La Télémédecine
La Télémédecine
La Télémédecine
Anne-Marie Duguet – Rev Bio y Der. 2023; 57: 15-32 - DOI 10.1344/rbd2023.57.41721
ANNE-MARIE DUGUET *
*Anne-Marie Duguet. SMD PhD, Maitre de conférences Emérite UMR Inserm Cerpop Université
Paul Sabatier Toulouse, Chaire UNESCO Ethique Sciences et Société (France). Email:
[email protected]. ORCID: https://orcid.org/0000-0002-9863-230X.
Resum
La telemedicina existeix des dels anys 80 i posa en contacte a distància a un pacient amb un metge o
professional sanitari que intercanvia dades digitals mitjançant eines informàtiques. L'Ordre de Metges
considera que les noves tecnologies faciliten l'accés a les cures i als coneixements especialitzats, encara que
vagi en contra de principis ètics fonamentals. Es tracta d'un substitut de l'acte mèdic tradicional, i cal
qüestionar-se la seva pertinència i si les condicions d'aplicació aporten un benefici al pacient. Durant
l'epidèmia de COVID-19, les condicions per a la telemedicina es van relaxar i el sistema d'assegurances
sanitàries va facilitar el seu reemborsament de manera derogatòria. Els professionals sanitaris, les
institucions sanitàries i els pacients van poder apreciar les noves possibilitats que ofereix la telemedicina i
reconèixer les seves limitacions. No obstant això, la seguretat no és la principal preocupació dels pacients,
que fan un ampli ús de les eines informàtiques per a navegar per Internet i consideren la medicina a
distància com un exercici de fàcil accés sense conèixer els seus límits. No distingeixen entre telemedicina
clínica sota supervisió mèdica i serveis de salut electrònica oferts per Internet, que són ofertes comercials
de benestar. En aquesta presentació exposarem en primer lloc l'evolució de la telemedicina, implantada des
de fa temps a França sota diverses formes, i a continuació l'espectacular desenvolupament de les
teleconsultes durant l'epidèmia de COVID-19, les beneficioses conseqüències de la qual permeten una millor
accessibilitat i reemborsament per part de la seguretat social.
Paraules clau: telemedicina; reglament; COVID 19; excepcions; acte mèdic; reemborsament.
Resumen
La telemedicina existe desde los años 80 y pone en contacto a distancia a un paciente con un médico o
profesional sanitario que intercambia datos digitales mediante herramientas informáticas. La Orden de
Médicos considera que las nuevas tecnologías facilitan el acceso a los cuidados y a los conocimientos
especializados, aunque vaya en contra de principios éticos fundamentales. Se trata de un sustituto del acto
médico tradicional, y hay que cuestionarse su pertinencia y si las condiciones de aplicación aportan un
beneficio al paciente. Durante la epidemia de COVID-19, las condiciones para la telemedicina se relajaron y
el sistema de seguros sanitarios facilitó su reembolso de forma derogatoria. Los profesionales sanitarios,
las instituciones sanitarias y los pacientes pudieron apreciar las nuevas posibilidades que ofrece la
telemedicina y reconocer sus limitaciones. Sin embargo, la seguridad no es la principal preocupación de los
pacientes, que hacen un amplio uso de las herramientas informáticas para navegar por Internet y
consideran la medicina a distancia como un ejercicio de fácil acceso sin conocer sus límites. No distinguen
entre telemedicina clínica bajo supervisión médica y servicios de salud electrónica ofrecidos por Internet,
que son ofertas comerciales de bienestar. En esta presentación expondremos en primer lugar la evolución
de la telemedicina, implantada desde hace tiempo en Francia bajo diversas formas, y a continuación el
espectacular desarrollo de las teleconsultas durante la epidemia de COVID-19, cuyas beneficiosas
consecuencias permiten una mejor accesibilidad y reembolso por parte de la seguridad social.
Palabras clave: telemedicina; reglamento; COVID 19; excepciones; acto médico; reembolso.
