Introductio ILY
Introductio ILY
Introductio ILY
Semestre 2
« L’EXTICTION DU CONTRAT »
Préparé par :
Belaoui Ilham
Sous l’encadrement de :
Dr. Guenbour Saida
Professeur à la FSJES SOUISSI, Université Mohamed V, RABAT
Introduction :
"La fin d'un contrat est comme la fermeture d'un livre : elle marque la fin d'un
chapitre, mais ouvre la porte à de nouvelles aventures et opportunités."1
La citation évoque la fin d'un contrat comme la conclusion d'un chapitre dans un
livre, marquant la fin d'une période définie. Cependant, elle souligne également
que cette fin est le point de départ de nouvelles opportunités et aventures,
symbolisant ainsi un renouveau et une continuité dans les relations
contractuelles.
En droit marocain, un contrat est un acte juridique constatant la volonté
concordante de deux ou plusieurs personnes en vue de produire des effets
juridiques.
Il s'agit donc d'un accord de volonté librement consenti, accepté, volontairement
assuré; il s'agit d'une convention génératrice d'obligations.
Le rapport contractuel intervient donc entre plusieurs partenaires appelés les
parties, il s'agit du créancier qui est en droit d'exiger de son l'autre partie appelée
débiteur une certaine prestation, une créance.
Avant le protectorat, les relations contractuelles étaient régies par le droit
musulman relevant du rite malékite, les autorités du protectorat se sont
empressées de faire adopter par le souverain Moulay Youssef le DOC du 12
Août 1913, ce code toujours en vigueur qui constitue la base de toute la
réglementation contractuelle. Il s’agit donc d’un code moderne qui a subi
l’influence des textes juridiques étrangers, français, allemand et suisse.
Souvent, le DOC a reproduit le DOC tunisien du 15 Décembre 1906 parce que
les caractéristique du code tunisien est qu’il concilie les différentes législations
européennes avec le droit musulman et ce dans des conditions telles que ni les
étrangers ni les musulmans ne sont exposés à y rencontrer rien qui soit
incompatible avec leurs mœurs et leurs habitudes respectives.
1
Extrait de "Droit des contrats" par Jean-Louis Baudouin.
Lorsque les deux contractants établissent un contrat, ils figurent tous leurs
accords à l’intérieur des clauses. Le contrat va donc déterminer toutes les
obligations de chaque partie. En le rédigeant, il acquiert une force exécutoire.2
La conclusion d'un contrat est soumise à deux principes fondamentaux :
Le principe de la volonté des parties : De ce principe découle l'idée selon
laquelle les parties sont libres de contracter ou de ne pas contracter. Par ailleurs,
lorsque la décision de contracter est prise, la personne à la liberté de choisir avec
qui contracter ainsi que le contenu et la forme du contrat.
Le devoir de loyauté : est un principe consacré par la jurisprudence auquel il ne
peut être dérogé. Les deux parties doivent respecter la parole donnée lors de la
convention. Le respect des engagements garantit la sécurité contractuelle.
Une fois le contrat formé et valide, les parties ont l’obligation d’accomplir leur
engagement, il s’agit de la force obligatoire des contrats. Mais cet engagement
n’engage que les parties au contrat. L’inexécution du contrat entraînera des
sanctions ou des stratagèmes pour obliger le contractant fautif à accomplir des
obligations3.
Souvent il arrive parfois que le contrat prenne fin pour diverses raisons.
Dans le cas où un contrat spécifie une durée, tacite ou explicite, celui-ci s'éteint
à l'arrivée de cette échéance, à condition que cette dernière soit certaine et ne
dépasse pas les limites légales.
L'extinction implique que le juge efface les obligations contractuelles, annulant
rétroactivement le contrat et ramenant les parties à leur état initial, comme si le
contrat n'avait jamais existé.
Cependant, cela n'est pas réalisable pour les contrats à exécution successive, tels
que les contrats de location.
