Chantepie Copropriete Des Immeubles Bâtis 2020
Chantepie Copropriete Des Immeubles Bâtis 2020
Chantepie Copropriete Des Immeubles Bâtis 2020
NOTARIALE
Gaël CHANTEPIE
COPROPRIÉTÉ
IMMEUBLES
BÂTIS
À jour de la
réforme de la
copropriété
Juin 2020
un savoir-faire de
DEFRENOIS Lextenso,
La copropriété
des immeubles bâtis
Gaël Chantepie
Professeur à l ’université de L ille
La copropriété
des immeubles bâtis
EsaHüsac^s un savoir-faire de
Dans la même collection
Avant-propos....................................................................................... 7
Introduction......................................................................................... 9
PREMIÈRE PARTIE
LA RÉGLEMENTATION DE L’IMMEUBLE EN COPROPRIÉTÉ
Chapitre 1. Le statut légal de l’immeuble.......................................... 27
Chapitre 2. La réglementadon privée de l’immeuble........................ 53
DEUXIÈME PARTIE
L’ORGANISATION COLLECTIVE DE LA COPROPRIÉTÉ
Chapitre 1. Le syndicat des copropriétaires....................................... 75
Chapitre 2. Les organes du syndicat des copropriétaires.................. 119
TROISIÈME PARTIE
LE FONCTIONNEMENT DE LA COPROPRIÉTÉ
Chapitre 1. La situation des copropriétaires...................................... 179
Chapitre 2. La situation de l’immeuble.............................................. 241
Table alphabétique.............................................................................. 251
Table des matières .............................................................................. 255
Avant-propos
1. V. not., retenant le délit d’injure pour des propos injurieux proférés dans une cour, partie
commune d’un immeuble, Cass, crim., 8avr. 2014, n° 12-87497.
2. G . P érec , La Vie mode d ’emploi, Fayard, Le Livre de Poche, 1978.
INTRODUCTION
1. Bibliographie générale. C. A tias et J.-M. R o u x , Guide de la copropriété des immeubles bâtis, 6e éd.,
Edilaix, 2017; J.-L. B ergei., S. C imamonti, J.-M. R oux et L. T ranchant, Les biens, 3e éd., LGDJ,
Traité de droit civil, 2019, n°543 ets. ; P. C apoulade et D .T omasin (dir.), La copropriété, coll.
«Dalloz Action», 10eéd., Dalloz, 2018; W . D ross, Droit des biens, 4eéd., LGDJ, 2019, n“ 207
ets. ; W. D ross, Les choses, LGDJ, 2012, n” 207 ets. ; C . Sabatié , Copropriété. Statut. Gestion. Conten
tieux, 23e éd., Delmas, 2019; F. T erré et P. S imler , Droit civil. Les biens, 10e éd., Dalloz, 2018,
n ° 604 ets. Adde P. C apoulade , C. G iraudfa et B. D robenko , Copropriété dans la cité, Le Moniteur,
2000 ; E. K ischinewsky-B roquisse , La copropriété des immeubles bâtis, 4e éd., Litec, 1989. La biblio
graphie relative au droit de la copropriété est abondante si l’on inclut les multiples guides
pratiques à usage des copropriétaires ou des conseillers syndicaux. Parmi ces multiples ouvra
ges, il faut signaler l’ouvrage édité par l’association des responsables de copropriété, La copro
priété pratique en 300 questions, 13e éd., Vuibert, 2018.
2. Ce qui représente 28,1 % du parc métropolitain, le reste relevant du parc social (11,8 %) et
des logements en « mono-propriété » (60,1 %) (les conditions de logement en France, étude
Insee, 2017, p. 118).
3. Les logements en copropriété dans l’enquête nationale du logement 2006, étude de l’ANAH, 2011,
spéc. p. 6.
4. Plus de 80 % de la population vit en zone urbaine en Europe occidentale (J.-B. A uby, Droit de
la ville. Du fonctionnement juridique des villes au droit à la Ville, LexisNexis, 2013, p. 1).
10 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
11. V. not,J.-L. Bergel, S. C imamonti, J.-M. Roux et L. T ranchant, Les biens, 3e éd., LGDJ, Traité de
droit civil, 2019, n° 546.
12. Rapport fait au nom de la commission des lois du Sénat par J. Voyant sur le projet de loi
fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis, session 1964-1965, n° 178, p. 6-7.
13. F. Givord, « Essai sur la nature juridique de la copropriété par appartements », Mélanges Voi-
rin, LGDJ, 1967, p. 262. .............................
12 LA C O PR O PR IÉ T É DES IMMEUBLES BÂTIS
14. Bibliographie. P. C apoulade , «La copropriété dans la loi ALUR», Defrénois 2014, p. 550 ;
F. C o h e t , A. D errida et B. Kan-B alivet, RTDI 2014, n° spécial loi ALUR, p. 50; L. G uécan ,
«Loi ALUR: principales dispositions relatives à la copropriété», Rev. Loyers 2014, 1795;
«Loi ALUR: autres dispositions relatives à la copropriété», Rev. Loyers 2014, 1814;
F. R osenfeld et J.-M . Roux, « Les nouvelles mesures en madère de copropriété », Dr. à ? Patr.
2014, n" 237, p. 51 ; D. T omasin , « La copropriété après la loi ALUR », A/D72014, p. 414. Sur le
projet de loi, D . T omasin , « La copropriété dans le projet de loi ALUR», AJDI2013, p. 578.
15. Rapport de l’Agence nationale de l’habitat, présidée par D. Braye, Prévenir et guérir les difficultés
des copropriétés. Une priorité des politiques de l’habitat, ANAH, janv. 2012 ; rapport de la mission
sénatoriale présidée par C. Dilain, Les copropriétés très dégradées. Pistes de réflexion législatives,
avr. 2013.
16. Bibliographie. C. C outant - L vpai.us , « L’organisation de la copropriété après la loi ELAN »,
loyers et copr. 2019, dossier 6 ; F. de L a V aissière, « La réforme de la copropriété après la loi
ELAN », Defrénois 2019, n° 150c4, n° 35, p. 21 ; P.-E. L agraulet, « Esquisse des nouveaux
contours du droit de la copropriété », 4/7)72019, 604 ; A. L ebatteux , « Panorama d ’ensemble
de l’impact de la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 dite loi Elan sur le droit de la copro
priété », Loyers et copr. 2019, dossier 5 ; M. P oumarède, « L’impact de la loi Elan sur le droit de
la copropriété», RDI 2019, p .44; A.-L.T homat-R aynaud, «Loi ELAN et copropriété des
immeubles bâtis», Gaz. Pal. 2 avr. 2019, p. 58; D. T omasin , «Les dispositions de la loi ELAN
relatives à la copropriété », AJDI 2019, p. 40 ; « Les orientations de la réforme du droit de la
copropriété », Droit et Ville 2018/2, n° 86, p. 3.
17. D. T omasin , « Les dispositions de la loi ELAN relatives à la copropriété », art. préc.
INTRODUCTION 13
37. Sur cette question, v. G. Gidrol-Mistral, « Les copropriétés résidentielles dans le Code civil du
Québec : diviser pour mieux régner? », AJD I2020, p. 87.
38. W. Dross, Droit des biens, 4e éd„ LGDJ, 2019, n” 221.
39. Y. Strickler, Les biens, PUF, 2006, n° 404 c.
40. N. Le Rcdulier, La division en volumes, thèse Nantes, 2010, dactyl., n° 12.
4L A. Pône, « Volumes immobiliers et droit de propriété. (Libres et périlleuses réflexions) », Liber
Amicorum Georges Doublon, Defrénois, 2001, p. 229.
42. F. T f.rrf. et P. Simler, Droit civil. Les biens, 10' éd., Dalloz, 2018, n° 951.
43. La praüque recourt à un état descriptif de division en volumes, sur lequel v. not., G. D aublon,
« Etat descriptif de division et “volumes” : désignation des lots, éléments rédactionnels », Defré
nois 2000, p. 561.
18 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
qu’il soit nécessaire de créer des parties communes44. Du fait de leur super
position et de leur imbrication, de telles propriétés supposent cependant la
mise en place d’un système de servitudes réciproques (passage, surplomb,
soutien, etc.). En outre, les propriétaires de chaque volume sont également
réunis dans une association syndicale ayant pour objet d’assurer la gestion
de l’ensemble.
L’intérêt du recours à la volumétrie réside donc dans le fait de « procurer
au propriétaire une autonomie juridique importante (absence de parties
communes) tout en permettant à l’aménageur, propriétaire du terrain,
d’envisager l’édification d’une structure immobilière dense et
hétérogène >>4’. En affirmant l’indépendance des individus, « la volumétrie
permet de renouer avec l’aspiration originelle d’une cellule autonome »46.
En dépit de ces avantages, la pratique notariale s’est montrée prudente
dans le recours à la division en volumes, en la réservant aux cas où la copro
priété se révélerait inadaptée, notamment lorsqu’elle ne pourrait être mise
en place (construction sur dalle au-dessus du domaine public), la loi de
1965 s’appliquant nécessairement en présence d’un immeuble de structure
simple, architecturalement homogène4'.
Au fond, la division en volumes repose sur un modèle d’appropriation col
lective de l’immeuble radicalement différent de la copropriété des immeu
bles bâtis. A une indivision forcée et perpétuelle sur l’immeuble, ména
geant des parties privadves faisant l’objet d’une appropriation individuelle,
s’oppose une propriété exclusive sur un volume identifié. Les problèmes
pratiques posés par l’immeuble, une fois construit, sont cependant identi
ques : identification des biens au sein de l’immeuble, relations entre les dif
férents lots ou volumes, organisation collective des équipements et services
nécessaires au fonctionnement de l’immeuble. L’enjeu principal réside dès
lors dans la coexistence des deux modèles. L’assouplissement du caractère
impératif du statut, qui ne s’impose plus que pour les immeubles d’habita
tion, pourrait au demeurant faire émerger de nouvelles formes d’organisa
tions collectives48.
44. Le volume serait lui-même un immeuble par nature, car « identifié par des coordonnées géo-
désiques, donc immuables, fixes, perpétuelles» (103econgrès des notaires, Division de l’im
meuble, 2007, n°2298). V. déjà en ce sens, R. Savatier, «La propriété des volumes dans l’es
pace et la technique juridique des grands ensembles immobiliers », D. 1976, Chron., p. 105.
V. aussi, N. Le Rudulier, op. cit., n° 143.
45. 103e congrès des notaires, op. cit., n°2259.
46. N. Le Rudulier, La division en volumes, op. cit., n” 13.
47. 103e congrès des notaires, op. cit., n°2376. Pour une critique de cette approche, v. not., N. L f.
Rudulier, op. cit. ;J. L otz, La division de l'immeuble. Contribution à une théorie de la propriété, thèse
Strasbourg, 2014, dactyl., n° 354 et s.
48. V. infra, n° 36.
INTRODUCTION 19
13. Habitat participatif. - Ancré dans une histoire, celle des phalanstères, fami
listères, celle aussi des coopératives de construction, l’habitat pardcipatif est
surtout voulu, désormais, comme « une alternative possible aux difficultés
d’accès au logement», en favorisant la construction à un moindre coût,
autant que comme une organisation collective de l’habitat, portée par des
valeurs d’entraide et de partage49. Aux termes de l’article L. 200-1 du Code
de la construcdon et de l’habitation, « l’habitat participatif est une démar
che citoyenne qui permet à des personnes physiques de s’associer, le cas
échéant avec des personnes morales, afin de participer à la définidon et à
la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage com
mun, de construire ou d’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à
leur habitation et, le cas échéant, d’assurer la gestion des immeubles cons
truits ou acquis »°0. Le régime spécifique introduit par la loi ALUR tâche de
concilier la vocation communautaire et sociale de l’habitat participatif avec
le modèle de la propriété individuelle décliné habituellement dans les for
mes d’appropriation collective de l’immeuble.
14. Copropriété et communauté. - Héritier de la Révolution, le Code civil est
largement fondé sur le modèle de la propriété individuelle, rejetant le
modèle des anciennes propriétés communes. A cet égard, l’indivision ou,
plus encore, la copropriété des immeubles bâtis tâchent de maintenir une
propriété individuelle au sein de l’appropriation collective d’un bien. Seu
les subsistent de rares formes de communautés, fondées sur une relation
familiale, lesquelles dérogent largement au régime de la propriété’1. La
copropriété des immeubles bâtis fait coexister deux groupes qui ne se
recoupent que partiellement, une collectivité de propriétaires et une com
munauté d’occupants et résidents32. Le statut s’attache cependant principa
lement à la qualité de copropriétaire, ne laissant qu’une place marginale à
la représentation des occupants de l’immeuble.
53. L. n° 2014-366, 24 mars 2014, art. 52, créant les art. L. 711-1 et s. CCH.
54. C’est ainsi, notamment, que le projet de réforme du droit des biens n’a pas voulu, selon les
mots du rapporteur, « s’immiscer dans cette réglementation (...) qui relève d’un autre sujet et
d’autres compétences » (Propositions de l’Association Henri Capitant pour une réforme du droit des
biens, dir. H. P erinet-M arquet, Litec, 2009, p. 48).
55. C. civ. belge, art. 577-3 à 577-14. Sur la réforme apportée par la loi du 18juin 2018 portant
dispositions diverses en matière de droit civil et des dispositions en vue de promouvoir des
formes alternatives de résolution des litiges, entrée en vigueur le 1erjanvier 2019, v. not., en
langue française, I. D urant, P. L ecocq et C. M ostin, La copropriété après la loi du 18juin 2018,
Bruges, la Charte, 2018. V. aussi, sur une question plus spécifique, V. Sagaert et S. D emevere,
« La réforme de la copropriété par appartements en droit belge : des perspectives au niveau
énergétique », AJDI2020, p. 93.
56. Proposition de loi visant à moderniser et à assurer une meilleure transparence dans le fonc
tionnement des copropriétés, rapport fait au nom de la commission de la Justice par
R. Landuyt et V. Déom, le 13juill. 2009, Doc. Pari., Ch. repr., sess. ord. 2008-2009,
n° 1334/011, p. 4 à 6, citée par P. L ecocq, Manuel de droit des biens, 1.1, Biens et propriété, Bruxel
les, Larcier, 2012, n° 171.
57. Sur le droit de la copropriété, « droit spécial des biens », v. T. R evet, « L’évolution de la place
du droit de la copropriété dans le droit des biens », Droit et Ville 2001, n° 52, p. 57, spéc. p. 66.
22 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
Pourtant, la loi de 1965 renvoie couram m ent à des nouons, propriété, bien,
convention, personne morale, qui sont celles du droit civil . Le terme
« propriété » y est couram m ent employé, peut-être pour appuyer ce qui ne
va pas de soi. Dès lors, si l’on voulait com prendre le droit de la copropriété,
il faudrait revenir au droit civil, qui fournirait un socle à l’interprète, tout
en le conduisant parfois à retravailler la notion initiale’9. Et si des objets
nouveaux faisaient leur apparition, ils pourraient s’intégrer dans la cons
truction classique. Ainsi en serait-il du lot de copropriété, complexe de pro
priété, divise et indivise, et de la qualité de m em bre d ’une organisation
collective60. Mieux même, par un je u d ’influences réciproques, droit com
m un et droit spécial s’enrichiraient suivant un m odèle connu. L ’organisa
tion d ’une indivision forcée et perpétuelle de la copropriété pourrait par
exemple inspirer les règles de l’indivision de droit com m un61, de même
que les règles de l’indivision pourraient inspirer certaines formes spéciales
de copropriété62.
Il faut pourtant com pter avec l’expansion des droits spéciaux qui ont, à
divers titres, vocation à réglem enter la copropriété. A l’instar du droit des
biens, le droit de la copropriété est perm éable aux influences du droit de
l’urbanisme ou de l’environnem ent. Le droit de la copropriété n ’importe
pas seulem ent des règles, mais des m éthodes, des techniques, qui ne sont
plus nécessairement civilistes. Droit de la consommation, droit de l’urba
nisme, droit des entreprises en difficulté, sont autant d ’influences, sources
de conflits parfois. Car dans l’articulation de ces règles, apparaissent des
valeurs, des finalités. Le droit de la copropriété est-il toujours conçu
comme un droit de la propriété, un droit de l’appropriation collective
d ’un imm euble ? Ne recueille-t-il pas les finalités assignées aujourd’hui au
logement, à l’urbanisme, en s’attachant à une com m unauté de résidents,
plus que de propriétaires65 ? En tant q u ’il crée, et q u ’il implique une
forme d ’intérêt com m un des copropriétaires, il serait plus sensible à l’in
fluence des valeurs défendues par la société, plus perm éable. Il est probable
58. C. A tias, Droit civil. Iss biens, 12e éd., LexisNexis, 2014, n° 371.
59. Pour une illustration dans la nodon de servitude, Cass. 3e civ., 30 juin 2004, n” 03-11562:
Bull. civ. III, n°140; D. 2005, p. 1134, note C. G ivf.rdon et P. C a po u ia d e ; ibid., p. 2358, obs.
B. M allet-B r ic o c t ; JCPG 2004, I, 171, obs. H. P erinet -M a r q u e t ; Defrénois 2005, p. 1180, obs.
C. A tias ; RTD civ. 2004, p. 753, obs. T. R evet.
60. F. G ivord , « Essai sur la nature juridique de la copropriété par appartements », Mélanges offerts
à Monsieur le Professeur Voirin, LGDJ, 1967, p. 262. Sur la complexité de la qualité de coproprié
taire, v. C. A tias, « Les qualités multiples en droit des biens », Le droit entre autonomie et ouver
ture, Mélanges en l'honneur deJean-Louis Bergei, Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 543, spéc. n° 15 et s.
61. H. P erinet-M arquet , « La copropriété entre respect et adaptation du droit civil », Etudes offertes
au Doyen Philippe Simler, Litec-Dalloz, 2006, p. 796 et s.
62. V. par ex., dans les copropriétés « à deux », infra, n” 174.
63. C. G iverdon , « Vers un code de la copropriété ? », art. préc., n° 5.
INTRODUCTION 23
12. D. nu48-1881,10 déc. 1948, Annexe I. Sont notamment visés les immeubles dépourvus de tout
équipement sanitaire. Les critères du logement décent, fixés par le décret n° 2002-120 du
30janvier 2002, pourraient servir de référence dans l'appréciation de ces conditions. En ce
sens, v.J. Lafond , art préc., n° 8.
13. L ’article L. 111-6-1 CCH vise ainsi les divisions conduisant à la création de locaux de dimen
sions insuffisantes (14m2), ou dépourvus notamment d’installation d’évacuation des eaux
usées ou d ’électricité.
14. CE, 11 févr. 1994, n" 109564.
15. V. not., pour une action en paiement des charges, Cass. 3e civ., lim a i 1994, n° 92-11578:
Bull. civ. III, n°91.
16. Le sol demeure une partie commune lorsqu’il n’existe qu’un droit réel de jouissance exclu
sive sur les parcelles où sont édifiés les pavillons (Cass. 3e civ., 2oct. 2013, n° 12-17084:
Bull. civ. III, n° 120). En revanche, la loi de 1965 est inapplicable à un lotissement, dès lors
que chacun des lots fait l’objet d’une propriété privative exclusive de droits concurrents sur
l’ensemble du terrain (Cass. 3': civ., 15 déc. 1993, n° 91-12645 : Bull. civ. III, n° 170).
17. V.not., J.-R. B ouyeure, «Copropriété horizontale et lotissement», AJPI 1969, p. 1996;
A. B ouyssou, « La copropriété horizontale sans division en jouissance, mythe, réalité ou
fraude?», RDI 1996, p. 329; A. Koenig , «Lotissement ou copropriété horizontale, un beau
débat téléologique », RDI 1996, p. 321.
30 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
27. Immeuble en construction. - En visant les immeubles bâtis, le législateur a
entendu réserver l’application du statut aux immeubles achevés18, à l’exclu
sion de la période de construction. Cela implique que les coûts et frais
engendrés par la construction ne sauraient être mis à la charge de la
copropriété19. La jurisprudence retenait le critère de la première cession
d’un lot, qui marque la division de l’immeuble. Cette solution est désormais
affirmée par l’article 1-1, alinéa 2, de la loi de 1965, qui dispose que « pour
les immeubles à construire, le fonctionnement de la copropriété découlant
de la personnalité morale du syndicat de copropriétaires prend effet lors de
la livraison du premier lot»20. L’imprécision du terme «fonctionnement»,
repris du projet de réforme du GRECCO21, suscite la perplexité22. Puisque
l’application du statut de la copropriété n’est pas visée, contrairement à la
mise en copropriété d’un immeuble existant, il faut tâcher de déterminer
les règles de fonctionnement « découlant de la personnalité morale du syn
dicat de copropriétaires », dont la prise d’effet serait différée à la livraison
du premier lot. Une lecture stricte du texte devrait conduire à limiter cet
effet différé aux conséquences de la personnalité morale du syndicat,
notamment la prise de décisions en assemblée générale ou la nomination
du syndic.
2. Une pluralité de propriétaires
28. Au moins deux copropriétaires. - La propriété de l’immeuble étant répartie
entre plusieurs personnes21, les copropriétaires sont au moins au nombre
de deux24. Cela explique que le statut soit immédiatement applicable à un
immeuble bâti existant à compter du premier transfert de propriété d’un
18. La date d’achèvement retenue étant la possibilité d’utilisation des locaux conformément à
leur destination, plutôt que leur réception. En ce sens, v. C. Atias et N. Le Rudulier, Rép. civ.
Dalloz, v° « Copropriété des immeubles bâtis : statuts et structure », 2018, n° 40.
19. Cass.3eciv., 20déc. 1976: JCP 1978, II, 18800, note Guillot; RTD civ. 1977, p. 577, obs.
C. Giverdon.
20. Sur la possibilité, offerte en cas de vente de logements HLM à des personnes physiques, de
différer l’application du statut, à compter du lerjanvier 2020, v. CCH, art. L. 443-15-5-1 et s.
21. Groupe de recherche sur la copropriété, «Avant-projet de réforme de la loi du lOjuillet
1965 », A JD I2017, p. 750 : art. 2, al. 2 : « Pour les immeubles à construire, le fonctionnement
de la copropriété découlant de la personnalité morale du syndicat prend effet lors de la livrai
son du premier lot».
22. C. Coutakt-Lapalus, « L’organisation de la copropriété après la loi ELAN », Loyers et copr. 2019,
dossier 6.
23. L. lOjuill. 1965, art. 1".
24. Sur la difficulté suscitée par une copropriété à deux, v. injra, n° 174.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 31
lot2'1. Inversement, la réunion de tous les lots en une seule main mettra fin à
la copropriété26. Encore faut-il s’assurer qu’existe une pluralité de proprié
taires, et non de titulaires d’un droit de jouissance. La question s’est posée
au sujet des contrats de location-accession, contrat par lequel un vendeur
s’engage envers un accédant à lui transférer, après une période de jouis
sance à titre onéreux, la propriété d’un immeuble moyennant le paiement
fractionné ou différé du prix de vente et le versement d ’une redevance jus
qu’à la date de levée de l’option27. Dans ce type de contrat, le transfert de
propriété est retardé et conditionné à l’intention de l’accédant d’acquérir.
Bien que l’opération soit assimilée, pour des raisons pratiques, à une
mutation28, elle ne permet de faire naître une copropriété que lorsque
l’un des accédants aura levé l’option29.
25. L. 10juill. 1965, art. 1-1. Dès lors, « la division d’un lot de copropriété ne peut avoir pour effet
de donner naissance à un nouveau syndicat des copropriétaires » (Cass. 3'civ., 18janv. 2018,
n° 16-26072).
26. V. infra, n° 121.
27. L. n° 84-595, 12juill. 1984, art. 1".
28. L. n° 84-595, 12juill. 1984, art. 32 : « pour l’application des dispositions de la loi du lOjuillet
1965 (...), la signature d’un contrat de location-accession est assimilée à une mutation et l’ac
cédant subrogé dans les droits et obligations du vendeur ».
29. J.-L. Bergel, S. Cmamonti, J.-M. Roux et L. T ranchant, Les biens, 3e éd., LGDJ, Traité de d roit
civil, 2019, n° 556.
30. L. 10juill. 1965, art. 1er, al. 2.
31. V. supra, n° 12.
32. L. 10juill. 1965, art. 1er, al. 5.
32 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
bâtiments (immeubles collectifs ou à usage commun, pavillons individuels)
ainsi que des équipements collectifs (garages, équipements sportifs ou de
loisir, chaufferie, etc.). A la différence d’une copropriété horizontale sou
mise impérativement au statut, les ensembles immobiliers doivent présenter
deux conditions cumulatives, qui tiennent à l’absence d’applicadon impé
rative du statut et à l’absence de choix contraire réalisé par le fondateur de
la copropriété. L’application conventionnelle du statut suppose donc l’exis
tence d’un ensemble immobilier et l’absence de convention prévoyant une
organisaüon différente.
1. Un ensemble immobilier
31. Caractères de l’ensemble immobilier. - L’ensemble immobilier est distinct
de l’immeuble et, surtout, du groupe d’immeubles visés par l’alinéa 1 de
l'article 1er33. Certes, il existe bien, dans un ensemble immobilier comme
dans un groupe d’immeubles, une répartition de la propriété par lots com
posés de parties privatives et de parties communes. Néanmoins, à la diffé
rence du groupe d’immeubles, l’ensemble immobilier ne repose pas sur
une répartition homogène de la propriété. Cette hétérogénéité, qui consti
tue le critère de l’ensemble immobilier, résulte de ce que l’indivision entre
les copropriétaires ne couvre pas l’intégralité du sol, mais seulement une
partie34. Le reste est composé de « parcelles bâties ou non, faisant l’objet
de droits de propriété privatifs ». Certains propriétaires disposent ainsi de
droits réels exclusifs sur des parcelles de terrain. Dans de tels ensembles
immobiliers, et en dépit d’aménagements permettant de constituer des
groupements restreints30, le statut de la loi de 1965, marqué par sa
rigidité36, n’est pas nécessairement le plus adapté. Il est ainsi possible de
choisir une organisation différente.
2. Le choix d’une organisation différente
32. Principe. - Le seul constat de l’existence d’un ensemble immobilier ne suf
fit pas à exclure l’application du statut de la copropriété. Il faut encore
qu’une organisation formelle différente ait été prévue3'. La loi de 1965 ne
fournit encore aucune précision quant au type d’organisation différente
33. P. C apouiade et C. G iverdon, « Propos sur les ensembles immobiliers », RDI 1997, p. 161 ;
J. L afond, « La distinction entre groupes d’immeubles et ensembles immobiliers », JCP N
1998,1, 804 ; D. T omasin, « Les caractères de la notion d’ensemble immobilier », Mélanges Phi
lippe Malinvaud, Litec, 2007, p. 597.
34. V. not. Cass. 3eciv., 17 févr. 1999, n° 97-14368: BuU. civ. III, n°42; Cass. 3eciv., 28nov. 2001,
n° 00-14539 : BuU. civ. III, n° 138.
35. Syndicats secondaires, union de syndicats, parties communes spéciales, etc.
36. V. supra, n° 23 et s.
37. Cass. 3e civ., 11 févr. 2009, n° 08-10109 : BuU. civ. III, n° 34.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 33
38. Sur le régime issu de l’ordonnance n° 2019-1101 du 30 oct. 2019, v. infra, n° 36.
39. Cass. 3e civ., 15 déc. 1993, n° 91-12645 : BulL civ. III, n” 170.
40. C. urb., art. L. 322-1 et s.
41. L. lOjuill. 1965, a rt 29.
42. Cass. 3e civ., 11 févr. 2009, n° 08-10109.
43. Cass. 3' civ., 19 sept. 2012, n° 11-13679 : Bull. civ. III, n° 126 : un état descriptif de division ne
suffit pas.
44. L. 10juill. 1965, art. 1-1. V. déjà, Cass. 3e civ., 19 févr. 1992, n° 90-12677 : Bull. civ. III, n° 54.
45. Sur cette question et ses limites, v. infra, n° 116.
46. L. lOjuill. 1965, art. 1-1, al. 3.
47. Les premiers commentateurs de la loi de 1965 le notaient déjà. V. not. M. Azoulay, Defrénois
1968, p. 41, n° 17. Le législateur entendait réserver la phase de construction à la loi sur les
sociétés de construction qui devait être adoptée.
48. Cass. 3e civ., 12janv. 2011, n° 09-13822 : application à un programme immobilier comprenant
deux maisons individuelles et des parties communes, avant même l’achèvement de la seconde
construction.
34 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
a pu être discuté. Notamment, dans le contrat de location-accession, la nais
sance de la copropriété est fixée à la première levée d’option par un accé
dant. Dans une vente en l’état futur d’achèvement, l’achèvement d’un pre
mier lot rendrait le statut applicable49. L’article 1-1, alinéa 2, de la loi de
1965 vise désormais « la livraison du premier lot» comme date de « fonc
tionnement de la copropriété ».
35. Pratique des lots transitoires. - Des difficultés spécifiques apparaissent
néanmoins lorsque l’opération de construction concerne un groupe d’im
meubles comprenant plusieurs bâtiments avec des tranches de réalisation
échelonnées. Une solution satisfaisante, en théorie, pourrait être de diffé
rer l’entrée en vigueur du statut de la copropriété à l’achèvement de l’en
tier programme. Cela conduirait toutefois à laisser sans organisation des
bâtiments achevés pour une longue durée, du fait de problèmes de com
mercialisation, de financement ou de contraintes administratives nouvelles.
Dans ces conditions, il est apparu nécessaire d’avancer le moment de l’ap
plication du statut à l’achèvement d’un seul bâtiment du groupe. La copro
priété naît alors avec la première vente d’un lot par le promoteur à un
acheteur. La pratique a conçu un mécanisme qui permet de limiter les
inconvénients suscités par l’application intégrale du statut à un programme
immobilier non achevé. On parle alors de lots transitoires, qui visent les
parties non encore achevées de l’ensemble immobilier. Lorsque les tran
ches sont réalisées, les lots transitoires qui y étaient affectés sont supprimés
et remplacés par des lots définitifs qui correspondent à la division effective
des parties construites. De tels lots transitoires confèrent à leur titulaire la
qualité de copropriétaire au sens de la loi de 19653°, les parties privatives du
lot étant constituées du droit à construire Cela se traduit par la participa
tion aux délibérations collectives’2 et aux charges communes32. Contrepar
tie de son droit à construire privatif, il n’est pas soumis aux règles d’autori
sation de construction de la copropriété34. Même si l’intérêt pratique
présenté par ces lots virtuels a décliné désormais, le législateur en a récem
ment conforté l’existence. L’article 1er, alinéa 3, de la loi de 1965 prévoit en
effet que le lot de copropriété peut être un lot transitoire, « alors formé
49. Le fait que l’ensemble des lots n ’aient pas été livrés n ’empêche pas la naissance de la copro
priété (Cass. 3e civ., 16mai 2001, n°99-17617: Bull. civ. III, n°66). Sur cette question,
v. V. Zalevvski-Sicard, « Copropriété et vente en l’état futur d ’achèvement », Rev. Loyers 2014,
1816.
50. Cass.3eciv., 14nov. 1991, n°89-21167: Bull civ. III, n°213.
51. Cass. 3e civ., 4nov. 2010, n° 09-70235: Bull. civ. III, nu 198; Cass. 3e civ., 18 sept. 2013, n° 12
16357 à 361 : AJDI2014, 287, obs. D. T omasin.
52. Cass. 3eciv., 30juin 1998, n°96-18301.
53. Cass. 3' civ., 30juin 1998, n" 96-20758 : Bull. civ. III, n° 142.
54. Cass. 3e civ., 8juin 2011, n° 10-20276: Bull. cm. III, ri’96.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 35
d’une partie privative constituée d’un droit de construire précisément
défini quant aux constructions qu’il permet de réaliser sur une surface
déterminée du sol°°, et d’une quote-part de parties communes correspon
dante ». Le règlement de copropriété mentionne la création et la consis
tance de tels lots, notamment le droit de construire sur un emplacement
déterminé, la subdivision du lot une fois construit et sa destination36.
36. Applicabilité du statut suivant la destination de l’immeuble en copropriété.
L’article 2 de l’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 est sans
doute le plus important, symboliquement et techniquement. Sur le plan
symbolique, il rompt avec l’impérativité et l’unicité du statut de la copro
priété, laissant la place à d’autres formes d’appropriation collective de
l’immeuble. Désormais, seuls les immeubles à usage total ou partiel d’ha
bitation sont nécessairement soumis à la loi du 10juillet 1965 (art. 1er, I).
En revanche, les immeubles à destination totale autre que d’habitation
pourront choisir une organisation conventionnelle différente, laissant la
place à la liberté contractuelle (art. 1er, II). Parachevant la tendance
d’une assimilation de la copropriété au logement, l’ordonnance en tire
la conséquence la plus radicale en permettant de sortir un pan entier des
immeubles en copropriété du statut3'. Par contrecoup, le statut de la
copropriété, recentré vers le logement, devrait accueillir des finalités
nouvelles tournées vers les habitants. A ce stade, cependant, rien n’est
fait en ce sens, notamment quant au statut des occupants et locataires.
Sur le plan technique, l’ordonnance ouvre la voie à une différenciation
des statuts applicables aux immeubles faisant l’objet d’une appropriation
collective. D’une part, pour les immeubles à usage total ou partiel d’ha
bitation, incluant donc les immeubles à usage mixte d’habitation et de
commerce ou professionnel, la situation antérieure ne change pas. Seul
le statut de la loi de 1965 demeure applicable, à l’exclusion de toute
autre forme, sauf pour ces immeubles à constituer des ensembles immo
biliers suivant la définition posée par l’article 1er, II, 2°. En revanche,
d’autre part, il est désormais possible, pour les copropriétés constituées
exclusivement de lots commerciaux ou de lots à usage de bureaux de se
structurer suivant une forme différente : forme sociétaire, forme inspirée
du statut de la copropriété, mais amendée par le règlement de
55. L’article 37-1 de la loi de 1965 prévoyant que le droit de surélever peut constituer la partie
privative d’un lot transitoire, l’expression « surface déterminée du sol » pouvait paraître
réductrice. L’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 l’a supprimée.
