Jan 1230

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 74

ANNEE 2008 THESE : 2008 – TOU 3 - 4010

ETUDE ANATOMIQUE ET HISTOLOGIQUE


EXPERIMENTALE DES VOIES LACRYMALES
DANS L’ESPECE CANINE

_________________

THESE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR VETERINAIRE

DIPLOME D’ETAT

présentée et soutenue publiquement en 2008


devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse

par

Romain, Pierre, Eric KOHLER


Né le 7 février 1982 à Brive la Gaillarde
___________

Directeur de thèse : Mme le Docteur Isabelle RAYMOND LETRON

___________

JURY

PRESIDENT :
Mme Monique COURTADE-SAÏDI Professeur à l’Université Paul-Sabatier de TOULOUSE

ASSESSEURS :
Mme Isabelle RAYMOND LETRON Maître de Conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de TOULOUSE
M. Alain REGNIER Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de TOULOUSE

MEMBRE INVITE :
M. Thomas DULAURENT Docteur Vétérinaire
A Madame le Professeur Monique COURTADE‐SAÏDI
Professeur des Universités
Praticien hospitalier
Histologie Embryologie

Qui nous fait l’honneur de présider notre jury de thèse.


Hommages respectueux.

A Madame le Docteur Isabelle RAYMOND LETRON


Maître de Conférences de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Anatomie pathologie

Qui m’a épaulé tout le long de ce travail.


Pour ses qualités humaines et pédagogiques,
Qu’elle trouve ici l’expression de ma sincère reconnaissance.

A Monsieur le Professeur Alain REGNIER


Professeur de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Physiopathologie oculaire

Qui nous fait l’honneur de participer à notre jury de thèse.


Hommages respectueux.

A Monsieur le Docteur Thomas DULAURENT


Physiopathologie oculaire

Qui m’a grandement aidé et encouragé pour la réalisation de ce travail.


Sincères remerciements.

5
6
A mes parents,
A maman Jacqueline, la maman la plus brillante du monde, pour son Amour,
A papa Hervé cuisinier professionnel, pour son Amour,
Merci pour votre soutien inconditionnel et l’Amour que vous me donnez,

A mes grands parents,


A mamie Mone, pour ses anecdotes animalières envoutantes (dresseur de puces, rage,
pêche à la raie électrique,…) et l’Amour qu’elle donne a ses petits enfants,
A mamie Annie pour ses petits cœurs à l’ail, et l’Amour qu’elle donne à ses petits enfants,
A papi Jules, tennisman professionnel Alsacien, pour son immense transmission orale et
l’Amour qu’il donne à ses petits enfants.
Merci pour tout ce que vous nous transmettez.

A papinou,
A tatie,
Je pense souvent à vous,

A mes frères, avec qui je me sens fort !


A Olivier, notre grand frère modèle. Merci pour tes conseils et toute l’affection que tu
m’apportes.
A Benjamin, Mr de la Pinpine qui n’est autre que… et oui je le dévoile : Mr Incroyable !, c’est
lui ! Merci !
Attention faut pas déconner ils sont tous deux hockeyeurs professionnels ‐et pêcheurs de
carpes amateurs avec des grands bras maigres pour certains, voire des jambes écartées pour
d’autres‐.
Merci les frangins, vous m’impressionnez tous les deux énormément !

A ma fraîche Yasmina, pour son Amour sans frontière,


Je t’embrasse fort mais tendrement,
Avec passion,

A mes cousins Anne et Thomas, Natalya et François, à ma tante Marie et à mon oncle
Michel.
A la petite qui arrive dans la famille et qui apporte du bonheur !

A mon parrain Bertrand et à ma marraine Nicole, qui m’ont toujours accompagné,

A la marraine Jeannette, et à sa bonne humeur,

A tous mes cousins d’ici (le Bru en force !) et à tous mes cousins lointains (Alsace en force !)

7
8
Je remercie Milk, chat semi‐professionnel !

A Kitou et tous les membres de sa tribu, je vous envoie par la tramontane mes plus tendres
bisous !

A mes amis
Stéph, Marie, Mika, Jean‐Christian, PEF, Pierre, Flunchy, GG, Toto, Bibi, Chacha, Ramo, Lolo,
Lala, Loulou, Baba, Boubou, Boby, Bybo, Lalala, Lilili, reLalala, Etlesautres!
De toute manière vous le savez ! Je vous fais de gros bisous !

A tous ceux, nombreux, qui de près ou de loin ont toujours été là, et comptent beaucoup
pour moi.

« La réalité est à la hauteur de rêve », Jacqueline Kohler, 1995.

9
10
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES..............................................................................................................11

TABLE DES ILLUSTRATIONS ..………………………………………………………………………………………………13


‐ SCHEMAS........………....................................................................................13
‐ TABLEAUX...................................................................................................13
‐ PHOTOGRAPHIES….…….………………………………………………………………………….13
‐ FIGURES…......……..………………………………………………………………………………….14

INTRODUCTION.......................................................................................................................15

I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE DE L’ANATOMIE DES VOIES LACRYMALES DU CHIEN …….17

A) Anatomie générale des voies lacrymales du chien….………………………………………………….17

1) Les points lacrymaux ………………………………………………………………….…………18


2) Les canalicules lacrymaux....……..……………………………………………………………19
3) Le sac lacrymal ..….…………………………………………………………………………………20
3.1) Localisation anatomique..………..………………………………………20
3.2) Caractéristiques anatomiques …………………………………………20
4) Le conduit naso‐lacrymal……………………………………………………………………….21
4.1) Localisation anatomique ....……………………………………………..21
4.2) Caractéristiques anatomiques...……………………………………….22
5) L’ostium naso‐lacrymal .…………………………………………………………………………22

B) Vascularisation et innervation des voies lacrymales du chien ………………………………….23

1) Vascularisation artérielle……………………………………………………………………….23
2) Vascularisation veineuse……………………………………………………………………..…23
3) Drainage lymphatique……………………………………………………………………………23
4) Innervation…………………………………………………………………………………………….23

C) Histologie des voies lacrymales……..……………………………………………………………………………24

II : ETUDE EXPERIMENTALE……………………………………………………………………………………………….27

A) Matériel et méthode………………………...………………………………………………………………………..27

1) Animaux et nature des prélèvements.……….….………………………………………27

11
2) Technique de prélèvement ….……………………………………………………………...28

2.1) Obtention de conduits lacrymaux entiers………………………………..28


2.1.a) Matériel nécessaire...……………………………………………………..28
2.1.b) Fixation rapide du conduit après la mort de l’animal ……..28
2.1.c) Cathétérisme des conduits lacrymaux…………………………….29
2.1.d) Obtention d’hémifaces en salle de dissection…………………30
2.1.e) Dissection d’une voie lacrymale……….…………………………….30

2.2) Obtention des lames histologiques………………………………………….31


2.2.a) Réalisation des blocs de paraffine………………………………….31
2.2.b) Dégrossissage des blocs de paraffine……….....………………..32
2.2.c) Obtention des lames………………………………………………………32
2.2.d) Coloration des lames...…………………………………………………..32
2.2.e) Lecture des lames histologiques et réalisation des
photographies …………..…………………………………………………………………33

B) Résultats…………………………………………………………………………………………………………………….35

1) Résultats macroscopiques…………………………………………………………………….35
2) Résultats microscopiques……………………………………………………………………..44
2.1) Les points lacrymaux et les canalicules lacrymaux….……………….44
2.2) Le sac lacrymal…….………………………………………………………………….47
2.3) La portion osseuse du conduit naso‐lacrymal…….……………………49
2.4) La portion moyenne du conduit naso‐lacrymal...……….……………52
2.5) La portion distale du conduit naso‐lacrymal……….…………………..57

C) Discussion………………………………………………………………………………………………………………….63

CONCLUSION………………………………………………………………………………………………………………………69
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………….……………………….71

ANNEXE 1 Coloration à l’hémalun‐éosine….............……………………………..…………………………....75


ANNEXE 2 Réaction à l’acide périodique de Schiff……….............….…………………………...…………76

12
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES SCHEMAS

Schéma 1 : représentation schématique des voies lacrymales du chien………………………………17


Schéma 2 : commissure médiale des paupières du chien, vue caudale……………………………....18
Schéma 3 : aspect latéral de l’os lacrymal gauche du chien...……………………………………………..20
Schéma 4 : représentation schématique du conduit naso‐lacrymal du chien...………………...…21
Schéma 5 : fixation du conduit après cathétérisme par le point lacrymal supérieur…………...29
Schéma 6 : schéma des différents niveaux de coupes à partir de la photographie 9……………31

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : comparaison de la structure microscopique des conduits naso‐lacrymaux de


l’Homme et de celles de six espèces animales…………………………………………………………………....25
Tableau 2 : détail de l’échantillon de l’étude…………………………………………...............................27

LISTE DES PHOTOGRAPHIES

Photographie 1 : hémiface droite en vue médiale d’un jeune Setter, obtenue après
préparation et cathétérisme complet des voies lacrymales par le crin de Florence ..............36

Photographie 2 : partie distale de l’hémiface droite, vue médiale après section de l’aile du
nez et du septum nasal ..........................................................................................................37

Photographie 3 : aspect de l’hémiface droite, vue médiale après retrait du septum nasal, des
cornets nasaux et des volutes ethmoïdales............................................................................28

Photographie 4 : vue d’ensemble de la portion moyenne et de la portion intra‐osseuse du


conduit naso‐lacrymal.............................................................................................................39

Photographie 5 : détail du trajet de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal, vue


ventro‐médiale.......................................................................................................................40

Photographie 6 : détail du passage de la portion intra‐osseuse à la portion moyenne..........40

Photographie 7 : mobilisation du conduit naso‐lacrymal depuis l’ostium naso‐lacrymal .....41

Photographie 8 : dissection osseuse du passage à travers l’os lacrymal................................42

Photographie 9 : voie lacrymale droite complète après dissection chez un Setter...............43

Photographie 10 : point lacrymal inférieur.............................................................................19

13
LISTE DES FIGURES HISTOLOGIQUES

Figure 1A‐C : coupes transversale et longitudinale d’un canalicule lacrymal de chien...........45

Figure 2A‐B : détail du revêtement épithélial d’un canalicule lacrymal..................................46

Figure 3A‐B : coupe transversale des canalicules s’abouchant dans le sac lacrymal..............47

Figure 4A‐C : détail du revêtement épithélial du sac lacrymal................................................48

Figure 5 : coupe transversale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal dans le canal


lacrymal...................................................................................................................................50

Figure 6 : coupe transversale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal......................50

Figure 7A‐D : coupe longitudinale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal ..............51

Figure 8A‐E : coupe longitudinale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal.............53

Figure 9A‐C : coupe transversale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal..............54

Figure 10 : coupe longitudinale dans la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal.............55

Figure 11 : détail du revêtement de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal..............55

Figure 12 : coupe transversale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal et présence


d’un follicule lymphoïde..........................................................................................................56

Figure 13A‐B : coupe transversale du pli alaire et de la portion distale du conduit naso‐
lacrymal....................................................................................................................................58

Figure 14 : coupe longitudinale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal.....................58

Figure 15 : coupe transversale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal......................59

Figure 16 : coupe longitudinale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal.....................59

Figure 17A‐D : coupes longitudinales de l’ostium naso‐lacrymal............................................60

Figure 18A‐D : détails de la portion distale du conduit proche de l’ostium............................61

14
Introduction

L’appareil lacrymal est un système anatomique composé de deux parties : d’abord, les
glandes lacrymales qui constituent la portion sécrétrice en fabriquant les composants du film
lacrymal, qui couvre et humidifie en permanence la cornée et la conjonctive. Ensuite, les
voies lacrymales qui forment la portion excrétrice de l’appareil lacrymal en assurant
l’élimination des larmes. Elles débutent par deux points lacrymaux, puis se poursuivent par
les canalicules lacrymaux, le sac lacrymal et le conduit naso‐lacrymal qui débouche dans la
cavité nasale par l’ostium lacrymo‐nasal.

