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Dans ce chapitre, on introduit les intégrales généralisées (ou impropres), puis les séries. Les deux
ont des propriétés de convergence analogues.
-1-
I : Intégrales généralisées ou impropres
1- Définition et exemples
Les fonctions sont définies sur des intervalles I ouverts ou semi-ouverts, bornés ou non. On
supposera les fonctions continues par morceaux.
Si I est un segment [a, b], on appelle fonction continue par morceaux sur I une fonction f pour
laquelle il existe un subdivision a0 = a < a1 < ... < an = b telle que :
sur tout intervalle ]ak, ak+1[, f est continue
i [[ 0, n – 1 ]], lim f(x) existe et lim f(x) existe
xak, x > ak xak+1, x < ak+1
n–1 ak+1 a
f(t) dt, où
b
On peut alors définir
k+1
f(t) dt en la définissant comme f(t) dt est elle-
a k=0
a a
k k
même calculée en intégrant la fonction continue qui prolonge f sur [ak, ak+1]. (On vérifie que cette
définition ne dépend pas de la subdivision choisie).
Si I est un intervalle ouvert ou semi-ouvert, on appelle fonction continue par morceaux sur I une
fonction continue par morceaux sur tout segment inclus dans I.
DEFINITION
b
Si f est continue par morceaux sur [a, b[, on dit que l'intégrale
f(t) dt est généralisée (ou
a
x
impropre). Elle est convergente si
f(t) dt admet une limite finie quand x tend vers b, en restant
a
b
dans [a, b[.
f(t) dt désigne alors la valeur de cette limite. L'intégrale est divergente s'il n'y a pas
a
de limite.
Ci-dessus, b vaut éventuellement + (souvent abrégé en ). Dans le cas d'un intervalle du type
]a, b], (a éventuellement égal à –), on définira :
b b
f(t) dt = lim f(t) dt si cette limite existe
xa
a x
et dans le cas d'un intervalle du type ]a, b[, on posera :
b y c y
f(t) dt = lim f(t) dt = lim f(t) dt + lim f(t) dt si chacune des deux
(x,y)a,b) xa yb
a x x c
limites existe. c est un point quelconque de ]a, b[.
EXEMPLES :
Soit a > 0. L'intégrale –at
e dt est convergente :
0
e–at dt = 1 lim [– e–at]x la limite étant également notée [– e–at] 0
+
a x 0
0
-2-
1
=
a
Si a 0, l'intégrale est divergente puisque, dans ce cas, e–ax tend vers l'infini quand x tend vers +.
1
L'intégrale
1
t dt est généralisée en 0, et convergente. En effet ;
0
1
1 dt = lim [2 t]1 = [2 t]1 = 2
t x 0
0 x0
1
L'intégrale
1
t dt est généralisée en 0 et divergente. En effet :
0
1
1 dt = lim [ln(t)]1 = diverge
t x
0 x0
mais nous verrons ci-après des critères de convergence rapides à mettre en oeuvre.
Par passage à la limite des bornes de l'intégrale, on montre facilement que les propriétés usuelles de
l'intégrale sur un segment sont vérifiées par les intégrales impropres (linéarité, relation de Chasles,
changement de variables). On prendra garde cependant aux deux points suivants :
Pour l'intégration par parties pour laquelle l'intégrale uv' est transformée en la somme
I
[uv] –
u'v, l'intégrale initiale peut être convergente, alors que, séparément [uv] et
u'v peuvent
I
I I
I
diverger. Il convient dans ce cas d'intégrer par parties sur des segments J inclus dans I et de ne
passer à la limite qu'à la fin du calcul.
De même, dans la propriété de linéarité, il se peut que l'intégrale de f + g converge, mais que
séparément, celle de f et celle de g divergent en sens contraire. Pour écrire
(f + g) = f + g, il
I I I
faut bien être sûr de la convergence des intégrales de f et de g. Considérons par exemple deux réels
e–ax – e–bx
a et b tels que 0 < a < b et l'intégrale dx (dont le lecteur pourra prouver la
x
0
e–ax – e–bx
convergence une fois arrivé à la fin de la lecture de ce chapitre). La fonction x est
x
continue et strictement positive sur ]0, +[, donc l'intégrale est strictement positive. Pourtant :
–ax –bx –ax –bx
e – e dx = e dx – e dx
x x x
0 0 0
e–u –u
= du – e du
u u
0 0
en faisant le changement de variable u = ax (respectivement u = bx) dans la première
(respectivement deuxième) intégrale
=0 ???
-3-
e–ax –bx
L'erreur de raisonnement provient du fait que chacune des deux intégrales dx et e dx
x x
0 0
est divergente en 0 (ce qu'on pourra montrer là aussi une fois lu ce chapitre). On ne peut donc pas
les séparer. L'idée du changement de variable est bonne, mais il est prudent de revenir à la définition
de la convergence en 0 (on garde ci-dessous la borne infinie car il y a bien convergence des
intégrales en cette borne) :
–ax –bx –ax –bx
e – e dx = lim e – e dx étant strictement positif
x 0 x
0
e–ax –bx
= lim ( dx – e dx)
0
x x
la séparation des intégrales est ici valide car chacune converge
e–u –u
= lim ( du – e du) par changement de variable
0 a
u u
b
b e–u
= lim du par la relation de Chasles
0
u
a
e–u 1
Au voisinage de 0, . Mettons en évidence cet équivalent :
u u
e–ax – e–bx b –u
dx = lim e – 1 + 1 du
x 0 u u
0 a
e–u – 1
= lim ( du +
b b 1
du)
0
u u
a
a
e–u – 1
La fonction u se prolonge par continuité en 0, donc elle admet une primitive F sur
u
b e–u – 1
[0, +[. On a alors du = F(b) – F(a), qui tend vers F(0) – F(0) = 0 lorsque tend vers
u
a
0. Donc :
–ax –bx
e – e dx = lim 1 du = lim ln(b) – ln(a) = ln(b)
b
x 0 u 0 a
0 a
e–ax – e–bx
Ainsi
b
dx = ln( ).
x a
0
On retrouve d'ailleurs ce résultat de la façon suivante (nous admettrons qu'on peut permuter l'ordre
des deux intégrations dans le calcul ci-dessous. C'est une généralisation du théorème de Fubini au
domaine non borné D = [0, +[ [a, b] portant sur l'intégrale double e–xy dxdy. Voir le chapitre
D
sur les intégrales multiples L2/INTMULT.PDF) :
–ax –bx
e – e dx = ( e–xy dy) dx
b
x
0 0 a
b b
= ( e–xy dx) dy = 1 dy = ln(b)
y a
a 0 a
-4-
Une démonstration utilisant le théorème de Fubini sur un domaine borné est donnée dans les
exercices du chapitre sur les suites et les séries de fonctions L2/SUITESF.PDF.
Démonstration :
i) : Il existe M et c élément de [a, b[ tels que, pour x élément de [c, b[, on a : 0 f(x) Mg(x), et
donc :
x x b x
f(t) dt M g(t)dt M g(t)dt puisque g(t)dt est une fonction croissante de x
c c c c
b c
majorée par sa limite
g(t)dt. En rajoutant f(t)dt qui est un nombre fini, on voit que la quantité
c a
x
f(t)dt est une fonction croissante de x et majorée, donc convergente.
a
La démonstration montre qu'il suffit que f et g soient positives au voisinage de b.
Ainsi, pour que l'intégrale d'une fonction positive converge, il suffit de la majorer par une fonction
dont l'intégrale converge. La deuxième partie du i) n'est que la contraposée de la première partie.
Pour qu'une intégrale d'une fonction positive diverge, il suffit de la minorer par une fonction
positive dont l'intégrale diverge.
3- Fonctions de référence
Pour voir si une intégrale généralisée d'une fonction positive converge, on prend un équivalent au
voisinage de la borne problématique pour se ramener à une expression plus simple. On se ramène
ainsi à des fonctions plus simples. Les cas les plus fréquents que l'on obtient figurent ci-dessous et
servent de fonctions de référence.
-5-
PROPOSITION
(i)
1
t dt converge si et seulement si > 1. De manière équivalente, l'intégrale diverge si
1
et seulement si 1.
1
(ii)
1
t dt converge si et seulement si < 1. De manière équivalente, l'intégrale diverge si
0
et seulement si 1.
a
(iibis)
1
dt converge si et seulement si < 1. Elle diverge si et seulement si 1.
t–t
t 0
0
(iii) e–at dt converge si et seulement si a > 0.
0
1
(iv)
ln(t) dt converge.
0
1 1
En ce qui concerne les cas (i) et (ii), on notera que dt et 1 dt sont toutes deux divergentes,
t t
1 0
1
et que, pour 1, l'une des intégrales 1
1
t dt ou t dt converge pendant que l'autre diverge. On
1
0
notera que c'est la valeur = 1 qui sert de partage entre le cas de convergence et celui de
divergence. On réfléchira que
1 1
t dt a plus de chance de converger si la fonction t tend
1
rapidement vers 0 quand t tend vers l'infini, permettant de mémoriser la condition de convergence
1
> 1. La condition < 1 s'applique alors à la convergence de l'autre intégrale
1
t dt.
0
Démonstration :
Il suffit de prendre des primitives de chaque fonction :
(i) : Pour 1, 1 x
1 1 1 1
t dt = 1 – lim t–1 = 1 – lim (x–1 – 1)
x 1 x
1
La limite est finie si et seulement si > 1.
1 x
Pour = 1, dt = lim [ln(t)] = lim ln(x) diverge.
t x x
1 1
1
(ii) : Pour 1, 1 1
1 1 1 1–
t dt = 1 – lim t–1 = 1 – lim (1 – x )
0 x0 x x0
La limite est finie si et seulement si < 1.
11 1
Pour = 1, lim [ln(t)] = lim – ln(x) diverge.
t dt = x0 x x0
0
-6-
(iibis) : on se ramène au cas (ii) par le changement de variable t – t0 t.
1 1
(iv) : lim [tln(t) – t] = lim (– 1 – xln(x) + x) = –1.
ln(t) dt = x0 x x0
0
EXEMPLES :
Considérons
P(t)
Q(t) dt où P est de degré n et Q de degré m, Q ne s'annulant pas sur [a, +[. Le
a
problème de convergence se pose en +. On a alors . L'intégrale converge si et
P(t) Cte
Q(t) xm–n
seulement si m – n > 1.
La fonction Gamma est définie par (x) = e–t tx–1 dt. Cherchons son domaine de définition.
0
En 0, e–t tx–1 tx–1 = 1–x dont l'intégrale converge si et seulement si x > 0.
1
t
1
En +, on a 0 e–t tx–1 2 puisque e–t tx+1 tend vers 0 quand t tend vers +. Donc l'intégrale
t
converge en + pour tout x.
Ainsi, (x) est défini sur R+*.
Une intégration par parties donne :
–t x –t x –t x–1 –t x–1
(x + 1) = e t dt = [– e t ] + e xt dt = x e t dt = x(x)
0 0 0 0
Comme (1) = e–t dt = 1, on en déduit par récurrence que, pour n entier, (n + 1) = n!, i.e. :
0
tn e–t dt = n!
0
Ainsi, est une extension aux réels strictement positifs de la factorielle.
(x + 1)
La relation (x + 1) = x(x) s'écrit aussi, pour x non nul, (x) = . Le membre de droite est
x
défini pour x élément de ]–1, 0[ ]0, +[. On peut donc utiliser cette relation pour définir (x) sur
]–1, 0[. Mais reprenant la même relation avec cette extension de , le membre de droite est cette
fois défini sur ]–2, –1[ ]–1, 0[ ]0, +[, permettant d'étendre à ]–2, –1[. De proche en proche,
on définit ainsi sur tout intervalle ]– n – 1,– n[, pour tout n entier naturel. Voici le graphe de la
fonction entre –5 et 5 :
-7-
O
DEFINITION-PROPOSITION
Une intégrale
f est dite absolument convergente si f converge. On dit aussi que f est
I I
intégrable sur I.
Dans ce cas,
f converge.
I
Démonstration :
Il s'agit de montrer que
f converge f converge.
I I
Pour f à valeurs réelles, posons :
1
f + = Sup(f,0) = (f + f )
2
1
f – = Sup(–f,0) = ( f – f)
2
–
de sorte que f = f +
+f et f = f +
– f –. En particulier, 0 f + f et 0 f – f . On peut donc
appliquer à f +
et à f –
la proposition sur les fonctions positives : si f est intégrable, alors
f
I
converge, donc + –
f et f aussi, donc f aussi avec :
I I I
+ –
f= f – f
I I I
On a par ailleurs f = f + + f –, de sorte que f f .
I I I I I
-8-
Pour f à valeurs complexes, écrivons f = g + ih avec g = Re(f) et h = Im(f). On a g f et
h f , donc on peut appliquer à g et h, fonctions à valeurs réelles, le cas ci-dessus démontré : si f
est intégrable, alors f converge, donc g et h aussi, donc g et h aussi, donc f
I I I I I I
aussi, avec f = g + i h.
I I I
On prendra garde que la propriété démontrée énonce seulement une condition suffisante de
convergence de f, à savoir vérifier que f converge. Si f diverge, on ne peut rien conclure sur
I I
f. Il existe des intégrales qui sont convergentes, sans être absolument convergente. Par exemple,
I
x
pour I = [a, b[, la limite lim f(t) dt peut fort bien exister sans qu'aucune des limites suivantes
xb a
x x x
n'existent : lim f +(t) dt, lim f –(t) dt, lim f(t) dt. On peut très bien avoir par exemple :
xb a xb a xb a
x x
lim f +(t) dt = lim f –(t) dt = +
xb a xb a
alors que la différence converge.
EXEMPLES :
sin(x) sin(x) 1
est intégrable sur [, +[ car 2 qui est intégrable sur [, +[.
x2 x2 x
sin(x)
Par contre n'est pas intégrable sur [, +[. En effet, pour tout entier naturel k 1 :
x
(k+1)
sin(x) (k+1)
1 2
dx sin(x) dx = . On a alors, pour tout entier n :
k x (k + 1)
k
(k + 1)
n–1
n (k+1)
sin(x) sin(x) 2 n–1 1 2 n 1
dx = dx k+1= k
x k=1
k
x k=1 k=2
n
1
or on montrera, dans la partie consacrée aux séries, que lim k = + (série harmonique
n k=2
sin(x)
divergente). Par conséquent, dx diverge.
x
sin(t)
Cependant, dt converge car, en intégrant par parties, on a, pour tout x > :
t
-9-
x x
sin(t) dt = – cos(t) x – cos(t) dt
t t 2
t
cos(x)
Le crochet admet une limite quand x tend vers +, et la fonction est, elle, intégrable sur
x2
sin(x)
[, +[ (comme l'est la fonction ) , donc le membre de droite admet une limite.
x2
Le lecteur pourra généraliser le raisonnement précédent en prouvant que l'intégrale
sin(t)
t dt
cos(t)
converge, en se ramenant, par une intégration par parties, à la fonction intégrable +1 .
t
1 sin(t) sin(t) 1 1
Le cas = est intéressant. En effet, est intégrable sur ]0, ] car , de la forme
2 t t t t
sin(t) cos(t)
avec < 1, donc dt converge. On montre de la même façon que dt converge. Si
t t
0
0
on effectue le changement de variable t = x , on obtient le fait que les deux intégrales
2 2
sin(x ) dx
0
et 2
cos(x ) dx convergent. On sait montrer par ailleurs que ces deux intégrales sont égales et
0
(intégrales de Fresnel), mais la démonstration est trop longue pour figurer ici. On notera
valent
2 2
que ces deux dernières intégrales donnent des exemples de fonctions dont l'intégrale converge, sans
que les fonctions tendent vers 0 en +.
Pour z complexe de partie réelle positive, on a e–t tz–1 = e–t tRe(z)–1, intégrable pour Re(z) > 0,
d'intégrale (Re(z)). On pose alors (z) = e–t tz–1 dt, définie pour z complexe tel que Re(z) > 0.
0
PROPRIETES
i) L'ensemble des fonctions intégrables sur un intervalle I forme un espace vectoriel.
ii) L'ensemble des fonctions de carré intégrables sur un intervalle I forme un espace
vectoriel.
Démonstration :
i) résulte du fait que f + g f + g , et donc, si f et g sont intégrables sur I, la fonction
f + g est intégrable donc la fonction f + g aussi
ii) : On a (f + g)2 = f 2 + 2fg + 2g2. Si on suppose que f et g sont de carré intégrable, on pourra
conclure si on montre que fg est intégrable. C'est bien le cas en vertu de l'inégalité :
f 2 + g2
fg
2
- 10 -
provenant du développement de ( f – g )2 0
Si on se limite au sous-espace vectoriel des fonctions continues de carré intégrables, on peut définir
le produit scalaire suivant :
<f, g> = f(t)g(t) dt
I
II : Séries
1- Définition
DEFINITION :
On appelle série xn de terme général xn, réel ou complexe, la suite de terme général
Sn = x0 + ... + xn, appelée somme partielle.
La série converge si la suite des sommes partielles converge. Dans ce cas, la limite S s'appelle
somme de la série et se note S = xn . La quantité Rn = S – Sn = xn s'appelle reste de la série.
n=0 k=n+1
1
Nous montrons dans le paragraphe suivant que n diverge. Cela signifie qu'il ne suffit pas que le
n1
terme général xn d'une série tende vers 0 pour que la série converge. C'est cependant nécessaire. En
effet, si une série converge vers S, alors Sn – Sn–1 tend vers S – S = 0. Or Sn – Sn–1 = xn. Autrement
dit, si la suite (xn) ne converge pas vers 0, alors la série xn diverge. On dit dans ce cas qu'elle
diverge grossièrement. Ainsi, la série (–1)n diverge grossièrement et nous n'attribuerons aucune
valeur à cette somme (bien qu'Euler ne se soit pas gêné pour le faire. Voir Annexe I).
En raisonnant sur les sommes partielles et en utilisant les théorèmes sur les limites, il est facile de
vérifier que l'ensemble des séries convergentes forme un espace vectoriel, et que l'on a :
un + vn = un + vn
n=0 n=0 n=0
un = un
n=0 n=0
Si un est complexe égal à xn + iyn, alors la série un converge si et seulement si les séries xn et
n=0 n=0
yn convergent et un = xn + i yn. On a également un = ––
un .
n=0 n=0 n=0 n=0 n=0 n=0
La première question qu'on se pose sur une série est de savoir si elle converge. Contrairement aux
intégrales généralisées qu'on peut parfois calculer en passant par un calcul de primitive, il est rare
qu'on puisse calculer explicitement les sommes partielles d'une série, et a fortiori leur limite.
L'existence de critères de convergence joue donc pour les séries un rôle plus important que pour les
intégrales généralisées. Plusieurs de ces critères sont analogues entre séries et intégrales
- 11 -
généralisées, et on suivra le même plan que pour ces dernières : traiter d'abord le cas des séries à
termes positifs, puis passer au cas général. Quelques critères supplémentaires sont spécifiques aux
séries.
Une fois que l'on sait que la série converge, une autre question est de trouver une expression
explicite de sa somme, ou à défaut une valeur approchée. Ces questions sont parfois très délicates.
La détermination d'une expression explicite n'est pas toujours possible. Quant à la détermination
d'une valeur approchée, elle se heurte parfois à une vitesse de convergence lente. On se reportera à
l'annexe III pour des exemples.
2- Exemples de séries
EXEMPLE 1 :
Un premier exemple de série est fourni par le développement décimal d'un réel. On a en effet :
a
x=M+ 10nn
n=0
où M est la partie entière de x, et les ai des chiffres tels que n, m > n, am 9. Cette dernière
condition a pour but d'éviter les écritures décimales avec une infinité de 9. Au lieu de
0,9999999999..., on a 1 tout simplement. Sous cette condition, la décomposition de x est unique.
EXEMPLE 2 :
1
Pour x < 1, on a xn = 1 – x . En effet :
n=0
1 – xn+1 1
1 + x + ... + xn = qui tend bien vers car xn+1 tend vers 0.
1–x 1–x
Cette série s'appelle série géométrique. Plus généralement, toujours pour x < 1 :
xn = xN xn–N
n=N n=N
= xN xn en effectuant le changement d'indice n – N n
n=0
xN
=
1–x
On a ainsi, par exemple :
2 81
1,222222222... 0,8181818181... = (1 + 10n 100n
)
n=1 n=1
2 1 81 1
= (1 + )
10 1 100 1
1– 1–
10 100
2 81
= (1 + )
9 99
11 9
= =1
9 11
- 12 -
EXEMPLE 3 :
1
On appelle série harmonique la série . Elle diverge. Les démonstrations en sont
n
innombrables :
Démonstration 1
Elle est essentiellement due, aux notations près, à Nicolas Oresme (Questiones super geometriam
euclidis, 1360). La somme partielle, de 1 à N = 2k est minorée par :
N 2p
1 k 1 k
2p–1 k
p = qui tend vers + avec k
n=1 n p=1 n = 2p–1+1
n p=1 2 2
Démonstration 2
n
1
Posons Sn = k. On a :
k=1
1 1 1 n 1
S2n – Sn = + + ... + nombre de termes plus petit terme = =
n+1 n+2 2n 2n 2
Si la série convergeait vers S, on aurait, en passant à la limite :
1
0=S–S
2
Démonstration 3
n
1
C'est une variante de la précédente. Posons Sn = et Dn = S2n – Sn. On a évidemment Dn > 0.
k=1 k
1 1 1 1 1
De plus : Dn – Dn–1 = + – = – > 0. Donc la suite (Dn) est strictement croissante
2n 2n – 1 n 2n – 1 2n
et strictement positive, donc elle ne peut tendre vers 0, ce qui serait si la suite (S n) convergeait.
Donc (Sn) diverge.
Démonstration 4
n
1
Posons Sn = k. On a :
k=1
1 1 2 2 2 2 1 1 2 1 1
Sn = 1 + + ... + = + + ... + avec = – + 1 + et +
2 n 2 4 2n 2 2 2 2k 2k – 1 2k
1 1 1 1 1 1 1
Donc Sn – + 1 + + + + ... + + = – + S2n
2 2 3 4 2n – 1 2n 2
Si la suite (Sn) convergeait vers une limite S, on aurait :
1
S– +S
2
ce qui est absurde.
Démonstration 5
- 13 -
n n n
1 1 1+k (n + 1)!
On a ln(1 + x) x pour x > –1 donc k ln(1 + k) = ln( k ) = ln n! = ln(n + 1), donc
k=1 k=1 k=1
Démonstration 6
1 1 1 3
Elle est due à Mengoli en 1650. Pour tout entier n, on a + + donc :
n–1 n n+1 n
1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 3 3
1 + ( + + ) + ( + + ) + ... + ( + + ) 1 + + + ... +
2 3 4 5 6 7 3n – 1 3n 3n + 1 3 6 3n
1 1
1 + 1 + + ... +
2 n
soit S3n+1 1 + Sn. Si la suite (Sn) des sommes partielles convergeait vers S, on aurait S 1 + S.
