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Le négoce de matières premières de Zanzibar et les affaires

commerciales des négociants Kutchs et Occidentaux

Chaya Goswami
Khalsa College, Mumbai
Traduit en français par Dolon Gupta

Synergies Inde n° 4 - 2009 pp. 115-126


Résumé : Au dix-neuvième siècle, l’île de Zanzibar connut une intense
activité commerciale (esclavage, ivoire, clous de girofle, tabac, noix de
coco…). L’article montre la concurrence entre principales nations : France,
Angleterre, Allemagne, Etats-Unis et Inde et montre comment cette dernière
s’empara progressivement du marché.

Mots-clés : commerce : Zanzibar – Inde – négociants – Kutch

Abstract: In the nineteeth century, the island of Zanzibar was a hub of


intense commerce and trade (slaves, ivory, cloves, tobacco, coconuts ....).
The present article examines how different nations namely France, England,
Germany, United States and India competed with each other to capture the
market. However it was the Indian merchants who slowly took complete
control.

Key words : trade: Zanzibar – India – merchants – Kutch

Une entreprise indo-française

Avant le dernier quart du dix-huitième siècle, les négociants indiens et français


avaient déjà dévéloppé des relations commerciales prospères avec l’Afrique de
l’Est. L’occupation de l’île Maurice par les Français en 1715, nommée par eux Ile
de France, a mis en route l’expansion du commerce. L’Ile de France, L’Ile de
Bourbon et Rodrigues ont connu un essor économique suite à l’introduction et à
l’agrandissement des plantations de sucre et de café. Les Français ont fait de
lourds investissements et de grands efforts afin de développer leur entreprise.
Ils ont recherché des marchés qui pourraient servir de débouchés pour leur
prodruction en surplus - ce qui a mené à l’occupation des Seychelles en 1768.
L’augmentation des produits de plantation a provoqué une hausse dans la demande
de main d’oeuvre constituée d’esclaves de Madagascar et des Comores1. Les îles
de Madagascar et le Mozambique ne pouvant pas fournir un nombre suffisant
d’esclaves, les Français se sont tournés vers Kilwa Kiswani, le port africain de l’Est
qui est devenu le centre des activités françaises.2 En 1772, les Français payaient

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un impôt supplémentaire prélevé sur chaque esclave exporté de cet endroit. Les
esclaves étaient transportés en contournant le cap de Bonne-Espérance, puis à
travers l’Atlantique jusqu’aux plantations des Caraïbes. En 1776, M. Maurice,
un négociant français a obtenu des rois de Kilwa et de Zanzibar l’exclusivité
d’acheter des esclaves.Suite au traité formel conclu avec le Sultan de Kilwa
pour se procurer mille esclaves à raison de 160 shillings chacun3, les Français ont
effectivement changé le système financier de l’Océan indien occidental.

Pendant les guerres révolutionnaires, le commerce français des esclaves s’est


réduit. La décision napoléonienne de légaliser le commerce des esclaves en 1802
a relancé l’expansion des activités françaises. Un visiteur anglais de passage à la
côte pendant les guerres napoléoniennes, Bissell, a été frappé par les activités
des Français et leurs relations avec les arabes de Zanzibar, Pate et Kilwa4. Le
Capitaine Smee a aussi constaté que les Français étaient “de grands favoris” en
ce lieu5. Cependant les circonstances ont changé avec l’occupation anglaise en
1810 de l’Ile de France et de l’Ile Bourbon, respectivement renommées Maurice
et La Réunion.

L’augmentation du commerce des esclaves et le détournement du commerce


d’ivoire du Mozambique à la côte africaine de l’est ont apporté un essor
économique considérable et de nouvelles chances aux négociants. Les Indiens, dont
la présence était importante sur la côte de l’est, ont exploité tôt l’accroissement
du commerce côtier et ont établi des rapports étroits de commerce dans l’île de
Zanzibar. Pendant cette période de chances, les négociants indiens étaient bien
soutenus par les rois Busaidi d’Oman qui ont décidé d’employer les commerçants
banias de Kutch pour percevoir les droits de douane à Zanzibar en 1785.
L’augmentation des intérêts Omani à Zanzibar, surtout vers la fin du dix-huitième
siècle, a aidé les entrepreneurs de l’ouest de l’Inde à développer des relations
commerciales importantes dans l’Afrique de l’est. Donc, la scène était montée
pour la domination indienne du réseau commercial dans l’océan indien de l’ouest
tout au cours du dix-huitième siècle. Le commerce croissant à Mandvi, le port
dominant de Kutch, avec l’Afrique de l’est a causé des soucis aux Anglais; ce qui
est évident dans l’observation de David Seaton, le représentant anglais à Kutch.
En 1804, il a noté que les liens commerciaux de Mandvi avec la côte de l’Afrique
“ ressemblaient à ceux entre les Français et Mascate6”.

