Droits Humains JTB-DTJ 2023-2024

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19

JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

COURS DE DROITS HUMAINS

PROFESSEUR DIDIER YANGONZELA

ANNÉE ACADÉMIQUE 2023-2024

1
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

INTRODUCTION

Les droits humains sont comme une armure qui nous protège. Ils
sont comme des règles parce qu’ils vous disent comment vous comporter. Ils sont
aussi comme des juges parce que vous pouvez faire appel à eux. Ils sont abstraits
comme les émotions, ils appartiennent à tout le monde et ils existent quoi qu’il arrive.
Les droits humains sont comme l’esprit parce qu’ils ne peuvent être détruits. Comme
le temps, ils nous traitent tous de la même manière, riches et pauvres, blancs et noirs,
vieux et jeunes, grands et petits. Ils nous offrent du respect et ils nous chargent de
traiter les autres avec respect.
Un droit est une revendication que nous sommes justifiés de faire.
Les citoyens ont le droit d’élire un Président si la Constitution de leur État le leur
garantit, de même que les enfants ont droit d’être emmené dans un parc récréatif. Un
droit, c’est donc toutes ces choses auxquelles les gens peuvent être en droit de
s’attendre compte tenu des promesses faites par une partie. Les droits humains sont
cependant des super revendications avec une différence. La seule différence c’est que
ces droits ne dépendent pas des promesses ou des garanties d’une autre partie. C’est le
cas du droit à la vie.
Accepter les droits humains, c’est accepter que tout le monde a le
droit de faire ses revendications. Les droits humains sont inhérents à tous les êtres
humains entant que droit d’aînesse. Une revendication des droits humains est enfin de
compte une revendication morale et repose sur des valeurs morales. Deux des valeurs
clés qui sont au cœur des droits humains sont la dignité humaine et l’égalité de tous.
Les droits humains peuvent être compris comme définissant les normes
fondamentales à une vie digne et leur universalité découle du fait qu’à cet égard, tous
les hommes sont égaux.
L’idée des droits humains reçoit le soutient de toutes les cultures du
monde. Il est presqu’universellement reconnu que le pouvoir de l’Etat ne peut être
illimité ou arbitraire. Il doit être limité au moins dans la mesure où toutes les
personnes relevant de sa juridiction peuvent vivre avec certaines exigences minimales
2
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

en matière de dignité humaine. Beaucoup d’autres valeurs peuvent dériver de ces


deux valeurs fondamentales et peuvent aider à définir plus précisément comment dans
la pratique, les personnes et les sociétés doivent coexister, telles que le respect et la
tolérance puisqu’ils permettent à tout le monde de jouir des droits humains malgré les
différences, ou la justice car tout le monde mérite un traitement équitable.
Les caractéristiques des droits humains :
 Premièrement, les droits humains sont inaliénables : C’est-à-dire qu’on ne peut
pas les perdre. Ceci est dû au fait qu’ils sont liés à l’existence humaine. Ils sont
inhérents à la personne humaine.
 Deuxièmement, les droits humains sont indivisibles et interdépendants : Les
différents droits humains sont intrinsèquement liés et ne peuvent être considérés
indépendamment les uns des autres. La jouissance d’un droit dépend des autres et
aucun droit n’est plus important que l’autre. La privation d’un droit a des impacts
sur les autres.
 Troisièmement, les droits humains sont universels : Ils s’appliquent à tous et à
tous les peuples partout dans le monde. Cette universalité est relative car certaines
valeurs ne sont pas acceptées dans toutes les cultures.
 Quatrièmement, les droits humains sont égaux et non discriminatoires : On en
jouit sans distinction de sexe, de race, de couleur de peau ou de religion.