Si la structure histologique de la conjonctive palpébrale (en amont des voies lacrymales), et


de la muqueuse pituitaire (en aval des voies lacrymales) est bien connue, en revanche, celle
des voies lacrymales ne l’est pas chez le chien.

Ce travail a donc pour but d’étudier la structure histologique, peu documentée, de ce


système d’évacuation et d’en tirer d’éventuelles pistes quant à la physiologie des voies
lacrymales chez le chien.

Quels épithéliums tapissent donc les voies conduisant le flux lacrymal ? Quels types de
cellules composent les différentes parties du conduit ? La connaissance de tel ou de tel type
cellulaire peut‐elle nous orienter sur l’origine de certaines tumeurs des cavités nasales ? Les
voies lacrymales de l’espèce canine pourraient‐elles servir de modèle animal en médecine
humaine ?

En effet, chez l’Homme, la structure histologique des voies lacrymales est largement étudiée
depuis plus d’un siècle et de récentes recherches ont montré que le lapin était une des
espèces se rapprochant le plus de l’Homme, quant à la physiologie des voies lacrymales
(Paulsen et Al, 2002). Nous utiliserons donc ces connaissances en médecine humaine pour
comparer le chien et l’Homme sur le plan histologique.

Ce travail comporte une première partie de synthèse bibliographique englobant un rappel


de l’anatomie des voies lacrymales du chien et les aspects d’histologie comparée. La
deuxième partie est une étude expérimentale illustrant les données anatomiques et
permettant la description précise de l’histologie des différentes portions des voies
lacrymales. Cela permet dans la discussion de comparer nos résultats à ceux connus dans
d’autres espèces et de présenter différentes pistes physiologiques.

15
16
I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE DE L’ANATOMIE DES
VOIES LACRYMALES DU CHIEN

A) Anatomie générale des voies lacrymales du chien


Comme le présente le schéma 1, les voies lacrymales débutent par les points lacrymaux et
sont constituées par les canalicules lacrymaux qui convergent vers le sac lacrymal. Celui‐ci se
prolonge par le conduit naso‐lacrymal qui débouche lui‐même dans la cavité nasale par
l’ostium naso‐lacrymal.

Sac lacrymal Canalicule supérieur Point lacrymal supérieur

Glande
lacrymale
orbitaire
Ostium
naso-lacrymal

Glande lacrymale de
la membrane nictitante
Conduit naso-lacrymal Canalicule inférieur Point lacrymal inférieur

Schéma 1 : représentation schématique des voies lacrymales du chien


(d’après Régnier, 2006).

17
1) LES POINTS LACRYMAUX

Les points lacrymaux (puncta lacrimalia) sont au nombre de deux : le point lacrymal
supérieur (punctum lacrimale superiore) et le point lacrymal inférieur (punctum lacrimale
inferiore). Ils sont situés dans l’angle médial de l’œil, comme l’indique le schéma 2; l’un sur le
bord libre de la paupière supérieure et l’autre sur celui de la paupière inférieure. Ils sont
situés à 2 à 5 mm de la commissure médiale des paupières. Ils sont distingués des orifices
des glandes tarsales par leur plus grand diamètre et leur position plus éloignée de la marge
des paupières (Murphy et Al, 1993).

Schéma 2 : commissure médiale des paupières, vue caudale (modifié d’après


Murphy et Al, 1993)

Ce sont des orifices ouverts, parfois dépigmentés, situés au sommet d’une petite
surélévation ou au centre d’une légère dépression. Observés à la lampe à fente, ils
apparaissent ronds ou en fente légèrement allongée (Régnier, 2006).

18
Photographie 10 : le point lacrymal inférieur (indiqué par la flèche)
(Photographie T. DULAURENT).

La conjonctive palpébrale qui les entoure est le plus souvent pigmentée et ils sont toujours
tournés vers le bulbe oculaire, sauf dans certaines races miniatures qui possèdent, dès leur
jeune âge, des yeux si proéminents que les points lacrymaux sont éversés. Leur diamètre est
compris entre 0,5 mm à 1,6 mm (Sautet, 2006).

2) LES CANALICULES LACRYMAUX

Les canalicules lacrymaux (canaliculi lacrimalia) sont les deux conduits partant des points
lacrymaux, qui conduisent séparément le liquide lacrymal en direction médiale jusque dans
le sac lacrymal (saccus lacrimalis) vers lequel ils convergent tous les deux. Le canalicule
lacrymal dorsal est parallèle à la marge de la paupière pendant 3 à 7 mm puis se dirige
ventralement et médialement vers la commissure palpébrale, et atteint le sac lacrymal. Il est
sensiblement dans l’axe du conduit naso‐lacrymal. Le canalicule lacrymal ventral est arqué
dans l’autre sens. Les canalicules sont facilement cathétérisés si l’instrument est dirigé
médialement et parallèlement à la marge des paupières (Murphy et Al, 1993).

Ils mesurent 4 à 7 mm de longueur et leur diamètre est compris entre 0,5 et 1 mm chez le
chien. Les chats ont des canalicules de plus petit diamètre (Gionfriddo, 2003).

19
3) LE SAC LACRYMAL

Le sac lacrymal (saccus lacrimalis) est une dilatation située juste avant le conduit naso‐
lacrymal.

3‐1) Localisation anatomique

Il se loge, ventralement et médialement à la commissure médiale, dans une légère


dépression de l’os lacrymal : la fosse du sac lacrymal (fossa sacci lacrimalis) (Murphy et Al,
1993).

L’os lacrymal (Os lacrymale) est un petit os plat et mince, coudé sur lui‐même et situé au
bord médio‐rostral de l’orbite, qu’il concourt à former (Barone, 1976). On reconnaît à cet os
deux faces, l’une externe et l’autre interne. D’abord, la face externe est elle‐même
subdivisée en deux parties, faciale et orbitaire, par sa coudure sur le bord de l’orbite. La
partie faciale (facies facialis), très réduite chez le chien et chez l’homme, est située
rostralement à l’orbite. La partie orbitaire (facies orbitalis) entre dans la constitution de
l’orbite. C’est elle qui nous intéresse puisqu’elle présente une légère dépression : la fosse du
sac lacrymal, réduite à une gouttière courte et peu profonde chez le chien, contrairement à
celle de l’Homme chez qui elle est large et profonde. C’est dans cette fosse que s’ouvre, par
le trou lacrymal (foramen lacrimale), le canal lacrymal (canalis lacrimalis). Ensuite, la face
interne (facies nasalis) entre dans la constitution des cavités nasales. Elle montre le relief
cylindroïde correspondant à l’étui osseux du canal lacrymal (Barone, 1976).

Processus frontal
Crête orbitaire

Surface faciale Fosse du sac lacrymal


Surface orbitaire
Fil dans le canal lacrymal

Schéma 3 : aspect latéral de l’os lacrymal gauche (modifié d’après Evans,


1993)

3‐2) Caractéristiques anatomiques

Le sac lacrymal est inégalement développé suivant les espèces : chez le chien, il est peu
développé. En effet, il ne mesure que 2 à 5 mm de long pour 0,5 à 2 mm de large. Il est
beaucoup moins volumineux que chez l’homme, ce qui a même mené certains auteurs à
conclure qu’il n’était pas présent. En effet, chez l’homme, le sac lacrymal, véritable

20
collecteur de larmes, a une capacité de base de 20 mm³ et peut atteindre jusqu’à 120 mm³
en réplétion. C’est un réservoir cylindrique, aplati lorsqu’il est vide, de 12 à 14 mm de haut,
et de 3 à 8 mm de diamètre (Adenis et Al, 1996).

Dans l’espèce féline, sa forme peut être très variée (conique, sphérique ou ovoïde) et il est
proportionnellement plus grand et plus distinct que chez le chien (Breit et Al, 2003).

4) LE CONDUIT NASO‐LACRYMAL

Comme l’indique le schéma 4, le conduit naso‐lacrymal (ductus nasolacrimalis) quitte le sac


lacrymal vers l’avant et se dirige vers la cavité nasale. Il est beaucoup plus long chez les
mammifères domestiques dont le volume de la face est important par rapport à celui du
crâne, que chez l’Homme. En effet, il mesure en moyenne 1,5 cm chez l’Homme, 2 à 7 cm
chez le chien et 30 cm chez le cheval.

Schéma 4 : représentation schématique du conduit naso‐lacrymal du chien


(d’après J. Sautet, Y. Lignereux)

4‐1) Localisation anatomique

Il est formé de 3 portions :

‐ une portion proximale intra‐osseuse, enfermée dans un canal osseux : le canal


lacrymal. Le conduit naso‐lacrymal quitte la portion ventrale du sac lacrymal, continue son
trajet dans l’os lacrymal puis le canal de l’os maxillaire. Il sort du canal lacrymal à la crête
conchale (crista conchalis), au niveau de la seconde dent prémolaire (Gionfriddo, 2003). La
crête conchale, anciennement « crête maxillaire », fait partie de la face nasale (facies
nasalis) de l’os maxillaire (Maxilla) et donne attache au cornet nasal ventral (Barone, 1976).

21
Le diamètre de cette portion intra‐osseuse est le plus petit du conduit qui se rétrécit en
traversant l’os lacrymal. Ce rétrécissement favorise la rétention de corps étrangers qui
peuvent être responsables de dacryocystite (Cantaloube, 2006).

‐ une portion moyenne, rostralement à la crête conchale. Cette portion court


contre la face médiale de l’os maxillaire, dans le sillon lacrymal, et est recouverte
médialement par la muqueuse nasale. D’après Michel en 1955, une ouverture accessoire
dans la cavité nasale serait présente sous le cornet nasal ventral au niveau de la racine de la
canine supérieure, chez environ 50% des chiens (Lavach, 1993. Evans, 1993).

‐ une portion distale libre, qui se dirige vers le seuil de la cavité nasale. Le conduit
passe médialement au cartilage nasal ventro‐latéral et se termine par l’ostium naso‐lacrymal
dans le vestibule nasal, sous le pli alaire (Murphy et Al, 1993).

4‐2) Caractéristiques anatomiques

La longueur et le diamètre du conduit naso‐lacrymal varient en fonction du type de


morphologie canine (Sautet, 2006) :

‐ pour les brachycéphales, il varie de 2,5 à 3 cm de long et son diamètre est réduit
proximalement et dilaté distalement.
‐ pour les mésocéphales, il varie de 3,5 à 5 cm de long pour 0,7 à 2 mm de large.

‐ pour les dolichocéphales, il varie de 6 à 10 cm de long et son diamètre est


variable.

5) L’OSTIUM NASO‐LACRYMAL

L’ostium naso‐lacrymal (Ostium nasolacrimale) est l’orifice terminal du conduit naso‐


lacrymal. Il peut être de forme ronde ou allongée. Cet orifice est localisé dans la partie
ventro‐latérale du vestibule nasal (Vestibulum nasi), sous le pli alaire (Plica alaris) (Evans,
1993). Chez les équidés, les ruminants et les carnivores, il s’ouvre au voisinage du limen nasi
ou seuil de la cavité nasale, sur le territoire même du vestibule alors que chez l’Homme ou le
porc, il s’ouvre plus caudalement, dans le méat ventral du nez (Barone, 1997).

