La Gouvernabilité Des EP Au Bénin DR Yasso
La Gouvernabilité Des EP Au Bénin DR Yasso
La Gouvernabilité Des EP Au Bénin DR Yasso
Désiré Yasso
Document de travail
adaptée à la gestion des Etats démocratiques, qui devenaient de plus en plus inadaptés à la
gouvernance traditionnelle. Cette nécessité de changer les pratiques est également partagée
par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, quand il affirme que « la souveraineté
étatique, dans son sens le plus fondamental, est en pleine redéfinition […]. Les États sont
maintenant largement considérés comme des instruments au service de leur peuple et non
l’inverse. Au même moment, la souveraineté de l’individu […] est renforcée par une
conscience renouvelée et en pleine diffusion des droits individuels ». La notion acquiert une
légitimité au près de presque toutes les organisations internationales de développement
comme en témoigne leur conception de la notion. Ainsi, affirmait le Secrétaire Général des
Nations Unies au quatrième Forum pour le développement de l’Afrique «La bonne
gouvernance et le développement durable sont indivisibles. De l’Amérique latine à l’Asie, en
passant par l’Afrique, tous nos efforts, toutes nos expériences le montrent. Sans bonne
gouvernance, sans état de droit, sans administration prévisible, sans pouvoir légitime et sans
une réglementation adaptée, les financements et les dons les plus abondants ne sauraient
assurer la prospérité.». La vision est partagée par les institutions de Breton Woods
(notamment la Banque Mondiale, et le FMI) qui lui confèrent toute sa légitimité, l’intégrant
dans les conditions de financement du développement dans les Etats parties. En effet, pour les
institutions de Bretton Woods, la bonne gouvernance, c’est la bonne gestion économique (la
bonne application des programmes d’ajustement structurel, l’assainissement du cadre macro-
économique, la restauration des grands équilibres financiers, etc.). Ainsi, à la fin des années
1980, la Banque mondiale a établi un lien entre la qualité du système de gouvernance d’un
pays et sa capacité à promouvoir un développement économique et social durable. Selon la
Banque mondiale, la gouvernance inclut tout à la fois le type de régime politique, le processus
par lequel le pouvoir s’exerce dans la gestion des ressources économiques et sociales d’un
pays en vue de son développement et la capacité des gouvernements à concevoir, formuler et
mettre en œuvre des politiques et à s’acquitter de leurs fonctions (Banque mondiale 1991,
1992, 1994 ; Banque mondiale 2000a). Il est donc question pour ces institutions de : la
transparence, l’éthique et le respect de la déontologie dans la conduite des affaires ;
l’indépendance et la crédibilité des juges et des tribunaux ; des élections libres,
transparentes, organisées par une commission électorale indépendante ; la décentralisation
; le renforcement des contre-pouvoirs (opposition, presse, société civile, etc.). La
Commission Economique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies stipule que « …la bonne
gouvernance commence à signifier l'exercice de l'autorité légitime de l'État ancré sur le
consentement des gouvernés et la participation active des citoyens aux affaires publiques.
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Une condition essentielle pour l'exercice légitime de l'autorité étatique et d'une harmonie qui
nourrit relations Etat-société est la fourniture efficace et efficiente des services publics. »
La Commission européenne quant à elle estime « qu’une démocratie effective et une
bonne gouvernance à tous les niveaux sont essentielles pour prévenir les conflits, promouvoir
la stabilité, favoriser le progrès économique et social, et partant la création de communautés
durables, lieux de vie et de travail pour aujourd’hui et pour l’avenir» sans toute fois donner
une définition précise du concept de bonne gouvernance.
L’UA à travers la charte africaine de bonne gouvernance dispose que : « les Etats parties
institutionnalisent la bonne gouvernance économique et des entreprises grâce, entre autres, à :
« 1.La gestion efficace et efficiente du secteur public 2. La promotion de la transparence dans
la gestion des finances publiques. 3. La prévention et la lutte contre la corruption et les
infractions connexes. 4. La gestion efficace de la dette publique. 5. L’utilisation judicieuse et
durable des ressources publiques. 6. La répartition équitable de la richesse nationale et des
ressources naturelles. 7. La réduction de la pauvreté. 8. La mise au point d’un cadre législatif
et réglementaire efficace en appui au développement du secteur privé. 9. La création d’un
environnement propice à l’afflux de capitaux étrangers. 10. L’élaboration de politiques
fiscales qui encouragent les investissements. 11. La prévention et la lutte contre la
criminalité. 12. L’élaboration, l’exécution et la promotion de stratégies de développement
économique, y compris les partenariats entre les secteurs privé et public. 13. La mise en place
de systèmes fiscaux efficaces basés sur la transparence et l’obligation de rendre compte ».