Démonstration 7
Elle est due à Jacques Bernoulli. Pour tout entier n, on a :
2
1 1 1 1 n –n 1 1 n2 – n
+ + ... + 2 = + + 2 =1
n n+1 n n k=1 n + k n n
donc, en regroupant les termes de la série géométrique par paquets entre l'indice n et n2, on peut
dépasser toute quantité donnée. Ainsi :
1 1 1 1 1
1 + ( + + ) + ( + ... + ) 1 + 1 + 1 = 3
2 3 4 5 25
Les regroupements peuvent être effectués aussi loin que l'on veut.
Terminons par une curieuse propriété. La divergence de la série harmonique permet d'empiler des
morceaux de sucre en équilibre avec un surplomb pouvant s'étendre aussi loin que l'on veut au-delà
du morceau de base. Si la longueur de chaque morceau vaut 2, on décale de haut en bas le sucre
1 1
inférieur par rapport au sucre immédiatement supérieur d'une longueur 1, puis , puis , etc. On
2 3
vérifiera que le centre de gravité des n sucres supérieurs se trouve exactement à l'aplomb du bord
droit du sucre de rang n + 1. Comme la série harmonique diverge, en prenant n aussi grand que l'on
veut, le sucre supérieur peut se trouver décalé d'une quantité aussi grande que l'on veut par rapport
au sucre inférieur :
EXEMPLE 4 :
- 14 -
Pour tout x, l'inégalité de Taylor-Lagrange appliquée à la fonction exponentielle en 0 donne :
x2 xn xn+1
ex – (1 + x + + ... + ) M
2 n! (n + 1)!
où M est un majorant de ex entre 0 et x. On peut choisir par exemple M = exp x . Le membre de
droite de l'inégalité tend vers 0 quand n tend vers +, donc, pour tout x :
xn
ex =
n=0 n!
n
1 (–1) 1
En particulier, n! = e et n! = e . La convergence est très rapide et permet de donner
n=0 n=0
n n
1 1 1
n 1, k! < e < k! + n!.
k=0 k=0
n
1 1
La première inégalité est triviale puisque e – = k! > 0. Pour la seconde inégalité, il s'agit
k=0 k! k=n+1
1 1
de montrer que < n!. Pour cela :
k=n+1 k!
1 1 1 1
= (n + 1)! (1 + n + 2 + (n + 2)(n + 3) + ...)
k=n+1 k!
1 1 1 1
k=
(n + 1)! k=0 (n + 2) (n + 1)! 1
(somme d'une série géométrique)
1–
n+2
1 1 n+2 1 n+2 1
donc k! (n + 1)! n + 1. Il suffit de montrer que (n + 1)! n + 1 < n! ou que n + 2 < (n + 1)2,
k=n+1
q q+1
montré que : n 1, q N, <e< .
n! n!
a a(b – 1)!
Maintenant, si on suppose e rationnel, de la forme e = = , alors en prenant n = b, on
b b!
obtient q < a(b – 1)! < q + 1, ce qui est absurde, aucun entier n'étant compris strictement entre deux
entiers successifs.
- 15 -
EXEMPLE 5 :
1 2 1 4
On peut montrer que =
n2 6
(voir la partie Exercices de ce chapitre) et =
n4 90
. Le
n=1 n=1
calcul de ces deux séries constitua un défi au début du XVIIIème et leur somme fut pour la première
fois établie par Euler. L'expression remarquable du résultat n'a d'égal que l'étonnement que l'on peut
avoir sur la possibilité de l'établir. Cela laisse faiblement entrevoir la joie qu'a dû éprouver Euler
(Voir Annexe II).
Plus généralement on connaît la valeur de la série somme des inverses de n'importe quelle puissance
1
paire, mais on ne connaît aucune formule pour 3 (on sait seulement depuis 1978 qu'il s'agit d'un
n=1 n
irrationnel).
EXEMPLE 6 :
(–1)n–1
Montrons que n
= ln(2) . Il en existe plusieurs démonstrations.
n=1
Démonstration 1
On montrera d'abord par récurrence (laissée au lecteur) que, pour tout n 1 :
1 1 1 1 1 1 1 1
1 – + – + ... + – = + + ... +
2 3 4 2n – 1 2n n + 1 n + 2 2n
1 1 1 1 n 1
On remarque ensuite que + + ... + = est une somme de Riemann associée à
n+1 n+2 2n n k=1 k
1+
n
1
la fonction continue x [0, 1] , et donc que :
1+x
1 n 1 1 1 1
lim = dx = [ln(1 + x)] = ln(2)
n n k=1 1 + k 0
1+x 0
n
(–1)n–1
Ainsi, la suite (S2n) des sommes partielles de la série converge vers ln(2). Il en est de
n
même de la suite (S2n+1) puisque S2n+1 = S2n + o(1). Par conséquent, il en est de même de la suite
complète (Sn), d'où le résultat annoncé.
Démonstration 2
Rappelons la formule de Taylor avec reste intégral pour une fonction de classe Cn.
b
f "(a) f(n–1)(a) f(n)(t)
f(b) = f(a) + (b – a)f '(a) + (b – a)2 + ... + (b – a)n–1 + (b – t)n–1 dt
2 (n – 1)! (n – 1)!
a
1 (k – 1)!
Prenons f(x) = ln(1 + x), a = 0, b = 1. On a f '(x) = et, par récurrence f(k)(x) = (–1)k–1 . La
1+x (1 + x)k
formule donne donc :
- 16 -
1
1 1 (–1)n–2 1
ln(2) = 1 – + – ... + + (1 – t)n–1 (–1)n–1 dt
2 3 n–1 (1 + t)n
0
1
1
et l'intégrale est majorée en valeur absolue par (1 – t)n–1 dt = qui tend vers 0. Donc, en passant
0 n
(–1)n–1
à la limite : ln(2) = n
n=1
Démonstration 3
1
On peut encore procéder comme suit. Soit In = (–1)n
tn
1 + t dt. On a I0 = ln(2) et on peut écrire In
0
sous la forme :
1
n n–1
1 n–1
In = (–1)n
t (1 + t) – tn–1 (–1)n
dt = (–1) t dt + In–1 = + In–1
0 1+t 0 n
n
(–1)n (–1)n–1 1 1 (–1)k–1
In = + + ... – + – 1 + I0 = ln(2) –
n n–1 3 2 k=1 k
1
1
En outre, on a 0 In tn dt = qui tend vers 0, donc, en passant à la limite, on obtient :
0 n+1
(–1)k–1
0 = ln(2) – k
k=1
Démonstration 4
Mark Finkelstein, dans son ouvrage Proofs without words, Roger B. Nelsen, MAA, (1993) donne
1 1 1 1 1
une preuve sans mot de la formule ln(2) = 1 – + – + – + ... :
2 3 4 5 6
1 (5)
y = 1/x (6)
(3) (7)
(8)
(2)
1/2 (4)
(1)
01 3/2 2
- 17 -
Le lecteur est invité à comprendre en quoi cette figure prouve la formule. Afin de l'aider, nous
l'invitons à vérifier que :
1 1
(1) = (2 – 1) = 1 –
2 2
2 1 1 1 1
(2) = ( – ) = –
3 2 2 3 4
4 2 1 1 1 4 1 1 1 1
(3) = ( – ) = – (4) = ( – ) = –
5 3 4 5 6 7 2 4 7 8
8 4 1 1 1 8 2 1 1 1
(5) = ( – ) = – (6) = ( – ) = – etc...
9 5 8 9 10 11 3 8 11 12
2p + 1 2p + 3 2p + 2p – 1
D'une manière générale, à la p-ème étape, on insère les abscisses , , ..., entre
2p 2p 2p
2p + 2 2p + 4 2p + 2p – 2
les abscisses 1, , , ..., , 2, donc la longueur de la base de chaque nouveau
2p 2p 2p
1 2p 2p
rectangle est p et sa hauteur vaut, pour 2k – 1 = 1, 3, ..., 2p – 1 : p – p ce qui donne
2 2 + 2k – 1 2 + 2k
1 1
pour aire p – p . Les coordonnées des sommets du rectangle correspondant sont :
2 + 2k – 1 2 + 2k
2p + 2k – 2 2p 2p + 2k – 1 2p
( , ) ( , )
2p 2p + 2k – 1 2p 2p + 2k – 1
2p + 2k – 2 2p 2p + 2k – 1 2p
( p , p ) ( p , p )
2 2 + 2k 2 2 + 2k
A titre de curiosité, où est l'erreur dans le raisonnement suivant ? Nous savons maintenant que :
1 1 1 1 1 1 1 1 1
ln(2) = 1 – + – + – + – + – +...
2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 1
On permute les termes de façon à ce que, pour n impair, le terme – soit placé derrière le terme ,
2n n
1 1
et pour n pair, le terme – soit placé devant le terme . On obtient alors :
2n n+1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
ln(2) = 1 – – + – – + – – + – .. . – + – + ...
2 4 3 6 8 5 10 12 7 14 4k 2k + 1 4k + 2
1 1 1 1 1 1 1 1 1
= – + – + – + ... – + + ...
2 4 6 8 10 12 14 4k 4k + 2
1 1 1 1 1 1 1 1 1
= (1 – + – + – + ... – + + ...)
2 2 3 4 5 6 7 2k 2k + 1
1
= ln(2) ???
2
Cette question devrait s'éclaircir dans la suite de ce chapitre.
- 18 -
i) La série un converge si et seulement si ses sommes partielles Sn sont majorées. Dans ce
cas, un = lim Sn = Sup Sn.
n=0 n+
ii) Si, pour tout n, un vn, ou plus généralement, si un = O(vn) et si vn converge, alors un
converge. Si pour tout n, un vn et si vn diverge, alors un diverge
iii) Si un vn au voisinage de +, alors un et vn sont de même nature (simultanément
convergentes ou divergentes).
Démonstration :
i) : La suite des sommes partielles Sn = u0 + ... + un est une suite croissante. En effet :
Sn+1 – Sn = un+1 0
Cette suite converge si et seulement si elle est majorée et alors, elle converge vers sa borne
supérieure.
ii) : On suppose qu'il existe N et M tel que, pour n N, on ait un Mvn. Supposons que la série
vn converge. On a alors :
n n N–1
uk M vk M vk = M ( vk – vk)
k=N k=N k=N k=0 k=0
n
car la série vn converge en croissant vers sa limite. Les sommes partielles uk sont également
k=0
vn 3v
iii) : Au voisinage de l'infini, on a : un n, donc : un = O(vn) et vn = O(un) d'où
2 2
l'équivalence.
EXEMPLES :
n2 + 3n + 1
Soit la série n3 + 5n – 6. Cette série est une série divergente, car son terme général est
1
équivalent à qui est positif, et terme général de la série harmonique divergente.
n
1
Considérons la série , dite série de Riemann. Nous disposons du résultat suivant :
n
1
Les séries convergent si et seulement si > 1.
n
1 1 1 1
Si 1, alors , et comme la série diverge, il en est de même de .
n n n n
Si > 1, alors on remarque que :
- 19 -
1
=1
1
1 1 2 1
+ =
2 3 2 2–1
1 1 1 1 4 1
+ + + = –1
4 5 6 7 4 4
...
1 1 1 1 2p 1
p + p + p + ... + p p p = p –1
(2 ) (2 + 1) (2 + 2) (2 + 2 – 1) (2 ) (2 )
N
1
En majorant la somme partielle par une somme partielle comprenant un nombre de termes
n=1 n
p+1
supérieur à N de la forme 2 – 1 et en utilisant les inégalités précédentes, on a :
N p p
1 1 1 1 1
n –1 = série géométrique de terme général < 1 qui
n=1 n n=0 (2 ) n=0 (2
–1 n
) n=0 (2
–1 n
) 2–1
1 1
converge vers . Les sommes partielles de étant majorées, la série converge.
1–
1 n
2–1
La démonstration ci-dessus est celle donnée par Cauchy dans son Cours d'analyse (1821), partie I,
1
ch. VI, p.135-137. On notera que converge exactement quand
1
n x dx converge. Une autre
1
démonstration, donnée dans le paragraphe comparaison série-intégrale, explique cette coïncidence.
n2 + 3n + 1
Soit la série n4 + 5n – 6 . Cette série est une série convergente, car son terme général est
1
équivalent à qui est positif, et terme général d'une série de Riemann convergente d'après
n2
l'exemple précédent.
1
La même démonstration s'applique à la série , dont le terme général est lui aussi
n(n + 1)
1 1 1 1
équivalent à 2. De plus, la somme se calcule facilement en remarquant que = – . On
n n(n + 1) n n + 1
a alors, pour tout N 1 :
N N
1 1 1
n(n + 1) = (n – n + 1)
n=1 n=1
1 1 1 1 1
= (1 – ) + ( – ) + ... + ( – )
2 2 3 N N+1
1
=1–
N+1
tous les termes intermédiaires se simplifiant deux à deux. On parle de série télescopique. On aurait
pu écrire aussi :
- 20 -
N N N
1 1 1 1
(n – n + 1) = n – n + 1
n=1 n=1 n=1
N N+1
1 1
= – n en effectuant un changement d'indice n + 1 n
n=1 n n=2
1
=1– en éliminant les termes communs aux deux sommes.
N+1
1
On en déduit, en faisant tendre N vers +, que n(n + 1) = 1.
n=1
1
Voici un autre exemple non trivial série télescopique. Soit S = arctan(n2 + 3n + 3). Vérifions
n=0
) = arctan(n + 2) – arctan(n + 1). Les deux membres sont éléments de [0, [,
1
que arctan( 2
n + 3n + 3 2
1
celui de gauche car 2 [0, +[, celui de droite car :
n + 3n + 3
0 arctan(n + 2) – arctan(n + 1) arctan(n + 2) <
2
Pour monter qu'ils sont égaux, il suffit de comparer leur tangente. Or :
1 1
tan(arctan( 2 )) = 2
n + 3n + 3 n + 3n + 3
(n + 2) – (n + 1) 1
tan(arctan(n + 2) – arctan(n + 1)) = = 2
1 + (n + 2)(n + 1) n + 3n + 3
On a donc bien le résultat annoncé. On en déduit que, pour tout N :
N N
1
arctan( ) =
n2 + 3n + 3 n=0
(arctan(n + 2) – arctan(n + 1)) série télescopique
n=0
= arctan(N + 2) – arctan(1)
1
En passant à la limite quand N tend vers l'infini, on conclut que arctan( 2 ) converge et
n + 3n + 3
que :
arctan(n2 + 3n + 3) = 2 – 4 = 4
1
n=0
Il faut prendre garde que les séries sont des limites et non des sommes finies, sous peine de
connaître des déboires cuisants. Donnons de suite un exemple frappant. En 1655, Wallis donne la
formule suivante (dont une démonstration est donnée plus bas dans le paragraphe Produits infinis) :
2 1.3.3.5.5.7.7.9.9.11...
=
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10..
- 21 -
Il s'agit d'un produit infini mais on se ramène à des séries en prenant le logarithme. Livrons-nous à
quelques calculs élémentaires... et paradoxaux. Prenons le logarithme du membre de droite :
1.3.3.5.5.7.7.9.9.11... 1 3 3 5 5 7 7
ln( ) = ln( ...)
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10.. 2 2 4 4 6 6 8
1 3 3 5 5 7 7
= ln( ) + ln( ) + ln( ) + ln( ) + ln( ) + ln( ) + ln( ) + ...
2 2 4 4 6 6 8
2n – 1 2n + 1
somme de la forme (ln( 2n ) + ln( 2n )). Son terme général peut s'écrire :
n=1
2n – 1 2n + 1 1 1
ln( ) + ln( ) = ln(1 – ) + ln(1 + )
2n 2n 2n 2n
1 1 1 1 1
=– – 2 + – 2 + o( 2) (développement limité de ln)
2n 8n 2n 8n n
2 + o( 2) –
1 1 1
=– terme de signe constant
4n n 4n2
1 2n – 1 2n + 1
Comme la série 2 converge, il en est de même de (ln( ) + ln( )), ce qui prouve que
n n=1 2n 2n
le membre de droite est défini.
Remarquons maintenant que, 1 étant neutre pour le produit, on devrait aussi bien avoir :
2 1.3.3.5.5.7.7.9.9.11... 2 3.3.5.5.7.7.9.9.11... 2 1.1.3.3.5.5.7.7.9.9....
= que = ou =
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10.. 2.2.4.4.6.6.8.8.10... 2.2.4.4.6.6.8.8.10.10..
2 3.3.5.5.7.7.9.9.11... 32 52 72
Mais la formule = est constitué de produits 2, 2, 2, ... tous plus grands que
2.2.4.4.6.6.8.8.10... 2 4 6
2
1, donc le produit augmente et est supérieur à 1, et ne saurait converger vers , qui est strictement
inférieur à 1. D'ailleurs, en prenant les logarithmes, on obtient pour le terme général positif de la
série :
(2n + 1)2
) = 2 ln(1 + )
2n + 1 1 1
ln 2 = 2 ln(
(2n) 2n 2n n
1
Comme la série harmonique diverge et que les séries sont à termes positifs, la série
n
(2n + 1)2
ln diverge également. Ainsi, le fait même de supprimer le facteur 1 pourtant sans intérêt
(2n)2
dans un produit (ou de supprimer de la somme ln(1) qui est nul) rend la formule divergente. En fait,
il y a eu un réordonnement des termes entre :
1.3.3.5.5.7.7.9.9.11...
ln( ) = (ln(1) – ln(2) + ln(3) – ln(2)) + (ln(3) – ln(4) + ln(5) – ln(4)) + ...
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10..
et
3.3.5.5.7.7.9.9.11...
ln( ) = (ln(3) – ln(2) + ln(3) – ln(2)) + (ln(5) – ln(4) + ln(5) – ln(4)) + ...
2.2.4.4.6.6.8.8.10...
1.1.3.3.5.5.7.7.9.9.... 1
Si au contraire, on rajoute 1 pour obtenir la formule , alors les facteurs sont 2,
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10.. 2
32 52 1 1 2
, , ... tous inférieurs à 1, donc le produit sera inférieur au premier facteur 2 = alors que est
42 62 2 4
strictement supérieur à cette valeur. Aburdité également. En prenant les logarithmes, le terme
- 22 -
(2n – 1)2
) – là aussi terme général d'une
2n 1 1
général devient ln( 2 ) = – 2 ln = – 2 ln(1 +
(2n) 2n – 1 2n – 1 n
série divergente. Les termes étant négatifs, les sommes partielles de la série divergente de terme
(2n – 1)2 1.1.3.3.5.5.7.7.9.9....
général ln( ) tendent vers –, ce qui signifie que le produit infini est
(2n)2 2.2.4.4.6.6.8.8.10.10..
nul (au sens où la limite des produits partiels est nulle), sans qu'aucun facteur ne le soit !!
4- Comparaison série-intégrale
L'analogie entre série et intégrale impropre apparaît de manière encore plus apparente dans le
théorème suivant :
THEOREME :
Soit f une fonction positive décroissante sur [0, +[, continue par morceaux sur tout intervalle
[0, x]. Alors :
(i) La série f(n) converge si et seulement si l'intégrale f(t) dt converge.
0
n
(ii) La suite de terme général f(0) + ... + f(n) –
f(t) dt converge.
0
Démonstration :
(i) : f étant décroissante, pour tout n, on a :
n
f(n) f(t) dt f(n – 1)
n–1
Supposons que
f converge. On a alors :
0
k
n n n
n
Sn = f(k) = f(0) + f(k) f(0) + f(t) dt = f(0) + f(t) dt f(0) + f(t) dt
k=1
k=0 k=1
k–1 0 0
donc la série converge, car les sommes partielles (Sn) forment une suite croissante (f 0) majorée.
Réciproquement, si la série converge, on peut majorer les intégrales partielles. Si x est un réel de
partie entière n, on a :
x n+1 k
n+1
n+1 n
F(x) = f(t) dt f(t) dt = f(t) dt f(k – 1) = f(k) f(k)
0 0 k=1
k–1
k=1 k=0 k=0
Comme l'intégrale partielle est une fonction F croissante de x et majorée, elle converge.
Ci-dessous les graphiques permettent d'illustrer la démonstration. On considère les termes f(n)
comme les valeurs de fonctions en escalier :
- 23 -
n n n n–1
f(k)
f(t) dt
f(t) dt f(k)
k=1
0 0 k=0
n
(ii) : Posons un = f(0) + f(1) + ... + f(n) – f(t) dt. Cherchons le sens de variation de la suite (un).
0
En utilisant la décroissance de f, on a :
n+1
un+1 – un = f(n + 1) – f(t) dt 0
n
donc la suite (un) décroît. Montrons qu'elle est minorée :
n n+1 n n+1
un = f(0) + f(1) + ... + f(n) – f(t) dt f(t) dt – f(t) dt = f(t) dt 0
0 0 0 n
Etant décroissante minorée, la suite (un) converge.
k+1
On peut interpréter graphiquement la suite (un). Les quantités f(t) dt – f(k + 1) sont les aires des
k
triangles curvilignes apparaissant dans la figure ci-dessous à gauche, au dessus des rectangles. Si on
les déplace dans la même colonne [0, 1] [0, f(0)], 0 k n – 1, leur somme partielle vaut :
n n
f(t) dt – f(k) = f(0) – un
0 k=1
représentée dans la figure ci-dessous à droite. un est donc ce qui reste de cette colonne lorsque l'on
enlève les triangles curvilignes. (un) décroît, mais reste positive. Les triangles curvilignes, quant à
k+1
eux, forment une série f(t) dt – f(k + 1) qui est convergente. Ce résultat s'applique même si,
k
séparément, f(n) et
f(t) dt divergent.
0
- 24 -
EXEMPLES :
1
On retrouve le critère de convergence des séries de Riemann , par comparaison avec
n
1 dt. Les deux convergent si et seulement si > 1.
t
1
1
Pour = 1, on retrouve le fait que la série harmonique diverge car elle est de même nature
n
que l'intégrale de
1
t dt. L'application du (ii) sur l'intervalle [1, +[ permet de conclure que la
1
n1
suite de terme général un = 1 + + ... + –
1 1 1 1
dt = 1 + + ... + – ln(n) converge. Si on note sa
2 n t 2 n
1
limite (appelée constante d'Euler), on peut alors écrire :
1 1
1 + + ... + = ln(n) + + o(1)
2 n
et en particulier :
1 + + ... + ln(n) quand n tend vers l'infini
1 1
2 n
Une valeur approchée de la constante est 0.57721566... Le fait que 1 + + ... + ln(n) montre
1 1
2 n
1 1
que la série harmonique diverge extrêmement lentement. Le plus petit n tel que 1 + + ... + > 100
2 n
100– 43
est de l'ordre de e , soit 1.5 10 . En 1968, John Wrench a montré que ce nombre valait
exactement 15 092 688 622 113 788 323 693 563 264 538 101 449 859 497. Si le calcul de chaque
terme de la somme partielle prenait un milliardième de seconde, il faudrait plus de 4 1017 milliards
d'années pour effectuer le calcul de la somme partielle1.
La constante d'Euler permet de trouver des sommes de séries. Considérons par exemple la
(–1)n–1
somme de la série alternée n
, et sa somme partielle S2n :
n=1
1
Julian Havil, Gamma, Princeton University Press (2003), p.23.
