Effet de La Democratie Sur La Croissance Economique: Les Resultats D'Une Etude Menee en Zone Cemac

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EFFET DE LA DEMOCRATIE SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE : LES RESULTATS D’UNE ETUDE MENEE EN


ZONE CEMAC

EFFECT OF DEMOCRACY ON ECONOMIC GROWTH: RESULTS


OF A STUDY CONDUCTED IN THE CEMAC ZONE

Ekodo Raymond
Enseignant – Chercheur
Université de Ngaoundéré
[email protected]

Djelardje Roger
Enseignant – Chercheur
Université de Moundou
[email protected]

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Résumé

L’objet du présent article est d’évaluer l’effet de la démocratie sur la croissance économique en
zone CEMAC. Pour tester notre hypothèse selon laquelle la démocratie exerce une influence
positive sur la croissance économique en zone CEMAC, nous avons utilisé la Méthode des
Moments Généralisés en panel dynamique des six pays de la zone dans la période allant de
2010 à 2019. Les résultats montrent que la démocratie affecte positivement et significativement
la croissance économique en zone CEMAC. Au regard de ces résultats, des recommandations
ont été faites pour mettre en place une véritable démocratie dans ces pays.

Mots clés : Démocratie, Croissance économique, CEMAC

Abstract

The purpose of this article is to assess the effect of democracy on economic growth in the
EMCCA zone. To test our hypothesis according to which democracy exerts a positive influence
on economic growth in the EMCCA zone, we used the Generalized Method of Moments
(GMM) in dynamic panel of the six countries of the zone in the period going from 2010 to
2019. The results show that democracy exercises a positive and significant effect on economic
growth in EMCCA zone. In view of these results, some recommendations were made to
establish a true democracy in these countries.

Keywords: Democracy, Economic growth, EMCCA.

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INTRODUCTION

Pendant de nombreuses années, les économistes expliquaient la croissance économique


uniquement par des facteurs économiques tels que le capital physique, le travail et la
technologie négligeant ainsi le rôle des politiques économiques et la qualité des institutions.
Mais, depuis l’apparition des nouvelles théories de la croissance économique dans les années
1990, ces derniers s’accordent à reconnaitre aussi le rôle de ces politiques en général et de la
gouvernance institutionnelle en particulier dans le processus de la croissance économique.

Par définition, la croissance économique représente une augmentation de la quantité des biens
et services produites dans une économie au cours d’une période. Perroux (1961) la définit
comme : « étant une augmentation soutenue sur une ou plusieurs périodes longues d’un
indicateur de dimension pour une nation, le produit global brut ou net en termes réels ».

La démocratie désigne quant à, cette forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté


appartient au peuple. Elle constitue un indicateur important de la gouvernance institutionnelle 1
qui permet aux Etats de consolider la liberté civique et économique ainsi que l’initiative privée
qui sont les sources de croissance économique.

Les organisations internationales œuvrant pour le développement économique, dont la Banque


Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) estiment de plus en plus que celle-ci
constitue un puissant levier à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans les
pays en développement (PED). Ceci s’explique par le fait qu’elle est une forme de
gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple. Elle permet également aux
Etats de consolider la liberté civique et économique ainsi que l’initiative privée qui sont les
sources de croissance économique.

L’expérience montre que tous les pays qui ont adopté la démocratie à l’instar des Etats-Unis,
du Canada, de la Grande-Bretagne, de la Suisse, du Japon et des pays de l’Union Européenne,
ont vu leur taux de croissance s’améliorer et sont parmi les pays les plus développés du monde.

