean et Sam, mon frère et son espèce de copain,
Julia, Méline, ainsi que deux autres filles que je ne connais pas, assises près
de deux garçons que j'ai aperçus arriver, mais sans plus. La voix de Méline
a du mal à percer à travers la musique forte.
— Bien, je vais commencer alors. Kat ?
— Euh... action..., hésite-t-elle.
Évidemment, je ne suis pas surprise, et je sais ce qu'elle espère par-
dessus tout : mon frère.
— Très bien, embrasse le garçon de ton choix.
Quel âge on a déjà ?
Elle sourit et fixe mon frère avant de plaquer ses lèvres sur les siennes.
Je secoue la tête et mets ma main sur mon visage, pourquoi est-ce que je
dois voir ça ? Je ne veux pas regarder ma copine embrasser mon frère. Le
regard de Chris croise le mien, et je le vois se moquer de ma réaction. Oui,
Chris, ça me dérange. Kat revient s'asseoir à côté de moi, prête à dire
quelque chose, mais je la pince discrètement pour qu'elle change de cible.
Elle se tourne alors vers mon pire ennemi.
— Chris ?
— Action, annonce-t-il fièrement.
— Embrasse Alya !
Je me fige, la fixant complètement déconcertée. Non, mais elle est folle ?
Qu'est-ce qui lui prend ? Pourquoi me fait-elle ça ? Je n'ai pas vraiment le
temps de réagir qu'il se lève et s'approche de moi, se plaçant entre mes
jambes. Il est bien gentil, mais j'ai une jupe, alors s'il pouvait se mettre
ailleurs. Ses yeux s'obscurcissent soudainement, et si je ne le connaissais
pas, je pourrais presque croire qu'il en a vraiment envie. Il se penche sur
moi, glissant sa main doucement dans ma nuque et pose ses lèvres sur les
miennes. Elles sont chaudes et douces, et je ne sais pas ce qu'il boit, mais il
a un goût de fraise. Il passe sa langue dans ma bouche, l'entrelaçant avec la
mienne. Je commence à avoir chaud... Il exerce une légère pression dans ma
nuque, me maintenant contre sa bouche. Pourtant, son baiser n'est pas du
tout brutal comme je m'y attendais, au contraire, je commence presque à
apprécier ça. Il finit par quitter mes lèvres, et je baisse la tête sans oser le
regarder. Je ressens un vide maintenant qu'il s'est éloigné.
Je deviens folle.
— Tu es fâchée ? me demande ma copine une fois que Chris est retourné
à sa place.
— Pourquoi tu m'as fait ça ? chuchoté-je en la regardant, la tête toujours
baissée. Je sais que mes joues doivent être écarlates, et je n'ai aucune envie
qu'il le voie.
— Il est venu me voir pendant que tu étais au bar et m'a demandé de le
faire.
— Quoi ? Pourquoi ? Et toi, tu l'as fait, m’indigné-je.
— Oui, je n'en sais rien, je trouvais ça marrant qu'il le demande.
— Tu trouves marrant de me faire embrasser le seul mec qui m'agace au
plus haut point ?
Elle hausse les épaules en riant.
Apparemment, oui.
Le jeu continue, passant de Chris à Dean, de Dean à Méline, de Méline à
Julia...
— Zach ?
— Action, lance-t-il en riant, comme s’il pouvait répondre Vérité.
— Embrasse Alya langoureusement.
Je lance un regard à Zach, empli de panique, puis mes yeux se posent sur
Julia, qui attend que Zach s’exécute. Chris, quant à lui, éclate de rire en se
couvrant la bouche de sa main.
— Je ne peux pas faire ça, c'est ma sœur, soupire-t-il avec défaite.
— Quoi ? Julia me regarde, puis Zach.
— Alya est ma petite sœur, dit-il plus fort pour se faire entendre par-
dessus la musique.
Tout le monde me regarde, surpris, mais finalement, ils doivent
remarquer la ressemblance une fois qu'ils y font attention, mais ne semblent
pas réagir plus que ça à la nouvelle.
— D'accord, alors embrasse Caroline, finit-elle par ordonner en haussant
les épaules.
Tout ça pour ça ?
Tout le monde s’en contre fiche en réalité.
Il se penche sur elle et l'embrasse passionnément, et j'ai l'impression
qu'elle va lui sauter dessus. Finalement, la révélation de Zach passe comme
une lettre à la poste, même s'il a l'air contrarié.
— Bon, on va peut-être passer à la suite maintenant, on s'ennuie.
Évidemment, il faut qu'il ouvre la bouche, celui-là. Je sais très bien ce
qu'il attend, vu son petit sourire sournois. Méline rigole, c'est à elle de poser
une question.
— Bon, Chris, je présume que tu vas choisir "action" dans ce cas.
— N'hésite pas, fais-toi plaisir.
Il lui fait un petit signe de tête complice, qui n’est pas du tout discret. Je
comprends immédiatement que c'est sur moi que ça va tomber.
— Ok, sept minutes de plaisir à l'étage avec... Heu... Alya.
Non mais je rêve... Je jette un regard à Zach, espérant qu'il dise quelque
chose. Il laisse tomber la tête en arrière et soupire profondément. Il ne va
même pas chercher à intervenir ? C'est une blague.
Chris se lève et me tend la main, et tout le monde fixe son regard sur
moi. Je prends sa main, un geste presque mécanique, sans vraiment réaliser
que je vais réellement monter avec lui. Mes pieds semblent suivre leur
propre chemin. Il croit vraiment que nous allons faire quelque chose,
sérieusement ? Une goutte de sueur perle le long de ma colonne vertébrale.
Je suis en panique, et je me retourne, lançant un dernier regard de
supplication à mon frère, espérant qu'il intervienne pour que Chris me laisse
tranquille. Cependant, il se détourne vers Kat et commence à discuter avec
elle, comme si de rien n'était.
Une fois à l'étage, je me retrouve dans ma chambre. Il ferme la porte
derrière nous et me regarde, adossé à celle-ci, comme si j'étais une pauvre
brebis égarée. Je ne lève pas les yeux et fixe le sol, reculant au moment où
je sens qu'il s'approche, bien que je ne puisse pas m'éloigner bien loin.
— Je ne vais pas te mordre, Alya, déclare-t-il en se penchant sur moi,
plaçant ses mains de chaque côté de ma tête contre le mur.
— Je ne veux pas jouer à ça. Ce n'est pas mon genre de faire ça,
bafouillé-je.
— Pourtant, tu y joues.
— Par obligation, pas par envie.
Il soupire, bien trop près de moi.
— Regarde-moi, exige-t-il.
Il place ses doigts sous mon menton et lève mon visage vers le sien,
plongeant ses yeux bleus dans les miens.
— On va y aller doucement. Je ne ferai rien que tu ne veuilles pas.
Oui, mais moi, je ne veux pas y aller du tout. Je veux qu'il me lâche pour
que je puisse redescendre.
Il pose ses lèvres sur les miennes pour la deuxième fois ce soir, et déjà
une fois était de trop. Il commence à m'embrasser de manière beaucoup plus
sensuelle que précédemment, avec une main sur ma taille et l'autre dans ma
nuque, rapprochant mon corps du sien. Il me guide jusqu'à ce que je bute
contre mon lit.
— Non, Chris, je ne veux pas jouer à ça.
— Je ne vais rien faire. Fais-moi confiance. Je ne vais pas te toucher, je
te le promets.
Sa langue danse avec la mienne, le goût de fraise m'envahit, et oh mon
Dieu, je commence à aimer ça. Il me pousse légèrement sur le lit, me faisant
m'asseoir, puis m'allonger. Son corps surplombe le mien, et son genou se
glisse entre mes cuisses. Mon cœur bat de plus en plus vite, nos respirations
sont bruyantes et rapides. Sa main se pose sur moi, d'abord sur ma hanche,
mais rapidement elle descend pour caresser ma cuisse, puis elle remonte
lentement, effleurant doucement l'intérieur de ma cuisse pour finalement
glisser sous ma jupe. Je saisis son poignet pour l'arrêter.
— Tu avais dit que tu ne me toucherais pas. Ma voix se brise contre sa
bouche.
— D'accord. Tu n'en as pas envie ?
Je ne sais même pas quoi répondre. Je crois que j’en ai envie,
néanmoins, je sais que je ne veux pas de ça avec lui. Je ne veux pas être ce
genre de fille, celle qui cède si facilement. Il voit que j'hésite, que je ne sais
pas quoi répondre, et il insiste davantage, cherchant à voir si je vais l'arrêter,
jusqu'à ce qu'il caresse mon entrejambe, me faisant gémir sous son baiser.
Je réalise qu'il sourit, satisfait de lui et cela me fait enfin réagir. Je lui
enlève la main brusquement, le pousse, et me lève du lit.
— C'est bon, ça suffit ! Et le temps a dû passer, je veux descendre
maintenant.
Je m'éloigne de lui, croisant les bras sur ma poitrine pour me protéger. Il
soupire, manifestement exaspéré et agacé, mais finit par accepter et se lève
à son tour.
— Tu es vraiment coincée, toi.
— Va te faire foutre, saute qui tu veux, mais ne m'approche pas.
— C'est toi qui viendras me supplier de te sauter, gamine.
Il a l'air vraiment énervé, visiblement peu habitué à ce qu'on lui dise non.
Son ton est désobligeant et agressif. Il quitte ma chambre et descend
rapidement sans même me prêter la moindre attention, puis donne un gage à
Kat pour qu'elle monte à l'étage avec Sam.
Je ne rejoins pas le salon, mais me dirige vers le bar pour reprendre un
verre. Je me demande ce que je fais dans cette galère. J'aimerais sortir du
jeu, seulement, je ne veux pas passer pour une idiote aux yeux de tout le
monde, même si je sais que Chris se fera un plaisir de raconter à quel point
je suis coincée. Ou peut-être qu'il ne dira rien, de peur d’être ridicule après
avoir été repoussé. Je sens que la soirée va être longue.
— Toi non plus, ce n'est pas ton truc, ce jeu ?
Je me retourne sur un gars qui a l’air plutôt sympathique, légèrement
plus grand que moi, brun aux yeux bleu-gris, plutôt musclé, mais il ne
semble pas être le stéréotype Alpha typique. Il me sourit gentiment.
— Non, je... je ne suis pas trop fan de ce genre de choses, effectivement.
— Moi non plus. Je m'appelle Adam, je suis en première année.
— Alya... Moi aussi, je viens d’arriver.
— Tu m'en sers un ?
Je lui remplis son verre en souriant. Il a l'air sympa et pas aussi obsédé
par le sexe que le reste de sa maison. Nous nous installons un peu au bar
pour faire connaissance. Il ne me dévore pas des yeux comme Chris l'a fait,
et c'est bien plus agréable de parler avec quelqu'un qui vous regarde dans
les yeux plutôt que fixer ma poitrine.
X
Alya
Ça fait une demi-heure que je discute avec Adam au bar, étonnamment,
nous n'avons pas rejoint le jeu, et personne ne semble avoir remarqué notre
absence. Il est vraiment sympa, drôle, et contrairement à certains, il n'est
pas obsédé. Cependant, il a une bonne descente et je commence à être un
peu pompette. Malgré le fait que je lui ai dit non à deux reprises, il insiste
pour me resservir à intervalles réguliers, et je me laisse faire comme une
idiote.
— Tu veux te spécialiser en quoi alors ? me demande-t-il, visiblement
totalement sobre par je ne sais quel miracle.
— Écriture de scénarios, et toi ?
— Je suis plus dans les logiciels d'effets spéciaux et tout ça. Je suis nul
en écriture.
— Et moi, je suis nulle en informatique.
Nous rions, et il se resserre un verre, remplissant le mien à nouveau.
— Tu me montres ta chambre ?
— Ouais, si tu veux, mais il n'y a rien de spécial.
Je suppose que la tienne est identique. Je descends de mon tabouret et
perds un peu l'équilibre, mais il me rattrape rapidement.
— Ça va aller ?
— Ouais, tu m'as servi pas mal de verres, du coup, j'ai un peu de mal.
— On boit celui-là d'une traite, puis on fait une pause.
— Eh bien, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.
— Oh, allez, c'est notre soirée d'intégration, il faut se lâcher.
On trinque, et je bois mon verre cul sec. Il me ressert une fois de plus,
mais je commence vraiment à avoir du mal à voir, et tout commence à
tourner.
— Allez, viens. Montre-moi ta chambre.
— C'est juste une chambre, marmonné-je.
Il me tire par le bras vers les escaliers, et je n'ai pas vraiment la force de
lutter.
— Elle doit être sympa, allez, viens.
Je ne me sens pas bien, j'ai la tête qui tourne, mais je le suis à l'étage.
— C'est laquelle ?
— Il y a mon nom sur la porte, bredouillé-je.
J'ai la bouche pâteuse, la vision trouble, et mes jambes peinent à me
maintenir debout.
— Adam, on devrait descendre. Je n'ai pas envie d'aller dans ma
chambre.
— T'inquiète, je ne vais pas toucher à tes affaires.
Il l’ouvre, m'attire à l'intérieur, et referme la porte brusquement.
— Voilà, c'est ma chambre. Tu es content ? On peut redescendre
maintenant ?
— Non, attends, on est bien là tous les deux.
Je commence à réaliser que je me retrouve dans une situation merdique.
Je ne l'ai pas vu venir, je suis vraiment stupide. Il faut que je sorte d’ici.
— Allez, je n'ai pas envie de ça, Adam. On ne se connaît pas. Viens, on
descend.
— C'est sympa de faire connaissance comme ça.
Il tente de m'embrasser, mais je le repousse violemment autant que je le
peux. Je suis totalement déchirée, je n'ai déjà pas beaucoup de force, mais
là, c'est pathétique, et étant donné sa carrure, il n'a même pas bougé.
— J'ai dit non, laisse-moi tranquille.
— Ne fais pas ta timide, tu es bien montée avec Chris tout à l'heure.
Il revient vers moi, m'attrape par la taille, et m'embrasse dans le cou, me
bloquant contre mon bureau. Je le repousse comme je peux, mais son corps
est trop lourd, et mes jambes sont coincées par les siennes. Je ne peux
même pas lui donner un coup.
— Lâche-moi, merde, je ne veux pas de ça.
— Je te conseille de faire ce qu'elle te demande, ou je t'explose la
gueule.
Il me lâche rapidement, se retourne, alors que je reste appuyée sur mon
bureau, perdue et un peu dans les vapes. Ma vision est floue, mais je
reconnais sa voix. C'est bien la première fois que je suis contente de le voir.
— Désolé, Chris.
Il n'en mène pas large tout à coup, le petit nouveau.
— Dégage, quand une fille te dit non, tu n'insistes pas. On va régler ça
plus tard.
Le mec sort de ma chambre, presque en courant et je suis envahie par un
mélange de colère et de tristesse. J'avais vraiment espéré qu'il y ait enfin un
mec qui pense à autre chose qu'à ça dans cette fraternité, mais visiblement,
ce sont tous des salauds. Et ils n'attendent même pas d'avoir le
consentement des filles. Chris ferme la porte de ma chambre à clé. C'est lui
qui va tenter sa chance maintenant ?
Il s'approche de moi et me prend dans ses bras, mais j'essaie de le
repousser. Cependant, je suis à bout de force.
— Hey, calme-toi, Alya. Ça va aller. Je ne te ferai rien.
— Pourquoi vous êtes tous comme ça ? Pourquoi vous pensez qu'on a
tous qu'une envie, c'est que vous nous sautiez.
Je continue de tenter de le repousser, mais il ne me laisse pas faire. Ma
voix tremble lorsque je parle, je le sais très bien. Je me retiens de pleurer.
Ce mec a essayé de me forcer, malgré le fait que je lui dise non. S'il n'était
pas arrivé, qu'est-ce qui se serait passé ?
— Calme-toi, Alya. Je ne te ferai rien, répète-t-il d’une voix douce.
— Il a essayé de... J'ai dit que je ne voulais pas, mais il voulait me forcer.
— Je sais. Je vais régler le problème. Ne t'inquiète pas. Viens.
Il m'emmène sur mon lit, et s'assoit. Puis il me tire pour que je vienne me
mettre entre ses jambes, le dos contre son torse. Il passe ses bras autour de
moi et me serre.
— Je suis désolé. Il va être viré de la fraternité. Tu ne le verras plus,
d'accord ?
— J'ai dit non, murmuré-je.
— Arrête de boire, bon sang.
Son souffle chaud dans mon cou m'apaise, et ses bras me rassurent. Je
ne sais pas pourquoi, mais j'ai confiance en lui à ce moment-là.
— Je pensais qu'il était gentil.
— Fais-moi plaisir, ne pense plus. Tu es naïve, Alya. Il ne t'approchera
plus, je te le promets.
Je me tourne légèrement et enfouis mon visage dans son cou.
— Attends, viens là.
Il recule jusqu'à la tête de lit pour pouvoir y prendre appui et me
réinstalle comme j'étais. Je respire dans sa nuque, il sent bon. Il n'est pas si
méchant que ça finalement. C'est la deuxième fois qu'il s'occupe de moi.
Il me garde dans ses bras. J'ai l'impression que je vais m'endormir, mais
je veux lutter pour simplement profiter d'un moment où il est sympa. Je sais
que ça ne durera pas longtemps.
— Comment te sens-tu ? Tu ne vas pas être malade ?
Je ris et secoue la tête. Il se recule légèrement, glisse ses doigts sous mon
menton et plonge son regard dans le mien.
— On redescend ?
— Oui... Je pense que je devrais peut-être refaire mon maquillage
— Ça dépend, si tu aimes le look gothique ou le mascara étalé, c'est top.
Il me répond avec son sourire en coin habituel.
— Tu es méchant...
— Ne t'inquiète pas, tu restes jolie.
Sa voix est calme et posée. Je suis sûre qu'il essaie de me rassurer après
tout ce qui s'est passé.
C'est un sacré compliment venant de Chris Barber. Je devrais me faire
agresser plus souvent, enfin non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mes
yeux restent fixés sur les siens, puis glissent sur sa bouche, il incline
lentement la tête et m'embrasse. Je le laisse faire, j'apprécie le goût de ses
lèvres ce soir, ainsi que le contact de sa langue avec la mienne. Ma main
remonte le long de sa nuque, et mon bras s'enroule autour de son large
buste. Notre baiser perdure, nos respirations s'accélèrent. Je sens clairement
l'effet que je lui fais, étant donné ma position entre ses jambes. Je resserre
ma main dans sa nuque pour me coller davantage à lui.
— Ok stop gamine. Tu me fais faire n'importe quoi. Allez, on descend.
Je me redresse et le laisse se lever, restant assise sur le bord du lit,
perplexe. C'est lui qui vient de mettre fin à notre baiser ? Les choses
changent. Cependant, le fait d'être repoussée de cette manière me vexe. Se
pourrait-il qu'il ne fasse que me tester constamment pour voir si je cède ?
Pourtant, j'ai clairement senti qu'il appréciait cet instant autant que moi. Il
me repousse et quitte rapidement ma chambre. Est-ce que j'ai fait quelque
chose de travers ?
— Heu... tu ne viens pas ?
Il tient la poignée de la porte, prêt à sortir. Il a l'air gêné, une première
pour lui.
— Mon maquillage. Je n'aime pas le style coulant et panda.
— Ah ! Ok, je descends.
Je lui fais un signe de tête et le regarde quitter ma chambre. Je n'ai rien
compris. Est-ce que j'ai mauvaise haleine ou quelque chose du genre ? Peut-
être que finalement, je ne lui plais pas ?
XI
Alya
Je me maquille pour essayer d'avoir meilleure mine, mais c'est peine
perdue, je suis saoule et moche. Soudain, j'entends des cris en bas, comme
s'il y avait une bagarre. Je me précipite hors de ma chambre et descends,
craignant que ce ne soit Zach, car hors de question que quelqu'un touche à
mon frère. Cependant, c’est Chris que je trouve en train de frapper Adam en
plein visage. Tout le monde tente de les séparer, ou plutôt de maîtriser leur
président.
— Tu dégages. Tu es viré. Les gars comme toi, on n'en veut pas ici.
Tout le monde intervient pour le calmer, mais personne ne semble
comprendre ce qui lui est passé par la tête.
— Tu veux me virer ! Sérieux ? Juste parce que j'ai voulu m'amuser avec
une fille. Elle n'est qu'une allumeuse.
— Non, c'est parce que tu as essayé de la saouler et de la forcer, c'est une
tout autre histoire.
— Ça c'est ton point de vue, mec.
Adam ne se laisse pas démonter. J'en ai des frissons. Chris lui adresse un
regard mauvais.
— Eh bien, attendons de voir ce qu'en pense son frère. Zach, ta sœur est-
elle du genre à se faire sauter dans sa chambre avec un mec qu'elle ne
connaît même pas ?
— Attends, c'est ma sœur que tu as essayé de forcer, espèce de...
Il ne finit même pas sa phrase et fonce sur Adam. C'est Zach qui
commence à le frapper à présent, mais ils parviennent à le retenir. Ils
doivent se mettre à trois pour réussir à le maîtriser. Je regarde cette scène de
désolation sans savoir quoi faire. Tout ça, c'est ma faute. J'ai bu, et je n'ai
pas vu le danger. Je l'ai suivi comme une idiote.
— Dégage... Je suis le président. C'est moi qui décide... Tu vires.
Adam essaye à nouveau de s'en prendre à Chris, mais tout le monde
intervient pour les séparer. Je m'approche d'eux et tire légèrement sur le tee-
shirt de mon sauveur pour le faire reculer. Il se retourne, prêt à râler d'être
retenu à nouveau, mais finalement, il ne dit rien en me voyant et me prend
dans ses bras. Pendant ce temps, les autres membres de la fraternité font
sortir Adam avec brutalité.
Je passe mes bras autour de sa taille et pose ma tête sur son torse. Je sens
ses lèvres pressées contre mes cheveux, et son cœur bat à tout rompre dans
sa poitrine. Il est encore essoufflé, ses muscles sont tendus, mais il ne me
lâche pas. Je suis consciente que tout le monde nous regarde. J'ai envie de
me dégager, mais il resserre son étreinte, me maintenant contre lui. C'est
idiot, mais je me sens étrangement en sécurité.
Je remarque également le regard et le sourire en coin que Méline lance à
Chris. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais je suis fatiguée des histoires,
des complots et des problèmes pour ce soir. De plus, j'ai pratiquement
dégrisé à cause de tout ça. C’est mieux ainsi.
— Qu'est-ce qu'il t’a fait, Alya ?
— Ne t'inquiète pas, Zach, ça va. Chris est arrivé et l'a fait partir. Je
n'aurais pas dû être aussi stupide, je l'ai cru gentil. Je suis idiote.
— Mec, tu permets, je vais m'occuper de ma sœur.
me lâche et me laisse aller dans les bras de mon frère. C'est dans ceux-là
que je me sens le mieux, ceux de mon grand frère. Une belle soirée de
merde, une fois de plus.
XII
Chris
— Tu te prends pour un preux chevalier maintenant ?
Je m'attendais à ce qu'elle ne perde pas de temps pour venir se foutre de
ma gueule.
— Il a essayé de la forcer, Méline. J'ai mal évalué le recrutement, il était
dangereux.
Je suis en colère en imaginant ce qu'il aurait pu lui faire si je ne l'avais
pas vue. Il voulait la forcer à monter. J'ai remarqué qu'elle était beaucoup
trop saoule pour résister, à la façon dont il lui tenait le poignet c’était
évident qu’elle n’était pas d’accord.
— On peut tous se tromper, ça arrive, essaie-t-elle de te rassurer.
Je suis bouillant de rage à l'idée qu'il ait tenté de s’en prendre à elle. Peu
importe la fille, j'aurais réagi de la même manière. Il aurait pris mon poing
dans la gueule et aurait été expulsé de ma fraternité. Mais putain, c'est elle
qu'il a visée, et ça me met encore plus hors de moi. Je voudrais que ce soit
dans mes bras qu'elle soit, pas dans ceux de Zach.
Minute ! Je suis con ou quoi c'est son frère.
Putain, il faut vraiment que je sorte prendre l'air. Mes pensées vont dans
tous les sens.
Une fois dehors, j'entends encore les cris de cet abruti au bout de la rue.
J'ai une envie folle de le détruire. Le pire, c'est qu'elle s'en veut, alors qu'elle
n'a absolument rien à se reprocher. Ce n'est pas elle qui est stupide, c'est lui
qui est un salaud. Elle est simplement trop naïve.
— Ça va, Chris ?
Oh putain, super, Julia... Il ne manquait plus qu'elle. Je ne suis vraiment
pas d'humeur là, tout de suite.
— Ouais, ça va, réponds-je d'un ton volontairement sec, j'espère qu'elle
comprendra.
— C'est génial ce que tu as fait pour Alya... Tu n'es pas blessé ?
— Non, je n'ai rien.
Putain, lâche-moi les baskets, Julia, sérieux, je n'ai aucune envie de
discuter ou de flirter avec toi. La seule chose que je veux, c'est essayer de
me calmer et qu'on me foute la paix.
— Tu veux boire quelque chose ? me demande-t-elle d'une voix
mielleuse.
— Non, je ne veux rien boire, réponds-je de plus en plus fermement,
espérant qu'elle capte enfin le message, mais ça ne semble pas être le cas.
Elle s'approche de moi, plantant son regard dans le mien, ses petites
mains glissant sur mon torse, me caressant doucement. Mais bon sang,
lâche-moi !
Je fais un pas en arrière pour lui signifier de me laisser de l'espace, mais
elle ne semble toujours pas réceptive à mes rejets.
— J'ai eu peur que tu te prennes un mauvais coup.
— Tu penses vraiment que ce petit merdeux aurait pu me toucher ?
Je sens son corps se coller au mien, ses bras s’enrouler autour de mon cou.
Je n'ai même pas effleuré sa peau, à quel moment a-t-elle pu penser que
j'avais envie qu'elle agisse ainsi ? J’aimerais que ça soit aussi simple avec
Alya. Elle me tire davantage vers elle et sa bouche se colle à la mienne.
Putain, elle doit s'arrêter, ce n’est pas d’elle dont j’ai envie.
Soudain, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.
— Oh ! Heu... Désolée.
Je la repousse rapidement en entendant cette voix. Putain, mais merde !
Elle a déjà fait demi-tour.
Je rentre en vitesse, essayant de la rattraper. J'agrippe son poignet et
tente de l’arrêter.
— Attends, Alya !!
Elle se retire brutalement de ma prise et me lance un regard empli de
haine, les flammes dans ses yeux ne pouvant signifier autre chose.
— Ce n'est pas seulement avec Adam que j'ai été idiote ce soir. Dégage.
Va la baiser, tu en as l'habitude, c'est tout ce que tu sais faire.
Je la regarde s'éloigner, me sentant totalement impuissant, et le pire, c'est
que je la comprends.
— Qu'est-ce qui t'a pris de me repousser comme ça ?
Bordel, je vais la tuer celle-là.
— Lâche-moi, putain, je ne suis pas d'humeur, d'accord ?
Alya monte rapidement les escaliers, et le pire, c'est lorsque je vois une
larme couler sur sa joue. Putain, c'est moi qui l'ai fait pleurer. Je suis
vraiment trop con. Je dois réparer cette connerie. Je cours après elle,
montant les escaliers deux par deux, et me précipite vers sa chambre. Je
frappe à sa porte et essaie d'entrer, mais elle est verrouillée. Génial, cette
nana est têtue comme une mule, elle ne cédera jamais.
— Alya, s'il te plaît, ouvre.
— Va te faire foutre, Chris, dégage, va sauter une fille en chaleur et fous-
moi la paix. Je ne comprends même pas pourquoi j'ai pensé une seconde
que tu étais quelqu'un de bien, hurle-t-elle à travers le bois.
— Arrête, ouvre, s'il te plaît.
Je tape une nouvelle fois en perdant patience, alors que Julia nous rejoint
pour me coller de nouveau. Elle ne comprend vraiment rien.
— Chris, qu'est-ce qui se passe ? se lamente la brune.
— Putain, lâche-moi, Julia ! Je t'en supplie, Alya, ouvre !
— Tu supplies maintenant ?
— Merde ! hurlé-je à bout de patience, j’en ai ras le cul de ces
conneries.
J'ai envie de défoncer cette foutue porte, et l’autre, qui continue de me
coller et de me mettre en rogne.
Je souffle profondément. Elle ne va jamais ouvrir. Mon front est posé
contre cette maudite porte qui reste obstinément fermée, et ça me rend
furieux.
En descendant, je bouscule le pot de colle agaçant, et recherche
activement Méline. Je suis vraiment hors de moi. Si je retombe sur ce
gamin, je le démonte juste pour me défouler. Mais cette fois, je vais le
pulvériser.
Je mets enfin la main sur la présidente des Kappas et la bloque
brutalement contre le mur.
— Donne-moi le pass des chambres.
— Tu es dingue ? Pourquoi ?
— Je dois parler à Alya, elle ne veut pas m'ouvrir.
En entendant les mots sortir de ma bouche, je réalise à quel point je
passe pour un psychopathe.
— Tu es accro à cette fille ou quoi ? Laisse-la tranquille. Anna est
encore vierge, amuse-toi avec elle et laisse Alya respirer. Tu la harcèles là,
elle a besoin d'une pause après tout ça.
— Donne-moi ce foutu pass, Méline.
— Non, Chris. C'est ce que tu mérites pour jouer les sauveurs et
embrasser Julia à peine cinq minutes plus tard. Je connais très bien tes
intentions envers elle. C'est qu'une gamine entre tes mains expertes. Tu vas
la détruire. Tu es frustré parce qu'elle te résiste, alors laisse-la. Trouve
quelqu'un d'autre avec qui t'amuser. Kat est libre.
— Va te faire foutre !
Elle ne cédera pas non plus, cette garce. Je me tourne vers Kat, qui me
regarde avec insistance. Méline a raison, je me comporte mal avec Alya ce
soir, et je m'acharne encore plus parce qu'elle me repousse. Mais de toute
façon, elle me considère comme un salaud, ce que je suis réellement. Je sais
très bien que cette porte ne s'ouvrira pas.
Kat se rapproche de moi, mais j'ai l'esprit vide. Elle ne me pardonnera
pas, bon sang, j'avais pourtant bien avancé avec elle, enfin c’est ce que je
croyais. De toute façon, je n'ai aucune chance avec cette fille et je suis
fatigué de me prendre la tête pour ce soir.
— Ça va, Chris ? demande Kat, se collant de manière explicite à moi.
Alors pourquoi devrais-je résister ?
— Non... Mais tu pourrais peut-être m'aider à aller mieux.
— Oui, je suis certaine que je peux faire ça. Tu m'accompagnes dans ma
chambre ?
— Ouais, j'ai envie de me détendre.
Elle l'a dit après tout, je ne suis bon qu'à ça. Alors autant m'amuser avec
sa copine, qui se trouve dans la chambre juste à côté, elle sera aux
premières loges.
XIII
Alya
Je suis épuisée de me sentir stupide, et ça arrive pour la deuxième fois de
suite. Après avoir changé de vêtements, je préfère m'allonger. J'éteins la
lumière et reste dans l'obscurité totale. Les basses de la musique battent
encore leur plein à l'étage en dessous.
À ce stade, je ne suis même plus sous l'influence de l'alcool. Ma plus
grande crainte est d'entendre Julia hurler le nom de Chris à nouveau.
À quoi diable m'attendais-je ? Qu’il soit quelqu'un de bien ? qu'il soit
différent avec moi ? À ses yeux, je ne suis qu'une gamine, et je le réalise
désormais. C'est le pire salaud que j'ai rencontré, celui qui m'horripile
depuis le premier jour. Il a suffi d'un jeu idiot et d'un autre enfoiré pour que
je baisse ma garde envers lui, et qu'il réussisse à m'embrasser. Je me trouve
vraiment pitoyable, une pauvre fille, et ce qui est encore plus pathétique,
c'est que j'ai apprécié ça.
Il vaut mieux que je dorme, pour mettre derrière moi cette soirée
pitoyable que j'aimerais oublier à tout jamais. Alors que je m'apprête à
m'endormir, j'entends quelqu'un trifouiller à la serrure de ma porte. Je relève
la tête de mon oreiller et soupire. Je voulais juste être tranquille, mais je
suis presque sûre que c'est Kat qui utilise sa clé. Nos serrures sont
compatibles, ce qui nous a amusées au départ, mais en ce moment, je n'ai
aucune envie de parler. Je veux simplement passer à autre chose et me vider
la tête, arrêter de penser à cet enfoiré. Après quelques secondes, je
comprends qu’elle est entrée et la sens s'allonger sur mon lit.
— Alya ?
Merde, ce n’est pas Kat. Je me lève rapidement, attrape mon oreiller, et
le lance à la tête de la personne présente.
— Aïe ! Tu m'attaques à coups d'oreiller. Sérieux ?
— Chris ?
— Non, c'est le père Noël, répond-il amusé, mais moi, ça ne me fait pas
rire.
— Mais bon sang. Laisse-moi tranquille. Comment es-tu entré ?
— La clé de Kat fonctionne dans ta serrure. Elle me l'a donnée.
— Je vais la buter. Va-t'en. Retourne voir Julia ou qui que ce soit d'autre,
je m'en fous.
— Mais je ne veux pas aller la voir ou même quelqu'un d'autre, sinon je
ne serais pas là.
— Je m'en fous, va-t'en.
— Non !
C'est quoi ce ton autoritaire ? Il se prend pour qui ?
— Quoi ? Tu plaisantes ?
— Non ! rétorque-t-il avec arrogance.
— J'appelle Zach, le menacé-je.
— Il est déjà rentré.
Zut.
Je saisis mon téléphone pour l'appeler, mais il m'agrippe par la taille, me
jette sur le lit, avant de me l’arracher des mains et me maintenir pour
m'empêcher de bouger.
— Lâche-moi ! Tout de suite, Chris, et sors de ma chambre, ou je te jure
que je hurle.
— Je n’ai pas voulu embrasser Julia. C'est elle qui m'a collé et m'a
embrassé. J'allais la repousser quand tu as ouvert la porte.
— Mais bien sûr. Et pourquoi tu te justifies d'abord ?
— Mais bon sang, je n'ai aucun compte à te rendre.
— Justement... Alors casse-toi. Lâche-moi ! Tout de suite, et sors de ma
chambre, rétorqué-je toujours coincée sous son corps.
Il semble agir comme s'il avait tous les droits. Pénétrer de force dans ma
chambre alors que je ne le veux pas, s'emparer de mon téléphone, s'allonger
sur mon lit. Et qu'est-ce qu'il veut de plus ? Que j’écarte les cuisses ? C'est
lui qui m'a embrassée, puis il m'a rejetée, et ensuite il était dehors, sa
bouche collée à celle d’une autre.
Que devrais-je faire dans cette situation ? Nous ne nous connaissons pas,
je ne lui dois rien. Je veux qu'il parte, ou peut-être pas... Non, je ne sais
vraiment plus ce que je veux
— Tu m'as sauvée de ce connard, et je t'ai remercié.
— Tu m'as embrassé.
— Une chose que je n'ai aucune intention de répéter, alors dégage !
Je peux clairement voir qu'il perd patience. Il jette mon téléphone sur
mon lit et me lâche. Un sentiment immédiat de vide se répand sur ma peau.
Un manque de lui.
— J'en ai assez, tu m'énerves. Sérieusement, tu agis vraiment comme
une gamine. En réalité, je perds mon temps avec toi.
Il se lève et quitte ma chambre, sans un regard en arrière. Je sors de mon
lit pour refermer ma porte à clé, puis je retourne me coucher. Il me sera
impossible de dormir avec cette musique qui continue de résonner.
Au fond, je réalise qu'il me plaît, même si je sais qu'il est le pire des
salauds. J'ai apprécié sentir sa bouche sur la mienne, ses caresses, et
l'exploration de sa main, même si je l'ai repoussé, il m'a procuré un certain
plaisir, c'était juste ma peur qui m'a fait réagir ainsi.
Du bruit commence à provenir de la chambre de Kat, ce qui me rassure,
c’est que je suis presque certaine que ce n'est pas mon frère. Je n'ose même
pas imaginer si je l’avais entendu crier son nom, à quel point j'aurais été
gênée.
Elle doit être avec ce Sam, sûrement, vu comment il la dévorait des yeux
tout à l'heure.
— Oooohhhh Chris !
C'est une blague ? Mon cœur se fend en deux. Kat est en train de
coucher avec... Chris ? Il y a à peine deux minutes, il essayait de se faire
passer pour un mec bien. Je me recroqueville dans mon lit, mettant mon
oreiller sur ma tête, des larmes coulent sur mon visage sans que je puisse les
arrêter. J'entends encore ses gémissements de plus en plus forts. Je mets de
la musique sur mon téléphone et enfonce mes écouteurs. Comment peut-il
faire ça ? J'ai l'estomac noué et la gorge serrée. Je suis persuadée qu'il
couche avec elle pour que je l'entende. Je le déteste. Je ne veux pas qu'il la
touche, je refuse d’imaginer son corps sur le sien. En réalité, je veux qu’il
ne touche personne.
La musique dans mes oreilles étouffe tous les bruits que je pourrais
entendre, mais je sais qu'il est dans la chambre d'à côté et je ressens une
douleur au ventre à l'idée de ce qu'il fait, de savoir que ses lèvres caressent
le corps d’une autre fille. Après avoir finalement cédé à l'envie de fondre en
larmes, je finis par m'endormir, triste et déçue, autant par Kat que par lui.
L'université est nulle. Je veux retourner au lycée. Mes amies me manquent.
Ma maison me manque. Je ne veux plus être là.
XIV
Alya
Il est onze heures lorsque je me réveille. La nuit a été bénéfique, à
l’inverse de mon premier week-end ici, complètement chaotique. Soyons
honnêtes, demain, c'est la rentrée, et je vais enfin commencer les cours.
Je préfère passer à autre chose. Chris peut bien aller se faire voir. Je ne le
verrai pas de la semaine, et franchement, j'ai eu ma dose pour toute l'année.
Ça va être bien mieux de ne pas être obligée de le croiser, de ne pas avoir à
supporter son air suffisant et arrogant. Je me lève et réalise que je suis en
sous-vêtements. J'ai dû avoir chaud cette nuit, je ne me souviens même pas
de m'être déshabillée. J’enfile un t-shirt, de toute manière, nous sommes
entre filles ici, et je n'ai aucunement honte de mon corps. Je glisse mes
écouteurs dans mes oreilles, je n'ai pas envie de parler à qui que ce soit ce
matin, j'ai juste besoin de rester dans ma petite bulle et de boire un bon café.
Il est essentiel que je m'organise, et je souhaite effectuer une
reconnaissance des bâtiments pour éviter de me perdre demain matin. En
arrivant dans la cuisine, je croise Méline et Julia, qui la quittent. Je leur
adresse un petit signe de la main et me dirige d’un pas décidé vers la
cafetière. Au rythme de la musique, je me trémousse et me déhanche
pendant que le nectar coule. Je pense aussi à aller courir pour me vider la
tête, je verrai si j'ai le temps. Cela me fera du bien de remettre de l'ordre
dans mes pensées. Ce week-end, je n'ai jamais consommé autant d'alcool de
toute ma vie, et ce gars m'a complètement pris la tête. J'ai besoin de libérer
toute cette colère et cette déception.
Une bonne course serait effectivement une excellente solution. Je vais
tout de même être honnête avec Kat et lui dire que je suis contrariée par le
fait qu'elle ait couché avec Chris, même si je n'ai aucune intention de le
faire moi-même. Je suis certaine qu'elle comprendra. Je sais qu'elle ferait
tout ce que je voudrais si je lui propose de l'aider à se rapprocher de mon
frère, sur lequel elle craque complètement. Je ne comprends d'ailleurs pas
pourquoi elle a couché avec quelqu'un par dépit. D'accord, Chris est
séduisant, mais ce n'est pas celui qu'elle désire, alors pourquoi se consoler
avec lui pour une nuit ? Je ne pourrais pas faire ce genre de choses.
Je récupère mon mug, puis me retourne rapidement pour regagner ma
chambre. C'est là que je me mets à hurler, en cognant un corps imposant qui
se trouvait juste derrière moi et renverse le café bouillant sur mon tee-shirt.
Quelle magnifique façon de commencer la journée !
— Merde, Alya !
Chris parvient à rattraper la tasse et me retient, visiblement aussi surpris
que moi.
— Putain ! Tu es obligé d'être toujours là ?
J'en ai marre de ce mec.
— Ça va, je peux me faire un café. Ce n'est pas de ma faute si tu te
trémousses devant la machine sans entendre quand on te parle, ose-t-il
répliquer.
Non mais, Il a un sacré culot.
— J'ai mes écouteurs, ça se voit, non ?
Bordel, j'ai déjà envie de meurtre dès le réveil.
— Enlève ton tee-shirt, donne-le-moi, propose-t-il.
Il veut mourir ?
— Je crois que tu rêves là. Je ne vais pas enlever mon tee-shirt devant
toi. Retourne plutôt enlever celui de Kat et ne t'approche pas de moi.
Le sang bout dans mes veines. Non, mais sérieusement, il pensait
vraiment que j'allais me déshabiller devant lui . C'est incroyable, il n'en
manque pas une.
— Tu n'avais qu'à pas me jeter hors de ta chambre hier soir. C'est avec
toi que j'aurais passé la nuit, rétorque-t-il avec une audace déconcertante.
Là, il m'énerve. Je vais lui dire ce que je pense clairement, il ne l’aura
pas volé.
— Et c'est exactement à cause de ce que tu as fait juste après être sorti de
ma chambre que je t'ai renvoyé. Tu te moques de tout et de tout le monde,
pour toi, une fille n'est qu'un vagin dans lequel tu te vides. Je ne coucherai
jamais avec toi... Tu es un salaud, et je ne veux pas qu'un gars comme toi
m'approche. J'ai eu la naïveté de croire pendant une fraction de seconde que
tu pourrais être un type bien, mais en fait, tu ne l'es pas du tout. Tu as
couché avec Kat pour être sûr que je l'entende. Alors baise qui tu veux,
mais ne crois pas que cela me touche, je m'en fiche. Je te déteste.
Je me retourne, me sers une autre tasse en reprenant ma respiration.
Étonnamment, il ne dit rien pendant que le café se prépare. J'étais prête à
affronter une réplique cinglante, voire une humiliation, mais il reste
silencieux. Je remets mes écouteurs dans les oreilles, puis passe devant lui
sans même lui jeter un regard, le bousculant au passage et me sauvant
rapidement dans ma chambre.
Oh là là, je n'aurais jamais pensé avoir le cran de lui dire quelque chose
comme ça. Je me suis sentie pousser des ailes, et le fait qu'il ne réponde pas
me laisse perplexe. Je ne sais pas si c'est un bon ou un mauvais signe, mais
s'il a encore l'audace d'essayer quelque chose avec moi, il serait
complètement fou. Son regard s'est éteint, et son petit sourire en coin a
disparu. Il méritait chacun des mots que je lui ai lancés. Je ne regrette
absolument pas.