- 25 -
2n
(–1)k–1 n 1 1 n 1
S2n = = –
k=1 k k=1 2k – 1 2 k=1 k
In Pn
2n
1
or Pn + In = = ln(2n) + + o(1)
k=1 k
1 n 1 1
et Pn = = (ln(n) + + o(1))
2 k=1 k 2
On peut également procéder à des encadrements en cas de fonction croissante. Considérons par
exemple ln(n!). On a :
n n+1
ln(t) dt ln(n) ln(t) dt
n–1 n
nln(n) – 1 – (n – 1)ln(n – 1) ln(n) (n + 1)ln(n + 1) – 1 – nln(n)
On somme ensuite les inégalités, de 2 à n pour l'inégalité de gauche, et de 1 à n pour celle de droite :
nln(n) – n + 1 ln(n!) (n + 1)ln(n + 1) – n
nne–n e n! (n + 1)n+1 e–n
1
Comme (n + 1)n+1 = exp((n + 1)ln(n + 1)) = exp( (n + 1)ln(n) + (n + 1)ln(1 + ) )
n
1 1
= exp( (n + 1)ln(n) + (n + 1)( + o( )) )
n n
= exp( (n + 1)ln(n) + 1 + o(1) )
nn+1 e
n!
on en déduit que est compris entre e et en qqc qui tend vers 1. Par des méthodes un peu plus
nne–n
compliquées, on peut montrer que n –n 2n, ou encore que n! nne–n 2n (Formule de
n!
ne
Stirling), ou enfin que (par ordre décroissant d'importance) :
1 1
ln(n!) = nln(n) – n + ln(n) + ln(2) + o(1)
2 2
Pour une démonstration, consulter les exercices du chapitre L2/SUITESF.PDF.
- 26 -
diverge. En effet, la comparaison série-intégrale nous ramène à l'intégrale
1 + 1
dx
nln(n) xln(x)
2
1
qui diverge, puisqu'une primitive de est ln(ln(x)) qui tend vers + quand x tend vers +. Le
xln(x)
1 1 1
terme général se glisse entre , terme général de série divergente, et les , termes généraux
nln(n) n n
de séries convergentes pour > 1.
5- Convergence absolue
Dans ce paragraphe, un est réel de signe quelconque, ou même est complexe. On dispose d'un critère
comparable à celui des intégrales d'une fonction de signe quelconque ou à valeurs complexes.
DEFINITION-PROPOSITION
Une série ( un) est dite absolument convergente si ( un ) converge.
Une série absolument convergente est convergente.
Démonstration :
Si un est réel, on pose :
un+ = un si un 0
= 0 sinon
–
un = – un si un 0
= 0 sinon
On a alors :
un = un+ + un–
un = un+ – un–
Les séries ( un+) et ( un–) sont des séries à termes positifs ou nuls, dont le terme général est
majorée par un . Elles sont donc convergentes. Il en est de même de la série ( un), différence de
ces deux séries. On a par ailleurs, en majorant la valeur absolue des sommes partielles et en passant
à la limite :
un un
n=0 n=0
EXEMPLE :
- 27 -
(–1)n+1 1
2 est absolument convergente, puisque 2 est une série de Riemann convergente. On
n n
1 2
peut même en calculer la somme si on admet la valeur donnée plus haut de n2 = 6 . On a en
n=1
effet (au besoin en considérant les sommes partielles avant de prendre leurs limites) :
1 1 1 1 2
2 = (2p)2 = 4 p2 = 24
n pair n p=1 p=1
1 1 1 2 2 2
2= 2– 2=
n n=1 n n pair n
– =
6 24 8
n impair
(–1)n+1 1 1 2 2 2
n2 = n2 – n2 = 8 – 24 = 12
n=1 n impair n pair
Ainsi, afin de voir si une série est convergente, on regarde si elle est absolument convergente, se
ramenant ainsi à des séries à termes positifs. On peut alors appliquer les méthodes d'équivalents, de
majorations, de minorations, de comparaison avec les séries de Riemann. Malheureusement, il
existe des séries qui sont convergentes sans être absolument convergentes. Pour ces séries, on a
(–1)n+1
un+ = un– = +, mais la série des différences converge. C'est le cas de n
. Comme pour
n=0 n=0
les fonctions, l'absolue convergence est donc une condition suffisante de convergence. La
détermination de la convergence d'une série qui n'est pas absolument convergente peut se révéler
ardu.
6- Règle de D'Alembert
Voici un critère de convergence, particulièrement adapté pour les séries dont les termes utilisent des
puissances ou des factorielles.
PROPOSITION
Soit un une série à termes non nuls. Alors :
un+1
(i) Si lim = l < 1, la série est absolument convergente.
n un
un+1
(ii) Si lim = l > 1, la série est diverge.
n un
- 28 -
Dans tous les autres cas, on ne sait pas conclure. On notera que les cas où l'on ne sait pas conclure
sont fréquents, puisqu'il y figure toutes les séries de Riemann, convergentes ou divergentes. Il
conveint donc de ne pas se précipiter sur ce critère mais de privilégier d'abord les critéres de
convergence par majoration et de divergence par minoration.
Démonstration :
un+1
(i) : Soit q compris entre l et 1. Puisque lim = l < 1, il existe N tel que, pour n N, on
n un
ait
un+1
q, donc, par récurrence, un uN qn–N et un = O(qn). Le terme général de la série un
un
se trouve majoré par le terme général d'une série géométrique de raison q inférieure à 1, qui est
convergente. La série un est donc elle-même convergente.
un+1
(ii) : Soit q compris entre 1 et l. Puisque lim = l < 1, il existe N tel que, pour n N, on
n un
un+1
ait q, et donc ici, on a un uN qn–N. Comme lim qn = +, il en est de même de un et
un n+
la série diverge grossièrement.
EXEMPLE :
zn
Reprenons la série de l'exponentielle, mais appliquée aux complexes. un = . Alors :
n!
un+1 z
= qui, pour tout z, tend vers 0.
un n+1
zn
La série est donc absolument convergente pour tout z. On appelle exponentielle complexe la
n=0 n!
7- Série produit
Soit un et vn deux séries. On appelle série produit (ou produit de Cauchy) la série wn de
terme général :
n
wn = u0vn + u1vn–1 + ... + ukvn–k + ... + unv0 = ukvn–k
k=0
PROPOSITION :
Si les séries un et vn sont absolument convergentes, il en est de même de la série wn et l'on a :
wn = un vn
n=0 n=0 n=0
Démonstration :
Si les séries sont à termes positifs, on a :
- 29 -
N N N
wn un vn
n=0 n=0 n=0
N
En effet, wn est la somme des uivj, où (i,j) parcourt le triangle TN défini par :
n=0
TN = {(i, j), 0 i N, 0 j N, i + j N}
N N
alors que un vn est la somme des uivj, (i, j) parcourant le carré CN = [0, N] [0, N]. Comme
n=0 n=0
TN CN et qu'on somme des termes positifs ou nuls, le second membre est bien supérieur ou égal
au premier. Par ailleurs, tous les termes des séries étant positifs ou nuls, les sommes partielles sont
N N N
croissantes, donc un vn un vn. La suite des sommes partielles ( wn) est donc
n=0 n=0 n=0 n=0 n=0
croissante et majorée par un vn, donc converge.
n=0 n=0
Pour la deuxième inégalité, remarquer que le carré CN est inclus dans le triangle T2N suivant :
T2N = {(i, j), 0 i 2N, 0 j 2N, i + j 2N}
2N
qui est parcouru par les indices des produits uivj de la somme wn. Il suffit ensuite de passer à la
n=0
limite.
n n
Comme wn = ukvn–k uk vn–k = zn et que zn converge, la série wn est absolument
k=0 k=0
convergente. Il reste à montrer que sa somme est le produit des sommes des deux séries. On a en
effet :
N N N
un vn – wn = upvq
n=0 n=0 n=0 (p,q) E
- 30 -
et cette dernière expression tend vers 0 quand N tend vers l'infini en vertu du résultat précédent sur
les séries produit à termes positifs.
Les résultats suivants sont donnés à titre purement indicatif (et on ne doit pas chercher à les retenir
ou les utiliser) pour montrer que la situation est moins triviale qu'il ne paraît2 :
Il suffit que l'une des séries un ou vn soit absolument convergente et l'autre convergente pour
que la série produit wn soit bien égale au produit des deux séries.
Si les deux séries sont convergentes, mais qu'aucune n'est absolument convergente, il se peut que
(–1)n
wn diverge. Prenons par exemple un = vn = dont nous montrerons dans le paragraphe
n
n–1
(–1)n
suivant la convergence, pour n 1. La série-produit a pour terme général wn = . Or
k=1 p(n – p)
n2 n
p(n – p) est majoré par , donc sa racine est majorée par . On a donc wn qui est minoré par
4 2
2(n – 1)
et qui ne tend pas vers 0 quand n tend vers +. Donc la série produit diverge
n
grossièrement.
Si un converge, on peut montrer qu'il existe une série vn convergente telle que wn diverge.
Si les trois séries un, vn et wn sont convergentes, la série produit wn est bien égale au
produit des deux séries.
1 1
Si les deux séries un et vn convergent, et si un = O( ) et vn = O( ), alors la série produit wn
n n
est bien égale au produit des deux séries.
8- Séries alternées
On dit que la série un est alternée si (–1)n un est de signe constant. Le résultat suivant est dû à
Leibniz en 17143.
Démonstration 1 :
On a, en notant Sn = u0 + ... + un les sommes partielles de la série :
S2n+2 – S2n = u2n+2 + u2n+1 = v2n+2 – v2n+1 0
S2n+1 – S2n–1 = u2n+1 + u2n = – v2n+1 + v2n 0
Donc la suite (S2n) est décroissante. La suite (S2n+1) est croissante, et S2n – S2n+1 = v2n+1 tend vers 0.
Les deux suites (S2n) et (S2n+1) sont donc adjacentes (voir L1/SUITES.PDF) et possèdent une limite
2
Plusieurs des résultats énoncés se trouvent dans G. H. Hardy, Divergent series, Clarendon Press (1948), rééd. Gabay
(1992), ch. X.
3
"Si tu y prêtes attention, tu remarqueras aisément que lorsque les terme d'une série sont continûment décroissants et
alternativement positifs et négatifs, la valeur qu'elle exprime converge et est par conséquent finie". Lettre du 10 janvier
1714 à Jean Bernoulli, Leibnizens mathematische Schriften, t. III, p.926.
- 31 -
commune S, ce qui entraîne que la suite complète (Sn) converge vers S. On a également, pour tout
n:
S2n–1 S2n+1 S S2n
Donc u2n+1 = S2n+1 – S2n S – S2n 0 et comme S – S2n = R2n, on a bien u2n+1 R2n 0
De même, u2n = S2n – S2n–1 S – S2n–1 0, et comme S – S2n–1 = R2n–1, on a bien u2n R2n–1 0
Démonstration 2 :
On montre que la suite des sommes partielles Sn = u0 + ... + un est une suite de Cauchy (voir
L1/SUITES.PDF). Considérons donc Sp – Sn, avec p n :
Sp – Sn = (–1)n+1vn+1 + (–1)n+2vn+2 + ... + (–1)pvp
= (–1)n+1(vn+1 – vn+2 + ... + (–1)p–n+1vp)
donc, puisque la suite (vn) décroît et est positive, si p – n est pair :
vn+1 – vn+2 + ... + (–1)p–n+1vp = (vn+1 – vn+2) + (vn+3 – vn+4) + ... + (vp–1 – vp) 0
= vn+1 – (vn+2 – vn+3) – (vn+4 – vn+5) – ... – (vp–2 – vp–1) – vp vn+1
et si p – n est impair :
vn+1 – vn+2 + ... + (–1)p–n+1vp = (vn+1 – vn+2) + (vn+3 – vn+4) + ... + (vp–2 – vp–1) + vp 0
= vn+1 – (vn+2 – vn+3) – (vn+4 – vn+5) – ... – (vp–1 – vp) vn+1
Ainsi, dans tous les cas :
0 vn+1 – vn+2 + ... + (–1)p–n+1vp vn+1
donc :
Sp – Sn vn+1
Pour strictement positif donné, il existe N tel que, pour n > N, on a 0 vn+1 < et donc, pour tout
p n > N, Sp – Sn < .
La suite des sommes partielles est bien de Cauchy, donc elle converge.
On a montré en outre que (–1)n+1(Sp – Sn) 0. En faisant tendre p vers l'infini dans cette inégalité
ainsi que dans Sp – Sn vn+1, on constate que le reste de la série Rn est du signe de (–1)n+1 (i.e.
celui de un+1) et majoré en valeur absolue par vn+1 = un+1 .
EXEMPLES :
(–1)n
Il résulte de cette proposition que, pour tout strictement positif, la série converge. C'est
n
(–1)n (–1)n
le cas en particulier de déjà rencontré, et de .
n n
1
utilisait l'intégrale (–1)n
(–1)n–1 tn
L'une des démonstrations de la formule ln(2) = 1 + t dt.
n=1 n 0
Adaptons la même démonstration au cas de l'intégrale suivante :
1 2n 1 2n–2
In = (–1)n n t
t (1 + t2) – t2n–2
1 + t2 dt = (–1) 1 + t2
dt
0
0
1
(–1)n
= (–1)n t2n–2 dt + In–1 = + In–1
0 2n – 1
- 32 -
1
avec I0 =
1
1 + t2 dt = 4
0
+ ... + – 1 + I0 = –
n
(–1)n (–1)n–1 1 (–1)k–1
In = +
2n – 1 2n – 3 3 4 k=1 2k – 1
1
1
En outre, on a 0 In t2n dt = qui tend vers 0, donc, en passant à la limite, on obtient :
0 2n + 1
0= – ou encore =
(–1)k–1 (–1)k
après changement d'indice.
4 k=1 2k – 1 4 k=0 2k + 1
Plus généralement, la même méthode permet de montrer que, pour tout strictement positif :
1 k
1 dt = (–1)
1+t
0 k=0 k + 1
tn
1
Il suffit de prendre In = (–1)n
(–1)n
1 + t dt. On aura In =
n – + 1
+ In–1, etc.
0
Les théorèmes précédents ne prévoient que deux situations où l'on sait conclure sur la
convergence de séries à termes quelconques : les séries absolument convergentes, et les séries
alternées vérifiant les hypothèses du critère de Leibniz. Il est cependant possible de conclure dans
inx
e
d'autres cas, mais c'est plus difficile. Nous nous bornerons à un exemple : n , pour x différent de
n=1
einx 1
0 modulo 2. Ecrivons sous la forme anBn avec an = einx et Bn = . Nous allons procéder à une
n n
sommation par parties, méthode dite d'Abel, analogue à une intégration par parties. On pose :
N
einx
SN = anBn somme partielle de la série
n
n=1
n–1
An = ak de sorte que an = An+1 – An
k=1
bn = Bn+1 – Bn
On a alors :
N N N N N+1 N
SN = anBn = (An+1 – An)Bn = An+1Bn – AnBn = AnBn–1 – AnBn
n=1 n=1 n=1 n=1 n=2 n=1
N
= AN+1BN – A1B1 + An(Bn–1 – Bn)
n=2
N
= AN+1BN – A1B1 – Anbn–1
n=2
- 33 -
On va utiliser le fait que la suite (An) est bornée, et que la suite (Bn) est positive décroissante de
limite nulle pour conclure. La suite (An) est bornée car :
n–1
1 – ei(n–1)x
An = eikx = eix 1 – eix
k=1
2 2
donc n, An . Posons M =
ix
1–e 1 – eix
Par ailleurs, (Bn) convergeant vers 0, lim AN+1BN = 0. Quant à la série Anbn–1, elle est
N
absolument convergente. En effet :
N N N
Anbn–1 M bn–1 = – M bn–1 car bn–1 0, la suite (Bn) étant décroissante
n=2 n=2 n=2
N
– M(BN – B1) la somme bn–1 étant télescopique
n=2
MB1 car BN 0
N
La suite des sommes partielles Anbn–1 étant croissante et majorée, elle converge. On a donc
n=2
einx
montré que Anbn–1 converge. Il en résulte que lim SN existe. Donc converge.
N n
En séparant partie réelle et imaginaire, on en déduit également que, pour x 0 mod 2, les séries
sin(nx) cos(nx)
et convergent.
n n
La majoration du reste donnée dans le théorème permet de donner des valeurs approchées de
k
(–1)
somme de séries. Reprenons le cas de ln(2) = k + 1 et approximons ln(2) par une somme
k=0
n k
(–1) 1
partielle Sn = k + 1. Quelle valeur donner à n pour être certain que ln(2) – Sn 1000 ? Comme
k=0
1 1 1
ln(2) – Sn = Rn et que, ici, Rn , il suffit de prendre n tel que , soit n 998.
n+2 n + 2 1000
(–1)999
Comme R998 0 (signe de ), on a :
1000
1
S998 – ln(2) S998
1000
1
donc une valeur approchée de ln(2) est S998 – , milieu de l'intervalle d'encadrement, avec une
2000
1
erreur inférieure à . Numériquement, une calculatrice ou un ordinateur donne :
2000
ln(2) 0,6931471806
1
S998 – 0.6931474305
2000
- 34 -
III : Familles sommables
Considérons une famille de complexes aij, i N, j N. On s'intéresse aux deux façons suivantes
de calculer la somme des aij : aij et aij. Il peut arriver que chacune que ces deux sommes
i=0 j=0 j=0 i=0
EXEMPLE :
Pour chaque i 0, soit aii = 1, ai,i+1 = – 1, tous les autres aij, j i et j i + 1, étant nuls.
On a donc, pour tout i, aij = 0, et donc aij = 0.
j=0 i=0 j=0
Par contre on a :
a00 = 1 et ai0 = 0 si i > 0.
et pour chaque j > 0 :
aj–1,j = – 1, ajj = 1, les autres aij étant nuls
donc ai0 = 1 et, pour j > 0, aij = 0
i=0 i=0
donc aij = 1
j=0 i=0
On constate que aij aij.
i=0 j=0 j=0 i=0
On peut représenter les aij dans un tableau, i étant l'indice de ligne et j l'indice de colonne. Pour tout
i, aij représente la somme de la ligne i et aij la somme des sommes des lignes. Pour tout j,
j=0 i=0 j=0
aij représente la somme de la colonne j et aij la somme des sommes de colonnes.
i=0 j=0 i=0
- 35 -
j=0 j=1 j=2 j=3 ...
...
i=0 1 –1 0 0 a0j = 0
j=0
...
i=1 0 1 –1 0 a1j = 0
j=0
...
i=2 0 0 1 –1 a2j = 0
j=0
...
i=3 0 0 0 1 a3j = 0
j=0
... ... ... ... ... ... aij = 0
j=0
ai0 = 1 ai1 = 0 ai2 = 0 ai3 = 0 aij = 0
i=0 i=0 i=0 i=0 i=0
1 1 1
Comme pour la série 1 – + – + ... qui change de somme si on permute les termes, la série aij
2 3 4 i,j
change de somme selon la façon dont on effectue la sommation. Pour éviter ce problème, il convient
de rajouter des hypothèses et donner un procédé de sommation qui ne dépend pas de l'ordre dans
lequel sont pris les termes.
ensembles finis de I tels que J K, on a ai ai en raison de la positivité des ai. Plus on prend
iJ iK
de termes, plus la somme partielle est grande. Il est donc naturel de poser la définition suivante :
DEFINITION
Soit (ai)iI une famille de réels positifs ou nuls. On dit que cette famille est sommable si l'ensemble
des sommes ai, J fini inclus dans I, est majoré. On pose alors :
iJ
ai = Sup { ai | J I, J fini}
iI iJ
- 36 -
EXEMPLES :
Cette définition est cohérente avec celle des séries usuelles an à termes positifs ou nuls. Les
sommes partielles formant une suite croissante, on a en effet :
N N
an = lim an = Sup { an | N N} Sup { ai | J N, J fini}
n=0 N n=0 n=0 iJ
N
car l'ensemble { an | N N} est inclus dans l'ensemble { ai | J N, J fini}. Mais on a aussi,
n=0 iJ
Finalement, les deux inégalités donnent Sup { ai | J N, J fini} = an.
iJ n=0
Si (ai)iI est une famille sommable de réels positifs ou nuls, et si (bi)iI est une famille de réels
tels que, pour tout i, 0 bi ai, alors (bi)iI est sommable et bi ai. En effet, pour toute partie
iI iI
bi ai ai
iJ iJ iI
donc les sommes bi sont majorées par le nombre ai. Leur borne supérieure existe donc et
iJ iI
vérifie bi ai.
iI iI
Si (ai)iI est une famille sommable de réels positifs ou nuls, et si J, fini ou non, est inclus dans I,
alors (ai)iJ est sommable et ai ai. En effet, les sommes finies ai, K J, peuvent être vues
iJ iI iK
comme sommes finies avec K I, donc sont majorées par ai. Leur borne supérieure existe donc
iI
- 37 -
1
Soit > 0. On considère la famille , m et n étant éléments de N*. On a ici
(m + n2)
2
I = N* N*.
Montrons que, si > 1, la famille est sommable. Soit J fini inclus dans I. Il existe un entier N tel
que J soit inclus dans une partie [[ 1, N ]] [[ 1, N ]] . Pour chaque m de [[ 1, N ]] , on a, par
comparaison série-intégrale :
N N n N
1
1
dt = 1
2 dt
(m2
+ n 2
) (m2
+ t 2
) (m2
+ t )
n=1 n=1
n–1
0
1
(m2 + t2) dt
0
1
L'intégrale est convergente car la fonction t est positive ou nulle et, au voisinage de
(m + t2) 2
l'infini, 2 2 2 avec 2 > 1. Donc t 2 2 est intégrable sur [0, +[. Effectuons le
1 1 1
(m + t ) t (m + t )
changement de variable t = mu :
1 1
1
dt = 2 du
(m + t )
2 2
m
2–1
0 0 (1 + u )
1
On a 2 – 1 > 1 car > 1, donc 2–1 est convergente. Finalement :
m
N N N
1 1 1 1 1 1
2 2 2 2 2–1 2 du 2–1 2 du
(m + n ) m=1 n=1 (m + n ) m=1 m (1 + u ) m=1 m
(m,n)J
(1 + u )
0 0
1 1
Donc les 2 sont bornées, et la famille ( ) est sommable.
(m,n)J
2
(m + n ) (m + n2)
2
Le minorant tend vers l'infini quand N tend vers l'infini puisque la série harmonique diverge, de
N N
1
sorte que les sommes m2 + n2 ne sont pas majorées.
m=1 n=1
On peut donner une autre formulation d'une famille sommable. Soit (ai)iI une famille sommable et
S = ai. Le fait que S soit la borne supérieure des sommes finies entraîne que :
iI
- 38 -
J fini K fini I, ai ai S
iJ iK
A fortiori, on aura :
et enfin :
Réciproquement, si (ai) est une famille de réels positifs ou nuls, et si S' est un réel vérifiant la
proposition (*), alors la famille est sommable de somme S'. En effet, prenons un > 0. D'après (*),
on a ai < S' + pour toute partie finie K de I contenant la partie finie J, mais cette majoration est
iK
ai ai < S' +
iK iKJ
Ainsi, les sommes finies ai sont toutes majorées, donc la famille est sommable. Si S = ai, S et
iK iI
S' vérifieront tous deux la relation (*). Vérifions qu'alors S = S'. Pour tout > 0 :
S – S' < 2. Ceci étant vrai pour tout > 0, on a bien S = S'.