1. Presentation
La télémédecine est une médecine à distance utilisant des systèmes de télécommunication pour
transmettre des données et qui a pour objectif un acte de diagnostic, la prescription d’un
traitement ou d’examens médicaux, la surveillance d’un suivi médical etc. Elle met en relation un
patient et son médecin ou avec des professionnels de santé, ou des médecins entre eux.
Deux questions se posent : la distance avec le patient qui transforme la relation médecin-
malade et la transmission d’informations et de données médicales qui doit être sécurisée pour en
assurer la confidentialité.
La sécurité dans la transmission des données est assurée par des dispositifs techniques qui
respectent les recommandations de la CNIL et les règlements sur la protection des données. Or la
sécurité n’est pas la préoccupation première des patients qui utilisent largement les outils
informatiques pour naviguer sur internet et voient davantage la médecine à distance comme un
exercice facile d’accès sans prendre la mesure de ses limites. Ils ne font pas la différence entre la
Dans cette présentation sera exposé tout d’abord l’évolution de la télémédecine qui s’est
installée en France depuis longtemps sous diverses formes, puis le développement spectaculaire
des téléconsultations pendant l’épidémie du COVID-19, permettant une accessibilité plus facile et
un remboursement par la sécurité sociale.
La France a été pionnière dans la télémédecine par la création, en 1972, des SAMU (Service d’aide
médicale d’urgence) qui envoyaient des véhicules médicalisés avec des professionnels de santé
au domicile des patients ou sur les lieux des accidents afin de faciliter leur orientation vers les
services de soins ou d’hospitalisation les plus adéquats. Les communications se faisaient par des
ondes radio sur une fréquence protégée entre professionnels de santé. Les services d’aide
médicale d’urgence ont continué à se développer avec des moyens techniques et humains pour
acheminer les patients vers les établissements de soins.
1 J. Duguet et AM Duguet L’innovation au service du bien-être et des objets connectés in Recherche médicale, innovation et nouvelles
technologies Les Etudes Hospitalières 2017.
Plus encore l’idée de téléconsultation est mal acceptée parce que la relation médecin patient
est différente, les médecins la considèrent incomplète. En effet, l’examen en présence du patient
permet d’identifier tout le message non verbal dans le comportement et la gestuelle qui n’est
certainement pas observé de la même manière dans une image transmise au travers d’un écran.
Le ressenti et les émotions ne sont pas perceptibles aussi clairement et il est difficile d’établir un
climat de confiance à distance surtout si le professionnel n’a pas rencontré le patient et n'a pas
établi une relation de soins.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins dans sa séance du 8 février 2018 salue, en
prenant en compte le rapport parlementaire, les promesses de la télémédecine. Il considère que
les nouvelles technologies facilitent l’accès aux soins et à l’expertise spécialisée. La télémédecine
permet le suivi à distance de patients atteints de pathologies au long cours par des dispositifs
connectés et intègre des moyens d’assistance faisant appel à l’Intelligence Artificielle. Cependant
le CNOM s’inquiète du fait que les prestations proposées directement par des plateformes privées
des assurances de santé complémentaires ou des mutuelles créent une rupture concurrentielle
dans l’organisation territoriale et le parcours de soins. Puisqu’elles sont accessibles 7 jours/7 et
24h/24, on peut craindre une « Ubérisation » des prestations médicales2 dès lors que ces
plateformes proposent un service médical à la carte, comme un produit commercial, en opposition
totale avec l’article 19 du code de déontologie3 qui dit que la médecine ne saurait être pratiquée
comme un commerce.
Une dérive commerciale4 pourrait résulter d’une réduction excessive des protections
réglementaires. Une prise en charge des patients, exclusivement en téléconsultation porterait
atteinte aux exigences déontologiques de qualité, de sécurité et de continuité des soins. Si les
professionnels des plateformes commerciales se limitaient à la pratique exclusive de la
téléconsultation, ce serait une perte de l’expérience clinique, c’est pourquoi la Caisse d’assurance
maladie limite les actes de téléconsultation à 20% du volume d’activité globale de chaque
praticien.
