Neurosciences
Neurosciences
Neurosciences
I
I
White
Augustine
Hall
Qu’est-ce que le système nerveux ? Comment fonc-
tionnent et communiquent les cellules qui le consti-
tuent ? Qu’est-ce que la mémoire ? Le langage ?
LES TRADUCTEURS :
I
L’intelligence ? Voilà quelques-unes des questions aux- l'université de Lille 1. Ses travaux menés d'abord
I
quelles cette nouvelle édition a pour ambition de en CNRS puis à l'université de Lille 1 où il a dirigé
Fitzpatrick
Lamantia
répondre. le laboratoire de Neurosciences du
Comportement, concernent les activités
I
motrices et attentionnelles ainsi que leur influen-
Neurosciences est un manuel complet développant ce sur l'intégration sensorielle.
Purves
toutes les notions de base, les théories et principaux
champs de recherche actuels mais également les der- Traduction de Jean-Marie Coquery, Préfaces de Marc Jeannerod
a Philippe Gailly est docteur en médecine
nières méthodes et techniques de recherche ainsi que les (Université catholique de Louvain, UCL) et en Philippe Gailly et Nicolas Tajeddine et d’Andrea Volterra
données expérimentales et cliniques les plus pertinentes. biophysique (University of Virginia). Il est profes-
seur de physiologie et de neurosciences à l'UCL. e
Son exhaustivité et l'accessibilité de son écriture consti-
tuent une combinaison réussie qui a prouvé son succès
tant pour les étudiants de 1er cycle en médecine que pour
Ses recherches portent sur les mécanismes de
l’homéostasie calcique intracellulaire et sur les
canaux ioniques TRP.
5 édition
ceux de biologie, de psychologie et de sciences cognitives.
Exhaustif et faisant autorité dans le domaine, il est égale- a Nicolas Tajeddine est docteur en médecine et en
ment adapté à des étudiants de cycles supérieurs ainsi sciences biomédicales (Université catholique de
qu'aux professionnels des neurosciences. Louvain, UCL). Il est professeur de physiologie
Neurosciences
des systèmes à l'UCL. Ses recherches portent sur
L’ouvrage s’accompagne du Sylvius, un atlas de neuroana-
les anomalies de la signalisation calcique dans
tomie humaine particulièrement puissant et fonctionnel, divers modèles pathologiques.
utilisable indépendamment ou en complément du
manuel.
Atlas de neuroanatomie
interactif en couleur
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illustration : © droits réservés
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Quel que soit le point de vue sous lequel on l’examine, moléculaire, cellulaire, systémique ou
comportemental, le système nerveux nous apparaît comme une machine biologique stupé-
fiante. Compte tenu de ce que permet le cerveau – toutes les créations de la culture humaine,
par exemple – on comprend que l’on cherche à savoir comment il fonctionne, de même que
l’ensemble du système nerveux. La dégradation des personnes qu’entraînent les désordres neu-
rologiques et psychiatriques, leurs coûts sociaux, donnent un caractère d’urgence accrue à cette
entreprise.
L’objectif de cet ouvrage est de mettre en lumière les défis intellectuels et l’enthousiasme,
certes tempéré par nos incertitudes, que suscite ce que beaucoup considèrent comme la der-
nière grande frontière des sciences biologiques. Les informations qu’il contient devraient four-
nir les bases indispensables aux étudiants en médecine, aux étudiants des deuxièmes cycles de
neurosciences ou de psychologie et à tous ceux qui, simplement, souhaitent comprendre com-
ment fonctionne le système nerveux de l’homme.
Comme toutes les autres grandes entreprises humaines, les neurosciences n’échappent pas
aux controverses ; elles n’en manquent pas, mais elles font naître aussi un intérêt passionné.
Tous ces éléments ont été incorporés dans ce livre et nous espérons que les lecteurs de tous
niveaux sauront les y trouver.
DEUX PUISSANTS OUTILS pour vous aider
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Les compléments de Neurosciences, 5e Édition offrent un certain nombre
d’outils d’étude et de révision qui vous permettront de mieux appréhender
le cours de neurosciences. L’accès à ces derniers se fait via la version numé
rique de l’ouvrage (Noto).
Sylvius
par S. Mark Williams, Leonard E. White et Andrew C. Mace
Atlas d’anatomie par coupes : Photos, IRM, tronc cérébral et moelle épinière.
Voies : Vous permet de suivre le trajet de l’information dans divers faisceaux longs du système
nerveux central.
Glossaire visuel : Utilisé pour rechercher des structures neuroanatomiques, obtenir des
informations concises sur leur emplacement et leur fonction et pour écouter la prononciation
du terme anglais correspondant.
Classement des structures et des termes anatomiques par catégories (nerfs crâniens,
lobes, aires corticales, etc.) offrant une exploration facile.
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spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com.
Imprimé en Italie
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : août 2015 ISSN 2032-7552
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2015/13647/103 ISBN 978-2-8073-0002-6
Neurosciences et cognition
Neurosciences
D. Purves, G.J. Augustine, D. Fitzpatrick,
Hall, A.-S. W.C.
W.C.Fitzpatrick,
D. LaMantia, White
L.E. LaMantia,
Hall, A.-S.
J.O. McNamara, L.E. White
Traduction de la 4e édition américaine par
Jean-Marie Coquery
Traduction de la 5e édition américaine par
Préface de Marc Jeannerod
Jean-Marie Coquery, Nicolas Tajeddine
et Philippe Gailly
Sous la direction de
Partie I : George J. Augustine
Partie II : David Fitzpatrick et Richard D. Mooney
Partie III : Leonard E. White et William C. Hall
Partie IV : Anthony-Samuel LaMantia
Partie V : Dale Purves et Michael L. Piatt
Table des matières
PARTIE I
Les signaux nerveux
chapitre 02 Les signaux électriques des cellules nerveuses 25
IX
TA B L E D E S M AT I È R E S
X
Table des matières
PARTIE II
Sensibilité et traitements sensoriels
chapitre 09 Le système somesthésique : sensibilité tactile et proprioception 189
Vue d’ensemble 229 Distribution anatomique des cônes et des bâtonnets 244
Anatomie de l’œil 229 Les cônes et la vision des couleurs 245
La formation des images sur la rétine 230 Les circuits rétiniens de détection des différences
La surface de la rétine 233 de luminance 249
Les circuits rétiniens 233 L’adaptation à la lumière : contribution des circuits
L’épithélium pigmentaire de la rétine 238 rétiniens 253
La phototransduction 238
Spécialisation fonctionnelle des systèmes des cônes
et des bâtonnets 242
XI
TA B L E D E S M AT I È R E S
PARTIE III
La motricité et son contrôle central
chapitre 16 Les motoneurones et le contrôle moteur 353
XII
Table des matières
Influence de l’activité sensorielle sur Les voies des réflexes de flexion 367
le comportement moteur 364 Les circuits spinaux et la locomotion 369
Autres rétroactions sensorielles affectant Le syndrome neurogène périphérique 372
la performance motrice 365
Vue d’ensemble 375 Rôle des centres de contrôle moteur du tronc cérébral
Organisation des contrôles moteurs descendants 375 dans le maintien de l’équilibre, la régulation
Voies corticospinales et corticobulbaires 377 de la posture et l’orientation du regard 389
Organisation fonctionnelle du cortex moteur Lésions des voies motrices descendantes : le syndrome
primaire 380 pyramidal 395
Le cortex prémoteur 387
XIII
TA B L E D E S M AT I È R E S
PARTIE IV
Le cerveau qui change
chapitre 22 Les débuts du développement cérébral 477
XIV
Table des matières
La régénération après lésion du système nerveux Neurogenèse dans le cerveau adulte des mammifères 577
central 570 Mécanismes cellulaires et moléculaires de
Réactions cellulaires et moléculaires aux lésions la neurogenèse adulte 579
cérébrales 570 Neurogenèse adulte, cellules souches et réparation
La croissance des axones après une lésion cérébrale 575 cérébrale chez l’homme 580
Neurogenèse dans le système nerveux central adulte 575
Neurogenèse adulte chez des vertébrés non-
mammifères 577
PARTIE V
Fonctions cérébrales complexes
chapitre 26 Aires corticales associatives et cognition 587
XV
TA B L E D E S M AT I È R E S
Glossaire G-1
Index I-1
Remerciements
Préface
En hommage à Marc Jeannerod,
décédé en juillet 2011, qui a toujours soutenu
la publication de cet ouvrage.
Le terme anglais Neuroscience se traduit en français par Cette excellente initiative, en cassant quelque peu la néces
Neurosciences. C’est donc cette terminologie qui a été saire austérité du texte, donne un attrait indéniable à cet
retenue pour la traduction française de l’excellent traité ouvrage où le plaisir de lire s’ajoutera un plaisir d’ap
coordonné par D. Purves. Le pluriel de Neurosciences prendre.
utilisé par la langue française traduit la multiplicité des Ainsi préparé, l’étudiant et le chercheur seront prêts à
approches utilisées par les chercheurs qui s’efforcent de aborder ce que d’aucuns considèrent comme « l’agenda » des
comprendre le système nerveux. Ces approches ont long neurosciences pour les années à venir (1). Cet agenda con
temps évolué pour leur propre compte, séparées par des siste d’abord à approfondir et confirmer les acquis dans le
frontières disciplinaires : la neurophysiologie relevait des domaine fondamental de la signalisation de l’information
départements de physiologie et la neuro-anatomie des nerveuse et de son transfert entre les neurones. C’est à ce
départements d’anatomie. Rares étaient ceux qui, avant les niveau, on le sait, que continuent de s’élaborer les applica
années 1970, tentaient d’aborder un même problème, celui tions thérapeutiques, avec les nouveaux médicaments et les
de la vision par exemple, sous un angle fonctionnel, c’est-à- marqueurs utilisés pour le diagnostic et la prévention des
dire trans-disciplinaire. Le singulier du terme anglais, en maladies. Un autre volet de cet agenda, qui, comme nous
revanche, traduit l’intégration de l’ensemble des sous-dis l’avons vu, n’a pas échappé aux auteurs du Traité, est celui
ciplines qui ont trait à l’étude du système nerveux en une de la mise en place des circuits neuronaux. Les problèmes
seule, réunifiant en quelque sorte l’objet « cerveau » à partir de la détermination de l’identité neuronale, de l’expression
de ses constituants. C’est entre ces deux conceptions que génétique, du contrôle de la survie des neurones, de la for
se situent le traité de Purves et ses collaborateurs. mation et de la stabilisation des connexions, de la formation
La division en grandes sections retenue ici obéit avant des ensembles neuronaux, sont autant de problèmes cri
tout à un autre impératif, celui de la logique et de la clarté tiques pour aborder la pathologie neuro-développementale :
didactique. Les neurosciences moléculaires et cellulaires c’est de là que viendront les nouvelles avancées pour des
sont abordées en premier, comme base commune du fonc affections comme l’épilepsie, la schizophrénie ou l’autisme
tionnement nerveux ; les fonctions sensorielles et motrices infantile. La question de la plasticité nerveuse dépasse en fait
sont ensuite décrites en détail les unes après les autres ; enfin, largement la période du développement. Les maladies liées
les « Fonctions cérébrales complexes », sont étudiées à la au vieillissement cellulaire et à l’affaiblissement de l’expres
fin. Toutefois, cette progression classique, du plus élémen sion génique, à la dégénérescence de neurones spécifiques
taire vers le plus intégré, est interrompue pour laisser place sont aussi d’immenses champs d’application pour les recher
à une longue section sur « Le cerveau qui change ». Ainsi ches futures. C’est dans ce domaine que pourront se déve
est introduite la plasticité cérébrale, sujet interdisciplinaire lopper des approches thérapeutiques réparatrices exploitant
par excellence qui, du développement à l’apprentissage, la plasticité des cellules ayant conservé leur potentiel de
fait intervenir des connaissances appartenant aussi bien au différenciation.