56. J. L afond, « Le lot transitoire après la loi ELAN », Loyers et copr. 2020, formule 2.
57. V. ainsi, évoquant la distinction entre « un secteur protégé et un secteur libre de l’organisa
tion juridique de l’immeuble », M. P oumarède, « Présentation générale de l’ordonnance du
30 octobre 2019 », ADJI2019, p. 845.
36 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
72. P. Capoulade et D. T omasîn (dir.), L a copropriété, 9e éd., Dalloz, Dalloz Action, 2018, n° 112.231.
73. F. Giyord, « Essai sur la nature juridique de la copropriété par appartements », M élanges Pierre
Voirin, LGDJ, 1967, p. 262, n° 17.
74. C. A t l a s , « Propriété et communauté dans la copropriété des immeubles bâüs », JC P G 1980,1,
2971, n° 12.
75. Pour une analyse en termes de juxtaposition entre différentes modalités d’exercice de la pro
priété, reliées entre elles par le démembrement qu’elles subissent au profit de la personne
morale chargée de la gestion et de l’administration de l’immeuble, v. A. Ff.rracci, Les combinai
sons de droits réels. Indivisions et démembrements en matière immobilière, thèse Aix-Marseille, 2018,
dactyl., spéc. n°353 et s.
76. V. plus généralement, J.-P. T ricoire, « Les rapports du voisinage et des servitudes », Mélanges
Jean-Louis Bergel, Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 775.
77. Comp., J. Hansenne, I m servitude collective. M odalité du service foncier individuel ou concept origi
n a l ?, préf. A. Weill, fac. dr. Liège, 1969, qui envisageait l’imbrication de la notion de servi
tude au sein de propriétés collectives, son adaptation à l’intérêt de la collectivité, au point
d ’envisager une servitude due au groupe lui-même.
78. V. n o t, Cass. 3e civ., 15 déc. 1999, n° 97-22161, qui en déduit que le règlement de copropriété
ne pouvait contrevenir à la charge perpétuelle grevant l’immeuble.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 39
servitudes internes à la copropriété, qui s’envisagent entre des parties privati
ves ou entre parties privatives et parties communes'9.
43. Servitudes entre des parties privatives. - Pendant longtemps, la Cour de
cassadon a écarté le principe même de servitudes internes à la copropriété,
tant lorsqu’elles grevaient une parue commune au profit de parties
privatives811, que lorsqu’elles étaient constituées entre parties privatives,
affirmant qu’« il existe une incompatibilité entre la division d’un immeuble
en lots de copropriété et la création, au profit de la partie privative d’un lot,
d’une servitude sur la partie privative d’un autre lot »81. Au terme d’un revi
rement remarqué, elle considère désormais que « le titulaire d’un lot de
copropriété disposant d’une propriété exclusive sur la partie privative de
son lot et d’une propriété indivise sur la quote-part de partie commune
attachée à ce lot, la division d’un immeuble en lots de copropriété n’est
pas incompatible avec l’établissement de servitudes entre les parties privati
ves de ces deux lots, les héritages appartenant à des propriétaires
distincts >>82. La jurisprudence admet ainsi qu’entre parties privatives, puisse
être mise en place une servitude, les deux copropriétaires étant considérés
comme propriétaires exclusifs de leurs parties privatives. Cette situation
peut se retrouver, par exemple, dans l’instauration d’une servitude de pas
sage permettant l’usage d’une sortie de secours d’un local commercial83, à
l’occasion de la construction d’un escalier sur un palier privatif, permettant
de desservir des appartements situés au 6e étage d’un immeuble, au détri
ment des parties privatives du copropriétaire du 5e étage84, ou avec le pas
sage d’une canalisation au sein des parties privatives d’un copropriétaire83.
44. Servitudes entre parties privatives et parties communes. - L’hypothèse de
servitudes internes à la copropriété regroupe les servitudes affectant les
79. Sur les rapports entre servitudes et copropriété, v. not., J.-L. A ubert, « Quelques mots à propos
des servitudes en copropriété », JCP G 1993,1, 3726 ; A. C ayol, « Servitudes et copropriété des
immeubles bâtis », AJDI 2018, p. 340 ; G. C hantepie, « Les servitudes en copropriété des
immeubles bâtis », Les Cahiers du GRIDAUH 2017, n° 31, p. 61.
80. V.not., Cass. 3'civ„ lljan v. 1989, n° 87-13605 : Bull. civ. III, n° 11.
81. Cass. 3e civ., 6 mars, 1991, n° 89-14374 : BuU. civ. III, n” 75.
82. Cass. V civ., 30juin 2004, n° 03-11562 : BuU. civ. III, n° 140 ; D. 2005,p. 1134, note C. G iverdon
et P. C apoulade; Und., p. 2358, obs. B. M allet-B ricout ; Defrénois 2004, p. 861, note G. D aublon
et B. G elot \JCP G 2004,1, 171, n° 15, obs. H. P erinet-M arquet; Loyers et copr. 2004, n° 196, obs.
G. V igneron ; Rev. loyers 2004, 706, obs. T. D ubaele ; RDI 2004, p. 440, obs. J.-L. B ergel ; RTD civ.
2004, p. 753, obs. T. R evet. Adde F. BayardJ ammes, « Le principe de compatibilité du régime
des servitudes et de la copropriété immobilière», AJDI 2005, p. 193. V. depuis, Cass. 3e civ.,
l erjuill. 2009, n° 08-14963: Bull. civ. III, n°164; Cass. 3e civ., 19janv. 2010, n° 09-12522 (servi
tude de passage en raison de l’enclavement d ’un lot).
83. Cass. 3e civ., 30juin 2004, préc.
84. Cass. 3 'civ., 30juin 1992, n°91-10116 et91-11093: BuU. civ. III, n°231; Cass. S1,civ., 6mars
1991, préc.
85. Cass. 3' civ., 13 sept. 2005, n° 04-15742.
40 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
86. Cass. 3e civ., 11 mars 2014, n° 12-29734 : RTD civ. 2014, p. 907.
87. Cass. 3 'civ., 4mars 1992, n°90-13145: BulLciv. III, n° 73 ; D. 1992, p. 386, note C. Atias; RTD
civ. 1993, p. 162, obs. F. Zenau ; Cass. 3e civ., 17juin 1997, n° 96-10506; Cass. 3e civ., 24oct.
2007, n° 06-19260 : BuU. civ. III, n° 183.
88. Laquelle se perdrait par le non-usage, alors que le droit de jouissance exclusif est perpétuel
(Cass. 3e civ., 7juin 2018, n° 17-17240 : RDI2018, 448, obs. J.-L. Bergel).
89. C. civ., art. 625.
90. J.-L. Aubert, « Quelques mots à propos des servitudes en copropriété », JCP G 1993, I, 3726,
spéc. n° 7.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 41
titre, à l’exigence de conformité à la destination de l’immeuble, remplissent
une fonction que la notion classique de servitude peinerait à accueillir, ne
serait-ce que parce que le syndicat des copropriétaires n’est pas le proprié
taire des parties communes.
45. Servitudes en copropriété dans l’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre
2019.
L’ordonnance introduit dans la loi de 1965 un article 6-1 A qui dispose
qu’« aucune servitude ne peut être établie sur une partie commune au
profit d’un lot ». Le texte livre deux enseignements. D’une part, il
confirme l’impossibilité d’établir une servitude sur une partie commune
au profit d’un lot91, toute clause contraire au règlement de copropriété
devant être réputée non écrite92. D’autre part, le silence du texte conduit
à admettre à la fois les servitudes établies sur des parties communes au
profit d’un autre fonds, mais aussi les servitudes établies entre les parties
privatives de lots de copropriété. Rien n’empêche d’ailleurs d’envisager
une servitude établie sur un lot au profit des parties communes.
2. Les troubles de voisinage en copropriété
46. Premières vues. - « Nul ne doit causer à autrui un trouble anormal du
voisinage »93, ou « excédant les inconvénients normaux du voisinage »94. Si
la jurisprudence a pu, dans un premier temps, rattacher la responsabilité
pour trouble anormal de voisinage aux visas de l’article 544 ou de l’ancien
article 1382 du Code civil, elle affirme désormais l’autonomie de ce prin
cipe. Les inconvénients inhérents au voisinage ne doivent être supportés
que dans les limites de leur absence d’anormalité9’. Dès lors qu’ils sont
anormaux, c’est-à-dire qu’ils présentent une gravité ou une répétitivité suf
fisante, ils ouvrent droit à une action sans que la victime ait à prouver une
faute de l’auteur. Le juge peut ordonner la cessation des troubles ou la
réparation du préjudice subi.
91. V. déjà, Cass. 3e civ., 8 nov. 1989, n° 88-13457 : « une servitude qui suppose l’existence de deux
fonds distincts ne peut être créée sur une partie commune au profit d’un lot privatif ».
92. L. lOjuill. 1965, art. 43.
93. Cass. 3'civ., 9févr. 2011, n° 09-71570 et 09-72494.
94. Cass. 3' civ., 11 mai 2017, n° 16-14339.
95. Sur cette question, v. G. V iney, P. J ourdain et S. C arval, Les régimes spéciaux et l’assurance de res
ponsabilité, 4'éd., LGDJ, 2017, n° 173 ets.
42 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
96. V. not., Cass. 3e civ., 5 o c t 2017, n° 16-21087 (bruit excessif causé par un sanibroyeur) ;
Cass. 3e civ., 20févr. 1973, n° 71-14174: Bull. civ. III, n° 138 (exploitation d’un commerce de
boulangerie).
97. Cass. 3° civ., 24 sept. 2003, n° 01-17733.
98. V. par ex., Cass. 3e civ., 11 mai 2000, n” 98-18249 : Bull. civ. III, n° 106 : le syndicat des copro
priétaires, propriétaire actuel des biens, et l’auteur des travaux à l’origine des dommages
sont responsables de plein droit des troubles excédant les inconvénients normaux du voisi
nage constatés dans le fonds voisin.
99. Cass. 3e civ., 2 mars 1976, n° 74-13820 : Bull. civ. III, n ” 101 ; D. 1976, p. 545, n o te C. L arroumet ;
RTD civ. 1977, p. 138, obs. G. D urry.
100. Cass. 3e civ., 20févr. 1973, préc.
101. Cass. 2e civ., 17 mars 2005, n” 04-11279 : D. 2005, Somm., p. 2357, obs. N. Rf.boul-M aupin.
102. Cass. 3 'civ., 11 mai 2017, n° 16-14665.
103. Cass. 3e civ., 17avr. 1996, n” 94-15876: Bull civ. III, n°108; RTD civ. 1996, p. 638, obs.
P. J ourdain .
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 43
lorsque le trouble a causé un préjudice collectif à la copropriété104. La
Cour de cassation a récemment admis son action à l’encontre d’un copro
priétaire sur le fondement d’un trouble anormal du voisinage103. En l’es
pèce le trouble trouvait sa source dans les parties privatives du coproprié
taire (défaut d’étanchéité du revêtement des terrasses sur lesquelles était
édifié un terrain de sport) et affectait les parties communes de l’immeuble.
Peu importe à cet égard que le syndicat ne soit pas le propriétaire des par
ties communes, le préjudice subi était bien collectif, rendant son action
recevable. Certes, il existe plusieurs moyens permettant au syndicat d’en
joindre à un copropriétaire de respecter les parties communes, notamment
en cas de défaut d’entretien. Le statut de la copropriété n’exclut toutefois
le droit commun que lorsque les deux sont incompatibles. Or, s’il n’est pas
possible de démontrer un défaut d’entretien ou toute autre cause tirée du
non-respect de la loi de 1965, demeure ouverte l’action sur le fondement
des troubles anormaux du voisinage.
§ 2. La distinction entre parties privatives et parties communes
49. Présentation. - Si le lot de copropriété constitue la structure fondamentale
de division de l’immeuble, il est lui-même subdivisé, étant composé indisso
ciablement de parties privatives et d’une quote-part de parties
communes101’. L’immeuble est donc à la fois divisé par lots et entre parties
privatives et parties communes. Matériellement et juridiquement, la distinc
tion suscite de nombreuses difficultés, qui nécessitent d’analyser succincte
ment les principes retenus et leurs applications pratiques.
A. Les principes de distinction
50. Critère légal. - Les articles 2 et 3 de la loi de 1965 posent un critère de dis
tinction. « Sont privatives les parties des bâtiments et des terrains réservées à
l’usage exclusif d’un copropriétaire déterminé»107; «Sont communes les
parties des bâtiments et des terrains affectées à l’usage ou à l’utilité de
tous les copropriétaires ou de plusieurs d’entre eux»10 . Ce critère repose
donc sur l’exclusivité de l’usage des parties de l’immeuble par un seul
104. Cass. 3eciv., 21 oct. 2009, n° 08-16692: BulLciv. III, iT231, rejetant l’existence du trouble
anormal.
105. Cass. 3e civ., lim a i 2017, n” 16-14339 : 4/D/2017, p.594, obs. D .T omasin ; RDI 2017, p. 343,
obs. J.-L. Bercel ; Rev. loyers 2017, p. 298, obs. V. Z ai.ewski-Sicard ; JCP G 2017, 1142, n°9, obs.
H. P erinet-M arquet. V. déjà, Cass. 3e civ., 24 oct. 1990, n° 88-19383, admettant l’action du syn
dicat
106. L. 10juill. 1965, art. 1er, al. 2.
107. L. lOjuill. 1965, art 2, al. 1".
108. L. 10juill. 1965, art. 3, al. 1er.
44 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
copropriétaire. Il s’agit d ’un élément objectif tiré de l’usage effectif des par
ties. Ainsi, il importe peu, au regard de sa qualification, qu’une partie de
l’immeuble ne soit jamais utilisée par les copropriétaires de l’immeuble. Il
suffit qu’elle soit utile à tout ou partie d ’entre eux, qu’elle ait un usage col
lectif, pour être qualifiée de commune109. Inversement, un local contigu au
lot d’un copropriétaire et accessible par ce seul lot, sans utilité et sans inté
rêt pour la collectivité et les autres copropriétaires qui ne pouvaient y accé
der, doit être qualifié de privatif, en l’absence de stipulation
conventionnelle110.
51. Critère supplétif. - Les articles 2 et 3 de la loi ne présentent pas de carac
tère impératif. Les copropriétaires disposent du pouvoir de procéder à une
répartition conventionnelle qui ne soit pas fondée sur le critère légal, en
restreignant ou en étendant les parties communes. Le règlement de copro
priété revêt à cet égard une importance capitale dans la délimitation, que
renforce son immutabilité111. Seul l’accord unanime des copropriétaires
permet de modifier la répartition initialement convenue11-’. Au fond,
comme le concède l’article 3, la répartition légale n’a finalement d’intérêt
que « dans le silence ou la contradiction des titres ».
109. V. not. Cass. 3 'civ., 30 mai 1995, n" 93-16347, qui retient qu’« un comble qui ne peut servir
qu’à la réparation de la toiture, partie commune, constitue lui-même une partie commune,
peu important que la trappe d ’accès se situe dans l’appartement de Mme Génin, cette trappe
permettant d ’accéder non seulement à la partie située au-dessus de l’appartement, mais aussi
à l’ensemble du comble ».
110. Cass. 3e civ„ 7 mai 1997, n° 95-15762.
111. J. Lafond, « Les clauses du règlement de copropriété relatives aux parties privatives et com
munes », JCP N 2010, 1242.
112. Cass. 3' civ„ 16nov. 2010, n° 09-70875.
113. G. Pérec, La Vie mode d ’emploi, Fayard, Le Livre de Poche, 1978.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 45
a. Règles communes
54. Énumération légale. - Contrairement aux parties privatives, la loi réputé
communes certaines parties de l’immeuble, dans le silence ou la contradic
tion des titres.
Il en est ainsi, tout d ’abord, du sol, des cours, des parcs et jardins et des
voies d ’accès, qui constituent l’assiette foncière de la copropriété114. En
conséquence, le propriétaire unique d ’un bâtiment ne devient pas proprié
taire exclusif du sol, qui demeure en principe commun11'’. Cela n ’exclut
pas, cependant, que le sol sur lequel est édifié l’immeuble soit détenu par
un tiers, notamment à l’occasion d’un bail emphytéotique.
Est également commun le gros œuvre des bâtiments, notamment les murs,
toits, façades et clôtures de l’immeuble116.
114. V. not., Cass. 3 'civ., 11 déc. 2012, n° 11-17334: immeuble comprenant des arcades sous les
quelles circulent les piétons, le sol demeurant commun.
115. Cass.3 'civ., lljanv. 1995, n°93-70204.
116. S’agissant d ’un plafond, la réponse dépend en principe de son lien avec l’armature de l’im
meuble. Dans l’hypothèse d’un flocage à l’amiante appliqué sur le plafond des locaux du rez-
de-chaussée, la Cour de cassation a retenu le caractère commun, eu égard notamment à la
fonction de sécurité au profit de tous les copropriétaires (Cass. 3 'civ., 7 mai 2003, n°02-
11218 : Bull. civ. III, n°100).
46 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
La loi vise encore les éléments d ’équipement commun, y compris les parties
de canalisations y afférentes qui traversent des locaux privatifs et les coffres,
gaines et têtes de cheminées. Ce sont donc de très nombreux équipements
qui sont intégrés dans les parties communes. Citons pêle-mêle les ascen
seurs, escaliers11', installations collectives de chauffage ou d ’eau
chaude118, les antennes, interphones, etc.
La qualification de parties communes est enfin attribuée aux locaux de ser
vices communs et aux passages et corridors, ce qui comprend les salles de
réunion, les locaux techniques, locaux de poubelles, mais aussi les équipe
ments de loisirs, piscines, tennis, etc. Le contentieux porte surtout sur les
locaux affectés au gardiennage, la loge du concierge119. La loi ELAN du
23 novembre 2018 a ajouté à ces parties communes tout élément incorporé
dans les parties communes, suivant une application du principe de l’acces
soire.
55, Loge du concierge. - La loge du concierge ou du gardien d ’immeuble a
longtemps suscité un contentieux abondant. Symptôme visible d ’une
forme de déclassement de l’immeuble ou de son automatisation, le service
de conciergerie a progressivement décliné au sein des immeubles
collectifs1' 0. Dans ces conditions, de nombreuses copropriétés ont envisagé
de céder le local initialement affecté au concierge. Pour y procéder, cepen
dant, l’unanimité est requise tant que le service de gardiennage est néces
saire à la destination de l’immeuble. Il faut donc veiller à supprimer ce ser
vice au préalable, avant de céder la loge, les deux questions devant être
inscrites à l’ordre du jour de la même assemblée générale. La décision
relève alors de la double majorité de l’article 26 puisque la conservation
du local n’est plus indispensable au respect de la destination de
l’immeuble121.
56. Accessoires des parties communes. - L’article 3 de la loi ajoute une seconde
énumération, relative aux droits qui sont réputés accessoires aux parties
communes, dans le silence ou la contradiction des titres. Il en est ainsi du
droit de surélever un bâtiment affecté à l’usage commun ou comportant
117. Il faut cependant noter que l’escalier peut être rattaché au gros œuvre, ce qui n’affecte pas sa
nature commune mais le critère de répartition des charges. V. sur ce point, infra, n° 383.
118. Sur cette question, v. not. P. Sablière, «Les colonnes montantes d’eau, de gaz et d’électri
cité», AJDI2014, p. 661. Sur l’incorporation des colonnes montantes d’électricité au réseau
public de distribution, v. P. Sablière, « Canalisations collectives en copropriété : une ambiguïté
qui reste à lever », AJDI 2019, p. 675.
119. Sur laquelle, v. infra, n° 55.
120. Encore voit-on émerger des formes extemalisées de services de conciergerie, particulière
ment pour des immeubles à usage de location touristique.
121. Cass. 3e civ., 5 déc. 2007, n" 06-20020: Bull. av. III, nl’219; Cass. 3eciv., 1er déc. 2009, n°08-
20723.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 47
b. Hypothèses particulières
57. Parties communes spéciales. - La loi de 1965 prévoit des hypothèses où,
sans sortir du statut, certaines parties de l’immeuble font l’objet d’un traite
ment distinct. A la division de l’immeuble entre les copropriétaires se super
pose alors une division de l’immeuble suivant sa structure physique. Bâti
ments séparés, entrées distinctes, cages d ’escalier autonomes, voire
équipements réservés à l’usage de certains copropriétaires, il existe quantité
d’hypothèses dans lesquelles l’immeuble est soumis à une subdivision
interne. Plusieurs niveaux de propriété s’emboîtent, ce qui favorise une cer
taine proximité entre les copropriétaires et l’immeuble en copropriété,
voire la constitution d ’un «îlot à part dans la copropriété »12i>. Ainsi dans
les groupes d’immeubles bâtis, les copropriétaires ne sont pas propriétaires
indivis de l’intégralité des parties communes des différents bâtiments. L’ho
mogénéité de l’appropriation, favorisée par l’indivision générale sur le sol,
tolère la constitution de répartitions intermédiaires, par un mécanisme de
subdivision. C’est ainsi que les parties communes spéciales sont, suivant la
définition donnée par le législateur à l’occasion de la loi ELAN, « celles
affectées à l’usage et à l’utilité de plusieurs copropriétaires »126.
58. Parties communes spéciales. Propriété indivise. - Le règlement de copro
priété peut en effet distinguer plusieurs niveaux de parties communes12'.
L’article 4 de la loi de 1965 permet la constitution de « parues communes
[qui] sont l’objet d’une propriété indivise entre l’ensemble des coproprié
taires ou certains d’entre eux». A chaque lot sont alors affectés des
128. Cass. 3e civ., 19 nov. 2014, n" 13-18925 : Bull. civ. III, n° 154.
129. Sur lesquelles, v. infra, n° 414 et s.
130. La propriété dans la jurisprudence de la Cour de cassation. Rapport annuel 2019, La documentation
française, 2020, p. 191.
131. Sur cette question, v. C. Atias, « Propriété indivise et usage privatif: terrasses et terrains privés
en copropriété immobilière », JCP N 1987,1, 353 ; M. Saluden, « Le droit de jouissance exclusif
sur une partie commune en copropriété immobilière », Mélanges François Chabas, Bruxelles,
Bruylant, 2011, p. 873. L’article 6-3 de la loi de 1965, dans sa rédaction issue de la loi ELAN,
vise les parties communes affectées à l’usage et à l’utilité exclusifs d’un lot, ce qui restreint
textuellement la liberté de création des copropriétaires. L’ordonnance du 30 octobre 2019 a
substitué la conjonction « ou » dans le texte, laissant présager un retour à l’interprétation
initiale. V. infra, n° 62.
132. Cass. 3' civ., 21 oct. 2008, n° 07-18971.
133. Rappr., Cass. 3e civ., 13juin 2019, n" 18-15999, adm ettant le préjudice résultant de la privation
d ’un droit réel de jouissance exclusive.
134. Cass, y civ., 29 oct. 1973, n° 72-12531 : Bull. civ. III, n°552; Cass. 3 'civ., 9juill. 2013, n” 12
19426. La jurisprudence en tire la conséquence que cet espace n ’est pas soumis à l’obligation
de mesurage prévue par l’article46 de la loi (Cass. 3e civ., 16janv. 2008, n° 06-15314).
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 49
pas plus qu’il ne peut constituer la partie privative d’un lot de
copropriété133. Faute de constituer une véritable propriété, ce droit réel
demeure nécessairement l’accessoire de la partie privative d’un lot136. Par
conséquent, les bénéficiaires d ’un droit de jouissance exclusif ne sont rede
vables, au titre de ce droit, que de frais d’entretien et de réparation, à l’ex
clusion d’une quote-part des charges communes13'. Le règlement de copro
priété peut procéder à une répartition des frais d’entretien, par exemple en
laissant à la charge du syndicat les gros travaux résultant d’une vétusté
normale138.
L’existence d’un droit de jouissance exclusif est subordonnée à sa mention
expresse dans le règlement de copropriété, affirme l’article 6-4 de la loi de
1965, dans sa rédaction issue de la loi ELAN139. Auparavant, pourtant, la
jurisprudence avait admis qu’il puisse s’acquérir par le jeu de
l’usucapion140. Néanmoins, puisqu’il est l’accessoire d’un lot, un tel droit
ne peut être cédé en tout ou partie qu’au propriétaire d’un autre lot141 et
avec l’accord du syndicat des copropriétaires14 . Enfin, il présente un carac
tère perpétuel attaché à sa qualification de droit réel143. C’est poser la ques
tion de la nature juridique de ce droit de jouissance.
61. Parties communes à jouissance privative. Nature juridique du droit du
copropriétaire. - Le droit de jouissance exclusif sur une partie commune
aurait pu être considéré comme un droit personnel ou comme un droit
d’usage144. La Cour de cassation a cependant affirmé qu’il s’agissait d’un
135. Cass. 3e civ., 6 ju in 2007, n° 06-13477 : Bull. civ. III, n ° 98 ; A/D/2007, p. 529, note P. C apoulade;
D. 2007, p. 2356, note C. A tias ; ibid., p.2763, obs. F. N ési ; JCP N 2007, 1322, n°5, obs.
H. P erinet-M arquet.
136. L. lOjuill. 1965, art. 6-3, al. 3.
137. Cass. 3 ' civ., 2 déc. 2009, n" 08-20310 : Bull. civ. III, n° 266 ; Defrénois 2010, p. 313, obs. C. A tias ;
RDI 2010, p. 315, obs. J.-L. B ergel. Comp. Cass. 3e civ., 27 mars 2008, n° 07-11801, qui semblait
autoriser que le droit de jouissance exclusif sur une partie commune soit affecté d’une quote
part de parues communes correspondant aux charges que son titulaire devait supporter.
138. Cass. 3' civ., 12juin 2012, n° 11-17372.
139. L’article 209-11 de la loi ELAN donnant au syndicat des copropriétaires jusqu’au 23 novem
bre 2021 pour mettre le règlement de copropriété en conformité avec ce texte.
140. Cass. 3' civ., 24 oct. 2007, n° 06-19260 : Bull. civ. III, n° 183 ; R1D civ. 2008, p. 693, obs. T. R evet.
141. V. CA Paris, 16févr. 2006, n° 05/08935: «un droit de jouissance exclusive accordé par le
règlement de copropriété sur une partie commune doit rester attaché au lot qui en bénéficie
et (...) le propriétaire de ce lot ne peut en disposer au profit de quiconque ».
142. Cass. 3e civ., 17déc. 2013, n° 12-23670: Defrénois 2014, p. 497, obs. L. T ranchant; RTD civ.
2014, p. 402, obs. W. D ross. Sur l’interdiction de céder ou de louer à un tiers à la copropriété,
v. Cass. 3e civ., 25janv. 1995, n° 92-19600 : Bull. civ. III, n° 29.
143. Cass. 3 ' civ., 4mars 1992, n°90-13145: Bull. civ. Ill, n°73; D. 1992, p. 386, note C. Atias ; RTD
civ. 1993, p. 162, obs. F. Z enati; Cass. 3' civ., 17juin 1997, n° 96-10506; Cass. 3e civ., 24 oct.
2007, n° 06-19260 : Bull. civ. III, n° 183.
144. C. civ., art. 625.
50 LA C O PR O PR IÉ T É DES IMMEUBLES BÂTIS
§ 3. L’unité de l’immeuble
63. Présentation. - La double division de l’immeuble, dans sa propriété répartie
entre plusieurs copropriétaires, et dans sa structure distinguant parties
145. Cass.3eciv., 4mars 1992, préc. ; Cass.3eciv., 17juin 1997, préc. ; Cass.3eciv., 24oct. 2007,
préc.
146. Laquelle se perdrait par le non-usage, alors que le droit de jouissance exclusif est perpétuel.
V. F. T erré et P. S imcer, Droit civil l^es biens, op. cit., n° 629.
147. Cass. 3e civ., 31 oct. 2012, n° 11-16304.
148. Cass. 3e civ., 8 sept. 2016, n° 14-26953.
149. W. Dross, Droit des biens, 4e éd., LGDJ, 2019, n u 221.
LE STATUT LEGAL DE L’IMMEUBLE 51
communes et privatives, ne suffit pas à lui ôter son unité. Pourrait sans doute
être envisagé de donner aux copropriétés, ou à certains types d’entre elles,
une finalité collective, comprenant la communauté des occupants de l’im
meuble ou la prise en compte d’enjeux environnementaux ou sociaux, à
l’image des sociétés1’°. En droit positif, cette unité se traduit juridiquement
dans la notion de destination de l’immeuble131. Le recours à la destination
de la chose n’est pas rare en droit des biens1’2, encore moins en copropriété
où l’article 8 de la loi fait cohabiter la destination de l’immeuble et celle des
parties privatives et communes. Autant dire que les contours de la notion
doivent être précisés avant de pouvoir exposer ses fonctions.
1. La voie contractuelle
74. Rédaction antérieure à l’établissement de la copropriété. - Le plus souvent,
le règlement de copropriété est rédigé par le fondateur de la copropriété,
qu’il s’agisse du promoteur d ’un immeuble à construire16 ou du proprié
taire d ’un immeuble bâti à diviser. Le document est ainsi antérieur même
2. La voie judiciaire
76. Règlement établi par la voie judiciaire. - En dépit de son caractère contrac
tuel, le règlement de copropriété peut avoir nécessité une intervention plus
directe du juge. Le plus souvent, le juge saisi d ’une demande de
antérieur à la loi de 1965 et qui prévoyait une répartition des charges contraire à l’article 10
de la loi pouvait être réexaminé à la majorité simple. La modification de la répartition des
charges n’est toutefois que la conséquence d’une adaptation du règlement
30. V. supra, n° 78.
31. X. infra, n°236.
32. J.-M. Roux, « Le notaire et la rédaction du règlement de copropriété : entre liberté contrac
tuelle et ordre public », Loyers et copr. 2007, Etude 7.
33. J. L afond , « Les clauses du règlement de copropriété relatives aux parties privatives et com
munes », JCPN 2010, 1242.
34. Sur laquelle, v. supra, n° 63 et s.
35. Sur cette question, v. infra, n° 366 et s.
60 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
déniant tout caractère contractuel3*’. Son objet est d’identifier la consis
tance des différents lots de copropriété pour les besoins de la publicité fon
cière. Il en va de même de plans et descriptions destinés à faciliter la com
préhension du règlement. Certains praticiens recommandent d’intégrer
des pièces graphiques au sein du règlement, ce qui leur conférerait un
« caractère conventionnel » et les rendrait « alors opposables à l’instar de
toutes les autres stipulations du règlement »37. Abstraction faite de la valeur
contractuelle intrinsèque de documents graphiques, il ne paraît pas néces
saire de remonter au sein du règlement les éléments d’annexes. Le règle
ment lui-même ne pourrait-il pas renvoyer expressément à certains docu
ments en leur attribuant une valeur contractuelle ?
B. Les clauses illicites dans le règlement de copropriété
84. Plan. - Les clauses qui ne répondraient pas aux exigences posées par des
règles impératives doivent être supprimées.
1. La détermination des clauses illicites
a. Règlement de copropriété et droits fondamentaux
85. Règlement de copropriété et liberté d’association. - Est-il possible d’impo
ser à un copropriétaire d’adhérer à une association ? Les opportunités ne
manquent pas, de l’entretien d’installations de loisirs à la gestion de servi
ces à la personne. En confiant à une association le soin d’assurer l’exploita
tion de ces services connexes, on gagnerait en souplesse par rapport au
fonctionnement rigide de la copropriété. Prévoir une adhésion obligatoire
permettrait de pérenniser l’entretien et la gestion des équipements au pro
fit de l’intérêt collectif. Le rapprochement avec l’objet même du syndicat
est évident, qui vise notamment l’administration des parties communes38.
Or la qualité de membre du syndicat est indissociablement attachée à
celle de copropriétaire. De là, il pourrait être soutenu que l’adhésion obli
gatoire à une association prévue dans le règlement de copropriété garanti
rait la destination de l’immeuble.
Ce serait pourtant oublier que « tout membre d’une association qui n’est
pas formée pour un temps déterminé peut s’en retirer en tout temps,
après paiement des cotisations échues et de l’année courante, nonobstant
toute clause contraire »39. Le montage consistant à lier par contrat une
36. V. not., Cass. 3e civ., 7 sept. 2017, n° 16-18331.
37. V. P icard, « Intégrer formellement des plans an règlement de copropriété », loyers et copr.
2013, Étude 1.
38. L. lOjuill. 1965, arc 14, al. 4.
39. L. 1erjuill. 1901, art. 4.
LA REGLEMENTATION PRIVEE DE L’IMMEUBLE 61
structure associative, régie par la loi de 1901, à la copropriété ou, plus pré
cisément, la qualité de m em bre d ’une association à celle de copropriétaire,
achoppe sur la nature personnelle de l’adhésion à une association40. La
Cour de cassation l’a rappelé de m anière très claire à propos d ’un règle
m ent de lotissement qui prévoyait l’adhésion obligatoire à une association
chargée d ’adm inistrer les équipem ents sportifs et collectifs communs.
« Hormis les cas où la loi en décide autrem ent, nul n ’est tenu d ’adhérer à
une association régie par la loi du 1erjuillet 1901, ou, y ayant adhéré, d ’en
dem eurer m em bre »4 . C’est dire la fragilité de l’équilibre du m odèle
retenu. Deux types d ’hypothèses sont principalem ent visés : les résidences-
services et les structures exclusivement commerciales. Pour les résidences-
services, il est courant que les héritiers ne souhaitent plus payer pour des
services q u ’ils n ’utilisent pas. Si la gestion de tels services avait été confiée à
une association régie par la loi de 1901, ses m em bres pourraient librem ent
renoncer à la qualité sociétaire et éviter d ’avoir à régler les cotisations42.
