Parametres
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François DE M ARÇAY
Département de Mathématiques d’Orsay
Université Paris-Sud, France
f: E × I −→ C.
R
R
E f (x, t) dx
I
t
Rd
E
Une question naturelle qui possède des applications extrêmement nombreuses et utiles
en Analyse consiste à déterminer de quelle manière l’intégrale :
Z
F (t) := f (x, t) dx
E
(iii) il existe une fonction positive g : E −→ R+ Lebesgue-intégrable sur E qui, pour tout
t 6= t0 proche de t0 et pour presque tout x ∈ E, domine uniformément :
f (x, t) 6 g(x);
Alors premièrement la fonction :
x 7−→ f (x, t0 )
est Lebesgue-intégrable sur E et deuxièmement surtout :
Z Z
lim f (x, t) dx = f (x, t0 ) dx.
t → t0 E E
Autrement dit, ces trois conditions garantissent que la fonction introduite ci-dessus :
Z
F (t) = f (x, t) dx
E
est continue en t = t0 . Dans la plupart des applications utiles et intéressantes, il est en
général aisé de vérifier que ces trois conditions sont effectivement satisfaites.
Démonstration. L’argument est dérisoirement simple, puisque, comme l’aura fait deviner
la présence d’une fonction dominatrice g, ce résultat est une application immédiate du
théorème de convergence dominée, par exemple en introduisant une suite :
tn −→ t0 ,
à laquelle est associée la suite de fonctions intégrables :
fn (x) := f (x, tn ),
la vérification complète étant laissée en exercice d’assimilation.
Bien entendu, l’énoncé le plus fréquemment utile dans les applications concerne une
continuité en tous les points de l’intervalle I.
Théorème 1.2. Si les trois conditions suivantes sont satisfaites :
(i) pour tout t ∈ I, la fonction x 7−→ f (x, t) est Lebesgue-intégrable en la variable x sur
E;
(ii) pour tout x ∈ E, la fonction t 7−→ f (x, t) est continue en la variable t sur I ;
(iii) il existe une fonction positive g : E −→ R+ Lebesgue-intégrable sur E qui domine
uniformément :
f (x, t) 6 g(x)
2. Dérivabilité d’intégrales dépendant de paramètres 3
car on sait (exercice de révision) qu’en un extremum d’une fonction dérivable, la dérivée
s’annule nécessairement (sinon, s’il y avait une pente non nulle, le point en question ne
serait pas un extremum).
Voici maintenant l’énoncé que nous attendons tous, à savoir celui qui permet d’interver-
tir l’intégration et la dérivation partielle.
Théorème 2.3. [Dérivabilité sous le signe intégral] Avec les mêmes notations précédem-
ment : Z
F (t) = f (x, t) dx,
E
si les trois conditions suivantes sont satisfaites :
(i) pour tout t ∈ I, la fonction x 7−→ f (x, t) est Lebesgue-intégrable en la variable x sur
E;
(ii) pour tout x ∈ E, la fonction t 7−→ f (x, t) est dérivable, de dérivée :
∂f
(x, t);
∂t
(iii) il existe une fonction positive g : E −→ R+ mesurable Lebesgue-intégrable sur E qui
domine uniformément :
∂f
(x, t) 6 g(x),
∂t
pour tout x ∈ E et tout t ∈ I ;
Alors en tout t ∈ I fixé, la fonction :
∂f
x 7−→ (x, t)
∂t
est Lebesgue-intégrable sur E, et surtout, la fonction :
Z
t 7−→ f (x, t) dx
E
est dérivable sur I de dérivée égale à :
Z Z
d ∂f
f (x, t) dx = (x, t) dx.
dt E E ∂t
t = lim tn .
n→∞
f (x,tn )−f (x,t)
En tout point x ∈ E, les quotients différentiels tn −t
ont alors une valeur finie qui
tend par hypothèse vers :
∂f f (x, tn ) − f (x, t)
(x, t) = lim .
∂t n→∞ tn − t
La formule des accroissement finis assure alors qu’il existe au moins un élément sn situé
entre tn et t tel que :
f (x, tn ) − f (x, t) ∂f
= (x, sn ).
tn − t ∂t
2. Dérivabilité d’intégrales dépendant de paramètres 5
3. Exercices
Exercice 1. Soit un intervalle I ⊂ R d’intérieur non vide, soit une fonction f : R × I −→ R et soient deux
fonctions u, v : I −→ R satisfaisant :
• f est continue sur R × I ;
∂f
• la dérivée partielle (x, t) 7−→
∂t (x, t) existe et est continue sur R × I ;
• u et v sont dérivables sur I ;
(a) Montrer, pour s > 0, que l’intégrale a un sens, à savoir que les deux limites suivantes existent :
Z 1 Z M
s−1 −x
lim x e dx et lim xs−1 e−x dx.
δ→0 M →∞
> δ 1
(d) Montrer que Γ(s + 1) = s Γ(s) pour tout s > 0, puis, pour n > 1 entier, montrer que Γ(n + 1) = n!.
R∞ 2
(e) En utilisant la valeur de −∞ e−πx dx = 1, calculer :
√ √
Γ 12 = π Γ 23 = 2π .
et
(f) Montrer que :
n
n! ns
Z x n
xs−1 1 − dx = −→ Γ(s).
0 n s(s + 1) · · · (s + n) n→∞
Indication: Comparer (1 − n ) et e−x lorsque x ∈ [0, n].
x n
avec : u s −u√s
F (s, u) := 1+ √ e .
s
(h) Déterminer la limite ponctuelle simple, lorsque s −→ ∞, de F (s, u).
2
(i) Établir l’inégalité log (1 + t) 6 t − t2 pour −1 < t 6 0.
R0 u2
(j) En utilisant −∞ e− 2 du = π2 , calculer :
p
Z 0
lim √
F (s, u) du.
s→∞ − s
−u
(k) Montrer que F (s, u) 6 (1 + u) e pour tout s > 1 et tout u > 0.
(l) Trouver : Z ∞ √
lim F (s, u) du = 2π.
s→∞ 0
(m) En déduire la formule de Stirling qui offre une asymptotique pour la factorielle d’un entier :
n n √
n! ∼ 2πn (n −→ ∞).
e
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