Il est difficile de visualiser l’ostium sans spéculum chez un chien vivant (Evans, 1993).

La position exacte de l’ostium semble dépendre de la conformation faciale du chien : il


débouche très en avant près des narines, sous le pli alaire dans les races mésocéphales et
dolichocéphales et plus en arrière, à la hauteur de la canine dans les races brachycéphales.
22
B) Vascularisation et innervation des voies lacrymales du
chien (Sautet, 2006)

1) Vascularisation artérielle

Les canalicules lacrymaux, le sac lacrymal et la partie proximale du conduit naso‐lacrymal


sont irrigués par l’artère malaire qui est la plus forte collatérale de l’artère infraorbitaire.

Les portions moyenne et distale du conduit naso‐lacrymal sont vascularisées par les artères
sphéno‐palatine et éventuellement latérale du nez. L’artère sphéno‐palatine traverse le trou
sphéno‐palatin et se divise en deux branches au fond de la fosse nasale, l’une pour le
septum nasal et l’autre pour la paroi latérale de la cavité nasale.

2) Vascularisation veineuse

La portion orbitaire des voies lacrymales est drainée par la veine malaire qui rejoint la veine
infra‐orbitaire et par la veine palpébrale inférieure, une des racines de la veine faciale.

La portion nasale est drainée par les affluents de la veine infraorbitaire.

3) Drainage lymphatique

La région orbitaire est tributaire du nœud lymphatique parotidien et, accessoirement chez
les carnivores, des nœuds lymphatiques mandibulaires.

La paroi nasale latérale dirige ses lymphatiques vers les nœuds lymphatiques mandibulaires
et rétropharyngiens.

4) Innervation

Le début des voies lacrymales est innervé par le nerf infratrochléaire, issu du nerf naso‐
ciliaire. La portion moyenne du conduit naso‐lacrymal reçoit le rameau latéral du nerf nasal
caudal, une des trois branches du nerf ptérygo‐palatin. L’ostium naso‐lacrymal est innervé
par les rameaux nasaux internes du nerf infraorbitaire. Tous ces nerfs véhiculent des fibres
sensitives et végétatives.

23
C) Histologie des voies lacrymales

L’histologie des voies lacrymales du chien est peu documentée et apparaît souvent
incomplète dans la bibliographie car elle est souvent mêlée avec l’histologie d’autres
espèces.

D’après Ralph E. Hamor et E.J Ehrhart (2006), le liquide lacrymal passe dans les canalicules
lacrymaux qui sont recouverts par un épithélium stratifié pavimenteux, à travers les points
lacrymaux pour atteindre le sac lacrymal en continuité avec le conduit naso‐lacrymal. Le
conduit naso‐lacrymal est recouvert par un épithélium stratifié cylindrique avec des cellules
caliciformes ou par un épithélium transitionnel chez les oiseaux. Il débute par un
élargissement en forme d’ampoule, le sac lacrymal, dont la lamina propria contient du tissu
lymphoïde. Vers la fin du conduit naso‐lacrymal, des glandes muqueuses (ou séro‐
muqueuses chez les ovins et les caprins) tubulo‐acineuses, sont présentes (Eurell and Al,
2006).
Au contraire, chez l’Homme, la structure histologique des voies lacrymales a été largement
étudiée pour comprendre la physiologie de l’appareil lacrymal à des fins cliniques et
thérapeutiques. Les principales caractéristiques de la structure histologique des voies
lacrymales de l’homme sont résumées ci‐après :
‐ L’épithélium des canalicules est stratifié pavimenteux non kératinisé et repose sur
un tissu fibreux, riche en fibres élastiques et peu vascularisé (Paulsen et Al, 1998 ;
Adenis et Al, 1996).
‐ L’épithélium du sac lacrymal (sac beaucoup plus volumineux que celui du chien)
et du conduit naso‐lacrymal présente un épithélium bi‐stratifié cylindrique avec
une couche de cellules basales et une couche de cellules cylindriques (en partie
apicale, les cellules contiennent des vacuoles de sécrétion, des gouttelettes
lipidiques et des microvillosités). Des cellules caliciformes sont intégrées à
l’épithélium et sont regroupées parfois en amas formant des glandes muqueuses
(Paulsen et Al, 1998). Le tissu de soutien est formé de fibres élastiques, d’un
environnement vasculaire important formant un corps caverneux et d’une couche
de tissu adénoïde organisée parfois en follicules (Paulsen et Al, 1998 ; Adenis et
Al, 1996). Adenis et Al ont observé que des cellules cylindriques sont ciliées (une
quarantaine de cils par cellule) et que leur nombre augmente du début du sac
vers la fin du conduit naso‐lacrymal.

Une étude récente (Paulsen et Al, 2002), dont le but est de trouver un modèle animal pour
l’homme a été menée sur six espèces animales (le singe, le lapin, le rat, le chat, le cerf et le
porc) mais n’a pas concerné le chien. Elle compare les conduits naso‐lacrymaux de ces
espèces avec ceux de l’homme sur des critères de ressemblances structurales (type des
épithéliums, présence de cellules caliciformes, de glandes muqueuses intra‐épithéliales, de

24
corps caverneux et de glandes séro‐muqueuses). Le tableau 1 présente une partie des
résultats de cette étude pouvant nous guider dans notre étude sur le chien en ce qui
concerne le conduit naso‐lacrymal.

Espèce Type Présence de Présence de Présence Présence de


d’épithélium cellules glandes muqueuses de corps glandes séro‐
du conduit caliciformes intra‐épithéliales caverneux muqueuses
naso‐lacrymal sous‐
épithéliales

Homme Bi‐stratifié oui oui oui Oui, mais peu.


Plusieurs dans
le sac lacrymal
Singe Bi‐stratifié Non, mais des non, mais des oui non
cellules épithéliales cellules épithéliales
sécrétant des sécrétant des
mucines mucines, organisées
en groupe
Lapin Bi‐stratifié Non, mais des non, mais des oui non
cellules épithéliales cellules épithéliales
sécrétant des sécrétant des
mucines mucines, organisées
en groupe
Rat Stratifié oui oui non non
Chat Bi‐stratifié oui, beaucoup non non non
Cerf Bi‐stratifié non non oui non
Cochon Bi‐stratifié Non, mais des non oui oui, tout le
cellules épithéliales long du
sécrétant des conduit naso‐
mucines lacrymal

Tableau 1 : comparaison de la structure microscopique des conduits naso‐


lacrymaux de l’Homme et de celles de six espèces animales (d’après Paulsen
et Al, 2002)

25
26
II : ETUDE EXPERIMENTALE

A) Matériel et méthode

1) Animaux et nature des prélèvements

Les animaux utilisés pour cette étude proviennent tous de l’Ecole Nationale Vétérinaire de
Toulouse en 2007. Ils ont été choisis après exclusion d’une quelconque atteinte oculaire lors
d’un examen ophtalmologique complet. Ce sont des chiens dolichocéphales, c'est‐à‐dire au
museau long et étroit, ou mésocéphales, au museau de longueur et largeur moyenne. La
race utilisée est majoritairement la race Beagle, mais d’autres races ont été prélevées :
Setter anglais, Labris, Berger allemand, Malinois. L’âge des chiens varie de 1 an à 17 ans avec
une moyenne de 9,5 ans et le ratio mâles/femelles est de 0,83.

L’échantillon de l’étude est présenté dans le tableau ci après :

Numéro Race Âge Sexe Nature du


Référence prélèvement

1 Beagle 5‐7 ans femelle Conduit naso‐lacrymal


07/114 (×1)

2 Beagle 5‐7 ans femelle Points et canalicules


07/116 lacrymaux/ Sac lacrymal/
Conduit naso‐lacrymal
(×1)
3 Setter 1 an et 1 mâle Points et canalicules
07/119 Anglais mois lacrymaux/ Sac lacrymal/
Conduit naso‐lacrymal
(×2)
4 Beagle 5‐7 ans femelle Conduit naso‐lacrymal
07/115 (×1)

5 Labrit 9 ans mâle Points et canalicules


07/06 lacrymaux
(×2)
6 Pinscher 16 ans mâle Points et canalicules
07/65 lacrymaux
(×1)

27
7 Beagle 5‐7 ans femelle Points et canalicules
07/117 lacrymaux/ Sac lacrymal/
Conduit naso‐lacrymal
(×1)
8 Berger 11 ans femelle Points et canalicules
07/67 Allemand lacrymaux
(×2)
9 Westie 17 ans mâle Points et canalicules
07/318 lacrymaux/ Sac lacrymal/
Conduit naso‐lacrymal
(×1)
10 Coton 16 ans mâle Sac lacrymal/ Conduit
07/336 naso‐lacrymal
(×2)
11 Malinois 11 ans femelle Points et canalicules
07/348 lacrymaux/ Sac lacrymal/
Conduit naso‐lacrymal
(×1)

Tableau 2 : détail de l’échantillon de l’étude

2) Technique de prélèvement

2.1) Obtention de conduits lacrymaux entiers

2.1‐a) Matériel nécessaire

Le matériel nécessaire à l’obtention d’un conduit lacrymal entier est le suivant : une seringue
montée sur une canule, des pots de formol à 10% tamponné à la neutralité, des crins de
Florence (fil bleu de décimale 5), un bistouri (lames de décimale 11), un couteau d’autopsie,
une scie à os électrique, un ciseau à os, une loupe binoculaire, une pince à dents de souris,
des gants, un masque.

2.1‐b) Fixation rapide du conduit après la mort de l’animal

Dès le décès du chien, il convient de réaliser plusieurs irrigations au formol de la lumière du


conduit lacrymal pour conserver au mieux les revêtements et éviter leur autolyse durant la
dissection qui peut durer plusieurs heures. Ainsi, une solution de formol à 10% est injectée
par le point lacrymal inférieur puis supérieur, à l’aide d’une seringue montée sur une canule,

28
comme l’indique le schéma 5. La poussée du formol par les points lacrymaux s’effectue
jusqu’à écoulement du formol par la narine du chien, ce qui prouve que la totalité du
conduit a bien été irriguée.

Schéma 5 : fixation du
conduit par injection de
formol après cathétérisme
par le point lacrymal
supérieur (d’après Slatter D :
Fundamentals of Veterinary
Ophtalmology, 2nd ed. W.B
Saunders, Philadelphia, 1990)

2.1‐c) Cathétérisme des conduits lacrymaux

Afin de faciliter la visualisation, pendant la dissection, des voies lacrymales à travers les
différentes structures de l’hémiface du chien, il convient de cathétériser le conduit à l’aide
d’un fil de couleur. La problématique vient du fait qu’il faut choisir un fil assez souple pour
pouvoir suivre les courbures du conduit mais assez rigide pour détenir la force nécessaire à
son avancée. Il ne doit pas non plus rompre ou léser le revêtement : le crin de Florence (de
couleur bleue et de décimale 5) est un bon compromis. Son extrémité est aussi brulée afin
de limiter au mieux l’abrasion du revêtement.
Le cathétérisme s’effectue par voie rétrograde à partir de l’ostium lacrymo‐nasal, pouvant
être repéré grâce à une irrigation du conduit par de la fluorescéine à partir d’un point
lacrymal. Cet ostium est aussi mieux repéré par l’excision de l’aile du nez (Ala nasi).
Chez le chien, le conduit naso‐lacrymal est arqué (concavité dorsale) et dans l’axe du
canalicule lacrymal dorsal. Durant le cathétérisme, le crin de Florence progresse donc à
partir de l’ostium naso‐lacrymal jusqu’au point lacrymal supérieur. La principale difficulté
réside dans la progression du crin au niveau du sac lacrymal situé dans une légère
dépression de l’os lacrymal. Un deuxième crin de Florence est utilisé pour cathétériser le
canalicule inférieur à partir du point lacrymal inférieur : il rejoint par conséquent le premier
crin de Florence dans la lumière du sac lacrymal.

