Précis de Droit de L'énergie

Précis de droit de l’énergie François Campagnola
Droit
François Campagnola
Le aujourd’hui
Le droit de l’énergie recouvre les aspects juridiques
respectivement internes et internationaux de l’énergie. Dans
le premier cas, on traitera du droit français de l’énergie tandis
que, dans le second cas, on traitera de l’internationalisation
La collection
« Le droit de son économie et du développement du droit européen
aujourd’hui » applicable.
Précis de droit
regroupe des
études juridiques Les trois défis qui pèsent sur le droit contemporain de l’énergie
concernant
des problèmes
sont ceux de son internationalisation, de sa libéralisation
économique et de sa décarbonation. À côté des règles
de l’énergie
d’actualité
nationale
et internationale,
issues de l’OMC et de la Charte de l’énergie pour ce qui est
dans divers notamment du transit, l’internationalisation de l’énergie prend
Précis de droit de l’énergie

domaines (éthique, une forme régionale parce que nombre de règles économiques
politique, questions
de société…). et environnementales procèdent en Europe du droit européen.
Dans le deuxième cas, les grands équilibres énergétiques sont
fixés par le droit des marchés qui conditionne les prix ainsi que
par la structure des contrats énergétiques qui lient entre eux les
acteurs de l’énergie. L’objectif de décarbonation des économies
conditionne enfin la structure des mix énergétiques nationaux
par les réductions de la consommation en hydrocarbures qu’ils
imposent et par le poids croissant des énergies renouvelables
qu’ils impliquent.
Spécialisé en droit de l’énergie, en droit maritime et en droit de

l’innovation technologique, François Campagnola est docteur en droit
international public, chercheur associé à l’Institut pour la Prospective
et la Sécurité en Europe (IPSE) et enseignant de droit international
public à l’IEP d’Aix-en-Provence après l’avoir été aux universités de
Paris 8 et de Paris 3. Il a également été attaché parlementaire au
Sénat et à l’Assemblée nationale puis secrétaire général de mairie
ainsi que chargé de mission, respectivement, au cabinet du ministre
de la Défense, à la Délégation aux affaires stratégiques du ministère
LEDIT OUVRAGE EST EN VENTE
CLIQUEZ-MOI POUR LE PAYER
de la Défense et à la direction internationale d’Engie.
[email protected].
Préface de Jacques Percebois
Illustration de couverture : Freepik.
ISBN : 978-2-14-048870-2
28 €
Introduction
Le développement de l’économie de l’énergie est le pro-

duit de celui de l’économie industrielle et le droit qui y est

associé en épouse les contours et les dynamiques. Le droit
de l’énergie est donc tout d’abord un droit relativement ré-
CLIQUEZ-MOI POUR LE
cent. Comme pour bien d’autres nations, le droit interne
français de l’énergie s’est progressivement construit tout au
long du XXe siècle. Le droit international de l’énergie n’a,
PAYERLEDIT OUVRAGE EST EN
lui, véritablement commencé à se développer qu’avec la
crise pétrolière des années 1970 en vue d’en mieux réguler
VENTE CLIQUEZ-MOI POUR LE
les effets au moyen notamment d’une libéralisation des
marchés. Au seuil du XXIe siècle, le développement du
droit de l’énergie se trouve par ailleurs confronté au double
défi de la libéralisation de ses marchés en droit interne,
d’une part, et du renforcement tous azimuts de la contrainte
environnementale, d’autre part. Dans ce dernier cas, il
s’agit de la raréfaction annoncée des ressources en hydro-
carbures, d’une part, et de l’emprise consolidée des impé-

ratifs du changement climatique, d’autre part. En la matière,
il en résulte notamment le développement des économies et

des droits du nucléaire civil et des énergies renouvelables.
Une distinction oppose enfin droit interne et droit interna-
tional de l’énergie qui tient au fait que le premier embrasse
tous les champs de l’économie énergétique tandis que le se-
cond est principalement centré sur l’objectif de libération
du marché international de l’énergie dans ses différentes di-
mensions.
PAYER 11
I
Le droit français de l’énergie
En droit de l’énergie comme dans d’autres branches du