3
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

1ère PARTIE : LES DROITS HUMAINS : CADRE ET CONTEXTE

CHAPITRE I : LES SOURCES INTELLECTUELLES ET JURIDIQUES DES


DROITS HUMAINS

Section 1 : Les sources intellectuelles

Paragraphe 1 : Le langage des droits humains

Pour tout juriste soucieux d’employer un vocabulaire précis, le


champ des droits humains est un terrain miné. En effet, de multiples expressions s’y
retrouvent sans que leur signification soit parfaitement assurée :
 Faut-il parler de droit ou liberté ?
 L’expression française de droit de l’homme doit-elle être maintenue face à
l’usage francophone de droits humains ?
 Quelle différence existe entre liberté publique et liberté fondamentale ?
 Peut-on vraiment opposer droits-libertés aux droits créances ?
 Les droits de l’Homme sont-ils des droits des hommes où peut-on envisager
d’autres titulaires ?
 Et si tout droit a pour corollaire des obligations, peut-on évoquer des devoirs de
l’Homme comme contrepartie à celles des droits ?

A. Droit ou liberté
Nous voulons dire par là, indétermination contre détermination.
Selon le discours doctrinal dominant, droits et libertés sont inégalement déterminés.
Les droits sont réputés être déterminés, délimités et définis. Ils portent sur un objet
précis, alors que les libertés semblent par essence indéterminées.
La liberté est en sus par essence, considérée comme antérieure à la
règle juridique et désigne selon Jean RIVERO, un pouvoir d’autodétermination en
vertu duquel l’homme choisit son comportement personnel. L’autodétermination
4
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

signifie ici la possibilité pour l’homme d’agir et d’opérer des choix de comportement
en l’absence des contraintes de nature juridique. La liberté est entérinée par l’ordre
juridique et non constituée par lui. Les hommes naissent libres. La définition juridique
de la liberté est généralement négative. Selon l’article 4 de la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme : « La liberté est ce qu’on peut faire qui ne nuit pas à autrui ».
Pour l’article 5 de ce même texte : « la liberté est qui n’est pas interdit par la loi ».
L’indétermination est donc un élément de définition de la liberté.
On mesure alors la différence entre un droit et une liberté :
 D’une part, un droit résulte de l’ordre juridique. Un droit est créé par le Droit, il
n’est pas antérieur à lui.
 D’autre part, le droit est tendanciellement déterminé en ce sens que l’acte
juridique qu’il institue en propose une définition.
En d’autres termes, c’est un moyen au service d’une fin : la liberté.
Cette opposition doit toutefois être relativisée, la théorie du Droit ayant bien démontré
que toutes les notions sont en partie indéterminées. Elles le sont d’abord dans la
mesure où elles n’acquièrent qu’une signification normative particulière et grâce à
l’interprétation qui en est donnée. Elles le sont ensuite en raison d’une spécificité du
projet même du Droit des droits humains, tout en étant tiraillées entre notre une
double identité politique (car on est dans un projet normatif) mais aussi juridique (en
raison des valeurs, règles et principes juridiques qui les président.

B. Droits de l’Homme ou droits humains

Tout comme la féminisation des titres et des fonctions reflète


l’égalité des sexes et brise le monopole masculin sur les corps des métiers les plus
prestigieux. L’adoption d’une formule neutre des droits humains révélerait le soucis
de garantir effectivement les droits fondamentaux de chacun et chacune. Toutefois, la
commission française de consultation des droits de l’Homme rejette ces arguments
dans son avis du 19 Décembre 1998.

5
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

Premièrement, pour des raisons grammaticales, le terme Homme


renvoie à la protection de tous les genres, le genre humain car la langue française ne
connaît pas de troisième genre.
Deuxièmement, au regard de l’Histoire politique, l’expression
droits de l’Homme remonte au siècle des lumières et, est consacré dans de nombreux
textes. Elle mérite d’être préservée.
En France, le « droit de l’Homme » demeure majoritairement
employé. Ce constat ne doit pourtant pas nous conduire à méconnaître la force des
arguments en faveur d’un changement terminologique. En effet, les mots ne sont pas
neutres. Ils reflètent une histoire, mais aussi un état présent des enjeux du pouvoir. Or
sur ce, l’emploi de l’expression droits humains constituerait une évolution majeure.