Perspectives commerciales à Zanzibar

Géographiquement bien situé, Zanzibar offrait en plus un port navigable.


Comparé aux autres ports de la côte, le sien occupait une position centrale
où mettre à l’ancre le bateau suscitait moins de dangers7. Zanzibar dominait
l’économie du commerce océanique. Les ressources de Zanzibar mettaient à la
portée des négociants étrangers une envergure de ressources dans le négoce des
matières premières. Les produits du pays comptaient l’ivoire, le clou de girofle,
la gomme de copal, la noix de coco, la cire d’abeille, l’orchilla, l’écaille, la
peau et la cire du rhinocéros. L’île est si productive qu’elle a inspiré le vers,
“Zanzibar bandari liari”
Kila sheri tayari.»8

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qui veut dire que tout est disponible au port de Zanzibar, soit “À Zanzibar, on
offre tout, le meilleur se trouve partout.”

Le soutien politique dont les négociants de cette île fertile avaient besoin
était fourni par Seyyid Said, l’Imam de Mascate. Son ascension au pouvoir en
1806 et sa décision de transférer la capitale de l’empire d’Oman à Zanzibar en
1840 ont modifié le cours de l’histoire africaine. Ses politiques favorisant le
commerce ainsi que son vif intérêt pour introduire une économie basée sur les
plantations a transformé Zanzibar en un centre de l’activité commerciale. Les
négociants occidentaux et indiens étaient encouragés à participer aux affaires
dans le territoire du Sultan en Afrique de l’Est. Sous le règne de Sultan Seyyid
Said, les Banias, les autres classes commerciales hindoues et les musulmans
comme les Khojas, les Bohras et les Memons étaient encouragés à installer leurs
établissements dans son territoire en Afrique de l’Est.

La signature des traités commerciaux avec les pouvoirs prééminents de l’Occident


reste la véritable réussite du Sultan. En 1833, le traité entre Mascate et les États-
Unis a augmenté le commerce de Zanzibar et aurait situé le Sultan dans une
position dominante dans l’Afrique de l’est. Suite au traité de 1833, le consulat
américain a été établi à Zanzibar en 1837, ce qui a accéléré le trafic commercial
entre Zanzibar et les États-Unis. Les traités signés avec la Grande-Bretagne
en 1839 et la France en 1844 ont fortifié la position commerciale de Zanzibar.
Cette situation propice aux Indiens aussi leur a ouvert la voie dans le domaine du
commerce. En 1840, Elbridge Kimball, un négociant de Salem a écrit :
“ Les Cherokees arrivés en même temps que le Rolla avec leur quantité énorme de
produits a causé bien de l’excitation à Zanzibar parmi la communauté commerciale.
Un bateau français arrivé aussi avec sa marchandise s’est ajouté à la flotte. Les Banias
se sont réunis et ont avancé le prix sur tous ces produits, 9”

Les Indiens, malgré la concurrence apportée par l’entrée des Américains et des
Européens, ont su retenir la gestion de la plupart des activités d’exportation
et d’importation en jouant des rôles différents comme courtier, investisseur,
agent, détaillant, intermédiaire, grossiste, commerçant, et surtout percepteur
des droits de douane.

Le négoce de matières premières à Zanzibar

Les articles de luxe comme les esclaves et l’ivoire ainsi que les articles de
subsistance comme le clou de girofle, la noix de coco, la gomme de copal et
bien d’autres ont attiré des étrangers au commerce de Zanzibar. En ce qui
concerne l’exportation de Zanzibar, J.Fredric Elton, le Consul adjoint britanique
a commenté :
“Les navires de Zanzibar, chargés de grandes quantités de gomme de copal, de clous
de girofle, de milliers de pièces de cuir, d’huile de coco, de sucre, d’ivoire, de cauri
et d’orchella (le caoutchouc aussi maintenant) partent surtout à destination de
Hambourg, mais certains en France et plusieurs à Cutch en barque.” 10

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L’ivoire dominait comme produit échangé. Zanzibar restait l’emporium principal


du meilleur et du plus grand ivoire du monde. L’ivoire de Zanzibar était plus blanc,
plus grand et plus droit que celui obtenu des ports de l’Inde ou de Ceylan11. En ce
qui concerne le commerce en ivoire dans l’intérieur de l’Afrique central et dans
l’Est, les Africains, les Banias, les Swahilis, les Américains et les Européens, tous
s’y engageaient et voulaient en tirer de gros bénéfices. Cet échange commercial
était à risques, mais il rapportait un gros profit. Dans ses récits de voyages,
Richard Burton a fait une vive description des différents types d’ivoire. Le ‘bab
Wilaiti’ ou ‘le type étranger’ était exporté aux marchés européens et américains.
La plus grande taille se vendait à environ 52 dollars par Frasila.