Afin d ’éviter la remise en cause du m odèle économ ique garant de la desti
nation de l’immeuble, il est cependant possible de recourir à la form e spé
ciale d ’un syndicat de copropriété de résidence-services, spécialem ent
prévu par la loi de 196543. Pour les structures commerciales, la situation a
pu paraître plus confuse. Certains arrêts, en effet, ont semblé adm ettre la
clause du règlem ent qui imposait l’adhésion obligatoire à une structure
non associative chargée d ’exploiter l’anim ation commerciale du centre44.
En revanche, la clause prévoyant l’adhésion obligatoire à une association
regroupant l’ensemble des exploitants est contraire à la liberté de
retrait . La distinction n ’est pas très claire. On com prend que les prom o
teurs soient tentés par la division en volumes dans ce type de configuration
d ’immeuble à usage exclusivement professionnel, qui leur perm ettra de
recourir à une association syndicale libre.
86. Règlement de copropriété et liberté religieuse. - Le règlem ent de copro
priété peut-il limiter l’exercice de la liberté religieuse ? Serait-il envisa
geable q u ’un règlem ent de copropriété réserve la qualité de copropriétaire
aux m em bres de telle confession religieuse ou, au contraire, les en écarte ?
40. La solution est différente s’agissant de l’adhésion à une association syndicale libre, qui pré
sente un caractère réel. V. not. Cass. ass. plén., 25juin 2010, n° 10-40011.
41. Cass. ass. plén., 9févr. 2001, n°99-17642: Bull. ass. pim. n ° 3 ; D .2001, p. 1493, note
E. A lfandari.
42. Cass. 3e civ., 20 déc. 2006, n° 05-20689 : Bull. civ. III, n° 255.
43. L. lOjuill. 1965, arc 41-1 et s. V. infra, n° 167 et s.
44. Pour l’adhésion à une société, Cass. 3e civ., 12févr. 1997, n° 95-12125. Im plicitem ent, po u r
l’adhésion à un GIE, Cass. 3e civ., 21 juill. 1999, n° 98-11181: RDI 1999, p. 683, obs.
P. C apoulade ; Cass. 3e civ., 18 déc. 2001, n° 00-14802.
45. CA Aix-en-Provence, 8 mars 2007, JurisD ata 2007-335465.
62 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
Le projet commun des fondateurs de la copropriété pourrait-il valablement
comprendre une telle restriction ? Elle se heurterait a priori au principe de
liberté de religion garanti notamment par l’article 9 de la Convention euro
péenne des droits de l’homme.
Mais la conciliation de ce texte et du règlement n’a rien d’évident, ce qu’on
retrouve dans une affaire très connue. En l’espèce, des copropriétaires
avaient édifié une construction en végétaux sur leur balcon pour une
semaine à l’occasion de la fête juive des cabanes (Souccot). Saisie de l’af
faire suite à l’action exercée par le syndicat des copropriétaires pour non
respect du règlement de copropriété, la Cour de cassation a rejeté le pour
voi formé contre l’arrêt qui avait refusé d’annuler la délibération d’assem
blée générale ayant autorisé l’action. La cour d’appel, « ayant retenu à bon
droit que la liberté religieuse, pour fondamentale qu’elle soit, ne pouvait
avoir pour effet de rendre licites les violations des dispositions d’un règle
ment de copropriété et relevé que la cabane faisait partie des ouvrages pro
hibés par ce règlement et portait atteinte à l’harmonie générale de l’im
meuble puisqu’elle était visible de la rue », pouvait en effet juger que la
résolution de l’assemblée générale était valable41’. Il est frappant qu’en l’es
pèce, la liberté religieuse invoquée par le pourvoi soit demeurée sous
silence. La Cour de cassation refusa manifestement d’apprécier le règle
ment sur le terrain de la hiérarchie des normes, se contentant d’une incise
lapidaire, « pour fondamentale qu’elle soit ». Est donc privilégiée l’applica
tion du règlement de copropriété, les limites aux droits des copropriétaires
devant être appréciées au regard de la destination de l’immeuble, plutôt
que sur les terrains des droits et libertés fondamentaux.
Cette solution est discutable. On ajustement fait valoir que si la liberté reli
gieuse pouvait être encadrée, c’était à la condition que les restrictions
apportées ne soient pas excessives au regard de la finalité de la stipulation
litigieuse. En l’espèce, aucun contrôle de proportionnalité n’a été réalisé
par les juges pour concilier la liberté et l’atteinte qui lui est faite4'. À cet
égard, on peut noter que, dans une situation similaire, les juges québécois
ont, à l’inverse, retenu le caractère excessif de l’atteinte apportée, au terme
d’un contrôle de proportionnalité48. La question a traversé la réforme du
droit des contrats, sans toutefois que soit expressément adopté un contrôle
de l’exercice de la liberté contractuelle au regard des droits et libertés
46. Cass. 3e civ., 8juin 2006, n° 05-14774 : Bull. civ. III, n° 140 ; D. 2006, p. 2887, note C. Atias ; LPA
5juill. 2006, p. 9, note D. Fenouii.let. Adde C. Bicuenet-Maurel, « Droit de la copropriété et
pratique d’une religion : un mariage difficile », AJDI2005, p. 560.
47. D. Fenouillet, note préc.
48. A.-A. H yde, L« s atteintes aux libertés individuelles par contrat. Contribution à la théorie de l’obligation,
IRJS, 2015.
LA REGLEMENTATION PRIVEE DE L’IMMEUBLE 63
49. Sur cette question, v. G. G hantepie et M. L atina, Le nouveau droit des obligations. Commentaire
théorique et pratique dans l’ordre du Code civil, 2' éd., Dalloz, 2018, n° 97.
50. Cass. ass. plén., 25juin 2014, n° 13-28369, affaire Baby Ij>up.
51. Sur cette question, v. E. Ripoche , Im liberté et l'ordre public à l'épreuve des droits fondamentaux,
thèse Paris II, 2019, dactyl., spéc. n°595 ets.
52. V.sur cette question, infra, n° 295 ets.
53. V. par ex., Cass. 3e civ., 2 mai 1979, n” 78-10773.
54. V. not., Cass. 3e civ., 25 nov. 1980, n° 79-12562 : Bull. civ. III, n° 184.
55. L. 10juill. 1965, art. 25, b). Pour une application, Cass. 3eciv., 24oct. 1990, n°88-17514:
Bull. civ. III, n° 199.
56. « Doit être réputée non écrite la clause d’un règlement de copropriété autorisant un copro
priétaire à effectuer sans autorisation de l’assemblée générale des travaux, même précisé
ment définis, sur les parties communes de l’immeuble» (Cass. 3e civ., 12 mars 1997, n°95-
15953 : Bull. civ. III, n“58). S’agissant de simples enseignes ou plaques, la question est cepen
dant plus discutable.
64 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
interdiction radicale n’est admissible que s’il est prohibé d’exercer la moin
dre acdvité professionnelle. Lorsqu’une activité professionnelle est admise,
il faudra au moins permettre l’apposidon d’une plaque dans le hall de l’im
meuble. Aussi courantes sont les restrictions relatives au type d’enseignes
(enseignes lumineuses), à leur taille ou à leur emplacement au sein des
parties communes.
89. Respect des dispositions d’ordre public. - Le règlement de copropriété ne
peut déroger aux règles qui intéressent l’ordre public et les bonnes
mœurs1'. Il ne peut être envisagé un exposé exhaustif des contraintes qui
s’imposent au rédacteur. Le contentieux permet cependant d’observer des
récurrences : clauses qui interdiraient la détention d’animaux
domestiques ’8 ; clauses qui interdiraient ou, à l’inverse, qui imposeraient à
un copropriétaire de céder son lot à titre de sanction.
90. Clauses relatives au contentieux de la copropriété. - La jurisprudence a
depuis longtemps retenu que la clause compromissoire contenue dans le
règlement de copropriété devait être réputée non écrite39, ce qui ne fait
pas échec, cependant, au recours à l’arbitrage en cours de procédure1’0.
La question demeure posée au sujet d’une clause de conciliation préalable,
qui ferait obligation de recourir à une procédure de conciliation avant
toute saisine d’un tribunal61.
Est-il possible de stipuler valablement une clause pénale dans le règlement ?
Certes, la jurisprudence admet les clauses qui visent à imputer à un copro
priétaire les charges supplémentaires qui sont la conséquence de son fait62.
Dans cette hypothèse cependant, le syndicat ne peut déterminer le mon
tant des frais en cause. Les règles de la responsabilité civile doivent s’appli
quer, tant pour l’appréciation du comportement fautif63 que pour l’évalua
tion du préjudice subi. Cela rend d’autant plus intéressante la stipulation
d’une clause pénale, dont l’efficacité tient à son caractère dissuasif. Sous
réserve du pouvoir judiciaire de révision des clauses d’un montant
57. C. civ., art. 6 et art. 1102.
58. Ces clauses étaient fréquentes dans les règlements avant que l’article 8 de la loi n° 70-598 du
9juillet 1970 ne les interdise.
59. Cass. 3eciv., IO ocl 1978: /CP1980, II, 19390, note G alle; CAColmar, 20janv. 2011,
n° 08/04364 : AJÜI2011, p. 307.
60. CA Versailles, 25 sept. 1997 : RDI 1998, p. 297, obs. C. G iverdon.
61. Pour son application lorsqu’elle est stipulée dans un contrat de syndic, Cass. l" civ., T rfévr.
2005, n° 03-19692 : BuU. civ. I, n° 64.
62. V. not., CA Paris, 10 mai 2001 .JurisData 2001-144782, qui valide la clause suivante : « les copro
priétaires qui aggraveraient par leur fait les charges communes auraient à supporter les frais
et dépenses qui seraient ainsi occasionnés ».
63. Cass. 3e civ., 26janv. 2000, n° 98-15900 : BuU. civ. III, n° 16.
LA REGLEMENTATION PRIVEE DE L’IMMEUBLE 65
manifestement excessif64, la clause pénale devrait être admise dans les
règlements de copropriété.
2. La sanction des clauses illicites du règlement
91. Plan. - «Toutes clauses contraires aux dispositions des articles6 à 37, 41-1
à 42 et 46 et celles du décret prises pour leur application sont réputées non
écrites ». La sanction des clauses contraires aux dispositions impératives du
statut de la copropriété prévue par l’article 43 de la loi de 1965 impose de
déterminer la nature et les effets du réputé non écrit6'1.
a. Qualification du réputé non écrit
92. Clause réputée non écrite et nullité partielle. - La sanction du réputé non
écrit pourrait apparaître comme une modalité de nullité partielle. Seules
les clauses litigieuses sont affectées par la sanction à l’exclusion du reste
du règlement qui demeure applicable. La suppression d’une parue d’un
acte juridique implique que celui-ci puisse tout de même produire ses
effets. De nombreuses stipulations présentent un caractère purement acces
soire et sont susceptibles d’être éradiquées sans dommage. En revanche,
lorsque c’est une disposition centrale du contrat qui est en cause, l’utilisa
tion d’une sanction ciblée paraît plus délicate. La divisibilité des clauses illi
cites est un préalable nécessaire à la sanction de la nullité partielle. Aussi la
volonté des parties de faire de la clause une condition impulsive et détermi
nante de leur accord est-elle scrutée avec attention. Or précisément, l’appli
cation du réputé non écrit au règlement de copropriété implique de
s’interroger sur le sort de la clause sans laquelle la copropriété ne pourrait
fonctionner. Quelle solution alors adopter ? Un retour au droit commun de
la copropriété ? Une nouvelle décision de l’assemblée générale ? Une déci
sion judiciaire ajoutant au règlement?
93. Clause réputée non écrite et inexistence. - La sanction du réputé non écrit
se démarque en outre, théoriquement, de la nullité. Alors que la nullité
anéantit l’acte à la suite de sa critique judiciaire, le réputé non écrit impli
querait seulement, de manière plus radicale, le constat que la clause n’a
jamais existé. L’enjeu réside à la fois dans la prescription de l’action et
dans les pouvoirs accordés au juge. La jurisprudence a depuis longtemps
admis qu’« une clause réputée non écrite étant censée n’avoir jamais existé,
le syndicat des copropriétaires, comme tout copropriétaire intéressé peut, à
tout moment, faire constater l’absence de conformité des clauses du
64. C. civ., art 1231-5.
65. J.-F. Artz, « Les clauses réputées non écrites en droit de la copropriété. Ou le domaine res
pectif des articles 42, alinéa 2, et 43 de la loi du lOjuillet 1965», Mélanges Jean Calais-Auloy,
Dalloz, 2004, p. 29.
66 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
66. Cass. 3eciv., 9 mars 1988, n° 86-17869: BuU. civ. Ill, n °5 4 ; D. 1989, p. 143, note C. Atias ;
Cass. 3e civ., 7 mai 2008, n ” 07-13409 ; Cass. 3e civ., 17 sept. 2013, n° 11-21770.
67. Cass. l re civ., 13 mars 2019, n° 17-23169.
68. Cass. 3e civ., 21 ju in 2006, n° 05-13607 : Bull. civ. III, n° 159.
69. S. G audemet, I m clause réputée non écrite, Defrénois, 2006, n° 168 et s.
70. Par ex. le dénom inateur com m un de la répartition, c’est-à-dire le nom bre de personnes qui
doivent contribuer (Cass. 3e civ., 20 déc. 2000, n°99-16059: Bull. civ. III, n°198).
71. S. G audemet, op. cit, n° 169. Pour une application, v. Cass. 3e civ., lOjuill. 2013, n° 12-14569.
LA RÉGLEMENTATION PRIVÉE DE L’IMMEUBLE 67
les décisions d’assemblée générale approuvant les comptes ne peuvent être
contestées que dans un délai de deux mois72.
95. Effet du réputé non écrit.
L’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 a inséré, à la fin de l’ar
ticle 43 de la loi de 1965, une phrase ainsi rédigée: «Cette nouvelle
répartiüon prend effet au premier jour de l’exercice comptable suivant
la date à laquelle la décision est définitive ». Est ainsi consacrée la solu
tion jurisprudentielle'3, qui conduit à maintenir les effets de la réparti
tion fondée sur une clause illicite jusqu’à la date de la décision judiciaire
et, plus précisément, au premier jour de l’exercice comptable qui la suit.
72. Même s’il est possible de demander simultanément la nullité de la décision d’assemblée géné
rale et la suppression d’une clause du règlement, ce qui permettra de faire produire effet à
l’inexistence pour la dernière assemblée générale (Cass. 3e civ., 28avr. 2011, n° 10-14298:
Bull. civ. III, n° 61).
73. Cass. 3e civ., lOjuill. 2013, préc.
74. V. not. Cass. 3e civ., 2 oct. 2013, n° 12-17084.
68 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
volonté initiale et l’insertion du règlement dans son contexte actuel. En
outre, il n’est pas exclu qu’il soit qualifié de contrat d’adhésion, ce qui
entraînerait l’application de la règle d’interprétation contra proferentem'\
En cette madère, cependant, il n’est pas certain que puisse être décelée
une partie qui l’a proposé, à moins d’imaginer l’hypothèse d’un proprié
taire divisant son immeuble, tout en demeurant copropriétaire d’un lot.
97. Plan. - La force obligatoire du règlement de copropriété s’impose à l’égard
des copropriétaires, seules parties au contrat. Ses effets rayonnent cepen
dant au-delà de ce seul cercle.
A. L’application du règlement entre les parties
98. Nature contractuelle des actions entre les copropriétaires. - Le règlement
de copropriété a, entre les parties, l’effet d’un contrat. Toute action exer
cée par un copropriétaire à l’encontre du syndicat ou d’un autre coproprié
taire sera nécessairement de nature contractuelle. Cela conduit notamment
à exclure les règles relatives à la protection possessoire'1’. Réciproquement,
toute action exercée par le syndicat à l’encontre de copropriétaires défail
lants est également contractuelle". C’est sur ce fondement qu’il peut obli
ger un copropriétaire à réaliser des travaux dans ses parties privatives, afin
notamment de préserver l’aspect extérieur de l’immeuble ou d’éviter une
dégradation des parties communes. Néanmoins, l’action en responsabilité
exercée contre un copropriétaire refusant de répondre à un appel de fonds
relève de la responsabilité extracontractuelle'8.
99. Transmission de la qualité de contractant. - A l’instar de tout contrat, le
règlement de copropriété est transmis automatiquement aux ayants cause
universels ou à titre universel du copropriétaire. La qualité de partie au
règlement étant cependant indissociable de celle de copropriétaire, elle
est automatiquement et nécessairement transmise aux ayants cause à titre
particulier, dès la prise d’effets du contrat'9. En aucun cas les termes du
contrat de vente du lot de copropriété ne pourraient modifier les stipula
tions du règlement.
80. Cass. 3e civ., 23juin 1976, n" 75-10575 : Bull. civ. Ill, n° 285.
81. Cass. 3e civ., 19nov. 2008, n° 06-12567.
82. V. aussi, D. 17 mars 1967, art. 4, al. 1er.
83. C. civ., art 1200.
84. V. not., Cass. l re civ., 17 oct. 2000, n° 97-22498 : Bull. au. I, n” 246 ;JCP G 2001,1, 338, n° 6, obs.
G. V iney .
70 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
103. Situation des locataires. - Le règlem ent n ’est pas opposable de plein droit
aux tiers8 ’. En m atière de règlem ent de copropriété, ce sont les rapports
locatifs qui suscitent le contentieux le plus abondant. Alors même, en
effet, q u ’il est intéressé à l’organisation de la copropriété en tant q u ’occu
pant, le locataire dem eure un tiers à son égard. O n pourrait alors raisonner
en deux temps, en imposant nécessairement au préalable une action du
syndicat ou des copropriétaires contre le copropriétaire bailleur, lequel se
retournerait contre le locataire, dans les limites des stipulations du contrat
de bail. Néanmoins, il est possible d ’agir directem ent contre le locataire,
dès lors que celui-ci a connaissance du règlem ent de copropriété, ce qui
est le cas en cas de publication du règlem ent86, ou lorsqu’une disposition
spéciale l’impose lors de la conclusion du contrat de bail8'. Le syndicat
pourra même agir par la voie oblique en résiliation du bail en cas de
carence du copropriétaire-bailleur88.
85. Cass. 3e civ., 12juin 1991, n° 90-11039 : Bull civ. III, n° 171.
86. Cass. 3e civ., 14avr. 2010, n° 09-13315. Comp., retenant l’inopposabilité faute d ’information
sur l’existence de la copropriété, Cass. 3° civ., 3 mars 2004, n° 02-14396 : Bull. civ. III, n° 47.
87. L. n° 89-462, 6juill. 1989, art. 3, qui impose, lorsque l’immeuble est soumis au statut de la
copropriété, la communication d’extraits du règlement de copropriété « concernant la desti
nation de l’immeuble, la jouissance et l’usage des parties privatives et communes, et précisant
la quote-part afférente au lot loué dans chacune des catégories de charges ».
88. Cass. 3e civ., 14 nov. 1985, n° 84-15577 : Bull. civ. III, n° 143.
89. Cass. 3e civ., 4 mars 2020, n° 18-20963. Rappr. Cass. ass. plén., 5 mars 2010, n° 08-42843 et 08
42844 : Bull. civ. ass. plén., n° 1.
LA REGLEMENTATION PRIVEE DE L’IMMEUBLE 71
contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un dommage »90. Cette
solution, souvent contestée en doctrine, mais récemment confirmée91,
conduit à certaines applications potentielles en droit de la copropriété.
105. Illustrations en cas de violation du règlement de copropriété. - Les exem
ples de violation d’un règlement de copropriété invoquée par les tiers ne
sont pas courants, si l’on excepte le cas des locataires. Cependant, la faci
lité avec laquelle il est possible de l’invoquer, désormais, pourrait offrir des
perspectives contentieuses intéressantes. Il suffit d ’imaginer l’hypothèse de
la violation, même tolérée, d’une clause d ’habitation bourgeoise ou d’une
clause de non-concurrence - lorsqu’elle est exceptionnellement admise -
qui causerait un préjudice à un locataire ou un voisin exerçant une activité
similaire à celle d ’un copropriétaire ou occupant de l’immeuble.
90. Cass. ass. plén., 6 oct. 2006, n° 05-13255 : Bull. civ. ass. plén., n° 9 ; D. 2006, 2825, note G . V iney ;
JCP2006, II, 10181, concl. A. G ariazzo, note M. B illiau ; RDC 2007, p. 269, obs. D. M azeaud ;
RTD civ. 2007, p. 115, obs. J. M estre et B. F ages ; ibid., p. 123, obs. P.J ourdain .
91. Cass. ass. plén., 13janv. 2020, n° 17-19963.
92. Pour une action fondée sur l’article 14 de la loi, Cass. 3e civ., 28nov. 1978, n° 77-12972:
BuU. civ. III, n° 359.
93. V. not., pour une démolition des constructions illicites, Cass. 3e civ., 7 mars 2007, n° 06-12702
(les dispositions de l’article 647 du Code civil ne peuvent faire échec à la demande fondée sur
le règlement) ; remise en l’état des parties communes, Cass. 3e civ., 18 déc. 2001, n° 00-18344.
94. Cass. l re civ., 13 déc. 1965 : BuU. civ., n° 704.
DEUXIÈME PARTIE_____________
L’ORGANISATION COLLECTIVE
DE LA COPROPRIÉTÉ
1. A zoulay, « La réforme de la copropriété des immeubles bâtis », Defrénois 1968, art. 41, n° 7.
2. L.n° 2018-1021, 23nov. 2018, art. 215, II.
3. Rapport sur l’ordonnance du 30 octobre 2019.
CHAPITRE 1
Le syndicat des copropriétaires
1. E. K ischinewsky-B roquisse , La copropriété des immeubles bâtis, 4e éd., Litec, 1989, n°299, qui
évoque la gestion d ’affaires ou le mandat tacite lorsque l’utilité des travaux n ’était pas dou
teuse.
2. V. sur cette question, A. P iedelièvre, « La copropriété par appartements », in J. C arbonnier
(dir. et préf.), L ’immeuble urbain à usage d ’habitation. Etudes de droit privé, LGDJ, Bibl. dr.
privé., t. 49, 1963, p. 181, spéc. n° 13 ets.
76 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
§ 1. L’unité du syndicat
114. Personnalité morale du syndicat. - La question de la personnalité morale
du syndicat était sujette à débat sous l’empire de la loi de 1938'. Désormais,
l’article 14, alinéa 1er, de la loi du lOjuillet 1965 prévoit expressément que
« la collectivité des copropriétaires est constituée en un syndicat qui a la
personnalité civile »8. Identifié comme syndicat des copropriétaires de l’im
meuble situé à (...)9, son siège est situé à l’adresse de l’immeuble. « Procédé
A. L’existence du syndicat
10. P. M alaurie et L. A ynès, avec le concours de M.J ulienne , Droit des biens, 8e éd., LGDJ, 2019,
n° 721.
11. J.-M. Roux, « Le syndicat des copropriétaires ou la génération spontanée », Loyers et copr. 2012,
Étude 6.
12. V. not., Cass. 3' civ., 11 janv. 2012, n° 10-24413 : Bull. civ. III, n° 7.
13. L. 10juill. 1965, a r t 1-1, al. 1er.
14. CA Paris, 30janv. 1979 : D. 1979, IR, 441, obs. C. G ivf.rdon .
15. V. par ex., CAToulouse, 29 mars 2010, n° 09/03214 : Loyers et copr. 2010, comm. 270 : absence
de règlement de copropriété.
16. Cass. 3e civ., 4oct. 2011, n° 10-25043.
17. J.-P. C ordelier , «Le syndicat des copropriétaires, cet inconnu...», Gaz. Pal. 16 mars 2002,
n” 75, p. 38, qui souhaitait la création d ’un registre tenu par les greffés des tribunaux d ’ins
tance comprenant les informations relatives aux syndicats de copropriétaires.
18. CCH, art. L. 711-1.
78 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
2. La dissolution du syndicat
119. Présentation. - En tant qu’il est nécessaire au fonctionnement de la copro
priété, le syndicat a vocation à la perpétuité. Sa dissolution ne peut interve
nir que pour des causes limitées, qu’elles soient matérielles ou juridiques.
120. Destruction de l’immeuble. - Par hypothèse, la destruction totale26 de l’im
meuble édifié exclut l’applicadon de la loi de 1965, laquelle ne s’applique
pas aux terrains nus. Faute de copropriété, le syndicat est donc conduit à
disparaître de plein droit. Néanmoins, l’automaticité n ’est pas absolue.
L’assemblée générale peut en effet décider de la reconstruction de l’im
meuble, aux termes de l’article 3827. Le syndicat subsiste donc jusqu’à
cette date : il a notamment qualité pour recevoir l’indemnité d’assurance
et agir au nom de tous les copropriétaires en réparation du préjudice
subi28.
121. Disparition de la pluralité de copropriétaires (réunion dans une même
main, expropriation, apport à une société, division du syndicat). - Puisqu’il
est impossible pour les copropriétaires de faire le choix d ’une autre organi
sation au cours de la vie de la copropriété tant que subsistent des parties
communes indivises29, la disparition du syndicat ne peut survenir que
lorsque les conditions posées par l’article premier ne sont plus réunies.
L’hypothèse la plus courante est celle de la réunion de tous les lots entre
les mains d’un même copropriétaire30, qui entraîne de plein droit la dispa
rition de la copropriété et du syndicat des copropriétaires31. De fait, elle
interviendra surtout dans de petites copropriétés. La même remarque vaut
sans doute pour l’hypothèse d’apport de l’ensemble des lots à une
société32. Les cas d’expropriation33 ou de division du syndicat seront déve
loppés ultérieurem ent. Quoi qu’il en soit, la cession ultérieure d ’un lot ne
26. À l’exclusion de la destruction d ’un bâtiment ou d ’une partie de l’immeuble seulem ent
27. Les dispositions de ce texte ne sont pas d ’ordre public, ce qui autorise un régime convention
nel de reconstruction dérogatoire. V. sur cette question, J.-M. Roux, « La reconstruction de
l’immeuble en copropriété », IRC 2007, n° 532, p. 26, et infra, n° 427 et s.
28. Cass. 3e civ., 8 mars 1989, n° 87-13267 : Bull. civ. III, n° 57.
29. Rappr. Cass. 3e civ., 24janv. 1978, n° 76-13136 : Bull. civ. III, n° 48 : la suppression de la copro
priété d ’un ensemble immobilier, dont la totalité des sols, y compris ceux où sont implantés
les immeubles, sont restés communs malgré la jouissance exclusive laissée à chaque copro
priétaire des sols non bâtis, exige l’unanimité des copropriétaires.
30. G. R ouzet , « Réunion de lots de copropriété en une seule main : quelles conséquences ? »,
Defrénois 2009, p. 1001.
31. Cass. 3e civ., 12sept. 2007, n°06-11282: Bull. civ. III, n°138; Cass. 3e civ., 27avr. 2017, n° 16
11278.
32. P. C apoulade et D. T omasin , La copropriété, op. cit., n° 321-241.
33. G. V aysse , « Expropriation et statut de la copropriété », AJDI2017, p. 741.
34. V. infra, n° 134 et s.
80 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
41. Cass. 3e civ., 8 o c t 2015, n° 14-16071 : D. 2015, p. 2419, note A T adros; D. 2016, p. 1786, obs.
N. Reboul-Maupin; /C P2015, 446, n °2 , obs. H. Perinet-Marquet; RDI 2016, p. 409, note
E. Gavin-Millan-O osterlynck; RTD civ. 2016, p. 157, obs. W. D ross.
42. Sur l’application de l’article L. 4532-2, Cass. 3e civ., llju ill. 2011, n° 00-11984: Bull. cw. III,
n° 95.
43. R etenant cette qualification au sujet d ’un syndicat d ’u n e résidence-services, à l’occasion de la
procédure de licenciem ent de personnels de soin, Cass, soc., 21 nov. 2018, n° 17-12599 : AJDI
2019, p. 543, note D. T o m a sin . Comp., Cass, soc., l erfévr. 2017, n° 15-26853, dans l’hypothèse
du licenciem ent économ ique d ’un concierge.
44. C. consom., art. prélim inaire.
45. Cass. l re civ., 15 mars 2005, n° 02-13285 : Bull. civ. I, n° 135.
46. C. consom., art. liminaire.
47. Cass. l re civ., 23juin 2011, n" 10-30645 : Bull. civ. I, n° 122.
48. V. not., Cass. l r'c iv „ 10 s e p t 2014, n° 13-19015 ; Cass. 3e civ., 29 mars 2017, n° 16-10007.
49. Cass. l re civ., 25 nov. 2015, n° 14-20760.
82 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
limité aux modèles de contrats proposés aux consommateurs, en sont
exclus les contrats destinés aux non-professionnels, notamment les syndi
cats de coproprietaires .
2. Le patrimoine du syndicat
125. Consistance du patrimoine. - Attribut essentiel de la personnalité morale,
le patrimoine du syndicat des copropriétaires demeure singulier. Cela
tient plus à la spécificité de son contenu qu’à une nature originale. A la
question, «que possède le syndicat?», la réponse est en effet lapidaire:
«bien peu, bien peu de temps». Qualifié de «patrimoine de transit»31,
il est analysé comme un « patrimoine-relais, voire comme un simple
compte collectif »32.
Cette situation s’explique aisément. Le syndicat n’est pas le propriétaire de
l’immeuble, pas même de ses parties communes, solution qui a toujours été
écartée par le législateur3'5. La situation inverse conduirait à analyser la
copropriété en une forme de société, chacun des associés disposant alors
d’un droit personnel de jouissance que lui conféreraient ses parts. Dès
lors, le patrimoine du syndicat ne comprend que les sommes versées par
les copropriétaires afin de régler les charges communes et les créances à
leur encontre. Même dans ce cadre, son autonomie demeure résiduelle
puisque les créanciers du syndicat défaillant pourront poursuivre directe
ment les copropriétaires34.
Néanmoins, même si la consistance du patrimoine du syndicat demeure le
plus souvent limitée, son intérêt se révèle notamment lorsqu’il succède au
constructeur ou au vendeur dans les actions dont ils disposaient33. En
outre, les copropriétaires peuvent décider que le syndicat acquière des par
ties privatives de l’immeuble, qui conserveront alors leur caractère
50. Cass. l re civ., 4juin 2014, n° 13-13779 et 13-14203: Bull. civ. I, n°102; Cass. T'civ., 14janv.
2016, n° 14-28335, 14-28336 et 14-28337.
51. C. Lombois, D. 1966, L„ 93, n° 70.
52. F. T erré et P. S imi.f.r, Droit civil, l^es biens, 10e éd., Dalloz, 2018, n° 649.
53. Exposé des motifs de la loi du lOjuillet 1965, p. 7.
54. Cass. 3e civ., 10 mai 1968, n” 66-13503: Bull civ. III, n°202; Cass. 3eciv., lSjuill. 1999, n°98-
10452. La Cour de cassation fonde ce recours sur l’acüon oblique, plutôt qu’une action
directe, le syndicat étant une personne morale de droit privé dont le patrimoine est distinct
de celui de ses membres, ceux-ci n’étant pas responsables à l’égard des tiers ou de l’un des
copropriétaires de son passif (Cass. 3e civ., 26 oct. 2005, n° 04-16664 : Bull. civ. III, n° 205).
55. Par exemple en recueillant l’indemnité d’assurance dommages-ouvrage souscrite par le maî
tre d’ouvrage ayant fait procéder à la rénovation de l'immeuble destiné à être vendu par lots,
Cass. 3e civ., 17 mars 1999, n° 97-15800 : Bull. civ. III, n° 69 ; Defrénois 1999, 1360, obs. C. A tias.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 83
privatif'16, voire d’autres biens immobiliers’7. La jurisprudence admet
même que le syndicat puisse acquérir la propriété des parties privatives
d’un copropriétaire par le jeu de la prescription acquisitive’8. Enfin, le syn
dicat peut recevoir des avances des copropriétaires et même emprunter. Il
sera soumis, en cas de difficultés, à une procédure spécifique, exclusive du
droit commun des procédures collectives39.
126. Emprunt souscrit par le syndicat des copropriétaires. - Afin de donner plus
de consistance au patrimoine du syndicat et de mettre en œuvre une politique
de rénovation pluriannuelle, le législateur a choisi, depuis plusieurs années,
de simplifier le recours à l’emprunt. Même si les prêts destinés à financer un
syndicat ont toujours été possibles60, les établissements bancaires pouvaient se
montrer réticents, faute pour celui-ci de disposer d’un patrimoine suffisant,
les copropriétaires demeurant propriétaires indivis des parties communes.
Afin de favoriser ce recours à l’emprunt, dont l’importance se révèle notam
ment pour la mise en œuvre de travaux d’économie d’énergie61, la loi
n° 2012-387 du 22 mars 2012 a inséré les articles 26-4 à 26-8, depuis révisés et
complétés par plusieurs modifications du décret de 196762.
L’article 26-4 prévoit désormais que le syndicat des copropriétaires peut
souscrire un emprunt collectif dans certaines hypothèses limitativement
énumérées : financement de travaux régulièrement votés concernant les
parties communes ou d’intérêt collectif sur parties privatives, actes d’acqui
sition conformes à l’objet du syndicat et régulièrement votés. La décision
requiert en principe l’unanimité des copropriétaires mais le texte ménage
deux exceptions. D’une part, lorsque l’emprunt a pour unique objectif le
56. L. 10juill. 1965, art. 16, al. 2. Pour une application, jugeant que « les tantièmes afférents à un
lot dont le syndicat est propriétaire ne doivent pas être pris en compte pour les votes des
délibérations des assemblées générales » : Cass. 3' civ., 21 juin 2006, n° 05-12278 : Bull. civ. III,
n° 160.