C. Liberté fondamentale ou liberté publique

L’expression droit de l’homme relève d’un vocabulaire tout à la


fois historique car elle l’emprunte aux Déclarations des droits du 18ème siècle, le
siècle des lumières ; et politique, car elle renvoie aussi aux faits révolutionnaires ayant
abouti à ces déclarations ainsi qu’aux mouvements politiques et associatifs qui de nos
jours, se réclament de cette philosophie et ces textes.
En revanche, l’emploi des expressions libertés publiques, droit
et/ou liberté fondamentale s’inscrit dans un régime juridique. Il s’agit moins de
s’intéresser à la symbolique des déclarations qu’à l’étude des mécanismes destinés à
rendre effectifs les droits proclamés. En d’autres termes, les libertés quelles soient
publiques ou fondamentales correspondent à une sorte de juridicisation des droits
humains selon le doyen Louis FAVOREU dans son ouvrage des droits et libertés
fondamentales (6ème édition, 2012) et cela, avec toutefois des nuances sensibles entre
les deux intitulés, et là s’arrêtent aussi les similitudes.
La notion des libertés publiques est plus restreinte que celle des
droits humains. Elle renvoie aux droits et libertés sanctionnées juridiquement par le
Droit et plus particulièrement par la loi. Cette précision tient au cadre temporel
6
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

spécifique qui a vu naître et prospérer l’expression. Ce n’est pas toujours aisé de faire
la distinction entre droits de l’Homme, droits et libertés fondamentaux, droits humains,
liberté publique, etc.
L’expression liberté fondamentale est en revanche une notion
récemment importée de la France et des pays où le développement de l’Etat de droit et
la promotion des droits individuels ont opéré par voie essentiellement juridictionnel et
plus précisément à l’initiative du juge constitutionnel. Dans une tonalité juridique, on
peut considérer que le terme fondamental renvoie à l’idée de fondement, de socle, de
source. Les droits fondamentaux seraient alors ceux qui fondent ou constituent la
source d’autres droits ou principes. L’expression droit de fond renvoie alors sur un
plan formel, à la question des sources du Droit.

D. Qu’en est-il de droit-liberté ou droit-créance

Distinction entre droit civil et politique, économique et social. Les


droits civils et politiques sont des droits libertés (confère articles 11 à 33, Constitution
congolaise du 18 Février 2006) et les droits économiques et sociaux sont des droits
créances (confère articles 34 à 49, Constitution congolaise). L’opposition entre droits
libertés, c’est-à-dire droits civils et politiques et droits créances, c’est-à-dire droits
économiques et sociaux, a dû s’appuyer sur le Droit international des droits de
l’Homme, à travers notamment les deux Pactes de 1966. Il s’agit du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques du 23 Mars 1966 (PIDCP) et du
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16
Décembre (PIDES).
Les droits civils et politiques sont notamment la liberté
d’expressions la liberté de religion, le droit de ne pas être arrêté arbitrairement, etc.
Les droits économiques, sociaux et culturels sont notamment le droit au travail, le
droit à l’électricité, le droit à l’eau, le droit de propriété, etc.
Sous la distinction droits civils et politiques et droits économiques
et sociaux, retenons d’abord sur leur mode de réalisation :
7
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

 Les premiers, droits civils et politiques, sont des droits en ce qu’ils exigeraient
essentiellement pour leur satisfaction, une abstention de l’Etat. C’est-à-dire que
l’individu ne doit pas être entravé dans la jouissance de ses libertés individuelles ;
 Les droits économiques quant à eux seraient des créances qui supposeraient au
contraire pour la jouissance de l’individu, une intervention active des pouvoirs
publics sous forme de fourniture des prestations sociales ou des services. L’Etat
doit créer des conditions optimales pour la jouissance de ces libertés.