En 2004, l’article 32 de la loi 2004-810 relative à l’assurance maladie donne une première
définition de la télémédecine qui met en contact un patient et un médecin dans le respect des
obligations déontologiques. En 2009, la loi « Hôpital patients territoires » (HPST) dite loi Bachelot,
définit une nouvelle organisation sanitaire et médicosociale pour une offre de soins accessible à
tous sur l’ensemble du territoire, et définit la télémédecine dans l’article 78 :
«La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les
technologies de l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou
avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure
nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d’autres professionnels
apportant leurs soins au patient.
Le décret 2010-1229 du 19 octobre 2010 précise les conditions de mise en œuvre dans les
articles R 6316-2 et suivants du CSP : le consentement libre et éclairé de la personne (qui peut
être donné par voie électronique) à la consultation à distance et aux échanges d’informations
4 CNOM Mésusage de la télémédecine Rapport adopté lors de la séance du 20 décembre 2020. https://www.conseil-
national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/rapport/10ax7i9/cnom_mesusage_de_la_telemedecine.pdf.
5 Avenant n°6 à la convention médicale de 2018.
Les activités de télémédecine sont organisées dans le cadre de conventions qui définissent
les relations entre les professionnels. Ces derniers doivent avoir une formation et des
compétences techniques requises pour l’utilisation des dispositifs de communication et respecter
les dispositions relatives à la protection des données de santé à caractère personnel.
Il s’agit d’un décret important puisqu’il autorise la téléconsultation et précise les conditions
de réalisation des activités déjà en place.
6https://www.cgm.com/fra_fr/magazine/articles/2021/telemedecine-et-donnees-de-sante-quelle-protection-pour-les-
patients.html.
gestion des habilitations des utilisateurs doit être organisée pour limiter les accès aux seules
données qui leurs sont strictement nécessaires. Des niveaux d’habilitations différents et un
dispositif de gestion des traces et des incidents doivent, par ailleurs, être créés en fonction des
besoins des utilisateurs. Enfin, en tant que responsable du traitement, le professionnel de santé
doit veiller à ce que le patient ait été informé de façon claire et transparente sur les motifs
de la collecte des données, les finalités du traitement et les modalités d’exercice de ses droits
(droit d’accès, de rectification, possibilité d’effectuer une réclamation auprès de la CNIL…).
L’Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire soutient depuis 2015 le Portail coopératif
de plateforme régionale e e-santé QIMED pour la fourniture et le déploiement de la solution
technologique, socle interopérable avec hébergement de données agréées par le Ministère de la
santé8. 2 programmes sont proposés : télé-AVC et télé-gériatrie déployé dans les EHPADs.
10 https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=ad1010955.pdf.
Les médecins et les professionnels de santé se sont alors lancés dans l’organisation de
téléconsultations et ce qui correspondait également pour partie à une demande de certains
patients qui utilisaient déjà l’internet pour leurs interrogations sur la santé.
« télémédecine clinique est une activité professionnelle qui met en œuvre des
moyens de communication numériques permettant à des médecins et d’autres membres
du corps médical de réaliser à distance des actes médicaux pour des malades. La
télémédecine informative est un service de communication audiovisuel interactif qui
organise la diffusion du savoir médical et des protocoles de prise en charge des malades
et des soins dans le but de soutenir et d’améliorer l’activité médicale »15.
11 Alain Loutte Télémédecine et crise sanitaire : réflexions éthiques et politiques Démocratie N) 18 Octobre 2020 https://www.revue-
democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1452:telemedecine-et-crise-sanitaire-reflexions-ethiques-et-
politiques&catid=30&Itemid=130.
12 AM Duguet Télémédecine et COVID 19 Une croissance spectaculaire grâce aux dérogations in COVID-19 One heath et intelligence
artificielle Christian Hervé Dalloz 2022 p 409-423.