niveau moléculaire, qu’au niveau cellulaire ou au niveau Les succès obtenus dans les dernières décennies sont
cognitif. autant d’encouragements pour progresser dans ces domai
La prise en compte d’une approche transversale des nes. Il en est un autre, cependant, où les connaissances
fonctions nerveuses fait également l’objet des nombreux progressent plus lentement, celui des neurosciences cogni
encadrés qui jalonnent l’exposé. Il s’agit de textes docu tives, qui ne sont sans doute qu’au début de leur trajectoire.
mentés, comportant une bibliographie spécifique, et faisant L’avènement de la neuro-imagerie fonctionnelle constitue
chaque fois le point sur une question. Ce sont de véritables l’outil spécifique qui lui manquait, et dont l’utilisation de
fenêtres de connaissance, apportant une information qui plus en plus généralisée permet maintenant d’aborder la
dépasse de loin ce qui est requis pour comprendre la fonc question des relations entre les structures anatomiques et
tion étudiée. La plupart de ces encadrés apportent un éclai les niveaux de traitement de l’information. Comment et
rage physiopathologique (« Les maladies qui affectent la sous quelle forme l’information est-elle encodée, interprétée
transmission synaptique », « Neurotransmission aminergique (perception), stockée (mémoire), utilisée pour anticiper les
et maladies psychiatriques », « Maladies à prions »), voire conséquences de l’action, pour guider le comportement,
même clinique (« La dégénérescence maculaire », « Les mem pour communiquer ? L’utilisation de la neuro-imagerie
bres fantômes », « L’obésité »). D’autres ont un intérêt plus devra être encadrée par une évolution conceptuelle, condi
général, comme « La marijuana et le cerveau », « La capsaï tion indispensable pour concevoir le passage de l’étude
cine », « La musique », ou encore « La psychochirurgie ». analytique de systèmes modulaires, comme le système
XVII
P R É FA C E
visuel, à l’étude de fonctions plus globales, comme l’atten sont encore préparés à cette nouvelle révolution qui fera
tion, la reconnaissance des visages, ou la compréhension intervenir conjointement les spécialistes de la neurogéné
des états mentaux de nos congénères. Une nouvelle inter tique, de la neuropsychologie, de la psychiatrie. Cette
disciplinarité se dessine, autour du programme des Sciences recherche, on l’imagine, touche de plus en plus de
Cognitives, qui fait intervenir conjointement, outre les domaines sensibles et suscite, à juste titre, la méfiance de
neurosciences, les ressources de la psychologie, de la linguis nos contemporains. La recherche en neurosciences devra
tique et de la philosophie (2). Cette évolution nécessitera à s’adjoindre une réflexion dans le domaine de l’éthique.
son tour la mise au point de méthodes d’imagerie plus L’intrusion de la science dans le domaine privé, la possibi
rapides permettant de visualiser en ligne la circulation de lité de modifier le comportement, la perspective d’une
l’information au sein des réseaux fonctionnels propres à amélioration des capacités cognitives, tels sont quelques-
chaque opération cognitive. Le Traité fournit plusieurs uns des problèmes qui devront être abordés par la « neuro
illustrations de cette démarche, en particulier dans le éthique » (3), une branche de plus à ajouter à l’arbre déjà
domaine du langage ou de l’expression des émotions. touffu des neurosciences.
À terme, on doit se poser la question de la nécessité Marc JEANNEROD
d’une réunification des neurosciences, du niveau molécu Professeur honoraire à l’Université
laire au niveau cognitif, pour rechercher l’inscription bio Claude Bernard, Lyon
logique des phénomènes complexes. Peu de laboratoires
1. Albright, Jessel, Kandel & Posner (2000), Neuroscience : a century of progress and the mysteries that remain. Cell, 100, S1-S55.
2. Tiberghien et collaborateurs (2002), Dictionnaire des sciences cognitives. Paris, Armand Colin.
3. Evers, K. (2009), Neuroéthique – Quand la matière s’éveille, Paris, Odile Jacob.
Préface
Les nouveautés de cette édition
Le PURVES a pour ambition d’exposer à un large public les données les plus récentes en neurosciences. Le
Professeur Andrea Volterra, auteur de nombreux articles scientifiques relatifs au système nerveux et cher-
cheur à la pointe dans le domaine des neurosciences, nous éclaire ici sur les nouveautés les plus significa-
tives introduites dans cette 5e édition.
La nouvelle édition de cet ouvrage consacré aux neu PURVES met ainsi l’accent sur la similarité des mécanismes
rosciences moléculaires et cellulaires apporte d’importantes moléculaires de l’embryologie du système nerveux et des
mises à jour concernant d’abord les structures des pro mécanismes impliqués dans sa régénération. Il s’agit d’une
téines de signalisation, les canaux ioniques et les transpor thématique particulièrement importante à l’heure où les
teurs. Elle s’enrichit de nombreuses avancées technologiques thérapies utilisant des cellules souches constituent une voie
ou de nouvelles hypothèses. Par exemple, une nouvelle prometteuse dans le traitement des maladies neurodégéné
théorie fascinante concernant la signalisation synaptique ratives telles que la maladie d’Alzheimer devenue, suite au
est exposée ici pour la première fois. Signalons aussi la vieillissement de la population, un problème majeur de
théorie de la « synapse tripartite », étendant le domaine de santé publique.
l’intégration et du traitement des signaux synaptiques céré La dernière partie de l’ouvrage est consacrée aux fonc
braux à la communication neurones-glie (1, 2, 3). Cette tions cérébrales complexes. À ce propos et de manière
théorie, confinée jusqu’à l’heure actuelle au domaine expé pertinente, cette 5e édition s’attarde beaucoup plus sur les
rimental, pourrait révolutionner notre compréhension du substrats moléculaires intervenant dans les mécanismes
fonctionnement cérébral dans les années à venir et doit impliqués dans ces processus fascinants. En particulier,
donc faire d’ores et déjà partie des notions que doivent d’importants concepts relatifs à la chimie des émotions
connaître l’étudiant et le chercheur afin de développer leur ont été introduits.
esprit critique. Ils seront ainsi prêts à évaluer la pertinence De façon remarquable, grâce à cette 5e édition, le
des futurs travaux relatifs à la signalisation de l’informa PURVES reste à la pointe des neurosciences et constitue
tion nerveuse, en gardant à l’esprit cette idée novatrice une somme de connaissances destinées à un public diver
suggérant que le système nerveux fonctionne de façon sifié, comprenant notamment les professeurs et étudiants
intégrée au niveau cellulaire, avec les neurones, la glie et les de médecine, biologie, psychologie et sciences cognitives.
éléments vasculaires en communication continuelle. Andrea VOLTERRA
Les fonctions sensorielles et motrices sont ensuite Professeur de Neurosciences à l’Université
décrites. D’importantes nouvelles notions concernant la de Lausanne, Suisse
modulation de la douleur et de l’odorat sont introduites.
Ainsi, les dernières nouveautés concernant la nature molé
culaire des récepteurs de la douleur sont exposées. Parmi Références
les fonctions sensorielles, l’odorat et le goût ont longtemps
été négligés par les chercheurs en neurosciences. Pourtant, Volterra A. et Meldolesi J. (2005), Astrocytes, from brain
plusieurs travaux suggèrent que ces modalités revêtent une glue to communication elements: the revolution continues, Nat
importance considérable, notamment dans la modulation Rev Neurosci., 6, 626-640.
des émotions. Cette 5e édition comporte une importante Volterra A., Liaudet N. et Savtchouk I. (2014), Astrocyte
mise à jour sur les mécanismes intracellulaires de la trans Ca2+ signaling: an unexpected complexity, Nat Rev Neurosci., 15,
duction des odeurs et sur leur traitement cortical. 327-335.
Une longue quatrième partie consacrée au « cerveau qui Araque A., Carmignoto G., Haydon P.G, Oliet S.H.,
change » introduit ensuite le développement du système Robitaille R. et Volterra A. (2014), Gliotransmitters travel in
nerveux et de sa régénération. Cette nouvelle édition du time and space, Neuron, 81, 728-739.