Paragraphe 2 : L’histoire des droits humains

L’idée que des gens ont des droits inhérents a ses racines dans de
nombreuses cultures et traditions. Nous pouvons voir à partir de nombreux exemples
des dirigeants vénérés et des codes de pratiques influents, que les valeurs incarnées
dans les droits humains ne sont ni une création occidentale ni une invention du 21ème
siècle. Ils sont une réponse aux besoins humains universels et à la recherche de la
justice. Toutes les sociétés humaines ont eu des idéaux et des systèmes pour assurer la
justice que ce soit dans leur tradition orale ou écrite, bien que toutes ces traditions
n’aient pas survécu.
Prenons par exemple le code d’Hammurabi en Babylonie qui fut le
premier code juridique écrite établi par le roi de Babylone. Ce roi a juré de faire
régner la justice dans le royaume et détruire les méchants et les violents, d’empêcher
les forts d’opprimer les faibles. Il avait juré d’éclairer le pays et faire régner le
bien-être du peuple.
Un pharaon de l’Égypte ancienne aurait donné des instructions à
ses subordonnés selon lesquelles lorsqu’un pétitionnaire arrive de haute ou de basse
Égypte, de veiller à ce que tout soit conformément à la loi, que la coutume et le Droit
de chaque Homme soient respectés.
La charte de Cyrus a été rédigé par le roi des perses pour le peuple
de son royaume et a reconnu le droit à la liberté, à la sécurité, à la tolérance religieuse,
à la liberté de mouvement, de vivre à l’abus de l’esclavage et à certains droits sociaux
8
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

et économiques.
Les enseignements de Conficius contiennent le concept de
compassion et d’amour et d’autres thèmes centraux. Il a dit : « Ce que vous ne
souhaitez pas pour vous-même, ne faites pas aux autres ».
Un expert chinois, docteur Chen Chung Chang, expert du
confucianisme (doctrine de Confucius) a joué un rôle actif dans la rédaction de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH).
Plus proche de nous, la charte du Mandé ou charte Keruga Fuga au
Mali, basé sur la codification des traditions orales, reprend des principes tel que la
décentralisation, la conservation de l’environnement, les droits humains et la diversité
culturelle.
Il y a également la vision africaine du monde « Ubuntu », basé sur
l’humanité, la générosité ou la gratuité. Elle considère que « je suis ce que je suis
grâce à ce que nous sommes tous ».
À chaque période de l’histoire des droits de l’Homme, des
protestations contre l’oppression ont été entendues. À chaque époque, les visions de la
libération humaine ont également été éclipsées. Alors que nous avançons vers les
temps modernes, ces droits et ces visions ont été traduits en programmes d’actions
sociales et parfois incorporées dans les Constitutions des États. La liberté disait HUIG
de GROOC, est le pouvoir que nous avons sur nous-mêmes. L’évolution de l’idée des
droits humains universels s’est inspiré des fondements des notions de dignité et de
respect dans les civilisations du monde entier au cours des siècles.
Cependant, l’idée que ce respect devait être inscrit dans la loi a pris
beaucoup plus de générations à se développer. Nous tirons souvent cette volonté de
légaliser la notion de droits, de certaines expériences historiques. Celles-ci ne sont
certainement pas exclusives. Au fur et à mesure que notre connaissance de l’Histoire
d’autres cultures grandira, nous découvrirons sans aucun doute, les langues
historiques pour légiférer sur les droits dans d’autres cultures aussi.