29
2.1‐d) Obtention d’hémifaces en salle de dissection

La technique d’obtention des hémifaces respecte les étapes suivantes :


‐ prélèvement de la tête du chien
‐ retrait de la peau et des muscles superficiels
‐ dissection des muscles temporaux, des muscles masséters et désinsertion des
mandibules
‐ coupe transversale de la tête du chien en débutant dans l’os frontal parallèlement et
caudalement à une ligne virtuelle joignant les deux processus zygomatiques
‐ coupe sagittale médiane de la partie précédente le long du raphé du palais
‐ obtention de deux hémifaces conservées dans du formol à 10% tamponné à la
neutralité, pendant au moins 48 heures (9 volumes de fixateur pour 1 volume de
prélèvement).

2.1‐e) Dissection d’une voie lacrymale

Pour visualiser avec précision le trajet des voies lacrymales et aider ainsi la dissection, le
cathétérisme par le crin de Florence dont la couleur bleue est perceptible par transparence,
constitue une aide précieuse.
Du fait du trajet des voies lacrymales en face latérale de l’hémiface du chien puis en face
médiale, la dissection s’effectue en deux temps : d’abord, en face latérale, les points
lacrymaux et les canalicules lacrymaux seront prélevés avec un îlot de conjonctive
palpébrale. Puis, en face médiale, l’individualisation du conduit lacrymal s’effectue
progressivement en commençant par l’ostium naso‐lacrymal jusqu’au sac lacrymal, bien
ancré dans la fosse du sac lacrymal.
Le repérage de l’ostium naso‐lacrymal est facilité par la sortie du crin de Florence. La
première étape consiste alors à rendre visible le crin de Florence, cathétérisant le conduit
naso‐lacrymal : pour cela, sont effectués les retraits du septum nasal, des volutes
ethmoïdales et des cornets nasaux (sauf le pli alaire, cartilage soutenant un fort relief de
muqueuse à l’extrémité rostrale du cornet nasal ventral et dans lequel passe le crin de
Florence).
Comme nous l’avons décrit dans l’anatomie des voies lacrymales du chien en première
partie, le conduit naso‐lacrymal est constitué de trois portions : la portion proximale intra‐
osseuse, la portion moyenne et la portion distale. Premièrement, il faut mobiliser la portion
distale du conduit naso‐lacrymal en découpant grossièrement le pli alaire parallèlement au
conduit, à l’aide d’un scalpel. Puis, la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal est obtenu
en décollant toute la muqueuse respiratoire recouvrant la face médiale de l’os maxillaire,
située sous la crête conchale. Ceci est effectué dans le but de ne pas léser le conduit naso‐
lacrymal recouvert médialement par cette muqueuse nasale.

30
La portion proximale intra‐osseuse est ensuite rendue accessible en brisant
progressivement, à l’aide d’une pince à dents, la partie osseuse médiale du canal lacrymal
(constitué d’os maxillaire et d’os lacrymal) à l’intérieur duquel passe le conduit naso‐
lacrymal. Cette dissection s’effectue en débutant à la crête conchale et en remontant le
canal jusqu’à l’entrevue du sac lacrymal, situé dans la fosse du sac lacrymal de l’os lacrymal.
Il convient alors de briser les os de la face avec le ciseau à os pour atteindre et disséquer le
sac lacrymal, relié aux canalicules et aux points lacrymaux disséqués précédemment.

2.2) Obtention de lames histologiques

2.2‐a) Réalisation des blocs de paraffine

‐ Archivage des prélèvements et fixation au formol pendant 48 heures minimum.


‐ Recoupe des prélèvements pour leur mise en cassette. Le schéma 6 nous présente les
différents niveaux de coupe.

Schéma 6 : schéma des différents niveaux de coupe à partir de la


photographie 9.
Les pointillés indiquent la visualisation du trajet probable des voies lacrymales à partir
de la photographie 9 (voir page 43) sur un jeune Setter (le canalicule supérieur n’a pas
été représenté). Les double‐flèches présentent sur ce schéma les différents niveaux de
coupe lors de la préparation des échantillons. L’échantillon 2‐3 contient la partie
proximale des voies lacrymales (points lacrymaux/ canalicules lacrymaux et sac
lacrymal). L’échantillon 4a contient la portion intra‐osseuse du conduit naso‐lacrymal.
L’échantillon 4b contient la portion moyenne sous‐muqueuse du conduit naso‐
lacrymal. L’échantillon 4c contient la portion distale du conduit naso‐lacrymal ainsi
que l’ostium naso‐lacrymal.

31
‐ Orientation et identification des cassettes contenant les différents échantillons.
‐ Déshydratation des tissus et enrobage en paraffine liquide grâce à l’automate à
inclusion (HMP 110 Microm). Le prélèvement subit une série de bains : formol / eau /
éthanol à 95°C (3 bains)/ éthanol à 100 °C (2 bains)/ toluène (2 bains)/ paraffine à
60°C selon un cycle classique de 15 heures.
‐ Inclusion du prélèvement en paraffine. La station d’enrobage permet de couler de la
paraffine liquide à 62°C dans un petit moule comprenant le prélèvement positionné
de façon orientée, puis de refroidir ce bloc de paraffine sur une plaque réfrigérée à ‐
3°C. Après 5 minutes de refroidissement, démoulage du bloc. L’orientation des
prélèvements durant cette étape est primordiale : en effet, il en résulte l’obtention
de coupes transversales ou de coupes longitudinales des prélèvements. Sur les 11 cas
utilisés pour cette étude, les 8 premiers cas sont orientés afin d’obtenir des coupes
longitudinales (parallèlement au crin de Florence) et les 3 derniers cas pour des
coupes transversales (perpendiculairement au crin de Florence).
‐ Un bloc de paraffine contenant le prélèvement orienté est obtenu.

2.2‐b) Dégrossissage des blocs de paraffine

Le dégrossissage, afin d’atteindre le prélèvement, est réalisé à l’aide d’un microtome (HM
325 Microm) : les blocs de paraffine sont coupés tous les 10‐15 microns pour éliminer la
couche superficielle de paraffine. Lorsque le prélèvement est correctement dégrossi, le
dessin du prélèvement tissulaire apparaît sur le ruban de paraffine obtenue. Les blocs
dégrossis sont ensuite placés au congélateur pour faciliter la coupe définitive, plus fine.

2.2‐c) Obtention des lames

‐ Réalisation de coupes de 3 µm d’épaisseur au microtome.


‐ Bain‐marie à 40°C : la coupe, comparable à un ruban à la sortie du microtome, est
étalée à la surface de l’eau pour lui permettre de se déplisser totalement.
‐ Récupération des coupes sur des lames lavées et dégraissées avec une goutte
d’albumine glycérinée ajoutée au préalable (limitation des décollements lors de la
coloration).
‐ Séchage des lames à l’étuve à la température de 40 °C pendant une durée minimale
d’une heure.

2.2‐d) Coloration des lames

Les lames sont placées sur un portoir afin de pouvoir les immerger dans des bains
successifs : le protocole de coloration à l’Hémalun Eosine (HE) est mentionné en annexe 1 et
celui de la réaction à l’acide périodique/réactif de Schiff (APS) en annexe 2.

32
2.2‐e) Lecture des lames histologiques et réalisation des
photographies

La lecture des lames histologiques est réalisée sur un microscope Nikon (Eclipse E400)
équipé d’une tête d’enseignement, et muni d’objectifs x1, x10, x40, et x100.
Les clichés photographiques sont pris grâce à un appareil photo numérique (Nikon Coolpix
4500) branché au dessus du microscope, raccordé à un ordinateur et piloté par un logiciel de
photo (Nikon Eclipsnet). Ils sont réalisés à l’ENVT par le Docteur Isabelle RAYMOND LETRON.

33
34
B) Résultats de l’étude des voies lacrymales du chien

1) Résultats macroscopiques

Les résultats macroscopiques sont obtenus lors des étapes successives de la dissection d’une
voie lacrymale, et concordent avec les enseignements bibliographiques de la partie I.

La vue médiane de l’hémiface droite d’un Setter de un an est présenté en photographie 1 :


elle nous présente les éléments anatomiques obtenus après préparation et cathétérisme
complet d’une voie lacrymale en salle de dissection. Comme indiqué en photographie 2
(après section de l’aile du nez et du septum nasal), le repérage de l’ostium naso‐lacrymal (9)
est facilité par la sortie du crin de Florence, sous le pli alaire (1). Pourtant, le conduit naso‐
lacrymal n’est pas visible macroscopiquement, sauf dans une certaine zone (8) qui
correspond à la fin de la portion moyenne qui court contre la face médiale de l’os maxillaire
et au début de la portion distale libre qui débouche par l’ostium naso‐lacrymal, sous le pli
alaire. Pour Michel en 1955 (Lavach, 1993. Evans, 1993), c’est aussi à ce niveau du conduit
naso‐lacrymal que peut se trouver un débouché accessoire du conduit chez 50% des chiens :
ce débouché accessoire n’a pas été mis en évidence dans notre étude. Il convient alors de
continuer à rendre visible le crin de Florence, cathétérisant le conduit naso‐lacrymal : pour
cela, sont effectués les retraits des volutes ethmoïdales et des cornets nasaux (2) et (3) (sauf
le pli alaire (1), cartilage soutenant un fort relief de muqueuse à l’extrémité rostrale du
cornet nasal ventral (2) et dans lequel passe le crin de Florence). La photographie 3 nous
présente le résultat de cette étape : la portion proximale intra‐osseuse (5a) du conduit naso‐
lacrymal (dans le canal lacrymal) et la portion moyenne (5b) (sous la muqueuse nasale) du
conduit sont rendues visibles par le crin de Florence. Les photographies 4, 5 et 6 précisent
l’anatomie de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal en vue plus rapprochée.

La photographie 7 explique la mobilisation du conduit naso‐lacrymal depuis l’ostium naso‐


lacrymal : la portion proximale intra‐osseuse (4) est rendue accessible en brisant
progressivement, à l’aide d’une pince à dents, la partie osseuse médiale du canal lacrymal
(constitué d’os maxillaire et d’os lacrymal) à l’intérieur duquel passe le conduit naso‐
lacrymal. Cette dissection s’effectue en débutant à la crête conchale et en remontant le
canal jusqu’à l’entrevue du sac lacrymal, situé dans la fosse du sac lacrymal de l’os lacrymal.
Il convient alors de briser les os de la face comme l’indiquent les flèches sur la photographie
7 pour atteindre et disséquer le sac lacrymal (présenté en photographie 8). Ce sac, logé dans
la fosse lacrymale, parait être bien présent chez tous les chiens de notre étude même si
certains auteurs ont évoqué son absence chez le chien. Difficilement individualisable
macroscopiquement dans notre étude, il nous semble qu’il ne soit chez le chien, après
l’abouchement des canalicules, qu’une simple dilatation du conduit naso‐lacrymal par lequel
il se prolonge. La photographie 9 nous présente le résultat de la dissection d’une voie
lacrymale complète avant la réalisation de coupes histologiques de chaque partie.

