La Bonne Gouvernance
La Bonne Gouvernance
La Bonne Gouvernance
AVRIL 2013
REALISE PAR:
Pape Vieux Malang DIEME et Basga Blaise BAGRE
1 Introduction
Invoquant les régimes autocratiques comme étant les mieux placés pour mobiliser et organiser les
ressources en vue d’assurer le développement et l’unité nationale, la classe politique africaine dans
sa grande majorité a généralisé la pratique de cette forme de gouvernement à partir de la seconde
moitié des années soixante. Malheureusement, ces régimes n’ont pas permis d’avoir les résultats
escomptés, l’Afrique subsaharienne particulièrement étant caractérisée à la fin des années quatre-
vingt par une détérioration des conditions de vie des populations et une instabilité de
l’environnement politique. Ces régimes ont ainsi perdu leur crédibilité et leur légitimité aussi bien
sur le plan interne qu’à l’échelle internationale.
En même temps que les africains recherchaient plus de démocratie, ils visaient également
l’amélioration de leurs conditions de vie. S’il paraît difficile d’établir a priori une relation entre
type de régime politique et performances économiques, la littérature existante indique cependant
que la consolidation de la démocratie exige de bonnes performances économiques et
réciproquement (E. Aldahdah [2005], Phillippe EGOUME [2007], Zayati et Gaaliche [2013]). Plus
que la nature du régime ce serait plutôt l’existence de capacités institutionnelles, humaines et
matérielles adéquates ainsi que des acteurs (l’administration publique, les pouvoirs exécutif,
législatif et, judiciaire ainsi que la société civile) forts et qui s’équilibrent qui expliquerait la
différence dans les performances économiques. Ce serait alors la combinaison de ces différents
facteurs qui constituerait ce que l’on peut appeler aujourd’hui la gouvernance.
Utilisée de façon normative par les organismes de prêt internationaux, pour désigner les
institutions, les pratiques et les normes politiques nécessaires à la croissance et au
développement économique des pays emprunteurs, la gouvernance n’est pas un nouveau
concept. Certes, l’accent est mis depuis au moins deux décennies sur la notion de " bonne
gouvernance", comme facteur déterminant du développement économique et social. En
effet, des réformes institutionnelles ont été préconisées au côté des programmes
économiques néo-libéraux. Ces réformes ont été promues non pas pour que s'affirment
les considérations sociales et politiques sur l'économique, mais bien pour rendre ces
programmes plus efficaces. La focalisation ne se fait plus sur les techniques de préparation des
La bonne gouvernance est ainsi perçue aussi bien par les populations que les partenaires des
pays africains comme indispensable pour la promotion du développement. Dans le domaine de
l’aide publique au développement, elle fait partie des concepts « valises » approuvés par tous
les bailleurs de fonds internationaux mais qui ne représente souvent qu’un contenant sans
contenu. Elle est ainsi devenue un thème majeur des organisations internationales. Cependant,
aucun véritable consensus ne se dégage autour d’une définition commune de la gouvernance ni
de son utilité. Et pourtant, nombreux sont ceux à vouloir la mesurer. Toute la question est de
savoir que mesurer quand personne ne s’accorde sur le contenu du contenant.
On est alors tenter de se demander en quoi consiste la bonne gouvernance ? Aussi, peut-on
affirmer qu’elle est uniquement limitée à la sphère publique ou bien qu’elle est le résultat de la
globalisation /mondialisation, ou, encore, une démarche consciente et méthodique des
gouvernants des pays en développement pour se sortir du sous-développement ? La suite de ce
travail sera consacrée à une discussion autour de ces affirmations.
L’appropriation de cette notion par différents courants de pensée fait que le terme de "
gouvernance " revêt aujourd’hui de multiples significations et se prête à de multiples usages.
Selon la Banque Mondiale : « la bonne gouvernance est la manière avec laquelle le pouvoir est
exercé dans la gestion des ressources publiques, économiques et sociales en vue du
développement. » (World Bank, Managing Developpement – the governance Dimension,
Washington, 1996).