57. Mais n’entre pas dans son objet l’acquisition de parts sociales d’une société civile immobi
lière, propriétaire de biens immobiliers extérieurs à la copropriété (Cass. 3e civ., 4nov. 2009,
n° 08-18979 : Bull. civ. III, n° 242).
58. Cass. 3eciv., 8oct 2015, n°14-16071 : D.2015, p. 2419, note A.T adros; D. 2016, p. 1786, obs.
N. Reboul-Maupin ; /CP2015, 446, n°2, obs. H. Perinet-Marquet ; RD I 2016, p. 409, note
E. Gavin-Millan-Oosterlynck; RTD civ. 2016, p. 157, obs. W. Dross.
59. V. sur ce point, infra, n° 175 et s.
60. V. par. ex., Cass. 3' civ., 26juin 2002, n° 00-20276.
61. P. Déchelette-Tolot, « Le contrat de financement des travaux verts en copropriété », Loyers et
copr. 2013, Etude 13. V. aussi le dossier « La transition énergétique en droit de la copro
priété », AJDI 2020, p. 83.
62. Sur ces textes, v. not. D. Tomasin, « Copropriété et simplification du droit Apport de la loi
n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allégement des démar
ches administratives », AJDI 2012, p. 329 ; « Mise en application de l’emprunt collectif du syn
dicat des copropriétaires. À propos du décret n” 2013-205 du 11 mars 2013», AJDI 2013,
p. 331.
84 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
70. La Cour de cassation ajoute à ces deux conditions l’exigence que le syndicat secondaire ne
soit pas composé d ’un seul lot (Cass. 3e civ., 28janv. 2016, n° 14-29582).
71. Rép. min, JOAN 27 août 1966, p. 2879.
72. Cass. 3e civ., 26 févr. 1997, n° 95-12709 ; Cass. 3" civ., 23janv. 1973 : Gaz. Pal. 1973, 1, 334, note
M. M orand.
86 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
dès lors qu’ils sont édifiés d’un seul tenant . La volonté des copropriétaires
se heurte à la condition d ’ordre public posée par la loi. On pourrait regret
ter que le souci d ’individualiser la gestion de la copropriété se trouve ainsi
limité, ce dont l’ordonnance du 30 octobre 2019 a tenu compte.
La constitution d ’un syndicat secondaire requiert en outre une seconde
condition, la manifestation de volonté des copropriétaires74. Bien qu’elle
ne soit pas expressément mentionnée par la loi, il n ’est pas contesté que
le règlement de copropriété puisse prévoir, dès l’origine, la constitution
de syndicats secondaires ‘ ° . L’article 27 permet également leur création au
cours de la vie de la copropriété, par la réunion d ’une assemblée spéciale
des copropriétaires concernés. Peu importe, donc, l’éventuel accord du syn
dicat principal, la décision des copropriétaires créant un syndicat secon
daire s’imposant aux autres''’. L’assemblée spéciale statue à la majorité de
l’article 25, soit la majorité des voix des copropriétaires du bâtiment.
131. Simplification de la création de syndicats secondaires.
73. Cass. 3e civ., 20 mai 2009, n° 07-22051, 08-10043, 08-10495 : Bull. civ. III, n° 113 ; Defrénois 2009,
p. 1506, obs. C. A tias.
74. En revanche, « la circonstance que le règlement de copropriété prévoie des parties commu
nes spéciales et que soient appelées des charges spéciales sur lesquelles seuls les copropriétai
res concernés sont appelés à délibérer ne suffit pas à caractériser la création d ’un syndicat
secondaire des copropriétaires» (Cass. 3e civ., 14 mars 2019, n° 18-10214: Defrénois 2019,
n° 151v9, obs. L.-A. P oletti).
75. V. implicitement, Cass. 3e civ., 20 mai 2009, préc.
76. Cass. 3e civ., 8juin 2006, n°05-11190: BuU.cw.Ul, n°141; Cass. 3e civ., 22sept. 2004, n°03-
10069 : Bull. civ. III, n° 156. Au demeurant, la constitution d ’un syndicat secondaire n ’a pas
pour effet de constituer les copropriétaires des lots restants en syndicat secondaire (CA Paris,
4 mai 1979 : D. 1980, IR, p. 450, obs. C. G ivf.rdon).
77. F. T erré et P. Simler, Droit civil. Les biens, 12e éd., Dalloz, 2018, n° 656.
LE SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 87
78. Cass. 3e civ., 4févr. 2004, n° 02-14742 : Bull. cm. III, n°21.
79. Cass. 3e civ., 20 mai 2009, préc.
80. Cass. 3' civ., 11 mai 2000, n” 98-17268 : BuU. civ. III, n° 102.
81. D. 17 mars 1967, art. 22 et 24.
82. L. 10juill. 1965, art. 22, II. L’assemblée générale du syndicat secondaire statue à la majorité
de l’article 25.
88 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
Il faut à cet égard tenir compte des contraintes d’urbanisme (absence d’ac
cès à la voie publique, réglementation des lotissements, etc.), voire de la
destination de l’immeuble 11.
136. Modalités de la scission92. - L’article 28 distingue apparemment deux éta
pes : le principe de la scission et les conditions de sa réalisation. Il est cepen
dant possible de procéder à un vote unique9’. La procédure varie légère
ment suivant que le bâtiment retiré appartient à un ou plusieurs
copropriétaires. Dans le second cas, il sera nécessaire que préalablement à
toute demande, ces propriétaires se réunissent en assemblée spéciale afin
de décider, à la majorité de l’article 25, de demander leur retrait du syndi
cat initial. La décision finale revient cependant à l’assemblée générale du
syndicat, lequel, qu’il soit saisi à la requête d’un ou plusieurs copropriétai
res, statue à la majorité des voix de tous les copropriétaires. Ce vote peut
directement intégrer le règlement des conditions matérielles, juridiques et
financières nécessitées par la division. Il peut également se contenter
d’adopter le principe de la scission, l’ancien règlement de copropriété
demeurant alors applicable dans l’intervalle94. Pour que la scission
devienne effective, il faut en effet que soient prévus une nouvelle réparti
tion des parties communes9 ’ et l’état descriptif de division correspondant,
la situation des éléments d’équipements qui ne peuvent faire l’objet d’une
division, ainsi que le règlement de copropriété et l’état de répartition des
charges des nouveaux syndicats. La dissolution du syndicat initial viendra
clore cette procédure.
137. Division en volumes. - Depuis la loi ALUR, la scission du syndicat peut
prendre la forme d’une division en volumes d’un ensemble immobilier
complexe soumis au statut de la copropriété99. Au fond, une telle division
ne peut concerner qu’un ensemble immobilier comportant soit plusieurs
bâtiments distincts sur dalle, ce qui exclut toute indivision du sol, soit plu
sieurs entités homogènes affectées à des usages différents, dès lors qu’elles
sont susceptibles d’une gestion autonome. A contrario, le texte écarte
91. V. en ce sens, C. A tias et N. L e R udulier, Rép. civ. Dalloz, v° « Copropriété des immeubles bâtis :
statut et structures », 2018, n°654, qui considèrent que « l’absence de référence, dans l’arti
cle 28 de la loi, à ce critère général ne doit pas éliminer le respect du principe fondamental
de droit commun en copropriété immobilière ».
92. G. V igneron etJ.-M. R oux , «Scission de copropriété: accord des copropriétaires», Loyers et
copr. 2012, Formule 7.
93. En ce sens, CA Paris, 11 mars 2004 : Loyers et copr. 2004, comm. 135, obs. G. V igneron.
94. Cass. 3e civ., 28juin 1995, n” 93-12692 : Bull. civ. III, n" 156.
95. Ce qui implique d’en estimer la valeur. Sur cette question, v. N. B enoit, « L’estimation de la
valeur vénale des parties communes dans le cadre d ’un projet de scission de copropriété »,
AJDI2018, p. 842.
96. L. 10juill. 1965, art. 28, IV.
90 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
101. F. T erré et P. Simler, Droit civil Les biens, 10e éd., Dalloz, 2018, n° 657.
102. Cass. 3e civ., 26 févr. 2003, n° 00-21235 : Bull. civ. III, n° 50 ; D. 2003, p. 995, note C. A tias.
103. Sur l’hypothèse spécifique des unions coopératives, prévue par l’article 93,1, de la loi n° 2006
872 du 13juillet 2006 portant engagement national pour le logement, v. infra, n° 166.
104. Cass. 3' civ., 3 mars 2010, n° 09-11709 : Bull. civ. III, n° 51 : « l’adhésion à une union de syndi
cats relève des prérogatives de l’assemblée générale des copropriétaires ».
105. Retrait qui ne peut être interdit par les statuts (art 29, al. 3).
106. Pour un syndicat de copropriétaires, la désignation du représentant a lieu par l’assemblée
générale statuant à la majorité de l’article 24.
92 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
107. V. not., récemment, G. F arjat, « Entre les personnes et les choses, les centres d ’intérêts. Pro
légomènes pour une recherche », RTD civ. 2002, p. 221 ; J. T héron , « De la “communauté
d’intérêts” », RTD civ. 2009, p. 19.
108. Sur le contentieux de la copropriété, v. infra, n° 147 et s. et 229 et s.
109. J. R ochfeld , Les grandes notions du droit privé, 2e éd., PUF, 2013, n°25.
110. Sur cette idée, v. G. C hantepie, « La transition énergétique dans les copropriétés », AJDI2020,
p. 84.
111. L. 10juill. 1965, art. 14, al. 4.
112. Sur cette question, v. infra, n° 147ets.
113. X. supra, n° 74.
114. X. infra, n° 221.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 93
126. Cass. 3cciv., 28avr. 1981 : Bull civ. Ill, n°83 (action en garantie des vices cachés).
127. V.noL, Cass. 3e civ„ 22mars 2000, n°98-13345 et98-15595: Bull. civ. III, n°64; Cass.3eciv„
11 févr. 2016 (2 arrêts), n° 14-29848 et n° 14-12968.
128. Sur cette évolution jurisprudentielle, v. P. C apoulade et D. T omasin (dir.), op. cil., n° 513.41 ets.
129. Cass, y civ., 30juin 1992, n° 90-17640 : Bull. civ. III, n° 229.
130. Cass. 3' civ., 16juiU. 1996, n" 94-18259.
131. Cass. 3' civ., 9juin 1999, n° 97-19834.
132. Cass. 3eciv., lOfévr. 2010, n°09-10418 e t 09-14265.
96 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
démontrer qu’il subit un préjudice personnel et distinct de celui dont souf
fre la collectivité des membres du syndicat»133.
151. Qualité pour agir. Actions du syndicat. - L’article 15 de la loi donne au syn
dicat « qualité pour agir en jusüce, tant en demandant qu’en défendant,
même contre certains des copropriétaires », lui permettant notamment
d’« agir, conjointement ou non avec un ou plusieurs de ces derniers, en
vote de la sauvegarde des droits afférents à l’immeuble ». Ses acdons décou
lent de ses attributions, prévues par l’article 14, c’est-à-dire la conservation
de l’immeuble et l’administration des parties communes. En outre, même
si elle n’est pas exclusive, sa compétence ne souffre pas de discussion s’agis
sant du respect du règlement de copropriété. Les difficultés se concentrent
surtout sur la « sauvegarde des droits afférents à l’immeuble », qui donne
lieu à une articulation délicate entre les compétences respecüves des copro
priétaires et du syndicat. Le syndicat devra prouver que le trouble présente
un caractère collectif. Un tel caractère n’est pas douteux lorsqu’une
atteinte aux parties communes est constatée134, même si des dommages
affectent également des parties privatives13'’. Il ne peut en revanche agir
lorsque l’atteinte n’affecte que des parties privatives136, sauf à envisager
que l’atteinte concerne tous les lots13'.
152. Elargissement de l’objet du syndicat.
L’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 ajoute une finalité à l’ob
jet du syndicat, lequel comprend la conservation et l’amélioration de
l’immeuble, ainsi que l’administration des parties communes. Cet ajout
présente un double intérêt: technique, il justifie le recours à la «passe
relle » de l’article 25-1 pour les travaux d’amélioration138 ; symbolique, il
témoigne de l’importance pour les copropriétaires d’anticiper des tra
vaux en adaptant l’immeuble aux exigences contemporaines, notam
ment en matière de rénovation énergétique.
133. Cass. 3e civ., 29 mars 2011, n° 10-16487. V. également, Cass. 3e civ., l erjuill. 2008, n° 07-15729 ;
Cass. 3" civ., 4 nov. 2008, n° 07-18067.
134. V. not., Cass. 3e civ., 24juin 2015, n° 14-15205 ;/CP2015, 1221, n° 12, obs. H. Perinet-Marquet.
135. Cass. 3e civ., 23juin 2004, n° 03-10475.
136. V. not., Cass. 3e civ., 12 mai 1993, n° 91-11878.
137. Cass. 3e civ., 27 sept. 2000, n° 98-22243.
138. Rapport sur l’ordonnance du 30 octobre 2019. V. également, J. L afond, « Le syndicat de
copropriétaires après l’ordonnance du 30 octobre 2019 », Loyers et copr. 2020, dossier 3, n° 11.
LE SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 97
§ 2. La responsabilité du syndicat
153. Responsabilités du syndicat. - La responsabilité du syndicat comprend plu
sieurs facettes. En tant que personne morale, il est théoriquement soumis à
la responsabilité pénale, notamment pour manquement à une obligadon
de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement139. C’est
toutefois la responsabilité civile du syndicat qui suscite un contentieux
abondant, en partie lié à l’articulation entre droit spécial de la copropriété
et droit commun de la responsabilité civile.
155. Cass. 3e civ., 12 sept 2012, n° 11-10421 : BuU. civ. III, n° 119.
156. Cass. 3' civ., 28janv. 2009, n° 07-20997 et 07-21174.
157. Cass. 3 'civ., lOmai 2011, n °08-20196; Cass. 3eciv., 4déc. 2007, n ° 06-19671.
158. Cass. 3e civ., 7juin 2005, n° 04-12930.
159. CA Paris, 25 sept. 2013 : loyers et copr. 2014, comm. 35.
160. CAToulouse, 5 mars 2012, JurisData 2012-007348.
161. Cass. 3e civ., 21 janv. 2004, n" 02-16386.
162. Cass. 3e civ., 29 ocl 2013, n° 12-23953; Cass. 3e civ., 12 sept. 2012, préc. ; Cass. 3e civ., 14 déc.
2004, n° 03-12191.
163. Cass. 3e civ., 13 déc. 1995, n° 94-12703 : Bull. civ. III, n° 258.
164. Cass. 3' civ., 27févr. 2007, n° 06-11205.
165. Ce qui se traduisait notamment dans le délai de prescription décennale visé par l’article 42,
dans sa rédaction antérieure à la loi ELAN, laquelle a soumis l’ensemble des « actions person
nelles relatives à la copropriété entre copropriétaires ou entre un copropriétaire et le syndi
cat » à la prescription de l’article 2224 du Code civil.
166. Ce qui n ’exclut pas qu’il supporte une partie de la charge finale de la réparation. Pour une
illustration, v. Cass. 2e civ., 16juin 2011, n°10-11591.
100 LA C O PR O PR IET E DES IM M EUBLES BATIS
tiers, notamment aux locataires. Ces derniers disposeront d’une action tant
contre le syndicat11” que contre le bailleur168.
B. La responsabilité du syndicat fondée sur le droit commun
158. Responsabilité en cas de violation du règlement de copropriété.- En
dehors des hypothèses de défaut d’entretien visées par l’article 14, la res
ponsabilité du syndicat peut toujours être engagée sur le terrain contractuel
lorsqu’il n’assure pas le respect du règlement de copropriété169 ou qu’il
adopte une décision empêchant un copropriétaire de jouir normalement
de ses parties privatives. Afin de prévenir les conséquences de tels manque
ments, le règlement peut utilement comprendre une clause limitative de
responsabilité1/ü. Encore faut-il que le syndicat n’ait pas été tenu par le
règlement d’une obligation particulière de sécurité et que la clause ne
vide pas de sa substance l’obligation essentielle du syndicat, la conservation
de l’immeuble et l’administration des parties communes171.
159. Responsabilité du syndicat en qualité de gardien de l’immeuble. - La res
ponsabilité du fait des choses a une vocation résiduelle à s’appliquer, en
dépit de l’existence d’un texte spécifique au syndicat. La jurisprudence
admet en effet l’application alternative de l’article 1242, alinéa 1er, du
Code civil ou de l’article 14 de la loi du 10juillet 1965, suivant que la
chose a été l’instrument du dommage ou que l’immeuble était mal
entretenu1'2. Les hypothèses sont assez nombreuses, dès lors que le syndi
cat est bien le gardien des parties communes. Il suffit qu’une partie com
mune ait eu un rôle déterminant dans la survenance du dommage1' 1, qu’il
ait ete subi par un uers ou un coproprietaire .
160. Responsabilité du fait de ses préposés. - La responsabilité du syndicat peut
enfin être engagée du fait de ses préposés. L’essentiel du contentieux a trait
aux services de gardiennage ou d’entretien, du fait de manquements à leurs
167. V. not., Cass. 3e civ., 17 sept. 2013, n° 12-10120.
168. V. not., Cass. 3e civ., 13juill. 2010, n° 09-66115.
169. Par ex. en cas d ’abus de jouissance des parties communes par un copropriétaire (Cass. 3e civ.,
8 mars 1995, n° 93-13742 : Bull. civ. III, n° 75).
170. Cass. 3e civ., 17 juill. 1997, n° 95-20532: «la responsabilité du syndicat était exclue par une
stipulation expresse du règlement de copropriété en cas de vol ou d ’action délictuelle com
mis dans les parties communes ou privatives de la résidence ».
171. C. civ., art. 1170.
172. Cass. 3e civ., 17déc. 1996, n°95-10581.
173. V. not., pour une cour commune enneigée, Cass. 2e civ., 17 mai 1983, n° 82-10423 : Bull. civ. II,
n° 113.
174. Cass. 2e civ., 14nov. 2002, n°00-12780; Cass. 2e civ., 1er avr. 1999, n°97-17909: Bull cm. II,
n° 65 ; Cass. 2e civ., 6 févr. 1980, n° 78-13789 : Bull. civ. II, n° 30.
175. E. K ischinewsky-Broquisse, La copropriété des immeubles bâtis, 4e éd., Litec, 1989, n° 318.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 101
176. V. not. Cass. 3e civ., 27avr. 1994, n° 91-15023. Rappr. Cass. 2eciv., 2juin 2005, n° 03-20011:
Bull. civ. II. n" 146.
177. V. par ex., pour une concierge, « personnage ombrageux et agressif » : CA Paris, 29 nov. 1979 :
D. 1981, IR, p. 104, n° 84.
178. Cass. 2e civ., 24oct. 2002, n° 00-21793.
179. Cass. 3 'civ., 2ocL 2012, n° 11-24200 ; Cass. 3eciv., 15févr. 2006, n°05-11263.
180. V. ainsi, rejetant la responsabilité du syndicat qui, n ’étant pas à l’origine de la construction,
n ’avait pu commettre les fautes qui lui étaient reprochées ainsi qu’au constructeur,
Cass. 3e civ., 25 mars 2015, n° 13-25309.
181. V.not., Cass.3'civ., l i m a i 2000, n°98-18249: Bull. civ. III, n° 106, qui qualifie d ’ailleurs
improprement le syndicat de « propriétaire actuel des biens ». Pour une illustration, CA Paris,
lôjanv. 2013, RG 09/03483 : Loyers et copr. 2013, comm. 165.
182. Rapport sur l’ordonnance du 30 octobre 2019. V. cependant, esümant que la responsabilité
spéciale du syndicat mériterait d ’être supprimée, J. Lafond, « Le syndicat de copropriétaires
après l’ordonnance du 30 octobre 2019 », Loyers et copr. 2020, dossier 3, n° 15.
102 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
effet élu et révoqué par les membres de ce conseil et choisi parmi eux. C’est
ici qu’apparaît le plus nettement la spécificité de la forme coopérative, qui
réside non pas tant dans l’exclusion de la gestion par un professionnel, la
pratique du syndic bénévole ne lui étant pas exclusive, mais bien dans la
volonté des copropriétaires de conserver la maîtrise la plus directe de l’ad-
ministradon de l’immeuble. Aucun texte ne prévoyant les modalités d’élec
tion, le règlement de copropriété devrait pouvoir aménager les majorités. A
défaut, la majorité des voix exprimées devrait suffire.
Elu parmi les membres du conseil syndical, le syndic est appelé à le prési
der, un vice-président susceptible de le suppléer en cas d’empêchement
pouvant être élu dans les mêmes conditions. En aucun cas le syndic et le
vice-président ne peuvent conserver cette foncüon après l’expiraüon de
leur mandat de membre du conseil syndical. Dès lors, à l’expiration de
son mandat, le syndic ne peut plus continuer à gérer l’immeuble jusqu’à
désignation d ’un nouveau syndic191. Il en va de même lorsque l’élection
du syndic est postérieurement annulée192.
Le choix de la forme coopérative n ’implique pas que le syndic gère seul
l’ensemble de la copropriété. Il peut en effet, sous sa responsabilité, confier
l’exécution de certaines tâches à une union coopérative ou à d’autres pres
tataires extérieurs. Il lui est également permis de recourir aux conseils
d ’une personne de son choix ou de demander un avis technique à tout
professionnel sur des questions particulières193. Le syndic présidant égale
ment le conseil syndical, un système de contrôle alternatif a été mis en
place. L’assemblée générale désigne ainsi un ou plusieurs copropriétaires
chargés de contrôler les comptes du syndicat ou confie cette mission à un
expert-comptable ou à un commissaire aux comptes194. Cette mesure évite
les conflits d’intérêts entre le syndic et le conseil syndical qui ne saurait
assumer parfaitement sa tâche de contrôle. A cette fin, la fonction ne peut
être assurée par le conjoint ou le partenaire, les descendants, ascendants ou
préposés du syndic ou d’un des membres du conseil syndical19’. Le mandat
des copropriétaires chargés du contrôle, qui ne donne pas lieu à rémuné
ration, ne peut excéder trois ans renouvelables.
Afin de faciliter la gestion des syndicats coopératifs, le législateur leur a per
mis de constituer des unions coopératives, et ce, à la différence des autres
191. Cass. 3e civ., 21 nov. 1978, n° 77-14719 : Bull. civ. III, n° 348.
192. Cass. 3e civ., 26 avr. 2006, n° 05-11986 : Bull. civ. III, n° 104. Le recours des copropriétaires non
membres du conseil contre l’élection interne est enfermé dans le délai de deux mois prévu
par l’article 42, alinéa 2 (Cass. 3e civ., 13janv. 2009, n" 07-11935).
193. D. 17 mars 1967, art. 42, rendant applicables au syndic les dispositions de l’article 27 du même
texte.
194. L. lOjuill. 1965, art. 17-1 ; D. 17 mars 1967, art. 42-1. Le vote a lieu à la majorité de l’article 24.
195. D. 17 mars 1967, art. 42-1.
LE SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 105
copropriétés, même si les immeubles ne sont pas contigus ou voisins196.
Cette précision montre que l’objet de telles unions ne réside pas nécessai
rement dans la gestion d’éléments d’équipement commun. De manière
plus générale, les unions coopératives favorisent la mutualisation de services
destinés à faciliter la gestion des syndicats, notamment la comptabilité ou la
gestion du personnel. Il s’agit bien là d’une des finalités poursuivies par le
mouvement coopératif.
B. Les résidences-services
167. Présentation.- Le phénomène des résidences destinées à des retraités
offrant, outre un logement, divers services collectifs incluant notamment
loisirs, surveillance ou restauration, a connu une expansion considérable à
la fin du xxc siècle19'. Lorsque les occupants étaient propriétaires de parties
privatives, le statut de la copropriété s’appliquait de manière impérative, ce
qui n’a pas été sans difficulté198. En effet, l’ensemble des services annexes
proposés aux résidents pouvaient entrer dans la catégorie de charges spé
ciales, réparties en fonction de l’utilité objective procurée199. Mais des ser
vices purement personnels pouvaient-ils vraiment être soumis à un régime
réel20 ? Une solution alternative a pu être trouvée dans la création d ’asso
ciations chargées de la fourniture des prestations de services. Toute adhé
sion forcée étant cependant exclue s’agissant d’un droit personnel201,
l’équilibre structurel des copropriétés demeurait précaire.
168. Catégories de services. - La loi ENL du 13juillet 2006 a ajouté un chapi
tre IV bis à la loi du 10juillet 1965 consacré aux résidences-services202,
196. D. 17 mars 1967, art. 42-2.
197. V. noL, I. Souleau, « De la résidence avec services aux services avec résidence », RDI 1992,
p. 155.
198. J.-J. Barbiéri, «Copropriété du troisième âge et jouvence de la loi de 1965 », JCP G 1983, I,
3122; T-R. B ouyeure, «Résidences du troisième âge et charges de copropriété», Gaz. Pal.
1975, 2, doc., 541.
199. Cass. 3e civ., 29nov. 1977, n° 76-12001: BuU. civ. III, n°413; RTD civ. 1978, p. 389, obs.
C. G iverdon; JCPG 1978, II, 18868, concl. P aucot ; D. 1978, p. 522, note H. Souleau ; Gaz. Pal.
1978, 1, 237, note M. M orand. Sur cette question, v. C. G iverdon, « Les “charges” correspon
dant aux services spécifiques fournis par les résidences-services pour personnes âgées », Admi
nistrer 1996, n° 276, p. 9.
200. C. Atias, « Services personnels en copropriété immobilière (la revanche du droit commun) »,
D. 1994, Chron., p. 170.
201. V. supra, n° 85. Une association syndicale libre peut cependant avoir pour objet la gestion et
l’entretien des équipements et services communs d’une résidence-services (Cass. 3' civ.,
13 nov. 2012, n° 11-23808 : Bull. civ. III, n° 167. Adde C. A tias, « Résidences-services en associa
tions syndicales libres de propriétaires», Defrénois 2013, p .7). Il en résulte une plus grande
souplesse de fonctionnement.
202. P. C apoulade, « Les résidences-services », AJDI2008, p. 574.
106 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
révisé par la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de
la société au vieillissement203. Les articles 41-1 et suivants de la loi ont
constitué une première entaille dans l’uniformité du statut de la copro
priété, puisqu’ils tiennent compte de la spécificité de l’usage de l’im
meuble. Désormais, le règlement de copropriété « peut étendre l’objet
d’un syndicat de copropriétaires à la fourniture, aux résidents de l’im
meuble de services spécifiques qui, du fait qu’ils bénéficient jDar nature à
l’ensemble de ses résidents, ne peuvent être individualisés »20 . De tels ser
vices sont l’accueil personnalisé et permanent des résidents et de leurs visi
teurs, la mise à disposition d’un personnel spécifique à la résidence, per
mettant d’assurer la sécurité des personnes et des biens, ainsi que le libre
accès aux espaces de convivialité et aux jardins aménagés203. Ces services
sont fournis par des tiers, à l’occasion de conventions dont les modalités
sont réglementées206. Cette externalisation de services qui rentrent dans
les attributions classiques des copropriétés ne laisse pas d’étonner207. Il est
également possible de prévoir l’affectation de parties communes à des ser
vices spécifiques individualisables, tels que coiffure, restauration ou anima
tions. Si le service est souscrit directement par le résident auprès du
prestataire208, la copropriété affecte certaines parties communes à son exer
cice. Seuls sont exclus les services exclusivement liés à la personne, qui ne
peuvent être fournis que par des établissements et des services sociaux et
médico-sociaux, au sens de l’article L. 312-1 du Code de l’action sociale et
des familles209, ou des établissements de santé.
169. Fonction de la résidence-services. - Le fonctionnement de la copropriété
est affecté de deux manières. D’une part, le conseil syndical est alors obli
gatoire et doté de compétences en relation avec l’objet de la copropriété.
Outre qu’il peut se voir déléguer la gestion courante des services spécifi
ques, il donne nécessairement son avis sur les projets de convention avec
un prestataire et en surveille la bonne exécution210. Il faut ajouter qu’un
conseil des résidents, composé des personnes demeurant à titre principal
203. G. Gil, « Les nouveaux régimes des résidences avec services », Loyers et copr. 2016, Étude 3 ;
N. Lf. Rudulier, « Les résidences-services », RDSS 2019, p. 608. Les résidences-services préexis
tantes demeurent cependant soumises au régime issu de la loi ENL de 2006.
204. L. 10juill. 1965, art. 41-1.
205. D. 17 mars 1967, art. 39-2.
206. D. 17 mars 1967, art. 39-2-1.
207. V. également en ce sens, N. Lf. Rudui.ier, a rt préc.
208. Lequel ne peut être le syndic ou l’un de ses parents ou alliés (L. 10juill. 1965, art. 41-6).
209. Sur cette exclusion, v. C. Saujot, « L’interdiction des prestations paramédicales dans les rési
dences-services », AJDI2006, p. 785.
210. L. lOjuill. 1965, art. 41-6.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 107
211. C’est-à-dire celles qui y occupent un logement au moins huit mois par an, en tant que titulaire
d’un droit réel ou personnel, ou en qualité de conjoint ou partenaire d’un pacte civil de
solidarité du titulaire (D. 17 mars 1967, art. 39-8).
212. L. 10juill. 1965, art 41-7.
213. Comp. pour un contrat de réception dans une résidence para-hôtelière, Cass. 3e civ., 18févr.
2015, n° 13-27104.
214. L. lOjuill. 1965, a rt 41-2.
215. C.J affuel, « Les grandes copropriétés. Le statut est-il adapté à tous les types de copro
priété ? », AJDI2006, p. 545.
216. Le régime était aussi applicable aux copropriétés ne comportant aucun lot à usage d’habita
tion, sous réserve, pour celles comportant moins de 20 lots, d’une décision d’assemblée géné
rale contraire.
217. Groupe de recherche sur la copropriété, «Avant-projet de réforme de la loi du lOjuillet
1965 », A/D/2017, p. 750, art. 47 et s.
218. V. sur ce point, supra, n° 129 ets.
108 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
219. Les logements en copropriété dans l’enquête nationale du logement 2006, étude de l’ANAH, 2011,
spéc. p. 12. Au 31 mars 2020, parmi les 460 888 copropriétés immatriculées, 181 744 compor
taient dix lots principaux ou moins (source : registre-coproprietes.gouv.fr).
220. Sur cette question, v. C. G iverdon, « Petites copropriétés : mythe ou réalité », AJDI 2004,
p. 858.
221. V. C. C outant-Lapalus, « Des nouveaux régimes pour les petites copropriétés. Les apports de
l’ordonnance du 30 octobre 2019 », Loyers et copr. 2020, dossier 8 ;J. Laurent, « Les dispositions
particulières à certaines copropriétés dans l’ordonnance du 30 octobre 2019», AJDI 2019,
p. 877.
222. Rapport sur l’ordonnance du 30 octobre 2019.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 109
223. L’article 41-11 prévoit un régime spécifique pour les petits syndicats constitués sous la forme
coopérative.
224. L. lOjuill. 1965, art. 14-3, réd. L. n° 2006-872, 13juill. 2006.
225. Sur les règles de majorité dans les copropriétés en main dominante, v. infra, n° 206.
110 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
226. Sur les hypothèses de lots indivis, v. C. Coutant-Lapalus, « Des nouveaux régimes pour les
petites copropriétés. Les apports de l’ordonnance du 30 octobre 2019 », Loyers et copr. 2020,
dossier 8, n° 11.
227. C. civ., art. 815-3.
228. L. lOjuill. 1965, art. 41-16, 2°.
229. L. lOjuill. 1965, arc 41-16, 3°.
230. V. supra, n° 189.
231. L. lOjuill. 1965, art. 41-17, al. 1 et 2. La notification constituera le point de départ de l’action
en contestation, enfermé dans le délai de deux mois de l’article 42 (art. 41-19). Pendant ce
délai, sauf urgence, l’exécution des travaux est suspendue.
232. Chaque copropriétaire peut également convoquer l’autre en lui notifiant les points inscrits à
l’ordre du jo u r (L. lOjuill. 1965, a r t 41-18).
233. L. lOjuill. 1965, art. 41-21.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 111
241. Le rapport Braye estimait à 19 % le nombre de copropriétés « fragiles » (Prévenir et guérir les
difficultés des copropriétés. Une priorité des politiques de l’habitat, op. cil, p. 17).
242. V. par ex., le plan Initiative copropriétés, piloté par l’ANAH, dont on trouve un point d ’étape
en septembre 2019 disponible sur le site anah.fr [consulté le 15 mars 2020],
243. L. lOjuill. 1965, art. 29-15.
244. L. lOjuill. 1965, art. 29-1A ets.
245. CCH, art. L. 741-1 ets.
246. Pour un constat similaire postérieur à la loi ALUR, v. C. Bénasse, « Les copropriétés très dégra
dées : la loi ALUR n ’apporte qu’une réponse partielle »,/CPiV2014, act. 603.
247. Pour une étude d ’ensemble antérieure aux réformes les plus récentes, v. P. Capoixadf., « Pré
venir : repérer et traiter les syndicats en difficulté », AJDI2007, p. 193.
LE SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 113
1. J.-P. M inaudier , Poésie du gérondif (vagabondages linguistiques d'un passionné de peuples et de mots),
Le Tripode, 2014, p. 18.
2. L. 10juill. 1965, art. 17, al. 1er. Pour une étude d’ensemble, v. F. BayardJ ammes, « La prise de
décision par le syndicat des copropriétaires : constats et perspectives », AjDI2019, p. 499.
3. Cass. 3' civ., 27 févr. 2002, n° 00-13907 : Bull. civ. III, n" 52. V. cependant, dans l’hypothèse de
petites copropriétés, depuis l’ordonnance du 30 octobre 2019, supra, n° 174.
4. V. en ce sens, J. L afond , « Les décisions hors assemblée »,JCPN2005, 1489, n° 4.
5. W. Dross, Droit des biens, LGDJ, 2019, n° 219.
120 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
par penser qu’un taux de parücipation des copropriétaires aux votes serait
plus fort si l’on admettait la visioconférence et le vote par correspondance67.