XIX
Avant-propos
Depuis près de quatre siècles, le monde occidental est siècles de pensée cartésienne et peut-être aussi influencés par
profondément influencé par la pensée dualiste de René des convictions philosophiques et religieuses, ils ont hésité
Descartes. Pour lui, et pour nombre de penseurs, de phi à mélanger éprouvettes et esprit. Probablement étaient-ils
losophes et de scientifiques qui lui ont succédé, esprit et aussi inquiets par ce qu’ils risquaient de découvrir. Des sen
matière sont deux entités fondamentalement différentes et timents aussi nobles que l’amour, la passion et l’empathie
il est impossible de comprendre l’esprit, et donc le com allaient être expliqués en termes de signaux moléculaires et
portement humain, en étudiant la matière. Il y a quelques électriques. L’homme, après avoir appris qu’il habitait dans
décennies seulement, ce postulat restait largement admis. un recoin de l’univers et non en son centre et qu’il était issu
Aujourd’hui encore, de nombreuses reliques du dualisme du vagin d’une guenon et non de la cuisse de Jupiter2 allait
cartésien persistent. En médecine par exemple, le cerveau maintenant se rendre compte que son intelligence et que
occupe toujours une place à part puisqu’il est le centre ses émotions n’étaient que le résultat de forces physiques
d’intérêt de deux disciplines : la psychiatrie, qui s’occupe et chimiques…
des troubles de l’esprit, et la neurologie, qui diagnostique Quoi qu’il en soit et malgré toutes ces péripéties, les
et traite les désordres biologiques du système nerveux. neurosciences se sont maintenant largement lancées dans
Dans la recherche aussi, la frontière entre la matière et l’ère de la biologie. Il ne fait plus guère de doute que le
l’esprit, entre le corps et l’âme, entre le cerveau et les autres cerveau, comme n’importe quel autre organe, pourra être
organes est restée longtemps infranchissable. Pourtant, de compris à la lumière de la démarche expérimentale. On
très vieilles observations auraient dû, il y a bien longtemps, n’hésite plus aujourd’hui à étudier à l’aide d’instruments
renvoyer le dualisme cartésien dans les manuels d’histoire. de mesure, de systèmes d’imagerie et d’enregistreurs élec
Dès le milieu du xixe siècle, le cas de Phineas Gage consti troniques les tâches intellectuelles complexes et même les
tuait déjà un indice sérieux mettant à mal la pensée carté émotions. On commence à comprendre les substrats chi
sienne. Gage était un contremaître des chemins de fer du miques de l’amour, de la peur, du langage, de la mémoire…
Vermont qui, lors d’un accident sur un chantier, avait Aime-t-on moins pour autant ? Le sentiment amoureux
perdu une partie de son cortex frontal. Suite à cette bles a-t-il pour autant perdu de sa magie ? Certainement pas !
sure, Gage, quoique parfaitement valide et sain au premier « Comprendre » le monde n’a jamais rien enlevé à sa beauté.
abord, avait complètement changé de comportement et Déchiffrer les mécanismes des émotions n’empêche pas de
son entourage ne cessait de se plaindre en ces mots deve les vivre. Depuis que la superstition, la magie et le surnaturel
nus célèbres : « Gage n’était plus Gage. » Ce cas malheu ont laissé la place à la science, l’univers qui nous entoure,
reux aurait dû alerter les scientifiques sur l’incongruité du les phénomènes que nous observons et le fonctionnement
dualisme cartésien. Malgré cela, il aura fallu attendre les de notre propre corps nous apparaissent encore bien plus
travaux de Hanna et d’Antonio Damasio pour que tous les extraordinaires et captivants.
enseignements soient tirés de la dramatique histoire de Au fil des années, le « Purves » s’est imposé comme LA
Gage. Antonio Damasio publia en 1995, soit 150 ans référence en neurosciences. Ce remarquable ouvrage se
après l’accident de Gage, un livre devenu best-seller inti lance sans hésitation dans la description des découvertes les
tulé « L’erreur de Descartes »1. D’autres pionniers avaient plus récentes sur la biologie des fonctions cérébrales com
déjà lancé les bases des neurosciences modernes et leurs plexes. En suivant constamment l’évolution des recherches
hypothèses auraient dû inciter les chercheurs à étudier plus dans le domaine, cet ouvrage fournira tant à l’étudiant,
tôt la « biologie de l’esprit ». Les travaux de Jean-Baptiste qu’au chercheur ou qu’au praticien les dernières données
de Lamarck et la théorie de la sélection naturelle publiée disponibles concernant ces fascinants sujets.
par Charles Darwin en 1859 suggéraient un continuum Bien entendu, on ne demande pas à celui qui ne sait pas
entre l’homme et les autres animaux et remettaient ainsi faire une addition de comprendre la physique quantique.
largement en cause le concept d’animal machine évoqué De la même manière, l’étude des fonctions cérébrales com
par Descartes. Darwin fut également un des initiateurs de plexes nécessite une connaissance approfondie de la phy
la psycho-évolution en publiant, en 1872, son ouvrage siologie des cellules qui constituent le système nerveux. La
intitulé « L’Expression des émotions chez l’homme et les première partie de l’ouvrage est consacrée à cette théma
animaux ». Wilder Penfield, plus récemment, montra qu’il tique. Là aussi, les données les plus récentes sur le sujet
était possible de déclencher la résurgence de souvenirs en sont exposées. Par exemple, le rôle des astrocytes dans la
stimulant électriquement la surface du cortex. Malgré toutes transmission synaptique est expliqué en détail. Il y a quel
ces observations, les chercheurs ont longtemps résisté à la ques années seulement, les astrocytes étaient considérés
tentation d’étudier la biologie de l’« âme ». Pétris par quatre comme de simples cellules de soutien du tissu nerveux. Au
AVA N T- P R O P O S
mieux leur reconnaissait-on un rôle dans la formation de percer les plus grands mystères du cerveau, les chercheurs
la synapse. Les données récentes montrent que ces cellules doivent maintenant étudier des sujets humains ou, éven
spécialisées jouent un rôle majeur dans la transmission de tuellement, leurs proches cousins que sont les grands singes.
l’information. Cette hypothèse, encore incomplètement Or, cette recherche est largement limitée par les problèmes
démontrée, constitue une révolution dans le monde de la éthiques qu’elle soulève. Heureusement, on a récemment
neurophysiologie cellulaire tant on a longtemps pensé que assisté à l’émergence de techniques non invasives d’analyse
seuls les réseaux de neurones constituaient le substrat de de l’activité corticale qui ont permis de mieux identifier les
l’intelligence. corrélats neuronaux des fonctions supérieures. Ainsi, des
Historiquement, les neurophysiologistes ont surtout avancées décisives ont été réalisées ces dernières années.
étudié le fonctionnement des organes des sens et du con Pour autant, la conscience, les émotions, la mémoire ou le
trôle moteur. Plus faciles d’accès que les fonctions cérébra langage sont des phénomènes qui restent encore largement
les complexes, ces deux domaines ont longtemps constitué incompris. En particulier, le lien entre l’activité corticale et
l’essentiel des recherches en neurosciences. Ces sujets font la perception subjective est totalement mystérieux. Com
l’objet des deuxième et troisième parties. On trouve dans les ment l’activité électrique du cortex visuel par exemple
organes des sens des mécanismes extraordinaires façonnés génère-t-elle l’image mentale que nous construisons ?
par des centaines de millions d’années d’évolution. Mais, Aucune réponse satisfaisante n’est actuellement apportée à
au-delà de l’intérêt évident que peuvent susciter ces cha cette question. À vrai dire, même les approches expéri
pitres, ils permettent de donner au lecteur les bases permet mentales permettant d’étudier cette fascinante énigme sont
tant de comprendre le fonctionnement des circuits neuraux à ce jour inexistantes. Le lecteur pourrait dès lors se sentir
et, de là, la biologie des fonctions supérieures. Contraire frustré à la lecture de ces chapitres. Qu’il soit néanmoins
ment aux circuits sous-tendant les fonctions complexes, assuré que cet ouvrage lui fournira toutes les connaissances
ceux de la rétine ou des ganglions de la base, par exemple, les plus récentes dans le domaine. Il va sans dire qu’il lui
sont relativement bien compris. Ils fournissent sans nul faudra sans cesse se maintenir à jour, dans ce domaine plus
doute des indices sur la physiologie des aires corticales et encore que dans tout autre, mais il est certain que le
leur étude permettra au lecteur d’acquérir les connaissances « Purves » lui donnera le bagage nécessaire à la compréhen
nécessaires à la lecture des futurs travaux qui permettront sion des futures recherches qui seront publiées sur le sujet.
d’élucider le fonctionnement des circuits plus complexes, Cet ouvrage n’est pas seulement un livre de physiologie
mais basé sur les mêmes règles, qui constituent le cortex. normale. Il laisse également une large part à la pathologie
La quatrième partie de l’ouvrage s’intéresse au dévelop du système nerveux. Cela permettra évidemment au prati
pement du système nerveux ainsi qu’aux mécanismes de cien de faire le lien entre la clinique, la physiopathologie
régénération et de réparation. Longtemps, la neuroembryo et la physiologie normale. Mais l’ensemble de ces données
logie macroscopique n’a eu qu’un intérêt académique et relatives aux maladies du système nerveux intéressera cer
n’était indispensable que pour la compréhension de mal tainement un bien plus large public. En neurosciences,
formations monstrueuses dramatiques mais heureusement plus encore que dans d’autres disciplines, la compréhen
rarissimes. L’avènement de la neuroembryologie moléculaire sion des mécanismes physiopathologiques permet aussi de
a complètement bouleversé cet état d’esprit. L’importance mieux comprendre la physiologie normale. Nombre de
prise dans nos sociétés par les maladies neurodégénératives mécanismes normaux ont d’ailleurs initialement été com
telles que la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer pris suite à l’étude de leur dysfonctionnement. D’aucuns
est certainement à la base de cet intérêt renaissant pour la affirment que tout étudiant devrait étudier la symptoma
neuroembryologie. Beaucoup pensent aujourd’hui que la tologie des AVC afin de connaître précisément la fonction
compréhension des mécanismes moléculaires qui induisent des différentes parties du cerveau. Cet aspect de l’ouvrage
la formation des structures nerveuses embryonnaires, des a donc clairement des vertus pédagogiques.
premiers neurones et des premières synapses permettra de Par sa présentation didactique, par son contenu sans cesse
développer de nouvelles stratégies afin de compenser la remis à jour et par ses explications relatives à la pathologie,
disparition pathologique des neurones et de leurs con « Neurosciences » s’adresse à un large public. Il figurera
nexions. Ce domaine est dès lors en constante évolution donc en bonne place dans la bibliothèque de l’étudiant, du
et, depuis la publication de la précédente édition de cet chercheur ou du praticien et constituera une source inta
ouvrage, de nombreuses données se sont encore accumu rissable de connaissances. L’esprit critique ne naît pas de
lées. Elles sont largement exposées dans l’actuelle édition. rien. Il trouve sa source dans l’étude sans cesse renouvelée
Enfin, l’ouvrage se termine par une importante section des données de la science. En exposant les dernières avan
consacrée à la physiologie des fonctions supérieures. Si l’on cées dans le domaine des neurosciences et en remettant en
peut sans crainte affirmer que l’essentiel du fonctionne question les théories d’autrefois, cet ouvrage permettra
ment du cœur, du foie ou des reins est compris, l’état des donc au lecteur de se forger une pensée critique et de faire
connaissances sur les fonctions supérieures assurées par le sienne la célèbre maxime de Voltaire : « Le doute est un état
cerveau reste extrêmement limité. Il faut bien l’avouer : mental désagréable mais la certitude est ridicule ».
l’essentiel nous échappe. Bien entendu, de nombreuses
découvertes ont été faites grâce à l’utilisation d’organismes Philippe GAILLY et Nicolas TAJEDDINE,
modèles tels que la souris. Mais, pour aller plus loin et traducteurs de la 5e édition
Vue d’ensemble
Les neurosciences ont à traiter un large éventail de questions touchant la façon dont
le système nerveux de l’homme et des autres animaux se développe, dont il est orga-
nisé et dont le fonctionnement produit les comportements. Ces questions peuvent
être abordées à l’aide des outils que sont la génétique, la biologie moléculaire et
cellulaire, l’anatomie et la physiologie des systèmes, la biologie du comportement et
la psychologie. L’étudiant en neurosciences doit donc surmonter une difficulté
majeure : comment intégrer les connaissances de tous ordres issues de ces divers
niveaux d’analyse en une vision relativement cohérente de la structure et des fonc-
tions du cerveau. Parmi les problèmes qui ont été abordés avec succès, beaucoup
concernent la façon dont les principales catégories de cellules du système nerveux
– les neurones et la glie – accomplissent leurs tâches fondamentales du point de vue
anatomique, physiologique et moléculaire. Diverses sous-populations de neurones
forment des ensembles appelés circuits neuraux ; ces circuits constituent les éléments
principaux des systèmes neuraux qui traitent des types d’information spécifiques.