Je m'assois sur mon lit, encore choquée par mes propres paroles, mais en
même temps, tellement fière. Je ne veux plus qu'il me prenne pour une
petite fille sans défense qu'il peut impressionner ou intimider. Je suis une
étudiante maintenant, et je ne vais pas me laisser faire par un mec. Je bois
mon café en consultant mon emploi du temps pour demain, et je constate
que j'ai le cours de rédaction et argumentation.
Cool.
Alors, que je m'apprête à me plonger dans mes cours, quelqu'un frappe à
ma porte, et la petite tête de Kat apparaît.
— Salut. Bien dormi ?
— Très bien, réponds-je, un peu plus agressive que je ne l'aurais
souhaité, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Il m'a vraiment mise en colère, et je n'arrive pas à chasser les images
d'elle avec lui de ma tête. C'est horrible.
— Tu es fâchée ? demande-t-elle, l'air gêné, comprenant rapidement ce
qui me préoccupe.
— Pourquoi devrais-je l’être ?
— À propos de ma nuit avec Chris ?
Oh, je vois, ça doit vraiment se lire sur mon visage, alors.
— Je ne veux pas parler de ça, riposté-je.
C'est faux, j’aimerais tout savoir ou pas.
Elle laisse ma porte ouverte et s'approche de moi doucement.
— Tu as l'air de m’en vouloir, constate-t-elle avec raison.
— Je m'en fiche, répliqué-je. Tu fais ce que tu veux avec ce sale type.
— À en juger par l'expression de ton visage et ton ton agressif, je vois
bien que j'aurais mieux fait de ne pas m'en approcher.
Je ne veux pas en savoir plus sur ce qu'ils ont fait, j'en ai déjà entendu
suffisamment hier soir.
— Je t'ai dit que je m'en fichais, d'accord ? Peut-on arrêter de parler de
lui, ça m'énerve.
— Il te plaît en fait, soit honnête avec moi.
Oui, il me plaît autant que je le hais.
— Pfffff ! Oui, mais il m'énerve, et je le déteste aussi.
Ce sont des sentiments très contradictoires, je l'admets. Je n’ai jamais
prétendue être quelqu’un de normale.
— Mais il te plaît, insiste-t-elle encore.
Elle m'agace aussi, avec ce petit sourire qui se dessine sur ses lèvres.
C'est elle qu'il a rejoint cette nuit, c'est avec elle qu’il a partagé son lit. C'est
elle qui a été dans ses bras en s'éveillant ce matin. Je suis jalouse à en
crever, même si je ne le veux pas dans mon lit. Putain, je suis en train de
devenir folle.
— On s'en fiche qu'il me plaise. Mais oui, si c'est possible, j'aimerais que
tu ne couches plus avec lui, du moins, toi, pour les autres, je ne peux rien
faire.
— D'accord, je suis désolée, je ne savais pas qu'en réalité, il te plaisait
vraiment. Tu passes ton temps à l'insulter et à avoir envie de le tuer.
— Parce qu'il le mérite. Et moi non plus, je ne pensais pas qu'il me
plaisait, jusqu'à ce que je t'entende crier son nom. Ça m'a fait mal.
— Je ne coucherai plus avec lui, je te le promets.
Elle m'enlace, et j'accepte volontiers son câlin. Cela n'effacera pas cette
nuit, ni les autres nuits qu'il passera avec d'autres filles, mais au moins mon
amie ne couchera plus avec.
— Je peux savoir pourquoi tu écoutes aux portes, Chris ?
La voix de Méline claque dans le couloir, près de l'entrée de ma
chambre. Je jette un regard à Kat, les yeux écarquillés, et nous nous
dirigeons toutes les deux vers la porte de ma chambre.
Chris est là et dévisage Méline méchamment.
Bordel, il a tout entendu, c'est une blague !
— Je venais juste récupérer mon téléphone que j'avais oublié dans la
chambre de Kat cette nuit, explique-t-il, un sourire aux lèvres, visiblement
satisfait de lui-même.
Je suis vraiment maudite.
Non, sérieusement, c'est incroyable. Il n'a pas de domicile, ce type,
toujours là où il ne faut pas. En fait, je vais aller courir, cela va me
permettre de me défouler. Je le déteste... Putain. Je sais je me répète, mais je
persiste et signe. Ce type va mourir dans d’atroces souffrances.
En quelques minutes, je suis changée, j’enfile mes chaussures, place
mon téléphone dans la housse attachée à mon bras, et insère mes écouteurs
dans mes oreilles, enfin prête à partir.
— Tu vas où ?
Je me tourne vers Kat qui sort de sa chambre, Chris sur les talons.
— Je vais me défouler. Il y en a qui me pompent l'air ici, j'ai besoin
d'espace.
— D'accord. On se voit après ? demande-t-elle.
— Dans dix ou quinze kilomètres, répliqué-je sèchement.
J'allume ma musique et quitte la maison, puis m'échauffe rapidement.
J’espère ne pas me blesser, ce serait le comble pour terminer ce week-end
de merde.
C'est alors qu'on me tape sur l'épaule.
— Alors comme ça, je te plais ?
Ce type a vraiment du culot.
— Va au diable, Barber.
— C'est ça, continue à faire l'indifférente, mais maintenant, je sais ce que
tu penses, réplique-t-il avec un sourire en coin.
— Et toi, continue à jouer à ton petit jeu, et je me ferai un plaisir d'en
parler avec mon frère, lui lancé-je.
À présent, son sourire s'efface, enfin. Il me plaît, c'est vrai, mais c'est
purement physique. Je n'aime pas le salaud qu'il est, alors il ferait bien de
me lâcher les basques. Je ne coucherai pas avec lui, et je le repousserai
toujours avec plaisir.
— Alya !
Je me retourne et aperçois Zach qui s'approche de nous.
— Tiens, Chris, tu as vu quand on parle du loup. Tu me plais peut-être,
mais je ne t'aime pas du tout, au contraire. Ne t'approche plus. Plus jamais,
lui murmuré-je pour que lui seul m’entende avant de me tourner vers mon
frère. Ça va, Zach ?
— Quinze bornes, frangine en route.
Je le rejoins, il me fait un câlin pour me saluer. Je suis surprise, mais
contente que tout le monde soit désormais au courant de notre lien. Je
pourrai enfin avoir une attitude normale avec lui et retrouver mon grand
frère, ainsi que notre relation telle qu'elle était avant.
XV
Alya
Au bout d'une heure de course, je suis complètement épuisée. Mes deux
cuites de ces derniers jours m'ont vraiment fait mal.
Lorsque j'arrive devant la maison de Zach, presque tout le monde est
rassemblé dehors, et Adam est en train de crier après Chris, alors qu’ils le
sortent sans douceur des lieux. Immédiatement, Zach met son bras devant
moi, pour me protéger et me maintenir à distance de la confrontation.
Chris, quant à lui, a les bras croisés sur la poitrine, entouré de tous les
membres Alpha, et il fixe Adam d'un regard furieux. Un des types de la
fraternité le retient discrètement par l'épaule, pour l’empêcher de bouger.
Les flammes dans les yeux du Président montrent clairement son désir de
s'en prendre à l’ancien Alpha. Cette fois, je n’interviendrai pas pour le
retenir.
Lorsque ce dernier me remarque, il s’avance en me hurlant dessus.
— Espèce d'allumeuse ! C'est ta faute, sale traînée.
Je ne sais pas du tout ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là. Peut-
être l'accumulation de tout ce qui s'est passé durant le week-end avec lui et
Chris. Toute la colère que j'ai emmagasinée, la déception, la peine. Je me
décale de Zach, et d'un geste impulsif, je lui envoie un coup de poing en
plein dans le nez de toutes mes forces.
Oh mon Dieu, que ça fait du bien, ça fait mal aussi.
— Essaie encore de t'approcher, et tu en prendras une deuxième, le
préviens-je sans baisser les yeux.
Mon frère me soulève par les cuisses et me jette sur son épaule pour
m'éloigner de la scène, tout en éclatant de rire. Il m'emmène dans la maison,
alors que je continue de lui crier dessus. Je suis furieuse. Il m'a traitée
d'allumeuse, alors que c'est lui qui m'a fait boire et a tenté d'abuser de moi.
Une fois à l'intérieur, il me pose par terre en me dévisageant, comme si
c’était la première fois qu’il me voyait. Ses yeux sont écarquillés, et sa
bouche grande ouverte.
— Où est ma petite sœur douce et gentille ? C'était quoi ça ? demande-t-
il, se retenant de rire, même s’il est évident qu'il a du mal à garder son
sérieux.
Il a raison, je n'aurais pas dû le frapper.
— Je ne sais pas, mais putain, que ça fait du bien.
Les membres d'Alpha entrent à leur tour, tous hilares.
— Il m'a insultée de traînée, tenté-je de justifier mon geste.
— L'université ne te réussit pas.
Je ne suis pas une personne violente, au contraire, je suis calme, posée,
réfléchie et plutôt douce d’habitude.
Il est clair que ce premier week-end est un véritable cauchemar.
— Zach, ta frangine déchire.
— Ne l'encourage pas, Sebastian, s'il te plaît, demande Zach.
— Top là, la terreur, réplique-t-il en me tapant dans la main.
Je me retourne en riant, fière de moi, et frappe dedans.
— Bon, allez, je rentre. J'ai encore plein de choses à faire, dis-je en me
levant du canapé, avec un sourire, alors Zach ne semble toujours pas s'en
remettre.
— Je vais te raccompagner. On va éviter que tu le recroises pour
l'instant, propose Chris.
Alors là, il rêve.
— Non, merci, je n'ai pas besoin de toi, répliqué-je d'un ton tranchant
qui ne laisse pas de place à la négociation.
Zach me regarde bizarrement et échange un regard interrogateur avec
son pote. Mon frère me connaît bien, et le ton que j'ai employé à son égard
est pour lui très explicite. Il voit clairement qu'il y a un problème entre
nous, mais choisit de ne rien dire.
J’embrasse mon frère et me dirige vers la sortie sans me retourner, ni
prêter la moindre attention au garçon qui m’horripile.
— Va avec elle, ordonne le président d'une voix tranchante, mais
j’ignore à qui il s'adresse.
À l’extérieur, je suis rejoint par Seb, qui arbore un large sourire.
— Je vais te raccompagner, annonce-t-il.
— Je peux rentrer seule. Je sais me défendre, riposté-je.
— Ouais, j'ai vu ça, mais j'ai plus de muscles, alors c'est moi qui gagne,
rétorque-t-il en plaisantant.
Je ris, alors qu’il me montre ses biceps, visiblement fier de son corps.
— Tu es en troisième année aussi ? me renseigné-je.
— Non, en seconde. J'étais un petit nouveau l'année dernière, comme toi.
— Je n'aime pas être la nouvelle. C'est nul, réponds-je avec tristesse.
— Je trouve que tu t'en sors très bien. Et puis ton frère est là pour te
faciliter la tâche. C'est plus sympa.
— Tu ne m'as pas vue hier soir. J'étais pitoyable. Totalement ivre, idiote
et naïve.
— Tu n'es pas idiote parce que tu penses que quelqu'un est gentil. On se
trompe tous sur les gens à un moment donné. Tu te spécialises dans quoi ?
— L'écriture de scénarios.
— Pareil. Le premier trimestre est ennuyeux à mourir, mais la suite
promet d'être passionnante. Tu as déjà acheté tes livres ? m'interroge-t-il.
— Oui, bien sûr. C'est la première chose que j'ai faite.
Je sais, je suis une accro aux études.
— Je vais te montrer quelque chose, si tu es d'accord, bien sûr ? ajoute-t-
il.
— Tu as vu comment je me défends, alors ne tente rien d'inapproprié, je
le mets en garde.
Il lève les mains en signe d'innocence. Je pense qu'il est sympathique,
mais j'ai peur de me tromper une fois de plus.
— Promis, je serai sage comme une image, madame, assure-t-il en
plaisantant.
Nous nous rendons à la sororité, et je monte avec Seb dans ma chambre,
croisant Julia dans le couloir en train de discuter avec Kat. Une fois dans la
pièce avec Seb, je remarque qu'elles nous regardent toutes les deux,
visiblement surprises. Je peux déjà deviner que Julia est en train de se faire
des tas d’hypothèses dans sa tête de perverse, sa curiosité prenant le dessus.
— Je peux fermer la porte ou je la laisse ouverte ? m'interroge Seb.
C'est une excellente question, et cela me donne confiance en lui, il
marque des points ce garçon.
— Ferme-la, sinon elles risquent de s'arrêter devant et de nous espionner.
Voilà, tout est là, lui dis-je, en rassemblant les livres sur mon bureau.
Il ferme la porte, s'installe sur ma chaise, et parcourt mon manuel, me
montrant les premiers cours et les points essentiels à retenir. Au cours de
notre discussion, je réalise que nous partageons de nombreuses matières en
commun. Nos cursus se ressemblent beaucoup, c'est dommage que nous ne
soyons pas dans la même année. Il me livre de précieuses astuces pour
aborder la littérature et me dévoile ce que les professeurs attendent et
apprécient. Sans que je m'en aperçoive, plus de deux heures se sont
écoulées, et nous sommes toujours enfermés dans ma chambre en train de
discuter. Finalement, nous finissons par nous asseoir sur mon lit et échanger
sur divers sujets. Oui, je confirme, il est vraiment charmant.
— Wow, merci pour toutes ces infos. Je vais être prête pour demain. Il ne
me reste plus qu'à repérer les bâtiments pour éviter de me perdre.
— Tu veux que je t'accompagne ? Ça ira plus vite que de te balader avec
ton plan comme une touriste, me propose-t-il.
— Carrément. Mais là, il faut que je prenne une douche, je sens le poney.
Nous éclatons de rire tous les deux.
— Ok, miss puante, tu n'as qu'à passer à la fraternité me chercher quand
tu seras prête.
— Ok. Merci encore, Seb, c'est super sympa.
— Pas de quoi... Il te faudra un partenaire de TP en écriture chez les
deuxièmes années. On pourra bosser ensemble, si ça te dit ?
— Avec plaisir. À tout à l'heure, alors.
Il quitte enfin ma chambre, et j'avoue que je n'arrive pas à me défaire de
mon sourire. À peine une minute plus tard, Kat arrive toute souriante, elle
aussi. Je me doutais qu’elle viendrait aux nouvelles.
— Deux heures enfermé avec un garçon ? Alya, tu as quelque chose à
me dire ? s’amuse-t-elle.
— Non, rien. Il est gentil, et on a les mêmes cours. Il m'a tout expliqué
sur le premier trimestre, rien de plus, assuré-je en rangeant toutes mes
affaires.
— Ah, je suis déçue.
— Je n'ai pas l'intention de perdre ma virginité avec qui que ce soit
maintenant, alors arrête. Je vais me doucher. Je vais voir avec lui où se
trouvent les bâtiments pour mes cours de demain.
Elle se trémousse en jouant avec ses sourcils, cette fille me rend dingue.
Au moment où je sors de ma chambre en direction de la salle de bain, je
l'entends s’esclaffer, et je ne peux m'empêcher de rire avec elle en
m’éloignant.
Elle ne semble pas prête à me laisser tranquille avec ma fichue
innocence. J'espère qu'elle est patiente, car il est clair que je ne prévois pas
de perdre ma virginité de sitôt.
XVI
Alya
.
Lorsque j’arrive devant la maison des Alphas, certains d'entre eux sont
assis sur les marches, parmi lesquels se trouve inévitablement Chris. Il
semble que je ne puisse pas échapper à sa présence, comme si le destin
avait décidé de s'acharner contre moi.
Il se tourne dans ma direction avec son sourire charmeur bien en place,
une expression qu'il arbore depuis qu'il m'a entendu parler avec Kat. Il est
tellement sûr de lui, prétentieux. Je ne peux m'empêcher de ressentir une
pointe d'agacement à chaque fois que je le vois. Peut-être espère-t-il que ma
visite ait quelque chose à voir avec lui. Dans tous les cas, une douche froide
sera bien méritée pour lui rafraîchir les idées.
— Je viens chercher Seb, dis-je d'un ton déterminé.
Son sourire vacille légèrement, je me sens victorieuse. Bien fait pour lui.
— Je suis là, la terreur, annonce le beau brun, l'air enthousiaste.
Il descend les marches de la maison, passe son bras autour de mon
épaule, et me tend un petit livre. Il sent incroyablement bon, j’apprécie son
geste. Surtout que cela n'est pas du goût du président des Alpha. Ce qui
renforce encore davantage mon envie de me blottir contre lui. À cet instant,
je ne prête plus attention aux autres, y compris à Chris, et pars avec mon
nouvel ami.
— C'est quoi ? m’enquiers-je, curieuse.
— Je te laisse le lire tranquillement, répond-il alors que je m’empare du
livre. C'est le script que j'ai dû rédiger l'année dernière, accompagné des
corrections et des notes du prof. Ça pourra t'être utile.
— Oh, génial, merci ! Tu ne crains pas que je le lise ? demandé-je,
étonnée qu’il me confie son travail.
— Pas du tout. Après tout, c'était mon premier devoir, et je sais qu'il est
loin d'être génial. Si ça peut t'aider, tant mieux.
Il est indéniablement gentil, mais cette fois, je vais tout de même
maintenir une certaine méfiance, histoire de ne pas me laisser prendre au
dépourvu encore une fois. Cependant, il accumule des bons points, c'est
indiscutable. Il est mignon, son sourire charmeur et ses fossettes doivent
certainement faire craquer plus d'une fille, c'est évident. Ses yeux sont clairs
et pétillants, dénués de toute méchanceté ou d'une quelconque intention
calculatrice. Aurais-je enfin rencontré un membre des Alphas qui en vaut
vraiment la peine ?
Calme-toi, Alya, ne va pas trop vite.
Nous passons le reste de l'après-midi à explorer le campus, et je réalise
que c'est une bien meilleure option que de se perdre seule avec un plan
entre les mains. Je remarque d'autres étudiants de première année qui
cherchent désespérément où ils doivent aller, et ils ont l'air un peu ridicules.
Je suis ravie que Seb m'accompagne.
Nous faisons même un arrêt dans une petite cafétéria qui propose des
glaces lors du retour. Nos conversations tournent principalement autour des
cours, mais nous abordons également des sujets tels que les films
récemment sortis. Les débats avec lui sont extrêmement intéressants, et je
constate que nous ne sommes que rarement d'accord sur les critiques des
films. Cela me fait rire.
— Tu veux jeter un coup d'œil aux manuels de deuxième année ?
— Ça ne te dérange pas ?
— Non. Viens.
Il attrape ma main et me guide à l'intérieur, m'invitant à entrer avec lui.
Nous nous dirigeons d'abord vers la cuisine.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Juste un verre d'eau, si tu en as.
Sa main est douce dans la mienne et je me sens un peu nerveuse, mais
aussi excitée à l'idée de découvrir les manuels de deuxième année.
J'apprécie son amabilité, et nous poursuivons notre conversation détendue
tout en nous dirigeant vers la pièce centrale de la maison.
— Oui, on a ça, même si on a plein d'alcool, on boit de l'eau aussi de
temps en temps.
La maison semble étonnamment calme et déserte par rapport à la folie du
vendredi soir. Une fois dans la cuisine, j'y retrouve Chris et Zach, assis à la
table, en pleine discussion. Vraiment, je commence à me demander quand
j'arrêterai de le croiser à chaque coin de rue. S'il vous plaît, faites que je ne
le vois pas de la semaine.
— Ça va, les gars ? leur lance-t-il en approchant.
— Vous êtes allés où comme ça, tous les deux ? interroge sèchement
Chris.
Cependant, Seb ne semble pas s'en soucier et se met à lui expliquer ce
que nous avons fait tout en me servant mon verre. Je remarque clairement le
regard insistant de mon frère sur moi, alors que je lance un regard noir à
Chris, mais une fois de plus, il ne dit rien.
Je ne comprends pas pourquoi il se permet de questionner Sebastian sur nos
actions. Après tout, je suis libre de faire ce que je veux.
Après avoir récupéré ma boisson, il m'entraîne en direction de l’étage en
me prenant la main. Je me laisse faire, mais la véritable raison c’est que
j'adore la réaction du garçon que je ne supporte pas, au moment où sa main
entre en contact avec la mienne. C'est un véritable plaisir de le voir
contrarié.
C'est un prêté pour un rendu, tu as couché avec ma copine, mais c'est toi
qui enrages à cet instant mon gars. Je sais, c’est puéril.
Une fois dans sa chambre, Seb me tend ses manuels. Je m'assois sur son
lit et commence à les feuilleter. Je dois avouer qu’en lisant cela, j'ai déjà
hâte d'être en deuxième année.
— Je t'ai dit de jeter un œil, pas de les apprendre, me rappelle-t-il.
Il se laisse tomber sur son lit à son tour, s'étendant sur le ventre à côté de
moi.
— Ça a l'air tellement intéressant, je veux être en deuxième année
maintenant, dis-je avec enthousiasme.
— Prends ton temps, me conseille-t-il. Je t'ai dit que, à part le premier
trimestre qui est un peu ennuyeux, la suite est vraiment géniale.
Il a cette manière de s'exprimer de façon simple, et son sourire ne le
quitte jamais. Et quel sourire ! À chaque fois, j'oublie que les Alphas sont
choisis en partie pour leur apparence, tout autant que pour leurs autres
qualités. Mais Seb semble être différent, peut-être moins obsédé que les
autres. Cependant, j'ai également pensé la même chose d'Adam hier, et j'ai
vu où cela m’a mené. Quoi qu'il en soit, j'ai passé une super journée avec
lui, et je suis contente d'avoir vu et appris tout cela.
— D'accord, je vais essayer d'être patiente alors. Je vais redescendre et
préparer mes affaires pour demain, dis-je.
— Je te raccompagne en bas.
Au rez-de-chaussée, Chris me lance un regard plus qu'énervé, limite
agressif. Peu m'importe, chacun son tour. Aujourd'hui, c'est le mien.
Personnellement, j'ai vraiment apprécié ma journée, il ne réussira pas à
me la gâcher.
— Merci encore pour tout, c'était super sympa, déclaré-je. On se croise
demain, étant donné que nous serons dans les mêmes bâtiments ?
— Ouais, à demain la terreur, répond-il en plaisantant.
Je lui fais un bisou sur la joue, intérieurement amusée de taquiner encore
un peu plus son président, puis je quitte la maison. J'aime bien qu'il
m'appelle "la terreur". Ça me fait sourire. Cela crée une petite complicité
entre nous, et j'aime bien ça.
XVII
Alya
À six heures, mon réveil sonne, et je saute immédiatement de mon lit. Je
suis plus motivée que jamais.
Je me précipite pour rassembler mes affaires de douche et me rends
directement à la salle de bain pour m'assurer qu'elle est disponible. Il y a
quatre salles de bain pour seize filles, donc c'est un peu la loi de la jungle,
première arrivée, première servie.
Ma douche est rapide, je n'ai pas l'habitude de m'attarder des heures sous
l'eau. Ensuite, je retourne dans ma chambre pour m'habiller. C'est le jour de
la rentrée. J'ai opté pour une petite jupe blanche en jean qui arrive juste au-
dessus de mes genoux, associée à un simple débardeur bleu. Les couleurs
s'accordent parfaitement avec mes yeux. Mes Converses blanches
complètent parfaitement ma tenue. Simple, mais efficace.
Mon sac est déjà prêt depuis la veille, donc c'est une préoccupation de
moins. Il ne me reste plus que la corvée de sécher mes cheveux. Vu qu'ils
me tombent jusqu'au bas du dos, cette étape est longue et fastidieuse. Je
branche mon sèche-cheveux et je commence. Mon esprit vagabonde vers
l'emplacement de mon premier cours et tout ce que Seb m'a expliqué à ce
sujet. Même si je me tiens devant le miroir, mon esprit est déjà dans la salle
de cours. Une fois enfin prête, je descends prendre une tasse de café. Je suis
la première, apparemment. Il est vrai que tout le monde ne doit pas être
aussi enthousiaste que moi à l'idée de commencer la nouvelle année
scolaire.
Je fais couler ma délicieuse drogue dans mon mug et ajoute mon petit sucre
habituel. Ensuite, je me prépare immédiatement un second café que je verse
dans mon gobelet isotherme. Je m'installe à table et effectue rapidement une
vérification dans mon sac pour m'assurer que je n'ai rien oublié.
— Tu es tombée du lit, me taquine Julia en bâillant, les cheveux en
bataille. Nos apparences font vraiment contraste.
— Salut ! Non, je suis juste pressée de commencer, lui réponds-je.
— Ton enthousiasme fait plaisir, mais je suis sûre que tu le seras moins
dans une semaine, me dit-elle.
— Pourquoi ? demandé-je perplexe.
— Parce que pour l'instant, tout est nouveau pour toi, tu veux tout voir,
tout connaître. Dans une semaine, la vie redeviendra une routine ennuyeuse,
tu verras. Heureusement, on a les week-ends pour faire la fête et profiter de
la vie.
Personnellement, je ne suis pas fan des week-ends, surtout s'ils
ressemblent à celui que je viens de passer. Merci, mais non merci. Je suis
convaincue que je serai toujours ravie d'aller en cours.
— Bonjour les filles, lance une voix que je hais déjà.
Argh ! Qu'on m'achève.
— Chris, je suis contente de te voir, répond la belle brune d'une voix
mielleuse qui me hérisse.
— Bonjour, dis-je d'un ton peu aimable.
Je m'efforce de ne pas montrer mon mécontentement, mais il semble que
je ne peux pas éviter de voir sa tête dès le lundi matin. Apparemment, il vit
ici autant que moi.
— J'ai oublié de demander : dans quoi sont spécialisées vos quatre
nouvelles ?
— Je ne sais pas, demande à Méline, minaude-t-elle de plus belle. On
déjeune ensemble ce midi ?
Je lève les yeux au ciel, presque malgré moi. Chris le remarque et
semble amusé. Je me renfrogne sur ma chaise en signe de mécontentement.
Il voit une fois de plus que je ne supporte pas de voir une fille se coller à
lui. C'est principalement parce que je trouve cette fille pathétique, mais je
n'ai pas l'intention de m'attarder sur le sujet.
— Non, je suis déjà pris, déclare Chris.
Intérieurement, je trouve la réaction désespérée de Julia plutôt amusante,
mais je n'ai aucune intention de montrer à Chris que cela m'intéresse.
— Alya, tu te spécialises dans quoi ? m'interroge-t-il.
— Pourquoi ? demandé-je.
— Juste pour voir si tu as besoin d'un binôme en deuxième année.
— J'ai déjà mon binôme, merci, réponds-je.
Julia me regarde curieuse, tandis que Chris fronce les sourcils, les lèvres
pincées.
— Ah bon ? et je peux savoir qui ? demande-t-il.
— Sebastian... Nous avons les mêmes spécialités, et nous avons déjà
décidé de travailler ensemble.
— Il ne m'en a pas parlé, tente-t-il de dissimuler son agacement dans sa
voix, sans succès.
— Et donc ? répliqué-je.
— Il aurait dû me prévenir. Cela m’aurait évité que je perde mon temps,
conclut-il avec irritation.
Il semble très contrarié, et je m'en réjouis.
Un sourire narquois s'affiche sur mon visage sans que je puisse le
dissimuler.
— Vois ça avec lui. Ce n'est pas mon problème. Bon, Julia, à ce soir.
Moi, je m'en vais.
— Avec qui déjeunes-tu ce midi ? lance-t-il toujours agacé.
La réponse risque de ne pas te plaire, mon cher Chris.
— Avec Seb, roucoulé-je exagérément en battant des cils.
— Vous ne vous quittez plus, tous les deux.
— Que veux-tu, il est adorable, répliqué-je avec un petit sourire de peste.
. C'est incroyable à quel point cela me procure du plaisir de répondre de
cette manière. Le brun me regarde avec une colère évidente dans les yeux.
Je dépose ma tasse dans le lave-vaisselle, attrape mon deuxième café sur la
table, salue de nouveau Julia sans accorder la moindre attention à Chris,
puis quitte la maison. Mon pas est léger, ma bonne humeur revenue.
En arrivant devant la maison des Alpha, j'aperçois mon frère et Seb en
train de discuter. C'est alors qu'une main se pose sur mes épaules.
— Tu t'es rapprochée rapidement de Sebastian, on dirait, me souffle
Chris discrètement.
— Tu es encore là, toi ? Je pensais que tu devais voir Méline, répliqué-
je, continuant d'avancer pour rejoindre mon frangin et me défaisant de son
bras.
— J'irai plus tard. Tu n’as pas répondu à ma question.
— Parce que je ne vois vraiment pas en quoi ça te regarde.
Zach m'accueille avec un câlin chaleureux pour me dire bonjour, puis je
me dirige vers Sebastian pour lui donner un bisou sur la joue. Il me jette un
coup d’œil amusé, un sourire aux lèvres, peut-être un peu surpris par ma
familiarité.
— Comment ça va, terreur ?
— Ça va. On y va ? J'ai vraiment hâte de commencer.
— On est parti... À ce soir les gars
Nous nous éloignons d'eux, et je ris intérieurement de ma façon de le
saluer. Il n'a rien dit et m'a laissé faire. Ce garçon est vraiment adorable.
— Prête pour cette première journée ?
— Oui, je suis surexcitée, avoué-je. Et toi ?
— Moi, je suis surtout crevé. On a joué à la console jusqu'à trois heures
du matin, avoue-t-il en soupirant.
— C'est malin.
Maintenant qu’il le dit, je remarque les cernes sous ses yeux qui en
témoignent.
— Je t’abandonne ici, je tourne par là. On se voit à midi ?
— D’accord, bon courage, lui réponds-je en lui faisant un signe de la
main.
Je continue jusqu'à mon bâtiment et entre. L'endroit est magnifique, les
salles de classe semblent petites, le nombre d'étudiants est plutôt restreint,
car les sélections sont sévères. Dans certains cours, il n'y a pas de grands
amphithéâtres. L'atmosphère est intime et cela m’impressionne beaucoup.
Je trouve enfin ma salle de classe, je ne suis pas la première arrivée.
J'entre et m'installe, adressant un geste de tête timide à la fille déjà présente.
— Tu n’es pas stressée ? me demande-t-elle d'une voix légèrement
éraillée.
— Heu, non. Pourquoi tu l'es ? m’inquiété-je.
En réalité, je suis plus enthousiaste que stressée à l'idée de commencer
cette nouvelle journée.
— Je m'attendais à ce qu'il y ait plus de monde, mais il n'y a que dix
chaises, remarque-t-elle.
À présent qu'elle le mentionne, il est vrai que ce cours ne semble pas être
le genre d'endroit où l'on peut passer inaperçu ni se cacher pour échapper à
une interrogation. Les chaises sont disposées en cercle autour d'une grande
table centrale.
D'autres étudiants arrivent peu à peu, et la salle se remplit de sept autres
élèves.
— Bonjour, je suis votre professeur, Mr. Banks.
Tout le monde répond « bonjour », presque en chœur. C'est amusant de
retrouver cette atmosphère de petite classe. Je ne m'attendais pas à ce
qu'une classe universitaire soit si peu peuplée.
— Bien, vous êtes neuf, donc tout le monde est là. Je vais vous faire un
bref résumé du programme pour ce premier trimestre, puis je vous laisserai
le reste du cours pour les présentations. Je vais vous épargner les
présentations orales devant tout le monde. Nous sommes ici pour apprendre
à écrire, alors donnez-moi envie de vous lire. Faites-moi une belle
présentation de vous, de vos rêves et de vos ambitions. Expliquez pourquoi
vous êtes ici et ce que vous attendez de ce cours. Pour mon cours, je vais
vous demander quelque chose de particulier, qui sera votre plus gros devoir
du trimestre. Je veux que vous teniez un journal intime. Non pas que votre
vie m'intéresse particulièrement, mais je veux que dans ce journal, vous
puissiez retranscrire ce qui se passe dans votre vie, ce que vous ressentez...
Que cela me donne le frisson. Je ne vous demande pas d'inventer, soyez
honnêtes. Si, par exemple, vous mangez une pomme ce midi, je veux que
vous soyez capable de me donner envie d'en manger une aussi. Vous
comprenez ?
Tout le monde acquiesce.
— Vous écrirez tous les jours, ou toutes les semaines, cela m'est égal.
C'est à vous de créer le roman de votre vie pour les trois prochains mois.
Retranscrire un script à partir d'un livre d'auteur, c'est bien. Mais l'écrire,
l'inventer, en être l'auteur vous-même, c'est mieux. Votre imagination sera
mise à rude épreuve dans mon cours, mais j'espère que vous me donnerez le
meilleur de vous ici. Maintenant, je vous laisse vous présenter.
XVIII
Alya
La matinée s'est écoulée à une vitesse impressionnante. Mon premier
cours s'est révélé génial, et lorsque j'ai rendu mes quatre pages de
présentation, la tête de mon prof en a dit long. Il avait demandé que nous
suscitions son intérêt, et il ne devrait pas s'ennuyer avec tout ce qu'il a à lire.
Je me dirige vers la cafétéria du bâtiment, à peine arrivée, j’aperçois Seb
déjà assis, engagé dans une discussion animée avec une grande brune qui
lui caresse lascivement l'épaule. Lorsque j'arrive à sa table, je jette mon sac
sans ménagement sur l’une des chaises, prenant par surprise la fille qui
retire immédiatement sa main. J’embrasse la joue de Seb, et me laisse
tomber contre lui sans aucune gêne et jette un regard interrogateur à la fille,
papillonnant des cils d'une manière qui trahit mon innocence feinte.
Qu'est-ce qu'elle fait là, celle-là ?
— Bonjour, je suis Alya.
Ma voix est perchée dans les aigus, trahissant mon agacement.
— Heu... Je... Je suis Lexy, balbutie-t-elle, manifestement consciente de
l'hostilité que je lui témoigne et de mon désir qu'elle s'éloigne au plus vite.
— Ça s'est bien passé tes cours ce matin, Seb ? me renseigné-je en me
tournant vers lui, décidant finalement d'ignorer l'intruse.
Je veux faire comprendre clairement à la nana qu'elle doit partir. Mes
intentions sont on ne peut plus évidentes, et il est difficile de ne pas le
remarquer. Seb ne tarde pas à s'en apercevoir, lui aussi. Il esquisse un
sourire en me fixant droit dans les yeux, ignorant désormais la présence de
la jeune fille.
— Tu es une Kappa ? demande la fille.
— Effectivement. Pourquoi ?? répliqué-je, légèrement agacée.
Qu’est-ce que ça peut bien lui faire que j’en sois une ?
— Non, pour rien... À plus, Seb, marmonne-t-elle, en s'en allant.
Non à jamais.
— Ouais... Salut, lui répond-il gentiment.
Je suis sûre que mes joues sont rouges, mais je m'en fiche.
Seb se retourne vers moi et se met à rire.
— Tu es plutôt directe comme fille.
— Je n’ai rien fait, je me suis juste assise, répliqué-je en feignant
l'innocence, mais bon débarras.
Pour une fois que je trouve enfin quelqu'un de bien, qui ne couche pas
avec des dizaines de filles, gentil et attachant, et qui ne se jette pas sur moi
comme un queutard. La première qui s'incruste, je la dégomme. Sebastian
est à moi.
— Pourquoi elle a demandé si j'étais une Kappa ?
— À la manière dont tu t'es installée sur moi, j'imagine.
— Je ne comprends pas.
— Disons qu'une fille ordinaire ne va pas se comporter comme tu viens
de le faire avec un Alpha. Elle se ferait probablement jeter rapidement. Toi,
tu peux te jeter brutalement et sans douceur sur moi comme tu viens de le
faire. Les Kappas sont liées aux Alphas, autant que les Alphas le sont aux
Kappas.
— Mais les Alphas couchent avec des filles autres que les Kappas ?
— Oui, mais il y a toujours une règle de... comment dire ça décemment ?
— Allez, dis-le.
— Si une fille veut se taper un Alpha, et qu'une Kappa veut le même,
c'est la Kappa qui l'emporte.
— Mais l'avis du mec compte quand même, rassure-moi ? m’indigné-je
de ces explications.
J'hallucine.
— Disons que c'est plus risqué pour la fille si l'Alpha ne choisit pas la
Kappa, et pour le mec aussi.
— C'est le bordel, ton truc... À vos soirées, il y a plein de filles qui
viennent. Elles ne sont pas Kappa.
— Oui, et on les saute, lâche-t-il en riant.
— QUOI ?
Est-ce que lui aussi fait ça ? Je le croyais différent. Me suis-je encore
trompée ?
— Je veux dire... Elles couchent avec des Alphas, mais il n'y a pas de
couples. En tout cas, l'année dernière, je n'ai vu personne tomber amoureux.
— Pourquoi on ne peut pas ?
— Je n'en sais rien.
— Ce n’est pas le genre de chose qu'on peut contrôler. Si je tombais
amoureuse de quelqu'un qui n'est pas Alpha, il se passerait quoi ?
— Chris te ferait une scène, explique Seb.
— Chris ? Pourquoi ? Il n'a rien à me dire, répliqué-je sèchement.
— Il est attaché à cette tradition des appartenances. Il peut sauter des
filles extérieures, mais il les dégage juste après. En revanche, s'il couche
avec une Kappa, il passe la nuit avec elle.
— Pfff, lui est complètement ravagé de toute façon, ne puis-je
m’empêcher d’ajouter.
— Ça n'a pas l'air d'être le grand amour entre vous deux.
— C'est le moins qu'on puisse dire, confirmé-je.
Le contexte est vraiment étrange. Ça signifie que je suis affiliée aux
Alphas ? Je n'appartiens à personne, mais ce beau brun, lui en revanche…
Je prends ce concept comme ça m'arrange. Je savais que les deux fraternités
étaient liées, mais pas à ce point. C'est vraiment troublant, et je suis certaine
que je suis loin de tout savoir à ce sujet. Après avoir terminé de déjeuner, il
me montre ses premiers cours sur son PC. Ça a l'air vraiment intéressant,
d’autant que j’en profite pour me blottir contre lui pour regarder son écran.
— Salut ! Je m'incruste, annonce Chris en s’asseyant en face de nous.
— Hey, ça va ? La reprise des cours s'est bien passée ? le questionne Seb
naturellement.
Je me redresse et m'écarte de Seb, afin de ranger mes affaires. Je n'ai
soudainement plus aucune envie de rester.
Son bâtiment est situé à l'autre extrémité du campus, et je me demande
ce qu’il fout de ce côté.
Sûrement encore une manière de m'embêter. Nos regards se croisent, et
je dois avouer que son apparence ne me laisse pas indifférente. Bien au
contraire.
Son tee-shirt blanc moule parfaitement ses muscles, mettant en valeur sa
silhouette athlétique. Le contraste de ses épaules larges et de son torse
sculpté est indéniablement séduisant, et une envie irrépressible de m'y
blottir me traverse l'esprit.
Non mais ça ne va pas !!! Faut te faire soigner ma vieille
— Chiant à mourir tout comme l’an passé. Vous formez un joli petit
couple, roucoule-t-il avec sarcasme.
Et voilà, la première pique est lancée.
— Alya a déjà revendiqué ses droits de Kappa sur un Alpha, elle a
piétiné Lexi comme une sauvageonne, se marre mon voisin.
Je le regarde en fronçant les sourcils. Il n'a pas besoin de dire ça. Mais
d'un autre côté, je pourrais en jouer et le faire regretter d'avoir traversé tout
le campus.
— Non, c'est faux, je me suis simplement assise, dis-je en jouant
l'innocente.
— Ouais, en t'affalant complètement sur moi.
— Elle te touchait un peu trop à mon goût, ajouté-je. Et j'avoue que ça
m'a fait rire de la dégager. Je ne suis même pas désolée.
— Tu apprends vite à marquer ton territoire, à ce que je vois, dit Chris
d'un ton sarcastique, teinté de hargne et de reproches.
Cependant, je préfère ne pas m'attarder sur sa réaction et répondre par un
sourire qui cache malicieusement mon amusement.
Il mordille l'intérieur de sa joue, un tic que je commence à repérer de
plus en plus en ma présence. Il est évident qu'il est agacé par ma manière
d’agir, et à ce rythme, il ne restera bientôt plus grand-chose à mordre.
— Bon, je vous laisse. J'ai envie de faire un dernier repérage avant de
retourner en cours, déclaré-je.
— Tu vas finir par connaître le campus par cœur si tu continues,
plaisante Seb.
Je lui fais un bisou sur la joue et ajoute avec un brin d'espièglerie :
— On se voit plus tard... Chris, avec un peu de chance, on ne se croisera
plus.
Je les abandonne tous les deux sans me retourner, savourant l'idée de
l'agacer autant. Peut-être réfléchira-t-il à deux fois avant de faire autant de
marche inutile.
XIX
Alya
Ma première journée, tout comme ma première semaine, est passée à une
vitesse fulgurante, et nous voilà déjà vendredi soir. J'ai passé une semaine
fantastique, mes cours sont tous aussi passionnants les uns que les autres.
J'ai alterné les déjeuners avec mon frère et Seb. J'ai à peine aperçu Kat,
malgré le fait que nous vivions ensemble. Je la soupçonne d'être allée
dormir chez les Alpha une ou deux fois. J'espère qu'elle a tenu sa promesse
et qu'il ne s'est rien passé entre elle et Chris. Lui, je ne l'ai pas recroisé non
plus. Je pense qu'il a compris dès lundi qu'il n'avait aucune chance et a
finalement abandonné.
Je dois avouer que j'ai un petit faible pour Sebastian. Il est gentil, drôle,
attentionné, et nous partageons de nombreuses passions communes. Surtout,
nous aspirons au même métier, ce qui nous offre des conversations
passionnantes et engagées. J'éprouve moins de désir pour lui que pour
Chris, mais ce n'est pas le désir qui construit une histoire et la fait durer.
C'est l'alchimie, les points communs et la complicité. À part désirer le mec
qui m'horripile autant, je n'ai rien en commun avec lui. Il m'agace, et je suis
persuadée qu'il n'a pas passé une seule nuit seule cette semaine. Quant à
Seb, il n'a couché avec personne. On s'est vus tous les soirs, pas tard, mais
tout de même.
— Toc, toc, toc... Alors, Alya, comment s'est passée cette première
semaine ?
— Super, et toi, Méline ? Je sais que c'est la routine en ce qui te
concerne maintenant.
C'est gentil de venir prendre de mes nouvelles. Elle m'impressionnait au
début, mais elle se révèle attentionnée et bienveillante.
— Ça s'est bien passé. Il y a une soirée chez les Alpha ce soir. Tu y vas ?
— Oui, sûrement. J’ai envoyé un message à Sebastian.
— Vous sortez ensemble ? demande-t-elle avec une légère hostilité à
peine voilée
— Non, on s'entend bien, vraiment très bien.
Je sens mes joues rougir, mais j'essaie de l'oublier.
— Tu as l'air de l'apprécier.
— Il est gentil, et il... ne couche pas avec tout ce qui bouge. Ça contraste
avec Chris. Oui, je crois que je l'aime bien.
— C'est un Alpha, Alya.
— Oui, je sais, mais il est... Enfin, on se rapproche doucement.
— Tu es peut-être un peu trop gentille. Méfie-toi un peu plus, d'accord ?
— Heu... D'accord.
La remarque de Méline me laisse perplexe. Pourquoi me dit-elle ça ?
Elle se lève et quitte ma chambre. Je sais bien que Seb est un Alpha, mais
elle était quand même un peu trop insistante sur ce coup-là. On dirait que ça
la dérange que je me rapproche de lui. Est-ce qu’il y a quelque chose entre
eux ? J'ai bien vu qu'elle était proche de mon frère, mais est-ce qu'il se passe
quelque chose entre Seb et elle ?
J’envoie un message à Seb pour organiser notre soirée, essayant de ne
pas me prendre trop la tête avec toutes ces questions. Les histoires entre les
Alpha et les Kappa semblent tellement compliquées. Moi qui préfère la
simplicité, surtout parce que je suis novice en matière de relations, d'amour,
de couple et de sexe. Si tout est aussi compliqué que ça, cela risque d'être
insurmontable pour moi.
Moi : Salut, alors c'est la fête
chez les Alphas ce soir ?
Seb : Ouais tu seras dès notre
J'espère.
Moi : Évidemment. Je suis
les filles, on se voit tout à
l'heure alors.
Seb : Ok à t’al
Je te réserve une vodka.
— Coucou ma chérie.
La voix enjouée de ma nouvelle meilleure amie résonne dans l'entrée de
ma chambre.
C'est agréable de la voir enfin, et au moins, je vais pouvoir mettre fin à
ma curiosité sur l'endroit où elle passait ses nuits cette semaine.
— Alors t'as dormi où ? Enfin je veux dire avec qui ? lancé-je.
— Mardi, j'ai passé la nuit avec Sam. Oh la vache, il sait carrément y
faire avec sa langue, il m'a fait hurler.
Oh mon Dieu, c'est gênant. Je reste avec un sourire figé sur le visage,
essayant de ne pas lui montrer à quel point je suis mortifiée des détails
qu'elle me donne, mais je m'en serais volontiers bien passée.
— J'ai craqué jeudi soir, et j'ai passé la nuit avec Dean, son meilleur
pote. Honnêtement, avec lui je me suis fait chier. Il est monotone, ses coups
de reins sont lents, bref, je n'ai pas joui, et j'ai cru que j'allais m'endormir. Et
toi, ta semaine ?
— Oh bah, tu sais moi. Lundi, j'ai tiré un coup avec Riri. Mardi, avec
Fifi, mercredi, je me suis dit que j’allais changer et j’ai traversé le couloir
pour foncer dans le pieu de Donald.
— Ok, ok, ok. J'ai compris. La prochaine fois, j'évite les détails de ma
vie sexuelle.
— Ouais, merci. Toujours pas réussi à séduire mon frère et à t’allonger
sous ses draps ?
— Méline est envahissante et possessive. Elle monopolise Zach assez
souvent, et quand elle ne se fait pas sauter par ton frère, c'est Chris qui
prend le relais. Oh merde ! Je suis désolée Alya, j'aurais dû fermer ma
gueule, se désole-t-elle en remarquant ma grimace.
Je vais beaucoup moins l'aimer ma présidente d'un seul coup.
En même temps, je me doutais bien qu'il n'était pas abstinent la semaine.
Cela me blesse, et m'agace d'éprouver de la jalousie et de la tristesse à
cause d'un type comme lui. En réalité, il ne mérite pas les émotions que je
ressens. Il ne mérite pas que je m'attarde sur lui. Je devrais me moquer des
filles qui défilent dans son lit, que ce soit en semaine ou le week-end.
— Ce n'est pas grave, je vais bien. Je me doute bien qu'il passe aussi du
temps avec Julia, soupiré-je.
— Je l'ai vu deux fois cette semaine en sa compagnie. Oh zut, désolée, tu
sais quoi, je vais arrêter de parler, ce sera plus simple.
— Ça m'est égal.
En réalité, pas du tout, mais après tout, je ne cherche pas à être aimable,
et il est évident qu'il n'y a aucune chance qu'il se passe quelque chose entre
nous. D'ailleurs, je n'en ai même pas envie.
Tu te mens à toi même ma belle.
Je le méprise, je le déteste. Qu'importe avec qui il couche, cela ne devrait
pas m'atteindre.
— Peut-être que ça serait sympa avec lui, essaie.
— Je suis vierge. Je n'ai pas envie de gâcher ma première fois avec un
coup rapide dans sa chambre où il couche avec les filles à la chaîne toute la
semaine.
— Oui, je te comprends, mais tu l'apprécies, et je vois dans tes yeux que
ça te tourmente qu'il couche avec d'autres filles que toi.
— Laisse tomber. Il me déteste en réalité, je suis un défi parce que je lui
dis non, c'est tout. Bon, allez, je vais prendre une douche, et on se prépare
ensemble pour la soirée ?
— Oui, et cette fois, c'est moi qui te maquille. Tu vas voir, je vais te
rendre irrésistible, et Chris va baver, c'est obligé... D'ailleurs, viens dans ma
chambre pour choisir tes vêtements pour ce soir. C'est un ordre.
— Oh là là, je crains le pire.
XX
Chris
— Hey, Seb, comment s'est passée ta semaine ?
J'attrape mon pote par l'épaule. On doit avoir une conversation.
— Tout roule de mon côté. Et toi ?
— Heureux que la semaine soit terminée. Dis-moi, il y avait une fille qui
est sortie de ta chambre mercredi, c'était qui ?
— Elle s'appelle Lexy. Elle te plait ? me demande-t-il en rigolant.
Non, mon pote, je veux son téléphone, pour une raison que tu vas
sûrement détester. En fin de compte, tu vas regretter amèrement d’avoir
passé la nuit avec cette nana.
— Non, pas du tout. Alya n'a pas eu l'occasion de marquer son territoire
ce jour là ? demandé-je hypocritement.
— Oh, elle a bien essayé, mais je l'ai recroisée plus tard dans la semaine.
On a déjeuné ensemble, et ensuite... je te passe les détails, se marre-t-il.
— Pas besoin de poursuivre, je comprends parfaitement. Tu la baisais le
soir même, dis-je amusé.
— Non... Ouais... En fait... Elle ne demandait pas mieux, visiblement.
— Finalement, je vais prendre son numéro.
Je sens que je vais me marrer ce soir. Alya va adorer apprendre que tu
l'as ramenée ici et sautée alors qu'elle te croit gentil tout plein. Elle semble
s'intéresser à lui, un peu trop à mon goût. Je vais dégommer sa petite image
de gentil garçon qui m’horripile. Elle arrêtera de le coller parce que ça
m'agace au plus haut point. Je prends son numéro et lui envoie un petit
message pour la soirée de ce soir, afin de m'assurer que cette nana se pointe
et que la vérité éclate.

Chris : Salut c'est Chris Barber,


Seb m'a parlé de toi.
Si tu veux on fait une fête ce soir
il sera super content de te revoir.
Allez, hop, c'est envoyé. Mon téléphone bipe quelques secondes plus
tard. Elle répond déjà, c'est trop facile.
Lexy : Salut je serais
là avec plaisir merci beaucoup
Hâte de revoir Seb.

Oui, bien sûr, la greluche. Lui aussi sera ravi de te revoir, il n'y a aucun
doute là-dessus. Tu vas jouer un rôle essentiel pour moi, car j'en ai assez de
voir Alya si proche de lui. Après ce soir, il y aura une nette distance entre
les deux tourtereaux, ce qui rendra tout beaucoup plus agréable et facile
pour moi. Cette fille a l'art et la manière de m'exaspérer au plus haut point,
mais je la veux dans mon lit et pas dans celui d'un autre Alpha.
Elle est à moi.
Je n'ai jamais été vaincu dans ce petit jeu, et je sais que tôt ou tard, je
trouverai mon chemin entre ses cuisses.
J'ai déjà chargé Méline de découvrir des informations sur leur relation, et
je constate qu'elle prend son temps pour me rapporter ses découvertes. Cette
semaine, elle a été beaucoup plus rapide à se glisser dans mes draps qu'à
satisfaire ma curiosité. À peine ai-je eu cette pensée qu'elle fait enfin son
apparition. Il était temps !
— Tu as mis du temps, grogné-je.
— Tu crois que c'est simple de poser ce genre de questions ? Je ne peux
pas lui demander de but en blanc, réplique-t-elle avec un soupir.
— Montons, ordonné-je en prenant son bras pour la guider vers ma
chambre. Je préfère éviter toute oreille indiscrète qui pourrait traîner par ici.
Une fois à l'étage, je prends garde à ce que Zach ne se doute pas de mes
intentions envers sa sœur. Je sais qu'il réagirait violemment et je n’ai aucune
envie de me prendre la tête avec mon pote. Une fois dans ma chambre, je
verrouille la porte et attends avec impatience ce qu’elle a à me raconter.
— Elle semble bien l'apprécier, Chris. Elle le décrit comme gentil et
pense qu'il n'est pas du genre à coucher à droite et à gauche, contrairement à
toi. En somme, elle semble intéressée par lui et envisage probablement de
sortir avec lui.
La colère monte en moi, d'habitude, je m'entends bien avec Seb, mais à
cet instant, j'ai juste envie de le mettre à terre.
— Qu'est-ce que tu lui as répondu ? demandé-je, tendu.
— J'ai essayé de semer le doute en lui disant qu'elle devrait peut-être se
méfier, qu'il reste un Alpha, mais elle a mis fin à la conversation. Il semble
qu'elle n'ait aucune intention de m’écouter, et Seb semble vraiment lui
plaire.
— Est-ce qu'elle sera là ce soir ? l’interrogé-je, de plus en plus énervé.
— Elle m'a dit que oui. Elle est en train de voir avec Sebastian pour
passer la soirée avec lui.
Mon exaspération atteint son apogée, et d'un geste brusque, je frappe le
mur à côté de moi. Saisissant Méline par les épaules, je la plaque contre le
mur, l'énervement me submergeant. J'essaie de me maîtriser, mais là, j'ai
l'impression que je pourrais tout exploser sur-le-champ.
— Tu aurais pu être plus persuasive, lui lancé-je d'un ton agacé.
J'attendais mieux de toi.
— Je ne pouvais pas simplement descendre Sebastian. Ça aurait soulevé
des questions auxquelles je ne voulais pas répondre, et elle se serait
probablement méfiée. J'en ai assez de tous ces complots.
D'une main, je glisse sous sa jupe, frôlant le côté de sa culotte, avant
d'enfoncer mes doigts sans demander son avis. Après tout, avec elle, je fais
ce que je veux, et elle semble en apprécier chaque instant.
Je la repousse et plaque son corps contre le mur, la piégeant avec le
mien, ne lui laissant aucune échappatoire. Mes doigts s'enfoncent en elle,
explorant sa chatte trempée et provoquant des gémissements étouffés alors
qu'elle se mord la lèvre inférieure, totalement soumise.
— Méline... Je pensais avoir été clair, lui murmuré-je à l'oreille d'un ton
déterminé.
Mon mouvement de va-et-vient s'accélère, la faisant vibrer de plaisir. Je
connais chaque centimètre de son corps, chaque point de plaisir, presque par
cœur. À ce stade, elle est devenue prévisible, peut-être même un peu trop
familière. Il n'y a plus de surprise, plus d'excitation de la découverte, juste
du sexe pour assouvir nos besoins primaires.
Elle gémit de plus belle, son vagin se contractant autour de mes doigts
alors qu'elle atteint l'orgasme bruyamment. Une fois qu'elle redescend, je
les retire et les lui offre à lécher, ce qu’elle fait avec avidité, sa langue
s'enroulant autour d'eux, avec sensualité.
— Tu vas t'assurer qu'elle n'approche plus Sebastian, même si tu dois
coucher avec lui devant elle, lui dis-je d'un ton déterminé. Je veux que tu lui
ôtes toute envie de s'approcher de lui.
Méline acquiesce avec une expression soumise, tandis que le goût de sa
propre jouissance persiste sur ses lèvres.
— Tu devrais essayer de passer à autre chose. Pourquoi tu es si obsédé
par cette fille ?
Je soupire face à ses questions, agacé par son insistance, je déteste que
l’on m’interroge.
— Suce-moi, Méline, ordonné-je d'un ton impératif. Et arrête de poser
des questions. Au moins, quand tu as la bouche pleine, tu ne dis pas de
conneries.
J'appuie sur son épaule pour la faire tomber à genoux. Elle ouvre mon
pantalon et extrait ma verge déjà bien raide. Sans perdre de temps, elle
l'enfonce dans sa bouche, la glissant à l'intérieur et la retirant, jouant
habilement avec sa langue. Il est indéniable qu'elle sait ce qu'elle fait. Je
saisis ses cheveux et accélère son rythme, cherchant à assouvir rapidement
mes désirs.
— Oh putain.
Je la force à accepter ma queue plus profondément, sans ménagement.
La sensation est intense, presque brutale. Je m'enfonce jusqu'à sa gorge, et
je constate qu'elle a du mal à encaisser. Soudain, je la relève, la faisant
basculer sur mon bureau. J'attrape rapidement un préservatif, le déroule, et
abaisse sa lingerie avant de la pénétrer brutalement.
Je saisis fermement ses hanches et la pilonne avec une force déchaînée,
la faisant hurler de plaisir et de douleur. Nos corps s'entrechoquent
sauvagement, produisant un bruit de claquement dans la pièce. Mon plaisir
monte rapidement, et il n'y a rien de sensuel, de romantique ou d'affectueux
dans nos ébats. C'est simplement le désir brut de la satisfaction sexuelle.
Pourtant, à ce moment-là, ce n'est pas à elle que je pense. Mon esprit
divague vers Alya, et je m'imagine en train de la posséder sur ce même
bureau.
Je m'enfonce en Méline aussi profondément que son corps me le permet,
puis je me déverse dans la capote. Ma détermination à obtenir Alya, même
si cela signifie briser tous les Alphas, mes frères est plus forte que jamais.
— J'adore ta chatte, dis-je d'un ton presque moqueur, mais arrête de
discuter. Détruis-moi, Sebastian. C'est Alya que je veux baiser, Méline, c'est
clair, pas toi.
Je lui assène un dernier coup de rein violent avant de me retirer d'elle,
retirant le préservatif que je jette dans la poubelle. Rapidement, je me
rhabille et quitte ma chambre, laissant la présidente de Kappas à l'intérieur,
sachant qu'elle connaît la sortie.
— Ça va, mec ?
— Hey, Zach, ça va, et toi ? Tu as préparé les gobelets pour ce soir ?
— T'inquiète, tout est géré, me rassure-t-il.
— Génial, tu es le meilleur, mon ami, lui assuré-je avec un sourire forcé.
Il ne reste plus qu'à attendre que tout le monde soit là, en particulier elle,
Alya.
XXI
Alya
La vapeur envahit la salle de bain alors que je sors de la douche. J'ai
peut-être un peu exagéré avec la température de l'eau, mais j'avais besoin de
ça pour essayer de me détendre après ce que Kat m'a dit. Pourtant,
j'apprécie la compagnie de Sebastian, nous avons passé de bons moments
ensemble, et je n'ai pas revu Chris de toute la semaine. Je pensais avoir
tourné la page, mais chaque fois que son nom est mentionné, mon esprit se
remplit de pensées jalouses et possessives. Je m'imagine d'autres filles
partageant sa compagnie, ses nuits, même si ce n'est pas du tout le genre de
gars avec qui j'aimerais être. En réalité, il ne veut rien d'autre que de me
posséder, me sauter. Mais une fois que ce sera fait, que restera-t-il entre
nous ?
Je sais au fond de moi qu'il me jettera après et ira chercher une autre
fille. Ce n'est pas ainsi que je veux perdre ma virginité. Je souhaite partager
cette expérience avec quelqu'un pour qui je compte, quelqu'un qui
m'accorde de l'importance. Je reconnais que c'est un peu naïf de ma part,
mais je suis une romantique dans l'âme. Même si je désire être avec Chris,
ce n'est clairement pas ce qu'il veut, alors autant abandonner cette idée et
passer à autre chose.
Sebastian semble être un homme bien, pas un salaud. Du moins, c'est
ainsi que je le perçois. J'ai plus confiance en lui qu'en son président.
Néanmoins, mes pensées continuent à être envahies par ce type, c'est plus
fort que moi.
Je sors de la salle de bain pour trouver Julia qui me regarde avec
gentillesse en souriant.
— J'ai cru que tu avais mis le feu tellement il y a de buée, ricane-t-elle.
— Ah, heu, ouais, j'ai peut-être abusé sur l'eau chaude, marmonné-je en
retour.
Mon esprit divague à nouveau vers Chris dès que je la vois. Julia est
adorable, mais c'est précisément ce qui me pousse à la détester. Je la jalouse
tellement pour ce qu'elle partage avec lui. Elle ressent son corps sur le sien,
et il semble aimer ça. À chaque fois que je la vois, cela m'irrite
profondément, et je ne peux m'empêcher de l'envier. La façon dont elle
criait son nom l'autre jour, le plaisir qu'elle doit lui procurer, contrairement
à moi, pauvre petite vierge sans aucune expérience, qui ne pourra jamais le
satisfaire comme elle le fait. C'est pour cela qu'elle peut le voir si souvent,
c'est pourquoi il aime être avec elle.
Je la laisse passer pour qu’elle entre à son tour dans la pièce de bain,
probablement afin de se préparer pour lui ce soir.
Je frappe à la porte de Kat et entre sans même attendre de réponse.
— Ton cobaye est arrivé, annoncé-je sans entrain.
— Ah, génial ! J'ai trouvé quelque chose que tu vas adorer, clame-t-elle
avec bien trop d’enthousiasme.
Elle me tend une petite robe blanche avec des manches en dentelle. Je
dois admettre qu'elle est magnifique, bien que je la trouve un peu courte à
première vue. Je décide de l'essayer, et à ma grande surprise, elle me va à la
perfection. La robe arrive à mi-cuisse, avec un bustier moulant légèrement
décolleté et une jupe évasée. Je me sens incroyablement à l'aise dedans,
même si je devrais faire attention pour éviter de me pencher, sous peine de
dévoiler un peu trop mon postérieur.
— Je vais te faire une coiffure et te maquiller, insiste ma copine.
— C'est juste une soirée, tu sais, pas un mariage
— Et alors, tu es magnifique, autant en profiter.
— Qu'est-ce que tu cherches à faire ? Tu as bien compris que même si je
craque pour lui, lui et moi ça n'arrivera jamais, parce que c'est un salaud, et
moi je suis la "vierge du quartier."
— Eh bien, Sebastian sera là ce soir aussi, répond-elle en jouant des
sourcils, espérant me faire croire que c'est de lui dont elle parle depuis au
début, mais je ne suis pas dupe.
Néanmoins je rentre dans son jeu et tente d’oublier le Président des
Alphas.
— Oui, c'est vrai qu'il a l'air différent. Au moins, cette semaine, il n'a pas
couché avec n'importe qui. Il ne me regarde pas comme si j'étais juste un
morceau de viande non plus, marmonné-je.
— Arrête, c'est un Alpha, ne le prends pas pour un saint non plus, me
rappelle-t-elle.
— Je sais. J'ai cessé d'être naïve, du moins je l'espère.
Elle tresse mes cheveux d'une manière élégante, en passant un ruban
blanc à l'intérieur pour qu'il s'accorde avec la robe. Puis, elle entame le
maquillage, faisant des grimaces amusantes en se concentrant. Je retiens
mon rire pour éviter un potentiel désastre, comme un coup de crayon dans
l'œil. Fatal.
Une fois terminé, je me regarde dans le miroir, à peine reconnaissable.
C'est incroyable ce qu'elles peuvent faire avec du maquillage. Mes yeux
sont particulièrement mis en valeur, et c'est magnifique.
— Celui qui arrive à détacher ses yeux des tiens sera vraiment très fort,
dit-elle en plaisantant.
Je ris. Habituellement, ce ne sont pas mes yeux qui attirent l'attention des
garçons.
— Et toi, tu as quelqu'un en tête ce soir ? lancé-je en connaissant
parfaitement la réponse.