13 P.Simon et J Lucas La télémédecine n’est pas du e-commerce CNOM 22 novembre 2013.
14 Etude du LEEM Intelligence artificielle et données de santé : le mariage du futur www.leem.org.
15 https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/182901/EB99_30_fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y.
données à des tiers. Une étude conduite en UK16 sur 79 applications recommandées par le NHS a
montré que 66% ne disposent d’aucun service de chiffrement et 20% n’ont aucune politique de
protection des données, ce qui a entrainé la suppression du site. La majorité des applications de
e-santé se sont créées et développées à l’étranger en dehors de tout cadre juridique de protection
des usagers, sur une simple logique commerciale.
Les usagers qui sont friands de ces nouvelles technologies (GEEKs) ne font pas vraiment la
différence en termes de qualité de l’information/conseil qu’ils reçoivent. De plus ils confondent
les plateformes de prise de rendez-vous avec des professionnels de santé avec des services de e-
santé. En effet, en 2019 Doctolib spécialiste de la prise de rendez-vous médicaux en ligne a créé
un réseau de 70 000 professionnels de santé pour faciliter le développement de la téléconsultation
pour les praticiens qui utilisaient déjà la plateforme pour leurs rendez-vous. C’est précisément de
ce genre de réseau que le CNOM s’était inquiété en 2018.
Ces activités peuvent être réalisées avec tous les moyens permettant une vidéotransmission
(site ou application sécurisée via un ordinateur, tablette ou smartphone équipé d’une webcam
reliée à internet). Le télé soin par téléphone est autorisé. L’exonération du ticket modérateur est
accordée.
L’arrêté du 23 mars 2020 prolonge les dérogations pour la télémédecine jusqu’au 11 mai
2020 et autorise la vidéo transmission avec des outils de communication grand public (au lieu de
ceux référencés par le ministère de la santé), l’élargissement du remboursement est amené au
16 Elinez Mahdavy Les applications et objets connectés en santé 1ier février 2019 https://www.orange-
business.com/fr/blogs/applications-et-objets-connectes-en-sante.
Pour les autres professionnels de santé, la consultation à distance des sages-femmes a été
revalorisée, la téléconsultation est possible pour la prescription médicamenteuse pour IVG
médicamenteuses, ainsi que pour l’examen prénatal en téléconsultation et la préparation à la
naissance.
D’après l’assurance maladie, 5,5 millions de téléconsultations ont été remboursées entre
mars et avril 202017, ce qui représente 27% en moyenne de l’ensemble des consultations
(physiques et à distance). La moitié des téléconsultants ont moins de 50 ans, il s’agit de
généralistes libéraux (82,6%) psychiatres (6,4%), pédiatres (2%) gynécologues (1,3%).
Le profil des patients a changé : avant le confinement les plus jeunes étaient les plus
nombreux, mais les plus âgés se sont familiarisés avec ce dispositif et représentent 20% des actes
facturés.
L’Ile de France arrive en tête des régions entre septembre 2019 et avril 2020 1/5 des
facturations dont plus de 320 000 pour la ville de Paris. Un total de 18,4 millions de
téléconsultations a été réalisé en 2020 contre 140 000 en 201918.
Pendant la crise du COVID 19, les plateformes privées ont largement prospéré parce que les
mesures dérogatoires ont permis de réaliser ces actes en dehors des contraintes géographiques
et de l’examen clinique préalable. Des dérives majeures sont apparues à la suite de cet
emballement commercial. On peut citer le site « arretmaladie.fr » qui faisait sa publicité sur la
facilité d’obtenir un arrêt de maladie. La CNAM a demandé la fermeture au motif que « les arrêts
maladie ne sont pas des produits de consommation, susceptibles d’être distribués sur demande aux
patients »19 .
L’Ordre des médecins est satisfait de cet aménagement transitoire parce que l’épidémie
justifie de telles mesures.