35
Photographie 1 : hémiface droite en vue médiale d’un jeune Setter,
obtenue après préparation et cathétérisme complet des voies
lacrymales par le crin de Florence

1‐ Partie membranacée du septum nasal


2‐ Cornets nasaux
3‐ Palais dur
4‐ Canine
5‐ Première molaire
6‐ Carnassière (quatrième prémolaire supérieure)
7‐ Os nasal

Photographie T. DULAURENT

36
Photographie 2 : partie distale de l’hémiface droite, vue médiale
(après section de l’aile du nez et du septum nasal)
1‐ Pli alaire
2‐ Cornet nasal ventral
3‐ Cornet nasal dorsal
4‐ Méat nasal moyen
5‐ Méat nasal ventral
6‐ Palais dur
7‐ Canine
8‐ Partie du conduit naso‐lacrymal rendue visible par le crin de Florence
9‐ Ostium naso‐lacrymal

Photographie T. DULAURENT

37
Photographie 3 : aspect de l’hémiface droite, vue médiale (après
retrait du septum nasal, des cornets nasaux et des volutes
ethmoïdales)
1‐ Palais dur
2‐ Volutes ethmoïdales coupées
3‐ Crête conchale (maxillaire)
4‐ Muqueuse nasale
5‐ Conduit naso‐lacrymal (5a : portion intra‐osseuse, 5b : portion moyenne)
6‐ Ostium naso‐lacrymal

Photographie T. DULAURENT

38
Photographie 4 : vue d’ensemble de la portion moyenne et de la
portion intra‐osseuse du conduit naso‐lacrymal
1‐ Palais dur
2‐ Crête conchale du maxillaire
3‐ Muqueuse nasale recouvrant la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal;
décollement de cette muqueuse de la crête conchale à l’aide d’une pince : le crin de
Florence est mis en évidence dans cette muqueuse sous la crête conchale.
4‐ Portion moyenne du conduit naso‐lacrymal (cathétérisé par le crin de Florence)
longeant la crête conchale dorsale
5‐ Portion intra‐osseuse du conduit naso‐lacrymal (cathétérisé par le crin de Florence)
6‐ Os maxillaire (facies nasalis)

Photographie T.DULAURENT

39
Photographie 5 : détail
du trajet de la portion
moyenne du conduit
naso‐lacrymal (vue
ventro‐médiale)
Le conduit est visible grâce au crin
de Florence longeant la crête
conchale.

La photographie 6 représente l’agrandissement de la zone encadrée .

Photographie 6 : détail du passage de la portion intra‐osseuse à la


portion moyenne
1‐ Palais dur
2‐ Crête conchale
3‐ Muqueuse nasale. Rostralement à la crête conchale, le conduit n’est plus recouvert par de l’os
mais continue vers l’avant, sous la muqueuse nasale, le long de la face nasale du maxillaire.

Photographies T.DULAURENT

40
Photographie 7 : mobilisation du conduit naso‐lacrymal depuis
l’ostium naso‐lacrymal
1‐ Pli alaire
2‐ Muqueuse nasale recouvrant médialement la portion moyenne du conduit
3‐ Portion moyenne du conduit repéré aisément par le crin de Florence le cathétérisant
4‐ Portion intra‐osseuse à « nu » après retrait du toit du canal lacrymal.

Les étapes de la dissection sont les suivantes :

A‐ Mobilisation à l’aide d’une pince des portions distale et moyenne du conduit.


B‐ Dissection de la portion osseuse du conduit. La flèche représente le retrait de la face
osseuse médiale du canal lacrymal : cette action met donc à « nu » le conduit qui
peut donc être prélevé en le sortant délicatement de son canal.
C‐ C1 et C2 représentent des traits d’ostectomie dans le but d’atteindre le sac lacrymal,
situé dans la fosse de l’os lacrymal. La photographie 8 représente la zone agrandie du
cadre après avoir rendu accessible le sac lacrymal par C1 et C2.

Photographie T. DULAURENT

41
Photographie 8 : dissection osseuse du passage à travers l’os
lacrymal
(Agrandissement de la photographie 7 après avoir rendu accessible le sac lacrymal)

1‐ Sac lacrymal reconnu comme étant le lieu de rencontre des crins de Florence (l’un
cathétérisant toute la voie lacrymale par le canalicule supérieur, l’autre,
cathétérisant seulement le canalicule inférieur et s’arrêtant dans le sac)
2‐ Portion intra‐osseuse du conduit naso‐lacrymal

A chaque fois que les voies lacrymales sont en contact avec l’os (sac lacrymal et conduit
naso‐lacrymal), elles adhèrent au périoste.

Photographie T.DULAURENT

42
Photographie 9 : voie lacrymale droite complète après dissection
chez un Setter de un an
1‐ Point lacrymal inférieur
2‐ Canalicule lacrymal inférieur
3‐ Sac lacrymal
4‐ Conduit naso‐lacrymal (4a : portion intra‐osseuse / 4b : portion moyenne / 4c :
portion distale)
5‐ Ostium naso‐lacrymal

Photographie T. DULAURENT

43
2) Résultats histologiques et enseignements photographiques

2.1) Les canalicules lacrymaux

L’épithélium des canalicules lacrymaux repose sur une membrane basale fine, positive à
l’acide périodique de Schiff (APS) (figure 2A), puis d’un tissu conjonctif fibreux dense, riche
en fibres de collagène, et peu vascularisé (figures 1 et 2). C’est un épithélium stratifié
pavimenteux non kératinisé avec 8 à 10 assises cellulaires (figure 2). Il y a une maturation
des cellules depuis la couche basale vers la couche supérieure. L’épithélium est formé de
plusieurs strates : une assise basale avec des cellules plutôt cuboïdales, tassées les une aux
autres, puis les cellules deviennent polygonales (en pleine maturité) et s’aplatissent sur les
dernières couches superficielles. L’aplatissement des cellules est bien visible sur la figure 2A
qui utilise la réaction histochimique à l’APS. De plus, chez certains individus, la conjonctive
palpébrale qui entoure les points lacrymaux est pigmentée et l’épithélium des canalicules
apparait parfois lui aussi pigmenté : en figure 2B, des granules de mélanine cytoplasmiques
sont visibles tout le long de l’assise basale de l’épithélium.

44
Fig. 1A‐C Coupes d’un canalicule de voie lacrymale de chien. A Coupe transversale d’un point
lacrymal avec le départ d’un canalicule (indiqué par la flèche) (HEx40). B Coupe transversale d’un
canalicule (HEx40). C Coupe longitudinale d’un canalicule (HEx100). L lumière du canalicule, m
muqueuse conjonctivale, e épithélium stratifié pavimenteux, t tissu conjonctif de soutien.

45
Fig. 2A‐B Détail du revêtement épithélial d’un canalicule lacrymal. En figure A (APSx400), noter
l’aplatissement croissant des cellules de l’assise basale b vers la lumière L du canalicule illustrant
l’aspect pavimenteux. En figure B (HEx400), noter la pigmentation cytoplasmique (flèche) des assises
basales de l’épithélium du canalicule.

46
2.2) Le sac lacrymal

Chez le chien, le sac lacrymal est une petite dilatation des voies lacrymales moulée dans une
légère dépression osseuse, la fosse du sac lacrymal. Il s’y abouche proximalement les deux
canalicules supérieur et inférieur (figure 3) et il se poursuit par le conduit naso‐lacrymal.
L’analyse histologique montre qu’il représente une zone de transition entre ces deux
portions qu’il joint, puisque son épithélium est d’abord stratifié pavimenteux épais (comme
celui des canalicules) puis s’amincit par diminution du nombre d’assises cellulaires et évolue
progressivement vers un épithélium bi‐stratifié cylindrique (comme celui de la portion
osseuse du conduit naso‐lacrymal décrit plus loin). Quelques cellules caliciformes
apparaissent dans la portion pavimenteuse du sac (alors qu’elles ne sont pas observées dans
les canalicules) et persistent dans la portion cylindrique (figure 4). Le chorion superficiel de la
muqueuse montre focalement la présence d’un infiltrat lymphoïde (lymphocytes et
plasmocytes) diffus ou folliculaire (figure 3B). Dans les portions distales, le chorion présente
une plus grande richesse en structures vasculaires.

Fig. 3A Coupe transversale des canalicules (HEx10) s’abouchant dans le sac. l, lumière d’un canalicule
Fig. 3B Coupe transversale du sac lacrymal (HEx10). s sac lacrymal, c cartilage de la membrane
nictitante, gl glande lacrymale de la membrane nictitante, i infiltrat lymphoïde.

47
Fig. 4A‐C Détail du revêtement épithélial du sac lacrymal (coupes transversales). A Epithélium
stratifié pavimenteux du sac lacrymal (APSx400). B Présence de cellules à mucus (flèches) dans
l’épithélium pavimenteux du sac lacrymal (HE x400). C Epithélium cylindrique du sac lacrymal avec
présence d’une cellule à mucus (flèche) (APSx400).

48
2.3) La portion osseuse du conduit naso‐lacrymal

La portion proximale intra‐osseuse chemine dans un canal osseux : le canal lacrymal formé
par l’os maxillaire (figure 5). En coupe transversale, il est limité médialement par un volet
osseux de faible épaisseur. Le canal osseux comprend, autour du canal naso‐lacrymal un
tissu conjonctif lâche contenant de très nombreuses structures vasculaires lacunaires,
organisées en un véritable corps caverneux. En coupe longitudinale du conduit, extrait du
canal osseux, on retrouve l’existence de ces lacunes sur toute sa longueur : les figures 7A et
7B présentent une vue d’ensemble longitudinale du conduit à deux niveaux de la portion
osseuse. En figure 7A, l’étoile oriente le conduit en localisant la fin du sac lacrymal.

L’épithélium de revêtement de cette portion est bi‐stratifié cylindrique non cilié avec des
cellules à mucus. L’assise basale est cuboïdale et régulière. Dans l’assise superficielle, on
trouve des cellules cylindriques et des cellules à mucus. Cependant, sur l’un des 11 animaux
inclus dans cette étude, une zone restreinte de cellules cylindriques ciliées a été rencontrée,
comme le présente la figure 7D. De véritables touffes de cils sont observées au pôle apical
de ces cellules. Elles se présentent isolées ou par petit groupe de 2 à 3 cellules contigües, et
sont séparées par des cellules cylindriques simples et des cellules à mucus.
La bi‐stratification de l’épithélium est visible sur la figure 7D. L’assise basale cuboïdale
repose sur la membrane basale. L’assise cylindrique forme la surface luminale du
revêtement.
Tout au long de l’épithélium de cette portion, des cellules caliciformes à mucus, souvent
isolées sont présentes (figure 6). Parfois, elles ont étés observées en petits amas
pseudoglandulaires comme le montre la figure 7C, situées sur cette photographie tout au
début du conduit naso‐lacrymal, à la sortie du sac.

49
Fig. 5 Coupe transversale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal dans le canal lacrymal
(HEx100). L, lumière du conduit naso‐lacrymal, c corps caverneux dans le tissu de soutien du conduit.

Fig. 6 Coupe transversale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal (APSx200). L lumière du


conduit, v lacune vasculaire du corps caverneux dans le tissu de soutien. Noter les cellules à mucus
mises en évidence par la coloration rose fuchsia (flèches) dans l’épithélium e du conduit.

50
Fig. 7A‐D Coupe longitudinale de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal. A et B Coupes
longitudinales de la portion osseuse (le sac lacrymal * est situé vers la gauche sur la photographie A,
L lumière du conduit naso‐lacrymal)(HE×100). Noter les lacunes sanguines coalescentes v. C Détail
d’un amas de cellules à mucus dans l’épithélium cylindrique non cilié formant des structures
pseudoglandulaires (HE×400). D Dans une zone restreinte de l’épithélium en majorité formé de
cellules cylindriques non ciliées, quelques cellules cylindriques apparaissent ciliées (cadres) (HE×400),
b cellules basales, cc cellules cylindriques, cellules caliciformes à mucus (flèche).

