Guide-Mathematiques College Web
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fondamentaux
pour enseigner
La résolution
de problèmes
mathématiques
au collège
Cet ouvrage a été coordonné par le service de l’instruction
publique et de l’action pédagogique et le service
de l’accompagnement des politiques éducatives
de la direction générale de l’enseignement scolaire
du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse
et des Sports.
6 AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
11 Résoudre des problèmes au collège :
pourquoi et comment ?
13 Prendre en compte la contrainte exercée
par les conceptions intuitives
15 Favoriser le transfert
17 Mobiliser les quatre piliers de l’apprentissage
18 Considérer la modélisation comme une stratégie
dans la résolution de problèmes
20 Contribuer à la formation d’un esprit citoyen
21 Développer les compétences du xxie siècle
CHAPITRES
I 23 Données et statistiques
24 Entrée historique
26 Point sur la recherche
27 Problème 1. Nos amis les bêtes
30 Problème 2. L’allure de la courbe
33 Problème 3. Vers des mobilités douces
36 Problème 4. Changement climatique : infox ?
39 Problème 5. Comparaison de séries statistiques
43 Problème 6. Moyennes glissantes
46 Mathématiques. Les pourcentages
au cœur de la citoyenneté
50 Mathématiques. Liens entre statistiques
et probabilités
II 55 Nombres et problèmes arithmétiques
56 Entrée historique
58 Point sur la recherche
61 Mathématiques. Les ratios et leur utilisation
62 Didactique. Le modèle en barres
63 Problème 1. Se partager des macarons
65 Didactique. Le rôle du matériel de manipulation
66 Problème 2. Les angles du triangle
sont dans un ratio
68 Problème 3. Des fractions et des proportions
71 Problème 4. L’affaire est dans le sac
73 Problème 5. Plusieurs inconnues dans le jeu
76 Problème 6. Ça texte beaucoup !
V 129 Géométrie
130 Entrée historique
132 Point sur la recherche
133 Didactique. Les outils numériques en géométrie
136 Problème 1. On me voit ! On ne me voit plus !
139 Problème 2. Figure trompeuse
142 Focus | Une séquence d’enseignement
autour des triangles et des aires
146 Problème 3. Le triangle mystère
(raisonner pour construire)
150 Problème 4. Le grand défi
(construire pour raisonner)
153 Didactique. Raisonner pour construire
et construire pour raisonner
VI 157 Grandeurs
158 Entrée historique
160 Point sur la recherche
161 Mathématiques. Notions de grandeurs,
mesures et unités
162 Problème 1. Le Curvica
164 Problème 2. Des robinets qui coulent
167 Problème 3. Coût carbone
170 Problème 4. Excès de vitesse ou pas ?
172 Problème 5. Comparer des formes
Les études internationales (Pisa, Timss) et nationales montrent une baisse inquiétante
du niveau de nos élèves dans le domaine des mathématiques, mais aussi une faible
performance dans le champ interdisciplinaire. Timss (niveaux CM1 et 4e) révèle
que les élèves français sont sous-performants dans les domaines « nombre »
et plus encore dans le domaine « présentation de données » alors que ce sont deux
domaines travaillés depuis l’école primaire. D’une manière générale, la résolution
de problèmes, qui est pourtant au cœur de l’enseignement des mathématiques, est
un point de faiblesse de nos élèves – situation analysée dans de nombreux rapports
depuis plusieurs décennies1 .
L’étude Pisa (élèves de 15 ans) dégage quant à elle des étapes dans le raisonnement
mathématique : formuler, employer, interpréter et évaluer, qui sont dans la continuité
des études Timss. Là encore, les élèves français peinent à mettre en œuvre leurs
connaissances et compétences acquises dans des situations concrètes2 .
Les six premiers chapitres proposent donc à la fois des entrées historiques, des
points de vue de chercheurs, des rappels de mathématiques, des encarts didactiques,
parfois des focus, mais surtout des exercices qui ont été analysés systématiquement
sous le même angle : pourquoi proposer ce genre de problèmes en classe, quels en
sont les ressorts de continuité ou de progressivité, mais surtout quelles stratégies
d’enseignement mettre en place concrètement ? Les analyses faites n’ont pas la
prétention d’être exhaustives et les professeurs – dans le cadre des formations
entre pairs – pourront avantageusement les compléter.
Plan du guide
Le chapitre 1 aborde des problèmes autour des données et statistiques qui mettent en
jeu des capacités comme la lecture de graphiques, l’extraction de données, l’utilisation
d’indicateurs statistiques pertinents (moyenne glissante) pour outiller les élèves
et leur permettre de devenir des citoyens capables de comprendre et d’analyser
les nombres qui les entourent.
Le chapitre 2 traite des problèmes mobilisant des notions autour des nombres telles
que les ratios, les probabilités, les pourcentages ou les fractions que l’on retrouve
souvent dans les évaluations internationales. La modélisation y tient une place
particulière et permet de prendre en compte les discontinuités bien identifiées (statut
de la lettre, sens du signe égal, etc.).
Le chapitre 4 traite des patterns, un sujet peu présent dans les classes en France
(bien que présent sous le vocable « suites organisées » à l’école primaire), alors que
les patterns sont le socle de nombreuses évaluations dans le monde anglo-saxon.
Rattachés à tort aux jeux de logique, ils sont en lien avec l’enseignement de l’algo-
rithmique et développent les pensées algorithmique et algébrique chez les élèves.
Le chapitre 5 aborde des problèmes de géométrie dans ses rapports aux instruments
(numériques, tracés) pour construire le raisonnement et aller vers la démonstration.
Les problèmes de ce chapitre illustrent aussi des situations où ce qui est visible n’est
pas suffisant pour raisonner juste ; il faut donc aussi imaginer et abstraire.
Le chapitre 6 traite des problèmes en lien avec les grandeurs, sujet clairement
identifié dans les programmes de l’école et du collège. Les problèmes de ce chapitre
visent à travailler, d’une part, les grandeurs indépendamment de leurs mesures
et d’autre part, les grandeurs quotients dans le contexte linéaire ou non linéaire.
Le chapitre 7 a une vocation transversale. Son objectif est de donner aux enseignants
un certain nombre de pistes destinées à mettre en œuvre des stratégies d’ensei-
gnement favorisant les transferts d’apprentissage par la résolution de problèmes.
Les temps de résolution de problèmes n’ont pas à être réservés à des moments
particulièrement avancés d’un cours. Au contraire, la résolution de problèmes peut
intervenir à tout moment, y compris dès les étapes introductives, sans attendre
une maîtrise complète des notions du chapitre. Un problème peut être tout à fait
adapté pour introduire de nouvelles notions. La résolution de problèmes donne
du sens, permet d’apprendre et de vérifier ce qu’on a appris. L’engagement actif
auquel elle incite peut aller de pair avec des temps d’explicitation de l’enseignant
lors de moments d’institutionnalisation ou de mises en commun pour les élèves.
Ainsi, cette activité se prête à l’articulation d’une recherche de solutions par les
élèves avec des étayages de l’enseignant, comprenant des moments d’explicitation.
Cette phase p arfois négligée est indispensable pour les apprentissages des
stratégies transférables, des propriétés pertinentes ainsi que pour la consolidation
des connaissances : il est important de savoir ce que l’on apprend à travers les
problèmes et de disposer d’une trace écrite exploitable par les élèves. Cela suppose
que la résolution de problèmes et la construction de stratégies débutent en classe
et non pas dans des situations où l’élève serait mis en situation inédite dans un
cadre isolé. Pour les devoirs de réflexion en autonomie, cela indique aussi qu’il faut
penser à la mise en place de points d’étapes avec les élèves : un devoir de réflexion
est donc accompagné.
Or les interprétations construites par les élèves peuvent être en décalage avec
la perspective adoptée par le concepteur du problème. De tels décalages sont
fréquents, car un élève, en apprentissage, ne dispose pas toujours de conceptions
suffisamment élaborées des notions mathématiques impliquées dans le problème à
résoudre. La notion « d’angle mort de l’expertise8 » traduit l’idée qu’il peut être difficile
pour un enseignant, expert de son domaine, de percevoir les difficultés des élèves,
car cela demande une difficile décentration.
L’interprétation d’un problème est contrainte par les conceptions intuitives attachées
aux notions mathématiques impliquées dans ce problème. Depuis les années 1980,
de nombreux travaux ont en effet montré que les notions enseignées sont l’objet de
conceptions reposant sur des connaissances familières, issues de la vie quotidienne
et qui orientent la manière dont un élève se représente initialement une notion.
Il peut s’agir par exemple de l’idée que le signe égal sépare un processus du
résultat de ce processus, qu’un ensemble est une collection de plusieurs objets, que
soustraire, c’est chercher le résultat d’un retrait, qu’additionner, c’est chercher le
résultat d’un ajout, que multiplier, c’est réaliser une addition répétée, que diviser,
c’est rechercher la taille de la part dans un scénario de partage équitable ou encore
qu’un nombre décimal est composé de deux nombres entiers séparés par une virgule,
qu’une fraction est un rapport d’une partie sur une totalité9. De telles conceptions
intuitives ont un champ de validité, c’est-à-dire un ensemble de situations pour
lesquelles la référence à la conception intuitive conduit à la même conclusion que la
référence à la notion scolaire. À l’intérieur de ce champ de validité, les problèmes vont
être en général plutôt facilement résolus par les élèves, car la concordance entre la
conception intuitive et la notion scolaire permet d’aboutir à la solution recherchée.
Favoriser le transfert
En effet, les encodages se font souvent selon des dimensions non pertinentes sur
le plan mathématique, ce qui n’est pas surprenant, étant donné que lorsque les notions
concernées sont peu acquises, d’autres indices, plus saillants mais moins pertinents
sur le plan mathématique, peuvent venir se substituer. Ainsi, il a été montré que des
élèves de collège à qui l’on demande de regrouper ensemble les problèmes mathé-
matiquement reliés ont tendance à privilégier des aspects thématiques (par exemple,
mettre ensemble des problèmes d’achat) plutôt que les principes de résolution
(par exemple, un calcul de moyenne pondérée). Les critères de regroupement sont
directement fonction de la performance scolaire : les élèves les plus performants
s’appuient sur les principes de solution, alors que les moins performants privilégient
des indices superficiels, non pertinents sur le plan mathématique14 .
Un enjeu essentiel est donc que les élèves n’encodent pas les énoncés travaillés
en classe selon les seuls traits superficiels, ce qui les mettrait en échec dès
lors qu’un nouveau problème cesserait de partager l’habillage du problème
d’entraînement, mais qu’ils soient en mesure de repérer des propriétés qui sont
pertinentes sur le plan mathématique : c’est dans ce cadre que le professeur
joue un rôle essentiel. Une manière d’améliorer la qualité de l’encodage est
d’amener les élèves à résoudre des problèmes qui partagent le même principe
mathématique mais sont dissociés sur le plan des traits superficiels. Cela laisse
la possibilité d’évaluer si les élèves qui ont travaillé un principe dans un certain
contexte ont suffisamment saisi les dimensions pertinentes pour mettre en
œuvre les mêmes principes mathématiques dans des contextes superficiellement
différents 16 . Par exemple, un énoncé tel que « Je paie 3 € pour 7 kg de tomates.
( )
sivement le prix d’un kilogramme de tomates 3 € puis multiplier par la quantité
7
recherchée (x 5). Un tel problème sera souvent bien résolu par les élèves, mais il
sera intéressant de travailler également un énoncé tel que « 3 pastèques pèsent
7 kg. Combien faut-il acheter de pastèques pour totaliser un poids de 5 kg ? », qui
est susceptible de poser des difficultés dans la mesure où l’on est tenté de chercher
en premier lieu le poids moyen d’une pastèque ( 7 kg), alors que c’est la quantité de
3
pastèque par kilogramme qui est la donnée pertinente.
Dans cette perspective, il a régulièrement été introduit dans les chapitres du guide,
en sus des énoncés dont la résolution est développée, un ou plusieurs autres qui sont
de même nature sur le plan des principes mathématiques en jeu et de la démarche
de résolution, mais éloignés sur le plan des traits superficiels.
Le travail de consolidation n’est pas moins crucial en résolution de problèmes que dans
d’autres activités mathématiques. En effet, il s’agit progressivement de se décharger
d’aspects coûteux cognitivement de l’activité afin de libérer des ressources et d’être
en mesure de centrer sa recherche sur les aspects plus conceptuels et plus propres
au problème à résoudre. Les automatismes facilitent la résolution de problèmes, qui
elle-même donne du sens aux notions. Ainsi, il s’agit de favoriser, par la pratique de la
résolution de problèmes, le développement d’une reconnaissance de plus en plus directe
des types de problèmes rencontrés et des stratégies efficientes pour les résoudre. Les
élèves apprennent de cette manière à articuler des automatismes avec la résolution de
problèmes. Ces automatismes peuvent se manifester sur différents plans, qu’il s’agisse
d’aspects calculatoires, qui peuvent avoir été travaillés aussi durant les phases de
cours, ou d’activités de modélisation (voir le paragraphe ci-dessous) pour lesquelles le
codage des situations deviendra de moins en moins coûteux. Lors de la fréquentation
des différents types de problèmes dans des contextes variés, l’écrit institutionnalisé
(ce qu’il faut retenir, comprendre, apprendre) constitue un corpus de connaissances et
de procédures automatisées, immédiatement disponibles en mémoire, contribuant au
développement de l’autonomie des élèves en résolution de problèmes.
Considérer la modélisation
comme une stratégie dans
la résolution de problèmes
18 — Voir plus loin le paragraphe sur les compétences du xxie siècle, p. 21.
19 — Introduction
Qu’il s’agisse de s’appuyer sur la modélisation en barres, sur les nombres rectangles19
ou sur d’autres modélisations, l’enjeu pour l’élève est d’aller au-delà de l’interprétation
première de la situation présentée, qui peut s’avérer inappropriée, pour élaborer une
stratégie opportune de résolution, et de la coder selon un formalisme plus pertinent
sur le plan mathématique. Par exemple, la conception intuitive de la multiplication
comme une addition répétée rend difficile de saisir la propriété de commutativité, car
il n’y a rien d’intuitif à ce que « a fois le nombre b soit égal à b fois le nombre a » ; en
revanche, une modélisation par un nombre rectangle met en avant la commutativité
dans la mesure où l’aire du rectangle demeure inchangée quel que soit le statut de a
et de b dans l’énoncé. L’importance de travailler la modélisation découle de la difficulté
de passer du registre des représentations à celui du calcul20. Il s’agit donc pour les
élèves de représenter la situation dans un format qui mette en avant les propriétés
mathématiquement pertinentes et dont peut découler une résolution.
Pour l’enseignant, placer l’emphase sur la modélisation dans les activités de résolution
de problèmes permet de s’assurer que les élèves sont en mesure d’adopter un codage
pertinent de la situation sur le plan mathématique et de s’engager dans la résolution.
Cela permet également de faciliter le transfert d’apprentissage dans la mesure où une
modélisation commune de deux énoncés qui diffèrent par leur habillage rend explicite
la structure mathématique partagée et les similitudes des stratégies de résolution.
La modélisation élaborée par un élève face à un problème qui lui est présenté rend
possible de repérer si les difficultés rencontrées relèvent de la modélisation pro-
prement dite ou davantage de l’élaboration des stratégies de résolution sur lesquelles
la modélisation s’appuie. Si la modélisation est pertinente, les difficultés sont de l’ordre
de la mise en œuvre de la procédure de résolution ; elles peuvent par exemple relever
de difficultés calculatoires. En revanche, une modélisation inadéquate est indicatrice
de difficultés de codage de la situation et appelle un travail de mise en lien de l’inter-
prétation première de l’élève avec le modèle. La modélisation réalisée par l’élève peut
avoir également une visée diagnostique pour l’enseignant ; elle est en effet informative
d’éventuelles incompréhensions qui ont conduit cet élève à des choix représenta-
tionnels en décalage par rapport aux modélisations mathématiquement pertinentes.
Contribuer à la formation
d’un esprit citoyen
Il s’agit notamment pour les élèves d’aboutir à une approche mieux informée en
contrant certains biais cognitifs qui conduisent, du fait d’interprétations inadéquates
de données statistiques, à des jugements et des prises de décision erronés relatifs
à des phénomènes sociétaux. Par exemple, le biais de ratio se traduit par une prise
en compte, dans une fraction, non pas du seul rapport entre deux nombres, mais
de la grandeur même des nombres au numérateur et/ou au dénominateur. Le biais
de ratio conduit par exemple à estimer à tort que 38/112 est plus grand que 5/12,
sous l’influence du fait que 38 et 112 sont tous deux de grands nombres par rapport
à 5 et à 12. Il donne également l’impression erronée qu’un événement qui se produit
5 fois par semaine est plus rare qu’un événement qui se produit 200 fois par année.
( 60
40 % 20 % )
% x 80 % . Et si 95 % de cette population était vaccinée,
( )
vaccinée que si elle est vaccinée 60 % x 95 % 22 . Il peut aussi
40 % 5 %
être intéressant de travailler avec les élèves l’affirmation
que dans une population intégralement vaccinée, 100 % des
infectés sont vaccinés, ce qui est compatible avec tout niveau d’efficacité du vaccin.
Dans les différents chapitres de ce guide, a été soulignée la diversité des contextes
où les mathématiques contribuent au développement de l’esprit critique et à la
formation d’un esprit citoyen.
Les six compétences mathématiques que l’on retrouve dans les programmes français
de l’école primaire au lycée (chercher, modéliser, représenter, calculer, raisonner
et communiquer) sont travaillées à travers la résolution de problèmes avec l’objectif
de développer des compétences transversales pérennes et transférables au-delà des
mathématiques (par exemple, savoir utiliser l’information, communiquer c lairement
et de manière synthétique).
Aux côtés des compétences mathématiques, le programme Pisa précise six concepts
clés qui structurent le raisonnement mathématique en lien avec ces compétences
du xxie siècle, qui résonnent à travers les contenus des programmes du collège
et la résolution de problèmes26 .
Entrée historique
Cependant, c’est à John Graunt (1620-1674)28, un riche mercier londonien, que l’on
attribue le premier traité de démographie mathématique, c’est-à-dire le premier
travail dans lequel on effectue des calculs sur des données brutes pour en tirer de
l’information.
À partir des bulletins de mortalité qui avaient été dressés à Londres pour recenser
les morts de la peste et des registres paroissiaux répertoriant les naissances,
mariages et décès, Graunt a effectué les premières études statistiques sur
la proportion de morts dus à la peste ou à d’autres causes, le nombre moyen
d’enfants par ménage, le rapport du nombre de garçons et du nombre de filles à la
naissance, ou encore l’évaluation de la population de Londres et de sa croissance
en l’absence de recensement.
Figure 1. Diagramme
en bâtons de William
Playfair représentant
les exportations
et importations de l’Écosse
vis-à-vis des autres pays.
Au quotidien, les élèves sont entourés de multiples données issues de divers médias
ou des différentes disciplines enseignées. Il apparaît nécessaire que l’enseignement
de la statistique « contribue à former l’enfant en tant que futur citoyen à la littératie
numérique31 ».
