Les Objectifs de La Politique Économique

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Les objectifs de la politique économique

Gouverner, c'est choisir. Le lieu privilégié de ces arbitrages est la démocratie.


Dans une démocratie, les pouvoirs publics sont au service des intérêts exprimés par
les citoyens à l'occasion des élections. Le pouvoir politique s'efforce normalement
d'agir conformément à cette expression en transformant les souhaits individuels en
projet collectif. Les économistes disent que les gouvernants construisent une fonction
collective de bien-être ("fonction de Welfare").
Les objectifs de politique économique sont des variables
endogènes (déterminées par le fonctionnement de l'économie) ayant une
influence directe sur le bien-être de la collectivité.

Il s'agit le plus souvent d'assurer la croissance économique la plus rapide possible


compte tenu des contraintes légales. Depuis une vingtaine d'années les
préoccupations écologiques sont prises en compte. La rapidité de la croissance
compatible avec le développement durable, ne doit pas mettre en cause certains
équilibres jugés fondamentaux : il faut que la population active soit employée avec un
taux d'emploi élevé et un taux de chômage faible, il faut aussi que le niveau des prix
n'augmente pas trop vite.

La poursuite de ces grands objectifs - qui ont le caractère d'objectif final - passe
souvent par la détermination d'objectifs intermédiaires comme le taux d'intérêt,
la croissance de la masse monétaire, l'effort de recherche et développement, la
compétitivité des entreprises, le taux d'investissement ou d'épargne... Il est parfois
difficile de distinguer entre ces objectifs intermédiaires et les instruments de la
politique économique. Par instruments il faut entendre les variables d'action des
pouvoirs publics. Ainsi, par exemple en économie ouverte, le solde de la balance des
opérations courantes avec l’étranger occupe une place importante sans qu'il soit
facile de dire s'il s'agit d'un objectif final ou intermédiaire ou d'un instrument.

1. Le carré magique :
En 1960, l’économiste britannique Nicholas Kaldor a imaginé de représenter par
une figure géométrique simple l’objectif de croissance équilibrée.
Cette représentation est désignée par l’expression de “carré magique” pour souligner
combien la réalisation simultanée des 4 objectifs est improbable.

Le diagramme comporte 4 axes permettant de suivre 4 objectifs.


La croissance du PIB (axe gradué de manière croissante de 0 à x % pour faire
apparaître une amélioration des performances - pour tenir compte des conjonctures
actuelles il faut graduer l’axe à partir d’une valeur négative puisque la “croissance” du
PIB est parfois négative) ; le taux de chômage (axe gradué en valeurs décroissantes,
par exemple de 15 à 0 %, si on pense que 15% est la valeur maximum du taux de
chômage) ; le taux d’inflation est gradué de la même manière (de 15 à 0 % et même
des valeurs négatives si les économies considérées connaissent une déflation) ; le
solde des échanges extérieurs rapporté au PIB (l’axe est gradué de - 3 ou 4 % pour
aller jusqu’à + 3 ou 4 % ce qui revient à considérer qu’un excédent est une
performance recherchée).
En réalité les représentations possibles sont nombreuses et il est essentiel de repérer
la manière dont les axes sont graduées. La méthode la plus simple pour éviter les
erreurs d’interprétation est de choisir une même forme de représentation en
graduant les axes depuis le centre sauf pour les échanges extérieurs et en allant du
pire au meilleur.

2. Le plein emploi :
Par "plein emploi" il faut entendre le taux de chômage le plus faible possible, parce
qu'il ne peut pas être nul. Il Ya en permanence des destructions et des créations
d'emplois et le passage des uns aux autres n'est ni automatique ni immédiat. Les
structures de l'appareil productif et les institutions qui organisent le fonctionnement
du marché du travail se traduisent par des rigidités plus ou moins importantes qui
expliquent la présence permanente de décalages entre l'offre et la demande de
travail. Le taux de chômage incompressible est souvent désigné comme "taux de
chômage structurel". Chercher le plein emploi c'est rapprocher le taux de chômage
effectif du taux de chômage structurel et essayer de réduire ce dernier autant qu'il est
possible de le faire.

L'objectif de plein-emploi est socialement reconnu et certains responsables


politiques ont parfois évoqué la possibilité d’inscrire le “droit au travail” dans une
nouvelle déclaration des droits de l’homme (préambule de la Constitution de 1946).
Dès 1945, dans la Charte des Nations Unies, les États membres se sont engagés à
agir, ensemble et individuellement, en vue de réaliser le plein emploi dans leurs
économies respectives. En 1992 le Traité de Maastricht en son article 2, donnait pour
mission à la Communauté européenne de « promouvoir […] un niveau d’emploi élevé
». Le Federal Reserve Act, modifié en octobre 1978, définit ainsi la mission de la
Banque de réserve fédérale (FED) des États-Unis d'Amérique : « Maintenir en
moyenne une croissance des agrégats monétaires et de la quantité de crédit
compatible avec le potentiel de croissance de la production, de manière à tendre vers
les objectifs suivants : un taux d'emploi maximum, des prix stables et des taux
d'intérêt à long terme peu élevés. »
Si l'objectif de plein emploi est affiché par tous les gouvernements c'est pour des
raisons sociales (prendre en compte le sort de ceux qui veulent travailler) et
économiques (ne pas utiliser tout le travail disponible c'est du gaspillage et une perte
de bien-être collectif).