droit, l’administration s’oppose à la régulation. La première
s’ancre dans la souveraineté de l’État et le principe de la

verticalité tandis que la seconde doit son existence à celle
du marché et procède davantage de l’horizontalité. La
CLIQUEZ-MOI POUR LE
France ne déroge pas à cette dichotomie si ce n’est que pen-
dant longtemps l’assise du marché était très étroite. Il en
résultait donc une forte prédominance du droit d’adminis-
tration. Ce n’est toutefois plus le cas aujourd’hui depuis que,
sous l’impulsion de l’Union européenne, le secteur de
l’énergie s’est profondément libéralisé. Ceci ne touche tou-
tefois pas tous les secteurs de l’énergie de la même manière.
Ceux-ci ont en effet leurs spécificités techniques et juri-
diques qui fait du droit de l’énergie un droit différencié et
composite. En dehors du poids de la technicité qui touche
toutes les énergies, celles-ci se distinguent par leur nature
même. Ainsi les traiterons-nous de manière différenciée
dans une seconde sous-partie en distinguant les énergies
fossiles faisant appel à la matière première des énergies que
sont le pétrole et le gaz des énergies tirant leur existence et

leur développement du poids de la technologie. Il s’agit de
l’énergie nucléaire et des énergies renouvelables. Enfin,

nous traiterons à part le domaine de l’énergie électrique
compte tenu de sa spécificité dans le paysage énergétique
général.
VENTE CLIQUEZ-MOI
15
POUR LE
PAYER
A) Le droit organique de l’énergie en France
Le droit organique s’oppose au droit sectoriel en ce que
le premier s’attache à préciser la structure générale du droit
et les processus de formation de la norme alors que le se-
cond présente le résultat des décisions juridiques prises.
CLIQUEZ-MOI POUR LE
Dans le premier cas, l’organisation du processus de déci-
sion est, en France, celui d’un État centralisé unitaire qui

doit toutefois aujourd’hui composer avec une décentralisa-
tion précoce en matière énergétique et l’apparition tardive
d’agences indépendantes de régulation. Ce processus de dé-
cision a enfin pour vecteur la libéralisation des marchés de
l’énergie et l’objectif de la transition énergétique. Ces deux
éléments imprègnent donc la politique énergétique fran-
çaise et conditionne largement les moyens dont elle dispose
aujourd’hui.

1) Les éléments constitutifs de la politique
énergétique française
VENTE CLIQUEZ-MOI
Les organisations POUR
en charge de l’administration et deLE
régulation de l’énergie sont celles d’un État unitaire centra-
la
PAYERLEDIT
lisé. Cette situation est OUVRAGE EST
toutefois aujourd’hui tempérée parEN
le poids que les collectivités territoriales jouent en la ma-
tière et l’apparition d’agences de régulation dans le sillage
de la libéralisation du marché de l’énergie. Dans ce cadre,
PAYERLEDIT
donne sont mobilisés sur OUVRAGE EST
deux objectifs principaux qui sontEN
la politique énergétique française et les moyens qu’elle se
VENTEa)CLIQUEZ-MOI POUR LE
la sécurité énergétique et la transition énergétique.
Les acteurs de la politique énergétique française
PAYERLEDIT
L’autorité de tutelle OUVRAGE
de l’énergie n’est pas enEST
France leEN
ministre de l’industrie mais le ministre de l’écologie et de
VENTE CLIQUEZ-MOI
la transition énergétique. Il s’est ainsi agiPOUR
de constituerLE
grand ministère de l’environnement. En matière énergé-
un
PAYERLEDIT
tique, le décret du 24OUVRAGE ESTauEN
ami 2012 donne compétence
VENTE CLIQUEZ-MOI 16 POUR LE