Que les élèves soient confrontés à une démarche statistique dans son ensemble
est important afin qu’ils s’interrogent sur la nature des données à recueillir dès
la conception de l’enquête, à leur dépouillement, à leur traitement (choix des outils
numériques, d’organisation et de représentation des données) ; c’est un levier pour
l’enseignement. Choisir des indicateurs, interpréter des données développent un
regard critique. L’enquête peut s’appuyer sur des grandeurs et ainsi interroger
la nature du protocole et l’incertitude de la mesure. C’est l’occasion d’observer
la variabilité des données, étape indispensable selon Yves Chevallard et Floriane
Wozniak : « La vision statistique conduit à regarder les objets du monde naturel ou
social, non comme le siège de grandeurs fixes, mais de grandeurs variables32 . »
Nos résultats de recherche portent sur le travail de l’enseignant sur la simulation d’ex-
périences aléatoires33. La simulation, qui fournit des données, relie les probabilités et
la statistique via l’approche fréquentiste des probabilités. Si des expériences aléatoires
peuvent être réalisées à la main, les simulations ont une importance croissante grâce
aux logiciels disponibles. En séance de lesson study adaptée34 , nous avons proposé
le « jeu du lièvre et de la tortue » à des enseignants 35 : une course se passe entre
un lièvre et une tortue sur un parcours à six cases. On lance un dé, s’il tombe sur six,
le lièvre a gagné, sinon, la tortue avance d’une case. Qui a le plus de chance de gagner ?
35
30
25
20
15
10
5
Nombre
0 d’animaux
0 1 2 3 4
Énoncé
On a demandé aux élèves des trois classes de 6e du collège Anatole France combien
d’animaux de compagnie vivaient avec eux. On a représenté les résultats dans le
diagramme suivant.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème peut être proposé du cycle 3 au cycle 4. Il peut être décliné en modifiant
les affirmations, le type de diagramme proposé ou le contexte, qui doit malgré tout
rester proche de l’environnement des élèves afin de ne pas ajouter une difficulté
supplémentaire.
En cycle 3, on insistera davantage sur le vocabulaire : moitié, quart, triple, deux fois
moins que, deux fois plus, etc. On pourra aussi débuter un travail sur les pourcen-
tages simples (25 %, 50 %, 10 %) en faisant le lien entre fraction et pourcentage37.
Stratégies d’enseignement
Avant de rédiger leurs réponses, les élèves devront au préalable mener un raison-
nement et comprendre ce que signifie justifier une affirmation dans un tel problème.
Les justifications attendues pourront facilement être différenciées : justification orale,
non rédigée (écrit intermédiaire) ou complètement rédigée. En cycle 3, la justification
orale sera une manière efficace de lever la barrière de l’écrit qui pourrait décou-
rager des élèves en difficulté à s’engager dans la tâche proposée. Petit à petit, il sera
important de les amener à structurer leur réponse et à ordonner leurs arguments
pour ensuite faire le lien vers l’écrit. Les premiers écrits pourront être maladroits
et peu structurés, et il sera alors important de garder une trace écrite de plusieurs
justifications construites avec l’ensemble de la classe, qui constitueront un ensemble
de modèles sur lesquels les élèves pourront prendre exemple. Progressivement, on
encouragera les élèves à rédiger leur réponse. Il pourrait être demandé, dans un
premier temps, de justifier une seule des réponses à l’écrit, chaque élève choisissant
celle qui lui semble la plus accessible. La compétence « communiquer » est au cœur
de ce travail de justification. Le vocabulaire précis permettra à chacun de se faire
comprendre et de comprendre l’autre.
Dans les questions de niveau cycle 4, un enjeu porte sur le lien à construire entre
l’utilisation de formulations courantes plus complexes comme « la plupart », « au moins
un », « aucun », qu’il convient de traduire en langage mathématique. Dans l’affir-
mation c., il faudra non seulement comprendre la phrase, mais aussi mener à bien
des calculs liés au pourcentage. Enfin, l’affirmation e., plus complexe, montre toujours
l’importance des reformulations pour comprendre les affirmations. Il pourra être
utile de proposer des exemples plus simples pour les élèves en difficulté.
Problème 2.
L’allure de la courbe
Énoncé
Degrés
Celsius
Heures
31 — Données et statistiques
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème peut être proposé dès la classe de 6e. Le contexte choisi est très
familier aux élèves. Pour résoudre cet exercice, les élèves devront utiliser leurs
connaissances de leur environnement (la salle se réchauffe à cause du chauffage,
du soleil, de la présence des élèves, etc.).
Stratégies d’enseignement
La production attendue est un texte court et rédigé, qui décrit les variations de la
courbe et le lien existant entre les deux grandeurs présentes.
32 — Données et statistiques
L’objectif principal de cet exercice, qui doit être explicité avec les élèves, est de relier
les deux grandeurs et de décrire ce lien. Le professeur veille à bien expliciter ses
attentes en matière de texte écrit et de vocabulaire employé : des mots-clés pour-
raient être donnés soit sous forme de coup de pouce, soit lors d’une première phase
de mise en commun, après un temps de recherche pour aider à la rédaction du texte,
soit avant le début de la rédaction du texte, après une discussion avec la classe.
Souvent déstabilisés dans un premier temps, les élèves sont amenés à observer la
représentation graphique dans son ensemble. Le professeur peut inciter chacun
à interpréter ce qu’il observe, à préciser son vocabulaire, mais aussi, lorsque les
groupes sont assez à l’aise, à affiner ses observations et à développer davantage
son argumentation.
Aux élèves qui ne démarrent pas l’activité, le professeur pourra demander une des-
cription de ce qu’ils voient sur le graphique (les deux axes, les grandeurs nommées
sur ces axes et enfin la courbe). Il est important d’accepter dans un premier temps
des formulations du type « la courbe monte » ou « la courbe stagne ». Un travail en
binôme permet de travailler ces formulations orales entre pairs avant la phase de
rédaction. Puis les éléments fixes des repères peuvent être mis en avant : l’origine,
les axes perpendiculaires, l’orientation des axes, le nom des grandeurs qui y sont
représentées. Cependant, il manque l’unité de graduation sur chacun des axes. Il sera
intéressant de mener un dialogue avec eux pour établir l’utilité de la graduation dans
un tel exercice.
Une fois les textes rédigés, un retour sur la lecture de la représentation graphique et
l’interprétation que l’on peut en faire est nécessaire. On pourrait par exemple attendre
un texte du type : « Ce graphique représente l’évolution de la température en degré
Celsius en fonction des heures au cours d’une journée dans une salle de classe.
— On remarque que la température augmente en début de journée (à cause
du chauffage et de la présence des élèves) ;
— puis la température ne varie plus pendant une certaine durée ;
— enfin la température diminue en fin de journée (à cause de la baisse de la
température extérieure et des élèves qui quittent la salle). »
Une dernière étape pourrait être de donner un ordre de grandeur des valeurs
à inscrire sur les axes. Dans quelle plage horaire peut-on imaginer s’intéresser
à la température d’une salle de classe ? Les élèves (particulièrement ceux de
6e) ont besoin de confronter leurs connaissances sur leur environnement et la
réalité. Cela permettra d’apporter de la cohérence à la représentation graphique.
La description pourrait être reprise avec des valeurs numériques décidées avec
l’ensemble de la classe (en lien avec l’enseignant de physique par exemple). La notion
de graduation pourra aussi être revue.
33 — Données et statistiques
Problème 3.
Vers des mobilités douces
Énoncé
Dans un collège, 112 élèves viennent en voiture, autant viennent à vélo, 56 viennent
en bus et 280 viennent à pied.
a. Un seul de ces diagrammes circulaires représente le mode de déplacement des
élèves de ce collège. Lequel ?
Voiture Voiture
Bus
Bus À pied À pied
Vélo
Vélo
Diagramme 1 Diagramme 2
Voiture Voiture
Vélo
Vélo
Diagramme 3 Diagramme 4
34 — Données et statistiques
b. Compléter le tableau ci-dessous, puis choisir les nombres appropriés pour graduer
le diagramme en bâtons qui représente ces données.
Mode de
déplacement
Mobilités
non douces
Mobilités
douces
Nombre
… … … … … … … …
d’élèves
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Dès le début du cycle 3, les élèves lisent, interprètent et exploitent des données pré-
levées dans des tableaux ou sur des représentations graphiques. Ils construisent
aussi des représentations graphiques (diagrammes en bâtons, circulaires ou
semi-circulaires, graphiques cartésiens) ou des tableaux (en deux ou plusieurs
colonnes, à double entrée). La construction de diagrammes circulaires est un
attendu de fin d’année de 6e, une fois que la mesure des angles a été mise en place.
35 — Données et statistiques
Il est également attendu que les élèves organisent des données réelles, issues de
la vie quotidienne ou d’autres enseignements (sciences et technologie, histoire et
géographie, éducation physique et sportive, etc.) en vue de les traiter.
Stratégies d’enseignement
Ce type de problème peut être utilisé à l’oral en question flash pour des cas simples,
mais aussi à l’écrit pour approfondir l’argumentation, le calcul, la rédaction.
(
(25 ; 50 ; 100 ; 125). De même, leurs proportions peuvent être modifiées 1 ; 1 ; 1 ou
3 6 2 )
être exprimées en pourcentages (5 % ; 20 % ; 25 % ; 50 %). On peut également utiliser
moins de catégories. À l’inverse, des nombres plus difficiles, comme des multiples
Problème 4.
Changement climatique : infox ?
Énoncé
En janvier 2019, alors que le nord des États-Unis était touché par une vague de froid
glacial avec des températures ressenties descendant jusqu’à –50 °C à certains
endroits, le président américain Donald Trump a tweeté le message suivant :
« Dans le magnifique Midwest, les températures ressenties atteignent –51 °C, le plus
froid jamais enregistré. Dans les prochains jours, on s’attend à ce qu’il fasse encore
plus froid. [...] Que diable se passe-t-il avec le réchauffement climatique ? S’il te plaît,
reviens vite, on a besoin de toi38 . »
À partir des documents suivants, commenter ce tweet en prenant appui sur des
indicateurs statistiques et/ou un graphique approprié.
Doc 1. Températures relevées dans quelques villes du Midwest américain en janvier 2019.
38 — https://www.cnews.fr/monde/2019-12-08/lannee-2019-de-
donald-trump-resumee-en-10-tweets-906635
39 — https://www.insu.cnrs.fr/fr/difference-meteo-climat
37 — Données et statistiques
Source : Noaa, National centers for environmental information, National oceanic and atmospheric administration40.
Doc 3. Écart de température (moyenne annuelle) par rapport aux températures moyennes relevées durant le xxe siècle.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
40 — https://www.ncdc.noaa.gov/cag/global/time-series/globe/
land_ocean/12/1/1880-2021
38 — Données et statistiques
Le problème peut être donné à tous les niveaux du cycle 4, par exemple en appro-
fondissement lors de l’exploitation des indicateurs statistiques et la construction
de l’argumentation.
Stratégies d’enseignement
Il est attendu des élèves qu’ils commentent ce tweet : le professeur devra expliciter
ce qu’ils doivent produire et questionner le terme « commenter ». Il s’agira ici de
produire un texte qui argumente l’avis formulé par l’élève sur le tweet et qui s’appuie
sur un ou plusieurs des documents.
Les élèves ne devront pas se contenter d’une analyse superficielle des documents
même si c’est une première étape de leur travail. Par exemple, certains diront que
la courbe du document 3 a tendance à augmenter et passe du bleu au rouge, donc
le « réchauffement climatique » est réel. Le professeur peut valider cette première
étape d’analyse et d’argumentation, mais il incite aussi à exploiter le document plus
en profondeur, en utilisant des indicateurs, par exemple, et à le mettre en lien avec
les autres.
Il est possible de demander aux élèves d’ajouter des légendes sur les axes, en
précisant que ce graphique est issu d’un site Internet et n’a pas été modifié.
39 — Données et statistiques
On attend des élèves qu’ils comprennent que même s’il y a bien eu une vague de
froid glacial dans le Midwest américain, cela ne remet pas en cause le changement
climatique, comme le sous-entendait le tweet où le président américain confondait
les notions de météo et de climat (différence entre une mesure isolée et une tendance
moyenne sur des séries longues). Certains élèves peuvent mettre en avant le
changement climatique en exploitant le document 1 et en prenant une position favorable
au tweet de Donald Trump. Mais cela sous-entend qu’ils ne prendront pas en compte
les documents 2 et 3. D’autres élèves exploiteront le document 3 et pourraient vouloir
étudier l’évolution des températures sur les 30 dernières années afin d’en exploiter la
moyenne, la médiane et l’étendue (voire les moyennes glissantes41) à l’aide d’un tableur.
Problème 5. Comparaison
de séries statistiques
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème vise à faire analyser des séries de données, utiliser et interpréter des
indicateurs statistiques variés. Il s’approche d’un travail de prise de décision néces-
sitant une hiérarchisation des indicateurs utilisés comme critères de comparaison.
Les indicateurs statistiques apparaissent et sont répartis sur les trois années
du cycle 4. Chaque nouvel indicateur doit permettre une meilleure analyse de la
série statistique.
Ce problème nécessite des prises d’initiatives de la part des élèves. Ils doivent
maîtriser au minimum la moyenne d’une série, mais s’il est proposé en début de
séquence au niveau 3e, les élèves sont amenés à réactiver la notion de médiane,
indicateur moins sensible aux valeurs extrêmes que la moyenne. Plus ou moins
guidés par leur professeur, ils pourront ensuite être amenés à comparer les valeurs
extrêmes et donc à découvrir la notion d’étendue. Ces différents indicateurs se
côtoient dans un exercice relativement facile où l’on peut dégager leurs différences
et leurs intérêts respectifs.
Stratégies d’enseignement
Ce problème peut être effectué en groupes, ce qui permettra une répartition des
tâches, la vérification des calculs, le partage des idées de méthode et l’élaboration
d’une argumentation solide. La calculatrice ou le tableur sont indispensables.
Le professeur veillera à faire comprendre aux élèves que comparer veut d’abord
dire établir les ressemblances et les dissemblances, avant de chercher à établir
des critères de valeurs.
Les groupes s’engagent facilement dans une démarche en commençant par des
observations. La première est le constat que les valeurs de toutes les séries sont
rangées dans l’ordre croissant sauf pour la dernière série (cela sera une incitation
à ranger les valeurs de cette série). Les élèves appuient souvent leurs comparaisons
sur les valeurs extrêmes. Le professeur les amènera à rédiger ces premiers
éléments, puis à constater par eux-mêmes qu’ils permettent difficilement de décider
quelle classe a les meilleurs résultats, par exemple. La troisième série a la valeur
minimale la plus petite mais la valeur maximale la plus grande de toutes les séries,
alors que la quatrième série a une valeur minimale bien supérieure à celle des autres
séries et une valeur maximale bien inférieure.
42 — Données et statistiques
Le premier indicateur de calcul statistique rencontré par les élèves dans leur
scolarité est la moyenne. Elle est donc très vite calculée par les élèves pour toutes
les séries. Mais ils découvrent qu’elles ont toutes une moyenne de 39 secondes, ce
qui ne permet pas de différencier les résultats des quatre classes. Si le professeur
veut orienter vers des indicateurs enseignés, il évoquera la médiane ou simplement
le fait que les trois premières séries n’ont pas été rangées dans l’ordre croissant
par hasard et qu’un autre indicateur déjà rencontré en classe peut être déterminé.
La première série a la plus grande médiane : le professeur veillera à ce que les élèves
ne se contentent pas de le constater mais rédigent ce que cela signifie. Cependant, les
séries de la classe Poséidon et de la classe Nautic ont la même médiane (plus petite),
ce qui ne permet pas de conclure.
Les élèves doivent donc aller plus loin dans leur investigation. Pour cela, on peut
considérer différentes stratégies :
— l’étendue d’une série a déjà été enseignée, et les élèves doivent la réinvestir ;
— l’étendue n’a jamais été enseignée, mais le professeur laisse les élèves libres
de déterminer un nouveau critère. Cette stratégie demande plus de temps
mais amène des éléments très intéressants. Il arrive que des groupes utilisent
l’étendue sans savoir la nommer, mais ils peuvent aussi créer des critères moins
« scolaires » qui permettent de différencier les différentes séries, par exemple,
le nombre de nageurs qui ont plus de la moyenne, ou le nombre de nageurs qui
ont un temps inférieur à 30 secondes, ou un temps d’au moins 41 secondes, etc.
Au-delà de ce nouvel indicateur, les élèves proposent assez souvent des critères
proches des quartiles ou des déciles. Cela pourra être accompagné par le professeur
dans le cadre d’une différenciation, avec des groupes qui seront assez efficaces
pour explorer aussi cet aspect dans le temps imparti.
Énoncé
1. Le tableau (voir p. suivante) présente ces mesures sur deux jours consécutifs de
juillet 202143.
a. À l’aide d’un tableur, construire la courbe qui représente la concentration d’ozone
dans l’air en fonction du temps pour ces deux jours.
b. Déterminer la concentration moyenne pour chacune des journées et comparer
ces moyennes. Que pourrait-on en conclure ?
c. Un journaliste affirme : « La concentration d’ozone dans l’atmosphère baisse
beaucoup à la fin du deuxième jour, c’est donc bon signe : la ville a réussi à a
méliorer
sa qualité de l’air ! » A-t-il raison ? Argumenter.
2. L’ozone a des effets néfastes sur la santé. Selon l’Organisation mondiale pour la
santé (OMS), ses effets sont considérés comme acceptables lorsque la concentration
est inférieure à 100 µg/m3 en moyenne sur 8 heures consécutives 44 .
a. Combien de ces moyennes (appelées moyennes glissantes ou mobiles) peut-on
calculer sur ces deux journées ?
b. À l’aide du tableur, calculer toutes ces moyennes. L’une de ces journées est-elle
une journée à risque selon l’OMS ? Justifier.
Jour 1 Jour 2
0h 60 60
1h 58 53
2h 57 49
3h 66 44
4h 65 37
5h 67 48
6h 69 50
7h 70 54
8h 72 58
9h 85 68
10 h 110 94
11 h 119 120
12 h 120 130
13 h 102 139
14 h 82 121
15 h 93 102
16 h 85 95
17 h 81 78
18 h 89 64
19 h 84 60
20 h 79 57
21 h 73 52
22 h 69 42
23 h 65 40
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
L’utilisation du tableur est ici incontournable, à la fois pour représenter les données
par un graphique pertinent (les tests et modifications sont possibles rapidement)
et pour effectuer des calculs nombreux et répétitifs.
Cet exercice peut être proposé en fin de cycle 4 (4e ou 3e). Il demande peu de prérequis,
si ce n’est le calcul de moyenne et l’utilisation d’un tableur, mais les élèves devront
également analyser les résultats trouvés et argumenter cette analyse.
Stratégies d’enseignement
En binôme, les élèves pourront confronter leurs idées (notamment sur le choix de
la représentation graphique) et mettre en avant leurs arguments. En circulant d’un
groupe à l’autre, le professeur s’assurera qu’ils n’ont pas choisi un graphique sans
raison et que la notion de moyenne glissante est comprise.
Pour traiter la deuxième partie de l’énoncé, les données des deux jours seront
présentées en une seule colonne dans un tableur. Dans la question 2. a., on cherche à
déterminer le nombre de moyennes glissantes que l’on peut calculer avec seulement
48 valeurs consécutives. On ne peut alors calculer que 41 de ces moyennes.