188. L’assemblée générale, organe unitaire ? - Contrairement à d’autres groupe
ments dotés de la personnalité morale, l’assemblée générale du syndicat
des copropriétaires ne connaît pas la distinction entre assemblées générales
ordinaire et extraordinaire'. Chaque assemblée est donc amenée à traiter,
au gré des questions, de l’ensemble des points soumis à l’ordre du jour.
Cette unité est cependant tempérée par l’existence d’assemblées spéciales,
dans certaines hypothèses. C’est le cas notamment pour les décisions
concernant un équipement réalisé par un groupe de copropriétaires8, les
parties communes spéciales ou les syndicats secondaires9.
189. L’assemblée générale, organe temporaire.- Contrepartie de l’exigence
d’une réunion, l’assemblée générale est temporaire. La vie de la copro
priété est rythmée par sa tenue, mais le quotidien laisse plus de place au
syndic, voire au conseil syndical. Afin d’éviter que l’assemblée ne devienne
purement formelle, il est prévu qu’elle se réunisse au moins une fois
chaque année10. Néanmoins, chaque assemblée demeure indépendante et
peut donc revenir sur une décision précédemment adoptée, sauf si elle
était créatrice de droits.
§ 1. La convocation de l’assemblée générale
190. Plan.- La convocation de l’assemblée générale suscite un contentieux
abondant de pure opportunité, qui vise à éviter les conséquences d’une
délibération contraire à ses intérêts. Autant dire que les textes du décret
de 1967 qui y sont consacrés doivent faire l’objet de la plus grande atten
tion, au sujet des modalités et du contenu de la convocation.
1. L ’auteur de la convocation
191. Convocation par le syndic. - La convocation de l’assemblée générale est en
principe un pouvoir exclusif du syndic11. Dès lors, toute convocation effec
tuée par une autre personne demeurerait sans effet, la tenue éventuelle de
l’assemblée générale s’apparentant alors à une simple réunion de fait dépour
vue du pouvoir de délibérer1'. L’hypothèse survient surtout lorsque le syndic
sortant a convoqué l’assemblée générale après l’expiration de son mandat13.
Bien que la convocation constitue un pouvoir propre du syndic, il est tenu d ’y
procéder dans deux hypothèses : lorsque la demande lui en est faite par le
conseil syndical ; lorsque la demande émane d’un ou plusieurs copropriétai
res représentant au moins un quart des voix de tous les copropriétaires sauf si
le règlement prévoit un seuil inférieur14. Le syndic étant tenu de convoquer
l’assemblée générale au moins une fois par an, cette possibilité vise d ’abord à
lutter contre son inerde éventuelle dans le cas de questions précises qui méri
teraient d ’être posées rapidement13, notamment sa révocation.
192. Assouplissement des règles de convocation.
devrait justifier qu’il explicite dans la convocation les raisons qui le pous
sent à réduire le délai et qu’il pose les questions liées à cette situation31.
Le délai de vingt et un jours ne s’applique pas, enfin, dans l’hypothèse
d’une seconde convocation de l’assemblée générale. L’article 25-1 de la loi
prévoit en effet un délai de huit jours, qui ne vise cependant que les seules
questions posées lors de la première assemblée générale.
B. Le contenu de la convocation
197. Plan. - Le contenu de la convocation est soumis à des exigences précises
par l’article 9 du décret. Elle doit indiquer les lieu32, date et heure de la
réunion, mais surtout l’ordre du jour. L’essentiel est en effet de mettre
chaque copropriétaire en mesure de connaître les points qui seront soumis
au vote et les éléments lui permettant de préparer sa décision - et peut-être
également d’apprécier l’opportunité de sa participation !
198. Ordre du jour. - L’ordre du jour contenu dans la convocation ou dans un
complément adressé ultérieurement33 précise chacune des questions sou
mises à la délibération de l’assemblée34. Cette mention apparemment ano
dine se révèle déterminante pour la tenue de l’assemblée générale. Aucun
vote ne peut être valablement tenu sur un point qui n’aurait pas été soumis
à la délibéraüon de l’assemblée générale3’. Les questions doivent ainsi être
distinguées suivant qu’elles ont été, ou non, inscrites à l’ordre du jour36.
Pour pouvoir faire l’objet d’une délibération qui engage l’assemblée, une
question doit avoir été inscrite, ce qui suppose qu’elle ait été formulée pré
cisément. Dès lors qu’une ambiguïté subsiste sur la nature de la délibéra
tion, le vote est privé d’effet décisoire3'. Il en est ainsi, notamment, lorsque
l’assemblée générale est appelée à se prononcer sur une « étude de la
question »38, sur des questions diverses qui visent à préparer l’assemblée sui
vante ou sur toute autre question non inscrite à l’ordre du jour39. Il s’agit là
31. La jurisprudence admet cependant que la justification intervienne a posteriori (CA Paris,
3 févr. 2010, n° 09/00448).
32. Sauf stipulation contraire du règlement de copropriété, l’assemblée doit être réunie dans la
commune où est situé l’immeuble (D. 17 mars 1967, art. 9. Pour une application, Cass. 3' civ.,
22 mai 1990, n° 88-12349 : Bull. civ. III, n° 127).
33. Dès lors que le délai est respecté, v. Cass. 3' civ., 10 déc. 2008, n° 07-16448 : Bull. civ. III, n° 127.
34. D. 17 mars 1967, art. 9.
35. Cass. 3' civ., 13 nov. 2013, n° 12-12084 : « une décision d’assemblée générale existe dès qu’une
question est soumise à l’ensemble des copropriétaires et est sanctionnée par un vote ».
36. D. 1967, art. 13.
37. V. not., relevant le caractère particulièrement vague du projet de résolution, Cass. 3e civ.,
29janv. 2003, n° 01-01685 : Bull. civ. III, n° 22.
38. Cass. 3e civ., 14 févr. 1984, n° 882-16276 : Bull. civ. III, n° 35.
39. D. 17 mars 1967, art. 13, al. 2.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 125
que les annexes au budget prévisionnel ou l’état détaillé des sommes per
çues par le syndic au titre de sa gestion43.
Outre les documents annexés à la convocation, le syndic doit tenir à dispo
sition des copropriétaires les pièces justificatives des charges de
l’article 18-146. Chaque copropriétaire peut se faire assister par un membre
du conseil syndical ou son locataire, voire autoriser ce dernier à les consul
ter en ses lieu et place.
60. L. 10juill. 1965, art. 22, I, al. 2. Le texte n ’est cependant pas applicable à l’organisme HLM
vendeur qui conserve la qualité de syndic (CCH, art. L. 443-15). Une QPC transmise par la
Cour de cassation (Cass. 3e civ., 16 mai 2014, n° 14-40015 : D. 2014, p. 2193, obs. V. G eorget) a
finalement été rejetée (Cons.const, 11 juill. 2014, déc. 2014-409 QPC).
61. Cass. 3e civ., 25 sept. 2002, n° 01-00161 : Bull. civ. III, n° 179.
62. Les juges du fond disposant d ’un pouvoir souverain d ’appréciation (Cass. 3e civ., 28juin 1995,
n° 93-16559).
63. Cass. 3e civ., 28juin 1995, préc.
64. Cass. 3e civ., 2juill. 2008, n° 07-14619 : Bull. civ. III, n° 118.
130 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
1000e, les voix du majoritaire sont réduites à cette hauteur. Supposons que
le jour de l’assemblée générale, certains minoritaires ne soient ni présents
ni représentés, et que l’ensemble des minoritaires ne réunit plus que 250/
1000e des voix, le total des voix pris en compte aux décisions prises à la
majorité simple n’est plus alors que de 700/1000e. La majorité simple,
fixée à 351/1000e, est atteinte par le copropriétaire majoritaire sans que
les autres puissent s’y opposer. On le voit, la copropriété en main domi
nante demeure une situation particulièrement délicate pour les
minoritaires6 '. Elle devenait quasiment inextricable en cas de copropriété
à deux, les décisions devant de fait être prises à l’unanimité, ce qui explique
la réaction du législateur en faveur de la prise de décision au profit du
copropriétaire dominant66.
2. La représentation des copropriétaires
207. Représentation légale.- La participation aux assemblées générales peut
être limitée par les mécanismes de représentation légale. La question n’ap
pelle guère d’observation, le représentant exerçant les droits éventuelle
ment détenus par le mineur ou la personne protégée6'. Il faudra cepen
dant s’assurer de l’étendue de ses pouvoirs (administration, disposition),
qui ne recoupent pas parfaitement les types de majorité prévus aux árd
eles 24 et suivants de la loi. La même solution s’applique pour les lots déte
nus par des époux, chacun d’entre eux représentant valablement l’autre,
sous la seule réserve des pouvoirs d’aliéner, notamment des parties commu
nes.
208. Représentation conventionnelle. - La représentation conventionnelle à l’as
semblée générale est particulièrement encadrée. Loin de laisser s’appliquer
les règles relatives au mandat, le législateur veille à éviter que les délibéra
tions soient adoptées au bénéfice de copropriétaires absents, qui auraient
massivement confié leurs intérêts à l’un d’entre eux, voire au syndic. Des
restrictions sont ainsi posées. Elles tiennent d’abord aux personnes suscep
tibles de recevoir un pouvoir. En principe, « tout copropriétaire peut délé
guer son droit de vote à un mandataire, que ce dernier soit ou non membre
du syndicat »6H. La liberté du copropriétaire ne saurait donc être restreinte
par une clause contraire du règlement de copropriété. Néanmoins, le syn
dic et ses proches ne peuvent détenir de pouvoir pour voter lors de
l’assemblée générale dès lors qu’ils n ’ont pas pris part au vote'0. Cette solu
tion se justifie d’autant plus pour les personnes qui, sans être copropriétai
res, peuvent être membres du conseil syndical, par exemple le conjoint
d ’un copropriétaire77. Quant au fait, pour un copropriétaire, de se faire
assister par un conseil, par exemple un avocat, il ne suscite aucune diffi
culté lorsque les copropriétaires l’ont admis, même tacitement78. Dans le
cas contraire, on pourrait sans doute soumettre cette question au vote de
l’assemblée.
B. Les majorités
86. Ce qui n’est pas sans susciter des difficultés de qualification lorsqu’un remplacement de
l’équipement est rendu nécessaire. Lorsque l’installation était vétuste ou défectueuse, les tra
vaux relèvent de la majorité de l’article 24 (ex., pour une installation d’eau chaude,
Cass. 3eciv.. 22 mai 1997, n°95-13824: Bull. civ. III, n ° l l l ) , même s’ils impliquent l’adjonc
tion d’éléments nouveaux (ex., pour la rénovation de colonnes d’eau, Cass. 3e civ., 9juill.
2013, n° 12-21916).
87. Pour une autorisation d’occuper les parties communes à titre précaire, Cass. 3e civ., 5avr.
2018, n° 17-14138 ; Cass. 3e civ., 2 mars 2010, n° 09-13090.
88. L. lOjuill. 1965, art. 24, II, b).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 135
216. Majorité des voix de tous les copropriétaires (art. 25). Principe. - Certaines
décisions ne peuvent être prises qu’à la majorité des voix de tous les copro
priétaires. Cela a pour effet que le seuil de majorité, souvent appelée majo
rité absolue, est calculé en intégrant les voix des copropriétaires absents et
non représentés. Quelle que soit la participation à l’assemblée générale, la
majorité est donc fixée à 501 millièmes des voix, sous réserve du jeu de la
réduction des voix d’un copropriétaire majoritaire98, ce qui se révèle plus
contraignant.
217. Majorité des voix de tous les copropriétaires (art. 25). Applications. - Les
décisions prises à la majorité des voix de tous les copropriétaires sont nom
breuses et, de nouveau, les récentes réformes y ont fait entrer certaines
décisions qui relevaient jusqu’alors de la majorité de l’article 26. La liste
comprend quinze hypothèses qu’il paraît préférable d’énumérer dans l’or
dre du texte :
a) «Toute délégation du pouvoir de prendre l’une des décisions visées à
l’article 24 », notamment au syndic ou au conseil syndical99. Le texte ajoute
également, lorsque le syndicat comporte au plus quinze lots à usage de
logements, de bureaux ou de commerces, toute délégation de pouvoir
221. Majorité qualifiée (art. 26).- Pour les décisions les plus importantes, il a
paru que la majorité, même des voix de tous les copropriétaires, pouvait
se révéler insuffisante. L’article 26 prévoit ainsi que certaines délibérations
requièrent une double majorité, en l’occurrence la majorité des membres
du syndicat représentant au moins les deux tiers des voix de l’ensemble du
syndicat. Le texte énumère quatre décisions, d’inégale importance : les
actes d ’acquisition immobilière et les actes de disposition autres que ceux
visés à l’article 25, d), c’est-à-dire ceux qui ne portent pas sur des parties
communes et qui sont imposés par un texte légal ou réglementaire, étant
entendu que demeurent soumises à l’unanimité les cessions de parties com
munes nécessaires à la destination de l’immeuble ; la modification, ou éven
tuellement l’établissement, du règlement de copropriété dans la mesure où
il concerne la jouissance, l’usage et l’administration des parties
communes110; les modalités d ’ouverture des portes d’accès aux
immeubles111 ; la suppression du poste de concierge ou de gardien et l’alié
nation du logement affecté au concierge ou au gardien lorsqu’il appartient
au syndicat, les deux questions devant être inscrites à l’ordre du jour de la
même assemblée générale. A ces quatre hypothèses s’ajoutent plusieurs tex
tes qui renvoient à la majorité qualifiée11 . Cette majorité, très stricte, est
l’ultime limite de l’expression majoritaire au sein de la copropriété. Parfois
même, il faudra obtenir l’unanimité des voix.
222. Création d’une passerelle de l’article 26-1.
A. Le procès-verbal
1. L ’établissement du procès-verbal
226. Exigence d’un procès-verbal. - L’article 17 du décret de 1967 impose l’éta
blissement d ’un procès-verbal des décisions de chaque assemblée. On ne
saurait s’en dispenser, son absence étant sanctionnée par la nullité de l’as
semblée générale, indépendamment de tout grief. Il s’agit en effet de
contrôler le respect des modalités des votes et des majorités nécessaires à
la prise de décision. L’exigence est d ’autant plus stricte que le procès-verbal
doit nécessairement être signé à l’issue de la réunion, ce qui exclut toute
rédaction ultérieure à partir de notes prises pendant l’assemblée. La possi
bilité de tenir le registre sous la forme électronique devrait simplifier la
tâche du secrétaire de séance qui se charge de sa rédaction, en principe le
syndic120.
227. Mentions requises. - Le procès-verbal doit d’abord être signé par le prési
dent, le secrétaire et, le cas échéant, les scrutateurs121, la feuille de présence
y étant par ailleurs annexée. Il doit ensuite comprendre l’intitulé des diffé
rentes questions prévues à l’ordre du jour et le résultat du vote, en précisant
le nom et le nombre de voix des copropriétaires qui se sont opposés ou
118. Cass. 3e civ., 31 oct. 1989, n° 88-12169 : Bull. civ. III, n° 207.
119. V. not. Cass. 3e civ., 9 mars 1988, n° 86-17869 : Bull. civ. III, n° 54.
120. D. 17 mars 1967, art. 17, dernier alinéa.
121. L’absence d ’une signature ne suffit cependant pas, à elle seule, à entraîner la nullité de l’as
semblée générale (Cass. 3' civ., 26 mars 2014, n° 13-10693; Cass. 3e civ., 6 déc. 2005, n°04-
17630). Il faudra que le copropriétaire exerçant l’action démontre un préjudice, ce qui
n ’est pas le cas si le procès-verbal notifié était le reflet fidèle du procès-verbal établi le jour
de l’assemblée (Cass. 3e civ., 19nov. 2008, n° 06-12567).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 143
2. La notification du procès-verbal
228. Notification des décisions. - Le résultat des votes de l’assemblée générale doit
être notifié par le syndic dans un délai d ’un mois à compter de la tenue de
l’assemblée générale aux copropriétaires opposants ou défaillants123, précédé
de la mention de l’article 42, alinéa 2, de la loi relative aux modalités de
contestation. En pratique cependant, c’est le plus souvent le procès-verbal
dans son ensemble qui est notifié124. La notification doit avoir lieu par lettre
recommandée avec dem ande d ’avis de réception ou, sous réserve de l’accord
exprès préalable des copropriétaires, par voie électronique12’. À défaut, le
délai de contestation ne courra pas, sans que soit affectée la validité des déci-
• , * * ' 126 1
sions de l’assemblée générale .
122. Mais pas les voix des copropriétaires favorables à la décision (Cass. 3e civ., 11 mai 2000, n° 98
17029 : Bull. civ. III, n° 104). L’absence dans le procès-verbal du nom et du nombre de voix de
tous les copropriétaires opposants peut entraîner la nullité de l’assemblée générale, dès lors
qu’elle concerne l’élection du président de séance (Cass. 3e civ., 28avr. 2011, n° 10-15264).
123. D. 17 mars 1967, art. 18.
124. Mais l’ordonnance du 30 octobre 2019 a précisé que cette notification avait lieu sans les annexes.
125. L. 10juill. 1965, a rt 42-1. V. supra, n° 194.
126. L’absence de notification est dépourvue de sanction (Cass. 3e civ., 23 sept. 2009, n° 08-17720 :
Bull. civ. III, n° 199).
127. Les contentieux de la copropriété, étude du ministère de la Justice, 2019.
144 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
128. Cass. 3e civ., 28 avr. 1993, n” 91-14007 : Bull. civ. III, n° 59. Ne sont pas des décisions : des vœux
(Cass. 3 'civ., 19nov. 1997, n°96-11888), un accord de principe (Cass. 3eciv., llfév r. 1998,
n° 96-13124) ou le simple rappel de la loi des parties sans conséquences juridiques
(Cass. 3e civ., 26janv. 2010, n° 09-12994).
129. Cass. 3e civ., 13 nov. 2013, n° 12-12084. V. aussi, Cass. 3'' civ., 25 oct. 2006, n° 05-17278 : Bull civ. III,
n" 207 : « la délibération d’une assemblée générale de copropriétaires sanctionnée par un vote et
qui réitère une décision prise antérieurement est une décision susceptible d’annulation ».
130. Cass. 3 'civ., 4juin 1985, n° 84-11344: Bull. civ. III, n°88.
131. Cass. 3e civ., 23juin 1999, n° 97-22606.
132. Bien qu’ils puissent participer aux votes (Cass. 3e civ., 4 nov. 1977, n° 76-10487 : Bull. civ. III,
n" 371 ; D. 1977, p.470).
133. Cass. 3e civ., 16 avr. 1986, n° 84-16112 : Bull. civ. III, n°43.
134. CA Paris, 26juin 2008, n° 07/14976, retenant que [’usufruitier doit être considéré comme un
propriétaire au sens de l’article 42, au moins pour ce qui ne concerne pas les travaux visés à
l’article 606 du Code civil.
135. Cass. 3e civ., 3 mai 1990, n° 88-20286 : Bull. civ. III, n” 108.
136. L’action ne se transmettrait pas à l’acquéreur comme accessoire de la chose (CA Paris,
28 févr. 1996 : Loyers et copr. 1996, comm. 280) mais une transmission conventionnelle demeu
rerait possible (CA Paris, 12 oct. 1995 : RDI 1996, p. 272, obs. P. Capouladf, et C. G iverdon).
137. Par ex. en votant en faveur d ’un projet rejeté (Cass. 3e civ., 24janv. 2001, n° 99-14692:
Bull. civ. III, n° 7).
LES ORGANES D U SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 145
Section 2. — Le syndic
148. Sur le syndic, v. surtout, G. V igneron , Le syndic de copropriété, 6' éd., LexisNexis, 2014.
149. G. C ornu (dir. ), Vocabulaire juridique, 10e éd., PUF, 2014, v° « Syndic », sens 1.
150. Rappr. Cass. 3eciv., 19juin 1996, n°94-19328, pour l’hypothèse d ’une nomination judiciaire
d ’un syndic dans une copropriété à deux.
151. L. lOjuill. 1965, art. 18, 18-1 AA; D. 17mars 1967, art. 29, 46, 47.
152. D. 17 mars 1967, art. 29.
153. F. C ollart D utilleul et P. D elebecque , Contrats civils et commerciaux, l l'é d ., Dalloz, 2019,
n° 632.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 147
§ 1. L a qualité de syndic
237. Les qualités du syndic. - Le syndic peut être un professionnel de l’immobi
lier ou un bénévole. Lorsqu’il exerce en qualité de professionnel, le syndic
est soumis aux exigences de la loi n° 70-9 du 2janvier 1970, qui vise désor
mais expressément « l’exercice des fonctions de syndic de
cop ro p riété» 161. La solution est différente pour les personnes ou leur
conjoint qui, à dtre non professionnel, exerceraient la fonction de syndic
de copropriété pour des biens sur lesquels elles ont des droits réels divis
ou indivis. C’est l’exercice à titre professionnel qui constitue le critère
discrim inant d ’application de la loi H oguet162. Pour les syndics profession
nels, personnes physiques ou morales, sont ainsi posées des conditions d ’ap
titude et de moralité, la délivrance d ’une carte professionnelle par le préfet,
ainsi q u ’une garantie financière « perm ettant le rem boursem ent des fonds,
effets ou valeurs déposés et spécialem ent affectée à ce dernier » et une assu
rance de responsabilité civile professionnelle163. Lorsqu’il n ’est pas profes
sionnel, le syndic, bénévole ou coopératif, « doit être copropriétaire d ’un
ou plusieurs lots ou fraction de lots de la copropriété q u ’il est appelé à
gérer »164. Abstraction faite de ses qualités, le syndic obéit à des conditions
précises de nom ination et révocation, et bénéficie de prérogatives enca
drées tant par la loi que par son mandat.
238. Syndic non professionnel.
161. Art. 1er, 9°, red. L. 26 mars 2014. La solution était déjà retenue par la jurisprudence, qui consi
dérait nulle la décision d ’assemblée générale désignant un syndic qui n ’était pas titulaire de
la carte professionnelle (Cass. 3e civ., 4janv. 1996, n° 93-19238: Bull. civ. III, n ° l) ou excluait
la poursuite des fonctions en cas de non-renouvellement de la carte (Cass. 3' civ., 2juill. 2008,
n° 06-17202 : Bull. civ. Ill, n° 117).
162. Cass. 3' civ., 23 avr. 1997, n" 95-11447 : Bull. civ. III, n° 87.
163. L. n" 1970-7, 2janv. 1970, art. 3.
164. L. lOjuill. 1965, art. 17-2.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 149
165. Cass. 3eciv., Sjanv. 1970, n° 68-14208: Bull. civ. III, n° 19. Rappr. Cass. 3e civ., 6 déc. 1989,
n° 87-19537 : Bull. civ. III, n° 226.
166. L. 10juill. 1965, art. 17, al. 2.
150 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
167. Art. 25, c). Pour le renouvellement, Cass. 3e civ., 14juin 1989, n° 87-19249 : Bull. civ. III, n° 136.
168. Ce qui n ’empêche pas le conseil syndical de proposer une candidature: CA Paris, 6 sept
2001, JurisData 2001-151861.
169. V. supra, n° 164 et s.
170. L. lOjuill. 1965, art. 21.
171. L. lOjuill. 1965, art. 25-1.
172. Pour une illustration, v. not., Cass. 3' civ., 7 avr. 2004, n° 02-18669 : Bull. civ. III, n° 76.
173. D. 17 mars 1967, art. 46, al. 4.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 151
choisissaient le plus souvent une durée d’un an qui concorde avec la pério
dicité de l’assemblée générale1'9. Les copropriétaires y trouvent un intérêt
évident puisque le syndicat ne sera pas lié trop longtemps dans l’hypothèse
d’une gestion non satisfaisante. Néanmoins un tel choix rend plus difficile
la programmation pluriannuelle de travaux qui est particulièrement favori
sée désormais. La durée initiale est raccourcie au cours du délai de la garan
tie décennale lorsque le syndic, son conjoint ou partenaire, ses parents et
alliés ont participé d’une quelconque manière à la construction de l’im
meuble (art. 28, al. 2). La crainte d ’un conflit d ’intérêts entraînant l’inertie
du syndic dans la mise en œuvre de la garantie explique cette défiance.
La fixation d’une durée maximale n ’empêche cependant pas que le syndic
soit renouvelé dans ses fonctions au cours de l’assemblée générale, suivant
la même procédure que sa nomination initiale. Depuis la loi du 24 mars
2014, il devra cependant être mis en concurrence à chaque renouvelle
ment. La situation exceptionnelle créée par l’épidémie de covid-19 a fait
craindre une vacance dans de nombreuses copropriétés. L’article 22 de l’or
donnance n° 2020-304 du 25 mars 2020, modifié par l’ordonnance n° 2020
460 du 22 avril 2020, prévoit que le contrat de syndic qui expire ou a expiré
pendant la période comprise entre le 12 mars 2020 et l’expiration d’un
délai de deux mois à compter de la date de cessation de l’état d’urgence
sanitaire (10 juillet) est renouvelé dans les mêmes termes jusqu’à la prise
d ’effet du nouveau contrat du syndic désigné par la prochaine assemblée
générale des copropriétaires. Sont donc concernés, dans l’attente d ’une
éventuelle prolongation, les contrats expirant au plus tard le 10 septembre
2020, ce qui couvre la plupart des contrats dont le terme est fixé au 30juin.
Quoi qu’il en soit, cette prise d ’effet intervient au plus tard huit mois après
la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire, dont le terme est fixé par
la loi n° 2020-546 du 11 mai 2020 prorogeant l’état d’urgence sanitaire et
complétant ses dispositions au 10 juillet 2020 inclus (art. 4). Le renouvelle
ment, préféré à une simple prorogation du terme extinctif, ne devrait pas
emporter d ’effets différents de cette dernière, du fait de la dérogation
apportée à l’article 1214, alinéa 2, du Code civil, qui prévoit qu’en principe,
le contrat renouvelé est à durée indéterminée. La rémunération forfaitaire
du syndic est déterminée selon les termes du contrat qui expire ou a expiré,
au prorata de la durée de son renouvellement.
248. Disparition du syndic. - La disparition du syndic, qu’elle intervienne par le
décès d’une personne physique ou la liquidation d ’une personne morale,
entraîne nécessairement l’extinction du mandat. C’est notamment le cas de
179. La pratique consistant à fixer le terme du contrat à la date de la prochaine assemblée générale
chargée d ’approuver les comptes suscite de vraies difficultés lorsque le syndic n ’est pas suffisam
ment diligent (Cass. 3e civ., 22 sept 2004, n° 02-21416 ; Cass. 3e civ., 12 sept 2006, n° 05-15987).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 153
180. Cass. 3e civ., 29 févr. 2012, n° 10-27259 : Bull. civ. III, n° 34 ; I l 2013, p. 1858, obs. P. Capoulade.
V. déjà, Cass. 3e civ., 10 nov. 1998, n° 97-12369 : Bull. cm. III, n° 212 J C P G 1999, II, 10051, note
A. Djigo; RTD civ. 1999, p. 416, obs. P.-Y. Gautier. La même solution s’applique lorsque le
fonds de commerce du syndic est placé en location-gérance (CA Paris, 14janv. 1999: AJDI
1999, p. 244).
181. En ce sens, v.J.-M. Roux, « Le syndic en fusion », Loyers et copr. 2010, Etude 13, n” 10.
182. Cass. 3e civ., 18déc. 2001, n°00-15887; Cass. 3e civ., 28avr. 2011, n°10-14298: Bull. civ. III,
n° 61.
183. Arg. C. civ., art. 2004.
184. Même lorsque la question ne figurait pas à l’ordre du jour, Cass. 3e civ., 18 mai 1971, n°70-
10893 : Bull. civ. III, n° 310.
185. Cass. 3e civ., 30 mars 1994, n° 92-16523.
154 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
préavis de trois mois »18b. Ce nouveau préavis destiné à éviter une « déstabi
lisation de la copropriété dans sa gestion »187 devrait limiter les hypothèses
d’indemnisation du syndicat en application de l’article 2007, alinéa 2, du
Code civil.
250. Volonté unilatérale de Tune des parties. Révocation du syndic. - Le syndicat
peut, comme tout mandant, mettre fin unilatéralement au contrat qui le lie
au syndic. Cette révocabilité ad nutum n’est pas affectée par la durée déter
minée du mandat188, ni par une clause d’irrévocabilité. Le contrat-type de
syndic établi par décret précise cependant que la révocation « doit être fon
dée sur un motif légitime », ce qui restreint les pouvoirs de l’assemblée
générale189. La décision de révoquer le syndic doit être adoptée aux
mêmes conditions que sa désignation, par l’assemblée générale statuant à
la majorité des voix de tous les copropriétaires. On ne saurait ainsi déduire
la révocation du seul refus du syndicat de donner quitus au syndic et de lui
renouveler sa confiance190. Le syndic révoqué pourrait obtenir une indem
nisation, dès lors que son mandat était à durée déterminée et assorti d’une
rémunération, sauf si la révocation est justifiée jrar un manquement du syn
dic de nature à le priver de toute indemnité1 . En droit commun, il est
possible de stipuler le paiement d’une indemnité, « prix de la faculté de
résiliation unilatérale, en dehors de toute notion d’inexécution », qui n’a
pas le caractère d’une clause pénale et ne peut donc être modérée192. Le
règlement de copropriété prévoit parfois une indemnisation forfaitaire en
cas de résiliation unilatérale191.
251. Durée et cessation des fonctions du syndic.
L’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 procède à une réécriture
complète des textes relatifs à la durée et à la cessation du mandat du
syndic. Les références au droit commun des contrats y sont nombreuses,
ce qui s’explique par l’insertion récente de textes relatifs à la durée du
186. Les modalités sont précisées par le contrat-type, qui prévoit que le syndic devra « avertir le
président du conseil syndical, à défaut chaque copropriétaire, au moins trois mois à l’avance
par lettre recommandée avec accusé de réception » (art. 4).
187. Projet de loi n° 1179, Exposé des motifs.
188. Cass. 3' civ., 27 avr. 1988, n" 86-11718 :Bull. cw. III, n° 80 ; D. 1989, p. 351,note C. A tias.
189. D. 17 mars 1967, annexe 1 établissant le contrat-type de syndic de copropriété, art 3.
190. Cass. 3e civ., 24 mai 1978, n° 77-11553 :Bull. civ. III, n° 218.
191. Cass. 3e civ., 8 mars 2018, n° 17-12506;Cass. 3e civ., 27 avr. 1988, préc.
192. Cass. l re civ., 6 mars 2001, n° 98-20431 : Bull. civ. I, n” 56.
193. La Commission des clauses abusives recommande cependant d’éliminer une telle clause
lorsque l’indemnité ne correspondrait pas à une « prestation effective liée à la remise du dos
sier au successeur » (recommandation n° 96-01 relative aux contrats proposés par les syndics
de copropriété).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 155
194. Sur cette question, v. G. C hantepie et M. L atina, Le nouveau droit des obligations. Commentaire
théorique et pratique dans l'ordre du Code civil, 2" éd., Dalloz, 2018, n° 576 ets.
195. V. supra, n° 250.
196. Lesquels ne peuvent intervenir moins d ’un jo u r franc après la tenue de l’assemblée générale.
197. V. sur ce point, C. C outant-L apalus, « Les incidences de la réforme du droit de la copropriété
sur le syndic de copropriété. A propos de l’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019»,
Loyers et copr. 2020, dossier 2.
156 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
d’urgence. S’agissant d ’un contrat fondé sur une exigence de loyauté, c’est
particulièrement surprenant, d’autant que le type d ’inexécution pourrait
parfaitement consister en un retard de paiement, par exemple. En outre,
contrairement à l’article 1226, ce ne sont pas les raisons qui motivent la
résolution qui sont notifiées, mais la ou les causes d’inexécution. D’autre
part, et surtout, une fois notifiée cette résiliation, le syndic est tenu d ’assu
rer ses fonctions. Il doit en effet convoquer une assemblée générale dans
un délai qui ne peut être inférieur à deux mois en inscrivant la question à
l’ordre dujour, la résiliation effective du contrat intervenant au plus tôt un
jour franc après sa tenue. L’objectif est évidemment d ’assurer la transition
entre les syndics et d ’éviter toute carence dans la gestion de l’immeuble.
Dans la situation inverse, où le conseil syndical est à l’initiative de la réso
lution, il lui notifie une demande motivée d ’inscription de cette question à
l’ordre dujour de la prochaine assemblée, en précisant le ou les inexécu
tions reprochées. Le conseil syndical se fait ici le porteur de la voix du
syndicat des copropriétaires. La prise d ’effet de la résiliation et, le cas
échéant, du début du contrat du nouveau syndic est fixée par l’assemblée
générale au plus tôt un jour franc après sa tenue.
En s’attachant essentiellement aux modalités procédurales et à la succes
sion des syndics, le législateur a résolu une difficulté susceptible d ’entraî
ner une vacance du syndic. Il a nécessairement, quoiqu’implicitement,
éloigné le contrat de syndic du droit du mandat et même, en dépit des
affirmations des rédacteurs du rapport, du droit commun du contrat.
Devant se couler dans le modèle d ’un contrat-type établi par décret,
doté d ’un régime qui déroge largement au droit du contrat, le contrat
de syndic reflète plus le statut impératif de la copropriété que la liberté
des parties.