Le cadre juridique de l’extinction est prévu par l’article 319 du DOC dispose
que les obligations s'éteignent par : 1. Le payement; 2. L'impossibilité de
l'exécution; 3. La remise volontaire; 4. La novation; 5. La compensation; 6. La
confusion; 7. La prescription; 8. La résiliation volontaire.
Ceci dit les causes et les modalités de cette extinction sont variées , pouvant être
soit déterminés par accord mutuel des parties conformément à l'article 230 du
Code des Obligations et des Contrats (DOC) comme elles peuvent être forcées et
judiciaires.
2
https://www.bing.com/
3
L’ÉXÉCUTION DU CONTRAT | Cours de droit (droitenfrancais.com)
litiges en identifiant les risques potentiels de rupture contractuelle, mais aussi de
protéger les droits des parties impliquées.
Le contrat est renouvelé par tacite reconduction lorsque, de leur plein gré et sans
accomplir aucune formalité, les parties continuent à exécuter leurs obligations
au-delà du terme prévu dans le contrat. Le contrat reconduit est un nouveau
contrat d’une durée indéterminée4.
Les règles régissant les contrats à durée déterminée ont créé plusieurs difficultés,
principalement dans l’interprétation difficile de ses exigences, compte tenu du
fait que le législateur marocain n’a pas codifié tous les cas relevant d’un contrat
4
extinction_du_contrat (free.fr)
à durée déterminée et qu’il a pris position explicite sur un ensemble de
problèmes qui ont conduit à des conflits jurisprudentiels5.
Et c'est ce que la Cour de cassation Marocaine a confirmé dans son arrêt6 qui
stipule que sauf dans les cas mentionnés aux articles 16 et 17 du Code du travail,
le contrat de travail est considéré comme un contrat à durée indéterminée. Si le
tribunal constate que le contrat de travail conclu entre le demandeur et le
défendeur en cassation ne correspond à aucun des cas mentionnés dans lesdits
articles et le considère comme un contrat à durée indéterminée, sa décision est
considérée comme suffisamment motivée.
Toutefois, la fin du contrat peut découler d'un accord mutuel entre les parties,
appelé extinction volontaire, mais aussi être décidée par les tribunaux, ce qui est
connu sous le nom d'extinction judiciaire.
5
(mohamah.net)
6
Arrêt de la cour de cassation Marocaine numéro 101, rendue le 14 janvier 2016 dans le dossier social
numéro 2715/5/1/2015.
L'extinction est le dénouement du lien juridique entre le créancier et le débiteur,
peut résulter soit d'un accord volontaire, soit d'une contrainte.
L'extinction volontaire d'un contrat se produit lorsque les deux parties décident
ensemble de mettre fin à leurs engagements dès qu'elles ont conclu le contrat,
dans les cas où la loi autorise cette résolution.
C’est dans ce sens qu’un arrêt rendu par la cour de cassation sous le numéro 18,
rendu le 13 janvier 2015 dans l'affaire civile numéro 5310/1/6/2013.
Lorsque le contrat est conclu pour une durée indéterminée, les parties disposent
d’une faculté de résiliation unilatérale. Ainsi, chacune peut décider de mettre fin
au contrat à tout moment, en respectant le préavis prévu dans le contrat ou, en
l'absence de cela, un délai raisonnable 7, il peut aussi être établi par la loi quand
celle-ci accorde des délais pour l’exercice d’un droit ou pour l’exécution d’une
obligation.
Cette faculté qui déroge au principe de force obligatoire des contrats a pour
fondement le principe de prohibition des engagements perpétuels.
7
L’article 1211 du Code civil français.
8
Le contrat, volume 1 droit civil droit des obligations, Omar Azziman, Editions Le Fennec page 231
Cependant, l'extinction peut être contrainte et résulter d'une décision judiciaire,
notamment en cas de non-respect des clauses contractuelles en ce qui concerne
l'exécution ou la non-exécution des obligations.
Toutefois si l’une des parties persiste dans son refus d’exécution sans aucune
raison l’autre partie peut demander aux juges l’extinction de tout le contrat.
C’est ce qu’on appelle résiliation judiciaire du contrat.