L’Alliance pour la Refondation de la gouvernance en Afrique quant à elle l’a définie comme
« l’art de la gestion des affaires communes à tout groupe …la manière dont est exercée le
pouvoir politique et dont la classe dirigeante gère et distribue les ressources du pays…un
ensemble de règles économiques, politiques et administratives qui permettent de maximiser la
valeur des ressources de toutes les parties prenantes d’une société. »
Au-delà de toute considération, la bonne gouvernance consiste entre autres à, fournir des
orientations stratégiques aux politiques publiques, créer les conditions d’efficacité optimale de
réalisation des objectifs, utiliser les ressources nationales dans un esprit responsable, associer
C’est à la fin du XXème siècle, dans le sillage de la mondialisation qu’est apparu un concept dans
le domaine des relations internationales : celui de la gouvernance globale. Il vise à combler le
décalage existent entre un marché mondial de plus en plus unifié et un système d’Etats
pluralistes. Mais l’idée de la gouvernance globale, sinon le nom, est aussi ancienne que la
première mondialisation de la fin du XIXème siècle. Le concept de gouvernance globale se situe
dans l’espace ainsi ouvert entre la mondialisation de l’économie et un système international
1
Amadou SADIO: « cours de gouvernance» Université Cheikh Anta Diop, mars 2013, P 57
Au Burkina Faso, l’axe 4 du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) consacre la
promotion de la bonne gouvernance ; c’est dans ce sens qu’à travers le document portant
Politique Nationale de Bonne Gouvernance (PNBG 2005-2015), le gouvernement entend
consolider les mécanismes, principes et pratiques de bonne gouvernance. Le plan d’actions de
mise en œuvre de la PNBG a été conçu pour renforcer le processus général de bonne
gouvernance et a pour ambition d’assurer une cohérence opérationnelle d’ensemble en la
matière au Burkina Faso de 2006 à l’horizon 2008 et ce, à partir des options politiques
fondamentales adoptées dans les référentiels tels que le CSLP, la PNBG, les politiques
publiques sectorielles et leurs instruments spécifiques de mise en œuvre (Stratégies,
Programmes, Plans d’actions notamment).
La gouvernance est devenue une dimension-clé des politiques et réformes en faveur de la lutte
contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Au
Sénégal, elle figure en bonne place dans l’agenda des politiques publiques et constitue un axe
stratégique de politique économique et sociale. En 2002, dans sa volonté de relever les défis de
gouvernance, l’Etat a élaboré le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG) adopté
révisé en 2007, une première en Afrique de l’Ouest. En ancrage à la délégation à la Réforme
de l’Etat et à l’Assistance Technique (DREAT), le programme vient en soutien à
l’opérationnalisation de la stratégie de gouvernance. Il fédère les mesures phares de réformes
institutionnelles, de mise en place de nouveaux mécanismes et procédures administratives ainsi
4 Conclusion
Dans le présent travail, parti de nos connaissances des principes directeurs et des axes
stratégiques des programmes de « Gouvernance » en cours dans la plupart de nos Etats
africains, nous avons tenté de comprendre la notion de bonne gouvernance, notamment ce en
quoi elle consiste. En effet, la bonne gouvernance est une préoccupation transversale. Sa
pratique en tant que code de conduite s’appuie sur un certain nombre de valeurs et principes
fondamentaux ; il s’agit notamment de : la nécessaire définition préalable d’une vision
stratégique, l’obligation de rendre compte, la transparence, l’efficacité et l’efficience, l’équité,
la participation, la réceptivité et la primauté du droit. Egalement, nous avons sur la même base,
analysé le caractère public, national ou global de la bonne gouvernance, de même que la
gouvernance d’entreprise.
La gouvernance se justifie selon de très nombreux auteurs par le caractère plus complexe
qu'avant, des affaires publiques. Elle se conçoit donc comme un mode de gestion d'affaires
complexes (Pierre et Peters, 2000, p. 23 ; Hermet et Kazancigil, 2005). Cela serait