Les systèmes neuraux sous-tendent pour leur part trois grandes fonctions : les sys-
tèmes sensoriels assurent la représentation des informations qui concernent l’état de
l’organisme et de son environnement ; les systèmes moteurs organisent et produisent
les actions ; les systèmes associatifs relient les versants sensoriel et moteur du système
nerveux et sont à la base des fonctions cérébrales dites « supérieures » telles que la
perception, l’attention, la cognition, les émotions, le langage et la pensée ration-
nelle. Ces processus complexes sont essentiels à la compréhension de l’être humain,
de son comportement, de son histoire, voire de son avenir.
1
C H A P I T R E 1 • L’étude du système nerveux
biochimique, cellulaire, anatomique, phy et la souris ont à peu près le même nombre
siologique ou comportemental conti de gènes. Une grande proportion de l’activité C. elegans
~19,000
nuent de faire appel à une grande génique dépend de facteurs de transcription
variété d’espèces animales. Cependant, qui contrôlent le moment d’intervention et 0 10,000 20,000 30,000
d’intensité de l’expression d’un gène donné.
le séquençage de la totalité du génome Nombre de gènes
2
L’étude du système nerveux
ENCADRÉ 1A Suite tribué à la compréhension que nous avons tions génétiques des organismes mo
de la structure, du fonctionnement et dèles ont amené des découvertes de
Cependant, aucune de ces espèces du développement cérébral humain. gènes clefs dans le développement et le
n’offre autant de souplesse pour les L’utilisation d’animaux particuliers pour fonctionnement cérébral et ont permis
manipulations génétiques et géno l ‘étude de fonctions clefs telles que la d’explorer la fonction cellulaire de cer
miques que les quatre espèces citées vision a permis de mieux comprendre tains gènes associés à des maladies hu
préalablement. Chaque modèle a con ces fonctions alors que les manipula maines.
niveau individuel, a permis de mieux comprendre com- la synchronisation, la quantité, la variabilité et la spécifi-
ment l’ADN nucléaire fournit des instructions permettant cité cellulaire de l’expression des gènes. Malgré le nombre
l’embryogenèse et le fonctionnement du cerveau. de gènes communs entre le cerveau et d’autres tissus, leur
Selon les estimations actuelles, le génome humain niveau d’expression et leur localisation varient suivant les
contient environ 20 000 gènes, dont 14 000 sont exprimés régions cérébrales (c’est-à-dire, la quantité d’ARNm exprimé
pendant le développement et/ou dans le cerveau mature varie de région à région ; Figure 1.1B). Ces différences sont
(Figure A.1a). Parmi ceux-ci, environ 8000 sont exprimés le fondement de la diversité et de la complexité des fonc-
dans toutes les cellules et les tissus. Une grande partie de tions cérébrales.
l’information génétique spécifique du cerveau réside donc L’une des retombées les plus prometteuses du séquen-
dans les introns et les séquences régulatrices qui contrôlent çage du génome humain a été la prise de conscience que
FIGURE 1.1
(A)
Le génome et le cerveau. (A) Dans ce diagramme de Venn du
génome humain, les régions bleue et mauve représentent les gènes
qui sont exprimés sélectivement dans le cerveau ainsi que ceux qui
~6 000 gènes ~8 000 gènes ~6 000 sont exprimés de façon ubiquitaire – et donc trouvés dans le cerveau
gènes non
exprimés ubiquitaires exprimés
exprimés
ainsi que dans tous les autres tissus. (B) La localisation et le niveau
dans le dans tous les types
dans le d’expression d’un seul gène dans le cerveau humain. Les points
cerveau cellulaires et tissulaires
cerveau indiquent les régions du cerveau où l’ARNm de ce gène particulier
peut être trouvé, alors que leur couleur (bleu à l’orange) indique le
niveau relatif (faible à élevé) de l’ARNm détecté à chaque endroit.
(C) La conséquence d’une mutation d’un gène unique pour le
développement du cerveau. Un gène unique, ASPM (« abnormal
spindle-like microcephaly-associated protein ») affecte la fonction
d’une protéine associée au fuseau mitotique et se traduit par une
Environ 14 000 des 20 000 gènes microcéphalie. Chez un patient porteur de la mutation ASPM (à
humains sont exprimés dans le cer-
gauche), la taille globale du cerveau est considérablement réduite et
veau en développement ou adulte
son organisation anatomique est déformée par rapport au cerveau
(B)
d’un contrôle normal (à droite) de même âge et de même sexe
(A, données de Ramsköld et al., 2009 ; B gracieusement communiqué
par l’Allen Brain Atlas, C, d’après Bond et al., 2002)
(C)
3
C H A P I T R E 1 • L’étude du système nerveux
l’altération (mutation) d’un petit nombre de gènes, voire du système nerveux tant à l’état normal qu’à l’état patho-
d’un seul d’entre eux, peut donner un début d’explication logique.
à certaines formes de maladies neurologiques et psychia-
triques. Avant que le séquençage des gènes ne devienne
une technique de routine, beaucoup de pathologies céré- Les composantes cellulaires
brales demeuraient entourées de mystère, tant on ignorait du système nerveux
en quoi et pourquoi le fonctionnement normal du cerveau
était affecté. L’identification des gènes impliqués dans des Les cellules ont été reconnues comme les éléments de base
affections telles que les maladies de Huntington, de Par- des organismes vivants dès le début du dix-neuvième siècle.
kinson ou d’Alzheimer, le trouble dépressif majeur ou la Mais il fallut attendre que le vingtième siècle soit déjà bien
schizophrénie, ont constitué une première étape promet- avancé pour qu’on admette que le système nerveux est,
teuse dans l’élucidation de ces phénomènes pathologiques comme les autres organes, composé de ces mêmes unités
et, par là, dans l’élaboration de thérapies rationnelles. fondamentales.
À elles seules, les informations génomiques n’expli La raison en est que la première génération des neuro-
quent pas complètement le fonctionnement normal du biologistes « modernes » du dix-neuvième siècle ne dispo-
cerveau ni comment les processus pathologiques le per- sait ni des microscopes ni des techniques de coloration
turbent. Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable de d’une résolution suffisante pour mettre en évidence ces
connaître la biologie cellulaire, l’anatomie et la physiologie unités que sont les cellules nerveuses. Les formes extraor-
(A) Cellule pyramidale du cortex (B) Cellule bipolaire (C) Cellule ganglionnaire (D) Cellule amacrine
de la rétine de la rétine de la rétine
Dendrites Dendrites
Dendrites
Corps Corps
cellulaire cellulaire
Dendrites
Corps
cellulaires
Dendrites
Axone
*
Axones
*
FIGURE 1.2
Corps
Morphologie de certaines cellules nerveuses chez l’homme. Exemples de la variété cellulaire
morphologique des neurones du système nerveux humain. Les dessins ont été réalisés Axone
d’après des préparations histologiques de cellules imprégnées de sels d’argent (méthode *
dite de Golgi, utilisée dans les travaux classiques de Golgi et de Cajal). Les astérisques
indiquent que l’axone s’étend beaucoup plus loin que ne le représente la figure. On
notera que certaines cellules, comme les cellules bipolaires de la rétine, ont un axone
très court et que d’autres, comme les cellules amacrines, en sont totalement
dépourvues. Les divers dessins ne sont pas à la même échelle.
PURVES: Neuroscience 5e
Figure: 01.02
4
08/30/11
09/09/11
09/19/11
10/13/11
chapitre 07
La transduction
intracellulaire du signal
Vue d’ensemble
Comme il ressort des précédents chapitres, des mécanismes de signalisation élec-
triques et chimiques permettent aux neurones de recevoir des informations et de les
transmettre à d’autres neurones. Ce chapitre examine les événements qui sont
déclenchés, à l’intérieur des neurones ou d’autres cellules, par l’interaction d’un
signal chimique avec son récepteur. En règle générale, ces traitements intracellu-
laires débutent lorsque des signaux biochimiques extracellulaires, neurotransmet-
teurs, hormones ou facteurs trophiques, se lient à des récepteurs spécifiques situés
soit à la surface des cellules cibles, soit dans leur cytoplasme ou dans leur noyau.
Cette liaison active les récepteurs et déclenche des cascades de réactions intracellu-
laires mettant en jeu des protéines qui fixent la GTP, des seconds messagers, des
protéine-kinases, des canaux ioniques et quantité d’autres protéines effectrices qui
modifient temporairement l’état physiologique de la cellule cible. Ces diverses voies
intracellulaires de transduction du signal peuvent également provoquer des change-
ments plus durables en modifiant la transcription des gènes, avec les répercussions
que cela entraîne sur les protéines qui composent les cellules cibles. Le grand
nombre d’éléments impliqués dans ces voies intracellulaires de signalisation assure
un contrôle temporel et spatial précis des fonctions de neurones individuels, per-
mettant ainsi de coordonner l’activité électrique et chimique des populations neu-
ronales auxquelles ils sont connectés au sein des circuits et des systèmes neuraux.