Par exemple, si le locataire refuse de payer le loyer, ce qui est une obligation
essentielle dans le contrat de location, le contrat peut être résilié par décision
judiciaire.9
Aussi un employé qui refuse de payer le salaire pour son salarié qui constitue
une obligation sine qua non pour l’exécution du contrat de travail. D’ailleurs
c’est le seul cas où le salarié peut demander la résolution du contrat de travail
car cette ne concerne pas l’employeur du fait que le contrat de travail est protégé
par plusieurs dispositions spécifiques prévues par le code du travail et que la
résolution judicaire du contrat n’est pas possible.10
Le champ de l’extinction forcée du contrat est assez vaste de telle manière qu’il
touche tous les domaines contractuels, il en est le cas pour l’extinction du
contrat de société suite à une dissolution pour juste motif prononcé par le juge,
selon la cour de cassation française, chambre commerciale, la dissolution
anticipée de la société peut être demandée en justice pour justes motifs,
9
(bibliotdroit.com)
10
Mhamed SEGAME : Traité de droit civil théorie générale des obligations Editions RECKONER 1ère
EDITION 2022 page 248.
notamment en cas d'inexécution de ses obligations par un associé ; que ce cas de
dissolution, à la différence de celui tiré de la mésentente entre associés, ne
suppose pas en outre une paralysie du fonctionnement de la société.11
De façon générale la résolution du contrat peut intervenir de deux manières soit
en vertu d’une clause résolutoire soit judiciairement par décision du juge 12.
La clause résolutoire précise les engagements dont l’inexécution entraînera
la résolution du contrat13, En d’autres termes, la clause résolutoire est la clause
stipulée dans le contrat qui détermine à l’avance les modalités d’une éventuelle
résolution en cas d’inexécution contractuelle, les parties ont en effet la
possibilité de prévoir dans le contrat la résolution automatique de ce dernier par
une clause résolutoire de plein droit, sans avoir à prouver une inexécution
suffisamment grave, ni à recourir à l'intervention d'un juge.
En principe, une clause résolutoire peut être insérée dans n’importe quel contrat,
mais elle est souvent insérée dans les contrats synallagmatiques, comme les
baux d'habitation, pour sanctionner les manquements du débiteur, notamment les
impayés de loyers.
La clause résolutoire doit préciser les engagements dont l’inexécution entraînera
la résolution du contrat.
Par conséquent, pour que la clause résolutoire soit valable, les parties doivent
bien préciser dans la clause les différentes hypothèses dans lesquelles elle sera
mise en œuvre.
En France L’ordonnance du 10 février 2016 a introduit dans le Code civil une
sous-section consacrée à la résolution du contrat.
Cette sous-section comprend sept articles, les articles 1224 à 1230, et est
organisée autour des trois modes de résolution du contrat déjà bien connus en
droit positif que sont :
La clause résolutoire
La résolution unilatérale
La résolution judiciaire
11
Cour de cassation Française, civile, Chambre commerciale, 3 mai 2018, 15-23.456.
12
Mhamed SEGAME : Traité de droit civil théorie générale des obligations Editions RECKONER 1ère EDITION
2022 page 247.
13
L’article 1225 du Code civil français.
La question qui immédiatement se pose est de savoir si cette inexécution doit
être totale ou seulement partielle.
Le texte ne le dit pas à la différence de celui qui régit la réduction du prix.
On peut en déduire que rien n’interdit d’envisager qu’une exécution imparfaite
du contrat puisse justifier la résolution judiciaire du contrat.
Aussi, l’inexécution pourrait-elle consister, tant en un retard, qu’en l’absence de
délivrance de la chose et plus généralement à toute fourniture de la prestation
non conforme aux stipulations contractuelles.
Au vrai, ce qui importe, ce n’est pas tant que l’inexécution contractuelle soit
totale ou partielle, mais qu’elle soit suffisamment grave, au sens de l’article
1224 du Code civil, pour justifier la résolution du contrat14.