198. Cass. 3e civ., 26 mars 1997, n° 95-15915 : Bull. civ. III, n° 72.
199. En ce sens, v. not., F. T erré et P. S imler, Droit civil Les biens, 10e éd., Dalloz, 2018, n° 686, qui
s’appuient sur Cass. 3e civ., 24 mai 1978, n° 77-11553 : Bull. civ. III, n° 218.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 157
implique que l’ancien syndic ne peut plus accomplir d’actes après la cessa
tion de ses fonctions. Contrairement au droit commun du mandat, la juris
prudence n’a jamais admis de syndic de fait200. En outre, le syndic qui assu
rerait des actes courants au cours de la période transitoire ne pourrait pas
plus bénéficier des règles de la gestion d’affaires201. Il s’agit d’éviter à tout
prix que la copropriété se trouve placée dans une situation ambiguë, en
continuant à fonctionner sans syndic régulièrement désigné. Le syndic
n ’est pas seulement un mandataire, il est un organe nécessaire à la copro
priété. Son absence ne pouvant être suppléée, les copropriétaires doivent
s’assurer de la désignation de son successeur.
253. Pratique. - En pratique ces difficultés peuvent être évitées par la délimita
tion précise de la durée des fonctions du syndic. Les formules ambiguës
devraient être évitées202, de même sans doute qu’une durée trop courte.
Enfermer la mission du mandataire dans un terme alternatif (un an, mais
en intégrant la convocation de la prochaine assemblée générale et, le cas
échéant, d’une assemblée sur le fondement de l’article 25-1) paraissait
une solution acceptable. Le contrat-type prévoit désormais clairement l’in
dication de la durée, des dates de prise d ’effet et de fin du contrat203. L’in
citation du législateur à réaliser des travaux au sein de la copropriété par la
mise en place d ’un diagnostic technique prévoyant un plan de travaux plu
riannuel et un fonds de travaux dédié, autant que la mise en concurrence
systématique du syndic lors du renouvellement, devrait inciter les syndicats
à allonger la durée des contrats, permettant au syndic de conduire cette
politique sans affronter un nouveau vote tous les ans.
254. Remise des fonds et documents. - En cas de changement de syndic, l’arti
cle 18-2 de la loi de 1965 prévoit que l’ancien syndic204 est tenu de remettre
au nouveau syndic20'1dans le délai d’un mois à compter de la cessation de
ses fonctions, la situation de trésorerie, la totalité des fonds immédiatement
disponibles et l’ensemble des documents et archives du syndicat (grand
200. Cass. 3e civ., 14 oct. 1987, n° 85-18749 : Bull. civ. III, n° 172.
201. Cass. 3e civ., 3juin 1987, n° 85-18650: Bull. civ. III, n°115; Cass. 3e civ., 16 oct. 2013, n°12-
20881 ; RTD civ. 2014, p. 139, obs. P.-Y. G autier.
202. Ainsi de la formule «jusqu’à la prochaine assemblée générale approuvant les comptes », car
même si ce terme incertain est valable (Cass. 3e civ., 23févr. 2000, n° 98-14926: Bull. civ. III,
n°41), il appartient au syndic de convoquer l’assemblée générale dans le délai prévu
(Cass. 3e civ., 22 sept 2004, n° 02-21416; Cass. 3e civ., 12 sept 2006, n” 05-15987).
203. D. 17 mars 1967, annexe 1 établissant le contrat type de syndic de copropriété, art. 2.
204. Le texte s’applique même dans l’hypothèse où un administrateur provisoire aurait été
désigné entre l’ancien et le nouveau syndic (Cass. 3e civ., 31 o ct 2012, n° 11-10590).
205. Sur le caractère portable de cette remise, v. Cass. 3' civ., 3 nov. 2011, n° 10-21009 : Bull. civ. III,
n° 180.
158 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
206. On ne peut cependant exiger du syndic qu’il établisse postérieurement à son dessaisissement
des documents qu’il n ’avait pas tenus préalablement (Cass. 3° civ., 4juin 2009, n° 08-15737:
Bull. civ. III, n° 132).
207. D. 17 mars 1967, art. 33-1.
208. Cass. 3' civ., 5 déc. 2007, n° 06-11564 ; Cass. 3e civ., 31 oct. 2012, préc.
209. En ce sens, v. P. Baudouin , « Le changement de syndic », AJDI2011, p. 282.
210. P.-E. L agraulet, Les fonctions du syndic de copropriété, thèse Paris II, 2018, dactyl.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 159
2. La rémunération du syndic
265. Présentation. - Rompant avec son caractère essentiellement gratuit, l’arti
cle 1986 du Code civil prévoit que « le mandat est gratuit, s’il n ’y a conven
tion contraire ». Mais si la rémunération du mandataire est désormais pré
sumée en présence d’une personne exerçant sa profession habituelle224, la
gratuité persiste dans les nombreuses hypothèses de mandats marqués par
l’altruisme22 ’. L’activité de syndic est à l’image de la figure de référence du
mandat, partagée entre un exercice bénévole et professionnel.
266. Syndic bénévole. - Si l’on excepte le cas du syndic coopératif, qui est néces
sairement bénévole, le choix du bénévolat est réservé à de petites coproprié
tés qui souhaitent éviter le coût du recours à un professionnel, autant que
garder une implication très forte dans la gestion quotidienne de la copro
priété. Le svndic non professionnel semblait pouvoir recevoir une
rémunération . Une pratique était parfois utilisée, consistant à dispenser
le syndic bénévole des dépenses communes, sa quote-part étant alors assu
mée par les autres copropriétaires. Cette solution ne peut être valablement
adoptée, du moins directement, sans l’unanimité des copropriétaires227. Il est
plus simple de prévoir une rémunération calquée sur ce montant. La possi
bilité de rémunérer le syndic non professionnel ne s’impose pas à la lecture
de la loi du 10juillet 1965, l’article 17-2 visant « tout syndic non professionnel,
228. Sauf à considérer qu’il y a énumération et que les termes « bénévole » et « coopératif » ne
sont pas des précisions du « non professionnel », mais des modalités alternatives d ’exercice
de l’activité. L’ordonnance du 30 octobre 2019 règle la question en supprimant la mention
« bénévole ou coopératif ».jugée inutile (rapport sur l’ordonnance).
229. D. 17 mars 1967, annexe 1, établissant le contrat type de syndic de copropriété, art. 8.
230. D. 17 mars 1967, art. 29.
231. Recommandations n° 96-01 et n° 11-01 relatives aux contrats de syndic de copropriété. La
DGCCRF a également publié en 2014 les résultats des contrôles effectués sur les contrats,
laissant apparaître de très nombreuses irrégularités, notamment dans les clauses de rémuné
ration qui rendent difficile la comparaison entre les prestataires (http://www.economie.gouv.
fr/dgccrf/contrats-syndic-copropriete).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 163
au forfait ou pouvant faire l’objet d’une rémunération supplémentaire. Le
contrat-type établi par décret maintient le principe d’une rémunération for
faitaire, amendée par une rémunération spécifique relative à des prestations
particulières. Il ne laisse quasiment aucune marge aux parties compte tenu
du niveau de précision atteint par les stipulations relatives à la rémunération,
au forfait ou aux prestations complémentaires. Une liste non limitative réca
pitule les prestations qui doivent nécessairement figurer dans le forfait232.
Quant aux prestations particulières pouvant donner lieu à une rémunération
spécifique complémentaire, elles sont énumérées dans une liste limitative
comprenant notamment la préparation, la convocation et la tenue d’assem
blées générales supplémentaires et le dépassement des plages horaires de
référence convenues, l’établissement, la modification ou la publication du
règlement de copropriété à la suite d’une décision du syndicat, ou certaines
prestations relatives aux litiges et contentieux233.
268. Rémunération du syndic.
L’article 18-1 A de la loi de 1965 est partiellement réécrit par l’ordonnance
n° 2019-1101 du 30 octobre 2019, sans que soient modifiés les principes
mis en place par la loi ALUR. D’abord, le texte distingue nettement, désor
mais, les prestations fournies par le syndic au titre de sa mission, donnant
lieu à une rémunération forfaitaire, des prestations particulières ne rele
vant pas de la gestion courante. Seules ces dernières justifient éventuelle
ment une rémunération spécifique complémentaire234.
Ensuite, l’article 18-1A évoque les prestations de services autres que celles
relevant de la mission de syndic, lesquelles peuvent donner lieu à conven
tion avec le syndicat des copropriétaires. Il s’agit de l’ensemble des presta
tions qui ne relèvent pas des missions définies par l’article 18 de la loi de
1965 et, plus précisément, de l’ensemble des prestations qui ne figurent
pas dans le contrat-type. Cela conduit à distinguer trois catégories de pres
tations : celles qui donnent lieu à une rémunération forfaitaire ; celles qui
ne relèvent pas de la gestion courante, toutes deux incluses dans le
contrat-type ; celles qui ne relèvent pas des missions du syndic et ne figu
rent pas dans le contrat-type. Pour ces dernières, la convention est conclue
après autorisation expresse de l’assemblée générale statuant à la majorité
des voix de tous les copropriétaires. Cette nouvelle catégorie ouvre malgré
tout une brèche dans la rémunération forfaitaire du syndic.
Enfin, alors même que la question ne relève pas directement de la rému
nération du syndic, l’article 18-1A fait obligation au syndic de soumettre
232. D. 17 mars 1967, annexe 1.
233. D. 17 mars 1967, art 29, dernier alinéa.
234. Le non-respect de cette obligation est désormais passible d’une amende administrative.
164 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
B. La responsabilité du syndic
269. Le contrôle de l’action du syndic. Renvoi. - La gestion du syndic est placée
sous le contrôle d ’un conseil syndical, chargé d ’éviter toute dérive23'’. Il
n ’est pas rare cependant que la responsabilité du syndic soit recherchée.
270. Responsabilité pénale. - La responsabilité pénale du syndic peut être enga
gée au titre des textes généraux applicables, à défaut de dispositions
particulières236. Si l’on excepte les infractions volontaires (abus de
confiance), c’est surtout le non-respect de prescriptions relatives à la sécu
rité qui pourrait être envisagé, encore que la responsabilité du syndicat soit
plus nettement engagée lorsque des travaux nécessaires ont été refusés par
l’assemblée générale23'.
271. Responsabilité civile. - Mandataire du syndicat et organe de la copropriété, le
syndic tient ses pouvoirs du contrat et de la loi. Sa responsabilité doit être conci
liée avec celle de son mandant, qui engagera parfois sa responsabilité. En cas de
faute constituant un dépassement de pouvoirs, il engagera seul sa responsabilité.
272. Responsabilité à l’égard du syndicat. - Le syndic répond de ses fautes de
gestion sur le fondement contractuel, peu important la nature et l’origine
de la mission exercée. Même les missions spécialement imposées au syndic
par la loi sont rattachées au cadre contractuel238. Certes, le caractère
contractuel pourrait être discuté, en s’appuyant sur le cadre statutaire de
la fonction de syndic239. Néanmoins, la jurisprudence retient toujours la
responsabilité contractuelle fondée sur le mandat, en modulant l’apprécia
tion de la faute selon que le syndic était, ou non, rém unéré240.
273. Rôle et effet du quitus. - En pratique, le quitus de gestion donné par l’assem
blée générale joue un rôle im portant dans la mise en œuvre de la responsa
bilité du syndic241. «Décharge de responsabilité »242, le quitus est dem andé
par le syndic en même temps que l’approbation annuelle des comptes du
syndicat243. L’assemblée générale, statuant à la majorité de l’article 24, peut
décider de donner quitus au syndic pour tout ou partie de ses actes de ges
tion, ou refuser sans que cela puisse valoir révocation. En toute hypothèse, le
quitus ne libère le syndic de sa responsabilité que pour les actes de gesdon
dont l’assemblée a eu connaissance et qu’elle a été à m êm e d ’apprécier244, et
non lorsque des faits ont été découverts ultérieurem ent243. L’effet du quitus
valablement donné est radical puisqu’il em porte libération complète du syn
dic, même pour les actes accomplis en dépassement des pouvoirs qui lui
avaient été conférés246. Il em porte donc renonciation à toute action en res
ponsabilité et ratification des actes passés par le mandataire. L’assemblée
générale des copropriétaires ne devrait donner quitus q u ’avec circonspec
tion, particulièrement à l’égard d ’un syndic professionnel.
274. Hypothèses de responsabilité envers le syndicat. - A l’instar du m andataire,
le syndic est responsable du dom mage causé au m andant par l’inexécution
totale ou partielle de ses obligations et de toutes les fautes qu’il peut com
m ettre dans sa gestion247. L ’obligation du syndic relève en principe de la
catégorie des obligations de moyens. Autant dire que chacune des tâches
qui lui sont attribuées par les textes ou par le contrat peut être envisagée
par son revers contentieux. Ainsi en est-il de la mise en œuvre des travaux,
q u ’ils aient été exécutés par le syndic sans avoir été décidés par l’assemblée
générale248, inadaptés à la situation249 ou tardifs2 ’0. Encore faut-il bien sûr
que l’action du syndic révèle une faute, ce qui n ’est pas le cas s’il n ’a pu
m ettre en œuvre une résolution2’1 ou si l’assemblée générale a refusé
252. Cass. 3e civ., 6 févr. 2002, n" 00-17324 : Bull. civ. III, n° 33.
253. Cass. 3e civ., 29 oct. 2003, n° 02-14072.
254. Cass. 3' civ., 13juill. 1999, n° 98-11462.
255. Cass. 3e civ., 17janv. 2006, n° 04-20414.
256. Cass. 3e civ., 25janv. 1994, n° 92-16203; Cass. 3e civ., 6 mars 1991, n° 89-18758: Bull. civ. III,
n" 79 ; Cass. 3e civ., 8 oct. 1997, n° 95-18773.
257. Cass. 3e civ., 8 mars 1995, n° 93-13742 : Bull. civ. III, n° 75.
258. L’action demeure possible si les fautes commises ont causé un préjudice personnel au copro
priétaire pris individuellement (CA Paris 21 févr. 1997 : RDI 1997, p. 624, obs. P. C apoulade .
Comp., écartant l’action d ’un copropriétaire ayant voté en faveur du quitus, CA Paris,
23juin 2004, n° 2002/15179 : Loyers et copr. 2004, comm. 175, obs. G. V igneron ).
259. Cass. 3e civ., 21 juin 2000, n” 98-18488.
260. Cass. 2e civ., 4juill. 1974, n” 73-11637 : Bull. civ. II, n° 219.
261. Pour des travaux commandés sans avoir réuni les fonds et alors que la situation de la copro
priété était obérée, ce que le syndic n ’avait pas révélé au prestataire, Cass. 3' civ., 16 mai 2001,
n° 99-19838 : Bull. civ. Ill, n°65; D. 2001, p. 2706, note C .A tia s ; AJDI 2001, p.712, obs.
P. C apoulade .
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 167
278. Présentation. - Le conseil syndical tient, au sein des copropriétés, une place
inversement proportionnelle au rôle qui lui est attribué par la loi264. L’arti
cle 21 de la loi prévoit bien que « dans tout syndicat de copropriétaires, un
conseil syndical assiste le syndic et contrôle sa gestion ». Mais si l’on excepte
ici l’hypothèse spécifique des syndicats coopératifs, le conseil syndical n’est
pas placé par les textes au même niveau que l’assemblée générale des
copropriétaires ou le syndic. Pourtant son influence informelle est considé
rable, qui tient sans doute au fait qu’il assure une forme de représentation
des copropriétaires dans le fonctionnement quotidien de la copropriété.
Cela peut expliquer l’accroissement récent de son rôle à l’occasion de l’or
donnance du 30 octobre 201926d.
279. Mise en place du conseil syndical. - La loi de 1965 a consacré une pratique
courante dans les règlements antérieurs en créant un organe chargé de
vérifier les comptes et d’assister le syndic dans sa gestion. Initialement
conçu comme facultatif, le conseil syndical est, depuis la loi du 31 décembre
1985, un organe de la copropriété obligatoire « dans tout syndicat de
275. L’article 21 étant d ’ordre public, le règlement de copropriété ne saurait ajouter des restric
tions supplémentaires, notamment que seul un copropriétaire à jo u r de ses obligations finan
cières pourrait devenir membre (Cass. 3e civ., 18 déc. 2002, n° 01-12269 : Bull. civ. III, n° 268).
276. D. 17 mars 1967, art. 27, al. 1er.
277. D. 17 mars 1967, a r t 27, al. 2. Sur cette question, v.J.-M. Roux, « L’assistance du conseil syndi
cal par un tiers », Rev. Loyers 2013, 1526. On notera par ailleurs que si le syndic ne peut être
membre du conseil syndical, rien n ’empêche qu’il soit présent lors des réunions (Cass. 3e civ.,
2 mars 2011, n° 09-72455 : Bull. civ. III, n° 28 ; D. 2012, p. 2421, obs. P. Capoulade).
278. D. 17 mars 1967, art. 26.
279. Pour des exemples, v.J.-M. Roux, op. cil, n° 172.
280. V. not., CA Paris, 18juin 1997, JurisData n° 1997-021734.
170 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
281. Les copropriétaires pouvant également demander l’examen d ’autres projets qu’ils soumet
tront alors à l’assemblée générale.
282. Sous l’empire du droit antérieur à l’entrée en vigueur de la loi ALUR, la consultation du
conseil syndical et la mise en concurrence n ’étaient pas requises. Pour une application,
Cass. 3e civ., 15 avr. 2015, n° 14-13255.
283. Cass. 3 ' civ., 22 mai 1990, n° 89-11659: Bull. civ. III, n" 123; Defrénois 1991, p. 372, obs.
H . Solxeau.
284. V. not., Cass. 3r civ., 25 mai 1976, n° 75-10126 : Bull. civ. III, n° 226 (clause du règlement habi
litant le conseil syndical à nommer le syndic).
285. L. lOjuill. 1965, art. 25, a). Depuis la loi ALUR, la même majorité s’applique « lorsque le syn
dicat comporte au plus quinze lots à usage de logements, de bureaux ou de commerces »,
pour « toute délégation de pouvoir concernant la mise en application et le suivi des travaux
et contrats financés dans le cadre du budget prévisionnel de charges. Dans ce dernier cas, les
membres du conseil syndical doivent être couverts par une assurance de responsabilité
civile ».
286. À l’exclusion de toute délégation générale (D. 17mars 1967, art. 21).
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIETAIRES 171
délégation vise surtout des travaux courants. De fait, une telle délégation
facilite considérablement la gesdon de la copropriété en impliquant plus
directement les copropriétaires, même de manière informelle, dans le
choix des tâches à accomplir.
285. Responsabilité du conseil syndical.- Faute de personnalité morale, le
conseil syndical ne peut être tenu responsable des éventuelles conséquen
ces dommageables de ses décisions. Comme pour tout groupement
dépourvu de personnalité morale, la question se reporte cependant sur ses
membres'87, pris individuellement ou collectivement. On considère sou
vent que les membres du conseil seraient liés contractuellement au
syndicat288, ce qui permettrait de retenir leur responsabilité sur le fonde
ment de l’article 1992 du Code civil, en tenant compte du caractère béné
vole de leur mission. A l’égard des tiers, la responsabilité serait de nature
extracontractuelle, fondée sur l’article 1240 du même code. Les hypothèses
demeurent très limitées289, mais le législateur impose qu’en cas de déléga
tion de pouvoir concernant la mise en application et le suivi des travaux et
contrats, les membres du conseil syndical soient couverts par une assurance
de responsabilité civile290.
286. Président du conseil syndical. - Le président du conseil syndical tient une
place particulière. Non pas seulement parce qu’il permettrait de « satisfaire
les ambitions de président qui semblent sommeiller en tout Français»291,
mais bien en raison des missions particulières qui lui sont confiées. Le
conseil syndical doit nécessairement élire un président parmi ses
membres292, le règlement pouvant poser des conditions particulières à son
éligibilité (habitant de l’immeuble, par ex.). Ses pouvoirs sont évidemment
ceux de tout membre du conseil syndical. Mais la loi lui attribue des mis
sions particulières, qui n ’épuisent pas son pouvoir informel dans la vie quo
tidienne de l’immeuble. Parmi celles-ci, on peut relever la possibilité de
convoquer l’assemblée générale en cas de carence du syndic293 ou
287. J.-M. G élinet , « La responsabilité des membres du conseil syndical », Rev. Loyers 2007, 590 ;
D. S izaire, « La responsabilité des membres du conseil syndical », Gaz. Pal. 1975, 2, docc,
p. 697.
288. Arg. D. 1967, art. 22, al. 3, qui évoque « le mandat des membres du conseil syndical ».
289. V. n o t, Cass. 3e civ., 25 sept. 2002, n° 01-01933. Le contrat d ’assurance souscrit par le syndicat
pour l’immeuble peut cependant comprendre la couverture des membres du conseil syndical
dans l’exercice de leurs fonctions.
290. L. 10juill. 1965, art. 25, a).
291. C. A tias et N . L e R udulier , Rép. civ. Dalloz, v° « Copropriété des immeubles bâtis: statuts et
structure », 2018, n° 620.
292. L. lOjuill. 1965, art. 21, al. 10.
293. D. 17 mars 1967, art. 8, al. 2.
172 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
294. L. lOjuill. 1965, art. 18, V. Ce qui ne lui permet pas de se substituer au syndic en son absence,
à peine de nullité de l’assemblée générale irrégulièrement convoquée (Cass. 3e civ., 15janv.
2003, n° 01-14955 : Bull. civ. III, n° 3).
295. L. 10juill. 1965, art. 18-2, al. 3.
296. Rapport sur l’ordonnance du 30 octobre 2019.
297. L. lOjuill. 1965, art. 41-9. V. supra, n° 174.
298. On notera que lorsque le copropriétaire est une personne morale, elle peut être représentée
soit par son représentant légal ou statutaire, soit par un fondé de pouvoir spécialement habi
lité à cet effet, la nouvelle rédaction adoptant une forme alternative plutôt que subsidiaire.
LES ORGANES DU SYNDICAT DES COPROPRIÉTAIRES 173
1. C.civ., art. 537: «Les particuliers ont la libre disposition des biens qui leur appartiennent,
sous les modifications établies par les lois (...) ».
2. J. C arbonnier , « Le droit de propriété depuis 1914 », in Flexible droit. Pour une sociologie du droit
sans rigueur; 10*' éd., LGDJ, 2001, p. 357.
3. Rappr. J.-L. A ubert , «Le droit de disposer de l’immeuble», Etudes Jacques Flour, Defrénois,
1979, p. 1.
4. Sur cette question, v. not. F. C ollart D utilleul (dir.), Droit de la vente immobilière, 4e éd., Dal
loz, 2015, spéc. n° 041-.81 ets.
5. Sur ce point, v. D. D utrieux , « Droit de préemption urbain et copropriété »,JCPN2003, 1553.
6. C.urb., art. L. 211-4.
7. C. urb., art. L. 211-4, al. 5.
8. C.urb., arc L. 213-2.
9. C. urb., art. A. 213-1, annexe.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 181
expressément ou en gardant le silence10 ; décider de préempter aux condi
tions figurant dans la déclaration d’intention d’aliéner ; décider de préemp
ter à d’autres conditions, la commune indiquant alors le prix proposé, le
vendeur disposant d’un délai de deux mois pour accepter, renoncer à l’alié
nation ou demander que le prix soit fixé par le juge de l’expropriation11.
ii. Les atteintes justifiées par un intérêt particulier :
droits de préemption du locataire
298. Bail d’habitation et congé pour vendre. - Le bail d’un lot de copropriété à
usage d’habitation est soumis aux dispositions de la loi du 6juillet 1989. Des
tinée à améliorer l’équilibre des relations entre bailleurs et locataires, elle pré
voit notamment, au profit de ces derniers, un droit de préemption lorsque le
bailleur leur délivre un congé pour vendre. Aux termes de l’article 15, II, de la
loi du 6juillet 1989, « lorsqu’il est fondé sur la décision de vendre le logement,
le congé doit, à peine de nullité, indiquer le prix et les conditions de la vente
projetée. Le congé vaut offre de vente au profit du locataire : l’offre est valable
pendant les deux premiers mois du délai de préavis ». Ce droit de préemption
permet de détourner un bien vers son occupant afin de garantir l’effectivité
de son droit au logement. Le congé pour vendre présente ainsi la particularité
d’être nécessairement accompagné d’une offre de vente au profit du loca
taire. Ainsi, «congé et offre de vente sont indissociables»12. Inversement,
lorsque le propriétaire met en vente sans délivrer de congé pour vendre, choi
sissant donc de vendre le bien occupé quitte à subir une décote, le droit de
préemption n’est pas applicable13.
Sans entrer dans les détails de la procédure à suivre14, il faut préciser certains
points importants lors de la cession d’un lot de copropriété. Quant à la chose
louée, d’une part, la jurisprudence vérifie qu’il y ait bien identité entre les
lieux loués et leur description dans l’offre de vente1’. Dès lors, est nulle l’of
fre de vente qui ne porte pas seulement sur le local loué mais sur l’immeuble
dans son ensemble16, de même que celle qui concerne uniquement une
10. Curb., art. L. 213-2, al. 4.
11. C. urb., art. L. 213-4.
12. J. Lafond, Les baux d'habitation, T éd., Litec, 2007, n° 1224 et 1241.
13. V. par ex., Cass. 3e civ., 21 févr. 1990, n° 88-14056 : Bull. civ. III, n° 54 ; Cass. 3e civ., 2juin 1999,
n° 97-16236 ; Cass. 3' civ., 10 nov. 2010, n“ 09-16934.
14. Sur ce point, v. not., F. Coixart D utilleul et P. Delebecque, Contrats civils et commerciaux,
11e éd„ Dalloz, 2019, n°563 et s.
15. V. not, Cass. 3e civ., 9 mars 2010, n° 09-12488; Cass. 3e civ., 7juill. 2009, n° 08-14637: «le
congé pour vendre valant offre de vente au profit du locataire doit, à peine de nullité, porter
sur la totalité des locaux loués ».
16. Cass. 3e civ., 13juill. 1999, n° 97-18862: Bull. civ. III, n°168: bail portant sur une maison de
gardien au sein d’un bien immobilier ; congé pour vendre avec offre concernant la totalité
du bien.
182 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
partie des lieux loués . Quant à la procédure suivie, d’autre part, le texte
exclut formellement la nécessité de délivrer une information portant sur la
superficie de la partie privative du lot vendu, prévue par l’article 46 de la loi
du 10juillet 196518. L’offre ne doit pas plus comprendre, en annexes, le
règlement de copropriété ou l’état descriptif de division19. Si l’immeuble
était déjà en copropriété, le locataire avait nécessairement connaissance de
certains extraits du règlement lors de la conclusion du bail20. Il paraît cepen
dant possible de céder un lot alors même que la division n’a pas encore eu
lieu, dès lors du moins que l’objet de la vente peut être déterminé21.
299. Bail d’habitation et division ou subdivision de l’immeuble. Article 10 de la
loi du 31 décembre 1975. - La copropriété des immeubles bâtis emporte un
autre droit de préemption au profit du locataire d ’un local à usage d ’habi
tation. Ce droit ne concerne toutefois pas l’ensemble des copropriétés. Il
vise uniquement la première vente de locaux consécutive à la division par
lots de l'immeuble , voire à la subdivision de tout ou partie de l’immeuble.
« Préalablement à la conclusion de toute vente d ’un ou plusieurs locaux à
usage d’habitation ou à usage mixte d ’habitation et professionnel, consécu
tive à la division initiale ou à la subdivision de tout ou partie d ’un immeuble
par lots, le bailleur doit, à peine de nullité de la vente, faire connaître par
lettre recommandée avec demande d’avis de réception, à chacun des loca
taires ou occupants de bonne foi, l’indication du prix et des conditions de
la vente projetée pour le local qu’il occupe. Cette notification vaut offre de
vente au profit de son destinataire »2~\ Ne sont donc pas visés par ce texte
les immeubles placés dès l’origine sous le statut de la copropriété. Au
17. Cass. 3e civ., 21 juin 2000, n" 98-14045 : offre ne mentionnant pas la cave. Rappr., Cass. 3e civ.,
11 déc. 2013, n° 12-13441 : Bull. civ. III, n“ 160 : l’offre ne mentionnait pas le sort des WC de
service situés sur le palier. Bien qu’ils relèvent des parties communes de l’immeuble, ils figu
raient dans le bail et l’offre devait en préciser le sort
18. L. 6juill. 1989, art. 15, II, al. 1".
19. Cass. 3 ' civ., l"juill. 2003, n° 00-19757 : Bull. civ. III, n° 137.
20. L. ôjuill. 1989, a rt 3: extraits relatifs à la destination de l’immeuble, la jouissance et l’usage
des parties privatives et communes, et la quote-part affectée au lot loué dans chacune des
catégories de charges.
21. Cass. 3e civ., 22janv. 2003, n° 01-13909 : Bull. civ. III, n° 11. Cette situation est à rapprocher de
la cession d'un lot de copropriété en l’absence de règlement, admise par la jurisprudence
(Cass. 3' civ., 17 nov. 2010, n° 10-11287 : Bull. civ. Ill, n° 205). Néanmoins, lorsque l’immeuble
n ’est pas encore divisé, il est impossible de connaître la répartition des charges, qui constitue
pourtant un élément important.
22. Sur le critère d ’appréciation de la première vente par lots, v. Cass. 3e civ., 16janv. 2005, nu 04
12563 : Bull. civ. III, n° 223 ; JCP2006, II, 1084, note W. A ltide.
23. L. n° 75-1351, 31 déc. 1975, art. 10, I. Le Conseil constitutionnel a précisé, à l’occasion d ’un
QPC, que le droit de préemption ne profitait qu’au locataire, à l’exclusion du droit subsi
diaire de la commune, déclarant inconstitutionnel partiellement l’article 10, I, de la loi du
31 décembre 1975 (Cons, const., 9janv. 2018, QPC n° 2017-683).
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 183
24. Cass. 3e civ., 14 déc. 1994, n° 93-18463 : Bull. civ. III, n° 207. Néanmoins, si le locataire conteste
avec succès la validité d ’un congé pour vendre, il pourra ensuite arguer de la loi de 1975 par
ricochet (Cass. 3e civ., 15 sep t 2010, n° 09-68452).
25. V. supra, n° 298.
26. V. en ce sens, E. Colas, « La vente d ’un immeuble entier “à la découpe” : le dispositif Auril
lac » ,JC P N 2019, 1215, n° 10 ets.
27. L.6juill. 1989, art. 11-2.
28. Sur la qualification de local commercial, tirée du règlement de copropriété et non de l’état
descriptif de division, v. Cass. 3e civ., 15 nov. 2018, n° 17-26727.
184 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
29. C. com., art. L. 145-46-1, qui est d ’ordre public (Cass. 3e civ., 28juin 2018, n° 17-14605).
30. C. Atias et J.-M. Roux, Guide de la copropriété des immeubles bâtis, 6e éd., Edilaix, 2017, n° 364.
31. H. Souleau, <<Le droit de disposer d ’un lot dans un immeuble en copropriété », EtudesJacques
Flour, Defrénois, 1979, p. 409, n°2.
32. Pour une analyse exhausüve de la question, v. H. Souleau, op. et toc. cit.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 185
régler la question de manière contradictoire. Alors que l’ardcle 8, alinéa 2,
de la loi de 1965 prévoit que « le règlement de copropriété ne peut imposer
aucune restriction aux droits des copropriétaires en dehors de celles qui
seraient jusdfiées par la desdnation de l’immeuble, telle qu’elle est définie
aux actes, par ses caractères ou sa situadon », l’ardcle 9 énonce que
« chaque copropriétaire dispose des parties privadves comprises dans son
lot ; il use et jouit librement des parties privadves et des parties communes
sous la condition de ne porter atteinte ni aux droits des autres coproprié
taires ni à la destination de l’immeuble ». La différence de rédaction porte
précisément sur la liberté de disposer des copropriétaires.
Faute de hiérarchie évidente entre ces textes, la Cour de cassation avait
choisi, dans un premier temps, de faire prévaloir l’article 9, considérant
que la desdnation de l’immeuble ne visait que l’usage et la jouissance du
lot, sans qu’elle puisse justifier des atteintes au droit de disposer. Elle avait
dès lors jugé que « le règlement de copropriété ne peut imposer aucune
restriction aux droits des copropriétaires en dehors de celles qui seraient
justifiées par la destination de l’immeuble, telle qu’elle est définie aux
actes, par ses caractères ou sa situadon, et que chaque copropriétaire dis
pose librement de son lot »33. La Cour de cassation retenait ainsi une inter
prétation a contrario de l’article 9, dont il ressortait que les restrictions ne
pouvant affecter que l’usage et la jouissance, la libre disposition devait per
mettre aux copropriétaires d’envisager toute opération de cession ou de
division de leur lot.
La solution reposait cependant sur une analyse discutable à deux titres.
D’une part, la libre disposition du lot de copropriété n’est pas affirmée spé
cifiquement dans la loi de 1965, sauf à assimiler purement et simplement la
libre disposition d’un bien et d’un lot. D’autre part, et surtout, il était pos
sible de procéder à une autre lecture des textes, leur conférant un caractère
complémentaire34. Comme l’avait parfaitement montré Atias, l’article 8, ali
néa 2, définit les pouvoirs de la collectivité en précisant à quelles conditions
elle peut restreindre les droits des copropriétaires. L’article 9 fixe, quant à
lui, les droits des copropriétaires en l’absence de toute clause33. Rien n’em
pêche ainsi, dans le respect de la destination de l’immeuble, la stipulation
de clauses limitant la libre disposition d’un lot de copropriété.
La jurisprudence postérieure a ainsi assoupli légèrement sa position, en
admettant exceptionnellement les restrictions contenues dans le règlement
33. Cass. 3' tiv„ 17juill. 1972, n° 71-11248 : Bull. civ. III, n° 463 ;JCP 1972, II, 17241, note E. J. Guillot.
34. Deux normes de même portée, a fortiori lorsqu’elles figurent dans la même loi, devraient être
interprétées de manière à pouvoir être conciliées, dès lors qu’elles ne sont pas contradictoires.
35. C. Atias et N. Le Rudulier, Rép. civ. Dalloz, v° « Copropriété des immeubles bâtis : statuts et
structure », 2018, n° 110 ets.