Quand ils se sont rendu compte de la qualité supérieure de l’ivoire de Zanzibar,


les Européens et les Américains ont accru leur demande. Cet ivoire convenait
mieux à la fabrication des articles comme les peignes, les marque-pages, les
massicots, les boutons, les peignes fins, les boules de billard, les claviers de
piano. La fabrication des produits en ivoire était très lucrative aux États-
Unis. Entre 1851 et 1864, la vente annuelle des peignes et des claviers de
piano en ivoire s’élevait à un demi million de dollars.12 Bientôt, les États-Unis
sont devenus les plus grands fabricants du monde. Cependant, les négociants
indiens jouissaient d’un atout compétitif– ils connaissaient le marché d’ivoire
de Bombay où la plupart de l’ivoire était exportée. Bien que quelques arabes
d’Oman fissent l’exportation de l’ivoire, c’étaient des marchands mineurs.13
Avant les années 1850, la valeur de l’ivoire exporté de Zanzibar à Bombay et
ensuite de Bombay en Angleterre se montait à 213 145 MT$ par an et après les
années 1850, à 547 089 MT$par an.14 Une concurrence intense existait entre
les négociants étrangers pour se procurer les cargaisons, surtout d’ivoire.
Plusieurs centres commerciaux ont été établis en Allemagne, aux Pays-Bas et
en Angleterre uniquement pour le commerce de l’ivoire. 15

Le Sultan avait le monopole sur la gomme de copal - un autre produit très


recherché. Ce produit de Zanzibar possédait des propriétés différentes de la
gomme de copal disponible sur la côte occidentale du Mexique et en Nouvelle-
Zélande. Traitée pour produire un vernis raffiné, on l’utilisait partout dans le
monde16. Les arabes appelaient le copalier ‘Shajar El Sandarus”, les Indiens
Chandraus, et les Waswahili Masandrus. 17 La gomme de cette plante était
bouillie avec une quantité égale d’huile pour préparer le “dammer”. Ce
produit, comme l’ivoire, passaient par plusieurs intermédiares et donc devenait
coûteux. De 1 à 3 dollars à l’intérieur du pays, le prix montait à 8-9 dollars au
marché de Zanzibar. Ceci assurait un retour de 80 à 100 pour cent au riche
négociant. Les habitants des États-Unis, de Hambourg et de l’Inde étaient de
grands consommateurs de ce produit18. En fait, les Américains et les Allemands
se faisaient une concurrence acharnée pour ce produit. En 1859 les Allemands
payaient 0.26 $ par livre de copal, ce qui dépassait de loin les 0.16 payés
par les Indiens et les Américains. Étant donné ce fait, les négociants indiens
préféraient vendre ce produit sur place aux Allemands au lieu de faire des
exportations pour une vente éventuelle en Inde ou ailleurs.19

Une grande demande existait sur le marché étranger pour un condiment - le


clou de girofle. Au départ, on trouvait le giroflier dans les îles de Moluques, à

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1200 kilomètres au nord de l’Australie. Au dix-septième siècle, les Hollandais


ont apporté ce condiment à Amboyna, une île hollandaise aux Indes Orientales.
En 1770, un voyageur naturaliste Pierre Poivre, le Gouverneur de l’Ile de France
a introduit le giroflier dans l’Ile de France (Maurice) et à Bourbon (La Réunion).
En 1818 Harameh- bin Saleh, un arabe de Zanzibar a accompagné un officier
français M. Sausse de Zanzibar à la Réunion. Là, il a obtenu l’autorisation
d’emporter avec lui quelques graines et quelques plantes20.

On ne cultivait le giroflier qu’aux iles de Zanzibar et de Pemba. La production du


clou de girole exigeait un soin méticuleux mais l’expérience a connu un succès.
Le climat favorable de Zanzibar et Pemba a fait éventuellement de ces deux îles,
les plus grandes cultivatrices de clou de girofle21. Les clous secs étaient achetés
par des fournisseurs indiens qui les détaillaient aux clients anglais et allemands à
Zanzibar. Les produits des terres arabes étaient normalement hypothéquées aux
négociants indiens qui avançaient de l’argent pour la culture sur leurs terres22.

Parmi les autres produits exportés en Inde, en Europe et aux États-Unis, figuraient
la dent d’hippopotame utilisée par les Européens pour les dents artificielles.
On l’échangeait pour la perle. L’orchilla ou le lichen, obtenu dans les criques
étroites et humides de toute la région maritime de la côte aride du nord, et qui
servait de teinture en Europe, a été découvert par Atkins Hamerton, le premier
Consul à Zanzibar. Les négociants indiens ainsi qu’européens de Zanzibar ont
passé des contrats de localtion avec des propriétaires de Mtepes ou Zanzibar
pour des “rafter”, des navires pour le transport d’une telle cargaison23.