Par contre, la plupart des PED en l’occurrence ceux de l’Amérique latine, de l’Asie, de
l’Afrique du Nord et subsaharienne où les règles de démocratie sont bafouées ont des taux de
croissance faibles et insuffisants pour réduire la pauvreté. Mais alors comment comprendre que

1
La gouvernance institutionnelle, quant à elle, désigne l’ensemble des méthodes par lesquelles les individus et les
institutions gèrent leurs affaires communes. Selon Lamy (2012), elle est définie comme étant l’ensemble des transactions par
lesquelles des règles collectives sont élaborées, légitimées, mises en œuvres et contrôlées. Kaufman et al. (1999) la mesure
par six indicateurs, à savoir : voix et responsabilité, c’est-à-dire la démocratie ; stabilité politique et absence de violence ;
efficacité du gouvernement ; qualité de la réglementation ; Etat de droit et contrôle de la corruption

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la Chine et l’Afrique du Sud pendant la période de l’apartheid où ces mêmes règles de
démocratie n’étaient pas respectées aient connu de forts taux de croissance économique ?

Cette question vient donc relancer le débat de l’effet de la démocratie sur la croissance
économique dans les PED.

Aujourd’hui, la quasi-totalité des PED occupe de mauvais rangs en matière de démocratie dans
le monde et sont classés parmi les régimes autoritaires. Les pays de la communauté économique
et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC2) ne sont pas en marge de cette réalité. Ils occupent
d’après les publications de l’Economist Intelligence Unit (EIU) de 2020 sur un nombre de 165
paysau monde le classement suivant : le Gabon (121ème), le Congo (129ème), le Cameroun
(142ème), la Guinée équatoriale (160ème), le Tchad (163ème) et la RCA (165 ème).

Malgré ce classement, ces pays ne cessent de déployer de nombreux efforts pour mettre en place
les bases d’une démocratie réelle et authentique tels que la multiplication des parties politiques,
des masses médias, des journaux et même l’organisation des élections libres et transparentes
pour l’accession aux différents postes politiques. Les statistiques de la Banque Mondiale
montrent également que de 19803 à 2019, les taux de croissance économique ont connu une
nette amélioration pour la majorité de ceux-ci et sont passées de -2 à 3,7% pour le Cameroun,
de 2,2 à 4,4% pour le Congo, de 2,6 à 3,9% pour le Gabon, de 3,2 à -5,6% pour la Guinée
équatoriale, de -4,5 à 3% pour la RCA et de -6 à 3,2% pour le Tchad.

Ainsi, le débat ici est de savoir si la démocratie a véritablement influencé cette croissance
économique en zone CEMAC. En d’autres termes, qu’elle est l’effet de la démocratie sur la
croissance économique dans cette communauté ?

Cette problématique est scientifiquement légitimée, car à notre connaissance, il n’existe pas de
travaux sur l’effet de la démocratie sur la croissance économique en zone CEMAC. Cet article
vise donc à combler ce vide. L’objectif de cet article est donc d’évaluer d’une part l’effet de la
démocratie sur la croissance économique en zone CEMAC, et d’autres part de proposer des
politiques économiques susceptibles d’être utilisées par les pouvoirs publics, afin de garantir
une démocratie réelle et une croissance plus forte et susceptible de réduire la pauvreté.

2
Les pays de la CEMAC sont le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République
centrafricaine et le Tchad

3
Début du programme d’ajustement structurel

70
La suite de l’article se présente de la manière suivante : la section II fait une revue de la
littérature existante aussi bien théorique qu’empirique. La section III quant à elle, présente la
méthodologie utilisée. Les résultats et leurs discussions font l’objet de la section IV. La dernière
section, quant à elle, conclue et fait des recommandations de politiques économiques.
I. REVUE DE LA LITTERATURE
La problématique de l’effet de démocratie sur la croissance économique a drainé plusieurs
chercheurs qui en ont fait un champ d’investigation privilégié.