9
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

Section 2 : Les sources juridiques des droits humains

Paragraphe 1 : Sources internationales des droits humains

Les valeurs communes à protéger ont été progressivement mises en


place par la communauté internationale. Les droits humains ont d’abord fait l’objet
d’accord bilatéraux entre États. Il s’agit par exemple :
 Des accords pour la protection des ressortissants nationaux ;
 Des accords multinationaux tel que la Charte de l’ONU, le protocole de Maputo,
les deux Pactes internationaux de 1966 relatifs aux droits civils et politiques ainsi
qu’aux droits économiques, sociaux et culturels.
Certains de ces accords mettent en place des mécanismes de
sanction et de contrôle alors que d’autres sont simplement déclaratifs, tel que la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948. Les
Déclarations en effet, n’imposent rien aux États et ne sont pas directement applicables,
alors que les Conventions ont une force obligatoire et s’imposent aux États, ce qui
rend leur adoption difficile à obtenir.
Parmi les sources internationales des droits humains, nous avons :
 La Charte internationale des droits de l’Homme
Cette Charte regroupe la DUDH et les deux Pactes de 1966. La
DUDH a été adoptée le 10 Décembre 1948 sous l’impulsion de René CASSIN. C’est
une déclaration d’intention qui n’a donc pas pour but d’imposer des obligations aux
États. Le texte a été adopté à l’unanimité, sauf huit États qui se sont abstenus. La
DUDH repose sur quatre piliers :
 Premièrement, elle protège les droits civils et personnels de l’individu,
notamment le droit à la vie.
 Deuxièmement, elle protège les droits de l’individu face à la collectivité, tel que
le droit d’asile.
La DUDH applique les grands principes libéraux. C’est une
résolution de l’ONU et elle n’a pas la valeur contraignante. La DUDH reste une
10
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

source moyenne pour les juridictions internationales.


 Troisièmement, elle protège les libertés publiques et les droits politiques,
notamment la liberté de religion.
 Quatrièmement, elle porte sur les droits économiques et sociaux, tels que le droit
au travail, à l’éducation, le droit de grève, etc.
Quant aux deux pactes internationaux de 1966 :
 Le Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux n’apporte qu’une
obligation des moyens car l’Etat doit mettre les moyens pour permettre à ses
citoyens de jouir de ces droits, tels que construire des routes, promouvoir
l’entreprenariat et l’emploi.
 Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel deux protocoles
additionnels se sont ajoutés, s’imposent de façon immédiate aux États partis qui
peuvent accepter la compétence du comité des droits de l’Homme.
Au nombre des sources internationales des droits humains, nous
avons egalement :
 La Convention pour la prévention et la répression des crimes de génocide du 9
Décembre 1948 ;
 La Convention internationale sur l’élimination de toute forme de discrimination
de 1966 ;
 La Convention internationale relative au statut des minorités, etc.
Parmi les instruments juridiques africains des droits humains, il
y’a :
 La Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples du 27 Juin 1941 ;
 La Charte africaine pour le bien-être de l’enfant, etc.

Paragraphe 2 : Les sources nationales

La RDC s’est progressivement dotée d’outils renforçant la


protection des droits. Ces nombreux textes protégeant les droits et libertés de
l’individu sont susceptibles d’évolution. De nouveaux droits peuvent en effet être
11
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

promulgués, confère l’article 220 de la Constitution.


1. Les sources infra-constitutionnelles
 La loi : Expression de la volonté générale, elle doit assurer le maintien de l’ordre
et le respect des libertés. La loi garantit les droits édictés par les normes
supérieures. Elle peut les limiter.
 Les principes généraux de droit issus de la jurisprudence de la Cour
Constitutionnelle, du Conseil d’Etat ou de la Cour de cassation : Ils
constituent des règles de droit qui s’imposent à l’Administration et aux
administrés.

2. La source constitutionnelle
Il s’agit de la Constitution congolaise du 18 Février 2006 telle que
modifiée à ce jour. Son article premier consacre l’unité et l’indivisibilité du pays et
l’article 5, la souveraineté nationale. La Constitution de 2006 a renforcé la place des
droits fondamentaux et a aussi consacré les principes de liberté, d’indépendance et de
pluralisme des médias.
Elle a fait entrer juridiquement les langues nationales dans le
patrimoine de la Nation. Le juge civile et le juge administratif congolais ont
finalement reconnu la valeur juridique du préambule en Droit positif congolais.