Pour une famille de réels positifs ou nuls, on dispose donc de deux définitions possibles de la
sommabilité. L'intérêt de la seconde est qu'elle peut s'appliquer à toute famille de réels, de signe
constant ou non, ou même à toute famille de complexes. L'intérêt de la première est qu'elle se base
sur de simples majorations, rendant les démonstrations souvent plus faciles.
- 39 -
3- Famille quelconque de complexes
Au vu du paragraphe précédent, on pose la définition suivante :
DEFINITION
Soit (ai)iI une famille de complexes. On dit que cette famille est sommable de somme S si :
On note S = ai.
iI
De même, on laisse au lecteur le soin de vérifier que, si (ai)iI et (bi)iI sont sommables, il en est de
même de (ai + bi)iI et de (ai)iI, avec :
(ai + bi) = ai + bi
iI iI iI
ai = ai
iI iI
La définition de la sommabilité ne donne aucune indication sur l'ordre dans lequel s'effectue la
sommation. Plus précisément, on a :
PROPOSITION
Soit I un ensemble en bijection avec N, et une bijection quelconque entre N et I. Soit (ai)iI une
famille sommable de somme S. Alors a(n) est convergente et a(n) = ai.
n=0 iI
Le résultat précédent ne dépend pas de la bijection choisie. Changer de bijection revient à changer
l'ordre des termes dans la somme a(n). La proposition montre que la somme ne dépend pas de
n=0
- 40 -
(–1)n
l'ordre des termes (contrairement par exemple à la série comme on l'a vu plus haut). On dit
n
Démonstration :
Pour tout > 0, soit J une partie finie de I telle que, pour toute partie K finie de I contenant J, on
a ai – S < . Soit N assez grand pour que J {(0), (1), ..., (N)}. Alors, pour tout n N, la
iK
n
partie K = {(0), (1), ..., (n)} est finie et contient J, donc a(k) – S < , ce qui prouve que
k=0
n
lim a(k) = S, d'où la conclusion.
n k=0
PROPOSITION
Soit (ai)iI une famille de complexes.
(i) (ai)iI est sommable ( ai )iI est sommable.
Dans ce cas, ai ai .
iI iI
(ii) Si (ai)iI est sommable, toute sous-famille (ai)iJ, J fini ou non inclus dans I, l'est
également.
(iii) Si (ai)iI est sommable, et si (bi)iI est une famille telle que, pour tout i, bi ai , alors
la famille (bi)iI est sommable.
Le (i) donne un critère simple pour montrer qu'une famille est sommable. On raisonne sur la famille
des modules, en cherchant à majorer les sommes finies des modules. Il montre aussi, que, lorsque
I = N, il n'y a pas de différence entre famille sommable et série absolument convergente.
Démonstration :
(i), réduction du cas complexe au cas réel : On se amène au cas réel en séparant partie réelle et
imaginaire. En effet, si (ai) est une famille sommable de complexes, alors :
- 41 -
Donc la famille (Re(ai))iI est sommable. De même pour la partie imaginaire. Réciproquement, si
(Re(ai))iI et (Im(ai))iI sont sommables, il en sera de même de (ai)iI, combinaison linéaire des
deux.
Si on parvient à montrer l'équivalence annoncée dans la proposition pour les familles réelles, on
aura alors, dans le cas complexes :
(ai)iI sommable (Re(ai))iI et (Im(ai))iI sommables
( Re(ai) )iI et ( Im(ai) )iI sommables
( ai )iI sommable
Dans la dernière équivalence, le sens utilise ai Re(ai) + Im(ai) , et le sens utilise
Re(ai) ai et Im(ai) ai .
(i) : Supposons donc les ai réels. L'implication ( ai )iI sommable (ai)iI sommable se
calque sur la démonstration de an absolument convergente an convergente.
On suppose donc ( ai )iI sommable. Pour tout i, on pose :
ai+ = ai si ai 0
= 0 sinon
–
ai = – ai si ai 0
= 0 sinon
On a alors :
ai = ai+ + ai–
ai = ai+ – ai–
Comme, pour tout i, 0 ai+ ai et 0 ai– ai et que ( ai )iI est sommable, (ai+)iI et (ai–)iI sont
sommables, donc (ai)iI aussi, comme combinaison linéaire de (ai+)iI et (ai–)iI. On a de plus :
donc ai ai
iI iI
(i) : Supposons les ai réels, et (ai)iI sommable, de somme S. Si l'ensemble des ai+ non nuls est
fini, on a évidemment ai+ fini. Supposons donc que l'ensemble des ai+ non nuls soit infini. (ai)iI
iI
étant sommable, soit > 0 et J fini tel que, pour tout K fini contenant J, ai – S < . Cette
iK
inégalité précédente est vérifiée pour K réunion de J et d'un ensemble fini L quelconque disjoint de
- 42 -
J d'indices i tels que ai+ 0 (et donc tels que ai+ = ai). Lorsque L varie, les sommes ai sont donc
iJL
ai+ = ai = ai – ai
iL iL iJL iJ
Il en résulte que les sommes finies de termes ai+ sont majorées, donc que la famille (ai+)iI est
sommable.
De même, la famille (ai–)iI est sommable et il en est de même de ( ai )iI comme combinaison
linéaire de (ai+)iI et de (ai–)iI.
ii) : La propriété (ii) a déjà vue pour les séries à termes positifs. Dans le cas général, on s'y
ramène grâce au (i) :
(ai)iI sommable ( ai )iI sommable ( ai )iJ sommable (ai)iJ sommable
iii) :
(ai)iI sommable ( ai )iI sommable ( bi )iI sommable (bi)iI sommable
La deuxième implication est vraie, comme on l'a vu par comparaison de familles de réels positifs ou
nuls.
On dispose enfin de la proposition suivante, montrant qu'on a toute latitude dans la façon de
regrouper les termes pour calculer la somme d'une famille sommable (ai)iI.
PROPOSITION
Soit (ai)iI une famille de complexes. On suppose que I est partitionné en une famille (Im)mM.
(i) Si (ai)iI est sommable de somme S, alors, pour tout m élément de M, (ai)iIm est
sommable de somme Sm,et la famille (Sm)mM est sommable de somme S.
(ii) (ai)iI est sommable pour tout m élément de M, ( ai )iIm est sommable de somme
Tm,et la famille (Tm)mM est sommable.
Le (i) traduit le fait que, si (ai)iI est sommable, et si I = Im, union disjointe, alors :
mM
ai = ai
iI mM iIm
Démonstration :
(i) : Supposons (ai)iI sommable de somme S. Pour tout m de M, comme Im I, (ai)iIm est
sommable. On note Sm sa somme. Montrons maintenant que la famille (Sm)mM est sommable de
somme S.
- 43 -
Soit > 0. Il existe une partie finie J telle que, pour K fini contenant J, ai – S < . J est
iK
recouvert par un nombre fini de Im, m décrivant une certaine partie finie N de M. Nous allons
vérifier que cette partie finie N est celle qui intervient dans la définition de la sommabilité de
(Sm)mM. Soit P une partie finie de M contenant N. Pour chaque m de P, il existe Jm fini inclus dans
Im tel que :
ai – Sm < Card(P)
iJm
et, au besoin en rajoutant les éléments manquant de J Im, on peut supposer J Im Jm Im.
Notons K = Jm, union disjointe puisque les Im sont disjoints. K contient également J puisque :
mP
J= (J Im) mP
mN
(J Im) mP
Jm = K
On a alors :
Sm – S = (Sm – ai) + ai – S
mP mP iJm iK
Sm – ai + ai – S
mP iJm iK
< 2
étant quelconque, l'inégalité précédente montre que la famille (Sm) est sommable, de somme S.
(ii) : Si (ai)iI est sommable, alors ( ai )iI également, et il suffit d'appliquer le (i) à la famille
( ai )iI.
(ii) : Pour montrer que (ai)iI est sommable, on montre que ( ai )iI l'est, et pour cela, on
montre que toute somme finie ai est majorée par le nombre Tm. Soit N une partie finie de M
iJ mM
ai = ai Tm Tm
iJ mNiJIm mN mM
EXEMPLES :
- 44 -
Dans le (ii), l'usage des modules est indispensable. Il ne suffit pas que, pour tout m élément de M,
(ai)iIm soit sommable de somme Sm,et la famille (Sm)mM sommable de somme S pour conclure que
la famille (ai)iI est sommable. Prenons I = N, an = (–1)n, et pour tout m N, Im = {2m, 2m + 1}.
Alors Sm = 0 pour tout m, donc an = 0, mais (an)nN n'est pas sommable puisque an
m=0 nIm
diverge.
Dans le cas des séries doubles, pour montrer que aij = aij, il suffit de montrer que la
i=0 j=0 j=0 i=0
famille (aij) est sommable. Les deux sommes seront alors égales à aij, la première somme
i,j
correspondant à la partition N2 = {i} N, la seconde à la partition N2 = N {j}.
i=0 j=0
D'après (ii), pour montrer cette sommabilité, il suffit par exemple de montrer que, pour tout i, la
série aij converge et est majorée par un nombre Mi tel que la série Mi converge.
j=0
1
Si on reprend l'exemple de la série double , m et n étant éléments de N*, > 0, on
(m + n2) 2
conclut à sa sommabilité un peu plus rapidement que nous ne l'avons fait plus haut, en appliquant le
1
(ii) sans avoir recours aux parties finies. Pour tout m, 2 2 est sommable puisqu'il s'agit
n (m + n )
1
d'une série à termes positifs, dont le terme général est équivalent à , avec 2 > 1. On a ensuite :
n2
1
n 1 1 1 1
Tm = dt = dt = (1 + u2) du
n=1 (m + t )
2 2 2 2 2 2 2–1
n=1 (m + n ) (m + t ) m
n–1 0
0
1
Comme 2 – 1 > 1, converge, donc Tm aussi.
m2–1
On peut redonner une démonstration de la proposition sur les séries produits sous la forme
suivante. Si (ui)iI et (vj)jJ sont deux familles sommables (et donc ( ui )iI et ( vj )jJ également),
alors (ui vj)(i,j)IJ est sommable et :
ui vj = ui vi
(i,j)IJ iI iI
- 45 -
En effet, appliquant (ii), on partitionne I J en la réunion des Im = I {m}, m J. Pour chaque m,
L'application de (i) à la famille (ui vj)(i,j)IJ avec la même partition que ci-dessus donne la
conclusion.
Dans le cas où I = J = N, on a alors un vm = un vn, mais on peut aussi partitionner N2
(n,m)NN n=0 n=0
Soit (1, 2) un couple de complexes non nuls et non colinéaires. Soit I la famille (m1 + n2),
m Z, n Z, non tous deux nuls. Alors, pour tout z complexe non élément de I, la famille
1 1
( 2 – 2) est sommable. En effet, posons r = z . Laissons de côté les de I de module
(z – ) I
1 1
inférieur à r + 1 (qui sont en nombre fini), et montrons que la famille des – , pour dans
(z – )2 2
I de module supérieur ou égal à r + 1, est sommable. On a :
1 1 2z – z2 2r + r2
– =
(z – )2 2 (z – )22 ( – r)2 2
3r 3r 3r(r + 1)
=
( – r)2 2
( – r)2 3
La dernière inégalité résulte du fait que, pour r + 1, r + 1. Il suffit donc de montrer
–r
1
que la famille des est sommable. Pour tout m et n non tous deux nuls, il existe tel que
3
- 46 -
1 3
Or on a vu que la famille ( 2 2 ), m 1, n 1, était sommable pour > 1. On a ici = > 1.
(m + n ) 2
On partitionne I en :
les (m, n) tels que m 1, n 1
les (m, n) tels que m 1, n –1
les (m, n) tels que m –1, n 1
les (m, n) tels que m –1, n –1
les (m, n) tels que m = 0, n 1
les (m, n) tels que m = 0, n –1
les (m, n) tels que m 1, n = 0
les (m, n) tels que m –1, n = 0
1
et l'on constate que chaque sous-famille des sur chacune des parties précédentes est sommable.
3
1 1 1
La famille complète est donc sommable. La fonction z
z2
+ ((z – w)2 – w2) s'appelle fonction
w
de Weierstrass. Elle est dotée de trop nombreuses propriétés pour qu'on puisse les énoncer ici.
4- Produits infinis
DEFINITION
Soit (an)nN une famille de complexes non nuls. On dit que le produit an converge si la suite
N
( an)NN converge vers une limite non nulle. On note alors an cette limite.
n=0 n=0
n
ak
k=0
= 1. Ainsi, il est nécessaire que le
Si le produit infini converge, alors on a lim an = lim n–1
n n
ak
k=0
terme général an tende vers 1 pour que le produit converge. C'est pourquoi on utilise souvent les
notations (1 + un) avec (un) une suite de limite nulle.
EXEMPLES :
- 47 -
La condition lim an = 1 n'est pas suffisante pour que le produit an converge, pas plus que la
n
1
condition lim an = 0 n'est suffisante pour que la série an converge. Par exemple, (1 + )
n n
diverge puisque, pour tout N :
N N
1 n+1 2 3 4 N N+1
(1 + n) = n = 1 2 3 ... N – 1 N = N + 1
n=1 n=1
quantité qui tend vers l'infini quand N tend vers l'infini. On aurait pu aussi prendre le logarithme et
se ramener à la comparaison avec la série harmonique divergente.
On a de même :
N N
1 n–1 1 2 3 N–2 N–1 1
(1 – n) = n = 2 3 4 ... N – 1 N = N
n=2 n=2
1
quantité qui tend vers 0 quand N tend vers l'infini. On a ainsi (1 – n) = 0, produit considéré
n=2
comme divergent vers 0. On aurait pu, là aussi, prendre le logarithme pour conclure.
On a déjà rencontré plus haut la formule de Wallis, où l'on a montré la convergence du produit
infini :
2 1.3.3.5.5.7.7.9.9.11... (2n – 1)(2n + 1)
= =
2.2.4.4.6.6.8.8.10.10.. n=1 (2n)2
n
(2k – 1)(2k + 1)
Montrons cette formule. Soit Pn le produit partiel (2k)2
. On a P0 = 1 (produit vide), et
k=1
(2n – 1)(2n + 1)
pour tout n 1, Pn = Pn–1.
(2n)2
/2
Considérons maintenant les intégrales dites de Wallis, In = n
sin (t) dt. On a I0 = 2, I1 = 1, et,
0
pour n 2, une intégration par parties, avec u = sin (t) et v' = sin(t), donne :
n–1
/2 /2
In = [– sinn–1(t)cos(t)] + (n – 1)sinn–2(t)cos2(t) dt
0 0
/2
= (n – 1) n–2 2
sin (t)(1 – sin (t)) dt
0
= (n – 1)(In–2 – In)
n–1
donc In = In–2
n
2n – 1 2n
donc I2n = I2n–2 et I2n+1 = I2n–1
2n 2n + 1
On en déduit par récurrence les valeurs des intégrales de Wallis :
- 48 -
1 3 ... (2n – 1) /2 2n
I2n = = sin (t) dt
2 4 ... (2n) 2
0
I2n 2
donc Pn = . Remarquons enfin que, pour tout n :
I2n+1
sin2n+1(t) sin2n(t) sin2n–1(t)
donc, en intégrant entre 0 et :
2
I2n+1 I2n I2n–1
I I 2n + 1
donc 1 2n 2n–1 =
I2n+1 I2n+1 2n
I
donc lim 2n = 1
n 2n+1I
2 I 2
et lim Pn = lim 2n =
n n I2n+1
qui est bien le résultat annoncé.
On dispose du critère de convergence suivant, ainsi qu'une formule développant le produit infini en
somme de série.
PROPOSITION
Soit (un)nN une suite de complexes. Pour toute partie finie Q incluse dans N, on pose uQ = ui
iQ
Une réciproque est triviale : si la famille (uQ)Q fini N est sommable, alors ( uQ )Q fini N aussi, et
donc ( un )nN aussi, puisque c'en est une sous-famille correspondant aux cas où Q est un singleton
{n}. Par conséquent un est absolument convergente, et les affirmations précédentes s'appliquent
également.
Le (iii) signifie que le produit infini (1 + un) se développe en la somme infinie (sommée dans
n=0
l'ordre que l'on veut) des termes constitués de 1 (pour Q = ), de tous les termes ui (pour Q égal à
un singleton), de tous les termes uiuj (pour Q égal à un doublet {i, j}), de tous les termes uiujuk (pour
- 49 -
Q égal à un triplet {i, j, k}), et d'une manière générale, de tous les termes ui1ui1...uiN, i1 < i2 < ... < iN,
N quelconque. Il n'y a pas dans ce développement de produit infini de ui, ces produits infinis étant
nuls.
Démonstration :
On commence par montrer la proposition dans le cas où les un sont des réels positifs ou nuls, les
démonstrations pouvant se faire par majoration, sans recours aux .
(i) : En passant aux logarithmes, (1 + un) converge ln(1 + un) converge. Or, les un étant
positifs ou nul, l'hypothèse affirme que un converge, donc la suite un converge vers 0, donc
ln(1 + un) un quand n tend vers l'infini. Leurs termes généraux étant positifs ou nuls, les deux
séries ln(1 + un) et un sont de même nature, convergentes.
(ii) : Montrons que, pour toute famille finie J dont les éléments sont des parties Q finies incluses
dans N, la somme uQ est majorée par (1 + un), ce qui montrera la sommabilité de la famille
QJ n=0
des (uQ). Les éléments i des parties Q J sont en nombre fini, donc il existe un entier N tels que ces
indices i soient élément de [0, N]. Autrement dit : Q J, Q [0, N]. On remarquera que :
uQ = 1 + u0 + ... + uN + u0u1 + u0u2 + ... + uN–1uN + u0u1u2 + ... + u0u1...uN
Q[0,N]
la somme de droite étant obtenue en prenant d'abord Q = , puis Q parcourant les singletons {i},
puis les doublets {i, j}, puis les triplets, etc..., jusqu'à la partie complète [0, N]. Or ce membre de
droite n'est autre que le développement de (1 + u0)...(1 + uN). Ainsi :
uQ uQ = (1 + u0)...(1 + uN) (1 + un)
QJ Q[0,N] n=0
puisque, pour des quantités positives ou nulles, uQ est la borne supérieure des uQ
Q fini, QN QJ
lorsque J varie dans l'ensemble des familles finies dont les éléments sont des parties finies Q de N.
(iii) : Pour tout entier N, considérons la famille finie J = P([0, N]). On a :
N
(1 + un) = uQ = uQ uQ (1 + un)
n=0 Q[0,N] QJ Q fini, QN n=0
N
donc (1 + un) uQ (1 + un)
n=0 Q fini, QN n=0
- 50 -
et en faisant tendre N vers l'infini, on obtient uQ = (1 + un).
Q fini, QN n=0
Passons maintenant au cas général, où les un sont complexes. On suppose donc que un
converge.
(i) : On passe à la forme trigonométrique. Comme, pour tout N :
N N N N
(1 + un) = ( 1 + un exp(iarg(1 + un))) = 1 + un exp(i arg(1 + un))
n=0 n=0 n=0 n=0
pour montrer que (1 + un) converge, il suffit de montrer que 1 + un converge et que
arg(1 + un) (pour un bon choix d'arguments) converge.
Posons un = rn exp(in), avec rn = un et donc rn convergente, et en particulier lim rn = 0. On a :
n
1 + un = 1 + rn exp(in) = 1 + rncos(n) + irnsin(n)
donc 1 + un = (1 + rncos(n))2 + rn2sin2(n) = 1 + 2rncos(n) + rn2 = 1 + rncos(n) + o(rn)
donc ln( 1 + un ) = ln(1 + rncos(n) + o(rn)) = rncos(n) + o(rn)
(ii) Comme un converge (et en particulier lim un = 0), on a aussi ln(1 + un ) converge, les
n
deux séries étant à termes positifs ou nuls et ln(1 + un ) un . Donc (1 + un ) converge.
Appliquant le cas réel positif ou nul de la présente proposition, on en conclut que la famille ( uQ ),
Q fini inclus dans N, est sommable, et il en est de même de la famille des (uQ).
(iii) Soit > 0. D'après la définition de la sommabilité, il existe une famille finie J dont les éléments
sont des parties finies Q de N telle que, pour toute famille finie K contenant J, elle aussi ayant
pour éléments des parties finies de N, on a :
- 51 -
uQ – uQ <
Q fini, QN QK
N
Par ailleurs, pour un entier N assez grand, on a (1 + un) – (1 + un) < . Quitte à augmenter N,
n=0 n=0
on peut supposer que J P([0, N]) et on peut donc prendre K = P([0, N]). Dans ce cas, on a :
N
uQ = (1 + un)
QK n=0
On a alors simultanément :
N
uQ – (1 + un) <
Q fini, QN n=0
N
et (1 + un) – (1 + un) < .
n=0 n=0
donc uQ – (1 + un) < 2
Q fini, QN n=0
N
et, étant quelconque, uQ = (1 + un)
Q fini, QN n=0
EXEMPLE :
Soit s > 1. Pour tout n 1, notons pn le n-ème nombre premier et considérons :
1 1
un = s = ( k)s
pn – 1 k=1 pn
Pour Q = {n1, ..., nq} fini inclus dans N, uQ = un est un produit fini de séries convergentes à
nQ
termes positifs. On peut développer ce produit comme un produit de Cauchy, facteur après facteur,
donnant comme résultat une série convergente à termes positifs, donc sommable et on peut y ranger
les termes dans l'ordre que l'on veut. Or le terme quelconque du produit de Cauchy final est, avec
des puissances k1, k2, ..., kq quelconques non nulles :
1 1 1 1 1 1
( k1)s ( k2)s ... ( kq)s = ( k1 k2 ... kq)s
pn1 pn2 pnq pn1 pn2 pnq
1 k k k
de la forme s avec m = pn1 1pn2 2...pnq q, entier ayant dans sa décomposition en facteurs premiers
m
tous les facteurs premier pn1, pn2, ..., pnq, avec des puissances k1, ..., kq quelconques non nulles.
Quand Q décrit l'ensemble des parties finies de N, et que, pour chaque Q, k1, ..., kq décrivent
- 52 -
l'ensemble [[ 1, + [[ , les nombres m décrivent l'ensemble des nombres entiers (1 est obtenu pour Q
1
vide). uQ n'est donc rien d'autre que s qui converge car s > 1. La famille (uQ) est donc
Q fini, QN m=1 m
ou enfin :
1 1
1
= s
m=1 m
n=1
1– s
pn
1
La fonction : s ms s'appelle aujourd'hui la fonction zeta de Riemann. Sa relation avec les
m=1
nombres premiers sera promise à un bel avenir et donnera lieu à une célèbre conjecture, la
conjecture de Riemann, qui résiste depuis 150 ans aux efforts des mathématiciens. Cette conjecture
est l'un des sept problèmes du millénaire, et est dotée d'un prix d'un million de dollars4.