L’inexécution du contrat peut avoir lieu même en l’absence de faute de l’un
cocontratctant.il est alors possible de demander la résolution du contrat sur la
base de son inexécution sans avoir prouver l’existence d’une faute commise par
l’autre cocontractant15.
La cour de cassation a décidé dans un arrêt de 26 janvier 2010 que « la société
n’avait pas respecté les termes du cahier de clauses techniques particulières,
n’avait pas réagi aux mises en demeure qui lui avait était adressés et avait réalisé
des fondations non conformes et mettant en péril la pérennité de l’immeuble et
constaté l’existence d’un retard dans l’exécution des travaux consécutifs à ces
fautes, la cour d’appel a pu retenir ,par décision motivée, que cette situation
avait entrainé une perte de confiance incompatible avec la poursuite des
relations contractuelles »16.
Il faut signaler que le créancier qui réclame la résolution du contrat ne doit pas
lui-même être en faute en violant les stipulations contractuelles en invoquant la
résolution de la convention des parties. Cette attitude a adopté par la cour de
cassation marocaine (ancienne cour suprême) dans un arrêt rendu par deux
chambres le 16mars2005 décidant que la cour d’appel prononçant la résolution
du contrat sans s’assurer des circonstances entourant les faits se rapportant aux
modalités de paiement du prix et par conséquent déterminer l’imputabilité de
l’inexécution du contrat à l’une ou l’autre des deux parties, viole la loi et que
l’arrêt, par elle rendu, dans ces conditions doit être annulé »17.
L'extinction d'un contrat, qu'elle soit conventionnelle ou judiciaire, engendre des
conséquences.
14
La résolution judiciaire: régime juridique – A. Bamdé & J. Bourdoiseau (aurelienbamde.com) .
15
Civ 1ere, 1976, Bull.civ Mhamed SEGAME : Traité de droit civil théorie générale des obligations Editions
RECKONER 1ère EDITION 2022 page 248.
16
Civ 3ème, 26janvier 2010, no 09.10.174 MHAMED SEGAME ouvrage cité page 248.
17
C.S, arrêt rendu par deux chambres, 16mars2005n 815 dossier N 1909/02 recueil de M. Driss BelmahjoubT.4
P 109.
CHAPITRE II : LES IMPLICATIONS JURIDIQUES DE
L'EXTINCTION D'UN CONTRAT
Dans la première section de ce chapitre, nous étudierons l'effet de l'extinction
d'un contrat, ramenant les parties à leur position initiale au moment de la
conclusion du contrat. Ensuite, dans la deuxième section, nous aborderons
l'obligation de restitution réciproque entre les parties, où elles doivent rendre ce
qu'elles ont reçu en vertu des obligations désormais éteintes.
Ceci dit, L’obligation s'éteint lorsque, depuis qu'elle est née, la prestation qui en
fait l'objet est devenue impossible, naturellement ou juridiquement, sans le fait
ou la faute du débiteur et avant qu'il soit en demeure. Dans ce cas, les droits et
les actions relatifs à la chose due qui appartiennent au débiteur passent au
créancier.
S’il arrive que l'impossibilité d’exécution n'est que partielle, l'obligation n'est
par conséquent éteinte qu'en partie. Le créancier a le choix de recevoir
l'exécution partielle, ou de résoudre l'obligation pour le tout lorsque cette
obligation est de telle nature qu'elle ne peut se partager sans préjudice pour lui. 19
18
L’effet rétroactif du contrat et la restitution, Publié le 25/07/2016 Modifié le 28/08/2016 Par Maître Joan
DRAY.
19
Extinction des obligations (iurisma.com)
Le principe selon lequel « ce qui est nul est réputé ne jamais avoir existé » a
pour conséquence l'effacement des effets concrets que le contrat a pu produire.