12
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

CHAPITRE II : LES ACTEURS DES DROITS HUMAINS

Section 1 : Le juge et le Droit

Paragraphe 1 : La protection des droits humains par le juge judiciaire

Ils sont les gardiens des libertés fondamentales. Ils protègent la


liberté individuelle et se prononcent sur l’état et la capacité des personnes. La
protections des droits de conçoit difficilement sans la protection judiciaire. Le droit
d’accès à la justice, le droit au tribunal, le droit à l’aide juridictionnelle sont des droits
de fond par excellence. Cela suppose une véritable indépendance de la justice et les
juges eux-mêmes doivent les défendre avant les autres. L’article 153 de la Constitution
institue un ordre de juridictions judiciaires composé des Cours et Tribunaux civils et
militaires placés sous le contrôle de la Cour de cassation.

Paragraphe 2 : Le juge administratif et le juge constitutionnel

A. Le juge administratif
L’article 154 de la Constitution institue un ordre de juridictions
administratives. Il est composé du Conseil d’Etat et des Cours et Tribunaux
administratifs. Ils protègent les droits des citoyens vis-à-vis des l’Administration. La
Constitution ne définit pas ls juge administratif. Elle se limite à le citer et déterminer
son champ d’action. Il participe à la protection des droits fondamentaux en réparant
les dommages résultant des attentistes aux libertés des citoyens. Ainsi, il a le pouvoir
d’annuler et suspendre les actes constituant des atteintes aux droits reconnus par le
Droit.
Le recours aux juridictions administratives a pour objet de vérifier
la conformité des actes des autorités administratives qui empiètent sur les droits et
libertés. L’instrument le plus remarquable de protection des libertés contre
l’Administration est celui du recours pour excès de pouvoir, constata ment simplifié et
13
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

rendu plus accessible aux particuliers. Il permet aux personnes s’estimant lésés par un
acte administratif unilatéral d’attaquer la validité de cet acte et d’en obtenir
l’annulation par le juge administratif. Ce recours s’exerce par voie d’action
conformément aux articles 150, 151 et 253 de la loi organique du 15 Octobre 2016 sur
les juridictions de l’ordre administratif ; ou par voie d’exception, devant toutes les
juridictions à l’occasion de n’importe quel litige. Le juge prononce alors l’exception
d’illégalité qui interdit l’application de l’acte. C’est a l’Administration d’exécuter les
décisions du juge.

B. Le juge constitutionnel
En ce qui concerne les garanties de protection par le juge
constitutionnel, l’article 157 de la Constitution institue une Cour constitutionnelle et
l’article 158 précise sa composition sans pouvoir définir qui est juge constitutionnel.
Selon l’article 160 de la Constitution, la Cour constitutionnelle est chargée du contrôle
de constitutionnalité des lois et actes ayant forcé de loi.
Le juge constitutionnel contrôle les actes qui violent les droits et
libertés fondamentaux. Il vérifie la conformité des lois à la Constitution, pour que ces
lois ne violent pas les libertés constitutionnellement garanties. Ce contrôle se fait par
voie d’action ou par voie d’exception. Le juge constitutionnel peut être emmené à
exercer un contrôle à priori de constitutionnalité des lois.

Paragraphe 2 : Les garanties ou la protection non juridictionnelle des droits


humains

Elles sont à l’opposé des garanties juridictionnelles. Elles sont


destinées à défendre les droits par des moyens non juridictionnels, c’est-à-dire en
dehors de la fonction de juger des droits. La protection non juridictionnelle se
distingue de la protection juridictionnelle au regard de ses modalités d’exercice. Ces
dernières sont à l’opposé des garanties juridictionnelles offertes par les organes
juridictionnels qui conduisent leurs investigations d’une manière contentieuse et
14
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

concluent leurs enquêtes par une appréciation juridiquement contraignante, à savoir


un jugement.
Les organes non juridictionnels quant à eux, s’apparentent à des
instances de surveillance qui ne délivrent pas des jugements. Il s’agit d’une forme des
garanties privilégiant des recours à des mécanismes incitatifs pour remplir son office
dont les interventions se caractérisent par la souplesse et l’informalité qui
n’aboutissent pas à l’édictions des décisions revêtues de l’obligatoriété. Il s’agit par
exemple de :
 L’Assiciation Africaine des Droits de l’Homme (ASADHO) ;
 L’Association congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) ;
 La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) ;
 Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) ;
 La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), etc.