51
2.4) La portion moyenne du conduit naso‐lacrymal

La portion moyenne du conduit naso‐lacrymal est en continuité avec la portion osseuse. A la


sortie du canal osseux, la portion moyenne longe la face nasale de l’os maxillaire et est
recouverte médialement par la muqueuse respiratoire : le lien intime entre les deux
structures est présenté par les coupes longitudinales 8A et 8B et les coupes transversales 9A
et 9B. La muqueuse respiratoire présente un épithélium pseudo‐stratifié cylindrique cilié
avec une densité de cellules caliciformes beaucoup plus importante que dans l’épithélium du
conduit naso‐lacrymal. Ces deux épithéliums sont séparés par un tissu conjonctif de soutien
très fin contenant quelques vaisseaux (figures 8A, 8B, 9A et 9B).
L’épithélium de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal est bi‐stratifié cylindrique. La
présence de cellules ciliées est observée sur un animal de l’étude (différent de celui
mentionné pour la ciliature de la portion osseuse du conduit naso‐lacrymal). Cette ciliature
intéresse des zones restreintes et aléatoires (figure 9C présentant des touffes de cils à la
surface des cellules cylindriques).
Les figures 8D, 8E et la figure 11 montrent l’épithélium bi‐stratifié cylindrique non cilié
contenant de manière parsemée des cellules caliciformes (figure 8C). Cela contraste avec
l’épithélium respiratoire accolé, entièrement cilié et très riche en cellules à mucus.
Comme dans la portion osseuse, le tissu de soutien de la portion moyenne du conduit naso‐
lacrymal est formé de fibres de collagène et contient de nombreuses lacunes sanguines
(figure 10), prolongeant le corps caverneux de la portion osseuse. Dans cette portion
cependant, il n’occupe pas toute la circonférence du conduit et il n’est pas observé dans la
zone bordée par la muqueuse respiratoire. Le tissu de soutien contient également du tissu
lymphoïde organisé en follicule lymphoïde (figure 12).

52
Fig. 8A‐E Coupe longitudinale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal. A Portion moyenne
(HE×100). Noter la muqueuse respiratoire nasale adossée à cette portion sur la photographie B
(HE×100) et séparée par une lame conjonctive grêle, mr muqueuse respiratoire, s tissu de soutien, e
épithélium de la portion moyenne, L lumière du conduit naso‐lacrymal. C Présence de cellules
caliciformes à mucus (indiquées par des flèches) dans l’épithélium bi‐stratifié de la portion moyenne
(HE×400). D Autre coupe longitudinale dans la portion moyenne (HE×400). E Détail de l’épithélium bi‐
stratifié cylindrique non cilié de la portion moyenne, b cellules basales, cc cellules cylindriques non
ciliées (HE×400).

53
Fig. 9A‐C Coupe transversale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal. A Coupe transversale
dans la portion moyenne (HE×100). L lumière du conduit, +++ zone d’attache avec la face nasale de
l’os maxillaire, * cavité nasale, e épithélium du conduit. B Détail du lien intime entre la portion
moyenne du conduit et la muqueuse respiratoire mr la recouvrant médialement. Respectivement de
la droite vers la gauche sur la photographie, mr épithélium de la muqueuse respiratoire pseudo‐
stratifié cylindrique cilié avec de nombreuses cellules caliciformes, s tissu de soutien, ec épithélium
de la portion moyenne bi‐stratifié cylindrique cilié avec de rares cellules caliciformes, L lumière du
conduit, e épithélium de la portion moyenne bi‐stratifié cylindrique non cilié avec de rares cellules
caliciformes (HE×400). C Détail de l’épithélium bi‐stratifié cylindrique cilié de la portion moyenne du
conduit naso‐lacrymal (HE×1000). Cette ciliature n’est pas rencontrée systématiquement, n’est pas
majoritaire sur l’ensemble de la portion moyenne et apparait sur des zones restreintes de manière
aléatoire. Noter les touffes de cils à la surface des cellules cylindriques (flèches).

54
Fig. 10 Coupe longitudinale dans la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal (HE×100).
L’épithélium surplombe un véritable corps caverneux c. a acini glandulaires séro‐muqueux.

Fig. 11 Détail de l’épithélium de la portion moyenne du conduit (HE×400). L’épithélium est bi‐
stratifié cylindrique non cilié avec des cellules basales b, des cellules cylindriques cc et des cellules
caliciformes à mucus (flèches).

55
Fig. 12 Coupe transversale de la portion moyenne du conduit naso‐lacrymal présentant un follicule
lymphoïde (HE×200). e épithélium bi‐stratifié cylindrique du conduit, L lumière du conduit, mr
muqueuse respiratoire, f follicule lymphoïde.

56
2.5) La portion distale du conduit naso‐lacrymal

Le conduit naso‐lacrymal passe dans le pli alaire, fort relief de muqueuse soutenu par un
cartilage formant l’extrémité rostrale du cornet nasal ventral. Une coupe transversale du pli
alaire est présentée en figure 13 et localise le passage du conduit naso‐lacrymal. La figure 14
présente une coupe longitudinale de la portion distale du conduit.
Le tissu de soutien est formé de lames cartilagineuses provenant du pli alaire, entourées
d’un tissu fibro‐élastique lâche avec des vaisseaux sanguins (figures 13B et 14). Les vaisseaux
sanguins, de petits diamètres, ne forment pas de corps caverneux comme dans les portions
plus proximales du conduit naso‐lacrymal.
A la différence des portions osseuse et moyenne du conduit naso‐lacrymal, la portion distale
possède un épithélium stratifié pavimenteux non kératinisé épais formant des petites crêtes
vers le chorion (figures 14, 15 et 16). Cet épithélium comporte parfois des cellules
caliciformes. Elles restent cependant beaucoup plus rares dans cette portion que dans les
portions plus proximales (figure 15).
Cet épithélium stratifié pavimenteux se kératinise progressivement en approchant de
l’ostium naso‐lacrymal. Il faut savoir que celui‐ci s’ouvre dans le vestibule nasal, sous le pli
alaire. L’épithélium de l’ostium est en continuité avec celui du vestibule (figure 17A).
Présenté en figure 17A, le diamètre de la portion distale du conduit naso‐lacrymal est
sensiblement constant puis s’élargit lors de son ouverture dans le vestibule nasal (ostium
naso‐lacrymal). L’épithélium de l’ostium est stratifié pavimenteux kératinisé et présente de
petites crêtes épidermiques (figure 17B). Sur la figure 17C, noter la pigmentation mélanique
qui renseigne sur la proximité de la truffe; sur la figure 17D, noter aussi la couche disjointe
(stratum disjonctum) avec des lambeaux de kératine qui se détachent.
Au niveau de l’ostium naso‐lacrymal, dans le tissu de soutien, des glandes tubulo‐acineuses
lobulées forment des petits bouquets d’aspect lobulaire (la localisation est présentée en
figure 17A). Le canal excréteur de ces glandes s’ouvre dans la lumière du conduit naso‐
lacrymal au niveau de l’ostium naso‐lacrymal. Chaque lobule de la glande est formé d’acini,
et de conduits excréteurs intralobulaires qui se rejoignent dans un conduit excréteur
extralobulaire (figure 18). Les acini sont de type mixte séro‐muqueux.

57
Fig. 13A‐B Coupe transversale du pli alaire et de la portion distale du conduit naso‐lacrymal. A
Coupe transversale du pli alaire. Conduit naso‐lacrymal indiqué par la flèche, ca lame cartilagineuse
soutenant le pli alaire pa (HEx10). B Coupe transversale de la portion distale du conduit naso‐
lacrymal (HEx100). e épithélium stratifié pavimenteux non kératinisé, ca lame cartilagineuse
soutenant le pli alaire, L lumière du conduit.

Fig. 14 Coupe longitudinale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal (HEx40). e épithélium


stratifié pavimenteux non kératinisé, L lumière du conduit.

58
Fig. 15 Coupe transversale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal (APSx400). Noter la
présence d’une cellule caliciforme isolée (flèche), dont le mucus apparaît rose fuchsia.

Fig. 16 Coupe longitudinale de la portion distale du conduit naso‐lacrymal (HEx400). Les cellules à
mucus, ici en amas, (désignées par la flèche) sont rares dans cette portion du conduit. e épithélium
stratifié pavimenteux non kératinisé, b assise basale, L lumière du conduit, v vaisseau sanguin.

59
Fig. 17A‐D Coupes longitudinales de l’ostium naso‐lacrymal. A Coupe longitudinale de
l’abouchement du conduit dans le vestibule nasal (HEx40), ca lame cartilagineuse, L lumière du
conduit, gl glande tubulo‐acineuse ramifiée séro‐muqueuse. B Epithélium stratifié pavimenteux
kératinisé formant des petites crêtes épidermiques, dans la portion distale terminale du conduit
(HEx100). Dans la portion distale du conduit, l’épithélium pavimenteux se kératinise progressivement
et devient malpighien à son abouchement dans le vestibule nasal. C‐D Détail de l’épithélium
pavimenteux kératinisé de la portion distale du conduit, proche de l’ostium (HEx400). Noter la
pigmentation mélanique en C et les lambeaux de kératine qui se détachent de l’épithélium en D.

60
Fig. 18A‐D Détails de la portion distale du conduit proche de l’ostium. A Coupe longitudinale dans la
portion distale du conduit naso‐lacrymal proche de l’ostium. e épithélium stratifié pavimenteux
kératinisé (HE×40). B Groupe de cellules à mucus en amas (HE×400). C Canal excréteur d’une glande
séro‐muqueuse (HE×400). Noter l’épithélium cubique bi‐stratifié du canal excréteur ce D Détail d’un
lobule de glande acineuse (HE×400). a, acinus formé de cellules séro‐muqueuses. Au centre de ce
lobule, le canal excréteur intralobulaire cel est formé d’un épithélium simple cubique.

61
62
C) DISCUSSION

Il est encore en médecine vétérinaire des sujets pour lesquels la connaissance doit encore
progresser. L’histologie des voies lacrymales en fait partie. Autant l’histologie de la
conjonctive ou des cavités nasales est bien documentée, par des études plus ou moins
récentes, autant il nous a été impossible de trouver une étude descriptive de la structure
microscopique exacte de la totalité de ces voies dans l’espèce canine. Les descriptions qui en
sont faites font en général référence à ce qui est connu chez l’Homme ou dans d’autres
espèces et qui peut être vraisemblablement extrapolé, mais sans base scientifique réelle.
Cela est moins vrai dans un certain nombre d’espèces domestiques notamment celles qui
peuvent représenter un modèle expérimental, et pour lesquelles l’étude descriptive de la
structure et de l’ultrastructure a été réalisée assez récemment (Paulsen et Al, 2002) afin
d’argumenter le meilleur choix de modèle animal pour l’Homme.
En tant que vétérinaires, il nous a semblé particulièrement intéressant de commencer à
documenter ce sujet, au bénéfice direct de l’espèce canine, et pourquoi pas de l’espèce
humaine si les points communs ou divergents pouvaient alors représenter un intérêt de
pathologie comparée.