20
L’effet restitutif du contrat éteint - Recherche (bing.com)
21
Chapitre « Les restitutions » de la réforme du droit des contrats (présentation) (univ-paris1.fr)
En revanche, l’article 1352 ne nous éclaire pas sur la solution à adopter lorsqu’il
n’existe plus, dans le patrimoine de celui qui doit restituer, des choses du même
genre que celle qui a été livrée : celui qui doit restituer peut-il/doit-il se procurer
une chose de même genre que celle délivrée afin de pouvoir la restituer ou peut-
il/doit-il restituer en valeur ?
La règle nouvelle, ensuite, est que la valeur de la chose à restituer, en cas de
restitution en valeur, est estimée au jour de la restitution. Il s’agit d’une solution
nouvelle puisque la Cour de cassation française avait jugé que la chose devait
être évaluée au jour de la conclusion du contrat. Cette nouvelle règle est
défavorable à celui qui doit restituer en cas d’inflation, elle lui est au contraire
favorable dans l’hypothèse, inverse, où la valeur de la chose a diminué entre la
conclusion du contrat et la restitution.
Cette projection sera rendue incertaine par deux éléments : d’abord il est
difficile d’anticiper l’évolution de la valeur d’une chose, ensuite le juge ne peut
pas savoir avec certitude la date à laquelle la restitution aura lieu (il peut fixer
une date, mais rien ne dit qu’elle sera respectée).
Modalités de la restitution d’une chose autre qu’une somme d’argent : « Celui
qui restitue la chose répond des dégradations et détériorations qui en ont
diminué la valeur, à moins qu’il ne soit de bonne foi et que celles-ci ne soient
pas dues à sa faute. »
Cette solution est novatrice dans la mesure où la Cour de cassation jugeait
antérieurement que celui qui devait restituer la chose était tenu de la restituer
dans l’état où elle se trouvait avant l’exécution de l’obligation, même si la
dégradation ou la détérioration n’étaient pas dues à sa faute.
Modalités de la restitution d’une chose autre qu’une somme d’argent : « Celui
qui l’ayant reçue de bonne foi a vendu la chose ne doit restituer que le prix de la
vente. »
La solution était auparavant énoncée à l’ancien article 1380 du Code civil
français, mais à propos de la seule répétition de l’indu. Cette règle n’avait jamais
été étendue par la jurisprudence aux restitutions consécutives à l’anéantissement
rétroactif d’un contrat. L’ordonnance innove donc en généralisant la règle à tous
les types de restitutions. La solution a, au premier abord, le mérite de la
simplicité. Ainsi, si un contrat de vente est annulé et que l’acquéreur ne peut pas
restituer la chose car il l’a revendue entre-temps, il n’est pas nécessaire de
procéder à une estimation complexe de la valeur de la chose au jour de la
restitution : si l’acquéreur est de bonne foi, il doit simplement restituer le prix de
revente qu’il a perçu.
Partant, il existe une incertitude sur la solution à adopter lorsque le prix de
revente est supérieur à la valeur de la chose au jour de la restitution. Celui qui
doit restituer doit-il, dans cette hypothèse, restituer le prix de vente, ou peut-il ne
restituer que la valeur et conserver ainsi la plus-value ?
En ce qui concerne la restitution des fruits, les solutions étaient antérieurement
différentes selon la cause de la restitution. En matière de répétition de l’indu, les
fruits ne devaient être restitués que s’ils avaient été reçus de mauvaise foi.
Autrement dit les fruits pouvaient être conservés s’ils avaient été reçus de bonne
foi.
En ce qui concerne la restitution de la valeur de la jouissance, qui doit ici
s’entendre de l’usus, l’ordonnance s’éloigne davantage des solutions antérieures,
du moins sur un plan théorique, car le résultat concret n’est pas très éloigné.
Après de nombreuses hésitations, la Cour de cassation, réunie en chambre mixte,
avait jugé en 2004 qu’aucune indemnité d’occupation n’était due en cas
d’annulation rétroactive d’un contrat translatif de propriété. Toutefois la Cour de
cassation avait immédiatement tempéré cette solution en reconnaissant dans le
même arrêt que « la partie de bonne foi au contrat de vente annulé peut
demander la condamnation de la partie fautive à réparer le préjudice qu’elle a
subi en raison de la conclusion du contrat annulé ». Celui qui était de mauvaise
foi ne devait donc pas verser une indemnité de jouissance au titre des
restitutions, mais pouvait être condamné à réparer le préjudice subi par celui qui
a été privé de la jouissance de son bien jusqu’à ce qu’il lui soit restitué, ce qui
aboutissait finalement plus ou moins au même résultat.