1 1 1
Pour s = 1, si convergeait, on aurait de même (1 + )= convergent,
pn – 1 pn – 1 1
1–
pn
avec, par le même raisonnement :
1 1
1
m =
n=1
1– m=1
pn
1 1
Comme diverge, l'hypothèse est fausse et il en résulte que diverge vers +, ainsi que
m pn – 1
1 1 1 1
, tandis que son inverse (1 – ) diverge vers 0. Par équivalence entre et quand n
1 pn pn – 1 pn
1–
pn
1
tend vers l'infini, on en conclut que diverge, résultat loin d'être évident et déjà connu d'Euler
pn
(th.19 de Variae observationes circa series infinitas que nous évoquons en Annexe I).
N
1
D'autres démonstrations5 montrent que (1 – p ) est la densité asymptotique de l'ensemble des
n=1 n
entiers non divisible par p1, ..., pN. Il est facile de voir que la densité asympotique de l'ensemble des
4
www.claymath.org/millennium-problems/riemann-hypothesis
5
Par exemple : Juan Pablo Pinasco, New Proof's of Euclid's ans Euler's Theorems, Amer. Math. Monthly, vol.116, n°2
(février 2009), 172-174.
- 53 -
1 1
, celle de l'ensemble des entiers non divisibles par pn étant alors 1 – .
entiers divisibles par pn est
pn pn
Tout se passe donc comme si les événements "ne pas être divisible par pn" étaient des événements
indépendants. Quand N tend vers l'infini, on obtient la densité asymptotique de l'ensemble des
1
entiers divisibles par aucun nombre premier, qui est nulle, d'où l'on déduit que (1 – ) = 0.
n=1 pn
Annexe I : Historique
La méthode précédente était largement acceptée à l'époque, bien que la même, appliquée aux
puissances de 2, suscitât des réticences. Cela donne en effet :
S = 1 + 2 + 4 + 8 + ... = 1 + 2 (1 + 2 + 4 + 8 +...) = 1 + 2S donc S = –1 !?!
On obtient le même résultat à l'aide du développement
1
= 1 + x + x2 + x3 + ...
1–x
en posant x = 2. Cependant, de nos jours, un tel développement est considéré comme divergent et la
somme 1 + 2 + 4 + 8 + ... comme non définie6.
A la fin du XVIIIème, Laplace objectait que les raisonnements précédents étaient dénués de sens car
on a par exemple :
1+x
= 1 – x2 + x3 – x5 + x6 – x8 + x9 – x11 + ...
1 + x + x2
6
On trouvera cependant, dans un exercice du chapitre L3/QUOTIENT.PDF, l'exemple de l'anneau 2-adique, dans lequel
1 + 2 + 4 + 8 + ... = – 1.
- 54 -
2 1
qui, pour x = 1, donne la valeur et non à 1 – 1 + 1 – 1 + 1 – 1 + ... ce qui aurait pu clore le débat,
3 2
mais Lagrange répliquait que la somme S' précédente était plutôt 1 + 0 – 1 + 1 + 0 – 1 + 0 – 1 + ...
2
qui vaut bien selon le raisonnement suivant :
3
3S' = 1 + 0 – 1 + 1 + 0 – 1 + 1 + 0 – 1 + etc. premier S'
+ 1 + 0 – 1 + 1 + 0 – 1 + 1 + 0 – 1 + etc. deuxième S'
+1+0 –1+1+0–1+1+0–1+ troisième S'
= 1 + 1 + 0 + 0 + 0 + 0 + etc. en ajoutant colonne par colonne
=2
C'est au début du XIXème que Bolzano, Cauchy, Abel critiquent l'utilisation de séries divergentes.
Cauchy7 écrit en 1821 :
Je me suis vu forcé d'admettre plusieurs propositions qui paraîtront peut-être un peu
dures au premier abord. Par exemple [...] qu'une série divergente n'a pas de somme.
[...] Ainsi, avant d'effectuer la sommation d'aucune série, j'ai dû examiner dans quels
cas les séries peuvent être sommées, ou, en d'autres termes, quelles sont les conditions
de leur convergence ; et j'ai, à ce sujet, établi des règles générales qui me paraissent
mériter quelques attention.
8
Abel écrit en le 16 janvier 1826 à Holmboe :
Les séries divergentes sont, en général, quelque chose de bien fatal, et c'est une honte
qu'on ose y fonder la moindre démonstration. On peut démontrer tout ce qu'on veut en
les employant, et ce sont elles qui ont produit tant de malheurs et qui ont enfanté tant de
paradoxes. Peut-on imaginer rien de plus horrible que de débiter
0 = 1 – 2n + 3n – 4n + etc.
n étant un entier positif ?
Se dégage alors une présentation des séries qui correspondent aux standard modernes, la somme
d'une série étant la limite de la suite des sommes partielles. La plupart des résultats énoncés dans la
partie II de ce chapitre sont dus à Cauchy.
2- Un calcul d'Euler
On trouvera ci-dessous des exemples de calcul, typiques du XVIIIème, où l'on utilise sans souci des
séries divergentes. Le théorème 2 de Variae observationes circa series infinitas d'Euler (1737)
rapporte un résultat dû à Goldbach9 :
1 1 1 1 1 1
ln(2) = + + + + + + ...
3 7 15 31 35 63
où les dénominateurs valent 1 de moins que les puissances supérieures ou égales à 2 de nombres
pairs (22 = 4, 23 = 8, 24 = 42 = 16, 25 = 32, 62 = 36, 26 = 43 = 64, ...). Voici la démonstration qu'en
donne Euler :
Il pose :
7
Augustin-Louis Cauchy, Analyse Algébrique, cours d'analyse de l'Ecole Royale Polytechnique (1821), rééd. Jacques
Gabay (1989), p.iv-v.
8
Niels Abel, Oeuvres complètes, tome I, p.257.
9
L. Bibiloni, P. Viader, J. Paradis, On a Series of Goldbach and Euler, Amer. Math. Monthly, vol. 113, n°3 (mars
2006), 206-220, doi.org/10.1080/00029890.2006.11920299
- 55 -
1 1 1 1 1 1 1 1
x = + + + + + + + ...
2 4 6 8 10 12 14
(x = 2n en notation moderne)
n=1
Euler sait que cette série diverge. Néanmoins, Euler traite les séries divergentes comme les autres
séries en leur attribuant une somme, ici infinie, qu'il manipule formellement. Comme :
1 1 1 1 1
1 = + + + + ...
2 4 8 16
(1 = n en notation moderne)
n=1 2
Par ailleurs :
1 1 1 1 1 1 1
x = + + + + + + + ...
2 4 6 8 10 12 14
1 1 1 1
et ln(2) = 1 – + – + – ...
2 3 4 5
1 1 1
x + ln(2) = 1 + + + + ...(les dénominateurs sont tous les impairs) (2)
3 5 7
En retranchant (1) à (2), on obtient :
1 1 1 1 1 1
ln(2) = + + + + + + ...
3 7 15 31 35 63
où les dénominateurs sont les impairs autre que ceux qui précèdent un nombre pair qui n'est pas
puissance d'un autre nombre pair plus petit, i.e. les dénominateurs restants sont les impairs qui
précèdent un nombre puissance au moins égale à 2 d'un nombre pair. CQFD.
- 56 -
Une telle démarche est totalement invalide aujourd'hui. Il est cependant bon de remarquer que le
résultat est, lui, parfaitement exact. On se reportera aux exercices pour une démonstration moderne.
Autre exemple. Euler pose cette fois (théorème 7 de Variae observationes circa series infinitas) :
1 1 1 1 1
x = 1 + + + + + + ...
2 3 4 5 6
On divise par 2 :
1 1 1 1 1
x = + + + + ...
2 2 4 6 8
1 1 1 1 1
x – x = x = 1 + + + + ... (on a supprimé les dénominateurs multiples de 2)
2 2 3 5 7
On divise le résultat précédent par 3 :
11 1 1 1
x = + + + ...
23 3 9 15
1 11 12 1 1 1
x– x= x = 1 + + + + ... (on a supprimé les dénominateurs multiples de 3)
2 23 23 5 7 11
On divise le résultat précédent par 5 :
121 1 1 1
x = + + + ...
235 5 25 35
12 121 124 1 1
x– x= x = 1 + + + ... (on a supprimé les dénominateurs multiples de 5)
23 235 235 7 11
En opérant de même avec 7, on obtiendra :
1246 1 1 1
x = 1 + + + + ...
2357 11 13 17
1 2 4 6 10 1 1
puis x = 1 + + + ...
2 3 5 7 11 13 17
et en continuant indéfiniment :
1.2.4.6.10.12.16...
x=1
2.3.5.7.11.13.17...
ou encore :
2.3.5.7.11.13.17... 1 1 1 1 1
= x = 1 + + + + + + ...
1.2.4.6.10.12.16... 2 3 4 5 6
Au numérateur, apparaissent les nombres premiers, et au dénominateur, les nombres précédents les
nombres premiers, ce qu'on pourrait noter :
p 1
p–1
= n
p premier n=1
De fait, nous avons rencontré ce type d'expression à la fin de la partie sur les produits infinis, où
nous avons montré que :
ps 1
s > 1, =
p – 1 n=1 ns
s
p premier
selon les termes d'Euler, en infinité (sic), plus de nombres premiers que de carrés. De fait, on sait
- 57 -
N
depuis 1896 que le nombre de nombres premiers inférieurs à N est équivalent à , bien
ln(N)
supérieur au nombre de carrés, équivalent à N.
Vers la fin du XIXème se posait toujours le problème suivant. Etant donné une suite (an), comment
donner un sens à la somme S des an ? Voici un bref résumé de quelques méthodes :
La méthode usuelle, celle que nous avons étudiée, qui consiste à prendre la limite des sommes
partielles. Elle date de Cauchy, dans la première moitié du XIXème :
n
S = lim ak
n+ k=0
La méthode de Cesaro, qui consiste à prendre la limite des moyennes des sommes partielles :
n
S
S = lim k où Sk = a0 + ... + ak
n+ k=0 n + 1
La méthode d'Abel qui consiste à multiplier ak par rk avant de faire tendre r vers 1 :
N
S = lim
r1 an rn = lim
r1
lim an rn
N+ n=0
r<1 n=0 r<1
- 58 -
La méthode de Borel, consistant à utiliser le fait que n! = –t n
e t dt pour définir :
0
–t a
S= n!n tn dt
e n=0
0
a
en espérant que la série n!n tn converge au sens usuel. Bornons-nous à signaler que la méthode
n=0
usuelle est la plus simple, mais pas la plus efficace. En effet, les méthodes de Césaro et d'Abel sont
plus puissantes : dans le cas où la méthode usuelle donne une valeur à S, il en est de même de ces
deux méthodes (avec la même valeur de S). Mais ces deux méthodes attribuent des valeurs à des
1
sommes de séries que nous qualifions usuellement de divergentes, par exemple, la valeur à la série
2
1 – 1 + 1 – 1 +.... Quant à la méthode de Borel, elle attribue à cette série la valeur
n n
e–t (–1) tn dt or n! tn n'est autre que e–t de sorte que l'intégrale devient
(–1)
e–2t dt =
1
n=0 n! 2
0 n=0
0
là aussi.
3- Semi-convergence
(–1)n
La série est convergente sans être absolument convergente. Elle est dite semi-convergente.
n
En 1829, dans un article sur les séries trigonométriques, Dirichlet relève une erreur chez Cauchy.
sin(nx)
Dans un article de 1823, ce dernier utilise le fait que, si le quotient de un sur tend vers 1,
n
sin(nx)
alors un converge puisque converge (la preuve de cette convergence est donnée plus
n
haut dans ce chapitre). L'erreur, communément commise de nos jours par tout étudiant débutant
dans l'étude des séries, est de croire que un converge lorsque la suite (un) est équivalente à la suite
(vn) et que vn converge. Rappelons que ce résultat est vrai si les séries sont positives, mais si ce
(–1)n
n'est pas le cas, le résultat peut être faux. Dirichlet donne un contre-exemple : converge
n
(–1)n (–1)n (–1)n 1
(d'après le critère de convergence de Leibniz), mais (1 + )=( + ) diverge en
n n n n
raison de la présence de la série harmonique, alors même que le quotient des termes de même rang
tend vers 1.
En 1854, dans son mémoire sur les séries trigonométriques, Riemann définit, à la suite de Dirichlet,
deux types de séries, celles que nous nommons maintenant série absolument convergente et semi-
convergente :
En janvier 1829, parut dans le Journal de Crelle un mémoire de Dirichlet, où la
possibilité de la représentation par les séries trigonométriques se trouvait établie en
toute rigueur pour les fonctions qui sont, en général, susceptibles d'intégration, et qui se
présentent pas une infinité de maxima et de minima. Il arriva à la découverte du chemin
à suivre pour arriver à la solution de ce problème, par la considération que les séries
infinies se partagent en deux classes suivant qu'elles restent convergentes ou non
convergentes, lorsqu'on rend leurs termes tous positifs. Dans les premières, les termes
- 59 -
peuvent être intervertis d'une manière quelconque ; dans les deux autres, au contraire,
la valeur dépend de l'ordre des termes. Si on désigne, en effet, dans une série de
seconde classe, les termes positifs successifs par a1, a2, a3, ..., et les termes négatifs par
– b1, –b2, – b3, ..., il est clair que a, ainsi que b, doit être infinie ; car, si ces deux
sommes étaient finies l'une et l'autre, la série serait encore convergente lorsqu'on
donnerait à tous les termes le même signe ; si une seule était infinie, la série serait
divergente. Il est clair maintenant que la série, en plaçant les termes dans un ordre
convenable, pourra prendre une valeur donnée C ; car, si l'on prend alternativement
des termes positifs de la série jusqu'à ce que sa valeur soit plus grande que C, puis des
termes négatifs jusqu'à ce que sa valeur soit moindre que C, la différence entre cette
valeur et C ne surpassera jamais la valeur du terme qui précède le dernier changement
de signe. Or les quantités a, aussi bien que les quantités b, finissant toujours par
devenir infiniment petites pour des valeurs croissantes de l'indice, les écarts entre la
somme de la série et C deviendront encore infiniment petits, lorsqu'on prolongera assez
loin la série, c'est-à-dire que la série converge vers C.
C'est aux seules séries de la première classe que l'on peut appliquer les lois des sommes
finies ; elles seules peuvent être considérées comme l'ensemble de leurs termes ; celles
de la seconde classe ne le peuvent pas : circonstance qui avait échappé aux
mathématiciens du siècle dernier, principalement par la raison que les séries qui
procèdent suivant les puissances ascendantes d'une variable appartiennent,
généralement parlant (c'est-à-dire à l'exception de certaines valeurs particulières de
cette variable), à la première classe.
(–1)n–1
Nous avons vu plus haut qu'en permutant l'ordre des termes de la série , on peut la faire
n
1
converger ou bien vers ln(2) ou bien vers ln(2). L'explication de ce phénomène est donnée ci-
2
dessus par Riemann. Il résulte du fait que la série n'est pas absolument convergente. La somme va
dépendre de l'ordre dans lequel sont pris les termes. Ce phénomène ne se produit pas avec les séries
absolument convergentes ou les séries sommables.
1
1- La série
n2
1 1
Vers 1700, on savait que la série harmonique divergeait et que la série 2 convergeait, mais
n n
1
on désespérait de trouver la valeur S = n2 de la somme de cette dernière série, ou même une
n=1
valeur approchée de cette somme, en raison de la lenteur de convergence de la série. Posons en effet
- 60 -
n
1 1
Sn = k2 (somme partielle de la série) et Rn = k2 (reste de la série). Au moyen d'une
k=1 k=n+1
comparaison série-intégrale, on a :
12 dx 12 = Rn 12 dx
x k=n+1 k x
n+1 n
1 1
donc Rn .
n+1 n
1 1 1 1
On peut donc prendre comme valeur approchée de Rn la quantité ( + )= avec une
2 n n + 1 2n(n + 1)
1 1 1 1
erreur majorée par ( – )= . Une valeur approchée de S avec cette erreur est alors
2 n n+1 2n(n + 1)
1
Sn + . Si on souhaite que cette erreur soit majorée par 0,5 10–10, il convient de prendre
2n(n + 1)
n = 105, ce qui était impraticable pour un calcul à la main comme on le faisait à l'époque.
1
Des procédés d'accélération de convergence de ont été proposés par Stirling en 1730 et Euler
n2
en 1731 dans le but de déterminer une valeur approchée de la somme de la série.
+
1
Donnons une ébauche de la démarche de Stirling10. Posons un =
n2
et Rn–1 = uk. Stirling se
k=n
propose de déterminer deux nombres p et q et une suite (Tn) négligeable devant (Rn), tels que
n+p n+p
Rn–1 = un + Tn–1. Comme lim Tn–1 = lim Rn–1 – un = 0, en peut remplacer Tn–1 par la
q n n q
somme de sa série télescopique vk , avec vk = Tk–1 – Tk. On a alors :
k=n
n+p
Rn–1 = un + Tn–1
q
n+1+p
Rn = un+1 + Tn
q
donc, en retranchant membre à membre et en tenant compte de Rn–1 – Rn = un et Tn–1 – Tn = vn, on
obtient :
n+p n+1+p
un = un – un+1 + vn
q q
n+1+p n+p (q – 1)n2 + (2q – 2p – 1)n + q – p
donc vn = un + un+1 – un =
q q qn2(n + 1)2
Pour que vn converge le plus vite possible, il est avantageux de prendre p et q tels que
q–1=0 1 1
, soit q = 1 et p = . On obtient vn = 2 , de sorte que :
2q – 2p – 1 = 0 2 2n (n + 1)2
10
Jacobo Stirling, Methodus Differentialis sive Tractatus de Summatione et Interpolatione Serierum Infinitarum (1730),
prop.10 et 11, exemple 1, p.51-55. https://gallica.bnf.fr/ark:12148/bpt6k62011b/f60.image
- 61 -
1
+ n+
1 2 1
n, k2
=
n2
+ 2k2(k + 1)2
k=n k=n
En particulier :
+
1 3 1
2 = 2 + 2n2(n + 1)2
n=1 n n=1
1
Un encadrement du reste 2k2(k + 1)2 par comparaison série-intégrale permet de montrer qu'on
k=n
obtient une valeur approchée de la série à 10–10 près en prenant n = 180 (au lieu de n = 100000 vu
auparavant). Le progrès est spectaculaire, mais cela reste encore pénible pour un calcul à la main.
1
Stirling itère son procédé pour accélérer à son tour le calcul de 2 2. Après avoir procédé
k=n 2k (k + 1)
1
méthode de Stirling, appliquée à la somme totale n2 et pas seulement à son reste conduit à la
n=1
1 3 3
curieuse formule n2 = (le trouvé précédemment est le premier terme de cette seconde
n=1 2 2n 2
n n
n=1
1 2
série). Nous donnons une preuve que = dans les exercices du chapitre consacré aux
n=1 2 2n 18
n n
séries entières L2/SERIENTR.PDF.
1 1
Quant à Euler, il montre11 que n2
= (ln(2))2
+ 2n–1 n2. Voyons comment il procède. On
n=1 n=1
(–1)n–1 tn
admettra que ln(1 + t) = n
pour tout t élément de ]–1, 1[, (voir le chapitre sur les séries
n=1
11
Euler, Opera Omnia, Ser. I, Vol 14, pp. 25-41, [E20 : De summatione innumerabilium progressionum].
https://scholarlycommons.pacific.edu/euler-works/20/
- 62 -
1/2 n–1
I=
t
n dt
0 n=1
1/2 tn–1
=
n
dt
n=1
0
On admettra qu’on peut permuter ici symbole de série et symbole
d’intégration, et de même ci-dessous. Cette question fait l'objet du
chapitre Suites et séries de fonctions dans L2/SUITESF.PDF.
1
= 2n n2
n=1
1
Pour la deuxième intégrale, on développe en la série géométrique tn :
1–t n=0
1 1
I=– tn ln(t) dt = – tn ln(t) dt
n=0
1/2 n=0
1/2
n+1 n+1
n + 1 – (n + 1)2
t ln(t) t 1
=– en intégrant par parties
n=0 1/2
1 ln(2) 1
=– – (n + 1)2 + 2n+1(n + 1) + 2n+1(n + 1)2
n=0
1 1 1 1 1
= (n + 1)2 – (ln(2))2 – 2n n2 car ln( ) = ln(1 – ) = – n
2 2
n=0 n=1 n=1 n
2
= S – (ln(2))2 – I
1
donc S = (ln(2))2 + 2I = (ln(2))2 + n–1 n2
n=1 2
n
1 1
Or la série n–1 n2 converge beaucoup plus vite que la série initiale. Notons Sn = 2k–1 k2 et
n=1 2 k=1
1
k–1 . On a :
2 k2
1 1 1
0 Rn
2n k=n+1 k2 2n n
obtenu avec une comparaison série-intégrale pour la dernière majoration. On constate que, pour
1
n = 30, on a 0 R30 < 10–10. On obtient 10 décimales de S avec l'approximation :
2
S (ln(2))2 + S30
Le calcul, faisable à la main avec de la patience, donne :
S30 1,16448105293 S 1,64493406685
Pour 0 Rn 0,5 10–15, on prendra n = 46.
- 63 -
S46 1.164481052930025 S 1.6449340668482264
2
valeur qu'on pourra comparer avec . On donne une démonstration exacte de cette valeur dans les
6
exercices, mais il est intéressant de voir comment a procédé12 Euler en 1735, quatre ans après en
avoir trouvé une valeur approchée. Compte tenu que sinus s'annule en k, pour tout k entier, et
traitant la fonction sinus comme un polynôme de degré infini, il pose que :
x2
sin x = x (1 – )
k=1 k22
(On peut prouver que cette formule est effectivement exacte pour tout x réel). Euler développe
ensuite le produit donnant le sinus en somme comme il le ferait d'un produit fini. On obtient, selon
les puissances croissantes de x :
x3 1 x5 1
sin(x) = x – 2 2 + 4 2 2 + ...
n=1 n n<m m
n
x3 x5
qu'on peut comparer au développement limité du sinus sin(x) = x – + – ....
6 120
1 2
D'où l'on tire n2 = 6 .
n=1
1 4 1 1 1
On en tire également le fait que 2 2 = 120. Or ( n2)2 = n4 + 2 n2m2 donc:
n<m n m n=1 n=1 n<m
1 4 4 4
4 = 36 – 60 = 90
n=1 n
1
Dans ses travaux, Euler a poursuivi les calculs jusqu'à n26 pour laquelle il a trouvé la valeur
n=1
1315862 26
. Les méthodes développées depuis Euler ne permettent de n'obtenir que
11094481976030578125
1
les valeurs de avec un nombre entier pair, et aucune formule explicite pour entier impair
n=1 n
n'a été trouvée jusqu'à ce jour. Mais curieusement, on sait calculer les sommes des séries alternées
(–1)n (–1)n 3
pour un tel nombre entier impair. Ainsi Euler établit que 3 = .
n=1 n n=0 (2n + 1) 32
12
Euler, Opera Omnia, Ser. I, Vol 14, pp. 73-86, [E41 : De summis serierum recipprocarum].
https://scholarlycommons.pacific.edu/euler-works/41/
- 64 -
2- Les séries de Kempner
Considérons la série harmonique dont on retire les entiers possédant dans leur développement
décimal un chiffre donné m. On obtient ainsi une série, dite de Kempner13, ce dernier en ayant eu
l'idée en 1914. Par exemple, pour m = 2, on obtient la série :
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 + + + ... + + + + ... + + + + + + ...