On se procurait la peau et le cuir du boeuf et de la chèvre de Brava, Merka,


Mogadishu et Somali. Les négociants de Hambourg mettaient une couche
d’arsenic sur le cuir afin de le protéger pendant le long voyage en mer. Ni les
Français ni les Américains ne faisaient subir ce procédé au cuir, ce qui amenait
des dégâts à cause des insectes24. Le cauri de Zanzibar était exporté surtout
à la côte africaine de l’ouest, où on l’utilisait comme monnaie. Surtout, les
négociants allemands de Hambourg faisaient du commerce avec ce produit,
et les gens d’Unyamwezi l’utilisaient comme bijoux. 25 (Burton Richard 1860,
II: 416) Le cauri, ramassé sur le continent, apporté en bateaux, était exporté
sur la côte ouest par les marchands de Hambourg et en Inde par les négociants
indiens26. Un responsable d’une entreprise de Marseille, résidant à Zanzibar, se
chargeait d’acheter le cauri de tout l’Océan indien et de l’envoyer au Dahomey27.
Les Américains avaient une grande demande de boeufs et de vaches importés
de l’intérieur du continent28. Les Américains ont tiré de gros bénéfices de ce
commerce, d’abord avec Madagascar et Majunga et plus tard avec Zanzibar. Au
début des années 1830, ils achetaient un boeuf à 2 dollars et le fournissaient à
La Havane pour nourrir les esclaves cubains. 29

En échange de l’ivoire, les Africains demandaient divers articles. Le fil, la perle,


le tabac et les tissus étaient obtenus en échange de l’ivoire, du ghee, du cuir et
d’autres produits provenant du marché de la région du fleuve l’Ozi, avoisinant
l’Oromo, et de Siyu sur le continent. On les échangeait contre le fil, la perle,
le tabac et le tissu30. Les demandes essentielles restaient pourtant le tissu, la
perle et de l’armement. Les États-Unis et l’Inde approvisionnaient la demande

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de tissu. D’abord, le tissu en coton de Kutch était le produit le plus exporté


au marché de Zanzibar mais ulteriéurement le tissu américain, connu par son
nom populaire “merkani” a obtenu le monopole31. La qualité supérieure du tissu
americain a causé l’échec de la société anglaise qui jusqu’alors exportait de
grandes quantités de coton à Zanzibar pendant que le marché était inondé des
cotons américain et indien32.

Un autre produit important d’importation de Zanzibar restait la perle. En 1858,


on a assisté à une grande demande pour le “sofi” – des perles italiennes de
couleurs variées – partout à Usagara, Unyamwezi et la région de l’ouest. Le
coût moyen à Zanzibar était à 6 dollars par Frasila33. Parmi les autres objets
d’importation, on comptait la calotte, le couteau, le rasoir, le feu d’artifice,
les aiguilles et les bibelots de Birmingham. Le savon provenait des États-Unis,
de la France et de l’Inde. 34

Le Système des Échanges Commerciaux

Les entrepreneurs indiens à Zanzibar achetaient la plupart des marchandises


et les vendaient à Zanzibar, à Mascate et en Inde. À Zanzibar, les Africains, les
Arabes et les Européens employaient un intermédiaire indien, le bania, pour
l’achat et la vente. Discrètement, il s’était enraciné dans le commerce de
la région, soit dans un petit magasin de détail, soit dans les grandes sociétés
de Socotra à la colonie du Cap35. Bartle Frère a commenté leur rôle dans le
commerce en ces termes :
“Cela continue depuis 40 ans, mais j’ignorais avant mon arrivée ici comment ils
avaient tout monopolisé. 36”

Il existait un rapport d’interdépendance entre les Français et les Banias. Les


Banias faisaient la collecte et la distribution pour une enterprise de Marseille.
Cette entreprise faisait du commerce chaque année, avec divers navires, surtout
ceux chargés de marchandises anglaises, et rapportait en France de l’ivoire et du
sésame37. Les Américains, les Français et les Allemands jouissaient de relations
commerciales plus étroites que celles des Anglais avec l’Afrique de l’Est. Mais pour
tous les produits s’échangeaient par l’intermédiaire des Banias qui emportaient
la plus grande partie des bénéfices en Afrique38. En août 1844, Benjamin Fabens,
un représentant de la société Bertram Shepard de Salem a signalé,
“Le marché en ce moment paraît stagnant, pas à cause du manque de produits africains,
mais parce que les Banias demandent un prix si élevé qu’il devient impossible de
passer un accord ou de faire des achats en liquide.” 39

Les Kutchis finançaient l’achat de la marchandise américaine et europénne et


par la suite vendaient leurs produits. On trouvait dans les magasins des Indiens
une gamme de produits français, américain, anglais et allemand. Par exemple,
le tissu en coton anglais, américain, ou allemand et des quantités plus limitées
des articles français et indiens de quincaillerie, de la vaisselle allemande, du
laiton et du cuivre américain, des perles vénétiennes et anglaises, de vieux
fusils d’Angleterre ou des fusils neufs d’Allemagne et de France40.