141
P R E M I È R E PA R T I E • Les signaux nerveux
mission synaptique et qui repose sur la sécrétion de signaux Ainsi, la fixation de la noradrénaline sur son récepteur
chimiques en direction de cellules cibles de l’environne- active des protéines qui fixent la GTP, ce qui produit des
ment immédiat, et la signalisation endocrine utilisant des seconds messagers au sein de la cible postsynaptique,
hormones déversées dans la circulation sanguine qui les active des cascades enzymatiques et finit par modifier les
transporte dans tout le corps (Figure 7.1). propriétés chimiques de très nombreuses molécules cibles
Toute signalisation chimique exige trois éléments : un dans la cellule concernée.
signal moléculaire (ou molécule informative) transmettant Un avantage de ces systèmes de signalisation chimique,
l’information d’une cellule à une autre, une molécule récep- dans les domaines tant intercellulaires qu’intracellulaires,
teur opérant la transduction de l’information apportée par tient à l’amplification du signal qu’ils réalisent. L’ampli-
le signal et une molécule cible servant d’intermédiaire dans fication est due au fait que chacune des réactions de signa-
la réponse cellulaire (Figure 7.1A). La partie de ce processus lisation peut donner une bien plus grande quantité de
qui se déroule au sein de la cellule cible est nommée trans- produits que ce qui était initialement nécessaire pour
duction intracellulaire du signal. La séquence d’événe- amorcer la réaction. Dans le cas d’une signalisation par la
ments déclenchés par la transmission synaptique chimique noradrénaline, la fixation d’une seule molécule sur son
est un bon exemple de transduction dans le cadre de la récepteur peut produire des milliers de molécules de seconds
communication intercellulaire (Figure 7.1B et chapitre 5) : messagers (tels que l’AMP cyclique), entraînant l’activation
les neurotransmetteurs constituent le signal, les récepteurs de dizaines de milliers de molécules de la protéine cible
du neurotransmetteur font office de récepteur de trans- (Figure 7.2). De semblables amplifications ont lieu dans
duction et les canaux ioniques sont la molécule cible dont toutes les voies de transduction du signal. Étant donné que
la modification provoquera la réponse électrique de la les processus de transduction font fréquemment intervenir
cellule postsynaptique. Il n’est pas rare cependant que la un jeu de réactions enzymatiques séquentielles, chacune
transmission synaptique active des voies intracellulaires sup- avec son propre facteur d’amplification, un petit nombre
plémentaires aux multiples conséquences fonctionnelles. de molécules informatives arrive à activer une très grande
quantité de molécules cibles. Cette amplification garantit
qu’une réponse physiologique sera bien émise même en
présence d’influences contraires.
Une autre raison d’être des systèmes complexes de trans-
(A) duction du signal est de permettre un contrôle précis de
Cellule émettrice
FIGURE 7.1 l’activité cellulaire sur des échelles de temps très différentes.
Certaines interactions moléculaires sont compatibles avec
Les mécanismes de signalisation un transfert rapide des informations, d’autres sont plus
Signal chimique. (A) Les éléments essentiels lentes et durent plus longtemps. Ainsi les cascades de signa-
de la signalisation chimique sont : les lisation qui accompagnent la transmission synaptique à la
cellules qui déclenchent le processus jonction neuromusculaire permettent-elles de répondre à
Récepteur en libérant des molécules signaux ; les des indices qui changent rapidement, comme le joueur à la
récepteurs spécifiques situés sur les
trajectoire du ballon qu’on lui lance, alors que les réponses
cellules cibles ; les molécules cibles des
déclenchées au cours d’un match par les hormones de la
seconds messagers et les réponses
Molécule cible cellulaires qu’elles déclenchent. (B) Les
médullosurrénale (adrénaline et noradrénaline) ont des
modes de communication chimique effets plus lents (et plus durables) sur le métabolisme mus-
comprennent la transmission culaire (voir Chapitre 21) et sur l’état émotionnel (voir
synaptique, la signalisation paracrine Chapitre 29). Pour coder des informations qui présentent
Réponse
et la signalisation endocrine. une si grande variabilité temporelle, la concentration des
Capillaire
Molécules cibles
de cellules éloignées
Flot
sanguin
Récepteurs Molécules Molécules
activés cibles cibles
142
PURVES: Neuroscience 5e
Figure: 07.01
07/22/11
07/26/11
No No
Amplification amplification Amplification amplification Amplification
molécules signaux en jeu doit être contrôlée avec précision. dans les cellules, les molécules qui pénètrent dans les
D’une part, la concentration de chaque molécule signal cellules et enfin les molécules associées aux cellules
dans la cascade de signalisation doit retrouver une valeur (Figure 7.3). Les molécules des deux premières catégories
infraliminaire avant l’arrivée d’un nouveau stimulus. D’au sont sécrétées et peuvent donc aller affecter des cellules
tre part, il est essentiel pour une réponse prolongée que les cibles éloignées du lieu où elles ont été synthétisées ou
produits intermédiaires de la voie de signalisation soient libérées. En règle générale, les molécules informatives qui ne
PURVES: Neuroscience
maintenus 5e activé. L’existence de niveaux mul-
dans un état pénètrent pas dans les cellules se lient à des récepteurs situés
Figure: 07.02
tiples d’interaction moléculaire facilite le réglage temporel
07/12/11 sur la membrane cellulaire. On a identifié des centaines de
complexe de ces événements. molécules ainsi sécrétées ; c’est le cas des neurotransmet-
teurs examinés au chapitre 6, de nombreuses protéines telles
que les facteurs neurotrophiques (voir Chapitre 23), les
L’activation des voies de signalisation hormones peptidiques comme l’insuline et le glucagon,
ainsi que de diverses hormones sexuelles. Ces molécules
Les cascades moléculaires des voies de transduction du informatives ont généralement une durée de vie courte, soit
signal sont toujours déclenchées par une molécule infor- parce qu’elles sont rapidement métabolisées, soit parce
mative. Les molécules informatives peuvent être classées qu’elles sont incorporées à la cellule par endocytose après
en trois catégories : les molécules qui ne pénètrent pas liaison à leurs récepteurs.
(A) Molécules ne pénétrant (B) Molécules pénétrant (C) Molécules associées FIGURE 7.3
pas dans les cellules dans les cellules aux cellules
Trois classes de molécules de signalisation.
Molécules Molécules (A) Les molécules ne pénétrant pas dans
informatives
informatives
Molécules
les cellules, telles que les neurotransmetteurs,
informatives ne peuvent pas traverser facilement la
membrane plasmique des cellules cibles et
doivent se lier à la portion extracellulaire de
protéines réceptrices transmembranaires.
(B) Les molécules pénétrant dans les cellules
sont capables de franchir la membrane
plasmique et se lient à des récepteurs du
Récepteurs Récepteur
Récepteur cytoplasme ou du noyau des cellules cibles.
transmembranaires intracellulaire (C) Les molécules associées aux cellules sont
fixées sur la face extracellulaire de la
membrane plasmique. Les récepteurs des
cellules cibles ne sont activés par ces molécules
informatives que s’ils sont immédiatement
Noyau
adjacents à la cellule émettrice.
143
P R E M I È R E PA R T I E • Les signaux nerveux
Les molécules informatives qui pénètrent dans les cel- neuronal et dans d’autres situations où le contact physique
lules peuvent traverser la membrane plasmique pour aller entre cellules fournit des renseignements sur leur identité
agir directement sur des récepteurs intracellulaires. On peut cellulaire.
citer par exemple de nombreuses hormones stéroïdes (glu-
cocorticoïdes, œstradiol et testostérone) ou thyroïdiennes
(thyroxine) et les rétinoïdes. Ces molécules sont relative- Les types de récepteurs
ment insolubles dans les solutions aqueuses et sont souvent
transportées dans le sang ou les autres liquides extracellu- Quelle que soit la nature du signal déclenchant, les réponses
laires par des protéines porteuses spécifiques auxquelles elles cellulaires sont déterminées par la présence de récepteurs
se lient. Sous cette forme, elles peuvent subsister pendant qui fixent spécifiquement les molécules informatives. La
des heures, voire des jours dans le flot sanguin. fixation de ces molécules fait subir au récepteur un chan-
Les molécules signaux associées aux cellules, troisième gement de conformation qui va déclencher la cascade de
groupe de molécules informatives, sont disposées sur la signalisation subséquente. Étant donné que les signaux
face extracellulaire de la membrane plasmique. Il s’ensuit chimiques peuvent agir soit au niveau de la membrane,
que ces molécules n’exercent leurs effets que sur les cellules soit à l’intérieur du cytoplasme (ou du noyau), il n’est pas
qui sont en contact physique avec celle sur laquelle elles se surprenant de trouver des récepteurs des deux côtés de la
trouvent. C’est le cas par exemple de protéines telles que membrane plasmique. Les récepteurs des molécules infor-
les intégrines ou les molécules d’adhérence des cellules matives ne pénétrant pas dans la cellule sont des protéines
neurales (NCAM), qui influencent la croissance de l’axone transmembranaires dont le domaine extracellulaire com-
(voir Chapitre 23). Les molécules informatives fixées sur prend le site de liaison du signal, tandis que le domaine
la membrane sont relativement difficiles à étudier, mais elles intracellulaire active les cascades de signalisation intracel-
tiennent une place importante dans le développement lulaire qui font suite à la liaison. On a identifié un grand
nombre de ces récepteurs et on les a groupés en familles
que distinguent les mécanismes uti-
(A) Récepteurs associés à un canal (B) Récepteurs associés à une enzyme
lisés pour opérer la transduction de
la liaison du signal en une réponse
Ions 1 Liaison 1 Liaison cellulaire (Figure 7.4).
du signal du signal
Dans les récepteurs associés à des
2 Enzyme canaux (également appelés canaux
activée ioniques activés par un ligand), les
fonctions de récepteur et de trans-
duction sont assurées par la même
molécule protéique. L’interaction du
signal chimique avec le site de liai-
son du récepteur détermine l’ouver-
ture ou la fermeture du pore d’un
2 Ouverture
Canal du canal canal ionique en un autre endroit de
fermé Enzyme inactive la même molécule. Le flux d’ions qui
Substrat Produit
en résulte modifie le potentiel de
membrane de la cellule cible et, dans
3 Flux d’ions à tra- 3 L’enzyme élabore certains cas, fait entrer des ions Ca2+
vers la membrane son produit
servant de seconds messagers au sein
de la cellule. Les récepteurs ionotro
(C) Récepteurs couplés aux protéines G (D) Récepteurs intracellulaires pes des neurotransmetteurs, décrits
au chapitre 6, sont de bons exemples
Molécule de ces récepteurs.
informative
1 Liaison
du signal
2 Le récepteur activé
régule la transcription
Récepteur
FIGURE 7. 4
Catégories de récepteurs cellulaires. Les
1 Liaison molécules informatives ne traversant pas la
du signal
β membrane peuvent se fixer soit sur des
α
récepteurs associés à des canaux (A), soit à
Protéine G
α
β
des récepteurs associés à une enzyme (B),
soit à des récepteurs couplés aux protéines
G (C), et les activer. Les molécules
2 Liaison de la 3 Protéine G
protéine G activée Récepteur informatives traversant la membrane
activent des récepteurs intracellulaires (D).