Cependant, la lecture des travaux théoriques et empiriques abordant cet effet révèle des
contradictions. En effet, deux thèses s’opposent : la thèse orthodoxe (2.1) et la thèse hétérodoxe
(2.2).
1. La thèse orthodoxe
La thèse orthodoxe ou optimiste est constituée des contributions d’un groupe d’économiste tel
que North (1990), Przeworski et Limongi (1993), Barro, (1999), Feng (2004), Heo et Tan
(2001), etc. Les défenseurs de cette thèse pensent que la démocratie affecte positivement la
croissance économique dans les PED. Pour justifier leur vision, ces auteurs soutiennent que des
processus démocratiques, qui impliquent l’existence et l’exercice des libertés civiques
fondamentales et des droits politiques, créent les circonstances politiques favorables pour
améliorer la croissance économique. North (1990) affirme alors que dans un pays démocratique,
si le gouvernement adopte une régulation inappropriée de l’économie, le mécanisme électoral
fournit la possibilité aux citoyens de l’écarter. Par conséquent, ce mécanisme est capable
d’expulser des politiciens utilisant leur pouvoir pour s’enrichir et donc de stimuler la croissance
économique. Przeworski et Limongi(1993) et Barro (1999) de leur côté pensent que la
démocratie favorise les libertés politiques et économiques. Celles-ci protègent le droit de
propriété et développent la concurrence sur le marché, qui sont des pré requis pour promouvoir
la croissance économique. De même, Rodrik (1999) et Baum et Lake (2003) montrent
également que la démocratie assure une croissance stable et durable, en limitant l’intervention
de l’Etat dans l’économie, tout en favorisant son rôle dans les domaines de l’éducation, la santé
et la justice. Allant dans le même sens, Feng (2004) affirme que les gouvernements
démocratiques sont plus favorables à des bonnes performances économiques que d’autres
arrangements politiques dans les pays développés et moins développés. La démocratie à
tendance à encourager et préparer les acteurs à exercer les libertés économiques, conditions
indispensables à la croissance économique. Heo et Tan (2001) soutiennent également que la
démocratie est de nature à inciter les gouvernements à promouvoir les libertés économiques

71
favorisant l’initiative privée des entrepreneurs. Selon Mesquita et al, (2001), le dispositif
électoral aurait aussi tendance à réduire le copinage et la corruption qui constituent des freins à
la croissance économique.
D’autres auteurs tels que Dessus (1998), Ben (2018) et Hibrahim et Boniface (2019) ont
démontré que la démocratie affecte positivement la croissance économique mais de façon
conditionnée. Ils soutiennent que la démocratie affecte positivement la croissance économique
que lorsqu’il y a alternance des chefs d’Etat au pouvoir. Pour Ben (2018), la démocratie affecte
positivement la croissance économique que si et seulement si ces pays sont stables
politiquement. Par contre, Dessus (1998) estime plutôt que la démocratie affecte positivement
la croissance économique des PED que si et seulement si ces pays disposent d’un stock
important de capital humain.
Sur le plan empirique, il existe également de nombreux travaux qui défendent la thèse selon
laquelle la démocratie affecte positivement la croissance économique dans les PED. Par
exemple, Rodrik et Wacziarg (2005) travaillant sur un échantillon de 154 pays aussi bien
développés qu’en développement et utilisant les données de panels couvrant la période de 1950
à 2000, arrivent à la conclusion selon laquelle la démocratie affecte positivement la croissance
économique dans ces pays. Selon ces auteurs, lors des changements de régime, la croissance du
PIB par habitant s’accélère immédiatement après la transition démocratique. De même, Rock
(2009) utilisant la méthode des données de panels et les moindres carrés en deux étapes sur un
échantillon de 12 pays de l’Afrique subsaharienne sur les données couvrant la période allant de
1960 à 2004, conclut que la démocratie affecte positivement la croissance économique en
attirant les IDE. Elle permet de créer un climat de confiance et de sécurité en matière
d’investissement à l’étranger. Elle permet également de garantir le droit de propriété et l’égalité
devant la loi.

Papaioannou et Siourounis (2008) de leur côté, utilisant un échantillon de 166 pays aussi bien
développé qu’en développement sur la période allant de 1960 à 2003, montrent que l’effet
positif de la démocratie sur la croissance économique est observable après un certain temps. Ils
ajoutent que durant la période de transition démocratique, le taux de croissance diminue, puis
il se stabilise à un niveau élevé. Ils utilisent tour à tour la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO), méthode à effets fixes (MEF) et celle des moments généralisés (MMG).
Allant dans le même sens, Doucouliagos et Ulubasoglu (2008), étudient également ce lien sur
un échantillon de 483 estimations de 84 études sur la période couvrant l’année 2005. La
méthodologie utilisée est l’approche de Meta-analyse. Selon ces auteurs, la stimulation du taux

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de croissance économique est due à un niveau élevé du revenu, du capital humain, des libertés
économiques et à une instabilité politique moindre.