PAYER
ministre pour préparer et mettre en œuvre la politique du
gouvernement dans le domaine de l’énergie. Le ministre
élabore également et met en œuvre la politique de lutte
contre le réchauffement climatique et la pollution atmos-
phérique et est en charge de la gestion durable des res-
CLIQUEZ-MOI POUR LE
sources rares. Il participe donc à la formation des
programmes de recherche ad hoc ainsi qu’à l’élaboration de

la législation fiscale en la matière. Il est également en
charge de la coordination des actions de prévention des

risques majeurs d’origine technologique et de la mise en
œuvre de la politique de sûreté nucléaire y compris dans le
domaine du transport. Il élabore et veille à l’application des
règles techniques de construction des bâtiments notamment
en matière thermique. Enfin, il élabore et met en œuvre la
politique de l’énergie en matière de promotion de la transi-
tion énergétique et de sécurisation des approvisionnements
en matières premières et énergétiques. Pour ce faire, il par-
tage ses attributions avec le ministre de l’Économie notam-
ment en ce qui concerne la politique tarifaire de l’énergie,
le ministre des Finances pour ce qui est de la législation fis-
cale et le ministre en charge du logement pour ce qui est du
domaine de l’efficacité énergétique des bâtiments.

Dans ce cadre, le ministère de l’Environnement dispose
en son sein d’une structure dédiée à l’énergie qui est la di-

rection de l’énergie ainsi qu’une série de bureaux d’admi-
nistration centrale en charge des questions énergétiques.

Dans ce dernier cas, il s’agit notamment du bureau des af-
faires juridiques de l’énergie, du département de la sûreté
nucléaire au sein du service de défense, du bureau énergie
de la direction générale de prévention des risques, du bu-
reau du changement climatique et de la maîtrise de l’énergie
au sein de la direction des affaires européennes et interna-
tionales et de la sous-direction des statistiques de l’énergie.
Dans le premier cas, La direction générale de l’énergie et
du climat regroupe la direction de l’énergie ainsi que le
PAYERLEDIT OUVRAGE
17
EST EN
PAYER
service du climat et de l’efficacité énergétique. La direction
de l’énergie est notamment en charge de la sécurité de l’ap-
provisionnement énergétique et du bon fonctionnement des
marchés de l’énergie en prenant en compte leurs dimen-
sions respectivement compétitive et environnementale. Elle
CLIQUEZ-MOI POUR LE
gère pour le Gouvernement le secteur des énergies renou-
velables, du nucléaire civil et des énergies pétrolière et ga-
zière y compris dans leur dimension de stockage du dioxyde
de carbone. Elle est enfin en charge de la politique de l’élec-
tricité, des ouvrages électriques et du service public qui y
est attaché. Pour ce faire, elle dispose d’une sous-direction

des marchés de l’énergie, d’une sous-direction de la sécu-
rité des approvisionnements énergétiques et des nouveaux

produits énergétiques, d’une sous-direction du système
électrique et des énergies renouvelables ainsi qu’une sous-
direction de l’industrie nucléaire. De son côté, le service du
climat et de l’efficacité énergétique est en charge de la maî-
trise de la demande énergétique et de l’utilisation ration-
nelle de l’énergie. Il concourt au développement des
techniques et des filières visant la maîtrise de l’énergie et
élabore la réglementation sur les véhicules en collaboration
avec la délégation à la sécurité routière.
Divers instruments de l’État existent par ailleurs qui
exercent un contrôle sur les grandes entreprises du secteur
de l’énergie que sont notamment EDF, ENGIE, la Compa-
gnie nationale du Rhône, Orano, RTE et ERDF. Il en fut

ainsi dans le cadre des nationalisations de 1946 du secteur
de l’énergie ainsi que dans celui de l’application des décrets

fixant les modalités du contrôle de l’État. Parmi ceux-ci, le
décret du 9 août 1953 plusieurs fois amendé concerne les
entreprises publiques et les sociétés d’économie mixte dans
lesquelles l’État détient plus de 50 % du capital. Il prévoit
un contrôle a posteriori des budgets, bilans, comptes de ré-
sultat, affectation des bénéfices et prises de participation fi-
nancière. S’y rajoute le contrôle des états prévisionnels des
PAYERLEDIT OUVRAGE
18
EST EN
PAYER
recettes et des dépenses d’exploitation et d’investissement.
Le décret prévoit aussi le contrôle des rémunérations des