On veillera à ce qu’elles soient affichées avec au moins une décimale afin de ne pas
fausser le résultat de la question suivante.
Pour aider les élèves à répondre à la question 2. b., le professeur pourra suggérer
une mise en couleur des différents types de valeurs : celles qui sont acceptables
(moyennes sur 8 heures consécutives inférieures à 100 µg/m3) ou celles qui ne le sont
pas (supérieures à 100 µg/m3). L’expression de la justification de la dernière question
est importante et sera mise en regard avec la réponse apportée à la question 1. b.
Le texte produit par les élèves nécessitera une correction du professeur afin de leur
permettre d’étoffer leurs argumentations. Là encore, le professeur fera apparaître
clairement que le choix d’un critère est important et que son respect est primordial
lorsque l’on doit interpréter, voire prendre des décisions. En effet, dans les villes, la
création d’ozone dans l’air est due entre autres à une réaction photochimique des
gaz d’échappement des véhicules en cas de chaleur. En cas de dépassement de la
quantité d’ozone dans l’air, certains arrêtés municipaux conduisent à limiter le trafic
routier par discrimination des véhicules.
Rappelons tout d’abord qu’un pourcentage est un nombre (et non un opérateur),
égal à une fraction de dénominateur 100. Il permet de représenter une proportion,
et par suite une fréquence, et peut donc se déterminer comme le quotient de la valeur
d’une partie par la valeur de la totalité. Ce quotient sera ensuite écrit comme une
fraction de dénominateur 100, en utilisant une valeur approchée le cas échéant.
Par exemple, si parmi 2 500 skieurs, 1 800 ont acheté un forfait de remonte-
pente d’une journée, leur proportion sera : 1 800 = 72 . Ce dernier nombre se lira
2 500 100
« 72 centièmes » ou « 72 sur 100 », ou encore « 72 ». On a ainsi l’égalité 72 = 72 %.
100 100
On retiendra donc que la notation sous forme d’un pourcentage résulte de la
détermination du nombre de centièmes et en aucun cas d’une multiplication de
la proportion par 100.
Éléments de progressivité
C’est au cycle 3 et au début du cycle 4 qu’on s’assure que l’usage des pourcentages
en tant que représentation des proportions est maîtrisé. Les pourcentages facilitent
la représentation mentale d’une situation de rapport entre deux valeurs en tant que
données relatives (c’est-à-dire en tant que proportion et non par comparaison de
données brutes) pour un total ramené à 100. Ce nombre permet d’évaluer rapidement
une proportion donnée, et notamment de comprendre si la partie considérée est
importante ou non, en comparaison des autres et au regard du contexte. La résolution
de problèmes permet cette familiarisation avec le rapport à 100. Par exemple, on
pourra proposer le problème suivant : « On a interrogé deux classes de 4e. En 4e A,
20 élèves sur 27 ont un smartphone alors qu’en 4e B, la proportion d’élèves ayant un
smartphone est de 26 sur 28. Exprimer sous forme de pourcentage les proportions
d’élèves ayant un smartphone dans les deux classes. »
48 — Données et statistiques
C’est à partir de la classe de 5e que l’on attend que l’élève sache relier fraction,
proportion et pourcentage, où ce dernier est traité comme cas particulier de repré-
sentation dans le cas général. En exercice, le pourcentage sera alors appliqué en se
ramenant à une multiplication par une fraction sur 100. Par exemple, prendre 30 %
d’une quantité, c’est prendre 30 centièmes de cette quantité, donc multiplier par 30
100
(que l’on peut décomposer en multiplier par 30 et diviser par 100). Le professeur
pourra systématiquement prononcer ou faire prononcer « trente centièmes » pour
une écriture « 30 ». Là encore, les exercices de calcul mental et les questions flash
100
avec des contextes simples seront nombreux afin que les automatismes libèrent la
mémoire et la réflexion lors de la résolution de problèmes complexes.
Tout au long du cycle 4, les liens entre l’écriture décimale, les écritures fractionnaires
et l’écriture en pourcentage seront entretenus dans des exercices de calcul mental
et mis en œuvre lors de résolution de problèmes. Le professeur fait souvent le lien
entre la formulation mathématique et le langage naturel pour maintenir à l’esprit
le sens de la proportion ramenée à 100 : par exemple, lorsque 28 % des personnes
d’une assemblée ont moins de 14 ans, cela veut dire que si l’assemblée comportait
100 personnes, 28 d’entre elles auraient moins de 14 ans. L’assemblée ne comporte
peut-être pas 100 personnes, mais la proportion reste la même.
La schématisation peut être une aide importante pour les élèves. Elle peut prendre la
forme d’un diagramme circulaire, qui peut être donné par le professeur pour gagner
du temps lorsque l’objectif de la séance n’est pas la construction d’un tel diagramme,
mais aussi d’une barre partagée, ce qui sera exécuté plus rapidement. L’exemple
ci-après permet de montrer comment utiliser la schématisation en barres décrite
dans le chapitre 2 de ce guide.
Voici un schéma en barres qui pourrait être produit au tableau pour représenter la
situation :
8 (nombre
de « 6 » obtenus)
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
10
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
100
petites barres égales, même si ce serait encore utile pour certains élèves. Le pro-
fesseur fera donc évoluer dans les énoncés de ses problèmes les nombres employés :
ils permettront d’abord, et à plusieurs reprises, un schéma en barres assez simple,
puis on s’affranchira du schéma dans des cas de nombres plus complexes (23 %
par exemple).
50 — Données et statistiques
Mathématiques.
Liens entre statistiques
et probabilités
Dans les attendus de fin d’année de 3e, il est précisé que « l’élève fait le lien entre
stabilisation des fréquences et probabilités ». La simulation d’expériences aléatoires
à l’aide d’un tableur ou du logiciel Scratch permet de générer un grand nombre de
répétitions de cette expérience. La fréquence d’apparition des issues lors de ces
simulations permet d’estimer la probabilité de chaque issue et de confronter cette
estimation au modèle probabiliste lorsque cela est possible. En effet, la probabilité
d’un événement est égale à la limite de la fréquence de réalisation de cet événement
lorsque le nombre de répétitions d’une même expérience tend vers l’infini (loi forte
des grands nombres, convergence presque sûre). Il ne s’agit pas d’enseigner cette
définition au collège, mais de montrer aux élèves qu’un très grand nombre de répé-
titions d’une expérience aléatoire permet d’observer certaines régularités en dépit
du caractère aléatoire de l’expérience.
Fréquence 0,166 66 0,166 554 0,166 781 0,166 638 0,166 793 0,166 574 1
Il est intéressant de montrer que ces deux tableaux se ressemblent aussi bien par
leur forme que par leur contenu. Les différences de valeurs dans le tableau de
fréquences pourront amener un débat intéressant en classe. Si les premières fluc-
tuations sont importantes et se stabilisent assez rapidement, on pourra également
remarquer que, même après plusieurs millions de tirages, les fréquences ne sont
stabilisées qu’au millième près.
Dans des situations où les probabilités sont difficiles, voire impossibles à déterminer,
comme par exemple pour le lancer d’une punaise, il sera intéressant de montrer qu’il
est possible d’estimer la probabilité d’un événement par la réalisation de l’expérience
aléatoire un grand nombre de fois et le calcul de fréquences. Dans le même esprit,
on peut également déterminer, par l’estimation de probabilités, la composition d’une
bouteille opaque qui contient des billes blanches et des billes noires (10 billes au total
par exemple), et dont on ne peut voir qu’une seule de ces billes lorsqu’on retourne la
bouteille, celle-ci pouvant être retournée autant de fois qu’on le souhaite.
54 — Données et statistiques
En résumé
Entrée historique
Léonard de Pise ou Fibonacci (mort après 1241) énonce, dans son Liber Abaci (Livre
de calculs), plusieurs dizaines de ces problèmes. Ainsi, il donne à voir différentes
méthodes de résolution, qu’elles soient arithmétiques – comme les méthodes par
simple fausse position ou double – ou algébriques avec la mise en équation. C’est une
occasion inévitable pour travailler sur les nombres entiers et les relations qu’ils
peuvent entretenir entre eux (comme avec les nombres de Fibonacci, par exemple
issus du problème des lapins. Voir figure 4 ci-dessous), les fractions ou encore les
radicaux. Intéressons-nous à un exemple : « Un lion mange un mouton en 4 heures,
un léopard en 5 heures et un ours en 6 heures. On demande en combien d’heures ils
auront dévoré un mouton si on leur en jette un entre eux. » Fibonacci met ici en œuvre
la méthode de simple fausse position,
reposant sur la proportionnalité. Il débute
sa résolution en prenant 60 heures comme
réponse a priori (c’est la fausse position,
judicieusement choisie) : 37 moutons
seraient alors dévorés. Il est alors facile de
déterminer le temps nécessaire aux lion,
léopard et ours pour manger un mouton :
C’est au début des années 1980 que Efraim Fischbein, Maria Deri, Maria Sainati Nello
et Maria Sciolis Marino54 , renouant avec l’intérêt pour la multiplication et la division
en tant que domaine complexe de la recherche en didactique des mathématiques,
conjecturent que toute opération arithmétique fondamentale est liée à « un modèle
implicite, inconscient et primitivement intuitif ». Plus précisément, ils conjecturent
que la multiplication est liée au modèle intuitif primitif de l’addition répétée tandis que
la division est liée soit au partitionnement (partage équitable) soit à la soustraction
répétée. D’autres recherches complétant ce point de vue ont examiné comment ces
modèles intuitifs primitifs conduisent à l’hypothèse que la multiplication rend plus
grand et que la division rend plus petit ; une idée fausse, mais assez répandue chez les
élèves au collège, lors du passage des nombres naturels aux nombres rationnels55.
Durant cette même décennie, les recherches de deux autres groupes ont ouvert
la voie à une deuxième vague de résultats fondamentaux sur le raisonnement
multiplicatif.
Ces travaux fondateurs ont pour thème commun qu’il ne suffit plus d’analyser le
développement cognitif de ces idées de manière isolée, mais plutôt de les reconnaître
comme entrelacées dans un champ de concepts connexes, dont l’acquisition n’est ni
linéaire, ni par petits bouts et qui se produit au cours d’une longue période : « comme
avec une toile d’araignée, le contact avec un fil se répercute dans tout l’espace 57 ».
Une grande partie des recherches qui ont suivi ont porté sur les schémas d’action et
les opérations mentales qui sous-tendent la réflexion et le travail des enfants face aux
structures multiplicatives. Certaines études se sont penchées plus précisément sur
la puissance des représentations. Par exemple, plusieurs chercheurs ont plaidé la
puissance des images matricielles (quadrillages, tableaux) pour aider les apprenants
à développer un raisonnement multiplicatif et à le distinguer du raisonnement
additif58 . La nature bidimensionnelle de l’image matricielle reflète, spatialement, la
structure à deux variables des situations multiplicatives ; contrairement à la droite
numérique unidimensionnelle qui reflète la structure à une variable des situations
additives. Les représentations matricielles concrétisent également la commutativité
de la multiplication et encouragent une vision des situations multiplicatives impliquant
des groupes composites : par exemple, décrire un tableau comme quatre groupes de
cinq ou cinq groupes de quatre encourage les élèves à traiter « un groupe de cinq »
ou « un groupe de quatre » comme des unités à part entière 59.
Une grande leçon issue de la recherche est d’aider les élèves à comprendre la
manière dont ils pensent face à des situations-problèmes, à explorer ce que ces
problèmes signifient, à discuter de la façon dont ces problèmes peuvent être
représentés ou modélisés. La résolution de problèmes, comme ceux qui suivent,
fait découvrir aux élèves comment mobiliser ce qu’ils savent et comment déterminer
quelle stratégie fonctionne mieux que les autres et pourquoi.
Mathématiques.
Les ratios et leur utilisation
Les ratios sont très présents dans le monde anglo-saxon, notamment dans l’énoncé
des résultats sportifs, ou dans les sciences sociales. Leur introduction en France
est récente.
Par exemple, dans cette urne, il y a 15 boules bleues pour 6 boules rouges. Les boules
bleues par rapport aux boules rouges sont dans le ratio de « 15:6 » (dire : « dans le
ratio de 15 pour 6 ») ou de manière équivalente « 5:2 ». On écrit aussi : « Le ratio boules
bleues pour boules rouges est 5 pour 2 ».
Définition et propriétés
4:3:7:1, alors la proportion des billes bleues est de 4 (15 = 4 + 3 + 7 + 1), donc il y a
15
16 billes bleues.
L’ordre est important pour les ratios : ils sont énoncés dans l’ordre dans lequel les
éléments sont aussi énoncés dans le texte. Le ratio traduit « la proportionnalité de
deux suites de nombres » (programme du cycle 4).
Le modèle en barres est un outil de modélisation qui met en évidence les relations
arithmétiques entre les données de l’énoncé et la grandeur « longueur ». Son éla
boration par l’élève se déroule pendant la phase heuristique de recherche. Différents
modèles sont possibles (1 barre, 2 barres) en fonction des situations. Le modèle
double barre, utile dans les situations de comparaison ou d’équations, favorise des
représentations mentales permettant de comprendre et de visualiser le sens du
signe « = ». Il symétrise le statut des variables en jeu ; sa structure, analogue à la
structure algébrique du problème, permet d’envisager des stratégies de calculs.
Modèle additif
Valeur totale
Valeur 1 Valeur 2
Les rectangles doivent être remplis par les valeurs connues ou le mot « inconnu ».
La longueur de la barre rectangle n’est pas forcément proportionnelle au nombre
qu’elle contient. On représente le plus petit nombre par une barre plus courte (si on
dispose de l’information).
Modèle multiplicatif
Valeur totale
Valeur Valeur Valeur Valeur Valeur Valeur Valeur
cherchée cherchée cherchée cherchée cherchée cherchée cherchée
Les rectangles sont remplis comme pour le modèle additif. Les parts sont égales :
les rectangles sont de même longueur.
63 — Nombres et problèmes arithmétiques
Problème 1. Se partager
des macarons
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les problèmes de ratios sont des problèmes qui se prêtent à la mise en place
du triptyque « manipuler, verbaliser, abstraire ». Ils sont l’occasion de mettre en vie
des problèmes de partages (équitables ou non).
Même si les ratios ont un lien avec la proportionnalité, les proportions et les
fractions, ils permettent de les aborder différemment et d’en construire le sens en
les fréquentant dans différents contextes. Réciproquement, les notions de partages,
proportions et fractions trouvent une contextualisation intéressante dans la
présentation en ratios qui mobilisent des entiers.
64 — Nombres et problèmes arithmétiques
Stratégies d’enseignement
Les trois questions de cet énoncé peuvent être traitées de différentes façons :
utilisation des fractions, pré-algèbre61 , etc.
Les cubes emboîtables, très présents dans le premier degré, sont un matériel
pertinent pour travailler et permettre une modélisation de la situation qui met
en relation deux grandeurs. L’utilisation de la modélisation dans les problèmes
arithmétiques prépare l’introduction de la variable (brique, unité, inconnue) sans
avoir recours à la mise en équation.
48
Simon Mandy
66 macarons valent 3
« briques unité ».
66
Différence
Voici un problème de comparaison équivalent : « Un fils et son père ont leurs tailles
dans le ratio 5:8. Sachant que le père mesure 66 cm de plus que son fils, quelle est
la taille du père ? »
Pour l’énoncé suivant, il est nécessaire d’avoir acquis une certaine agilité du modèle
en barres : « Abel et Sarah ont leurs économies dans le ratio 7:6. Ils reçoivent tous
deux 28 € et ont maintenant leurs économies dans le ratio 25:22. Quelles étaient
leurs économies au départ ? » La brique de base va évoluer lors de la résolution.
Au départ, l’écart est de 1 « brique unité » car le ratio est 7:6, ce qui amène à la
modélisation suivante :
Après l’ajout de 28 €, les économies d’Abel et Sarah sont dans le ratio 25:22. L’écart est
cependant conservé en termes de valeurs et il est maintenant de 3 « briques unité »,
car 25 – 22 = 3, ce qui indique qu’il faut partager la précédente « brique unité » en 3.
28 €
66 — Nombres et problèmes arithmétiques
Pour arriver au ratio 25:22, il faut que la partie ajoutée corresponde donc à 4
« briques unité » (21 + 4 = 25 et 18 + 4 = 22).
28 €
Énoncé
a. Dans quel ratio sont les trois angles d’un triangle équilatéral ?
b. Quelle est la nature d’un triangle dont les angles sont dans le ratio 1:2:3 ?
c. Existe-t-il un triangle isocèle dont les angles sont dans le ratio 2:2:7 ?
Mots-clés
Ratio, proportion, recherche de la « brique unité », somme des angles d’un triangle.
Pourquoi ce problème
Stratégies d’enseignement
Ce problème peut être posé en question flash, puisqu’il réactive une connaissance
de base (la somme des angles d’un triangle).
Les tentatives de dessins, à main levée, par les élèves sont naturelles et doivent
être encouragées. Cependant, elles ne constituent pas toujours une aide efficace
ou pertinente ; les essais/ajustements sur les angles peuvent aboutir rapidement
(question b.) ou être infructueux selon les ratios (question c.).
Pour les élèves en début de 5e : pour la question b. (idem pour la question c.), lorsque
les élèves ont été familiarisés, notamment dans les classes primaires, à l’utilisation du
matériel de manipulation tel que les cubes emboîtables et les réglettes © Cuisenaire, ils
visualisent la répartition et en déduiront la valeur de l’unité en invoquant la valeur du tout.
TRANSFERT62
« Comment partager un segment de 50 cm dans le ratio de 1:3:4 ? »
Énoncés
1. La collecte : 20 € ont été collectés par 3 élèves lors de la vente de gâteaux. Jim en
a collecté le quart, Paul 3 huitièmes et Jane le reste. Sachant qu’une part de gâteau
coûtait 50 centimes, combien de parts de gâteaux ont-ils vendues chacun ?
2. Football : Pour se maintenir dans son groupe, une équipe ne peut pas perdre plus
de 20 % de tous les matchs joués. À ce jour, une équipe de football a gagné 8 matchs,
concédé 8 matchs nuls et perdu 10 matchs. Cette équipe ne pourra alors se maintenir
dans son groupe que si elle ne perd plus aucun match jusqu’à la fin de la saison.
Combien lui reste-t-il de matchs à jouer au minimum ?
3. Économies : Je dépense 4 septièmes de mes économies pour acheter un manteau
et le tiers du reste pour une paire de chaussettes. J’ai maintenant 9,52 €. Combien
avais-je d’économies au départ ?
4. Devinette : Je pense à un nombre, je le double, j’ajoute 2 septièmes du nombre de
départ et j’obtiens 376. Quel était le nombre de départ ?
5. Le Grand Duc : Le Grand Duc de York a conduit ses hommes au sommet de la mon-
tagne. À 14 heures, ils avaient parcouru 1 tiers du chemin. À 14 h 50, ils en avaient
parcouru 75 %. À quelle heure ont-ils commencé leur marche ?