Malgré les résultats obtenus par les économistes du courant orthodoxe, leurs analyses ont été
contestées par les économistes du courant hétérodoxe. Selon ces derniers, la démocratie exerce
plutôt une influence négative sur la croissance économique dans les PED.
2. La thèse hétérodoxe
Contrairement à la thèse orthodoxe, le courant hétérodoxe ou pessimiste montre plutôt que la
démocratie affecte négativement la croissance économique dans les PED. Les défenseurs de ce
courant soutiennent que la démocratie engendre des désordres et des grèves qui ralentissent
l’activité économique et donc la production des biens et des services. Ce courant de penser est
constitué des contributions de plusieurs économistes à l’instar de Nelson (1987), Alesina et
Rodrik, (1994) ; Persson et Tabellini, (1994) ; Dessus (1998) ;Acemoglu et Robinson, (2006).

Pour justifier leur vision pessimiste, ces auteurs utilisent plusieurs arguments théoriques. Pour
Nelson (1987), la démocratie engendre des manifestations qui ralentissent la croissance
économique. Ainsi, le fait pour ces Etats de garder certaines capacités pour résister aux
manifestations populistes ralentie également la croissance économique, car ces ressources
auraient pu servir à l’investissement et à la production. Pour Dessus (1998), dans un pays où
les règles de la démocratie sont bafouées et que le niveau de capital humain est élevé, les agents
économiques auront tendance à revendiquer leurs libertés civiques et économiques par des
manifestations, des grèves pénalisant ainsi la croissance économique. Par ailleurs, Alesina et
Rodrik, (1994) ; Persson et Tabellini(1994) ; Acemoglu et Robinson, (2006) pensent qu’étant
donné que les individus à faibles revenus ont une forte demande pour la consommation
immédiate, ils usent de leur pouvoir politique pour faire accroitre les salaires et les taxes sur le
capital. Ceci les amène à voter pour des politiques de redistribution de revenus qui entravent
l’accumulation des profits et par conséquent l’investissement et la croissance économique.
Allant dans le même sens, Wade (1990), indique que la démocratie peut évincer
l’investissement et par là même, freiner la croissance économique. Selon l’auteur, dans une
société où le taux de chômage et de pauvreté sont élevés et une forte inégalité des revenus, la
transition vers un régime politique plus démocratique peut s’accompagner d’une instabilité
politique se manifestant par des grèves, des émeutes et des changements gouvernementaux
brusques affectant négativement l’investissement et la croissance économique.

In fine, l’on constate qu’il n’existe pas de consensus dans la littérature théorique et empirique
consacrée à l’effet de la démocratie sur la croissance économique dans les PED. Les résultats
73
des différentes recherches divergent. Pour certains auteurs, la démocratie exerce une influence
positive sur la croissance économique. Pour d’autres par contre, elle crée des distorsions et
favorisent les manifestations et les grèves pénalisant la croissance économique. Ces divergences
trouvent leur explication dans les méthodes d’évaluation utilisées et les caractéristiques propres
à chaque pays. En ce qui concerne les pays de la CEMAC où des efforts sont déployés dans la
mise en place de la démocratie, depuis l’avènement du programme d’ajustement structurel
(PAS) dans les années 1980 et dans l’amélioration du capital humain, nous formulons dans le
cadre de cet article l’hypothèse selon laquelle la démocratie exerce une influence positive sur
la croissance économique dans cette zone.