dirigeants ainsi que la possibilité d’une extension du con-
trôle aux filiales. Il s’agit aussi du décret du 26 mai 1955
CLIQUEZ-MOI POUR LE
également remanié à plusieurs reprises sur le contrôle éco-
nomique et financier de l’État sur ces entreprises. À visées
patrimoniales, il a pour objet d’évaluer les performances
des entreprises d’État et les risques qu’elles encourent. Un
dispositif existe également établissant un contrôle des in-
vestissements des entreprises publiques qui est opéré par un
comité des investissements institué par un décret du 27 no-
vembre 1996 ainsi qu’un contrôle des marchés. Enfin, la
Cour des comptes dispose d’importants pouvoirs d’investi-
gation dans le domaine du contrôle des entreprises pu-
bliques qu’elle exerce notamment dans les secteurs de
l’électricité et de la filière nucléaire. De la même manière,
l’Autorité des marchés financiers a eu à plusieurs reprises
l’occasion d’exercer son contrôle sur les opérations des so-
ciétés cotées actives dans le secteur de l’énergie.

Plusieurs instances consultatives interviennent égale-
ment dans le secteur de l’énergie. Un premier conseil de

l’électricité a été créé en 1935 qui a été remplacé par un
Conseil supérieur de l’électricité et du gaz avec la loi de
nationalisation du 8 avril 1946. Outre sa compétence de
donner des avis préalablement à l’adoption des textes régle-
mentaires rentrant dans son champ de compétence, le Con-
seil supérieur de l’électricité et du gaz était compétent pour
statuer sur les litiges entre autorités concédantes et conces-
sionnaires. Par la suite, la loi du 13 juillet 2005 a remplacé
le Conseil supérieur de l’électricité et du gaz par l’actuel
Conseil de l’énergie aux compétences consultatives plus
étendues. Composé d’une trentaine de membres du Parle-
ment, des ministères concernés, des collectivités territo-
riales, des consommateurs et des entreprises du secteur, son

avis préalable est obligatoire pour les actes réglementaires
PAYERLEDIT OUVRAGE
19 EST EN
PAYER
de l’État dans les domaines de l’électricité et du gaz. Son
avis peut également être demandé par le ministre en charge
de l’énergie ainsi que par la Commission de régulation de

l’énergie. S’y rajoute le Conseil général de l’économie, de
l’industrie, de l’énergie et des technologies qui est notam-
CLIQUEZ-MOI POUR LE
ment consulté pour avis sur des questions intéressant le do-
maine de l’énergie. S’y ajoute également l’Observatoire
national du service public de l’électricité et du gaz créé par
la loi du 10 février 2000 et ayant fait l’objet d’un décret du
30 avril 2003. Il émet des avis et peut faire des propositions
dans le cadre du périmètre de son champ de compétence.
Doté d’antennes régionales, il est placé sous l’autorité du
Conseil économique, social et environnemental dans son
format national comme dans ses formats régionaux. Enfin,
vis-à-vis des consommateurs a été créé par une loi du 7 dé-
cembre 2006 un médiateur national de l’énergie doté de la
personnalité morale et de l’autonomie financière et régi par
l’article 122-5 du code de l’énergie. Compétent pour toutes
les sources d’énergie, il est chargé de recommander des so-
lutions dans les litiges entre consommateurs et entreprises

du secteur de l’énergie.
La Commission de régulation de l’énergie créée par la

loi du 10 février 2000 transposant une directive européenne
du 19 décembre 1996 veille à l’accès équitable et transpa-
rent aux réseaux publics d’électricité des utilisateurs. Initiale-
ment conçu pour le domaine de l’électricité, la compétence de
la Commission de régulation a par la suite été étendue par la
loi du 3 janvier 2003 au secteur du gaz et par la loi du 9 août
2004 au domaine de la surveillance des marchés de l’élec-
tricité et du gaz. Dans le prolongement, la loi du 7 décembre
2006 élargit encore cette compétence en soulignant d’une
manière générale que la Commission de régulation con-
court, au bénéfice des consommateurs finals, au bon fonc-
tionnement des marchés de l’électricité et du gaz. Dans ce
cadre, les deux directives européennes du 13 juillet 2009

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