Mots-clés
Ces problèmes (avec des données plus simples) sont abordés dès le début du cycle 3
et portent un objectif de continuité tant pour les élèves que dans le cadre de la liaison
de cycle.
Étayés par le matériel de manipulation, ils peuvent être traités dès la 6e. Le choix des
variables didactiques (ici les valeurs numériques) permet de les faire évoluer tout
au long du collège.
Ces problèmes s’intègrent dans une stratégie plus globale de travail autour des
représentations des nombres. À l’école, les élèves sont entraînés à décomposer des
nombres (avec des activités comme la fleur des nombres, le journal du nombre, etc.).
Ces activités méritent d’être prolongées pour mettre en évidence les liens entre
fractions, pourcentages et proportions, par exemple :
2 = 2 x 1 = 2 cinquièmes = 0,4 = 40 = 40 % = 40 centièmes.
5 5 100
Stratégies d’enseignement
Mes économies
9,52 €
70 — Nombres et problèmes arithmétiques
aux élèves que « diviser par 16 revient à diviser par 16 et multiplier par 7 donc
7
multiplier par 7 ». La méthode algébrique usuelle conduit à l’équation 2x + 2 x = 376
16 7
16
ou encore x = 376 qui mobilise les fractions.
7
376
u u u u u u u u u u u u u u u u
2/7
du nombre
Nombre de départ Nombre de départ de départ
L’implicite de l’énoncé « Le Grand Duc » oblige le professeur et les élèves à faire une
hypothèse importante : la marche s’effectue à vitesse constante.
14 h 14 h 50
Énoncé
Dans les sacs suivants, il y a déjà des billes noires et des billes blanches.
Est-il possible d’ajouter un certain nombre (de ton choix) de billes rouges, de façon
à satisfaire les indications données en dessous de chaque sac ?
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les situations de tirages dans des sacs ou des urnes permettent aux élèves
d’appréhender le hasard en lien avec le vocabulaire des probabilités (expérience
aléatoire, issue, événement, probabilité) introduit au début du cycle 4. Les situations
rencontrées en classe de 5e sont l’occasion de placer un événement sur une échelle
de probabilités et de déterminer des probabilités dans des situations très simples
d’équiprobabilité. Les ratios permettent de modéliser et de comprendre la situation
(ici, la composition des sacs).
Stratégies d’enseignement
CAS DU SAC 2
Il est intéressant de raisonner sur la constitution d’un sac pour lequel il y a une
probabilité de 2 de tirer une bille rouge. Dans cette situation, le ratio billes rouges
5
pour billes des autres couleurs (blanches ou noires) est 2:3. Avant de considérer
des ratios équivalents (4:6 par exemple), le professeur peut amener les élèves à
s’interroger sur la signification du nombre 3 dans le ratio, dans le cas où le sac
serait réduit à 5 billes.
73 — Nombres et problèmes arithmétiques
CAS DU SAC 4
Le raisonnement sur le ratio billes rouges pour billes d’une autre couleur conduit à
chercher un ratio de la forme a:7 équivalent à 3:2, avec a correspondant au nombre
de billes rouges ajoutées dans le sac. La discussion invite l’élève à interroger une
solution potentielle et à la confronter au contexte du problème, démarche à engager
pour aiguiser le sens critique.
Énoncés
1. Pour le championnat de rugby, une équipe reçoit 3 points par victoire, 1 point par
match nul. Après 25 matchs, une équipe a marqué 55 points. Combien de matchs
ont-ils pu perdre ?
a. aucun
b. 5
c. 3
d. 2
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
L’énoncé met en œuvre trois inconnues et deux équations (que l’on peut aussi
résoudre grâce aux propriétés de divisibilité des entiers) et induit à ce niveau une
stratégie rarement utilisée dans les QCM consistant à essayer chacune des valeurs
proposées pour ramener ce problème à une équation avec une seule inconnue.
Pour la première question, en 5e, l’introduction d’une expression littérale est possible,
la lettre65 employée ayant le statut de variable. L’usage du tableur (comme ci-dessous),
de la calculatrice ou d’un algorithme permettra de déterminer la valeur recherchée.
Les démarches envisageables par les élèves sont le principe d’itération ou d’essai/
erreur, la manipulation d’expressions algébriques
voire la modélisation.
Stratégies d’enseignement
Le professeur peut inciter les élèves à essayer les différentes valeurs proposées
pour le nombre de matchs perdus (0, 5, 3 ou 2) pour amener les élèves à penser que
le nombre de matchs nuls ou gagnés est alors 25, 20, 22 ou 23.
Énoncé
Lors d’un concours de rapidité d’envoi de SMS, quatre élèves sont en compétition.
— Le premier peut en envoyer 3 pendant que le deuxième en envoie 2.
— Le deuxième peut en envoyer 5 pendant que le troisième en envoie 6.
— Le troisième peut en envoyer 7 pendant que le quatrième en envoie 8.
Pendant la durée du concours, le deuxième a envoyé 70 SMS.
Quel est le vainqueur du concours ?
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème, qui permet de fréquenter des grandeurs sans dimension, met en jeu
plus de deux protagonistes. Cette situation s’apparente à un problème avec prise
d’initiative et permet à l’élève de mobiliser en particulier les compétences « chercher »,
« calculer ».
Stratégies d’enseignement
3 2 5 6 7 8
105 70 70 84 84 96
77 — Nombres et problèmes arithmétiques
3 2
3x5 2x5 2x6
3x5x7 2x5x7 2x6x7 2x6x8
105 70 84 96
78 — Nombres et problèmes arithmétiques
En résumé
Entrée historique
66 — https://media.eduscol.education.fr/file/Programmes/17/3/
du_numerique_au_litteral_109173.pdf ; https://cache.media.eduscol.
education.fr/file/Calcul_litteral/35/8/RA16_C4_MATH_nombres_
calcul_calcul_litteral_doc_maitre_548358.pdf
67 — Contributions de Christine Proust, Marc Moyon, Dominique
Tournès, Éric Vandendriessche.
68 — Alain Bernard, « Les séries de problèmes, un genre au carrefour
des cultures », éd. 2015, vol. 22, SHS Web of Conferences, EDP Sciences,
Les Ulis : http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20152200001
69 — Voir la thèse de Charlotte de Varent qui porte sur ce dernier rôle.
81 — Problèmes algébriques
Cette tablette, ainsi que d’autres similaires, exposent de façon progressive et sys-
tématique les méthodes de résolution des problèmes linéaires et quadratiques au
travers d’une situation concrète, ici, le coût du creusement d’un canal, présentée
sous différents angles71 .
On connaît plusieurs tablettes qui contiennent des séries de problèmes posés sous
la forme de figures géométriques. Par exemple, la figure 11 (voir p. 81) 73 montre la
transcription d’une tablette conservée au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg
sous le numéro ERM 15189 ; elle concerne le partage de trapèzes en sous-trapèzes
de même aire. Un autre exemple similaire concerne le partage de triangles en sous-
triangles et trapèzes de même aire74 .
Bien que d’apparence géométrique, ces deux séries de problèmes relèvent plutôt
de la théorie des nombres : la série des triangles fait appel à la recherche de triplets
pythagoriciens (a² + b² = c²) ; la série des trapèzes fait appel à celle de triplets dits
« babyloniens » (a² – b² = c²)75.
Le traité d’algèbre considéré comme étant le plus ancien qui nous soit parvenu est
celui d’Al-Khwârizmî, Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison, dont le
titre arabe est à l’origine du mot « algèbre ». Mais si on considère que l’algèbre est plus
largement l’art de résoudre des équations, que ce soit par des méthodes de calcul sur
des inconnues comme celles qu’on trouve dans les traités en langue arabe, ou par
des procédés algorithmiques ou géométriques, cette branche des mathématiques
est aussi ancienne que les mathématiques elles-mêmes et remonte à la très haute
Antiquité. L’algèbre est ainsi constitutive des mathématiques qui furent élaborées
non seulement en pays d’Islam et plus tard en Europe, mais aussi en Chine, en Inde,
au Proche-Orient ancien ou en Grèce dans les périodes antiques et médiévales.
Voici ci-dessous la transcription d’une tablette d’écolier (figure 12). On y voit les traces
d’un algorithme consistant en une suite de multiplications et de divisions. Les facteurs
sont écrits dans la colonne de gauche, les produits et quotients dans la colonne de droite ;
ainsi le produit de 5 et 2 est 10 ; ce résultat multiplié par 3 est 30 ; ce résultat divisé par
10 est 377 ; ce résultat multiplié par 2 est 6. Le but de ce calcul est de déterminer le coût
du creusement d’un canal connaissant ses dimensions (5, 2 et 3), le volume extrait chaque
jour par chaque ouvrier (10) et le salaire journalier des ouvriers (2). On trouve le même
problème, avec des données légèrement différentes, dans d’autres tablettes, par exemple
YBC 4663 déjà citée dans la notice historique précédente.
Dans sa dimension objet, l’algèbre est un ensemble structuré d’objets – les expressions
algébriques, les formules, les équations, les inéquations – avec des propriétés
spécifiques, des représentations sémiotiques associées à différents registres85 et
des modes de traitement. Le registre des écritures algébriques est en articulation
avec d’autres registres sémiotiques (registre des écritures numériques, registre des
représentations graphiques, registre des figures géométriques, registre de la langue
naturelle). Le traitement formel des objets met en jeu leur double aspect syntaxique
et sémantique, ce qui donne une juste place aux aspects technique et théorique du
traitement algébrique. Sur ce dernier aspect, certaines recherches ont montré qu’il
était important de redonner une place centrale à la distributivité de la multiplication
sur l’addition comme élément de justification des calculs86 alors qu’elle est souvent
remplacée par des arguments de bon sens qui ne permettent pas un contrôle efficace
des calculs fondé sur l’équivalence des expressions et favorisent des erreurs
classiques et résistantes comme celle, bien connue, de concaténation « 3x + 5 = 8x »87.
Enfin, dans la détermination et le traitement des expressions algébriques, il est
nécessaire de distinguer l’aspect procédural (2x + 1 peut être vu comme un programme
de calcul qui multiplie par 2 et ensuite ajoute 1), mais également l’aspect structural
(comme l’expression algébrique qui désigne un nombre impair, somme du double d’un
entier et de 1)88.
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Dans ce problème, les élèves sont amenés à chercher, identifier une structure (ici
l’écriture générale d’un nombre impair) en repérant une régularité et en argumentant.
Ce genre de problèmes peut être proposé dès le cycle 3. Il peut se gérer sans le
recours à la lettre, en exprimant la régularité en langage naturel : « on ajoute deux
jetons à chaque rang ».
Stratégies d’enseignement
Tous les élèves ne parviendront pas à l’écriture littérale, cependant, ils sauront
verbaliser une règle en langage naturel (« on ajoute 2 à chaque étape »). Les élèves
devront argumenter pour convaincre leurs camarades de la cohérence de la règle
qu’ils proposent en lien avec les premières étapes du pattern.
Les premiers rangs peuvent être dessinés ou construits avec du matériel, les élèves
peuvent alors dénombrer les jetons. Le choix d’un rang éloigné pour lequel le matériel
ne serait pas suffisant pousse à la généralisation.
TRANSFERT
La réorganisation des jetons fait apparaître la suite des cardinaux des motifs
successifs « 1 ; 3 ; 5 ; … ». Les nombres introduits correspondent à la liste des nombres
impairs (positifs). La structure des motifs amène à la construction de l’expression
algébrique.
Énoncé
Sans calculatrice
a. Calculer 1 x 3 – 22.
b. Calculer 2 x 4 – 32.
c. Calculer 3 x 5 – 42.
d. Conjecturer le résultat de 317 x 319 – 3182.
e. Proposer une expression sur ce même modèle mettant en jeu trois autres nombres
entiers.
f. QCM : Le professeur généralise ces calculs en proposant l’expression
(n – 1) (n + 1) – n2 mettant en jeu les trois nombres (n – 1), (n + 1) et n. Que représente n ?
— le plus petit des nombres ?
— le nombre du milieu ?
— le plus grand des nombres ?
89 — Problèmes algébriques
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème, qui prend appui sur le champ numérique, vise à préparer les élèves
aux exercices de démonstration d’une propriété générale qui seront proposés dans
la suite de la scolarité.
Il s’agit d’entraîner les élèves à identifier des structures, reconnaître des relations
entre les nombres, des invariants sur des expressions numériques et les nommer
avant de chercher à généraliser. Le travail qui porte sur la structure (régularité)
d’une expression est préparatoire au calcul littéral et à la compétence « modéliser ».
L’objectif de formation poursuivi ici se rapproche de celui développé dans le c
hapitre 4
sur les patterns.
Ce type de problème peut être proposé assez tôt dans le cycle 4 (en 5e) puisqu’il
mobilise essentiellement des expressions numériques. Il vient en anticipation du cha-
pitre relatif au calcul littéral. En prolongement, dès la 4e, la démonstration du résultat
sera proposée. En 3e, il peut donner lieu à recourir aux identités remarquables.
Stratégies d’enseignement
Les élèves doivent prendre l’habitude d’analyser la nature d’un calcul avant de
l’effectuer. Pour cela, il convient de les entraîner très régulièrement, par des ques-
tions flash tout au long du cycle, à cette reconnaissance de relations entre les
nombres, de structures communes à plusieurs calculs93.
QUESTION 1
a. Comparer le résultat de 1 + 2 + 3 avec celui de 3 x 4.
2
b. Comparer le résultat de 1 + 2 + 3 + 4 avec celui de 4 x 5.
2
c. Comparer le résultat de 1 + 2 + 3 + 4 + 5 avec celui de 5 x 6.
2
d. Conjecturer au moins trois autres égalités du même modèle.
QUESTION 2
a. Comparer le résultat de 1 + 2 + 22 avec celui de 23 – 1.
b. Comparer le résultat de 1 + 2 + 22 + 23 avec celui de 24 – 1.
c. Comparer le résultat de 1 + 2 + 22 + 23 + 24 avec celui de 25 – 1.
d. Conjecturer au moins trois autres égalités du même modèle.
QUESTION 3
a. Trouver l’intrus :
8x9 24 x 32 11 x 12 63 x 64 58 x 59
b. Proposer un autre exemple de calcul relevant de la même famille.
c. Observer l’image suivante. Quelle formule faut-il saisir dans la cellule B2
pour obtenir par recopie vers le bas le second facteur ?
Énoncé
Pour la fête d’un village, on organise une course cycliste. Une prime totale de 320 €
sera répartie entre les trois premiers coureurs. Le premier touchera la prime or, le
second, la prime argent et le troisième la prime bronze. La prime or s’élève à 70 € de
plus que la prime argent et la prime bronze s’élève à 80 € de moins que la prime argent.
Déterminer la prime de chacun des trois premiers coureurs94.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Dès la 6e (voire CM2), ce problème peut être proposé même si plusieurs inconnues
sont en jeu, si on s’engage dans une démarche de modélisation.
Au cycle 4, il est le support pour introduire la lettre x pour la prime argent ou encore
pour la prime bronze.
Stratégies d’enseignement
Problème 4. Dessine-moi
une expression algébrique
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce genre de problèmes, que l’on retrouve fréquemment dans les évaluations inter-
nationales, permet également de travailler le sens d’une identité.
Dès la 5e, ce problème permet aux élèves de se créer des représentations mentales
des opérations. La fréquentation régulière de ce type de représentation, éven
tuellement en questions flash, contribue à la mémorisation de faits algébriques
(développements, factorisations), dans l’esprit de ce qui est fait à l’école dans le
champ numérique (nombres rectangles).
À partir de la 4e, il peut se traiter par calcul et donner l’occasion de mobiliser la dis-
tributivité (et les identités remarquables).
Stratégies d’enseignement
Pour la question a., en fonction du niveau de classe ou dans le cadre d’une diffé
renciation, il est possible de proposer une figure à compléter, comme ci-dessous.
1 1
1 1
a(a + 2) + 2 a2 + 2a + 2
Problème 5. La devinette
Énoncé
Léa et Ali ont choisi un nombre (entier positif). Léa le multiplie par 5 et ajoute 35.
Ali le multiplie par 2 et ajoute 146. Ils trouvent le même nombre à la fin.
Quel nombre ont-ils choisi ?
95 — Problèmes algébriques
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Faire vivre en parallèle la modélisation par les grandeurs et l’écriture algébrique qui
lui correspond (dans les deux sens) permet une meilleure appréhension du calcul
algébrique. Ici, le parallèle entre les manipulations sur le modèle en barres et leur
traduction algébrique donne du sens aux propriétés mobilisées à chaque étape de
la résolution.
x x x x x 35 5x + 35 = 2x + 146
x x 146 5x + 35 – 2x = 2x + 146 – 2x
x x x 35 3x + 35 = 111 + 35
111 35 3x + 35 – 35 = 111 + 35 – 35
x x x 3x = 111
111 x = 37
96 — Problèmes algébriques
QUESTION 1
Je pense à un nombre, je lui ajoute 3. Je multiplie le tout par 2, puis je soustrais
2 fois le nombre de départ.
a. Faire quelques essais. Que constate-t-on ?
b. Est-ce vrai pour n’importe quel nombre ? Si oui, le prouver.
Énoncé B
2x + 5
C
x
Le périmètre de ce quadrilatère est de
117 cm.
Ranger par ordre croissant les longueurs A
de ses côtés.
x + 15
4x + 7
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les élèves français ne sont pas à l’aise avec ce type de problèmes dans les éva
luations internationales.
La notion de périmètre est ici réinvestie et pourrait conduire à déplier le bord pour
le ramener à une modélisation en barres95 :
117
x x x 5 x 15 x x x x 7
117
x x x x x x x x 27
Ce problème offre la possibilité de raisonner sur les longueurs (les mesures des
longueurs) sans calculer au préalable la valeur de x. En effet, le travail de l’élève
peut être engagé facilement – suite à la première observation que x représente un
nombre positif ; la longueur [AB] est donc la plus petite.
Ce genre d’énoncé peut être proposé dès la 5e et même en 6e (sur des triangles) en
adaptant les variables, par exemple : « La longueur de [BC] est le double de la longueur
de [AB], celle de [CA] vaut la longueur de [AB] augmentée de 5 cm. »
Stratégies d’enseignement
On peut faire vivre ce genre de problèmes tout le long du cycle 4 en jouant sur le
nombre de côtés et la complexité des expressions algébriques utilisées.
En fonction des choix, on pourra montrer qu’il est moins coûteux, dans certains cas,
de recourir à l’algèbre.
Notions et
Stratégies Pertinence et commentaires
outils mobilisés
Calculs Démarche expérimentale qui permet
numériques de conjecturer le domaine de validité de x.
On peut mettre en évidence, par exemple,
Procédure
Recours que x doit être supérieur à 10.
essais/
au tableur Le recours au tableur conduit à un travail
ajustements
sur l’aspect procédural des expressions
Comparaison algébriques. Il permet d’affiner
de nombres l’encadrement de la valeur de x.
Mise
en équation
et résolution Le recours à cette stratégie conduit
d’une équation à un calcul algébrique qui nécessite
Le calcul littéral du type une bonne compréhension de la notion
(expression ax + b = c de périmètre.
algébrique Point de vigilance : l’obtention de la valeur
du périmètre) de x n’est qu’une étape dans la résolution
Substitution
du problème, ce qui peut représenter
un obstacle pour certains élèves.