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Les entrepreneurs indiens dominaient aussi les finances en accordant des


prêts en liquide. Les grandes plantations arabes ou swalihis à Zanzibar étaient
souvent hypothéquées auprès d’eux. En 1861, on estimait que les trois-quarts
des biens mobiliers dans l’île de Zanzibar leur appartenaient ou bien leur
étaient hypothéqués41. En 1872, John Kirk a rapporté :
“Il y a lieu de croire que la seule maison de commerce française ne doit pas aux
Indiens moins de 400 000 $, le Consul américain (un négociant) 200 000 $peut-être
et une deuxième enterprise américaine, pas beaucoup moins que les Français...” 42

C.P. Rigby, le Consul anglais à Zanzibar de 1859 à 1861 a observé que presque
tout le commerce étranger passait par les mains des habitants de l’Inde. Ils se
procuraient la cargaison entière des navires chargés des produits américains ou
de Hambourg43 et approvisionnaient les explorateurs européens de vêtements,
de gardes et de Pagazi ou porteurs qui étaient normalement leurs employés.
Ils pouvaient aussi encaisser la traite de Zanzibar, de Mandvi et de Bombay. 44

Les entreprises commerciales euro-américaines

Zanzibar occupait une place dominante dans le commerce de l‘océan indien


occidental – d’où venait son avantage. Les négociants euro-américains
s’intéressaient à Zanzibar car ils pouvaient y acheter des cargaisons complètes
au lieu de naviguer le long de la côte en se fournissant à chaque petit port. Les
taxes d’importation basses en Europe favorisaient le commerce. La présence
de nombreux négociants américains et européens présentait aux Indiens un
atout en ce qui concernait le prix45. Les Américains et les Européens à Zanzibar
étaient de hauts fonctionnaires, des négociants indépendants ou des agents de
grandes sociétés d’Europe ou des États-Unis.

Zanzibar, propice au commerce international, était inondé d’entreprises


étrangères, y compris des entreprises renommées comme Pingree and West et
Bertram Shepard de Salem, Newman Hunt and Christopher de Londres, Arnold
Hines, O’swald et Hertz de Hambourg. Au début des années 1850 Hansing
Hambourg, Vidal Regis et Rabau Frères de Marseille et en 1867 Roux de Fraissinet
y sont arrivés46.

Les premières décennies du dix-neuvième siècle ont vu les Américains remporter


le plus grand morceau du commerce et du profit de l’Afrique de l‘Est. En 1820,
les Américains ont établi des relations commerciales avec Majunga (situé dans
l’ouest de l’île de Madagascar), puis Madagascar et finalement Zanzibar47.
Entre septembre 1832 et mai 1834, 32 des 41 navires visitant le port étaient
américains. Vingt provenaient de Salem, trois de New York, trois de Boston
et le reste des autres ports américains. Sept bateaux sont arrivés de Grande
Bretagne, un de France et un d’Espagne48. Suite à la conclusion du traité de
1833, le consulat américain s’est établi à Zanzibar49 en 1837. Ceci a amené une
accélérération des échanges maritimes de Zanzibar avec les États-Unis.

Vers la fin des années 1830, les négociants européens risquaient de nuire au
commerce américain. Une flotte de bateaux anglais, français et de Hambourg

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a surapprovisionné le marché de Zanzibar avec de grandes quantités de


marchandises. L’entreprise Newman, Hunt, and Christopher de Londres a
commencé ses affaires à Zanzibar en 1836. Dans un rapport à George West,
John Waters a fait mention de six navires anglais qui étaient arrivés au port de
Zanzibar en1837 avec une grande quantité de produits en coton, par rapport
aux trois seuls venus des États-Unis. En 1845 une autre société anglaise -
Dickson, Cogan, Henderson and Co.- s’est aussi établie à Zanzibar. Au début,
cette enterprise ne s’intéressait qu’à l’huile de coco mais la chute de son prix
en Angleterre l’a obligée à s’intéresser aux matières premières plus stables
comme l’ivoire, le copal et le clou de girofle. Le commerce direct entre
l’Angleterre et Zanzibar a connu un essor pendant les années 1830 et 1840, au
point que les Américains craignaient d’être chassés du marché de Zanzibar. En
1846-7 le commerce brittanique avec Zanzibar se montait à 214 000 dollars.50

En 1844 Purkins, le subrecargue d’un navire français a fait du commerce pour


une valeur de 7 000 livres sterling et a acheté du copal. En 1845, il a apporté
40 000 Couronnes allemandes de Bombay à Zanzibar pour investir dans l’ivoire.
La même année Monsieur Kernan, le subrecargue du navire francais Geo Curier,
est arrivé à Zanzibar faire du commerce de girofle, d’ivoire et de copal. Deux
entreprises françaises de Marseilles, Vidal Freres et Raband Freres, ont installé
des agents résidents à Zanzibar. En 1844, l’entreprise de Wilhelm O’swald and
Co. d’Allemagne s’est lancée dans les affaires à Zanzibar avec l’arrivée de l’un
de ses navires, Alph, à son port pendant son retour de la mer Rouge. La même
année, deux autres entrepreneurs de Hambourg, A. J. Herz and Sons et Hansing
Miller, se sont installés à Zanzibar. Le premier avait obtenu des bénéfices du
commerce en cauri à Zanzibar. O’swald restait la firme principale de Hambourg
avec des opérations à Zanzibar. 51