3. La stabilité des prix :


Stabiliser les prix c'est éviter l’inflation et éventuellement la déflation.
Si cet objectif a longtemps été moins surveillé que le plein emploi c'est parce qu'en
économie fermée, l'inflation n'a pas toutes les implications observables en économie
ouverte. La compétition internationale impose de réduire l'écart d'inflation avec les
principaux partenaires commerciaux pour éviter de perdre des parts de marché.
Au plan interne l'inflation ne touche pas les différentes composantes de la population
de la même manière : les titulaires de revenus fixes (les rentiers) et plus
généralement les prêteurs, sont affectés négativement, en revanche ceux qui peuvent
indexer les revenus sur les prix et les emprunteurs tirent souvent un avantage de
l'inflation car « l'inflation mange les dettes ». Certains voient dans cette différence de
situation la source de préférences politiquement affichées - la droite serait toujours
pour la lutte contre l'inflation - la gauche y verrait davantage une contrainte à
prendre en compte l'objectif prioritaire étant la lutte contre le chômage.
La construction de l'Union économique et monétaire a fait de la lutte contre
l'inflation le seul objectif assigné en permanence à la Banque centrale européenne.
L’objectif macroéconomique en matière d’inflation se formule, et se mesure, dans les
termes d’une valeur-cible de l’indice général des prix, exprimée en pourcentage de
hausse annuelle de celui-ci. Dans le cas de la zone euro, la cible est fixée à 2%, ainsi
lorsque le taux d'inflation observé se rapproche de ce seuil, la BCE doit prendre des
mesures de politique monétaire pour réduire la croissance de la masse monétaire
afin de ne pas alimenter les tensions inflationnistes.

4. Les équilibres :
1) L'équilibre des transactions courantes.
Les relations économiques entre résidents et non-résidents influencent l'équilibre
macroéconomique. Le solde des transactions courantes se traduit par des entrées ou
des sorties de devises. Ces mouvements affectent les réserves de change et la
formation du taux de change. Lorsque la valeur des importations dépasse celle des
exportations (déficit commercial) la monnaie nationale est moins demandée et son
prix (en monnaie étrangère), que les économistes appellent son taux de change, va
baisser. Cela rend plus coûteuses les importations si elles sont payées en monnaie
étrangère et à l'inverse cela réduit la recette tirée des exportations. Les résultats des
résidents qui échangent avec des non-résidents se détériorent.

2) L'équilibre des finances publiques.


S'il est absurde de penser qu'un gouvernement prélève durablement plus qu'il ne dépense,
un déficit budgétaire durable et important devient un handicap. Comme il faut bien financer
le déficit les gouvernements concernés doivent emprunter ce qui signifie qu'ils doivent payer
des intérêts. On montre que si le taux de croissance du PIB est inférieur au taux d'intérêt, la
dette publique augmente mécaniquement (inversement, si le taux d'intérêt est inférieur au
taux de croissance du PIB, la dette diminue automatiquement). Les critères du traité de
Maastricht et du traité d'Amsterdam imposent aux gouvernements de la zone euro de
respecter des seuils fixés pour l'ensemble des administrations publiques respectivement à 3%
pour le rapport du déficit public au PIB et 60% pour le rapport de la dette publique au PIB.

5. La croissance :
Parce que la croissance économique mesure l'augmentation durable du PIB par habitant
elle est la condition de l'amélioration du niveau de vie si les prix augmentent moins vite que
le PIB. Ainsi c'est la croissance du PIB réel (le pouvoir d'achat du PIB) qui est recherchée. Un
niveau de vie plus élevé élargit les choix des consommateurs et autorise des modifications du
mode de vie.
Un survol rapide des sources de la croissance montre que l'intervention publique peut
contribuer à en augmenter le rythme.

Pour produire plus il faut utiliser plus de travail et plus de capital, on parle dans ce cas
de croissance extensive. Les pouvoirs publics peuvent influencer la quantité et la qualité
du travail disponible en modifiant la législation sur le temps de travail. Ils peuvent former
directement du capital (investissements publics) et soutenir l'investissement des entreprises
(taux d'intérêt faibles, subventions...)
Une autre manière d'augmenter la production consiste à améliorer l'efficacité du travail et du
capital, on parle alors de croissance intensive (agir sur la productivité du travail et du
capital). Les gouvernements peuvent conduire des politiques de formation, soutenir les
dépenses de recherche développement, et l'innovation.
Toutes les études récentes montrent l’influence déterminante des investissements publics
(éducation et infrastructure), des investissements privés en particulier en technologie de
l’information et de la communication (TIC), des structures favorisant la mobilisation de
l’épargne et de la stabilité des prix.
Mais il s'agit des déterminants structurels de la croissance. Les pouvoirs publics peuvent
aussi souhaiter agir sur les évolutions conjoncturelles en pratiquant des politiques de relance
en cas de récession ou de stabilisation quand l'inflation devient excessive.
Si la distinction entre croissance extensive (utiliser plus de facteurs) et croissance intensive
(utiliser mieux les facteurs) est simple, la mesure de la part revenant à chacune des deux
modalités de croissance est délicate et repose sur une méthode de décomposition du taux
de croissance discutable.

Les contributions du travail et du capital à la croissance économique

Un exemple : décomposition de la croissance du PIB en France de 1963 à 1973

L’augmentation de la quantité de travail et du stock des équipements utilisés explique


environ 2 points de croissance du PIB en moyenne chaque année entre 1963 et 1973.
- Comme cette croissance s’est faite au rythme moyen annuel de 5,2 points, il reste à
expliquer 3,2 points.
- Les économistes appellent ce résidu inexpliqué "productivité totale ou productivité
globale des facteurs".

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