Comparaison
de nombres
On travaille ici l’aspect structural de chaque
Comparaisons expression et la nature du nombre x.
raisonnées
Certaines comparaisons sont aisées :
Raisonnement x < x + 15
à partir des Transitivité
expressions de la relation La comparaison de 4x + 7 avec 2x + 5 conduit
algébriques d’ordre à mettre en avant la décomposition :
en jeu 4x + 7 = (2x + 5) + (2x + 2)
Calcul Les décompositions 2x + 5 = x + x + 5
numérique et x + 15 = x + 10 + 5 permettent de comparer
ces longueurs dès que x > 10.
Variante96
96 — http://pegame.ens-lyon.fr/activite.php?rubrique=1&id_
theme=54&code_niveau=N07&id_activite=19 ; http://pegame.ens-lyon.fr/
99 — Problèmes algébriques
Énoncé +2
x3
Mots-clés x7
– 9
Pourquoi ce problème ?
Même si l’énoncé est simple en apparence, il porte un implicite fort (il faut retrouver
le même nombre après un cycle complet). D’autre part, une procédure par essais/
ajustements s’avère peu efficace, car le nombre recherché est un décimal et il n’y a
pas de stratégie de réajustement claire pour les élèves.
Plusieurs choix sont possibles pour l’inconnue de départ, ce qui conduit à différentes
mises en équation, mais menant à la même solution ; ce point est important en réso-
lution de problèmes où des modélisations (ici des mises en équations) différentes
peuvent être menées, mais qui aboutissent en général aux mêmes conclusions99.
Le nombre de bulles est une variable didactique sur laquelle il est possible d’agir pour
proposer ce problème de la 5e à la 3e (certains d’entre eux n’auront pas de solution).
Stratégies d’enseignement
On peut commencer par faire exécuter l’algorithme par les élèves avec des nombres
bien choisis afin qu’ils comprennent la nature du problème. En effet, imaginer
qu’après avoir effectué les quatre opérations successives, on retrouve le nombre
du départ n’est pas naturel pour eux, puisque c’est un implicite du codage utilisé.
Cela permet de travailler le sens du signe égal et fait un pont avec l’algorithmique
et les programmes de calcul.
Substituer une lettre au nombre de départ est une démarche complexe en résolution
de problèmes et se construit dans la durée, et surtout par nécessité à travers des
problèmes idoines.
Le matériel mis à disposition des élèves constitue une variable didactique : on pourra,
par exemple, prévoir des reproductions du schéma de l’énoncé de manière à
permettre aux élèves d’écrire dans les bulles les résultats intermédiaires qu’ils
pourront réduire à chaque étape de manière à obtenir une équation plus simple qui
ne mobilise pas de parenthèses imbriquées.
En fonction des opérateurs proposés, on pourra jouer sur la nature des nombres :
en remplaçant la multiplication par 7 par une multiplication par 6, on obtient des
solutions rationnelles non décimales.
Les logiciels de géométrie dynamique sont des outils pour créer des représentations
mentales de la lettre qui dépassent le statut d’inconnue (par exemple, faire varier
une aire en fonction d’une longueur).
L’utilisation d’un tableur est une autre occasion de donner du sens à la notion de
variable parce que dans l’édition d’une formule, ce sont les adresses des cellules
qui sont prises en compte et non leurs contenus du moment.
Le travail de pré-algèbre, qui peut être mené grâce à l’utilisation de matériel adapté
(cubes emboîtables, réglettes © Cuisenaire) ou la modélisation en barres, assure
dès le primaire une rencontre précoce avec le concept de l’objet (l’unité, la lettre)
comme variable et comme inconnue. Cette démarche permet de développer la
pensée algébrique attendue à partir du cycle 4 où la notion de variable est travaillée
à travers les fonctions.
102 — Problèmes algébriques
Didactique. Du matériel
de manipulation pour introduire
la lettre
En résumé
Dans les classes de cycle 1, les élèves organisent des suites d’objets en fonction
de critères102 . Au collège, on trouve quelques activités d’introduction de la lettre
en algèbre utilisant des patterns figuratifs, comme les situations du carré bordé
ou des triangles en allumettes pour faire produire des formules.
Plusieurs pays ont intégré dans leurs curriculums dès les premières années
de l’école primaire l’utilisation des patterns pour développer la pensée algébrique :
les États-Unis, les provinces anglophones du Canada, l’Australie, le Brésil, etc.
Algorithmes et motifs/
patterns dans des pratiques
ethnomathématiques 105
103 — https://www.oipa.education/pour-en-savoir-voir-plus
104 — Hassane Squalli, Izabella Oliveira, Alain Bronner, Mirène Larguier,
Le Développement de la pensée algébrique à l’école primaire et au début
du secondaire. Recherches et perspectives curriculaires, Québec,
2020. Livres en ligne du Centre de recherche et d’intervention sur
la réussite scolaire (Crires) : https://lel.crires.ulaval.ca/sites/lel/files/
le_developpement_de_la_pensee_algebrique_a_lecole_primaire_
et_au_debut_du_secondaire.pdf ; Le Développement de la pensée
algébrique avant l’introduction du langage algébrique conventionnel,
vol. 1, sous la direction de Hassane Squalli et Alain Bronner. Volume 20,
numéro 3, 2017 : https://www.erudit.org/fr/revues/ncre/2017-v20-
n3-ncre04255/
105 — Contributions de Christine Proust, Marc Moyon, Dominique
Tournès, Éric Vandendriessche.
108 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Exemples
a. b.
c. d.
© Alban Da Silva.
© Éric Vandendriessche
© Éric Vandendriessche
107 — https://www.ethnographiques.org/IMG/html/pw16-mwaya-
tomdawaya.html
110 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Les activités de généralisation basées sur des patterns, qui visent à faire identifier
et exprimer des régularités, sont particulièrement adaptées au développement
de la pensée algébrique. Comme le précisent Joëlle Vlassis, Isabelle Demonty et
Hassane Squalli112 , « ces activités répondent aux critères d’une pensée algébrique
dans la mesure où leur objectif consiste à formuler un moyen général au départ
d’une indéterminée, en l’occurrence d’une variable. Ces activités invitent à exprimer
les généralités produites et leurs justifications dans un langage tout d’abord non
conventionnel et qui tend à devenir de plus en plus conventionnel au fil des nécessités
de l’activité » (p. 135). Cette expression de généralité permet d’anticiper, de prédire
ce qui se passe pour chaque élément, quel que soit son rang dans le pattern,
même éloigné et non atteignable directement. C’est précisément cette anticipation
qui différencie le mode de pensée algébrique du mode de pensée algorithmique.
Cette dernière, aussi appelée pensée informatique ou computationnelle, est définie
par Margarida Romero (2016) 113 comme « un ensemble de stratégies de pensée
cognitive et métacognitive liées à la modélisation de connaissances et de processus,
à l’abstraction, à l’algorithmique et à l’identification, la décomposition et l’organisation
de structures complexes et de suites logiques ». La première étape dans la résolution
Mathématiques. Définition
d’un pattern
Exemple
Sur le pattern suivant, si on regarde les figures (triangles et carrés) sur les cubes,
sans prendre en compte leur couleur, on reconnaît un pattern répétitif dont le motif
de base est :
Si, en revanche, on regarde la couleur des cubes, sans prendre en compte les figures,
on reconnaît un pattern évolutif dont le motif de base est le même, mais qui évolue
au niveau du nombre de cubes roses.
Éléments du pattern
Motif de base
Énoncé
Avec des petits carrés tous identiques, on construit un pattern selon le modèle évo-
lutif ci-dessous :
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les élèves sont amenés à étudier les liens constitutifs entre les étapes d’un pattern
figuratif (c’est-à-dire représenté par une figure) pour d’une part comprendre
et décrire la structure (ce qui contribue au développement de la pensée
algorithmique) et d’autre part arriver à prédire, à généraliser le motif à une étape
éloignée (ce qui développe le mode de pensée algébrique) ; le passage du langage
naturel au langage mathématique pour « décrire, comprendre et prévoir cette
évolution du phénomène » contribue ainsi à la compétence « modéliser ».
Dans ce focus sont développées toutes les phases du questionnement usuel dans
ce type de problèmes :
— dessiner le rang suivant et chercher une relation, comprendre la construction
du motif (seul ou en groupe) et la verbaliser (en classe) ;
— faire calculer le nombre d’éléments en étape proche ;
— calculer le nombre d’éléments en étape lointaine (rang 100) ;
— trouver un moyen de calculer les éléments constitutifs du pattern à n’importe
quel rang.
Ce problème peut être donné dans toutes les classes du collège et dès le cycle 3.
Selon l’âge des élèves et en tenant compte de leurs difficultés, l’attendu se
formalise ; il s’agit de passer de l’expression en langage naturel, en début de cycle 3,
à l’expression littérale en fin de cycle 4.
Stratégies d’enseignement
Selon le niveau des élèves, l’enseignant choisira de simplement circuler – pour véri-
fier la bonne compréhension du problème – ou de faire une rapide mise en commun,
mais en restant vigilant, à ce stade, à ne pas exprimer ou faire exprimer la relation
en fonction du rang (ici une relation de récurrence).
Figure 21 et 22. Productions d’un élève. L’élève réussit l’étape 4 et l’étape 10,
mais pour l’étape 17, il utilise la linéarité.
Pour aider à la résolution, l’utilisation d’un tableau pour organiser les données
permet de passer du registre figuratif au registre numérique. Avoir recours à
cette représentation ordonnée est une stratégie de résolution à favoriser chez les
élèves, facilitant l’observation des régularités.
Rang de l’élément 1 2 3 4 …
Figure 23. Production d’un élève qui utilise une procédure linéaire.
L’utilisation du tableur est une stratégie de résolution efficace dans les problèmes
utilisant les patterns. Manipulé souvent par l’enseignant au cycle 3 et début de
cycle 4 (pour accompagner la découverte de son fonctionnement avec lignes,
colonnes, cellules et formules simples), il est attendu en cycle 4 une aisance
suffisante pour motiver les élèves dans la recherche d’une formule.
Pour des rangs plus éloignés, une formule pourra être insérée dans une autre
colonne pour permettre la comparaison avec les nombres obtenus dans la colonne B.
Énoncés
Rituel 3. Avec des petits carrés tous identiques, je construis des motifs selon le modèle
évolutif ci-dessous.
En expliquant, calculer le nombre de petits carrés nécessaires pour construire
le 10e motif.
2 5 8 11 14 17 …
117 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Dans un second temps, les rituels s’enrichissent des étapes permettant de calculer ou
de déterminer les éléments en étapes proche ou lointaine, puis à n’importe quel rang.
Stratégies d’enseignement
Ces énoncés sont à utiliser en rituels espacés114 , mettant en jeu patterns évolutifs,
répétitifs, sous forme figurative ou de nombres115 . Il est conseillé d’être attentif à
alterner les types de patterns lors de l’utilisation dans les classes, pour varier les
régularités et éviter que les élèves utilisent toujours la même stratégie. Cependant, un
même pattern peut être aussi décliné de façon progressive et constituer le fil rouge
dans la programmation des rituels sur une période donnée (une question par séance).
+5
+3 Pour passer de l’étape n à l’étape n + 1,
on ajoute 2n + 1 carrés.
2x2
Étape 2 Étape 3
114 — La « mise en Train » (Train : travail de recherche ou
d’approfondissement avec prise d’initiatives) : https://www.apmep.fr/
IMG/pdf/05-Train-C.pdf
115 — Une bibliothèque de motifs : http://www.visualpatterns.org/, et
pour créer des patterns : http://www.dudamath.com
116 — L’étape n + 1 contient (n + 1)2 carrés, donc (n + 1)2 = n2 + 2n + 1.
119 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
La liste de nombres du rituel 4 définit un pattern évolutif numérique (il est important
d’alterner les patterns figuratif et numérique).
Un nombre est dans cette liste si et seulement si il est la somme de 2 et d’un multiple
de 3. Lorsqu’on lui ajoute 1 (ou enlève 2), alors il est dans la table de 3. Ce pattern de
nombres fait travailler les critères de divisibilité et donne du sens au reste dans la
division euclidienne.
Le rituel 5 reprend le pattern du rituel 2. Cette reprise impose à l’élève de bien lire
l’énoncé pour repérer les indices sur la structure et la question associée. La question
posée permet de travailler division euclidienne et division quotition. La résolution
experte convoque la division euclidienne et amène à voir le reste comme la couleur
du cube dans le motif de base (les élèves pourront remarquer que le cube est rouge
pour les places paires)117.
Énoncé
Avec des petits carrés tous identiques, on construit un pattern selon le modèle
évolutif ci-dessous.
Trouver un moyen de calculer le nombre de petits carrés d’un élément à n’importe
quel rang.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème donne lieu à un travail sur le calcul littéral afin de justifier l’équivalence
des expressions proposées par les élèves.
Stratégies d’enseignement
Dénombrer Les nombres à ajouter, pour passer d’un rang Avec un tableur,
les petits au suivant, sont les entiers impairs plus grands par exemple,
carrés à que 5. obtenir
chaque étape. le nombre
Rang de de petits carrés
1 2 3 4 …
l’élément pour un rang
donné.
Nombre
5 10 17 26
de carrés
+5 +7 +9
Repérer Prouver
une structure l’égalité entre
faisant les différentes
intervenir un expressions
arrangement algébriques
en grand rendra
carré ou nécessaire
en rectangle. l’utilisation
de propriétés
a2 + 2(a + 1) (a + 2)2 – 2(a + 1)
de calcul
littéral pour
1 1 1 1
transformer
les expressions
(factorisation et
développement).
1 1 1 1
a(a + 2) + 2 a2 + 2a + 2
121 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Énoncé
Le flocon de Koch est une courbe fractale118 dont les premières étapes sont illustrées
ci-dessous à partir d’un triangle équilatéral.
Rang 0 : un triangle Rang 1 : tous les segments Rang 2 : tous les segments
équilatéral. bleus sont de la même bleus sont de la même
longeur. longeur.
Mots-clés
118 — Pour aller plus loin : les patterns peuvent également intervenir
dans des domaines variés comme le jeu vidéo ou les films d’animation.
Un exemple, les arbres : https://mathcurve.com/fractals/arbre/arbre.
shtml
122 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Pourquoi ce problème ?
Une figure fractale119 – figure qui présente à toutes les échelles une structure iden-
tique – peut être rapprochée d’un pattern évolutif. Un travail sur d’autres fractales,
avec un questionnement analogue, peut constituer un dossier « Mathématiques
et arts » pour l’oral du diplôme national du brevet.
Ce problème peut être traité dès la 4e, en lien avec la notion de puissances. En 3e,
les dernières questions permettent de mettre en évidence une expression littérale.
Ce problème, se modélisant par une suite géométrique, peut être utilisé dans le cadre
d’une liaison collège-lycée.
Stratégies d’enseignement
Un temps long d’investigation sur les deux premières questions est nécessaire à
une bonne compréhension de la procédure et permet d’entrer dans la résolution
des questions suivantes.
Cette erreur est à rapprocher du constat que la multiplication itérée est peu tra-
vaillée, contrairement à l’addition itérée, ce qui rend les situations numériques
purement multiplicatives plus difficiles.
Énoncé
Scripts :
Script B Script C
Représentations :
B
B
V R V
R
O
O
Représentation 1 Représentation 2
B
B
V R
V R
O O
Représentation 3 Représentation 4
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les patterns conduisent à utiliser des blocs d’instruction identiques. Leurs repré
sentations facilitent la compréhension de l’effet de l’ordre dans lequel ces instructions
s’enchaînent.
Stratégies d’enseignement
Pour les rangs proches, les élèves peuvent aussi recourir à une stratégie d’essais/
ajustements à l’aide d’un logiciel pour se rendre compte de la difficulté du « comptage ».
Dans ce cas, une solution à transmettre aux élèves est l’utilisation d’un compteur.
Pour les rangs lointains, l’expérimentation par le logiciel atteint une limite : la figure
sort de la fenêtre graphique, ce qui pousse à anticiper et généraliser.
Dans le cas où on étudie le pattern répétitif, l’anticipation sur la couleur d’un segment
met en œuvre la division quotition et donne du sens au reste de la division euclidienne.
Chaque segment prend alternativement une des quatre couleurs : bleu (reste 1) ;
rose (reste 2) ; orange (reste 3) ; vert (reste 0). La couleur du 125e segment est bleu,
car 125 = 4 x 31 + 1.
Cette question est l’occasion de découvrir la boucle « répéter jusqu’à ce que » avant
le lycée par l’utilisation de tests, d’un tableur ou par la programmation.
126 — Patterns. Des problèmes pour travailler les pensées algorithmique et algébrique
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce type de pattern utilisé par des artistes123 peut s’intégrer dans le parcours PEAC124
et encourager ainsi les élèves à créer leur propre pattern artistique.
Ressorts de continuité
ou éléments de progressivité
Il peut être envisagé dès la fin du cycle 3, à tous les niveaux du cycle 4 ainsi qu’en
classe de 2de, ce qui en fait un candidat intéressant pour les liaisons interdegrés
et peut faire l’objet d’une lesson study et/ou de temps d’observations croisées.
Stratégies d’enseignement
L’objectif est que chaque élève puisse progresser dans ses stratégies de recherche
et de représentation ainsi que dans son questionnement tout en permettant sa
progression grâce à l’explicitation des stratégies, leur mise en commun et leur
hiérarchisation progressive débouchant sur une trace écrite claire.
En résumé
Nous savons qu’Euclide d’Alexandrie a rédigé un Livre sur la division des figures dont
nous avons une version arabe due au mathématicien persan al-Sijzi (xe s. ap. J.-C.).
Il s’agit de couper une figure ou de la partager selon des contraintes géométriques
fixées a priori sur les grandeurs (longueurs et aires) ou sur les figures à obtenir
après découpage (figure 30, ci-contre).
Ces problèmes sont présents, avec d’autres formes de résolution, dans les mathé-
matiques paléo-babyloniennes (voir l’entrée historique du chapitre 3 , p. 80). Ils sont
encore traités par divers auteurs comme Héron d’Alexandrie dans ses Metrica, ou en
pays d’Islam et peuvent correspondre aussi à des demandes juridiques et cultuelles
de répartitions d’héritages, ou encore socio-culturelles liées à la décoration de
monuments (figure 31). L’Europe continue cette longue tradition de problèmes avec,
par exemple, Fibonacci et sa Practica geometriae (1220), ou encore, plus tard, Simon
Stevin et ses Problèmes géométriques (1583) ou le jésuite Clavius avec sa Géométrie
pratique (1604).
Figure 30. Extraits du De Superficierum Divisionibus Liber (Livre sur la division des figures) de Muhammad
al-Baghdâdî (version latine, version arabe perdue). Proposition 1 : « Diviser selon un rapport donné un triangle par
une droite menée d’un angle du triangle. » Proposition 11 : « Diviser selon un rapport donné un quadrilatère à côtés
parallèles par une droite parallèle à l’un de ses côtés parallèles. »
Figure 31. Diagramme du manuscrit persan Aya Figure 32. Diagramme réalisé par un élève de 6e
Sofia 2753 (Istanbul) montrant le découpage reproduisant la construction d’Abu l-Wafa.
exact du mathématicien Abu l-Wafa pour former
un seul carré à partir de trois carrés.