186 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
36. V. not., Cass. 3e civ., 10 mars 1981, n” 79-12950: Bull. civ. III, n°52, et la jurisprudence citée
infra.
37. C. civ., art. 900-1.
38. Cass. 1" civ., 31 oct. 2007, n° 05-14238 : Buü. civ. I, n° 337 ; RTD civ. 2008, p. 126, obs. T. Revet.
39. «Aucune caractéristique de l’immeuble n ’est affectée par le remplacement d ’un coproprié
taire » (C. Atias etJ.-M. R oux, op. cit., n° 363).
40. CCH, art. L. 200-1 : « L’habitat participatif est une démarche citoyenne qui permet à des person
nes physiques de s’associer, le cas échéant avec des personnes morales, afin de participer à la
définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de
construire ou d ’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant,
d ’assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis ». V. supra, n° 13.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 187
47. L. 10juill. 1965, art. 8-1, sur lequel v. not. P. C apoulade , «Le droit de priorité du coproprié
taire et la vente de lot à usage exclusif de stationnement »,JCPN 2011, 1265.
48. Le droit de disposer comprend le droit de disposer partiellement (H. Souleau , art. préc.,
n° 18).
49. L. 10juill. 1965, art 11, al. 2.
50. Etant entendu que « la division d’un lot de copropriété ne peut avoir pour effet de donner nais
sance à un nouveau syndicat des copropriétaires » (Cass. 3c civ., 18janv. 2018, n° 16-26072).
51. C. A tias, note sous Cass. 3e civ., 26 mai 1988, D. 1989, p. 421. L’auteur ajoutait : « c’est le récep
tacle neutre de biens qui seuls comptent ».
LA SITUATION DES COPROPRIÉTAIRES 189
2. La protection de l’acquéreur
308. Copropriétaire, accédant, occupant. - Les règles de protection du copro
priétaire empruntent désormais certains dispositifs et méthodes issus du
droit de la consommation. On aurait ainsi « glissé d’un droit de la copro
priété, conçu comme un statut lié à la structure du bien, vers un droit du
logement dont la finalité est la protection de ses occupants »” . Cela contri
buerait à expliquer l’augmentation considérable des informations transmi
ses au candidat acquéreur, l’accédant, le logement tendant à devenir un
bien de consommation’1’.
309. Fiche synthétique. - Le mouvement n ’est pas propre au droit de la copro
priété, cependant, ni même aux seules cessions de lots. Le copropriétaire
52. Cass. 3' civ., 26 mai 1988, n° 86-19-350 : Bull. civ. III, n° 98 ; D. 1989, p. 421, préc. ; Cass. 3e tiv.,
5juill. 1989, n° 88-10028 : Bull. civ. III, n° 154.
53. Cass. 3' civ., 19 oct. 2010, n° 09-69998.
54. Cass. 3e civ., 1eroct. 2013, n° 12-17474 : « ayant constaté que le groupe d ’immeubles était situé
dans une voie privée donnant sur une petite rue transversale à faible trafic reliant la contre-
allée entre deux avenues où s’exerçaient des activités de racolage en vue de la prostitution,
que cette activité se transportait ensuite dans les chambres de service des immeubles avoisi
nants, ce qui avait conduit les rédacteurs de règlements de copropriété à veiller à ce que le
commerce de ces locaux ne soit pas susceptible de compromettre la destination et la tranquil
lité des immeubles, qu’au cours du temps, le standing n ’avait pas été affecté, l’ensemble
dem eurant résidentiel, calme, verdoyant avec un nombre réduit de vastes appartements et
que la cession séparée des chambres de service aurait pour effet de doubler le nombre des
copropriétaires et de modifier la manière d ’y vivre, la fréquentation en devenant plus intense
et bruyante, la cour d ’appel a pu retenir, sans violer l’article 1er du 1er protocole additionnel à
la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamenta
les que la clause du règlement de copropriété interdisant la vente des lots secondaires à des
personnes qui ne seraient pas déjà copropriétaires était justifiée par la destination de l’im
meuble ». Rappr. CA Paris, 24nov. 2010, Loyers et copr. 2011, comm. 124.
55. C. G iverdon, « Le copropriétaire est-il devenu un consommateur ? », Etudes Philippe Malinvaud,
Litec, 2007, p. 237.
56. Sur cette question, v. plus généralement A. de Crevoisier de Vomécourt, « La protection de
l’acquéreur d ’un lot de copropriété », A/D/2018, p. 21.
190 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
57. L. lOjuill. 1965, art. 8-2. L’entrée en vigueur de cette disposition était cependant différée
selon la taille de la copropriété : 31 décembre 2016 pour les syndicats comportant plus de
200 lots; 31 décembre 2017 pour ceux qui comportent plus de 50 lots; 31 décembre 2018
pour les autres (CCH, art. L. 721-1, IV).
58. L. lOjuill. 1965, art. 8-2, al. 3.
59. D. 17 mars 1967, arc 5. Les honoraires du syndic seront, à compter du T rjuin 2020, limités à
une somme maximale de 380 euros TTC (D. n° 2020-153 du 21 févr. 2020). Le pouvoir régle
mentaire aura mis plus de cinq ans à adopter ce texte prévu par la loi ALUR.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 191
troisième partie, sont mentionnées les sommes qui devraient incomber au
nouveau copropriétaire au titre de la reconstitution des avances et les pro
visions non encore exigibles du budget prévisionnel. Une annexe estjointe,
indiquant notamment l’état des procédures en cours dans lesquelles le syn
dicat est parue. L’objet exact de la procédure doit y figurer60. Ces exigences
sont limitatives et l’on ne saurait reprocher au notaire ou au syndic de
n’avoir pas fourni une information plus complète61.
b. Les informations techniques
313. Diagnostics immobiliers. - Le développement des diagnostics en matière
immobilière n’est pas propre au droit de la copropriété62. Le législateur
contemporain entend améliorer la connaissance de l’immeuble vendu, en
permettant à l’acquéreur de disposer d’informations claires et précises sur
des éléments essentiels du bien, notamment sur l’état sanitaire et technique
du lot de copropriété qu’il se propose d’acheter. Les différents diagnostics
réalisés sont, depuis l’ordonnance du 8juin 2005, regroupés dans un dos
sier de diagnostic technique, fourni par le vendeur et annexé à la promesse
de vente ou à l’acte authentique de vente63. Il comprend de multiples docu
ments, dont le nombre varie selon l’intérêt de l’information pour la vente
en cause, qui concernent tant la sécurité des personnes que la solidité de
l’immeuble64. Dans la première catégorie, peuvent être rangés, notam
ment, le constat de risque d’exposition au plomb6’, l’état relatif à la pré
sence d’amiante66, tous deux intégrés dans le Code de la santé publique,
ou l’état de l’installation de gaz67. L’objectif réside bien dans la protection
des occupants éventuels du bâtiment, quel qu’en soit le statut, contre des
risques sanitaires. Dans la seconde catégorie, pourraient être regroupés
l’état relatif à la présence de termites68 ou le risque de mérule69 dans le
87. V. not., Cass. 3e civ., 5 déc. 2007, n° 06-19676 : Bull. civ. III, n° 218 ; Contrats, conc. consom. 2008,
comm. 91, obs. L. L eveneur.
88. Avis du Conseil supérieur du notariat sur l’application de la loi Carrez, JCP N 1998, p. 145, n° 40.
89. Rappr. Cass. 1" civ., 25 mars 2010, n° 09-66282.
90. Sur cette question, v. Y.-M. Serinet , « Les domaines respectifs de la remise en état par voie de
restitution et de réparation », Etudes G. Viney, LGDJ, 2008, p. 867.
91. Cass. 3e civ., 25 oct. 2006, n” 06-19676 : Buü. civ. III, n° 205 ; Contrats, conc. consom. 2007, comm. 65,
obs. L. L eveneur ; RTD civ. 2007, p. 333. obs. J. M estre et B. F ages. Sur le rejet d’une QPC portant
sur l’absence de recours du vendeur, Cass. 3e civ., lOjanv. 2013, n° 12-40084.
92. En cas de VEFA, le recours doit d ’ailleurs être exercé sur le fondement de l’article 1622 du
Code civil (Cass. 3e civ., lljan v . 2012, n° 10-22924).
93. Cass. 3e civ., 28janv. 2015, n° 13-27397, approuvant la cour d’appel d ’avoir retenu que « le ven
deur peut se prévaloir à l’encontre du mesureur ayant réalisé un mesurage erroné, d ’une
perte de chance de vendre son bien au même prix pour une surface moindre ». V. déjà en
196 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
3. Les garanties du syndicat
321. Avis de mutation. - La mutation d’un lot de copropriété implique une
information complète du notaire par le syndic. Afin de garantir le paie
ment, le législateur prévoit un dispositif en plusieurs temps, dont l’avis de
mutation est le premier maillon. L’article 20 de la loi du 10juillet 1965 dis
pose ainsi que « lors de la mutation à titre onéreux d’un lot, et si le vendeur
n’a pas présenté au notaire un cerüficat du syndic ayant moins d’un mois
de date, attestant qu’il est libre de toute obligation à l’égard du syndicat,
avis de la mutation doit être donné par le notaire au syndic de l’immeuble,
par lettre recommandée avec avis de réception dans un délai de quinze
jours à compter de la date du transfert de propriété ». Théoriquement, le
vendeur devrait donc présenter au notaire un cerüficat du syndic attestant
qu’il est libre de toute obligaüon à l’égard du syndicat. En praüque, la déli
vrance de ce cerüficat est rarement possible techniquement, tant pour des
raisons comptables que matérielles.
Concrètement, faute pour le vendeur de produire ce certificat, le notaire
adressera un avis de mutaüon au syndic dans les quinze jours suivant la date
du transfert de propriété, par lettre recommandée avec avis de réception94.
Cet avis présente un effet très important puisque le délai pour former oppo
sition court à compter de sa réception par le syndic. A défaut d’avis de muta
tion, toute opposition deviendrait impossible9 ’, ce qui permettrait d’engager
la responsabilité du notaire9*’. L’opposition au versement des fonds est la pre
mière étape avant la mise en œuvre du privilège du syndicat. Notons par ail
leurs que la loi ALUR a prévu de manière plus radicale d’interdire aux
copropriétaires débiteurs ainsi qu’aux mandataires sociaux et associés des
sociétés copropriétaires l’acquisition d’un lot de copropriété, afin de lutter
contre les pratiques de certains « marchands de sommeil »9/.
ce sens, L. L eveneur, obs. sous Cass. 3e civ., 25 ocL 2006, préc. ; G. D urand-Pasquier, « La res
ponsabilité des diagnostics immobiliers», Resp. civ. et assur. 2009, Etude 1, n°9, n"33 et s.
94. L’article 5-1 du décret de 1967 précise toutefois que si le lot fait l’objet d’une vente sur licita
tion ou sur saisie immobilière, l’avis de mutation est adressé par le notaire ou l’avocat du
demandeur ou du créancier poursuivant ; si le lot fait l’objet d’une expropriation pour
cause d’utilité publique ou de l’exercice d’un droit de préemption publique, par le notaire,
par l’expropriant ou par le titulaire du droit de préemption ; si l’acte est reçu en la forme
administrative, par l’autorité qui authentifie la convention.
95. V. Cass. 3' civ., 11 janv. 1977, n” 75-13768 : Bull. civ. III, n° 11 : l’acquéreur d’un lot qui, n’ayant
donné que tardivement l’avis de mutation, n’a pas mis le syndic à même d’exercer son droit
d'opposition en temps utile peut être condamné à payer l’arriéré de charges du précédent
copropriétaire.
96. V. not., Cass. 3 'civ., 7juin 2007, n° 06-18847: Bull. civ. III, n° 194, jugeant que l’arriéré de
charges devait être payé par l’acquéreur (en l’espèce le vendeur était l’Etat).
97. L. lOjuill. 1965, art. 20, II : « Préalablement à l’établissement de l’acte authentique de vente
d’un lot ou d’une fraction de lot, le cas échéant après que le titulaire du droit de préemption
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 197
109. M. C abrillac, C. M ouly, S. C abrillac et P. P étel , Droit des sûretés, 11e éd., LexisNexis, 2015,
n° 899.
110. L. lOjuill. 1965, art. 20. V. sur ce point, P. C apoulade et D. T omasin (dir.), La copropriété, op. cit.,
n° 232.323. V. supra, n° 323.
111. Cass. 3e civ., 15févr. 2006, n° 04-19095: Bull. civ. Ill, n°40; RTD civ. 2006, p. 599, obs.
P. C r o cq : non-application à un copropriétaire placé en liquidation judiciaire.
112. Sur cette question, v. not. M. B ourassin et V. B rémond , Droit des sûretés, 6e éd., Sirey, 2018,
n° 1248 et s.
113. Ibid., n° 1238 et 1248.
114. L’année étant entendue de l’exercice comptable depuis le décret n° 2010-391 du 20 avril 2010
(D. 17 mars 1967, art 5-2).
115. L. lOjuill. 1965, réd. L.n° 2014-366, art. 58,1, 5°.
116. Cass. 3e civ., 6 mai 2003, n° 02-10712 : Bull. civ. III, n° 96.
200 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
sommes dues en application d’une clause d’aggravation des charges11', ni
les intérêts dus sur les créances du syndicat11“ ou le remboursement anti
cipé d’un emprunt contracté par le syndicat pour effectuer des travaux119.
327. Régime. L’efficacité du privilège tient principalement à son rang très avan
tageux, ainsi qu’à l’absence de publicité ou inscription au fichier immobi
lier. En pratique, le privilège prime ceux du vendeur et du prêteur de
deniers pour les créances de l’année en cours et des deux dernières années
échues, ce qui lui confère un rang particulièrement avantageux. Pour les
autres créances qui sont couvertes par le privilège, le syndicat l’exercera en
concurrence avec les autres créanciers privilégiés120. Concrètement, cela
signifie que seul le privilège des salaires et celui relatif aux frais de justice
sont susceptibles de primer le privilège du syndicat pour les deux dernières
années échues (sous réserve, en cas d’ouverture d’une procédure collective,
de la déclaration par le syndicat de sa créance). Pour les autres, il viendra en
concours avec les privilèges du vendeur et du prêteur de deniers. La situa
tion est cependant moins favorable au syndicat pour ses créances nées après
l’ouverture d’une procédure collective, celui-ci devant alors se prévaloir du
privilège des créanciers postérieurs, et non de son privilège spécial121.
328. Renforcement des garanties du syndicat des copropriétaires.
Poursuivant l’ambition de favoriser le recouvrement des charges par le
syndicat des copropriétaires, les rédacteurs de l’ordonnance du 30 octo
bre 2019 ont légèrement renforcé la portée des dispositifs existants. On
peut douter de l’efficacité de telles mesures pour endiguer un conten
tieux aussi abondant. Tout d’abord, l’hypothèque légale peut désormais
être inscrite par le syndic sans autorisation préalable de l’assemblée
générale. Ce dernier peut d’ailleurs toujours, sans non plus requérir
d’autorisation, en consentir la mainlevée, voire la radiation en cas d’ex
tinction de la dette122. L’hypothèque légale est ainsi assimilée à une
mesure conservatoire, au sens de l’article 55 du décret de 1967123.
Ensuite, l’assiette du privilège mobilier du syndicat est élargie aux som
mes dues par le locataire à son bailleur, quel que soit le type de location
(meublée ou non meublée), alors qu’elle était jusqu’alors limitée aux
locations meublées de courte durée vs CCH et copropriété », Rev. Loyers 2013, n°940, 378;
C. Sardot et A. T eitcf.n , « Le partage de l’occupation de l’immeuble d ’habitation : de la colo
cation (mixité spatiale) à la location touristique temporaire (mixité temporelle) », Loyers et
copr. 2017, Étude 3.
134. Cass. 3e civ., 12 sept. 2019, n° 18-20727.
135. V. not., CA Pau, 13 déc. 2017, n° 17/02992, rejetant l’action en référé. V. aussi, sur cette ques
tion, H. P erinet-Marquet, art. préc., n° 30 et s.
136. CCH, art. L. 631-7, al. 6 (réd. L. n° 2018-1021, 23nov. 2018).
137. Cass. 3e civ., 15janv. 2003, n° 01-03076 : Bull. civ. III, n° 8 : « les dispositions d’ordre public de
l’article L. 631-7 du Code de la construction et de l’habitation peuvent être invoquées par
toute personne qui y a intérêt». Pour une application à une location de «logement de
manière répétée sur de courtes durées à une clientèle de passage», Cass.3eciv., 12juill.
2018, n° 17-20654. Sur cette question, v. plus généralement, N. P aricaud, «Changement
d’usage et de destination d’un lot de copropriété », Defrénois 2014, 1131.
138. CA Paris, 9 o c l 2019, n° 17/00737. L’arrêt ajoute qu’« en effet, les allées et venues de person
nes étrangères à l’immeuble générées par les locations en meublé dans la cour intérieure de
l’immeuble sont sans commune mesure avec la présence ponctuelle et généralement de jour
seulement, des personnes exploitant les locaux professionnels et/o u commerciaux visées
dans le règlement de copropriété ; outre le trouble de voisinage subi par les copropriétaires,
l’activité de location en meublé a des conséquences en terme d ’assurance de l’immeuble
compte tenu de l’aggravation du risque induit par l’augmentation de la présence de rési
dents, à titre précaire, de l’immeuble ». Pour une clause réservant les bâtiments à l’usage
exclusif d ’habitation, Cass. 3” civ., 27 févr. 2020, n° 18-14305.
204 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
139. C. civ., art. 1719: «Le bailleur est obligé, par la nature du contrat, et sans qu’il soit besoin
d ’aucune stipulation particulière :
1° De délivrer au preneur la chose louée et, s’il s’agit de son habitation principale, un loge
ment décent. Lorsque des locaux loués à usage d ’habitation sont impropres à cet usage, le
bailleur ne peut se prévaloir de la nullité du bail ou de sa résiliation pour demander l’expul
sion de l’occupant ; (...) ». V. not., M. Ghiguno, « La délivrance d ’un logement décent », AJDI
2019, p. 761.
140. D. n° 2002-120 du 30janv. 2002.
141. D. n° 2002-120 du 30janv. 2002, art. 2, 3° et 4°.
142. L. 6juill. 1989, art. 2.
143. D. n° 2015-587, 29 mai 2015, relatif aux contrats types de location de logement à usage de
résidence principale.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 205
144. Cass. 3e civ., 3 mars 2004, n° 02-14396 : Bull. civ. III, n° 47.
145. Cass. 3e civ., 7 mars 1984, n° 82-12495 : Bull. civ. III, n° 63, jugeant que les dispositions de la loi
du 10juillet 1965 ne s’appliquaient pas aux conventions régissant les rapports entre le bail
leur et le locataire et que l’engagement de non-concurrence qui y était stipulé devait être
respecté.
146. D .n” 87-713, 26 août 1987.
206 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
151. Le bailleur n ’est pas exonéré au seul motif que les parties communes relèvent des attributions
du syndicat, la jurisprudence exigeant que soit vérifié que les diligences nécessaires ont été
accomplies (Cass. 3e civ., 11 mars 1992, n° 90-11886 : Bull. civ. III, n° 81).
152. Action fondée sur l’article 9, alinéa 5, de la loi du lOjuillet 1965 (Cass. 3e civ., 14janv. 2015,
n° 13-28030, Bull. civ. III, n° 3).
153. Dans le même sens, v. C. Atias et N. Le Rudulier, Rép. civ. Dalloz, v° « Copropriété des immeu
bles bâtis : droits et obligations », 2018, n° 82, qui s’appuient sur Cass. 3e civ., 9juin 1993,
n° 90-18043.
154. V. not. Cass. 3e civ., 14avr. 2010, n° 09-13315.
155. Cass. 3e civ., 14nov. 1985, n° 84-15577: BulLcivAU, n°143; Cass. 3e civ., 22juin 2005, n°04-
12540.
156. L. lOjuill. 1965, art. 2.
208 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
de parties communes qui lui est indissociablement liée’3'. Mais même lors
qu’il use, jouit ou a fortiori aménage son espace privatif, ses droits doivent
être conciliés avec l’intérêt collectif et les droits des autres copropriétaires.
157. O n notera toutefois que la défense de ses parties privatives p erm et toujours à u n coproprié
taire d ’agir. Sur ce point, v. infra, n u 150.
158. L. lOjuill. 1965, art. 8.
159. V. supra, n° 303.
160. V. non, Cass. 3e civ., 5juill. 2011, n° 09-71263 (changem ent d ’affectation d ’u n débarras en
pièce d ’habitation).
161. V. not., Cass. 3e civ., 16 sept. 2003, n° 02-16129 (résolution interdisant l’exercice d ’une activité de res
tauration dans un immeuble où le règlement autorisait les activités commerciales, sans restriction).
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 209
162. V. n o t, Cass. 3e civ., 6 févr. 1991, n° 89-16864. Adde, pour l’agrandissement d’un restaurant au
sein de parties privatives à usage d’habitation, Cass. 3e civ., 3juin 1971, n° 70-10907:
Bull. civ. III, n° 349.
163. Sur cette question, v. supra, n° 86.
164. V. n o t Cass. 3e civ., 23 avr. 2013, nu 12-16648.
165. V. supra, n" 46 et s.
166. Pour une illustration, Cass. 3' civ., 30janv. 2007, n° 06-13886.
167. Sur le contrôle exercé par la Cour de cassation, v. not. Cass. 3e civ., 20 oct. 2010, n° 09-14244 :
Bull. civ. III, n° 188.
210 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
Les modalités de réalisation des travaux sont également encadrées puisque
le copropriétaire devra recevoir une notification au moins huit jours avant
le début de leur réalisation, sauf impératif de sécurité ou de conservation
des biens168. Ce copropriétaire ne devra pas faire obstacle à l’exécution des
travaux à peine de se voir contraint de laisser l’accès et d’engager sa
responsabilité169. Toute atteinte emportant un trouble de jouissance
grave, même temporaire, ou des dégradations, ouvre droit à une indemnité
au profit du copropriétaire affecté. La même solution s’applique en cas de
diminution définitive de la valeur de son lot170. La charge de cette indem
nité sera répartie entre les copropriétaires en proportion de la participation
de chacun au coût des travaux, ce qui conduit à tenir compte, le cas
échéant, de la participation du copropriétaire affecté1' 1.
349. Réalisation de travaux d’intérêt collectif sur les parties privatives.
L’ordonnance n° 2019-1101 du 30 octobre 2019 élargit la liste des travaux
d’intérêt collectif susceptibles d’être réalisés sur les parties privatives
d’un copropriétaire en l’absence d’accord de sa part. Initialement limi
tée, puis étendue par la loi ALUR, l’énumération disparaît au profit
d’une formule générale qui figurait déjà dans la rédaction antérieure,
celle des « travaux d’intérêt collectif ». Lorsqu’ils ont été régulièrement
décidés par l’assemblée générale, et dès lors que l’affectation, la consis
tance ou la jouissance des parties privatives n’en sont pas altérées de
manière durable, le copropriétaire concerné ne peut y faire obstacle.
Comme bien souvent, les rédacteurs de l’ordonnance n’innovent pas
mais amplifient un mouvement amorcé précédemment. L’atteinte au
droit du copropriétaire sur ses parties privatives étant considérable1u ,
l’article 9, II, alinéa 2, prévoit une limite dans l’hypothèse où une solu
tion alternative, n’affectant pas les parties privatives, existe. Dans ce cas,
les travaux ne pourront être imposés « que si les circonstances le justi
fient ». En fait de limitation de l’atteinte portée au droit du
168. L. lOjuill. 1965, art. 9, al. 4. Le texte précise en outre que le syndicat exerce les pouvoirs du
maître d’ouvrage jusqu’à réception des travaux (al. 3).
169. V. not., Cass. 3e civ., 21janv. 2010, n° 08-15884. Comp. Cass. 3cciv., 8juin 1988, n° 87-12367:
Bull. civ. III, n° 104.
170. L. 10juill. 1965, art. 9, al. 5. Le trouble subi ne saurait être indemnisé sur un autre fondement.
Pour l’exclusion du principe de responsabilité du fait des choses tiré de l’article 1242, ali
néa 1er, du Code civil, Cass. 3e civ., 14janv. 2015, n° 13-28030.
171. Le copropriétaire subira également la charge des frais supplémentaires engendrés par des
travaux qu’il aurait réalisés dans ses parties privatives en violation du règlement. V. not,
pour les frais de dépose du coffrage privatif mis en place dans une salle de bains,
Cass. 3e civ., 17juin 2009, n° 08-16144.
172. Certains auteurs évoquant un « droit de propriété relatif » (D. T om asin , « La structure juridique
de l’immeuble en copropriété après l’ordonnance du 30octobre 2019 », AJDI2019, p. 847).
LA SITUATION DES COPROPRIÉTAIRES 211
173. G. C ornu (dir.), Vocabulaire juridique, 10e éd., PUF, 2014, v° « circonstances », sens 1.
174. C. civ., art. 1195.
175. V. aussi en ce sens, G. Gil, « Les travaux. Les apports de l’ordonnance du 30 octobre 2019 »,
Loyers et copr. 2020, dossier 10, n° 34.
212 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
1. Les travaux sans incidence sur les parties communes ou l’aspect extérieur
de l’immeuble
350. Principe de liberté d’usage et de jouissance. - L’article 9 de la loi affirme
clairement que chaque copropriétaire use et jouit librement de ses parties
privatives sous la condition de ne porter atteinte ni aux droits des autres
copropriétaires1'6, ni à la destination de l’immeuble1“ . L’article 25, b), de
la loi de 1965 qui soumet à autorisation les travaux individuels des copro
priétaires affectant les parties communes ou l’aspect extérieur de l’im
meuble justifie a contrario cette solution. Le règlement de copropriété ne
peut donc imposer des contraintes spécifiques telles que l’information du
syndic ou la visite préalable d ’un architecte nommé par ses soins178. Ainsi,
dès lors que l’aspect extérieur de l’immeuble n ’est pas affecté, et sous
réserve des éventuelles autorisations administratives requises, chaque
copropriétaire peut procéder au réaménagement de ses parties privatives
en abattant ou en construisant des cloisons179, en créant une
mezzanine180 ou en condamnant une cheminée181.
185. Cass. 3e civ., 18 sept. 2012, n° 11-18894: autorisation donnée à un copropriétaire de procéder
au changement, à ses frais, de la chaudière.
186. V. infra, n° 351.
187. Cass. 3e civ„ 8 nov. 2006, n° 05-19141 : D. 2007, p. 2188, obs. P. Capoulade.
188. Cass. 3e civ., 2 mars 2005, n° 03-20889 : Bull. civ. III, n° 54.
189. A fortiori lorsque l’urgence est imputable à la négligence du copropriétaire (Cass. 3e civ., 3juin
2014, n" 13-15424).
190. Cass. 3e civ., 6 mars 1991, n° 88-16770 : Bull. civ. III, n° 81.
191. A l’exclusion notamment du conseil syndical, Cass. 3e civ., 25janv. 1995, n° 92-19600:
Bull. civ. III, n° 81.
192. Les travaux d’accessibilité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite sont cependant
autorisés à la majorité de l’article 24, c).
193. J.-R. Bouyeuhe, op. cit, n° 347.
194. Cass. 3e civ., 20 mars 2002, n° 00-17751 : Bull. civ. III, n° 70.
214 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
195. V. not., Cass. 3e civ., 4juin 2014, n° 13-15400, concédant que les travaux n ’ont pas à être rigou
reusement identiques à ceux refusés par l’assemblée générale, dans une espère où le projet
soumis avait été légèrement amélioré dans l’intervalle, notamment sur le plan esthétique (ins
tallation d ’une gaine d’extraction des gaz brûlés).
196. Pour un rejet dans l’hypothèse où les travaux d ’aménagement d ’un toit-terrasse nécessitaient
une modification du règlement de copropriété et relevaient de l’article 26, Cass. 3e civ., 3juin
2014, n° 13-15753.
197. Cass. 3' civ., 12 sept. 2009, n° 09-12654 : Bull. civ. III, n° 83.
198. Cass. 3e civ., 13 févr. 1991, n° 89-15938 : BuU. civ. III, n° 54.
199. L. 10juill. 1965, art. 30, al. 4.
200. Cass. 3e civ., 9 mars 2005, n° 03-12596 : Bull civ. III, n" 64.
201. V. not. Cass. 3e civ., 15 déc. 1999, n° 98-12715.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 215
202. V. n o t, refusant déjuger le refus constitutif d’un abus de majorité, faute d ’intention de nuire,
CA Aix-en-Provence, 2 avr. 2010, n° 2010/123: Loyers et copr. 2010, comm. 331, obs.
G. Vigneron.
203. Ce qui ne vise pas toutes les parties privatives des lots. V. G. G il, « Les travaux. Les apports de
l’ordonnance du 30 octobre 2019 », loyers et copr. 2020, dossier 10, nu 16 et s.
204. La formule n ’est pas identique à celle de l’article 25, même si le rapport sur l’ordonnance
laisse entendre que c’est bien cette majorité qui était visée par le gouvernement. En l’état,
un doute sérieux subsiste sur l’interprétation de ce texte, qui pourrait être rapproché de l’ar
ticle 24 (« majorité des voix exprimées des copropriétaires ») ou de l’article 25 (« majorité des
voix de tous les copropriétaires »). La rédaction sera, peut-on espérer, modifiée à l’occasion
de la ratification à venir.
216 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
part de parties communes. Mais ces deux éléments sont indissociables, si
bien que la cession de tout ou parue de ses parties communes par un copro
priétaire est impossible sans la cession simultanée de parues privatives. L’ar
ticle 6 de la loi du lOjuillet 1965 énonce ainsi que « les parties communes et
les droits qui leur sont accessoires ne peuvent faire l’objet, séparément des
parties privaüves, d’une action en partage ni d’une licitation forcée ». La
jurisprudence en tire comme conséquence que l’expropriaüon d’un lot
de copropriété à l’exception des parties communes n’est pas possible203.
La loi ALUR a cependant ouvert une brèche dans ce principe en introdui
sant, à titre expérimental pour une durée de dix ans, la possibilité d’expro
prier les parues communes206. Cette expropriation a lieu au profit de la
commune ou d’un établissement public de coopération intercommunal
(EPCI). L’état descriptif de division est alors modifié, distinguant les
« biens privatifs », auxquels est attachée « une servitude des biens d’intérêt
collectif ». C’est bien la structure même de la copropriété qui est affectée,
chaque copropriétaire n’étant plus titulaire que de biens privatifs, sans que
soit mise en commun la propriété des parties communes.
358. Aliénation des parties communes par la collectivité des copropriétaires. -
Les copropriétaires réunis en assemblée générale peuvent décider d’accom
plir des actes de disposition portant sur les parties communes. Les hypothè
ses sont nombreuses, qui vont de la cession d’un morceau de couloir ou de
comble à la vente de la loge du concierge, en passant par la cession d’un
droit à construire. Les règles de majorité varient suivant le type d’actes.
Lorsque la cession résulte de la mise en œuvre d’une obligation légale ou
réglementaire, elle est soumise à la majorité de l’article 25, soit la majorité
des voix de tous les copropriétaires20'. Dans les autres cas, c’est la majorité
de l’article 26 qui s’applique, c’est-à-dire la majorité des deux tiers des voix,
représentant au moins la moitié des copropriétaires. L’unanimité est même
requise pour décider l’aliénation de parties communes dont la conservation
est nécessaire au respect de la destination de l’immeuble208. Si l’acte de
cession ou de constitution d’un droit réel est valablement passé par le syn
dicat après l’autorisation209, le prix en sera réparti entre les copropriétaires
205. Cass. 3' civ., 31janv. 2007, n” 06-12404: Bull. civ. III, n°14; AJDI 2007, p. 484, obs.
P. Capoulade.
206. CCH, art. L. 615-10.
207. L. lOjuill. 1965, art. 25, d), qui évoque les règles « relatives à l’établissement de cours commu
nes, d’autres servitudes ou à la cession de droits de mitoyenneté ».
208. L. lOjuill. 1965, art. 26, dernier alinéa.
209. L. lOjuill. 1965, art. 16, al. 1".
LA SITUATION DES COPROPRIÉTAIRES 217
pratiques de la vidéoprotection », Droit et Ville 2012, n ° 74, p. 129 ; G. R ouzet, « Vidéo protec
tion et copropriété. La problémaüque », ilrid., p. 119.
224. Un formulaire en ligne peut être utilisé : www.televideoprotection.interieur.gouv.fr.
225. C. sécurité intérieure, art L. 251-2.
226. Cass. 3eciv., 11 mai 2011, n° 10-16967 : les travaux d’installation d’un système de vidéosurveil
lance dans une villa privative au sein d’un ensemble immobilier, qui permettent de filmer les
copropriétaires circulant dans les parties communes « compromettaient de manière intolé
rable les droits détenus par chacun d’eux dans leur libre exercice de leurs droits sur les par
ties communes ».
227. L. 10juill. 1965, art. 25, n).
228. L. lOjuill. 1965, art. 25, m), renvoyant à l’article L. 126-1-1 CCH.
229. CCH, art. L. 126-1-1, al. 2.
220 LA C O PR O PR IÉ T É DES IMMEUBLES BÂTIS
1804, concernait déjà la répartition des charges par étages2'54. C’est surtout
la loi de 1938 qui, délaissant le critère simpliste des étages de l’immeuble, a
introduit, sur le modèle de l’indivision, un système supplétif de répartition
en proportion des valeurs respectives des parties privatives suivant les tantiè
mes de copropriété. La pratique avait alors élaboré des modes de répartition
plus raffinés, usant de la liberté laissée aux rédacteurs des règlements. Atta
chée au caractère contractuel d’une telle répartition, la Cour de cassation
excluait cependant toute modification ultérieure en l’absence d’accord una
nime des copropriétaires2'4’. La loi du lOjuillet 1965 adopta un système plus
complexe, parfois même trop subtil236, destiné à répondre à la multiplica
tion des services et équipements communs au sein de l’immeuble, en distin
guant plusieurs catégories de charges réparties selon des critères distincts237.