— Toujours ton frère, mais il faut que Méline le laisse enfin tranquille.
Je regarde l'heure, et il est déjà vingt heures quinze. On a bien discuté, le
temps a filé. Nous descendons, et il ne semble plus y avoir personne dans la
maison. Nous nous dirigeons vers la soirée, avec Kat accrochée à mon bras,
visiblement prête à s'amuser.
— On y va, on boit, on danse et on se détend de cette première semaine
de folie que l'on a passée, annonce Kat.
— Ouais, ça me va, dis-je amusée. Cela m'empêchera de trop ruminer
mes désirs inavouables et mon envie de me faire dévergonder par le grand
méchant loup.
— Oh, petite cochonne, moi j'aime bien quand tu fais la dévergondée,
répond Kat en riant.
Nous arrivons chez les Alpha, hilares toutes les deux. Passant la porte,
j'apprécie toujours l'effet que cela fait d'arriver avec Kat. Elle a cette aura de
reine de la fête lorsqu'elle fait son entrée quelque part, et il me fait toujours
rire de voir les hommes fixer leur regard sur elle.
— Chérie, je crois qu'on fait de l'effet ce soir, me murmure-t-elle à
l'oreille.
— C'est toi qu'ils regardent, lui confirmé-je.
— Attends, on va faire un test.
Elle se décale, mais tous les regards ne se détournent pas. C'est à ce
moment-là que je réalise que c’est moi aussi que l’on contemple, beaucoup
trop, et cela me met mal à l'aise.
Je me rapproche immédiatement d'elle, reprenant son bras comme une
bouée de sauvetage.
— Tu es gênée de quoi ? Tu es séduisante, ma chérie, je suis sûre qu'il y
en a un ou deux à qui tu n’as pas fait monter que la température, lance Kat
en taquinant.
— Mais arrête, c'est gênant, réponds-je horrifiée.
— Roooo là là, chasser le naturel et il revient au galop. Sœur Alya est de
retour.
— Mais, arrête !!! Ce n'est pas gentil.
— Tu comptes sucer une queue ce soir ? demande-t-elle, provocatrice.
Je grimace et mime un haut-le-cœur pour bien lui faire comprendre que
je trouve ça dégoûtant. Elle éclate de rire bruyamment en basculant sa tête
en arrière.
Juste à ce moment-là, Chris apparaît. Évidemment, c'est le premier que
je croise. Je suis d'humeur joueuse, finalement. Je le regarde droit dans les
yeux, ne le lâchant pas du regard, curieuse de voir s'il le soutient ou s'il
capitule. Cependant, il semble très fort et très à l'aise à ce jeu, bien plus que
moi. Il s'approche lentement, faisant reculer Kat, pour me chuchoter à
l'oreille.
— Ne me regarde pas comme ça, Alya. Tu risques de t'attirer des ennuis.
Tu es magnifique dans cette robe.
Je me sens rougir, finalement c'est moi qui suis gênée et qui capitule.
Bien évidemment, cela le fait sourire, il prend un plaisir malsain à me
mettre mal à l'aise si facilement.
Kat heureusement s’interpose et me reprend le bras avant d’intervenir :
— Désolée, Chris, mais ce soir, on veut juste s’amuser entre filles, pas
s’envoyer en l’air. Enfin, peut-être que tu réussiras à la faire changer d'avis,
elle veut se dévergonder, m'a-t-elle confié.
— KAT !!! crié-je, totalement choquée par sa manière de dire ça, et
surtout à Chris.
Elle m’attire vers le bar fière d’elle, laissant le beau brun un peu surpris
et moi complètement mortifiée. Comment a-t-elle osé lui dire ça ? Petite
peste.
— Hey, ça va ? demandé-je à Seb qui vient de nous rejoindre en lui
faisant un câlin, tout en remarquant Kat lever les yeux au ciel.
Elle me tend un verre.
— Tu picoles avec nous ce soir ? propose Kat.
— Allez, sans problèmes, je suis partant, accepte-t-il avec entrain.
Nous buvons et rions un bon moment tous les trois.
Au milieu de la soirée, Chris appelle Sebastian, et je les vois discuter.
Soudain, il semble gêné. Avec la musique assourdissante, je ne peux pas
entendre de quoi ils parlent. Puis, la brune que j'ai vue l'autre jour, Lexy si
je me souviens bien, s'approche de lui par-derrière et le prend par la taille.
Je ne comprends pas ce qu'elle fait, et je me sens prête à exploser. Il se
retourne, et elle l'embrasse, me figeant sur place. C'est une blague ? Il y a
une caméra cachée ? Je pensais qu'il n'y avait rien entre eux. Je fronce les
sourcils, alors que Kat remarque ma réaction et saisit mon bras pour me
retenir. Je bouillonne de colère, impatiente de savoir ce qui se passe entre
eux et pourquoi cette fille se colle à lui de cette façon.
Je décide de les rejoindre, me défaisant de la prise de Kat pour me
diriger vers eux.
— Non, Alya, ce n'est pas une bonne idée, me prévient-elle.
Mais j'ignore son conseil et m'incruste carrément dans la conversation
— . Tu ne bois plus ? lancé-je à Sebastian.
Je me tourne vers Lexy et me plante à côté de mon ami en la
dévisageant, ce qui semble la déstabiliser.
— Ah ! salut, finit-elle par lâcher l'air gêné par ma présence. Cependant,
elle ne semble pas autant mal à l'aise que la dernière fois. Il y a-t-il quelque
chose que j'ignore visiblement ?
— Salut... Ça te prend souvent d'embrasser des mecs comme ça ?
craché-je, ma voix laissant transparaître mon agressivité, et je n'en suis pas
désolée.
— Heu... Je ne savais pas que vous étiez ensemble, bafouille-t-elle.
— Je n’ai pas dit qu'on l'était.
Chris arrive en rigolant et nous tire, Sebastian et moi, vers le salon,
mettant fin à notre discussion. Il m'agace, j'avais quelques mots à dire à
cette fille. Méline semble attraper Lexy et Kat, les emmenant à notre suite.
— Allez, un petit jeu action ou vérité pour s'éclater un peu, propose
Chris.
— Je n'aime pas ce jeu, dis-je, en essayant de me dégager de ses mains.
— Mais si, Alya, ne t'inquiète pas, on va rigoler, insiste-t-il.
Dans le salon, nous prenons place. Je m'assieds entre Sebastian et Kat, et
mes yeux sont rivés sur Lexy, assise en face de nous, je suis incapable de
détourner le regard tant la colère en moi me fait bouillir le sang. Sebastian
prend ma main et me murmure à l'oreille.
— Ne t'énerve pas, d'accord ?
Je le regarde, les sourcils froncés, cherchant à comprendre pourquoi il
me dit cela. Qu'est-ce qui le pousse à me faire cette mise en garde ? Il pose
doucement sa main sur ma joue, son regard fixé dans le mien. Je sens son
attention se porter sur mes lèvres, et il semble profondément mal à l'aise.
Mes yeux se tournent vers Lexy, qui elle aussi semble perturbée.
Les pièces du puzzle s'assemblent dans mon esprit, et je commence à
comprendre que Sebastian a probablement couché avec elle cette semaine.
Je retire ma main de la sienne et me décale de lui.
C'est incroyable, je me suis de nouveau laissé berner par un Alpha. Il
semblait tellement différent. Il n'a pas pu faire cela, n'est-ce pas ?
— Tu as couché avec elle cette semaine ? soufflé-je en espérant qu’il nie.
Il détourne le regard, visiblement dépité que je découvre la vérité.
— Réponds ! hurlé-je
— Oui, marmonne-t-il en baissant les yeux vers le sol.
— Quand ?
— Alya... Sérieusement, cela n'a pas d'importance.
— Quand ? Putain, réponds !
— Mardi soir. Mais ça n'a pas d'importance, je te jure.
Une boule se forme instantanément dans ma gorge. Kat baisse la tête,
désespérée par cette révélation. Je suis sous le choc. Je réalise que je me
suis fait avoir une fois de plus. Je pensais que Sebastian était différent, mais
en fin de compte, il ne l'est pas du tout. Lexy a parfaitement compris que je
ne voulais pas qu'elle le touche lundi quand elle m'a vu, mais elle a tout de
même fait. Je la dévisage en colère, et elle semble profondément gênée,
comme si elle souhaitait disparaître. Cependant, ce qui est encore plus
dérangeant, c'est le regard de satisfaction dans les yeux de Chris. Il semble
apprécier le spectacle que nous lui offrons, se délectant de la situation dans
laquelle je me trouve.
Je reste obsédée par cette fille pendant que Sebastian parle, mais je ne
l'écoute même pas réellement. Je suis déterminée à lui faire payer. Elle ose
même une fois de plus le reluquer avec envie, et c'est à ce moment-là que je
perds toute décence et me lève brusquement pour me jeter sur elle et lui
faire manger la moquette. Kat a visiblement de très bons réflexes, elle est
rapide et me retient, tandis que Sebastian me prend par la taille pour me
plaquer au canapé.
— Je suis désolé. Arrête, me supplie-t-il, mais en réalité, il vient de tout
gâcher entre nous.
— Lâche-moi, toi, je le menace en retirant ses mains de mon corps.
— Reste assise, sérieux, ça ne sert à rien de t'en prendre à elle, c'est ma
faute, ok ?
— Oh, je vois, c'est mignon de la défendre. Kat, bouge, je vais lui en
coller une à lui aussi.
Elle se précipite pour se lever et m'éloigner de lui. Nous changeons de
place, ressentant une furieuse envie de frapper l'un ou l'autre. J'ai les poings
serrés, et la rage bouillonne dans mes veines. Méline nous observe et
comprend parfaitement la situation. Elle jette un regard à Chris, qui ne me
lâche pas des yeux, un sourire satisfait flottant sur ses lèvres. Il se redresse
dans son fauteuil et annonce :
— Bien, dans cette bonne ambiance, on va commencer à jouer.
Il semble prendre plaisir à notre conflit, et je me rappelle pourquoi je le
hais.
XXII
Alya
— Allons-y, on joue. Double, le premier choisit action ou vérité, et deux
personnes sont concernées. Sebastian, action ou vérité ? annonce Chris, un
sourire malicieux aux lèvres.
Je sens que quelque chose ne tourne pas rond, et je comprends
parfaitement que je ne vais pas aimer la suite de la soirée du tout.
— Vérité, répond-il.
Il semble lui aussi avoir compris que son ami se moque de nous en nous
regardant nous disputer.
— Oh, tu joues la prudence, mon ami. Alors, de toutes ces charmantes
demoiselles qui composent notre jeu, elles sont... Neuf, si je compte bien.
Cite-moi celles avec qui tu n'as pas couché.
Qu'est-ce qu'il essaie de faire, sérieusement ?
La question est directe et provocatrice. Chris cherche apparemment à
mettre Sebastian dans une position délicate en lui demandant de citer les
filles avec lesquelles il n'a pas eu de relations sexuelles. Je sens que cela va
créer de la tension supplémentaire, et je suis curieuse de voir comment il va
répondre. La situation semble devenir de plus en plus compliquée.
— Kat et Alya, gronde Seb pour toute réponse.
Je continue à le fixer, espérant qu'il mentionne d'autres noms, mais il
baisse la tête et évite mon regard. Mes yeux se tournent vers les autres filles
qui partagent des rires complices. Il a vraiment eu des relations intimes avec
sept des neuf personnes présentes ici... Cependant, mes inquiétudes
s'intensifient lorsque je remarque d'autres jeunes femmes dans la pièce qui
ne participent pas au jeu. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y en a
probablement bien plus disséminées dans cet espace.
Une vague de nausées m'envahit, rendant la situation de plus en plus
insupportable.
— Quoi, c'est tout ? Il n'y a que Kat et moi avec qui tu ne t'es pas envoyé
en l'air ? lancé-je froidement, un regard accusateur braqué sur le type de
l’autre côté du canapé.
Cependant, je ne veux même plus poser mes yeux sur lui. Il semble être
comme les autres "Alpha" après tout, sautant sur tout ce qui bouge, même
s'il avait été gentil avec moi. Il avait peut-être espéré que je me joindrais à
la liste des conquêtes, déjà longue comme le bras.
Je me sens idiote et trahie. Kat saisit ma main, essayant de me calmer,
mais à ce stade, la frustration est devenue insupportable. Je réalise à quel
point je me trompe sur les hommes depuis que je suis ici.
Le fossé entre le lycée et cet endroit est énorme, bien qu’en y
réfléchissant, les garçons avec lesquels je traînais au lycée n'étaient pas très
différents.
— Double joueur donc en vérité puisque c'est ce que tu as choisi. Alya,
dis-nous un peu avec combien de mecs as-tu couché ?
Je serre les poings, réalisant que Chris cherche simplement à m'humilier.
Je suis certaine que Méline lui a raconté que j'étais vierge. Je regarde le
sol sans oser répondre.
— Alya ? insiste-t-il.
— Aucun, soufflé-je à voix basse et à contrecœur.
— Pardon, on n'a pas entendu ? souffle-t-il, cherchant à me pousser
davantage.
— Aucun !!! réponds-je plus fort, agacée.
— Tu es vierge ? WOW ! ça contraste pas mal entre vous deux, alors,
dit-il avec sarcasme.
La honte et la colère m'envahissent, et je regrette d'avoir été naïve une
fois de plus, toute l’histoire de ma vie en ce moment.
Je fixe Chris du regard, réalisant qu'il a réussi à m’humilier
complètement et devant tout le monde. Sebastian quant à lui, me dévisage
choqué, car il ne s'attendait probablement pas à cette révélation. Oui, je suis
vierge, et lui, un salaud. Nous contrastons, il n’y a pas à dire. Les émotions
mêlées de colère, de honte et d'indignation me donnent envie de fuir, mais
mes jambes sont comme paralysées.
— Alya ! m’appelle Chris, sa voix résonnant d’amusement.
Je lève les yeux vers lui, le défiant du regard, avec toute la haine dont je
suis capable. Je me sens humiliée, raillée, et je blâme entièrement Chris
Barber pour tout cela. Même Seb lui-même ne me prête plus aucune
attention. Les filles assises autour de nous chuchotent entre elles, me
lançant des regards de moqueries comme si j’étais la reine des idiotes.
Malgré tout ce qui me passe par la tête, le jeu se poursuit. Chris me
regarde intensément, mordant l'intérieur de sa joue, manifestant clairement
son agacement face à l’hostilité que je lui manifeste. Comprend-il que cette
fois il a été trop loin ? Sa conscience le rappelle-t-il à l’ordre pour une fois ?
Il l'aurait bien mérité.
— Tu veux que je le tue ? me chuchote Kat à l'oreille.
— Oui, avec plaisir.
Je viens de subir la pire humiliation de ma vie, et le pire, c'est que ça a
semblé amuser cet abruti.
Mon estomac est noué par le fait d'être passée pour la fille stupide qui a
marqué son territoire sur un homme qui a apparemment couché avec la
moitié des femmes présentes ce soir-là. Et le pire, c'est qu'il s'est moqué
ouvertement de moi, car dès que j'ai eu le dos tourné, il a couché avec elle.
C'est au tour de Méline de jouer, et elle me regarde en souriant, mais elle
semble hésitante. Je sais exactement ce qu'elle va me demander de faire si
je choisis "action". À ce stade, je suis prête à parier que je vais devoir
mélanger mes fluides avec ceux de Chris. J'en suis là. Cela agacera
probablement Seb, à moins qu'il ne s'en fiche. C'est peut-être le cas, de toute
façon. Tout ça n’était qu’une vaste blague, se foutre de la petite nouvelle
naïve et pathétique.
— Alya ?
Je pousse un soupir exagéré et décide de lui tendre la perche, autant que
ce soit facile.
— Action, dis-je.
— Alors, tu dois passer sept minutes avec Chris dans sa chambre,
déclare Méline.
— Oh, je ne m'y attendais pas à celle-là, vraiment, répliqué-je d'un ton
sarcastique.
Mon ironie est à son comble, et même Chris semble surpris par ma
réaction agressive. Sans attendre, je me lève et monte directement à l'étage,
sans lui laisser le temps de réagir.
— Et ralentis, tu ne sais même pas laquelle est ma chambre, me crie-t-il
en me poursuivant dans l'escalier.
Cependant, je ne m'arrête pas ni ne me retourne.
— Celle qui est au bout du couloir. Nos maisons sont identiques, tu me
prends vraiment pour une imbécile. Ah oui, je suis bête, bien sûr, tu me
prends pour une idiote, je réplique avec hargne.
Je ne l'attends pas et entre dans la pièce. Il finit par me rejoindre, ferme
la porte, et la verrouille.
— Tu sembles bien pressée d'être ici, commente-t-il.
— Absolument pas, mais de toute façon, c'est ce que tu désires depuis le
début de la soirée, n'est-ce pas, Chris ? Ça fait un moment que tu veux
sauter la nouvelle, histoire de la dépuceler. C'est ça qui t'amuse, n'est-ce
pas ? Prendre l’innocence et t’éclater ? répliqué-je d'un ton amer.
Je suis tellement énervée que j'ai presque envie de le frapper. Au lieu de
cela, je le pousse violemment contre le mur et écrase mes lèvres contre les
siennes. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je suis tellement en colère que
je veux voir jusqu'où il ira, le tester. Et surtout, je veux découvrir jusqu'où
moi-même je suis prête à aller en réalité. Je pourrai regretter mes actes
demain, si je vais trop loin, si lui ne m'arrête pas. J'approche mon corps du
sien et prends sa main pour la glisser entre mes cuisses.
— Qu'est-ce que tu fais, Alya ?
Il me repousse brusquement, puis me regarde droit dans les yeux en
fronçant les sourcils. La lueur dans son regard révèle clairement qu'il est
excité, mais qu'il essaie aussi de résister.
— Quoi ? Ce n'est pas ça que tu veux ? Me toucher, pouvoir me sauter,
répliqué-je avec agressivité.
D'un coup, il me soulève par les fesses, mes jambes s’enroulent autour
de sa taille par réflexe, jusqu'à ce qu'il me laisse doucement tomber sur son
lit.
Je serre mes bras autour de son cou et continue de mélanger ma langue à
la sienne. Son goût de whisky m'envoûte, et j'adore ça. Je reprends sa main
et la replace entre mes jambes. La chaleur monte en moi, et je ne suis plus
sûre de ce que je veux vraiment, mais c'est la première fois de ma vie que je
ressens cette envie.
Au moment où ses doigts touchent mon entrejambe, je ne peux
m'empêcher de gémir légèrement sur ses lèvres. Il appuie doucement sur
mon clitoris, formant de petits cercles qui me font cambrer le dos. Je n'ai
jamais fait ça, mais j'apprécie incroyablement la sensation. Sa main voyage
de haut en bas au-dessus du tissu, et mon bassin commence docilement à
suivre le rythme de ses mouvements.
— Est-ce que tu t'es déjà... ? commence-t-il à demander.
— Non, je réponds, coupant sa question.
Évidemment que non, je ne me suis jamais touchée.
— Ok, stop !!! Alya, lâche-moi !
Il s'extrait de mes bras et se lève du lit, me laissant une fois de plus
perdue.
— Quoi ?
— Tu ne t'es jamais touchée ? insiste-t-il.
— Non, je ne suis pas comme ça, moi, je réponds plus que gênée.
C’est surtout que je n’ai jamais osé, j’ignore comment faire.
— On arrête, déclare-t-il en passant ses mains dans ses cheveux,
manifestement très nerveux.
— Pourquoi ? demandé-je, surprise.
— Je vais te faire mal, et je ne veux pas faire ça ici, pas de cette manière,
pas maintenant, et pas dans l'état où tu es.
Je reste bouche bée. C'est lui qui met fin à la situation. Je pensais qu'il
irait plus loin, et le pire, c'est que je m’en veux d’en avoir envie.
Je laisse tomber ma tête sur son oreiller en soupirant. Il m'a cherchée
depuis le début, et au moment où je lui donne une ouverture, il recule. Je
suis perdue, je ne comprends rien.
— Est-ce encore un stratagème pour te moquer de moi ? Il faut savoir ce
que tu veux, franchement, balancé-je frustrée.
— Savoir ce que je veux ? Est-ce que tu te rends compte que tu le fais
juste par colère ?
— Parce que tu m'énerves tout le temps. Il a fallu que tu gâches tout
entre Sebastian et moi.
— Je n'ai rien gâché du tout, hurle-t-il. Tu le prenais pour un saint. Je t'ai
seulement ouvert les yeux.
— Oh, merveilleux, tu m'as montré qu'il était aussi salaud que toi, en fin
de compte. Bravo, félicitations. J'en ai assez entendu. Je préfère descendre
et jouer à ce jeu stupide, même avec n’importe qui, annoncé-je.
Je me lève, le pousse et sors de sa chambre sans attendre la moindre
réaction de sa part et traverse le couloir jusqu'à l'escalier. Il me rattrape et
me hurle dessus comme jamais. Si moi je suis énervée, il est clair qu'il est
dans le même état, voire peut-être pire.
— Si j'avais été un salaud comme tu dis, je n'aurais pas arrêté ce qui se
passait, vu que t'en crevais d'envie, déclare Chris.
— Oh, super, tu veux une médaille. Saint Chris ?
Je crie en réponse, alors que nous nous disputons en descendant les
escaliers. Je veux simplement qu’il finisse par me foutre la paix. Cependant,
s'il continue à crier, il va réaliser que je peux crier plus fort que lui. J'en ai
marre de me laisser marcher sur les pieds par ce mec.
— Tu es vraiment grave sérieux. Tu te prends pour qui à la fin pour me
juger ?
— Et toi, tu te prends pour qui, de toujours te mêler de ma vie ?
m’égosillé-je.
— Me mêler de ta vie ? Mais je n’en ai rien à foutre.
— Eh bien, justement. Alors fous-moi la paix, je conclue en colère.
Je récupère un gobelet et me sers un verre de vodka. Nous sommes en
plein milieu du salon, en train de faire un scandale devant tout le monde, et
nous ne nous en sommes même pas rendu compte.
— C’est ça, continue de faire la gamine naïve, c’est tout ce que tu sais
faire.
— Et toi, tu ne sais que coucher avec tout ce qui a un vagin. Je ne me
mêle pas de ta vie, alors laisse-moi tranquille.
— Si, justement, tu te mêles de ma vie quand je couche avec ta copine,
tu n'es pas contente, riposte-t-il.
— Et toi, dès que je suis trop proche d'un de tes potes, tu viens foutre la
merde, je réplique en colère, aboyant toujours plus fort.
— Tu n’es vraiment qu'une enfant, me lance-t-il hors de lui.
— Tu n’es vraiment qu'un connard, lui rétorqué-je sur le même ton.
Je prends une gorgée de mon verre et réalise que nous sommes en train
de hurler devant tout le monde et de nous donner en spectacle. Même la
musique a été coupée, et tous les yeux sont braqués sur nous. Zach, aux
premières loges, nous observe ahuri, alternant son regard entre Chris et moi.
Je claque mon verre vide bruyamment sur le bar et me tourne une
dernière fois vers lui, prend une longue inspiration et lâche d’un ton calme :
— Je te déteste. Satisfait ? Tu as encore tout gâché, comme toujours.
Félicitations.
XXIII
Alya
Je cherche mon téléphone partout, mais je n'arrive pas à mettre la main
dessus. Finalement, je retourne voir dans le canapé où j'étais assise en début
de soirée. Sebastian est toujours là, les coudes sur les genoux, regardant le
sol, les yeux perdus dans le vide. Je vérifie entre les coussins et le dossier,
ignorant complètement sa présence.
— Alya, on peut parler s'il te plaît ? souffle-t-il avec tristesse.
— Non, choisis-toi une nouvelle trainée et laisse-moi tranquille, je
réplique, sans aucun filtre. Pas besoin d’alcool, la colère que je ressens me
suffit amplement pour ne pas hésiter à dire ce que je pense.
— Qu'est-ce que tu cherches ? demande Kat sûrement en me voyant
m’énerver à retourner ce maudit canapé.
— Mon putain de portable, dis-je en hurlant et en trébuchant sur le tapis.
Heureusement, mon amie me rattrape. Mon moral est au plus bas, j'ai
encore été tournée en ridicule en privé cette fois, mais humiliée tout de
même.
— T’es calmée ?
— Je ne t'ai rien demandé, Chris, lâche-moi. Va trouver une fille pour la
nuit, vous êtes tous pareils, m’étranglé-je.
— Alya, calme-toi, chérie.
Mon amie pose délicatement sa main sur la mienne, tentant de m’apaiser,
mais une lumière dans l’obscurité de mon cerveau s’allume enfin.
— Putain, dans sa chambre, marmonné-je.
— Quoi, dans sa chambre ?
— Mon téléphone. Il doit être tombé dans sa chambre, lui expliqué-je.
Je pars rapidement en direction des escaliers et monte jusqu'à l'étage.
Une fois dans la chambre. J'inspecte le sol, mais il n'y a aucune trace de
mon portable.
J'avance jusqu'à son lit et le repère finalement, échoué sur la couverture.
Je me dépêche de le récupérer, mais avant que j'aie le temps d'atteindre la
porte pour repartir aussi vite que j’étais venue, je suis arrêtée par le maître
des lieux.
— Il faut que tu te calmes, dit-il, se dressant devant la porte pour
m'empêcher de sortir.
— Laisse-moi, Chris, j'en ai marre. Tu m'épuises.
— C'est la colère qui parle, réplique-t-il.
— Oui, sans aucun doute, tu as une fois de plus tout gâché.
J'essaie de m'avancer pour sortir de sa chambre, mais il se place
fermement devant la porte. Je soupire d'exaspération, me demandant ce qu'il
veut encore. Avec un geste décisif, il ferme la porte à clé, m'arrachant un
rire faux, tandis que je le regarde dans les yeux.
— Qu'est-ce que tu veux ? Je t'ai laissé une chance, tu ne l'as pas saisie.
Laisse-moi passer maintenant, c'est trop tard, je dis, exaspérée.
— Non. Tu ne retournes pas en bas tant que tu n’es pas calmée, c'est
mort.
— C'est toi qui vas m'en empêcher peut-être ? je demande d'un ton
défiant.
— Ouais. Alya, je suis désolé que tu nous voies tous de cette façon.
— Tu n'es pas désolé, tu aimes ça. La dernière fois que tu as joui, c'était
quand, Chris ? je lance, sans retenue.
— C'est quoi cette question ?
— Tu es en train de jouer le mec repentant qui ne veut pas que je lui en
veuille de m’avoir « ouvert les yeux », pourquoi ? Ton véritable but,
finalement, c'est de me sauter, et je suis prête à parier que dans la journée,
tu en as baisé une autre. Alors ouais, je te vois comme tu es, et même si tu
me plais, et que ça me fait chier de savoir que tu poses tes mains sur
d'autres filles. Je ne te laisserai pas les poser sur moi parce que tu es un
salaud. J'ai perdu le contrôle de mes hormones tout à l'heure et parce que
j'étais triste à cause de Sebastian. Triste de m'être trompée encore une fois à
son sujet. Tu ne l'as pas saisi, tant pis pour toi, ça n'arrivera plus.
Maintenant, pousse-toi !
— Et si je refuse ? réplique-t-il.
Je me suis placée juste en face de lui, à seulement quelques centimètres
de son visage, le défiant du regard. Je ressens une légère sensation de
picotement dans les yeux, mais je m'efforce de retenir les larmes qui
menacent de percer. Parce qu'à cet instant, je suis réellement furieuse. Une
fois de plus, il a réussi à transformer ma soirée en un véritable cauchemar.
Il esquisse un léger écart pour me laisser passer. Je ne suis pas certaine
que ce soit la réaction que j'espérais de sa part, mais en même temps, je ne
suis pas vraiment sûre de ce que je veux en réalité, quand il s'agit de lui.
Peut-être que j'hésite à rester à peine une seconde, mais finalement, je
fais volte-face et me dirige vers la porte de sa chambre.
— Tu n’as pas envie de sortir d’ici. On le sait tous les deux, souffle-t-il.
— Je n’ai pas envie de sortir, mais je ne veux pas non plus rester.
Il se retourne vers moi, ma main est posée sur la clé, prête à la tourner.
Soudain, il y pose la sienne.
— Alya, ne t'en va pas, murmure-t-il.
Je pose mon front sur la porte et soupire profondément. Qu'est-ce que je
fais ici ? Il a soigneusement orchestré cette révélation pour me faire
comprendre que Sebastian avait eu des relations intimes avec toutes ses
filles, dans le but évident de me blesser ou de m'éloigner de lui. Et pourtant,
je me surprends à hésiter à partir de cette chambre. Je devrais le fuir comme
la peste, sortir en courant, sans la moindre once d'hésitation.
Il se rapproche de moi et glisse sa main sur ma taille. Une décharge
électrique me parcourt le corps à ce simple contact.
— Reste, insiste-t-il doucement.
Il me fait lentement pivoter pour me faire face, plongeant ses yeux d'un
bleu magnifique dans les miens. Il est si près que je sens son souffle chaud
caresser mon visage, et son parfum m'enveloppe complètement. Son regard
oscille entre mes yeux, passant de l'un à l'autre, créant une intimité
troublante. Il s'approche davantage, me plaquant contre le mur. Sa main
exerce une légère pression sur ma hanche, faisant accélérer les battements
de mon cœur dans ma poitrine. Je me demande pourquoi je ressens cela
alors qu'il est ce qu'il est. Son regard descend sur mes lèvres, un simple
détail qui provoque une réaction en moi, une envie irrésistible de goûter les
siennes. Mes seins sont pressés contre son torse, et lorsque finalement il
s'empare de ma bouche dans un baiser sauvage, j'ai l'impression de
recommencer à respirer. C'est comme si j'avais retenu ma respiration tout le
temps où nos regards se sont combattus.
Ses lèvres contre les miennes, ses baisers sont d'une intensité
électrisante. Nos langues s'entremêlent passionnément. Je sens sa
respiration s'accélérer, devenir plus profonde. Mes bras glissent autour de
son cou, le serrant contre moi tandis que ma main s'enfouit dans ses
cheveux.
L'une des siennes explore doucement mon corps, restant prudente en
passant de mes hanches à mon ventre, puis descendant dans le bas de mon
dos. Je me surprends à sourire intérieurement, imaginant le self-contrôle
dont il doit faire preuve pour ne pas aller plus loin, pour ne pas caresser mes
seins ou s'aventurer entre mes cuisses.
Pourtant, je me surprends à vouloir le pousser un peu plus loin. Je prends
sa main et la guide entre mes jambes.
— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, murmure-t-il entre
deux baisers.
— Je n'ai jamais prétendu que c'en était une, lui réponds-je espiègle.
— Il est hors de question que je couche avec toi sur un coup de tête
dirigé par ta colère. Je te l'ai déjà dit, insiste-t-il malgré tout.
Il me soulève et me dépose à nouveau sur son lit. Malgré sa promesse
précédente, sa main trouve son chemin entre mes cuisses jusqu'à atteindre
ma petite culotte. Il recommence à me caresser de haut en bas, à travers le
tissu, faisant naître des gémissements de plaisir et me faisant resserrer mes
bras autour de lui.
— Tu m'arrêtes si tu ne veux pas, d'accord ? me demande-t-il.
Je hoche la tête tout en continuant à jouer avec sa langue. Il exerce une
légère pression sur mon clitoris en effectuant de petits cercles. Oh mon
Dieu, j'adore cette sensation. Mon corps se cambre involontairement. À cet
instant, je lui appartiens totalement, sans aucune réserve.
Il glisse lentement sa main à l'intérieur de ma lingerie, ce qui me fait
instinctivement reculer. Il s'arrête.
— Tu veux que j'arrête ?
Je secoue la tête, plus gênée qu'autre chose, mais mon désir est
indéniable.
— Non, murmuré-je.
Il continue ses mouvements directement sur ma chair. Des gémissements
s'échappent de mes lèvres, sans que je puisse me contenir.
Il descend ses doigts, les glissant entre mes lèvres jusqu'à me pénétrer
doucement. Je me contracte légèrement et presse sa bouche plus fermement
contre la mienne. Il bouge lentement, me laissant savourer chaque
sensation.
Il y va doucement, commençant à créer de doux va-et-vient.
— Ça va ? demande-t-il doucement avec prévenance.
Je me contente de hocher la tête et de cacher mon visage dans son cou. Il
accélère sensiblement le rythme, son pouce venant jouer avec mon clitoris,
transformant complètement la sensation. J'adore ce que je ressens, et je
n'arrive pas à retenir les gémissements qui s'échappent de ma bouche.
Je sens un deuxième doigt entrer en moi, décuplant le plaisir, malgré le
léger tiraillement que je ressens, et les mouvements circulaires qu'il effectue
avec la paume de sa main me font perdre tous mes repères.
Je mords ma lèvre inférieure pour essayer de réduire le volume de mes
cris de plaisir. Il continue de monter en moi, jusqu’à ce que mon corps se
contracte involontairement, m'empêchant de faire autre chose que de
savourer intensément l’explosion qui agit en moi. Je me blottis encore plus
contre Chris, alors que je deviens de plus en plus bruyante sans le vouloir.
— Arrête d'être gênée. Sors de là, m’ordonne-t-il.
Je secoue la tête.
— Nan, soufflé-je, essayant de reprendre mon souffle du mieux que je
peux.
— Ça s'appelle un orgasme, mademoiselle Colins, plaisante-t-il.
— Merci, je sais, répliqué-je, bien que je sois toujours gênée par les
bruits que je viens de pousser.
Il éclate de rire, tandis que je demeure mal à l'aise dans cette situation
inhabituelle pour moi.
— Il est deux heures trente, tu veux redescendre ou tu veux qu'on reste
ici ? Je peux te faire gémir à nouveau, propose-t-il, avec une pointe de
taquinerie.
Je lui donne un coup léger sur l'épaule.
— Arrête, sérieux. Toi, tu veux descendre, j'en suis sûre.
— Faux. Je veux rester ici avec toi
Je suis surprise par sa réponse, et je le regarde avec un mélange de
perplexité et d'incrédulité. Après tout ce qui s'est passé entre nous, je ne
m'attendais pas à ce qu'il souhaite passer plus de temps en ma compagnie.
— Vraiment ? dis-je, cherchant à comprendre ses motivations.
Il hoche la tête avec un sourire.
— Vraiment. Je veux rester ici avec toi, Alya.
Je décide de lui accorder le bénéfice du doute. Peut-être que nous avons
tous les deux, besoin de quelque chose de différent, quelque chose de plus
profond que ce que nous avions anticipé.
Arrête de te faire des films.
— Pourquoi tu voulais encore danser ? me demande-t-il.
— Non, mais je pensais que tu aurais peut-être voulu trouver quelqu'un
d'autre pour satisfaire d'autres besoins que ça.
— Tu me vois vraiment comme ça, hein ? souffle-t-il visiblement blessé
par mes paroles.
Je hausse les épaules, baissant les yeux. En réalité, je le vois un peu
comme ça, voire pire. Je suis consciente que je ne suis pas capable de lui
offrir ce qu'il souhaite pour le moment, et je sais que, tôt ou tard, il
cherchera satisfaction ailleurs, peut-être même avec Julia et peut-être même
dès ce soir.
Il commence à tirer lentement la fermeture éclair sur le côté de ma robe,
je suis surprise et attrape sa main.
— Tu fais quoi là ?
— Tu ne vas pas te coucher avec ça.
— Heu... non.
— Tu veux que je te prête un tee-shirt ? me propose-t-il, avec un sourire,
face à mon incompréhension.
— Oui... Je veux bien.
Il se lève du lit et s'apprête à me donner un vêtement, pendant que je
retire ma robe et attend sans rien dire.
Cependant, lorsqu'il se retourne, il me fixe intensément, me scrutant de
la tête aux pieds. Je me sens extrêmement mal à l'aise et plaque rapidement
mon vêtement pour cacher mon corps. Je n'ai aucune honte de mon
apparence, mais le regard chargé de désir et de luxure qu'il pose sur moi me
perturbe profondément.
— Ne fais pas ça, ne te cache pas. Tu es magnifique, murmure-t-il.
— Tu peux me le passer, s'il te plaît, insisté-je.
Il tend son bras et esquisse un sourire malicieux. Je comprends bien qu'il
ne compte pas me faciliter la tâche.
— Viens le chercher, dit-il, gardant son bras tendu sans bouger d'un
millimètre.
Je lève les yeux au ciel, gardant ma robe devant moi, puis me lève du lit.
Chris met le tee-shirt dans son dos et secoue la tête, arborant un sourire
espiègle.
— Nan, sans la robe par contre, déclare-t-il d'une voix taquine.
— Chris !! protesté-je, sentant mes joues rougir.
— Arrête d'être gênée sans arrêt. Tu veux une vodka pour te détendre ?
propose-t-il, ignorant ma réticence.
Je souffle un grand coup et lâche ma robe, puis cours vers lui pour
attraper le vêtement. Il explose de rire en réaction à mon empressement et
me bloque dans ses bras, sans me donner le haut, mais en me regardant
profondément dans les yeux.
— Tu n'as pas à être gênée. Tu es sublime, susurre-t-il, cherchant à me
rassurer.
— Tu dis ça à toutes les filles ? lui demandé-je, restant sceptique quant à
la sincérité de ses paroles.
Il secoue la tête d'un air sincère.
— Non. Je ne mens pas, je te le promets.
— Menteur, répliqué-je, conservant ma méfiance à son égard.
— Et si j'avais envie que tu dormes comme ça ?
— Tu arriverais à dormir ?
— Probablement pas, concède-t-il. Mais on s'en fiche. Reste comme ça,
s'il te plaît.
— Chris, donne-moi ce tee-shirt, au moins pour que je puisse me rendre
jusqu'au lit, insisté-je, préférant éviter de lui donner mes fesses en spectacle.
— Tu es vraiment trop timide, ronchonne-t-il en reculant tout en
maintenant sa prise sur moi, cachant ainsi mon corps à ses yeux. Il en
profite pour m'embrasser passionnément, prolongeant nos échanges
précédents.
— Tu n'as qu'à aller te cacher sous les couvertures, ça te va ? me
propose-t-il finalement.
Je souris tout en fronçant le nez, puis me précipite pour me glisser sous
les draps. Je n'aime pas être en sous-vêtements devant lui, surtout après tout
ce qui s'est passé entre nous. Il a vu tant de femmes dénudées, et je ne suis
pas une perfection physique. Mes pensées se perdent dans l'inquiétude, mais
il semble bien plus intéressé par ma présence que par mon apparence.
Il se déshabille pour rester en boxer, révélant un corps incroyablement
sculpté. J'avais déjà remarqué sa musculature sous mon toucher, mais dans
cette lumière tamisée, chaque muscle est parfaitement dessiné, de ses biceps
à ses pectoraux, en passant par ses abdos. Même son V, situé en dessous de
ses abdos, est parfaitement sculpté, attirant mon regard d'une manière
hypnotique. Mon attention s'attarde également sur son boxer, qui semble
être particulièrement bien rempli.
— Tu veux mes yeux ? plaisante-t-il, ayant clairement remarqué mon
regard insistant et gourmand.
Je me sens submergée par la gêne et la honte, sachant qu’il m’a surpris
en train de l'observer de cette manière. Il rejoint le lit sous les couvertures
avec un sourire taquin.
— Alors, moi, je n'ai pas le droit de te regarder parce que tu te caches,
mais toi, tu n'hésites pas à me reluquer, sans aucune gêne, s’amuse-t-il.
— Je suis désolée, murmuré-je, me sentant embarrassée.
XXIV
Alya
D’un seul coup, il tire violemment sur les couvertures, découvrant
entièrement mon corps. Un cri aigu s'échappe de ma gorge, tandis que je me
recroqueville sur moi-même, totalement surprise.
Il m'oblige à me mettre sur le dos et se place entre mes jambes,
totalement hilare de ma réaction.
— Je suis mort. C'était quoi ce cri de souris ? se moque-t-il.
— Rends-moi la couverture, non d'un chien, protesté-je.
— Hors de question, c'est de la triche. Toi, tu peux me regarder, mais pas
moi ? réplique-t-il en attrapant mes poignets et en les maintenant au-dessus
de ma tête pour me bloquer.
Son regard change et son sourire s'efface lorsque ses yeux se posent
véritablement sur moi. Il se penche pour embrasser ma nuque, son souffle
chaud et sa langue faisant des ravages sur ma peau. Il descend lentement sur
mon épaule et finit par me lâcher les poignets. Mes mains se posent
instinctivement dans son dos, laissant glisser mes ongles sur sa peau,
incapable de résister à le caresser pour le sentir sous mes doigts.
Sa bouche entreprend une exploration minutieuse de chaque centimètre
de mon corps, atteignant ma poitrine sans chercher à défaire ou à bouger
mon soutien-gorge. Il continue de descendre, se dirigeant vers mon ventre
jusqu'à la limite de l'élastique de ma petite culotte. Ma peau tout entière se
couvre de chair de poule, et l'anticipation électrise chaque parcelle de mon
être.
— Alya... Tu me fais confiance ? murmure-t-il, sa voix vibrante de désir.
— Pas du tout, répliqué-je avec honnêteté.
Il esquisse un sourire sur ma peau.
— Ok, ça a le mérite d'être clair, mais je le mérite.
— Mais pour… ça, je crois que oui, ajouté-je timidement.
Il lève les yeux vers moi lorsque je baisse la tête, nos regards se croisent,
et il comprend que je vais lui donner mon accord.
— Tu m'arrêtes. Ok ?
— Oui, réponds-je, bien que je sache que je ne le ferai probablement pas.
Je le laisse poursuivre ce qu'il a entrepris.
Chaque sensation de sa bouche sur mon corps est un plaisir divin que je
savoure à chaque seconde.
Il continue de m'embrasser le ventre, les hanches, et ma peau frissonne
de plus en plus. Il est impossible qu'il ne le sente pas, mais il sait que je ne
suis pas à l'aise et n'en dit rien. Sa main commence à me caresser à nouveau
entre les jambes. Cette fois-ci, il retire lentement ma lingerie, et je serre
instinctivement les jambes.
— Alya, ça va être compliqué comme ça. Il va falloir que tu desserres les
cuisses, murmure-t-il, joueur.
Un sourire se dessine sur mes lèvres, et je couvre mes yeux de ma main
en signe de gêne. Il remonte vers moi, m'embrassant d'abord sur la bouche,
puis dans le cou, tentant de me détendre.
— Si tu ne veux pas, j'arrête, et je vais même être gentil en te rendant ta
couverture, et peut-être même ta petite culotte, plaisante-t-il, me faisant
tourner la tête vers lui, les sourcils froncés.
Sa remarque le fait rire, mais il recommence à descendre, m'obligeant à
écarter les cuisses avec son genou pour qu'il puisse mieux s'y installer. Sa
langue parcourt mon ventre, me chatouillant légèrement. Au moment où il
pose sa bouche sur mon intimité, un choc électrique me traverse. Je gémis
de nouveau, complètement en proie au plaisir qu'il me procure. Sa langue
me visite, me goûte, glissant sur le bouton de chair et réveillant
instantanément cette sensation envoûtante de plaisir qu'il m'avait fait
connaître juste avant.
Je baisse la tête pour le regarder entre mes cuisses. La gêne se mêle à
l'excitation alors qu'il explore mon corps de manière si intime. En si peu de
temps, il me fait découvrir tant de choses, et toute la haine que j'avais pour
lui en début de soirée s'est totalement envolée, laissant place au désir, au
plaisir de la chair, et à l'envie irrésistible d'être sienne.
Sa langue s'enfonce en moi, me faisant cambrer et gémir encore plus
fort. Il remonte pour jouer plus intensément avec mon clitoris, le suçotant et
le mordillant délicatement, tout en me pénétrant de ses doigts. Mes ongles
s'enfoncent dans sa peau alors que cette sensation profondément indécente
m'envahit à nouveau, et parcourt chaque terminaison nerveuse qui traverse
mon corps, me faisant crier bruyamment sans que je ne puisse la contrôler.
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Il dépose des baisers sur
ma peau jusqu'à ma nuque, puis me chuchote à l'oreille :
— Ça aussi, c'était un orgasme. Et c'est mon épaule que tu viens de
lacérer.
Je ris, en me cachant les yeux. Je sais que j'ai dû lui faire mal autant qu'il
m'a fait du bien.
— Désolée. C'est ta faute aussi, me dédouané-je
— Tu as aimé ? demande-t-il sérieux.
J'hoche la tête, tout en me cachant dans sa nuque. Je n'ai pas envie
d'épiloguer sur le sujet. J'ai déjà récupéré la couverture pour me couvrir le
corps et j’enfile de nouveau ma petite culotte. Il me serre dans ses bras et
m'embrasse dans les cheveux.
— Attends, je reviens, dit-il.
Il se lève et se dirige vers sa salle de bains. Je réalise que je suis dans son
lit, avec lui et qu'il vient de me faire jouir deux fois, mais surtout pour moi :
c’est la première fois. J'adore ça, et je regrette vraiment de ne pas m'être
laissée aller à cette expérience plus tôt.
Quand il revient, je suis déjà en train de m'endormir, épuisée de tout ce
que j’ai pu ressentir aujourd’hui. Il s'installe et me prend à nouveau contre
lui. Je cale mon visage dans sa nuque au moment où j'entends un léger rire.
— Pourquoi tu ris ? l'interrogé-je.
— J'aime comment tu t'installes. Tu avais fait ça aussi dans ta chambre
du campus.
— Ça te gêne ? demandé-je, prête à prendre mes distances.
-Non, pas du tout. J'aime quand tu respires dans mon cou.
Je commence à bailler et à m'endormir.
— Chris ?
— Quoi ?
— Pourquoi tu n'es pas toujours comme ça ?
— Comment ? demande-t-il.
— Gentil... et attachant.
Je parle de plus en plus lentement, basculant peu à peu dans le sommeil.
— Je le suis avec toi, répond-il.
— Chris ?
— Quoi ?
— Demain... Tu seras aussi comme...
Je suis incapable de terminer mon interrogatoire et je sombre dans les
abysses du sommeil.
XXV
Alya
Les premiers rayons du soleil filtrent à travers la fenêtre, éclairant
faiblement la chambre. Je suis allongée sur le ventre, une jambe relevée, et
il est étendu derrière moi, son bras puissant enroulé autour de mon corps,
me maintenant étroitement contre lui. Une agréable sensation de chaleur et
de sécurité m'envahit. Pour une fois, je veux simplement profiter de cet
instant précieux, le sentir encore un peu contre moi, rien qu'à moi. Pourtant,
je suis consciente que cela ne durera pas, que Chris finira par me décevoir,
comme il le fait toujours. Je commence à le connaitre, il est incapable de
s'attacher. Pourtant ce matin, j'ai envie de croire que peut-être, juste peut-
être, il sera différent.
Je ressens le besoin de bouger, de me blottir contre lui, de prolonger
cette étreinte tendre. J'aimerais que ce matin soit exceptionnel, que son
comportement change à mon égard, qu'il se lève en souriant, qu'il me serre
contre lui, qu'il me regarde avec des yeux différents, emplis d'affection.
Mais je n'ose pas bouger, de peur de le réveiller.
— Je sais que tu ne dors plus, gamine. Alors, à quoi tu penses ? sa voix
rauque me parvient.
J'adore ce son au réveil, il a quelque chose de sensuel qui m'envoûte.
Chris se dégage lentement de moi, et déjà sa présence me manque. Je me
tourne pour le regarder, mais il a déjà quitté le lit et enfile un pantalon de
jogging. Mes yeux restent fixés sur son torse magnifiquement sculpté.
— Tu me dévores des yeux, Alya... !!! me taquine-t-il.
Je rougis légèrement en baissant le regard. J'aurais voulu prolonger cet
instant, mais il s'enfuit déjà, comme un oiseau qui s'échappe de sa cage.
— Mets ça, ou j'aurai du mal à quitter cette chambre, me lance-t-il en me
jetant un tee-shirt.
Je le prends, un léger sourire aux lèvres, et lève les yeux vers lui. Mes
pensées s'embrouillent, et je me sens encore plus troublée.
— Tu as le bas, et j'ai le haut, c'est ça ? demandé-je, espérant un moment
de complicité entre nous.
— Tu veux qu'on échange ? répond-il avec un sourire taquin.
— Je pourrais aussi m'habiller complètement.
— Avec ta robe ? Elle me fait le même effet que ta tenue actuelle. Reste
là, je vais chercher un café, annonce-t-il tout en quittant la chambre.
Je me sens un peu déçue par son départ, mais bon, c'est Chris, après tout.
Je n'aurais pas dû espérer plus. Pas de câlin, pas de tendresse, pas de baiser.
Au moins, il ne me met pas dehors sans café, c'est déjà ça. Je suis peut-être
naïve de penser que les choses pourraient changer entre nous.
J'entends des cris en bas, des éclats de voix. Curieuse, je décide de
m'aventurer dans le couloir, descendant les premières marches de l'escalier
pour mieux entendre.
— Pourquoi tu as fait venir cette fille ici ? Qu’est-ce que tu cherchais ?
Tu es fier de toi ?
Des reproches fusent entre les voix. Je descends encore quelques
marches pour mieux comprendre la conversation. Une dispute a éclaté dans
la cuisine, et Chris semble y être impliqué.
— Hey, calme-toi. Assume-le, Seb, ce n'est pas mon problème.
Les mots de Chris sonnent détachés, presque cyniques.
— Tu as juste voulu foutre la merde entre Alya et moi, réplique
Sébastien.
— Pas du tout. Et arrête de gueuler dès le matin, tu vas me gonfler,
rétorque Chris.
— C'est bon les mecs, arrêtez de vous prendre la tête. Jouez franc-jeu
avec ma sœur, intervient une voix que je reconnais bien.
— Franc-jeu ? Elle ne me parlera même plus avec ses conneries,
réplique Sébastien, sa voix emplie de colère.
— Non, ce sont tes conneries. C'est toi qui as couché avec cette nana et
toutes les autres, le contre-attaque Chris.
Je suis étonnée d'être la cause de leur dispute. Descendant une marche
supplémentaire, j'aperçois enfin les trois hommes dans la cuisine, entourés
d’une atmosphère tendue. J'ai maintenant, à la fois l'image et le son de leur
échange.
— Salut, Alya ! me lance Dean en me voyant.
Je me fige et me retourne, mal à l'aise. Oh non, je ne suis pas censée être
ici. Ils ont dû l’entendre.
— Heu... Salut, Dean... Ça... ça va ? bredouillé-je.
— Tu descends prendre un café ?
Il n’a même pas remarqué la tension entre les autres.
— NON, MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS LÀ ?
Je fais volte-face et découvre mon frère en bas des marches. Ma gorge se
serre, et je suis incapable de prononcer un mot. Chris arrive à son tour, l'air
en colère, se mordant la joue. J'ai l'impression que j'aurais mieux fait de
rester dans la chambre plutôt que de jouer les curieuses.
— AVEC QUI ÉTAIS-TU ? hurle mon frère.
Ses yeux semblent prêts à sortir de leurs orbites. Je réalise alors que je
porte seulement un tee-shirt, et je tire nerveusement dessus, gênée.
— DESCENDS ! s’égosille-t-il à nouveau, sa voix résonnant dans toute
la maison.
— Je... je vais plutôt...
— DESCENDS ! TOUT DE SUITE !
Je m'exécute lentement en descendant les dernières marches. Je me
retrouve devant mon frère, qui m'agrippe brusquement par le bras,
m'entraînant vers le salon, loin de la cuisine où les autres membres de la
fraternité sont déjà rassemblés.
— Celui qui a passé la nuit avec Alya devrait faire ses valises, piaille
Dean en riant.
Zach me lâche finalement, puis se plante devant moi, son regard perçant
semblant transpercer mon âme. Je continue de tirer sur le tee-shirt,
cherchant désespérément à couvrir mes cuisses nues tout en essayant de
garder une contenance.
— Je n'ai couché avec personne, articulé-je avec fermeté, espérant que
cette déclaration puisse calmer la colère qui monte en lui.
Je préfère éviter de révéler la vérité, sachant que sa réaction pourrait être
explosive si j'avouais que j'ai passé la nuit avec Chris.
— Tu te moques de moi, fulmine Zach avec une pointe d'indignation
dans sa voix.
— Elle dit la vérité, Zach. Alya a passé la nuit avec moi, et il ne s'est
rien passé, explique Chris d'un ton calme, tentant de désamorcer la bombe
prête à exploser.
À ce moment-là, si un regard pouvait tuer, je suis convaincue que Zach
aurait foudroyé Chris en une seconde. Les deux hommes semblent prêts à
s'affronter, et la tension dans la pièce devient de plus en plus pesante.
— Tu me prends pour un con, toi aussi, tu crois que je ne te connais
pas ? s'insurge Zach, dont la voix résonne dans la pièce désormais pleine de
membres des Alphas, attirés par le tumulte et l'agitation de la matinée.
— Zach, je t'assure que je n'ai rien fait avec ta sœur, souffle Chris d'un
ton suppliant, cherchant désespérément à apaiser la fureur de mon frère.
Malgré tout, il m'adresse un signe de tête, me suggérant de retourner
dans sa chambre, mais Zach me bloque en plein élan.
— Toi, tu restes ici, m’ordonne-t-il, serrant violemment mon bras.
— Zach, lâche-la, s'exclame Chris, sa voix montant d'un cran.
La prise de mon frère me fait mal, mais je garde le silence, je ne veux
pas qu'ils se battent à cause de moi. Zach se rend compte de sa propre force
et de la douleur qu'il m'inflige, et me libère enfin.
— Monte, je te rejoins, me dit Chris.
Sans hésitation, je m'exécute, passant entre les hommes rassemblés,
croisant le regard furieux de Sebastian. S'il croit qu'il a son mot à dire, il se
trompe lourdement. Dévorée par la curiosité, je ne monte pas l’escalier
comme ordonné, mais écoute discrètement en me tenant à l'écart.
— Je te jure que je ne l'ai pas touchée. Tu me connais, déclare Chris,
essayant de convaincre Zach.
— Oui, justement. Tu me prends pour un idiot ?
— Non, je veux dire que si je l'avais fait, je te l'aurais dit. Tu le sais très
bien.
— Pourquoi as-tu dormi avec elle ?
— Elle était en pleurs hier soir à cause de Sebastian. Et puis, c'est ta
sœur, mec. Elle a juste occupé mon lit. Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré
être avec Julia. Mais bon, je suis un type sympa, j'ai décidé de la consoler,
explique-t-il.
Une onde de colère déferle en moi.
Il a eu pitié de moi ? Il aurait préféré être avec Julia ?
La frustration monte en moi, et je décide de partir. Je retourne
rapidement dans la chambre pour récupérer mes affaires, enfile ma robe et
saisis mon téléphone. Quitter la maison me semble être la meilleure
solution. Personne ne semble avoir prêté attention à mon départ, ils sont
toujours en train de se disputer. Il a juste eu pitié ?
J'aurais dû résister, je m'en veux d'avoir cédé si facilement, quelle idiote.
C'est comme ça qu'il fout une fois de plus tout en l’air, je le savais bien, je
me suis encore trompée.
XXVI
Alya
— Où étais-tu, jeune fille ?
J’ai à peine franchi la porte de ma chambre que la tête de Kat apparaît
dans l'embrasure.
— Peu importe, si j'avais su, j'aurais mieux fait de rentrer, marmonné-je,
contrariée.
— Tu veux en parler ?
Elle s'assoit sur mon lit, son visage soudainement empreint de tristesse.
— J'ai passé la nuit avec Chris. Il n'y a rien à dire de plus, j'ai été stupide
comme d'habitude, soupiré-je, laissant échapper un lourd fardeau
émotionnel.
— Tu as couché avec lui ? demande-t-elle d’une petite voix, cherchant à
percer mon ressenti.
— Non, je suis toujours vierge. Il... Il m'a fait ressentir... J’hésite un
moment, cherchant les mots appropriés pour décrire la nuit explosive que
j’ai vécue.
— Jouir autrement ? propose-t-elle avec un sourire bienveillant, essayant
d'alléger l'atmosphère.
— Oui, soupiré-je.
Même si j’essaie de masquer mes émotions, je suis sûre qu’elle peut
sentir la douleur et la confusion qui se cachent derrière mon sourire.
— Le réveil a été chaotique, ajouté-je comme je m'y attendais, avec ce
genre de type.
— Je suis désolée pour toi, ma chérie. Je sais à quel point tu craques
pour lui, tente-t-elle de me réconforter, consciente de la peine que je
ressens.
— Ouais, mais je savais aussi à qui j'avais affaire, alors je ne suis pas
trop surprise en fait. Juste déçue, réponds-je avec une pointe d'amertume.
Je commence à préparer mes affaires, désireuse de prendre une douche,
de m'habiller, et de passer à autre chose pour ne plus y penser.
— Salut les filles. Alya, c'est ta robe d'hier, n'est-ce pas ? Qui est
l'heureux élu ? demande Julia en apparaissant devant ma porte.
— Elle a passé la nuit dans les bras de Chris, déclare Kat avec un
énorme sourire.
Je la regarde, me demandant pourquoi elle a choisi de révéler cela. Julia
me fixe, son expression montrant clairement son mécontentement, et je
comprends soudainement pourquoi elle a partagé cette information. La
peste.
— Oh... Euh... Super, répond Julia de manière peu enthousiaste, puis
elle s'en va sans ajouter un mot de plus.
— Tu exagères de lui balancer ça comme ça, franchement. Il aurait
préféré passer son temps avec elle plutôt que de passer la nuit avec moi, de
toute façon.
— Pff, n'importe quoi, rétorque-t-elle en roulant des yeux, visiblement
incrédule.
— Ah, si, si, il l'a dit haut et fort.
— Tu plaisantes, il a vraiment dit ça ? C'est vraiment un connard. Il ne te
mérite absolument pas, déclare-t-elle.
— Je te l'avais dit, c'est bien son style. Bon, je vais prendre une douche.
Si on te pose des questions, tu n’as qu’à dire que je suis partie faire la fête
dans une orgie, afin de me détendre, plaisanté-je, cherchant à alléger
l'ambiance malgré la déception palpable qui flotte dans l'air.
Elle éclate de rire et dépose un baiser affectueux sur le front.
Une fois dans la salle de bain, je fixe mon reflet dans le miroir. J'ai
vraiment l'air épuisée, mais je n'ai versé aucune larme. Après tout, je savais
qu'il allait inévitablement gâcher les choses. Je ne l'ignorais pas, seulement
je ne savais pas comment. Eh bien, maintenant je le sais. Sous la douche,
l'eau chaude ruisselle sur ma peau, et je repense à la nuit précédente. J'ai
apprécié ce qu'il m'a fait, et je ne peux m'empêcher de ressentir un certain
plaisir, malgré la façon dont la matinée s'est déroulée. Pire encore, je suis
contente que ce soit lui qui m'ait fait ressentir ça. Je suis complètement
déboussolée, c'est indéniable. J'étais gênée, mais en même temps, je me
sentais étrangement à l'aise. Une fois totalement propre, je m'enroule dans
une serviette et retourne vers ma chambre.
— Je t’ai dit d'aller dans ma chambre, pas de disparaître, gronde une
voix derrière moi, lorsque je referme la porte.
Je sursaute et constate que Chris est assis sur mon lit vêtu du jogging
qu’il portait déjà ce matin.
— Je ne voulais pas te faire davantage pitié, et puis comme ça, tu peux
aller « sauter » Julia, comme tu l'as dit à tout le monde, répliqué-je
agressive, en déposant mes vêtements et mes affaires sur mon bureau.
— Je vois... Tu as entendu ce que j'ai dit à Zach,
— Oui, comme tout le monde d'ailleurs, puisqu’ils étaient tous là. Ils ont
entendu ce que tu pensais de moi, dis-je d'un ton froid, exprimant ma
déception quant à ses paroles précédentes.
— Peut-être espérais-tu que j'explique ce qui s'est passé entre nous à
Zach ?
Sa voix résonne avec encore plus de colère et d'exaspération.
— Je n'ai jamais dit ça, mais cela ne justifie en aucun cas de m'humilier
de la sorte devant tous les alphas avec ce que tu as dit, Chris. Réalises-tu
seulement la portée de tes paroles ? Tu as affirmé que tu avais pitié de moi.
C'est humiliant, hurlé-je à mon tour, la frustration et l'indignation se lisant
sur mon visage.
— Je m'excuse. Je n'aurais pas dû dire ça, c'est certain. Mais pourquoi
n'as-tu pas suivi mon conseil de rester dans ma chambre, bon sang ?
— J'ai entendu des cris... je... j’étais…"
— Trop curieuse ? me coupe-t-il.
— Oui... peut-être... Tu as clairement affirmé que tu aurais préféré être
avec Julia. Tu te comportes comme un enfoiré, et je veux que tu partes,
déclaré-je d’un ton ferme.
— Je ne pouvais pas dire la vérité à Zach, souffle-t-il.
Il s'approche de moi avec une lenteur délibérée, et l’anxiété monte en
moi. Je suis catégoriquement déterminée à ne pas lui laisser la moindre
chance de me toucher. Je sais que si cela se produit, je céderai, et je veux à
tout prix l’éviter.
Déterminée, je tente de le contourner pour lui échapper, mais Chris ne
compte pas me laisser m'en sortir si facilement. Il saisit ma serviette, la
détachant de mon corps, et celle-ci tombe au sol dans un froissement
embarrassant. Je me sens soudainement totalement désemparée, exposée
devant lui.
Dans un élan de panique, je cherche désespérément à attraper le t-shirt
qui se trouve sur mon lit pour me couvrir et retrouver un semblant de
dignité. Cependant, il fait un pas vers moi, bloquant mon accès au
vêtement. Mon cœur s'emballe, et je réalise que je suis complètement nue
devant lui.
— Ne te cache pas, murmure-t-il doucement, me prenant dans ses bras
sans essayer de m'examiner.
— Julia est dans sa chambre, tu n'as qu'à aller la voir, elle a de
l'expérience. Tu sembles la préférer. Tu l'as dit, lui rappellé-je.
— J'ai dit ça. Ce n'est pas ce que je pense. Pardonne-moi, je n'ai pas
réfléchi à quel point mes paroles pouvaient te blesser, s'excuse-t-il
sincèrement.
— Lâche-moi, Chris, je suis nue, répliqué-je, cherchant à m'éloigner de
lui.
— Si je te lâche, je verrai ton corps, et je te promets que ce sera bien
plus difficile de me retenir que maintenant.
Je souris légèrement en secouant la tête, mais je tente de me dégager de
son étreinte pour vérifier s'il tient sa promesse. Je me doutais bien que je
serais en difficulté si ses mains se posaient sur moi, et dans ma tenue d'Ève,
je ressens la chaleur de ses paumes sur ma peau, provoquant en moi une
réaction inédite.
Il me retient légèrement, souriant à son tour, et nous restons ainsi, perdus
dans l'intensité du moment.
— Tu es sérieuse ? Tu me cherches en plus, s'exclame-t-il, surpris par
mon attitude.
— Je ne vois pas de quoi tu parles. Je te fais pitié, c'est tout, pas envie,
répliqué-je, défiant son regard avec une pointe d'arrogance.
— Tu me rends dingue, surtout avec ton caractère de merde et ton corps
de déesse. J'ai autant envie de t'embrasser que de t'envoyer chier, avoue-t-il,
luttant contre la confusion qui règne dans son esprit.
— Et là, t'as envie de quoi ?
— J'ai envie de ça... répond-il en capturant mes lèvres dans un baiser
ardent.
Il me pousse doucement jusqu'à mon lit, mais je prends l'initiative de le
faire basculer, le plaçant sur le lit en premier. Puis, je le chevauche,
m'installant sur ses genoux, sans rompre notre étreinte passionnée.
— Ne te mets pas comme ça. Sérieux ! C'est plus que dangereux,
prévient-il d'une voix emplie d'émotion et de désir, conscient des risques
que notre proximité comporte.
Il se redresse et reste assis, m'embrassant passionnément dans le cou. Il
tire doucement sur mes hanches, me collant totalement à son corps. Entre
mes jambes, je sens son érection, dure et excitée. Sentir son sexe dur contre
ma peau nue a un effet dévastateur sur ma raison et mon cerveau. Toutes
mes résolutions semblent s'effacer, et je ne veux plus qu'il s'éloigne. Je suis
de nouveau sur lui, prête à prendre tout le plaisir qu'il souhaite m'offrir.
J'entoure son cou de mes bras, penchant la tête en arrière lorsque ses
lèvres commencent à embrasser ma poitrine. Sa langue glisse sur mes
tétons, une de ses mains s'occupant de l'autre en le malaxant avec fermeté.
Il me fait bouger sur lui, me frottant contre son sexe entièrement gonflé.
J'adore l'effet que cela produit sur moi, mais quand je l'entends gémir sur
ma peau, mon plaisir monte d'un cran. Savoir qu'il prend autant de plaisir
que moi décuple mon excitation. C'est encore meilleur qu'hier. Il ressent du
plaisir grâce à mon corps, et cette pensée m'excite encore plus. Il enfouit
son visage dans ma nuque et accélère le rythme de mes mouvements sur lui,
poussant un râle de plaisir.
— Oh putain… Alya
J'adore ce qu'il fait, la façon dont il me tient, la manière dont il me fait
bouger. Il prend le contrôle de mon corps, et je lui obéis volontiers. Sa
langue parcourt ma peau nue, provoquant des frissons. Une fois de plus, je
suis totalement à lui. Cette sensation monte dans mon bas-ventre, prête à
exploser complètement, me poussant à crier son nom pour la première fois.
Au même instant, je le sens se contracter et me serrer plus fort sur sa verge,
puis nous restons immobiles, enlacés.
Je perçois sa respiration lourde dans mon cou, et je n'ai plus envie de
bouger, de le quitter, ou de laisser la moindre chance à quoi que ce soit de
tout gâcher.
— Je vais devoir t'emprunter un pull, chuchote-t-il, sa bouche frôlant ma
peau frissonnante.
— Je ne suis pas sûre qu’il soit à ta taille.
— C'est juste pour le nouer autour de ma taille. Tu viens de me faire
jouir dans mon pantalon, et c'est un jogging gris, gamine. Ça va se voir, et
je te signale que tu as joui au même endroit.
Sans que je puisse m’en empêcher, j’explose de rire.
— Bref, tu es trempé, lâché-je brusquement.
Ses yeux s'écarquillent de surprise à ma réaction inattendue. Même moi,
je suis surprise de l'avoir dit à haute voix, et mes mains se retrouvent
instinctivement devant ma bouche.
— J'ai une mauvaise influence sur toi. Tu deviens plus audacieuse,
commente-t-il avec un sourire taquin. Habille-toi, je t'emmène en ville pour
la journée.
— Pour faire quoi ? demandé-je, intriguée par son soudain désir de
sortir.
— Je ne sais pas, se balader. Je vais prendre une douche et m'habiller,
puis je reviens te chercher.
Je réajuste ma serviette autour de moi, puis je lui tends un pull noir à
capuche pour qu'il le noue autour de sa taille.
Effectivement, Il a une trace sur l’entre-jambe et je résiste à l’envie de
me cacher.
Chris déverrouille la porte. Alors que je le raccompagne, je vois Julia
approcher, l'air surpris de le voir sortir de ma chambre, d'autant plus que je
ne porte qu'une serviette. Je me demande quelle sera la réaction de Chris
face à elle.
— Salut, Chris, lance la brune d'une voix froide, son regard glacial rivé
sur lui.
— Salut.
Il ne montre pas le moindre signe de malaise, puis se tourne vers moi et
m'embrasse de manière inattendue, profondément et langoureusement. Je
suis prise au dépourvu par son geste. Pourquoi fait-il cela devant elle ?
— Je reviens te chercher dans trente minutes, déclare-t-il avant de se
diriger vers la sortie.
— Ok, bredouillé-je un peu troublée, alors que Julia le fixe, visiblement
choquée par ce qu'elle vient de voir.
— Alya ?
— Oui ?
Je sens que quelque chose ne va pas et je redoute sa réaction.
— Il y a quoi entre vous ? Tu es au courant que tu n'es qu'une première
année ? lance-t-elle d'un ton condescendant, cherchant visiblement à me
remettre à ma place.
— Oui, mais... heu, ça change quoi ?
— Ça change que c'est le président des Alphas. Tu n'as pas à l'approcher,
déclare-t-elle avec un air supérieur.
— Je ne l'approche pas, c'est lui qui m'approche tout le temps.
Apparemment, il aime ça, répliqué-je avec une pointe d'exaspération.
Je ne suis pas sûre qu'elle apprécie ma réponse, mais je n'aime pas du
tout sa manière de me parler ni la façon dont elle me regarde, comme si
j'étais insignifiante, comme si Chris n'avait pas le droit de me toucher.
XXVII
Alya

Je retourne dans ma chambre afin de me préparer. En y réfléchissant, je


réalise que c'est lui qui prend l'initiative de s'approcher de moi, pas
l'inverse. Bien sûr, je sais que Julia est toujours collée à lui, mais je ne peux
m'empêcher de ressentir un certain plaisir à l'idée qu'il semble s'intéresser
davantage à moi qu'à elle en ce moment. Elle avait l'air vraiment furieuse. Il
semble que les Kappas tombent amoureuses des Alphas, néanmoins
l'inverse ne se produit pas aussi facilement. Les explications de Seb
semblaient donc erronées.
Cependant, je dois me rappeler de ne pas me laisser emporter. Je ne dois
pas m'attacher à Chris et ne pas espérer trop de sa part. Ce serait de la pure
folie. Alors, qu'est-ce que j'espère réellement ? Qu'attends-je de lui ? Je le
connais bien, et je sais que mon petit cœur risque de regretter de le laisser
entrer dans ma vie, de le laisser m'offrir toutes ces sensations délicieuses
avec mon corps. C'est un terrain dangereux, mais je suis déjà en train de m'y
aventurer, avec des émotions contradictoires qui tourbillonnent dans mon
esprit.
Pourtant je n'arrive pas à m'empêcher d'apprécier ce qu'il fait, d'aimer
l'attention qu'il me porte, de savourer sa compagnie. Est-ce que cela fait de
moi une personne stupide ?
Une fois que je suis prête, je consulte l'heure. Il est censé être là. Il a
peut-être pris plus de temps pour se préparer. Je décide d'aller voir Kat pour
passer le temps plus vite.
Je sors de ma chambre et frappe à la sienne, espérant ne pas la déranger.
— Salut, tu es occupée ? dis-je en entrant.
— Non, c'était quoi les gémissements que j'ai entendus provenant de ta
chambre ?
Kat me saute presque dessus en riant, et mes joues deviennent
instantanément cramoisies par la gêne que je ressens.
— Heu... c'était Chris, réponds-je maladroitement.
— Toujours vierge ? demande-t-elle avec un sourire espiègle.
Elle a une obsession pour ma virginité, elle sera probablement plus
heureuse que moi le jour où je la perdrai, c'est sûr.
— Oui, toujours, réponds-je avec un grand sourire amusé.
Je ris, mais la vérité est que j'ai de moins en moins envie de le rester.
Chris est en train de repousser peu à peu mes limites, et si cela continue
ainsi, cela ne durera probablement pas très longtemps. Il a un don pour faire
réagir mon corps de manière très surprenante.
— Il sait y faire, ce garçon, visiblement, et il est plus patient que je ne
pensais, commente Kat.
— Moi aussi, soufflé-je avec hésitation.
Je n'ai pas envie de continuer sur ce sujet, alors je change rapidement de
conversation.
Nous continuons à discuter, le temps passe rapidement. Soudain, je
regarde mon téléphone. Cela fait déjà plus d'une heure qu'il aurait dû venir
me chercher. Je décide de me rendre à la maison des Alphas. Il se peut qu'il
ait eu quelque chose à gérer, mais je n'ai même pas son numéro pour le
contacter. Je veux m'assurer qu'il veut toujours sortir en ville
En arrivant à quelques pas de la maison, je le vois sortir, main dans la
main avec Julia, et ils s'embrassent passionnément, tandis qu'elle lui caresse
ouvertement le pantalon. Il est évident qu'ils viennent de s'envoyer en l'air.
Il lève les yeux dans ma direction, plonge dans mon regard, mais ne réagit
pas et capture de nouveau ses lèvres dans un baiser passionné. J’opère un
demi-tour, me tenant le ventre, une sensation de déchirure m'envahit. Je ne
peux pas m'empêcher de fondre en larmes. Je cours dans ma chambre,
croisant Kat dans le couloir, qui me suit immédiatement.
La douleur qui prend possession de mon être est indescriptible. J'ai
l'impression que quelqu'un m'a arraché les entrailles. Mes larmes coulent
sans retenue. Sa trahison est comme un poignard enfoncé dans mon cœur.
Je me jette sur mon lit en pleurant à chaudes larmes, mon corps secoué par
des sanglots incontrôlables. Kat s'assoit à côté de moi et me serre dans ses
bras, essayant de me consoler du mieux qu'elle peut.
— Qu'est-ce qu'il a fait ? s'écrie-t-elle, sa voix emplie de colère.
Je lutte pour reprendre mon souffle, entre deux sanglots. Je me sens
pathétique, une fois de plus. Qu'avais-je bien pu imaginer ? Que j'étais
importante pour lui ? Il s'est joué de ma naïveté, et je suis convaincue qu'il
se moque de moi en ce moment. La colère contre lui et contre Julia
m'envahit.
— Il vient de coucher avec Julia, c'est pour ça qu'il n'est pas revenu. Je
suis tellement idiote. J'en ai marre, réussis-je à articuler.
— Elle n'est qu'une traînée. Alya, tu vaux mieux que ça, bien mieux
qu'elle, réplique Kat, cherchant à me réconforter.
— Mais à quoi je pensais, franchement.
J'essaie de maîtriser mes pleurs. Après tout, qu'attendais-je de lui ? Cette
question continue de me hanter, mais je ne peux pas y répondre pour
l'instant.
— Salut les filles... Alya, ça ne va pas ?
— Si, réponds-je, les yeux encore embués de larmes, ma voix trahissant
ma détresse. Il n'y a rien de sexy ou de féminin dans ma tristesse, bien au
contraire, surtout avec de la morve au nez.
— C'est Chris ? demande Méline, sa voix emplie d'exaspération.
Je lève les yeux vers elle, sachant pertinemment qu'elle avait aidé Chris à
tout organiser pour Sebastian et avait manigancé pour que je me rapproche
de lui hier.
— Il ne vaut pas la peine d'en parler. Je ne sais pas... Je ne sais pas
pourquoi je fais ça, tenté-je de dire entre deux pleurs.
— Alya, dis-moi que tu n'as pas couché avec lui, s’assure Méline,
s'asseyant à mes côtés, son visage fermé.
Les mots pénètrent profondément, et je suis submergée par la réalité de
ce qui s'est passé. J'ai besoin de temps pour rassembler mes pensées, mes
sentiments, et ma dignité, brisée en morceaux.
— Elle n'a peut-être pas perdu sa virginité, mais il a emporté une part de
son innocence, précise Kate, sa main caressant doucement mon dos pour
tenter de me réconforter.
Cependant, je ne peux pas arrêter de pleurer. Les images de Chris et Julia
continuent de hanter mes pensées, et la douleur est insoutenable. Je me
questionne sur mes propres sentiments. Maintenant, je suis certaine que je
suis réellement attachée à ce type. Cependant, désormais, je ne suis rien de
plus qu'une fille parmi tant d'autres avec qui il s'est amusé. Il ne m'a pas
traitée comme une simple conquête, mais il a réussi à me faire succomber.
Peut-être que son intention n'était jamais d'aller plus loin, de transgresser les
règles de la fraternité. Il a peut-être atteint son but en me faisant plier sous
le poids de ses discours flatteurs, de ses paroles envoûtantes et de ses
manières trompeusement aimables. C'est à présent que je me rends compte
qu'il m'a manipulée comme une novice, joué de mes sentiments et de mon
innocence, et ce, sans la moindre once de remords. La haine que j'éprouve à
son égard se double de la haine que je porte envers moi-même.
— C'est ma faute. Je n’aurais pas dû le laisser faire, avoue Méline, sa
voix chargée de culpabilité, ses épaules s'affaissant sous le poids de ses
regrets.
— Tu le savais ? crié-je avec agressivité.
Méline acquiesce, les yeux emplis de tristesse, son ton mêlé de
frustration.
— Je sais qu'il te désire depuis le premier instant où il t'a vue. Il est
littéralement obsédé par toi. En fait, il connaissait déjà ton statut de vierge
bien avant ton arrivée chez les Kappa. Il prend plaisir à initier les jeunes
filles, c'était son jeu l'année dernière avec Zach.
La mention de mon frère Zach m'attriste profondément.
— Zach ? Mon frère faisait ça ? Comment as-tu pu le laisser faire ? Je
croyais que nous étions amies, que nous partagions une appartenance à la
même sororité. Est-ce pour cette raison que tu m'as choisie ?
— Tu es celle que Chris m'a imposée cette année. J'aurais voulu te
choisir indépendamment de son influence, je te le jure. Cependant, je n'ai
pas eu voix au chapitre. Dès la première nuit, il a été catégorique : il voulait
que ce soit toi.
L'idée que Chris m'ait intégrée aux Kappas simplement dans le but de
me séduire me glace le sang.
— Il m'a forcée à rejoindre les Kappas uniquement pour pouvoir prendre
ma virginité ? C'est incroyable. C'est un cauchemar, m’indigné-je.
— Oui, il te voulait près de lui pour faciliter son plan. Éloigne-toi de lui,
Alya, je ne supporte plus de le voir jouer avec les filles d’ici. Anna était
vierge quand elle a rejoint la sororité le week-end dernier, et tu peux bien
imaginer que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
— Pourquoi, elle ne l’est plus ? panique Kat.
— Chris a couché avec elle cette semaine. Alors non, elle n'est plus
vierge. Il a atteint son objectif rapidement avec elle. Mais en ce qui te
concerne, il n'a pas réussi, et tu ne peux pas imaginer à quel point ça le rend
furieux.
Je suis totalement bouleversée par ce que je viens d'apprendre. Je ressens
le besoin de parler à Zach immédiatement. Je ne peux pas croire qu'il ait
participé à de telles pratiques. Est-ce vraiment le genre de personne que
mon frère est devenu ?
La colère monte en moi, mêlée à une profonde déception. J'ai toujours
admiré Zach et refuse de penser qu'il ait pu agir de cette manière. Pourtant,
bien que Méline n'ait aucune raison de me mentir, je lutte pour accepter
cette réalité. La révélation de cette facette sombre de Zach retourne mon
estomac et brise un peu plus mon cœur. Si cela continue, il ne restera
bientôt plus rien de ce qui est censé battre dans ma poitrine. Sans dire un
mot, je me lève brusquement de mon lit et sors de ma chambre, déterminée
à confronter Zach.
— Alya, où tu vas, ma chérie ?
Kate m'interpelle de sa voix douce, mais je ne m'arrête pas, emportée
comme une tempête.
— Je vais voir mon frère !
Ma réponse fuse dans l'escalier. Je suis une véritable tornade. Dans le
hall, je bouscule Julia, sans même ralentir ni m'excuser, laissant derrière
moi ses protestations. La rage bouillonne en moi, et je lutte pour ne pas lui
infliger une gifle bien méritée.
Je traverse la rue en trombe, me dirigeant vers la maison des Alphas. La
porte s'ouvre sans même que je frappe. Dans le salon, mon frère est là.
— Alya ?
Chris est dans la cuisine, mais sa voix me parvient distinctement. Mon
entrée fracassante le surprend. Je soupire, résolue à ne pas lui accorder mon
attention, à tourner la page sur cette histoire. Je n'ai plus rien à attendre de
lui. Je lui signifie par mon regard de ne pas m'approcher, connaissant
désormais la vérité sur ses manigances.
— Zach, nous devons discuter... Maintenant !
Ma voix trahit mon énervement, et mon frère se rapproche. Mais Chris,
désorienté, m'attrape par le bras. Le vent tourne, il le sent, et il est
complètement désemparé.
Alors que j'apprête à répliquer à Chris, Zach s'avance à mes côtés.
— Toi... Je n'ai rien à te dire. Si tu oses poser encore une seule de tes
sales mains sur moi, tu ne pourras plus jamais satisfaire une fille. Croyais-tu
sincèrement que je serais un simple chiffre dans ton concours de dépucelage
avec mon frère ?
Soudain, l'expression du visage de Chris change radicalement. Son
regard se lève vers mon frère, et Zach pose ses mains sur mes épaules,
choqués tous les deux que je sois au courant de ses manigances. La colère
prend le visage de l’homme avec qui je partage le même sang, lorsqu'il
comprend ce que Chris a tenté de faire. Comme un loup protégeant sa
meute, il se dresse derrière moi, sa stature impressionnante.
— As-tu touché ma sœur ? déclare mon frère d'une voix rauque, dont
l'intonation révèle sa fureur.
Ses mains serrées sur mes épaules sont une confirmation de sa colère
grandissante.
Chris, cependant, semble résolu à garder le silence. Il demeure muet,
désemparé face à la situation.
Je prends alors l'initiative de briser cette impasse.
— Oui, il m'a touchée. Il n'a aucune chance de recommencer. Jamais. Et
tant qu'on y est, je te serais reconnaissante de me rendre le pull que tu as
emprunté ce matin pour cacher les traces de sperme dans ton jogging quand
tu es sorti de ma chambre.
Les mots sortent de ma bouche avec détermination, prenant le président
des Alphas par surprise. Zach, de son côté, s’énerve, sa rage bouillonnant à
l'intérieur de lui. Je sens littéralement l'explosion imminente.
3... 2... 1...
— Je vais te démolir !!! hurle Zach.
Chris tente désespérément de se justifier, sa voix tremblante de crainte.
— Non, Zach. Je n'ai pas couché avec ta sœur.
— Ah non, je confirme, on n'a pas couché ensemble, mais tu as imposé
ma sélection à Méline uniquement pour dépuceler la sœur de ton pote. C'est
la grande classe, Chris, vraiment.
— Tu as imposé Alya ? Et tu m'as menti ouvertement ? Tu plaisantes là ?
Je réussis à retenir mon frère, qui semblait prêt à bondir sur son ami.
Cela s'avère être la meilleure solution. Cependant, je ne suis pas venue
chercher sa protection, alors je reprends le contrôle.
— Arrête, Zach. Je ne suis pas venue pour que tu me défendes. Je sais
me débrouiller toute seule. En revanche, on va dans ta chambre, je veux te
parler, ordonné-je.
Zach me guide vers les escaliers, ses yeux toujours rivés sur Chris,
débordant de colère. Je suis sûre qu'il n'oubliera pas cette trahison.
— Alya... Sérieusement, il faut vraiment que je te parle, implore Chris.
Cependant, je reste ferme. Le voir devant moi me rappelle
douloureusement qu'il était récemment entre les cuisses d’une autre. À
peine une heure s'est écoulée depuis cette scène.
— Crois-tu réellement que j'ai envie de t'écouter ? Va retrouver Julia, tu
n’es bon qu’à ça. Ne t'approche plus de moi, Barber, lancé-je d'un ton
cinglant.
Je monte les marches précédant mon frère jusqu'à sa chambre, où une
fois enfin seul, je tombe sur le lit en étoile et laisse échapper un profond
soupir.
XXVIII
Alya
— Qu'est-ce qu'il t'a fait ? demande Zach, hors de lui.
Sa voix tremble, ses poings sont serrés au point où ses jointures
blanchissent.
— Laisse tomber, ce n'est pas important, lui dis-je, essayant de
minimiser la situation. D'autant plus que ce n'est pas de ça dont je veux
parler, là tout de suite.
— Si ça l'est. Tu es ma petite sœur, et je veux que tu m'expliques en
détail ce qui s'est passé.
— Oh non, pas en détail, c'est gênant, répliqué-je, la gorge serrée par
l'embarras.
J'imagine bien la tête qu'il ferait si je lui expliquais en détail ce qui s'est
passé. Il ne s'en relèverait pas, j'en suis sûre, et de toute façon, les mots ne
sortiraient pas de ma bouche. Je me sens mal à l'aise à l'idée de partager ces
détails intimes, surtout avec mon grand frère.
— Alya ?
— Il... m'a fait découvrir ce qu’était un orgasme pour la première fois de
ma vie, avoué-je à Zach, consciente de l'embarras que cette révélation
provoque.
Il laisse tomber sa tête en avant et la prend entre ses mains.
— Ouais... Tu as raison, je ne veux pas tout savoir en fait. Est-ce qu’il t'a
contraint ?
— Non, Zach. Il a même été incroyable, en réalité. Dommage que la
finalité soit celle-ci.
— Incroyable parce qu'il t'a fait jouir ? demande Zach, l'air abattu.
Le visage désabusé de mon frère me fait sourire. C'est vraiment une
conversation gênante à avoir avec son frère aîné et je ne peux pas
m'empêcher de rire nerveusement.
— Non, incroyable parce qu'il a été doux. Il m'a dit plusieurs fois que si
je voulais arrêter, il fallait que je lui dise. Il... Il a toujours fait attention à ce
que je me sente à l'aise... Il était... Il était gentil... C'était vraiment bien.
— Chris ! Doux et attentionné ? Tu es sérieuse ? Tu es sûre que nous
parlons du même Chris ? Parce que ce n'est pas du tout son genre d'être
comme ça, dit Zach, incrédule.
— Qu’est-ce qui s'est passé ce matin ?
— Il est venu râler parce que je suis sortie de sa chambre. Il ne voulait
pas que tu saches que nous avions passé la nuit ensemble. Je suis descendue
discrètement parce que j'entendais une dispute, mais je n’aurais pas dû ; il
était simplement parti nous chercher des cafés.
— Attends une seconde. Chris t'amenait un café dans sa chambre ?
— Oui, pourquoi ?
— Comment tu t'es réveillée ?
— En ouvrant les yeux, réponds-je, me demandant où il veut en venir
avec ces questions débiles.
— Très drôle, Alya. Ce que je veux dire, c'est si tu t'es réveillée dans les
bras de Chris ?
— Non, il était plutôt affalé sur moi en train de m’écraser, mais je ne
vois pas pourquoi ça te préoccupe autant.
— Moi, je commence à avoir une idée.
Il secoue la tête, un sourire amusé aux lèvres.
— De toute façon, il devait venir me chercher, mais il ne l'a pas fait. Et
quand je suis arrivée, il venait visiblement de passer un super moment avec
Julia. Encore. Alors, il n'y a plus rien à ajouter à ce sujet. Et toi ? lancé-je
pour revenir au sujet pour lequel je suis venue jusqu’ici.
— Quoi, moi ?
— Est-ce que tu as vraiment couché avec des filles uniquement pour les
dépuceler dans un concours avec lui ?
Je remarque qu'il est mal à l'aise et peu fier de son comportement passé.
Il passe la main dans sa nuque, cherchant ses mots. Ses expressions
familières me reviennent en mémoire, signes de son embarras. Il essaye
probablement de trouver les mots pour se justifier.
— Être un Alpha, c'est assez grisant. Toutes les filles sont plutôt faciles,
quand tu es dans cette fraternité. Je sais que ce n'est ni très intelligent ni
gentil, mais oui, Chris et moi faisions ça avec les filles de première année.
— Des filles comme moi ? Vous jouiez les mecs bien pour les emmener
dans votre lit ?
— En réalité, on n'avait même pas besoin de se donner du mal. On les
draguait en soirée, puis les ramenait dans nos chambres, c'était plutôt
simple.
— Facile ? Sérieusement, Zach ?
— Je comprends que cela puisse paraître salaud, Alya. Mais,
sincèrement, je ne fais plus ce genre de choses. Pour ma part, c'est du passé.
En ce qui concerne Chris, il a récemment...
— Il a récemment eu des relations intimes avec Anna et il était en train
de me manipuler pour parvenir à ses fins. Il avait visiblement beaucoup de
mal, d’après Méline m'a dit...
— Méline ? m'interrompt-il, l'air curieux.
— Oui, elle était au courant de tout. Elle a dit qu'il était obsédé par moi
parce qu'il ne pouvait pas m'avoir. Il a monté tout un plan pour foutre le
bordel entre Sebastian et moi, car nous nous entendions trop bien à ses
yeux.
— Alya, tu penses vraiment qu'il aurait tout fait ça, juste pour te
séduire ? demande mon frère sans croire à ce que je lui dis.
— C'est exactement ce qu'il a fait, Zach. Et le plus grave, c'est que j'étais
prête à coucher avec lui si je ne l'avais pas vu tout à l'heure avec Julia. Il a
réussi à briser progressivement mes défenses, un mur à la fois. Jusqu’à me
donner envie de perdre ma virginité avec lui.
Son expression se modifie, et je réalise que je n'aurais peut-être pas dû
confier à mon grand frère que j'étais presque prête à perdre mon innocence.
Il ne semble pas particulièrement ravi de l'apprendre.
— Pourquoi devait-il revenir, au fait ?
— Il voulait qu’on aille ensemble en ville. C'est ce qu'il m'a dit, du
moins. Mais il n’est jamais revenu. Maintenant, je comprends pourquoi.
— Donc, il souhaitait passer du temps avec toi hors du campus, rien que
vous deux ? Je vais lui parler.
— Fait chier. Je voulais sortir d’ici, mais visiblement je vais être coincée
sur le campus.
— Pourquoi ne pas y aller avec Kat ? suggère mon frère, espérant
trouver une solution à ma frustration.
— Elle n'a pas de voiture, précisé-je en soufflant d'agacement. Tu crois
que je n’y aurais pas pensé ?
— Mais tu as ton permis, non ?
— Ouais, mais je n'ai pas de voiture. Tu te crois drôle ?
— Chris a une voiture, fait mon frère en jouant des sourcils, un sourire
en coin naissant sur son visage.
— Je ne veux pas y aller avec lui. Jamais.
Mon frère plisse les yeux, comme s'il venait d'avoir l'idée du pire
mauvais coup à jouer.
— Demande-lui de te prêter sa voiture, suggère-t-il.
— Tu es dingue. C'est la pire idée de merde que je n’aie jamais
entendue.
Quand je dis que je connais Zach sur le bout des doigts, je savais, rien
qu’à la tête qu’il faisait que ses pensées seraient pourries.
— Non, allons-y, insiste-t-il en m'encourageant, comme un enfant qui
veut assister à un spectacle.
Je le suis, mais je me demande sérieusement ce qui peut bien lui passer
par la tête. Je sais pertinemment que Chris ne me prêtera jamais sa voiture,
alors pourquoi s'embarrasser avec une demande aussi absurde ? L'idée de
lui demander quelque chose m'horripile au plus haut point, mais je suis
prête à jouer le jeu, par curiosité et pour satisfaire Zach qui semble s'amuser
comme un gamin allant au cirque.
Une fois en bas, je prends l'initiative de rester devant mon frère,
préférant anticiper toute confrontation éventuelle. Le président des Alphas
s'approche de nous, prêt à ouvrir la bouche, mais je lève la main pour le
faire taire, résolu à mener cette conversation pour satisfaire la curiosité de
Zach.