Chez Euclide, les problèmes sont purement géométriques ; ils sont résolus à l’aide
des propositions des Éléments (notamment le livre V sur les rapports de grandeurs).
Lorsque l’algèbre va commencer à s’imposer comme art pour résoudre des
problèmes, certains auteurs comme al-Karajî (mort vers 1029) vont proposer
des résolutions algébriques aux partages de figures, faisant ainsi un lien entre
grandeurs géométriques et nombres (figure 33).
132 — Géométrie
Ces outils sont notamment précieux pour observer rapidement un grand nombre
de configurations, ainsi que pour étudier les effets des transformations du plan sur
les figures, notamment pour les translations, les rotations et les homothéties dont
les définitions ponctuelles ne sont pas données au collège, et de mettre en évidence
les invariants liés à ces transformations.
De façon générale, l’utilisation d’outils numériques doit amener une plus-value par
rapport à l’usage du papier-crayon. L’objectif n’est pas de rendre les élèves experts
sur un logiciel de programmation ou de géométrie dynamique, mais bien que ces
outils soient des supports pertinents au raisonnement mathématique.
Comme l’indiquent les repères annuels de progression pour le cycle 4, les élèves sont
amenés à transformer, à l’aide d’outils numériques, une figure. Ils doivent également
identifier ces mêmes transformations dans des frises, des pavages et des rosaces.
Un logiciel de programmation permet notamment d’appliquer des transformations
et d’en identifier ses caractéristiques.
Par ailleurs, grâce à un logiciel de géométrie dynamique, on peut agir sur une figure
construite tout en conservant ses propriétés. Par exemple, on peut demander
aux élèves de construire un rectangle dont les dimensions peuvent varier, puis de
déplacer ses sommets pour émettre une conjecture sur ses diagonales. Ce logiciel
permet ainsi de découvrir les propriétés caractéristiques des quadrilatères par
raisonnement inductif, sans pour autant chercher à faire un catalogue exhaustif
de toutes leurs propriétés.
La compétence « chercher » est l’une des compétences les plus exploitées à l’aide
des outils numériques. En effet, ceux-ci permettent de :
— tester : par exemple, chercher l’emplacement d’un point pour que deux aires
soient égales ;
— décomposer un problème en sous-problèmes : par exemple, trouver le
motif élémentaire dans une frise, ce qui nécessite de décomposer toutes les
transformations appliquées afin de réaliser soi-même la figure. On notera ici la
nécessité de raisonner avant de construire ;
— émettre une conjecture : par exemple, construire les médiatrices d’un triangle pour
conjecturer que, quel que soit le triangle, celles-ci sont concourantes en un point.
Enfin, à partir d’une situation réelle, les élèves peuvent faire appel aux outils numé-
riques afin d’en identifier un modèle mathématique. Dans ce cas, la compétence
« modéliser » sera mobilisée.
136 — Géométrie
Problème 1. On me voit !
On ne me voit plus !
Énoncés
1. On me voit bien !
Ma petite sœur empile des cubes les
uns sur les autres, tous de même forme.
Voici sa construction.
Combien a-t-elle empilé de cubes ?
3. On ne me voit plus !
L’entreprise Sucromania fabrique du sucre en morceaux. Elle souhaite conditionner
ses morceaux dans un emballage parallélépipédique de 280 mm de long, 140 mm de
large et 70 mm de hauteur.
Sachant qu’un sucre a la forme d’un pavé droit de 14 mm de long, 14 mm de large et
10 mm de hauteur, combien de sucres peut-elle mettre au maximum afin d’optimiser
son emballage ?
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
En géométrie dans l’espace, les évaluations internationales montrent que les élèves
rencontrent des difficultés à penser ce qui n’est pas visible. Ces problèmes ont pour
objectif de travailler la vision dans l’espace qui pose des soucis à de nombreux
élèves, tout en ancrant les mathématiques dans un contexte réaliste. Ils permettent
également de manipuler des solides puis d’en faire une représentation.
Un élève sait dès le primaire représenter des cubes et pavés droits. Au niveau 6e,
on attend de l’élève qu’il dénombre sur la première figure les cubes visibles et non
visibles, puis qu’il se construise une représentation de l’objet auquel il n’accède que
partiellement sur la deuxième figure. Enfin dans la dernière situation, on attend qu’il
se représente lui-même les objets mathématiques.
Stratégies d’enseignement
On peut également proposer des questions différentes. Par exemple, pour la série
de figures ci-dessus, il est possible de demander combien il manque de cubes pour
compléter le pavé. On peut également, en prolongement, proposer de représenter
différentes vues, voire d’enlever ou d’ajouter un ou plusieurs cubes pour que deux
vues deviennent identiques (en veillant cependant à conserver une longueur raison-
nable pour l’ensemble du problème).
Énoncé B
C
Ce problème peut être proposé dans une
A
classe de 5e.
Le professeur montre la figure ci-contre,
qu’il a réalisée sur une grande feuille,
en expliquant « naïvement » qu’il a voulu
construire les trois médiatrices des côtés
d’un triangle ABC et qu’il a obtenu un petit
triangle JKL qui lui paraît étrange.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème est largement inspiré d’une situation décrite par Guy Brousseau 134
et analysée par Catherine Houdement et Jean-Philippe Rouquès135.
Au cycle 4, le travail sur les codages est consolidé par des tâches régulières d’inter-
prétation et de réalisation de figures avec les instruments à partir de figures codées.
Peu à peu, les raisonnements menés sur des figures tracées en vraie grandeur
laissent place à des raisonnements élaborés à partir de figures à main levée.
Stratégies d’enseignement
Il faut bien garder à l’esprit qu’un professeur qui appuie sa démarche sur une figure
fausse doit indiquer très clairement, après la résolution du problème, que la figure pro-
posée initialement était fausse car mal construite (notamment lors de la trace écrite).
La démonstration que les médiatrices des côtés d’un triangle sont concourantes (puis
que leur point de concours est le centre d’un cercle, qui est circonscrit au triangle)
peut être dirigée par le professeur, étape par étape, sans attendre de formalisme
particulier de la part des élèves en début de cycle 4.
Une variante de la consigne, plus ouverte et plus proche de la situation présentée par
Guy Brousseau, peut être : « Construire un triangle ABC qui aura le triangle JKL le plus
grand possible. » Elle nécessite plus de temps de travail, mais permet l’élaboration
d’une démarche d’investigation par les élèves et ainsi davantage de constructions,
avec, le plus souvent, une recherche de précision dans les tracés.
142 — Géométrie
Énoncé
PARTIE I C M B
a. À l’aide d’un logiciel de géométrie dyna- 9,19
9,19
mique, tracer un triangle ABC. Placer le
milieu M du segment [BC] et afficher les aires
des triangles ABM et ACM.
b. Déplacer les points A, B et C. Que peut-on
conjecturer ?
A
c. Démontrer la conjecture énoncée.
PARTIE II
C
Soit ABC un triangle. Les points E, F et D sont
les milieux respectifs des côtés [AB], [BC] H F
et [AC]. D
On admet que les droites (AF), (BD) et (CE) sont G
I B
concourantes en un point qu’on nomme G.
Les points H, I et J sont les milieux respectifs J
A E
des côtés [CG], [BG] et [AG].
Montrer que l’aire de l’hexagone FIEJDH
obtenu est égale à la moitié de l’aire du
triangle ABC.
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les prérequis sont peu nombreux (hauteurs et aire d’un triangle). Une résolution
dès la classe de 5e peut être envisagée. L’utilisation d’un logiciel de géométrie dyna-
mique permet de multiplier les essais et d’émettre une conjecture.
Stratégies d’enseignement
PARTIE I
L’objectif de cette partie est de démontrer la propriété : « Une médiane d’un triangle
partage ce triangle en deux triangles de même aire. » La notion de médiane d’un
triangle n’est plus présente dans les textes officiels, cependant ce problème peut
être fait sans utiliser le mot « médiane », la propriété étant alors énoncée de la façon
suivante : « Si, dans un triangle ABC, on nomme M le milieu du côté [BC], alors la
droite (AM) partage le triangle ABC en deux triangles de même aire. »
144 — Géométrie
Remarques :
— la démonstration de la conjecture (question b) peut être guidée ou non : on peut
introduire un point H tel que H soit le pied de la hauteur issue de A ;
— il semble incontournable de rappeler la formule de l’aire d’un triangle en amont
de la résolution du problème ;
— les triangles AMC et AMB ne sont pas égaux (sauf cas particuliers), mais ils ont
la même aire, ce qui permet de rappeler que deux figures de même aire ne sont
pas forcément superposables ;
— la verbalisation de la conjecture obtenue est primordiale. Il faudra s’accorder
sur la formulation de la propriété trouvée avant d’essayer de prouver quoi que
ce soit ;
— on retrouve ici le triptyque manipuler (avec GeoGebra) – verbaliser (avec le
groupe et l’enseignant) – abstraire (démontrer et être convaincu que cette
propriété est toujours vraie) ;
— il n’y a pas de longueurs données, et il est important de ne pas en donner
pour pouvoir mener un raisonnement général et ainsi favoriser la phase
d’abstraction sans rester « accroché » à un cas particulier.
PARTIE II
Le schéma de démonstration est plus simple dans cette partie que dans la partie
précédente puisqu’il suit une trame classique :
145 — Géométrie
On vérifie
les hypothèses On applique
On conclut.
(toutes les conditions la propriété.
sont remplies).
Remarques :
— point de vigilance : les médianes sont concourantes en G ; on pourra utiliser
GeoGebra pour le faire constater aux élèves et l’admettre ;
— la difficulté principale réside dans la décomposition de la figure. L’élève doit
observer que cette figure est un assemblage de six triangles (ayant G comme
sommet commun) et appliquer six fois la propriété vue en partie I ;
— observation de la figure : le point G est le point d’intersection des diagonales [DI],
[EH] et [FJ] ;
— on pourra donner une figure déjà faite ou bien une figure à main levée puis
demander aux élèves de la faire en vraie grandeur ; ou bien ne pas du tout la
donner et la faire tracer aux élèves.
Remarques :
— le point G est placé à l’intérieur du triangle : il sera intéressant de déplacer le
point G et de constater que l’hexagone change de forme, mais qu’il a toujours la
même aire ;
— la figure est moins « régulière » que celle obtenue à la partie II du précédent énoncé ;
— on enlève la contrainte des médianes concourantes en G ;
— les scénarios envisagés à la partie II peuvent être envisagés ici ;
— les droites utilisées ne sont pas remarquables.
146 — Géométrie
Énoncé
60°
80°
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème permet d’utiliser les triangles semblables dans un autre contexte que
le calcul d’angle ou d’une longueur de segment à segment correspondant.
Au lycée, la recherche des valeurs exactes des longueurs peut invoquer la loi des sinus.
148 — Géométrie
Stratégies d’enseignement
Aucun mot de l’énoncé ne présente de difficulté particulière (même s’il faut toujours
s’assurer que les élèves ne confondent pas périmètre et aire). Pour résoudre ce
problème, on commence par fixer arbitrairement (mais raisonnablement) la mesure
d’un premier côté et on trace un triangle dont deux angles mesurent 60° et 80°.
On recommence cette étape en calculant le périmètre des triangles obtenus en
essayant de les faire évoluer vers un périmètre de 15 cm. Cela peut être indiqué à
des élèves qui ne démarrent pas ou s’égarent trop longtemps dans une stratégie dont
on leur montre qu’elle n’aboutira pas. Après un petit temps de recherche individuelle,
on peut proposer à des binômes d’élèves de comparer leurs premières construc-
tions. En constatant que les triangles ont la même allure si on tourne (ou même si
on retourne) les feuilles, il s’agit de réussir à faire émerger la notion de triangles
semblables à partir de deux angles égaux deux à deux puis d’inciter à revenir à la
définition ou à la propriété caractéristique sur les côtés dont les longueurs sont
proportionnelles. Ayant à leur disposition plusieurs exemples de triangles, il reste à
choisir celui dont le périmètre permettra le calcul de proportionnalité le plus simple
avant de construire le triangle demandé.
La mise en commun des résultats des élèves peut s’avérer délicate si le professeur
n’explicite pas assez tôt le statut des mesures utilisées. Il est indispensable d’utiliser
les mesures des deux côtés du triangle obtenu après construction des deux angles.
Or ces mesures sont nécessairement très imparfaites, ce qui entraînera des diffé-
rences, éventuellement assez nettes dans les résultats. Les élèves obtiendront des
triangles assez proches, mais pas rigoureusement identiques. Il faudra bien, malgré
tout, choisir des mesures pour développer le raisonnement et le professeur veillera
à bien mettre en avant la démarche et à aider à prendre du recul sur les résultats.
Ayant à leur disposition plusieurs exemples de triangles, ils peuvent calculer leur
périmètre et, en ajustant peu à peu la mesure du premier côté choisi ou en comparant
les résultats obtenus dans la classe, constater que le triangle cherché a un premier
côté (celui qui est adjacent aux angles de 60° et 80°) dont la longueur est comprise
entre 3,5 cm et 4 cm. En effet, voici ce que l’on obtient en utilisant le logiciel GeoGebra :
CB = 5,39
AC = 6,13
60° 80°
A B
BA = 4
Pour utiliser la notion de proportionnalité des côtés des triangles semblables, il leur
reste à en choisir un pour effectuer le calcul de proportionnalité. Par exemple, on
pourra leur demander de produire un tableau de proportionnalité qui reprend la
mesure d’un côté et le périmètre d’un triangle déjà construit et de l’utiliser pour
calculer la valeur approchée de la mesure du premier côté dans le triangle cherché.
Périmètre Périmètre
Longueur Longueur Longueur
du triangle du triangle 19,4 15
AB en cm AC en cm BC en cm
en cm en cm
Il convient d’être vigilant sur le fait que cette démarche s’oppose à ce que l’on
attend souvent des élèves en géométrie, à savoir une démarche qui repose sur un
raisonnement et non sur la mesure sur une figure. Les démarches expérimentales
qui font appel à des mesures sur une figure ont toute leur place dans la résolution
de problèmes (par exemple lorsque l’élève construit une représentation à l’échelle
d’une situation réelle et mesure sur sa figure), mais, pour éviter les confusions,
on veillera à bien expliciter les différentes démarches et à sensibiliser les élèves
à leurs différences, et ce tout au long du collège.
150 — Géométrie
Énoncé
Chacune des figures suivantes est constituée de deux points A et B. Chacune d’elles
doit être complétée par un point J qui respecte les conditions suivantes :
— I, C et D sont trois points tels que I est le milieu des segments [AC] et [BD] ;
— E est le point tel que A est le milieu du segment [DE] ;
— J est le milieu du segment [CE].
Soyez le premier groupe à placer très précisément le point J sur toutes les figures
pour remporter le défi. Vous devrez ensuite être capables de convaincre les autres
groupes que toutes vos figures sont correctes !
A B
B
A
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Un autre moyen de motiver les élèves est la présentation de la consigne sous forme
de défi : cela donne une dimension ludique, avec un enjeu de vitesse et de précision
d’exécution entre les groupes où chacun a à cœur de s’investir.
Ce problème pourra être proposé à partir de la classe de 5e, lorsque les propriétés
du parallélogramme sont connues. Il fait travailler la compétence « représenter »,
mais aussi plusieurs aspects de la compétence « raisonner » : le raisonnement inductif
basé sur l’observation de plusieurs constructions complètes et le raisonnement
déductif à plusieurs étapes qui devra être davantage accompagné par le professeur
en début de cycle. La communication de la preuve, bien organisée à l’écrit, n’est qu’un
attendu de fin de cycle 4.
152 — Géométrie
Stratégies d’enseignement
La consigne s’adresse à des groupes d’élèves, car un travail individuel serait long et
assez fastidieux, ce qui ferait courir le risque de les désintéresser de la situation étudiée.
Les figures données à chaque groupe permettent une différenciation : les figures
avec quadrillage sont plus faciles à exécuter et à vérifier entre élèves. La dernière
figure proposée est importante d’un point de vue didactique, car la construction pas
à pas oblige à sortir du cadre ; pour placer le point J, il sera nécessaire de conjec-
turer sa position. Cela rend le raisonnement nécessaire : les élèves ne peuvent pas
se contenter d’exécuter une construction.
Une ou deux autres figures peuvent être ajoutées pour assurer un bon raisonnement
inductif avec des constructions sur papier, mais elles peuvent être remplacées avan-
tageusement par une deuxième partie de construction avec un logiciel de géométrie
dynamique. Aucun fichier préparé par le professeur n’est utile : les points A et B de
départ sont quelconques.
La conjecture sera plus facile à établir dans certains groupes que dans d’autres.
Pour faire un temps de régulation, il est nécessaire d’attendre que tous les élèves
aient chacun une figure bien réalisée. Si la construction avec un logiciel de géométrie
dynamique vient ensuite, il est important de rappeler qu’elle ne permettra que de
consolider la conjecture, pas de la prouver.
L’étonnement devant la conjecture, mieux que les petites imperfections dues aux
erreurs de tracé sur certaines figures, amène la nécessité de la preuve : comment
est-ce possible que le point J soit toujours le milieu de [AB] ? En début de 5e, le pro-
fesseur pourra aider à déterminer les étapes de démonstration, en guidant plus
ou moins les groupes selon leurs besoins. Il sera souvent amené à rappeler aux
élèves de bien coder la figure au fur et à mesure et à leur demander d’extraire des
parties de figure, car il n’est pas naturel pour eux de faire abstraction de certains
éléments, de redessiner à main levée une partie de la figure. La dernière étape de
démonstration nécessite l’utilisation de la propriété suivante dans le quadrilatère
AEBC : « Si un quadrilatère non croisé a deux côtés parallèles et de même longueur,
alors c’est un parallélogramme. » Si cette propriété n’a pas été donnée dans le cours,
le professeur pourra la donner à l’occasion de ce problème.
153 — Géométrie
Didactique. Raisonner
pour construire et construire
pour raisonner
Ces problèmes peuvent être très simples ou beaucoup plus complexes. Envisageons
par exemple le problème suivant : « Construire un rectangle EFGH tel que EF = 6 cm et
EG = 8 cm. » Sans schéma codé, beaucoup d’élèves se font une mauvaise idée de ce
qui est demandé et produisent un rectangle ayant pour dimensions 6 et 8 cm, alors
que c’est la diagonale qui mesure 8 cm. De plus, la construction nécessite de faire
appel à des propriétés, ce qui permet de montrer leur utilité sans les réduire à un
catalogue de connaissances. L’objectif premier est bien de raisonner, puis d’aboutir
à une construction.
Les élèves seront souvent décontenancés par certains sujets qui ne donnent pas
toutes les informations pour réaliser immédiatement la figure demandée. Ils suivront
alors leur intuition et feront des essais dont certains pourront ne pas aboutir (cela
pourra notamment être le cas du problème « Le triangle mystère », présenté p. 146),
mais ces problèmes permettront souvent de développer les capacités d’analyse et
de prise d’initiative des élèves.
