Faut-Il Être Dans L'illusion Pour Être Heureux?
Faut-Il Être Dans L'illusion Pour Être Heureux?
Faut-Il Être Dans L'illusion Pour Être Heureux?
Intro:
Comme l'a bien montré Platon au livre VII de La République au moment de la célèbre
allégorie de la Caverne, l'illusion est une tromperie des sens qui nous fait croire à un
monde de chimères en tout point opposé à la réalité véritable, dont la connaissance seule
peut nous apporter le repos de l'âme et la béatitude.
Chacun fait un jour l'expérience de la désillusion, dans laquelle il découvre qu'il s'était
trompé, que ce qu'il avait cru était faux. Ainsi, en 1492, Christophe Colomb croit découvrir
les Indes, alors qu'il mettait en réalité le pied sur le sol américain.
Mais, comme le souligne Freud dans L'Avenir d'une illusion, « une illusion n'est pas la
même chose qu'une erreur ». Selon lui, il faut appeler « une croyance illusion lorsque,
dans sa motivation, l'accomplissement d'un désir vient au premier plan ». Dès lors, toute
illusion est une déception potentielle.
Dans Malaise dans la culture, Freud dresse la liste de tous les procédés pas lesquels,
dans la conduite de leur vie, les hommes cherchent à éviter la souffrance. L'un des plus
ef caces consiste à produire des satisfactions substitutives qui diminuent la souffrance de
l'existence : dans ce cas, écrit-il, « la satisfaction est obtenue à partir d'illusions, que l'on
reconnait comme telles, sans se laisser troubler dans leur jouissance par le fait qu'elles
s'écartent de la réalité effective. Le domaine d'où sont issues ces illusions est celui de la
vie de fantaisie ». Par là, il faut entendre les productions de notre imagination, des rêves
aux œuvres d'art.
Dans Le Livre du philosophe, Nietzsche écrit que « la vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire
de non-vérités tenues pour des vérités ». Pour lui, il s'agit principalement des illusions de
l'art en tant qu'elles constituent l'un des plus grands bonheurs de l'existence.
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Dans la Lettre à Elisabeth du 6 octobre 1645, Descartes écrit : « Voyant que c'est une plus
grande perfection de connaître la vérité, encore même qu'elle soit à notre désavantage,
que
l'ignorer, j'avoue qu'il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance » car ce
n'est « pas toujours lorsqu'on a le plus de gaieté qu'on a l'esprit plus satisfait ». Dès lors, il
n'y a rien de bon « à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations; car tout le
plaisir qui en revient, ne peut toucher que la super cie d'âme ».
Dans Malaise dans la culture, après avoir reconnu que les illusions de la vie de fantaisie
peuvent nous apporter de la satisfaction, Freud ajoute que « celui qui est réceptif à
l'in uence de l'art ne saurait la tenir en assez haute estime comme source de plaisir et
comme consolation dans la vie » car « la douce narcose dans laquelle nous plonge l'art ne
fait pas plus que soustraire fugitivement aux nécessités de la vie et n'est pas suf samment
forte pour faire oublier une misère réelle ».
Toute la tradition philosophique depuis Platon condamne l'illusion comme source d'erreur
contraire à la raison qui, seule, peut mener au bonheur. Au premier abord, il semble donc
inconcevable que l'illusion puisse rendre heureux d'une quelconque manière. Cependant,
nous avons vu que, dans la vie artistique et imaginaire, de grandes sources de plaisir, de
joie et de bonheur proviennent d'illusions fabriquées dans ce but.
Dès lors, il faut considérer la capacité de l'illusion à produire du bonheur de façon
mesurée : les illusions peuvent être source de bonheur quand nous n'en sommes pas les
esclaves inconscients, mais quand, au contraire, nous pouvons consciemment et
délibérément choisir de nous laisser porter par elles, chacun à la manière qu'il sait lui
convenir, sans perdre pied avec la réalité.
Première partie:
Argument 1:
Argument 2
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