— On était censé aller en ville. Je ne veux plus y aller avec toi, mais
avec Kat. Prête-moi ta voiture.
— Ma voiture ? Non, mais tu rêves, Alya. Je ne vais pas te prêter ma
caisse.
— J'ai quelques trucs à acheter en ville, et je refuse d’y aller avec toi. Je
t’ai assez vu.
— Moi, je veux qu'on parle.
— Même pas en rêve. Prête-moi ta voiture.
Zach a réussi à me convaincre, et maintenant, j'ai vraiment envie de
mettre la main sur cette bagnole.
— Tu vas la casser. Je ne sais même pas si tu as le permis.
— Évidemment que je l'ai, sinon je ne te demanderais pas ta voiture, tu
es con.
Il sort les clés de sa poche et me regarde dans les yeux en alternant entre
moi et ses clés. Zach, quant à lui, reste silencieux, affichant un sourire
amusé qui lui mange tout le visage, face à la scène qui se déroule devant lui.
— On parle quand tu reviens ?
— Non, hors de question. Mais je prends ta voiture quand même.
Je tends la main pour qu'il me donne les clés, soufflant d'agacement face
à la lenteur de sa décision.
— Tu ne sais même pas où elle est garée.
— Je me débrouille. Donne les clés, Chris.
Il les claque dans ma main en soupirant, vaincu.
— Je te préviens, tu la griffes, je te tue.
— Ouais, ouais.
— Bordel de merde, celle-là, je ne l'avais pas vu venir, s'exclame mon
frère en tapant dans le dos de Chris.
— Tu n'avais pas vu quoi ?
Je le regarde, surprise par sa réaction. Après tout, c'est lui qui m'a
encouragée à faire cette demande.
— Rien... Va en ville et passe une bonne journée, sœurette.
Il maintient son regard fixé sur Chris, sans se défaire de son immense
sourire, et hoche légèrement la tête, comme s'il avait enfin compris quelque
chose d'exceptionnel. Chris, quant à lui, se mordille la joue, refusant de
lever les yeux vers mon frère. Je laisse les deux hommes régler leurs
affaires, me désintéressant complètement de la situation. Je préfère partir
rejoindre Kat, ravie d'avoir une voiture à notre disposition pour partir en
balade entre filles.
XXIX
Alya
Je fais une entrée tonitruante dans la maison en poussant bruyamment la
porte dès mon arrivée. Mon moral est en berne, mais l'idée de m'éloigner du
campus pour prendre un peu de recul me réconforte, même si cela signifie
emprunter la voiture de celui qui m’a trahi.
— Kat, on va en ville. J'ai une voiture, crié-je en direction de l'étage.
Je monte les escaliers en courant. Kat se trouve toujours dans ma
chambre en compagnie de Méline. Elles déboulent dans le couloir,
intriguées par l'intensité de mes cris. Mon hurlement était si puissant que
même Julia émerge de sa chambre. Je n'ai vraiment pas envie de la voir en
ce moment, celle-là. Un petit coup de poing bien placé dans la mâchoire
serait vraiment satisfaisant, mais je me contente de la dévisager.
Les filles me fixent tandis que je secoue les clés de la voiture avec un
grand sourire.
— Allez, venez, on va faire les magasins !
— À qui appartient cette voiture ? demande Kat, manifestement surprise
de me voir souriante.
— À Chris. Il me la prête pour aujourd'hui.
— Attends, quoi ? Chris te prête sa voiture ? s'écrie Julia, bouche bée.
Elle ne parle pas, elle crie carrément sa question. On dirait qu'elle s'est
presque étranglée en la posant. Un point pour moi, pétasse.
— Ouais, il était censé m'emmener en ville pour passer la journée juste
tous les deux, mais les choses ont pris un autre tournant et je ne veux plus y
aller avec lui. Alors il m'a passé les clés de sa bagnole. Il avait l'air
tellement désolé, comme s'il cherchait à se faire pardonner. Il se sentait
tellement coupable d'avoir couché avec toi. C'était pathétique. Il m’a
presque suppliée de la prendre.
Bon, d’accord j’exagère.
— Attends !!! Vous deviez sortir ensemble en ville... tous les deux ?
Même Méline a l'air choquée.
— Ouais. Mais avec tout ce que tu m'as dit, j'ai vidé mon sac devant tout
le monde, et j'ai tout dit à Zach aussi. Forcément, je ne veux plus passer de
temps avec lui. Mais je voulais quand même aller en ville, alors il m'a prêté
sa bagnole. Pourquoi cela vous choque autant ? Zach a déjà fait tout un
cirque à ce sujet.
— Alya, il ne prête pas sa voiture... À personne. Même ton propre frère
n'a jamais pu la conduire.
— En revanche, je ne comprends pas qu’est-ce que tu lui as dit,
m'interroge Julia.
— Méline m'a raconté toute l'histoire du concours de dépucelage, et le
fait qu'il m'ait poussée à intégrer la sororité. J'ai raconté à mon frère ce qu'il
s'est passé entre Chris et moi. Comme ça, j'ai réglé mes comptes et il n'y a
plus aucun secret.
Julia baisse les yeux, l'air plutôt gênée par ma réponse. Je ne comprends
pas très bien pourquoi cela la dérange autant, mais après tout, elle ne
m'intéresse pas et je préfère l’ignorer.
— Allez, on se tire... Méline, ça te dit de faire du shopping ?
Il est hors de question que je propose ça à Julia, et j'espère qu'elle a bien
pigé. D'ailleurs, je lui tourne ostensiblement le dos en posant la question.
Cette fille ne fait pas du tout partie de mes plans, bien au contraire. Je vais
lui rendre la monnaie de sa pièce pour ce qu'elle vient de me faire
— Ouais, une balade dans la voiture de Chris, je ne dis pas non,
s'exclame Méline en tapant des mains d'excitation.
— Je ne sais même pas quel modèle de voiture il a, lui dis-je.
— Tu vas être surprise, c'est certain. Je n'en reviens pas qu'il t'ait prêté sa
bagnole.
— Excuse-moi, Julia, tu me gênes, lui dis-je.
Elle se tient sur mon chemin et m'empêche de passer. Cependant, j'adore
l'expression qu'elle arbore, alors j'ai envie de renforcer un peu la situation.
— Allez, disons merci à monsieur Barber pour notre après-midi
shopping, grâce à sa jolie voiture, et pour son incapacité à me dire non.
Peste, moi ? mais non.
Nous sortons de la maison en suivant Méline qui rit aux éclats. Elle sait
où est garée la voiture, ce qui devrait faciliter les choses. Nous passons
devant la maison des Alphas, où Zach est assis sur les marches de l'entrée.
— À plus tard frangine, amuse-toi bien, beugle Zach.
— Fais attention quand même, me supplie le propriétaire de la voiture.
Soudain, Méline hurle en direction de mon frère, ce qui me fait sursauter
sur place.
— Zach ? Tu n'as pas vu cela venir, n'est-ce pas ?
— Pas du tout, mais la suite devrait être amusante.
— Tu m'étonnes.
Méline me prend dans ses bras. Je n'ai rien compris à leur conversation,
mais je m'en fiche. Aux vues de leur relation, cela doit être un truc entre
eux.
Une fois sur le parking, j'appuie sur la clé pour déverrouiller le véhicule,
et j'entends un bip retentir un peu plus loin. Je reste bouche bée en
découvrant le véhicule.
— Wow, c'est sa voiture ? m'exclamé-je en la contemplant.
— Ouais, et personne, je ne dis bien personne, ne la conduit, à part
Chris, lui-même.
La voiture est d'un noir élégant, avec une allure sportive qui attire le
regard. Même si je ne suis pas une experte en automobile, il est indéniable
que son design est captivant. Je m'installe derrière le volant, ressentant une
légère appréhension.
— Qu'est-ce qui se passe, chérie ? m’interroge Kat en remarquant mon
trouble, et saisit ma main.
— Je crains de l'abîmer, avoué-je.
Derrière nous, Méline éclate de rire de nouveau.
— Sincèrement, s'il te prête sa voiture, tu pourrais la démolir. Je suis
certaine qu'il serait incapable de te dire quoique ce soit.
— Tu plaisantes, je suis persuadée qu'il me tuerait sur place.
— Dis, Méline... Personne... jamais ? demande Kat les yeux plissés.
— Jamais, ma belle.
— Bah si, moi, répliqué-je, sans prêter attention à leur sourire de
conspiratrice.
J'allume le moteur, et oh la la ! Le son est magnifique. Je commence à
reculer, le sourire aux lèvres. L'excitation est à son comble, c'est comme si
c'était Noël avant l'heure. Je suis concentrée comme jamais, morte de peur
de faire une bêtise.
— Elle ne voit rien, ma parole ? s'exclame Kat en regardant Méline
assise à l'arrière.
— Quoi ? Je n'ai rien vu, quoi ? hurlé-je paniquée.
Je scrute tout autour de la voiture, craignant d'avoir pu manquer quelque
chose et de rentrer dedans. Cependant, elles rient toutes les deux, leur rire
résonnant joyeusement dans l’habitacle.
— Rien du tout, chérie, rien du tout. Vas-y, c'est mignon. J'adore ton
innocence, dit Méline.
— Ouais, si tu le dis, réponds-je sans comprendre de quoi elle parle. En
avant, direction le shopping.
XXX
Chris
— Zach, file-moi le numéro de ta sœur, s'il te plaît.
Je risque de me liquéfier sur place. Pourquoi diable ai-je laissé ma
voiture à cette fille ? Sérieusement !!!
— Pourquoi ?
— Parce qu'elle s'est déjà barrée avec ma caisse. Bordel, je n'ai même
pas eu le temps de lui montrer quoi que ce soit.
— Comment ça se fait que tu n'aies pas son numéro ? D'habitude, tu as
le numéro de toutes les filles avant tout le monde.
— Ouais, mais je n'ai pas le sien. Je la croisais tout le temps quand
j'avais besoin de lui dire quelque chose. Bref, tu me donnes son numéro, oui
ou merde.
C'est incroyable, je vais bientôt devoir le supplier pour pouvoir obtenir le
numéro de sa sœur, alors qu'elle a ma voiture. Putain, si elle lui fait une
bosse, je la tue sur place, et je lui fais la même au milieu du front, on la
prendra pour une licorne.
Je lui arrache son portable des mains, transfère son numéro et l'appelle
immédiatement.
— Allo !!! hurlé-je, mes nerfs sont bien trop sollicités pour que je puisse
parler normalement. Tu es au volant... Pourquoi tu décroches, bordel ?
— Bah parce que tu m'appelles, tu es con, me crie-t-elle dessus à son
tour déjà agacée.
— Tu n'as pas tes deux mains sur le volant quand tu es au téléphone,
bordel, tu ne devrais pas répondre.
— Bah, si, je suis en Bluetooth, banane. Tout le monde t'entend,
d'ailleurs.
Des filles éclatent de rire derrière.
— Vous êtes combien là ? Tu avais dit que tu partais avec Kat.
— Il y a Méline avec nous aussi, t'inquiète. Je t'ai laissé Julia si tu
voulais encore te la refaire dans un coin.
Génial, en plus, elle me lynche devant tout le monde.
— Tu fais attention à ma voiture. Ce n’est pas une blague, Alya.
— Ouais... Oh là là, tu es gonflant. Ah, au fait, il y a une grosse tache de
café sur le siège, mais c'était déjà là, ce n'est pas notre faute.
— QUOI ? Quelle tache ? Il n'y a aucune tache. Je vais péter les plombs,
bordel !
Je l’entends éclater de rire dans le téléphone, accompagnées des deux
traitresses qui l’accompagnent. Elle se fout clairement de ma gueule, espèce
de pestes.
— C'était juste une blague, Chris. Ne t'énerve pas autant. Bon, je te
laisse, ta voix m'horripile. Salut.
Elle m'a raccroché au nez, sérieusement ? Je n'en reviens pas. Je pense à
la rappeler pour lui dire ce que je pense, mais Zach intervient.
— Chris, laisse-la tranquille, elle va te renvoyer promener.
Zach me regarde en se marrant. Il n'y a vraiment rien de drôle, putain.
Elle a ma voiture, et je ne sais même pas où elle va avec. Je m’en fous, je
rappelle.
— Quoiiii ??? Pourquoi tu me prends autant la tête ? hurle-t-elle en
décrochant.
— Il y a combien d'essence dans la voiture ?
— Tu le sais très bien, elle est pleine, putain.
Soudain, j'entends Kat interpeller un inconnu.
— Salut beau gosse.
— Salut les filles, alors on se balade.
— Ouais, et toi, tu es tout seul ? roucoule Alya à son tour.
— Putain, Alya, arrête d'accoster n'importe qui avec ma caisse, merde.
Elles se marrent encore plus fort, et j'entends même le klaxon résonner.
— Alya !!!! Je te conseille de faire attention à ma putain de caisse et
d'arrêter tes conneries.
— Rhoooo. Tu me saoules, si les filles comptaient autant pour toi que ta
caisse, tu serais un mec plus intéressant. Bon, allez, maintenant, laisse-nous
tranquilles, tu nous gonfles, tu es lourd. Au revoir, Barber.
Elle coupe une nouvelle fois la conversation. Je regarde mon téléphone,
prêt à la rappeler, mais Zach pose sa main sur l’écran, pour m’en empêcher.
— Ne la rappelle pas, tu vas l'agacer.
— Si elle abîme ma voiture, je la tue.
— Tu ne tueras pas la fille dont tu es amoureux, même si elle détruisait
complètement ta bagnole.
— Quoi ? Je ne suis pas amoureux de ta sœur, mec, soyons clairs. J'ai
merdé, je sais, je n'aurais pas dû la toucher, mais je...
Je m'interromps, ne sachant plus vraiment quoi dire. Je ne suis pas
amoureux de cette fille. Je ne tombe pas amoureux, je ne ressens pas
d'amour. Je m'amuse, je baise, mais je ne tombe pas amoureux.
— Tu ?
— Écoute, j'ai été prévenant avec elle. J'ai avancé à son rythme. Je
voulais que ça soit différent cette fois. Elle est attachante avec son franc-
parler, son caractère de feu et sa timidité excessive. Je te jure que je n'ai pas
fait de conneries, je n'ai pas été imprudent.
— Je sais. J'ai parlé avec elle, elle m'a expliqué des choses qui m'ont
surpris, mais il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi n'es-tu pas
allé la chercher ? Pourquoi as-tu couché avec Julia ?
— Parce que je suis un connard.
C'est la vérité. Mais je préfère lui expliquer pourquoi j'ai agi ainsi. Être
honnête avec lui. De toute façon, à présent, il est au courant de tout, Méline
a tout raconté.
— Julia a débarqué furieuse dans ma chambre ce matin, criant parce
qu'elle avait entendu Alya gémir dans sa chambre et m'avait vu sortir après.
Elle a pensé que nous avions couché ensemble. Je te jure que ce n'est pas...
enfin, nous l'avons fait... mais pas de cette manière... enfin, bref...
C'est délicat de raconter ça en réalité, c'est mon pote, mais c'est son frère.
J'ai l'impression qu'il pourrait me mettre une raclée si je dis les mauvaises
choses. Je sens que ça va être une conversation tendue.
— Julia a pété un plomb parce qu'Alya n'est qu'une première année, et
elle m'a dit que si je continuais à coucher avec elle, elle révélerait que c'était
juste un point de plus pour notre concours de l'an passé. Elle te dirait à toi
que j'avais couché avec ta sœur et que je l'avais imposé à la sororité. En
gros, elle me mettrait dans la merde. Je ne voulais pas qu'Alya apprenne
tout ça, et je ne voulais pas me prendre la tête avec toi, alors j'ai cédé.
Finalement, quand Julia a commencé à me sauter dessus, je n'ai vraiment
pas eu le choix. Je me suis fait prendre à mon propre jeu. Je n'avais aucun
moyen de la repousser, cette salope. Maintenant, j'ai bien l'intention de me
faire plaisir et de l’envoyer chier.
— Je connais ma sœur, elle t'en veut, c'est sûr. Question caractère, elle
n'en manque pas, même si je trouve qu'elle est beaucoup plus expressive
depuis qu'elle est arrivée ici. Moi, je la connais comme quelqu'un de timide
et réservé.
— Timide et réservée... répété-je en repensant à nos interactions. Elle est
gênée pour un rien, c'est assez drôle, en fait.
— Arrête de coucher avec tout ce qui bouge, Chris. Peut-être qu'alors, tu
arrangeras les choses avec elle.
— Julia n'est plus en position de me faire chanter. Elle ne peut plus me
menacer.
— Tu as couché avec Anna cette semaine ?
Son ton réprobateur est évident, et je réalise que j'ai encore fait une
connerie. Une de plus.
— Alya était collée à Seb, bordel, elle me gonflait, me justifié-je.
— Et donc, tu sautes sur une autre fille ?
— Oh, arrête, on a toujours fait ça, sauter sur des nanas depuis notre
première année.
— Oui, mais maintenant, il y a ma sœur. À qui tu prêtes ta voiture,
souligne Zach.
Putain, il a raison en plus. Je lui ai prêté ma voiture
— Je voulais juste essayer d'arrondir les angles pour essayer d'arranger
les choses, c'est tout, ne vas pas imaginer quoique ce soit de sérieux, me
défends-je.
— Qui conduit ta voiture d'habitude ?
— Personne... Jamais. On ne touche pas à ma voiture, m'emporté-je Je
ne veux pas prêter ma voiture !
— Si... Ma sœur, répond ce traitre en me jetant un regard moqueur.
Connard !!!

Il me tape sur l'épaule en rigolant et se lève pour rentrer dans la maison,


alors que je reste assis comme un con sur les marches, à me rendre compte
qu’il a raison. Elle est partie avec ma caisse, j’ai accepté de la lui laisser. Je
vais la rappeler juste pour être sûr que tout va bien. Elle décroche au bout
de deux sonneries et râle déjà.
— Tu plaisantes là ?
— Où est-ce que tu es ?
— On attend la dépanneuse. J'ai loupé un virage, mais t'inquiète pas, nous
n’avons rien.
— NAN MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE ??? hurlé-je hors de
moi et paniqué.
Je vais me sentir mal.
Presque immédiatement, je les entends toutes les trois se moquer
ouvertement de ma gueule, au téléphone. Je vais faire un meurtre putain.
— Oui, Chris, je me fous de ta gueule. Ta voiture est garée dans un
parking surveillé et nous, on est en ville. On s'apprête à faire les boutiques.
T'es content ?
— Tu reviens à quelle heure ?
J'avoue qu'il n'y a pas que pour ma voiture que je pose la question, mais
ça, elle n'est pas censée le savoir.
— Je ne sais pas, on va peut-être rester en ville ce soir et faire la tournée
des bars, histoire de picoler un peu.
— Je vais te buter, si tu conduis bourrée, Alya.
— Ooouuuuuhhh, tu me fais trop peur. Je te signale qu'on est samedi. La
fête, c'est chez les Kappas ce soir, on sera rentrées vers dix-huit heures. Je
laisserai les clés dans la boîte à l'entrée de la maison des Alphas en passant.
— Sinon, je peux aussi les récupérer quand je te vois ce soir, dis-je
timidement.
Ce qui ne me ressemble pas du tout.
— On ne se verra pas ce soir. Je n’ai pas envie de te voir. Kat et moi, on
va à une autre soirée. J'ai pris ta voiture, Chris. Mais ce que t'as fait, je ne
l'oublie pas. Je ne veux plus que tu m'approches. Tu as choisi de coucher
avec Julia. Je choisis de retourner vers Seb. Salut.
Elle raccroche une nouvelle fois. Attends, elle plaisante là ? Elle va
vraiment retourner vers ce petit con.
Bon, ok, j'adore ce mec d’habitude, mais là, ça me met en rogne. J'ai tout
foutu en l'air encore une fois avec elle. J'ai l'impression de ne faire que ça,
devoir réparer mes erreurs en permanence, et là, je vais devoir m'excuser
sérieusement. Il est hors de question qu'un autre mec l'approche, surtout pas
Sebastian. Je ne la laisserai pas fréquenter qui que ce soit. Elle est à moi.
XXXI
Alya
— Tu as été vraiment dure avec lui, tu sais, murmure Kat, un soupçon de
tristesse dans les yeux.
Je lui jette un regard perplexe. Elle plaisante, j'espère ?
— Dure ? Avec lui ? Tu oublies ce qu'il m'a fait et pourquoi, je suppose.
Je ne veux même pas le revoir, et le fait qu'il m'ait prêté sa voiture ne
change rien à la merde qu'il a provoquée juste avant.
— En réalité, cela change beaucoup, Alya, intervient-elle avec douceur.
Elles ne vont pas arrêter de m'agacer avec ça. Je suis toujours fâchée, et
je n'ai aucune intention de faire la paix avec lui, du moins pas pour l'instant,
et peut-être jamais.
— Pour moi, ça ne change rien. Il a couché avec Julia.
— Mais Alya, tu as sa voiture !
— Et alors ? C'est juste un moyen de locomotion, un truc pour passer
d'un point A à un point B. Ce n'est pas non plus comme si c'était un organe
vital.
D'ailleurs, est-ce que je voudrais un de ses organes vitaux ? Non, je ne
crois pas. En revanche, il y a une partie de son corps que je lui arracherais
bien.
— Je me suis peut-être trompée, et il tient à toi, commence Méline d'un
ton hésitant.
— Oh, bien sûr ! C'est pour ça qu'au lieu de venir me chercher tout à
l'heure, il a préféré s'éclater avec cette conne. Je suis tout émue de voir à
quel point il tient à moi, dis donc. Il va bientôt me demander en mariage à
ce rythme. Bref, je veux m'acheter des tenues sexy, et vous allez me
conseiller.
— Alors, ma chérie, tu as les filles qu'il te faut, s’enthousiasme Méline.
Parfait. Cela devrait les occuper et les empêcher de me saouler avec le
crétin du jour. Pour l'instant, je ne veux plus en entendre parler. Les images
de lui au lit avec Julia me hantent encore, et j'en ai plus qu'assez. Je veux
juste penser à autre chose et profiter de cette virée entre filles pour profiter
d’un bon moment loin de lui et de toutes ces pensées tourmentées.
À dix-sept heures trente, je suis épuisée, et ma carte de crédit a
clairement surchauffé avec toutes les dépenses que nous venons de faire. Je
sais que ma mère va me passer un sacré savon quand elle découvrira le trou
dans mon compte bancaire. Mais peu importe, je me suis fait plaisir, et les
filles aussi. Cette journée de shopping était une nécessité, un moment pour
oublier les soucis, et mes copines semblent dans le même état d'esprit. Nous
jetons nos sacs dans le coffre de la voiture, prêtes à rentrer.
Méline, dans le rétroviseur, me regarde avec un sourire en coin, et sa
question ne tarde pas à tomber.
— Et du coup, c'est pour qui, cette lingerie ?
Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je devine déjà ce qu'elle
pense. Mais elle se trompe, totalement.
— Pour moi. J'ai bien le droit de me plaire, non ?
Elle est surprise par ma réponse.
— Mais bien sûr, répond-elle taquinement.
Je sais qu’elle ne me croit pas, mais peu importe.
— Non, ce n'est pas pour Chris, si c'est ce que tu penses. Après tout ce
que j'ai vécu aujourd'hui, je songe même à faire la paix avec Seb.
Finalement, il n'a pas été aussi déloyal que son président. Et puis, il me
plaisait réellement. Peut-être que nous pourrions tenter de réparer les
choses.
Le choc est visible sur le visage de Méline.
— Sérieusement ?
— Oui, pourquoi pas ? lui réponds-je en toute sincérité.
Une fois de retour sur le campus, je gare la voiture là où je l’ai trouvée.
Nous récupérons tous nos sacs, et je remarque que Kat est prise d'un fou
rire, sans raison apparente. La journée de shopping a eu l'effet escompté, et
nous sommes prêtes à laisser derrière nous tous nos soucis.
— Pourquoi tu te marre ?
— Moi ? Pour rien de spécial. Je n'ai rien fait, dit-elle en haussant les
épaules.
Hein ?
Son comportement est bizarre. Elle secoue la tête et lève les mains en l'air
comme pour prouver son innocence. Je préfère ne pas insister, je veux juste
rentrer et me préparer.
— Je ne t'ai même pas demandé si tu étais coupable, répliqué-je,
perplexe.
Elle me pousse doucement à avancer et continue de sourire. Elle devient
folle.
En remontant la rue des fraternités, je vois sans aucun enthousiasme que
Chris attend devant sa maison, faisant les cent pas, visiblement irrité. À
peine nous a-t-il aperçu qu’il s'approche de nous à grande enjambées.
— Tu es en retard ! s'exclame-t-il d'un ton accusateur.
Il se prend pour mon petit ami ou quoi ? Je fais ce que je veux.
— Excusez-moi ? Je ne me souviens pas t’avoir donné rendez-vous,
riposté-je, agacée.
— Vous avez dit que vous rentriez à dix-huit heures.
— Et alors ? J'ai également mentionné que je laisserais les clés dans la
boîte aux lettres.
— Il est dix-huit heures douze, grogne-t-il d'un ton proche de
l'explosion.
C’est. Un. Psychopathe.
Je commence sérieusement à perdre patience avec ce gars. Je suis sur le
point de le tuer. C'est une option très tentante, doucement et en le faisant
souffrir atrocement.
— Sérieusement, tu le fais exprès ? Rassure-moi tu n’es pas vraiment
aussi agaçant que ça, d’habitude ? soufflé-je, exaspérée.
— Mes clés, réclame-t-il en tapant du pied au sol.
Je lui remets le trousseau avec un sourire forcé et les laisse tomber dans
sa paume, prête à sortir une blague. Cet homme m'exaspère.
— J'ai peut-être accroché quelques voitures, mais elles étaient garées, il
n'y avait personne à l'intérieur, alors nous ne risquons rien. Nous nous
sommes sauvées, expliqué-je avec un petit rire.
— Je te jure que si elle a la moindre griffe...
Il laisse sa phrase en suspens, pensant peut-être m'impressionner.
— Ouais, je sais. Tu me fais trembler de peur, à tel point que tout mon
petit corps frémit, me moqué-je d’un air moqueur. Je lève les yeux au ciel et
pousse un soupir théâtral.
— Tu n’as qu’à aller vérifier, je m'en fiche.
— Ouais, j'y vais maintenant !!!
Je fronce les sourcils. Il est sérieux, en plus. Le pire, c'est qu'il se dirige
vers le parking, ce qui provoque l'hilarité de Kat. Elle est vraiment tarée ce
soir.
— Pourquoi tu te marres autant, toi ? lui demandé-je finalement.
— Moi ? Allez, rentrons. Nous devons nous préparer, répond-elle,
ignorant complètement ma question.
Même Méline rit. J'espère qu'elles n'ont pas fait de bêtises avec la
voiture sans que je m'en rende compte, sinon, il va vraiment être en colère.
Mon petit jeu de ne pas être impressionnée ne sera plus vraiment crédible.
Une fois de retour dans ma chambre, je dispose tous les paquets sur mon
lit. Je reconnais que j'ai peut-être légèrement exagéré avec mes achats. Je
commence à les ranger soigneusement. Puis, je m'empresse de me changer
pour enfiler les sous-vêtements en dentelle noire, incroyablement sexy, que
j'ai achetés.
Je me contemple dans le miroir, tournant sur moi-même. Je me trouve
plutôt séduisante. C'est à ce moment précis qu'on frappe à ma porte. C'est
probablement Kat qui vient m'obliger à porter la robe qu'elle a absolument
voulu que j'achète. Je décide de lui montrer que l'ensemble de lingerie me
va à la perfection, même si je l'ai acheté en pensant à Chris. Je suis bien
consciente qu'il ne le verra jamais, car je ne suis pas assez idiote pour
retomber dans le même piège. J'ouvre la porte d'un geste vif, les bras levés,
et je m'écrie :
— Alors, je suis sexy ?
Je hurle de surprise et referme brusquement la porte.
Qu'est-ce qu'il veut encore ?
— Tu es super canon. Tu peux mettre un truc plus habillé et m'ouvrir.
J'entends son rire derrière la porte, sans aucune gêne. Mais quelle idiote,
franchement. Mon visage s'empourpre instantanément. Je récupère un tee-
shirt, et l’ouvre, cette fois, plus gênée que jamais. Chris se tient devant moi,
un sourire aux lèvres, le doigt sur la bouche, pour tenter de garder un
minimum de sérieux.
— C'est moins sexy, mais c'est moins gênant, enfin pour toi. Moi, j'ai
bien apprécié le spectacle.
— Pourquoi es-tu ici ?
— Je soupçonne que c'est un coup de Kat, mais je suis persuadé que c'est
à toi, surtout après avoir vu la démonstration de lingerie. Il y avait ça sur
mon tableau de bord.
Il me tend un des strings en dentelle rouge que j'ai effectivement achetés
aujourd'hui. Je le lui arrache des mains, devenant encore plus cramoisie. Je
ne savais même pas que c'était possible.
— C'est à moi, et non, je ne l'ai pas laissé là.
Si un trou de souris avait été disponible, j'aurais tout fait pour m'y
glisser. Je suis morte de honte.
— Je m'en doutais. Je te laisse, je ne veux pas te déranger.
— Chris, heu... merci pour la voiture, c'était sympa.
— Désolé et de rien, gamine. Je sais que tu m'en veux pour tout ça, et je
comprends. Je veux juste que tu saches que je suis désolé et que j'aime
vraiment être avec toi.
— Alors pourquoi as-tu couché avec Julia ? ne puis-je m’empêcher de
demander.
Il soupire profondément, pose les mains sur ses hanches, et baisse la tête,
lorsqu’il relève les yeux pour me regarder à nouveau, son regard est rempli
de regret.
— Je peux entrer ?
Je me décale pour le laisser passer, une fois la porte refermée, je reste
adossée, un peu idiote, sans oser bouger, même si c'est ma propre chambre.
Tu es faible.
Je veux savoir pourquoi il a agi de cette façon. Je n'ai pas dit que je ne
lui en voulais plus ou que je lui pardonnerais, mais la curiosité est plus
forte. J'avoue avoir un mince espoir que je me sois trompée, même si je suis
persuadée à quatre-vingt-dix-neuf pourcents de savoir ce qu'il s'est passé
entre eux.
— Julia a débarqué ce matin en faisant un scandale sous prétexte que
j'étais proche de toi. Elle m'a menacé de tout te révéler, enfin, tout ce que
Méline a dit finalement, et de tout raconter à Zach, ainsi que ce que tu lui
avais dit. Je ne voulais pas que tu saches tout ça. Alors, j'ai cédé à ses
avances et couché avec elle, puisque c'est ce qu'elle voulait. Je n'ai pas
d'excuse. J'ai l'art et la manière de manipuler les gens, mais cette fois, c'est
moi qui me suis fait piéger dans mon propre jeu. Je voulais vraiment passer
la journée avec toi, et pour le reste. Oui, je t'ai introduite chez les Kappas
parce que je te désirais. J'ai fait en sorte que tu découvres qui était vraiment
Sebastian, car j'en avais marre de te voir avec lui. Mais ce qui s'est passé
entre nous hier et ce matin, en aucun cas je le voyais comme un moyen de
marquer des points. J'en ai marre de jouer, Alya, mais ton putain de
caractère de merde me rend dingue. Tu ne me laisses pas en placer une.
— Je te laisse en placer une là, dis-je avec un petit sourire sarcastique.
— Ouais, pour une fois. Laisse-moi rattraper mes conneries. Je te jure
que tu n'es pas juste un jeu.
— Tu as dépucelé Anna cette semaine, fais-je remarquer.
Il se mord l'intérieur de sa joue, mal à l’aise. Il ne voulait sûrement pas
que je le sache, ça non plus.
— Ouais... Je te l'ai dit. Tu étais collée à Seb et ça m'a gonflé.
J'ai rejoint mon armoire pour ranger la lingerie que Kat a laissée exprès
dans sa voiture. Je ne sais pas quoi dire. Il a tout de même tout avoué, et ce
n'est pas rien. Est-ce que je veux lui pardonner ? Lui donner une autre
chance ? Je lui en ai déjà laissé beaucoup en peu de temps, finalement.
— Tu m'as imposée juste parce que tu savais que j'étais vierge et que tu
voulais me sauter ? lui demandé-je.
— Pourquoi tu redemandes ?
— Réponds, insisté-je.
Il baisse la tête, exaspéré de devoir se répéter. Je sais qu'il va me dire
oui, et j'ai envie de lui en vouloir pour ça. C'est pour cette raison que je
veux qu'il répète. Je veux le détester.
— Oui... Mais je ne te vois plus comme ça, je te le jure.
— Tu me vois comment ? l’interrogé-je.
Il ferme les yeux, et s'il continue comme ça, il va littéralement se faire un
trou dans la joue. Peut-être que ça me donnera moins envie de lui comme
ça. Je vais le laisser faire, défiguré il cassera mes envies inavouables.
— Je n'en sais rien, répond-il. Je veux passer du temps avec toi. Tu me
fais rire, tu es gênée pour un rien, ça m'amuse. Tu râles autant que tu ris, et
quand tu es saoule, tu me gonfles au plus haut point, mais en même temps,
tu m'éclates avec tes conneries. Je sais que je ne veux pas seulement te
sauter. J'en crève d'envie, c'est sûr, mais pas seulement...
XXXII
Alya
Je suis partagée, ne sachant pas trop comment réagir. Une partie de moi a
envie de le faire sortir de ma chambre, de le repousser loin de ma vie.
L'autre partie, la plus faible, veut se jeter dans ses bras, écraser mes lèvres
sur les siennes et oublier toute cette histoire.
Ce qu'il vient de dire était étonnamment mignon. Ce n'était pas un
"pardon, je t'aime", mais quelque chose de sincère et authentique tout de
même, enfin je crois.
Je finis par m'asseoir à côté de lui, et nos regards se croisent. Ses yeux
bleu azur me transpercent, et pour la première fois, je perçois une lueur de
vulnérabilité en lui.
— Si je te laisse une chance de rattraper tes conneries, tu coucheras
encore avec Julia ?
Ma question est rhétorique, mais je la pose quand même, cherchant la
moindre réaction dans ses yeux.
— Non. Évidemment que non. Et elle... Elle est plus près de reprendre
un coup de bi... enfin, tu vois quoi.
Sa réponse est rapide et catégorique, mais je ne peux m'empêcher d'être
un peu sceptique.
Il se rapproche de moi, sa main trouvant la mienne. La chaleur de sa
paume contre la mienne me fait frissonner. Il plonge son regard dans le
mien, avec une intensité qui me fait perdre mes moyens.
— Alya, tu peux oublier cette journée, je t'en prie.
Sa voix est empreinte d'une sincérité touchante, mais je ne peux pas
m'empêcher de ressentir que cela va bien au-delà de cette journée. J'ai envie
de l'envoyer promener, de lui faire comprendre qu'il ne peut pas réparer
toutes ses erreurs si facilement. Pourtant, il y a quelque chose en lui qui me
retient. Peut-être parce que je sens que ses paroles, aussi imparfaites soient-
elles, viennent du cœur. Peut-être parce que, malgré tout, je suis toujours
attirée par lui, plus que je ne le pense.
— Non, il n'y a pas que cette journée. Tu fais de la merde depuis
longtemps en jouant avec les sentiments des autres. Tu…
Il colle ses lèvres sur les miennes sans que je puisse finir de parler.
Pourtant, je ne peux nier que l'envie est réciproque. La douceur de sa
bouche, sa chaleur qui se diffuse sur la mienne, tout en moi désire
ardemment ce baiser. Lorsque sa langue dessine le contour de ma lèvre
inférieure et s'engage dans une danse sensuelle avec la mienne, je réalise à
quel point j'ai attendu ce moment toute la journée. Ce baiser est d'une
passion dévorante, il me subjugue et commande chaque mouvement
impétueux de nos bouches. Mes bras s'élèvent instinctivement pour
s'enrouler autour de son cou.
— Tu ferais mieux de baisser les bras. Tu es en tee-shirt.
Sa voix rauque, empreinte de désir, me parvient et me fait frissonner de
la tête aux pieds.
Un sourire se dessine sur mes lèvres, mais je ne cède pas à sa suggestion,
car, pour être honnête, j'en ai simplement envie. Alors que nous nous
embrassons passionnément, la porte de ma chambre s'ouvre brusquement.
— Ah... Heu... Ok... Désolée, je repasserai plus tard, bredouille Kat.
J'ai envie de rire, mais Chris ne me laisse pas le loisir de voir la tête
surprise de mon amie. Il n'a pas quitté mes lèvres, et je ne peux que deviner
l'effet de notre baiser sur les spectateurs non invités.
Après le départ de Kat, c'est au tour de Méline de faire son entrée.
— Alya, tu veux que je te maqui... Pardon... Je... Je sors. Je suis de trop,
apparemment.
— Ok, je vais verrouiller cette porte. On dirait un moulin, ta chambre.
Chris se lève pour fermer et à peine l’a-t-il atteint qu'un nouveau coup
retentit. Je ris doucement, haussant les épaules avec une innocence feinte.
Après tout, ce n'est pas ma faute si ma chambre semble être le point de
rendez-vous involontaire de tout le monde.
Il l’ouvre, et je peux apercevoir Julia en train de pâlir en le découvrant
ici.
— Désolé, elle est occupée jusqu'à demain. Tu pourras repasser plus
tard, déclare-t-il avant de refermer brusquement la porte à son nez et de la
verrouiller, enfin.
— Quoi, jusqu'à demain ? Je prévois de faire la fête avec mes copines ce
soir, répliqué-je.
— Non, je te garderai bien occupée jusqu'à demain matin, répond-il avec
un sourire prédateur et un regard de désir.
Je rougis, me sentant extrêmement gênée, ce qui le fait éclater de rire
— Je plaisante. J'avais juste envie de te taquiner. Tu es encore gênée à ce
point-là ?
Pour toute réponse, je retire mon tee-shirt en riant, observant sa réaction.
Soudain, c'est lui qui semble perdre ses moyens. Je le pousse en arrière, le
faisant basculer sur mon lit, puis m'assois sur lui. Il m'observe intensément,
détaillant chaque courbe de mon corps. Étonnamment cette fois, je ne me
sens pas gênée qu'il me regarde. Je me sens bien, presque à l'aise. Presque.
Ses mains entreprennent de m'explorer, glissant dans mon dos jusqu'à la
fermeture de mon soutien-gorge. Il lève les yeux pour chercher mon
consentement, que je lui accorde volontiers. Sa bouche trouve ma peau, la
dévorant avec délicatesse, me faisant frissonner et faisant durcir mes tétons.
J'ai soudainement envie de lui, de passer à l'acte avec lui. Pour la première
fois de ma vie, j'y pense avec un désir irrésistible.
Il se lève en m’emportant pour inverser les rôles et m'allonger sur le dos,
continuant à savourer ma peau. Sa langue chaude la parcourt sur chaque
centimètre carré, et je me délecte de chaque sensation qu'il m'offre. Mes
mains glissent sur son ventre, caressant chaque ligne de ses abdos
parfaitement dessinés, jusqu'à sa ceinture, que je commence à défaire.
— Alya, qu'est-ce que tu fais ? soupire-t-il d’une voix chargée de désir.
Je reste silencieuse, retenant mes envies et craignant de mal interpréter
les signes. Lentement, j'éloigne mes mains de lui, anticipant un possible
refus. Mon inexpérience me rend hésitante.
Il relève son visage au-dessus du mien, cherchant mon regard.
— Alya, regarde-moi.
J'hésite, mais je plonge finalement mes yeux dans les siens. Ses pupilles
sont dilatées, leur bleu presque totalement effacé. Sa respiration est
saccadée, tout comme la mienne.
— Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il d'une voix rauque, laissant
planer une pointe d'incertitude.
Je mords ma lèvre inférieure, sentant mes joues s'empourprer. Je n'ose
pas formuler à voix haute mes désirs les plus intimes.
— Ok... je n’insiste pas, si tu ne veux pas le dire. Je te suis, m'assure-t-il
avec un sourire en coin.
Il reprend possession de mes lèvres avec un baiser enflammé.
Sous le poids de nos désirs, je me laisse emporter, incapables de bouger.
Il guide mes mains, les plaçant où il les souhaite, et reprend ses explorations
de mon corps avec passion. J'essaie de puiser dans mon courage et ma
confiance, mais je suis encore hésitante. Cependant, lorsque sa main glisse
entre mes jambes pour me caresser tendrement, une onde de désir intense
me submerge de nouveau, me donnant moi aussi envie de l’explorer
davantage. Je m'attaque finalement à sa ceinture et à la fermeture de son
pantalon, bien que je peine à les défaire. Mes doigts tremblent, révélant ma
nervosité. L'excitation qui règne dans la pièce est palpable, créant une
tension électrique entre nous. Son rire résonne, et je ne peux m'empêcher de
sourire, déterminée à poursuivre ce qui va inexorablement arriver.
— Tu me griffes, espèce de barbare.
J’enfouis mon visage dans son bras, embarrassée par ma maladresse.
Mes ongles s'enfoncent dans sa peau, mais il m'empêche de me cacher et
retire son pantalon lui-même, se positionnant entre mes jambes avec
assurance.
— Qu'est-ce que tu veux ? s’inquiète-t-il, sa voix empreinte de désir,
mais de patience.
Mes sens sont en ébullition, mais je n'ose pas encore exprimer mes
envies à voix haute. L'incertitude me tient en haleine, car je suis novice
dans ce domaine, mais une folle envie me dévore de l’intérieur.
— Toi, réponds-je d'une voix à peine audible, tandis que je me cambre
pour sentir son corps puissant pressé contre le mien.
Sa proximité immédiate fait monter en flèche ma respiration, tout
comme la sienne. Mon désir est à son comble, et je le contemple avec une
lueur de convoitise dans les yeux.
— Es-tu sûre de toi ? demande-t-il avec précaution, bien que son rythme
cardiaque s'accélère en harmonie avec le mien.
Je réalise que nous avançons à une vitesse folle, mais je ne peux pas
m'empêcher de me languir ardemment de lui. Je brûle comme un brasier, et
je veux partager ma première fois avec lui. Il m'attire d'une manière que
personne n'a jamais réussi à le faire, malgré tout ce qui s'est passé entre
nous.
— Je veux que tu prennes le temps, Alya.
— Je prends mon temps, soufflé-je, tout en souriant avec un air espiègle.
J'ai toujours ma petite culotte, et toi ton boxer.
Je le regarde avec une lueur malicieuse dans les yeux, créant une tension
sensuelle entre nous. Il rit doucement, troublé de me voir aussi audacieuse
Il se rapproche, frottant sa virilité entre mes cuisses avec une lenteur
délibérée, provoquant une délicieuse friction qui électrise ma peau. Il se
penche et colle ses lèvres contre les miennes, tout en effectuant de doux
mouvements de bassin qui me font gémir, tout comme lui. Son désir brûle
d'une intensité palpable, et je suis ensorcelée par chaque geste de son corps
qui me rapproche de l'extase.
Il redescend lentement pour retirer ma petite culotte, la faisant glisser
sensuellement le long de mes jambes avec une délicatesse qui me rend
frémissante.
— Maintenant, tu n'en as plus.
Il dépose un baiser langoureux sur mon intimité, ce qui me fait cambrer
le dos, laissant échapper un soupir de plaisir, la tête rejetée en arrière. Sa
langue explore chaque recoin de ma chair, m'envoyant dans un état d'extase
totale, et ses caresses m'emportent dans un tourbillon de sensations
enivrantes.
Je n’ai pas remarqué qu’il en avait profité pour retirer la dernière barrière
qui se dressait entre nous. Il est désormais lui aussi tout aussi nu que moi.
Je contemple son corps magnifiquement sculpté, captivée par la manière
dont il se prépare à nous unir, alors qu’il se saisit d’un préservatif dans la
poche arrière de son jean. La tension sexuelle qui règne entre nous est
presque palpable.
— Alya ?
Sa voix résonne en moi, chaude et rassurante, apaisant mes inquiétudes.
— Oui, je sais, c’est toujours nul la première fois, réponds-je à sa
demande d’autorisation voilée, laissant échapper un soupir d'anticipation.
L'envie de le sentir en moi est puissante, et chaque instant qui nous
rapproche me remplit d'une excitation électrique.
Il éclate de rire, son souffle chaud chatouillant ma nuque.
— Super, je n’espère pas à ce point quand même.
— Non, enfin, je veux dire que je sais que ça peut être douloureux.
J'essaie d'exprimer mes préoccupations, tout en le fixant intensément
sans pour autant passer pour une idiote, c’est loin d’être gagné.
Il me regarde avec tendresse, son visage s'illumine d'une lueur
bienveillante.
— Tu me diras si je vais trop vite ou si tu as besoin de ralentir, d'accord ?
sa voix est empreinte de compréhension, et ses paroles me réconfortent et
me rassurent.
— D'accord, soufflé-je sans savoir quoi dire.
Il prend ma main et la guide pour l'aider à dérouler le préservatif sur son
sexe tendu. J’essaie de canaliser les tremblements incontrôlables dû au
stress de la situation.
— Tu étais obligé d'avoir une aussi grosse queue ? plaisanté-je,
cherchant à détendre l'atmosphère tout en reconnaissant une pointe
d'appréhension.
Il rit doucement, puis m'embrasse avec fougue.
— Pardon, tu devrais peut-être t'en plaindre à mes parents, me lance-t-il,
avec un clin d'œil espiègle, semblant prendre la situation avec humour.
Je ris aussi de cette remarque, mais sous le rire, une nervosité latente me
gagne. Je m'attends à ressentir une pointe de douleur. Cependant, je suis
déterminée à surmonter cette appréhension avec lui.
Lorsqu'il se positionne au-dessus de moi, un mélange d'excitation et
d'appréhension parcourt mon corps. Son souffle brûlant caresse mon cou,
ses lèvres trouvent refuge sous mon oreille, laissant place à de tendres
morsures qui réveillent mon désir. Lentement, il se presse contre moi, son
sexe chaud frôlant le mien. Une légère pointe de douleur m'envahit lorsque
sa virilité pénètre doucement en moi. Mon poing se serre, je cherche à
m'accrocher à lui, cherchant refuge dans son baiser passionné. Nos lèvres
fusionnent dans une étreinte fiévreuse, et je ressens chaque centimètre de
nos corps qui s'unissent dans une danse intime, empreinte de désir et de
tendresse. Mon souffle s'accélère, l'anticipation et l'excitation nous
enveloppent, et je sens que nous franchissons un nouveau cap dans notre
relation.
— Ça va ?
Sa voix douce s'élève dans un souci sincère.
Je hoche la tête, enfouie dans sa nuque. Il m'envahit complètement, puis
se fige, laissant mon corps s'adapter à sa présence. Un instant de douleur se
mêle à une douceur inattendue alors qu'il commence à bouger en moi avec
une tendresse qui me surprend. L’inconfort, bien que toujours présent,
semble s'estomper sous l'attention délicate de ses mouvements. Mon esprit
se fixe sur son corps qui danse en harmonie avec le mien, sur ses baisers
sensuels, sur sa main posée sur ma hanche avec prévenance. La douleur
devient moins préoccupante, et je commence à apprécier l'expérience, à me
perdre dans la fusion de nos corps.
Je sens ses gémissements vibrer contre ma peau, et cette réalisation me
fait frissonner d'excitation. Savoir qu'il prend du plaisir décuple le mien.
Ses allers et retours deviennent plus intenses, et je serre mes bras autour de
lui, laissant échapper un gémissement de plaisir. Son rythme s’intensifie,
chaque mouvement résonne en moi, et il semble avoir du mal à contenir le
désir qui monte en lui. Soudain, il se tend, sa respiration s'accélérer. Il
pousse un dernier coup puissant, s'enfonçant profondément en moi. La
douleur refait surface, mais elle est éclipsée par le plaisir de le sentir
atteindre l'orgasme et se déverser en moi. Le souffle court, je réalise que j'ai
vraiment apprécié cette première fois. Malgré la douleur initiale, j'ai aimé sa
douceur, l'excitation partagée, et le fait de l'avoir en moi. Cette expérience
était bien au-delà de mes attentes.
XXXIII
Alya
— Comment te sens-tu ?
Sa voix résonne, chargée de tendresse, tandis qu'il reste immobile,
cherchant à reprendre son souffle.
— Je vais bien. Je vais survivre, réponds-je, esquissant un sourire taquin.
Il se retire délicatement, et je serre un peu les dents. Après avoir noué le
préservatif et l'avoir jeté dans la poubelle, il revient vers moi, m'observant
avec un regard appréciateur. La sueur perle sur sa peau légèrement hâlée,
soulignant les muscles de son corps, tandis que ses fesses sculpturales
attirent mon regard. Sa virilité, que j'ai tant désirée, continue de laisser des
frissons d'électricité onduler à travers moi.
— Tu veux mes yeux ? s’amuse-t-il face à mon regard qui le dévore
entièrement.
— Non, les miens me conviennent, merci.
J'ai du mal à croire que ma première fois vient réellement de se produire.
C'est incroyable, j'ai trouvé le courage d'aller jusqu'au bout, de ne pas
reculer au dernier moment, et je n'ai absolument aucun regret.
— Ce n’était pas si nul que ça ?
Chris rompt le silence, m'offrant une ouverture à la conversation. Je ris
doucement et secoue la tête, me blottissant contre lui. Pendant quelques
instants, nous restons ainsi, simplement emportés par la chaleur de nos
corps et le tourbillon de nos émotions. Je ne sais pas exactement quoi dire,
car mes pensées sont encore confuses. Je suis en train de prendre
conscience que je ne suis plus vierge, et que c'est avec Chris Barber que j'ai
partagé cette expérience. Au même moment, la musique se met à résonner à
l'étage du dessous.
— Tu veux descendre ?
Mon esprit formule la question, espérant en silence qu'il accepte.
— Oui, cela te dérange ?
— Non.
Au contraire, j'ai envie de retrouver Kat et de lui dire ce qui vient de se
passer. C'est peut-être idiot, mais j'ai besoin de partager ça avec quelqu'un.
Bien sûr, je ne précise pas ce détail.
— Je vais prendre une douche, d'accord ? dis-je en me levant du lit.
Il acquiesce et me sourit.
— Vas-y, je t'attends, répond-il. J'ai une salle de bain privée, ce sera plus
pratique pour la prochaine fois.
Sa mention de "la prochaine fois" me fait tourner la tête. Je le regarde,
un mélange d'étonnement et de désir dans les yeux.
— La prochaine fois ?
Il hausse les épaules, affichant un sourire amusé.
— Bien sûr, il faut que je m'assure de te faire jouir, après tout.
Ses mots me font rougir à nouveau. Il a un talent pour me mettre mal à
l'aise, et il le sait. Chris éclate de rire en voyant mon embarras.
— Tu m'énerves, dis-je en rigolant à mon tour.
Il me soulève soudain, mordillant doucement ma nuque. Il a toujours ce
regard de prédateur, celui qui me rend folle de lui.
— Ne crois pas que tu es un point, Alya, me prévient-il. Ce soir, je vais
te laisser tranquille, car je sais très bien que, même si tu ne le diras pas, tu
as mal.
Je mords ma lèvre inférieure. Il a raison. J'ai mal, j’ai l’entrejambe en
feu, mais c'est quelque chose de très intime à évoquer, hors de question que
je le dise.
— Mais je reste avec toi, et ce soir tu dormiras dans ma chambre,
poursuit-il. Et là...
Il caresse doucement mon intimité, ravivant le désir et l'excitation qui
grondent en moi.
— Tu n'auras plus mal, ajoute-t-il, sa voix grave et sensuelle. Je te
promets que tu apprécieras beaucoup plus. Et je te ferais l'amour pendant
des heures.
— Je vais dormir dans ta chambre ? demandé-je, surprise.
— J'aime mon lit, et j'aimerais t'y avoir avec moi, répond-il.
— Ne gâche pas tout ce soir, et nous en reparlerons.
— Tu n'as pas confiance en moi, hein ?
— Non, désolée. Peut-être que tu gagneras ma confiance si tu ne fais pas
n'importe quoi, mais là, honnêtement, ce n'est pas gagné, ajouté-je. Je crains
que tu repartes avec une autre fille, comme tu le fais toujours.
— Je te promets que non.
— Nous verrons bien.
Une fois douchée et habillée, j'attache rapidement mes cheveux en un
chignon. La flemme de les sécher l'emporte sur l'envie de la coquetterie.
— Tu n'en as pas marre d'être toujours plus séduisante que la veille ? me
taquine-t-il.
J'avoue que non, et tant que je continue de lui plaire, cela me convient
parfaitement. Je lui souris d'un air amusé et joueur, puis me love contre lui
pour l'embrasser. J'apprécie vraiment ses lèvres, leur douceur, la manière
dont il les plaque sur les miennes pour les posséder complètement. Je
voudrais passer des heures à simplement l'embrasser.
Finalement, nous descendons, et je repère facilement mon amie près du
bar.
— Je vais voir Kat, lui dis-je en criant assez fort pour qu'il m'entende
par-dessus la musique.
— Je suis avec les mecs, d'accord ? Rejoins-nous ensuite.
J'acquiesce et la retrouve rapidement, enlaçant sa taille.
— Ah, finalement il t'a libérée, constate-t-elle. Alors, ça va mieux entre
vous ?
Je souris d'un air énigmatique, sachant qu'elle va vouloir en savoir plus.
Kat me connaît bien, et cette histoire la titille depuis longtemps, je suis
curieuse de voir si elle se rend compte de quelque chose.
— C’est quoi ce sourire ?
— Quel sourire ? feins-je l'innocence.
— Celui qui s'affiche sur ton visage, réplique-t-elle en insistant.
— N'importe quoi, dis-je en secouant la tête. Je n'ai pas de sourire
particulier. Allons boire un verre.
Je continue de jouer les mystérieuses, prétendant que je ne sais pas de
quoi elle parle.
Mais Kat ne me laisse pas échapper si facilement.
— Alya, regarde-moi, insiste-t-elle.
Je croise son regard, mes yeux pétillant de joie, et mon sourire
impossible à effacer, révélant le secret que je brûle de partager avec elle.
— Oh mon Dieu, vous l'avez fait, s'exclame Kat.
Je ris aux éclats, plaçant ma main sur sa bouche pour l'empêcher de
parler, hochant frénétiquement la tête.
Lorsque je la retire doucement de ses lèvres, Elle me regarde avec
curiosité, avant de tourner son regard vers l'endroit où Chris discute avec les
membres de sa fraternité.
— Tu n’es plus vierge ? s’enquiert-t-elle.
— Non, je ne le suis plus, déclaré-je, toujours rayonnante de bonheur.
— Es-tu sûre de toi ?
— Pas du tout, avoué-je honnêtement. Mais même si quelque chose se
complique avec lui par la suite, je ne regrette pas ce moment. Chaque
seconde a été incroyable, et ce n’est pas comme si je pouvais retourner en
arrière.
— Eh bien, c'est une bonne chose, dit-elle. Comment te sens-tu ?
— Honnêtement, ça fait un peu mal, admets-je.
— Eh bien, avec la taille de son... tu sais, je suppose que ça a dû être un
peu difficile la première fois.
Je suis carrément choquée, elle me regarde en réagissant enfin à ce
qu'elle vient de dire.
— Oh pardon. Je ne voulais pas te rappeler que j'avais... enfin... je suis
désolée.
Je me mets à rire aux éclats. Elle a vraiment l'art de dire des choses sans
filtre quand elle n'y prête pas attention. C'est d'ailleurs une des raisons pour
lesquelles je l'apprécie. De plus, je me souviens très bien qu'elle a couché
avec lui, mais elle a très bien accepté ma demande de ne plus le faire.
— Alors, ça a l'air de bien rigoler ici.
Juste à ce moment, Chris fait son apparition en posant sa main sur ma
taille et en m'attirant contre lui.
— Je ne suis pas sûre que tu veuilles vraiment savoir de quoi on rigole,
en fait.
— Ah bon, vas-y, dis-moi quand même.
— Je disais à Alya que sa première fois n’a pas dû être facile vue la taille
de ton engin.
Chris plisse les yeux, prend une gorgée de sa bière, puis se racle la
gorge, manifestant clairement son embarras. Il cherche à éviter mon regard
et commence à se redresser, visiblement mal à l'aise.
— Génial, vos discussions. Je me casse, ronchonne-t-il en tournant les
talons.
Nous reprenons notre fou rire à sa réaction, mais il revient rapidement,
m'attrape et m'embrasse sur la bouche brusquement, comme si j'étais sienne,
avant de repartir.
— J'avais oublié de faire un truc, me dit-il avec un clin d'œil.
Nous sommes tous les deux sous le choc qu'il agisse de cette manière
devant tout le monde.
— Mooohh. C'était mignon ça, dit Kat, visiblement émue.
On ne va pas pour autant crier victoire, c'est un peu trop beau pour être
vrai. Je n'ai pas envie de m'emballer trop vite.
— S'il pouvait rester toujours comme ça, ce serait génial, soufflé-je à
voix basse.
— Tu es persuadée qu'il va tout gâcher, hein ?
— Oui, je n'en suis pas sûre, mais je le crains, réponds-je en toute
honnêteté. Je ne sais pas encore comment, mais je suis convaincue que
quelque chose va mal tourner.
Le regard de Kat se détourne derrière moi, je fais volte-face pour voir
Julia en train de discuter avec Chris. Elle tente de poser sa main sur son
torse, mais il la repousse fermement, faisant un pas en arrière. Elle insiste
en s'approchant à nouveau, elle a l'air un peu déconcertée de se faire rejeter
de la sorte. De mon côté, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine
satisfaction, d'autant plus que Chris se montre froid et autoritaire envers
elle.
— Pourquoi on ne rejoindrait pas leur groupe pour discuter ? suggéré-je,
innocemment.
— Non, tu veux juste te coller à lui pour marquer ton territoire face à
Julia, répond Kat en souriant.
En réalité, c'est précisément ce que je veux faire. Je veux montrer à cette
peste qu'elle ne peut plus l'avoir, surtout après ce coup fourré qu’elle m’a
joué. Nous rejoignons le groupe où Chris se trouve en ce moment. Je garde
le silence, tandis qu’il tourne ostensiblement le dos à tout le monde pour
s'entretenir avec Julia. Je m'installe à ses côtés, me plaçant face au groupe.
Le regard de Chris se pose sur moi, un sourire en coin aux lèvres, avant
de m'attirer doucement par la taille, me rapprochant de lui. Ses doigts
glissent tendrement dans mes cheveux, et je jette un regard glacial à Julia,
qui observe la scène d'un air abasourdi. Mais je préfère me concentrer sur
l'instant présent, enfouissant mon visage dans le cou de Chris, passant mon
bras autour de lui. C'est un endroit où je me sens incroyablement à l'aise,
bercée par son parfum unique et envoûtant. Rien ne compte plus que de
respirer cette odeur, de me fondre dans ses bras.
— Tu es satisfaite, tu as marqué ton territoire, me chuchote-t-il à
l'oreille, un sourire fier illuminant son visage.
— Non, je n'ai rien fait. Je venais discuter avec les gars.
— Bien sûr, dit-il en riant, comprenant parfaitement ma petite
manœuvre.
Julia finit par partir, et si Chris apprécie ce que je viens de faire, je peux
lui promettre de répéter l'opération à chaque fois qu'une autre fille tournera
autour de lui.
— Viens, on s'en va, m'invite-t-il, me prenant par la main et cherchant
mon approbation dans le fond de mon regard.
— Qu'est-ce que tu veux faire ? demandé-je.
— Plein de choses, mon cœur.
Le sourire carnassier qu’il affiche, me fait parfaitement comprendre ce
qu’il sous-entend.
— Chris, j’ai… J'ai mal entre les jambes. Tu ne peux pas faire ça, dis-je
gênée.
— Tu as aussi une bouche, me suggère-t-il clairement en jouant des
sourcils.
Je suis scandalisée, la bouche grande ouverte. Il glisse son doigt sous
mon menton pour l'ouvrir davantage, et un sourire taquin s'étire sur son
visage.
— Non, encore un peu plus grande, chérie, dit-il d'un ton ludique. Il faut
qu'elle soit assez ouverte pour contenir tout ce que je veux y mettre. Sinon,
on risque de perdre des précieuses gouttes de plaisir.
Je repousse sa main, embarrassée, et il éclate de rire tout en me serrant
dans ses bras, m'embrassant sur le sommet de la tête.
— Je n'ai jamais... tu vois... je..., balbutié-je.
— Oui, je sais. Je me doute bien que tu n'as jamais sucé une queue, ou
même envisagé de le faire, répond-il en souriant.
— Et si je te mords ? lancé-je d'un ton espiègle.
Il feint une expression de gravité.
— Elle sera cassée, et tu ne pourras plus t'en servir.
— Ou si je ne le fais pas bien. Tu iras voir une autre fille ?
Son sourire disparaît instantanément. Il pose son front contre le mien.
— Pourquoi penses-tu toujours que je ferai ça ?
Ses sourcils se froncent, son ton est accusateur. Il n'apprécie visiblement
pas le manque de confiance que j'ai en lui.
— Parce que tu l’as déjà fait.
— Je ne le ferai plus. Je te le promets, Alya. Je ne vais pas faire
n'importe quoi cette fois, affirme-t-il avec sérieux.
— D'accord, je ne te mordrai pas, alors, réponds-je, m'efforçant de
sourire malgré ma gêne, ce qui provoque un éclat de rire chez lui.
— Je vais t'offrir une éducation sexuelle, jeune padawan, déclare-t-il
d'un ton amusé.
— Oh, c'est sûr, toi tu es un véritable maître Jedi du sexe, avec tout ce
que tu as comme expérience, répliqué-je, essayant de garder un ton enjoué,
malgré la douloureuse vérité.
— Non, mais ça ne va pas de me parler comme ça ! C'est quoi ce
langage, mademoiselle Colins ? s'exclame-t-il feignant l'indignation.
Je hausse les épaules.
— Eh bien, je dis simplement les choses comme elles sont.
XXXIV
Alya
— On va dans ta chambre prendre des affaires et on s'en va.
J'hésite un instant. J'aimerais vraiment passer la soirée avec Kat, profiter
de la fête, mais en même temps, l'idée de passer du temps avec lui ne me
déplaît pas. Cependant, ses intentions me contrarient, et je commence à
ressentir une certaine nervosité. Chris attrape ma main et m'entraîne vers les
escaliers.
— Tu l'emmènes où comme ça ?
Méline se plante devant nous, fixant Chris de ses yeux scrutateurs et
mauvais. Je m'accroche à son bras et pose ma tête contre son épaule.
— Elle va prendre des affaires, et on va chez les Alphas, madame
l'inspectrice, explique Chris, l'agacement transparaissant clairement dans sa
voix. Il n'a aucun scrupule à le faire savoir à ma Présidente.
Méline semble sur le point de dire quelque chose, mais elle se tait
soudainement, me regardant dans les yeux avec un sourire naissant. Le
regard de Méline semble en dire long, mais elle garde le silence. Je me
demande ce qui se passe dans sa tête.
Chris, de son côté, semble préoccupé par son attitude lui aussi, mais il ne
dit rien de plus.
— Je vois que le mal est déjà fait. Tes yeux brillent, ma chérie. Ce n'est
pas du tout discret.
Je relève les yeux vers Chris, qui me fixe à son tour, un sourire aux
lèvres.
— J'avoue, on est grillés avec ça. Heureux que tu sembles heureuse, ma
belle.
Il m'embrasse le front et me pousse à avancer.
— Bonne soirée, la commissaire.
— Fais attention à elle, et pas deux fois d'affi...
— Merci, je ne suis pas stupide. Je ne vais pas répéter ça deux fois
d'affilée. Je connais le corps humain, s’agace-t-il.
Je garde le silence, mais intérieurement, je m'amuse de voir à quel point
Méline a remarqué que mes yeux brillaient. Une fois dans ma chambre, je
choisis un sac et commence à y glisser mes affaires. Pendant ce temps,
Chris est installé confortablement sur mon lit, absorbé par son téléphone.
L'atmosphère est détendue, et je me sens bien à l'idée de passer du temps
avec lui. La légèreté de l'instant présent semble effacer les préoccupations
et la colère qui m'avaient traversée un peu plus tôt.
— Je suis prête, j'ai tout ce qu'il me faut.
Il lève les yeux et me sourit d'un air amusé.
— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Il va falloir éteindre les étoiles que tu as dans les yeux. Si on croise
ton frère, je suis mort.
— Je ne fais rien. Je te jure.
— Viens là, ordonne-t-il.
Il m'attire vers lui, je m'assois sur ses genoux à califourchon laissant
tomber mon sac au sol.
— Tu as un regard magnifique, j'adore ce que je vois.
— Et qu'est-ce que tu vois ?
— L'effet que je te fais.
La chambre s'imprègne brusquement d'une nouvelle tension, une aura de
désir incontestable. Une chaleur diffuse envahit mes joues, et je ressens un
frisson électrique parcourir mon corps. Tentant de me lever pour rompre
cette étreinte torride naissante, il me retient plus fermement, me maintenant
contre lui. Ses bras puissants m'enveloppent tandis que son regard brûlant
plonge dans le mien avec une intensité dévorante.
— On y va ? tenté-je sans vraiment en avoir envie.
— Non. J'ai envie de te faire jouir. Ici et maintenant.
— Tu ne peux pas.
— Bien sûr que si.
Ses mains s'emparent de mes hanches, me collant étroitement à lui. Le
simple contact de nos corps électrise le mien. Il est déjà dur, prêt à l'action,
et son aura sensuelle est presque enivrante. Remontant ma robe jusqu'à mon
bassin, il commence à me faire bouger sur lui. Ses baisers ardents
parcourent ma nuque, son souffle caressant ma peau m'incite à incliner la
tête en arrière, lui offrant un accès total. Il couvre chaque centimètre de ma
peau de baisers brûlants, sa queue devenant plus imposante sous moi. Les
mouvements qu'il me fait effectuer déclenchent des gémissements de plaisir
incontrôlés, et le frottement de son membre contre mon clitoris m'envoie
des vagues de plaisir. J'apprécie chaque sensation, mais une envie insatiable
de davantage me dévore.
Je me redresse, agrippant sa nuque, et commence à onduler sur lui,
menant la danse. Mon corps réagit à ses mouvements, une fusion de désir et
d'excitation. L'instant devient une symphonie de sensations, et je suis prête
à explorer.
— Oh, putain... Alya, ne t'arrête pas
Je sens son plaisir transparaître dans ses soupirs et gémissements,
m'encourageant à aller plus loin, sachant que l'orgasme n'est plus très loin.
Il me serre encore plus fort, intensifiant notre contact, nos corps fusionnant
brusquement au moment où je sens mes muscles se contracter en harmonie
avec les siens.
— J'adore quand tu bouges. Bordel, c'est le deuxième boxer aujourd'hui,
tu abuses, se plaint-il en riant.
— Ce n’est pas moi. C'est toi qui m'as tirée sur toi, rétorqué-je en sentant
les battements rapides de son cœur dans sa poitrine.
Nos respirations sont encore haletantes, et il soupire en riant.
— Pourquoi tu ris ? lui demandé-je.
— Pas de raison particulière. Tu as vu que je pouvais te faire jouir, dit-il
fièrement
Je me lève de ses genoux et observe la bosse dans son jean. Il le
remarque, évidemment. Je ne suis pas du tout discrète.
— Tu veux mes yeux, gamine ?
— Tu vas m'appeler encore gamine pendant longtemps ? demandé-je
vexée.
— Oooohhhh oui, répond-il avec un sourire espiègle.
Il se lève finalement, attrapant mon sac avant de descendre avec moi.
Mais à peine avions-nous atteint le pas de la porte, la voix de mon frère
nous arrête net.
— Vous allez où, tous les deux ?
— Baisse la tête, ne le regarde pas dans les yeux, chuchote Chris d'une
voix emplie de panique.
Il semble redouter le moindre regard échangé entre mon frère et moi.
Mes yeux risquent de nous trahir, mais je ne peux pas les contrôler. On se
retourne et je tente de garder le regard rivé au sol, mais ça ne fait qu'empirer
les choses.
— On va prendre l'air, répond Chris en jouant la nonchalance.
— Avec le sac de ma sœur sur l'épaule. Tu me prends pour un idiot,
Barber ?
— Ok, faire un grand tour, réplique Chris, un peu pathétique sur ce coup.
Je me retiens de lever les yeux au ciel, tant sa réplique est ridicule.
— Vous me prenez vraiment pour un con, tous les deux. Alya, ça
t'embêterait de me regarder quand je te parle.
Chris serre ma main, signe de son anxiété.
— On va juste se balader, lancé-je en levant la tête rapidement avant de
tourner les talons tout aussi vite, mais il saisit mon épaule, feignant un rire
forcé.
— Lève les yeux, Alya, regarde-moi.
Je me mords l'intérieur de la joue et lève lentement le regard vers mon
frère.
— Chris... !! Je vais te buter, dit-il calmement, sans élever la voix.
Il saisit son ami par l'épaule, appuyant habilement sur un point sensible
pour l’empêcher de bouger ou de se débattre et l'éloigne sans ménagement.
Je récupère mon sac alors qu'il le lâche brusquement.
— Zach, lâche-le, crié-je, insistant pour qu'il le laisse tranquille.
Nous nous éloignons dans la rue déserte, et mon frère finit par le lâcher
brutalement.
— Tu te fous de moi, là ?
— Mais pourquoi tu t'énerves ?
On va juste faire un tour, je tente de feindre l'incompréhension, bien que
je sache que c'est inutile. J'ai au moins essayé.
Il me regarde en rigolant, secouant la tête.
— D'abord, ma chère sœur, tu es nulle quand tu essaies de mentir, ça a
toujours été le cas. Deuxièmement, il suffit de te regarder pour comprendre
ce que vous avez fait tous les deux, c'est écrit dans tes yeux, bon sang, et je
ne vais pas épiloguer sur la couleur de tes joues encore rougissantes.
La fureur émane de lui par tous les pores.
— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, répliqué-je en croisant les
bras sur ma poitrine, le menton relevé.
— Du fait que tu n'es plus vierge, crache-t-il avec dégoût.
Je ferme ma bouche et recule d’un pas, comme frapper en pleine
poitrine. Le regard de mon frère ne m’annonce rien de bon et j’en ai la
confirmation lorsqu’il reprend la parole.
— Chris, connais-tu l'âge de ma sœur ?
— Quoi ? C'est quoi ta question de merde ? s’énerve l’intéressé. Elle est
à l’université, elle n'a pas quinze ans.
Je sens que la situation va rapidement dégénérer. Prête à intervenir pour
faire taire Zach, je m'avance vers lui, mais il dresse sa main devant moi
pour m'arrêter.
— Alya, quel âge as-tu ? demande mon frère, le regard mauvais.
Je baisse la tête, refusant de répondre. Je me demande pourquoi il agit
ainsi. J’ai peur qu’il ne gâche tout avec Chris.
— Tu aurais dû lui demander son permis ce matin quand elle a pris ta
voiture, continue mon aîné.
La voix de Zach est empreinte de colère et d'amertume. Il manifeste
clairement sa désapprobation envers ce qui vient de se produire entre son
ami et moi, et il semble déterminé à révéler mon âge dans l'espoir que Chris
prenne ses distances et je sais qu’il le fera quand il saura.
— Je ne comprends rien, Zach. Elle est à l'université, ce n'est pas un
bébé non plus.
— Alya, tu réponds, ou je le fais, ordonne-t-il en ignorant son Président.
— J'ai 17 ans, réponds-je, tentant de rester calme.
— Dans deux mois, ma grande. Pour l'instant, tu n'es qu'une gamine de
seize ans.
Le regard fixé sur le sol, je perçois dans mon champ de vision
périphérique le mouvement de recul de Chris choqué par la révélation. Il
semble totalement abasourdi. La présence de mon frère m'irrite
profondément en cet instant.
— Comment peux-tu n'avoir que seize ans ? s'exclame Chris,
manifestant son incrédulité dans sa voix.
— J'ai sauté une classe, et je suis née en fin d'année, je m'empresse
d'expliquer.
— Oh, putain de merde, s'écrie Chris, me faisant sursauter et reculer.
Il fourre ses doigts dans ses cheveux en me dévisageant comme si c’était
la première fois qu’il me voyait.
— Je ne vois pas en quoi cela change quoi que ce soit. Je suis toujours la
même que celle qu’il y a deux minutes avant que tu ne l’apprennes.
— Tu as seize ans ! Ce n’est pas étonnant que tu étais vierge. Tu es un
bébé, s’égosille-t-il paniqué
— Je ne suis pas un bébé, répliqué-je, en criant à mon tour.
— Alya, j'ai vingt ans, je suis en troisième année, me rappelle sans
retrouver son calme.
Je me retourne vers mon frère, les larmes aux yeux, j’ai mal. Mal que
tout se finisse encore de cette façon. Et encore plus mal parce que c’est la
faute d’un être que j’aime par-dessus tout.
— Tu étais obligé de tout foutre en l'air ? Je te déteste, hurlé-je.
Je fais volte-face et retourne dans la maison en pleurant, croisant le
regard de Kat, mais je baisse la tête et monte jusqu'à ma chambre. Une fois
à l'intérieur, je claque la porte derrière moi et m'effondre sur le lit. Pourquoi
est-ce que tout tourne toujours au drame ? Pourquoi est-ce que rien ne se
passe jamais comme je le veux ? Pourquoi est-ce si difficile d'être
simplement heureuse ? Je suis à bout, et l'envie de partir m'envahit. Je
n'arrive pas à croire qu'il m'ait laissée, et sa réaction me déçoit
profondément. Après tout ce temps, je pensais que j'avais de l'importance à
ses yeux. Tout cela semblait trop beau pour être vrai, comme toujours. Tout
ça à cause d’un simple chiffre.
XXXV
Alya
La porte de ma chambre s'ouvre brusquement, révélant l'entrée précipitée
de Kat. Elle me prend dans ses bras avec une ferveur réconfortante, et
Méline la suit de près, son visage trahissant un agacement à peine
dissimulé. La pièce est baignée dans une lueur douce, provenant de la faible
luminosité de la lampe de chevet, soulignant les ombres et les émotions qui
flottent dans l'air. Entre deux sanglots, j'essaie de reprendre mon souffle.
Kat m'enlace avec une douceur rassurante, ses bras enveloppants comme
une couverture chaude dans une nuit glaciale. Méline, debout à côté, semble
presque enragée par la situation, mais ses yeux trahissent une inquiétude qui
ne demande qu'à éclater.
— Qu’est-ce qu’il a encore fait ? s'exaspère Méline d'une voix chargée
de frustration.
Je peine à articuler, cherchant les mots dans le tumulte de mes émotions.
— Non, ce n'est pas lui. C'est Zach... Il a tout gâché.
Kat, soucieuse de calmer la tension, adopte un ton apaisant et
compatissant :
— Raconte-nous ce qui s'est passé, ma chérie.
Les larmes inondent mon visage alors que j'essaie de m'exprimer :
— Il a révélé mon âge. Il a découvert que Chris et moi avions couché
ensemble, puis il a traîné Chris dehors et m'a forcée à avouer mon âge.
Méline, visiblement perturbée, finit par rompre le silence pesant.
— Tu as quel âge, en fin de compte ? demande-t-elle, sa voix empreinte
d'une curiosité inquiète.
— J'ai 16 ans.
Un cri involontaire échappe à Kat, qui porte immédiatement ses mains à
sa bouche, ses yeux s'écarquillant d'étonnement. Méline, quant à elle,
semble figée, presque comme si elle avait cessé de respirer, traduisant sa
sidération à travers son expression.
— Comment peux-tu être à l'université à 16 ans ? demande Méline, sa
stupeur peinte sur son visage.
— J'ai sauté une classe, et puis... je suis née en décembre, alors
forcément. Je n'aurai que 17 ans dans deux mois, expliqué-je comme si je
devais justifier un crime.
Les regards interloqués de Kat et Méline se croisent sans vraiment
comprendre. Méline aurait dû le savoir, pourtant elle a accès à mon dossier,
mais jusqu'à présent, personne n'y avait prêté attention. Après tout,
physiquement, je fais plus âgée, et le simple fait que nous soyons à
l'université laisse supposer que j’ai au moins dix-huit ans
— Il a dû faire un arrêt cardiaque ? lâche Méline, un sourire incertain
aux lèvres, tentant de détendre l'atmosphère.
— Il m'a engueulée en me traitant de bébé.
— Non, mais quel con... soupire-t-elle en secouant la tête.
Je hausse les épaules, déconcertée.
— C'est mon frère, le con. Je ne comprends pas pourquoi il lui a dit ça.
Ça n'avait aucun sens.
Elle pose un regard sérieux sur moi.
— Juridiquement, ma chérie, tu es mineure, contrairement à lui.
Je roule des yeux, frustrée.
— On s'en fout de ça. Zach a juste cherché à foutre la merde. Tout allait
très bien entre Chris et moi, pour une fois. Je ne vois pas en quoi le fait de
savoir que j'aurai dix-sept ans change quoi que ce soit.
— Je vais aller parler à Chris, d'accord ?
Méline s'éclipse de ma chambre, me laissant seule en compagnie de Kat
et mes larmes qui coulent abondamment. À chaque fois que je pense avoir
atteint le fond et que la situation semble s'améliorer, un nouveau
rebondissement vient l'aggraver. C'est une spirale infernale. Une fatigue
profonde s'installe, alourdissant mon cœur déjà pesant. Ce qui est le plus
difficile à gérer, c'est la colère qui me ronge, en particulier envers mon
grand frère. C'est lui qui a tout gâché, bien que Chris ne soit pas non plus
indemne de toute responsabilité.
Je ne parviens pas à comprendre en quoi mon âge, gâche tout entre nous.
C'est le même âge que j'avais lors de sa présence dans ma chambre, dans
mes draps, à la différence qu'il l’ignorait à ce moment-là. Quatre ans de
différence, au fond, cela semble relativement insignifiant.
Cependant, je suis bien consciente qu'il y a quelque chose qui pèse sur
cette situation, sinon je lui aurais déjà tout révélé.
— Je comprends mieux pourquoi tu étais vierge et timide, souffle Kat.
— Je ne suis pas une enfant.
— Non, mais tu es plus jeune que nous.
— Je l'ai toujours été. Le fait que vous le sachiez maintenant ne change
rien à qui je suis.
— Je le sais, ma chérie... mais Chris a dû avoir un sacré choc, explique-
t-elle doucement.
— Il m'a traitée de bébé, murmuré-je amèrement.
Nous avions enfin la possibilité de passer une soirée ensemble, et tout se
passait tellement bien entre nous. Pourquoi Zach a-t-il agi de la sorte ?
Pourquoi a-t-il tout gâché ? Je ressens une profonde déception envers lui.
— Tu veux boire un verre ? tente mon amie pour me remonter le moral.
— Je n'ai pas l'âge pour boire, réponds-je sèchement.
Kat laisse échapper un rire léger qui brise momentanément la tension
ambiante.
— Ton frère te permet de boire, mais il ne te laisse pas t’envoyer en l’air,
c'est vraiment étrange.
Mon regard fixe Kat, mais une très mauvaise idée commence à germer
dans mon esprit. Je vais me venger de mon frère. Il peut accepter que je me
saoule, mais il n'est clairement pas prêt à me voir avec un alpha.
Kat, percevant mon regard sournois, arque un sourcil avec méfiance.
— Pourquoi ton expression soudaine ne me dit rien qui vaille ?
Je laisse un sourire espiègle étirer mes lèvres.
— Nous allons boire, et je veux voir jusqu'où nous pouvons pousser les
limites de mon cher frère.
XXXVI
Chris
Seize ans, c'est incroyable. Mon esprit est en ébullition, mais au fond, ça
ne change rien à la personne qu'elle était avant que ce chiffre ne fasse
surface. Putain, seize ans.
Je suis assis à l'extérieur, tentant désespérément de m'abreuver d'air frais.
J'ai besoin de réfléchir. Lorsque Méline s'approche de moi avec
détermination, j'ai cette sensation au creux de l'estomac, un pressentiment
que je vais me faire fusiller verbalement, même si je n’ai rien fait. Pour une
fois, ce n’est pas ma faute.
— Chris, il faut vraiment que nous ayons une discussion, déclare-t-elle
d'un ton grave, me scrutant avec ses yeux perçants. Tu as dit à Alya qu'elle
était un bébé ? sérieusement !
— Elle n'a que seize ans, articulé-je, désespéré.
Pourtant, seize ans ou non, j'ai conscience que j'ai peut-être touché une
corde sensible en disant ça.
— Oui et tu veux que je te rappelle tout ce que tu as fait et comploter
pour sauter la gamine de seize ans.
— Non, je me rappelle parfaitement, je te remercie.
— Et la finalité, c'est que tu as couché avec elle, mais pas que Chris.
— Le reste n'a aucune importance c'est un bébé. Je ne peux pas être avec
une gamine de cet âge.
— Pourquoi ? Qu’est-ce que ça change bon sang ? Tu étais avec elle et
c'est bien la première fois que je te vois comme ça avec une fille.
— C'est la première fois que je ressens ça, mais elle a seize ans, putain
de merde !
Elle réussit à me mettre hors de moi, car je comprends parfaitement tous
les arguments qu'elle énonce, mais il m'est tout simplement impossible
d'envisager une relation avec elle. Nos quatre années de différence ne sont
que la pointe de l'iceberg, elle est mineure. Je me remémore toutes les fois
où elle s'est laissée emporter par l'excès d'alcool. Chaque souvenir évoqué
fait naître en moi un tourbillon d'émotions, un mélange entre frustration,
inquiétude et colère, me poussant à me questionner sur l'impact de ces
expériences sur elle.
— À quoi tu penses ?
— Je repense à toutes les fois où elle était ivre, et Zach n'a jamais réagi,
du moins pas comme ce soir. Mais dès qu'il a eu le moindre soupçon, dès
qu'il a vu dans ses yeux cette lueur qui trahissait ce qu'on avait fait, il a
complètement perdu les pédales.
— Elle éprouve des sentiments pour toi. Elle a fait de toi son premier. Ne
la rejette pas de cette façon, Chris, cela ne se résume pas à un simple
nombre, pas avec elle.
— Je suis désolé, mais ça ne va pas être possible entre nous. Je
l’apprécie beaucoup, mais je ne peux pas continuer. Je ne voulais pas être ce
genre de gars avec elle, celui qui prend sa virginité et s'en va. Je voulais que
ce soit diffèrent, mais je ne peux pas
— Elle n’a que seize ans Chris, elle a mal.
— Ouais, justement c'est ça le souci, c'est une gamine de seize piges.
Je préfère rentrer à l’intérieur, dégoûté par la tournure des événements.
J'aurais vraiment souhaité que ma relation avec elle puisse fonctionner, ou
au moins être différente. Malheureusement, la réalité est implacable, et il
semble judicieux de faire une pause en ce qui concerne les filles. Éviter les
complications me fera sans doute le plus grand bien.
Je retrouve les gars dans le salon, prenant place à côté de Zach, mais je
garde le silence. Après tout, je ne vois pas vraiment ce que je pourrais dire
pour apaiser la situation. Je me trouve déjà chanceux de ne pas m’être fait
casser la gueule. J'ai conscience que coucher avec la petite sœur de mon
pote, âgée de seize ans, est déjà assez compliquée. Si les rôles étaient
inversés, je serais certainement bien plus en furax et violent.
Soudain, des cris éclatent du côté de la cuisine, me poussant à m'y rendre
pour comprendre ce qui se passe. Mon cœur manque un battement lorsque
je découvre Alya et Kat debout sur le plan de travail, en train de danser
étroitement l'une contre l'autre, verre à la main, se caressant l’une l’autre
avec sensualité.
— Non mais c'est quoi ce bordel... ZACH ! hurlé-je pour le faire réagir.
Elle se fout de ma gueule ?
XXXVII
Alya
La scène dans la cuisine est hilarante. Kat est totalement collée à moi et
nous dansons d'une manière incroyablement suggestive. Le comble, c'est
que lorsqu’elle a commencé à me caresser, j'ai trouvé l'idée tellement
brillante que j'ai suivi son mouvement en lui rendant la pareille. Avec la
taille de nos robes, je suis presque certaine que ceux assis par terre ont une
vue imprenable et plutôt dégagée sur nos courbes. On s'amuse à trinquer
l'une avec l'autre.
Pourtant, lorsque j'aperçois Chris et Zach débarquer dans la pièce, l'air
complètement furieux, je ne peux m'empêcher de pousser la plaisanterie
encore plus loin. Je prends Kat par la taille, sous le regard amusé de Méline,
appuyée sur le plan de travail en face de nous. La situation devient de plus
en plus absurde, mais il est difficile de ne pas en rire.
— Mon verre est vide, râlé-je avec une moue boudeuse exagérée.
— Le mien aussi.
— Laissez-moi vous les remplir, mesdemoiselles.
Nous rions en voyant Dean nous confisquer nos gobelets, tout en nous
fixant d'un regard affamé.
— Alya, descends de là, tonne Chris, rouge de colère.
Je baisse la tête, mais mes esprits se réveillent rapidement lorsque je lui
réplique :
— Non, le bébé s'amuse parfaitement ici, je te remercie. Va plutôt
chercher une femme plus mûre à conquérir.
Un clin d'œil complice de Kat précède un baiser passionné entre nous,
sans que je puisse réagir, provoquant des cris et des exclamations des gars
présents dans la cuisine. Choquée mais hilare, je m'amuse de son audace,
tandis que je crois voir Chris et mon frère en perdre leurs mâchoires.
— Non, mais tu ne vas pas continuer à te donner en spectacle.
Descends ! répète-t-il d'un ton plus ferme, manifestement exaspéré.
— Dean remplit nos verres, et nous nous penchons toutes les deux
exagérément pour les récupérer, échangeant un regard complice, avant de
les vider cul-sec.
— Ils sont déjà vides, Dean. Tu pourrais les remplir de nouveau ?
demande Kat en prenant une voix aguicheuse exagérée.
Dean s’exécute immédiatement. Nous trinquons, puis reprenons notre
danse sensuelle.
Sebastian fait son entrée dans la cuisine, nous observant sans pouvoir
s’empêcher de sourire. Je lui fais signe d'approcher d’un geste aguicheur du
doigt, et il obéit, même s'il semble hésitant.
— Kat, on descend, j'annonce, incitant mon amie à se pencher vers Dean
pour qu'il la prenne et la dépose au sol. Sebastian suit son exemple, mais je
choisis de laisser mes bras autour de son cou, m'attachant encore plus à son
corps. La tension et le jeu de séduction persistent, et j’aime l’ambiance
électrique qui crépite entre nous.
— Merci, jeune homme, le taquiné-je, appréciant son geste.
— Tu n’es plus fâchée ?
— Non, on fait la paix ? lui proposé-je, arborant un sourire taquin.
— Carrément. Tu m'as manquée.
Il m'offre un câlin que j'accepte joyeusement et en profite pour déposer
un tendre baiser sur sa joue.
— Tu permets !
Chris me saisit par le bras, m'arrachant de l'emprise de son pote pour me
diriger hors de la cuisine. J'ai à peine le temps d'agripper mon verre rempli
avant de traverser précipitamment le salon et de me retrouver devant la
maison.
— Lâche-moi, tu me fais mal. Tu sais, un bébé, c'est fragile, lui lancé-je
avec un soupçon de sarcasme.
— Ça te plait de m’énerver, c'est ça ? rétorque-t-il, agacé.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je suis juste une petite fille pour toi. Je
t'ai dit d'aller chercher une femme, répliqué-je, une pointe d'amertume dans
la voix.
— Tu commences déjà à être saoule.
— Et alors ? Ça choque l’homme grand et fort de vingt ans que le bébé
seize ans boive de l'alcool ?
— Tu n’as même pas l'âge de boire.
— Toi non plus si tu veux vraiment jouer à ça
— Arrête de picoler, m’ordonne-t-il, avec véhémence.
— On me permet de boire de l'alcool à seize ans, mais on me dit que je
ne suis pas assez mature pour avoir des relations sexuelles. Alors, je vais
boire autant que je veux, et baiserai quand je serai majeure.
— Vas prendre ton sac, on s'en va. Tu es défoncée vu la façon dont tu
parles, ordonne-t-il.
— Oh non, mon grand, désolée, mais là, tu as manqué ta chance, craché-
je.
— Comment ça, j'ai manqué ma chance ?
— Eh bien oui, je n'ai plus envie de toi pour le moment. Maintenant, je
veux juste boire avec mes amies. Tu sais, les caprices d'un bébé, ça change
vite, lui lancé-je avec une pointe de défi. Alors bonne soirée. Ne t'en fais
pas, je suis sûre qu'avec toutes ces femmes de plus de dix-huit ans, tu
pourras te faire plaisir. Il doit sûrement y en avoir une qui saura te satisfaire
pleinement.
Je tente de regagner l'intérieur de la maison, mais il m'attrape
brusquement par le bras, m'empêchant de partir. Prise au dépourvu, je me
retourne brusquement et lui assène une gifle, je suis moi-même surprise par
mon propre geste. Cependant, je m'efforce de maintenir une certaine
prestance.
— Laisse-moi. Tu as eu ce que tu voulais. Tu m'as sautée, et mon frère
t'a offert la meilleure excuse pour te débarrasser de moi. Alors lâche-moi.
Tu m'as brisé le cœur, Chris. Tu es un salaud, mais le pire, c'est que je le
sais depuis longtemps. Le bébé peut être perspicace, mais bien trop naïf. Je
me suis laissé faire. Ne t'approche plus jamais de moi. Le reste de mes
expériences sexuelles, ce sera avec quelqu'un d'autre. Les gars ne manquent
pas chez les Alphas. Je suis sûre que je trouverai quelqu'un qui voudra bien
s'amuser et que mes seize ans ne gêneront pas.
Je tourne les talons et réussis enfin à entrer dans la maison. Il est resté là,
choqué, sans dire un mot après avoir reçu mon coup monumental. Mes
mains tremblent et mes jambes flageolent, j'ai craint sa réaction, mais je
n'avais vraiment pas l'intention de le frapper. En me retournant, je le vois
toujours immobile à travers la porte ouverte, exactement là où je l'ai laissé.
— C'est quoi cette tête ? demande Kat en me scrutant, et je réalise que je
dois avoir un visage livide.
— J'ai giflé Chris, lui avoué-je.
— Tu as quoi ? s'exclame-t-elle, visiblement surprise.
— C'est parti tout seul. Je ne voulais pas le frapper, mais il m'a énervée
et il m'a attrapée par le poignet. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai giflé.
— Il a dit quoi ? demande Kat, curieuse.
— Eh bien, rien. Je lui ai dit ce que je pensais, que pour lui, mon âge
n'était qu'un prétexte pour se débarrasser de moi après m'avoir sautée. J'ai
dit plein d'autres choses pas très sympas, je ne m'en souviens plus trop en
fait, mais tout est sorti d'un coup, et je suis partie. Il n'a rien dit. Il n'a pas
réagi. Je m'en veux de l'avoir frappé. S'il allait vers une fille pour me le
faire payer ? m'inquiété-je.
— Il ne risque pas. Regarde, répond Kat en pointant du doigt vers la rue.
Je me retourne dans la direction qu’elle pointe et le vois marchant vers
chez lui. Mon cœur se serre à la vue de son départ. Je m’en veux d'avoir agi
de la sorte. Je n’aurais pas dû le frapper, et même si je suis profondément
triste, il m'a proposé de partir avec lui. C'est moi qui ai choisi de lui dire
non, encore une fois.
— Je fais quoi maintenant ? demandé-je, cherchant des réponses.
— Il t'a dit quoi juste avant que tu ne le frappes ?
— D'aller prendre mon sac et de partir avec lui.
— Pourquoi n'es-tu pas partie ? demande Kat.
— Je ne voulais pas lui faciliter les choses. Est-ce que je suis stupide ?
— Heu… je crois ma puce.
XXXVIII
Alya
Mon dimanche a été catastrophique, tout comme la semaine qui a suivi. Il
m'a été impossible de me concentrer correctement. Heureusement, pour
l'instant, les cours sont d'une simplicité déconcertante, et je n'ai pas besoin
de trop réfléchir. Chris a été absent toute la semaine, et même Kat, qui a
passé deux nuits avec Sam, ne l'a pas croisé. La bonne nouvelle, c'est qu'elle
n'a vu aucune fille sortir de sa chambre non plus.
Ce week-end, je repars chez mes parents. Peut-être que m'éloigner des
fêtes incessantes du vendredi et du samedi me fera du bien. Cependant, Kat
boude parce que je m'en vais. La situation n'a pas changé, ni avec Kat ni
avec Méline, elles sont les seules à savoir mon âge réel, et tant mieux. Je
crois que je n'aurais pas supporté que tout le monde me considère de la
même façon que Chris... comme un bébé. La semaine a été marquée par un
sentiment d'isolement et de solitude, et je ressens un poids constant dans ma
poitrine, le souvenir douloureux de ce qui s’est passé avec Chris. Les cours
sont devenus un exutoire, car je peux m'y perdre sans avoir à penser à mes
problèmes personnels. Cependant, même si j'essaie de me concentrer, je
suis constamment distraite par les souvenirs de notre étreinte. Mon cœur
saigne, et je ne peux m'empêcher de penser à tout ce que je lui donné.
La semaine est un long tunnel obscur que je traverse sans voir la lumière
au bout. Je ne peux qu'espérer que le temps atténuera la douleur et que je
pourrai finalement tourner la page et avancer.
J'ai aussi dit à Seb mon véritable âge, comme ça, au moins, je n'aurai pas
de mauvaise surprise à l'avenir. Il n'a pas semblé trop perturbé par cette
révélation, bien que lorsqu'il l'a appris, il est resté bouche bée pendant un
moment. Mais au moins, c'est le seul Alpha que j'ai vu cette semaine. J'ai
évité mon frère autant que possible, et les filles m'ont aidée à le faire
lorsqu'il essayait de me voir en se présentant sur le pas de notre porte.
Cependant, ma mère vient me chercher plus tard dans la journée, et je vais
devoir aller chercher son sac de lessive. J'avoue que j'angoisse à l'idée de
voir leur président à ce moment-là. Je termine de rassembler mes affaires et
les pose à l'entrée de ma chambre. Puis, je prends mon courage à deux
mains et me dirige lentement vers leur maison. Une fois devant chez eux, il
n'y a étonnamment personne dehors, et la porte est fermée, ce qui est plutôt
rare. Je pénètre dans la maison et salue tout le monde découvrant Seb est en
train de discuter dans le salon avec Sam et Dean quand j'arrive.
— Tu es toujours ici ?
— Oui, je reste encore une demi-heure. Je suis venue récupérer le sac de
lessive de mon frère.
— Et pourquoi tu ne prendrais pas les nôtres aussi ?
Je ris en observant le visage désespéré de Dean, qui semble vraiment
espérer que je vais accepter de prendre leur lessive. Mais c'est hors de
question. J'imagine déjà la tête que ma mère ferait si je revenais avec des
sacs de lessive pour tout le monde.
Je m'assois sur l'accoudoir à côté de Seb et passe mon bras autour de son
épaule pour discuter quelques minutes avec eux.
— Mais vous ne rentrez jamais chez vous ?
— Moi, aux prochaines vacances, répond Sam.
— Pareil, ajoute Dean.
— Oui, moi aussi.
— Je vois qu'il y en a qui se mettent à l'aise.
Je me retourne brusquement et découvre Chris qui me fixe intensément,
son regard figé sur mon bras posé sur l'épaule de l’alpha. Prise au dépourvu,
je me lève rapidement, comme si j'avais été prise en faute, alors que je n'ai
absolument rien fait de mal. De plus, je n'ai aucune raison de lui rendre des
comptes, puisqu’il m'a rejetée.
— Est-ce que je dérange ?
— Heu... Non... Je... Je venais voir mon frère.
— Il n'est pas sur l'épaule de Seb.
Son ton est agressif, et il semble vraiment contrarié. Même Seb ne dit
rien et baisse la tête. Je le contourne et me précipite en direction des
escaliers. Cela fait seulement une semaine que je ne l'ai pas vu, mais la
douleur est toujours aussi vive de le voir sans pouvoir plaquer ma bouche
contre la sienne. J'espérais que cette période d'absence aurait apaisé mes
sentiments, mais rien n'a changé. J'ai l'impression que c'était hier.
Je frappe à la porte de Zach et l'ouvre sans attendre de réponse.
— Je viens chercher ton sac, dis-je sèchement.
— J'ai essayé de te voir toute la semaine. Où étais-tu passé ? demande-t-
il.
— Nulle part, je t'évitais, c'est tout.
Autant être franche.
— Pourquoi ?
— Attends, tu as le culot de me le demander ? répliqué-je.
— C’est encore à cause du fait que j'ai dit à Chris que tu avais seize ans
?
— Je n’'ai pas envie d'en parler. Donne-moi ton sac, je m'en vais.
— Alya, sérieux ? On ne va pas se prendre la tête, me supplie-t-il.
J'entends des pas s'approcher derrière moi, mais je m'en fiche. La colère
m'envahit et je ne peux plus la contenir. Je me mets à lui crier dessus,
libérant toute ma frustration que j’ai ressentie tout au long de la semaine.
— Me prendre la tête ? Pourquoi as-tu choisi de lui révéler mon âge ? En
quoi cela t'a-t-il aidé ? Les filles que tu sautais l'année dernière, est-ce que
tu leur demandais leur âge ? J'en doute. Je ne suis pas la seule fille de dix-
sept ans ici, et je dis "dix-sept" car mon anniversaire approche. Qui sait,
peut-être que tu as eu des expériences avec des filles plus jeunes et tu ne le
sais même pas. Tout se passait parfaitement bien avec Chris avant que tu
ouvres ta bouche. Alors oui, ça risque de finir en dispute, frangin. J'ai le
droit de me détendre et de prendre un verre, mais je n'ai pas le droit d'aimer
quelqu'un et d'avoir une relation intime avec lui ? Sérieusement ? Allez,
donne-moi ton sac, que je puisse me tirer d’ici, tu m'exaspères.
— D'aimer un mec ?
— Sérieusement, tu as l'impression que je coucherais avec n'importe qui.
Il saisit fermement mon bras, son visage se raidissant, comme s'il venait
de voir un fantôme. Son geste traduit à la fois la surprise et
l'incompréhension qui semblent le submerger.
— Je suis désolé, murmure-t-il.
— Je m'en tape de tes excuses, répliqué-je brusquement, mes émotions à
vif. Tu as tout gâché, et lui aussi d'ailleurs. Visiblement, ça ne lui a donné
qu’une meilleure excuse pour se débarrasser de moi.
Il me tend son sac, que j'arrache vivement de ses mains, avant de tourner
les talons. C'est alors que je me retrouve nez à nez avec Chris, qui me scrute
avec la même expression interdite que Zach. Je suis bien consciente de ce
qu'il vient d'entendre, mais hors de question de ressentir de la gêne pour
avoir exprimé mes sentiments. Après tout, il aurait dû se douter de ce que je
ressentais.
— Quoi ? poursuivé-je, désinvolte. Je suis la seule idiote à être tombée
amoureuse de toi ? Pfff, il faut te détendre, je vais survivre. Un salaud, ça
fait des dégâts, je le savais dès le départ, je m’en remettrais.
Je descends les escaliers d'un pas déterminé, sans même me retourner.
Mon cœur se serre en voyant certains des Alphas déjà en train de préparer
la soirée de ce soir. Savoir que je ne serai pas là me pèse profondément. Je
suis consciente qu'il ne finira pas la nuit seul. J'ai demandé à Kat et Méline
d'être honnêtes avec moi et de me dire la vérité s'il se retrouve avec une
fille.
En quittant la maison, je m'empresse de récupérer mes affaires dans ma
chambre avant de me diriger vers le parking avec Kat, où nous attendons
ma mère qui doit venir me chercher. Les émotions tourbillonnent en moi,
laissant place à un mélange de tristesse et d'incertitude quant à ce qui se
passera ce soir.
— Ça va faire bizarre d'être ici sans ma mascotte, soupire Kat, une
pointe de tristesse dans la voix.
— Bois un verre pour moi. Ou deux. Ou trois, plaisanté-je.
— En gros, je me saoule, rigole-t-elle. Au pire, j'accroche mon téléphone
à mon cou, on peut faire une visio, comme ça, tu pourrais voir la fête.
— Ça serait génial, acquiescé-je. Mais non, ça ne fera que me frustrer
davantage de ne pas être là.
— Tu reviens dimanche soir ?
— Oui. Je ne partirais qu’aux prochaines vacances, après cela.
La voiture de ma mère approche, à peine garée elle s’empresse de sortir
du véhicule.
— Bonjour, Kat, c'est ça ?
Mon amie acquiesce, et avant de partir, elle me dit avec un clin d'œil
complice :
— À dimanche, Alya, mais on s'envoie des messages tout le week-end,
d'accord ?
— Ouais, et n'oublie pas de me prévenir si tu sais...
Kat achève ma phrase avec humour :
— Oui, et je le frapperai aussi.
Ma mère me serre dans ses bras comme si elle ne m’avait pas vue depuis
des mois, une absence insupportable. Ses bras maternels sont chaleureux,
empreints d'affection, et cela fait un bien fou.
— Tu m'étouffes, lancé-je, essayant de dédramatiser l'instant.
— Je veux que tu me racontes tout, absolument tout, déclare-t-elle avec
impatience.
Un sourire tendre se dessine sur mon visage, mais une question me hante
: est-ce le moment propice pour aborder le sujet de ma virginité, surtout
dans la voiture ?
XXXIX
Alya
Nous roulons depuis déjà dix minutes, et je n'ai pas encore prononcé un
mot.
— Alors, tu n'as rien à me raconter ? L'université, les cours, la sororité,
les garçons ? ma mère interroge, avec une lueur d'excitation dans les yeux à
l'évocation du mot "garçon. Elle a toujours été bien plus intéressée par nos
vies amoureuses, à Zach et à moi, qu'à tout le reste. Les potins sont sa
passion.
J'hésite un instant, puis, de but en blanc, je déclare :
— Je ne suis plus vierge.
Le choc de cette révélation la fait sursauter, et elle donne un coup de
volant, me faisant pousser un cri et m'accrocher à la portière. J'admets avoir
peut-être été un peu directe sur ce coup-là.
— Tu quoi ? s'égosille-t-elle en se remettant correctement sur la route.
— Je ne suis plus vierge, répété-je plus doucement, en baissant la tête
pour me faire toute petite.
— Mais enfin, tu es là-bas depuis deux semaines ! réagit-elle avec
indignation
— Je sais, mais... Je... Je l'aimais.
— Pourquoi tu le mets au passé ? m’interroge ma mère, avec une pointe
d'inquiétude dans la voix.
— Parce que Zach a tout gâché
— Qu'est-ce que ton frère vient faire là-dedans ? Et qui est ce garçon ?
— Chris Barber, répliqué-je.
— C'est le garçon que nous avons vu à la rentrée ? Mais il a quel âge
— L'âge de Zach.
— Mais tu n'as que seize ans !!!
— Dix-sept, rétorqué-je, un brin agacée.
— Dans deux mois, ma fille, corrige-t-elle.
— Un mois et demi, je grogne, le temps me paraissant si précieux.
— Raaaaaaahhhhh, c'est pareil, s’indigne-t-elle. Et qu'est-ce que ton
frère a fait ?
— Il lui a dit mon âge.
— Tu ne lui avais même pas dit ? s'étonne-t-elle.
Cette conversation m’énerve, finalement.
— Non, pourquoi lui dire, ça ne change rien, j'explique en croisant les
bras sur ma poitrine comme une enfant contrariée.
— Ah, la preuve que si. Comment a-t-il réagi ?
— Pas bien. Il m'a traitée de bébé, et il m'a quittée, avoué-je, l'amertume
et la tristesse s'entremêlant dans mes mots.
Elle soupire, manifestant son empathie face à ma tristesse. J'ai toujours
tout partagé avec ma mère, donc je trouve tout à fait naturel de lui parler de
cela.
— Comment cela s'est-il passé ?
— Tu veux les détails ?
Ma voix s'élève légèrement dans les aigus, choquée qu'elle me pose cette
question.
— Pas les détails... Idiotes... Mais ce que tu veux me dire.
— C'était une expérience merveilleuse... Il était doux, patient et gentil.
J'ai des sentiments pour lui, alors c'était vraiment spécial... Ça me fait mal
que notre courte relation soit terminée, mais je n'éprouve aucun regret de lui
avoir donné ma virginité.
M
a mère m'adresse un sourire empreint de compassion, prenant ma main
dans la sienne pour me réconforter.
— Il reviendra peut-être. Tu lui as parlé ?
— Oui, mais à un moment, je me suis laissé emporter et je l'ai giflé.
— Pffff... Toi et ton fichu caractère. Je comprends qu'il se soit éloigné.
— Hey, ce n'est pas très sympa de dire ça.
Avec le recul, ma mère a raison. Cela ne fait que deux semaines. J’ai
pourtant l’impression que cela fait beaucoup longtemps aux vues de tous les
rebondissements que j’ai vécu en peu de temps.
Pendant le reste du trajet, je partage avec ma mère les détails de ma vie
étudiante, décrivant en long et en large à quel point je suis confortablement
installée à la maison des Kappas. Je lui parle de Kat et de Méline, deux
amies avec qui je me sens particulièrement proche, et je sens sa surprise
quand elle réalise que je ne parle pas à plus de filles. Toutefois, entre les
cours exigeants et ma relation amoureuse naissante et mourante, j'ai eu peu
de temps pour élargir mon cercle d'amis. Je lui assure que je vais changer
cela dès mon retour.
Je choisis de ne pas évoquer mes excès et les soirées bien arrosées,
préférant ne pas inquiéter ma mère outre mesure. Surtout que ce n’est pas
quelque chose que j’ai l’intention de réitérer dans l’avenir. J’ai bu mon
quota pour une vie entière. Je lui partage ainsi tous les aspects importants
de ma vie, tout en veillant à ne pas la surcharger d'informations.
Une fois arrivée à la maison, je m'empresse de trier mon linge pour la
lessive. J'imagine que ma pauvre mère passera tout son week-end à
s'occuper de cette tâche, mais elle le fait toujours avec amour. Je me
précipite ensuite dans le jardin pour rejoindre mon père, cherchant
chaleureusement son étreinte, marquant ainsi le début d'un week-end en
famille.
— Alors, les cours se passent bien ?
— Super.
— Parfait.
Le récit de mes deux semaines à mon père est remarquablement bref par
rapport à celui que je fais à ma mère.
Je grimpe les escaliers pour me rendre dans ma chambre, où rien n'a
bougé depuis mon départ. Mes livres prennent la poussière sur l'étagère.
J'ouvre la fenêtre pour aérer un peu, ma mère semble éviter cette pièce,
craignant peut-être la morosité s'empare d'elle.
Pendant que je suis dans ma chambre, j'envoie un bref SMS à Kat,
exprimant ma déception de ne pas être avec elle en ce moment.
Moi : coucou je viens d'arriver
chez moi trop envie d'être avec toi
La réponse ne se fait pas attendre.
Kat : coucou ma chérie on vient
d'arriver chez les alphas mais aucune
trace de Chris Méline est parti vite fait
au parking voir si sa voiture est
là. Bisous
Comment ça, il n'est pas là ? Où peut-il bien être ? Il a sûrement dû
s'éclipser avec une fille, j'en suis persuadée. Peut-être qu'il est parti avec
Julia, je ne sais où. Je ne l'ai pas vue partir non plus.
Je tente de maîtriser mes inquiétudes en rangeant les affaires que j'ai
rapportées. Ces objets prennent lentement leur place, mais mon agitation
intérieure persiste. Mon portable demeure silencieux, aucun message de Kat
n'apaisant mon anxiété.
— Alya, tu peux descendre ?
— Oui, une seconde.
Je soupire profondément, l'attente m'irrite de plus en plus. Je regrette
soudainement d'être partie, submergée par l'incertitude quant à savoir ce
qu’il fait et avec qui
— ALYAAAAA, hurle ma mère du rez-de-chaussée.
— Ouiiii, j'arrive. Qu'est-ce qu'il se...
Mon cœur bat la chamade lorsque je l’aperçois. La présence inattendue
de Chris me laisse interdite, tiraillée entre l'inquiétude et la surprise. Perdue
dans mes pensées, je reste figée au milieu des marches, incapable de trouver
les mots ou de décider comment réagir.
Ma mère tousse finalement, pour me sortir de ma stupeur, me faisant
sursauter et revenir à la réalité.
— Heu... Maman, je te présente Chris. C'est... un Alpha. J'essaie
d'articuler, bien que ma voix trahisse mon embarras.
— On s'est déjà croisés à la rentrée. Enchanté, madame.
— Moi aussi, jeune homme, répond ma mère, essayant de paraître
chaleureuse malgré la situation inhabituelle.
— Bonsoir, lâche mon père, entrant à son tour dans la maison et tendant
la main à Chris, pour lui souhaiter la bienvenue.
— Papa... Je te… Je te présente Chris, c'est le président de la fraternité
de Zach, bafouillé-je, sentant mes joues rougir de gêne.
— Zach n'est pas ici. Annonce-t-il, affichant un air perplexe tout en
essayant de comprendre ce qui se passe.
Un silence inconfortable s'installe, chacun baissant les yeux, attendant
que mon paternel finisse par comprendre de lui-même.
— Oh... Vous n'êtes pas venus pour Zach, c'est ça ?
— Non, monsieur, en effet, répond Chris tendu.
— Nous allons monter dans ma chambre.
— La porte restera ouverte, ajoute ma mère d'une manière amusée.
Je lâche un soupir discret alors que je lève les yeux au ciel pour montrer
mon agacement.
Je guide Chris à l'étage, prenant sa main pour l'entraîner avec moi dans
ma chambre.
— Laisse-moi deviner... Tu dis tout à ta mère ?
— Oui, tout, sauf mes soirées bien arrosées, réponds-je froidement.
— Génial, je suis surpris d'avoir passé le seuil de la porte.
Nous entrons dans ma chambre, et je remarque un sourire curieux qui
étire les coins de sa bouche alors qu'il explore les lieux.
— Bienvenue dans la chambre d'une adolescente de seize ans, pesté-je
en m’asseyant sur mon lit, lui offrant l'espace pour me rejoindre.
Cependant, Chris est plus absorbé par la découverte de ma chambre. Ses
yeux parcourent chaque coin et recoin, de ma collection de livres à la pile
de papiers sur le bureau. Il s'attarde sur les photos accrochées au mur,
chacune d'entre elles racontant une histoire, chaque sourire figé dans le
temps de mes années lycée.
— Ça va, je ne te dérange pas ? demandé-je, remarquant son intérêt
soutenu pour chaque détail.
— Ça fait bizarre.
— Quoi ?
— De voir ta véritable chambre, pas celle de l'université, celle où il y a
ta vraie personnalité.
Je me sens soudainement exposée, comme si ma chambre révélait des
facettes de moi que je n'avais pas prévu de partager. Mon intimité dévoilée
à un invité imprévu
— En réalité, il n'y a pas vraiment de différence. Je n'ai rien sur les murs,
à part quelques photos, juste mes livres et mes affaires personnelles que je
n'ai pas besoin là-bas, répliqué-je, tentant de minimiser l'impact de ses mots
— C'est ça, c'est ce que je dis, ta personnalité.
— Qu'est-ce que tu fais là, Chris ? je demande, encore étonnée de sa
présence soudaine.
Il laisse échapper soupir.
— Je suis parti sur un coup de tête, mais je t'avoue qu'après une heure et
demi de route, je me suis posé la même question.
Je fronce les sourcils, intriguée par sa réponse.
— Et t'as trouvé la réponse dans l'heure et demi qui a suivi ?
La sonnerie soudaine de mon téléphone brise notre conversation. Je
décroche et le place devant moi, le visage anxieux, lorsque je réalise que
l’appel est en visio.
—Coucou ma chérie.
Kat apparaît sur l'écran de mon téléphone, son sourire chaleureux et sa
voix emplie d'enthousiasme.
— Oh, j'ai tellement envie que tu sois là pour danser avec moi, chouine-
t-elle.
— Ouais... moi aussi, je réponds, sentant un pincement de tristesse de ne
pas être physiquement présente avec elles.
— Bon, Méline est allée au parking, la voiture de Chris n'y est pas, et
personne ne sait où il est, explique Kat.
— On va essayer de savoir où il est passé, et on te fera notre rapport,
hurle Méline à ses coté pour passer au-dessus du brouhaha ambiant.
— Ouais, ne t'en fais pas, on finira bien par trouver quelqu'un qui sait où
il est. Si jamais il est avec une fille, on lui arrachera les couilles, vocifère-
kat.
Un silence maladroit s'ensuit, et je réalise soudainement que Chris a
entendu chaque mot. Mon visage s'empourpre de honte, et je baisse la tête,
souhaitant simplement disparaître. D'un geste rapide, je tourne le téléphone
pour que la caméra soit dirigée vers lui, lui donnant l'opportunité de réagir.
Ses yeux révèlent une pointe d'amusement, et il hoche la tête pour les saluer
avec un sourire qu'il essaie de réprimer. Je remets le téléphone face à moi,
incapable de le regarder dans les yeux, submergée par une gêne
grandissante.
— Je te laisse du coup, je marmonne, la honte me serrant la gorge.
— Eh bah oui, je m'en doute. Désolée, la prochaine fois, on sera plus
discrètes, et ce sera à toi de nous faire un rapport dimanche, conclut Kat au
bord de l’hilarité.
Je lui fais un signe de la main et raccroche.
Mon Dieu, je veux mourir.
XXXX
Alya
— Tes copines étaient censées m'espionner ? m'interroge Chris,
visiblement amusé par mon embarras.
— Non... pas du tout... Elles... Tu n’as pas répondu. Pourquoi tu t'es tapé
trois heures de route pour venir jusqu'ici.
Alors que j'attends désespérément sa réponse, ma mère interrompt notre
conversation en poussant la tête à l'intérieur de ma chambre, un sourire
chaleureux aux lèvres.
— Toc toc toc. Désolée de vous déranger, annonce-t-elle avec une
gentillesse désarmante.
Ma frustration monte d'un cran, sachant que je ne vais probablement pas
obtenir de réponse à ma question en suspens. C'est une torture.
— Chris, vous voulez dîner avec nous ?
Je me retourne rapidement, les yeux écarquillés, espérant que Chris
refusera poliment. Cependant, il accepte avec un sourire courtois. J’ai envie
de lancer mes boules de chaussette dans la tête de ma génitrice.
— Très bien, je vous laisse discuter.
Je me retourne rapidement, penchant la tête sur le côté, attendant
désespérément cette satanée réponse.
— Je ne sais pas, souffle-t-il finalement.
C'est tout ce que j'obtiens après tout ça ? Un pathétique « je ne sais
pas. »
— Mais enfin, tu te tapes six heures de route aller-retour pour un simple
« je ne sais pas pourquoi » ? Tu plaisantes ?
Chris secoue la tête, et un soupçon de douceur émerge dans ses yeux.
— Non, je n'avais pas envie d'être sur le campus sans toi. Toi, tu étais ici,
alors j'ai mis quelques affaires dans mon sac et je suis monté dans ma
voiture.
— Comment as-tu eu mon adresse ? demandé-je, essayant de
comprendre ce qui l'a poussé à faire un tel voyage.
— Je suis le président, j'ai accès aux dossiers, répond-il avec un sourire
en coin.
— De ta fraternité, pas de mienne.
Il me renvoie un regard amusé.
— Aux dernières nouvelles, tu as la même adresse que ton frère.
Ah bah ! oui je suis bête.
Je me taperais la tête contre un mur parfois.
— Tout ça pour une gamine de seize ans, ça fait beaucoup de route,
commenté-je hargneuse, croisant les bras sur ma poitrine.
— Peut-être qu'il n'y a pas que la gamine de seize ans qui est tombée
amoureuse dans l'histoire.
Je reste bouche bée, laissant ses paroles résonner en moi. J'ai
l'impression de fondre sur place, submergée par un mélange de chaleur et de
nervosité. Ses mots ont touché une corde sensible en moi, et je sens mon
cœur battre plus fort. J'essaie de trouver des mots, de formuler une réponse,
mais ma gorge est sèche, et mes pensées sont un tourbillon confus. Chris a
révélé son sentiment, et cela a bouleversé mon univers d'une manière queje
n'aurais jamais imaginée. Je ne sais pas si je viens de rêver ou s’il l’a
vraiment dit.
— Tu es morte ? demande-t-il, son sourire taquin ne quittant pas son
visage.
— T'as... T'as dit quoi ? je bafouille, encore sous le choc de sa
révélation.
Mes joues s'empourprent, et je me rends compte que ma respiration est
devenue saccadée.
Il soupire et saisit doucement ma main, élargissant son sourire, bien que
la gêne se lise clairement sur son visage.
— Ne me fait pas répéter. Je ne suis pas doué pour ça, tu as compris,
avoue-t-il avec une légère hésitation.
— Répète-le, insisté-je.
Après un nouveau soupir, il reprend :
— Il n’y a pas que toi qui es tombée amoureuse dans l'histoire. Je ne le
dirai pas une troisième fois, grogne-t-il finalement.
Il n'a clairement pas l'habitude d'exprimer ses sentiments de cette
manière. Mais attendez, il vient de me dire... qu'il ressentait des choses pour
moi ? pour de vrai ?
Juste au moment où j'allais répondre, ma mère hurle du bas des escaliers.
— À TABLE ! crie-t-elle à plein poumon.
Je reste interdite, mes yeux se fixant sur Chris. Il m'observe, attendant
probablement une réponse.
— Tu prévois de dire quelque chose ou tu comptes me laisser dans cet
état ? demande-t-il, suppliant.
Je suis choquée, sans voix, incapable de formuler quoique ce soit.
— Je suis littéralement sous le choc, je n'ai aucune idée de ce que je dois
dire, avoué-je finalement.
— Est-ce que c’est un bon ou un mauvais signe ?
Mon cœur palpite à un rythme effréné, et je m'efforce de déglutir
péniblement avant de lui poser LA question cruciale.
— Tu as des sentiments pour moi ?
Il me fixe, avec incrédulité.
— Alya, sérieusement ? Tu m’as écouté au moins ?
— ALYAAAAA, crie ma mère de plus belle depuis l’étage du dessous.
— OUIIIIII... !!! hurlé-je à mon tour, faisant grimacer Chris. On ferait
mieux de descendre avant qu'elle ne monte.
Je me lève du lit et m'apprête à descendre. Soudain, Chris glisse sa main
autour de ma taille, me bloque et me fait pivoter vers lui. Ses lèvres
trouvent les miennes, m'embrassant tendrement.
Un frisson parcourt mon corps, et mes jambes menacent de fléchir. C'est
irréel. Je suis ici, dans ma chambre, avec Chris, et il m'embrasse. Mon cœur
bat la chamade alors que le temps semble suspendu.
Juste au moment où j’entends ma mère commencer à monter les
escaliers, je le repousse doucement et m'empresse de courir vers les
marches, laissant derrière moi ce moment inattendu, riche en émotions et en
sensations.
— Ça va, ne t'énerve pas, j'étais au téléphone avec des amis de là-bas. Je
ne pouvais pas les laisser en plan, quand même.
Une fois à table, l'atmosphère est lourde de malaise, et nous nous
regardons tous dans le blanc des yeux sans savoir quoi dire. Je suis assise à
côté de lui, mais je n'ose même pas bouger. Je me demande même s’il
respire. Heureusement, mon père met fin à la torture silencieuse.
— Alors, Chris, vous étudiez quoi
— La réalisation, répond-il avec empressement.
— Oh, comme Zach. C'est bien. Et est-ce que ça vous plaît toujours ?
— Oui, sans aucun doute. J'ai eu la chance de pouvoir travailler cet été...
Chris raconte à mon père pratiquement tout son été sur un tournage, et il
est clair qu'il est passionné. On ne peut plus l'arrêter. Quant à ma mère, elle
me lance un petit regard en coin, accompagné d'un léger sourire. Je sais
qu'elle aimerait me poser des questions, mais elle n'ose pas. Cependant, elle
semble ravie par cette visite impromptue.
— Et toi, Alya, tu ne m'as rien dit sur les cours ?
— Si, j'ai dit que ça se passait super, confié-je simplement en haussant
les épaules et jouant avec mes petits pois.
— Rien d'autre à dire ? Tu es moins explicite que ton petit ami.
Je lâche ma fourchette dans mon assiette, totalement choquée par ses
paroles. Ma bouche est grande ouverte, et mes yeux fixent mon père,
incrédules.
— Quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ? demande-t-il innocemment.
— Heu... Chris... Chris n'est pas... Je veux dire... On n'est pas ensemble.
— Ah, pardon, je croyais. Venir jusqu'ici après un trajet de trois heures
n'est pas anodin. Désolé.
— Max !! le réprimande ma mère un léger sourire amusé aux lèvres.
Mon père éclate de rire avec sa fourchette encore dans la bouche, tandis
que ma mère le fixe d'un air désapprobateur. Pour ma part, je me sens
complètement désemparée, comme d'habitude, ne sachant ni quoi dire ni
quoi faire, tout en essayant de jeter des regards furtifs à Chris pour voir
comment il réagit à aux paroles de mon père. Son sourire s'agrandit, et j'ai
l'intuition qu'il va en remettre une couche.

