Queue de Cheval
Queue de Cheval
Queue de Cheval
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Item 93 – Syndrome de la
queue de cheval
I. Rappels anatomiques
II. Diagnostic positif
III. Formes cliniques
IV. Diagnostics différentiels
V. Examens complémentaires
VI. Étiologies
VII. Prise en charge
VIII. Pronostic
Connaissances
IX. Conclusion
Situations de départ
7 Incontinence fécale.
23 Anomalie de la miction.
65 Déformation rachidienne.
66 Apparition d'une difficulté à la marche.
69 Claudication intermittente d'un membre. 29
71 Douleur d'un membre (supérieur ou inférieur).
72 Douleur du rachis (cervical, dorsal ou lombaire).
73 Douleur, brûlure, crampes et paresthésies.
74 Faiblesse musculaire.
97 Rétention aiguë d'urines.
121 Déficit neurologique sensitif et/ou moteur.
130 Troubles de l'équilibre.
233 Identifier/reconnaître les différents examens d'imagerie (type/fenêtre/séquences/
incidences/injection).
243 Mise en place et suivi d'un appareil d'immobilisation.
245 Prescription d'un appareillage simple.
247 Prescription d'une rééducation.
327 Annonce d'un diagnostic de maladie grave au patient et/ou à sa famille.
345 Situation de handicap.
Objectifs pédagogiques
Diagnostiquer un syndrome de la queue de cheval.
Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge.
Décrire les principes de prise en charge des déficiences, incapacités et du handicap
secondaires à un syndrome de la queue de cheval.
Neurochirurgie
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Connaissances
Connaissances
A
déficits et incapacités principaux sans les détailler
secondaires à une compression
médullaire ou un syndrome de la
queue de cheval
B Prise en charge Connaître les principes essentiels
de prise en charge des déficits,
incapacités et handicap
secondaire à une compression 31
médullaire ou un syndrome de la
queue de cheval
Pour comprendre
A Le syndrome de la queue de cheval est l'ensemble des symptômes moteurs, sensitifs, réflexes et génitos-
phinctériens traduisant la souffrance des racines spinales en dessous du cône terminal de la moelle épi-
nière. Il s'agit donc d'un syndrome neurogène périphérique pluriradiculaire (potentiellement de L2 à S5)
(fig. 2.1 et 2.2 et vidéo 9).
Le diagnostic positif est avant tout clinique. Il impose la réalisation d'une IRM en urgence et une prise
en charge neurochirurgicale immédiate (décompression mécanique des racines spinales lombosacrées,
traitement de l'étiologie). Les séquelles fonctionnelles potentielles, notamment génitosphintériennes,
dépendent de la durée et de l'importance de la compression des racines spinales lombosacrées.
I. Rappels anatomiques
• On compte 31 paires de racines spinales (ou nerfs spinaux) pour 29 vertèbres (incluant les
5 vertèbres sacrées qui ont fusionné).
• Les racines spinales sortent du canal vertébral lombaire par les foramens intervertébraux
(ou foramens de conjugaison). Elles portent le numéro de la vertèbre sus-jacente au fora-
men intervertébral.
• L'extrémité inférieure de la moelle épinière constitue le cône terminal.
• La paire de racines spinales sortant du canal vertébral en regard du cône terminal est L1.
Connaissances
L1
L2
Pédicule
L3
Foramen
intervertébral
L2 L4
L2 L5
S
L3 L4
L5
L4 S1
L5
Fig. 2.1. A Vue schématique coronale (à gauche) et sagittale (à droite) indiquant la fin de la moelle épi-
nière en regard des vertèbres L1-L2, et l'émergence des racines spinales de la queue de cheval (L2 à S5).
Source : dessin de Carole Fumat.
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Fig. 2.2. A Vue anatomique du cône terminal de la moelle épinière et des racines spinales de la queue
de cheval. Sur l'image de droite, on notera la présence de l'artère radiculomédullaire d'Adamkiewicz.
A. Troubles sensitifs
1. Troubles sensitifs subjectifs
Les douleurs et paresthésies sont mono- ou pluriradiculaires (radiculalgie crurale ou sciatique),
bilatérales et parfois asymétriques, pouvant avoir une recrudescence nocturne. Elles sont sou-
vent impulsives, c'est-à-dire exagérées lors des efforts « à glotte fermée » (toux, défécation,
éternuement).
Connaissances
genou ;
• le dermatome L4 comprend la fesse, les faces antérieure et médiale de la cuisse, la face
antérieure du genou et la face antéromédiale de la jambe ;
• le dermatome L5 comprend la fesse, la face latérale de la cuisse, la face antérolatérale de
la jambe, la face dorsale du pied et le gros orteil ;
• le dermatome S1 intéresse la fesse, la face postérieure de la cuisse, la face postérieure de
la jambe, le talon, la face plantaire du pied et les orteils, à l'exception du gros orteil.
On recherchera le signe de Lasègue (en cas de radiculalgie sciatique) et le signe de Léri (radi-
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culalgie crurale).
Les troubles sensitifs intéressent également la région du périnée, les fesses, les organes géni-
taux externes, l'anus, la partie haute de la face médiale des cuisses, réalisant ainsi une hypoes-
thésie ou une anesthésie en selle (de cheval) qui est caractéristique du syndrome de la queue
de cheval. Il peut s'agir d'une hémi-hypo- ou anesthésie (intéressant ainsi un seul côté du
périnée).
