Les Procedes de L'eloquence

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LES PROCEDES DE L’ELOQUENCE

PARLER POUR CONVAINCRE


Petite définition de l’éloquence

C’est l’art de savoir bien parler, de convaincre par la parole, de persuader par ses actes et ses
paroles. L’éloquence est souvent associée à un caractère de ce qui est évident. Et pourtant,
c’est avant tout une construction.

I. LES RESSOURCES DE L’ELOQUENCE

Pour persuader quelqu’un, il faut utiliser le registre du sentiment et des émotions.

Pour impliquer le public que vous devez convaincre, il est nécessaire de faire appel au
recours des pronoms. Il faut donc utiliser le je, me, nous… Lorsque l’on veut inclure dans le
discours la personne qui est en face de soi, il est obligatoire d’employer la deuxième personne
du singulier (tu, toi…) ou du pluriel (vouvoiement, pluriel…).

Celui qui parle et qui doit convaincre utilise des structures de phrase qui interpellent :

- La fausse question (la réponse est évidente). Ex : Est-il nécessaire de massacrer ces
pauvres gens pour gagner la guerre ?
- L’exclamation (elle sert à émouvoir). Ex : Demain grâce à vous la justice française ne
sera plus une justice qui tue (Robert Badinter, ministre de la justice lors du discours de
présentation du projet de loi relatif à l’abolition de la peine de mort (17 septembre
1981).
- L’apostrophe (mot en début de phrase qui interpelle) crée un ordre ou un souhait
impératif. Ex : Prolétaires de tous pays, unissez-vous (discours d’Engels)

Pour être éloquent, il faut maîtriser le vocabulaire de la valorisation et de la dévalorisation.


Pour cela il faut utiliser des adverbes comme évidemment, certainement, apparemment, etc.,
des verbes tels que sembler, accorder, être d’accord… et des locutions du type « sans aucun
doute », « que nenni »… Il faut émettre un jugement et donc utiliser du vocabulaire
d’opposition (bien/mal, aimer/détester, admirer/rejeter, amour/haine…). Pour amplifier les
formules éloquentes, il est utile de faire recours aux figures de style à l’instar de la
comparaison ou la métaphore afin de donner une dimension sensible. Ex : « Je vous parle
d’abord comme femme, comme femme politique, comme femme ministre de la Justice, comme
la première femme à avoir l’honneur d’être garde des Sceaux » (Elisabeth Guigou, 15 octobre
1998, discours devant l’Assemblée Nationale, en ouverture des débats sur la loi relative à la
parité homme/femme).

II. L’ART ORATOIRE

Pour convaincre et persuader, il faut bien parler, parler avec conviction, c’est l’art oratoire.
Pour réussir cet art, il faut :

- Un discours bien construit avec différentes parties


- Des figures de styles efficaces (ex : anaphore [Moi, président de la République, je…,
Moi, président de la République, je… discours de François Hollande lors du débat
télévisé de l’entre-deux tours de la présidentielle 2012], hyperbole donc une
exagération de la réalité)
- Une tonalité marquée dans le discours (cris, alternance phrasé court et fort / longue
phrases dites doucement…)
- Une énonciation parfaite (effort d’articulation, découpage des mots longs en accentuant
sur la troisième syllabe)
- Une syntaxe parfaite (éviter les propositions relatives lourdes, privilégier des phrases
type sujet + verbe + complément, voire même des phrases nominales)
- Des questions sans réponses
- Des phrases exclamatives
- De l’emphase (exagération lorsque l’on croit vraiment ce que l’on dit)

Pour mieux comprendre ce qu’apporte l’éloquence à un discours, il est recommandé de se


référer à l’œuvre filmique « Le discours d’un roi » de Tom Hooper (The King’s Speech), sorti en
France en 2010. Ce film permet de comprendre que la scénarisation de l’éloquence en vue
d’une médiatisation est très importante car le choc des images compte autant que le poids des
mots. Ainsi, les orateurs sont-ils des comédiens qui travaillent leur image (voix, costume,
gestuelle, mimique). De même, les journalistes-photographes et les réalisateurs approchent-ils
la parole politique comme un spectacle à « monter », c’est-à-dire qu’ils mettent en scène en
construisant un décor, en choisissant leur cadrage, des effets de lumière, etc.

III. LES STRATEGIES ARGUMENTATIVES DE L’ELOQUENCE

1. CONVAINCRE

Il faut expliquer ce que l’on pense en l’illustrant. Il faut donc donner des exemples, tant à
l’écrit qu’à l’oral (chiffres, citations, …).
Vos arguments s’enchaînent avec des connecteurs logiques : mais, cependant, pourtant,
alors que, malgré, en revanche, car, parce que, puisque, comme, grâce à, du fait que, donc, c’est
pourquoi, ainsi, si bien que…
Il est plus pertinent d’utiliser les trois premières personnes du singulier (je, tu, il/elle/on).

2. PERSUADER

Il faut avoir recours à des opinions tranchées.


Il faut être sûr de soi et donner des arguments convaincants, des images fortes afin que
votre auditoire vous suive dans votre logique. Pour cela, il est conseillé de donner des
exemples que vous avez vécus ou que vous avez lus.
Il faut se mettre dans la peau d’un avocat pour défendre ce que l’on croit (cf. la dernière
partie du travail d’écriture de l’épreuve du baccalauréat).
Un texte ou un oral pour persuader est à la première personne du singulier (je).

3. CONVAINCRE ET PERSUADER

En réalité, dans un texte ou dans un débat oral, les deux stratégies sont souvent mêlées.
Pour convaincre, il faut persuader, pour persuader, il faut convaincre.

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