20 https://www.ordre-sages-femmes.fr/actualites/les-sages-femmes-peuvent-realiser-des-actes-de-teleconsultation/.
Trois types de données doivent être protégées dans la pratique de la télémédecine (décret
2015-1263) ce sont des données très sensibles qui peuvent être piratées pour des utilisations
frauduleuses :1) les données nécessaires à la facturation : le numéro de sécurité sociale ou NIR
(Numéro d’Inscription au Répertoire des personnes physiques ) et les données d’identification du
malade 2) les données nécessaires à la transmission du compte-rendu de la téléconsultation :
identification, traçabilité du consentement, données cliniques. La durée de conservation est de 30
jours pour le prescripteur d’un acte de télémédecine et de 90 jours par le professionnel de santé
qui réalise l’acte. Les données cliniques sont conservées dans le dossier médical du patient sans
limite.
3.3.1 La téléconsultation
La téléconsultation est une consultation à distance dans laquelle le patient peut être assisté d’un
autre professionnel de santé (médecin, infirmier, pharmacien). Elle est réalisable partout en
France et dans les départements et territoires d’outre-mer par tout médecin quels que soient son
secteur d’activité son lieu d’exercice public privé, établissement de soins, cabinet médical, etc….
Tout patient peut bénéficier d’une téléconsultation, mais elle est initiée par le médecin qui juge de
l’opportunité d’une prise en charge à distance plutôt qu’en face à face.
Les conditions préalables citées plus haut sont impératives. Le professionnel doit pouvoir
évaluer la capacité du patient à communiquer à distance. Si possible, une préparation du patient
à l’utilisation du dispositif de télémédecine est organisée. La connexion doit être optimale et
l’image de bonne qualité autrement il faudra conseiller au patient de se déplacer vers un lieu
adapté. Le patient doit avoir eu un examen par le praticien qui s’appuie sur les données recueillies
et sur les éléments du dossier médical auquel il a accès ou qui lui sont transmises par le patient.
Exceptionnellement pendant la période du COVID il a été possible de faire des téléconsultations
Dans tous les cas, le consentement du patient est nécessaire puisque ses données
personnelles seront échangées, mais celui-ci n’assiste pas à la télé expertise. L’échange entre les
professionnels se fait par vidéotransmission, mais ce n’est pas obligatoire. Il est soit synchrone,
soit différé et transmis par messagerie sécurisée. L’équipement doit être adapté pour pouvoir
assurer la transmission d’images, de tracés etc. Le matériel de vidéo transmission comprend
l’équipement informatique, et l’abonnement à des plateformes de télémédecine), ainsi qu’un
certain nombre d’appareils médicaux connectés (oxymètre, stéthoscope, dermatoscope, otoscope,
glucomètre, ECG, sonde doppler, échographe, tensiomètre, camera, spiromètre, tympanomètre…).
Chaque utilisateur du dispositif de télémédecine dispose d’un identifiant unique : mot de passe,
carte de professionnel de santé CPS, carte à puce, clé USB …etc. La gestion des habilitations doit
être organisée pour limiter l’accès aux seules données nécessaires, ainsi qu’un dispositif de suivi
des traces pour pouvoir identifier un accès frauduleux.
23 La rémunération s’adresse à la fois au médecin requérant et au médecin requis. Le médecin requis est rémunéré à l’acte 12 € pour
Télé expertise niveau 1 (TE1) pour 4 actes par médecin et par patient et 20 € pour le niveau 2 (TE2), 2 actes par an, par médecin, pour
le même patient. Le médecin requérant reçoit un forfait 5 € pour TE1 et 10 € pour TE2 dans la limite de 500 € par an, calculé
automatiquement par l’assurance maladie sur la base des télé expertises réalisées.