Pour des raisons éthiques évidentes, il a été décidé d’utiliser des animaux provenant des
autopsies réalisées à l’ENVT ayant été préalablement hospitalisés et pour lesquels il n’y avait
pas d’atteinte significative ante mortem de la sphère oculo‐nasale. Ce choix impliquait de
travailler sur un recrutement d’animaux très hétérogènes (âge, race, sexe...). Ceci peut être
considéré comme un biais dans notre travail du fait du manque d’homogénéité de la
population étudiée, et explique que nous n’avons pas fait de mesures chiffrées (longueur,
diamètres, comptages cellulaires…) sur les différentes portions des voies lacrymales. Mais
ceci peut être considéré comme un atout dans une étude descriptive qualitative, car cela
montre que malgré des paramètres structuraux constants, certaines observations relèvent
certainement d’une variation individuelle ou raciale (voir ci‐dessous la présence de cellules
ciliées sur les portions osseuse ou moyenne notamment).
A l’étape de dissection des voies lacrymales, le problème de leur visualisation s’est très vite
posé, en raison du caractère très fin des voies lacrymales, entourées de structures
conjonctives épaisses et de structures cartilagineuses et osseuses. Le cathétérisme avec un
crin de Florence brûlé après une préfixation des voies lacrymales par irrigation de formol
nous a permis de contourner cette difficulté, et nous avons pu obtenir une description
macroscopique complète des voies lacrymales. A l’étape suivante de recoupe et d’inclusion
des blocs tissulaires, la couleur du crin de Florence permettant de visualiser les voies
lacrymales a également été d’une aide précieuse, notamment pour obtenir l’orientation la
plus satisfaisante possible (à la fois sur les coupes longitudinales et sur les coupes
transversales). A l’étape terminale de coupe au microtome et de lecture microscopique, la
présence du crin s’est avérée moins avantageuse. En effet, la structure du crin et sa dureté

63
plus importante que celle des tissus a été à l’origine de distorsion et de déchirements sur les
coupes tissulaires. L’observation microscopique a également révélé que le cathétérisme
induisait probablement des pertes focales de revêtement épithélial. L’injection d’une
solution colorée dans les voies lacrymales a été expérimentée afin de contourner les
inconvénients du crin de Florence, mais la diffusion rapide du colorant à tous les tissus
environnants durant la phase incompressible de fixation nous a fait renoncer.
Afin de réaliser une description histologique la plus détaillée possible, il nous a paru
fondamental de travailler sur des coupes longitudinales des voies lacrymales, permettant
d’apprécier la persistance ou les transitions entre différents types de structures. Il s’est
avéré en pratique impossible, eu égard au diamètre restreint, à la structure très délicate et
sinueuse des voies lacrymales, d’obtenir des portions de grande étendue sur un même plan
de coupe, l’inclusion des pièces n’étant jamais totalement parallèle aux portions tubulaires
de l’échantillon. Nous avons donc réalisé des coupes sériées afin de cumuler les
informations, et nous avons décidé de réaliser des coupes transversales étagées pour
compléter ces données.

Dans nos observations, l’épithélium des canalicules lacrymaux du chien est un épithélium
stratifié pavimenteux non kératinisé épais parfois pigmenté comprenant une dizaine
d’assises cellulaires et dépourvu de cellules à mucus. Il repose sur un tissu conjonctif peu
vascularisé. Cette structure ressemble fortement à celle des canalicules de l’Homme
(Paulsen et Al, 1998, Adenis et Al, 1996) et d’autres espèces animales (Eurell et Frappier,
2006). Les canalicules ne semblent donc constituer qu’un simple lieu de passage et de
conduction des larmes vers le sac lacrymal et le conduit naso‐lacrymal. C’est également le
type d’épithélium retrouvé dans les zones conjonctivales de l’extrémité palpébrale, jouxtant
l’abouchement des glandes de Meibomius.
Contrairement à ce qui est observé chez l’Homme, le chien possède un sac lacrymal peu
développé, constituant un petit renflement cylindrique après l’abouchement des canalicules
supérieur et inférieur. Au plan histologique, le revêtement montre une transition entre les
portions amont et aval, avec transformation d’un épithélium stratifié malpighien parsemé de
quelques cellules à mucus en un épithélium bi‐stratifié cylindrique lui aussi parsemé de
quelques cellules à mucus. Il n’a pas été observé, dans notre étude, de cellules épithéliales
ciliées dans cette portion. Au plan physiologique, la taille de cette portion de voies
lacrymales se rapproche plus de celle d’un sinus dans une petite dépression osseuse et n’est
pas en faveur d’une fonction développée de réservoir. Le chorion sous‐épithélial présente
une plus grande richesse vasculaire dans les zones distales du sac lacrymal (semblant
annoncer la transition vers les sinus vasculaires du conduit naso‐lacrymal) et montre
également la présence d’infiltrats lympho‐plasmocytaires superficiels diffus et folliculaires,
avec des lymphocytes intra‐épithéliaux, appartenant aux formations lymphoïdes
disséminées associées aux muqueuses.
Le revêtement des portions osseuse et moyenne du conduit naso‐lacrymal est bi‐stratifié
cylindrique, comme dans la majorité des autres espèces étudiées (excepté le rat dans l’étude

64
de Paulsen et Al, 2002). Il comporte des cellules à mucus en nombre modéré, la plupart du
temps isolées ou parfois organisées en petits groupes constituant des structures
pseudoglandulaires. Des cellules cylindriques ciliées en nombre restreint, éparses ou en
petits groupes, ont été observées chez 2 individus de l’étude, dans la portion osseuse pour
l’un (chien de race Beagle) et dans la portion moyenne pour l’autre (chien de race Malinois).
Le chorion de la muqueuse naso‐lacrymale présente dans ces parties osseuse et moyenne
des sinus vasculaires anastomosés organisés en un véritable corps caverneux enserrant le
conduit tubulaire. Cette structure, absente chez le rat et le chat, est déjà décrite chez le
cochon, le lapin, le cerf, le singe et l’Homme (se référer au tableau 1, d’après Paulsen et Al,
2002). Comme dans la zone du sac lacrymal, le chorion superficiel de la muqueuse naso‐
lacrymale comporte des plages d’infiltration par des cellules lymphocytaires et
plasmocytaires diffuses ou organisées en structures folliculaires. Ces infiltrats représentent
un constituant du M.A.L.T (mucosa‐associated lymphoid tissue). Ces observations sont
cohérentes avec celles réalisées chez l’Homme (Knop et Knop, 2001) : le terme L.D.A.L.T
(lacrimal drainage‐associated lymphoid tissue) a été proposé pour décrire les formations
lymphoïdes présentes dans les voies lacrymales et considérées comme en continuité avec
celles du C.A.L.T (conjunctiva‐associated lymphoid tissue).
La portion la plus distale du conduit naso‐lacrymal (portion qui n’existe pas chez l’Homme)
est bordée par un épithélium stratifié pavimenteux qui se kératinise progressivement en
approchant de l’ostium naso‐lacrymal. Rappelons que celui‐ci s’ouvre sous le pli alaire, dans
le vestibule nasal tapissé par une muqueuse de type malpighien ou une peau très fine
(Barone, 1997). Ainsi, l’épithélium de la portion distale du conduit et de l’ostium naso‐
lacrymal est en continuité avec celui du vestibule (de même type histologique) et est
classiquement associé à une fonction de conduction simple du liquide lacrymal et de
protection, qui augmente par la kératinisation en approchant de l’ostium (possibilité
d’inhalation de corps étrangers ou de substances irritantes). Des petites glandes tubulo‐
acineuses séro‐muqueuses lobulées dont le canal extralobulaire s’abouche au niveau de
l’ostium naso‐lacrymal ont été observées dans notre étude. Elles rappellent les glandes
nasales présentes dans le chorion de la muqueuse respiratoire, abondantes sur la paroi
septale, encore nombreuses au niveau des parties rostrales des cornets (le pli alaire où
débouche le conduit naso‐lacrymal chez le chien est la partie rostrale du cornet nasal
ventral) et plus rares ou totalement absentes à la partie caudale de ces derniers (Barone,
1997).

Ainsi, certains éléments structuraux se rapprochent de ceux décrits pour l’Homme et


soulèvent des pistes sur la physiologie des voies lacrymales.
‐ La présence régulière de cellules à mucus montre la fonction sécrétrice de ces voies et non
plus simplement la fonction de conduction et d’évacuation du liquide lacrymal. Le mucus a
en effet de nombreuses fonctions comme la lubrification de la muqueuse et la protection de
la surface de la muqueuse face à des substances nocives (bactéries, virus, toxines, corps
étrangers, agents chimiques…) (Paulsen et Al, 1998).

65
‐ La présence de cellules cylindriques ciliées (comportant une touffe d’une quarantaine de
cils vibratiles à leur pôle apical) est connue et observée chez l’Homme depuis le sac lacrymal
jusque dans les canaux naso‐lacrymaux où elles y sont plus nombreuses. La participation de
cette ciliature au balayage du mucus a été suggérée (Adenis et Al, 1996, 1992). Ces zones
aléatoires et restreintes de ciliature suggèrent une variabilité individuelle de l’épithélium
cylindrique des portions osseuse et moyenne du conduit naso‐lacrymal du chien.
‐ Au plan physiologique, des études réalisées chez l’Homme ont montré que le corps
caverneux participait à la régulation du flux lacrymal par la modulation du diamètre
d’ouverture du conduit nasolacrymal par un mécanisme réflexe, et que cette fonction
pouvait être pharmacologiquement modulée (Ayub et Al, 2003).
‐ La présence d’infiltrats lymhoïdes diffus ou folliculaires est un élément « physiologique »
qui ne doit pas être assimilé à une inflammation chronique pathologique mais à un
composant du M.A.L.T et représente un système d’immunité sentinelle (mécanisme de
défense vis‐à‐vis d’antigènes ou d’agents véhiculés par le liquide lacrymal).

Notre travail montre donc de nombreuses similitudes entre la structure histologique des
voies lacrymales du chien et de l’Homme (types de revêtement, présence et répartition des
cellules à mucus, de cellules ciliées, corps caverneux, tissu lymphoïde (L.D.A.L.T)). Il est par
conséquent possible que la physiologie des canaux lacrymaux du chien puisse être au moins
en partie extrapolée aux mécanismes documentés chez l’Homme, et que le chien puisse
représenter un modèle animal intéressant pour la physiopathologie lacrymale humaine.
Cependant, si l’étude histologique préliminaire réalisée ici constitue un socle de
documentation descriptive et iconographique pour la connaissance des voies lacrymales
dans l’espèce canine, il apparaît qu’il serait nécessaire d’envisager des études ultérieures
afin de préciser différents points soulevés.
Des études ultra‐structurales sur quelques animaux pourraient confirmer que l’épithélium
cylindrique est bi‐stratifié et non pseudo‐stratifié, caractéristique difficilement affirmée de
façon définitive en microscopie optique. Elles permettraient également de voir s’il existe des
microvillosités au pole apical des cellules épithéliales et des vésicules de pinocytose, comme
décrit chez l’Homme (Paulsen et Al, 1998), en relation avec une fonction de réabsorption de
composants du liquide lacrymal par la muqueuse.
Une étude histologique sur un plus grand nombre d’animaux et de races différentes
permettrait de préciser l’incidence de l’observation de cellules ciliées dans la muqueuse
naso‐lacrymale et leur répartition, et éventuellement la répartition et la densité des cellules
à mucus tout au long de cette muqueuse.
Une étude sur la physiologie des lacunes vasculaires regroupées en corps caverneux, la
régulation de leur réplétion vasculaire, l’indépendance ou la communauté qu’il peut y avoir
avec la vascularisation de la surface oculaire et ou de la muqueuse nasale préciserait leur
rôle.
Enfin, éventuellement, des études pharmacologiques pourraient être envisagées dans le but
de déterminer si la muqueuse naso‐lacrymale peut être un site d’absorption

66
médicamenteuse, comme cela a déjà été étudié dans d’autres espèces comme le rat
(Paulsen et Al, 2000) ou le lapin (Paulsen et Al, 2002).