II. LA METHODOLOGIE UTILISEE


Dans cette section, nous spécifions d’abord le modèle économétrique utilisé et les variables.
Nous présentons ensuite les sources de données et enfin la méthode d’estimation.
1. Spécification du modèle, présentation et signes des variables
1.1. Spécification du modèle
Pour tester l’hypothèse selon laquelle la démocratie exerce une influence positive sur la
croissance économique en zone CEMAC, nous nous sommes inspirés du modèle de Ben (2018)
qui a déjà servi de référence à l’estimation dans d’autres pays et qui lui-même s’appuie sur le
modèle de Mankiw et al (1992). Il est spécifié de la manière suivante :

𝒚𝒊𝒕 = 𝜶𝟎 + 𝜷𝑿𝒊𝒕 + 𝜹𝑫𝑬𝑴𝒊𝒕 + 𝝋𝑺𝑻𝑨𝑩𝒊𝒕 + 𝜼𝒊 + 𝝀𝒕 + 𝜺𝒊𝒕 (𝟏)

𝒚𝒊𝒕 Représente le logarithme de PIB par habitant du pays à la période t


𝑋𝑖𝑡 Est l’ensemble des variables de contrôle du pays i à la période t
𝐷𝐸𝑀𝑖𝑡 Est une mesure de la démocratie du pays i à la période t
𝑆𝑇𝐴𝐵𝑖𝑡 Est un indicateur de stabilité politique du pays i à la période t
𝜂𝑖 Représente effets spécifiques pays
𝜆𝑡 Représente effets spécifiques temporels
𝜀𝑖𝑡 L’erreur de spécification.
Dans notre modèle, le vecteur 𝑋𝑖𝑡 contient en plus des variables incluses dans le modèle de
Solow, à savoir le capital physique (CPHY) et le capital humain (CH), et d’autres variables que
nous estimons pertinente dans l’explication de la croissance en zone CEMAC, à savoir la
variable retardée d’une période du PIB par habitant et les investissements directs étrangers
(IDE).
Ainsi, spécifié en panel, le modèle à estimer devient :

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𝒍𝒐𝒈(𝑷𝑰𝑩𝑯𝒊𝒕 ) = 𝜶𝟎 + 𝜶𝟏 𝒍𝒐𝒈(𝑷𝑰𝑩𝑯𝒊𝒕−𝟏 ) + 𝜶𝟐 𝑽𝑹𝒊𝒕 + 𝜶𝟑 𝒍𝒐𝒈(𝑪𝑷𝑯𝒀𝒊𝒕 ) + 𝜶𝟒 (𝑪𝑯𝒊𝒕 )
+ 𝜶𝟓 𝑰𝑫𝑬𝒊𝒕 + 𝜼𝒊 + 𝝀𝒕 + 𝜺𝒊𝒕 (𝟐)
𝜶𝟎 Est une constante
𝛼1 , 𝛼2 , 𝛼3 , 𝛼4 𝑒𝑡 𝛼5 Sont les paramètres à estimer.
1.2. Présentation et signes des variables du modèle
La variable dépendante utilisée est le logarithme du PIB par habitant à prix constant, c’est-à-
dire le PIB nominal divisé par le déflateur du PIB, le tout rapporté à l’effectif total de la
population.
Les variables indépendantes sont :
- L’investissement en Capital Physique (CPHY) : Il désigne l’ensemble des
acquisitions des éléments productifs et les infrastructures de base (routes, barrages,
ponts, écoles, hôpitaux). Il est mesuré par le rapport de la formation brute de capital fixe
sur le PIB. Selon les théories de la croissance, l’amélioration de la qualité des
infrastructures abaisse les coûts (transports, énergie…) et par conséquent stimule la
demande et l’offre, ce qui est de nature à favoriser la compétitivité et la croissance
économique. (Gannon et Liu, 1997). Le signe attendu est positif.
- Le Capital Humain (CH) : Cette variable désigne le stock des capacités
humaines créées ou innées et d’investissement dans les êtres humains (les dépenses
d’éducation, de santé et d’alimentation). Il sera mesuré dans le cadre de notre travail par
l’espérance de vie à la naissance. La littérature théorique et empirique montre que
l’accumulation de ce dernier est une source de croissance (Schultz, 1961, Lucas, 1988).
De même, Mankiw et al (1992) ajoutent que le capital humain exerce une influence
positive sur la croissance économique en ce sens que l’imitation et l’assimilation de
nouvelles connaissances contenues dans les importations nécessitent un niveau minimal
de capital humain. L’investissement dans le capital humain peut renforcer les effets de
la libéralisation commerciale parce qu’il favorise l’adoption et l’assimilation des
nouvelles technologies et donc l’augmentation de la productivité (Acemoglu et Zilibotti,
2001). Le signe attendu est positif.
- Voix et responsabilité : Il désigne le processus par lequel les gouvernements
sont désignés, contrôlés et remplacés et les libertés civiles. Cet indice se compose d’un
indicateur de démocratie, l’intérêt acquis, la responsabilité des agents publics, les droits
de l’homme et la liberté d’association (Kaufman et al. 1999). le signe attendu est positif.