144
La transduction intracellulaire du signal
Les récepteurs associés à une enzyme (ou récepteurs Les récepteurs intracellulaires sont activés par des
catalytiques) possèdent eux aussi un site extracellulaire de molécules informatives liposolubles qui pénètrent dans la
liaison des signaux chimiques. Leur domaine intracellu- cellule (Figure 7.4D). Beaucoup provoquent l’activation de
laire est une enzyme dont l’activité catalytique est régulée cascades de signalisation menant à la production d’ARNm
par la liaison d’un signal extracellulaire. La grande majo- et de protéines au sein de la cellule cible. Ces récepteurs
rité de ces récepteurs sont des protéine-kinases, souvent sont souvent constitués d’une protéine récepteur liée à un
des tyrosine-kinases, qui phosphorylent des protéines cibles complexe protéique inhibiteur. Lorsque la molécule signal
intracellulaires (souvent au niveau de résidus tyrosine) et, se lie au récepteur, le complexe inhibiteur se dissocie et
ce faisant, modifient les fonctions physiologiques des cel- expose un domaine de liaison de l’ADN au niveau du
lules cibles. Parmi les membres de ce groupe de récep- récepteur. Sous cette forme activée, le récepteur entre alors
teurs, on peut citer la famille Trk (à activité tyrosine-kinase) dans le noyau et interagit directement avec l’ADN nucléaire
des récepteurs des neurotrophines (voir Chapitre 23) et dont il affecte la transcription. Certains récepteurs intra-
d’autres récepteurs des facteurs de croissance. cellulaires sont situés principalement dans le cytoplasme,
Les récepteurs couplés aux protéines G régulent les d’autres surtout dans le noyau. Dans les deux cas, une fois
réactions intracellulaires par un mécanisme indirect qui que ces récepteurs sont activés, ils peuvent affecter l’ex-
implique une molécule intermédiaire de transduction pression génique en influençant la transcription de l’ADN.
appartenant à la famille des protéines de liaison de la GTP
(ou protéines G). Tous ces récepteurs, également appelés
récepteurs métabotropes (voir Chapitre 5), traversent sept Les protéines G et leurs cibles moléculaires
fois la membrane. On en a identifié des centaines et,
parmi les plus connus, on citera par exemple les récepteurs Les récepteurs couplés aux protéines G et les récepteurs
β-adrénergiques, les récepteurs muscariniques de l’acétyl- associés à une enzyme peuvent, les uns comme les autres,
choline et les récepteurs métabotropes du glutamate, activer des cascades de réactions biochimiques, dont la con
décrits au chapitre 6, de même que les récepteurs des séquence ultime sera de modifier les fonctions des pro-
substances odorantes du système olfactif et des types très téines cibles. Pour ces deux types de récepteurs, le couplage
variés de récepteurs des hormones peptidiques. La rho- entre l’activation du récepteur et les effets qui s’ensuivent
dopsine, protéine sensible à la lumière que l’on trouve est réalisé par des protéines qui lient la GTP, dont il existe
dans les photorécepteurs rétiniens, possède sept segments deux catégories (Figure 7.5). Les protéines G hétérotri-
transmembranaires et est, elle aussi, un récepteur couplé mériques sont composées de trois sous-unités distinctes
aux protéines G (voir Figure 11.9). (α, β et γ). Il existe de nombreuses sous-unités α, β et γ
Récepteur Récepteur
γ
β
GTP GDP GTP GDP
α α
GDP
Protéine
effectrice Active
Protéine G Ras Ras
γ
β GDP GTP
GAP
Inactive
α
Pi
GDP GAP
Pi
FIGURE 7.5
Types de protéines liant la GTP. (A) Les protéines G hétérotrimériques sont composées de trois sous-unités distinctes (α, β et γ). L’activation du
récepteur provoque la liaison de la protéine G et l’échange, par la sous-unité α, de la GDP pour la GTP ; en conséquence, la sous-unité α se dissocie
des sous-unités βγ. L’hydrolyse de la GTP favorisée par des protéines qui activent la GTPase, les GAP (GTPase-Activating Proteins), met fin aux
actions biologiques des protéines G. (B) Les protéines G monomériques font appel à des mécanismes du même ordre pour relayer, en direction de
cibles intracellulaires, les signaux des récepteurs de la surface cellulaire qui ont été activés. La liaison de la GTP stimule les effets biologiques de
ces protéines G, effets qui se terminent avec l’hydrolyse de la GTP, là aussi régulée par des GAP.
145
P R E M I È R E PA R T I E • Les signaux nerveux
différentes qui, par permutation, peuvent donner un nom tumeur. Ras est aussi impliqué dans la signalisation neu-
bre fantastique de protéines G. Quoi qu’il en soit de la ronale, en particulier dans la potentialité synaptique à long
composition particulière des protéines G hétérotrimériques, terme (voir chapitre 8). Depuis la découverte de ras, on a
leur sous-unité α se lie aux nucléotides guanyliques, soit la identifié un grand nombre de petites GTPases, que l’on
GDP, soit la GTP. En se liant à la GDP, la sous-unité α peut classer en cinq sous-familles ayant chacune des fonc-
devient apte à se lier aux sous-unités β et γ pour former un tions distinctes. Certaines interviennent, par exemple, dans
trimère inactif. La fixation d’un signal extracellulaire sur le trafic vésiculaire au sein des terminaisons présynap-
un récepteur couplé aux protéines G permet à la protéine G tiques ou en d’autres endroits du neurone ; d’autres jouent
de se lier au récepteur et d’échanger la GDP pour de la GTP un rôle prépondérant dans les mouvements de l’ARN et
(Figure 7.5A). Lorsque la GTP s’est liée à la protéine G, des protéines vers l’intérieur ou vers l’extérieur du noyau.
la sous-unité α se dissocie du complexe βγ et active la Pour les protéines G hétérotrimériques et monomé-
protéine G. Suite à cette activation, la sous-unité α liée à riques, la fin de la signalisation est déterminée par l’hydro-
la GTP et le complexe libre βγ vont pouvoir se lier à des lyse de la GTP en GDP. La vitesse de l’hydrolyse de la
molécules effectrices et servir d’intermédiaires pour une GTP est, pour toute protéine G, une propriété importante
large gamme de réponses de la cellule cible. susceptible d’être régulée par d’autres protéines qui acti
La seconde catégorie de protéines liant la GTP est vent la GTPase, dites GAP (GTPase-Activating Protein).
composée des protéines G monomériques (encore appe- En remplaçant la GTP par de la GDP, les GAP ramènent
lées petites protéines G). Ces GTPases monomériques les protéines G à leur forme inactive. Initialement, les
relaient, elles aussi, des signaux provenant des récepteurs GAP furent considérées comme des régulateurs des petites
de surface activés vers des cibles intracellulaires telles que le protéines G, mais on a récemment trouvé des protéines
cytosquelette et le système de trafic vésiculaire de la cel- similaires qui régulent les sous-unités α des protéines G
lule. La première protéine G monomérique fut découverte hétérotrimériques. On peut donc dire que les protéines G
dans un virus responsable de sarcomes chez le rat et fut, monomériques ou trimériques font office de minuteries
pour cette raison, dénommée Ras (rat sarcoma). La protéine moléculaires qui sont actives dans leur état lié à la GTP et
Ras participe à la régulation de la différenciation et de la qui deviennent inactives quand elles ont hydrolysé en
prolifération cellulaires en relayant vers le noyau des signaux GDP la GTP qui leur était liée (Figure 7.5B).
issus de kinases servant de récepteurs ; la forme virale de Les protéines G activées influencent les fonctions de
Ras est défectueuse et, de ce fait, susceptible de provoquer nombreux effecteurs situés plus en aval dans la chaîne réac-
une prolifération cellulaire anarchique aboutissant à une tionnelle. La majorité de ces effecteurs sont des enzymes
Neuro-
trans Noradrénaline Glutamate Dopamine
metteur
b-
Dopami-
Récepteur adrénergique mGluR
nergique
D2
Protéine G
Gs Gq Gi
Protéine
effectrice Adénylyl cyclase Phospholipase C Adénylyl cyclase
Seconds
messagers AMPc Diacylglycérol IP3 AMPc
FIGURE 7.6
Voies effectrices associées aux récepteurs couplés aux protéines G. Dans les trois exemples représentés dans cette figure,
la liaison d’un neurotransmetteur avec un récepteur de ce type entraîne l’activation d’une protéine G et le recrutement
subséquent de voies de seconds messagers. Gs, Gq et Gi désignent trois types différents de protéines G hétérotrimériques.
146
La transduction intracellulaire du signal
produisant des seconds messagers intracellulaires. Les trouve en abondance dans le cytosol de toutes les cellules.
enzymes effectrices comprennent l’adénylyl cyclase, la En se liant à la calmoduline, le calcium active cette pro-
guanylyl cyclase, la phospholipase C et bien d’autres téine qui va déclencher la chaîne de ses effets en se liant à
(Figure 7.6). Les seconds messagers que produisent ces son tour à d’autres cibles telles que les protéine-kinases.
enzymes déclenchent des cascades complexes de signalisa- D’ordinaire, la concentration du calcium dans le cyto-
tion biochimique, que nous examinerons dans la section sol est extrêmement faible, de l’ordre de 50-100 nano-
suivante. Étant donné que chacune de ces cascades est moles par litre (10–9M). À l’extérieur du neurone, dans le
activée par des sous-unités spécifiques, c’est la nature des sang ou dans le liquide céphalorachidien par exemple, la
sous-unités associées à un récepteur donné, qui détermine concentration d’ions Ca2+ est bien plus élevée, typique-
les voies que ce récepteur va activer. ment de l’ordre de quelques millimoles par litre (10‑3 M).