B. Troubles moteurs
Il s'agit d'une paralysie d'origine périphérique, c'est-à-dire flasque, hypotonique, avec évolu-
tion rapide vers l'amyotrophie, qui est évaluée par la mesure du périmètre de la cuisse et du
mollet. Le testing des différents groupes musculaires permet de coter l'importance du déficit
(de 0 à 5) :
• les racines spinales L3 et L4 donnent l'innervation motrice au muscle quadriceps fémoral ;
• la racine spinale L4 = muscle tibial antérieur ;
• la racine spinale L5 = muscles long et court fibulaires, extenseur de l'hallux et extenseur des
orteils ;
• la racine spinale S1 = muscles triceps sural, long fléchisseur de l'hallux et fléchisseurs des
orteils ;
• les racines spinales S2-S3-S4 donnent l'innervation motrice des sphincters de la vessie et de
l'anus.
À l'extrême, l'atteinte motrice peut aboutir à une paraplégie flasque.
Connaissances
C. Troubles génitosphinctériens
Les troubles génitosphinctériens sont souvent précoces et témoignent d'un degré de
gravité supplémentaire de l'atteinte fonctionnelle.
Les troubles vésicaux (atteinte S3 prédominante), liés à une vessie neurologique périphé-
rique (c'est-à-dire hypo- ou acontractile), correspondent à :
• une dysurie (efforts de poussée) ;
• des mictions incomplètes avec pollakiurie ;
• une rétention urinaire ;
• une incontinence urinaire (mictions par regorgement).
Les troubles anorectaux (atteinte S4 prédominante) sont également fréquents, à type de
constipation ou d'incontinence anale (gaz, selles).
Des troubles sexuels (atteinte S2 prédominante) peuvent être observés, à type d'insuffi-
sance érectile, d'anéjaculation ou d'éjaculation rétrograde chez l'homme ; chez la femme,
anesthésie de la vulve, sécheresse vaginale sont décrites.
Ne jamais oublier de rechercher une rétention urinaire chez un patient suspect de syndrome de la queue
de cheval et penser au sondage vésical !
34 D. Troubles réflexes
1. Réflexes ostéotendineux
Il faut rechercher une diminution/abolition des réflexes ostéotendineux (ROT) achilléen
(tributaire de la racine spinale S1) et patellaire/rotulien (L4).
2. Réflexes périnéaux
L'examen du périnée doit se faire avec l'accord du patient, et en respectant l'intimité
de la personne. Il doit être motivé par un prérequis neurologique faisant évoquer un
syndrome de la queue de cheval.
Les réflexes périnéaux à rechercher sont les suivants :
• réflexe anal (S4) : la piqûre de la marge anale ou l'effleurement avec un coton pro-
voque une contraction sphinctérienne rapide et brève ;
• réflexe bulbo- ou clitorido-anal (S3) : le pincement du gland ou du clitoris entraîne
une contraction anale ; de la même façon, on note une contraction périnéale (réflexe
bulbocaverneux) ;
• réflexe d'étirement de la marge anale (S4) : l'étirement rapide provoque une contrac-
tion réflexe rapide et brève ;
• contraction réflexe à la toux : la toux provoque une contraction réflexe du sphincter
anal (afférence : T6-T12 ; efférence : S3-S4).
Item 93 – Syndrome de la queue de cheval 2
E. Troubles trophiques
Les troubles trophiques apparaissent parfois rapidement dans les formes de paraplégie
flasque complète sous la forme d'escarres aux points d'appui. L'amyotrophie est plus
tardive que pour les souffrances tronculaires.
G. Syndrome rachidien
Connaissances
Un lumbago, une rachialgie spontanée ou provoquée peuvent compléter le tableau
clinique.
La vitesse d'installation du déficit est le plus souvent corrélée au degré d'urgence de la prise en charge :
l'urgence sera d'autant plus importante que le déficit sera d'apparition rapide et intense.
B. En hauteur
• Les formes hautes (L2, L3, L4) se présentent avec cruralgie, déficit proximal et aréflexie
rotulienne.
• Les formes moyennes (L5, S1) sont les plus fréquentes, avec sciatalgie et déficit distal
de type L5 ou S1, aréflexie rotulienne ou achilléenne.
• Les formes basses (S2 à S5), à expression purement sphinctérienne (douleurs péri-
néales, anesthésie en selle, troubles sphinctériens), sont liées à l'atteinte des dernières
racines spinales sacrées (plexus sacré).
C. En largeur
Formes asymétriques ou unilatérales (hémisyndrome de la queue de cheval).
Connaissances
36 Un diagnostic différentiel ne sera le plus souvent envisagé qu'en cas d'IRM lombosacrée normale !
Tableau 2.1. B Distinctions sémiologiques entre compression médullaire lente, compression du cône
terminal et syndrome de la queue de cheval.
Compression médullaire
lente Cône terminal Queue de cheval
Syndrome rachidien Oui Oui Oui
Syndrome lésionnel Oui Surtout sur L1, abolition du Syndrome polyradiculaire
réflexe crémastérien (L2 à S5)
Syndrome sous-lésionnel Oui Oui (Babinski) Non
Abolition du réflexe cutané
abdominal inférieur parfois
⁎
Vessie Centrale Périphérique Périphérique
⁎
Une vessie neurologique centrale est caractérisée par une hyperactivité détrusorienne, responsable d'impériosités/urgences mictionnelles.
Une vessie neurologique périphérique est caractérisée par une hypo- ou acontractilité détrusorienne, responsable d'une dysurie, voire
d'une rétention d'urine.