3.3.3 La télésurveillance
La télésurveillance24 médicale organise le suivi à domicile des patients. Le professionnel médical
peut interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et de prendre les
décisions relatives à sa prise en charge. L’enregistrement et la transmission des données peuvent
être automatisés, réalisés par le patient lui-même ou par un professionnel de santé. Elle peut être
mise en place pour tout patient qui nécessite un suivi médical : pathologies chroniques, sortie
d’hospitalisation, etc.). La télésurveillance contribue à améliorer l’état de santé par le suivi
régulier qui permet d’adapter le traitement et de dépister précocement des anomalies.
Les diabétiques sont habitués à surveiller leur glycémie par eux-mêmes et à adapter leurs
doses d’insuline, ils ont été parmi les premiers à utiliser les programmes d’éducation
thérapeutique et les outils numériques susceptibles de faciliter leur vie quotidienne. Pour les
diabétiques, les hôpitaux de l’assistance publique de Paris ont organisé un système de
télésurveillance médicale25. Celui-ci inclut un carnet glycémique partagé entre l’équipe soignante
et le patient qui transmet ses résultats d’automesure de la glycémie, un capteur est connecté au
stylo d’insuline et à un logiciel permet de récolter les glycémies au long de la journée. Est associé
un programme d’accompagnement thérapeutique de e-learning supervisé par l’équipe soignante.
24 https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/telesante-pour-l-acces-de-tous-a-des-soins-a-
distance/article/la-telesurveillance.
25 https://www.aphp.fr/actualite/diabete-et-telemedecine-deploiement-de-la-telesurveillance-avec-le-dispositif-diabnext-lap
26 Article 36 de la loi 2021-1754 de financement de la sécurité sociale pour 2022.
le lieu de résidence sa patiente. Sont exclues les séances d’entretien et de suivi post natal.27 Des
aides financières ont été instaurées (350 € pour l’équipement de vidéotransmission et 175 € pour
l’achat d’appareils connectés). Les dispositions pour l’IVG médicamenteuse ont été pérennisées
par le décret n°2022-212 sur les IVG non médicamenteuses pratiquées hors établissements de
santé28.
Le télé soin peut être organisé pour des patients nécessitant un suivi par exemple : un
orthophoniste programme avec l’accord du patient après un bilan en présentiel, un suivi en
plusieurs séances à distance. Pour les personnes fragilisées, le kinésithérapeute peut organiser
des séances de rééducation à distance afin d’éviter des déplacements trop complexes pour le
patient, enfin pour les patients atteints de maladie chronique, l’infirmier peut proposer des
séances d’éducation thérapeutique à distance. Dans tous les cas, un compte-rendu est rédigé et
annexé au dossier du patient. D’après le référentiel de la Haute Autorité de Santé 29, 18 professions
sont autorisées à pratiquer le télé soin30 qui relève des mêmes exigences que le soin en présentiel.
Les prérequis sont ceux de la télémédecine. Le ministère de la santé a établi une liste des logiciels,
plateformes, accès web et applications que l’on peut utiliser en télésanté.
27 https://www.ameli.fr/sage-femme/actualites/teleconsultation-teleexpertise-et-actes-distance-conditions-de-realisation-et-de-
facturation.
28 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045190889.
29 https://www.has-sante.fr/jcms/p_3261198/fr/telesoin-les-bonnes-pratiques.
30 Audioprothésistes, diététiciens, épithésistes, ergothérapeutes, infirmiers, Manipulateurs radio, kinésithérapeutes, ocularistes,
opticiens-lunetiers, orthésistes, orthophonistes, orthoprothésistes, orthoptistes, podoloques, pharmaciens, podo-orthésistes,
psychomotriciens, techniciens de laboratoire médical.
31 AM Duguet Place du numérique et de l’intelligence artificielle dans l’activité médicale in L’entreprise et l’intelligence artificielle, Les
Il faut reconnaitre que la télémédecine n’est pas un substitut de la consultation face à face,
c’est un complément de l’exercice médical, elle a ses limites. En effet en psychiatrie33 la dimension
humaine de la relation est moins accessible alors que c’est une partie importante du travail des
psychothérapeutes.