154 — Géométrie
Les problèmes de modélisation, vécus ou issus d’une photo ou d’une vidéo, néces-
sitent le passage d’une situation réelle à un modèle mathématique (par exemple une
figure géométrique), ce qui peut être un véritable obstacle pour les élèves. S’ils ne
maîtrisent pas cette compétence, ils ne peuvent pas accéder au raisonnement. Il est
donc essentiel de former les élèves à modéliser puis à représenter le modèle choisi,
notamment pour les rendre plus autonomes dans l’utilisation d’outils mathématiques
au-delà du strict champ mathématique.
L’exemple suivant138 est présenté de façon à ce que l’élève ait besoin de s’imaginer
la situation, de comprendre dans quel plan se placer pour effectuer ensuite la
modélisation sous forme d’une figure géométrique plane, comportant toutes les
informations nécessaires à la mise en œuvre du raisonnement déductif menant à
la réponse :
En résumé
Entrée historique
Au xviiie siècle, les systèmes de mesure (longueurs, poids, capacités, monnaies, temps)
sont complexes. De plus, ils varient d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, d’une
ville à l’autre, d’une corporation à l’autre. Cela entraîne des calculs compliqués dans
la vie quotidienne, des erreurs fréquentes et de multiples possibilités de fraude. Pour
remédier à cette situation, la Convention nationale, par son décret du 1er août 1793,
institue un nouveau système général des poids et mesures reposant notamment sur
la division décimale de toutes les unités de grandeur.
139 — https://www.education.gouv.fr/bo/BoAnnexes/2004/
hs4/maths_sixieme.pdf ; https://www.education.gouv.fr/bo/
BoAnnexes/2005/hs5/annexe2_1.pdf
140 — https://media.eduscol.education.fr/file/Programmes/16/9/
doc_acc_clg_grandeurs_109169.pdf
141 — https://cache.media.eduscol.education.fr/file/
Mathematiques/16/8/RA16_C3_MATH_grand_mesur_N.D_609168.pdf
159 — Grandeurs
À la suite de Pouchet, des tables graphiques de calcul ont été utilisées dans de nom-
breux domaines jusque dans les années 1970, où elles ont été en grande partie
supplantées par les calculatrices électroniques et les ordinateurs.
Figure 34. Tableau graphique universel proposé par Louis-Ézéchiel Pouchet. Calcul de 25 x 0,44 ÷ 1,965 sur cet
abaque : en multipliant 25 par 0,44, on arrive sur l’hyperbole cotée 11, puis, en divisant 11 par 1,965, on obtient 5,6.
L’approximation est suffisante pour les besoins courants. Noter qu’à chaque étape, le placement de la virgule se fait
par une estimation mentale de l’ordre de grandeur : il s’agit donc d’un calcul en virgule flottante.
160 — Grandeurs
Les élèves sont facilement convaincus qu’on obtient des douzièmes en pliant en douze
parts égales une feuille A4. Plusieurs pliages sont cependant possibles, qui donnent
des « douzièmes » de formes différentes (voir figures 35 et 36). S’agit-il du même
douzième ? « Puisque 12 douzièmes c’est 1, c’est le même douzième » constitue une
justification courante, d’ordre algébrique, qui repose sur « puisque 12a = 1 et 12b = 1,
alors a = b ». Est-ce aussi élémentaire qu’il n’y paraît ?
Figures 35 et 36. Deux pliages en 12 parts égales qui forment des rectangles trapus ou allongés.
Les nombres sont enseignés et donc pensés par les élèves comme mesures de
grandeurs et les pliages en « douzièmes » mettent en jeu la grandeur aire. Considérant
les pliages des figures ci-dessus, pour trancher sur l’identité des douzièmes, une
justification, d’ordre pragmatique, consiste à tester la recomposition d’un rectangle
trapu, par découpages et recollements, en un rectangle allongé. Dans une classe,
la conclusion sera affirmative ou négative selon l’habileté les élèves. L’enseignant
peut forcer la conclusion en affirmant qu’en théorie, la recomposition est possible.
Il peut aussi engager les élèves dans une justification complémentaire. Une étape
préliminaire est nécessaire : si le pliage est idéal, tous les rectangles trapus sont
identiques, de même pour les rectangles allongés. Imaginons alors que les aires
des rectangles trapus et allongés soient différentes. Deux aires étant toujours
comparables (1), supposons, par exemple, que l’aire d’un rectangle allongé est
plus grande. L’aire du petit peut alors être complétée pour former la grande (2).
Une expérience de pensée permet d’affirmer que la juxtaposition de 12 rectangles
trapus reconstitue la feuille et que celle des 12 rectangles allongés est plus grande,
ce qui est impossible. Ce raisonnement élémentaire – mais par l’absurde – établit la
régularité de la multiplication d’une grandeur par entier et assure qu’il s’agit bien du
même douzième. Il est généralisable à la multiplication par un rationnel et est aussi
valable pour la grandeur nombre.
Cet exemple illustre que les grandeurs et leurs propriétés (ici, notamment 1 et 2)
fournissent des opportunités pour l’apprentissage du raisonnement, apportent
des justifications de natures variées utiles pour l’apprentissage des propriétés
des nombres et des opérations, et suggère que leur absence pourrait induire des
failles logiques dans cet enseignement, questions explorées par la recherche en
didactique143 .
Mathématiques. Notions
de grandeurs , mesures et unités 144
Grandeur (divisible)
Les grandeurs physiques ou mathématiques dépendent des objets d’étude qui peuvent
porter plusieurs espèces de grandeurs (masse, longueur, durée, prix). Une grandeur
met en relation des objets différents au sens des « relations d’équivalence » (tous
les objets de même masse portent la même grandeur). Les grandeurs (d’une même
espèce, par exemple, la masse) vérifient une relation d’ordre total (on peut comparer
des masses), possèdent une addition (on peut additionner des masses) et par itération
une multiplication par un entier (une masse trois fois plus lourde qu’une autre), une
soustraction (si une masse est plus petite qu’une autre, on peut trouver une masse
différente), et généralement la division par un entier non nul (on parle alors de grandeur
divisible). Certaines notions discrètes (habitant, voyageur, véhicule) sont traitées
comme des grandeurs (discrètes) et en pratique comme des grandeurs (divisibles)
dès que les cardinaux sont grands (le tiers d’une population de 3 500 habitants).
Mesure
Mesurer une grandeur, c’est chercher combien de fois elle contient une grandeur
de même espèce, appelée unité. Cette mesure dépend donc de l’unité, contrairement
à la grandeur qui est intrinsèque. Le résultat de la mesure est donc un nombre.
La mesure permet de comparer deux grandeurs (divisibles) de même nature en
ramenant la comparaison à celle de deux nombres.
« Grandeur repérable »
Grandeurs et dimension
Problème 1. Le Curvica
Curvica est un puzzle pédagogique de 24 pièces inventé par Jean Fromentin en 1982
et publié par l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement
public (Apmep)146. Les pièces, toutes différentes, sont constituées de 4 côtés bombés,
rectilignes ou creusés à partir d’un même carré.
147
Figure 37. Les 24 pièces de ce puzzle Curvica forment un rectangle de 4 pièces sur 6 .
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ce problème peut être traité dès le début du cycle 3 et se prolonger en fin de cycle 4
ou en classe de 2de.
En fin de cycle 4 et en 2de, le travail pourra s’orienter vers l’expression des périmètres
et des aires. Il est envisageable de s’affranchir de calculs numériques en posant,
par exemple, p la longueur de cet arc de cercle et a l’aire de la portion de disque
ainsi générée. Ainsi, il sera possible d’exprimer, en fonction de p, le périmètre, et en
fonction de a, l’aire de chacune des 24 pièces et de comparer ces périmètres et ces
aires. La propriété d’additivité de l’aire prend ici tout son sens.
Stratégies d’enseignement
En fin de cycle 3, il convient de mettre à disposition les pièces afin de permettre aux
élèves de manipuler et ainsi de comparer aires et périmètres. Il est possible, dans
le cadre de la différenciation, de varier l’énoncé en modifiant le choix des pièces au
départ et en modulant le questionnement.
164 — Grandeurs
Énoncé alternatif
TRANSFERT
Le Curvica triangulaire (construction des pièces non plus sur la base d’un carré,
mais d’un triangle équilatéral).
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Les problèmes de robinet ont laissé quelques mauvais souvenirs dans l’enseignement
et ont souvent été décriés. Comme rappelé dans l’entrée historique du chapitre 2,
ces problèmes relèvent de la proportionnalité et de la méthode de la fausse position
comme dans l’exemple traité par Fibonacci : « Un lion mange un mouton en 4 heures,
un léopard en 5 heures et un ours en 6 heures. On demande en combien d’heures
ils auront dévoré un mouton si on leur en jette un entre eux. »
Au milieu du cycle 4, après un travail sur les grandeurs quotients, ce problème peut
être proposé pour mobiliser la notion de débit en parallèle avec la notion de vitesse
rencontrée dès le cycle 3148 .
Stratégies d’enseignement
Différentes démarches (on en présente trois ici) sont envisageables, mais elles
mettent toutes en jeu un raisonnement autour d’une unité permettant un rai
sonnement qui s’appuie sur la proportionnalité. L’utilisation d’une modélisation
permet aux élèves d’entrer plus facilement dans le problème en se représentant de
manière concrète la situation.
L’énoncé présente une difficulté pour comparer les débits des deux robinets.
Ce point n’est pas anodin et résulte d’une analyse précise de l’énoncé par l’élève qui
doit se poser la question : « Que se passe-t-il en une minute [l’unité de temps du rai
sonnement], si je sais ce qui se passe en deux minutes ? » ou, de manière équivalente,
« Que se passe-t-il en deux minutes ? »
DÉMARCHE 1
On raisonne autour de l’unité de temps.
Par minute, R1 (le premier robinet) remplit 24 L et R2 remplit 12 L : à eux deux, ils rem-
plissent 36 L en une minute. Il faut 30 (= 1 080 ÷ 36) minutes pour remplir le jacuzzi.
DÉMARCHE 2
On raisonne sur les volumes.
En un temps donné, le robinet R1 délivre un volume deux fois plus important que le
robinet R2, ce qui explique que, pendant le temps total, R1 remplit les deux « unités
de volume » tandis que R2 ne remplit qu’une « unité de volume ». La modélisation en
barres, ou un raisonnement élémentaire, indique qu’il y a donc 3 volumes à
considérer. Par conséquent, R1 remplit les deux tiers du volume total du jacuzzi
tandis que R2 en remplit un tiers. On en déduit que R1 remplit 720 L, tandis que R2
remplit 360 L.
1 080 L
R1 R1 R2
720 L 360 L
DÉMARCHE 3
On raisonne en appui sur le débit de l’un des robinets, comme dans la méthode de
la fausse position.
R2 fonctionnait seul. Or, le volume rempli par R1 et R2 ensemble est égal à 3 fois le
volume rempli par R2. On en déduit que le temps nécessaire pour remplir le jacuzzi
est égal à 90 min ÷ 3 = 30 min.
167 — Grandeurs
Énoncé
Voiture hybride
86 gCO2e pour 1 km
transportant 4 personnes
Bus transportant
65 kgCO2e pour 100 km
50 passagers
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Le problème s’attache à travailler les grandeurs produits ainsi que les grandeurs
quotients. Son originalité réside dans l’utilisation de grandeurs, que l’on voit rarement
en collège, mais davantage dans des sujets au baccalauréat ou dans les évaluations
internationales où les questions environnementales sont souvent interrogées.
Par ailleurs, le questionnement sur le calcul du coût carbone émis dans les divers
scénarios de transport ouvre, au sein de la classe, un débat scientifique dans un
cadre pluridisciplinaire sur les paramètres complexes qu’il convient de prendre en
compte pour une telle estimation des données inscrites dans le tableau (consom-
mation énergétique, amortissement du matériel, usure de l’infrastructure, taux de
remplissage pour le transport en commun, etc.).
Les méthodes que l’élève peut mettre en œuvre sont plurielles et nécessitent une
vigilance particulière dans le traitement des informations concernant l’unité, pour
pouvoir mener des raisonnements comparatifs. La précipitation est ici à éviter,
comme le signalait déjà Descartes dans sa première règle de la Méthode149, tandis
que la troisième règle suggère de commencer à raisonner sur les objets les plus
simples150. L’élève pourra par exemple raisonner par passager à l’échelle de la famille.
Stratégies d’enseignement
Le tableau peut être décliné de plusieurs manières afin de mettre en œuvre la diffé-
renciation au sein de la classe. Par exemple, pour faciliter la manipulation des unités,
on peut proposer à certains élèves le tableau simplifié suivant (ce qui n’exclut pas
un accompagnement renforcé pour les élèves les plus fragiles avec l’énoncé initial) :
Voiture hybride
86 gCO2e/km
transportant 4 personnes
Énoncé
350
300
250
200
150
100
50
Temps écoulé en h
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5
Doc. 1
171 — Grandeurs
Sortie : DOZULÉ
TARIF H.T. 3,08 €
T.V.A. 20 % 0,62 €
TARIF T.T.C. 3,70 €
Date : 26/03/2021 16 h 32
Doc. 2
151 Doc. 3
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Ressorts de continuité
ou éléments de progressivité
Le courbe utilisée dans le document 1 est une fonction affine par morceaux construite
à partir d’un parcours réel dont on a modifié la vitesse sur des segments auto
routiers : il permettra aux élèves de calculer les vitesses instantanées soit par calcul
exact, soit par estimation.
Les différents coups de pouce qui peuvent être donnés relèvent essentiellement
de la bonne interprétation de la courbe et des choix des intervalles de temps pour
estimer les vitesses moyennes (glissantes). Des gabarits illustrant les vitesses
excessives pourront être utiles pour repérer les pentes correspondantes (compte
tenu des marges d’erreurs et de la précision du tracé, on peut tracer des segments
représentant des vitesses de 150 km/h ou 160 km/h).
Énoncé
Mots-clés
Pourquoi ce problème ?
Cet exercice renvoie, d’une part, aux fondements de la notion de grandeurs divisibles,
et d’autre part, à des stratégies d’encadrement déjà présentes chez Archimède
(méthode d’exhaustion-compression) et annonçant le calcul intégral.
Dès l’école primaire, les élèves sont amenés à estimer l’aire d’une surface par une
unité, soit dans le cadre des loisirs (recouvrir une forme à l’aide de gommettes), soit
dans un cadre plus structuré lorsque l’on dispose d’un quadrillage, par exemple.
Dans un premier temps, on peut faire travailler les élèves sur l’exemple ci-dessous,
où l’on souhaite estimer l’aire d’une partie du Mont-Saint-Michel en s’aidant d’un
plan quadrillé152 . On peut aussi, dans le cadre de la différenciation, proposer un
quadrillage équilatéral.
Stratégies d’enseignement
La mesure d’une aire réinterroge les stratégies de comptage qui mettent en jeu
soit des variables d’échelle (compter dans un premier temps des grands carrés,
par exemple, avant de compter des petits carrés), soit l’introduction de formes
connues (de grands rectangles dont on connaît l’aire, en utilisant le produit longueur
fois largeur). La bonne gestion des données et leur disposition ordonnée sont
indispensables pour permettre un comptage final aisé et correct, comme le précise
le troisième principe de la Méthode de Descartes (voir la note de bas de page 150
du problème 3, p. 168).
Cependant, la mesure de l’aire renvoie à l’existence d’une unité dans laquelle il sera
aisé de raisonner.
Une question qui peut être débattue en amont est la désignation ou construction de
cette unité. Si une unité de longueur est proposée (par exemple, une échelle), alors
il conviendra de construire l’unité de surface correspondante, puis d’aller vers la
construction du quadrillage idoine (adapté en fonction de la précision souhaitée).
On peut aussi, à des fins de manipulation – notamment en début de cycle –, procéder
au découpage de l’unité de référence du nombre de fois nécessaire pour assurer
réellement le recouvrement de la surface.
Lorsque les unités sont imposées, un débat avec les élèves conduira à différencier
au moins deux cas :
— 1er cas : on peut construire un pavage (par exemple, un quadrillage carré, hexa-
gonal, triangulaire), à partir de l’unité proposée, qui nous ramène à la situation
classique de comptage. Cela permet aux élèves de rentrer rapidement dans le
problème et ainsi de donner un encadrement de l’aire de la surface ;
— 2e cas : l’unité n’est pas adaptée pour construire un pavage. Dans ce cas, on peut
construire une unité auxiliaire (par exemple, un carré) qui nous permettra de
mesurer l’aire de l’objet. En fonction des situations, on pourra mesurer précisément
l’aire de l’unité avec l’unité auxiliaire (par exemple, disque par rapport au carré), ou
on essaiera de l’approximer via des estimations par excès et par défaut.
En résumé
Contexte
Le programme de cycle 4153 précise que la maîtrise par les élèves des notions mathé-
matiques (savoirs et savoir-faire) mobilisées dans un problème ne saurait suffire
pour leur permettre de résoudre, en autonomie, ce problème. En effet, il existe une
distinction bien établie entre connaissances déclaratives et possibilité de mise en
œuvre de ces connaissances en contexte. La seule maîtrise d’une définition est par
exemple bien insuffisante pour garantir sa mobilisation à bon escient. Il faut donc que
l’élève soit en mesure d’identifier des contextes favorables à cette mise en œuvre et
que les situations-problèmes qu’il rencontre lui évoquent les notions mathématiques
appropriées et les stratégies adéquates à déployer pour y faire face.
La suggestion d’utiliser une situation déjà travaillée en classe peut accroître consi-
dérablement la performance des élèves. En effet, les facteurs d’accès aux connais-
sances sont des facteurs au moins aussi importants de la réussite du transfert
d’apprentissage que la possession des connaissances elles-mêmes : lorsque l’élève
ne fait pas le lien entre une situation connue et une situation nouvelle, il ne peut uti-
liser ses connaissances de la situation connue.
154 — http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-
prioritaire/ressources/theme-1-perspectives-pedagogiques-et-
educatives/realiser-un-enseignement-plus-explicite/enseigner-
explicitement-pour-quoi-qui-quand-quoi-comment
155 — Contribution d’Emmanuel Sander.
180 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
Des travaux montrent que des similitudes superficielles telles que le thème général
de l’histoire ou les rôles des personnages favorisent l’évocation d’une situation pré-
cédente, pour donner lieu à un transfert positif, et conduire à la résolution, lorsque
les problèmes partagent effectivement la même structure mathématique, et négatif,
en appliquant une stratégie inappropriée, dans le cas contraire. Dans une étude de
Laura R. Novick 156 , les élèves étudient les solutions à un problème partageant des
traits superficiels (il s’agit de répartir des objets en un certain nombre de lignes et
de colonnes), mais relevant d’une autre classe de problèmes que le problème cible,
ainsi qu’à un problème n’ayant pas de traits superficiels en commun, mais étant de
la même classe de problèmes que le problème cible. Les élèves font majoritairement
un transfert négatif, c’est-à-dire qu’ils mettent en œuvre en priorité la stratégie
de résolution étudiée pour le problème ayant des similitudes superficielles avec le
problème cible, bien que le principe de solution diffère.
PROBLÈME SOURCE
Une infirmière mélange une solution de 6 % d’acide borique avec une solution de
12 % d’acide borique.
Combien lui faut-il de chaque solution pour avoir 4,5 litres de mélange à 8 % ?