Cette vision est reprise par le NEPAD en ces termes : « La bonne gouvernance présente huit
(08) caractéristiques majeures. Elle repose sur la participation, recherche le consensus et se
montre responsable, transparente, réactive, efficace, équitable, inclusive et respecte la force
de la loi. Elle veille à ce que la corruption soit minimisée, les vues des minorités prises en
compte et les voies des membres les plus vulnérables de la société entendues lors des prises
de décision. De même, elle doit répondre aux besoins actuels et futurs de la société.». La
Banque Africaine de Développement quant à elle définit la gouvernance comme étant la
« manière dont le pouvoir est exercé eu égard à la gestion des affaires publiques d’un pays ».
En sommes, aussi bien pour les partenaires au développement ( l’ONU, les institutions
de Breton Woods, UE, etc.) comme pour les autres bailleurs de fonds bilatéraux ou
multilatéraux et les organisations de coopérations régionales et internationales, les pratiques
de bonne gouvernance visent à créer des Etats capables et efficaces mais aussi et surtout un
environnement propice dans lequel les secteurs public et privé jouent leurs rôles respectifs
d’une manière mutuellement bénéfique en vue de réduire la pauvreté et d’assurer une
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entreprises, chacune d’elle étant rattachée à un ministère public. Mais il nous parait important
de souligner l’influence du conseil des Ministres sur la gouvernance de ces entreprises à
l’image des Assemblées Générales des Actionnaires dans les entreprises privées.
S’il est vrai que cette organisation n’a connu aucune évolution depuis la libéralisation
de l’économie béninoise et la création de ces entreprises, il n’est pas aisé de comprendre que,
en dépit de tant de malversations décriées çà et là par le peuple, par l’entremise des
organisations de la société civile, mais aussi la reconnaissance de la mauvaise gestion par le
gouvernement et les dirigeants de ces entreprises, aucune réflexion n’ait pu être effectuée sur
la gouvernance de ces entreprises. Il nous parait indispensable, dans le souci d’aligner les
actions et les institutions avec le discours politique de la « bonne gouvernance », de repenser
la gouvernance au travers d’un examen profond au sommet de l’Etat, en collaboration avec
des experts, « tiers » indépendants, à même de proposer, en toute impartialité, des éléments de
gouvernance moderne des entreprises, dans une réelle intégration du contexte socioculturel et
politique du Bénin. L’analyse des organigrammes permet de constater que, suivant la taille de
l’entreprise, les fonctions supports prennent de plus en plus d’importance.
pouvoir étant ce qu’il est ». D’une part, un dirigeant politique une fois à la tête de l’Etat a
tendance ou dans le contexte béninois, est souvent amené à faire remplacer les responsables
de toute les entités sous contrôle de l’Etat afin de positionner les siens, et ce dans le but
récompenser les amis politiques, d’accroitre sa popularité, de conserver le pouvoir. Ce qui
pourrait être assimilé à la notion de « stratégie d’enracinement des dirigeants » dans le cas de
la « corporate governance » mais appliquée à la sphère politique. L’illustration de ce
phénomène au Bénin trouve des exemples dans les célébrations organisées par les cadres
nommés pour remercier le Chef de l’Etat pour la confiance qu’il place en eux. Si tant est qu’il
mesure la réelle responsabilité, ils s’intéresseraient plutôt à l’énormité des tâches qui leur sont
confiées, leur capacité à être à la hauteur des attentes ; mais comme lesdites attentes ne sont
que d’ordre politique, alors ils ne se soucient guère de leur capacité managériale mais de leur
capacité de mobilisation des honnêtes populations en quête de « pain du jour ». Des marches
organisées pour remercier un Gouvernement pour la nomination d’un cadre comme directeur
général d’une société peuvent sembler ridicules sous d’autres cieux et c’est de la même
manière que relever de ses fonctions un cadre ne pause aucun souci au Gouvernement qui
dispose de tous les éléments de preuve d’incompétence des cadres qu’il a lui-même nommés.
Ceci met en exergue la responsabilité accrue des dirigeants politiques dans les difficultés de
mises en œuvre de la « bonne gouvernance ».
Comme l’organisation structurelle formelle décrite présente le Conseil des Ministres comme
organe de gouvernance, il est même le plus important niveau de décision et donc le maillon
fort de la gouvernance de ces entreprises. Le budget, les orientations stratégiques, les rapports
de gestion et les états financiers étant soumis à l’approbation de ce conseil qui décide ou pas
d’autoriser leur mise en œuvre.
En sommes, ces trois organes des entreprises publiques ainsi identifiés constituent la
gouvernance de celles-ci à des degrés variables d’influence ; les décisions d’envergure étant
du ressort du Gouvernement et les dirigeants constamment sous influence politique de celui-
ci. L’ossature de la gouvernance des entreprises publiques, la question de la responsabilité des
organes de gouvernance au Bénin posent donc la problématique de la gouvernabilité des
entreprises publiques dans un monde en crise où des exigences de bonne gouvernance
viennent bouleverser les habitudes et donc suscitent une réflexion plus accentuée sur la
gouvernance effective des entreprises publiques notamment celles du secteur maritime au
Bénin.