75
- Les entrées nettes des IDE en pourcentage du PIB : Etant donné que le flux
des IDE entrants vient renforcer le stock de capital physique existant dans un pays, il ne
peut qu’influencer positivement la croissance économique. Le signe attendu de son
coefficient est positif.
2. Les sources de données et la méthode d’estimation
2.1. Les sources de données
Afin d’estimer les paramètres du modèle ci-dessous, les données ont été extraites de différentes
sources selon la variable. Le tableau 2 présente les sources des données utilisées.

Tableau 1 : Sources des données

Variables Notations Sources des données


PIB par habitant PIBH Banque Mondiale (WDI 2021)

Capital Physique CPHY Banque Mondiale (WDI 2021)

Capital Humain CH Banque Mondiale (WDI, 2021)

Investissements directs étrangers IDE Banque Mondiale (WDI, 2021)

Voix et responsabilité VR Banque Mondiale (WGI, 2021)

Détail des sources :


WDI, 2020 : World Development Indicators (2021)
WGI, 2020 : World Government Indicators (2021)

Sources : Auteurs

L’échantillon est composé des six pays de la CEMAC, à savoir le Cameroun, le Congo, le
Gabon, la Guinée équatoriale, la RCA et le Tchad. A cause de l’inexistence des données pour
tous les pays, notre étude couvre la période allant de 2010 à 2019. Ces données sont rassemblées
dans Excel et importées au logiciel économétrique (STATA 12.0 et STATA 15.0) pour être
traités à l’aide des outils statistiques appropriés.

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2.2.La méthode d’estimation

L’estimation des modèles de croissance avec la méthode des effets fixes ou des effets aléatoires
tels que réalisés par Barro (1991) ou Sala-i-Martin (1994) présente certaines limites 4. Les
résultats obtenus de ces études sont donc altérés par les problèmes de corrélation des effets
spécifiques avec les termes d’erreur et de l’endogénéité de certaines variables explicatives,
notamment l’investissement en capital physique et humain. La méthode d’estimation qui
permet de prendre en compte ces différents problèmes et que nous proposons dans le cadre de
ce travail est la méthode des moments généralisés (GMM) développée à l’origine par Holtz-
Eakin et al, (1988) et Arellano et Bond (1991). Il en existe deux types: l’estimateur GMM en
différences premières et l’estimateur GMM en système.
L’estimateur GMM en différences premières (par l’écriture de l’équation à estimer en
différences premières) élimine les effets spécifiques individuels et temporels. Les valeurs en
niveau retardées de deux ou plusieurs périodes sont utilisées comme des instruments des
variables explicatives en différences premières, avec l’hypothèse que les erreurs de l’équation
en niveau ne soient pas corrélées en série. Cette procédure présente comme avantages
l’élimination des biais générés par l’omission de certaines variables explicatives. L’utilisation
des variables instrumentales permet d’estimer plus rigoureusement les paramètres et d’avoir de
meilleurs résultats, même en cas d’erreur de mesure (Bond et al, 2001). Cet estimateur n’est
cependant pas sans défaut : en effet, les valeurs retardées des variables en niveau ne sont pas de
bons instruments des variables en différences premières. L’estimateur GMM en système
(Blundell et Bond (1998)) exploite les hypothèses relatives aux conditions initiales afin
d’obtenir des conditions de moment qui demeurent valables même pour des séries persistantes.
La validité des instruments additionnels est testée à l’aide des tests de validité des instruments
de Sargan ou Hansen. Ces tests permettent de déterminer si les instruments sont dans l’ensemble
exogènes ou non.

3. RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats de l’estimation sont résumés dans le tableau 2
Tableau 2 : Résultats de l’estimation

4
Il est possible de prendre en compte tous les déterminants de la croissance économique. L’équation ne peut
pas être estimée avec les méthodes telles que la méthode des effets fixes ou des effets aléatoires, car les effets
spécifiques sont corrélés avec au moins une des variables explicatives.

77
Variable dépendante : Log PIBH

Variables explicatives Coefficients probabilités

Log PIBHL1 (0,6102382)*** 0,000

Log CPHY (0,1190174)*** 0,000

Log CH (-0,7744465)* 0,063

VR (0,1169768)** 0,021

IDE (0,0000245) 0,969

Cons (3,661128)*** 0,001

Test de Sargan 0,2164

Chi2(32) 37,94966

Wald Chi2 (5) 175,79

Prob>Chi2 0,0000

Nombres d’instruments 38

Sources : Auteurs
Note : *** significatif a 1%, ** significatif a 5%, * significatif a 10%.
Globalement, la statistique de Wald Chi2 (5) = 175,79 avec une probabilité nulle montre que le
modèle est significatif. Le test de Sargan valide le choix des instruments avec une Chi2 (32) =
37,94966 de probabilité 0,2164.
A l’exception du coefficient de la variable capital humain (CH) qui est de signe contraire à la
prédiction, les coefficients des variables explicatives capital physique (CPHY), voix et
responsabilité (VR) et les investissements directs étrangers (IDE) ont des signes attendus.
Certains sont statistiquement significatifs, d’autres sont par contre non significatifs.
Le coefficient relatif au produit intérieur brut par habitant (PIBH) retardé d’une période est
positif et fortement significatif. Toute chose égale par ailleurs, une augmentation de 1% du PIB
par habitant retardé d’une période augmente la croissance économique de 61,02%. Ce qui veut
dire que plus le niveau du PIB par habitant du départ est élevé, plus le taux de croissance attendu

78
est fort. De même, le coefficient relatif à l’accumulation du capital physique est positif et très
significatif également. Une augmentation de 1% du capital physique, toute chose égale par
ailleurs, augmente la croissance économique de la zone de 11,90%. Ceci pourrait s’expliquer
par le faible taux d’inflation dans les pays de cette zone. Ce qui encourage même les
investisseurs averses aux risques et provoque, par conséquent, une hausse de l’investissement,
clé de la croissance économique. Le coefficient associé à la variable IDE quant à lui est positif
mais non significatif.
Par contre, le coefficient associé à la variable capital humain est négatif et significatif au seuil
de 10%. Toute chose égale par ailleurs, une amélioration de 1% du capital humain entraine une
diminution de 77,44% de la croissance économique dans la zone CEMAC. Ceci pourrait
s’expliquer par le faible niveau de la démocratie. Cela confirme l’hypothèse selon laquelle une
augmentation du niveau de capital humain dans un pays ayant un niveau de démocratie faible
conduit à des revendications des libertés civiques et économiques entrainant un ralentissement
de l’activité économique et par conséquent la croissance économique (Dessus 1998).
En ce qui concerne plus spécifiquement notre variable d’intérêt, à savoir la démocratie estimée
par voix et responsabilité, les résultats ci-dessus montrent que le coefficient de cette variable a
un signe attendu et significatif au seuil de 5%. Toute chose égale par ailleurs, une augmentation
des efforts fournis dans la mise en place de la démocratie de 1% entraine une augmentation de
la croissance économique de 11,70% en zone CEMAC. Ce qui confirme les résultats obtenus
par Heo et Tan (2001) et Feng (2004). D’après ce résultat, l’on peut constater que l’effet de la
démocratie sur la croissance économique est très faible. Cela signifie que les mesures prises par
les différents Etats en zone CEMAC pour promouvoir la démocratie restent encore insuffisantes
et parfois ne sont même pas appliquées sur le terrain tels que les droits fondamentaux. Pour que
la démocratie puisse exercer de manière très significative ses effets sur la croissance
économique en zone CEMAC, les autorités des différents pays membres de la communauté
doivent fournir encore davantage d’effort pour améliorer sa qualité. L’on peut donc croire que,
si la qualité de la gouvernance était bonne, ces pays bénéficieraient des retombées positives de
la démocratie sur la croissance économique.