3 4 9 10 11 13 19 30 31 33 34
Alors cette série converge. En effet, entre 10p et 10p+1 – 1, les entiers possèdent p + 1 chiffres (dont
le premier est non nul), de sorte qu'il y a 8 9p entiers répondant à la question (8 choix pour le
premier chiffre et 9 pour les p chiffres qui suivent). La somme de la série entre ces deux bornes est
9p 9p
encadrée par 8 p+1 et 8 p, qui sont les termes de séries convergentes.
10 10
Cependant la convergence est extrêmement lente. Supposons que l'on souhaite une valeur approchée
de la somme à 10–6 près. Il serait naïf de croire qu'il suffit de calculer la somme jusqu'à n = 106 (ce
qui représente donc la somme de près de 1.000.000 de termes) et de négliger le reste. En effet,
8 9k 8 9k
négligeons le reste à partir de 10p. Ce reste Rp est encadré par la somme des k+1 et , k variant
10 10k
de p à l'infini. Ainsi :
8 9k 8 9k
k+1 R p k les deux séries encadrantes étant géométriques
k=p 10 k=p 10
8 9p 1 8 9p 1
donc Rp
10p+1 9 10p 9
1– 1–
10 10
8 9p 8 9p
donc p Rp
10 10p–1
Pour p = 6, le reste Rp est donc compris entre 4 et 43 !!! Par ailleurs, si l'on choisit p de façon que
cet encadrement soit inférieur à 10–6, on obtient p = 173. Il faudrait donc calculer la somme jusqu'à
n = 10173, soit plus d'un milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de
milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard
de milliard de milliard de milliard de milliard de termes, ce qui représente une tâche
insurmontable dépassant en temps, et de loin, l'âge de l'univers.
Il a fallu attendre la fin des années 1970 pour qu'on parvienne à donner des valeurs approchées de la
somme14, selon une méthode due à R. Baillie, et dont nous donnons le schéma, sans pouvoir
apporter nécessairement toutes les justifications voulues, en particulier sur la majoration des erreurs
de calcul commises. On note :
S(m) = {n N*, n ne possède pas le chiffre m dans son développement décimal}
S(i, m) = {n S(m), n possède i chiffres dans son développement décimal}
1
s(i, j, m) = j
xS(i,m) x
S(m) est la réunion disjointe des S(i,m). La somme de la série de Kempner que l'on cherche est :
13
A. J. Kempner, A curious convergent series, Amer. Math. Monthly, vol.21, n°2, (février 1914), 48-50,
doi.org/10.1080/00029890.1914.11998004
14
R. Baillie, Sums of reciprocals of integers missing a given digit, 86:5, Amer. Math. Monhtly, (1979), 372-374.
doi.org/10.1080/00029890.1979.11994810
- 65 -
1 1
t(m) = x = x = s(i,1,m)
xS(m) i=1 xS(i,m) i=1
On établit maintenant une relation de récurrence entre les s(i, j, m). En admettant que le
développement limité de la fonction x (1 + x) soit valide jusqu'à l'infini sous forme de série (voir
k
L1/DLTAYLOR.PDF et L2/SERIENTR.PDF), on a, en appliquant ce développement à avec
10x
=–j:
1 1 k –j 1 – j kn
j=
(10x + k) (10x)j (1 +
10x
) =
(10x)j n=0
n (10x)n
9
1 – j kn
donc s(i + 1,j,m) = j
n (10x)n
xS(i,m) k=0,km n=0 (10x)
– j 1 9
= n (10x)j+n kn
xS(i,m) n=0 k=0,km
a(j,n,m)
= j+n
n=0 xS(i,m) x
– j 1 9
où l'on a posé a(j,n,m) = n j+n kn.
10 k=0,km
Donc s(i + 1,j,m) = a(j,n,m) s(i,j + n,m)
n=0
Le calcul effectif de la valeur approchée de t(m) = s(i,1,m) que l'on cherche se fait comme suit :
i=1
1
Pour i 4, on calcule directement les s(i,j,m) par la formule j pour les valeurs de j qui seront
xS(i,m) x
nécessaires.
Pour 5 i 30, on calcule les s(i,j,m) et en particulier s(i,1,m) en utilisant la relation de récurrence,
9
en approximant le calcul de s(i,j,m) par la somme partielle a(j,n,m) s(i – 1,j + n,m).
n=0
- 66 -
Pour i 31, on approxime s(i,1,m) par 9 s(30,1,m).
i=31
Le lecteur courageux qui mettra en oeuvre cette méthode pourra vérifier qu'on obtient :
t[0] = 23,103 447 909 420 541 616...
1 2 1 1 2
=
n2 6
= =
(2n + 1)2 n impair n2 8
n=1 n=0
1 2 (–1)n+1 2
=
n2 24
n2
=
12
n pair n=1
= + z2 + n2 = + 2z2
1 1 1 1
n2 + 1 2th() 2
n=0 n=0 2zth(z)
n2 + 1 = + 2 z2 + n2 = + 2z2
(–1)n 1 (–1)n 1
n=0 2sh() n=0 2zsh(z)
(–1)n 3
3=
n=0 (2n + 1) 32
(–1)n 55
5=
n=0 (2n + 1) 1536
(–1)n 617
7=
n=0 (2n + 1) 184320
1 4 1 4
4 = 90 4 = 96
n=1 n n impair n
1 6 1 4
6 = 945 6 = 960
n=1 n n impair n
Exercices
1- Enoncés
Exo.1) Dire si les intégrales suivantes convergent :
a)
xln(x)
1 + x2 dx
0
- 67 -
b)
ln(x)
(1 + x) dx, pour > 0
0
b
c)
1
(x – a)(b – x) dx. Calculer cette intégrale lorsqu'elle converge.
a
d) e–tsinn(x) dx
0
e) Discuter suivant les valeurs des réels et l'existence de
1
t(1 + t) dt
0
Exo.2) a) Montrer que l'intégrale I =
ln(x)
x2 + 1 dx existe.
0
1
b) La calculer en considérant
ln(x) ln(x) dx et en effectuant un changement de
x2 + 1 dx + x2 + 1
0 1
variable dans l'une des deux intégrales.
ln(ax)
c) En déduire la valeur de J =
x2 + b2 dx, où a et b sont strictement positifs.
0
/2 /2
Exo.3) a) Prouver que ln(sin(t)) dt =
ln(cos(t)) dt = – 2 ln(2).
0 0
/2
b) Montrer que
tan() d est convergente et déduire sa valeur du a).
0
arctan(t)
c) Montrer que
t(1 + t2) dt est convergente et déduire sa valeur du b).
0
d) Montrer que ln(1 – 2acos(x) + a2) dx est définie pour tout réel a. Calculer cette
0
intégrale d'abord pour a = 1, puis pour les autres valeurs de a (dans ce dernier cas, passer par
l'intermédiaire de sommes de Riemann).
Exo.4) On étudie dans cet exercice le comportement de fonctions f intégrables sur [0, +[. On
donne d'abord un exemple où f ne tend pas vers 0 en +, puis on ajoute des hypothèses sur f pour
que cette conclusion deviennent vraie.
1
a) Montrer que la fonction x ne tend pas vers 0 quand x tend vers +, mais
1 + x sin2(x)
3
que l'intégrale
1
1 + x3sin2(x) dx est convergente. On pourra montrer pour cela que la fonction
0
X
X
1
1 + x3sin2(x) dx est croissante majorée sur [0, +[.
0
b) Montrer que, si f est lipschitzienne et intégrable sur [0, +[, alors lim f(x) = 0
x+
- 68 -
d) Montrer que, si f est uniformément continue et intégrable sur [0, +[, alors
lim f(x) = 0 (lemme de Barbalat).
x+
e) Montrer que, si f une fonction positive ou nulle décroissante et intégrable sur [0, +[,
1
alors f(x) = o( ) au voisinage de +.
x
sin(t)
c) Montrer que l'intégrale dt existe, puis conclure sur l'égalité demandée en
t
0
considérant lim
1 1 (2n + 1)t
( – ) sin dt.
n 2 sin( ) t t 2
0 2
1 2
n2 = 6 en considérant lim
t( – t)
d) Montrer l'égalité sin(t) sin((2n + 1)t) dt.
n=1 n 0
Exo.7) a) Soit f et g des fonctions intégrables sur [0,+[ à valeurs réelles, g étant strictement
positive. Montrer que, si f = o(g) en +, alors f(t) dt = o( g(t) dt) quand x tend vers +.
x x
Montrer que, si f g en +, alors
f(t) dt g(t) dt quand x tend vers +.
x x
- 69 -
b) Soient f et g deux fonctions continues par morceaux de [0, +[ vers R, g étant strictement
positive, et
+
g(t) dt étant divergente. Montrer que, si f = o(g) en +, alors
0
f(t) dt = o( g(t) dt) quand x tend vers +. Montrer que, si f g en +, alors
x x
0 0
f(t) dt g(t) dt quand x tend vers +.
x x
0 0
c) Enoncer des théorèmes analogues pour les séries.
Exo.9) a) Montrer que, pour tout a > 0, l'intégrale
2
–ix a
e
x2
dx est convergente (i est le complexe
a
de carré – 1).
e–ia
b) Montrer que, lorsque a tend vers +,
2
e x2 dx i .
–ix a
a
–ia
c) Montrer que
e–ix a
dx est une intégrale convergente et que e–ix a dx e quand a
x
a
x
a
i
tend vers +.
e–ia
d) Dans son cours de physique15, Richard Feynman attribue également la valeur à
i
l'intégrale divergente –ix –i
e dx en prenant une primitive et en donnant la valeur 0 à e !! Vérifier
a
que la valeur donnée par Feynman s'obtient en convenant que :
e–ix dx = lim e–it dt + e–it b – t dt
b b
b b – b
a
a b
où est strictement supérieur à 1. Dans le membre de droite, on a multiplié e–ix par 1 sur l'intervalle
b – t
[a, b] et par le facteur d'atténuation t [b, b] qui décroît de 1 à 0.
b – b
15
Le cours de Physique de Feynman, Mécanique 2, InterEditions, Paris (1979), p.63.
- 70 -
n (–1)n
c) arccos( ) avec > 0 d)
1 + n n + (–1)n
n
ln(n)
Exo.11) Montrer que les séries suivantes sont convergentes et calculer leur somme :
1
a) (k + 1)(k + 2)(k + 3)
k=0
1 ). On pourra montrer au préalable que tan(x) = cotan(x) – 2cotan(2x), pour
b) 2n tan(2n+2
n=0
x 0 mod .
2
n 2
2 2 n –n–2
c) arctan(n2). On pourra d'abord montrer que : n 3, tan( arctan(k2)) = n2 + 3n .
n=1 k=3
1 1
d) (n – 1
). Il est possible qu'on soit amené à utiliser la constante d'Euler
n=1
n–
2
n
1
= lim ( – ln(n)). Il en sera de même pour le e) et le f).
n k=1 k
+
1
e) 3
n=1 (2n + 1) – (2n + 1)
a
f) n(n +n 1), où an est le nombre de chiffres égaux à 1 dans l'écriture binaire de n. Par
n=1
exemple, 13 = 1101b donc a13 = 3. On pourra chercher une relation simple entre a2n et an, et entre
a2n+1 et an.
( 2k + 1 – 4)
n
(–1)k
g)
n=0 k=0
Exo.12) a) En 1827, Louis Olivier écrit dans un mémoire16 que, pour toute suite (un) positive,
on a lim nun = 0 un converge. Montrer que l'implication est fausse en donnant un contre-
n
exemple.
b) En 1828, Niels Abel17 montre qu'il impossible qu'il puisse exister un critère de
convergence d'une série basé simplement sur l'existence d'une suite (an) strictement positive telle
16
Louis Olivier, Remarques sur les séries infinies et leur convergence, Journal für die reine und angewandte
Mathematik (1827), Volume 2, page 33.
http://gdz.sub.uni-goettingen.de/dms/load/img/?PPN=PPN243919689_0002&DMDID=dmdlog8
17
Niels Abel, Note sur un mémoire de M. L. Olivier, ayant pour titre "Remarques sur les séries infinies et leur
convergence", Oeuvres complètes, t.1, p.399 (Journal de Crelle, 1828)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2437b/f414.image.r=.langFR
- 71 -
u
que, pour toute suite (un) positive, lim n = 0 un converge. Pour cela, raisonnons par
n an
n
l'absurde et supposons qu'une telle suite existe. On pose Sn = ak. Montrer que an diverge, que
k=1
an
converge et que ces deux affirmations sont contradictoires (on pourra considérer la série
Sn–1
a
ln(1 + n )).
Sn–1
c) En 1870, Joseph Bertrand18 affirme que l'implication d'Olivier, à savoir " un converge
lim nun = 0" est vraie. Montrer que ce n'est pas le cas en donnant un contre-exemple19.
n
d) Montrer néanmoins que l'implication précédente est vraie si on suppose (un) positive
décroissante, propriété énoncée par Catalan20 en 1860, mais sans preuve.
n n
(–1) 1 2(–1)
Exo.14) Montrer que n2 + 1 = 4 + (n2 + 1)(n2 + n + 2)(n2 – n + 2). Pour cela, on pourra
n=0 n=0
vérifier que :
1 2 1 1
– = +
n2 + 1 (n2 + 1)(n2 + n + 2)(n2 – n + 2) 2(n2 – n + 2) 2(n2 + n + 2)
b) Quelle valeur donner à n pour obtenir dix décimales de la somme S de la série à l'aide de
la somme partielle de n termes de la première série, respectivement de la deuxième ? Utiliser la
deuxième somme pour donner les dix décimales demandées, et comparer avec une valeur approchée
+ 1. Une preuve que cette expression est égale à la somme de la série peut se faire au
de
2sh() 2
moyen du chapitre L3/FOURIER.PDF.
Exo.15) Soit c un réel strictement positif et (un) une suite positive vérifiant la relation :
n 1, un = cun–1 + n2
Montrer que :
18
Joseph Bertrand, Traité de calcul différentiel et de calcul intégral, t.1, Gauthier-Villars (Paris), 1864-1870, p.239
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k99558p/f297.image.r=.langEN
19
Un tel contre-exemple est donné par Giuseppe Peano, Calcolo differenziale e principi di calcolo integrale (1884).
20
Eugène Catalan, Traité élémentaire des séries (1860), p.17
https://archive.org/stream/traitlmentaired01catagoog#page/n31/mode/2up
- 72 -
a) Si c = 1, un = O(n3)
b) Si c > 1, un = O(cn)
c) Si c < 1, un = O(n2)
Pour cela, on cherchera à déterminer l'expression générale de un dans chaque cas.
Exo.17) Soit (an) une suite réelle telle que, pour tout n, an – 1.
a) Montrer que :
an converge
(1 + an) converge vers une limite non nulle
an2 converge
b) Montrer que l'implication peut être fausse si on suppose seulement la convergence de
an.
c) L'implication du a) reste-t-elle vraie pour une suite complexe ?
1
Exo.18) Soit x0 un réel strictement supérieur à , et (xn) la suite définie par la relation de
2
1
récurrence : n, xn+1 = xn2 + .
4
a) Montrer que lim xn = +.
n
n
b) Montrer que : c, xn = c2 + o(1) quand n tend vers l'infini.
c
c) Montrer que tend vers 1 quand x0 tend vers +.
x0
Exo.19) Soient un réel ou un complexe, et (xn) une suite réelle ou complexe. On définit la suite
(yn) telle que, pour tout n 1, yn = xn – xn–1.
a) Pour tout n 0, exprimer xn en fonction de x0, y1, ..., yn, n et .
b) En déduire que, si < 1, alors : (yn) converge (xn) converge.
c) Montrer que, si > 1, alors : (yn) converge et (xn) bornée (xn) converge. (On pourra
exprimer xn en fonction de yn+1, yn+2, yn+3, ...).
- 73 -
Exo.20) Soit P l'ensemble des nombres pairs qui ne sont pas puissances (supérieures ou égales à 2)
d'un autre nombre (les premiers éléments de P sont 2, 6, 10, 12, ...) et I = P [[ 1, + ]] [[ 2, + ]] .
1
a) Montrer que la famille ( nk), (a, n, k) I, est une famille sommable.
a
1
b) En calculant de deux façons différentes, démontrer l'égalité suivante,
(a,n,k)I ank
découverte par Euler (Voir Annexe I-2) :
1 1 1 1 1 1
ln(2) = + + + + + + ...
3 7 15 31 35 63
où les dénominateurs valent 1 de moins que les puissances supérieures ou égales à 2 de nombres
pairs (22 = 4, 23 = 8, 24 = 42 = 16, 25 = 32, 62 = 36, 26 = 43 = 64, etc.).
1 1 1 1 1 1
c) Montrer de même que l'on a 1 = + + + + + + ..., où les dénominateurs
3 7 8 15 24 26
valent 1 de moins que les puissances d'entiers, au moins égales à 2 (22 = 4, 23 = 8, 32 = 9,
24 = 42 = 16, 52 = 25, 33 = 27, etc.).
n 1 pour z < 1
1+z
=
2z2
Exo.21) Montrer que + 2n+1 .
1 – z n=0 z – 1 – 1 pour z > 1
2- Solutions
xln(x)
Sol.1) a) L'intégrale est généralisée en +. En effet, en 0, la fonction se prolonge par
1 + x2
1 xln(x)
continuité par la valeur nulle et
1 + x2 dx est donc une simple intégrale d'une fonction continue
0
xln(x)
sur le segment [0, 1]. Pour x 1, la fonction est positive et on peut procéder par minoration et
1 + x2
2
xln(x) ln(x) 1
équivalence. Pour x e, ln(x) 1, donc, au voisinage de +, fonction dont
1+x x x
l'intégrale en + diverge. Par conséquent
xln(x)
1 + x2 dx diverge également.
0
b) L'intégrale est généralisée en 0 et en +. Au voisinage de ces deux bornes, la fonction à intégrer
est de signe constant. On peut donc procéder par équivalence.
Au voisinage de 0,
ln(x)
ln(x), fonction intégrable sur ]0, 1], donc ln(x) est intégrable sur
(1 + x) (1 + x)
]0, 1].
ln(x) ln(x) 1
Au voisinage de +, si 1, fonction dont l'intégrale diverge en +. Donc
(1 + x) 1 + x 1 + x
ln(x)
diverge en +. Si > 1, pour x assez grand ln(x) (1 + x)
(–1)/2
l'intégrale de , donc
(1 + x)
+1
(+1)/2 (+1)/2 fonction de référence avec
ln(x) 1 1 1
> 1. La fonction (+1)/2 est donc
(1 + x) (1 + x) x 2 x
- 74 -
1
intégrable au voisinage de + et il en est donc de même de la fonction qui lui est
(1 + x)(+1)/2
ln(x)
équivalente, et de la fonction qui est inférieure à cette dernière.
(1 + x)
Ainsi
ln(x)
(1 + x) dx converge si et seulement si > 1.
0
1
c) L'intégrale est généralisée aux deux bornes. La fonction étant positive, on peut
(x – a)(b – x)
procéder par équivalence. Au voisinage de a :
1
1 1
=
1 1
avec =
1
(x – a)(b – x) b–a x–a b – a (x – a) 2
1 1 1
Comme < 1, la fonction est intégrable au voisinage de a, donc aussi.
2 (x – a) (x – a)(b – x)
b
On procède de même au voisinage de b. Donc
1
(x – a)(b – x) dx converge. On a alors :
a
b b
1
dx =
1
dx
2
a (x – a)(b – x) – x + (b + a)x – ab
a
b
=
1
dx
b–a 2 a+b 2
a ( ) – (x – )
2 2
x–
a+b b
= arcsin(
2
) = arcsin(1) – arcsin(–1) =
b–a
2 a
L'intégrale ne dépend pas de a ni de b, ce qu'on peut aussi mettre en évidence par le changement de
a+b b–a
variable x = + sin(). On obtient en effet :
2 2
b /2 /2
1 cos()
d =
(x – a)(b – x) dx =
– d =
a (1 + sin())(1 sin())
–/2 –/2
d) La fonction e–xsinn(x) changeant de signe si n est impair, on passe par les valeurs absolues :
e–xsinn(x) e–x
Comme e–x est intégrable sur [0, +[, il en est de même de e–xsinn(x).
e) Si > 0, alors
1
1 en 0 et +
1
en +. Il y a convergence si et seulement si < 1 et
t (1 + t) t t
+>1
Si = 0, alors l'intégrale diverge.
Si < 0, alors
1
1 en 0 et 1 en +. Il y a convergence si et seulement si > 1 et
t (1 + t) t+ t
+<1
Ci-dessus, on a hachuré le domaine de convergence.
- 75 -
CV
CV
1
1
CV
ln(x)
Sol.2) a) Sur ]0, 1], est de signe constant et équivalent en 0 à la fonction ln(x) qui est
x2 + 1
ln(x)
intégrable sur ]0, 1]. Donc 2 est intégrable sur ]0, 1].
x +1
Quand x tend vers +, 0 2
ln(x)
x
1 , cette dernière fonction étant intégrable sur [1, +[
x + 1 x2 + 1 x3/2
3 x
car l'exposant est strictement supérieur à 1. Donc 2 , qui lui est équivalente, est intégrable sur
2 x +1
ln(x)
[1, +[, et 2 , fonction positive majorée par une fonction intégrable, l'est également.
x +1
1 ln(x)
Les deux intégrales ln(x)
x2 + 1 dx et x2 + 1 dx étant convergentes, il en est de même de
0 1
ln(x)
2
x + 1 dx.
0
1
b) Si on effectue le changement de variable t = dans la première intégrale, on obtient l'opposé de
x
la deuxième. Donc I = 0.
1 ln(abt) 1 ln(ab) 1 ln(t) ln(ab)
c) Posons x = bt. J = 2 dt = 2 dt + 2 dt =
b t +1 b t +1 b t +1 b 2
0 0 0
Sol.3) a) Les deux intégrales convergent car, par exemple pour la première, ln(sin(t)) est de signe
constant sur ]0, ] et équivalente en 0 à la fonction intégrable ln(t). On procèdera de même pour la
2
deuxième intégrale au voisinage de .
2
Méthode 1 :
/2
I = ln(sin(t)) dt = ln(cos(u)) du en posant u = – t. Par ailleurs :
/2
0 0 2
/2 /2
/2
2I = ln(cos(t)) dt = ln(sin(2t)) – ln(2) dt
ln(sin(t)) dt +
0 0
0
1
= ln(sin(t)) dt – ln(2) en faisant le changement de variable 2t t
2 2
0
- 76 -
/2
or ln(sin(t)) dt = ln(sin(t)) dt par la changement de variable t – t, donc :
0 /2
2I = I – ln(2) I = – ln(2).