En conséquence, mise à part l’entreprise américaine, le commerce européen


a exercé une influence de plus en plus forte dans toute la région pendant les
années 1840 et 1850. Le commerce français était en pleine expansion dans le
territoire de Sultan Said. Selon les Français, la conclusion du traité commercial
en 1844 a mis en place une base solide pour leur rôle dominant dans la vie
politique et économique de la région. F.P Broquant, le premier Consul, a été
honoré de la légion d’honneur pour sa mission Louis Edouard Bouet Willaumez
de 1838-39, le long de la côte africaine de l’ouest52.

Sultan Said a fait preuve de sa perspicacité en développant ses propres affaires


avec grand intérêt. Afin d’œuvrer pour son intérêt économique, il a envoyé
quelques bateaux dans les pays occidentaux - ce qui a augmenté ses liens
commerciaux avec l’Occident. Il a envoyé son navire nommé Sultanah à New
York en 1840. En 1849, Sultan Said a envoyé ses propres bateaux à Marseille pour
faire du commerce. En 1851, William Jelly a rapporté : “la visite des navires
de Son Altesse, chargés d’ample cargaison, au cours des dernières années, a
incité deux importantes maisons commerciales de Marseille à s’installer ici.53”
Donc, Vidal Bros. et Rabaud Bros., négociants influents de Marseille, ont établi
leurs affaires à Zanzibar. En 1854 une autre firme marseillaise puissante, Régis
Bros. s’est engagé dans le commerce de Zanzibar54. Non seulement les Français,
mais les Allemand aussi sont entrés dans le marché à Zanzibar. En 1849, une

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firme influente de Hambourg - Wilhelm O’swald and Company – y a ouvert une


agence commerciale, et bientôt les Allemands sont devenus de plus en plus
puissants au marché de Zanzibar.

La deuxième moitié du dix-neuvième siècle a vu croître un intérêt de la part


des pouvoirs européens en Afrique de l’Est. En 1851, bien que le commerce
anglais ait été limité, les autres navires européens continuaient à faire du
commerce avec le Sultan de Mascate. En1851, il y avait trois vaisseaux français,
un vaisseau espagnol utilisé par les Français et un vaisseau de Hambourg. Un an
plus tard, les Américains étaient sous pression des entrepreneurs français et par
conséquent, le prix des produits africains est monté en flèche. Le prix du copal
non-traité a atteint sept dollars et demi et le copal traité coûtait 10 dollars.
Cet essor du commerce français a fait concurrence aux Américains. Les Français
ainsi que d’autres négociants européens ont pu toucher des bénéfices55.

Grâce à l’économie en plein essor de Zanzibar, les Européens y étaient de plus en


plus attirés. En 1852 deux maisons commerciales françaises à Zanzibar, Vidal et
Rabaud, toutes les deux de Marseille, ont envoyé leurs premiers agents résidents
à Lamu. L’archipel de Lamu au large de la côte du nord du Kenya possède trois
îles pricipales - Lamu, Manda, et Pate. Leur spécialité était le beurre de sésame
et l’huile de coco. La maison de Roux de Fraissinet est bientôt arrivée à Lamu.
En 1856, le consul-général de France avait noté qu’à ce moment-là, Lamu
était l’entrepôt principal pour les graines d’huile. Il avait aussi constaté que la
marchandise valait plus que soixante milles piastres à Lamu. Assez tôt, en 1849
même, les négociants hanséatiques se posaient comme les concurrents majeurs
des Américains à Zanzibar, et au moins une firme, la maison de Hambourg à
Hansing, a envoyé des agents à Lamu. Pareils aux Français, ils se spécialisaient
en produits oléagineux mais achetaient aussi du cauri qu’ils transportaient en
Afrique de l’Ouest. En 1870, il y avait onze Bohra et vingt-cinq maisons de
commerce hindoues en plus de celles des Européens56.

Vers la fin des années 1860 les négociants de Hambourg, d’Angleterre, de


France et d’Inde s’étaient bien enracinés au marché de Zanzibar, avaient ôté
les Américains de leur position dominante et les avaient également obligés à
partager le commerce avec eux en Afrique de l’Est. L’entreprise H. L. Fraser a
établi une plantation de sucre. En plus, les fabricants anglais de coton de Bombay
et d’Angleterre sont entrés sur le marché de Zanzibar. Les Anglais avaient un
vif désir de s’engager dans le commerce direct avec Zanzibar au lieu de passer
par Bombay. La consommation des fils en laiton et des perles en France, en
Angleterre, et à Hambourg a augmenté au cours de 1865.57 L’ouverture du canal
de Suez en 1869 a rapproché Zanzibar de l’Europe tandis que que l’arrivée des
bateaux à vapeur a permis à la navigation de raccourcir la route de plus de mille
kilomètres - ces phénomènes ont inaugauré une nouvelle ère de commerce,. En
conséquence les produits d’Europe sont devenus meilleur marché que ceux des
États-Unis. La concurrence acharnée des Européens a menacé les Américains.
Une combinaison des impérialismes anglais, français et allemand étaient en
route dans l’Océan indien de l’Ouest.