67
68
CONCLUSION

Chez le chien, les voies lacrymales débutent par deux points lacrymaux, puis se poursuivent
par les canalicules lacrymaux, le sac lacrymal et le conduit naso‐lacrymal qui débouche dans
la cavité nasale par l’ostium lacrymo‐nasal. Ces voies forment la portion excrétrice de
l’appareil lacrymal en assurant l’élimination des larmes.
Les bases histologiques descriptives de cette étude expérimentale permettent de comparer
les caractéristiques structurales des voies lacrymales de l’espèce canine par rapport aux
autres espèces animales et à l’Homme. De cette comparaison et des connaissances
physiopathologiques générales dans les autres espèces, il est possible de dégager quelques
pistes sur la physiologie des voies lacrymales. La fonction d’évacuation des larmes par
conduction est une fonction primordiale, mais n’est certainement pas unique.
- Les cellules ciliées participent probablement au flux et au balayage du mucus de
surface.
- Les cellules à mucus permettent par leur fonction sécrétoire la protection et la
lubrification de la muqueuse.
- Les sinus vasculaires organisés en corps caverneux participent probablement à la
modulation du flux lacrymal et éventuellement à une réabsorption de certains
composants du liquide lacrymal.
- La présence de tissu lymphoïde diffus disséminé dans le chorion de la muqueuse
représente un système de défense immunitaire sentinelle (L.D.A.L.T) qui permet une
mobilisation importante des cellules lymphocytaires et sécrétrices d’antigène
localement, dans la continuité du C.A.L.T.
Les résultats préliminaires de notre étude ouvrent donc la porte à des études futures plus
ciblées sur l’ultrastructure et la physiopathologie des voies lacrymales chez le chien.

69
70
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ADENIS, J.P., MAES, S., EBRAN, J.M.
Physiologie de l’excrétion lacrymale.
‐Editions techniques‐ Encycl. Méd. Chir. (Paris‐France), Ophtalmologie, 21‐020‐B10, 1992, 8p

ADENIS, J.P., ROBERT, P.Y., BONCOEUR‐MARTEL, M.P.


Anatomie des glandes et des voies lacrymales.
Encycl. Méd. Chir. (Elsevier, Paris), Ophtalmologie, 21‐006‐A‐25, 1996, 9p.

AYUB, M., THALE, A.B., HEDDERICH, J., TILLMAN, B., PAULSEN, F.


The cavernous body of the human efferent tear ducts contributes to regulation of tear
outflow.
Investig. Ophthalmol. Vis. Sci., 2003, 44, 4900–4907.

BANKS, W.J.
Applied Veterinary Histology. 3rd Edition. Mosby Year Book, St Louis, 1993, 527p.

BARONE, R.
Anatomie comparée des mammifères domestiques. Premier tome : ostéologie (fascicule 1).
Deuxième édition. Vigot, Paris, 1976, 296p.

BARONE, R.
Anatomie comparée des mammifères domestiques. Tome trois : splanchnologie I. Appareil
digestif, Appareil respiratoire. Troisième édition. Vigot, Paris, 1997, 853p.

BREIT, S., KUNZEL, W., OPPEL, M.


The course of the nasolacrimal duct in brachycephalic cats.
Anat. Histol. Embryol., 2003, 32, 224‐227.

CANTALOUBE, B.
Les affections des voies lacrymales.
Document pédagogique pour le C.E.S d’Ophtalmologie Vétérinaire 2006‐2007, 13p.
Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, France.

EURELL, J.A., FRAPIER, B.L.


Dellmann's Textbook of Veterinary Histology. 6th Edition. Blackwell Publishing, USA, 2006,
420p.

71
GIONFRIDDO, J. R.
The nasolacrimal system.
In: Slatter D (ed) : Textbook of Small Animal Surgery. 3rd Edition. W.B. Saunders,
Philadelphia, 2003, 1349‐1361.

GRAU, H., WALTER, P.


Précis d’histologie et d’anatomie microscopique des animaux domestiques. 1975, Vigot,
Paris, 188 p.

KNOP, E., KNOP, N.


Lacrimal drainage‐associated lymphoid tissue (LDALT): a part of the human mucosal immune
system.
Invest. Ophthalmol. Vis .Sci., 2001; 42, 566‐574

KÔNIG, H.E., LIEBICH H.‐G.


Anatomía de los animales domésticos. Segunda Edición. Médica Panamericana, Buenos
Aires, 2004, 304p.

LAVACH, J.D.
The lacrimal system.
In: Slatter D (ed): Textbook of Small Animal Surgery. 2nd Edition. W.B. Saunders,
Philadelphia, 1993, 1184‐1194.

MOORE, C.P., WILSMAN, N.J., NORDHEIM, E.V. et Al


Density and distribution of canine conjonctival goblet cells.
Investig. Ophtalmol. Vis. Sci., 1987, 28, 1925‐1987.

MURPHY, C.J., POLLOCK, R.V.H.


The eye
In: Miller's Anatomy of the Dog. 3rd Edition (ed. Evans HE). W.B. Saunders, Toronto, 1993,
1009‐1057.

PAULSEN, F., FÖGE, M., THALE, A., TILLMANN, B., MENTLEIN, R.


Animal model for the absorption of lipophilic substances from tear fluid by the epithelium of
the nasolacrimal ducts.
Invest. Ophthalmol. Vis. Sci., 2002, 43, 3137‐3143.

PAULSEN, F., THALE, A., KOHLA, G., SCHAUER, R., ROCHELS, R., PARWARESCH, R., TILLMAN,
B.
Functional anatomy of human lacrimal duct epithelium.
Anat.Embryol., 1998, 198, 1‐12

72
PAULSEN, F., THALE, A., MENTLEIN, R.
What happens to tears inside the efferent lacrimal passage? An animal experimental study
Graefes Arch.Clin. Exp. Ophthalmol., 2000, 238, 496‐499.

REGNIER, A.
Anatomie et physiologie de l’appareil lacrymal.
Document pédagogique pour le C.E.S d’Ophtalmologie Vétérinaire 2006‐2007, 10p.
Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, France.

RUBERTE, J., SAUTET, J.


Atlas d’anatomie du chien et du chat ‐ volume 1 : tête et cou. Ed. Multimedia, Barcelona,
1995, 112p.

SAUTET, J.
Anatomie des voies lacrymales.
Neuvièmes journées d’actualités de la Société Française d’Etudes et de Recherches en
Ophtalmologie Vétérinaire (S.F.E.R.O.V) des 15, 16 et 17 septembre 2006, 9p
Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, France.

73
74
COLORATION HEMALUN‐EOSINE

PREMIERE ETAPE : DEPARAFFINAGE


‐ 5 minutes dans le toluène

SECONDE ETAPE : REHYDRATATION


‐ 5 minutes dans l’alcool absolu
‐ 5 minutes dans l’alcool à 95°
‐ 5 minutes sous l’eau du robinet
‐ Eponger les lames

TROISIEME ETAPE : COLORATION ET MONTAGE


‐ 15 secondes dans le colorant hémalun (colorant nucléaire)
‐ Rincer à l’eau : ajouter 3 gouttes d’ammoniaque et laisser couler l’eau
‐ Nettoyer les contours avec du papier
‐ 20 secondes dans le colorant éosine ; rincer en faisant des bains rapides (eau)
‐ l’alcool à 95° décolore l’éosine ; laisser assez longtemps si les lames sont trop roses
‐ passage à l’alcool absolu
‐ toluène
‐ effectuer le montage des lames avec du baume

RESULTATS :
‐ les noyaux sont colorés en bleu.
‐ Les cytoplasmes sont colorés en rose.

PRODUITS :
‐ Hémalun de MAYER réactif de RAL
‐ Eosine à 2% : éosine jaunâtre 1 g, érythrosine 1 g, eau distillée 100 mL

Annexe 1 : coloration à l’Hémalun‐Eosine


75
REACTION A L’APS (Acide périodique – réactif de Schiff)

BUT et PRINCIPE :
Réaction permettant de visualiser les groupements alpha glycols des mucopolysaccharides
Processus en deux phrases :
- Oxydation par l’acide périodique des glycols ; formation de deux aldéhydes voisins.
- Mise en évidence de ces groupes d’aldéhydes par le réactif de Schiff (fushine
décolorée).

MODE OPERATOIRE :
1 – Déparaffinage et hydratation
2 – Acides périodique au 1/100 : 10 minutes
3 – Rinçage à l’eau distillée plusieurs fois. Essuyer la lame.
4 – Dans une boîte de Laverant placer la lame prélèvement vers le bas dans le
réactif de Schiff : 10 minutes.
5 – Rinçage à l’eau courante tiède 3 fois ou dans des bains d’eau sulfureuse.
6 – Essuyer la lame. Coloration à l’Hémalun : 1 minute
7‐ Déshydratation, passage au toluène et montage

RESULTATS :
Substances PAS positives colorées en rouge‐violacée plus ou moins intenses.

Annexe 2 : réaction à l’APS (Acide périodique – réactif de Schiff)


76
Toulouse, 2008

NOM : KOHLER Prénom : Romain

TITRE : ETUDE EXPERIMENTALE ANATOMIQUE ET HISTOLOGIQUE DES VOIES LACRYMALES


DANS L’ESPECE CANINE

RESUME : Les voies lacrymales forment la portion excrétrice de l’appareil lacrymal en


assurant l’élimination des larmes. Elles débutent par deux points lacrymaux, puis se
poursuivent par les canalicules lacrymaux, le sac lacrymal et le conduit naso-lacrymal qui
débouche dans la cavité nasale par l’ostium naso-lacrymal. La description histologique fine
de ces voies n’a jamais été présentée chez le chien. Ce travail consiste à étudier la structure
histologique, peu connue, de ce système d’évacuation et d’en tirer d’éventuelles pistes quant
à la physiologie des voies lacrymales chez le chien. Ce travail est donc expérimental, à partir
de pièces anatomiques de chiens soumis à l’autopsie à l’ENVT, et comprend une dissection
fine des structures avec leur caractérisation macroscopique ainsi que la réalisation de
prélèvements pour l’histologie sur l’ensemble du trajet de ces voies lacrymales, et leur
description histologique en technique conventionnelle.

MOTS-CLES : Voies lacrymales, Anatomie, Histologie, Chien.

ENGLISH TITLE: EXPERIMENTAL ANATOMICAL AND HISTOLOGICAL STUDY OF THE CANINE


LACRIMAL DRAINAGE SYSTEM

ABSTRACT: Lacrimal ducts drain the tear fluid from the ocular surface into the nose. They
start with two lacrimal puncta, and then continue by the lacrimal canaliculi, the lacrimal
sac and the nasolacrimal duct which leads to the nasal cavity by the nasolacrimal ostium.
The histological description of this system has never been reported in dogs. This work is to
investigate the histological structure of this drainage system and draw possible entry points
about the physiology of lacrimal ducts for dogs. This work is experimental, from anatomical
pieces of dogs subjected to an autopsy from ENVT, and includes a structures dissection with
their macroscopic characterization and the production of samples for histology on the whole
journey of these lacrimal ducts, and their structural description.

KEYWORDS : Lacrimal drainage system, Anatomy , Histology, Dog.

Vous aimerez peut-être aussi