— Alors Chris, vous passez le week-end avec nous comme ça Emy ne


fait pas la route dimanche ? demande mon père, une taquinerie évidente
dans la voix.
Je lâche une seconde fois ma fourchette. Il plaisante, n'est-ce pas ?
— Ma chérie, tu ne sais pas manger sans faire tomber ta fourchette ? se
moque mon paternel
— Heu... Je... je ne veux pas m'imposer, bafouille le pauvre Chris,
désemparé.
— Oh non, la chambre de Zach est libre puisqu'il est resté à l’université.
Pas de souci. Vous êtes le bienvenu.
Je vais mourir. Au secours. Passer le week-end complet ici ? C'est la
situation la plus embarrassante qui soit.
— En fait, c'est l'anniversaire d'une fille de la sororité demain, si j'aide
maman avec les lessives, Chris et moi pourrons partir demain en fin de
journée, et finalement, je pourrais lui faire la surprise d'être là.
— C'est qui cette fille ? interroge ma mère.
— Kat... Tu l'as rencontrée, elle était dans la même chambre que moi.
Elle a été acceptée en même temps que moi.
— Heu, d'accord, vous repartirez demain après-midi alors.
Je suis soulagée, et visiblement, lui aussi, vu le soupir qu'il laisse
échapper. Nous achevons le dîner, et Chris m'aide à débarrasser la table.
C'est amusant de faire ça avec lui. En réalité, je me rends compte que là-
bas, on ne fait pas grand-chose de très banal, comme cuisiner et débarrasser.
Nous n'avons même jamais passé une soirée ensemble sans fête ni alcool.
— Nous, on remonte. Je vais lui montrer la chambre de Zach, et on va
regarder un film, annoncé-je.
— Très bien. Nous, on va chez les Potter à côté, boire un café. Si tu as
besoin de quelque chose, tu ne nous déranges pas.
L'humour de mon père, je désespère. Je remonte avec Chris et l'emmène
vers la chambre de mon ainé, alors que je les entends quitter la maison.
— Ton père est marrant. Il me fait penser à toi, commente Chris.
— Pourquoi à moi ? m’offusqué-je.
— L'art et la manière de mettre les pieds dans le plat. De dire quelque
chose et de réfléchir après que c'est dit.
— Je ne suis pas comme ça, râlé-je.
— Bien sûr que si. Tout sort sans filtre de ta bouche, et tu fais le tri une
fois que c'est sorti .
— Au moins, on sait ce que je pense.
— Un peu trop parfois, rétorque-t-il.
— Je suis sur mon territoire. Tu veux vraiment me chercher ici ?
— Ouais, et tes parents sont sortis. J'ai donc une autre manière de te
chercher.
Il me pousse avec une certaine fermeté dans ma chambre, puis me
projette sur mon lit, se mettant au-dessus de moi, il plaque ses lèvres sur les
miennes, m’embrassant avec fougue.
— Tu es dingue, ils sont dans la maison d'à côté. On ne peut pas faire.. .
Il passe carrément sa main dans ma petite culotte sans sommation.
— Tu es en manque ou quoi ?
— Ouais, je n'ai couché avec personne cette semaine à cause de toi. Tu
as légèrement envahi mes pensées.
Oh mon Dieu, il pénètre déjà ses doigts en moi, et ses mouvements sont
à la fois rapides et profonds, provoquant des vagues de plaisir qui me
submergent. Mes gémissements s'intensifient à mesure qu'il explore mes
désirs les plus intimes. D'une main fiévreuse, je commence à défaire sa
ceinture et à ouvrir son jean, révélant son érection palpitante. Lorsque je
glisse ma main à l'intérieur de son boxer, je sens clairement l'ardeur de son
désir, son souffle devenant plus irrégulier à chaque caresse.
D'un geste habile, il retire sa main de mon intimité et me débarrasse de
mon tee-shirt, révélant ma peau à l'air chargé de désir. Puis, d'un
mouvement déterminé, il ôte mon jean et ma culotte, laissant mon corps nu
se presser contre le sien. Cette proximité érotique crée une tension
électrique entre nous, nos souffles se mêlant, nos peaux se caressant, nos
désirs se consumant dans l'ardeur du moment.
— Est-ce que tu as une contraception ?
— Non, je réponds simplement, mon souffle s'accélérant alors que nos
corps se rapprochent davantage.

— Putain, je vais te tuer, marmonne-t-il.


Il fouille rapidement dans son portefeuille, en sort un préservatif, et le
déroule sur son membre. J'observe attentivement ses gestes, me sentant
légèrement gênée lorsqu'il me surprend en train de le regarder, mais je ne
peux pas m'en empêcher.
— Tu me diras si ça te fait mal, d'accord ?
J'hoche la tête en signe d'approbation, puis je le sens entrer en moi. C'est
une sensation bien différente de la dernière fois. Mon corps réagit de lui-
même en se cambrant, et un gémissement involontaire m'échappe.
— Ça va ? demande-t-il.
— Mmm... oui, réussis-je à articuler.
Plus que bien, même. J'apprécie énormément la sensation de son corps
nu contre le mien, son poids m'enveloppant. Il me donne de légers coups de
reins, et la sensation de gêne disparaît complètement, laissant place à un
plaisir intense. Je gémis de plus en plus, le surprenant même par l'intensité
de mes réactions.
Il comprend que j'aime ce qu'il fait et accélère le rythme. Mes mains
parcourent sa peau, ressentant chaque mouvement de son corps entrant et
sortant du mien, de plus en plus profondément. Nos respirations
s'accélèrent, et une fine couche de sueur perle sur nos peaux, nous unissant
dans la passion de l'instant.
Il persiste avec une ardeur dévorante, allant plus profondément, plus
intensément. J'adore la manière dont il éveille en moi toutes ces sensations.
Mon corps se tend, et je serre son épaule dans ma main, mes ongles
s'enfonçant légèrement dans sa peau au moment où il m'emporte avec lui
dans l'apogée de notre plaisir.
— C'est bien mieux que la première fois, je souffle.
Il éclate de rire en essayant de reprendre son souffle, puis il se laisse
tomber sur mon corps, couvert de sueur.
— Tu devrais vraiment prendre la pilule, d'accord ?
— Je vais voir ça, je réponds.
— Et puis, tu devrais aussi te calmer avec tes ongles. Tu m'as déchiré
l'épaule, plaisante-t-il.
Cette fois, c'est moi qui ris. Je sais très bien ce que j'ai fait. Je voulais
laisser une marque sur lui pour qu’on puisse voir qu'il est à moi.
XXXXI
Alya

Au réveil, je me demande si la journée précédente était bien réelle. Chris


est venu me rejoindre ici, m'a confessé son amour, et nous avons partagé un
moment intime. Ensuite, nous avons passé le reste de la soirée enlacés
devant un film. Je ressentais une profonde frustration de ne pas pouvoir
dormir avec lui, mais je savais que mes parents ne l'auraient pas toléré.
Je me lève, enfile un tee-shirt, et décide de traverser le couloir pour
vérifier s’il dort toujours.
— Où vas-tu, jeune fille ? me bloque ma mère au milieu du couloir, les
sourcils froncés, les bras croisés sur la poitrine, elle tape du pied au sol.
— Je voulais juste vérifier si Chris est réveillé, bafouillé-je.
— Tu n’as rien oublié ? remarque-t-elle.
Je m'en rends compte soudainement, je n'ai pas enfilé de short. À
l'université, je me promène fréquemment dans cette tenue, et j'avais oublié
que ce n'était pas tout à fait approprié ici.
— Je vais mettre un short alors, je propose innocemment.
— Oui, et dépêche-toi.
Je retourne dans ma chambre et enfile le premier que je trouve, qui, je
l'admets, est à peine plus long que mon shorty. Cependant, cela semble
satisfaire ma mère lorsque je repasse devant elle en soulevant mon tee-shirt
pour lui montrer avec un sourire forcé qui lui montre toutes mes dents.
J'ouvre la porte doucement pour vérifier si Chris est toujours endormi.
— Tu as déjà enfilé ton short ?
J'entends son rire alors qu'il se redresse.
— Ça t’amuse ?
— Ouais. J'aurais préféré que tu viennes nue, mais bon, on ne peut pas
toujours obtenir tout ce que l'on souhaite dans la vie.
— Arrête.
— Oh, c'est vrai, tu es timide.
— Tu ne disais pas ça hier.
— Ni maintenant. Il m'attire doucement vers lui, posant son pouce avec
précaution sur mon clitoris et commence à jouer doucement.
— Non, ne fais pas ça, mes parents pourraient arriver à l'improviste.
Chris !!!!!
Ses taquineries suscitent en moi à la fois de l'embarras et du désir. Son
souffle chaud effleure ma peau, éveillant mes sens et les amplifiant à
mesure que ses caresses deviennent plus intenses. Mes pensées
s'embrouillent sous l'influence du plaisir montant, mais le danger d'être
découverts ajoute une pointe d'adrénaline à l'équation. Mon cœur
s’accélère, et chaque son, chaque effleurement semble incroyablement
intensifié dans l'intimité de cette pièce.
Pourtant, malgré la passion brûlante qui nous unit, l'angoisse que l’un de
mes parents entre brusquement perdure. Mes pensées oscillent entre la
chaleur du désir et la prudence. Les sensations mêlées de plaisir et d'anxiété
créent un mélange enivrant, rendant chaque instant palpitant.
— Allonge-toi, Alya, m'ordonne-t-il d'une voix ferme.
— Si ma mère entre dans la chambre, elle va nous tuer, je réplique, ma
voix oscillante entre d'inquiétude et plaisir.
— Allonge-toi, répète-t-il avec insistance.
Il apprécie clairement d'être obéi, et il semble que toutes les filles qui ont
croisé son chemin avant moi aient cédé à ses moindres désirs sans
hésitation. Cependant, il est important de noter que nous sommes chez mes
parents.
— Non, rétorqué-je, résolue.
Il fronce les sourcils, mais un petit sourire en coin se dessine sur ses
lèvres, signe de son amusement face à ma rébellion.
— C'est la première fois que quelqu'un me dit non, commente-t-il.
Je me lève précipitamment et ouvre les rideaux juste à temps, alors que
ma mère entre dans la chambre, arborant un sourire chaleureux.
— Le petit déjeuner est servi, annonce-t-elle.
— Heu, merci, marmonne-t-il, manifestement surpris par l'arrivée
soudaine de ma mère sans même avoir frappé à la porte.
Elle s'éclipse, me laissant jeter à Chris un regard particulièrement
éloquent.
— Tu vois, je savais que je ne devais pas t'obéir.
— Elle m'aurait surpris avec la tête entre tes cuisses. Elle aurait conclu
que je prenais déjà mon petit déjeuner.
Je lui assène un coup de poing sur l'épaule. Comment ose-t-il dire une
chose pareille ?
— Je suis sûre qu'elle aurait adoré. Allez, Monsieur Barber, debout, j'ai
une montagne de lessive à faire si tu veux te sauver d'ici rapidement.
D’un geste brusque, il me tire sur le lit, me chevauchant pour
m'immobiliser.
— Comment tu m'as appelé ?
— Monsieur Barber, je réponds avec un sourire narquois.
— Tu m'appelleras toujours comme ça maintenant.
— Dans tes rêves, répliqué-je avec une pointe de défi.
Il s'amuse à me chatouiller les côtes, déclenchant des rires incontrôlés.
Mes efforts pour me débattre se révèlent futiles sous le poids de son corps.,
je le frappe tout en criant de plus belle.
— Tu le diras ?
— NON, JAMAIS, je réplique avec fermeté.
— Jeunes gens bruyants, bonjour à vous quand même, déclare soudain
une voix grave.
Chris se fige brusquement, se redresse et tourne la tête vers mon père. Il
se dépêche de se dégager de mon corps et répond timidement, à peine
audible, un « bonjour Monsieur ».
— Salut papa, j'interviens, m'empressant de me lever pour lui faire un
bisou.
— Ne panique pas, Chris, le rassure mon père. Je ne vais pas me
scandaliser d'une simple bagarre de chatouilles.
Il le tutoie, ce qui surprend tout le monde. Je me retourne vers le beau
brun, qui est devenu tout rouge, complètement embarrassé. C'est amusant
de le voir ainsi.
Une fois à table, je décide de préparer des tartines de confiture, peut-être
parce que c'est ce que je faisais toujours pour Zach. Je les tends à Chris, qui
me regarde faire avec un sourire.
— Alors, qu'avez-vous prévu de faire aujourd'hui ? demande mon père.
— Les lessives, soupiré-je. Je déteste ça.
— Personnellement, j'aimerais bien aller laver ma voiture. La route ne l'a
pas épargnée, et elle est vraiment sale.
— Tout ce qu'il te faut est dans le garage. Fais-le sans souci ici, dis mon
paternel en l'encourageant.
— Oh, je ne veux pas vous embêter. Je peux aller à la station.
— Ça ne me dérange pas du tout, Chris. En plus, on a encore du soleil,
profite-en.
— Ok, merci.
— Il est obsédé par sa voiture, je précise en riant.
— Je ne suis pas obsédé par ma voiture, je veux juste qu'elle soit propre,
se défend-il.
— Attends, tu rigoles. Tu ne m'as pas lâché d'un pouce le jour où tu me
l'as prêtée pour sortir avec les filles. C'était presque comme si tu voulais me
donner une leçon de conduite.
— Personne n'a jamais touché ma voiture, et toi, avec ton caractère de
cochon, tu m'as fait un scandale pour aller faire du shopping avec tes
copines.
— C'est Zach qui m'a dit de te demander ta voiture, pour voir si tu
voudrais me la prêter.
— Zach ?
— Oui. Et je te l'ai rendue comme si elle n'était jamais sortie du parking,
je te le rappelle.
— Oh ! tu as conduit ?
Oh là ! Ma mère s'apprête à mettre les pieds dans le plat, je sais qu'elle
n'aime pas vraiment que je prenne le volant.
— Ouais, mais j'étais avec des copines, je réponds en tentant de
minimiser les choses.
— La grosse voiture qui était garée devant ? demande-t-elle.
— Oui, mais il avait mis les petites roues, je tente de plaisanter.
— Ne te moque pas de moi, Alya. Tu n'as pas suffisamment d'expérience
en conduite pour ce genre de voiture. Tu es un vrai danger public.
— Justement, maintenant j'ai de l'expérience, et je ne lui ai pas abîmé, je
te signale.
— Tu n'as que seize ans. Tu viens à peine d'obtenir ton permis, et tu
empruntes la voiture de Chris, qui, à mon avis, est bien trop puissante pour
toi et bien trop chère.
— J'aurai dix-sept ans bientôt ! Et je n'ai pas endommagé sa voiture,
crié-je.
— C'est vrai, madame conduit très bien, intervient Chris.
— Chris, tu n'étais même pas dans la voiture, réplique ma mère en
fronçant les sourcils.
Chris baisse la tête et glisse sa main sous la table pour la poser sur ma
cuisse, cherchant à me calmer. A contrario mon père affiche un sourire
complice et me fait un clin d'œil, il se moque bien de la voiture que je
conduis. Il se lève pour débarrasser sa tasse de café dans le lave-vaisselle.
— Bon, moi je vais voir Robert et je rentrerai pour le déjeuner, annonce-
t-il.
Il dépose un tendre baiser sur le front de ma mère avant de quitter la
maison. Je reste toujours autant remontée contre elle. Évoquer mon âge
devant Chris m'agace, alors je préfère finir mon petit déjeuner en silence et
boudeuse.
— Chris... Je ne veux plus qu'elle conduise ta voiture.
— De toute façon, tu ne sauras pas si je le fais, réponds-je d'un ton
calme.
— ALYA ! s'écrie ma mère, tapant sur la table en me lançant un regard
en colère. Je lui rends son regard, déterminée. Je sens qu'il y en a un qui
doit se sentir plus que mal à l'aise en ce moment. Mais je ne vais pas laisser
ma mère me ridiculiser devant lui
— Dans le salon, ma fille, tout de suite, ordonne ma mère.
Je soupire, me levant de table, bien que je sache que cela ne servira à
rien d'y aller. Elle risque de crier, et Chris entendra tout, même de la
cuisine. Une fois dans le salon, elle semble prête à exploser.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— Quoi ? Mais rien, je réponds, essayant de feindre l'innocence.
Comme prévu, elle se met à crier, et je m'imagine Chris seul dans la
cuisine, entendant chaque mot.
— D'abord, tu m'annonces que tu as couché avec ce garçon, et
maintenant tu conduis sa voiture, tu bois de l'alcool aussi.
— Mais non, je ne bois pas, et puis je suis assez grande pour conduire.
J'ai mon permis, lui rappelé-je. Si je veux conduire un bulldozer, je
conduirai un bulldozer.
— Non, c'est un autre permis pour ça, tu dis n'importe quoi, réfute-t-elle
en secouant la main au-dessus de sa tête.
— Je m'en fiche. Tu n'as pas fait d'histoires quand je t'ai dit que j'avais
couché avec lui, et maintenant ça t'embête ? Il faut te décider ! Tu n'as pas
fait de scène à Zach quand il est venu avec cette fille avec qui il a perdu sa
virginité, et il était plus jeune que moi, je te signale.
La confrontation avec ma mère est tendue, et les émotions couvent sous
la surface, tant chez moi que chez elle. Mon discours est empreint d'une
pointe d'indignation, et je sens la colère monter en moi en la comparant à
ma situation passée avec mon frère Zach.
— C'est un garçon.
— Je ne vois pas le rapport, réponds-je, perplexe.
— Tu pourrais tomber enceinte, elle ajoute avec sérieux.
Là, je m'interromps brusquement, un mouvement de recul involontaire.
Ses paroles me laissent sans voix.
— Je ne suis pas inconsciente, et lui non plus. Nous nous sommes
protégés, je réplique, choquée qu'elle ait pu dire ça.
Je cesse de crier, sidérée par ses paroles.
— Désolée, je sais. C'est juste que je t'ai laissée là-bas, encore comme
mon bébé, et tu reviens deux semaines après en tant que jeune femme. Je
n'aurais pas dû m'emporter. Je sais que tu es une jeune fille responsable, et il
a l'air d'être un garçon bien.
— Je n'irais pas jusque-là, mais il fait des efforts, apparemment, je
réplique. Alors, ça veut dire que je peux conduire sa voiture et coucher avec
lui ?
— ALYA ! s'écrie ma mère, scandalisée.
Je n'arrive pas à réprimer un éclat de rire en plein visage de ma mère,
avant de retourner dans la cuisine. C'est seulement quand je croise le regard
de Chris que je réalise qu'il a vraiment tout entendu, y compris ma dernière
phrase.
XXXXII
Alya
Je baisse la tête tentant de contenir mon fou rire. Chris, lui, n'ose même
plus regarder ma mère en face.
— Tu as terminé ? lui demandé-je.
— Oui.
Je commence à débarrasser la table, pendant que ma mère se dirige vers
la laverie pour entamer les lessives. Chris, les mains remplies de vaisselle,
m'aide en silence, et je commence à m'agacer. Est-il vraiment si mal à l'aise
?
J'essaie de minimiser, mais il prend ça sérieusement, visiblement. Il
semble vraiment touché par ce que j'ai dit à ma mère.
— Tout va bien ? je demande calmement.
— Non... tu as vu ce que tu as dit à ta mère franchement ? Je ne sais plus
où me mettre.
— Quoi ? C'était pour plaisanter.
— Ça ne me fait pas rire. Tu as à peine seize ans et tu as le culot de lui
poser une vieille question totalement idiote en lui demandant si tu peux
continuer de coucher avec moi et conduire ma voiture.
— Je vois que finalement tu n'as pas digéré la révélation concernant mon
âge, constaté-je amère.
— Non, et je tiens à te prévenir tout de suite, que tu le prennes bien ou
non, le fait que nous soyons ensemble restera entre nous, personne au sein
de nos maisons ne doit le savoir.
— Parce qu'on est ensemble ? je m'exclame, surprise
Là, dans sa phrase, ce n'est pas le côté secret qui m'a frappé en premier,
mais le fait qu'il veuille que nous soyons ensemble. Et je crois qu'il le voit
clairement dans mes yeux.
Il esquisse un sourire, baisse la tête et me tend le bras pour que je le
rejoigne, ce que je fais sans hésiter. Il enlace ma taille et pose son front
contre le mien, soupirant profondément
— Alya, commence-t-il doucement, je suis un Alpha. Tu dois
comprendre que nous ne sommes pas habitués à nous afficher en couple.
Mais tu sais que pour moi, tu es différente. Oui, j'ai envie d'être avec toi. Je
pense que le simple fait que je sois ici en est la preuve. Cependant, je veux
que, pour l'instant, cela reste un secret entre nous. Ton frère n'apprécierait
pas, crois-moi, surtout en raison de ton âge.
— Mais tu coucheras avec d'autres filles ?
— Oh, bien sûr, répond-il sarcastiquement. Tous les jours, même.
Son ton ironique m'énerve, et je le repousse en grognant, ce qui le fait
éclater de rire.
— Non... je ne coucherai qu’avec toi... juste toi, répond-il finalement. Je
te le promets.
Il m'embrasse tendrement, le doux goût de café encore présent sur ses
lèvres. Mais notre intimité est interrompue lorsque ma mère se racle la
gorge dans l'entrée de la cuisine. Chris me repousse brusquement, comme
s'il venait de se brûler, et je ne peux m'empêcher de sourire devant sa gêne
face à ma mère.
— Je vais te voler ma fille, Chris. Fais comme chez toi, nous n'avons pas
pour longtemps.
— On va où ? demandé-je surprise.
— Tu verras.
— Non, dis-moi, insisté-je.
Je peux clairement voir que ma curiosité exaspère ma mère. Cependant,
lorsqu’elle se retourne vers moi, affichant un petit sourire en coin, je
comprends que je n'aurais pas dû insister.
— À la pharmacie. Tu vas prendre la pilule, ma fille.
Chris devient rouge écarlate et se pincer l'arête du nez en baissant la tête.
En revanche, le regard amusé de ma mère me prouve qu'elle vient de
prendre un malin plaisir à nous mettre tous les deux mal à l'aise.
Vingt minutes plus tard, alors que nous entrons dans la pharmacie,
l'embarras m'envahit complètement. La pharmacienne s'approche de nous
avec un grand sourire, me connaissant depuis ma plus tendre enfance.
Toutefois, cette familiarité ne m’apaise en rien. Je me sens presque jugée,
comme si je venais d'exposer ma vie intime devant tout le monde. Mon
regard se fixe au sol, mes joues meurtries par la tension.
— Bonjour, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
— Je suis venue chercher la pilule pour Alya.
Je détourne le regard pour cacher mon embarras, je voudrais me fondre
dans le carrelage.
— D'accord. Est-ce la première fois que tu vas la prendre ?
Ma mère me donne un coup de coude pour que je réponde. Je suis
muette, incapable de formuler une réponse. Je jette un coup d'œil à ma
mère, espérant qu'elle réponde à ma place.
— La prends-tu pour régulariser tes règles ou parce que tu as des
rapports ? me demande-t-elle.
Ma mère me trahit en répondant à ma place.
— Elle a des rapports.
Est-elle obligée de parler si fort ?
Traitresse !
— Sinon, à part ça, comment se passe l'université ?
Oh mon Dieu, je voudrais juste disparaître. Je lui offre un léger sourire
forcé avant de répondre du bout des lèvres.
— Les cours se passent bien.
— Aurais-tu besoin de préservatifs ?
La question me met au supplice, et je suis prise de panique. Le sol
pourrait-il s’ouvrir, pitié. Ma mère, visiblement amusée de me voir dans cet
état, répond finalement pour nous deux, me sauvant de la honte intersidérale
que je ressens. J'ai hâte que cette situation gênante prenne fin, priant pour
qu'elle n'aille pas plus loin dans son interrogatoire. Tout ce que je veux,
c'est disparaître.
— On va en prendre aussi.
On dirait qu'elle fait ses courses dans une épicerie, sérieusement ? La
pharmacienne rassemble tout dans un petit sachet en papier et me le donne,
scellant la fin de notre visite embarrassante.