Enfin celui qui a reçu la chose doit en restituer les fruits et la jouissance. Il est
évident que si la chose est louée, la jouissance (usus) se confond avec les fruits
(fructus) : celui qui a reçu la chose ne doit pas restituer, en sus des loyers perçus
(fruits civils), une indemnité de jouissance, sauf, vraisemblablement, fraude
(hypothèse dans laquelle le preneur serait complice et qu’un loyer dérisoire
aurait été stipulé).
Aucune disposition ne règle la question de l’usure subie par la chose du fait de
son utilisation normale entre la date de sa délivrance et la date de sa restitution.
Celui qui doit restituer une chose doit être indemnisée des dépenses nécessaires
à la conservation de la chose et de celles qui en ont augmenté la valeur, dans la
limite de la plus-value estimée au jour de la restitution
Modalités de la restitution d’une somme d’argent, pour les intérêts ne
commencent à courir qu’à compter du jour de la demande si la somme d’argent
a été reçue de bonne foi, à compter du paiement si elle a été reçue de mauvaise
foi,
Modalités de la restitution d’une prestation de service. L’expression « prestation
de service » doit ici être entendue au sens large afin de couvrir toutes les
restitutions consécutives à l’exécution d’obligations que l’on qualifiait autrefois
de faire ou de ne pas faire.
Le sort des restitutions consécutive à l’annulation d’un contrat conclu avec un
incapable : les restitutions dues par un mineur ou un majeur protégé et prévoit la
réduction de ces restitutions à proportion du profit retiré de l’acte annulé .ce sont
les restitutions dues par le cocontractant de l’incapable qui sont réduites à
proportion du profit retiré par l’incapable… Plus aucune règle ne prévoit que les
restitutions dues par l’incapable sont réduites à proportion du profit qu’il a retiré
de l’acte annulé.
Les sûretés constituées pour le paiement de l’obligation sont reportées de plein
droit sur l’obligation de restituer sans toutefois que la caution ne soit privée du
bénéfice du terme.
En fin L’octroi de dommages et intérêts : indépendamment de l’annulation du
contrat, la partie lésée peut demander réparation du dommage subi dans les
conditions du droit commun de la responsabilité extracontractuelle.
Ainsi, la partie qui obtient la nullité d’un acte peut se voir octroyer, si elle
justifie d’un préjudice, des dommages et intérêts. Elle ne pourra engager la
responsabilité de son cocontractant que sur le terrain de la responsabilité
délictuelle puisque l’acte est censé n’avoir jamais existé.
Dans un arrêt du 9 juillet 2004, la Chambre mixte a, toutefois, eu l’occasion de
préciser que « la partie de bonne foi au contrat de vente annulé peut seule
demander la condamnation de la partie fautive à réparer le préjudice qu’elle a
subi en raison de la conclusion du contrat annulé »22
Il faut signaler qu’à l’égard des tiers, dans la mesure où l’acte annulé est censé
n’avoir jamais existé, il ne devrait en toute logique produire aucun effet à
l’égard des tiers.
Toute prérogative octroyée à un tiers et qui a sa source dans le contrat annulé
devrait normalement être anéantie.23
Quant au législateur marocain, aux termes de l’article 396 du Dahir des
Obligations et des Contrats, la résiliation ne peut avoir effet :
1° Si le corps certain qui a fait l'objet du contrat a péri, a été détérioré ou s'il a
été dénaturé par le travail de l'homme ;
22
(Cassation française. ch. Mixte, 9 juill. 2004).
Les effets de la nullité: rétroactivité, restitutions et dommages et intérêts – A. Bamdé & J.
23
Bourdoiseau (aurelienbamde.com)