79
CONCLUSION

Le but de cet article était d’évaluer l’effet de la démocratie sur la croissance économique en
zone CEMAC. Pour y parvenir, nous nous sommes inspirés du modèle de Ben (2018) qui lui-
même s’appuie sur le modèle de Mankiw et al. (1992). La technique d’estimation utilisée est la
Méthode des Moments Généralisés (MMG).
Les prédictions théoriques selon lesquelles la démocratie influence positivement la croissance
économique ont été vérifiées dans le cas de la CEMAC car, nous constatons que la démocratie
influence positivement et significativement la croissance économique et plus précisément, la
composante voix et responsabilité.
Au regard de la faiblesse de la démocratie sur la croissance économique en zone CEMAC, les
pays de cette communauté devraient fournir encore davantage des efforts afin d’assurer
l’efficacité des institutions, garantir et renforcer les libertés politiques, économiques et civiles
et réduire les agitations sociales. De même, en partant du principe qu’un système politique
crédible et efficace peut contribuer à la création d’une croissance économique durable et
soutenue, les pays de la CEMAC devraient œuvrer pour atteindre des niveaux de démocratie
plus élevés en ayant un bon équilibre dans le rythme et les conditions de l’alternance des
dirigeants au pouvoir ainsi que le respect de la constitution.

80
BIBLIOGRAPHIE
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83
Annexe 1 : Statistique descriptive

. summarize LogPIBHt1 LogCPHY LogCH VR IDE

Variable Obs Mean Std. Dev. Min Max

LogPIBHt1 60 5.964632 .5271955 5.145899 6.905843


LogCPHY 60 1.402113 .1954417 .8027634 1.908762
LogCH 60 1.757457 .0393853 1.674971 1.822606
VR 60 -1.267572 .3359519 -2.000246 -.86337
IDE 60 5.638835 8.49999 -4.84583 39.76003

Annexe 2 : Matrice de corrélation

. pwcorr LogPIBH LogCPHY LogCH VR IDE

LogPIBH LogCPHY LogCH VR IDE

LogPIBH 1.0000
LogCPHY 0.2660 1.0000
LogCH 0.6430 0.4185 1.0000
VR -0.3796 0.1900 0.2844 1.0000
IDE 0.1760 0.3642 0.4554 0.0984 1.0000

84
Annexe 3 : Résultats de l’estimation
. xtabond LogPIBH LogCPHY LogCH VR IDE, lags(1) artests(2)

Arellano-Bond dynamic panel-data estimation Number of obs = 48


Group variable: Code Number of groups = 6
Time variable: Annes
Obs per group: min = 8
avg = 8
max = 8

Number of instruments = 38 Wald chi2(5) = 175.79


Prob > chi2 = 0.0000
One-step results

LogPIBH Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

LogPIBH
L1. .6102382 .0925496 6.59 0.000 .4288444 .7916321

LogCPHY .1190174 .0287201 4.14 0.000 .0627271 .1753077


LogCH -.7744465 .4170188 -1.86 0.063 -1.591788 .0428953
VR .1169768 .0506575 2.31 0.021 .0176899 .2162637
IDE .0000245 .0006284 0.04 0.969 -.0012072 .0012562
_cons 3.661128 1.109144 3.30 0.001 1.487246 5.83501

Instruments for differenced equation


GMM-type: L(2/.).LogPIBH
Standard: D.LogCPHY D.LogCH D.VR D.IDE
Instruments for level equation
Standard: _cons

Annexe 4 : Test de Sargan

. estat sargan
Sargan test of overidentifying restrictions
H0: overidentifying restrictions are valid

chi2(32) = 37.94966
Prob > chi2 = 0.2164

85

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