2 2
Méthode 2 :
On peut aussi procéder au moyen de sommes de Riemann, mais les intégrales étant généralisées, il
convient de prendre des précautions. On a :
ln(sin(t)) dt = ln(sin(x)) dx x
/2 1
au moyen du changement de variable t =
2 2 2
0 0
x
On utilise le fait que la fonction x ]0, 1] ln(sin( )) est croissante pour encadrer l'intégrale.
2
Commençons par la majoration :
ln(sin(x)) dx = x
1 n k/n
ln(sin( )) dx
2 2
0 k=1
(k–1)/n
n k/n
k
ln(sin( )) dx
2n
k=1
(k–1)/n
n n
1 k 1 k
n ln(sin(2n)) = n ln( sin(2n))
k=1 k=1
Or, il a été prouvé dans les exercices du chapitre sur les nombres complexes L1/COMPLEXE.PDF
n–1
k n
que sin( n ) = 2n–1. Donc, en remplaçant n par 2n :
k=1
2n–1
k 2n 4n
sin(2n) = 22n–1 = 22n
k=1
k k (2n – k)
Comme sin( ) = sin( – ) = sin( ) et que 2n – k décrit [[ n + 1, 2n – 1 ]] lorsque k décrit
2n 2n 2n
n–1 2n–1
k k
[[ 1, n – 1 ]] , les deux produits sin( ) et sin( ) sont égaux (et positifs), donc :
k=1 2n k=n+1 2n
n–1
k 4n 2 n
sin(2n) = 22n
= n
2
k=1
n
1 k 1 2 n ln(2) ln(n)
donc ln( sin( )) = ln( n ) = + – ln(2) quantité qui tend vers – ln(2) quand n
n k=1 2n n 2 n 2n
tend vers l'infini.
Procédons à la minoration de l'intégrale :
- 77 -
ln(sin(x)) dx = x
1 n k/n
ln(sin( )) dx
2 2
0 k=1
(k–1)/n
1/n x n k/n (k – 1)
ln(sin( )) dx + ln(sin( )) dx
2 2n
0 k=2
(k–1)/n
1/n x n
(k – 1)
1
ln(sin( )) dx + ln(sin( ))
2 n 2n
0 k=2
1/n x n–1
1 k
ln(sin( )) dx + ln(sin( )) en changeant d'indice
2 k=1 n 2n
0
1/n x 1 n–1
k
ln(sin( )) dx + ln( sin( )) en changeant d'indice
2 n k=1 2n
0
x 1/n x
Comme l'intégrale de ln(sin( )) est convergente en 0, lim ln(sin( )) dx = 0. Par ailleurs,
2 n 2
0
1 n–1 k 1 n
k
ln( sin( )), qui est égal à ln( sin( )), converge vers – ln(2).
n k=1 2n n k=1 2n
ln(sin(x)) dx étant encadrée par deux suites qui convergent vers – ln(2), on en déduit que – ln(2)
1
2
0
/2
est sa valeur. Donc ln(sin(t)) dt = – 2 ln(2).
0
b) L'intégrale est convergente car se prolonge par continuité en 0 et en . Il s'agit donc en fait
tan() 2
d'une intégrale simple sur [0, ].
2
1 cos()
On intègre par parties en prenant u = et v' = = de primitive v = ln(sin()). On
tan() sin()
obtient :
/2 1 /2
tan() d = [ln(sin())] 0 – ln(sin()) d
0
0
= ln(2)
2
1 1
Ci-dessus, on a abrégé par [ln(sin())] la quantité lim [ln(sin())] .
0 x0 x
arctan(t) 1
c) La fonction 2 se prolonge par continuité en 0. En +, c'est un O( 3), donc la fonction est
t(1 + t ) t
arctan(t)
intégrable. Si on pose t = tan(), on retrouve l'intégrale b). Donc
t(1 + t2) dx = 2 ln(2).
0
- 78 -
Dans le chapitre L2/SUITESF.PDF traitant des intégrales dépendant d'un paramètre, on montre plus
arctan(xt)
généralement que t(1 + t2) dt = 2 ln(1 + x) pour x 0.
0
d) 1 – 2acos(x) + a2 = (a – cos(x))2 + sin2(x) 0 et ne peut s'annuler que pour x = 0 ou et a = 1.
L'intégrale n'est donc généralisée que pour a = 1 (en x = 0), ou bien a = – 1 (en x = ).
Dans le premier cas, on a, au voisinage de 0 :
ln(1 – 2acos(x) + a2) = ln(2 – 2cos(x)) = ln(x2 + o(x2)) = 2ln(x) + ln(1 + o(1)) 2ln(x)
La fonction 2ln(x) est de signe constant au voisinage de 0, et est intégrable. Il en est donc de même
de ln(1 – 2acos(x) + a2).
On procède de même pour a = –1, au voisinage de .
Par conséquent, l'intégrale ln(1 – 2acos(x) + a2) dx converge, quel que soit a.
0
Pour a = 1 :
2
ln(1 – 2acos(x) + a ) dx = ln(2 – 2cos(x)) dx
0 0
= 2 x
ln(4sin (2)) dx
0
/2
x
= 2 ln(4sin2(t)) dt en posant t =
0 2
/2
= 2 ln(4) + ln(sin2(t)) dt
0
/2
= ln(4) + 4 ln(sin(t)) dt
0
= ln(4) – 4 ln(2) = 0
2
Pour a = – 1, on obtiendra de même :
2
ln(1 – 2acos(x) + a ) dx = ln(2 + 2cos(x)) dx
0 0
= 2 x
ln(4cos (2)) dx
0
/2
= ln(4) + 4 ln(cos(t)) dt
0
=0
Pour a 1, l'intégrale est une intégrale simple, limite de ses sommes de Riemann.
n ln(1 – 2acos(k) + a2)
2
ln(1 – 2acos(x) + a ) dx = lim
0 n+ n k=1 n
- 79 -
= lim ln ( (1 – 2acos( ) + a2))
n
k
n+ n k=1 n
n+ n k=1
= lim ln
n–1
(a2n – 1)(a + 1)
en utilisant la relation z2n – 1 = (z – eik/n)
n+ n a–1 k=–n
0 si a < 1
=
ln(a ) sinon
2
Sol.4) a) La fonction ne tend pas vers 0 puisqu'elle prend la valeur 1 aux points x = k.
X
La fonction étant positive, l'intégrale partielle X
1
1 + x3sin2(x) dx est croissante, et il suffit de
0
montrer qu'elle est majorée pour montrer qu'elle converge. Pour cela, prenons n tel que n X. On a
alors :
X n–1
n (k+1)
1 1 1
1 + x3sin2(x) dx 1 + x3sin2(x) dx k=1 dx
1 + x sin2(x)
3
k
n–1
1
dx par périodicité
1 + (x + k)3sin2(x)
k=1
0
n–1
1
dx
0 1 + k sin (x)
3 3
2
k=1
- 80 -
3/2, a tend vers 0 quand k tend vers l'infini, donc cotan(a) k
1 1 3/2 2cotan(a)
Si on prend a = donc
k a k33
est un O( 3/2) donc
1 1 1
dx aussi, donc
k 1 + k sin (x)
3 3 2 1 + k33sin2(x) dx est une série
0
0
X
dx est défini et est un majorant de
1 1
convergente, donc dx.
0 1 + k sin (x)
3 3
2
1 + x sin2(x)
3
k=1
Donc
1 1
dx est une intégrale convergente et il en est de même de
1 + x sin (x)
3 2 1 + x3sin2(x) dx.
0
b) Si la limite est non nulle ou n'existe pas, il existe > 0 et une suite (xn) qu'on peut supposer
croissante et tendant vers l'infini telle que f(xn) > . Si f est K-lipschitzienne, alors dans l'intervalle
2
]xn – , xn + [, f(x) > . Donc sur cet intervalle, l'intégrale de f vaut au moins , or cette
2K 2K 2 2K
X
quantité devrait tendre vers 0 quand n tend vers l'infini, puisque, si on pose F(X) =
f(x) dx, on
0
a:
lim f(x) dx = lim F(xn + ) – F(xn – ) = lim F(x) – lim F(x) = 0
xn+/(2K)
c) On adapte la démonstration du c). Si la limite est non nulle, il existe > 0, et une suite (xn) qu'on
peut supposer croissante et tendant vers l'infini telle que f(xn) > . Or, f étant uniformément
continue, il existe > 0 tel que, x, y, y – x < f(y) – f(x) < , donc, dans l'intervalle
2
]xn – , xn + [, f(x) > . donc sur cet intervalle, l'intégrale de f vaut au moins , or, comme dans
2
le b), cette quantité devrait tendre vers 0 quand n tend vers l'infini21.
e) Puisque f est positive décroissante, f admet une limite en + et, pour que l'intégrale converge, il
faut que cette limite soit nulle. Soit > 0. La fonction x
+
f(t) dt tend vers 0 quand x tend vers
x
+, donc :
A > 0, f(t) dt < et a fortiori, f étant positive :
A
t
t > A,
f(u) du f(t) dt <
A A
puis f tend vers 0 donc : B, t > B, 0 f(t) < .
A
21
Voir aussi : Emmanuel Lesigne, On the behavior at infinity of an integrable function, Amer. Math. Monthly, vol.117,
n°2 (février 2010), 175-181, doi.org/10.4169/000298910X476095
Bálint Farkas, Sven-Ake Wegner, Variations on Barbalat's lemma, Amer. Math. Monthly, vol.123, n°8 (octobre 2016),
825-830.
- 81 -
Alors, pour t > Max(A, B), f étant décroissante :
t t
> f(u) du f(t) du = (t – A)f(t) = tf(t) – Af(t)
A A
donc 0 tf(t) + Af(t) < 2
On a montré que :
> 0, M, t > M, tf(t) <
1
ce qui est la définition de tf(t) 0 quand t tend vers l'infini. Donc f(t) = o( ).
t
Sol.5) a) Pour la convergence des intégrales, remarquer que les fonctions à intégrer sont positives et
1
majorer e–u par une puissance suffisante de quand u tend vers l'infini.
u
Notons maintenant In et Jn les deux intégrales. Elles sont même valeur initiale I0 = J0. Montrons
qu'elles vérifient la même récurrence :
Pour la première intégrale :
un e–u n n–1 –u
In = du = (u + u ) e du – In–1
1+u 1+u
0 0
= n–1 –u
u e du – In–1
0
= (n – 1)! – In–1
- 82 -
/2 /2
1
dt =
1
d
sin(t)
0 sin(2)
0
cos() 1
En effet, cos(t) = 1 – sin2(t) = et dt = d. Donc :
cos(/2) 2cos(/2) cos()
/2 /2 /2
1
dt =
1 1
d =
1
d
sin(t)
0 0
tan(/2) 2cos(/2) cos()
0
4sin(/2)cos(/2)cos()
/2
=
1
d.
0 sin(2)
On peut également passer par le changement de variables intermédiaire et plus naturel x = sin(t) qui
dx avant de poser x = tan().
1
conduit à
1
x(1 – x2) 2
0
Sol.6) a) 1 + 2cos(t) + 2cos(2t) + ... + 2cos(nt) = 1 + eit + e–it + e2it + e–2it + ... + eint + e–int
n
= eikt somme d'une suite géométrique de raison eit
k=–n
1 – e(2n+1)it
= e–int
1 – eit
(2n + 1)t
(2n+1)it/2 sin( )
e 2
= e–int
eit/2 t
sin( )
2
(2n + 1)t
sin( )
2
=
t
sin( )
2
On peut aussi procéder par récurrence. Pour cela, on devra vérifier par exemple que :
(2n + 1)t t (2n + 3)t
sin( ) + 2 sin( )cos((n + 1)t) = sin( )
2 2 2
b) On intègre par parties :
f(t) sin(xt) dt = 1 [– f(t) cos(xt)]t= + 1 f '(t) cos(xt) dt
x t=0 x
0 0
1
Le crochet est borné de même que l'intégrale. Leur produit par admet donc une limite nulle.
x
sin(x)
c) En 0, la fonction se prolonge par continuite. La convergence de l'intégrale en + est
x
montrée dans le cours.
1 1
La fonction f : t – se prolonge sur [0, ] en une fonction C1. Pour le voir, effectuer des
t t
2 sin( )
2
développements limités en 0 de cette fonction et de sa dérivée pour prouver qu'elles admettent une
- 83 -
1
limite en 0 (on trouvera 0 comme limite de la fonction, et comme limite de sa dérivée, après un
24
calcul assez fastidieux). On a donc :
0 = lim
1 1 (2n + 1)t
( – ) sin dt d'après b)
n+ 2 sin t t 2
0 2
(2n + 1)t
sin( )
2
= lim + cos(t) + ... + cos(nt) dt –
1
dt d'après a)
n+ 2 t
0
0
= lim –
(2n+1)/2 sin(x)
dx
n+ 2 x
0
(2n + 1)t
avec le changement de variable x = dans la dernière intégrale
2
=–
sin(x)
dx
2 x
0
D'où le résultat.
D'autres démonstrations de cette égalité sont données dans les exercices du chapitre
L2/SUITESF.PDF et dans le cours du chapitre L2/SERIENTR.PDF.
t( – t)
d) La fonction f : t se prolonge par continuité en 0 par la valeur . Calculer sa dérivée et
sin(t)
effectuer courageusement un développement limité pour montrer que sa dérivée se prolonge aussi
en 0 par la valeur – 1 pour conclure sur le caractère C1 de f. En , le calcul est inutile en remarquant
que f(t) = f( – t).
On a donc :
0 = lim
t( – t)
sin(t) sin((2n + 1)t) dt d'après le b)
n 0
= lim t( – t)(1 + 2cos(2t) + ... + 2cos(2nt)) dt d'après le a)
n 0
Il suffit ensuite de vérifier que :
t( – t) dt =
3
6
0
et que (en intégrant par parties) :
k 1,
t( – t)cos(2kt) dt = – 2k2
0
pour obtenir :
3 n
0 = lim – 2
n 6 k=1 k
2 1
soit =
6 k=1 k2
- 84 -
f(t)
Sol.7) a) Soit > 0. Puisque lim = 0, A, t > A, f(t) < g(t). On a alors, pour x > A :
t g(t)
f(t) dt f(t) dt
g(t) dt
x x x
f(t) dt
x
On a prouvé que : > 0, A, x > A, <
g(t) dt
x
f(t) dt
x
ce qui est la définition de lim = 0. Donc
x g(t) dt f(t) dt = o( g(t) dt).
x x
x
Puis :
f g f = g (1 + o(1)) = g + o(g) f – g = o(g)
Donc, d'après ce qui précède :
f(t) – g(t) dt = o( g(t) dt)
x x
donc f(t) dt = g(t) dt + o( g(t) dt) g(t) dt
x x x x
b) De même, > 0, A tel que : t > A, f(t) < g(t). D'où, pour x > A :
x x A x A x
f(t) dt f(t) dt f(t) dt + f(t) dt f(t) dt + g(t) dt
0 0 0 A 0 A
x
x
Cte + g(t) dt Cte +
A g(t) dt
0
x
Posons G(x) =
g(t) dt. Comme G(x) tend vers + lorsque x tend vers +, il existe B tel que, quel
0
x
Cte
que soit x > B, on a < . Donc, pour x > Max(A,B), f(t) dt < 2G(x).
G(x) 0
x
f(t) dt
0 x x
On a prouvé que : > 0, A, x > A, < 2. Donc
x
g(t) dt f(t) dt = o( g(t) dt).
0 0
0
- 85 -
A noter que, si g change de signe, la conclusion peut être fausse : prendre g(t) = sin(t) et
sin(t) x
. On a
g(t) dt = 1 – cos(x) qui s'annule une infinité de fois dans tout voisinage de
f(t) = 2
1+t
0
x
l'infini, alors que
f(t) dt tend vers une limite strictement positive.
0
x
Si g(t) dt tend vers
1 1
g converge, c'est également faux. Prendre g(t) = et f(t) = .
(t + 1)2
(t + 1)
3
0 0
x
1 alors que
f(t) dt n'est pas un o(1) puisqu'il ne tend pas vers 0.
0
c) Soit un et vn deux séries absolument convergentes, telles que, n, vn 0 et un = o(vn). Alors
uk = o( vk) quand n tend vers l'infini. Si un vn, uk vk.
k=n k=n k=n k=n
Soient (un) et (vn) deux suites, telles que n, vn 0, vn diverge, et un = o(vn). Alors
n n n n
uk = o( vk) quand n tend vers l'infini. Si un vn, uk vk.
k=0 k=0 k=0 k=0
x n
On adaptera les démonstrations données en a) et b) en remplaçant les , et les .
par k=n par k=0
x 0
1 1 1 1 1
Sol.8) a) Pour tout x > 0,
x x x
< + 1, donc 0 – 1, d'où l'intégrabilité sur ]0, 1].
x x
b) On a, pour tout n entier :
1 n–1 1/k 1 n–1 1/k 1
1 – 1 dx = –
1
dx = – k dx
x x k=1 x x k=1 x
1/n 1/(k+1) 1/(k+1)
n–1 n–1
k+1 1 1 k+1 1
= ln(
k
) – k( – ) = ln(
k k + 1 k=1 k
)–
k+1
k=1
n
1
= ln(n) – k 1–
k=2
Sol.9) a) Il suffit de prendre le module de la fonction pour constater qu'elle est intégrable sur
[a, +[.
b) On intègre deux fois par parties :
–ia –ix –ia –ia
e–ix a dx = e – e 2a dx = e + 2e – e–ix 6a dx
2 2 2
x2 i x3 a x4
a i
i
a a
e–ia –ix 6a2
(1 + – ieia
2i
= e dx)
i a x4
a
- 86 -
e–ia –ix 6a2
si on montre que – ieia
2i
On aura prouvé que l'équivalent est bien e dx tend vers 0
i a x4
a
2i
quand a tend vers l'infini, ce qui est évident pour . Quant à l'intégrale, son module est majoré par
a
6a2
2
x4 dx = a.
a
a a
c) La fonction x e–ix n'est pas intégrable sur [a, +[ puisque son module vaut dont l'intégrale
x x
diverge en l'infini. On procède donc comme suit. Soit b > a. On intègre par parties :
b –ia –ib –ix
e–ix a dx = e – e a – b e a dx
i x2
a x i ib
a
donc, quand b tend vers l'infini :
–ia –ix
e–ix a dx = e – e a dx
i x2
a x i
a
1
L'intégrale, dans le membre de droite, est celle du a) multipliée par . Elle est donc équivalente,
ia
e–ia e–ia
d'après le b), à – et est négligeable devant quand a tend vers l'infini. Donc :
a i
–ia
e–ix a dx e
a
x i
1
Sol.11) a) converge car :
(k + 1)(k + 2)(k + 3)
1 1
k 1, 0
(k + 1)(k + 2)(k + 3) k3
1
et .
k3
1 1 1 1
On a = – + donc :
(X + 1)(X + 2)(X + 3) 2(X + 1) X + 2 2(X + 3)
n
1 1 n 1 n
1 1 n 1
= – +
k=0 (k + 1)(k + 2)(k + 3) 2 k=0 k + 1 k=0 k + 2 2 k=0 k + 3
- 88 -
1 n+1 1 n+2 1 1 n+3 1
= – +
2 k=1 k k=2 k 2 k=3 k
1 1 1 1 1 1 1 1 1
= + + – – – + + +
2 4 2(n + 1) 2 n + 1 n + 2 2(n + 1) 2(n + 2) 2(n + 3)
n
1
Tous les autres termes k se simplifient.
k=3
1 1
En faisant tendre n vers l'infini, on obtient (k + 1)(k + 2)(k + 3) = 4.
k=0
1 1 1
Si on renomme k + 1 en n, on obtient la formule n(n + 1)...(n + p) = p p! annoncée plus haut
n=1
dans le cours.
1 ) converge car :
b) n tan( n+2
2 2
1 )0
n, n tan( n+2
2 2
1 ) , terme général d'une série géométrique convergente.
et tan( n+2
2n 2 22n+2
cos(x) 2cos(2x) cos(x) cos2(x) – sin2(x) sin2(x)
cotan(x) – 2cotan(2x) = – = – = = tan(x)
sin(x) sin(2x) sin(x) sin(x)cos(x) sin(x)cos(x)
On a donc, pour tout entier N :
)= ) – 2cotan( ))
N N
1 1
2n tan(2n+2 2n (cotan(2n+2 2n+1
n=0 n=0
- 89 -
)–
N
1 1
= (2n cotan(2n+2 2 n–1 cotan( n+1))
2
série télescopique
n=0
1
N cotan( N+2) – 2 cotan( )
=
2 2 2
1 )
= N cotan( N+2
2 2
Donc, en passant à la limite quand N tend vers l'infini :
1 )= 4
2n tan(2n+2
n=0
2 2
c) arctan( 2) converge, car la série est à termes positifs et que arctan( 2) 2 1
2, avec 2
n n n n
convergente.
n
2 n2 – n – 2
On montre la relation tan( arctan( 2)) = 2 par récurrence sur n. Pour n = 3, elle donne :
k=3 k n + 3n
2 4
tan(arctan( )) = qui est exact.
9 18
Si elle est vraie au rang n, alors, au rang n + 1, on a :
n+1 n
2 2 2
tan( arctan( 2)) = tan( arctan( 2) + arctan( ))
k=3 k k=3 k (n + 1)2
n
2 2
tan( arctan( 2)) +
k=3 k (n + 1)2
=
n
2 2
1 – tan( arctan( 2))
k=3 k (n + 1)2
n2 – n – 2 2
2 +
n + 3n (n + 1)2
= d'après l'hypothèse de récurrence
n2 – n – 2 2
1– 2
n + 3n (n + 1)2
n2 + n – 2
= ... = 2
n + 5n + 4
(n + 1)2 – (n + 1) – 2
=
(n + 1)2 + 3(n + 1)
et la relation est vérifiée au rang n + 1.
- 90 -
n+1 2 n+1
2 (n + 1) – (n + 1) – 2 2
arctan(k2)) est (n + 1)2 + 3(n + 1) 1, la quantité arctan(k2)) est nécessairement inférieure
k=3 k=3
ou égale à .
4
Par conséquent :
n 2
2 n –n–2
arctan(k2) = arctan( n2 + 3n )
k=3
Enfin :
arctan(n2) = arctan(2) + arctan(2) + arctan(n2) = 2 + 4 = 4
2 1 2 3
n=1 n=3
1
d) ( –
1
) converge car
1
–
1
=–
1
est de signe constant, que
1
1
et
n 1 n 1 n(2n – 1) n(2n – 1) 2n2
n– n–
2 2
1
que converge.