Je fixe le petit sac avec appréhension, n'osant pas le prendre. Ma mère


me donne de nouveau un coup de coude pour me pousser à agir. Je finis par
l'agripper, le cachant maladroitement derrière mon dos.
— Et bien, bonne journée, nous souhaite la pharmacienne avec un
sourire professionnel, comme si de rien n'était.
Une fois de retour dans la voiture, je sens toujours la chaleur de mes
joues. Le regard moqueur de ma mère est posé sur moi, et je réalise que
cette visite restera gravée dans ma mémoire comme l'une des plus gênantes
de ma vie.
— Comment peux-tu avoir une vie sexuelle, alors que je te vois si mal à
l'aise à la pharmacie, avec une simple boîte de pilules et des préservatifs ?
— C'était gênant, j'ai eu l'impression de passer pour une dévergondée.
— Ou une enfant qui couche avec des garçons, peut-être ?
— Un garçon, maman, juste un garçon... lui.
Après être rentrée à la maison, je décide de monter dans ma chambre et
découvre Chris allongé sur mon lit, en train de feuilleter mes albums
photos.
— Mais, qu'est-ce que tu fais ? m'écrié-je.
— Tu étais cheerleader ? me demande-t-il en souriant.
— Rends-moi ça, je réplique en essayant de lui arracher l'album des
mains, mais il se redresse rapidement et m'en empêche.
— Non, pas celle-là. Elle mérite d'être encadrée, insiste-t-il.
Il me montre une photo de nous formant une pyramide, où je, me
trouvais au sommet, du moins jusqu’à l'instant précis où la base a cédé,
capturant le moment où je m'effondrais sur tout le monde.
— Arrête, tu es méchant, marmonné-je.
— Tu étais magnifique dans ton petit uniforme. Je ne m'attendais pas à
ça, vu à quel point tu es timide.
— J'étais l'exception du groupe, lui réponds-je
Je range soigneusement mon album à sa place.
— Alors, comment s'est passé la pharmacie ? me demande-t-il.
— Tellement gênant. D'ailleurs, ma mère a pensé à toi, dis-je en lui
lançant les préservatifs qu'elle a achetés.
Il rit et s'affale sur mon lit, la tête en arrière. J'adore ce bruit, il fait vibrer
chaque parcelle de mon être.
— J'aurais adoré voir ta tête, ça devait être incroyable, ajoute-t-il.
— C'était tellement embarrassant, Chris. Je n'ai jamais été aussi mal à
l'aise. La pharmacienne me regardait avec un grand sourire pendant que je
rougissais de honte.
— Ma pauvre chérie, plaisante-t-il en me tirant sur le lit pour m'enlacer.
— Je ne suis pas une enfant, je te rappelle. C'était juste horrible.
— Ouais, mais quand tu commenceras ta pilule, je n'aurai plus besoin de
ça, dit-il en montrant les préservatifs éparpillés.
— Et si je l'oubli ?
Son visage change instantanément de couleur et son sourire s’efface.
— Je te tue, affirme-t-il. Ne l’oublie jamais, jamais. Je mettrai une
alarme sur mon portable et sur le tien.
— Eh bien, tu sembles très motivé, remarqué-je.
— L'idée d'être en toi sans ce bout de plastique... carrément, murmure-t-
il en posant ses lèvres sur les miennes.
XXXXIII
Alya
En fin d'après-midi, les lessives sont enfin terminées. J'ai tout rangé dans
les sacs et chargé dans la voiture de Chris. Cependant, à mon grand
désarroi, il a passé l'après-midi avec mon père à discuter de basket. Je le
retrouve sans grande surprise dans le salon, devant une rediffusion d'un
match que ni l'un ni l'autre n'a eu l’occasion de voir.
Je suis frustrée, non seulement je me fiche complètement de ce sport,
mais j’aurais aimé être la compagnie qu'il a envie d'avoir, au lieu
d'apprécier autant celle de mon paternel.
— Ça y est, on peut y aller ? je demande, cherchant à mettre fin à cet
après-midi sportive.
— Attends la fin du match. On part après, me répond Chris sans quitter
des yeux l'écran.
— Il reste encore plus d'une demi-heure de jeu, je râle.
— Chuuuuttttt, fait-il d'un geste de la main en l'air.
Une vague d'agacement monte en moi. Je saisis mon téléphone pour
vérifier le score du match sur Internet. Son attitude m'exaspère, et tout ce
que je veux, c'est partir.
— Les Bulls gagnent 82 à 78. On peut y aller maintenant ? Ma voix
trahit mon impatience. Les deux se retournent brusquement vers moi, me
fixant intensément. À cet instant, je me demande sérieusement si je ne
devrais pas fuir en courant.
— Pourquoi as-tu fait ça ? me demande-t-il d'un ton accusateur.
— Je veux partir. On a trois heures de route, et il est déjà seize heures
trente, réponds-je avec impatience.
Tu me déçois, ma fille. Vraiment, réplique mon père en boudant.
— Je m'en fiche. C'est bon, tu es prêt maintenant.
Il soupire et marmonne dans sa barbe avant de saisir son téléphone et ses
clés de voiture sur la table basse.
— C'est nul ce que tu as fait.
Je prends le temps d'embrasser rapidement mes parents et promets de les
appeler dès mon arrivée à l'université, répétant cette assurance une
vingtaine de fois pour rassurer ma mère.
Une fois dans la voiture, il démarre, et la musique envahit l'habitacle. Il
la baisse rapidement, me lançant un sourire, puis recule dans l'allée. Un
dernier signe à mes parents, et ils disparaissent de ma vue.
Je saisis mon téléphone pour envoyer un message à Kat, l'informant de
mon retour et de la possibilité de partager un verre ce soir.
— Tu fais quoi ? me demande-t-il.
— J'envoie un message à Kat pour lui dire qu'on rentre et qu'on pourra se
retrouver à la soirée de ce soir.
— Non, tu n'y seras pas, rétorque-t-il.
— Pourquoi ?
— C'est chez les Kappa ce soir. On pourra être tranquille dans ma
chambre, alors c'est clair que tu ne vas pas retourner te bourrer la gueule
avec tes copines. Et on sait tous deux que ce n'est pas son anniversaire,
comme tu as pu mentir à tes parents, déclare-t-il d'un ton assuré, levant un
sourcil accusateur.
Je suis déçue, d'autant plus que je lui ai déjà envoyé le message. Je ne
veux pas annuler tout de suite, on ne sait jamais s'il change d'avis ou si je
parviens à le persuader d'y aller même pour une courte durée.
Je m’ennuie à mourir et décide de trifouiller à la radio, afin de mettre un
peu d’ambiance. Sa musique est affreuse, je n'aime pas du tout ce vieux
rock, le genre de musique que mon père écoute.
— Je peux savoir ce que tu fais ?
— Je change la musique, c'est nul, réponds-je en toute franchise.
-C'est ma voiture, ma musique.
— Ce sont mes oreilles qui sont en train de saigner, rétorqué-je.
— Remets la station précédente, ordonne-t-il.
— Non, il n'y a pas que monsieur Barber dans la voiture, rétorqué-je,
avec une pointe d'insolence.
— Non, mais Mademoiselle Colins devrait vraiment arrêter de toucher à
ma radio si elle ne veut pas dégager de ma caisse, et rentrer à pied.
— Tu oserais ? lui lançai-je, le défiant du regard.
Il braque brusquement et quitte la route principale pour s'engager sur un
chemin de terre. À ce moment-là, une légère anxiété s'installe en moi, et je
commence à regretter ma décision de l’avoir chercher. Une pensée me
traverse l'esprit : peut-être devrais-je rapidement remettre sa musique, aussi
horrible soit-elle, pour éviter de me retrouver sur le bord de la route avec
mes sacs.
Finalement, il stoppe la voiture et coupe le moteur, créant une
atmosphère soudainement dramatique. Le silence qui s'ensuit est lourd, et je
me demande ce qui va se passer. Va-t-il vraiment me demander de
descendre ? Son regard fixe le tableau de bord, puis se tourne lentement
vers moi, une lueur malicieuse dans les yeux.
— Alors, Mademoiselle Colins, prête à respecter les règles de la
voiture ? lance-t-il, un sourire en coin.
Je pèse le pour et le contre, hésitant entre ma fierté et le désir de mettre
fin à cette situation inconfortable. Après un moment de réflexion, je lâche
un soupir résigné et remets la station précédente, acceptant tacitement les
règles de la route et de la musique pourrie.
Il détache sa ceinture et incline son siège en arrière sans dire un mot, me
fixant intensément, scrutant mon visage d'une manière inhabituelle. Ses
yeux se plissent légèrement, esquissant un sourire en coin.
Je commence à réaliser ce qu’il a en tête. Un rapide coup d'œil autour de
moi confirme que nous sommes seuls sur un petit chemin bordé d'arbres.
— Non, lui dis-je en secouant la tête, essayant de réprimer le malaise
grandissant.
— Alya, tu me rends dingue avec ce que tu penses être un short, déclare-
t-il.
— Il peut y avoir des gens qui se promènent, regarde, nous sommes au
bord d'un chemin de randonnée.
— Je m'en fous, j'ai envie de te baiser, ici et tout suite, répond-il de
manière crue.
— Non. Et on ne dit pas ça comme ça, riposté-je, cherchant à maintenir
un semblant de décence.
— Pardon, bébé. Voudrais-tu bien avoir l'obligeance de monter sur ma
queue et d’y coulisser, afin que je puisse t'entendre crier, lance-t-il avec une
vulgarité qui me fait rougir de honte. Sa façon de s'exprimer est
délibérément grossière, et le pire, c'est qu'il semble prendre plaisir à me voir
paniquer, scrutant chaque réaction.
Je résiste à l'embarras et reste inflexible, refusant de céder, surtout dans
cette voiture, au milieu de nulle part, où nous pourrions être facilement
repérés. Mon regard se détourne, scrutant nerveusement les alentours,
cherchant une issue.
Il libère ma ceinture et se penche, déposant des baisers sensuels le long
de mon cou tout en glissant sa main entre mes cuisses.
— Chris, je n'ai jamais fait ça dans une voiture, chuchoté-je.
— Je le sais bien. Étant donné que je suis le seul avec qui tu as
expérimenté le sexe, je suis au courant de chacune de tes expériences, bébé,
répond-il, son ton dégageant une assurance presque provocante.
— Ne m'appelle pas bébé, grogné-je.
— Laisse-moi t'emmener là où tu n'es jamais allée
— On va nous voir ! je souffle, interrompue par les sensations de sa
main qui commence déjà à m’explorer.
Sa bouche s'attarde avec une délicatesse calculée sur ma peau, savourant
chaque instant, tandis que son souffle chaud chatouille mon oreille,
suscitant des frissons incontrôlables. Il connaît l'impact de ces gestes, et il
semble s'en délecter bien trop souvent à mon goût. La tension monte,
s'entrelaçant avec un désir interdit, me laissant prise entre l'inconfort et la
curiosité.
— Il faut que tu enlèves ton tee-shirt, Alya, me lance-t-il d'une voix
ferme.
Je m'exécute, laissant seulement mon soutien-gorge en place, offrant
ainsi un accès libre à ses baisers. D'un geste rapide, il tire sur le bonnet de
dentelle, libérant mon sein de sa prison textile, et le lèche avec un appétit
vorace.
Ses mains expertes défont le bouton de mon short, se déplaçant
habilement pour faciliter son retrait, emportant par la même occasion ma
lingerie. Un frisson me parcourt lorsque je sens ses doigts habiles explorer
ma peau.
— Viens sur moi, bébé, murmure-t-il d'une voix rauque, teintée de désir.
La situation devient de plus en plus intense, chaque sensation exacerbant
un mélange complexe d'excitation et de nervosité. Mon esprit oscille entre
le poids de l'instant présent et une réserve intérieure, alors que ses mots
chargés d’envie résonnent dans l'habitacle de la voiture, créant un cocon
d'intimité qui nous enveloppe, me faisant presque oublier le risque de se
faire surprendre.
Je glisse ma jambe au-dessus du levier de vitesse et le chevauche, ne
portant plus que mon soutien-gorge comme unique vêtement. Cependant, il
se charge rapidement de m'en défaire. L'érection naissante entre mes jambes
est déjà palpable. Ses mains caressent mon dos, descendant avec une
détermination calculée jusqu'à mes fesses. Sa langue, chaude et empressée,
s'enroule autour de mon téton, faisant naître des gémissements
involontaires.
Il glisse habilement sa main entre nous, stimulant mon clitoris avec une
expertise qui fait monter en moi des bruits bien plus expressifs que je ne le
souhaiterais. En réponse à ces sensations électrisantes, je déboutonne à mon
tour son pantalon. Il se soulève légèrement, me permettant de le baisser
juste assez pour libérer un sexe déjà complètement prêt. Jamais je n'aurais
imaginé oser une telle chose un jour, mais avec lui, je me sens prête à tout,
tant j'aime être à lui.
Il récupère un préservatif dans sa boîte à gant et me le tend.
— Met-le, ordonne-t-il d'une voix rauque.
Je me sens un peu perdue, habituée à ce que ce soit toujours lui qui
prenne cette initiative. L'idée de mettre le préservatif moi-même me rend
nerveuse ; j'appréhende de le faire mal et de paraître ridicule. Ouvrant le
petit sachet, je prends son sexe dans ma main, mais par curiosité, je tente
d'abord de faire glisser la faire glisser sur lui de haut en bas, sur toute sa
longueur. Il interrompt sa dévotion à ma poitrine et lève un regard surpris
vers moi. Je mords ma lèvre, un peu gênée, mais il place sa main sur la
mienne, guidant mon geste tout en émettant des gémissements. Je suis
incapable de détourner le regard de ce que je suis en train de faire, et
continue, constatant son plaisir à chacun de mes gestes.
— Alya, arrête. Mets ce préservatif, sinon ça sera fini avant que je puisse
te faire l'amour.
Je souris, fière de moi, et lui obéis. Ses yeux suivent attentivement
chaque mouvement, il le déroule avec moi, puis il plaque sa bouche sur la
mienne, me soulevant avant de me faire redescendre lentement en me
pénétrant, nos soupirs de plaisir se mêlant l’un à l’autre.
Il prend mes hanches, initiant le rythme, mais je me défais de sa prise.
Ondulant mon corps sur lui, je m'accroche au dossier du siège derrière lui.
Le plaisir monte, et il réagit avec amusement lorsque le dossier bascule
brusquement en arrière, m'arrachant un petit cri de surprise.
— Je veux t'entendre hurler, Alya.
Je lutte pour ne pas crier, bien que j'aie toujours considéré cela comme
excessif. Mais là, dans l'effervescence du moment, j'ai envie de laisser
échapper toute ma passion. Mordant ma lèvre pour réprimer mes cris, je
sens qu'il s'en rend compte. Quelques gémissements s'échappent malgré
moi.
— Ne te retiens pas, putain ! Bordel, tu es incroyable.
Je m'abandonne davantage lorsque j'entends ses gémissements contre ma
peau. Les mouvements de va-et-vient en moi me font littéralement bouillir
d'excitation.
— Plus fort, Alya. Je veux t'entendre crier, bébé, réclame-t-il.
Je réalise soudain pourquoi j'entends Julia hurler, et même Kat cette nuit-
là. Il aime ça. Et le pire, c'est que j'ai une envie folle de hurler son nom. Je
suis au bord de l'orgasme, et à bout de souffle.

— Oh mon Dieu, Chris... oui, je m'écrie, contractant tout mon corps,


enfonçant mon bassin au maximum pour prolonger l'extase. Il me serre avec
force, entourant ses bras autour de ma taille, presque à me faire mal,
poussant un râle bruyant de plaisir au moment où il atteint l'orgasme à son
tour.
XXXXIV
Chris
Putain de merde, j'adore la sentir se contracter sur moi de cette façon.
Impossible de résister davantage. Je passe mes bras autour d'elle, sachant
que je la serre peut-être un peu trop fort, avouons-le. Mais là, sentir son
corps se mouvoir de cette manière, je voudrais fusionner avec elle,
m'enfoncer en elle le plus profondément possible au moment où je me vide
dans le préservatif.
Elle se laisse tomber sur moi, entièrement essoufflée. Je garde mes bras
autour d'elle, captivé par le rythme de sa respiration. Elle semble toujours si
fragile. Nous restons ainsi quelques minutes, simplement à sentir le souffle
apaisé qui s'échappe de ses lèvres.
Pourtant, je ne peux ignorer qu'elle est nue, et évidemment, ça gêne
revient à la charge. Je finis par accepter de la lâcher et l'observe se
redresser. Son corps, d'une beauté saisissante, se dévoile. Ses cuisses
encadrent parfaitement mon corps, sa chatte encore imprégnée de notre
récente étreinte. Je la détaille complètement, chaque courbe, chaque détail.
Son ventre plat et musclé attire mon regard, et ce grain de beauté juste
au-dessus de son nombril semble encore plus sexy. Ses seins, ni trop petits
ni trop gros, sont simplement parfaits. Même ses épaules semblent appeler à
être embrassées. Sa nuque, sa bouche pulpeuse et douce, m'attirent. J'adore
quand elle se mord la lèvre inférieure, signe de gêne ou de désir, et même
lorsqu'elle plisse les yeux de colère.
Ses yeux... jamais je ne me suis perdu dans un regard comme le sien.
Personne n'avait jamais réussi à me déstabiliser d'un simple regard. Le soir
où j'ai réussi à l'éloigner de Seb et qu'elle s'est amusée à me fixer
intensément, je me suis complètement perdu. Cette fille me tue... cette
gamine me tue.
Elle se relève, m'obligeant à quitter son corps. Putain, si ma queue
pouvait suivre le rythme, je ne voudrais jamais en sortir.
Elle est magnifique, et elle semble totalement ignorer cette évidence.
— Arrête de me regarder comme ça.
— Pourquoi ?
— C'est gênant.
Elle me fait rire, si innocente et timide. Elle n'a aucune idée du désir
constant que j'éprouve pour elle. Elle se rhabille, scrutant chaque recoin
autour de la voiture pour s'assurer qu'aucune âme ne passe par là. J'enlève le
préservatif, fais un nœud, et le replace dans son emballage, afin de le jeter à
la prochaine station-service où nous ferons halte. Mieux vaut que je fasse le
plein d'essence si nous voulons rentrer sur le campus.
Je remonte mon pantalon, replace soigneusement mon siège, et
redémarre la voiture. Je la regarde une dernière fois, ses joues rosies, mais
surtout ses maudits yeux encore étincelants.
Comment fait-elle pour avoir des étoiles dans les yeux dès que je la
touche ?
Au moins, je sais qu'elle a aimé, mais rien qu'avec cela, on peut
automatiquement en déduire qu'elle vient de se faire culbuter
— Alors ? Tu aimes te faire prendre dans une voiture ?
Elle se retourne vers moi, fronçant les sourcils, visiblement choquée par
la façon dont je viens de lui poser la question. C'est vrai qu'elle est jeune,
c'est à ce moment-là que je m'en rends compte. Si j'avais dit cela à Julia,
Méline, ou à n'importe quelle fille venue à nos soirées pour s'offrir à un
Alpha, elle m'aurait probablement répondu par l'affirmative tout en me
caressant déjà la queue pour remettre ça. Mais pas Alya, elle, s'offusque de
mon langage et se retient de ne pas m'insulter pour parler ainsi. C'est peut-
être aussi ce qui fait la différence dans ce que je ressens pour elle. Le fait
qu'elle ne soit pas totalement dévergondée et obsédée ou même facile.
— Tu ne vas pas me répondre du coup ?
— J'ai aimé faire l'amour avec toi dans cette voiture.
— Bien, madame la princesse. Tu veux me sucer pendant que je conduis
?
J'éclate de rire, littéralement. C'était bien trop facile de la choquer encore
plus.
Elle se renfrogne dans son siège, les bras croisés sur sa poitrine.
Pourtant, je perçois une lueur d'envie et de curiosité dans son regard.
C'est ce que j'apprécie chez elle, cette curiosité. Je lui sers d'expérience
humaine, et cela me plaît énormément. Je me demande jusqu'où je peux
pousser les expériences. On verra au fur et à mesure. Mais le fait qu'elle soit
une page blanche, avec tout à découvrir, me plaît bien. Certaines filles
savent déjà ce qu'elles ne veulent pas. L'avantage avec Alya, c'est que je
peux faire ce que je veux avec elle. Elle a beaucoup trop confiance en moi à
ce sujet. Pour le reste, je ne suis pas stupide, je sais qu'elle reste méfiante.
Mais en tant qu'Alpha et président, je sais très bien que sa confiance ne va
pas augmenter. Parce que je ne changerai pas ma façon de vivre en soirée.
Ce sera à elle de l'accepter, comme toutes les autres l'ont fait. La différence,
c'est que je lui ai promis d’être exclusif, une première pour moi.
On verra si j'en suis capable.
XXXXV
Alya
Nous approchons du campus, et je n'ai pas osé aborder à nouveau le sujet
de la soirée. Une envie irrépressible me pousse à retrouver Kat et Méline
dès que possible.
— Et si on allait boire un verre à la soirée ? proposé-je.
— Non. Tu sais que tu ne sais pas t'arrêter. Tu n'es même pas capable de
dire non à une simple vodka que t’es copine te proposent, réplique-t-il.
— Mais je te promets de ne boire qu'un verre, insiste-je.
— J'ai dit non, Alya. Pas ce soir. Ça te dérange de rester avec moi ?
— Non, pas du tout, je réponds, tentant de dissiper toute sa hargne.
— C'est l'impression que ça donne, rétorque-t-il sèchement.
— Désolée. Je ne voulais pas que tu penses ça, m'excuse-je.
— Alors, ferme-la.
Le timbre de sa voix, coupant et autoritaire, me déplaît profondément. Je
ne suis pas là pour être traitée comme un chien. Une fois garés sur le
parking, je récupère les sacs contenant des vêtements propres. La fraicheur
de la soirée s'insinue sous ma peau, créant une sensation de malaise qui
s'ajoute à l'atmosphère déjà tendue.
— On pourra faire ça demain. Tu n’es censée ne rentrer que demain. Ses
affaires seront là.
— Pourquoi ?
Un soupir las s'échappe de ses lèvres, comme si mes interrogations
l'irritaient profondément. Ses mains se posent sur ses hanches, et sa tête
s'incline. Sa soudaine colère m'intrigue, car je n'ai rien fait de mal.
— Parce que je ne veux pas que l'on sache que je suis venu te chercher
chez toi, répond-il avec exaspération.
— Mais pourquoi ? insisté-je, désireuse d'obtenir une explication claire.
Il lève les yeux vers moi, visiblement agacé par ma persistance.
— Alya, je t'ai dit que je ne voulais pas que notre relation soit exposée.
Je pensais que c'était clair.
Mes pensées s'embrouillent alors que je tente de comprendre ses
motivations. Cependant, mes préoccupations prennent un autre tournant.
— Mais si je dors avec toi, les gens penseront que je suis la fille facile
avec qui tu couches, fais-je remarquer.
Je peux lire dans ses yeux qu'il se moque éperdument de ce détail. Le
doute s'installe en moi, et je me demande si ces paroles cachent d'autres
intentions. Peut-être évoque-t-il cela simplement pour préserver sa liberté
d'aller voir d’autres filles. Comment tout a-t-il pu basculer si rapidement ? Il
y a à peine trois heures, tout était parfait, et maintenant, à peine arrivés sur
le campus, tout a changé de manière radicale
— Écoute, tu n'es pas une fille facile, d'accord ? On pourra juste être
discrets quand tu sortiras de ma chambre.
— Pourquoi ne veux-tu pas que l'on sache pour nous, si tu es réellement
amoureux de moi ?
— Un Alpha ne tombe pas amoureux, Alya ! hurle-t-il.
— D'accord, donc ta réputation est plus importante que nous.
— Je n'ai pas dit ça. Mais pourquoi tu gâches tout avec tes questions de
merde, putain !
— C'est toi qui gâches tout à vouloir de tout cacher et de me faire passer
pour une fille que tu fréquentes parmi tant d'autres.
— Mais non, puisqu'il n'y aura que toi. On se fout de ce que pensent les
gens.
— Eh bien, visiblement pas, puisque tu ne veux pas qu'ils sachent pour
nous. Tu ne t’en fous pas tant que ça.
Des larmes embuent mes yeux, je lutte contre moi-même pour ne pas
pleurer, cherchant désespérément une explication. Je ne comprends pas
pourquoi il voudrait cacher notre histoire, à moins que ce ne soit pour rester
accessible aux yeux des autres filles. Il s'approche de moi, me prend dans
ses bras et m'embrasse.
— Viens, rentrons. J'ai juste envie d'être avec toi maintenant. Je n'ai pas
envie de continuer cette discussion, on va tout gâcher.
Sa voix, mêlée à la douceur de ses gestes, apaise momentanément la
tension. Pourtant, une incompréhension persiste, comme une ombre planant
au-dessus de nous. Nous retournons au campus, laissant derrière nous une
conversation inachevée.
Il a raison, nous allons tout gâcher. Cependant, j'ai bien compris que
nous ne serons jamais ensemble. Ai-je été naïve de croire en ses promesses,
tout comme Julia. Peut-être qu’il lui a fait les même pour la convaincre de
le voir souvent, lui promettant une histoire d'amour clandestine ? Je
récupère simplement mon sac avec regret, laissant le reste dans la voiture
comme il l'a ordonné, et le suis jusqu'à la maison des Alphas, résignée et
triste.
La nuit s'installe doucement, enveloppant le campus dans une
atmosphère feutrée. Une légère brise transporte l'odeur du soir, mélange de
terre humide et de parfums floraux. Les lumières des bâtiments
universitaires dessinent des ombres dansantes sur le sol.
Ses mots résonnent encore dans ma tête, créant un malaise persistant. La
tension entre nous est palpable, et chaque pas vers la maison semble plus
lourd.
Le silence règne pendant un moment, rompu seulement par le bruit
régulier de nos pas sur le chemin éclairé par les réverbères. La froideur de
sa réplique me pèse, mais je choisis de ne pas ajouter de l'huile sur le feu.
— Salut Chris ! Tu nous as manqué hier soir roucoule une voix féminine
derrière nous.
Je me retourne et découvre une magnifique blonde qui le regarde avec un
grand sourire, le dévorant des yeux de haut en bas, sans la moindre gêne
envers ma présence à ses côtés.
Une rage soudaine m'envahit. Tant pis, c'est elle qui va payer pour la
peine qu'il vient de me causer. Il le remarque avant même que je puisse
ouvrir la bouche et m'attrape la main rapidement, ignorant totalement la
fille et me fait avancer.
— Hey, pétasse, quand tu vois qu'il est accompagné d'une Kappa, tu ne
l’ouvre pas et tu traces ta route.
Il tire violemment ma main pour que je me retourne dans la direction où
nous allons. La blonde, quant à elle, baisse la tête rapidement. C'était mieux
pour elle, sérieusement. Ma tristesse se transforme en une arme de colère.
— Non, mais c'était quoi ça ? hurle-t-il furieux.
Je ne sais pas. Peut-être mon moi méchant.
C’est moche je l’avoue.
— Quoi ? Tu allais répondre ouvertement comme si c’était normal
qu’elle te regarde de cette façon.
— Elle m'a juste dit bonjour.
— Oh, pas de problème alors. Je vais aller saluer Sebastian de la même
façon, en lui bouffant la bite des yeux si ce n’est pas grave.
— Ok. D'accord, j'ai compris, finit-il par souffler.
Il ne veut pas qu'on s'affiche en tant que couple, pas de problème. En
revanche, ma position dans la sororité Kappa va devenir une arme
redoutable. Il va m'appartenir autant qu'il souhaite que je lui appartienne.
Je déconseille à toute autre fille en dehors de ma sororité de s'approcher
de lui. Même si Julia tente sa chance, je la brûlerais dans son sommeil. Les
flammes de ma détermination s'allument, alimentées par la trahison qu’il
vient de me faire ressentir en nous faisant passer pour des amants
clandestins.
XXXXVI
Chris
Putain, elle a bouffé un lion. Pauvre Maggy, elle a bien failli s'envoler,
emportée par la tempête Alya. Elle connaît les règles, ne pas jouer à ça
quand je suis accompagné d’une Kappa.
La réaction d'Alya m'a pris au dépourvu. Le simple fait que je lui aie dit
vouloir garder notre histoire secrète ne lui a pas plu. Ça promet d'être
compliqué. Et cette façon de tout de suite mêler Sebastian à la discussion,
elle sait exactement où appuyer pour m'irriter. La petite peste apprend vite.
Elle sait parfaitement que je veux la posséder, mais le fait qu'elle ne
puisse pas en faire autant la rend agressive. Je savais qu'elle avait du
caractère, mais à ce point-là, je ne m'y attendais pas. C'est une révélation.
La maison est déserte à notre arrivée, comme je m'y attendais. Ils sont
tous chez les Kappas. Je vais chercher une bouteille d'eau au frigo avant de
monter. Lorsque je me retourne, je vois Alya faire l'andouille, à moitié
allongée sur le plan de travail en train de regarder son téléphone
Mon Dieu, ce cul.
Malgré l'endroit, la tentation monte en moi. N'importe qui pourrait
rentrer à l'improviste, mais l'idée de lui arracher ce short qui n'en a
clairement pas un et de la prendre sauvagement au milieu de la cuisine est
plus que tentante.
Finalement, je m'efforce de me contenir, lui donne une tape sur les fesses
en passant, et l'attire à l'étage.

Une fois dans ma chambre, elle dépose ses affaires dans un coin,
débutant une exploration minutieuse de l'espace. Il faut dire que la dernière
fois qu'elle est venue, elle était non seulement saoule, mais également
animée par une colère à mon égard. Je garde le silence, l'observant
attentivement. Ses petites mains parcourent les papiers sur mon bureau.
Avec quelqu'un d'autre, j'aurais réagi à une telle intrusion, mais venant
d'elle, elle peut fouiller à sa guise, cela ne me dérange pas. En tout cas, pas
ici.
Elle survole même mon devoir de littérature. Elle se positionne près de
la fenêtre, contemplant l'extérieur en silence. Que peut-il bien se passer
dans sa petite tête ?
Je m'approche d'elle, la collant contre moi, son dos contre mon torse. Ma
main caresse doucement son ventre, et je dépose un baiser à la base de sa
nuque.

— À quoi tu penses ?
— À rien. Je regarde juste la vue que tu as d'ici, répond-elle.
Son regard est perdu dans l'horizon, mais je repère la fenêtre de sa
chambre qu'elle n'a même pas remarquée. Je sais qu'elle ment. Elle peut
tromper ses parents en les regardant droit dans les yeux, mais dès qu'elle
essaie avec moi, ce léger tremblement presque imperceptible apparaît dans
sa voix au moment où elle commence à mentir.
Je préfère la laisser croire que je crois ce qu'elle me dit. Je n'ai pas envie
de provoquer un nouveau conflit. La soirée a failli déraper déjà deux fois,
une fois dans la voiture et une autre ici. Pour l'instant, je veux simplement
me poser avec elle, profiter et conclure ce week-end comme il a commencé,
vendredi soir chez elle.
— Je vais prendre une douche, murmure-je dans son cou.
— D'accord. J'irai après.
-Ou, tu peux venir avec moi.
Je sens son embarras, perceptible à la grimace qu'elle fait.
— Quoi ? Je t'ai vue toute nue, et toi aussi. Allez, viens.
Je la tire délicatement vers ma salle de bain. En allumant la lumière, je
perçois à sa tête qu'elle ne s'attendait pas à cela. Une grande douche à
l'italienne, un lavabo plutôt spacieux, et des toilettes, le tout dans un décor
de marbre et de carrelage foncé, plutôt classe.
Je la regarde avec un sourire, essayant de la rassurer.
— Alors, tu viens ?
L'invitation plane dans l'air, un mélange subtil de suggestion et d'envie,
je dois constamment la rassurer. Nous sommes dans une bulle intime, où les
barrières de la pudeur semblent s'estomper. Mon regard cherche le sien,
essayant de capturer l'étincelle de son consentement.
Je me tourne vers elle, elle vient à reculons. Un doux baiser effleure ses
lèvres, une caresse tendre pour la mettre en confiance. Elle, d'ordinaire si
intrépide, peut être étonnamment timide dans certaines situations. C'est
comme s'approcher d'un animal sauvage, une approche délicate pour qu'elle
se détende. J'aime ce défi, celui de lui faire faire ce que je désire, tant
qu'elle l'accepte. Mais lorsque mes lèvres rencontrent les siennes, je réalise
que nous sommes tous les deux troublés. Sa bouche est d'une douceur
exquise, un léger goût de vanille qui semble être sa signature. Cette fille me
rend complètement dingue dès que je la touche.
Avec délicatesse, je retire son tee-shirt et dégrafe son soutien-gorge. Elle
tente instinctivement de cacher sa poitrine, mais je l'en empêche. En
symétrie, j'enlève mon propre tee-shirt. Il m'amuse de constater comment
elle réagit à chaque fois. Moi, à j’ai à peine le droit de la regarder, mais elle,
elle me détaille centimètre par centimètre sans la moindre gêne. Sa main
glisse sur mon torse, la suivant des yeux. Je pense que je n'ai jamais vécu un
moment aussi doux et intense avec qui que ce soit de toute ma vie, et tout
cela, simplement pour prendre une douche. Elle abaisse sa main jusqu'à ma
ceinture et commence à la défaire, se mordant la lèvre, ce petit tic que
j'apprécie tant. Un frisson d'anticipation parcourt mon corps. Je sais à quoi
elle ne pense rien que quand elle fait ça. Elle ouvre totalement mon
pantalon et pose ses mains de chaque côté de mon jeans. Je fronce les
sourcils, me demandant ce qu'elle a en tête. Elle me le baisse, mais là où je
perds contenance, c'est lorsqu'elle se baisse en même temps, se mettant à
genoux devant moi.
— Alya, qu'est-ce que tu fais ?
— Tu étais censé me laisser essayer avant d'apprendre mon âge, souffle-
t-elle.
Je n'ai pas tout de suite compris son intention, mais mon corps réagit
instantanément. Quel est cet effet de malade qu'elle a sur moi ? Une
sensation enivrante me submerge alors qu'elle pose délicatement sa main et
entame une caresse langoureuse sur mon membre qui n'attendait que cela.
Un frisson parcourt ma peau, et je me retrouve emporté dans un tourbillon
de sensations électrisantes.
— Je n’ai pas le droit de te mordre, c'est ça ? plaisante-t-elle.
Je suis obligé de rire à ses bêtises.
— Si tu la mords, tu l'auras plus.
J'observe ce qu'elle fait, j'aime le mouvement de sa main. Elle lève les
yeux et remarque que je l’observe.
— Tu peux ne pas me regarder s'il te plaît.
Un sourire se dessine sur mon visage, mes yeux se relèvent avant de se
fermer, dégustant chaque sensation que m'offre Alya. Lorsque sa langue
effleure mon gland, un frisson parcourt tout mon être, et le simple contact
menace de me faire jouir instantanément. Mais quand elle prend ma verge
dans sa bouche, je ne peux retenir un grognement. La chaleur envoûtante de
sa bouche autour de moi est tout simplement irrésistible.
— Oh, putain... Alya !
Elle s'applique à faire des va-et-vient, essayant de prendre ma verge
aussi profondément qu'elle le peut. Sa langue danse habilement,
synchronisée avec ses mouvements. Elle est incroyablement douée. Aucun
besoin de lui expliquer quoi faire. Baissant la tête, j'observe chaque geste,
chaque sensation. J'aurais dû m'abstenir, car je perds complètement le
contrôle et me sens déjà au bord de l'orgasme. Fermant les yeux, je lutte
entre la jouissance imminente et le désir de prolonger cet instant avec sa
bouche, mais je ne peux pas.
— Alya, arrête je vais jouir… Enlève toi ! grogné-je en tentant de me
contenir.
Pourquoi elle ne bouge pas ?
Merde.
Je vais lui jouir dans la bouche si elle continue. J'essaie de la pousser
mais à croire que ça l'amuse. Elle resserre légèrement ses lèvres et accélère.
Je deviens dingue. Je perds totalement pied en poussant un râle bruyant
de jouissance attrapant ses cheveux et m'enfonçant au fond de sa gorge.
C'est que quand je l’entends tousser que je me rends compte que j'ai été
peut-être un peu fort et me retire rapidement de sa bouche et m'agenouille
devant elle.
— Ça va ?
— Oui, tu n’étais pas obligé d'aller si loin à la fin. Tu as voulu
m'étouffer ?
Je suis obligé rire avec sa bouille de petite fille innocente. Elle vient de
me tailler la meilleure pipe de toute ma vie, et elle a une tête de bébé.
Quand je dis qu'elle me rend dingue. Et le pire c'est qu’elle n’a même pas
l'air embêtée que je me sois lâché dans le fond de sa gorge.
XXXXVII
Alya
Je reste stupéfaite d'avoir osé faire ça. Ma mâchoire me fait mal, comme
si elle protestait contre son membre imposant. Aurait-il été possible d'avoir
une queue un peu moins intimidante ? Les questions fusent dans ma tête. A-
t-il apprécié ? Bien sûr, je n'oserais jamais lui poser cette question, mais au
moins, je ne l’ai pas mordu, c’est une victoire en soit.
Nous nous relevons, et il s'affaire à retirer délicatement mes vêtements,
m'embrassant avec une tendresse inattendue. Je n'aurais jamais cru qu'il
puisse se montrer aussi attentionné, même s'il m'a déjà démontré cette
facette par le passé. Je me demande s'il adopte cette attitude avec toutes les
femmes, ou si je suis privilégiée. J'aimerais croire que je suis la seule à
bénéficier de cette attention particulière.
Il m'attire doucement sous la douche, et ses bras m'enlacent, nous
laissant simplement enveloppés par l'eau ruisselante sur nos corps. Il ne
cesse de me surprendre, et finalement, je ne regrette absolument pas de ne
pas avoir participé à la soirée. Être ici avec lui est bien plus satisfaisant.
Une légère augmentation de la température de l'eau serait parfaite.
Discrètement, j'essaie de tourner le robinet vers le côté chaud, mais je
dérape et le tourne au maximum, il se met soudainement à hurler, puis il me
dévisage, les sourcils froncés.
— Si tu veux que l'eau soit un peu plus chaude, n'hésite pas à me le dire,
mais ça ... Non !
— Excuse-moi, soufflé-je en me retenant de rire.
Il attrape son gel douche et en applique sur mon corps, commençant à le
masser délicatement. J'apprécie cette odeur qui imprègne l'atmosphère, une
fragrance indéniablement la sienne. À mon tour, je fais de même, laissant
mes mains glisser sur l'étendue de son corps. Chacun de nos gestes crée une
connexion silencieuse, une intimité partagée sous la cascade d'eau chaude.
Une fois nos corps séchés, je me glisse dans un pyjama.
— Tu comptes vraiment dormir avec ça ? me taquine-t-il, l'air joueur.
— C’est justement le principe d'un pyjama.
Il lève un sourcil taquin.
— Un pyjama, ce n'est pas censé être sexy, Alya, gronde-t-il.
Je m'observe un instant, détaillant chaque centimètre carré de mon corps.
C'est simplement un short et un débardeur en satin, avec une touche de
dentelle. Pourtant, je me sens à l'aise dedans, troquant mon habituelle
combinaison tee-shirt et petite culotte.
— Tu veux que je l'enlève ?
— Et tu prévois de dormir comment dans ce cas ? rétorque-t-il, son
regard pétillant d'amusement.
— Nue, réponds-je avec un sourire espiègle.
Il éclate de rire devant ma réponse.
— Va pour le pyjama alors, consent-il enfin.
Il m'attire doucement vers lui, et, allume son ordinateur, il cherche un
film. En moins de dix minutes, il devient évident que nos préférences
cinématographiques divergent autant que nos goûts musicaux. Il choisit un
film de super-héros, me vantant les mérites des effets spéciaux
spectaculaires. Bien que cela ne suscite guère mon intérêt, il persiste à me
commenter chaque détail du début du film avec un enthousiasme
horripilant.
— Tu peux te taire ? lancé-je d'un ton franc, accentuant mon désintérêt pour
le film qu'il a choisi. Déjà que je n'aime pas ton film, mais si en plus tu me
fais un cours de réalisation, rappelle-toi que moi, c'est les scripts. Je me
fiche royalement de ton boulot.
— C’est sympa de passer la soirée avec toi, dis donc.
— Mais tu as choisi un film pourri, insisté-je.
— Eh bien, tu veux regarder un vieux film d'amour à l'eau de rose où ils
finissent heureux avec plein d'enfants ? bougonne-t-il en grimaçant de
dégoût.
— Non, je veux un film d'horreur avec plein de morts et beaucoup de
sang, et toi, tu auras tes effets spéciaux.
— Tiens, ce n’est pas con ça, admet-il.
— Et ça nous met tous les deux d'accord en plus.
Je me laisse doucement emporter par le sommeil, et pivote délicatement
sur le côté, me retrouvant face à lui. Ma tête repose maintenant sur son
épaule, mon visage enfouit dans sa nuque, tandis que mon bras s'étend
doucement sur son torse.
La pénombre tamisée de la pièce se mêle à l'éclat de l'écran, créant une
atmosphère apaisante. Sa présence rassurante, accentue cette douce
transition vers le sommeil. Les murmures du film deviennent lointains,
noyé dans le souffle régulier de nos respirations synchronisées.
— Tout ça pour t'endormir au bout de sept minutes de film, plaisante-t-il.
Déjà à moitié endormie, je chuchote doucement dans son cou :
— Désolée.
— Ce n’est rien, bébé. J'aime quand tu respires dans ma nuque.
— Et moi, j'aime le faire, murmuré-je à peine audible.
— Bonne nuit.
— Mmm. Mmm, bonne nuit. Je t'ai….
Heureusement la fin de ma phrase est avalée pas le sommeil.

*****

Le bruit doux de la porte qui se referme parvient à mes oreilles. Une


vague de chaleur m'envahit. Mon esprit émerge lentement, et je réalise que
Chris est pratiquement affalé sur moi. Allongée sur le ventre, une jambe
légèrement relevée, il a posé sa tête sur mon dos, son bras m'enlaçant
tendrement. Les couvertures qui nous couvraient ont mystérieusement
disparu, mais la chaleur émanant de son corps me suffit amplement. Un
sourire se dessine sur mes lèvres alors que je tente de bouger avec
précaution pour ne pas le réveiller. Cependant, à peine ai-je esquissé un
mouvement, qu’il resserre sa prise sur ma taille. Je suis touchée par la
tendresse de son étreinte, comme si même dans son sommeil, il ne voulait
pas me laisser filer.
Péniblement, j'essaie d'atteindre mon portable au sol pour vérifier
l'heure. Dix heures quinze. Il est temps de me lever. Le travail m'attend, et
je voulais avancer sur mes projets pour la semaine. Je me retourne autant
que possible pour me mettre sur le dos et constate à quel point il pèse sur
mon corps. Cependant, au lieu de me sentir oppressée, je ressens une
étrange douceur dans cette proximité.
— Chris.
— Mmmm... C'est dimanche, laisse-moi tranquille, bébé. Je veux
dormir.
Je savoure le son apaisant de sa voix encore ensommeillée, ponctué par
l'affection du terme "bébé". Je sais parfaitement qu’il m'appelle ainsi en
référence à mon âge, mais étrangement, à force, j'ai commencé à aimer ça, à
trouver ça mignon. Bien sûr, je ne lui dirai pas, de peur qu'il ne le fasse
plus.
— Je vais rentrer. J'ai du travail à faire, et j'ai envie de café.
— Tu ne sors pas de ma chambre sans moi.
— Pourquoi ? demandé-je surprise.
— Arrête avec tes questions, bordel, grogne-t-il en enfouissant son
visage dans son oreiller.
Je me lève du lit, enfile mon short de la veille et mon tee-shirt, puis
remets mes affaires dans mon sac. Peu m'importe ce qu'il dit. Je ne vais pas
attendre que monsieur émerge dans trois heures. J'ai du boulot, et je veux
ma dose de caféine. Je récupère ses clés de voiture pour aller chercher les
sacs de linge et sors de sa chambre. À peine ai-je franchi la porte que
j'entends un hurlement.
— ALYA !!!
Oups !
Je descends les marches avec prudence, j'atteins l'entrée, où Dean se
plante devant moi et m'accueille avec un sourire.
— Salut, Alya. D'où viens-tu comme ça ?
— Salut Dean. Oh ! de nulle part, éludé-je avec un signe de la main.
— Tu veux un café ?
— Tu me prends par les sentiments, je ne peux décemment pas refuser.
L'odeur alléchante du café fraîchement préparé me guide jusqu'à la
cuisine, où Sam, Sebastian, et deux autres visages inconnus partagent déjà
l'espace.
— Salut tout le monde, lancé-je à la cantonade.
— Tu as dormi ici ? interroge l'un d'eux, curieux de comprendre ce que
je fais là.
Je m’assoie le siège à coté de Sam avec une gêne palpable, esquivant
habilement la question lancée.
— Alors, cette soirée... Vous avez des têtes à faire peur, dis-je d'un ton
léger.
— Oh ! tu sais. Toujours la même chose qui se répète inlassablement,
danse, alcool, filles, répond Sam.
— Pourquoi ne changez-vous pas un peu les choses si vous trouvez ça
ennuyeux ?
Dean dépose une tasse de café sur le plan de travail, hors de ma portée.
Le café exsude un arôme enivrant, et me donne l’eau à la bouche. Penchée
en avant, je m'étire pour l'atteindre, mais soudain, une main ferme saisit ma
ceinture, me faisant redescendre de l'îlot et claque mes fesse sur l’assise.
— VOUS VOULEZ MES YEUX POUR MATTER SON CUL ?
La voix enflammée de Chris résonne dans l'espace, telle que j’en
renverse maladroitement le café, créant un chaos liquide sur la surface du
plan de travail.
Dans une réaction impulsive, Chris me tire violemment en arrière,
agrippant fermement mon bras pour me conduire précipitamment vers
l'escalier.
— Eh bien, ça promet. Le boss est énervé, plaisante Sam, tentant de
détendre l'atmosphère électrique de son rire.
— On sait où elle a passé la nuit, maintenant, ajoute-t-Dean, échangeant
des regards complices et des sourires amusés avec les autres.
— C'est quoi que tu n’as pas compris dans « tu ne descends pas toute
seule » ? fulmine Chris, me trainant inexorablement vers l'escalier.
Il me hisse jusque dans sa chambre comme si j'étais une petite fille
insolente, puis claque la porte derrière nous.
— Non, mais tu es totalement taré ? m'exclamé-je, déconcertée par
l'intensité de sa réaction.
— Change-toi. Ce n'est pas un short, je te l'ai déjà dit hier, ordonne-t-il.
— Je n'ai rien d'autre. Tu n'as pas voulu que je descende les vêtements
de ta voiture, répliqué-je, défendant ma position avec une pointe d'irritation,
les bras croisés sur la poitrine.
— Tu réalises que tu avais ton postérieur exposé sur le plan de travail de
la cuisine devant cinq mecs ? lance-t-il d'un ton incisif.
— Mais ce sont des…
— Des ? Des quoi ? Des Alphas, Alya ! Ce sont des putains d’Alphas.
Le seul qui n'a pas maté tes fesses, c'est Dean, parce qu'il était du mauvais
côté de l'îlot, conclut-il, soulignant le regard inquisiteur des autres hommes
présents dans la cuisine.
Qu'est-ce qui lui arrive à la fin, avec cette attitude d'homme des
cavernes ? Une relation discrète ? Ça ne semble guère prometteur, surtout
avec toute la jalousie qui transpire de tous ses pores. Pour ma part, ça me
convient, mais il va sérieusement devoir se détendre, et relâcher la pression.
Il passe une main derrière sa nuque, signe de son agacement latent. Un
soupir s'échappe de ses lèvres.
— Tu ne remarques même pas l'effet que tu provoques, Alya. Tu ne te
rends pas compte à quel point tu plais. Va te changer, me lance-t-il d'un ton
presque impérieux.
Non, rétorqué-je avec une fermeté dissimulée, sentant son
mécontentement monter d'un cran. Ses poings se serrent, et il mord déjà sa
joue, signe manifeste de sa frustration.
— Pardon ?
— Je viens de le dire, je n'ai rien d'autre à me mettre. Mes vêtements
sont dans ta voiture. Tu es ridicule, asséné-je, ne cédant pas un pouce de
terrain.
— Je suis ridicule. De mieux en mieux, réplique-t-il avec sarcasme, la
tension entre nous atteignant un sommet.
— Tu as vu comment t'as hurlé dans la cuisine !
— Sors. Va-t'en, tu m'énerves. Tu veux y aller, bien. Dégage ! lance-t-il,
la colère éructant de chaque mot.
— Mais...
— SORS ! rugit-il brusquement, me faisant sursauter.
Il prend conscience de l'impact de ses paroles sur moi, un éclair de regret
traverse ses yeux. Je me replie sur moi-même, quitte sa chambre sans
ajouter un mot, récupère silencieusement mon sac dans la cuisine, puis
m'éclipse de la maison. Mes pas résonnent dans le silence, laissant derrière
moi un tourbillon d'émotions.
Arrivée au parking, je récupère mes affaires dans le coffre et prends la
route en sens inverse. Devant la maison, Seb est assis sur les marches,
savourant son café.
— Est-ce que tout va bien ? me demande-t-il avec une pointe de
préoccupation dans la voix.
— Oui. Est-ce que je pourrais te demander un service ? réponds-je,
essayant de masquer les traces de larmes qui me piquent les yeux.
— Bien sûr, Alya. Qu'est-ce qui se passe ?
— Rien, vraiment, ça va. Pourrais-tu remettre ce sac à mon frère et
confier les clés à Chris, s'il te plaît ?
— Oui, pas de problème.
— Merci, c'est vraiment gentil, bredouillé-je, lui adressant un sourire
timide.
Je pénètre chez les Kappas avec un sentiment de soulagement mêlé d'une
pointe de tristesse. On dirait que nous ne pourrons jamais nous entendre
sans avoir des désaccords, et cela commence à me peser sérieusement. Une
fois dans ma chambre, je dépose mes affaires, puis je redescends à la
cuisine, espérant trouver un réconfort dans une tasse de café, étant donné
que la mienne a terminé sur le marbre.
XXXXVIII
Alya
— Elle est là, ma chérie !!! lance Kat avec un enthousiasme contagieux.
À peine me suis-je retournée qu’elle me serre dans ses bras. Elle était déjà
démonstrative et protectrice, mais depuis qu'elle connaît mon âge, cela a
pris des proportions encore plus prononcées. J'ai l'impression d'être devenue
une mascotte.
Méline, Julia et Natasha entrent à leur tour dans la cuisine.
Je récupère mon café et m'assois en hauteur sur le plan de travail.
— Alors, ce week-end chez tes parents ? demande ma présidente, toute
curieuse.
— C'était... intéressant, répondis-je, tentant de rester évasive.
— Tu m'étonnes. Tu es rentrée quand ?
— Hier soir.
— Et tu n'es pas venue nous rejoindre ? Pourquoi ? demande Kat.
J'aimerais bien m'expliquer, mais nous ne sommes pas seules dans la
cuisine, et je n'ai aucune envie de prendre le risque que Julia relance le sujet
Chris devant les autres. Pour le moment, je n'ai absolument pas l'intention
d'aborder ce sujet, surtout pas en sa présence.
— J'avais un truc de prévu. Je ne rentre que maintenant, déclare-je,
espérant clore le sujet.
Les filles comprennent ma volonté de ne pas discuter de cela devant les
autres, et elles changent de sujet, m'offrant une issue parfaite.
Soudain, mon frère apparait à son tour.
Je lève les yeux, surprise, et je perçois l'expression sérieuse sur son
visage qui ne présage rien de bon. Je suis convaincue qu'il a récupéré ses
affaires, probablement grâce à l'intervention de Seb.
Je descends de mon perchoir, et le suis vers les escaliers. Il m'emmène
jusqu’à ma chambre. Qu'est-ce que j'ai encore fait ? La porte se referme
brusquement derrière moi, créant un sentiment d'appréhension palpable
dans l'air.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je, face à son regard meurtrier.
— Tu es rentrée comment de la maison ? interroge-t-il d'une voix plus
sévère.
Ah mince, ça sent les problèmes. J'ai l'impression qu'il connaît déjà la
réponse et qu'il n'est pas ravi.
— Chris a débarqué vendredi soir chez les parents, avoué-je, anticipant
déjà sa réaction.
— Pardon ?
— Ce n’est pas moi qui lui ai demandé de venir. On s'était même pris la
tête à cause de toi, tenté-je de lui rappeler
— Du coup, ça a l'air d'aller beaucoup mieux, puisqu'il était affalé sur toi
ce matin.
— C'est toi qui es entré dans la chambre.
— Je me demandais s'il était rentré. Ce n'est pas son genre de disparaître
tout un week-end, surtout en ignorant les appels de tout le monde. Il a
dormi à la maison ? continue-t-il, essayant de comprendre la situation.
— Oui, dans ta chambre. On a passé la journée là-bas et on est rentrés
hier soir.
— Hier soir ? Pourquoi vous n'êtes pas venus à la soirée ? s'étonne Zach.
— Il ne voulait pas. Il ne veut pas que... Il voulait juste qu'on finisse le
week-end à deux, avoué-je, sentant un mélange de gêne et d'indécision
peser dans mes mots.

— Il ne veut pas quoi ?