Section 2 : Le législateur et les droits

La loi et les libertés entretiennent des rapports ambigus. La


tradition légicentriste de plusieurs pays confère un rôle éminent à la loi comme
fondement des libertés. La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent. On
comprend par là que la délimitation du contenu et des régimes des droits et libertés ne
peut résulter que de la loi. La loi est l’incarnation de l’intérêt général conformément à
l’article 6 de la DUDH. La loi est l’émanation d’un organe représentatif et délibératif.
Seule la loi peut mettre en place des régimes protecteurs des libertés. L’histoire
politique et la théorie juridique ont clairement montré que si la loi peut être libératrice,
elle peut aussi être liberticide. Pour de telles lois, la préservation de la liberté exige
alors qu’elles puissent être contestées et mises à l’écart.
Pouvons-nous aussi parler de la liberté contre la loi ? La révolution
française avait longtemps sacralisé la loi. Une loi d’après Jean Jacques ROUSSEAU,
ne pouvait errer.

15
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

2ème Partie : LES DROITS HUMAINS : PRINGIPES ET ENJEUX ACTUELS

CHAPITRE I : LA LIBERTÉ

Section 1 : Droit à la vie et à l’intégrité physique

À l’instar des Constitutions allemandes et portugaises et de


nombreuses Constitutions étrangères, la Constitution de la RDC consacre le droit à la
vie, à la protection contre la torture et l’interdiction de l’esclavage. La loi assure la
primauté de la personne dès le commencement de sa vie. Ainsi par exemple, en
France comme en RDC, la protection de la vie, tout comme la protection contre la
torture, l’interdiction de l’esclavage ou du travail forcé relève particulièrement de la
loi ou du droit pénal qui incrimine et réprime l’agression sexuelle, le harcèlement
moral.
Le droit à la vie est également protégé par le juge administratif. Les
textes internationaux qui proclament de droit à la vie ainsi que l’interdiction de la
torture et l’abolition de l’esclavage ainsi que la servitude sont nombreux au point que
les notions de toutes ces atteintes semblent s’inscrire au cœur du projet porté par le
Droit international, notamment dans :
 La DUDH ;
 Les deux Pactes de 1966 ;
 La Convention européenne des droits de l’Homme ;
 La Convention internationale contre l’élimination de toute forme de torture du 3
Décembre 1984 ;
 La Convention européenne pour l’élimination de la torture, etc.
Les trois composantes de la protection de la valeur éminente de la
personne humaine sont le droit à la vie, l’élimination de la torture et la prohibition
de l’exploitation humaine.

16
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

Paragraphe 1 : Le droit à la vie

Le droit à la vie a d’abord été défini comme emportant les


obligations négatives pour les États c’est à dire ne pas tuer. Il s’agissait d’interdire des
exécutions arbitraires puis encadrer l’infliction de la peine de mort.

A. Les obligations négatives : Ne pas tuer


La première obligation négative découlant du droit à la vie est une
interdiction d’infliger intentionnellement la mort. Historiquement, la proclamation du
droit à la vie a répondu au besoin de protéger le droit à la vie d’un individu contre
l’Etat qui est une super puissance détenant le droit de vie ou de mort sur sa population.
Quant au recours à la force publique, ce dernier est toujours largement encadré
comme toute forme de violence institutionnelle.
Qu’en est-il du droit à la vie et l’abolition de la peine de mort ?
En 2018 près de 3/4 des États ne recourent plus à la peine de mort. Soit qu’il l’ait aboli
en Droit ou en fait, soit qu’il la réserve à des situations exceptionnelles. On le voit
niveau de la justice militaire. Les 56 États qui continuent à exécuter la peine de mort,
parmi lesquels la Chine et USA représentent plus de 2/3 de la population mondiale.
L’abolition de la peine de mort représente une avancée
internationale dans laquelle la RDC s’inscrit. L’on peut parler ici du maintien de
l’ordre et droit à la vie, la question des violences policières qui reste une question
sensible. Il ne s’agit pas de nier le chemin parcouru durant les 60 dernières années ;
les rafles (arrestations massai es opérées par la police à l’improviste), mauvais
traitement et mises à mort par noyade.
En ce qui est des violences policières, les juridictions exercent un
contrôle strict des hypothèses conventionnelles dans lesquelles le recours à la force
peut s’avérer meurtrier, et la jurisprudence peut être résumée en une simple formule.
Elle exige la preuve du caractère absolument nécessaire du recours à la force.