2n2
1 1 1 2
n ( –
1
) s'écrit aussi n – 2n – 1.
n=1
n– n=1
2
1 1
La constante d'Euler est telle que 1 + + ... + = ln(n) + + o(1). Donc :
2 n
N
1 2 1 2
(n – 2n – 1) = lim (n – 2n – 1)
n=1 N+ n=1
1 1 1 1
lim 1 + + ... + – 2(1 + + ... +
= )
N+ 2 N 3 2N – 1
1 1 1 1 1
= lim 2(1 + + ... + ) – 2(1 + + + ... + )
N+ 2 N 2 3 2N
= lim 2(ln(N) + + o(1)) – 2(ln(2N) + + o(1))
N+
= – 2ln(2)
2
Le raisonnement suivant est incorrect : Les termes ne font intervenir que des dénominateurs
2n – 1
1
impairs, alors que les termes font intervenir aussi bien des dénominateurs pairs (pour n pair)
n
1 2
qu'impairs (pour n impair). Un terme pour n = 2k – 1 se simplifiera donc avec un terme –
n 2n – 1
1 1
pour n = k, laissant donc un terme – . Les termes avec n = 2k ne se simplifient pas et
2k – 1 n
- 91 -
1 1 1 (–1)k
resteront donc . Il en résulte que la somme cherchée n'est autre que ( – )= qui
2k k=1 2k 2k –1 k=1 k
vaut – ln(2). L'erreur provient du fait que, dans ce raisonnement, on change l'ordre des termes, ce
qui change la valeur de la série.
e) 3
1
converge, car la série est à termes positifs, que 3
1
1 3 et
(2n + 1) – (2n + 1) (2n + 1) – (2n + 1) 8n
1
que 3 converge.
8n
+
1 1 + 1 1 4 1 N 1 1 4
(2n + 1)3 – (2n + 1) = 4 (n + n + 1 – 2n + 1) = lim 4 (n + n + 1 – 2n + 1)
n=1 n=1 N n=1
N
1 1
= lim (ln(N) + + ln(N + 1) – 1 + + o(1) – 4 )
N 4 n=1 2n + 1
2N+1 N
1 1 1
= lim (ln(N) + ln(N + 1) + 2 – 1 + o(1) + 4 – 4 + 4 )
N 4 n=1 n n=1 2n
1
= lim (ln(N) + ln(N + 1) + 2 + 3 – 4 ln(2N + 1) – 4 + 2 ln(N) + 2 + o(1))
N 4
1
= lim (ln(N) + ln(N + 1) + 3 – 4 ln(2N + 1) + 2 ln(N) + o(1))
N 4
3
= – ln(2) +
4
ln(n + 1)
f) Soit p = an. On a alors n 1 + 2 + 4 + ... + 2p–1 = 2p – 1, donc 2p n + 1 donc an
ln(2)
donc :
an 1
0 = O( 3/2)
n(n + 1) n
1
et la série converge car 3/2 converge.
n
On a a2n = an et a2n+1 = an + 1. Donc :
a a a
n(n +n 1) = 2k(2k2k+ 1) + (2k + 2)(2k
2k+1
+ 1)
n=1 k=1 k=0
a a 1
= 2k(2kk+ 1) + (2k + 2)(2k
k
+ 1)
+
(2k + 2)(2k + 1)
k=1 k=1 k=0
ak ak 1
= 2k(2k + 1) (2k + 2)(2k + 1) (2k + 2)(2k + 1)
( + ) +
k=1 k=0
ak 1
= 2k(k + 1) (2k + 2)(2k + 1)
+
k=1 k=0
- 92 -
1 an
1
= +
2 n=1 n(n + 1) k=0 (2k + 2)(2k + 1)
a 1
donc n
=2
n=1 n(n + 1) k=0 (2k + 2)(2k + 1)
2N+1 N N+1
1 1 1
= – 2k – 2k
k=1 k k=1 k=1
2N N
1 1 1 1
= k – k + 2N + 1 – 2N + 2
k=1 k=1
2k + 1 – 4 = (–1)k t2k dt – = dt –
n k 1 n 1 1 – (–1) n+1 2n+2
(–1) t
g) Soit un = 4 1+t 2
4
k=0 k=0
0 0
1 t2n+2
= (–1)n
1 + t2 dt
0
Sous cette expression, on voit que un est une série alternée vérifiant le critère de Leibniz. Donc
un est convergente. On a ensuite :
N N 1 (–1)nt2n+2 1 t2 1 – (–1)N+1t2N+2
un = dt = dt
n=0 1 + t2 1 + t2 1 + t2
n=0
0
0
1t2 1 t2 (–1)Nt2N+2
= dt +
(1 + t )
2 2 1 + t2 1 + t2 dt
0 0
1 t2 (–1)Nt2N+2 1 t2 t2N+2 1
Comme 1
t dt = 2N + 1 0 quand N tend vers
2N
dt = dt
1 + t2 1 + t2 1 + t2 1 + t2
0 0 0
l'infini, on a :
1
t2 /4 tan2()
un =
(1 + t2)2 dt = 1 + tan2() d en posant t = tan()
n=0
0 0
1 – cos(2) d = –
/4 1 /4
= sin () d =
2 1
2 8 4
0 0
Sachant que :
- 93 -
2k + 1 – 4 = 2k + 1 – 2k + 1 = – 2k + 1
n k n k k k
(–1) (–1) (–1) (–1)
k=0 k=0 k=0 k=n+1
(–1)k (k + 1/2 – 1/2)
= – 2k + 1
k=1
1 1 (–1)k
=–
2 k=1
(–1)k
+
2 k=1 2k + 1
1 1 (–1)k
=–
2 k=0
(–1)k
+
2 k=0 2k + 1
1 1 1
=– +
2 2 2 4
1 1
en utilisant abusivement (–1)k = 2, à savoir xk = 1 – x pour x = – 1.
k=0 k=0
=–
1
qui donne pourtant le résultat exact !!
8 4
Sol.12) Dans le même mémoire, Louis Olivier définit la convergence et la divergence d'une série
comme suit :
« On appelle convergente une série, qui a les deux propriété suivantes, savoir : qu'on trouve sa
valeur numérique d'autant plus exactement qu'on calcule successivement plusieurs termes, et qu'en
continuant indéfiniment ce calcul, on peut se rapprocher de la vraie valeur de la série totale à tel
degré qu'on voudra.
Au contraire, on appelle indéterminée une série, qui ne donne aucun rapprochement, en continuant
le calcul des termes.
Et on appelle divergente une série, dont les termes suivants, ajoutés aux précédents, ne donnent que
des résultats qui s'éloignent de plus en plus de la vraie valeur de la série.
Par exemple
1 1 1 1
1 + + + + + ... est une série convergente
2 4 8 16
1 – 1 + 1 –1 + 1 + ... est une série indéterminée
1 – 2 + 3 – 4 + 5 + ... est une série divergente »
1
a) Prendre un = , contre-exemple donné par Abel. La divergence de un se montre par
nln(n)
comparaison série-intégrale.
- 94 -
u
b) Pour un = an, on a lim n = 1 0 donc an diverge, donc Sn tend vers l'infini.
n an
a u 1 a a
Pour un = n , on a lim n = lim = 0 donc n converge, et en particulier, n tend vers
Sn–1 a
n n n n–1 S S n–1 S n–1
0. Mais alors
an
ln(1 + ) = ln( ) terme général d'une série télescopique dont la somme
an Sn
Sn–1 Sn–1 Sn–1
partielle vaut ln(Sn) – ln(S1) et qui diverge, puisque lim Sn = +. Par l'équivalence, on devrait
n
a
aussi avoir n divergente, alors qu'elle converge. Contradiction.
Sn–1
1
c) Prendre par exemple un = 0 si n n'est pas un carré et un = si n est un carré.
n
n
d) Notons Sn = uk la somme partielle de la série et Rn = uk son reste. Pour tout p inférieur à n,
k=0 k=n+1
on a :
n
Sn – Sp = uk (n – p)un car la suite (un) décroît
k=p+1
d'où 0 nun Sn – Sp + pun Rp + pun et le majorant peut être rendu arbitrairement petit.
En effet, soit > 0. (Rp) converge vers 0 quand p tend vers l'infini donc il existe p tel que Rp < .
2
Pour un tel p, (pun)nN est une suite de limite nulle donc il existe N p tel que, pour n N,
0 pun .
2
Pour n N, on a donc 0 nun .
ak
Sol.13) a) est bien convergente, car son terme général est positif ou nul et est majoré par
k!
k 1 a
= , terme général d'une série convergente. De plus k est bien compris entre 0 et 1 car :
k! (k – 1)! n=2 k!
ak k – 1 1
1
0 k! k! (k – 1)! k! = 1
= –
n=2 n=2 k=2 k=2
k–1 1 1 1
Plus généralement, remarquons que k! = (k – 1)! k! = n!.
–
k=n+1 k=n+1 k=n+1
k–1
Si x = 1, on prendra précisément comme décomposition k! et cette décomposition est unique
n=2
a k–1
car si l'un des ak est strictement inférieur à k – 1, alors k!k < k! = 1
n=2 n=2
- 95 -
Soit maintenant x élément de [0, 1[. Posons a2 = 2x. On a 0 a2 1 et a2 2x < a2 + 1 donc
a 1 a
0 x – 2 < . Posons y2 = x – 2.
2 2 2
Supposons que, pour n donné, on ait trouvé a2, a3, ..., an et yn tels que :
n
a 1
0 ak k – 1 et 0 x – k!k = yn < n!
k=2
Posons an+1 = (n + 1)!yn. Comme 0 (n + 1)!yn < n + 1, on a bien 0 an+1 n. En outre,
n+1
a a 1
an+1 (n + 1)!yn < an+1 + 1 0 x – k!k = yn – (n +n+11)! = yn+1 < (n + 1)! et la récurrence est
k=2
vérifiée.
ak bk
Supposons que l'on ait deux décomposition distinctes x = = k! avec a2= b2, ..., an–1 = bn–1 et
k=2 k! k=2
ak bk
an < bn. Alors : = k! avec :
k=n k! k=n
bn b a a k–1 a 1
n!
k!k = k!k n!n + k! = n!n + n! donc an < bn an + 1 donc bn = an + 1, donc
k=n k=n k=n+1
n
b
toutes les inégalités sont des égalités, et bk = 0 pour k > n, ak = k – 1 pour k > n, donc x = k!k.
k=2
n n–1
b b b –1 k–1
Réciproquement, si x s'écrit sous la forme k!k avec bn > 0, alors x = k!k + nn! + k! et la
k=2 k=2 k=n+1
rationnel de dénominateur n, alors x s'exprime comme somme finie, puisque, dans l'algorithme
a
définissant les an, on arrivera à an = n!yn–1 = n!yn–1 entier et donc yn = yn–1 – n = 0 donc
n!
an+1 = an+2 = ... = 0. Ainsi, la décomposition est unique pour x < 1 si et seulement si x est irrationnel.
On peut rendre la décomposition unique pour tout x en imposant que la suite ak ne puisse devenir
égale à k – 1 à partir d'un certain rang, mais alors il faut exclure x = 1.
a 1
b) n!x = entier + n+1 + Rn avec 0 Rn
n+1 n+1
a a a
cos(n!2x) = cos(2 n+1 + o(1)) = cos(2 n+1 )(1 + o(1)) + o(1) = cos(2 n+1 ) + o(1)
n+1 n+1 n+1
d'où le résultat.
c) Il suffit de montrer que tout réel y élément de [–1,1] est limite d'une suite de la forme
an+1 a arccos(y)
cos(2 ) avec n, an [[ 0, n – 1 ]] et x = n. On prend pour cela an = n .
n+1 n=2 n! 2
- 96 -
n2 + 2
Sol.14) a) Les deux membres de l'égalité à vérifier valent .
(n2 + n + 2)(n2 – n + 2)
1 1
Remarquer que, si on pose vn = , alors = vn+1. On a alors :
2(n2 – n + 2) 2(n2 + n + 2)
(–1)n 2(–1)n
n2 + 1 – (n2 + 1)(n2 + n + 2)(n2 – n + 2) = (–1)n vn + (–1)nvn+1
n=0 n=0 n=0 n=0
= (–1)n vn – (–1)nvn en changeant d'indice dans la deuxième somme
n=0 n=1
1
= v0 =
4
d'où le résultat.
b) Il s'agit de série alternée dont le terme général décroît en valeur absolue, donc le reste de chaque
série est majorée par son premier terme en valeur absolue. Dans le premier cas, on prendra donc n
1
tel que 2 10–10 soit n 100.000. Dans le second cas, on prendra n tel que
n +1
2
10–10 soit n 53 par exemple. On a procédé à une accélération de
(n2 + 1)(n2 + n + 2)(n2 – n + 2)
convergence.
Les valeurs approchées demandées valent 0.6360145275 à 10–10 près.
n 2
un n2 k
Sol.15) En considérant la suite auxiliaire vn = n , on a vn = vn–1 + n = v0 + k
c c k=1 c
n n
a) Si c = 1, alors un = vn = u0 + k2 avec k2 n3 = O(n3).
k=1 k=1
b) Si c > 1, on a :
n 2 2
k k
un = cnvn = cnu0 + cn ck , or ck est une série convergente (appliquer par exemple le
k=1
n n n–1
cn–k k2 n2 cn–k = n2 ck or ck converge, donc un = O(n2)
k=1 k=1 k=0
Sol.16) a) Non. un = n
b) Non. un = ln(n)
c) Non. un = n
1
d) Non. un = n
2
- 97 -
n
e)-f) Oui puisque uk+1 – uk = un+1 – u0
k=0
n k n+1
(–1) (–1)
g) Non. un = k où un+1 – un = n + 1
k=1
h) un+1 – un vn+1 – vn + wn+1 – wn = (vn+1 – vn) + (wn – wn+1). Or (vn+1 – vn) et (wn – wn+1)
converge donc un+1 – un converge.
i) Prendre par exemple :
v0 = u0, w0 = 0
puis
si un+1 un, vn+1 = vn + un+1 – un ( vn)
wn+1 = wn
si un+1 < un, vn+1 = vn
wn+1 = wn + un+1 – un ( wn)
On vérifie par récurrence que un = vn + wn.
De plus : 0 vn+1 – vn un+1 – un donc (vn+1 – vn) converge donc (vn) converge. De même pour
wn – wn+1.
Sol.17) Dans cet exercice, an n'est pas supposée absolument convergente, d'où l'utilisation
d'hypothèses alternatives.
a) an converge lim an = 0 donc à partir d'un certain rang, 1 + an > 0. Quitte à laisser de côté
n
les premiers termes, on peut donc supposer que les termes sont strictement positifs. On a alors, en
n
notant pn = (1 + ak) :
k=0
n n n 2 n
a
ln(pn) = ln(1 + ak) = ak – 2k + o(ak2)
k=0 k=0 k=0 k=0
- 98 -
(–1)p
, toutes deux convergentes en vertu du critère de Leibniz des séries semi-convergentes.
(2p + 1)1/4
(–1)n
Pour la même raison, an2 converge car an2 = . Cependant, le produit infini diverge. En effet,
n
le module a pour terme général :
(–1)p
si n = 2p, 1 +
(2p)1/4
1
si n = 2p + 1, 1+
2p + 1
Le logarithme du module d'indice 2p vaut :
(–1)p (–1)p 1 (–1)p 1 1
ln(1 + 1/4) = 1/4 – + 3/4 – + O( 5/4)
(2p) (2p) 2 2p 3(2p) 8p p
Le logarithme du terme d'indice 2p + 1 vaut :
1 1 1
ln 1+ = ln(1 + )
2p + 1 2 2p + 1
1 1 1
= ln(1 + + O( 3/2))
2 2p p
1 1 1
= – + O( 3/2))
2 2p 8p p
Donc, quand on somme les deux sommes partielles, on obtient une somme dont le terme général
est :
(–1)p (–1)p 1 1
+ – + O( 5/4)
(2p)1/4 3(2p)3/4 4p p
(–1)p (–1)p
1/4 est convergente selon le critère de Leibniz des séries semi-convergentes, et
(2p) 3(2p)3/4
1 1
O( 5/4) sont absolument convergentes, diverge. Donc la série est divergente vers –. Donc
p 4p
le module du produit tend vers 0. Le produit infini diverge donc.
1
Sol.18) a) Soit f(x) = x2 + . (xn) est une suite récurrente définie par xn+1 = f(xn).
4
1 1 1 1 1
Pour tout x > , f(x) > car f(x) – = x2 – > 0. Donc, par récurrence, n, xn+1 = f(xn) > .
2 2 2 4 2
1 1 1
Pour tout x > , f(x) > x car f(x) – x = x2 – x + = (x – )2 > 0. Donc, en remplaçant x par xn (dont on
2 4 2
1
vient de montrer qu'il est strictement supérieur à ) : n, xn+1 = f(xn) > xn.
2
1
La suite (xn) est donc croissante. Si elle était majorée, elle convergerait vers une limite l > qui
2
vérifierait f(l) = l, relation obtenue en passant à la limite dans la relation xn+1 = f(xn). Or un tel point
1
fixe n'existe pas car la seule valeur x vérifiant f(x) = x est x = . Donc la suite est croissante non
2
majorée, donc elle tend vers +.
ln(x )
b) Considérons la suite yn = nn . On a :
2
- 99 -
1
ln(xn2 + )
ln(xn+1) 4
yn+1 = n+1 =
2 2n+1
1
2ln(xn) + ln(1 + )
4xn2
=
2n+1
v
= yn + n+1
2n+1
1
en posant vn+1 = ln(1 + ). Comme (xn) est une suite croissante tendant vers +, (vn) est une suite
4xn2
décroissante tendant vers 0. On a de plus, par récurrence :
n
v
yn = y0 + 2kk
k=1
vk vk v1 1
La série k converge car 0 k k et k converge. Donc la suite (yn) est croissante et converge
2 2 2 2
v
vers une limite K = y0 + 2kk. Comme xn tend vers +, il existe un rang au-delà duquel yn > 0, donc
k=1
K > 0.
n n
Posons c = eK. Comme yn K, xn c2 . Montrons que lim c2 – xn = 0.
n
On utilise l'inégalité des accroissements finis suivante (voir L1/DERIVEE.PDF) :
a b, 0 eb – ea (b – a) Sup {et | a t b} = (b – a)eb
Donc, en remplaçant a par 2nyn et b par 2nK :
n
0 c2 – xn 2n(K – yn) exp(2nK)
v
2n 2kk exp(2nK)
k=n+1
1
2n vn+1 k exp(2nK) car k n + 1, vk vn+1
k=n+1 2
1 1 1 1
vn+1 exp(2nK) car k = 2n+1 1 = 2n
k=n+1 2
1–
2
1 1 1
exp(2nK) car vn+1 = ln(1 + )
4xn2 4xn2 4xn2
1
exp(2nK – 2n+1yn)
4
On a 2nK – 2n+1yn = 2n(K – 2yn) – K2n qui tend vers – donc lim exp(2nK – 2n+1yn) = 0.
n
2n
Donc lim c – xn = 0.
n
n ln(x )
c) Par récurrence, on a facilement xn x02 , donc yn = nn ln(x0), donc K ln(x0) donc c x0.
2
On a par ailleurs :
- 100 -
1
k, vk v1 = ln(1 + )
4x02
n n
v 1 1
donc yn = y0 + 2kk y0 + v1 2k y0 + v1 2k = y0 + v1. Donc K y0 + v1 donc c x0 exp(v1).
k=1 k=1 k=1
c 1
Ainsi 1 exp(v1) = 1 +
x0 4x02
c
donc lim = 1.
x0 0 x
n
Sol.19) a) Vérifier par récurrence que xn = nx0 + n–kyk
k=1
n
b) Comme n tend vers 0, il suffit de montrer que la suite ( n–kyk) converge. Montrons que la
k=1
l
limite est si l est la limite de (yn). En effet : > 0, N, n N, yn – l < . Donc :
1–
l nl
n–1y1 + n–2y2 + ... + yn – = n–1(y1 – l) + n–2(y2 – l) + ... + (yn – l) –
1– 1–
n
n–1
y1 – l + n–2
y2 – l + ... + yn – l + l
1–
n
n–1
y1 – l + ... + n–N
yN – l + n–N–1
yN+1 – l + ... + yn – l + l
1–
n C + ( n–N–1 + ... + 1) avec C une constante indépendante de n.
1
nC +
1–
Comme lim n = 0, M, n M, nC .
n
Donc, pour n Max(M, N) :
l 1
n–1y1 + n–2y2 + ... + yn – (1 + )
1– 1–
n
l
ce qui prouve que lim n–kyk = .
n k=1 1 –
p+1
xp+1 y
c) Par récurrence sur p n, on vérifiera que – xn = n+1
kk.
p–n k=n+1
- 101 -
xp+1 yk
Quand p tend vers l'infini, la suite (xn) étant bornée et > 1, p–n tend vers 0. De plus la série k
yk 1 1
converge absolument car = O( ) et que converge. En passant à la limite quand p tend
k k
k
vers l'inifni, on obtient :
yk yk – l l yk – l l
xn = – n = – n
– n
= – n
k +
k=n+1 k
k=n+1 k
k=n+1 k
k=n+1 1 –
k =
y –l
Par ailleurs, pour n N, le module n k k est majorée par n
, ce qui
k=n+1 k=n+1 –1
y –l
montre que lim n k k = 0.
n k=n+1
l
Donc lim xn = .
n 1–
1 1
= (2k – 1 – 2k) en posant m = 2k
k=1
- 102 -
(–1)n–1
= n
en distinguant n pair et n impair
n=1
Mais quand a décrit P et k décrit les entiers supérieurs ou égaux à 2, ak décrit les nombres pairs qui
1 1 1 1
sont puissances au moins égale à 2 de nombres pairs. C'est bien la somme + + + + ...
3 7 15 31
énoncée par Euler.
c) On adaptera la démonstration précédente, mais au lieu de se limiter aux nombres pairs m, on
1
prendra tous les entiers supérieurs ou égaux à 2. On utilisera le fait que la somme 2 qui
m=2 m – m
1 1
s'écrit (m – 1 – m), est télescopique et vaut 1.
m=2
1
Sol.21) Si on change z en , l'expression change de signe. Il suffit donc de prouver l'égalité pour
z
1 n+1
z < 1. On utilise le développement de la série géométrique = qk avec q = z2 . On obtient :
1 – q k=0
n
1+z 2z2 1 + z 2n k2n+1
+ 2n+1 = – 2z z
1 – z n=0 z – 1 1 – z n=0 k=0
1 + z 2n(2k+1)
= – 2z
1 – z n=0 k=0
n(2k+1) n
La famille (2z2 ), (n, k) N2 est sommable car il en est de même de la famille ( 2z2 (2k+1) ),
n(2k+1)
comme on le voit en partitionnant N2 en la réunion des {n} N. Pour chaque n, 2z2 est
k=0
n
2z2
n
sommable de somme Tn = , et Tn est sommable car Tn 2z2 2zn , terme général
2n+1
1– z
d'une série convergente positive. Par ailleurs, quand (n, k) décrit N2, 2n(2k + 1) = m décrit N* car
- 103 -
tout entier m strictement positif s'écrit de manière unique comme produit d'un nombre impair par
une puissance de 2. Donc :
n
1+z 2z2 1+z m 1+z 2z
+ 2n+1 = – 2z = – =1
1 – z n=0 z – 1 1 – z m=1 1–z 1–z
- 104 -