Les protéines G activent donc des molécules effectrices, Ce fort gradient de concentration du Ca2+ est maintenu
mais elles peuvent aussi se lier directement à des canaux par divers mécanismes (Figure 7.7B). Le plus important
ioniques et les activer. Certains neurones, par exemple, ou est le fait de deux protéines qui déplacent le Ca2+ du cytosol
certaines cellules musculaires cardiaques ont des récepteurs vers le milieu extracellulaire : la première est une ATPase
couplés aux protéines G qui fixent l’acétylcholine. Comme appelée pompe à calcium, la seconde, dite échangeur
ces récepteurs sont également activés par les agonistes de Na+-Ca2+, est une protéine qui remplace le Ca2+ intracellu-
la muscarine, on les qualifie généralement de récepteurs laire par des ions sodium extracellulaires (voir Chapitre 4).
muscariniques (voir Chapitres 6 et 21). L’activation des À côté de ces mécanismes propres à la membrane plas-
récepteurs muscariniques peut provoquer l’ouverture des mique, le Ca2+ est aussi pompé dans le réticulum endoplas-
canaux K+ et, par là, réduire la fréquence à laquelle un mique et dans les mitochondries. Ces organites peuvent
neurone émet des potentiels d’action ou diminuer le ainsi servir de réservoirs d’ions Ca2+ ultérieurement libérés
rythme des battements des cellules cardiaques. On estime pour participer aux phénomènes de signalisation. Les neu-
que ces réponses inhibitrices sont dues à la liaison des sous- rones contiennent enfin d’autres protéines liant le Ca2+,
unités βγ des protéines G avec les canaux K+. L’activation telles que la calbindine, qui servent à tamponner le Ca2+.
des sous-unités α peut également provoquer la fermeture Ces tampons se lient de façon réversible au Ca2+ et atté-
rapide des canaux Na+ et Ca2+ activés par le voltage. nuent ainsi l’ampleur et la cinétique des signaux calcium
Comme ces canaux contribuent à la naissance du poten- intracellulaires.
tiel d’action, leur fermeture rend plus difficile la décharge Les ions calcium qui agissent comme signaux intracel-
des cellules cibles (voir Chapitres 3 et 4). lulaires entrent dans le cytosol grâce à un ou plusieurs
En résumé, en se liant à leurs récepteurs, des signaux types de canaux ioniques perméables au Ca2+ (voir Cha-
chimiques déclenchent dans le cytosol des cellules cibles pitre 4). Il peut s’agir de canaux Ca2+ activés par le voltage
des cascades d’événements relevant de la transduction du ou activés par un ligand ; situés dans la membrane plas-
signal. Dans ces cascades, les protéines G jouent un rôle mique, ces canaux laissent le calcium extracellulaire entrer
central en tant qu’éléments transducteurs moléculaires cou- dans la cellule selon son gradient. D’autres canaux per-
plant les récepteurs membranaires à leurs effecteurs molé- mettent en outre au calcium du réticulum cytoplasmique
culaires intracellulaires. La diversité des protéines G et de d’être libéré dans le cytosol. Ces canaux, qui permettent la
leurs cibles est à l’origine de types très variés de réponses libération du calcium intracellulaire, peuvent être activés
physiologiques. En régulant directement le transit des ou désactivés – c’est-à-dire qu’ils peuvent être ouverts ou
canaux ioniques, les protéines G peuvent influencer le fermés – par divers signaux intracellulaires. L’un de ces
potentiel de membrane des cellules cibles. canaux est le récepteur de l’inositol triphosphate (IP3).
Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un canal régulé par
l’IP3, un second messager décrit plus loin en détail. Un autre
Les seconds messagers canal libérant le calcium intracellulaire est le récepteur de
la ryanodine, ainsi nommé d’après un agent pharmacolo-
Les neurones utilisent une grande variété de seconds mes- gique qui se lie à ce récepteur et l’ouvre partiellement.
sagers comme signaux intracellulaires. Ces messagers dif- Parmi les signaux biologiques qui activent les récepteurs
fèrent par leur mode de production et d’élimination ainsi de la ryanodine, on trouve le Ca2+ cytoplasmique et, dans
que par leurs cibles et leurs effets (Figure 7.7A). Cette sec- certaines cellules musculaires tout au moins, la dépolarisa-
tion résume les propriétés de quelques-uns des plus impor- tion de la membrane plasmique.
tants d’entre eux. Ces divers mécanismes d’augmentation et d’élimina-
• Le calcium. L’ion calcium (Ca2+) est peut-être le plus tion des ions calcium offrent la possibilité de contrôler
commun des messagers intracellulaires des neurones. De avec précision le moment et l’endroit de la signalisation
fait, il y a peu de fonctions neuronales qui soient à l’écart calcique au sein des neurones, ce qui, à son tour, permet
des influences, directes ou indirectes, du Ca2+. Dans tous au Ca2+ de contrôler un grand nombre de phénomènes de
les cas, l’information est transmise par une brève augmen- signalisation différents. C’est ainsi que des canaux cal-
tation de la concentration cytoplasmique du calcium per- ciques activés par le voltage permettent au taux de Ca2+
mettant à ce dernier de se lier aux multiples protéines liant d’augmenter très vite et d’une manière localisée aux termi-
le Ca2+, qui constituent les molécules cibles. L’une des cibles naisons présynaptiques, pour déclencher la libération de
du calcium qui aient fait l’objet des travaux les plus détail- neurotransmetteurs, comme cela a été décrit au chapitre 5.
lés est la calmoduline, protéine liant le calcium, que l’on Des augmentations plus lentes et plus diffuses du taux de
147
P R E M I È R E PA R T I E • Les signaux nerveux
Protéine-kinase A
Adénylyl cyclase Canaux activés par les
AMP cyclique AMPc phosphodiestérase
agissant sur l’ATP nucléotides cycliques
Protéine-kinase G
Guanylyl cyclase Canaux activés par les GMPc phosphodiestérase
GMP cyclique
agissant sur la GTP nucléotides cycliques
Phospholipase C
Diacylglycérol Protéine-kinase C Enzymes diverses
agissant sur le PIP2
(B) (C)
Canal Ca2+ activé Canal Ca 2+ activé Échangeur Pompe Adénylyl Canal activé par Guanylyl Canal activé par
par le voltage par un ligand Na+-Ca2+ à Ca2+ cyclase un nucléotide cyclase un nucléotide
Na+ H+ cyclique cyclique
ATP
ADP ATP AMPc GTP GMPc
Réticulum endo-
plasmique AMPc PKA GMPc PKG
phosphodiestérase phosphodiestérase
Réticulum
endoplasmique AMP GMP
[Ca2+]i
[Ca2+]i
(D)
ATP
Phosphatidylinositol
ADP
biphosphate (PIP2) Diacylglycérol
Récepteur
de l’ IP3 Pompe à Ca2+ Phospholipase C
Protéines
Protéines effec- tampon
trices liant le Ca2+ liant
le Ca2+ PKC
Récepteur de
la ryanodine Ca2+
Phosphatases IP3
Récepteurs
Mitochondrie Inositol
de l’ IP3
PURVES: Neuroscience 5e
Figure: 07.07
07/15/11
07/26/11
148
La transduction intracellulaire du signal
Ca2+ régulent une large palette d’autres réponses, dont messagers intracellulaires (Figure 7.7D). Les deux messa-
l’expression des gènes dans le noyau cellulaire. gers les plus importants de ce type sont produits à partir
• Les nucléotides cycliques. Les nucléotides cycliques du phosphatidylinositol biphosphate (PIP2). Cet élément
constituent un autre groupe important de seconds messa- lipidique est clivé par une enzyme, la phospholipase C,
gers, particulièrement l’adénosine monophosphate cyclique qu’activent certaines protéines G ainsi que les ions cal-
(AMPc) et la guanosine monophosphate cyclique (GMPc) cium. La phospholipase C clive le PIP2 en deux molécules
(Figure 7.7C). L’AMP cyclique est un dérivé de l’ATP, plus petites agissant chacune comme second messager. L’un
molécule universelle de stockage de l’énergie cellulaire. de ces messagers est le diacylglycérol (DAG), molécule qui
L’AMP cyclique est produite lorsque des protéines G acti reste dans la membrane et active la protéine-kinase C,
vent l’adénylyl cyclase de la membrane plasmique. Cette enzyme qui phosphoryle, entre autres, certaines protéines
enzyme convertit l’ATP en AMPc en lui enlevant deux de la membrane plasmique. L’autre messager est l’inositol
phosphates. De la même façon, la GMPc est produite par triphosphate (IP3), molécule qui quitte la membrane et
l’action de la guanylyl cyclase sur la GTP. Quand la con diffuse dans le cytosol. L’IP3 se lie à des récepteurs spéci-
centration intracellulaire de l’AMPc ou de la GMPc est fiques qui sont des canaux libérant le calcium du réticu-
suffisamment élevée, ces nucléotides peuvent se lier à des lum endoplasmique. L’action de l’IP3 est donc de produire
cibles appartenant à deux classes différentes. Les cibles les un autre second messager (faudrait-il alors parler de troi-
plus communes de l’action des nucléotides cycliques sont sième messager ?) qui déclenche un large éventail de réac-
des protéine-kinases, soit la protéine-kinase dépendant de tions au sein du cytosol. Il est mis fin aux actions du DAG
l’AMPc (PKA) soit la protéine-kinase dépendant de la et de l’IP3 par des enzymes qui convertissent ces deux molé-
GMPc (PKG). Ces enzymes interviennent dans de nom- cules en formes inertes pouvant être recyclées en nouvelles
breuses réponses physiologiques en phosphorylant des pro- molécules de PIP2.
téines cibles, comme le décrit la section qui suit. En outre, La concentration de ces seconds messagers change de
l’AMPc et la GMPc peuvent se lier à certains canaux ioni façon dynamique au cours du temps, ce qui permet un
ques et influencer de cette façon la signalisation neuronale. contrôle très fin des cibles d’aval. En outre, ces signaux
Les canaux activés par un nucléotide cyclique jouent un peuvent concerner des compartiments de faible étendue
rôle particulièrement important dans la phototransduction au sein de la cellule ou s’étendre sur de grandes distances,
et dans d’autres processus de transduction sensorielle tels y compris d’une cellule à une autre grâce aux jonctions
que l’olfaction. Les signaux des nucléotides cycliques sont communicantes (Chapitre 5). Le développement de tech-
dégradés par des phosphodiestérases, enzymes qui clivent niques d’imagerie qui visualisent les seconds messagers et
les liaisons diester et convertissent l’AMPc en AMP et la d’autres molécules au sein des cellules (Encadré 7A) a
GMPc en GMP. grandement contribué à élucider la dynamique spatiale et
• Le diacylglycérol et l’IP3. Curieusement, les lipides temporelle complexe de cette signalisation par seconds
membranaires peuvent également être convertis en second messagers.