Elle permit également de modifier la répartition initiale des charges.
234. « Lorsque les différents étages d’une maison appartiennent à divers propriétaires, si les titres
de propriété ne règlent pas le mode de réparations et reconstructions, elles doivent être faites
ainsi qu’il suit :
Les gros murs et le toit sont à la charge de tous les propriétaires, chacun en proportion de la
valeur de l’étage qui lui appartient ;
Le propriétaire de chaque étage fait le plancher sur lequel il marche ;
Le propriétaire du premier étage fait l’escalier qui y conduit ; le propriétaire du second étage
fait, à partir du premier, l’escalier qui conduit chez lui ; et ainsi de suite. »
235. Cass. 3e civ., 8janv. 1962 : JCP 1962, II, 12600, obs. J. S.
236. G. V igneron , « La répartition des charges de copropriété et ses subtilités », Loyers et copr. 1999,
chron. n° 5.
237. J. C abanac, « Le nouveau régime des charges communes de copropriété d’après la loi du
lOjuillet 1965 », Gaz. Pal. 1965, 2, docL, p. 80.
238. L. lOjuill. 1965, art. 10, al. 4, réd. L. 13 déc. 2000.
222 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
367. État de répartition des charges. - Le décret de 1967 prévoit q u ’un état de
répartition des charges « définit les différentes catégories de charges et dis
tingue celles relatives à la conservation, à l’entretien et à l’administration de
l’immeuble, celles relatives au fonctionnem ent et à l’entretien de chacun
des élém ents d ’équipem ent communs et celles entraînées par chaque ser
vice collectif ». En outre, « l’état de répartition des charges fixe (...) la
quote-part qui incombe à chaque lot dans chacune des catégories de char
ges ; à défaut, il indique les bases selon lesquelles la répartition est faite
pour une ou plusieurs catégories de charges »239. Le plus souvent, cet état
de répartition des charges est intégré form ellem ent au sein du règlem ent
de copropriété. Les règles q u ’il édicte possèdent une nature contractuelle,
en dépit des contraintes fortes résultant des règles d ’ordre public240.
deux temps. Tout d’abord, c’est le règlement de copropriété qui, dès l’ori
gine, fixe les tantièmes de parties communes détenues par chaque coproprié
taire. Ensuite, cependant, le règlement doit s’appuyer sur la consistance, la
superficie et la situation des lots, sans égard pour leur utilisation. Contraire
ment à la répartition des quotes-parts de parties communes, la répartition
des charges doit nécessairement reposer sur ces critères. Autrement dit, il
ne suffira pas de répartir les charges au regard des superficies des parties
privatives, mais en tenant compte d’une pluralité de critères dont l’apprécia
tion donne lieu à de subtils compromis par les experts239. Outre la superficie,
en effet, il faut tenir compte de la consistance, ce qui conduit à l’application
de coefficients selon la nature du local (distinction entre les parties nobles et
les sous-sols, parkings, etc.) et sa situation (étage, ensoleillement, etc.)260. En
revanche, contrairement aux charges spéciales, il n ’est pas question d’intro
duire une distinction entre les copropriétaires tirée de l’utilité procurée à
leur lot261. Autrement dit, devrait être réputée non écrite la clause qui ferait
peser une charge plus lourde sur certains locaux, notamment les locaux à
usage commercial, par rapport aux locaux à usage d’habitation. La clause
prévoyant, en sens inverse, une exonération totale d’un copropriétaire du
paiement des charges communes serait également contraire à la répartition
prévue par la loi26 .
376. Répartition des charges par bâtiments263. - Pour rigoureuse qu’elle soit
dans ses principes, l’interdiction d’exonérer certains lots de certaines char
ges communes peut méconnaître la réalité de l’immeuble. Il arrive parfois,
en effet, que sa structure ou son organisation justifient un aménagement
spécifique. C’est le cas, bien sûr, des copropriétés organisées avec des syndi
cats secondaires, ou dont le règlement de copropriété distingue entre
l’ensemble des valeurs desdites parties, telles que ces valeurs résultent lors de l’établissement
de la copropriété, de la consistance, de la superficie et de la situation des lots, sans égard à
leur utilisation ».
259. Sur les critères d’appréciation, v. D. C osta-F errandi, « Détermination des charges et expertise
judiciaire », AjDÏ 2008, p. 539.
260. Plus précisément, la situation résulterait du « produit du coefficient d’étage par la moyenne
des coefficients d’éclairement, d’ensoleillement et de vues » (D. C osta-F errandi, art. préc.).
261. Pour l’application à un «lot transitoire », v. Cass. 3 ' civ., 14nov. 1991, n°89-21167:
Bull. civ. III, n°275; D. 1992, p. 277, rapp. P. Capoulade, note D .T omasin; Cass. 3e civ., 7avr.
2004, n° 02-14670: Bull. civ. III, n° 75 ; Defrénois 2005, 1867, note C. A tias. Les titulaires de
lots transitoires ne devraient cependant être tenus que des seules charges générales, à l’ex
clusion des charges spéciales, faute d’utilité objective.
262. Même dans l’hypothèse d’une distinction entre lots bâtis ou constructibles et lots inconstruc
tibles, Cass. 3e civ., 8févr. 1995, n° 92-15799: Bull. civ. III, n°41. Sur cette question, v. aussi,
S. B f.nilsi, « Les conventions relatives aux charges de copropriété », R1DI2013/3, p. 7.
263. J.-R. Bouyeure, «La spécialisation des charges de l’article 10, alinéa 2 de la loi du lOjuillet
1965 », Administrer 2010, n° 433, p. 18 ; G. C il , « Parties communes spéciales, charges particu
lières et assemblées restreintes », Administrer 2010, n° 437, p. 19.
226 LA C O PR O PR IE T E DES IMMEUBLES BATIS
264. Le règlement de copropriété pouvant créer une propriété commune distincte de celle
concernant l’ensemble de l’immeuble (Cass. 3e civ., 6nov. 1969, Bull. civ. III, n°718;
Cass. 3e civ., 27 sept 2005, n° 04-15541).
265. L. 10juill. 1965, art. 24, al. 4.
266. V. en ce sens, Cass. 3e civ., 3févr. 1988, n° 86-17104 (mais la validité du règlement de copro
priété n ’était pas contestée) ; Cass. 3e civ., ôjuill. 1988, n° 87-12734 (voie de desserte exclusi
vement réservée aux bâtiments à usage commercial) ; Cass. 3e civ., 3juin 2009, n° 07-20314.
267. Certains arrêts évoquant cependant l’existence de parties communes spéciales (Cass. 3e civ.,
4juill. 2006, n° 05-11058).
268. Si certains arrêts évoquent la destination spécifique de certains lots « de nature à constituer
une sorte de “sous-copropriété” au sein de la copropriété », les lots en cause, à usage de sta
tion-service et de garage, situés au rez-de-chaussée et au sous-sol de l’immeuble étaient « indé
pendants du reste de l’immeuble » (Cass. 3e civ., 18 déc. 1996, n °94-17620).
269. P. C apoulade et D. T omasin (dir.), La copropriété, op. cil., n° 242.81.
270. G. V igneron, « La répartition des charges de copropriété et ses subtilités », Loyers et copr. 1999,
Étude 5.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 227
271. Sur cette question, v. C. C hapelle, « L’obligation d ’individualisation des frais de chauffage et
de refroidissement dans les immeubles collectifs : principe, mise en œuvre et limites », AJDI
2020, p. 199.
272. Cass. 3e civ., 17 mai 1995, n° 93-16624 (arrêté d ’insalubrité et interdiction d’habiter en raison
d ’un vice de la construction).
273. Encore les juges doivent-ils vérifier si le chauffage présente une utilité (Cass. 3e civ., 13juin
1984, n° 82-13778 : Bull. civ. III, n° 116) ou si le lot n’était raccordable qu’au prix de dépenses
exagérées.
274. Cass. 3e civ., 18 déc. 1991, n° 90-17601 : Bull. civ. III, n° 324, censurant un arrêt qui avait admis,
« au plan des principes », une répartition à proportion des millièmes de copropriété sans
rechercher si un tel rapport existait dans l’immeuble considéré.
275. Cass. 3 'civ., 8févr. 1977: D. 1978, p ; 22, note H. Souleau ; Cass. 3e civ., 9nov. 1994, n°92-
21494: Bull. ou.III, n°186; Cass. 3eciv., 28mars 2006, n°05-12840 (implicite). V.également,
Cass. 3eciv., 9juin 1993, n °91-14792: «le mode de répartition des frais de chauffage à
228 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
proportion des quotes-parts de parties communes était celui qui répondait le mieux au cri
tère de l’utilité objective prévue par la loi ».
276. V. not., Cass. 3eciv„ 23juin 2010, n° 09-67529 : Bull. civ. III, n° 129.
277. Lots situés au rez-de-chaussée ou chambres de service non desservies. V. not., Cass. 3e civ.,
17 mars 1971, n° 69-14483: Bull. civ. III, n°192; Cass. 3e civ., 5juin 1970, n° 69-10929,
Bull. civ. III, n° 386. Il en irait différemment néanmoins si les propriétaires d ’un lot situé au
rez-de-chaussée disposaient également d ’une cave ou d ’un parking desservis par l’ascenseur.
278. Des grilles sont généralement adoptées, qui tiennent compte de l’étage où se situe le lot, de
sa superficie et du nombre de pièces principales. V. not. Cass. 3e' civ., 4avr. 2002, n° 00-16901.
279. V. not., sur la différence éventuelle du montant des charges entre les copropriétaires de lots
situés à deux étages différents, lorsque les ascenseurs ne desservent que des paliers intermé
diaires, Cass. 3e civ., 15 mai 2001, n° 00-10159.
280. Cass. 3e civ., 10 mai 1994, n" 92-12460; Cass. 3e civ., 24 mai 1989, n° 87-15111; Cass. 3' civ.,
15 déc. 2009, n° 09-10873.
281. Cass. 3' civ., 20juill. 1994, n° 92-14905, admettant le classement des espaces verts dans les
charges générales.
282. Cass. 3e civ., Sjuill. 1998, n” 96-21629 : Bull. civ. III, n° 161 : absence d ’exonération des lots com
merciaux du rez-de-chaussée ou du sous-sol. Comp., pour un règlement de copropriété stipulant
que les propriétaires de boutiques, procédant eux-mêmes tous les cinq ans à la réfection de leurs
devantures, ne participeront pas aux frais de ravalement, à moins que la peinture ou la réfection
de la devanture n’ait pas été faite en temps voulu, Cass. 3e civ., 14nov. 1991, n° 90-10929.
283. CA Paris, 6févr. 2003, n° 2002/14847.
LA SITUATION DES COPROPRIÉTAIRES 229
284. Cass. 3e civ., 6 mars 1991, n° 90-17050 : Bull. civ. III, n° 80.
285. Cass. 3 ' civ., 20 déc. 2000, n° 99-16059 : Bull. civ. III, n° 198.
286. Cass. 3 ' civ., 4janv. 1991, n ” 89-15602; Cass. 3 ' civ., 6 mars 1991, n° 90-17050: Bull civ. III,
n° 80 ; Cass. 3e civ., 13 déc. 2011, n° 10-28763.
287. Pour une illustration, v. Cass. 3e civ., 11 mars 2014, n° 12-28344.
288. V .n o t, Cass. 3 ' civ., 6 mai 2003, n° 02-10828: Bull. civ. III, n °9 5 ; Cass. 3 ' civ., 4janv. 1989,
n° 87-16234 : Bull. civ. III, n° 2.
289. Cass. 3e civ., 8juill. 1998, n° 96-21629 : Bull. civ. III, n° 161, qui réputé non écrite la clause qui
exonérait un lot comm ercial du paiem ent de ces charges; Cass.3 ' civ., 12janv. 1982, n°80-
14313 : Bull. civ. III, n°9.
290. Cass. 3e civ., 1er avr. 1987, n° 85-16025 : Bull. civ. III, n° 74.
291. V .not., Cass. 3 ' civ., 22 mai 2013, n° 12-16217; Cass. 3e civ., 17 mars 2010, n° 09-12196;
Cass. 3e civ., 4juin 2009, n° 08-14889.
292. Cass. 3e civ., 4janv. 1991, n° 89-15602 : BuU. civ. III, n° 3.
293. Cass. 3e civ., 6m ars 1991, n " 89-17050 : Bull. civ. III, n°80.
294. Cass. 3e civ., 20 déc. 2000, n° 99-16059 : Bull. civ. III, n° 198.
230 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
surcoût de personnel de sécurité rendu nécessaire par l’affectation de ces
lots peut justifier qu’ils supportent une charge plus importante, liée à l’uti
lité parüculière présentée pour eu x '1'’.
386. Critères de répartition des charges.
L’ordonnance du 30 octobre 2019 retouche légèrement la rédaction de
l’article 10 de la loi de 1965. D’abord, s’agissant des charges spéciales, le
texte précise qu’elles sont calculées en fonction de l’utilité objective que
les services et éléments d’équipement présentent pour chaque lot. Le
législateur consacre ici l’interprétation retenue par la jurisprudence“96 et
clarifie ainsi la rédaction du texte. L’article 10 précise en outre que cette
répartition ne vaut que dès lors que les charges n’étaient pas individuali
sées, situation qui se développe avec les compteurs individuels de chauf
fage. Ensuite, les charges générales relatives à la conservation, à l’entretien
et à l’administration des parties communes doivent s’entendre pour les
parues communes aussi bien générales que spéciales. Enfin, l’article 10,
alinéa 3, actualise la règle d’indication, dans le règlement de copropriété,
des éléments pris en considération et de la méthode de calcul29' et un
nouvel alinéa 4 résulte du déplacement de l’article 24, III, de la loi.
298. Ce qui n’est pas le cas de la simple installation d’un compteur de calories (Cass. 3eciv.,
12févr. 2003, n° 01-12456) ou de compteurs d’eau chaude sanitaire et de chauffage confor
mément aux dispositions des articles R. 131-2 et suivants CCH, qui dérogent au principe de
l’intangibilité de la répartition des charges (Cass. 3e civ., 17 nov. 2004, n° 03-10002:
Bull. civ. III, n° 201).
299. X. supra, n°221.
300. Cass. 3e civ., 22 mars 1995, nü 93-15614.
301. Une nouvelle répartition des charges ne pouvant résulter implicitement de l’approbation des
comptes de la copropriété pour certains exercices (Cass. 3” civ., 3oct. 1991, n° 89-20904:
Bull. civ. III, n° 224 ; Cass. 3e civ., 25 nov. 2003, n° 02-14119).
302. Cass. 3' civ., 6 oct. 1999, n° 98-10924 : Bull. civ. III, n" 197.
303. « Ne sont adoptées qu’à la majorité des voix de tous les copropriétaires les décisions concernant
[...] la modification de la répartition des charges visées à l’alinéa 1erde l’article 10 ci-dessus
rendue nécessaire par un changement de l’usage d’une ou plusieurs parties privatives ».
232 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
304. Cass. 3e civ., 20juin 2001, n° 00-10476 : l’admission d ’une tolérance pour l’exercice de profes
sions libérales n ’en changeait pas moins l’usage d ’habitation du lot, permettant une modifi
cation des charges à la majorité de l’article 25.
305. Cass. 3e civ., l " oct. 2014, n° 13-21745.
306. J. C abanac , « Le nouveau régime des charges communes de copropriété d ’après la loi du
lOjuillet 1965 », Gaz. Pal. 1965, 2, doct., p. 80, spéc. p. 81.
307. Jugeant l’action prématurée, Cass. 3 'civ., 6oct. 1999, n° 98-10924: Bull. civ. III, n° 197 ;
Cass. 3e civ., 4janv. 2006, n° 04-15723.
308. V. supra, n° 229 et s.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 233
correspondant à celle d’un autre copropriétaire est inférieure de plus
d’un quart (...) à celle qui résulterait d’une répartition conforme aux dis
positions de l’article 10 ». On retrouve les contours des actions en révision
pour lésion ou en complément de part dans le partage, à la « simplicité
toute arithmétique »309. L’action est exercée contre le syndicat ou le
copropriétaire favorisé, suivant l’hypothèse, le syndicat étant nécessaire
ment appelé en la cause310. Bien qu’on ait pu, à l’époque de la loi, crain
dre le contraire311, l’effet de cette disposition est demeuré très limité. La
brièveté du délai de l’acüon, autant que ses effets peuvent l’expliquer. Le
copropriétaire d’un lot doit en effet agir dans les cinq ans suivant la publi
cation du règlement de copropriété au fichier immobilier ou avant l’expi
ration d’un délai de deux ans à compter de la première mutation à titre
onéreux de ce lot intervenue depuis ladite publication. Quant aux effets,
ils n’ont lieu que pour l’avenir31 , le tribunal fixant la nouvelle répartition
des charges en distinguant suivant les catégories légales313, le cas échéant
assisté d’un expert. De fait, l’essentiel du contentieux semble s’être
reporté sur une nouvelle action d’origine prétorienne, visant à supprimer
les clauses illicites.
394. Action en nullité des clauses de répartition des charges illicites (art. 43)314.
- Ainsi que le soulignait Atias, « la création de l’action en déclaration
d’illégalité semble bien relever de cette loi sociologique selon laquelle le
juge répugne à exercer les pouvoirs étendus que la loi lui accorde, mais
refuse de se laisser enfermer dans les pouvoirs trop restreints qu’elle lui
octroie »31:>. Sans revenir sur les fondements et modalités de cette action,
distincte de l’action en révision316, soulignons cependant que lorsqu’elle
vise une répartition illicite des charges, l’action en suppression de la clause
n’emporte pas l’annulation rétroactive des répartitions déjà réalisées.
Concrètement donc, la suppression ne pourra prendre effet qu’à l’avenir,
à la suite d’une nouvelle délibération de l’assemblée générale31’.
309. C. Atias, «Action en déclaration d’illégalité de la répartition des charges et action en révision
pour lésion », AJDI2008, p. 546.
310. D. 17 mars 1967, art. 52 et 53.
311. J. Cabanac, art. préc., p. 84.
312. Soit, précisément, à la date du jugement de première instance, non de l’arrêt confirmatif
(Cass. 3e civ., 23 avr. 1992, n° 89-21086 : Bull. civ. III, n° 136).
313. Cass. 3' civ., 4janv. 1973, n° 71-14376 : Bull. civ. III, n° 12.
314. J.-M. T aiau, «La correction judiciaire de la répartition illégale des charges de copropriété:
consistance et interrogations », Loyers et copr. 2010, Etude 10.
315. C. Atias, «Action en déclaration d’illégalité de la répartition des charges et action en révision
pour lésion », art. préc.
316. Sur la différence, v. Cass. 3e civ., 17juin 2009, n” 08-16324 : Bull. civ. III, n° 144.
317. V. supra, n° 92 et s.
234 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
2. Tout copropriétaire
401. Copropriétaire dispensé de paiement des charges? - L’obligation au paie
ment des charges de copropriété est une obligation attachée à la qualité de
copropriétaire. Attachée à la quote-part de parties communes indissociable
de ses parties privatives, cette obligation ne peut être écartée. La clause qui
dispenserait un copropriétaire du paiement des charges serait nécessaire
ment illicite324.
402. Copropriétaire, personne publique. - Si le statut de la copropriété est
incompatible avec les règles de la domanialité publique32*1, les personnes
publiques peuvent être titulaires d’un lot de copropriété. Lorsqu’il en est
ainsi, l’État ou les collectivités publiques concernées ne disposent d’aucun
traitement de faveur et sont donc nécessairement tenus de payer les char
ges, même pour les dépenses d ’assurance32*1.
403. Copropriétaires indivisaires.- Il n ’existe pas de solidarité spécialement
édictée entre les indivisaires pour le paiement des charges. Chaque copro
priétaire est donc tenu conjointement, à proportion de ses droits dans
321. P. Capouladf. et D. Tomasin (dir.), La coprofmété, 9e’ éd., Dalloz, Dalloz Action, 2018, n° 232-251.
322. Cass. 3e civ., l erjuill. 1980, n° 78-15721 : Bull. civ. III, n° 127 ; D. 1981, p. 1, note P. C apoulade et
C. G iverdon ; /C/LV1980, II, 236, note C. A tias.
323. D. 17 mars 1967, art. 6-3 : « toute convention contraire aux dispositions de l’article 6-2 n ’a d ’ef
fet qu’entre les parties à la mutation à titre onéreux ». Pour une application, v. Cass. 3e civ.,
11 oct. 2005, n° 04-17178, qui relève que le syndicat est un tiers au contrat de vente.
324. V. not., Cass. 3e civ., l"av r. 1987, n° 85-16025: Bull. civ. III, n°74; Cass. 3e civ., 6 mai 2003,
n° 02-10028 : Bull. civ. III, n° 95.
325. V. supra, n° 25.
326. Rép. min. QE n° 13068, JOAN Q 11 septembre 1999, 4077.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 237
327. Cass. l re civ., 16juill. 1992, n° 90-17972: Bull. civ. I, n°236; D. 1993, p. 171, note E .S . de La
Marnterre; Cass. 3e civ., 22 juin 1994, n° 92-19571.
328. Sauf pour le syndicat à dém ontrer qu’il ne connaissait pas les quotes-parts de droits indivis
détenus par les copropriétaires du lot : Cass. 3r civ., 7 nov. 2018, n° 17-26729.
329. V. not., Cass. 1™civ., 12 déc. 2007, n° 06-11877 : Bull. civ. I, n" 385 : « les charges de copropriété
relaüves à l’occupation privative et personnelle par l’un des indivisaires de l’immeuble indivis
et concernant notamment l’entretien courant, l’eau et le chauffage collectif, incombaient à
l’occupant et (...) seules les autres charges de copropriété, devaient figurer au passif du
compte de l’indivision ».
330. Cass. 3 'civ., T 'd é c. 2004, n°03-17518: Bull. civ. III, n°221 : «si la solidarité ne s’attache de
plein droit ni à la qualité d ’indivisaire, ni à la circonstance que l’un d ’eux ait agi comme
mandataire des autres, la clause de solidarité stipulée dans un règlement de copropriété
n ’est pas prohibée entre indivisaires conventionnels d’un lot, tenus de désigner un manda
taire commun ».
331. Cass. 3e civ., 23 mai 2007, n° 06-13459 : JCP G 2007,1, 197, obs. H. P erinet-Marquet.
332. Certains arrêts retiennent cependant une obligation in solidum du nu-propriétaire et de l’usu
fruitier. V. par ex., CA Versailles, 25janv. 2010: Loyers et copr. 2010, comm. 200, obs.
G. V igneron. V. aussi, en présence d ’un droit d ’usage et d ’habitation, Cass. 3” civ., 23 févr.
2000, n° 98-17231 : Bull. civ. III, n° 40, jugeant qu’« aucun texte légal ou réglementaire n ’exo
nère un copropriétaire, sous prétexte qu’aurait été constitué un droit d ’usage et d ’habitation,
de l’obligation de paiement des charges instituées par l’article 10 de la loi du lOjuillet 1965 »,
avant de déduire que le tribunal saisi d ’une demande de condamnation in solidum n ’était pas
tenu « de régler les rapports entre les titulaires des droits démembrés ».
333. Cass. l rc civ., 16 nov. 2004, n° 02-12562.
334. Par ex. pour des travaux sur un ascenseur, CA Paris, 12janv. 2006 : loyers et copr. 2006, comm.
86, obs. G. V igneron.
238 LA COPROPRIETE DES IMMEUBLES BATIS
B. La procédure de recouvrement
406. Action en recouvrement de charges. - Bien que le statut de la copropriété
tâche d ’éviter une action en recouvrem ent des charges, notam m ent en
favorisant l’exigibilité des provisions ou avances, le syndicat doit parfois y
recourir. Ce type d ’action représente la plus large part du contentieux rela
tif à la copropriété, ce qui explique que le législateur reprenne fréquem
m ent la question. L’action en recouvrem ent de charges est engagée par le
syndic, au nom du syndicat des copropriétaires, sans avoir besoin d ’obtenir
l’autorisation préalable de l’assemblée générale338. Elle doit être exercée,
depuis la loi ELAN, dans le délai prévu par l’article 2224 applicable aux
relations personnelles entre le syndicat et les copropriétaires, c’est-à-dire
cinq ans à com pter du jo u r où le syndicat a connu ou aurait dû connaître
les faits lui perm ettant de l’exercer, dans ce cas à com pter de la date de
naissance de la créance du syndicat.
407. Procédure accélérée de versement d’une provision. - Depuis la loi SRU, le
syndicat de copropriété dispose d ’un outil plus efficace pour lutter contre
le phénom ène des impayés en copropriété. L’article 19-2 de la loi lui per
m et en effet, de rendre im m édiatem ent exigibles l’ensemble des provisions
non encore échues et les sommes restant dues appelées au titre des exerci
ces précédents après approbation des comptes, dès lors q u ’un coproprié
taire n ’aura pas versé une provision à sa date d ’exigibilité et que la mise
en dem eure adressée par le syndicat sera restée infructueuse passé un
335. Cass. 3' civ., 23janv. 2007, n° 06-16062 : Bull. cm. III, n° 41.
336. CA Paris, 21 déc. 1994 : D. 1997, Somm., p. 246 ; CA Paris, 24 nov. 1999 : Rev. Loyers 2000, 213.
337. Cass. 3 'civ., 14avr. 2016, n° 15-12545. V. déjà, Cass. 3e civ., 30 nov. 2004, n° 03-11201.
338. D. 17 mars 1967, art. 55, al. 3.
LA SITUATION DES COPROPRIETAIRES 239
délai de trente jours. Les sommes concernées sont les provisions de charges
définies au budget prévisionnel339, les cotisations au fonds de travaux340 ou
les sommes destinées à des travaux non prévus dans le budget prévisionnel.
Sont également incluses dans les sommes devenant exigibles immédiate
ment les sommes restant dues appelées au titre des exercices précédents
après approbation des comptes, la loi ELAN les y ayant expressément
intégrées341. Lorsque les conditions sont réunies, le syndicat saisit le prési
dent du tribunal judiciaire, statuant selon la procédure accélérée, lequel
condamnera le copropriétaire au paiement des provisions ou sommes exigi
bles, après avoir constaté l’approbation par l’assemblée générale du budget
prévisionnel ou des travaux et la défaillance du copropriétaire. L’article 19
2 précise que « lorsque la mesure d’exécution porte sur une créance à exé
cution successive du débiteur du copropriétaire défaillant, notamment une
créance de loyer ou d’indemnité d’occupation, cette mesure se poursuit
jusqu’à l’extinction de la créance du syndicat résultant de l’ordonnance ».
408. Consistance matérielle de l’immeuble. - Qu’il soit l’objet d ’une double divi
sion, par lots entre copropriétaires, et par parues, communes ou privatives,
n ’enlève pas à l’immeuble sa réalité matérielle : un immeuble bâti, soumis
aux outrages du temps, dégradations et usure. Chaque copropriétaire par
ticipe à la préservation de ce bien par la participation aux charges d’entre
tien, voire d ’amélioration. Il arrive parfois que l’immeuble soit détruit, ce
qui pose la question de son éventuelle reconstruction.
18. Sur cette question, v. plus généralement, G. C hantepie, « Groupements restreints et collabora
tions renforcées », .4/0/ 2015, p. 277.
19. Cass. 3eciv., 8oct. 2003, n° 01-17112.
20. Cass. 3e civ., 12 oct. 1988, n° 87-12231 : Bull. civ. III, n° 139.
21. L. lOjuill. 1965, art. 30, dernier alinéa.
246 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
35. Pour une application, CA Paris, 6juill. 2007 : Loyers et copr. 2007, comm. 232, obs. G. V igneron ,
retenant que « les frais de reconstruction ou de remise en état doivent être supportés par
chaque copropriétaire au prorata des tantièmes de copropriété attribués à son lot».
36. CA Paris, 20 mai 1999: AJDI1999, p. 719.
37. Sur l’affectation de l’indemnité d ’assurance en cas de non-reconstruction, v. Cass. 3e civ.,
6 mai 2014, n° 12-23810.
Table alphabétique
Les numéros renvoient aux paragraphes, non aux pages.
A - conservation, entretien et
administration des parties communes,
Accessibilité du logement, 355 374 ets.
Acquéreur d’un lot de copropriété, - eau chaude, eau froide, 379
231, 308 et s. - modification de la répartition, 387 et s.
- recouvrement, 395
Administrateur ad hoc, 244 - répartition, 366 ets.
Administrateur provisoire, 243 - révision, 393
Archives du syndicat, 254, 255 - sécurité, 385
- services collectifs et équipements
Ascenseur, 54, 355, 373, 380, 414, 417 communs, 370 ets.
Assemblée générale, 187 et s. Clauses du règlement de copropriété,
- contestation des décisions, 229 et s. v. Règlement de copropriété
- convocation, 190 et s.
- documents préparatoires, 200 Code de la copropriété, 8
- majorités (v. aussi ce mot), 210 ets. Conseil syndical, 278 ets.
- ordre du jour, 198 - composition, 280, 288
- procès-verbal, 226 ets. - délégation de pouvoir, 284, 290
- répartition des voix, 202 et s. - missions, 281 ets.
- représentation, 207 ets. - président, 286
- unanimité, 223 ets. Contentieux de la copropriété, 90, 147
Avis de mutation, 321 ets., 229 ets., 264
Copropriétaires,
- droit de vote, 202 et s.
B - droits sur les parties communes, 356
Bail, 103, 298 ets., 329 ets. ets.
- droits sur les parties privatives, 342 ets.
Balcon, 52 - pluralité, 28, 121
Bâtiment, 57, 130 ets. - protection des, 308 ets.
Budget, 172, 214, 260, 282, 312 Copropriété,
- domaine public, 25
- ensemble immobilier, v. ce mot
C - et droit des biens, 17
- groupe d ’immeubles, 26
Carnet d ’entretien, 316
- sources, 16
Charges, 363 et s. - statut
- ascenseur, 380 - champ d’application, 22 ets.
- chauffage et climatisation, 379 - prise d’effet, 33 ets.
252 LA COPROPRIÉTÉ DES IMMEUBLES BÂTIS
Copropriétés à deux, 174, 206 H
Copropriétés en difficulté, 139, 175 Habitat participatif, 13
et s. Hypothèque légale du syndicat, 324,
Cour, 361 328
Covid-19, avant-propos, 247
I
D Immatriculation du syndicat, 116
Dépenses, 364 Immeuble en construction, 27, 34, 428
Destination de l’immeuble, 63 et s. et s.
Destruction de l’immeuble, 120, 428 Indivision ordinaire, 11, 403
et s. Interphone, 54, 385
Diagnostics, 313 et s.
- diagnostic technique global, 315 J
Division en volumes, 12, 137 Jouissance d’immeuble à temps
Documents du syndicat, 69, 254, 255 partagé, 10
Droit de jouissance exclusif sur une
partie commune, 59 et s. L
Droit de préemption urbain, 297 Liberté d’association, 85
Droits de préemption du locataire, 298 Locataires, 331 et s.
Location saisonnière, 333
E Loge du concierge, 55
Eau, 54, 379 Logement, 15, 36, 355
Enseignes, v. Plaques et enseignes - décent, 334
Ensemble immobilier, 30 et s. Lot à usage exclusif de stationnement,
Entretien de l’immeuble, 409 et s. 306
Escalier, 54, 318, 383 Lot de copropriété, 29, 38 et s.
État daté, 312 - définition, 39
État de répartition des charges, 367 - disposition, 295 et s.
- division du lot, 307
État descriptif de division, 36, 69, 83 - jouissance, 329 et s.
Expropriation, 121, 185, 357 - superficie, 371
- usufruit, 404
F Lot transitoire, 35
Façade, 54, 88, 382 Lotissement, 26
Fenêtre, 52, 353 M
Fiche synthétique, 309, 310 Majorités, 210 et s.
G - article 24, 212 ets.
- article 25, 216 ets.
Gardien, 55, 221 - article 26, 221
Groupe d’immeubles bâtis, 26 - « passerelle » de l’article25-1, 219 ets.,
222
TABLE ALPHABÉTIQUE 253
- responsabilité, 269 et s. T
- révocation, 250
Terrasses, 59, 420
Syndicat des copropriétaires, 109 et s.
- actions en justice, 147 et s. Travaux, 409 ets.
- compte bancaire, 127 - d’accessibilité du logement, 355
- conservation de l'immeuble - d’amélioration, 411 ets.
et administration des parties - d’entretien, 410
communes, 146 - d’intérêt commun, 348
- droits fondamentaux, 123 - parties communes, 351 ets.
- dissolution, 119 et s. - parties privatives, 350
- emprunt, 126 - surélévation, 419 ets.
- en difficulté, v. Copropriétés en difficulté Troubles de voisinage, 46 ets., 347
- garanties, 321 et s.
- immatriculation, 116 ets.
- non-professionnel, 124 U
- opposition au versement des fonds, 322 Unanimité, 223
- patrimoine, 125
- personnalité morale, 114 Union de syndicats, 140 ets.
- privilège spécial immobilier, 325 ets. Usufruit, 204, 404
- responsabilité, 153 ets.
- scission, 134 ets.
- union, 140 ets. V
Syndicat coopératif, 164 ets. Vidéosurveillance, 362, 385
Syndicat secondaire, 129 ets. Volumes, 12, 137, 138
Table des matières
Avant-propos......................................................................................... 7
Introduction......................................................................................... 9
§ 1. Evolution du statut de la copropriété des immeubles bâtis........ 10
§ 2. Copropriété des immeubles bâds et autres modalités
d’appropriation collecdve de l’immeuble........................................... 15
§ 3. Régime de la copropriété des immeubles bâds.......................... 20
PREMIÈRE PARTIE
LA RÉGLEMENTATION DE L’IMMEUBLE EN COPROPRIÉTÉ
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