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Conclusion

Les Européens du nord et les Américains ont bientôt compris la valeur de ce


commerce et se sont introduit dans le système indigène de commerce prospère
des Asiatiques. Le flux de trésorerie a accompagné leur entrée sur le marché.
La circulation du commerce étranger a continué tout au long du dix-neuvième
siècle. Le commerce qui s’était stabilisé avec les Français et les Indiens a
alors été lancé sur une trajectoire d’accroissement. Les intérêts commerciaux
occidentaux ont débouché sur une concurrence intense en Afrique de l’Est. La
compétition croissante entre les négociants Américains et Européens pour les
produits africains a fourni la chance aux négociants indiens de dévélopper leur
commerce et de hausser leurs bénéfices. Pour eux, cette accélération du marché
en Afrique de l’Est a élargi leur envergure de travail. Les capitalistes de Kutch
concurrençaient les Américains, surtout de New York et de Salem, les Allemands
de Hambourg, les Francais de Marseille. Certains entrepreneurs arabes faisaient
du commerce avec la côte, et plus loin dans les Comores, mais l’activité principale
restaient entre les mains des Banias et des Européens. La capacité des Indiens de
prendre des risques face à leur rivaux redoutables et privilégiés a manifesté leur
initiative et a assuré leur réussite. De tous les négociants étrangers engagés dans
le trafic commercial de Zanzibar, les Indiens étaient les plus actifs. Pour tous -
Européens, Américains, Arabes ou Swahilis - qui faisaient commerce et bénéfice
à Zanzibar, les entrepreneurs indiens restaient le lien le plus important dans ces
opérations.

Notes
1
Newitt M. ‘East Africa and Indian Ocean Trade’, 1500-1800. In India and the Indian Ocean. eds.
Das Gupta Ashin and M. N. Pearson. New Delhi: Oxford University Press, 1999 p.218.
2
Were Gidson and Wilson Derek East Africa Through a Thousand Years. New York: African Publishing
Corporation,1968, p. 99.
3
Grenville Freeman The East African Coas, Clarendon Press, Oxford,1962, p. 191.
4
R. Coupland, East Africa and Its Invaders., The Clarendon Press, Oxford, 1938, p.421.
5
Captain T. Smee and Lieut. Hardy ‘Observations during a voyage of Research on the East Coast of
Africa from Cape Guadrafui south to the Island of Zanzibar in the H.C cruiser Ternate, the secretary
(Ed.), translations of the Bombay Geographical Society from September 1841 to May 1844 Vol. # VI,
The times Press, Bombay.
6
David Seton, to the Governor of Bombay, 23rd March 1804, Mandvi, MSA, SPD, Diary # 156, 1804,
p.1313.
7
Pamela Caser-Vine, Oman in History, Immel Publishing limited, London, 1995, p. 476.
8
Justus Strandes, The Portuguese period in East Africa, translated from the Geraman by Jean. F.
Wallaork, East African Literature Bureau, Nairobi, Dar es Salam, Kampala, 1961-62-63, p. 120.
9
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, The Sultanate of Muscat and the United States, [Ph. D. thesis],
University of Essex, September 1989, p. 33.
10
Elton J. Frederic Travels and Researches among the Lake and Mountains of Eastern and Central,
Africa. London: John Murray1879, p. 34.
11
Joseph Osgood, Notes on Travels or Recollections of Majunga, Zanzibar, Muscat, Aden, Mocha,
and other Easter ports, George Creamer, Salem, 1854, p. 55.
12
AL-Khudari Mohammed, op.cit., p. 169
13
Curtin, Philip, Feierman, Thompson, and Vansina. African History. London, Longman. 1978,
p.396.