— Rien. De toute façon, on vient encore de se disputer alors, réponds-je
avec une pointe de résignation.
— Alya, ne t'attache pas à lui, ok ? Je le connais, et je te connais. Ce
n'est pas lui qui va souffrir.
— On n'est pas ensemble, Zach, je sais à quoi m'attendre, merci,
répliqué-je, tentant de masquer les émotions complexes qui bouillonnent en
moi.
— Même en le sachant, t'en es déjà amoureuse, déclare-t-il, mettant le
doigt sur une vérité dérangeante.
Nous sommes censés être ensemble, du moins c'est ce que je pensais,
même avec la dispute de ce matin. Ai-je tout gâché en lui tenant tête de
cette façon ? Mais il m'énerve à me dicter ce que je dois faire.
— Je ne suis pas fan de cette relation. Il se sert de toi, et tu n’es qu'une
enfant.
— Je ne suis pas une enfant, arrête un peu, m'indigné-je.
— Tu es un jouet entre ses mains, et maintenant qu'il a réussi à coucher
avec toi, il va aller voir ailleurs.
— Ce n’est pas vrai. Tu ne sais rien du tout sur nous, me défends-je,
cherchant à protéger la fragilité de cette relation que je tente de comprendre.
— Nous ? Il n'y a pas de nous avec Chris, il n'y a qu'un je pour lui. Il te
fera au pire de jolies promesses pour pouvoir continuer à te sauter, assène-t-
il.
— Ce n’est pas vrai, répliqué-je, la défensive, même si ses paroles
résonnent en moi comme un véritable avertissement.
— Alya, j'ai déjà été témoin de ses agissements. Il est possessif, mais
déteste être possédé. Je suis totalement d'accord, je ne l'ai jamais vu agir de
la sorte avec une fille, comme il le fait avec toi. Il t'a même prêté sa voiture.
Il a foncé jusqu'à la maison pour venir te chercher. Je suis conscient que tu
dois réellement compter pour lui, mais... Il demeure et restera l'alpha par
excellence. Il ne renoncera pas à son statut de célibataire, et encore moins à
l'enchaînement des nanas d’un soir.
Il a raison sur une chose, son statut de célibataire. Il ne veut pas que
notre relation soit connue. Est-ce vraiment pour pouvoir fréquenter d'autres
filles ? Je ne pourrais jamais accepter cela. Je veux que nous soyons
vraiment ensemble, et il m'a affirmé qu'il était amoureux de moi. Je ne
comprends pas pourquoi il voudrait être avec d'autres filles si c'est vraiment
le cas. Pourquoi cela ne peut-il pas être aussi simple que lorsque nous étions
au lycée ? Un garçon et une fille se plaisent, ils sortent ensemble, tout le
monde le sait. C'est un couple, et on les laisse tranquilles. Mais ici, il y a les
Kappas, les Alphas, les appartenances, les réputations, les obligations, les
mensonges. C'est vrai, avec cette situation, j'ai l'impression d'être une
gamine qui ne comprend rien à rien. Tout ce que je veux, c'est être avec lui
et qu’il ne soit rien qu'avec moi.
— Écoute, petite sœur, intervient Zach d'un ton sérieux. Je ne veux pas
être celui qui ramasse les morceaux de ton petit cœur. Et c'est mon meilleur
pote ici. Je ne suis pas vraiment dans la meilleure situation là-dessus.
— Je comprends. Je te promets de faire preuve de vigilance et de rester
sur mes gardes avec lui. Mais mes sentiments, je ne peux pas les contrôler.
— Avant de retomber dans ses bras, prends le temps de réfléchir.
La tête baissée, je joue avec mes doigts, gardant le silence et
réfléchissant à ses paroles.
— D'accord. Tu as déjà couché avec lui, combien de fois ? interroge
Zach, cherchant des réponses.
— Je n'ai pas compté, soufflé-je gênée.
— Oh merde... Alya, tu ne prends même pas la pilule.
— Maman m'a emmenée à la pharmacie quand elle a vu Chris débarquer.
— Stop... Je ne veux rien savoir de plus... Il a rencontré nos parents ?
demande-t-il, sa voix exprimant une certaine consternation.
— Il s'entend super bien avec papa.
— Génial. Je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ça.
— Moi non plus, j'ai été plutôt choquée de le voir dans l'entrée.
Zach se redresse, prêt à partir, et me serre dans ses bras. J'apprécie quand
il est ainsi, gentil et protecteur. Ça m'avait manqué de ne plus vivre ça avec
lui.
— J'y vais, j'ai du boulot. Fais attention à toi avec lui, d'accord ? Ne lui
fais pas confiance.
— Je sais, murmuré-je.
Seule désormais dans ma chambre, un changement de tenue est
indispensable. Je retire ce maudit short qui a été à l'origine d'un scandale
plutôt remarquable. Je dépose mon sac sur le lit, je commence à extraire
mes vêtements, imprégnés de l'agréable parfum de lessive. Je n'ai même pas
pris le temps de discuter avec mes parents du fait que je souhaitais attendre
les prochaines vacances pour revenir avec Zach. Celles d'octobre
approchent à grands pas, quatre semaines durant lesquelles je devrais
pouvoir négocier pour éviter de rentrer entre-temps. J'appellerai ma mère ce
soir, une fois que j'aurai accompli la tonne de travail qui m'attend.
Récupérant l'ensemble de mes cours, je les rassemble avant de
m'installer confortablement sur mon lit. Il est temps de réorganiser et de
ranger tout ce que j'ai fait au cours de ces deux premières semaines.
Ensuite, je devrai entamer l'écriture de mon journal intime, me demandant
s'il restera confidentiel, car entre mes soirées bien arrosées et ma première
fois, mon professeur pourrait être quelque peu choqué. Qu'importe, au
moins j'ai matière à raconter. Je ris toute seule en imaginant sa réaction à la
lecture de mes confessions m'amuse follement.
Après cinq heures de travail acharné, Kat a déposé une part de pizza
qu'elle avait commandée, soucieuse de s'assurer que je prenne une pause
pour manger. Cependant, à la vue des feuilles et des livres étalés partout,
elle s'est rapidement éclipsée, réalisant que j'étais en plein dilemme pour
décider si je devais commencer par l'analyse de texte ou la rédaction. Mais
voilà, je suis contente, j'ai enfin terminé. J'ai rédigé une vingtaine de pages
de mon journal, et je peux affirmer qu'il y a moyen de susciter l'envie chez
mon professeur de revivre sa première fois, tant j'ai été inspirée. Exprimer
mes sentiments et sensations sur le papier est bien plus aisé que de répondre
spontanément à Chris quand il me demande si j'ai aimé.
Cependant, une certitude demeure : il ne faudra jamais qu'il puisse
mettre la main sur ces pages... jamais
Dix-sept heures. J'aurai passé mon dimanche presque seule dans ma
chambre, sans aucune nouvelle de mon "vrai-faux" petit ami célibataire. Ce
statut, c'est un massacre. Le mec qui me saute, ça sonne vachement plus
vrai dans le contexte. Pas de texto, pas d'appel, juste une parfaite ignorance.
Je me lève de mon lit, range tous mes cours et prépare en même temps
mon sac pour demain. Comme ça, je suis tranquille. J'ai gardé les habitudes
de la petite lycéenne que j'étais. Je regarde aussi ce que je vais porter
demain... un mini short ? Je rigole toute seule de mes pensées. Je préfère
opter pour un jean noir et un petit haut rouge. J'aurais bien emprunté le haut
noir sexy en dentelle de Kat, celui qu'elle portait l'autre jour. Je vais aller lui
demander. Une fois sûre de moi, je sors de ma chambre, tape à sa porte et
rentre, sans même attendre de réponse. Grave erreur !
— Putain Alya, sors de là.
Je ressors aussi vite. J'ai les yeux qui saignent, mon frère avec Kat.
Depuis le temps qu'elle le veut. Je veux tout savoir après, même si c'est mon
frère. Je veux qu'elle me raconte tout, sauf les détails très, très personnels,
évidemment.
Je retourne vers ma chambre, un peu de bonheur dans le cœur de savoir
ça, et vois Chris arriver sur le palier. Immédiatement, mon sourire s'efface.
XXXXIX
Chris
Génial....
Nos regards se croisent à peine qu'elle me dévisage comme si elle allait
me tuer sur place.
— Salut ! T'es encore fâchée ? tenté-je, espérant une réponse négative.
— Non !!!
Elle répond avec une netteté qui contraste avec le ton de sa voix. J'aurais
été un os, elle m'aurait bouffé. Quel putain de caractère de merde.
Je la suis dans sa chambre. Elle ne me claque pas la porte au nez, il y a
du progrès. J'avais déjà anticipé, le bras prêt à me protéger le nez.
Je scrute la pièce autour de moi. Tout est soigneusement ordonné, son
sac prêt pour le lendemain, ses vêtements pliés sur le bureau. Un jean attire
mon attention. L'idée me traverse l'esprit que si quelqu'un ose la reluquer
dans ce pantalon, il risque fort de mourir en moins de deux secondes. C'est
presque amusant, car je réalise que le plus grand pervers ici, c'est moi, face
à elle. Sa chambre est un sanctuaire de propreté et d'organisation, un écho
de sa personnalité méthodique et bien rangée. Les nuances de couleurs
douces des murs ajoutent une touche de chaleur. Je suis déjà venu ici par le
passé, avant qu’elle ne s’installe et pourtant je ne reconnais pas l’endroit.
Une lueur tamisée illumine l'espace, créant une atmosphère calme et
apaisante. Des étagères sont chargées de livres soigneusement alignés,
témoignant de son goût pour la lecture. Un mélange subtil de parfums flotte
dans l'air, sa douce odeur vanillée.
— Qu'est-ce que tu veux ? attaque-t-elle, les bras croisés sur la poitrine,
tentant désespérément de paraître impressionnante du haut de son mètre
soixante.
— Juste te voir. Je n'aurais pas dû te crier dessus comme je l'ai fait tout à
l'heure, admis-je avec sincérité.
— Effectivement... et donc ?
— Eh bien, voilà.
— Voilà quoi ?
— J'attends tes excuses, dis-je en imitant sa position.
— Pardon ? Mes quoi ? Elle réplique, les dents serrées, son regard
exprimant une rage manifeste.
Une tension palpable s'installe dans la pièce. Je suis à deux doigts de
perdre mon calme, et Alya se prépare mentalement à une confrontation,
inspirant profondément.
— Je t'ai dit de m'attendre, lui rappelé-je.
— Je t'ai dit que j'avais du travail.
— Tu as ouvertement montré ton cul à tous les mecs qui se trouvaient
dans la cuisine.
— Pas du tout. J'avais un short, même s'il est court. On a traversé le
campus hier, et tu ne t'en es pas plaint. Et là, d'un seul coup, mon short est
le pire problème du monde.
La tension entre nous monte d’un cran.
Elle n'a pas tort. Sauf qu'hier soir, lorsque nous sommes rentrés, il n'y
avait personne. J'avoue que je n'avais pas fait gaffe plus que ça, puisque
c'est moi qui matais son cul et en profitais allègrement.
— C'est à toi de t'excuser, rugit-elle.
— Je l'ai fait, réponds-je, tentant de maintenir un semblant de calme.
— Pas du tout. Tu m'as dit que tu n'aurais pas dû crier, jamais que tu
étais désolé de l'avoir fait. Je ne suis pas un objet, et encore moins un chien.
Tu m'as foutue dehors de ta chambre, tu m'as violemment attrapée par le
bras, crié dessus et mise à la porte après.
— OK, JE SUIS DÉSOLÉ. Ça te va ?
— Te connaissant, je vais devoir me contenter de ça de toute façon.
Sa voix est froide, ses yeux reflètent toujours sa colère. Elle n’a
visiblement pas l’intention de céder, ni de se calmer.
— Je ne veux plus le voir, ton putain de short, lancé-je avec un mépris à
peine dissimulé.
— Je fais ce que je veux.
On se hurle dessus, pour changer.
— Plus depuis que tu sors avec moi.
— Ah bon, parce qu'on sort ensemble ? Non, pardon. Je sais que je n'ai
que seize ans, mais moi, quand je sors avec quelqu'un, je n'ai pas le statut de
célibataire aux yeux du reste de la planète.
— Je t'ai dit que je ne voulais pas qu'on sache pour nous deux.
Mes mots claquent dans l'air tendu et ne lui plaisent toujours pas
visiblement.
Elle est chiante, ma parole. Il est totalement hors de question qu'on
s'affiche en tant que couple. Va vraiment falloir que ça rentre dans sa petite
tête. Déjà, qu'elle a failli me dire « je t'aime » hier soir en s'endormant. J'ai
préféré étouffer le truc pour éviter qu'on parle de ce genre de chose. Mais si
elle espère qu'on se tienne la main en disant des mots doux, là elle rêve
franchement. Elle ne veut pas que je lui écrive des poèmes aussi. Je ne suis
pas du genre à étaler mes sentiments comme ça. C'est une question de
principe, je suis un Alpha.
— Tu devrais partir, somme-t-elle finalement.
Quoi ? Elle me fait quoi là ?
Je suis venu ici pour arranger les choses et lui proposer de passer la
soirée avec moi, et elle, elle veut me virer. Non là, ma jolie, tu rêves. Tu vas
faire ce que je veux. Je n'ai pas pour habitude qu'on me dise non. Enfin,
avec elle, je commence à me bouffer pas mal de vent depuis qu'elle a
débarqué. Et ça commence royalement à me gonfler.
— Je veux que tu viennes passer la soirée chez les Alpha. C'est soirée
console et pizza, et après, on dort tous les deux.
— Ça n'a rien de discret, pour quelqu’un qui veut soi-disant cacher notre
histoire.
— Ça l’est, Je fais ça constamment avec d’autres nanas.
Alors là, j'aurais mieux fait de fermer ma gueule. Autant ses yeux sont
totalement magnifiques lorsqu'ils sont pétillants après le sexe, que là,
franchement, je crois que je vais mourir sur place. Ils sont réduits à deux
minuscules petites fentes, et sa mâchoire est tellement serrée que j'ai
l'impression d'entendre ses dents grincer d'où je suis.
— Dégage, éructe-t-elle, avec fureur.
— Alya, c'était avant toi. Je n’aurais pas dû dire ça de cette façon.
— Oh non, en fait, je me rends compte que je suis loin d'être unique ou
spéciale à tes yeux. Puisque tu fais ça avec d'autres filles. Tu vas les
récupérer chez elles aussi le week-end, et tu leur dis être amoureux d'elles
pour être sûr de pouvoir plus facilement les contrôler jusqu’à ce qu’elles
soient totalement amoureuses de toi? Mais si ça se trouve, je ne suis pas ta
seule relation cachée. T'en as peut-être une avec Julia aussi, vu que vous
n'arrêtez pas de coucher ensemble. Elle croit peut-être qu'elle est avec toi
elle aussi.
Je suis dans la merde. Comment je vais réussir à me sortir de là ? Elle,
elle est toujours sur les starting-blocks, prête à exploser à la moindre
étincelle. Et quand elle est dans cet état, les mots fusent à une vitesse folle,
sans le moindre filtre. J'hésite entre plaquer ma bouche sur la sienne pour la
faire taire, peut-être y mettre ma queue ou la laisser parler et exprimer toute
cette colère qui semble dirigée contre moi.
Elle s'installe sur le lit, les bras croisés, une expression boudeuse sur le
visage. Elle se mord l'intérieur de la joue, geste que j'adore bien que je
sache pertinemment qu'elle le fait quand elle est en colère, la plupart du
temps
Je tente une approche, il faut que je réussisse à poser mes lèvres sur les
siennes histoires de la détendre. Et moi avec, putain on a beau s'engueuler
j'ai envie d'elle. Je crève d'envie de l'attacher à ses barreaux et de jouer avec
son corps.
Pourtant, il y a du boulot avant d'en arriver là. Je connais les mots qu'elle
veut entendre, mais je ne suis pas prêt à les prononcer. Dire "je t'aime" ou
des idioties du genre, très peu pour moi. Je ne lui dirai probablement
jamais. C'est hors de question.
— Il n'y a que toi. Depuis notre première nuit ensemble, je n'ai pas eu de
relations avec d'autres filles, et tu le sais bien.
Oh et puis merde !
Je vais tenter ma chance, quitte à me faire jeter.
Je la pousse en arrière sur son lit et embrasse passionnément ses lèvres. Le
goût enivrant de vanille de sa bouche, la douceur qui s'entremêle
parfaitement avec la mienne, crée une sensation électrisante qui parcourt
tout mon corps. Ses lèvres, délicieusement chaudes, répondent avec une
intensité surprenante, formant une fusion enivrante qui efface
momentanément toutes les tensions entre nous.
Mes mains glissent naturellement sur son corps, explorant chaque
courbe, chaque recoin, comme si j'essayais de comprendre chaque parcelle
d'elle. La proximité de son corps contre le mien crée une chaleur délicieuse,
et son souffle haletant entre nos baisers ajoute une note de passion brûlante
à l'air ambiant.
— Mmmm... Mais Chris, qu'est-ce que tu fais, bordel ?
Je me sépare brièvement de ses lèvres, mes yeux plongeant dans les
siens, reflétant à la fois la frustration et le désir.
— J'en ai marre de me prendre la tête avec toi. Tu me rends dingue, à
tous les niveaux, mais j'ai une envie folle de toi. Alors, je veux bien
m'excuser vingt fois si ça peut te calmer, mais s'il te plaît, tais-toi. Il n'y a
que toi, bordel. Rien que toi.
Je suis dans un état d'excitation intense depuis déjà dix minutes. À ce
stade, résister n'est plus une option. Cette fille a un effet dévastateur sur
moi. Le simple contact de ses lèvres fait accélérer mon cœur, et en sa
présence, mon érection persiste. Sans plus attendre, je la soulève et la place
au centre du lit, me positionnant entre ses jambes pour m'emparer
totalement de sa bouche.
Mon désir brûlant me pousse à trouver un moyen de l'attacher à ces
fichus barreaux. Je retire son tee-shirt et son soutien-gorge sans préambule,
révélant ses seins parfaits qui m'attirent irrésistiblement. D'un geste rapide,
je défais ma ceinture, l'enlève de mon pantalon, et la passe autour de deux
barreaux, créant un enchevêtrement pour mieux emprisonner ses mains.
Au moment où j'attrape ses poignets, elle réalise soudainement ce que je
compte faire.
— Non, Chris. T'es dingue.
— Tu vas aimer. Laisse-toi faire.
— Je ne veux pas.
— Tu as confiance en moi ?
La tension entre nous est palpable. Ses yeux expriment à la fois la crainte
et la curiosité. Je suis déterminé, mais je veux qu'elle comprenne qu’elle
doit me faire confiance, même dans les moments les plus intenses. Je veux
qu’elle me cède à chaque fois, je veux la posséder de toutes les manières
possibles.
XXXXX
Alya
— Tu as confiance en moi ?
Tout ce qui touche au sexe est nouveau pour moi, et je me demande si je
suis prête à me laisser attacher. Des pensées tourbillonnent dans ma tête. Et
s'il me laissait là, nue et attachée, en partant ? Ou pire, s'il en profitait pour
faire quelque chose que je ne veux pas ?
Je sais bien que Chris n'est pas le genre de mec à faire des trucs pareils,
mais l'inconfort m'envahit quand même. Il essaie de reprendre mes
poignets, voyant que je ne réponds pas, et je le laisse faire. Il les
emprisonne avec sa ceinture. Je vérifie instinctivement, mais je me rends
compte que je ne peux vraiment pas bouger.
La vulnérabilité de ma position m'envoie des frissons dans le dos, mais il
y a quelque chose d'excitant dans l'inconnu. Mes yeux cherchent les siens,
espérant y voir une assurance silencieuse dans son regard.
— Chris, je...
— Je ne ferai rien que tu ne veuilles pas. Laisse-toi aller.
Me laisser aller ? Il plaisante, je suis attachée et complètement à sa
merci.
Sa main glisse entre mes jambes, me caressant par-dessus de mon
legging.
— Chris, arrête je t’en prie. La porte. Elle n'est pas fermée à clé.
— Je m’en tape de la porte. J'ai qu'une envie là. C'est de te baiser.
Son souffle chaud et ses lèvres expertes continuent de parcourir ma peau,
explorant chaque centimètre avec une intensité qui défie toute logique. Mes
tétons réagissent à ses morsures légères, une onde de plaisir se propageant
dans tout mon corps. C'est comme s'il possédait le secret pour éveiller
chaque nerf, chaque parcelle de mon être.
Les sensations qu'il suscite sont presque surnaturelles. Comment en suis-
je arrivée à être attachée sur mon lit, à gémir de plaisir, alors qu'il y a à
peine deux minutes, on se disputait violemment ? Ce mec a un pouvoir sur
moi, une capacité à me faire perdre toute retenue.
Il se libère de son tee-shirt, dévoilant un torse sculpté qui augmente
encore mon désir. Tirant sur la maudite ceinture, je tente de libérer mes
mains, la frustration persiste. Je veux le toucher, sentir sa peau contre la
mienne, participer activement à cette danse sensuelle.
Le pire, c'est que je perçois son sourire invisible sur ma peau, comme s'il
savait qu'il a réussi à obtenir ce qu’il veut de moi comme à chaque fois.
Lentement, il fait glisser mon legging, me privant aussi de ma petite culotte.
Croisant les jambes, je le regarde avec détermination, lançant un défi
silencieux.
— Détache-moi.
— Non.
— Je n'écarte pas les cuisses si tu ne me détaches pas.
— D'accord. Reste comme ça alors.
Je fronce les sourcils, sentant qu'il mijote quelque chose. Il embrasse
mon ventre, malaxant mes seins avec une intensité dévorante. Puis, sa main
s'aventure lentement vers mon intimité, appuyant sur mon clitoris. Mes
jambes croisées ne sont plus un obstacle, bien au contraire.
Oh mon Dieu ! Je bascule la tête en arrière, me laissant emporter par les
vagues de plaisir qu'il déclenche. Je desserre progressivement les jambes,
cédant à ses avances jusqu'à ce qu'il parvienne à y glisser son genou,
écartant mes cuisses de force une nouvelle fois.
— Tu n’as aucune volonté, se moque-t-il. Qu'est-ce que tu veux, bébé ?
— Toi.
— Je veux t'entendre, Alya.
Il continue ses mouvements en moi avec expertise, m'arrachant des
gémissements retenus alors que je lutte pour conserver un semblant de
maîtrise dans ce tourbillon de sensations
— Qu'est-ce que tu veux que je te fasse ?
— Tu le sais.
— Allez, Alya, dis-le.
J'en ai marre qu'il essaie toujours de me faire dire ces choses. Ça me
gêne, et il le sait.
— Prends-moi, Chris. J'ai envie de toi.
Les vagues de plaisir m'envahissent, me laissant momentanément hors
d'haleine. Je tire avec force sur la ceinture, accentuant l'intensité de
l'orgasme qui me submerge
Chris retire enfin son pantalon, se protège, et pénètre brusquement en
moi. Un cri de surprise et de plaisir s'échappe de mes lèvres, car c'est
exactement ce que je désirais. La friction passionnée de nos corps
enflamme l'atmosphère, chaque mouvement résonnant dans la pièce.
— Détache-moi.
— Oh bordel, non. C'est hors de question.
Sa voix rauque, empreinte de désir, résonne près de mon oreille,
intensifiant le mélange de frustration et de passion.
Il poursuit ses mouvements avec une férocité contrôlée, intensifiant
chaque sensation, chaque gémissement, comme s'il voulait graver ce
moment dans notre mémoire collective. La pièce devient un sanctuaire de
désir, où le refus de me détacher amplifie le plaisir, créant une alchimie
brûlante entre nous.
Il accélère ses mouvements, allant plus fort et plus loin que d'habitude.
Ses grognements résonnent dans ma nuque alors qu'il bloque mon bassin
avec sa main, me rendant entièrement vulnérable à ses assauts. Je suis
complètement à sa merci, ne pouvant que m’abandonner au plaisir qu'il me
prodigue.
Je sens son corps se contracter autant que le mien. Lorsque j'entoure son
corps avec mes jambes, le sentant plus profondément en moi, je ne peux
m'empêcher de laisser échapper un cri de plaisir. Une seconde vague
d'orgasme m'envahit, lorsque lui aussi se lâche en moi.
— J'adore être en toi, bordel.
J'aimerais lui dire que j'adore quand il est en moi aussi, mais les mots ne
sortent pas. À la place, je mords ma lèvre avec un sourire idiot sur le visage.
Je voudrais qu'il me libère.
—Tu peux me détacher maintenant ?
— Non. Tu restes comme ça, et moi, je me tire.
— CHRIS !!!
Son rire résonne dans la pièce, mais cette fois-ci, je ne partage pas son
amusement. Après un moment, il prend le temps de me détacher. Mes mains
explorent son dos, le caressant délicatement, alors qu'il reste allongé sur
moi, reprenant son souffle sans bouger.
— Viens passer la soirée avec moi. J'ai envie qu'on partage ce moment.
— D'accord, mais promets-moi de ne plus parler des autres filles.
— Désolé, je ne suis pas très doué pour les trucs de couple.
Un rire m'échappe, face à ses "trucs de couple". Cette idée qu'il semble
avoir de nous, en tant que couple, me laisse perplexe. Pour l'instant, je me
perçois davantage comme une amie améliorée, une partenaire de plaisirs, et
même si ce n'est pas ce que je recherche au fond de moi, je me résigne à
cette réalité pour pouvoir être avec lui. Cela me pince le cœur.
XXXXXI
Alya
En pénétrant chez les Alphas, je me retrouve confrontée à l'incertitude
quant à la manière dont je devrais me comporter. Les quinze membres du
groupe occupent l'espace du salon et de la cuisine. Soudain, je réalise que je
n'ai pratiquement jamais eu l'occasion de tous les voir en dehors des soirées
organisées ici ou chez nous. Certains parmi eux me sont encore inconnus
même jusqu'à leur prénom.
— Hey, salut, Terreur.
Oh mon Dieu, j'apprécie tellement quand il m'appelle ainsi. Cela éveille
toujours quelque chose en moi, bien que je ne puisse pas réellement
expliquer pourquoi.
— Salut, Seb. Ça va ?
— Tu t'incrustes à notre soirée masculine.
— Ouais, on dirait. Je ne sais pas si j'aurai le droit de jouer à la console.
— Probablement pas. Tu veux que je te serve quelque chose à boire ?
L'atmosphère est imprégnée de l'énergie particulière des réunions entre
amis, mais en même temps, je me sens comme une étrangère.
— Avec plaisir.
Je l'accompagne jusqu'à la cuisine, où une variété d'alcools forts se
présente à nous. Mon regard se crispe en constatant les choix disponibles.
On a cours demain, tout de même. Je pointe du doigt le jus de fruit, et il
semble à la fois surpris et amusé par ma préférence. Malgré cela, il me sert
avec un sourire.
— Tu es prête pour demain ? On est en cours ensemble.
— Quoi ? Pourquoi ensemble ?
— D’accord, je vois que tu n’as pas lu tes mails. Demain, on fait les
binômes. Tu veux toujours être le mien ?
— Évidemment. Je ne savais pas que c'était demain.
— Si. Tu veux qu'on y aille ensemble ? Etant donné que nous allons dans
la même classe.
— Ouais, ça va me faire bizarre. Mais ça va être cool.
— Qu'est-ce qui va être cool ?
Chris débarque, passant une main possessive sur ma taille, faisant reculer
Sebastian d'un pas. Sa présence apporte une tension palpable dans l'air qui
me mets mal à l’aise.
— Demain, je vais en cours avec Seb. On fait les binômes, donc on part
ensemble.
— Vous partez ensemble ! Mais ça à l’air génial ça, dis donc.
Le ton de Chris trahit une pointe de jalousie. C'est de mieux en mieux.
J'ai envie d'éclater de rire, mais je me retiens, consciente qu'il n'apprécierait
probablement pas que je me foute de lui ouvertement. Mon regard croise le
sien, et je peux déceler une lueur à la fois ludique et possessive dans ses
yeux.
Je me tourne vers Seb, submergée par une avalanche de questions qui me
brûlent les lèvres.
— Et du coup, ça va se passer comment ? Qu'est-ce qu'on va faire pour
le premier jour ? Ah, et on aura déjà un script à faire ?
— Oh là, trop de questions.
Il lève les bras en signe de défense, comme s'il cherchait à se protéger de
mon interrogatoire, mais son rire trahit un amusement certain face à mon
enthousiasme débordant.
Mon regard s'égare entre les expressions de Seb et les réactions subtiles
de Chris qui ne semble pas aimer notre amitié.
— Alya, les cours c’est demain. Fous-lui la paix, allez viens, on va
s’installer, bébé.
Il prend ma main, et Sebastian perd son sourire en observant la scène. Je
parie n'importe quoi qu'il l'a fait exprès, l'alpha marque son territoire.
J'hallucine. Cette manière de faire ne me plaît pas du tout, et le regard
blessé de Seb me fait mal.
Il s'installe dans un fauteuil, me tirant pour que je m'assoie sur lui. Je
prends place de côté, mon dos contre l'accoudoir, les jambes repliées et
entièrement dans ses bras. Ce qui m'étonne, c'est que personne ne réagit de
manière spécifique, mais Zach n'a pas encore remarqué ma présence. Sam
s'assoit dans le canapé à côté et commence à discuter avec Chris. Pour ma
part, je joue distraitement avec mon téléphone, sans vraiment prêter
attention aux discussions autour de moi, lorsque quelque chose frappe ma
tête.
Je lève les yeux en laissant retomber ma tête en arrière, découvrant mon
frère qui vient de me rejoindre.
— Qu'est-ce que tu fais là, microbe ?
Microbe ? De mieux en mieux, vais-je un jour avoir un surnom qui ne
soit pas réducteur entre terreur, bébé, gamine, et maintenant microbe ? Je
désespère. Même si je sais que ce sont des marques d'affection, elles ont
tendance à être horripilantes.
Je lui adresse un sourire forcé, montrant toutes mes dents dans une
tentative de légèreté.
— T'es affalée sur mon pote, me précise-t-il, les sourcils froncés.
Mon regard cherche celui de Chris, qui rigole et me caresse le dos du
pouce. Je me sens quelque peu déconcertée, ne sachant pas trop comment
réagir. J'espère que Chris prendra la parole.
— Il n’avait plus de place pour ses petites fesses, lance-t-il finalement,
montrant le salon bondé avec un sourire en coin.
— Bah oui, du coup, t'as proposé tes genoux. Tu es un mec en or,
réponds mon frère avec sarcasme.
— Ouais, je sais.
Là, c'est moi qui rigole de leurs bêtises. Zach abandonne en riant,
secouant la tête, conscient qu'il ne réussira pas à me déloger de ma place.
Le regard de Chris oscille entre une expression amicale teintée
d'amusement et une légère agressivité, signifiant à Zach de gentiment la
fermer.
Pendant ce temps, je continue ma navigation sur Instagram, jetant un
coup d'œil à ce que deviennent mes copines du lycée. Leur absence se fait
ressentir, surtout celle de Carly. On avait prévu de se voir samedi, mais avec
l'irruption soudaine de Chris, nous n'avons pas pris le temps de nous
organiser. Une légère pointe de regret traverse mes pensées. Chris attrape
doucement mon poignet, curieux de savoir ce que je fais.
— Je n’ai même pas ton compte, me dit-il en prenant son téléphone pour
rechercher mon profil.
— Pourquoi tu as Insta, toi ?
— Ouais, je ne poste jamais rien, mais j'en ai un.
Il glisse son autre main sur ma joue, la caressant délicatement tout en
plongeant ses yeux dans les miens. Puis, d'un geste assuré, il m'attire par la
nuque vers ses lèvres, m'embrassant de manière langoureuse, entrelaçant sa
langue autour de la mienne. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Nous sommes au
milieu du salon, entourés de tout le monde. Je remarque qu'il y a eu
quelques secondes de silence au moment où il m'a embrassée. Tout le
monde a dû halluciner. Est-ce qu'il faisait vraiment ça avec les autres ?
Comment ne pas avoir l'impression d'être unique à ses yeux quand il fait
des choses comme ça ?
Ses lèvres sont fraîches, imprégnées de la bière qu'il a bue. Je n'ai aucune
envie qu'il s'arrête. Je me serre contre lui, faisant glisser ma main de son
ventre jusqu'à sa taille pour le presser davantage contre moi.
Quand il se retire de mes lèvres, il pose son front sur le mien et me
chuchote discrètement.
— Va doucement, sinon on montera tout de suite, ça va faire désordre.
Tu me fais déjà bander.
Je sens effectivement la réaction de son corps sous mes fesses, et un
sourire complice s'étire sur mes lèvres. Chris, avec sa franchise
déconcertante, m'a habituée à ce genre de remarques sans filtre et je
commence à m’y faire de plus en plus.
Les pizzas arrivent, et les garçons se dirigent vers la cuisine pour se
servir. Je me lève, récupère une assiette en carton. C'est typique des mecs, la
vaisselle n'est visiblement pas leur fort.
— Qu’est-ce que tu veux comme pizza ? Il y a champignons, jambon,
fromage.
La proposition de Chris est interrompue par la voix de mon frère.
— Elle est allergique aux champignons, si tu ne veux pas finir ta nuit
aux urgences, évite.
Je hausse les épaules avec un léger sourire. Mon frère a toujours ce côté
protecteur, même si ça peut être agaçant parfois. Chris n'ajoute rien de plus,
me sert deux parts différentes sans champignons, puis m'attire dans le salon.
— Je me rends compte qu'en fait, je ne sais rien de toi, avoue-t-il.
— Je ne sais rien sur toi non plus. On ne se raconte pas notre vie. En fait,
on ne parle pratiquement jamais.
— Il va falloir qu'on rattrape ça.
Son regard s'attarde sur moi, comme s'il cherchait à percer les mystères
qui entourent ma personne. Il pose son doigt sur mon nez en souriant, me
replace comme j'étais, puis croque dans ma pizza.

*****

Le lendemain matin, quand le réveil sonne, l'idée de quitter le lit semble


une tâche insurmontable. Épuisés, nous nous sommes couchés à deux
heures du matin, et j'ai été plus qu'étonnée qu'il ne fasse que me prendre
dans ses bras pour s'endormir, m'embrassant dans la nuque. Mes pensées
dérivent vers des désirs qui n'ont pas été comblés.
En tentant de me lever, il me tire violemment, m'enlaçant comme un
doudou.
— Viens, on sèche les cours aujourd'hui, me murmure-t-il dans le cou.
— Hors de question. Je pars avec Seb ce matin, on fait les binômes,
répliqué-je en grognant.
Il serre davantage son étreinte.
— Justement, raison de plus.
— Tu as fini, oui ?
— Tu vas devoir travailler avec lui.
— Oui, c'est le principe d'un binôme. On travaille ensemble.
— Je ne veux pas que tu sois seule avec lui.
— Pourquoi, tu as peur que je succombe à son corps de rêve ?
Il relève rapidement la tête de son oreiller, me lançant un regard assassin.
— Son quoi ?
— Tu crains que je craque sur...
— Je te conseille de fermer ta bouche et de ne pas le répéter avant que je
m'énerve, me coupe-t-il avant que je termine de répéter ma phrase.
Un éclat de rire s'échappe, alors que je le retourne sur le dos, prenant
place au-dessus de lui en le chevauchant.
— J'apprécie quand tu es jaloux, avoué-je en riant doucement.
— Je ne suis pas jaloux, n'importe quoi, je m'en moque.
— Ah, d'accord. Bon, je vais voir s'il est réveillé et lui faire un câlin,
taquiné-je.
— Reste ici. D'accord, je suis jaloux. Contente, petite peste ?
Son rire résonne dans la pièce, et j'apprécie ces moments où il montre
qu'il tient à moi. Bien que ce ne soit peut-être pas encore l'amour, c'est un
pas en avant. Cependant, les paroles de Zach résonnent dans ma tête, « Il est
possessif ». Est-ce que cette possessivité découle simplement de sa nature
ou est-ce qu'il ressent réellement quelque chose pour moi ?
Cette histoire me rend incapable d'être sereine. Pour l'instant, une tension
agréable grandit entre mes jambes, et son sourire séducteur confirme que
nos désirs sont mutuels. Le plaisir avant les cours, c'est divin.
XXXXXII
Alya
— Tu es prête, terreur ? me lance Seb en voyant sortir de la maison.
Je m'élance avec entrain, sautant plusieurs marches à la fois, pour atterrir
dans ses bras.
— Ouais... prête, réponds-je avec insouciance.
— T'es tarée. Tu vas te casser une jambe, sérieux.
— Je ne suis pas en sucre.
— ALYA !!!
Le cri de Chris retentit, accompagné d'un froncement de sourcils
menaçant et d'une lueur mauvaise dans son regard. Il s'approche de moi
d'un pas décidé. J’opère un demi-tour et me dirige à nouveau vers lui.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu es obligée de lui sauter dans les bras ?
— Je n’ai pas sauté dans ses bras. J'ai sauté les marches.
— Arrête de faire l'enfant. Tiens, tu as oublié ton portable. Je te rejoins à
la pause déjeuner.
— Ah bon, on déjeune ensemble ?
La tension entre Chris et moi est palpable. Il me tend mon portable sans
un mot, ses yeux exprimant un mélange de contrariété et de colère.
— Oui, pourquoi tu déjeunais avec Seb peut-être ?
— Oui, mais ce n’est rien, on peut déjeuner tous les trois.
Je remarque parfaitement qu'il se braque et contracte la mâchoire, mais
je n'ai pas envie que l’on se dispute. Je l'embrasse tendrement et m'en vais
sans lui laisser l’occasion dire quoique ce soit. Accélérant le pas, je rejoins
Seb, qui a commencé à avancer. Nous n'avions pas prévu de déjeuner
ensemble ce midi. De plus, son bâtiment est à l'autre bout du campus. Il va
perdre son temps, c'est idiot.
Une fois arrivée dans la classe, plusieurs chaises ont été ajoutées. Les
deuxièmes années restent debout et discutent entre eux. En revanche, nous,
les premières années, nous n’avons pas encore fait connaissance. Chacun
est dans son coin, sans vraiment se parler. Je reçois un texto de Chris et
l'ouvre immédiatement.

Chris : Bonne journée quand


même bébé
Moi : Merci toi aussi. Il faudrait
que je te trouve un surnom aussi
Pour t'embêter
Chris : Tu n’aimes pas « bébé » ?
Moi : Si, mais je sais que tu
m'appelles comme ça par rapport à
mon âge.
Chris : Moi je trouve que ça te va
bien, mais je te laisse trouver comment
m'appeler en revanche évite
les chéris, amour ou autres conneries du
genre si tu ne veux pas parler toute seule
Moi : Et vieux machin ?
Chris : Je vais te tuer
Moi : 😜😜��
Chris : Allez, à ce midi bébé
Moi : Bisous.

— Bonjour à tous, jeunes gens. J'espère que votre week-end s'est bien
déroulé, empreint de repos et de détente. Bien sûr, je ne suis pas naïf, je me
doute que la plupart d'entre vous ont fait honneur aux fêtes en tout genre
sans relâche. Comme vous pouvez le constater, les étudiants de deuxième
année nous ont rejoints, et nous collaborerons tous les lundis matin. En
effet, cette année, nous aurons la chance de former des binômes. Pour ma
part, c'est un véritable miracle, puisque nous sommes neuf dans les deux
groupes. Y a-t-il parmi vous des binômes déjà constitués ?
Seb et moi levons la main. Celui-ci nous observe tous les deux
attentivement.
— Ah, je vois un Alpha et une Kappa, je présume ? déclare-t-il avec un
léger sourire.
J'acquiesce discrètement, tandis que Seb affiche un magnifique sourire.
Les regards de toute la classe se tournent vers moi, apparemment surpris
d'apprendre que je fais partie d'une sororité. Soudain, je ressens une certaine
gêne et tente de me faire toute petite.
— Bien, Sebastian, je te laisse aller prendre place à côté d'Alya. Quant
au reste, je vous laisse le choix, je n'impose personne.
En marchant vers ma place, je sens le regard curieux de mes camarades
posé sur moi. La révélation de mon affiliation à une sororité semble avoir
créé une certaine agitation dans la classe. Mon cœur bat un peu plus vite, et
je tente de dissimuler mon embarras en prenant place. Le professeur
observe la réaction de la classe avec un léger sourire en coin, puis poursuit
ses explications sur la formation des binômes.
Seb vient s'asseoir à côté de moi, et spontanément, je prends son bras,
posant ma tête sur son épaule, le surprenant par ce geste. J'apprécie
réellement ces moments de proximité avec lui, même si, à cause de la
jalousie maladive de Chris, j'ai appris qu'il avait eu des relations avec de
nombreuses filles. Malgré cela, Seb a toujours été d'une grande gentillesse à
mon égard, prévenant et attachant. Je suis reconnaissante qu'il ne m'ait pas
tenu rigueur des horreurs que je lui avais dites ce soir-là, alors qu’en réalité,
je n'avais même pas mon mot à dire.
Le professeur reprend la parole, annonçant que tous les binômes sont
maintenant constitués et que nous allons tirer au sort notre premier thème
de film. Nous aurons jusqu'au mois de janvier pour écrire un court métrage
sur le sujet qui nous sera attribué. Ces scénarios seront ensuite remis aux
étudiants de troisième année en réalisation, qui auront pour mission de les
mettre en scène.
— Seb, à toi de jouer, déclare le professeur, incitant mon binôme à tirer
un thème au sort.
Une lueur d'excitation traverse mon regard à l'idée que Chris puisse être
celui qui réalisera notre scénario.
Seb plonge sa main dans le sachet contenant les thèmes écrits sur des
petits papiers. Le professeur fait circuler le sachet dans la classe. Lorsqu'il
déplie le papier, son visage s'illumine, et il me regarde en éclatant de rire.
Intriguée, je jette un coup d'œil au thème qu'il a tiré.
« Comédie romantique »
— Tout ce que j'aime.
Je suis consciente de l'ironie de ses paroles, car en réalité, il déteste ce
genre. Cependant, moi, j'adore. Je trouve que cela pourrait être amusant et
stimulant, même si je sais que ce n'est pas du tout son style.
— Parfait, donnez-moi le thème que je le note, demande le professeur.
Puis, il annonce une particularité pour cette année : nous devons nous
mettre en scène dans notre histoire. Un murmure de confusion parcourt la
classe, chaque étudiant se demandant comment intégrer sa propre personne
dans un scénario.
— Je m'explique, Sebastian, Alya, votre thème est la comédie
romantique. L'amour, c'est entre vous deux, vous êtes les héros de votre
histoire, précise le professeur.
Un éclair de compréhension traverse le regard de Seb et le mien. Nous
éclatons de rire, imaginant déjà les scénarios hilarants que cela pourrait
engendrer.
— C'est Chris qui va adorer ça, plaisante mon binôme. Seb et moi
continuons de rire, mais au fond de moi, je pressens que cette situation va
sûrement me valoir quelques conflis supplémentaires. Malgré cela, je suis
excitée à l'idée de créer une comédie romantique mettant en scène notre
propre relation. Cela promet d'être une expérience originale et amusante,
même si je sens que cela va également ajouter quelques problèmes entre
moi et le président des Alphas.
Je prends la main de Seb, entrelaçant mes doigts aux siens, ce qui le fait
cesser immédiatement de rire, son attention captivée par ce simple geste.
— Alors, chéri, c'est toi ou moi qui brise le cœur de l'autre ? je lui
demande en souriant.
Il hésite un moment, puis répond avec humour :
— C'est souvent le garçon qui endosse le rôle du méchant. Pour une fois,
c'est toi qui me brises le cœur.
— D'accord, je suis la méchante. Ça me va, accepté-je en riant.
Le reste du cours se déroule assez calmement. Le professeur nous laisse
le temps de faire connaissance avec nos binômes, bien que Sebastian et moi
nous connaissions déjà. Profitant de cette pause, nous griffonnons des idées.
La matinée se poursuit sans heurts, et lorsqu'arrive l'heure du déjeuner, je
retrouve Seb à notre table à l'extérieur.
— Coucou, lancé-je en déposant mon déjeuner sur la table avant de
m’installer.
— Hey, ça va, terreur ? est-ce que je peux te poser une question un peu
indiscrète ? s’enquiert-il timide.
— Oula, ça promet, mais vas-y.
— Toi et Chris, vous êtes en couple ?
Je me retrouve désemparée face à cette question. J'aimerais tant pouvoir
répondre par un simple "oui, nous sommes amoureux et en couple," mais à
la place, je suis contrainte de révéler la réalité. Du moins celle que Chris
veut que je réponde.
— Non, Chris en couple, vraiment ? On est... amis améliorés, quelque
chose comme ça. Enfin, je crois, dis-je en tentant de dissimuler la déception
amère qui m'envahit.
— Ah, je vois. Il a beaucoup d'amies de ce genre-là, souffle-t-il.
— Je sais. On peut changer de sujet ? Tu fais quoi ce soir ?
— Rien, pourquoi ?
— Ça t'embête si je te rejoins dans ta chambre pour qu'on essaie au
moins de trouver l'idée de base ? comme ça je pourrais avancer un peu.
— Ça t'excite, pas vrai ?
— Pardon ?
Je suis choquée par sa remarque. Il doit le voir à ma tête, car il panique
et bafouille.
— Non, enfin, ça ne t’excite pas de cette manière... Je veux dire... Le
travail t'excite... Tu es excitée par le projet.
Il bredouille autant qu'il le peut, ce qui me fait rire. Pour le rassurer, je
pose ma main sur la sienne et lui fais signe d'arrêter.
— Oui, bien sûr, c'est le projet qui m'excite, plaisanté-je, consciente du
malentendu. J'ai compris, Seb. Arrête, lui dis-je en remarquant sa gêne
croissante.
Il baisse la tête en soupirant, visiblement totalement embarrassé. Malgré
cela, je suis toujours prise d'un fou rire incontrôlable, me penchant vers lui
et posant ma tête sur son épaule tout en continuant de me moquer gentiment
de lui.
— Je vois que ça s'amuse bien ici, lance une voix derrière nous.
Seb fait un premier mouvement de recul en voyant Chris apparaître. Pour
ma part, je ne bouge pas, convaincue de n'avoir rien à me reprocher dans
ma manière d'être avec lui. Cependant, je me décale finalement, réalisant
que la situation le met mal à l'aise, tout en continuant à rire.
Chris s'assoit à notre table, tenant un plateau de la cafétéria d’une main,
et de l’autre il m'attire par la nuque pour m'embrasser sur le front.
— Alors, qu'est-ce qui t'amuse à ce point ?
— Oh, j'ai demandé à Seb de le rejoindre dans sa chambre ce soir pour
trouver le sujet de base de notre devoir. Il m'a demandé si ça m'excitait.
Chris lâche sa fourchette dans son assiette et se tourne vers Seb, l'air
mauvais. Malgré sa réaction, je continue mon histoire, savourant le
moment.
— Mais il parlait du devoir, du coup ça m'a fait rire de le voir bafouiller
pour essayer de rattraper la confusion de sa phrase, terminé-je mon
explication.
— Et bien sûr, quand tu rigoles, tu es obligée d'être collée à lui.
— Oui, je voulais lui grimper sur les genoux, mais il est assis trop près
de la table.
Désolé, mon cher Chris, mais tu m'as tendu une perche bien trop facile à
saisir. Tu ne veux pas qu'on soit officiellement ensemble, donc tu n'as rien à
dire sur ma relation avec Seb. En plus, je n'ai rien à me reprocher. Nous
sommes proches, mais il n'y a pas de malentendu entre nous.
Chris voit clairement que je le provoque avec ma réponse, mais il sourit
sans rien dire et continue de manger. Malgré sa réaction en demi-teinte, je
sens une pointe de jalousie dans son regard, mais je choisis de l'ignorer.
Mon intention n'est pas de le blesser, mais simplement de faire entendre que
je ne vais pas me conformer à ses règles sans contrepartie.
XXXXXIII
Alya
Je rassemble mes affaires dans mon sac, sachant que je vais passer la
nuit chez les Alpha. À ce rythme, mon lit à la sororité restera toujours aussi
immaculé, je passe rarement mes nuits ici.
Alors que je m'apprête à sortir, Kat fait une apparition soudaine dans ma
chambre, tenant un énorme pot de glace.
— Tu t'en vas ?
— Oui, je travaille avec Seb sur notre scénario, puis je rejoins Chris.
— Mmm…, une partie de jambes en l'air au programme. Tu ne t'arrêtes
plus maintenant que tu as commencé, petite cochonne.
— Oui, je l’avoue. Je regrette de ne pas avoir fait ça avant. Le sexe, c'est
génial.
Un éclat de rire nous prend toutes les deux. Parler de sexe avec Kat ne
me dérange plus autant qu’avant, surtout quand c'est sur un ton léger.
Cependant, avec Chris, c'est différent. Je ne suis pas encore prête à aborder
ce sujet aussi ouvertement qu'il le fait.
— Qu’est-ce que c’est ? demande-t-elle en regardant le carnet posé sur
mon bureau.
— Ah ça, c'est... enfin, en réalité, c'est un devoir que je dois rendre à la
fin du trimestre. On doit tenir un journal où l'on écrit de manière intense sur
nos expériences, de manière à plonger le lecteur dans nos émotions,
expliqué-je.
— Je peux lire, ou c'est vraiment très personnel ?
C'est un vrai journal intime, mais en même temps, c'est Kat, et je me dis
que je pourrais lui faire lire et qu'elle me donnerait son avis sur ma manière
d'écrire.
— Ouais, mais pour le coup, c'est vraiment intime, alors tu le gardes
pour toi, d'accord ? Et tu me diras en même temps si ma façon rédiger te
plaît.
Maintenant que j’y pense, nous n'avons jamais vraiment parlé du fait
qu'elle avait couché avec mon frère depuis que ça s'est passé. J'aimerais
bien qu'on passe une soirée toutes les deux, histoire de partager un moment
entre filles.
— Tu es dispo un soir de la semaine pour qu'on se fasse un truc rien que
toutes les deux ?
— Oui, mercredi. Tu ne pourras pas aller voir ton amant, on peut prévoir
une soirée Netflix.
— Pourquoi ?
— Je n’en sais rien, c'est le seul jour où aucune Kappa n'est autorisée
chez eux. Ils se font une soirée entre mecs.
— Je ne suis pas au courant, Chris ne m'a rien dit.
— Il va sûrement t'en parler aujourd'hui ou demain pour être sûr que tu
ne te pointes pas.
— Ok, alors, mercredi c’est toi et moi. Bonne lecture, lui dis-je en lui
donnant mon journal.
— Ouaiiiiiiss… et toi bonne baise, me lance-t-elle avec un sourire
malicieux.
Je me retourne, choquée. Elle abuse quand même, je suis moins gênée,
mais pas à ce point-là.
Lorsque j'atteins enfin le repaire des Alphas, Chris, d'ordinaire présent à
cette heure, semble curieusement absent. N'ayant d'autre choix, je décide
de déposer mon sac pour le lendemain dans sa chambre, puis me dirige vers
celle de Sebastian. Je frappe légèrement à la porte.
— Entrez !
Je franchis le seuil avec un sourire aux lèvres. Il est étendu de manière
décontractée sur son lit, et est entouré de feuilles éparpillées. Une vision qui
évoque étrangement mes propres moments de travail, où le désordre règne
en maître.
Avec minutie, il organise ses feuilles en une pile soigneusement alignée,
qu'il dépose ensuite sur son bureau.
— Bien, je te propose de consigner toutes les idées qui vont surgir de
nos petits cerveaux, et ensuite nous choisirons, propose-t-il.
J’acquiesce et retire mes chaussures, puis m'installe confortablement sur
le lit. Ce n'est que lorsque je perçois son sourcil relevé et sa tête penchée sur
le côté que je réalise que peut-être, je n'ai pas choisi l'emplacement de
travail qu'il avait en tête.
— Peut-être que tu voudrais t'installer à ton bureau ?
— Non, cela me convient. Restons sur le lit, si tu veux. Ça ne me
dérange pas. Je tiens simplement à m'assurer de conserver toutes mes dents
au cas où Chris passerait par ici.
— Je ne lui appartiens pas, précisé-je, cherchant à dissiper tout
malentendu.
— Ah, mais à le voir agir, on pourrait en douter. Il est plutôt possessif
avec la fille qu'il touche.
— Comment ça ? demandé-je, manifestant un intérêt croissant
— Tu te rappelles comment il nous a engueulés lorsqu'il nous a surpris
en train de te mater le dimanche matin ? lance-t-il, ravivant le souvenir de
cette scène quelque peu gênante
— Oui, il n'a pas apprécié, admets-je.
— C'est un euphémisme. Toi, tu es parti avant que ça chauffe vraiment.
Quand il est redescendu, on en a pris pour notre grade, c'est peu de le dire.
Même Dean, du mauvais côté de la cuisine, a sorti une vanne du genre
« Fais chier, j'ai loupé ça. » On a vraiment cru qu'il allait en prendre une.
La révélation de son comportement me frappe de plein fouet. Comment
peut-il agir ainsi, refusant d'afficher notre relation ? En fin de compte, cela
donne l'impression que je suis sa propriété, qu'il faut me considérer comme
intouchable, tandis qu'il conserve son statut de célibataire irrésistible. Une
colère sourde s'installe en moi, j’ai l'impression de passer pour une idiote.
— Ne t'inquiète pas. On a l'habitude. Il faisait ça avec Julia avant, ça lui
est passé. Maintenant, c'est toi, dit-il avec décontraction.
Il ne semble pas saisir la peine que ça m’inflige, d’entendre ça.
Une révélation choquante. Il agissait donc de la même manière avec
Julia ?
Les doutes et les questionnements s'entremêlent dans mon esprit.
Je me trouve vraiment idiote dans cette histoire. Il semblerait qu'il ait servi
à Julia le même discours qu'à moi sur la relation cachée, prétendant tomber
amoureux d'elle, et tout le tralala. C'est peut-être pour cette raison qu'elle est
si froide avec moi. J'ai débarqué dans sa vie, lui ai volé son mec, et tout ça
alors qu'elle, elle l'aimait autant que moi en ce moment. Pendant ce temps,
lui se fichait éperdument de nos sentiments, s'octroyant le luxe de
fréquenter d'autres filles. Toutefois, il faisait attention à ce que personne ne
touche à son "jouet", excepté lui.
Un flot de pensées contradictoires m'envahit, me laissant avec le goût
amer de la trahison.
Toute cette mise en scène, ces déclarations d'amour feintes, sa
possessivité, sa jalousie, tout était un écho de ce qu'il a partagé avec elle. Le
sentiment de bêtise m'envahit, comme si j'avais été aveuglée par l'idée qu'il
pouvait ressentir pour moi la même intensité que je ressens pour lui.
Pourtant, la vérité se profile, me forçant à reconnaître que mes espoirs
étaient peut-être basés sur des illusions et ma naïveté.
— Alya, ça va ? J'ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû ?
— Non, tout va bien. Ne t'inquiète pas. C'est juste que... ce n’est rien. On
s'y met ? réponds-je, acceptant la feuille et le crayon qu'il me tend. Il est
temps de m'immerger dans le travail et d'essayer de chasser ces pensées
merdiques.
Pourtant, malgré mes efforts pour me concentrer, l'ombre persistante de
mes doutes et de mes inquiétudes ne cesse de planer. Les avertissements de
Méline, Kat, même Zach, me reviennent en mémoire. Ils m'ont mis en
garde, mais j'ai choisi de ne pas les croire. Où est-il d'ailleurs ? Il a peut-être
décidé de passer du temps avec une autre fille pendant que je suis là,
concentrée sur mon travail avec Sebastian ? Les idées noires affluent,
envisageant même la possibilité qu'il puisse être avec Julia, cherchant la
discrétion dans sa voiture.
La douleur au ventre s'intensifie à mesure que je m'imagine Chris avec
une autre que moi. Je lutte contre l'envie irrépressible de prendre mon
téléphone et de lui envoyer un message, de demander où il est. Mais je me
retiens, craignant qu'il ne me considère comme collante ou qu'il pense que
ma paranoïa prend le dessus.
Cependant, la tentation devient trop forte, et je cède enfin. Je saisis mon
téléphone et pianote rapidement un message, espérant obtenir une réponse
qui apaiserait mes doutes.

Moi : Hey ! je suis chez les Alphas


j'ai déposé mon sac dans ta
chambre, tu es où ?
Je fixe mon écran, scrutant l'indicateur pour voir s'il lit le message.
L'inquiétude de Sebastian devient palpable, mais mes préoccupations
prennent le dessus. "Lu" s'affiche, mais aucune réponse ne vient. La
frustration monte. Pourquoi ne répond-il pas ?
— T'es sûre que tout va bien, Alya ? demande-t-il, posant sa main sur
mon portable et baissant le regard avec une expression compatissante
— Oui, oui, tout va bien. Je voulais juste savoir où était Chris, comme
j'ai déposé mes affaires dans sa chambre, c'est tout, mens-je, essayant de
paraître calme.
Il me lance un regard empreint de pitié. Pourquoi me regarde-t-il ainsi ?
— Une fille est venue le chercher tout à l'heure. Il est parti avec elle,
souffle-t-il désolé.
La nouvelle me frappe comme un coup de massue, et une nausée
s'empare de moi. Je lutte pour maintenir mon calme, cherchant à paraître
détachée, mais tout en moi a envie de fondre en larmes.
C'est à ce moment que mon téléphone vibre. C'est Chris qui répond. La
simple vue de son nom sur l'écran ravive le mélange d'émotions qui
m'envahit.

Chris : j'étais avec un pote j'arrive

Une bouffée de colère me submerge. Il me ment effrontément, ignorant


apparemment le fait que je sois avec Sebastian qu’il pourrait me dire la
vérité. Pourquoi il me ment ? Ma frustration atteint un point d'ébullition, et
ma réponse témoigne de ma rage.

Moi : Ah bon, ton pote a des seins ? on m'a dit qu'une fille était venue te
chercher
Tu me prends pour une conne en plus ?
Je peux presque visualiser l'expression sur le visage de Chris en lisant
mon message. Je l'imagine soupirer, laissant tomber sa tête en avant,
désespéré de mon caractère de merde et de la façon dont je suis toujours en
train de lui prendre la tête. Une prévision amère s'installe en moi. Je sais
très bien ce qui va se passer maintenant. Il va rentrer, et la dispute inévitable
va éclater. Les émotions vont déborder, et je vais finir par pleurer, tandis
qu'il sera agacé, me mettra probablement dehors. C'est un scénario qui se
répète entre nous inlassablement.
Chris : Tu as raison elle a
des seins et finalement
je vais rester avec elle.
Elle est moins chiante que
Toi. Rentre chez les Kappas. Bonne soirée

La réalité frappe plus rapidement et plus vite que prévu, et Chris décide
de me foutre dehors sans même chercher à discuter. Les questions
tourbillonnent dans ma tête. Va-t-il rester avec elle ? Va-t-il dormir avec
elle ? Qui est cette fille ? Sont-ils ensemble ? Mon esprit est en proie à une
tempête d'interrogations auxquelles je n'ai pas de réponses.
— Alya, je ne suis pas sûr qu'on devrait bosser là. Tu n'as pas l'air
vraiment concentrée. Tu as peut-être des trucs à régler avec Chris ? suggère
Sebastian, une pointe d'inquiétude dans la voix.
— Non, je n’ai plus rien à régler. Je vais récupérer mon sac dans sa
chambre, je reviens. Il ne rentre pas, il en saute une autre ce soir, réponds-je
d'un ton agressif.
Le pauvre Sébastian préfère ne rien répondre face à ma colère. Je me
lève brusquement, laissant derrière moi une atmosphère tendue, pour aller
récupérer mes affaires.
De retour dans la chambre de Sebastian, je réalise que je dois me
reprendre en main. Je ne peux pas me permettre de perdre le contrôle à
chaque fois que Chris cherche délibérément à me blesser. Je ressens une
profonde aversion envers lui pour cette habitude de jouer avec mes
émotions et mes sentiments. Il est temps que je me détache de cette
dépendance toxique.
La tension émotionnelle qui règne dans la pièce est presque palpable
alors que nous essayons de nous concentrer sur le travail.
— Première idée... une idiote tombe amoureuse d'un salaud. T'en penses
quoi ? lancé-je, tentant d'insuffler un peu d'humour dans l'atmosphère.
— C'est censé être une comédie romantique, pas une tragédie grecque,
répond-il, laissant échapper involontairement une pointe d'amertume.
Ma propre vie sentimentale me semble soudainement refléter exactement
une tragédie grecque.
— Bien, alors le classique : les ex d'un patelin au milieu de nulle part. La
fille brise le cœur du gars parce qu'elle le quitte pour sa carrière, et quand
elle est obligée de revenir, elle en retombe amoureuse.
— Nan, trop téléfilm de Noël ton truc, rétorque Sebastian.
— Ok, la pute qui tombe amoureuse de son meilleur client, lâche-je,
devenant vulgaire sous le poids de l'énervement.
— Tu es sûre que tu ne veux pas remettre ça à demain ?
— Non, je suis à fond dans les idées, là. Merde, et pourquoi pas une
conne de seize ans qui tombe amoureuse d'un enfoiré de vingt ans, président
d'une fraternité de queutards ? craché-je, laissant échapper mes pensées
avec une pointe d'agressivité. Juste une pointe.
— Ok... tu es surtout à fond énervée. Vas-y, lâche-toi ! répond Sebastian,
lançant son crayon sur le lit, réalisant probablement que prendre des notes
sur mes idées n'est pas la priorité du moment et surtout inutile vu ce qu’il en
sort.
— Et pourquoi cela devrait être juste un couple, franchement ? Pourquoi
pas un mec et un tas d'idiotes prêtes à écarter les cuisses quand monsieur en
a envie ? Ça, c'est du film d'amour.
— Non, ça, c'est du porno, corrige-t-il avec un sourire ironique.
Après une demi-heure d'idées plus farfelues les unes que les autres, je
me suis progressivement allongée sur le lit de Sebastian. La colère s'est
dissipée, laissant place à une tristesse et une indignation grandissante face à
ma propre idiotie. Mes yeux commencent à picoter, de plus en plus lourds,
et je sens que le sommeil m'envahit, même si je lutte autant que possible.
Je parle doucement, de moins en moins vite.
— Et pourquoi pas tout simplement nous, murmuré-je.
— Comment ça ? demande-t-il.
— Notre rencontre. Le fait que je t'aimais bien, mais qu'un complot d'un
autre qui voulait me mettre dans son lit a fait que j'ai appris que tu avais
couché avec plein de filles, et on invente la suite. Finalement, on se
rapproche en travaillant ensemble, et on finit par s'ai...
Mes paroles s'éteignent doucement, étouffées par la fatigue qui s'empare
de moi.
XXXXXIV
Alya
Quand je me réveille le lendemain matin, la réalité me frappe : je suis
toujours dans le lit de Sebastian, nichée dans ses bras. Des feuilles de papier
sont éparpillées autour de nous, témoignant de notre tentative de travail
acharné la veille.
Je jette un coup d'œil à l'horloge de mon téléphone : Six heures quinze.
Une pointe de panique m'envahit, réalisant que mon réveil est censé sonner
dans quinze minutes. Un peu plus d'avance aurait été bienvenu, surtout que je
dois retourner à la maison pour prendre ma douche maintenant.
Avec précaution, je me libère des bras de Sebastian sans le réveiller. Me
levant silencieusement, je récupère mon sac. Tant pis pour le reste des cours
que j'avais apportés et qui sont étalés un peu partout, je n'en ai pas besoin
aujourd'hui. Si je les prends maintenant, je risque de faire du bruit.
Avec une discrétion maximale, je quitte sa chambre, refermant la porte tout
vec u e d sc ét o a a e, je qu tte sa c a b e, e e a t a po te tout
doucement derrière moi, sac sur le dos.
Avec mes chaussures à la main, je me glisse dans le couloir en direction de
la sortie. En passant devant la chambre de Chris, grande ouverte, je suis
surprise de constater qu'il n'est toujours pas rentré de la nuit. Avançant
prudemment, j'entends déjà des voix provenant de la cuisine. La panique
s'installe. La voix est familière, je la reconnais trop bien. C'est Chris, et il est
dans la cuisine avec quelqu'un d'autre. L'idée de descendre et de me faire
surprendre me terrifie. Cependant, je dois partir si je veux éviter d'arriver en
retard en cours. Sauter par la fenêtre du premier étage n'est clairement pas une
option réaliste. Je descends les marches aussi vite que possible, sans lever la
tête, et me dirige précipitamment vers la porte d'entrée. L'idée de me faire
griller par Chris est la dernière chose que je veux en ce moment.
— Le lit de Seb est confortable Alya ?
Je me fige, un éclair glacial me traversant la colonne vertébrale. Une
multitude de réactions possibles s'offrent à moi : répondre d'un ton cinglant,
jouer les gênées, ou simplement continuer ma route sans répondre. Je choisis
l'option de tracer ma route sans répliquer.
J'avance vers la porte, ignorant la situation derrière moi, quand soudain,
une chaise se fracasse violemment contre un meuble. J'accélère le pas,
comprenant parfaitement comment ce bruit a été provoqué. Cependant, au
moment où je saisis la poignée de la porte d'entrée, une main ferme agrippe
mon sac, me tirant violemment en arrière.
— Je t'ai posé une question, il me semble ? déclare Chris d'un ton
autoritaire.
L'angoisse m'envahit alors que je me prépare à la confrontation qui semble
inévitable.
Je me retourne, retrouvant une maîtrise de moi-même que je ne pensais pas
avoir.
— Oui, très confortable, autant que celui de la pétasse avec qui tu étais
hier soir. Maintenant, tu permets, je vais être en retard en cours, réponds-je
d'un ton tranchant. Je dégage mon sac de sa prise, et quitte la maison sans un
regard en arrière.
Son expression montre clairement qu'il ne s'attendait pas à cette réponse. Il
pensait peut-être que la situation me ferait pleurer et me confondre en excuses
d'avoir dormi avec Sebastian. Mais non, je ne lui laisse pas cette satisfaction.
Je n'ai aucune idée d'où m'est venue cette audace, mais je lui en suis
reconnaissante.
En arrivant dans ma chambre, la réalité me rattrape, et je prends
conscience de ma propre naïveté à espérer que Chris puisse changer. Les
belles paroles, les promesses, tout s'est avéré être du vent. C'était trop beau
pour être vrai. Cependant, je ne peux pas me permettre de m'apitoyer sur mon
sort, le temps presse. Je dois prendre ma douche et me rendre en cours.
Une fois prête, je constate que finalement j'ai presque une demi-heure
d'avance. Une idée me traverse l'esprit, et je décide d'aller frapper à la porte
de Kat.
— Tu n’es pas toute nue ?
— Non pourquoi tu aimerais ?
— Noooon. crié-je en grimaçant.
Lorsqu'elle ouvre la porte, elle éclate de rire avant de m'embrasser.
— Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle.
— J'ai eu une dispute avec Chris hier soir. J'ai passé la nuit avec Seb, lui
confié-je.
— QUOI ? s'exclame-t-elle, manifestement surprise par cette nouvelle.
— Je t'expliquerai, promis. Je n'ai pas couché avec lui.
Je préfère préciser, surtout la connaissant.
— Ah !
Elle semble déçue.
— J'ai du temps devant moi, et je me demandais si je pouvais emprunter
ton fer à friser. J'aimerais changer un peu ma coiffure, lui demandé-je.
— Oui, pas de problème. Tu veux que je t'aide à te coiffer ? Comme ça, tu
m'expliques. Je n'ai cours qu'à dix heures, suggère-t-elle.
— Oh, d’accord, si ça ne te dérange pas.
Nous passons cette demi-heure d'avance à échanger sur ma soirée
mouvementée, le conflit avec Chris, ma nuit de travail avec Seb, et bien sûr,
la confrontation explosive avec celui-ci ce matin et ma réponse cinglante,
dont je suis encore très fière.
Kat secoue la tête en signe de désapprobation.
— Je ne comprendrai jamais ce mec. Parfois c'est tout beau tout rose avec
lui, et parfois son cerveau vrille et ça redevient le salaud de base. Ce sont les
montagnes russes émotionnelles. Je sais que tu l'aimes, mais tu devrais
vraiment essayer de passer à autre chose. Ce sale type te fera toujours du mal.
— Je sais, mais je n’y arrive pas. Même là, je suis sûre que s'il venait
s’excuser, j'arriverai encore à passer l'éponge. Je suis une serpillière, et je suis
trop accro pour réagir, je confesse triste de l’admettre moi-même.
— Tu l'envoies chier quand même, c'est déjà pas mal, tente-t-elle de me
réconforter. Voilà, tu es magnifique comme ça.
Je me plonge mon regard dans le reflet du miroir, cherchant une certaine
assurance dans l'image qui me renvoie. Les boucles que Kat a créées dans
mes cheveux me plaisent, bien que je ne m'aventurerais pas à les faire tous les
jours en raison de leur complexité. Jetant un coup d'œil à l'heure, je constate
que le timing est parfait.
— Merci beaucoup. On se voit plus tard ?
Je suis prête à affronter une nouvelle journée de cours, bien que l'ombre de
la relation compliquée avec Chris plane toujours dans le fond de mon cœur.
XXXXV
Alya
Bien sûr, aucune nouvelle de Chris. Pas de signe de lui ce midi, ni de
messages, ni d'appels tout au long de la journée. Et si, il avait
définitivement tiré un trait sur nous à cause de cette fille qu'il a vue hier ?
J’en ai marre de cette situation, ma vie était bien plus simple avant lui.
Maintenant, comme l'a si justement dit Kat, c'est comme être sur des
montagnes russes. Soit je suis la plus heureuse et tout va bien entre nous,
soit je me consume de jalousie en l'imaginant avec une autre. À force, je
risque sérieusement de devenir cinglée.
Je me sens terriblement dépendante de lui, et je me demande comment j'ai
pu en arriver là. Surtout qu'il m'a prouvé à maintes reprises que je ne
pouvais ni lui faire confiance ni compter sur lui. Alors, pourquoi m'acharner
ainsi ? Je n'arrête pas de scruter mon téléphone, espérant qu'il se décide à
m'envoyer un message d'excuse ou qu'il veuille me voir, mais rien,
absolument rien.
Comment peut-il osciller entre le meilleur et le pire en si peu de temps ? Ça
me dépasse. Ce soir, je n'ai pas envie de travailler. J'ai de l'avance dans tous
mes cours, et de toute façon, je serais incapable de me concentrer
correctement. J'aimerais pouvoir me changer les idées, faire autre chose que
de tourner en rond dans cette chambre à me lamenter sur mon propre sort.
Je sais avec qui cela pourrait être possible, à condition qu'il soit d'accord. Je
prends mon téléphone et rédige un petit SMS en croisant les doigts,
espérant qu'une distraction puisse m'aider à oublier, ne serait-ce que
temporairement, les tourments causés par Chris.
Moi : Coucou une petite soirée
rien toi et moi en tête à tête ça te dit ?
J'ai besoin de me changer les idées.
La réponse heureusement ne se fait pas attendre.
Zach : Tu es en manque
d'amour microbe ?
Moi : Oui tu m'en donnes
un petit peu ?
Zach : Beurk non ! mais je
veux bien te payer une glace
Ce ne sera pas comme à la maison,
mais ça peut être sympa.

Moi : Maintenant ?

Zach : Ok Je descends. Je t'attends,


entre quand tu passes devant.