17
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

En ce qui est est des opérations militaires et le droit à la vie, les


situations des conflits armées rendent difficiles l’application des standards établis
pour concilier le recours à la force et le droit à la vie.

B. Les obligations positives : Protéger la vie


A l’obligation négative de ne pas infliger intentionnellement la
mort s’est ajoutée l’affirmation de l’obligation positive imposant de protéger la
vie. Cette obligation positive pèse sur les pouvoirs publics qui doivent en effet
protéger le droit à la vie. L’obligation positive de protéger la vie joue aussi un rôle
privilégié en matière pénitentiaire car les détenus ont aussi droit à la vie.
Les obligations de protéger dont il s’agit ici pour les pouvoirs
publics sont des obligations des moyens et non des résultats. Ainsi, en matière de
santé et des soins, il s’agit pour les pouvoirs publics, d’éviter toute négligence
médicale possible. L’Etat doit mettre en place un cadre réglementaire imposant par
exemple aux hôpitaux d’adopter des mesures appropriées.

Paragraphe 2 : L’interdiction de la torture, des traitements inhumains et


dégradants

L’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains et


dégradants est la formulation que le droit international, ce que les droits pénaux
nationaux ont historiquement appréhendé via la répression des atteintes à l’intégrité
physique avec un accent particulier mis sur la protection contre les violences liées à
l’exercice de la puissance publique.
À ce titre. Toute comme le droit à la vie, l’interdiction de la torture
compte parmi le petit noyau dur des droits repûtes intangibles ou indérogeables par le
Droit international des droits humains. En effet, ils ne souffrent d’aucune dérogation,
même en cas de danger public menaçant la vie de la Nation.

18
JURIDICTION TOGE BLEUE / DIRECTION DES TECHNIQUES JURIDIQUES

A. Les obligations négatives : Ne pas torturer


Initialement, la prohibition de la torture et des traitements cruels,
inhumains et dégradants a été pensé comme ayant vocation de protéger les individus,
essentiellement dans le cadre d’institutions ou de procédure répressive. Sa portée a été
toutefois progressivement élargie aux relations entre personnes. Par ailleurs, la
définition même des actes de torture ou de traitements inhumains et dégradants a été
précisée au fil d’une jurisprudence désormais abondante.

B. Les obligations positives : protéger l’intégrité physique


La protection de l’intégrité physique peut exiger l’adoption des
mesures positives sous peine d’exposer la personne à un traitement inhumain et
dégradant. Dans ce cadre, les obligations positives pèsent sur les pouvoirs publics au
regard par exemple de l’état d’insalubrité et de la surpopulation carcérale.
La jurisprudence l’illustre dans des domaines fort variés. À
traitement inhumain et dégradant portant une atteinte grave et manifestement illégale
à une liberté fondamentale, la carence de l’autorité publique est souvent criante.

Paragraphe 3: L’interdiction de la servitude et du travail forcé

L’abolition généralisée de l’esclavage n’a pas eu pour effet de


supprimer les formes contemporaines de l’exploitation de l’Homme par l’Homme,
qu’il s’agisse de la servitude ou la traite. Mais la frontière entre ces formes extrêmes
d’exploitation et d’incrimination, le travail forcé n’est pas toujours facile à dessiner.

19

Vous aimerez peut-être aussi