Les résultats du transfert sont faibles, de l’ordre d’un tiers de réussite, tant pour
l’isomorphe épicier que pour l’isomorphe intérêts. Cela peut s’expliquer par le fait que
dans le problème initial, le problème de mélanges entre acides, une fois le mélange
réalisé, il n’y a plus qu’une substance, celle qui résulte du mélange, et les composants
du mélange sont perdus. L’objet auquel s’applique la concentration moyenne est
le résultat du mélange. Ce n’est pas le cas des deux autres énoncés. Par exemple,
pour le problème d’intérêt moyen entre deux comptes, les deux comptes continuent
d’exister, et l’objet auquel s’applique l’intérêt moyen est l’ensemble des deux comptes
constituant le capital de la personne. Comme le problème appris a été codé comme
un problème de mélange avec dissolution des composants, la solution du problème
appris n’est pas reconnue pertinente pour résoudre les deux autres problèmes.
En règle générale, on peut considérer que la raison majeure des faibles perfor-
mances de transfert tient à la représentation que les élèves se sont construite
du problème étudié en classe et à leur représentation du problème à résoudre.
Des études ont montré que la catégorisation du problème, c’est-à-dire le choix des
propriétés qui font apparaître des ressemblances et des différences par rapport à
d’autres problèmes, et les dimensions sur lesquelles se fondent les élèves, ne sont
souvent pas celles qui sont pertinentes sur le plan mathématique158. Un enjeu crucial
est donc que le codage que l’élève a réalisé de la situation-problème soit pertinent sur
le plan mathématique et ne tienne pas principalement à des traits superficiels de la
situation. En effet, dans le cas contraire, l’élève ne sera pas en mesure de transférer
à une nouvelle situation la stratégie travaillée en classe, car il ne reconnaîtra pas la
possibilité de la mettre en œuvre, comme dans cet exemple précédent où ce qui est
travaillé dans le cas d’un mélange de solution chimique n’est réinvesti que par un tiers
des élèves dans le contexte de mélange de fruits secs ou de calcul de taux d’intérêt.
Un enjeu fort est donc de rendre perceptibles les similitudes et les différences entre
énoncés relevant d’une même classe de problèmes. Une telle activité de comparaison
entre problèmes favorise la prise de conscience chez l’élève des caractéristiques
structurelles du problème par opposition à ses caractéristiques superficielles, ce
qui est crucial dans la perspective du transfert d’apprentissage à de nouveaux
problèmes. Cette forme d’approche s’est avérée un mode particulièrement efficace
pour que les élèves réussissent à situer ce en quoi deux énoncés partagent une
structure mathématique commune au-delà d’habillages différents. Elle permet
également de montrer en quoi des énoncés, qui ont en commun un certain habillage,
peuvent incarner des structures mathématiques différentes et comment une
procédure de résolution applicable pour l’un des énoncés cesse de l’être pour
l’autre. Cette démarche est exemplifiée à travers les études de cas présentées dans
la suite de ce chapitre.
Les programmes de ces vingt dernières années, tout comme les évaluations inter-
nationales, renforcent la dimension « résolution de problèmes » dans l’enseignement,
à tous les niveaux de la scolarité. Ce champ est considéré comme difficile par les
enseignants. La recherche en didactique des mathématiques a défini et exploré
différents types de problèmes et de situations qui ont diffusé plus ou moins dans
l’enseignement et qui ont été étudiés régulièrement dans les Irem : situations-pro-
blèmes, problèmes ouverts, problèmes longs, situations ou ateliers de recherche,
activités de recherche et de preuve entre pairs, activités d’étude et de recherche,
parcours d’étude et de recherche, etc.
Les situations de recherche pour la classe (Sirc) sont des situations issues de la
recherche mathématique actuelle. Cette proximité avec des questions encore par-
tiellement non résolues est déterminante pour le rapport que les élèves vont avoir
avec la situation. Le problème initial est facile d’accès. Il se situe, pour l’élève, hors
des mathématiques formalisées. De plus, la question est facilement identifiable.
Des stratégies initiales existent. Mais les connaissances requises ne sont pas sco-
laires, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas notionnelles. Ainsi, il n’y a pas d’obstacles
constitués par des contenus notionnels. Il n’y a pas de « fin de la situation », il n’y a que
des critères de fin locaux. Une question résolue renvoie à une nouvelle question167.
Notons que le rôle de l’enseignant dans ces dispositifs est très important. Il adopte
une posture d’observateur, de médiateur et d’animateur du travail des élèves. Ainsi,
il va s’assurer de l’engagement de tous les élèves, les relancer et les aider si besoin,
en veillant toutefois à ne pas fermer le problème ou (in)valider leurs propositions.
Il est également important de les encourager et de favoriser l’autocritique de leurs
propositions. Pendant le débat, il doit dynamiser, orienter et cadrer les échanges,
sans trop les influencer. En effet, on cherche à ce que les conjectures, preuves et
résultats soient produits et formulés par les élèves. Enfin, dans le temps de synthèse,
l’enseignant est de nouveau acteur et meneur. C’est lui qui (re)met en évidence les
savoirs et les compétences développés pendant la recherche du problème. Il fait
alors des choix d’institutionnalisation en fonction de ses objectifs d’apprentissage
et de sa progression.
Dans la suite de ce chapitre, le choix a été fait de présenter une stratégie d’ap
prentissage fondée sur l’explicitation ; d’autres stratégies pourraient compléter ces
propositions. Cette démarche est bien à différencier d’un enseignement magistral
(ex cathedra) et doit se comprendre comme intégrée à l’activité de cette même
résolution de problème. Elle est également destinée à potentialiser les bénéfices de
l’engagement des élèves dans une démarche de recherche de solution propice à
faire évoluer favorablement leurs conceptions.
Au-delà des étapes nécessaires pour résoudre un problème particulier, au-delà des
questions qu’on se pose, des stratégies utilisées lors de cette résolution, il convient
d’expliciter les compétences mobilisées transposables à d’autres situations ainsi que
le cadre que l’élève pourra réinvestir. L’élève doit avoir conscience des compétences
qu’il mobilise. Patrick Rayou 169 indique : « La pédagogie explicite ne va pas de soi et
conduit à s’interroger sur ce qui est explicitable, ce qui est explicité dans les pratiques
et ce qu’il faudrait expliciter pour une plus grande efficience des apprentissages.
D’une manière générale, les enseignants savent plutôt bien expliciter :
— l’objet de savoir en fin de séance ; c’est l’institutionnalisation (qui ne rencontre
pas toujours les attentes des élèves des milieux populaires) ;
— les supports de l’étude, c’est-à-dire le sens de la consigne.
Le constat qui est fait, c’est que même lorsque les enseignants tiennent explicitement
ces deux bouts, ce qui semble manquer, c’est l’explicitation de la forme scolaire, ce
que signifie “apprendre à l’école”. »
Jacques Bernardin170 pointe quatre moments propices dans la séance et/ou dans
la séquence pour expliciter et faire expliciter :
« — Les cinq premières minutes de cours, pour la présentation des enjeux de l’activité
et l’appropriation commune de la consigne (éclaircir le but).
— Au cours de la tâche, quand cela s’avère nécessaire, suspendre l’activité [d’un
élève ou d’un groupe] pour faire expliciter les procédures amorcées et, si besoin
réorienter la tâche pour faire évoluer l’activité de l’élève. Dévoilement et inven-
taire critique des moyens mis en œuvre qui peuvent aussi se faire au terme de
la réalisation.
— Le temps d’institutionnalisation. C’est le passage du réussir au comprendre, trop
souvent éludé (ou pris en main de manière unilatérale par l’enseignant), pour
dégager le noyau dur de l’activité et en faire un objet de savoir générique que les
élèves pourront transférer dans une situation de même nature.
— La transition, le tissage entre une séance et la suivante qui permet parfois de faire
saisir à certains ce qui ne l’avait pas été lors de l’institutionnalisation. »
169 — http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-
prioritaire/ressources/theme-1-perspectives-pedagogiques-et-
educatives/realiser-un-enseignement-plus-explicite/enseigner-
explicitement-pour-quoi-qui-quand-quoi-comment
170 — Ibid.
186 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
Disposer de procédures
automatisées
Une première modalité présentée ici conduit, tout au long de l’année, à développer
des réflexes intellectuels chez les élèves et à les inciter à développer une posture
réflexive. Il s’agit de les outiller pour leur permettre de s’engager dans une résolution
de problèmes quel que soit le type de problème (problème pour chercher, problème
basique ou atypique, etc.).
Pour rendre les élèves capables de résoudre des problèmes en autonomie, il est
nécessaire de développer certains automatismes. En complément d’un travail sur
le développement de savoirs et savoir-faire, certaines questions flash peuvent
permettre d’entraîner les élèves à développer les six compétences mathématiques.
Par exemple, les questions flash proposées ci-dessous visent à entraîner les élèves
du collège à développer trois des six compétences mathématiques.
LA COMPÉTENCE « MODÉLISER »
Dans les trois situations suivantes, malgré un habillage commun, des structures
mathématiques différentes sont à mobiliser : respectivement le théorème de Tha-
lès, le théorème de Pythagore et des relations trigonométriques. On ne cherchera
pas à résoudre les exercices, mais à identifier les théorèmes à mobiliser grâce aux
données présentes sur les figures.
ÉNONCÉ
Dans chaque situation suivante, indiquer le théorème ou la définition à utiliser pour
calculer la longueur AB.
A A A
K K 53° K
6,3 cm
7,2 cm
6
6 cm
cm
3,6 cm
C J B C J B C J B
9,6 cm
LA COMPÉTENCE « CALCULER »
ÉNONCÉS
1. Soit y un nombre négatif différent de 0.
Indiquer la règle à utiliser pour déterminer le signe de chacune de ces expressions.
E = y10 F = –3 x y G = –3 + y
2. [On rappelle la règle] Le produit de deux nombres relatifs de même signe est positif.
Dans chacun des cas suivants, y est un nombre négatif différent de 0.
Indiquer si on peut appliquer cette règle pour connaître le signe de l’expression.
Expliquer.
A = y x (– 7) B = –4 – y C = y2 D = –y x (+4)
3x = 5x + 9 –7 = 2x + 2 3x – 9 = 5x 5x + 2 = 3x – 7
LA COMPÉTENCE « REPRÉSENTER »
ÉNONCÉ
Quelle situation représente l’expression 3x + 4x ?
Beaucoup d’enseignants sont démunis face aux difficultés éprouvées par certains
élèves qui peinent à s’engager dans la tâche lorsqu’il s’agit de résoudre un problème,
et sont découragés par l’impression que les élèves ne retirent pas suffisamment de
bénéfice de ces séances de résolution de problèmes.
Au-delà du dire, les élèves doivent pouvoir garder une trace écrite de cette expli
citation. Ils pourront ainsi se référer à quelques problèmes ayant valeur de modèle
à l’occasion de nouvelles résolutions. Sur ce point, on pourra s’appuyer sur ce qui
est inscrit dans le préambule des programmes de cycle 4172 .
Le focus suivant détaille une séquence de mise en œuvre en classe d’un tel appren-
tissage, dans le cadre d’une résolution de problème relevant de la classe « problèmes
se modélisant par une équation ».
L’enjeu de cette séquence est donc de permettre aux élèves de reconnaître une
situation et de la rattacher à une classe plus générale de problèmes, d’être en capa-
cité de prendre des initiatives dans des situations similaires et de résoudre des
problèmes relevant de la même classe sans indications du professeur ou d’un pair,
sans questions intermédiaires ni aides. Il s’agit d’outiller l’élève pour qu’il dispose
d’un codage des énoncés qui concorde avec leur structure mathématique.
Le scénario de classe proposé repose sur une explicitation des compétences et des
connaissances mobilisées, des procédures transposables à d’autres situations,
des invariants entre plusieurs problèmes, et donc pas uniquement des étapes de
résolution du problème en cours.
Cette proposition de séquence est pleinement modulable en fonction des besoins des
élèves, de leur degré d’autonomie, une différenciation pouvant être à prévoir. Elle a
également vocation à pouvoir être transposée à d’autres classes de problèmes.
Un premier problème est proposé. L’enseignant met en œuvre une phase d’explicitation
des dimensions pertinentes sur le plan mathématique à relever dans ce problème.
PROBLÈME 1
N M
A C B
4 cm
Étape 2 : première mise en commun. L’objectif est d’amener les élèves, en suscitant
des prises de parole pour impliquer le plus grand nombre, à introduire une incon-
nue et à identifier les étapes du travail. On ne cherchera pas à les résoudre, à ce
stade. Le recours à un logiciel de géométrie dynamique est susceptible de faciliter
la compréhension du problème.
Interroger en premier les élèves qui n’ont pas démarré et rebondir sur leurs
difficultés :
— faire expliquer où est le problème ;
— comment y répondre (stratégies envisagées par certains) ?
À ce stade, il s’agit de faire comprendre aux élèves que trouver la position du point C
demandée revient à trouver une longueur : AC ou CB, ce qui n’est pas immédiat pour
les élèves. Il doit émerger la nécessité de choisir une inconnue pour remplacer une
donnée manquante puis de calculer les deux périmètres et de traduire la contrainte
du problème. Ces étapes de résolution seront inscrites au tableau : s’assurer
qu’elles sont comprises par tous les élèves.
Point de vigilance : l’objectif n’est pas de dire à l’élève ce qu’il doit faire, mais com-
ment y arriver. Il convient de ne pas devancer sa réflexion, par exemple, il serait
contre-productif d’évoquer à ce stade la notion d’équation alors que l’élève ne l’a
pas encore mise en place.
Figure 38. Un exemple de trace écrite au tableau exposant les étapes du raisonnement.
193 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
6 cm
A C B
Cette seconde séance commence par une phase de correction du travail donné lors
de la dernière séance. Puis une question flash est posée aux élèves, pour les prépa-
rer au problème du jour.
QUESTION FLASH
L’objectif de cette question est de permettre aux élèves de comprendre que E est un
point mobile et que le résultat de la comparaison des aires varie en fonction de la
position de E, l’aire la plus grande pouvant être selon les cas celle du carré ou celle
du rectangle.
194 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
ABCD est un rectangle. E est un point du segment [AD] et B un point du segment [AG].
AEFG est un carré.
Comparer l’aire du rectangle ABCD et celle du carré AEFG.
G F
15
G F C
B
15
25
B C
5
A E D A E D
20 25 40 25
Cas 1 Cas 2
Cette question s’avère utile pour réactiver les formules de calculs d’aire et pour
entraîner les élèves à reconnaître le carré et le rectangle concernés en dépit des
segments distracteurs.
G F
15
C
B
A E D
25
Étape 2 : première mise en commun. L’objectif reste celui de mettre en évidence les
étapes du travail :
— interroger à nouveau en premier les élèves qui n’ont pas démarré, et rebondir
sur leurs difficultés en les questionnant, en prenant appui sur les stratégies
mises en œuvre par d’autres et sur le travail conduit en séance 1 (quelles sont
les données qui manquent ? Comment peut-on s’y prendre pour compenser
l’absence de la donnée de telle longueur ?). Là encore, on fera émerger la néces-
sité de choisir une inconnue pour désigner une longueur manquante (plusieurs
choix possibles pour cette inconnue), de calculer les aires en fonction de cette
inconnue, de traduire la contrainte imposée par le problème, en l’occurrence
l’égalité des aires. Les étapes de résolution seront inscrites au tableau ;
— relancer la recherche individuelle ;
— recenser les élèves qui éprouvent encore des difficultés.
Figure 39. Un exemple de trace écrite au tableau exposant les étapes du raisonnement.
PROBLÈME 3
3 cm
7 cm
Il pourra être utile de regrouper les élèves ayant éprouvé des difficultés lors de la
résolution du problème 2 pour simplifier la gestion de classe, par exemple, dans un
îlot en fond de classe.
La correction est organisée lorsque les élèves ont terminé, ou si plusieurs d’entre
eux sont bloqués.
On mettra en évidence les invariants avec les problèmes déjà résolus. Cette séance
est, comme les précédentes, complétée d’une explicitation des connaissances et
compétences mobilisées :
— raisonner. Durant les différentes étapes du travail : recours à l’inconnue,
expressions des aires des carrés, traduction de la contrainte imposée par
l’énoncé ;
— modéliser. Travail dans un cadre algébrique : expression littérale des aires,
mise en équation ;
— calculer : résolution d’une équation se ramenant à une équation du premier degré.
197 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
À l’issue de ces trois séances, on pourra faire observer aux élèves que la structure
des trois problèmes est la même, mais qu’en fonction des choix effectués, une dif-
férence peut apparaître dans le traitement de telle ou telle étape. En particulier, les
calculs algébriques à mener peuvent être plus ou moins complexes.
PROBLÈME 4
Si tous les élèves inscrits étaient venus, la sortie en autocar aurait coûté 25 € par
personne. Mais il y a eu 3 absents et chaque participant a dû payer un supplément
de 1,50 €.
Combien y avait-il d’inscrits ?
On fera remarquer aux élèves que les procédures mises en œuvre dans les pro-
blèmes précédents sont transférables à ce problème : le nombre d’élèves présents
est une donnée manquante. On peut donc avoir recours à une inconnue pour la
représenter (deux choix d’inconnue possibles). Les étapes du raisonnement sont
ensuite dégagées : nécessité d’exprimer le nombre d’élèves inscrits en fonction de
cette inconnue, de calculer le prix payé par les élèves présents puis de traduire
l’égalité des coûts, que les élèves soient tous présents ou non. On reconnaît alors
une équation du premier degré qu’il convient de résoudre.
1,5 €
25 €
Élèves présents 3
QUESTION FLASH
L’objectif de cette question est de réactiver le calcul de l’aire d’un triangle rec-
tangle, afin d’éviter des difficultés de résolution liées à la non-disponibilité de cette
connaissance.
A B
AB
a. 15 AB d. 2 x 30
30
45 x 30 30 x AB
45 b. 2 e. 2
30 x AB
c. 2
C
PROBLÈME CIBLE
Le trapèze ABCD ci-dessous est un trapèze rectangle tel que AB = 60 cm, AD = 100 cm
et DC = 80 cm.
S est un point du segment [AD].
Où placer le point S pour que les aires des triangles ABS et DSC soient égales ?
A B
D C
199 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
Séance n° 5
Si des élèves éprouvent encore des difficultés, un travail de remédiation pourra s’en-
gager sur les séances suivantes. Pour ces élèves, la poursuite de l’apprentissage
pourra se faire également lors de séances différenciées ou d’aide personnalisée.
Par exemple, on pourra donner aux élèves des problèmes à résoudre en autonomie
pendant que l’enseignant travaillera, avec les élèves en difficulté, le problème « piste
verte », dans un îlot « coup de pouce ». Il s’agira de reprendre en petit groupe les
étapes précédentes.
A E B
D C
A E B
D C
200 — Quelles démarches pour enseigner la résolution de problèmes ?
En résumé
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
— Rittle-Johnson Bethany,
Star Jon R., “Does Comparing
Solution Methods Facilitate
Conceptual and Procedural
Knowledge? An Experimental
Study on Learning to Solve
Equations”, Journal of
Educational Psychology,
99(3), p. 561-574, 2007.
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Décembre 2021 Service de l’action administrative et des moyens