124
Le négoce de matières premières de Zanzibar et
les affaires commerciales des négociants Kutchs et Occidentaux

14
M. Reda Bhacker, Trade and Empire in Muscat and Zanzibar. London and Newyork. Routledge,
1992,pp. 142-143.
15
Pamela Caser-Vine, Oman in History, Immel Publishing limited, London, 1995, p. 499.
16
J. H. Speke, ‘On the Commerce of Central Africa’, 19th January 1860, the Secretary [ed.]
Transaction of Bombay Geographical Society, May 1858 to 1860, Vol. # XV, Smith Taylor and co.,
Bombay, 1862, p. 140.
17
Richard Burton, The Lake Regions of Central Africa, A Picture of Exploration. Vol. II. London:
Longman, Green, Longman, Roberts 1860, p. 403. The raw copal was either picked up from the tree
or was found imbedded in the loose soil.
18
Ibid, 408.
19
M. Reda Bhacker, op. cit., p. 144.
20
Major F B Pearce, Zanzibar the Island Metropolis of Eastern Africa, T Fisher Unwin ltd., London,
1920, pp. 292-297, passim.
21
Ibid.
22
C. B. Euan Smith, officiating Political Agent, to Earl Derby, Principal Secretary for Foreign Affairs,
31st July, 1875, Royal commission of Fugitive Slaves, George Edward Eyre & William Spottis Woode,
London, 1876, MSA, # 8722, p.218.
23
Ibid, p. 18.
24
Burton, Lake, op. cit., p. 414.
25
Ibid, p.416.
26
R. L. Playfair, Consul and Political Agent, Zanzibar, Administrative Report of 1862-63, for the year
ending 31st May 1864, MSA, PD, Vol. # 54 1864, p. 6.
27
Oliver Petre Grenouilleau, Marseille traders in West Africa Slave Trade to Empire, 2004, 215-
216.
28
Richard Burton, Lake, op. cit., p. 413.
29
Captain Hart, ‘Notes of A Visit to Zanzibar in the Year 1834’, R. Hughes Thomas [ed.], Selections
from the Records of the Bombay Government. # XXIV, Bombay Education Society’s Press, Bombay,
MSA, # XXIV-3306, 1856, p.279; see Philip Curtin, op. cit. pp. 396-398: also see Isaacs Nathaniel,
op. cit., p. 362.
30
Marguerite Ylvisaker, op. cit., p. 106.
31
Lieutenant Leech, ‘Memoirs on the Trade &c. of the Port of Mandvi in Kutch,’ May 1837, S.N.
Raikes, [ed.], Miscellaneous Information, Connected with the Province of Kutch, the Bombay
Education Society’s Press, Bombay,1856, Selections from Bombay Government Records, MSA, # XV,
New Series, # 3315,p. 216.
32
AL-Khudari Mohammed, op.cit., p.164.
33
Richard Burton, Lake, op. cit., pp. 390-394.
34
Ibid, p. 402.
35
Sir Bartle Frere to Earl Granville, # 31, 27th February 1873,Mozambique Channel, MSA, PD, Vol. V
#114 1873, p. 168.
36
Ibid.
37
Sir Bartle Frere to Earl Granville, # 33, 12th March 1873, ‘Enchantress’, MSA, PD, Vol. V #114 1873,
p. 170.
38
Ibid.
39
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, op. cit., p. 154.
40
Bartle Frere, op. cit., p.200.
41
John Wilkinson, The Imamate Tradition of Oman. Cambridge: Cambridge University Press., p. 235.
42
J. S. Mangat, Asians in East Africa c.1886-1945. Oxford: The Clarendon Press, 1969, p. 11.
43
C. P. Rigby, Political Consul, Zanzibar, to the Secretary to Government, Bombay, Administrative
Report of Zanzibar for 1859, MSA, PD, Vol. # 158 1860, pp. 31 and 81.
44
C. P. Rigby, Political Consul, Zanzibar, to the Secretary to Government, Bombay, Administrative
Report of Zanzibar for 1859, MSA, PD, Vol. # 158 1860, pp. 31 and 81.
45
Curtin, op. cit., p. 400.
46
Gwyn Campbell, An Economic History of Imperial Madagascar, Cambridge University Press, p. 173.

125
Synergies Inde n° 4 - 2009 pp. 115-126
Chaya Goswami
47
Isaacs Nathaniel, Travels and Adventures in Eastern Africa, in 2 volumes, Edward Churton,
London, 1836, pp. 360-361.
48
Isaacs Nathaniel, Travels and Adventures in Eastern Africa, in 2 volumes, Edward Churton,
London, 1836, pp. 360-361.
49
Isaacs Nathaniel, Travels and Adventures in Eastern Africa, in 2 volumes, Edward Churton,
London, 1836, pp. 360-361.
50
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, op. cit., p. 150.
51
Ibid. pp. 150-151.
52
Norman Bennett “France and Zanzibar 1844 to the 1860s” Norman Robert Bennett in the
international Journal of African Historical Studies Volume # VI 4 1973, Bostan University African
Studies Centre, p. 602.
53
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, op. cit., pp.159-161.
54
Mohammed Al-Mukadam, A survey of Diplomatic and Commercial Relations Between the United
States and Oman in Zanzibar 1828-1856, Masters of Arts in History, Portland State University 1990.
p. 61.
55
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, op. cit., p.157.
56
Ylvisaker, Marguerite, Lamu in the Nineteenth Century. Boston University: African Research
Studies Centre,1979, pp.111-112, 114.
57
Mohammed Sulaiman Al-Khudari, op. cit., p.255.

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