Excitée par la perspective de changer d'air, je glisse rapidement mes pieds


dans mes chaussures, attrape une petite veste au cas où la soirée se
rafraîchirait, et me hâte de sortir de la maison.
XXXXXVI
Chris
Franchement, quel caractère de merde cette fille. Elle passe la nuit avec
Seb et ne me contacte même pas de la journée pour s'excuser. Elle croit
vraiment que c'est à moi de ramper après ça.
— Où est-ce que tu vas ? demandé-je à Zach curieux de le voir sortir à
cette heure. Un rencard ? Tu ne t'ennuies pas. Je la connais ?
— Ma petite sœur. Qu'est-ce que t'as encore fait ?
— Rien du tout, je rétorque surpris de l’accusation. Elle m'a refait une
crise de jalousie hier soir.
— D’accord, soupire-t-il. Tu as deux minutes pour me donner ta version
avant qu’elle m’explique la sienne.
— J’ai passé la soirée avec Maria, avoué-je.
— Je vois. Donc, je présume que tu ne lui as pas dit qui était Maria ?
— Non, elle m'a envoyé un texto hier soir pour savoir où j'étais. Je lui ai
répondu que j'étais avec un pote, mais Sebastian a vu Maria venir me
chercher. Du coup, il a dû lui balancer.
Fouteur de merde
— Pourquoi diable lui as-tu menti sérieusement ?
— Si je lui avais avoué que je passais la soirée avec une fille, je n'aurais
même pas pu placer un mot après ça.
— Non, tu aimes simplement la provoquer.
— Eh bien, elle est amusante quand elle est en colère.
— Oui, elle était tout aussi amusante ce matin en sortant du lit de Seb ?
Son sourire a tendance à me foutre en rogne, là tout de suite.
— Non, ce n'était pas drôle du tout, grogné-je entre mes dents en y
repensant.
— Dis-lui qui est Maria, ce n’est pas compliqué, ou mieux, présente-la.
— Tu plaisantes ? Maria va clairement la draguer.
— Une meilleure amie lesbienne n'est pas toujours pratique, mais Alya
préfère les hommes. Alors, pourquoi t'inquiéter ? J'ai une idée. Rejoins-
nous un peu plus tard, le temps de laisser Alya t'insulter de tous les noms en
ma présence. Viens ensuite avec Maria. Tout s'arrangera, et sérieusement,
arrête de la provoquer, vous me fatiguez.
— Tu es conscient qu'on n'est pas ensemble, ta sœur et moi. Elle le sait
d'ailleurs. On n'est pas un couple, je me sens obligé de préciser.
— Oui, mais elle agit comme ci, je te signale.
— Tu es prêt pour la soirée de demain ? demandé-je pour changer de
sujet.
— Pourquoi, tu participes ? me demande-t-il, un air horrifié sur le
visage.
Je soupire avant de lui répondre calmement.
— Zach, je viens de te dire qu'Alya et moi ne sommes pas ensemble.
Oui, je participe évidemment.
Je constate qu'il est en pleine réflexion, mais cela ne m'inquiète pas. Il ne
révélera jamais à Alya nos soirées du mercredi. La crainte du jugement de
sa sœur et la menace potentielle que représentent les Kappa si sa chère
petite sœur moucharde à Méline l'en dissuaderont certainement.
Je m'apprête à envoyer un message à Maria, avec l'interdiction totale de
draguer Alya. Je la connais. Il faudra que je lui explique que Maria est une
amie d'enfance avec qui j'ai grandi, et que c'est la seule fille que j'ai vue à
poil sans pouvoir la toucher, étant donné qu'elle n'aime pas les hommes. Ça
devrait être assez amusant. Est-ce qu'Alya me croira au moins en voyant
Maria ?
XXXXXVII
Alya
— Salut, microbe !
— Non, mais sérieusement, pourquoi tu me donnes ce surnom pourri ?
Franchement.
— Ah, je trouve ça marrant.
— Pas du tout. C'est nul, en plus, ce n’est pas gentil.
Nous avançons en direction du restaurant du campus qui est réputé pour
ses glaces, taquinant l'un l'autre tout au long du chemin. Retrouver mon
grand frère est une joie, surtout depuis qu'il a quitté le lycée. On ne se
voyait plus beaucoup, mais je comprends maintenant pourquoi. La vie ici
offre une indépendance qui ne donne pas envie de rentrer à la maison.
J'adore vraiment la vie sur le campus.
Assis à une table du restaurant, mon frère se lève pour aller chercher nos
glaces à l'intérieur. Mon regard parcourt les alentours et je remarque
plusieurs couples ici et là. Une sensation oppressante envahit ma gorge.
J'aimerais tellement vivre cela avec Chris, mais cela semble loin d'arriver.
Je jette un coup d'œil à mon portable, mais évidemment, aucune nouvelle. À
quoi je m'attendais ? Un long soupir plaintif m'échappe alors que Zach
revient avec un plateau dans les mains.
— Ça va mieux, microbe ? me demande mon grand frère une fois que
j’ai ma glace dans les mains
— Mouais, ça pourrait aller mieux si Chris donnait signe de vie.
— Il va certainement te rappeler, ne t'inquiète pas.
La tristesse m'envahit, mais je me force à sourire. Nous entamons nos
glaces, et je laisse mes pensées dériver vers ce que serait ma vie avec Chris.
Les couples autour de nous semblent former un tableau idyllique, mais ma
réalité est bien différente. Pourtant, je m'accroche à l'espoir qu'un jour, notre
histoire connaîtra un dénouement heureux. Qu’est-ce que je peux être naïve,
je me désole moi-même.
Le soleil décline doucement à l'horizon, teintant le ciel de nuances
chaleureuses. Les rires et les conversations animées autour de nous créent
une ambiance décontractée. Je sens la fraîcheur de la glace fondante dans
ma bouche, mais cela n'arrive pas à dissiper complètement le poids de la
tristesse qui me serre le coeur.
— Allez, dis-moi ce qui te tracasse.
— Rien, j'avais simplement envie de passer un moment avec mon grand
frère.
— Et aussi de balancer tous les noms d'oiseaux que tu connais à propos
de Chris. Tu risques de t'ennuyer rapidement avec ton vocabulaire plutôt
limité de gentille petite fille.
— Je peux être méchante sans utiliser de gros mots.
— Des gros mots ? c’est mignon ça. C'est là que je me rends compte de
ta jeunesse, se moque-t-il.
— Je ne suis pas une gamine, et oui, j'avoue que c'est à cause de lui que
je t'ai appelé, mais finalement, je n'ai pas envie de gâcher ce moment en
parlant ce crétin. Tu m'as manqué, et je suis contente d'être là avec toi,
affirmé-je avec sincérité.
Il m’a véritablement manqué.
v C'est vrai que ça faisait un moment qu'on ne s'était pas retrouvés,
même cet été, finalement, on ne s'est pas vu.
— Oui, tu as retrouvé tes amis, et moi, je profitais de mes derniers
moments en tant que lycéenne avec les cheerleaders.
— Ça te manque ?
— Je ne sais pas, un peu, je crois, admit-je, laissant échapper un soupir
léger.
Les émotions flottent entre nous, un mélange de nostalgie et de réalités
actuelles. Assis à la table du restaurant, le crépuscule baigne l'atmosphère
d'une lumière chaleureuse. Je fixe mon frère, reconnaissante de partager ce
moment avec lui.
— Tu sais, reprend Zach en cherchant mes yeux, même si tu es à la fac,
ça ne veut pas dire que tu dois laisser derrière toi tout ce que tu étais au
lycée. Tu es toujours la même personne, et si les cheerleaders te manquent,
rien ne t'empêche de continuer ici.
— Tu as peut-être raison, avouai-je, hésitante.
Zach me lance un sourire complice, comme s'il savait quelque chose que
j'ignorais encore. Peut-être a-t-il raison, peut-être est-il temps pour moi de
réintégrer certaines parties de ma vie passée dans ce nouveau chapitre
universitaire.
— Je ne sais pas. J'irai voir un match et je déciderai si j'en ai envie ou
pas, dis-je en haussant les épaules.
— Tu rentres un autre week-end ?
— Non, il faut que je négocie avec notre mère, mais je voudrais ne
rentrer qu'aux vacances d'octobre.
— Tu vas lui briser le cœur, pauvre maman.
— Oh, arrête, tu essaies de me faire culpabiliser juste pour ta lessive,
plaisanté-je.
Il éclate de rire en acquiesçant. Je sais très bien qu’il déteste faire sa
lessive. Je ris aussi, jusqu'à ce que j'aperçoive Chris arrivant vers nous
accompagnée d’une fille. Le pire, c'est qu'il s'approche en souriant comme
si de rien n'était. Il se moque de moi là ?
Je suis incapable de détourner les yeux de celle qui l’accompagne. Ses
cheveux bruns, d'une nuance profonde et riche, encadrent délicatement son
visage. Ils semblent danser avec chaque mouvement qu'elle fait, créant une
aura de charme naturel. Son regard, encadré par des cils sombres et délicats,
dégage une lueur intrigante. Les yeux bruns, d'une intensité presque
envoûtante, révèlent une profondeur et une intelligence qui ne demandent
qu'à être découvertes. Je la haie déjà.
— Les frangins sont de sortie ? s’exclame Chris.
— Ça va, Chris ? Comment ça va, Maria ? Ça fait un bail. Je ne t'ai pas
encore vue depuis la rentrée.
Je scrute tour à tour Zach et Chris, accompagné de cette mystérieuse
fille. Alors, il la connaît ? J'aurais dû dire à Zach que Chris et moi étions
ensemble, mais qu'il ne voulait pas que ça se sache.
— Tu dois être Alya ? s’empresse de dire la mystérieuse Maria.
— Heu, oui, bafouillé-je, déstabilisée.
Pourquoi cette fille, me connaît-elle ?
Peut-être que Chris a dû dire à cette Maria de jouer le jeu, de faire
comme si tout était normal entre eux devant moi. Mon esprit s'embrouille,
cherchant des réponses dans les regards échangés entre les trois autres
— Bonjour, je m'appelle Maria. Chris m'a parlé de toi hier soir, un peu
trop même. Mais en te voyant en personne, je comprends vraiment ce qu'il
trouve en toi.
Elle s'approche de moi avec une démarche pleine d'assurance,
m'embrasse délicatement sur la joue, et fait glisser sa main de mon épaule à
mon bras de manière extrêmement sensuelle. Un frisson me parcourt,
mêlant surprise et malaise.
— Mmm.... C'est vrai que tu sens la vanille.
Attends, quoi ? Il lui a même parlé de mon odeur ? C'est franchement
déroutant de constater qu'il discute de moi de cette façon avec une fille qu'il
fréquente dans mon dos.
Maria est ma meilleure amie. On se connaît depuis qu'on est gamins, on
a grandi ensemble. Méfie-toi, elle aime les filles et tu es son genre, lance le
concerné en m’observant.
Je reste interdite, décontenancée par cette révélation. Mon regard croise
celui de Zach, qui observe ma réaction en riant. Il était au courant de toute
cette mascarade, ce salaud.
C'est avec elle qu'il était hier soir ? Pas une simple aventure, mais Maria,
sa meilleure amie. Pourquoi ai-je toujours tendance à imaginer le pire
quand il s'agit de lui ? Cette pensée me rend idiote sur le moment. Maria
s'assoit à ma gauche, me lance un clin d'œil en souriant, puis se penche vers
moi pour me chuchoter quelque chose. Mon esprit est en ébullition, entre la
confusion et la colère. J'essaie de masquer mes émotions.
— Il n'est pas du tout mon style. Il en a un peu trop entre les jambes, en
revanche, toi, tu es canon, me susurre-t-elle avec une assurance que je
n’aurais jamais.
Je baisse la tête, submergée par la gêne d'être draguée par une fille pour
la première fois. Pourtant, il faut reconnaître qu'elle est magnifique. Chris a
probablement eu du mal à accepter qu'il ne puisse jamais aller plus loin
avec elle.
— Évite de la foutre mal à l’aise, la rappelle Chris à l’ordre. Même si
Maria s'est déjà installée. Ça ne vous dérange pas si on se joint à vous ?
— Non, mon pote, vas-y, installe-toi, répond mon frère, manifestement
amusé par la situation.
Je jette un regard à mon amant, qui prend place à ma droite, et je ne le
lâche pas du regard.
— Chris, ne t'assieds pas, je veux une glace aussi.
— Tu me prends pour ton serveur ?
— Galanterie, mon pote, bouge-toi le cul.
Ils ont visiblement une relation amicale et très complice, d’autant que
j'apprécie beaucoup comment elle lui parle. Le comble, c'est qu'il lui obéit
et se lève, même s'il soupire comme un bœuf. Elle revient vers moi, posant
sa main délicatement sur ma cuisse pour me parler.
— Alors, Alya, ce mec te plaît ? Méfie-toi de lui. Moi, en revanche, je
peux t'apporter entière satisfaction. Je sais y faire avec ma langue.
Mes yeux s’arrondissent, mes joues rougissent davantage, et je me sens
complètement dépassée par cette situation qui prend une tournure que je
n'aurais jamais imaginée. En tout cas je comprends comment ces deux-là
peuvent si bien s’entendre.
Mon visage s'empourpre, mais je lui adresse un sourire, oscillant entre
l'embarras et l'incertitude quant à la sincérité ou la plaisanterie de Maria.
C'est bien la première fois qu'une fille me drague, et la gêne m'envahit, tout
comme si cela venait d'un garçon.
— Maria, retire ta main de là.

Un rire léger s'échappe de ses lèvres, et elle se redresse, concédant à la

demande de Chris, quant à lui, il tire ma chaise m'éloignant sans subtilité de

sa meilleure amie. Il se mord une fois de plus la joue, visiblement contrarié.

Distraitement, je me retourne pour le regarder, posant ma main sur son

visage dans l'espoir de dissiper la tension. Nos regards se croisent, et je suis

incapable de détacher mes yeux des siens. Ai-je encore une fois créé des

scénarios imaginaires qui n'ont pas lieu d'être ? Est-ce que je dramatise à

tort ?
Oui, je crois.
Alors pourquoi n'a-t-il pas tout simplement levé le voile sur la situation
dès le départ ?
— Pourquoi tu me fixes ainsi ?
— Tu étais avec elle hier soir ?
— Oui, je devais rentrer avant que tu n'arrives, mais je n'ai pas fait
attention à l'heure.
— Pourquoi m'avoir menti en prétendant être avec un pote ? demandé-je
sans comprendre.
— Si j'avais dit que j'étais avec une copine, tu ne m'aurais même pas
laissé terminer ma phrase.
Il a raison.
— je suis désolée.
— Tu es pardonnée pour ça, en revanche, nous allons devoir discuter de
ta nuit dans le lit de Sebastian, et crois-moi, tu ne vas pas apprécier la
conversation.
— Il ne s'est rien passé du tout, je me suis simplement endormie en
travaillant, et lui a dû me suivre, c'est tout.
— Peu m'importe, nous aurons cette discussion une fois rentrés, pas ici,
souffle-t-il proche de mes lèvres.
La voix de Chris est calme, mais un sourire contraint flotte sur son
visage. Fichu pour fichu, au final, c'est moi qui vais devoir affronter les
conséquences de mes réactions impulsives. Tout cela parce que je pars au
quart de tour à chaque fois. Il va vraiment falloir que je m'efforce de lui
faire davantage confiance.
XXXXXVIII
Alya
Me réveiller dans ses bras, c'est vraiment le summum de mon bonheur
matinal.
Avant, je ne pouvais pas me passer de mon café, une vraie drogue. Mais
maintenant, ce sont ses bras, son odeur, sa voix rauque quand il parle encore
à moitié endormi. Voilà désormais les éléments qui stimulent mes sens au
réveil. Ce mec m'a totalement captivée, je suis raide dingue de lui,
complètement accro.
Chaque matin, c'est comme un shoot d'amour. Ses bras autour de moi, ça
me fait vibrer. Sa voix qui murmure des trucs à moitié incompréhensibles,
c'est devenu ma mélodie préférée.

La soirée d'hier a été un vrai casse-tête. En rentrant chez moi, j'ai dû lui
jurer de travailler désormais au salon avec Seb, plutôt que dans sa chambre,
et surtout pas dans son lit. J'ai l'impression qu'il a élevé la voix exprès,
histoire que même Sebastian, son voisin de chambre, l'entende bien. Mais
bon, quand il s'agit de lui, je suis prête à promettre n'importe quoi. Il est six
heures vingt, mais aujourd'hui, ma journée commence plus tard. Même si
l'envie me démange de le réveiller, je connais trop bien son amour pour le
sommeil. On commence tous les deux tard, alors je me contente de jouer
doucement avec ses doigts qui s'entrelacent aux miens, le silence régnant
tandis que je contemple par la fenêtre le lever du soleil.
Je sais déjà que demain matin, je me réveillerai seule. Pourtant, il ne m'a
encore rien dit concernant ce soir. Peut-être qu'à la fin, il finira par passer la
soirée avec moi, plutôt que de s'éclipser mystérieusement avec les gars.
Mon esprit divague, esquissant simplement des images de notre vie
ensemble. Pouvoir tenir sa main comme je le vois avec tous les autres
couples du campus, partager un déjeuner sous un arbre, en plein air. Je
m'imagine même qu'il pourrait dire à mon frère qu'il est amoureux de moi et
que nous sommes ensemble. Mon esprit rêve intensément de cette relation
avec lui
Je m'en veux de me plier à cette situation, ça ne ressemble pas du tout à
ce que je suis d'habitude. Mais depuis que je le connais, plus rien ne suit le
cours habituel de ma vie. Il a le don de faire naître en moi des envies que je
n'aurais jamais envisagées autrement. C'est comme si chaque aspect de ma
personnalité avait été chamboulé depuis qu'il est entré dans ma vie.
En ce moment même, une pulsion soudaine me traverse. J'ai envie de
m'installer à califourchon sur lui, d'explorer chaque centimètre de sa peau
du bout des lèvres, de vivre une passion charnelle dévorante. L'idée qu'il se
réveille avec moi sur lui, que nos corps s'entremêlent, éveille en moi un
sourire, ma lèvre inférieure prisonnière de mes dents dans une expression
espiègle. Un frisson d'excitation me parcourt à l'idée de ses yeux qui
s'ouvrent juste au moment où…
— Salut... À quoi tu penses ?
— Salut ! A rien, tu es mignon quand tu dors.
— Alya, je te connais, ce tic que tu as de te mordre la lèvre. Tu penses à
un truc cochon et tu es gênée de tes propres pensées.
Il me connaît plutôt bien, finalement. Ce constat m'amuse légèrement.
Pour une fois, j'ai envie de me laisser aller, de tenter de prendre les
commandes, alors je cède à moi-même.
— Oh, Mademoiselle Colins, qu'est-ce qui vous arrive ?
— Tais-toi. C'est moi qui commande ce matin, ordonné-je.
Il éclate de rire et lève les bras pour placer ses mains sous sa tête en
signe d'acquiescement. Le fait qu'il dorme en boxer facilite les choses, je
n'aurai pas grand-chose à enlever. Je retire mon tee-shirt, libérant ma
poitrine. À la seconde où je le fais, il retire ses mains et tente de les poser
sur moi, mais je l'en empêche.
— Non, je commande. Si tu me touches, tu vas prendre les rênes. Je te
connais.
— Tu ne peux pas être en petite culotte sur moi et me demander de ne
pas te toucher.
Je lui adresse un sourire complice tout en me tortillant pour retirer ma
lingerie.
— Quelle petite culotte ?
— C'est de la torture. Je te laisse tout commander, mais laisse-moi te
toucher.
— D'accord, mais je fais ce que je veux.
— Mon corps est à toi, bébé.
Je m'abaisse, m'allongeant sur lui, l'embrassant passionnément dans le
cou, ma langue glissant jusqu'à son lobe d'oreille. Je ressens tout son corps
frissonner sous mes caresses. J'adore cet effet que je peux avoir sur lui. En
bougeant lentement, je frotte mon intimité déjà humide contre son sexe, qui
commence à remplir son boxer. La satisfaction de voir que je l'excite me
parcourt.
Descendant progressivement, ma bouche effleure son torse, sculpté de
muscles qui m'envoûtent. Il est parfait. Comment un homme peut-il être
aussi irrésistible ? Ma main glisse à l'intérieur de son boxer tandis que ma
bouche explore chaque centimètre de son corps. Mon autre main s'occupe
de son sexe, entamant un va-et-vient qui l'arrache à un soupir de plaisir.
— Oh putain, Alya.
Son souffle s'accélère, et je continue ma descente, me débarrassant du
vêtement qui entrave mes mouvements. Je me remets au-dessus de lui,
déposant ma langue sur son gland, provoquant des gémissements plus forts.
Je prends son sexe dans ma bouche, le laissant entrer et sortir, jouant avec
ma langue. Je sens sa main se poser sur ma tête, sa respiration devenir
haletante, et il commence à bouger son bassin en rythme avec ma bouche.
Je sais qu'il apprécie cela, tout comme moi en réalité, bien que je n'ose
pas lui dire. Il m'interrompt d'une voix rauque.
— Va doucement. Si tu veux autre chose, bébé, je te conseille d'arrêter,
sinon, je vais jouir avant que tu finisses de jouer.
Je souris et me redresse, remontant ma langue le long de sa peau. Je le
désire, d'une manière que je n'ai jamais ressentie pour personne. Je me
positionne au-dessus de lui, l'embrassant dans le cou avant de descendre
lentement, laissant mon corps s'immerger progressivement. Oh mon dieu, le
sentir en moi, c'est une sensation que j'aime tellement.
— Oh putain, Alya... Stop !!! Tu n’as rien oublié là ?
Oh merde.
— Le préservatif ? demandé-je d'une petite voix gênée.
— Je veux bien que tu prennes les commandes, bébé, mais évite
d'oublier ce détail, c'est important là. Retire-toi.
Je tente de bouger, mais mes mouvements le font gémir, et il bloque mon
bassin pour m'empêcher de me retirer.
— Putain, tu me rends dingue, attends.
Je ne sais plus si je dois bouger ou pas, il me perd dans ses hésitations. Il
semble plus qu'indécis sur ce qu'il veut.
— Non. Enlève-toi, ce n’est pas une bonne idée.
Il me pousse délicatement et attrape un préservatif dans sa commode,
l'enfilant avec un regard désespéré à cause de mon oubli. Je le repousse
pour le rallonger, revenant sur lui et le laissant entrer en moi. Le gémissant
étiré par cette première pénétration est délicieusement intense. Je soulève et
abaisse mon corps, penchée en arrière. Mon Dieu, j'adore ça. Je prends
appui sur sa cuisse, explorant chaque sensation qui parcourt mon corps dans
cette intimité partagée.
Il se redresse une nouvelle fois, m'enveloppant dans son étreinte.
Accélérant le rythme, il place un bras autour de ma taille pour guider mes
mouvements, tandis que l'autre serre mon épaule, pressant mon corps pour
une pénétration plus profonde. Il maîtrise chaque position avec une aisance
qui le rend dominant à chaque instant. Sa façon de me faire bouger sur lui
me fait perdre tout contrôle, m'emportant complètement, surtout au moment
où je ressens son corps se contracter, alors qu’il pousse un râle bruyant de
jouissance.
— Oh putain Alya... Je t'ai..., j'aime quand tu fais ça.
Il a failli dire quoi ? Mieux vaut que je ne relève pas, sinon, il va se
braquer, c'est sûr.
— Tu as dirigé, je râle, pour passer à autre chose.
— Tu as oublié la capote, rétorque-t-il avec agressivité.
Je me détache légèrement de son corps sans m'en retirer complètement.
— Tu as déjà fait ça sans protection avec quelqu'un ?
— Tu es sérieuse ? Tu vas recommencer avec tes questions de merde,
alors que je suis encore en toi ?
Il me pousse délicatement pour que je descende de son corps. Étendue à
côté de lui, je l'observe retirer le préservatif avant de se lever pour le jeter
dans la salle de bain. J'en ai marre, je ne peux jamais poser des questions.
Lorsqu'il revient se coucher à mes côtés, je ne dis rien, me contentant de
le regarder dans les yeux. Il passe son bras autour de moi, m'attirant plus
près de lui.
— Non, jamais, finit-il par répondre tout de même.
Je fais glisser doucement mes doigts sur le contour de sa lèvre inférieure,
sans la quitter des yeux. Sa bouche est parfaite, douce, et je pourrais rester
collée à elle toute la journée, comblée.
Quand je relève mes yeux vers les siens, il m'observe, attendant
probablement la prochaine question. Il sait très bien que je vais continuer,
étant donné qu'il a eu le malheur de répondre à celle-là.
— Pourquoi tu veux le faire avec moi ?
— Parce que tu n’es pas comme les autres filles. Je veux vivre ça avec
toi, mais pas sans pilule. Tu as été maladroite sur ce coup-là, me
réprimande-t-il, avec raison.
— Désolée.
— Tu pourras la commencer quand ?
— Normalement dans deux ou trois jours.
— Ça veut dire que je pourrais plus te toucher ?
Je me cache dans sa nuque, provoquant son rire.
— Alya, ne sois pas gênée, ce sont des règles. Il n'y a rien de gênant.
— On peut changer de sujet, je n'ai pas envie de parler de « ça » avec toi.
— On peut toujours le faire, tu sais, malgré « ça ».
— Noon !!! C'est dégoûtant.
Il éclate de rire, me laissant confuse. Il a ce don de m'énerver lorsqu'il
fait ça.
XXXXXIX
Chris
Elle est absolument adorable, et honnêtement, ce qu'elle a fait ce matin
en se réveillant, je voudrais que ça se reproduise tous les jours, sans
hésitation, bien sûr, sans oublier le préservatif cette fois. Je suis encore sous
le choc d'avoir failli lui dire "je t'aime". Je suis devenu fou ou quoi ?
Je tiens à elle, c'est certain, mais exprimer de telles choses, ce n'est
vraiment pas dans mes habitudes. Ma bouche a agi de manière impulsive, et
je ne parle même pas de mon cerveau. Je devrais lui parler de ce soir
également. J'espère qu'elle ne posera pas de questions, ni à Seb ni à Zach. Je
ne pense pas qu'ils divulgueraient nos secrets, mais je préfère rester méfiant,
surtout envers Seb. Je sais qu'il a des sentiments pour elle, je ne suis pas
aveugle. Cependant, ce que je vis avec elle, c'est vraiment quelque chose
que j'apprécie profondément. Je veux que ça continu, donc il ne posera pas
une seule main sur elle, c'est certain. Elle m'appartient.
— J'ai complètement oublié de te prévenir, mais ce soir, ce ne sera pas
possible de se voir.
— Pourquoi ça ?
— Le mercredi est consacré à une soirée Alpha, et l'accès est strictement
réservé aux membres. Les Kappas ne sont pas les bienvenues.
— Donc, c'est une soirée exclusivement masculine ?
Pourquoi est-ce qu'elle insiste autant avec ses questions ? C'est
exaspérant.
— Oui, exactement, une soirée entre mecs.
— C'est un peu comme la soirée de dimanche dernier, avec la console et
les pizzas ?
Oh bon sang, comment je réponds à ça maintenant ?
— Non, ce n'est pas tout à fait pareil, mais les Kappas ne sont pas
admises. Désolé, on se retrouve jeudi.
— On ne peut pas déjeuner ensemble ce midi ? s’étonne-t-elle.
— Non, j'ai quelques obligations à régler ce midi.
Je ne vais pas lui révéler quoi que ce soit, mais il faut vraiment qu'elle
cesse avec ses interrogations, ça me met hors de moi.
— Ah... D'accord, répond-elle visiblement déçue.
Je n'aime pas du tout la voir avec cette expression sur son doux visage.
J'aimerais qu'elle me croie lorsque je lui assure qu'elle n'est pas comparable
aux autres à mes yeux. Avec elle, c'est une expérience totalement différente,
chaque contact, chaque échange est unique. Lorsque nous sommes
ensemble, que nos corps se frôlent, c'est comme si une onde électrique
parcourait tout mon être. Quand je couche avec elle, ce que je ressens est
tellement à part. Avec les autres, c'est sans émotions, sans sentiments, c'est
juste du sexe et de la domination, rien d'autre. Même si je dors avec les
autres Kappas, il n'y a qu'avec elle que je fais des câlins au réveil, que je
discute. Il n'y a qu'elle que je veux dans mes bras. Avec les autres, je me
lève, je descends prendre mon café sans me retourner, attendant qu'elles
disparaissent et rentrent chez elles. J'aimerais qu'elle sache tout ça, mais je
sais très bien que je suis incapable de lui dire.

Et il est hors de question que je lui dévoile les subtilités du mercredi soir.
Je ne sais même pas pourquoi je m'apprête à faire ça, mais elle ne
l'apprendra jamais de toute façon. Et ce n'est qu'une soirée par semaine, ça
ne modifie en rien ce que je ressens pour elle. Je suis un alpha, bon sang,
avec un statut et une réputation à maintenir à tout prix. Elle sort de la
douche juste enroulée dans sa petite serviette je ne peux pas détacher mes
yeux de son corps, cette gamine a raison de moi.
. Dire qu'elle n'a que seize ans je n’en reviens pas. Elle a des mimiques
d'enfant parfois, mais c'est ça qui fait son charme, pour moi son innocence,
sa timidité, c'est ce qui m'a plu et qui fait d'elle une fille à part à mes yeux, à
l'inverse de toutes ces traînées qui veulent se faire sauter comme des
chaudasses. Même lorsqu'elle ressent de l’envie comme ce matin, elle
affiche cette légère gêne sur son visage, la rendant encore plus séduisante.
En réalité, c'est elle qui exerce une emprise sur moi, un pouvoir irrésistible.
C'est dingue, je suis complètement accro à cette fille, c'est indéniable.
Je m'approche d'elle, et il est évident qu'elle anticipe mes intentions rien
qu'en percevant le sourire qui s'affiche sur mon visage. J'attrape
délicatement sa serviette, la retirant avec douceur. La soulevant, je la
dépose précautionneusement sur mon lit, observant son corps parfait. Ma
main glisse comme une caresse exploratrice, effleurant chaque courbe avec
une délicatesse infinie. Elle me fixe, une lueur taquine dans ses yeux, une
lèvre pulpeuse retenue entre ses dents.
Dans ce moment, une avalanche de sensations m'envahit. La chaleur de
sa peau sous mes doigts, le frisson qui traverse son corps, chaque regard
échangé portant une intensité nouvelle. C'est un ballet de sentiments, un
échange silencieux qui amplifie notre connexion.
Je l'aime... Putain.
Elle exerce sur moi une emprise totale, à peine âgée de seize ans. C'est
totalement irrationnel de lui permettre de prendre une place aussi
importante dans ma vie. Je suis conscient que je joue avec le feu, mais je ne
peux pas résister à cette tentation. Quelles que soient les circonstances, ce
petit bout de femme restera à mes côtés, jeune, belle, innocente, et surtout
éperdument amoureuse. La question se pose alors : est-ce que cela va
modifier ma façon d'agir ?
Non. Malgré les risques encourus, je suis déterminé à poursuivre sur
cette voie, je ne changerai pas.
XXXXXX
Alya
— Ce soir, l'ennui s'est emparé de moi. J'ai tellement l'habitude d'être
chez les Alpha avec Chris que ma chambre me semble soudainement terne
et ennuyante.
La porte s’ouvre brusquement sans que je m’y attende.
— Allez nous aussi on se rassemble entre filles au salon.
L’intervention bruyante de Kat vient rompre le calme de la pièce. Elle
débarque en criant, me saisit le bras et m'entraîne de force jusqu'au salon. Je
n'ai guère le choix et me laisse guider.
La plupart des filles sont déjà présentes et installées.
— Bon les filles. Les Alpha ont l'habitude de se réunir entre eux le
mercredi, sans que nous puissions y participer. Dieu seul sait ce qu'ils y
font, mais j'ai décidé que nous aurons également notre mercredi. En tant
que présidente, je déclare ouvertes les soirées du mercredi des Kappas.
Elle lève une bouteille de champagne, un immense sourire éclairant son
visage. L’excitation se lit sur le visage de chacune.
— On ne va pas se laisser abattre quand même, s’époumonne Kat.
Son enthousiasme me motive. Elle est toujours la première à vouloir
faire la fête et s’amuser. Cependant, je dois admettre que nous n'avions
jamais eu l'occasion d'être juste entre nous.
— Alors, ma chérie, tu bois une coupe ? demande-t-elle.
— Avec plaisir.
— Vous pensez qu'ils font quoi le mercredi ?
Je me tourne vers Natasha qui pose la question, les yeux plissés telle une
enquêtrice. C’est vrai que le mystère reste entier, personne n’a voulu donner
de détails sur ce qu’ils tramaient, enfermés chez eux de cette façon.
— Ils jouent peut-être à Action ou Vérité entre eux, sans filles, lance
Maggy.
Tout le monde explose de rire, mais chacune participe en proposant des
idées plus folles les unes que les autres. L'atmosphère devient légère. C'est
un moment rare où nous, les Kappas, pouvons savourer une soirée entre
filles, loin des habitudes et de l’influences des Alphas. Une nouvelle
dynamique s'installe, remplie de complicité et de rires, nous permettant de
créer nos propres moments et pour ma part, me permettre de faire plus
ample connaissance avec certaines.
— Ouais, ça tombe ils parlent juste des filles qu'ils ont sautées d'un
mercredi à l'autre pour comparer entre eux, continue de supposer Nath.
— Ils font venir des stripteaseuses.
— Ils sacrifient une vierge.
— Ou ils en sautent une, grogne Kat.
— De toute façon, c'est un truc qui doit être bien malsain si on n'a pas le
droit d'y aller.
Je jette un coup d’œil à Julia qui vient de dire cela et suis d'accord avec
elle. Si les Alphas n'acceptent pas les Kappa, c'est qu'ils ont quelque chose à
cacher. L'idée que nos confrères aient des secrets peu reluisants alimente la
curiosité et les rires dans la pièce.
*****

Un mois s'est écoulé depuis que Chris est arrivé chez mes parents, et
nous sommes officiellement ensemble, bien que cachés de tous. En réalité,
il agit ouvertement comme si nous étions un couple, ce qui semble de plus
en plus poser un problème aux yeux de mon frère, sans que je sache
pourquoi. Son comportement agressif envers Chris est inhabituel, mais de
plus en plus fréquent.
Je passe toutes mes nuits chez les Alphas, sauf le mercredi, mais cela me
convient parfaitement maintenant. Mes soirées entre filles sont devenues
indispensables, et j'adore ces moments. Les discussions que nous avons sont
tout simplement géniales. Évidemment, les Alphas sont un sujet permanent
de nos débats, mais en règle générale, Chris reste un sujet survolé de loin,
ce qui m'amuse.
Vendredi, nous entamons les vacances, et je rentre à la maison pour deux
semaines avec Zach. Autant dire une éternité loin de Chris à mes yeux. Rien
que l'idée de m'en éloigner autant de temps me donne déjà mal au ventre.
Cependant, il prend l'avion pour rentrer au Texas, donc il est peu probable
que je le voie débarquer comme la dernière fois. Malgré cela, il a refusé de
se voir ce soir, même si j'ai proposé de le rejoindre après. Leur mercredi
reste sacré. Je suis dégoûtée et commence sérieusement à me demander ce
qu'ils fichent à force.
— Tu viens, ma chérie, on va rire, s’amuser et parler de garçons, me
propose Kat.
— Allez. La dernière, après il faudra attendre la rentrée pour s'en refaire
une, me plains-je.
— J'ai l'impression que ces vacances vont être longues.
— Moi aussi. Quand je suis arrivée, je pensais que je voudrais rentrer
tout le temps chez moi, que ma famille me manquerait, mais maintenant je
me rends compte que je ne veux pas partir.
— On a déjà prévu de revenir le vendredi soir avec Méline. Tu rentres ce
jour-là aussi, ça fait un week-end de gagné.
— Zach aura sa voiture, donc faut que je négocie avec lui, mais je suis
sûre qu'il sera d'accord.
Je nous prends en photo et la poste dans ma story Insta : « Dernière
soirée entre filles avant les vacances ».
On descend rejoindre les autres filles en bas. Julia prend l'initiative de
mettre de la musique, et je dois admettre que l'ambiance s'améliore avec
elle. Elle semble avoir digéré ma pseudo-histoire avec Chris. Elle l'appelle
une relation sexuellement exclusive. Chacun donne le nom qu'il veut, mais
pour Chris, c'est tout sauf un couple.
— Alors les filles, qui a prévu une soirée Halloween pendant les
vacances ? m'enthousiasme Méline
Je m'empresse de lever la main à mon tour.
— Moi, avec les anciennes filles avec qui j'étais cheerleaders et les mecs
du foot.
— Tu étais cheerleaders ? s'exclame Natasha, visiblement surprise.
— Oui, c'était marrant, réponds-je avec un sourire nostalgique.
— Tu te tapais le Quarterback ? plaisante Méline, provoquant des rires
dans la pièce.
— Non, j'étais le genre de fille sage et pas la plus bombasse.
— Pas bombasse ? s’offusque-t-elle. Tu plaisantes, tu es magnifique, ma
chérie.
— Bref, j'ai une soirée Halloween, avoué-je, ressentant une légère gêne,
face à ses compliments constants.
Quelques autres filles confirment également avoir prévu quelque chose
pour Halloween.
— Je veux que vous m'envoyiez vos photos de costume, et le vendredi
de la rentrée, on fait une soirée sur ce thème ici, propose notre présidente en
cherchant le consentement de toutes.
Évidemment, nous sommes toutes partantes, comme si nous allions dire
non à l'organisation d'une soirée déguisée, franchement.
— Moi, j'ai un truc pourri à proposer avant d'être en vacances, ajoute Kat
avec un air malicieux et un sourire machiavélique.
— Vas-y, balance, encourage Méline avec un sourire complice.
Ces deux-là se sont tellement bien trouvés.
— Je veux savoir ce que font les Alphas le mercredi, s’exprime-t-elle,
partageant une curiosité grandissante avec chacune d’entre nous.
— Moi aussi... Qui est partante pour débarquer en trombe d'un seul coup
chez eux pour voir ce qu'est leur soirée ? propose Julia avec un éclat
malicieux dans les yeux.
Nous levons toutes la main en éclatant de rire. Il est évident qu'ils vont
être furax, mais nous serons toutes présentes, alors je leur souhaite du
courage pour nous dire quelque chose. Et s’opposer à nous.
— Alors, on y va toutes en silence, propose Méline. Certaines jettent un
coup d'œil à la fenêtre pendant que d'autres entrent en trombe pour les
surprendre. Alya, tu rentres en première, Chris ne te dira rien à toi, si tu es
en première ligne.
— Heu... Méline, tu abuses, dis-je, pas très sûre de moi.
— T'inquiète pas, Kat, Julia et moi, nous serons juste derrière.
Nous voilà parties telle une troupe de ninjas, loin d'être discrètes, en
direction de la demeure des Alpha. Avec notre nombre, faire silence relève
de l'impossible, et notre course à moitié baissées dans la rue ne manque pas
de ridicule.
À l'approche de la maison, certaines d'entre nous contournent le côté du
bâtiment. J'inspecte la porte, vérifiant si elle est verrouillée en tournant la
poignée avec précaution.
— Alya, n'entre pas ! entends-je hurler.
Je me retourne vers Natasha, qui semble paniquée. Elle revient du côté
de la maison en courant, mais je tente de la stopper avant que nous ne
soyons découvertes. Je mets mon doigt devant ma bouche pour lui signifier
de se taire. Elle est censée être à la fenêtre, pas là. Pourquoi est-elle revenue
?
J'ouvre brusquement la porte et me précipite avec les filles jusqu'au
salon. Mon élan s'arrête net quand je découvre la scène qui se déroule sous
mes yeux. Kat attrape aussitôt ma main, sentant probablement la tension
grandissante en moi.
Chris est assis dans un fauteuil, une fille sur les genoux, en train d'en
embrasser une autre. C'est quoi cette merde ? Une dizaine de filles sont
installées à leurs côtés, plus ou moins affalées sur les mecs.
L'impression que le sol se dérobe sous mes pieds me submerge. Je recule
de quelques pas, mais je ne parviens pas à m'éloigner davantage. Mon corps
semble figé, pris au piège de cette scène surréaliste. Je voudrais que mes
jambes me portent loin d'ici, que mes yeux n'aient plus à contempler cette
réalité, mais une force invisible me retient.
Tous les Alphas se lèvent, et la dizaine de filles présentes, que nous ne
connaissons pas, les imitent, créant une atmosphère tendue et électrique.
Chris a lâché les deux filles et se tient désormais debout, pétrifié par ma
présence. Soudain, une explosion de cris déchire l'air alors qu'il se met à
hurler sur Méline. Tout autour de moi, le tumulte devient un brouhaha
indistinct. C'est comme si mon corps était immergé sous l'eau, et les voix
résonnent à la surface, lointaines et inintelligibles. Une nausée implacable
me saisit, et il devient impératif que je m'éloigne. Mon estomac se tord dans
une douleur lancinante. Kat, celle qui connaissait la vérité sur moi et Chris,
m’attrape par le bras et me tire hors de la maison.
Une fois à l'écart, je libère tout ce que j'ai ingéré. Mon monde semble
s'effondrer de manière brutale, et je continue à vomir, comme si le poids de
la peine et de la trahison me compressait physiquement l’abdomen. C'est
comme si quelqu'un arrachait mon cœur, la douleur est à la fois physique et
mentale, me broyant littéralement le crâne. Des pensées tourbillonnent dans
ma tête, un tourbillon de questions sans réponse. Comment en suis-je
arrivée là ? Pourquoi ai-je fait confiance à un type comme lui ? Des
sentiments de colère, de désespoir et de dégoût s'entremêlent, créant une
toile sombre qui m'étouffe. Mon souffle est court, mon cœur bat
frénétiquement, et je sens le poids de la trahison s'ancrer profondément en
moi.
— Alya !
— Ne t'approche pas d'elle, Barber ! hurle Kat, folle de rage.
La tête entre les jambes, je vois indistinctement Kat repousser
violemment Chris, l'éloignant de moi tout en vociférant des injures. Je me
redresse, l'envie de rentrer, de fuir cet endroit m'envahit. J'essaie d'appeler
Kat, qui continue de pousser Chris tout en l'insultant. Les mots me
parviennent confusément, sonnée par l'image de Chris avec ces deux filles.
Alors, c'est ça, le fameux mercredi ? Il s'adonne à des aventures dans mon
dos, de manière vulgaire qui plus est.
Le lendemain, il revient vers moi comme si rien ne s’était passé. Mais
qui agit ainsi ? Qui ose se comporter de cette façon envers la personne avec
qui il est censé être en couple ?
— Kat.
Elle ne m'entend pas, ma tête tourne. Mon corps me lâche, choquée et
anéantie par ce que je viens de découvrir.
— KAT !
J'ai l'impression de dépenser une énergie folle en criant son nom. Elle se
retourne vers moi, donnant le champ libre à Chris pour me rejoindre. Il pose
sa main sur mon bras, mais je frappe violemment dessus pour l'enlever,
exprimant ainsi ma colère et ma répulsion. Un torrent d'émotions me
submerge, allant de la frustration à la trahison, créant une tempête en moi
que je lutte pour contenir. Mon souffle est court, mes mains tremblent, et la
douleur dans ma poitrine est insoutenable. C'est comme si le monde s'était
brusquement effondré autour de moi, et je lutte pour trouver une stabilité
dans ce chaos émotionnel.
— Alya, je t'en prie... Calme-toi.
Au même moment, plusieurs personnes sortent de la maison et nous
observent. Il tente de me prendre dans ses bras en m'agrippant par la taille,
mais je le repousse violemment et lui assène un coup de poing d'une force
que je ne pensais pas avoir, lui ouvrant la lèvre.
— Dégage, Barber ! Ne me touche pas. C'est terminé. Je comprends
maintenant pourquoi tu ne voulais pas qu'on sache qu'on était ensemble
À cet instant, les chuchotements de tout le monde emplissent l'air. Zach
est également présent, comprenant le jeu auquel Chris se livrait, feignant
une relation amoureuse pour me duper.
— Alya, je t'en prie... Calme-toi.
— VA TE FAIRE FOUTRE !!!
Je perds totalement mon calme.
— Viens, ma chérie, on rentre.
Kat m'attrape par la taille et commence à m'éloigner.
— Alya, s'il te plaît, me supplie Chris.
— Ne m'approche plus jamais. Tu n’es qu'une merde, m’égosillé-je entre
deux sanglots.
Le tremblement de mon corps ne semble pas vouloir s'apaiser. Kat
m'entoure de ses bras tandis que Méline vient soutenir également, loin de
cette scène cauchemardesque.
La réalité me rattrape, et je me trouve submergée par un sentiment
d'abjection envers moi-même. Comment ai-je pu être aussi aveugle, aussi
crédule ?
La nuit semble se refermer sur moi, sombre et implacable. J'ai
l'impression d'avoir été duper, manipulée, et la honte m'étreint. Comment
ai-je pu aimer un individu aussi dénué de scrupules, aussi fourbe ?
Comment ai-je pu me laisser séduire par ses mensonges, m'illusionnant sur
l'amour qu'il prétendait ressentir pour moi ? Surtout, comment ai-je pu
accepter qu'il me traite de la sorte, en me demandant de garder notre
histoire secrète. Les regrets me rongent, m'envahissent, et je me sens
incroyablement idiote.
— Alya, je suis désolé. Je te jure. Arrête-toi. Je t'aime bordel.
Il crie ces derniers mots avec désespoir.
Je m'arrête net et me retourne vers lui, une rage brûlante nourrissant mes
mots, prête à déverser toute la douleur qu'il vient de creuser dans le gouffre
béant à la place de mon cœur.
— Tu ignores complètement ce que signifie aimer. Et même si c'est le
cas, c'est clairement plus le mien. Continue de fréquenter ces filles qui ne
sont là que pour ça. Tu excelles uniquement dans ce domaine, je le savais
dès le début, et maintenant, je réalise que je ne me suis pas trompée. J'aurais
dû rester sur ma première impression, c’est toujours la bonne. N'approche
plus jamais de moi. C'est compris ? Tes prétendus sentiments fout les toi au
cul.
Je me libère des mains des filles qui essaient de me retenir, comprenant
facilement que je suis sur le point de perdre le contrôle. Ma douleur s'est
soudainement métamorphosée en une colère dévastatrice. Je m'approche de
lui, concluant mon discours acerbe et déversant des flots d'insultes,
accentuant chaque syllabe avec mon mépris.
— Tu n’es qu'une merde. Un pauvre mec qui pense qu'à sa bite. Une
personne déplaisante, obsédée par des pensées dénuées de toute classe. Les
filles viennent ici pour s'amuser avec n'importe quel type qui se présente
comme un "alpha", et franchement, elles se fichent éperdument de qui tu es.
Ne te crois pas irrésistible, car tu ne l'es absolument pas. Toi ou un autre
pour elles c’est la même chose. Tu es simplement réduit à n'être qu'un objet
de satisfaction pour ces pétasses. Tu es un connard médiocre qui ne mérite
même pas l'attention que je t'ai accordée. À mes yeux, tu n'es plus rien,
Barber.
Il reste immobile devant moi, sans réaction, tandis que je m'approche de
lui. Des larmes perlent dans ses yeux, mais contrairement à lui, je suis
habitée par une rage brûlante qui m'envahit à cet instant. Je préfère la laisser
prendre le dessus, car c'est moins douloureux que d'affronter la tristesse qui
pourrait émerger.
— Alya, soupire-t-il tristement.
Ma réponse à sa supplique est une gifle, assénée de toutes mes forces.
Je soulève déjà ma main pour réitérer l'acte, mais les filles interviennent,
me retenant fermement pour m'empêcher de le frapper à nouveau.
— Ne prononce plus jamais mon prénom, craché-je avec mépris. Tu n'es
plus rien pour moi. Barber, jamais je ne te pardonnerai. Ma loyauté envers
cette sororité de dépravés, je n'en veux plus, c’est terminé !
Méline et Kat exercent une pression ferme sur mes épaules, me forçant à
reculer tandis que la colère bouillonne en moi, prête à exploser. L'envie de
le détruire m'envahit, mais elles me guident résolument vers la maison. Les
kappas nous suivent en silence, laissant derrière eux le chaos qu'ils ont
semé. Les cris des filles expulsées résonnent encore dans l'air, témoignant
de la brutalité avec laquelle elles ont été éjectées de la fête, certaines en les
trainant même par les cheveux.
Le chemin vers la maison est un parcours difficile, marqué par la tension
palpable et le poids de la trahison.
Zach éclate de colère, vociférant des insultes à l'adresse de Chris, mais je
n'ai plus la force de me retourner. Tout ce que je souhaite, c'est rentrer,
m'enfermer dans ma chambre, et affronter la réalité de ma propre naïveté.
Les larmes menacent de couler, mais je lutte pour les retenir, refusant de
montrer ma vulnérabilité plus que je ne l’ai déjà fait.
Le tumulte derrière moi s'estompe peu à peu, laissant place à un silence
oppressant alors que nous pénétrons dans la maison. Méline et Kat me
guident avec précaution, conscientes de ma fragilité. L'idée de me
confronter à ma propre sottise m'effraie, mais je sais que c'est inévitable.
XXXXXXI
Alya
Kat et Méline me conduisent avec précaution dans ma chambre. Pour
l'instant, les larmes ne se sont pas encore libérées, mais je sens qu'il ne
faudra que quelques minutes avant que je ne m'effondre complètement. Un
tumulte d'émotions contradictoires se bat à l'intérieur de moi, une bataille
entre la colère, la tristesse, la déception, la honte d'avoir été aussi crédule, et
une rage pure qui menace de déborder. J'ai clairement manqué de jugement.
C'est indéniable, je suis passée par une période de naïveté, une période que
je pensais avoir laissée derrière moi. Apparemment, je me suis trompée.
— Tu veux quelque chose, ma chérie ? demande Kat, cherchant à apaiser
ma détresse.
— Un cerveau, réplique-je d'un ton désespéré.
— Un cerveau ?
— Oui. Un organe qui réfléchit, qui n'est pas complètement stupide. Un,
qui ne croit pas toutes les inepties débitées par un salaud.
Je m'efforce de rester forte, mais la frustration éclate dans mes paroles.
Je ressens le besoin impérieux de recouvrer ma lucidité, de me défaire de
l'illusion dans laquelle j'ai été entraînée. Mes pensées tourbillonnent dans
un mélange chaotique de regrets et de réprimandes, créant un maelström
émotionnel dans lequel je lutte pour trouver un semblant de clarté.
— Tu n'es pas stupide. C'est lui qui l'est, me rassure-t-elle d'un ton
compatissant.
— Tiens, je t'ai ramené une bouteille d'eau. Si tu as besoin de quoi que
ce soit, tu me le dis, d'accord ?
— Merci, Méline. Je veux juste être seule, s'il vous plaît.
Elles acquiescent toutes les deux d'un signe de tête et me déposent un
baiser sur le front avant de quitter ma chambre. Le calme apparent qui
s'installe est troublé par les cris persistants en provenance de la rue et du
rez-de-chaussée. Julia semble faire barrage à la porte, résolue à empêcher
Chris d'entrer.
— Dégage, Chris... Tu n'as rien à faire ici, beugle-t-elle avec fermeté et
détermination.
— Laisse-moi passer ! vocifère-t-il à son tour, et j’imagine aisément sa
tentative de forcer le passage.
En moins d’une seconde, la voix de Méline s'ajoute à celle de Julia.
— Va-t'en, elle ne veut pas te voir. Vous étiez ensemble, putain !
Comment as-tu pu jouer à ça ? Comment as-tu pu lui faire ça ? Casse-toi
d'ici.
La confrontation en bas résonne comme un écho de ma propre tourmente
intérieure. Les paroles dures, chargées de colère et de déception, trouvent
un écho dans ma propre douleur. Je reste allongée sur mon lit, le regard
perdu dans le vague, cherchant désespérément à apaiser le tumulte
émotionnel qui fait rage en moi.
Je presse mon oreiller contre mes oreilles, désireuse de ne plus entendre
la dispute en contrebas. Je ne veux plus rien n'entendre. Le vide dans ma
poitrine reprend sa place, la douleur l'emportant. Les larmes, que je retenais
jusque-là, affluent enfin. Il est temps d'évacuer cette peine, de la laisser
sortir, même si cela semble être une déchirure interminable.
Les sanglots m'envahissent sans retenue, déchirant le silence de ma
chambre. Ils s'écoulent sans relâche, jusqu'à ce que ma respiration devienne
difficile. Mes mains cherchent mes écouteurs, la cacophonie persistante
dans la pièce en dessous devenant un murmure indistinct. La musique, avec
ses accords familiers, devient un remède temporaire, m'isolant du monde
extérieur.
Les larmes continuent de couler, un torrent d'émotions débordant de mes
yeux. Je m'interroge sur les circonstances qui m'ont amenée à ce point.
Comment ai-je pu croire en lui ? Comment ai-je pu me persuader d'être
spéciale ? La dure réalité s'installe : je ne suis qu'une adolescente de seize
ans à ses yeux, un simple divertissement avec lequel il a pris plaisir à jouer
au jeu des amoureux. La stupéfaction m'envahit face à ma propre crédulité,
à ma naïveté. J'ai gobé toutes ses paroles, toutes ses actions pensées
uniquement pour moi. Au cœur de cette tempête, je me trouve perdue,
regrettant chaque moment où j'ai accordé ma confiance, chaque instant où
j'ai laissé mon cœur s'ouvrir à de fausses promesses. La trahison, comme un
poison insidieux, s'infiltre dans les fissures de mon amour propre, laissant
derrière elle un goût amer d'illusion brisée.
Mes doigts caressent le creux de ma poitrine, comme si je pouvais
toucher la douleur qui y réside. Le sentiment de vide persiste, empreint de
la triste réalité que j'ai été dupée. Mon cœur saigne.
Deux heures s'écoulent dans ce tourbillon émotionnel avant que
l'épuisement finisse par me submerger. Les sanglots cèdent la place à un
sommeil lourd, ponctué de rêves tumultueux et troublés. La trahison et la
déception tissent des fils sombres dans mes pensées, et je m'enfonce dans
l'inconscience, cherchant un répit momentané à cette nuit cauchemardesque.

*****

Au réveil, il me faut un moment pour admettre que Chris n'est pas à mes
côtés et que la dure réalité de la soirée précédente persiste. J'ouvre les yeux
lentement, sentant une sensation de picotement après avoir passé une nuit à
pleurer. Mon visage doit refléter les traces de ma détresse, mais la douleur
émotionnelle est toujours aussi vive ce matin.
Je jette un regard par la fenêtre, observant le lever du soleil qui projette
une lueur rouge orangé dans ma chambre. Mon téléphone, posé à proximité,
m'indique qu'il est six heures trente. Les multiples notifications provenant
de Chris inondent l'écran, mais je n'ai aucune envie de les lire. Je sais déjà
que ses paroles ne valent pas la peine que je m’y attarde. L'idée de me
rendre en cours aujourd'hui me paraît insurmontable. Je n'ai ni la force ni
l'envie d'affronter le regard des autres.
Je décide de rester ici, seule, à me morfondre dans ma tristesse. Comme
n'importe quelle idiote qui a cru être aimée par le garçon dont elle était
profondément amoureuse, pour découvrir qu'il n'était qu'une illusion, un jeu
cruel. Je reste allongée, immobile dans mon lit, fixant le plafond, regardant
les nuances du ciel changer au fil du temps. Mon seul souhait est qu’il passe
plus rapidement, qu'il cicatrise les blessures profondes infligées à mon cœur
par les agissements d'un alpha.
Soudain, un léger coup à ma porte interrompt mes pensées. Je me
retourne pour voir Kat entrer doucement, tenant deux tasses de café dans
ses mains.
— Salut, ma chérie. Comment tu te sens ? me demande Kat d'une voix
douce.
Je réponds d'un simple haussement d'épaules, incapable d'émettre le
moindre son, puis me redresse lentement, m'asseyant et appuyant mon dos
contre la tête de lit. Elle me tend l’un des mug, esquissant un petit sourire
rassurant.
— Tu vas en cours ? interroge-t-elle.
Je secoue la tête en signe de refus tout en remuant le sucre dans mon
café.
— Tu veux que je reste avec toi ?
— Non, je préfère me morfondre toute seule. J'ai envie d'écrire, dis-je
d'une voix éraillée à force d'avoir pleuré.
— D'accord. Méline a dit qu'on devait laisser l'entrée verrouillée, comme
ça tu ne seras pas dérangée. Personne ne pourra entrer.
— Très bien, murmuré-je.
Kat me dépose un baiser sur le front avant de quitter doucement ma
chambre après un long câlin. Sa présence réconfortante a un effet apaisant
sur moi. Elle est vraiment adorable.
Je me retrouve seule, regardant autour de moi dans cette pièce qui
semble maintenant vide sans lui. Mon cœur, tout aussi vide, ressent le poids
de cette absence. Je me laisse aller à l'apitoiement sur mon sort, incapable
de penser à autre chose. J'ai l'impression de me perdre, de m'engluer dans la
tristesse. J'aimerais me secouer et me rappeler qu'il y a d'autres personnes,
d'autres opportunités, mais je n'y parviens pas. Tout ce que je veux, c'est
pleurer, laisser sortir cette douleur, encore et encore.
Mon téléphone se met déjà à vibrer, affichant le nom de Chris. Je refuse
l'appel, mais il insiste. Je rejette de nouveau l'appel, essayant de résister à la
tentation de décrocher, même pour une seconde. Mes hésitations sont trop
longues, car il finit par tomber sur mon répondeur. Finalement, je réalise
que c'était la bonne décision. Mieux vaut éviter une conversation qui ne fera
que raviver les plaies encore fraîches de mon cœur brisé.
J’envoie un message à mon frère pour qu'il récupère mes affaires dans la
chambre de Chris. J'aurai besoin de tout remettre dans ma valise pour
préparer mon retour. Partir, rentrer à la maison, semble devenir la meilleure
option. C'est une façon de m'éloigner de lui, de cet endroit chargé de
souvenirs douloureux. Ce que je n'aurais jamais souhaité devient
maintenant une nécessité impérative : fuir.
En réalité, toute notre histoire, notre prétendue relation, n'était qu'un
mirage dans ma tête. Lui, il a toujours été célibataire. J'étais simplement là,
disponible quand il le voulait. Comme Julia avant moi, je réalise que c'était
elle qui avait raison. Ce n'était qu'une relation sexuelle exclusive, mais
j'étais la seule à être exclusive. Lui, en revanche, ne l'était pas. Comme
d'autres avant moi, j'ai été la proie de cette illusion. Je remets mes écouteurs
sur mes oreilles, plongeant dans la musique pour noyer mes pensées
tourbillonnantes. C'est le seul moyen de trouver un semblant de réconfort
dans ce moment douloureux, en me laissant emporter par les notes qui
viennent envelopper mes émotions.
En écoutant les paroles de certaines chansons, je réalise que je ne suis
pas seule au monde à vivre cette tristesse dévorante que je ressens
aujourd'hui à cause d'un garçon incapable d'aimer la fille amoureuse. C'est
un sentiment partagé, une douleur universelle que la musique semble
pouvoir exprimer.
Comment peut-il être aussi cruel, ce garçon qui a semé la confusion dans
mon cœur ? Ces pensées me tournent en boucle, renforçant le poids de ma
peine. Je reste dans mon lit toute la matinée, pleurant en position fœtale,
serrant mon oreiller comme si je cherchais désespérément un point
d'ancrage qui me permettrait de remonter à la surface. Mes larmes se sont
épuisées, mon corps refusant d'en produire davantage. J'essaie de me
calmer, de reprendre le contrôle de mes émotions. Je décide de prendre une
feuille de papier. C'est peut-être idiot, mais je suis convaincue que cela ne
peut que me faire du bien. De toute façon, rien ne peut empirer les choses à
ce stade. L'écriture devient mon exutoire, un moyen de libérer les
sentiments qui menacent de m'engloutir.
Le stylo danse sur le papier, libérant mes pensées et mes émotions. Les
mots coulent aisément, déversant mon cœur brisé, ma peine, cet amour
désormais anéanti après l'avoir vu avec une autre. Mettre des mots sur ce
que je ressens me procure un soulagement. Je suis persuadée que si je
transcris cela sur mon devoir du trimestre, le prof ne s'en relèvera pas.
Le reste de la journée se déroule dans cette atmosphère d'écriture,
accompagnée de musiques déprimantes. J'entends les filles rentrer des
cours, mais personne n'ose vraiment venir me voir. Finalement, je pose
enfin le crayon et contemple mes feuilles. Quatre pages... quatre pages de
désespoir, de tristesse, de détresse. Quatre pages pour exprimer ma peine et
mon humiliation d'avoir été aussi naïve. Quatre pages qui retracent le pire
moment de ma pauvre petite vie. Mon premier chagrin d’amour que je suis
sûre tout le monde a vécu un jour.
Quelqu'un frappe finalement à ma porte. Cela pourrait être Kat ou
Méline, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit Julia.
— Salut. Je peux entrer ? demande Julia un peu gênée.
— Oui, bien sûr.
Nous n'avons jamais été de grandes amies, toutes les deux éprises du
même garçon. Désormais, nous nous retrouvons au même point.
— Je voulais voir comment tu te sentais, explique-t-elle.
— Je me sens idiote, naïve, trahie.
— C'est ce qui arrive avec Chris. Je sais qu'on ne s'est jamais entendues,
justement à cause de lui. Mais je veux que tu saches que je suis là si tu as
besoin.
— Merci, c'est très gentil à toi.
— Tu n'es pas idiote ou naïve. Il sait dire les choses qu'il faut pour qu'on
accepte beaucoup de choses.
— Est-ce qu'à toi aussi il a fait croire que vous étiez ensemble, mais qu'il
ne voulait pas que ça se sache ? ne puis-je m’empêcher de demander.
— Non. Il ne m'a jamais fait de promesse ou agi comme il agissait avec
toi. On savait toutes ici que Chris était dingue de toi. Ça nous a surprises
autant que toi hier de le voir comme ça. Natasha l'a vu par la fenêtre et elle
a couru pour t'empêcher d'ouvrir la porte.
— Je préfère savoir. Savoir qu'il se moque de moi depuis le début.
— Il a appelé les portables de tout le monde pendant toute la nuit pour
qu'on le laisse entrer.
— Je veux plus le voir, plus jamais.
— Plus jamais, ça va être dur, mais on fera barrage le temps que tu
voudras.
— Merci, Julia. J'espère qu'on pourra se rapprocher et s'entendre
désormais, exprimé-je avec sincérité.
— J'espère aussi. Je n'ai plus aucune intention de le laisser me
manipuler, alors ne t'inquiète pas, je ne m'approcherai pas de lui.
Je hoche la tête d'un air gêné. Je n'aurais jamais eu le courage de lui
demander, mais je suis contente qu'elle l'ait dit d'elle-même.
— Tu l'as vu aujourd'hui ?
— Non, personne ne l'a croisé. Il n'est pas sorti de chez les Alphas. Il
n'est pas venu en cours. Tu veux du chocolat ? J'en ai dans ma chambre. Il
paraît que ça remonte le moral.
— Non merci, je ne suis pas capable d'avaler quoi que ce soit.
Ok. Dis-moi si tu changes d'avis. Je te laisse.
Elle aussi m'offre un câlin, et je dois admettre que je suis contente que,
malgré toute cette merde, je me rapproche d'elle. Je savais que c'était une
fille bien, mais la jalousie et les sentiments peuvent parfois pousser à faire
les pires choses. Lorsqu'elle quitte ma chambre, je me tourne vers la fenêtre
pour observer la lumière décliner, le soleil s'apprêtant à se coucher.
Pourtant, je n'ai pas bougé de mon lit.
Il est temps de faire mes bagages. Mes parents viennent nous chercher
demain, et je n'ai rien préparé. Je me secoue avec un courage minable, me
levant pour récupérer ma valise. Attrapant mon linge sale, j’ouvre le sac et
le jette à l'intérieur. Moi qui aime l'ordre et les affaires bien pliées, bien
rangées, je dois avouer que là, je m'en fiche royalement. Je mets le reste de
mes affaires en boule, ajoutant mes cours nécessaires pour travailler
pendant ces vacances qui commencent de façon pitoyable, puis referme le
tout.
Mon téléphone émet un bip, c'est mon frère.

Zach : J'ai récupéré tes affaires, je les mets


dans ma valise. Il y a un blocus anti
Alpha devant l'entrée de ta
maison, je ne peux pas te les donner.
Elles ne laissent entrer personne. Quand Méline décide de faire quelque
chose, elle ne le fait pas à moitié, c'est sûr.
Quelques secondes plus tard c’est Seb qui me transmet un message.
Seb : j’ai voulu venir te voir,
mais on ne m’a pas laissé
entrer. J’espère que tu vas bien.
Sebastian. C'est le seul qui sera honnête avec moi et qui me racontera
toute la vérité sur ces soirées. Il faut qu'il vienne. Il faut que je lui parle. Je
veux savoir la vérité : était-ce juste un jeu ou cela allait-il plus loin ?
Moi : Je vais dire aux filles de
te laisser passer, viens s'il te plaît.
Je descends pour retrouver Méline assise dans le salon en pleine
discussion avec Jane et Mel.
— Alya, comment tu te sens ? s’enquière-t-elle immédiatement en me
voyant.
— Comme la reine des idiotes. Sebastian va arriver, laisse-le passer, je
veux qu'il me raconte tout, et je sais qu'il le fera, tu veux bien ?
Elle paraît un peu gênée.
— Tu es sûre que tu veux tout savoir ? Ce n'est peut-être pas une bonne
idée.
— S'il te plaît, la supplié-je.
— D'accord, je le laisse passer, mais juste lui, et il ne traîne pas ici.
Méline semble aussi remontée que moi face à la trahison de Chris, non
seulement envers ma personne, mais aussi envers les Kappas. Il savait que
de telles actions ne seraient pas admises compte tenu de nos affiliations
respectives. Les liens entre nos deux fraternités ont été secoués eux aussi,
bien que pas autant que mon cœur. Chris va devoir ramer sérieusement pour
rétablir les pactes et les alliances. Je remonte dans ma chambre, essayant de
voir si je peux faire quelque chose pour ma tête, mais c'est voué à l'échec.
Inutile que je perde mon temps. J'ai beaucoup trop pleuré. Mes yeux sont
rouges et gonflés, mes cheveux emmêlés et tout ébouriffés, je ne me suis
même pas démaquillée.
On frappe doucement à ma porte. Seb la pousse délicatement, et je pense
qu'au premier abord, ma tête doit lui faire peur. Cependant, il avance et me
prend rapidement dans ses bras.
— Je suis vraiment désolé, Alya, commence-t-il d'une voix empreinte de
sincérité.
— Je vais m'en remettre, enfin je l'espère.
— Je ne savais pas pour toi et Chris. Je ne me doutais pas que vous étiez
vraiment ensemble. Je pensais que votre relation était comme ces
précédentes.
— Personne n'était au courant, et je pense qu'au final, j'étais la seule à y
croire, du moins sur nous deux. Il a bien joué le jeu du secret.
— Si j'avais su, je te jure que je t'aurais tout raconté sur les soirées du
mercredi. Je n'aurais pas laissé faire ça, ajoute-t-il avec conviction.
— Alors fais-le maintenant, Seb. Je veux tout savoir. Je veux savoir ce
qu’il s’est vraiment passé tous ces soirs. Je veux que tu me dises tout ce
qu’il a fait.
— Alya, soupire-t-il.
— Je t’en prie. J’ai besoin de savoir.

À suivre....
Remerciements

Cette histoire a été la toute première que j’ai écrite sur wattpad. Je
remercie toutes celles qui m’on lue et qui m’ont encouragée à la retravailler
pour qu’enfin Alya et Chris voient le jour en version papier. Merci de me
suivre sur ce réseau et lire mes histoires. Je remercie chaque lectrice pour
les commentaires qu’elles me laissent, et qui m’ont permis de faire avancer
cette histoire.
Merci également comme toujours à mon mari qui me soutient dans ces
longues heures passées enfermées dans ma bibliothèque à travailler sur mon
ordinateur, à réécrire, relire, et corriger et recommencer.
Eden-Hope :
J'ai décidé de tout quitter pour fuir la méchanceté de mon frère aîné, Jace.
C'est là que j'ai fait la rencontre de Kyra, Kyllan, Josh et Tomy, avec qui j'ai formé un groupe de
rock pour passer le temps pendant mes années lycée. Notre amitié a grandi en même temps que notre
succès. Nous voilà des stars internationales, sans que je m'en rende compte. Mais une soirée suffit à
tout bouleverser. Revoir Connor l'un des meilleurs amis de mon frère. Celui dont je suis amoureuse
depuis toujours.
Une nuit.
Et tout part en vrille.
Connor :
Je ne l'ai pas reconnue, elle a bien trop changé et j'ai passé la nuit avec elle. Cette petite peste
s'est fichue de moi et m'a foutu dans une merde noire. Jace va me tuer s'il l'apprend.
Quatre ans après cette nuit torride, je vais devoir bosser avec son groupe. Je suis devenu leur
agent. La revoir après tout ce temps me fout un coup au moral, mais ce n'est rien à côté de ce que je
ressens, lorsque j'apprends qu'elle a une fille de trois ans.
Une enfant qui a mes yeux
Alors qu'elle entame son premier jour dans son job d'étudiante, en tant que femme de ménage
dans une riche famille.
Mégane entre dans la chambre à coucher pensant qu'il n'y a personne, et se retrouve nez à nez
avec le garçon qu'elle déteste depuis toujours.
À partir de ce jour, leurs chemins ne vont faire que de s'entremêler.
Elle va également rencontrer Jay, président de la fraternité la plus sélect de l'université et qui a
envers elle un comportement des plus troublant.
Elle sera, par sa faute et malgré elle, mêlée aux épreuves d'initiation des novices.
C'est alors, que l'année qu'elle espérait être la plus belle et la plus insouciante de sa vie, va se
transformer en véritable cauchemar.
Entre Logan qui souffle le chaud et le froid. Ses sentiments pour celui qu'elle connaît depuis
toujours, qui vacillent entre l'amour et la haine. Jay qui cache vraisemblablement quelque chose et les
épreuves, plus tordues les unes que les autres.
L'année de Mégane risque d'être beaucoup plus mouvementée et compliquée que ce à quoi elle
s’attendait.
Serez-vous capable de relever le défi et de rejoindre les Epsilons ?
Bonne chance pour vos épreuves.

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