149
P R E M I È R E PA R T I E • Les signaux nerveux
ENCADRÉ 7A Suite
(A) O O O O (A) Structure chimique d’un indicateur du calcium, le fura-2.
––O (B) Visualisation des changements de la concentration intracellulaire du
O C C O–– ––
O C C O––
Ca2+ provoqués dans une cellule de Purkinje du cervelet par un second
H22C CH22 H22C CH22 messager, l’IP3. (C) Modèle de la molécule de la protéine à fluorescence
N N verte. La GFP a la forme d’une boîte à l’intérieur de laquelle se trouverait
la partie fluorescente. (D) Expression de la GFP dans un neurone
O CH22 CH22 O
pyramidal du cortex cérébral de souris. (A d’après Grynkiewicz et al.,
1985 ; B d’après Finch et Augustine, 1998 ; C © Armand Tepper, Université
de Leyde ; D d’après Feng et al., 2000.)
O
CH33
N
(B) (C) (D)
O
C O––
GFP a été utilisée par la suite à maintes De même que la technique de colora
reprises pour visualiser la structure de tion de Golgi nous a ouvert les yeux sur
neurones individuels du cerveau des la composition cellulaire du système ner
mammifères (Figure D). veux (Chapitre 1), de même le fura-2, la
Les techniques de la génétique molé GFP et les autres outils d’imagerie dyna
culaire offrent la possibilité d’attacher mique ont révolutionné l’étude de la si
la GFP à presque n’importe quelle pro gnalisation intracellulaire. On ne voit Finch, E.A. et G.J. Augustine (1998), Local
téine. On a pu de la sorte visualiser les pas la fin de ce que peuvent apporter ces calcium signaling by IP3 in Purkinje cell
modifications dynamiques de l’empla techniques d’imagerie dynamique pour dendrites. Nature, 396, 753-756.
cement des protéines du neurone lors éclairer des aspects nouveaux et impor Giepmans, B.N., S.R. Adams, M.H. Ellisman et
d’épisodes de signalisation. La figure tants de cette signalisation nerveuse. R.Y. Tsien (2006), The fluorescent toolbox
8.11 illustre par exemple l’utilisation de for assessing protein location and
cette technique d’imagerie pour moni function. Science, 312, 217-224.
torer l’activation ce la protéine kinase Références Grynkiewicz, G., M. Poenie et R.Y. Tsien (1985),
Ca2+-calmodulin dépendante de type II A new generation of Ca2+ indicators with
lors de la potentialisation à long terme. Bacskai, B.J. et 6 autres (1993), Spatially greatly improved fluorescence properties.
resolved dynamics of cAMP and protein J. Biol. Chem., 260, 3440-3450.
Comme dans le cas du fura-2, les per
kinase A subunits in Aplysia sensory Meyer, T. et M.N. Teruel (2003),
fectionnements ultérieurs apportés à neurons. Science, 260, 222-226. Fluorescence imaging of signaling
la GFP ont conduit à de nombreuses
Chalfie, M., Y. Tu, G. Euskirchen, W.W. Ward networks. Trends Cell Biol., 13, 101-106.
améliorations. L’une d’elles concerne la
et D.C. Prasher (1994), Green fluorescent Miyawaki, A. (2005), Innovations in the
production de protéines ayant une fluo protein as a marker for gene expression. imaging of brain functions using
rescence de couleur autre que le vert, Science, 263, 802-805. fluorescent proteins. Neuron, 48, 189-199.
ce qui permet de visualiser simultané Connor, J.A. (1986), Digital imaging of free Okumoto, S. (2010), Imaging approach for
ment plusieurs types de protéines et/ou calcium changes and of spatial gradients monitoring cellular metabolites and ions
plusieurs types de neurones. Des per in growing processes in single mammalian using genetically encoded biosensors. Curr.
fectionnements
PURVES: supplémentaires
Neuroscience 5e ont central nervous system cells. Proc. Natl. Opin. Biotechnol., 21, 45-54.
abouti
Figure:à des techniques qui utilisent les
BX07A.ABCD Acad. Sci., USA 83, 6179-6183. Tsien, R.Y. (1998), The green fluorescent
po06/12/11
tentialités de la GFP pour suivre vi Feng, G. et 8 autres (2000), Imaging protein. Annu. Rev. Biochem., 67, 509-544.
suellement l’activité enzymatique de neuronal subsets in transgenic mice
protéine-kinases ou autres protéines expressing multiple spectral variants of
signaux. GFP. Neuron, 28, 41-51.
150
Atlas
Le système nerveux
central humain
Cette série de six planches présente des images légendées du cerveau humain et de
la moelle épinière. Les structures de la surface du cerveau sont montrées sur des
photographies d’un spécimen post mortem, dont on a retiré les méninges et les vais-
seaux sanguins superficiels (Planche 1). Les images de coupes de l’encéphale dans les
trois plans anatomiques standard ont été obtenues par IRM, pondérée T1, chez un
sujet vivant (Planches 2-4). Ces images font apparaître en teinte foncée les compar-
timents remplis de liquides aqueux et, en teinte claire, les tissus riches en lipides, tels
que la substance blanche. Sur les images pondérées T1, la substance grise et de la
substance blanche ont donc le même aspect que sur un cerveau disséqué post mor-
tem. Les dernières images présentent des coupes transversales effectuées au niveau des
principales divisions du tronc cérébral (Planche 5) et de la moelle épinière (Planche 6).
Chacune de ces images histologiques a été traitée pour simuler une coloration de la
myéline ; la substance blanche a, de la sorte, une teinte foncée, tandis que la substance
grise et les fibres faiblement myélinisées ont une teinte claire.
Les images du cerveau et de la moelle épinière que présentent ces planches
se retrouvent dans les atlas plus détaillés du logiciel qui accompagne ce manuel :
Sylvius : Atlas interactif et glossaire visuel du système nerveux central humain. Sylvius est un
outil informatique d’étude et d’exploration du système nerveux central humain, per-
mettant d’en comprendre les différentes structures. Il comporte des images annotées
de la surface du cerveau, et des outils interactifs pour disséquer le système nerveux
central et en examiner des coupes annotées. Sylvius donne accès à une base de données
de plus de 500 termes neuroanatomiques accompagnés d’une définition précise et
d’une illustration utilisant les photographies, les images d’IRM pondérées T1 et des
figures de ce manuel. Les modalités d’accès au Sylvius sont précisées dans les premières
pages de l'ouvrage.
745
AT L A S
746
Le système nerveux central humain
Surface d’un spécimen de cerveau humain. (A) Vue latérale de l’hémisphère gauche. (B) Vue médiosagittale
de l’hémisphère droit. (C) Vue dorsale. (D) Vue ventrale.
(C)
Gyrus supramarginal
Gyrus angulaire
Sillon postcentral
Sillon central (Scissure de Rolando)
Gyrus postcentral
Sillon précentral
Gyrus précentral
Gyrus frontal supérieur
Fissure longitudinale
Lobule pariétal supérieur
Sillon frontal supérieur
Sillon intrapariétal
Gyrus occipitaux latéraux
Gyrus frontal moyen
Gyrus précentral
Sillon central (Scissure de Rolando)
Gyrus postcentral
(D)
Racines des nerfs vague et glossopharyngien
Nerf facial
Gyrus temporal inférieur
Sillon temporal inférieur
Pont
Pédoncule cérébral
Corps mamillaire
Chiasma optique
Gyrus orbitaires
Tractus olfactif
Fissure longitudinale
Bulbe olfactif
Uncus
Gyrus parahippocampique
Sillon rhinal
Nerf trijumeau
Nerf vestibulo-cochléaire
Gyrus temporal moyen
Pyramide bulbaire
Olive inférieure
Bulbe rachidien
Hémisphère cérébelleux
747
neurosciences-purves3_deboeck-superieur 17/08/15 16:50 Page1
I
I
White
Augustine
Hall
Qu’est-ce que le système nerveux ? Comment fonc-
tionnent et communiquent les cellules qui le consti-
tuent ? Qu’est-ce que la mémoire ? Le langage ?
LES TRADUCTEURS :
I
L’intelligence ? Voilà quelques-unes des questions aux- l'université de Lille 1. Ses travaux menés d'abord
I
quelles cette nouvelle édition a pour ambition de en CNRS puis à l'université de Lille 1 où il a dirigé
Fitzpatrick
Lamantia
répondre. le laboratoire de Neurosciences du
Comportement, concernent les activités
I
motrices et attentionnelles ainsi que leur influen-
Neurosciences est un manuel complet développant ce sur l'intégration sensorielle.
Purves
toutes les notions de base, les théories et principaux
champs de recherche actuels mais également les der- Traduction de Jean-Marie Coquery, Préfaces de Marc Jeannerod
a Philippe Gailly est docteur en médecine
nières méthodes et techniques de recherche ainsi que les (Université catholique de Louvain, UCL) et en Philippe Gailly et Nicolas Tajeddine et d’Andrea Volterra
données expérimentales et cliniques les plus pertinentes. biophysique (University of Virginia). Il est profes-
seur de physiologie et de neurosciences à l'UCL. e
Son exhaustivité et l'accessibilité de son écriture consti-
tuent une combinaison réussie qui a prouvé son succès
tant pour les étudiants de 1er cycle en médecine que pour
Ses recherches portent sur les mécanismes de
l’homéostasie calcique intracellulaire et sur les
canaux ioniques TRP.
5 édition
ceux de biologie, de psychologie et de sciences cognitives.
Exhaustif et faisant autorité dans le domaine, il est égale- a Nicolas Tajeddine est docteur en médecine et en
ment adapté à des étudiants de cycles supérieurs ainsi sciences biomédicales (Université catholique de
qu'aux professionnels des neurosciences. Louvain, UCL). Il est professeur de physiologie
Neurosciences
des systèmes à l'UCL. Ses recherches portent sur
L’ouvrage s’accompagne du Sylvius, un atlas de neuroana-
les anomalies de la signalisation calcique dans
tomie humaine particulièrement puissant et fonctionnel, divers modèles pathologiques.
utilisable indépendamment ou en complément du
manuel.
Atlas de neuroanatomie
interactif en couleur
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illustration : © droits réservés